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1 Nadia CHABOCHE C.P.C. Chartres 6 Juin 2010
« Un livre pour l’été »
BO / ressources pour faire la classe BOEN 17/06/2010 http://www.education.gouv.fr/cid52095/mene1000505c.html
Dans le cadre du plan de prévention de l’illettrisme, le ministre a souhaité que les élèves de CM1 quittent l’école au mois de juin avec un livre : Les Fables de La Fontaine illustrées par Chagall. « Un livre pour l’été » est une opération d’incitation à la lecture personnelle des enfants. Il faut les leur présenter de sorte qu’ils aient envie de les lire.
La lecture est au cœur, au fondement même de l’École. Le plaisir de lire se découvre en classe, il doit se poursuivre pendant les temps de loisirs, en fin de journée, en fin de semaine et pendant les vacances scolaires. Les élèves vont découvrir ce livre, le lire et partager leurs émotions de lecture avec leur famille, avec leurs amis. À la rentrée, les maîtres de CM2 conduiront des activités qui permettront aux élèves d’en parler avec leurs camarades, d’étudier le texte avec leurs enseignants.
Les Fables de La Fontaine illustrées par Chagall Au plaisir du texte, les enfants pourront associer la découverte des gouaches que cet artiste réalisa en 1926 et en 1927 pour accompagner chacune des quarante-trois fables. Les illustrations de Chagall apportent un autre regard sur l’œuvre de La Fontaine. Les textes accessibles aux élèves témoignent de leur temps. Ils sont bien souvent utilisés dans les classes.les illustrations de M. Chagall témoignent de la période contemporaine.
Cet ouvrage se prête à de nombreux développements pédagogiques dans le cadre des programmes de l’école élémentaire (2008), programme de littérature et de l’histoire des arts, dans les domaines de la maîtrise de la langue et de la culture humaniste. Les enfants découvriront comment le peintre joue avec le texte, comment il se l’approprie, comment il le réinvente. Un dialogue s’instaure ici entre littérature et peinture, entre étude littéraire et plastique dans une rencontre entre les périodes. De nombreuses versions de ces textes illustrés peuvent prêter à une étude comparative.
Le projet pédagogique doit prévoir dans la classe, l’organisation d’un temps de présentation de l’ouvrage dans le courant du mois de juin, pour leur donner l’envie de le lire personnellement. Les familles devront s’impliquer pendant l’été puisque les enfants auront quitté l’école au moment où ils liront le livre. Des propositions pédagogiques pourront être proposées au cours des stages de remise à niveau en août.
Eduscol Maîtrise de la langue Littérature à l’école Mars 2008 Une culture littéraire à l’école Ressources pour le cycle 3 http://media.eduscol.education.fr/file/ecole/46/9/culture-litteraire-ecole_121469.pdf
Quelques points importants du document Une culture littéraire se constitue par la fréquentation régulière des œuvres. Dès l’école primaire, il est
nécessaire que les élèves aient constitué un capital lecture. Les enseignants du cycle 3 choisiront les œuvres qu’ils feront lire à leurs élèves en prenant appui sur une large bibliographie afin de construire un trajet de lecture , varié et qui permet la rencontre des différents genres littéraires. On visera à faire de la culture scolaire une culture partagée.
Il est important que tous les élèves aient la chance, dans leur scolarité de rencontrer des œuvres dont ils puissent parler entre eux, dont ils puissent discuter les valeurs esthétiques ou morales. L’interprétation prend, le plus souvent, la forme d’un débat libre dans lequel, on réfléchit collectivement sur les enjeux des œuvres. Ce débat doit permettre de mettre à jour les ambigüités du texte et confronter les interprétations divergentes qu’elles suscitent. Il est nécessaire que l’élève prenne conscience que toutes les interprétations ne sont pas possibles et que certaines peuvent entrer en contradiction avec le contenu même du texte.
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La lecture débouchant sur une compréhension assurée du texte est l’objectif premier. Cette lecture doit être suffisamment approfondie pour que l’élève garde la mémoire de ce qu’il a lu et puisse en faire une référence de ses lectures ultérieures. L’appropriation des œuvres littéraires appelle un travail sur le sens.
Le principe de la séquence de littérature est relativement stable. Elle s’organise autour d’une œuvre. Il importe de donner une unité à la séquence et de parcourir l’œuvre en un temps raisonnable.
La lecture à haute voix des élèves doit permettre une bonne compréhension du texte par l’auditoire.
La lecture silencieuse ne peut être considérée comme un acte didactique. L’absence d’interaction entre le
maître et l’élève interdit toute amélioration des compétences. Il faut prendre garde au fait que l’utilisation de la lecture silencieuse dans les séquences de littérature, qui reste judicieuse, risque de laisser un certain nombre d’élèves en dehors de l’activité et suppose donc une organisation différenciée, un atelier de lecture.
Des activités autour des Fables de La Fontaine
Lire
Découvrir le recueil. Le lire. Comparer des fables : trouver les points communs entre les fables et les textes fondateurs (Esope / Phèdre / Kalila et Dimna ). Découvrir La Fontaine.
Lire et interpréter l’image
Aborder les illustrations des œuvres lues. Etudier les relations image / texte. Construire du sens entre le texte et l’image / entre la fable et l’illustration : effets de redondance, complémentarité, juxtaposition, récits parallèles ou divergents.
Regarder
Comparer plusieurs illustrations d’un même texte dans des éditions d’époques différentes pour mettre en évidence comment les choix iconographiques influent sur le sens du texte. Le code de l’image participe au travail d’élaboration de la signification.
Dire
Interpréter les textes : le débat. Echanger ses impressions sur les émotions ressenties. Remettre en cause ses préjugés. Elaborer des jugements esthétiques / éthiques. Interroger les valeurs qui organisent la vie et lui donner une signification.
Dire
Construire le sens. Le sens d’un texte / d’une fable n’est pas donné. Il se construit dans la relation entre : le texte / le lecteur / l’expérience sociale / l’expérience culturelle.
Comprendre Analyser
Comprendre la fable. Relever les composantes de base (personnages, lieu, temps) Percevoir l’enjeu / l’intrigue du texte, de la fable. Percevoir les relations de cause à effet. Repérer les traits de caractère des personnages qui décident de la chute de l’histoire Dégager la leçon de morale. Essayer de dire la morale de la fable avec les mots des élèves.
Lire à haute voix
Place à la lecture interprétative d’une fable : variations rythmiques / jeu sur les intensités/ solliciter l’émotion / créer une surprise.
Lire à haute voix
La fable : De la récitation à la mise en scène. Lire à haute voix une fable / entreprendre sa diction / l’écouter / la mémoriser / l’enregistrer / la mettre en scène.
Lire et mettre en réseau
Elargir la culture. Réinvestir : une lecture est un tremplin vers de nouvelles lectures. Partager une culture autour d’une œuvre classique, patrimoniale, contemporaine.
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Observer
Trouver les différentes parties d’une fable : c’est une histoire racontée. Situation de départ. Problème déclencheur. 1
ère résolution du problème / 2
ème problème / nouvelle résolution.
La morale de l’histoire.
Comparer
Comparer la fable de La Fontaine : La grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf (p12 du recueil « Un livre pour l’été) avec trois autres versions. Textes en annexe. Composition des textes : ressemblances / différences. Comparer avec le texte de la BD (La Fontaine aux fables éd Delcourt) Composition des planches de BD Comment la BD respecte la fable ?
Comparer Illustrer
Comparer la fable de La Fontaine : La cigale et la fourmi avec d’autres versions. Cette fable n’est pas dans le recueil illustré par Chagall. Proposer de l’illustrer « à la manière de Chagall ». Voir les propositions de Brigitte Gerbou C.P.D. Arts visuels
Résumer
Prendre quelques notes sur l’histoire racontée et résumer oralement la fable. Ecrire un résumé d’une fable : Respecter les contraintes (mettre un titre, suivre l’ordre des événements) ; Ne retenir que les informations essentielles à la compréhension ; Rester fidèle à l’histoire racontée par La Fontaine ; Ne pas faire parler les personnages ; Ponctuer les phrases ; Echanger son résumé avec celui d’un camarade : tenir compte de ses remarques pour améliorer son texte.
Etudier la langue
Relever / rechercher des mots (Ex : fabuliste, fabliau, fabuleusement, fabuleux).
Écrire
Le plaisir d’écrire vient prolonger celui de lire. Il ne s’agit pas de travailler l’écriture de façon abstraite. Susciter l’invention d’une fable. Planifier cette écriture nouvelle. Ancrer l’effort d’invention et comprendre comment fonctionnent les fables. Refuser ce qui ne peut convenir : prendre conscience des contraintes liées au genre. Faire des allers – retours entre lecture et écriture.
Écrire
Entrer en écriture en s’appuyant sur un texte lu : Faire modifier un aspect du texte lu (lieu / temps / un personnage). Expansion ou réduction d’une fable lue. Travail de création de manière ludique : collage / cadavres exquis / Oulipo./ S+7 (la cimaise et la fraction : mot +7 dans le dictionnaire). (voir les textes de Queneau, Anouilh, Sagan, Gudule…) Créer un atelier d’écriture à partir d’une recherche lexicale. Créer un atelier d’écriture à partir d’autres œuvres de Chagall.
Illustrer
Comparer les différentes versions et illustrations de La cigale et la fourmi. Quelles libertés ont pris les illustrateurs ? Rechercher d’autres illustrations sur internet.
Mettre en livre
Mettre en livre des textes produits. Recopier Illustrer Découvrir la typographie / la mise en page. De l’écriture manuscrite au traitement de texte, vers le support multimédia qui associe texte et illustrations.
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L’auteur et l’illustrateur
Marc Chagall et les fables de La Fontaine En 1926, peu après avoir quitté la Russie pour rejoindre la France, Marc Chagall est chargé par le marchand et éditeur d'art Ambroise Vollard d'illustrer Les Fables de Jean de La Fontaine. En raison du coût des premiers essais d'impression, seules quelques plaques furent gravées sur la centaine de gouaches réalisées. Celles-ci donnèrent lieu à trois expositions présentées successivement en 1930 à Paris, à Bruxelles et à Berlin, avant d'être dispersées tandis que les tirages réalisés firent l'objet d'une publication chez Tériade en 1952. L'album aujourd'hui réédité présente 43 des gouaches réalisées par Chagall.
Marc Chagall est un peintre né en 1887 en Biélorussie, naturalisé français en 1937 et mort le 28 mars 1985 à Saint-Paul de Vence. Chagall est l'un des plus célèbres artistes installés en France au XX
e siècle avec Pablo Picasso. Son œuvre, sans se
rattacher à aucune école, s’inspire de la tradition juive et du folklore russe. Elle présente des caractéristiques du surréalisme et du néo-primitivisme. Chagall s'est essayé, outre la peinture sur toile, à la poésie, à la peinture sur vitrail, sur émail.
Jean de La Fontaine (1621-1695) est un poète français de la période classique dont l'histoire littéraire retient essentiellement les Fables. On lui doit cependant des poèmes divers, des pièces de théâtre et des livrets d'opéra qui confirment son ambition de moraliste. Proche de Nicolas Fouquet, Jean de La Fontaine reste à l'écart de la cour royale mais fréquente les salons. Il est reçu à l'Académie française en 1684. C'est en s'inspirant des fabulistes de l'Antiquité gréco-latine et en particulier d'Ésope, qu'il écrit les Fables qui font sa renommée. Il s’agit, comme son nom l’indique, d’un recueil de fables écrites en vers, la plupart mettant en scène des animaux anthropomorphes et contenant une morale au début ou à la fin. Ces fables furent écrites dans un but éducatif .Le premier recueil publié en 1668 était dédié au dauphin. La Fontaine insiste sur ses intentions morales : "je me sers d’animaux pour instruire les hommes." Le brillant maniement des vers et la visée morale des textes ont déterminé le succès de cette œuvre à part et les Fables de La Fontaine sont toujours considérées comme un des plus grands chefs d’œuvre de la littérature française.
Quelques vers de Jean de La Fontaine devenus proverbes Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute. (Le Corbeau et le Renard, l, 2) La raison du plus fort est toujours la meilleure. (Le Loup et l’Agneau, l, 10) Je plie et ne romps pas. (Le Chêne et le Roseau, l, 22) On a souvent besoin d’un plus petit que soi. (Le Lion et le Rat, II, 11) Petit poisson deviendra grand. (Le Petit Poisson et le Pêcheur, V, 3) Le travail est un trésor. (Le Laboureur et ses Enfants, V, 9) Rien ne sert de courir ; il faut partir à point. (Le Lièvre et la Tortue, VI, 10) Aide-toi, le Ciel t’aidera. (Le Chartier embourbé, VI, 18) Tel est pris qui croyait prendre. (Le Rat et l'Huître, VIII, 9) Il ne faut jamais vendre la peau de l’ours (L'Ours et les deux Compagnons, V, 20)
Histoire de la fable
C’est un genre littéraire de type narratif dont la fonction est de participer à la fondation d’une personne à travers un récit de fiction où les personnages principaux sont des animaux. La fable a deux provenances : l’une gréco-latine et l’autre orientale.
L’influence gréco – latine La première fable connue est Le rossignol et l’épervier que raconte Hésiode au VIII
e siècle avant J.-C.
Au VIe siècle avant J.-C, Ésope, un ancien esclave grec introduit à la cour de Crésus comme conteur et
diplomate, raconte ses fables au cours de ses voyages. Ses auditeurs les répètent et les transmettent oralement d’un pays à l’autre. Ésope n’a jamais écrit les fables qui lui sont attribuées.
Le premier recueil de Fables est dû à Démétrios de Phalère vers 325 av. J.-C.. Les fables d’Ésope sont alors écrites en prose, résultat de plusieurs siècles de transmission orale et fluctuante. Le recueil original est perdu.
Babrias en produira des nouvelles (IIe siècle av. J.-C.).
Les fables d'Ésope seront reprises et traduites en latin par Phèdre dans les années cinquante de notre ère. Dans ses 135 fables, Phèdre reprend les sujets de 47 fables d'Ésope et en imagine 88 autres. Les fables de Phèdre sont écrites en vers. Son œuvre est oubliée pendant des siècles. Les manuscrits de Phèdre sont retrouvés dans la bibliothèque St Rémi de Reims et publiés en 1596.
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Ésope représenté dans une édition allemande des Fables de 1479. Les deux coqs. Mosaïque de Pompéi.
L’influence orientale On situe l’origine du recueil de fables nommé Kalila et Dimna en Inde vers 300 avant J.-C.
« II était une fois deux chacals, Kalila et Dimna… » C’est ainsi que débutent ces fables où Bayada le philosophe et Debchelim le roi énoncent des préceptes et des maximes de morale.
Rédigées en sanskrit, ces fables font l’objet de plusieurs adaptations dont la plus connue, celle du Pantchatantra date du VIe siècle. Caractéristique essentielle de ce type d’ouvrages, les préceptes moraux sont le plus souvent énoncés par des animaux qui agissent et s’expriment comme des êtres humains. La trace du livre s’égare à nouveau durant 200 ans.
Vers l’an 750, Ibn al- Muqaffa en établit la version de référence en arabe. L’ouvrage devient réellement public. Il est traduit en hébreu, en grec, puis en latin en 1280.
En 1640, paraît la première version française, intitulée Le livre des lumières.
En 1644, une version française, réalisée à partir d’une nouvelle traduction persane du texte d’Ibn al-Muqaffa, fut publiée par Gilbert Gaulmin.
La Fontaine emprunta aux histoires de Kalîla et Dimna les éléments ou la trame de quelques-unes de ses Fables : Le Chat, la Belette et le Petit Lapin, Le Chat et le Rat, Les Deux Pigeons, La Laitière et le Pot au lait…
Manuscrit persan datant de 1429, provenant de Hérat, l’illustration représente un chacal essayant de faire fuir un lion.
Enluminure d’un manuscrit de 1354.
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Les fables en France Au XVII
e siècle, Jean de La Fontaine s’inspire de ces deux influences pour composer son œuvre. En France, le
succès prodigieux des fables de La Fontaine suscite nombre de vocations. Tous ces auteurs sont tombés dans l’oubli.
À la fin du XVIIIe siècle, Jean –Pierre Claris de Florian acquiert une notoriété certaine avec ses fables en vers.
Jean Jacques Granville (19e) Jean Baptiste Oudry (18e) Gustave Doré (19e)
Au XX
e siècle, Jacques Prévert, Raymond Queneau, Max Jacob, Claude Roy intègrent des fables dans leurs
recueils. Certains auteurs pour la jeunesse comme Pierre Gamara, Jean –Luc Moreau, Gudule, Jacques Charpentreau
publient des recueils entièrement composés de fables. En 1995, La Poste émet six timbres en hommage à La Fontaine.
En 2004, les fables de La Fontaine entrent au répertoire de la Comédie Française avec un spectacle signé R. Wilson.
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Arts visuels ( B . Gerbou C.P.D. Arts visuels) Dans les tableaux de Chagall, les animaux volent et changent de couleur. Ils semblent irréels et pleins de magie.
Artiste Références
Proposition pédagogique
Objectifs Au moment de l’évaluation, penser à …
Chagall
Les illustrations des fables de La Fontaine
Drôle de bête dans un paysage de rêve
Chercher comment produire un effet d’irréalité Connaître un artiste : Chagall
Chercher ensemble quelles sont les productions les plus oniriques en justifiant ses affirmations.
Déroulement : ● Chercher ensemble oralement comment représenter l’animal d’un pays imaginaire. ● Regarder les œuvres de Chagall proposées ci-dessus. Lister les procédés employés par Chagall pour rendre ses productions « magiques » : - irréalisme des couleurs : chèvre bleue, lapin multicolore, - jeu d’échelle : le lapin est aussi grand que la femme - hybridité : une grande poule-homme se dirige vers le village - inversion haut, bas - animaux vêtus ● Composer un paysage avec une ou deux constructions propres à Chagall et un animal imaginaire. Evaluation : Chercher ensemble quelles sont les productions les plus oniriques en justifiant ses affirmations.
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Classe de CP de Lormayes – Février 2010
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Bibliographie illustrée
Kalila et Dimna : Fables indiennes de Bidpaï (livre Broché) de Ramsay Wood
Fables (Poche) de Jean Anouilh
La Fontaine : Fables (Poche) de Jean de La Fontaine (Auteur),
Fables d'Esope (Album) de Lisbeth Zwerger, Nora Garay
Fables d’Esope (Poche) Emile Chambry (Auteur)
Jean de La Fontaine : Les fables en BD éditions petit à petit 2006
La Fontaine aux fables (BD) éditions Delcourt : Fidèle à l'esprit de l'auteur, des dessinateurs adaptent dans leur
texte intégral quelques-unes des fables de Jean de La Fontaine. Les fables se prêtent parfaitement à une transposition en
bande dessinée. Tome 1 (2002), Tome 2 (2004), Tome 3 (2006).
Fables de La Fontaine album) R. Dautremer Magnard 2006
La fourmi et la cigale Françoise Sagan
Fables Jean de La Fontaine et collectif de 30 illustrateurs d’aujourd’hui Albin Michel
Après vous, M. de La Fontaine …Contre-fables Gudule 2007 Une nouvelle fin pleine de malice pour 21 fables de La Fontaine.
…
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La cigale et les fourmis
C’était en hiver ; leur grain étant mouillé, les
fourmis le faisaient sécher. Une cigale qui avait
faim leur demanda de quoi manger. Les fourmis
lui dirent : « Pourquoi, pendant l’été, n’amassais-
tu pas, toi aussi, des provisions ? – Je n’en avais
pas le temps, répondit la cigale : je chantais
mélodieusement. » Les fourmis lui rirent au nez :
« Eh bien ! dirent-elles, si tu chantais en été, danse
en hiver. » Cette fable montre qu’en toute affaire il
faut se garder de la négligence, si l’on veut éviter
le chagrin et le danger.
Ésope. Grèce.
6ème siècle avant Jésus Christ.
La cigale et la fourmi
La cigale, ayant chanté
Tout l’été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue :
Pas un petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu’à la saison nouvelle.
"Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l’oût, foi d’animal ;
Intérêt et principal."
La fourmi n’est pas prêteuse :
C’est là son moindre défaut.
"Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
- Nuit et jour, à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
- Vous chantiez ? J’en suis fort aise :
Eh bien ! Dansez maintenant."
Jean de la Fontaine. Fables.
France. 1621 -1695.
La fourmi et la cigale
Une fourmi fait l'ascension
d'une herbe flexible
elle ne se rend pas compte
de la difficulté de son entreprise
elle s'obstine la pauvrette
dans son dessein délirant
pour elle c'est un Everest
pour elle c'est un Mont Blanc
ce qui devait arriver arrive
elle choit patatratement
une cigale la reçoit
dans ses bras bien gentiment
eh dit-elle point n'est la saison
des sports alpinistes
(vous ne vous êtes pas fait mal j'espère ?)
et maintenant dansons dansons
une bourrée ou la matchiche.
Raymond Queneau
La cigale et la fourmi
La cigale peu rancunière,
Reçut la fourmi sa voisine
En son cabinet dentaire :
- Qu’est-ce qui vous amène, ma chère ?
- Des caries jusqu’à la racine
A chacune des mes molaires !
- Je vous opérerai, lui dit-elle
Avant tout, sans aucun mal ;
C’est votre intérêt principal !
La cigale n’est pas curieuse ;
C’est là son moindre défaut.
- Que faisiez-vous de ces chicots ?
Dit-elle à sa solliciteuse.
- Nuit et jour à tout venant,
Je chuintais, ne vous déplaise...
- Vous chuintiez ? J’en suis prothèse :
En bien dentier maintenant !
Pierre Ferran. France.
Seconde moitié du 20ème siècle
11 Nadia CHABOCHE C.P.C. Chartres 6 Juin 2010
La cimaise et la fraction
La cimaise ayant chaponné tout l’éternueur
se tuba fort dépurative quand la bixacée fut
verdie :
pas un sexué pétrographique morio de mouffette
ou de verrat.
Elle alla crocher frange
Chez la fraction sa volcanique
Le processionnant de lui primer
Quelque gramen pour succomber
Jusqu’à la salanque nucléaire.
"Je vous peinerai, lui discorda-t-elle,
avant l’apanage, folâtrerie d’Annamite !
interlocutoire et priodonte."
La fraction n’est pas prévisible :
C’est là son moléculaire défi.
- "Que ferriez-vous au tendon cher ?
discorda-t-elle à cette énarthrose..
- Nuncupation et joyau à tout vendeur,
Je chaponnais, ne vous déploie.
- Vous chaponniez ? J’en suis fort alarmante.
Eh bien ! Débagoulez maintenant."
Raymond Queneau. Oulipo, la littérature potentielle. France.
Editions Gallimard. 1973.
La fourmi et la cigale
La fourmi qui frottait toujours,
S’arrêta pour reprendre haleine,
"Qui s’attendrira sur la peine,
Dit-elle, des ménagères ?
Toujours frotter, jour après jour,
Et notre ennemie la poussière,
Aux ordures jeté notre triste butin
Revient le lendemain matin,
On se lève, elle est encor là, goguenarde,
La nuit on n’y a pas pris garde,
Croyez qu’elle en a profité,
La gueuse ! Il faut recommencer,
Prendre le chiffon, essuyer
Et pousser, toujours pousser
Le balai."
"J’ai tout mon temps, dit la poussière,
Cela s’use une ménagère.
Quelques rides d’abord et l’esprit
Qui s’aigrit ;
La main durcit ; le dos se courbe ; tout s’affaisse
La joue, le téton et la fesse ;
Alors s’envolent les amours...
Boudant et maugréant toujours
La ménagère rancunière
Frotte jusqu’au dernier jour,
Vainc le dernier grain de poussière
Et claque enfin, le ressort arrêté.
Vient le docteur boueux, qui crotte le parquet,
Le curé et l’enfant de chœur et la cohorte
Des voisins chuchotants qui entourent la morte...
Et sur ce corps, vainqueur de tant de vains
combats,
Immobile sur son grabat
Pour la première fois une journée entière,
Retombe une dernière couche de poussière :
La bonne."
"Quant à moi, dit la cigale, j’ai une bonne."
Jean Anouilh. Fables. France.
Editions de la Table Ronde. 1962.
12 Nadia CHABOCHE C.P.C. Chartres 6 Juin 2010
La fourmi et la cigale
La fourmi ayant stocké
Tout l'hiver
Se trouva fort encombrée
Quand le soleil fut venu :
Qui lui prendrait ses morceaux
De mouches ou de vermisseaux ?
Elle tenta de démarcher
Chez la cigale, sa voisine,
La poussant à s'acheter
Quelques grains pour subsister
Jusqu'à la saison prochaine.
« Vous me paierez, lui dit-elle,
Après l'oût, foi d'animal,
Intérêt et principal. »
La cigale n'est pas gourmande :
C'est là son moindre défaut.
Que faisiez-vous au temps froid ?
Dit-elle à cette amasseuse.
- Nuit et jour à tout venant
Je stockais, ne vous déplaise.
- Vous stockiez ? j'en suis fort aise ;
Et bien soldez maintenant. »
Françoise Sagan
Collectif, La Cigale et la Fourmi, trente versions
inédites, Éd Safrat, 1989.
La cigale et la fourmi
C'était verl'hi. Il avait génei et le vent flaitsouf. La
tetipe legaci taitlotgre. Elle n'avait rien géman
depuis deux jours. "Je vais aller voir ma nesivoi",
se dit-elle. Elle frappa à la tepor de la nettesonmai.
"Jourbon, medaMa la mifour", dit-elle. "Jourbon",
répondit la mifour. "Pourriez-vous, damande la
legaci, me terprê du grain ?" La mifour n'était pas
seteuprê. Elle fit la cemagri. "Que faisiez-vous
donc, l'été nierder, pendant que j'étais au vailtra ?"
damande-t-elle d'un air chantmé. "Je taischan de
jolies sonschan dans le gelafeuil des bresar", dit la
legaci. "Vous tiezchan ?" fit la mifour. "Eh bien
nanttemain, sezdan" ! Elle rentra dans sa
nettesonmai et laissa la pauvre legaci horsde. C'est
très tetris !
Yak Rivais, Les contes du miroir, 1988.
Fable écrite en verlan (interversion des syllabes
d'un mot).
De la grenouille et du bœuf
La Grenouille ayant un jour aperçu un Bœuf qui paissait
dans une prairie, se flatta de pouvoir devenir aussi grosse
que cet animal. Elle fit donc de grands efforts pour enfler
les rides de son corps, et demanda à ses compagnes si sa
taille commençait à approcher de celle du Bœuf. Elles lui
répondirent que non. Elle fit donc de nouveaux efforts pour
s'enfler toujours de plus en plus, et demanda encore une
autre fois aux Grenouilles si elle égalait à peu près la
grosseur du Bœuf. Elles lui firent la même réponse que la
première fois. La Grenouille ne changea pas pour cela de
dessein ; mais la violence qu'elle se fit pour s'enfler fut si
grande, qu'elle en creva sur-le-champ.
Esope, Fables, XXXV
La grenouille et le bœuf
Le pauvre, en voulant imiter le puissant, se perd.
Dans la prairie un jour une grenouille se mit à
contempler un bœuf. Prise de jalousie à la vue d'une si
grande taille, elle gonfla sa peau ridée. Puis elle
demanda à ses petits si elle n'était pas plus grosse que
le bœuf. Ils lui dirent que non. De nouveau elle tendit
sa peau avec de plus grands efforts et demanda encore
qui des deux était le plus gros. Ils lui dirent : « C'est le
bœuf. » Enfin, emportée par le dépit, elle voulut
s'enfler davantage, mais elle creva et tomba morte.
Phèdre, Fables, I, 24
13 Nadia CHABOCHE C.P.C. Chartres 6 Juin 2010
La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf.
Une grenouille vit un bœuf.
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un œuf,
Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille,
Pour égaler l'animal en grosseur,
Disant : "Regardez bien, ma sœur ;
Est-ce assez ? Dites-moi ; n'y suis-je point encore ?
Nenni. - M'y voici donc ? - Point du tout. M'y voilà ?
- Vous n'en approchez point." La chétive pécore
S'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont plus sages :
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.
Jean de La Fontaine (1621-1695), Fables (livre I,3)
La grenouille et le bœuf
Un splendide bœuf de noble famille allait tous les
jours se promener dans les parcs à la mode. Une
grenouille en habit criard s’arrêta bouche bée devant
lui. Elle appela ses amies, venues par petits bonds de
la Cité de Londres, pour qu’elles admirent l’énorme
animal.
« Regardez, dit-elle, je vais devenir plus grosse que
lui ! »
Et dans ce vain espoir, elle se gonfla une fois, deux
fois et plus encore, si bien qu’à la fin, malgré les
conseils de ses sœurs, elle éclata.
Moralité
Ainsi finit le simple citoyen qui essaie de paraître
aussi important que son voisin : il gonfle et il éclate.
Bennett's Fables from Aesop and Others Charles Henry Bennett, Angleterre XIX
e siècle
Illustrateur D’après les fables d’Esope
Oudry, Jean-Baptiste, 1686-1755
Willy Aractingi 20
e
Cartes postales de Monique Touvay