1. les différentes catégories de rapatriés à la fin de la guerre dalgérie (leur dénomination)...
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• Les différentes catégories de rapatriés à la fin de la guerre d’Algérie (leur dénomination) et le processus du rapatriement : effectifs, étapes, trajets.
• L’accueil : comités d’accueil et les différents modes d’hébergement.
• L’installation : de l’hébergement d’urgence au logement, l’emploi et la prise en charge.
CONCLUSION- L’intégration des rapatriés dans les flux de travailleurs des « Trente Glorieuses ».-L’ouvrage issu de l’enquête
INTRODUCTION-Le cadre de l’enquête-Les sources
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Les différentes dénominations des rapatriés d’Algériedans les documents préfectoraux
Tableau d’occurrence réalisé à partir de l’inventaire des archives du cabinet du préfet : 17 liasses sélectionnées.
dénomination Dates occurrence type d’archives
Nord-Africains 1950-19631956-1965
4 Cabinet du préfet et bureau du cabinet : action sociale/ affaires nord-africaines
Français musulmans d’Algérie ( F.M.A)
1955-1962 2 Cabinet : correspondance et rapports
Français d’Afrique du Nord
1958-1963 1 Cabinet : association nationale des Français d’Afrique du Nord
Harkis et autres musulmans d’Afrique du Nord
1957-1964 1 Bureau du cabinet : accueil, action sociale
Rapatriés d’Algérie 1960-19621962-19641963-1968
7 Direction d’administration générale : réquisitions de logementsSecrétariat général : correspondance, fiches, statistiquesService des rapatriésBureau du cabinet : installation, reclassement, secours, logements…
Musulmans - 1 Service des rapatriés : fiches du camp de la Rye au Vigeant
Travailleurs algériens 1964-1972 1 2° direction, 2° bureau : admission des familles
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Evolution du nombre de "rapatriés" dans le département de la Vienne de juin 1962 à décembre 1964
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500
1000
1500
2000
2500
3000
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4000
4500
5000
dates de recensement
nom
bre
de r
apat
riés
ADV, 1W 4272, statistiques préfectorales
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Répartition des rapatriés par arrondissement dans le département de la Vienne au 10 octobre 1962
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100
200
300
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900
1000
Poitiers Châtellerault Montmorillon
arrondissements
no
mb
re d
e r
ap
atr
iés
ADV,1W 4272, statistiques préfectorales
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Dans le port de Marseille, cette femme et ses
enfants viennent de débarquer du
paquebot
« Ville d’Oran »,
le 26 mai 1962.
AFP
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Carte Michelin 1/500 000
La majorité des familles de harkis
arrivent
de la région de Tlemcen
et de la ville d’Oran.
Vers Port-Vendres
Vers Marseille
6 bis
L’accueil
La mise en place des comités d’accueil
Les centres d’accueil
Des propriétés familiales
Un centre d’hébergement : le camp de la Rye.
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Chauvigny , le 16 avril 1963, Le général Delmotteà Monsieur le Préfet de la Vienne s/c de Monsieur le Sous-Préfet de Montmorillon
Monsieur le Préfet,
Le 11 mai 1962, vous avez bien voulu autoriser l’hébergement dans ma propriété des Brelaizières à Chauvigny, d’une vingtaine de familles de mogheznis et de harkis, qui provenaient de la SAS de BENI-OUARSOUS, commandée par mon fils, le capitaine Jacques Delmotte, et qui avaient opté pour la France.
Dès leur arrivée, j’avais fait travailler ces chefs de ces familles dans l’agriculture et dans des travaux d’adduction d’eau aux environs de Chauvigny. L’attrait de hauts salaires les a incités assez rapidement à demander des emplois dans l’industrie et dans les entreprises de construction des régions de Poitiers et de Châtellerault.
A l’automne, je les avais, en prévision de l’hiver, installés dans des pièces susceptibles de recevoir des appareils de chauffage: sept familles restant aux Brelaizières, six autres dans des maisons louées aux environs de Chauvigny, neuf enfin dans la commune de la Puye, dont huit logées gratuitement par mon ami, le comte d’Escagnac dans ses propriétés de Saint-Bonifé et du Loup-Pendu.
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Or, Chauvigny est à vingt kilomètres de Poitiers, la Puye à vingt sept kilomètres de Châtellerault, et le trajet quotidien à mobylette, aller et retour est à la fois onéreux et dangereux en cas d’intempéries.
Il semblerait donc plus logique que tous ces rapatriés, qui ont cherché du travail dès leur arrivée en métropole et ont tous demandé officiellement la nationalité française, fussent groupés dans des maisons construites en « préfabriqué lourd » dans la banlieue immédiate de Châtellerault, à proximité des usines et des entreprises, qui en emploient déjà un certain nombre et qui sont capables d’absorber également ceux qui sont embauchés à Poitiers.
J’ai exposé le 6 avril 1963 cette solution à Monsieur Abelin, Député-Maire de Châtellerault, qui m’a donné son accord en ce qui concerne les questions intéressant la ville dont il a la charge, et m’a invité à soumettre à votre approbation ce projet de regroupement à Châtellerault de familles actuellement logées à Chauvigny et à la Puye.
En conséquence, j’ai l’honneur de vous demander de bien vouloir m’accorder une audience , au cours de laquelle je pourrais vous donner valablement toutes indications complémentaires, vous permettant de prendre votre décision en toute connaissance de cause.
Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, les assurances de mes sentiments hautement déférents.
A. Delmotte
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Environ 40 000 réfugiés d’origine harki regroupés dans les camps du Larzac et de Bourg-Lastic,
ouverts dès juin 1962, puis ceux de Rivesaltes, Saint-Maurice-l’Ardoise, Bias
et La Rye-Le Vigeant (dans la Vienne)
http://www.harki.net
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Le camp de la Rye
(Le Vigeant)
Plus de 900 Harkis hébergés dans un camp au sud du
département de la Vienne (près de l’Isle-Jourdain)
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Des Harkis arrivés des camps du sud, du Massif Central
ou de la région parisienne
à partir de sondagesréalisés parmi les fiches de
recensement sur les périodes de mai-juin 1963
et décembre-janvier 1964 : arrivée de jeunes célibataires.
ADV, 1 W 3775, cabinet du préfet,
Camp de la Rye
Bourg-Lastic(Puy-de-Dôme)
Fort de Nogent (Val de Marne)
Rivesaltes(Pyrénées-orientales)
Larzac
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Evolution de l'effectif des rapatriés hébergés au camp de la Rye du 26 septembre 1962 au 13 novembre 1964
0
100
200
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400
500
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100026
/09/
1962
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9/19
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no
mb
re d
e p
erso
nn
es
ADV, 1W 3775, Cabinet du Préfet, situation d’effectifs
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Mariés, célibataires et enfants hébergés au camp de la Rye de septembre 1962 à novembre 1964
0
100
200
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400
500
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800
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1000
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effe
ctif
enfants
célibataires
mariés
ADV, 1 W 3775, cabinet du préfet, situation d’effectifs
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L’installation
De l’hébergement d’urgence au logement
Travailler pour faire vivre sa famille
Bénéficier d’aides et d’une prise en charge ?
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Chauvigny , le 16 avril 1963, Le général Delmotteà Monsieur le Préfet de la Vienne s/c de Monsieur le Sous-Préfet de Montmorillon
Monsieur le Préfet,
Le 11 mai 1962, vous avez bien voulu autoriser l’hébergement dans ma propriété des Brelaizières à Chauvigny, d’une vingtaine de familles de mogheznis et de harkis, qui provenaient de la SAS de BENI-OUARSOUS, commandée par mon fils, le capitaine Jacques Delmotte, et qui avaient opté pour la France.
Dès leur arrivée, j’avais fait travailler ces chefs de ces familles dans l’agriculture et dans des travaux d’adduction d’eau aux environs de Chauvigny. L’attrait de hauts salaires les a incités assez rapidement à demander des emplois dans l’industrie et dans les entreprises de construction des régions de Poitiers et de Châtellerault.
A l’automne, je les avais, en prévision de l’hiver, installés dans des pièces susceptibles de recevoir des appareils de chauffage: sept familles restant aux Breliazières, six autres dans des maisons louées aux environs de Chauvigny, neuf enfin dans la commune de la Puye, dont huit logées gratuitement par mon ami, le comte d’Escagnac dans ses propriétés de Saint-Bonifé et du Loup-Pendu.
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Or, Chauvigny est à vingt kilomètres de Poitiers, la Puye à vingt sept kilomètres de Châtellerault, et le trajet quotidien à mobylette, aller et retour est à la fois onéreux et dangereux en cas d’intempéries.
Il semblerait donc plus logique que tous ces rapatriés, qui ont cherché du travail dès leur arrivée en métropole et ont tous demandé officiellement la nationalité française, fussent groupés dans des maisons construites en « préfabriqué lourd » dans la banlieue immédiate de Châtellerault, à proximité des usines et des entreprises, qui en emploient déjà un certain nombre et qui sont capables d’absorber également ceux qui sont embauchés à Poitiers.
J’ai exposé le 6 avril 1963 cette solution à Monsieur Abelin, Député-Maire de Châtellerault, qui m’a donné son accord en ce qui concerne les questions intéressant la ville dont il a la charge, et m’a invité à soumettre à votre approbation ce projet de regroupement à Châtellerault de familles actuellement logées à Chauvigny et à la Puye.
En conséquence, j’ai l’honneur de vous demander de bien vouloir m’accorder une audience , au cours de laquelle je pourrais vous donner valablement toutes indications complémentaires, vous permettant de prendre votre décision en toute connaissance de cause.
Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, les assurances de mes sentiments hautement déférents.
A. Delmotte
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Une majorité de célibataires parmi les arrivants au camp de La Rye du 5 au 26 octobre 1964
Mariés42%
Célibataires58%
ADV 1 W 3775, cabinet du préfet
Ces hommes célibataires restent en moyenne un an dans le camp pour y effectuer un stage professionnel, puis repartent
-soit vers leur lieu de provenance (hébergement initial)
-soit vers un lieu d’emploi.
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Destination des Harkis
du camp de La Rye
à partir de sondages réalisés sur les périodes
de mai-juin 1963 et décembre-janvier 1964
Aveyron
Charente
Jura
Doubs
Lot et Garonne
Haute-Vienne
Nord
Aisne
Oise
Somme
Camp de La Rye
ADV 1 W 3775, cabinet du préfet, fiches de recensement.
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La construction de la ZUP de la Plaine d’Ozon implique des rapatriés d’Algérie ( à partir de la fin de
1962)
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Sur la page de couverture de l’ouvrage collectif issu de l’enquête,
Une de Paris-Match de début novembre 1954
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Bibliographie
• Farid Benloukil, Histoire d’un abandon, Châtellerault, 2003, document audiovisuel.
• Jean-Jacques Jordi, 1962, L’arrivée des pieds-noirs, Paris, Autrement, 1995.
• Charles-Robert Hageron, « Le drame des harkis en 1962 », Vingtième Siècle. Revue d’Histoire, n°42, 1994.
• Mohammed Harbi et Benjamin Stora (dir.), La Guerre d’Algérie (1954-2004). La fin de l’amnésie, Paris, Laffont, 2004.
• François –Xavier Hautreux, « L’engagement des Harkis (1954-1962). Essai de périodisation », Vingtième siècle. Revue d’Histoire, n°90, avril-juin, 2006.
• Laurent Müller, Le Silence des harkis, Paris, L’Harmattan, 1999. • Alexis Spire et Dominique Merlie, « La question des origines dans les
statistiques en France: les enjeux d’une controverse », Le Mouvement social, n° 188, 1999.
• Colette Zytnicki, « L’administration face à l’arrivée des rapatriés d’Algérie : la région Midi-Pyrénées », Annales du Midi, n°224, octobre 1998.
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Réalisé par
Marie-Claude Albert et Jean-Luc Gillard
professeurs, correspondants départementaux de l’Institut d’Histoire du Temps Présent (CNRS)
Remerciements à
Mme Jean et M. Carrouges, directrice et directeur- adjoint du service des archives départementales de la Vienne.
M. Pascal Borderieux, service des archives municipales de Châtellerault.
MM André Richard, Marcel Doreau,Mohammed Ghenimi, aux membres du secteur Jeunes du Centre social de la Plaine d’Ozon, à Catherine Charrier et à l’association des Femmes sans Frontières.
Aux associations des rapatriés d’Algérie à Châtellerault
M . Boumédiène Bouhassoun
Au Centre Châtelleraudais d’Histoire et d’Archives (CCHA)
2008
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