TITANCollection dirigée par Marie-Josée Lacharité

De la même auteure chez Québec Amérique

Jeunesse

Un lourd silence, coll. Titan, 2010.Les Secrets du manoir, coll. Titan, 2007.Le Grand Vertige, coll. Titan, 2004.

SÉRIE JULIE

Julie et la messe du revenant, Bilbo, 2009.Julie et le feu follet, Bilbo, 2008.Julie et la Dame blanche, Bilbo, 2006.Julie et le Bonhomme Sept Heures, Bilbo, 2005.Julie et la danse diabolique, Bilbo, 2004.Julie et le serment de la Corriveau, Bilbo, 2003. Julie et le visiteur de minuit, Bilbo, 2002.

À fleur de peau

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’in dus trie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.

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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationalesdu Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Latulippe, MartineÀ fleur de peau(Titan jeunesse ; 47)ISBN 978-2-7644-0112-5

I. Titre. II. Collection.PS8573.A781A73 2001 jC843’.54 C2001-940912-5PS9573.A781A73 2001PZ23.L37Af 2001

Québec Amérique329, rue de la Commune Ouest, 3e étage Montréal (Québec) H2Y 2E1Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Dépôt légal : 3e trimestre 2001Bibliothèque nationale du QuébecBibliothèque nationale du Canada

Révision linguistique : Diane MartinMise en pages : Andréa Joseph [pagexpress@videotron.ca]Conception de la grille graphique : Isabelle LépineConception graphique de la couverture : Nathalie CaronPhotographie de la couverture : Shutterstock imagesRéimpression : février 2010

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© 2001 Éditions Québec Amérique inc.www.quebec-amerique.com

Imprimé au Canada

QUÉBEC AMÉRIQUE

À fleur de peau

MARTINE LATULIPPE

À Josée et Nadia, mes sœurs, Et à Éric Leclerc, ami, cousin, presque frère.

Plus qu’une semaine d’examens et,enfin, les vacances d’été ! Avec ce soleilqui brille depuis plusieurs jours,j’éprouve de plus en plus de difficulté àme concentrer. Ce matin, j’ai envie deflâner dans les rues ou de m’asseoir surun banc du parc, pas d’aller consacrertrois heures à un examen de français.Tant pis. Je dois me raisonner. Et sur-tout me dépêcher ! Vivement lesvacances !

— Vite, Marie-Pierre, il ne reste quecinq minutes !

Voilà ma fidèle Loulou qui s’in-quiète. Chaque matin depuis deux ans,elle m’attend près de la porte de l’école.Je la rejoins en vitesse et nous nousélançons vers nos casiers.

Chapitre 1

Une disparition

— C’est nouveau, Loulou, ta petiterobe ?

— Oui. Comment tu la trouves ?— Plutôt voyante !Loulou sourit, ravie :— Oh! merci, Marie ! Les goûts vestimentaires de mon

amie l’ont rendue célèbre à l’école.Aujourd’hui, fidèle à sa réputation, elleporte une jolie robe fuchsia, fleurie,vaporeuse, et un collant vert à rayures.Des bottes brunes à talons hauts, unesérie de bracelets au bras gauche et unbandeau bleu posé sur ses cheveux rouxet ras complètent sa tenue... Inimitableet adorable Loulou !

— Oh ! Marie, quelle audace ! menargue Loulou en montrant du doigt unfoulard à mon cou.

Loulou me taquine souvent à proposde mes choix de vêtements : jupe oujean noir, chemisier ou chandail noir...Or, ce matin, j’ai décidé d’y ajouter unetouche de couleur en posant sur mesépaules, par-dessus ma robe-camisolenoire, un foulard bourgogne avec depetites fleurs jaunes.

Je regrette déjà l’idée, d’ailleurs. Lefoulard ne tient pas sur mes épaules, ilgêne mes mouvements, chatouille mes

bras nus. Et puis, ce n’est pas vraimentmoi, ce genre d’accessoire. Aussi, dèsque je m’assois dans la classe, je détachele foulard et le pose sur le coin de matable.

— Hé, Marie-Chose, tu traînes tadoudou maintenant ?

Cette remarque ne peut provenir qued’une personne : l’arrogant Léveillé,Pascal de son prénom. Je lui jette unregard aussi méprisant que possibletandis que Loulou lui dit d’une voix trèsdouce :

— Certains gardent toutes sortes desouvenirs de leur enfance : des toutous,des doudous, n’importe quoi. Toi,Léveillé, tu as choisi de garder le mêmequotient intellectuel, c’est ça ?

Tout le monde éclate de rire. MêmePierrot, le fidèle second de Léveillé, ritsous cape jusqu’à ce que son chef luidonne un coup de coude dans les côtes.Pierre-Luc Hamel, pourtant si timidehabituellement, ricane également dansson coin, tout au fond du local.

— En forme ce matin, ma belleLoulou ! lance David, qui vient d’entrer.

David est notre complice, à Loulouet à moi, notre ami, notre poète, notregrand rêveur. Il a la charmante manie de

donner de petits surnoms affectueux auxgens qu’il aime. Il a aussi l’habituded’ignorer complètement ceux qu’iln’aime pas, comme Léveillé et Pierrot. Àce que je sache, David n’a pas de copine,mais la moitié des filles de l’école sontcomplètement folles de lui. Et je com-prends bien pourquoi !

Carmen, la sœur jumelle de David,n’a pas autant de succès auprès desélèves. Gentille, studieuse et toujourspremière de classe, elle ne sort à peu prèsjamais, ne participe à aucune activité,ne vient à aucun party. Bref, elle n’a pasle temps d’avoir des amis. Tout le con-traire de son jumeau, qui réussit tout demême à obtenir de bonnes notes. Ce quine manque pas d’exaspérer la sœurette !

— Prêtes pour l’examen, les filles ?demande Carmen, qui est entrée der-rière David. Mais... vous n’avez pasvotre dictionnaire ?

— Dictionnaire ? Étonnées, nous avons répondu en

même temps, Loulou et moi. — Mais oui ! Le prof a bien dit qu’on

avait droit au dictionnaire pour l’exa-men.

Aussitôt, c’est la ruée générale versles cases ! Il ne reste qu’une minute avant

le début de l’examen. Tout le monde sortde la classe en courant. Nous récupéronsnos dictionnaires et retournons illicodans le local. À l’arrivée de notre profes-seur, plusieurs sont encore tout essouf-flés. Tandis que celui-ci distribue lescopies d’examen, Loulou, assise à côtéde moi, me chuchote :

— Marie, qu’est-ce que tu as fait deton foulard ?

Je regarde aussitôt le coin de matable : vide. Mon foulard a bel et biendisparu. Je me mets à le chercher parterre, sous mon dictionnaire, dans monsac, dans mes poches... En vain.

— C’est une blague, Loulou ?— Voyons, Marie ! Le moment serait

plutôt mal choisi, non?Elle a bien raison. Ma meilleure

amie n’aurait jamais l’idée de me jouerun tour aussi puéril juste avant unexamen important... Le nom d’unsuspect beaucoup plus plausible metraverse soudain l’esprit.

— Ce n’est pas drôle, Léveillé.Donne-le-moi !

— Voyons, Marie-Nulle, tu délires !De quoi tu parles ? Qu’est-ce que tuveux ? Ne me dis pas que tu me réclamesun bec !

Malgré ses mauvaises blagues habi-tuelles, j’ai l’impression qu’il ne mentpas. Il ne m’adresse pas ce petit souriredétestable qu’il arbore toujours avant ouaprès un mauvais coup. À part un stylobleu, il n’a rien dans les mains. Sur sonbureau, que des livres, aucun sac pourdissimuler quoi que ce soit. Qui est-ce,alors ? Je jette un regard aux élèves, maistous sont concentrés.

Tant pis. J’ai peut-être machina-lement emporté le foulard dans ma casetout à l’heure. Je vérifierai plus tard.Pour l’instant, un examen m’attend.

Ce soir, je prends congé. Je l’ai bienmérité. Pas d’étude, pas de révision.Loulou et David doivent répéter pourl’examen de musique qui a lieu demainmatin. Comme je n’ai pas choisi cetteoption, j’ai un programme moins chargéqu’eux pour la soirée : location d’un filmet maïs soufflé ou bain moussant etlecture ! Rien de plus.

Presque tous les soirs de la semaine,je suis seule à la maison. Ma mère estavocate et quitte rarement son cabinetavant 22 heures. Elle s’éveille souventtard le matin, donc elle préfère travaillerdavantage le soir. Mon père, quant à lui,court le monde à la recherche de son« moi profond ». C’est exactement cequ’il m’a dit il y a six mois quand il m’a

Chapitre 2

Des appels anonymes

annoncé qu’il partait : «Ce n’est pas queje ne vous aime pas, Marie-Pierre. J’aijuste besoin de me redéfinir. De trouvermon moi profond.» Et le voilà parti, auChili ou au Djibouti, va savoir, sac audos, aux aguets, sûr de trouver son moiprofond dans un des pays qu’il visite. Jegarde une photo de lui sur ma table denuit, je reçois une carte postale de tempsà autre, et ma mère commence à pleurermoins souvent le soir, seule dans sachambre trop grande.

Ma soirée de congé s’amorce par unsouper assez expéditif. En fouillant dansle réfrigérateur, je tombe sur quelquesmorceaux de poulet. Je les envoie aumicro-ondes, je prends des feuilles delaitue, quelques morceaux de tomate,j’arrose le tout de vinaigrette. Quand jesuis seule, j’ai pris l’habitude de souperdevant la télévision. Normalement, jeregarde le bulletin de nouvelles quinous annonce tous les désastres du jour,une émission de variétés ou un jeu-questionnaire tout aussi palpitant. Maisc’est tout de même plus agréable qued’écouter le bruit de ma fourchettecognant contre l’assiette.

Je m’installe par terre, sur des cous-sins, et j’avale un morceau de poulet.

Évidemment, ça ne manque pas : dèsque j’ai la bouche pleine, le téléphonesonne.

— Allô !Pas de réponse.— Bonjour ? Il y a quelqu’un ?Un petit déclic, puis plus rien.— Je peux vous aider ?Une tonalité semblable à celle d’une

ligne occupée se fait entendre. Jeregarde l’afficheur : numéro inconnu. Jeraccroche. Sûrement un farceur ou alorsquelqu’un qui s’est trompé de numéro.Bon, je retourne à mon poulet. Je réussisà regarder cinq minutes du téléjournalavant que le téléphone sonne de nou-veau. C’est ma mère, qui veut savoir sij’ai passé une bonne journée. Je luiraconte l’épisode du foulard.

— Il est temps que l’école finisse,Marie-Pierre ! Tu deviens distraite. Cematin, j’ai trouvé le lait dans le micro-ondes...

Le lait dans le micro-ondes, c’esttout à fait mon genre... Au fond, rien debien surprenant à ce que j’aie égaré unfoulard. Juste avant de raccrocher, je disà ma mère :

— Ne rentre pas trop tard ! Et net’épuise pas au travail.

Suzanne éclate de rire.— Les rôles sont inversés, non? ! Ma

fille me fait la leçon!Ces temps-ci, ma mère est aux prises

avec un gros procès. Le plus importantde sa carrière, d’après ce qu’elle m’a dit.Elle ne me parle jamais beaucoup de sontravail – secret professionnel oblige,j’imagine ! Toutefois, je vois bien quec’est la première cause qui l’intéresseréellement depuis que mon père estparti. Elle passe de longues heures aubureau, a les traits tirés et semble perpé-tuellement préoccupée, mais je trouverassurant de savoir qu’elle reprend goûtau travail... même si je ne dois la voirque très rarement.

Je réussis finalement à terminer monsouper. J’en suis toujours à hésiter entreprendre un bain moussant ou aller cher-cher une cassette vidéo quand le télé-phone sonne encore.

— Allô !Un léger déclic. Puis, plus rien.— Hé, ce n’est vraiment pas drôle !Je raccroche, troublée. Deux fois en

une demi-heure, difficile de croire à uneerreur. L’afficheur indique encore unnuméro inconnu. Celui qui appelle aprobablement un numéro confidentiel.

Fiches d’exploitation pédagogique

Vous pouvez vous les procurer sur notre site Internet à

la section jeunesse / matériel pédagogique.

www.quebec-amerique.com

L’impression de cet ouvrage sur papier recyclé a permis de sauvegarder l’équivalent de 8 arbres de 15 à 20 cm de diamètre et de 12 m de hauteur.