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C M J N ISSN • 2230-133X 100 F www.enqueteplus.com VENDREDI 19 OCTOBRE 2012 NUMÉRO 410 ABSENTÉISME, COMMUNICATION, CONDITIONS DE TRAVAIL… La peau dure des députés Moustapha Niasse jugé inaccessible par des pairs Bouna M. Seck (Dircab) : “Le travail de l’institution est pesant” P. 3 SUCCESSION AU PDS Serigne Mbacké Ndiaye, cheval de Troie pour Karim Wade ? P.2 PÉNURIE CONSTATÉE DE MOUTONS La crise malienne ravit les vendeurs locaux P.7 MEURTRES DE SANGALKAM ET PODOR Les gendarmes saisissent la Cour d’appel P.5 CARNET DE VOYAGE (INDE) New Delhi à l’heure des surprises P.6 RICHE NIANG (ANCIENNE GLOIRE) La lutte, d’hier à aujourd’hui P.11

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I S S N • 2 2 3 0 - 1 3 3 X

100 F www.enqueteplus.com

VENDREDI 19 OCTOBRE2012

NUMÉRO 410

ABSENTÉISME, COMMUNICATION, CONDITIONS DE TRAVAIL…

La peau duredes députés

Moustapha Niasse jugé inaccessible par des pairsBouna M. Seck (Dircab) : “Le travail de l’institution est pesant”

P. 3

SUCCESSION AU PDS

Serigne Mbacké Ndiaye,cheval de Troie pour Karim Wade ? P.2

PÉNURIE CONSTATÉE DE MOUTONS

La crise malienne ravit les vendeurs locaux P.7

MEURTRES DE SANGALKAM ET PODOR

Les gendarmes saisissentla Cour d’appel P.5

CARNET DE VOYAGE (INDE)

New Delhi à l’heure des surprises P.6

RICHE NIANG (ANCIENNE GLOIRE)

La lutte, d’hier à aujourd’huiP.11

Statut de l'opposition, le PDS prêt à voter le projet si Que l'opposition change les habi-

tudes au Parti démocratique sénéga-lais (PDS) ! Lequel est parti pour bat-tre en quelques mois, depuis la pertedu pouvoir en mars 2012, le record dunombre de Comités directeurs réunisen douze ans de règne. Tenu hier à lapermanence des “frères” libéraux surla VND à Dakar, l'instance de décisiona battu des records de prise de parole,a appris EnQuête. Au décompte final,84 orateurs ont été enregistrés étirantla rencontre de 17h à 23 heures.Sujets phares évoqués, le statut del'opposition dont le projet d'institutiona été agité récemment par le PrésidentMacky Sall, et l'avenir de la formationpolitique lancée en 1974 par le Papedu Sopi. Et une fois n'est pas cou-tume : depuis que leur ancien “frère”est arrivé au pouvoir, les lieutenants deWade ont, à l'unanimité, applaudi laproposition de Macky Sall. Ils ontdemandé à leurs députés de se tenirprêts à voter à l'aveuglette le projet deloi à la condition que le chef de l'Étaty accorde tous les égards dus au leaderde l'opposition. Le PDS ne veut surtoutpas des “entourloupes” que le nou-veau pouvoir lui a fait subir, notam-ment en initiant, sans le consulter, leprojet de suppression du Sénat et de lavice-présidence voté finalement parl'Assemblée nationale en dépit descrocs-en-jambe des libéraux.

Portrait dans l'administration : Ces affichages qui dérangent au ministère d'Ali AïdarIl s'en passe des choses au Ministère

de l'Écologie et de la Protection de lanature d'Ali Aïdar. Figurez-vous que ledirecteur des Eaux, Forêts, Chasse etde la Conservation des sols a sorti unenote pour s'émouvoir de “constater,affichés dans [des] bureaux [relevantde ses services], le portrait de certainespersonnalités et autorités religieuses,politiques ou administratives”. Dans ledocument ayant pour “objet : affichagede photos dans les bureaux”, le direc-teur en question, Daniel Junior André,“rappelle que le Sénégal est une répu-blique laïque, démocratique et socialequi garantit à tous les citoyens les liber-tés individuelles fondamentales...” Ettutti quanti. Il ajoute que “seul le por-trait de Monsieur le président de laRépublique qui incarne l'unité natio-

nale, doit être affiché dans tous lesbureaux de l'administration”. Pourfaire bonne mesure, le documentindique que le boss a fait “parvenir, ci-joint, des copies du portrait officiel duPrésident Macky Sall, qui remplacecelui de Maître Abdoulaye Wade, leprésident sortant, et qui demeure leseul qui doit être affiché dans lesbureaux de l'administration”. Il nemanque plus qu'à exiger de ses colla-borateurs de débarrasser des bureauxles photos des enfants et douces moi-tiés. Et re bonjour le culte de la person-nalité du chef, comme en ont connules Soviétiques.

Marchés publics dans la Santé, versun “DAO type spécifique au secteur” N°10 d'octobre de la Revue des

marchés publics fait un focus sur lesecteur de la santé, informant qu'onse dirige “Vers un DAO (dossier d'ap-pel d'offres) type secteur”. Dansl'édito signé par le Coordonnateur dela Rédaction, Aminata Mbodj, par ail-leurs Conseiller en information etcommunication de l'Autorité de régu-lation des marchés publics (ARMP),en donne les indications. “A ce jour, lamise en application du CMP (Codedes marchés publics, Ndlr) est danssa cinquième année et le Régulateur anoté le nombre important de recoursintroduits, devant le Comité de règle-ment des différends (CRD), par desacteurs impliqués dans les procé-dures de passation des marchésconcernant le secteur de la Santé quia ses spécificités et qui est le domainede prédilection de 'l’urgence”'. MmeMbodj relève que dans ce cas, commed'autres, c’est le citoyen “patient”,bénéficiaire, qui en souffre. “Ce quine rime pas avec l’efficacité et lasatisfaction de ses besoins. C’est làl’intérêt des concertations, à l’initia-tive du Régulateur, de concert avec laDirection centrale des marchéspublics et les différents acteurs impli-qués dans l’acquisition de médica-ments et d’équipements médicaux,en vue de trouver des solutionsidoines aux difficultés rencontrées.”Elle informe que des solutions ont, dureste, été esquissées, avec la mise enplace, “très bientôt, d’un Dossierd’appel d’offres (DAO) type spécifiqueau secteur, dans le respect des règlesde transparence et d’efficacité édic-tées par le Code des marchés publics.

Traque des biens mal acquis, l'ARMPbriefe Laurent Kasper-Ansermet Restons avec la Revue des mar-

chés publics N°10 qui renseigne surLaurent Kasper-Ansermet, consultantde l’Initiative StAR, qui a séjourné du27 au 31 août à Dakar, dans le cadrede l’appui que la Banque mondialeapporte au Sénégal pour le recouvre-ment des biens mal acquis. Il a bienrencontré les responsables del’Autorité de régulation des marchéspublics (ARMP) qui lui ont fait le topodans le travail de traque des ennemisde la bonne gouvernance écono-mique. “Cette rencontre a éclairémon travail puisqu’elle m’a permis demieux comprendre un secteur trèstechnique qu'est le Code des mar-chés publics que je connais mal”, adéclaré Laurent Kasper-Ansermet,selon la publication. Le Suisse a enoutre suggéré qu’il y ait “une trans-versalité” entre l'ARMP et les autrescorps de contrôle de l’État comme laCour des Comptes et l’Inspectiongénérale d’Etat (IGE). L’InitiativeSTAR (Stolen Asset Recovery ourecouvrement de l'argent public volé)a été lancée en septembre 2007 parla Banque mondiale, en partenariat

avec les Nations-Unies, en vue d’ai-der les pays en développement àrecouvrer plusieurs milliards de dol-lars en avoirs dérobés.

Tabagisme, l'Afrique enfuméeDe l'eau au moulin de la Ligue

sénégalaise contre le tabac (LISTAB),dirigée par le Dr Abdoul Aziz Kassé.D'après le site de Jeune Afrique,l'Africain fume plus aujourd'hui qu'ily a dix ans, citant la World LungFoundation (WLF) qui note que “laconsommation de cigarettes a aug-menté de 57 %” sur le continent enune décennie. Une avancée du taba-gisme qui a poussé l'ONG internatio-nale basée à New York à publier pourla première fois une édition françaisede son Atlas du tabac, le 1er octobre.Objectif : plaider en faveur de la lutteantitabac face aux interférencescroissantes des fabricants, qui profi-tent de l'absence ou de l'inefficacitédes législations en la matière dansnombre de pays africains.“Illustration éloquente à Dakarmême, où un projet de loi antitabacon ne peut plus stricte traîne dans lestiroirs du Ministère de la Santédepuis 2008. L'implantation sur leterritoire sénégalais de trois grands

fabricants de cigarettes - le géantaméricain Philip Morris, BritishAmerican Tobacco et la MTOA, filialesénégalaise d'Imperial Tobacco - neserait pas étrangère à ce blocage”,croit savoir l'organe de presse. Il s'agi-rait “de préserver un environnementpropice à leurs affaires”, selon lesassociations locales antitabac.

Tabagisme, l'Afrique enfumée (suite) L'Atlas a quant à lui été présenté

début octobre au Sénégal, poursuitJeune Afrique. Massamba Diouf, de laLigue sénégalaise contre le tabac(Listab), espère qu'une législationconforme à la convention-cadre del'Organisation mondiale de la santé(OMS) pour la lutte antitabac seravotée “d'ici la fin de l'année”, ainsique l'a annoncé le gouvernement.“Cela permettrait au pays d'augmenterles taxes sur le tabac, d'interdire lespublicités incitant les jeunes à fumer,et de créer des espaces pourfumeurs”, explique le militant. EnCôte d'Ivoire, le gouvernement a fran-chi le pas le 10 octobre en interdisantla cigarette dans les lieux publics,informe l'organe de presse, ajoutantque c'est “une stratégie qui a fait sespreuves dans la plupart des pays occi-dentaux où, en dix ans, la consomma-tion a baissé de 26 %. Pour compen-ser ce manque à gagner, l'industrie dutabac s'est tournée vers des paysmoins bien armés pour se défendre,expédiant des cigarettes à des prixdérisoires tout en renflouant sescaisses.'

EN COULISSES page 2

numéro 410 • vendredi 19 octobre 2012

Publications - Société éditriceBoulevard de l’Est-Point EImmeuble Samba Laobé Thiam DakarTél. : 33 825 07 31E-mail : [email protected]

Directeur de la publication :Mahmoudou WaneDirecteur de la rédaction :Mamadou Lamine BadjiRédacteur en chef : Momar DiengRédacteur en chef délégué :Bachir FofanaChefs de desk :Momar Dieng - PolitiqueBachir Fofana - Économie / SocialMaquette : Renaud Lioult (Directeur artistique), Penda Aly Ngom, Fodé BaldéPhotographe : Amadoune Gomis Impression : Graphic Solutions

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“Une école à la pointe de l’innovation”

ECOLE PRÉSCOLAIRE BILINGUETEDDY’S PLAYSCHOOL

Samba Diop, époux de la défunte, Soro Diop au journal LeQuotidien, Alassane Samba Diop à RFM, Ibrahima Diop à Kanel,Amadou Diop à Fimela, Mamadou Diop à l'ambassade du Sénégalau Gabon, Abdoul Diop à la Caisse de Sécurité Sociale, AlassaneCamara à la Cité Urbaine, la famille de feu Abdou Salam Kane,

Diop, Bocoum, Daff Bassoum, Niane, Ndjim à Kanel,remercient  très sincèrement tous ceux qui ont, de près ou de loin,

compatis à leur douleur lors du rappel à Dieu de :COURO AMAYEL DIAGNE

Décès survenu mardi 16 octobre 2012 à Dakar. L’inhumation a lieu le mercredi 17 octobre 2012 à Kanel.

Fatiha + Likhlass

REMERCIEMENTS

M. Amadou Tidiane WANE, pèrede la défunte, Mme BabidoMamadou Wane, mère de la défunte,Marieme Aicha Diallo, fille de ladéfunte, M. Abdoul Aziz Wane frèrede la défunte, Médecin ColonelYouhanidou Wane Dia à l'hopitalmilitaire de Ouakam soeur de ladéfunte, M. Waly Wane, frère de ladéfunte, Mme Aissata Satigui Wane,soeur de la défunte, M. Yahya IbraWane, frère de la défunte, MlleCynthia Wane, soeur de la défunte

Les familles WANE, LY, BA, KANE, SALL, SYLLA, GENDRY, DIAGNE,DIA, DIALLO, HANE, MBAYE et alliées, ont la profonde douleur de vousfaire part du décès de leur fille, mère et soeur,

Mme Yeyya Thierno Mollé WANE,survenu ce 18 octobre 2012 à l'hôpital Principal de Dakar.La levée du corps aura lieu ce vendredi 19 octobre 2012 à 17h00 à la

Mosquée de Liberté 6 Extension face au Camp Leclerc, suivie de l'enterre-ment au cimetière musulman de YOFF.Les condoléances seront reçues chez ses parents, en face du Camp

Leclerc.

AVIS DE DÉCÈS

I l y a quelques jours, EnQuête révélait que KarimWade n'avait rien cédé quant à ses ambitions de suc-céder à son père à la tête du PDS. Eh bien ! Ceux qui

attendent d'en être convaincus n'avaient qu'à se faufilerhier dans les dédales de la permanence libérale sise surla VDN de Dakar. Car soupçonné d'être le cheval de Troiede Karim - et certainement du parrain Abdoulaye Wade– Serigne Mbacké Ndiaye a réaffirmé son ancrage auPDS. Mais celui qui a créé le courant “Kolëré” (recon-naissance en wolof) – ça ne s'invente pas – aurait mobilisédes jeunes qui ont donné un avant-goût de la bataille pourle contrôle du parti libéral. Ils se sont présentés à ladite

permanence, vêtus de t-shirts sur lesquels était inscrits :“Karim, président 2017”. C'est Ousmane Ngom, dont ondit en embuscade, et absent pour raison de voyage enCôte d'Ivoire dans le cadre de la rencontre del'Internationale libérale, qui va apprécier. En outre, la plu-part des interventions à ce Comité directeur penche pourun Congrès de renouvellement “avant 2013, au plus tarden décembre prochain”. Mais tant qu'il est aux com-mandes, le dernier mot revient à l'espiègle Wade père quijugera sans doute du bon timing favorable à son vœu ina-voué. A noter l'absence remarquée de l'ex-Premier minis-tre Souleymane Ndéné à ce raout “fraternel”.

SUCCESSION AU PDS

Serigne Mbacké Ndiaye parraine-t-il un “Kolëré” aux Wade ?

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POLITIQUE

DAOUDA GBAYA

T rès critiquée durant les der-nières législatures, l’Assem-blée nationale peine à amor-

cer la rupture annoncée. Alors qu’ilsse bousculaient pour intégrer lescommissions parlementaires lors del’installation du Bureau, au point deretarder la session ordinaire, certains

députés brillent par leur absence auxtravaux qui ont cours actuellement àl’hémicycle. De quoi ulcérer un mem-bre de la commission Culture et com-munication. “Lors de notre réunion lelundi dernier, ni le président de laCommission (Haoua Dia Thiam) nison adjoint n’étaient présents. On adû choisir quelqu’un d’entre nouspour présider la commission.” Mais

Haoua Dia Thiam se défend et justifieson absence par des raisons de santé.“J’étais hospitalisée, mais ce jour-là,j’ai tenu à appeler au téléphone pourque la réunion se tienne.”Les travaux de la commission des

Lois, hier, se sont certes tenus sous laprésidence de Djibril War, mais laréunion n’a enregistré que “20 dépu-tés sur les 40 membres” que compteladite commission. Ce qui ne semblepas surprendre le député MamadouLamine Diallo. “Nous savions quenous n'aurions pas la rupture”, dit leprésident du Mouvement Tekki. Cequ’il faut, propose-t-il, “c'est desséances de mise à niveau pour tousles députés” dont la plupart sont desnovices. Pour son collègue Pape ZatorMbaye, l'absentéisme est lié au“degré d’engagement” de chaquedéputé. “A l’Assemblée, tout lemonde n’a pas la volonté de travailler,dit-il. Mais ceux qui le veulent vien-nent régulièrement aux réunions”, ditle responsable de l’Alliance pour laRépublique (APR). Interpellé sur lesujet, le 2e vice-président de l’Assem-blée nationale, le socialiste DoudouIssa Niasse, préfère attendre les tra-vaux techniques “pour apprécier véri-tablement le travail” de ses col-lègues. Pour l'heure, il fait cependantun constat : “on est loin de la rup-ture” promise.

La Com’ de l’Assemblée indexéeAutres griefs soulevés par les dépu-

tés, c’est le “déficit de communica-tion” à l’Assemblée nationale.Mamadou Diop Decroix, député noninscrit, pense que le “système d’infor-mation n’est pas fiable”. Pour l’an-cien ministre de Wade, l’Assemblée

devrait se payer les services d’unesociété informatique pour gérer l’in-formation de l’institution et se mettreà l’ère du temps. “Elle se chargera denous envoyer des sms à temps réel,dit-il. Actuellement, si tu ne passespas à l’Assemblée pour vérifier taboîte à lettres, tu n’es au courant derien. Et depuis 15 ans, on fonctionnecomme ça.”Sur ce point, Haoua Dia Thiam,

présidente de la commission Cultureet Communication tient à rappeler lerèglement intérieur en vigueur. “Lesconvocations sont faites 48 heuresavant.” Puis elle ajoute : “l’informa-tion peut concerner les partisansd’un même groupe, les membres decommission, le président de l’Assem-blée nationale et les députés”.L’ancienne ministre en charge desRelations avec les institutions pré-cise qu’en plus “des convocationsécrites”, “les députés sont saisis partéléphone”. En perspective, la com-mission Culture et Communication“travaille afin que tous les députéspuissent avoir un email”, indiqueHaoua Dia Thiam.

ASSANE MBAYE

“L a hausse annoncée du prix des den-rées de première nécessité montre lalimite de l’autorité sur sa politique

socio-économique et sa promesse de réduire lecoup de la vie des Sénégalais”, ont déclaré hier, lesjeunesses du M23 à l'issue de leur réunion ordi-naire tenue au siège de la Raddho. SelonAbdourahmane Sow et ses camarades, “le prési-dent Macky Sall se doit d'apporter des solutions auxquestions de l’heure”. Aussi, lui recommandent-ils,dans le communiqué parvenu à EnQuête, “de pren-dre ses responsabilités vis-à-vis des engagementspris avec les Sénégalais dans son programmeYoonu yokkute”.

“Dans le cadre de la prise en charge des préoc-cupations du peuple et de l’exécution de son pland’action annoncée”, la Jeunesse du M23 dit “êtreen contact avec certains leaders des forces vives dela nation, des mouvements syndicaux et sociauxpour une campagne de sensibilisation et un cadred’échanges et de lutte”. D'autre part, elle fustige “le comportement des

autorités qui reviennent aux pratiques de dilapida-tion des ressources publiques”. En effet, “en don-nant à Awa Niang, deuxième questeur del’Assemblée nationale, le droit de distribuer l’argentdu contribuable sénégalais pour l’accueil deFrançois Hollande, le pouvoir fait preuve de conti-nuité sans Wade et de mépris à l’endroit de ces vail-lants Sénégalais préoccupés par le sous-emploi, les

inondations, la crise scolaire, l’insécurité, la chertéde la vie, les coupures intempestives d’électricité,etc.”, estime le M23-Jeunes. Sur la crise universitaire, les jeunes du mouve-

ment du 23 juin dénoncent “le comportementirresponsable du directeur du Centre des œuvresuniversitaires de Dakar (COUD) qui, après uneannée scolaire calamiteuse due à une crise d’auto-rité, est en train d’ouvrir un nouveau front avec lesétudiants au risque de perturber le climat social ducampus universitaire”. En ce sens, ils préconisent“un cadre de concertation et de dialogue entre lesdeux parties”.S’agissant du réchauffement du front social, ils

invitent le président Macky Sall et le ministre de laCommunication et des TIC, Abou Lô, “à sortir deleur mutisme complice sur les revendications légi-times et normales des travailleurs de la RTS et dela Poste”. Abordant la question des marchands ambulants,

les jeunes du M23 exhortent le maire de la ville deDakar, Khalifa Sall, à prôner le dialogue en lieu etplace de la “répression brutale”.

ABSENTÉISME AUX TRAVAUX DE COMMISSIONS

Les députés ont la peau dureA l'Assemblée nationale, tout a changé pour que, en fin de compte, rien ne change. Les parlementairessont en effet toujours égaux à eux-mêmes, peu assidus dans les commissions où a lieu l'essentiel des travaux de l'institution. A côté, il existe des problèmes de convocation, de casier, de bureau, etc. Et au-dessus, un président que certains jugent déjà inaccessibles.

HAUSSE DES PRIX DES DENRÉES DE PREMIÈRE NÉCESSITÉ

Les jeunesses du M23 dénoncentles limites de Macky Sall

RENCONTRE ENTRE LE GOUVERNE-MENT ET LE MFDC À ROMEBiagui s’interrogesur l'identité desreprésentants del’Etat

Qui sont les émissaires quiont représenté l’Etat duSénégal lors de la rencontre

avec le Mouvement des forces démo-cratiques de la Casamance (MFDC)le week-end dernier à Rome ? A cetteinterrogation qu’il s’est lui-mêmeposé, Jean-Marie François Biagui atrès vite répondu dans une note dontEnQuête détient copie. Il estime que“ce sont des individus malintention-nés et qui participent de l’establish-ment diabolico-politico-affairiste dela Casamance”. En cela, il promet auxpopulations du pays, et surtout àcelles de la Casamance, de “démas-quer” ces gens “sous peu”. Il dément cequ’il appelle une “rumeur” faisantsuite à une éventuelle rencontre de ces“émissaires de l’Etat” avec le “chef dela principale faction” du MFDC,Salif Sadio. C’est “un fieffé men-songe”, note Biagui. Il dément égale-ment la rencontre qui aurait eu lieuentre les émissaires et OusmaneNiantang Diatta, autre chef de fac-tion du MFDC.

Dans ce même registre, Biagui sedit également surpris “tout à coup”,d’apprendre, “à travers la presse”,qu’une délégation du gouvernementsénégalais “aurait rencontré une délé-gation du MFDC, le week-end du 13au 14 courant, à Ziguinchor, sous lasupervision de la communauté San'tEgidio alors que d’autres sources abri-teraient plutôt cette rencontre sousles auspices de ladite communauté àRome, en Italie”. En déduction,Biagui estime que c’est “beaucoup debruit, pour rien ! Ou plutôt pourtémoigner, fût-ce à son corps défen-dant, de ce que le “ver”, incarné par lesprétendus émissaires de l’Etat, estdans le “fruit”; qu’il s’y développe,tout en tentant de détruire de l’inté-rieur ce dernier”. Une tentative de des-truction qui n’aboutira pas, selon luicar, dit-il, “le  fruit est immunisé,aujourd’hui plus que jamais, contretoutes formes d’attaque de la part dece ver, synonyme de ces individusmalintentionnés”.

Jean-Marie François Biagui, prési-dent du Mouvement pour le fédéra-lisme et la démocratie constitution-nels (MFDC), dénie en fin decompte toute crédibilité à la rencon-tre à Rome entre des représentantsdu gouvernement sénégalais et desémissaires proches de Salif Sadiosous l'arbitrage de l'Ong vaticaneSan't Egidio.

AMADOU NDIAYE

BUREAU DES DÉPUTES

Doudou Issa Niassedéplore le mode dedistribution

A lors qu’il s’attendait à un“dispatching raisonna-ble” des bureaux destinés

aux députés de l’Assembléenationale, le 2e vice-président del’Assemblée nationale dit avoirassisté à une “distribution à pro-blèmes”. “Lorsque je suis revenud’Abuja, j’ai vu que les gensavaient demandé, le 3 octobredernier, aux députés de faire unedemande d’attribution de bureau.Et je n’en ai pas été informé”. Cequi pose problèmes, selon lui. Car“on aurait dû convoquer les prési-dents de groupe parlementaire etfaire la distribution en toute trans-parence”.

JUGÉ INACCESSIBLE

Moustapha Niasse sous les critiques

A l’Assemblée nationale, certains députés du groupe parlementaireBenno Bokk Yaakaar (BBY) peinent à rencontrer leur président,Moustapha Niasse. “Depuis trois mois, j’ai introduit une demande

d’audience au bureau du président de l’Assemblée, mais je n’ai aucuneréponse”, déplore un parlementaire membre de BBY. “Si le député ne peutpas voir son président, à quoi sert-il alors ?”, s’interroge-t-il. Thierno Bocoumtrouve la situation “anormale” mais précise que “le règlement intérieur neprévoit pas de cadre d’échanges entre le président de l’Assemblée nationaleet les président de commissions”. Moustapha Niasse serait-il disposé à rec-tifier le tir en se rapprochant de ses collègues ? Son Directeur de cabinet,Bouna Mohamed Seck, assure que le président de l’Assemblée nationalereçoit “tous les jours des députés et des personnes de tout bord”, en dépitdu fait que “le travail de l’institution est très pesant” et “requiert organisa-tion et administration”. “Quand on vient d’arriver, il y a un moment d’im-mersion, d’observation et d’écoute à faire”, explique M. Seck. Ce qui expliquesans doute le retard dans le traitement des demandes d’audience.

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ECO / SOCIAL

VIVIANE DIATTA

É tablir un nouvel hôpitalmoderne de niveau 4. C'est leprincipal objectif des travail-

leurs de l'Hôpital Aristide Ledantec

(HALD), annoncé hier lors d'uneconférence, en prélude à la célébra-tion de son centenaire, aujourd'hui.Cela est dû à la vétusté du plateaumédical de la structure, mais aussi àl'insuffisance de moyens pour le trai-

tement de certaines maladies. Pourtoutes ces raisons, la structure abesoin d'avoir un nouveau visage ;d’où la nécessité du projet d'établis-sement d'un hôpital de niveau 4. Selon le directeur de l'HALD, il est

nécessaire, à l’occasion du cente-naire, de réfléchir sur les perspectivesde développement de la structure.“Nous avons une capacité d'accueild'environ 1000 lits et nous assuronsen moyenne 100 mille soins par an et10 mille hospitalisations par an.L'hôpital constitue une référenceavec pas moins de 250 médecins et60 professeurs agrégés. Mais, noussommes confrontés à des problèmesde matériels, le plateau technique estvétuste. Ce qui fait que nous sommesobligés d'évacuer des malades auMaghreb ou dans d'autres pays.Donc, tout cela mérite qu'on ait unnouvel hôpital moderne”, a expliquéSaliou Diallo.Pour le Pr Cheikh Touré, direc-

teur du projet, celui-ci a un coût

excessivement élevé et n'est pasencore validé. “Le projet ne peutpas être financé seulement parl’État du Sénégal. Il faut une parti-cipation massive des bailleurs defonds et des privés. Nous avonsbesoin de cet hôpital moderne,parce que dans cette structure, lescompétences y sont, mais les outilsde travail font défaut”, a-t-il pré-cisé.Créé en 1912, l'hôpital Ledantec a

été le premier centre universitairehospitalier de l'Afrique de l'Ouest. Il aété dirigé d'abord par des sœurs fran-ciscaines qui y recevaient desmalades indigènes. Aujourd'hui, ilcompte plus de 1000 agents. En effet, les activités de ce cente-

naire se dérouleront pendant 10semaines. Le cadre de vie et de soli-darité, la décentralisation médicale,la prévention, le sport, la santé etl’environnement santé, la promotionhospitalière, la sensibilisation sur lesaffections de longues durée, le parte-nariat, les journées scientifiques et lefutur de l'hôpital seront déroulés aucours de ces 10 semaines d’activités. Selon Mamadou Ndoye, Chef de la

commission médicale, la 8e semainesera marquée par la création de laFondation des amis de l'hôpital avecles cadres qui sont nés dans la mater-nité de la structure. Elle sera suiviepar la pose de la première pierre dubureau des usagers, où les maladespourront aller se plaindre si toutefoisils ne sont pas satisfaits des soins.

AMADOU THIAM

“Nous sommes prêts àmener une grève de lafaim, à faire une

marche jusqu'au building”, crieBirahim Diouf, membre du collectifdes régisseurs des bourses. “Nousallons même ester le gouvernement duSénégal en justice”, a ajouté M. Diouf,lors d'une conférence de presse duCollectif des régisseurs des boursesdes universités publiques du Sénégal.En effet, en mars 2011, les autoritéssénégalaises avaient décidé de banca-riser les bourses des étudiants des uni-versités publiques. Cette décision,même s'il a fait des heureux chez lesétudiants, n'a pas manqué de causerdes dégâts. Et c'est le cas des payeurs.“Nous sommes restés dix mois sanssalaire et pendant tout ce temps-là,nous n'avons eu aucun interlocuteur”,se désole Cheikh Mafoudji Coly, undes membres du collectif des régis-seurs des bourses. En effet, sur les 36 régisseurs que

contait le collectif, 8 ont été recrutésen 2009 par le COUD et les 28 autres

courent toujours derrière leur recrute-ment. Pour le collectif, cet acte estune forfaiture de la part d'une institu-tion majestueuse. Face à ce pro-blème, les régisseurs des boursesn'ont pas cessé de faire desdémarches pour arriver à la satisfac-tion de leurs doléances. “Nous avonstenté à quatre reprises de rencontrerle ministre Serigne Mbaye Thiam, envain. C’est à la 5e correspondancequ'il nous a enfin écrit”, lanceBirahim Diouf, porte-parole du collec-tif. “Il nous a demandé d'aller s'ap-procher du Ministère de la Fonctionpublique pour notre recrutement”,poursuit-il. Le collectif a reçu l'appui d'organi-

sations de défense des droits del'Homme comme la RADDHO, laLigue sénégalaise des droits del'Homme, Amnesty International etl'ONDH. Les représentant de cesorganisations ont tous compati auxdifficultés que vivent ces régisseursdes bourses. “C'est une situationanormale. La Ligue sénégalaise desdroits de l'Homme est prête à accom-pagner les régisseurs dans ce com-

bat”, déclare Mouhamed Fofana de laLSDH. Pour Omar Diallo, chargé de laprotection et assistant juridique à la

RADDHO, c'est juste un manque devolonté politique, car il n'est pas dif-ficile de caser 28 personnes.

BIGUÉ BOB

“L a laiterie du Berger”(LDB), implantée auSénégal depuis 2006,

vient de se distinguer au niveau conti-nental en remportant le prix de la meil-leure des petites entreprises en crois-sance au “Africa award forentrepreneurship” qui se déroulait le11 octobre passé au Ghana. Parconséquent, la très jeune laiterie agagné un chèque de près de 25 mil-lions de F Cfa. Un prix qui tombe à picpour différentes raisons. D'abord, l'argent gagné va permet-

tre à l'entreprise de boucher quelquestrous budgétaires causés par lasécheresse de 2011. Mais aussi àinvestir. “Une entreprise, ce sont lesinvestissements”, reste convaincuson directeur général, Bagoré Bathily.Ensuite, ce award vient réconforter

l'entrepreneur et son équipe dansleurs efforts de faire de leur sociétéune industrie. La LDB est déjà sur labonne pente avec un chiffre d'affairesd'un milliard 400 mille F Cfa. Uneascension consécutive à la haussedes ventes entre 2007 et 2012, dusimple au quintuple. Et cela pourraitaller crescendo avec cette distinctioncar “au-delà d'un soutien financiersubstantiel constitué par les chèquesremis aux entreprises lauréates,l'Africa award pour l'entrepreneuriatoffre un exceptionnel coup de projec-teur sur les projets et une large miseen réseau avec des entrepreneurs depremier plan et d'investisseurs”.Le concours du prix “africa award

for entrepreneurship” existe depuis2007 et est initié par l'African lea-dership network (ALN). Il a reçucette année 1200 candidaturesd'entreprises africaines. La LDB

était la seule entreprise sénégalaiseretenue des 12 finalistes choisies.Elle concourait dans sa catégorieavec 4 autres entreprises africaines.Ce qui lui a valu d'être distinguéepour sa jeunesse, vu la catégoriedans laquelle elle est choisie. Maisaussi son apport aux populationslocales et à l'économie sénégalaised'abord et à celle africaine ensuite.Ladite société est l'unique entreprisesénégalaise qui propose à ses clientsdes produits faits à partir du laitlocal. Elle travaille avec les éleveursde Richard Toll et leur ferait gagnerchaque an environ 200 millions àraison de 200 francs le litre de lait.Pour arriver à stabiliser sa produc-tion et à en assurer la pérennité, laLDB forme les éleveurs afin qu'ilssachent comment élever leurs bovinspour gagner plus d'argent dans lavente de lait.

CENTENAIRE DE L'HÔPITAL ARISTIDE LEDANTEC

Un projet d'établissementde niveau 4 en cours

DAKAR DEM DIKK

Des syndicalistescontents du départde Moussa Diagne

L e Syndicat autonome destravailleurs (SAT) deDakar Dem Dikk (DDK)

s'est félicité du limogeage du direc-teur général de la société de trans-port public, Moussa Diagne. Dansun communiqué parvenu àEnQuête, Amadou Samb et sescamarades accusent M. Diagne degestion gabegique. “Encore merciau président de la République qui abien accepté de limoger ce fos-soyeur de l’économie du pays”, écritle dernier né des syndicats à DDD.

“Aujourd'hui des faits graves nousinterpellent sur la gestion nébuleuseet chaotique de Moussa Diagne.Tous les acquis sociaux ont étaientfoulés du pied, le népotisme et leservice camarade ont été érigés enmode de gestion. Le gaspillage et lafraude entachent tous les actes demanagement au point que nous nepouvons plus résister à notre ins-tinct naturel de demander descomptes à ceux qui ont géré lasociété”, lit-on dans la note quiajoute que si les syndicalistes avaientréclamé la tête de l'ancien directeur,Christian Salvy, ce n'était pas pourtomber sur une gestion “aux relentséconomiques et sociaux catastro-phiques à la lumière du bilan destrois ans de gestion de M. Diagne”.

D’après les syndicalistes, “des busont été commandés en Chine sanspièces de rechanges et garanties (…). Du matériel disparaît dans lesmagasins sans que les responsabili-tés soient situées. Des cadres ontété recrutés de manière peu ortho-doxe avec des rappels de salaire”. Etde poursuivre  : “Tout cela pourmettre en évidence l'amateurismed'un directeur général animé parun ego trop poussé et un nombri-lisme de bas âge qui ont fini par ins-taller le malaise dans la société”.

CHEIKH THIAM

Les travailleurs de l'hôpital Aristide Ledantec (HALD) militent pour le relèvement du plateau technique médical qui devrait évoluer vers un hôpital moderne de niveau 4.

RÉGISSEURS DES BOURSES DES UNIVERSITÉS

Une plainte plane sur le gouvernementPlus d'un an après la bancarisation des bourses, les payeurs des universités du Sénégal connaissent d'énormes difficultés, car n'ayant pas été recrutés depuis lors.

PETITES ENTREPRISES EN CROISSANCE

La Laiterie du bergerprimée au GhanaLa laiterie du berger (LDB) a bien porté le drapeau sénégalais à la5e édition du “Africa award for entrepreneurship” en rentrantavec le prix de la meilleure des petites entreprises en croissanceen Afrique.

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SOCIÉTÉ

Dans un cadre entièrement rénové avec une nouvelleéquipe et un nouveau chef, le Bar Restaurant

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HABIBATOU WAGNE (Stagiaire)

L’ Union nationale pour ledéveloppement du Séné-gal (UNDS) a doté hier ses

femmes de Grand-Yoff d'une aidecomposée de moutons et de denréesde première nécessité dont desoignons et des pommes de terre.Cette aide estimée à la somme de2,7 millions de francs Cfa, entre

dans le cadre des activités socialesde ladite association. La cérémoniede remise du don a eu pour cadre lesiège de ladite association.À quelques jours de la fête de la

Tabaski, les besoins se font pres-sants dans les ménages sénégalais.C'est pourquoi l'Unds, née endécembre 2011 et qui compte 1250membres, a jugé utile d'aider cesfamilles nécessiteuses qui “rencon-

trent d'énormes difficultés pour sub-venir à leurs besoins”, indique sonprésident, Cheikh Tidiane Diatta.D'où sa volonté d'être “toujours làpour ceux qui sont dans la préca-rité.” Pour Adja Fall, marraine etvice-présidente de l'association,“c'est le minimum que l'on puissefaire pour ces braves femmes quisont toujours engagées dans le mou-vement.”

FATOU SY

L es avocats des ex-comman-dants des brigades de gen-darmerie de Sangalkam et

Podor, Samba Sarr et Madior Cissé,ainsi que les gendarmes MountagaGuèye, Racine Ndong, Babacar Sarret Adama Sall écroués pour lesmeurtres de Malick Bâ, Bana Ndiayeet Mamadou Sy, sont décidés à fairelibérer leurs clients. A cet effet, ilsont saisi la Chambre d’accusationde la Cour d’appel de Dakar pourl’annulation des mandats de dépôtdécernés à leurs clients par le Doyendes juges d'instruction, MahawaSémou Diouf. Les robes noires qui ont toujours

décrié la procédure dans ces deuxaffaires, ont plaidé hier leur causedevant la Chambre d’accusationaprès que le juge d’instruction s'estdéclaré compétent pour placer les

gendarmes. A en croire nos sources,Me Sadio Diaw et le commandantAbdoul Birame Wane ont dénoncéun vice de procédure. Ils ont expli-qué que le juge Mahawa SémouDiouf n’est pas compétent pour pla-cer leurs clients. Pour convaincreles juges de la Cour d'appel, ils ontévoqué les dispositions de l’article661 stipulant : “en cas d'infractionou de crime, seule la chambre d'ac-cusation peut poursuivre leursclients qui ont la qualité d'officiersde policier judiciaire et non le doyendes juges”. Cet argument a été balayé par le

Parquet général qui a estimé que lesgendarmes en question n'agissaientpas dans le cadre de la police judi-ciaire, mais plutôt dans le maintiende l'ordre. Les conseils des gen-darmes sont revenus à la charge ensoulignant que “la Loi ne fait pas dedistinction entre le maintien de l'or-

dre et la Police judiciaire”. Le prési-dent de la Chambre d’accusationqui a le dernier mot rend sa décisionle 22 octobre prochain.

Entre police judiciaire et maintien de l'ordrePour l'instant, les avocats des

inculpés espèrent que le juge leurdonnera raison afin que leurs proté-gés recouvrent la liberté. Au mieux,il s'agirait d'une liberté provisoirepuisqu’une nouvelle procédure serainitiée. Car, au cas où la Chambred’accusation annulerait les mandatsde dépôt, elle initiera une nouvelleprocédure au cours de laquelle ellepourrait remettre en prison les gen-darmes. Les six gendarmes ont été placés

sous mandat de dépôt le 31 juilletdernier. L’adjudant Samba Sarr, ex-Commandant de la brigade deSangalkam, et son subalterne

Adama Sall ont été inculpés dumeurtre de Malick Bâ. Un jeunepère de famille de 30 ans tué lors dela manifestation de protestationcontre l’installation d’une déléga-tion spéciale à Sangalkam. Quant àl’ex-Commandant de brigade dePodor, l’adjudant Madior Cissé etses trois subalternes, Babacar Sarr,

Racine Ndong et Mountaga Gaye,c’est relativement aux meurtres del’élève Mamadou Sy et de la septua-génaire Bana Ndiaye. Deux per-sonnes tuées lors d’une manifesta-tion de protestation contre lavalidation de la candidature de l’ex-président Abdoulaye Wade, organi-sée par la section M23 de Podor.

MEURTRES DE SANGALKAM ET PODOR

Les avocats de la défense saisissentla Chambre d'accusationLa Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Dakar va-t-elle annuler les mandats de dépôts décernés aux deux ex-commandants des brigade de gendarmerie de Sangalkam et Podor ainsiqu’aux 4 gendarmes écroués par le doyen des juges d'instruction pour les meurtres de Malick Ba,Bana Ndiaye et Mamadou Sy ? Le juge rend son arrêt le 22 octobre prochain.

Lorsque Adji Fatou Guèye se pré-sente avant-hier à la barre duTribunal départemental de

Dakar, statuant en matière de flagrantsdélits, elle donne l’air d’une personne quine jouit pas de toutes ses facultés men-tales. Surtout à cause de son attitude et deson accoutrement. Vêtue d’un tee-shirtblanc usé qui a viré au beige à cause de lasaleté, Adja Fatou porte un pagne auxmotifs colorés (bleu et blanc). Avec unfoulard de tête gris posé négligemmentsur la tête, elle n'arrête pas de gratter sapeau crasseuse. Ce qui fait croire à l’assis-tance que la prévenue serait une folle,donc incapable de commettre un vol. Or,cette dame âgée de 36 ans et mère d’unenfant est plutôt un as du vol, au regardde ses multiples comparutions devant lesjuridictions pénales.

“Avant, elle soulevait son pagneet déféquait devant ses victimes”

À ses débuts, lorsqu’elle est surprisedans son forfait, elle soulève son pagne etse soulage sur place. Les quartiers rési-dentiels de Sacré-Cœur, Amitié et autresétaient la cible de Adja Fatou, demeurantà Guédiawaye. Il a fallu beaucoup detemps à ses victimes pour comprendre lesruses de cette voleuse particulière.Traduite en justice à deux reprises, ellechange de stratégie. Cette fois-ci, quandelle entre dans une maison pour subtili-ser quelque chose, elle enduit son corpsd’excréments. La famille Fall de Sacré-Cœur en a fait l’amère expérience.

Un jour, raconte Ndèye Dior Fall, sonpère dépose une sacoche contenant 120000 francs Cfa et entre dans les toilettes.A sa sortie, l’argent a disparu. Après avoirfouillé en vain, la dame entre dans sachambre. Sur place, c’est l’horreur. “Monarmoire était grandement ouverte et meshabits éparpillés. J’ai vu des excrémentssur la moquette”, dit-elle sur un air dedégoût. Debout loin de la prévenue,Ndèye Dior en rajoute : “Lorsque je suis

entrée dans les toilettes, je l’ai trouvée lecorps enduit d’excréments”. Stupéfaite,elle referme la porte de sa chambre etameute la famille. Et alors que tous lesregards sont braqués sur la voleuse, soncomplice en profite pour disparaître avecles objets volés dont un Iphone, des bou-cles d’oreilles et des liasses d’argent.

“Les excréments, vous les mettez dans un panier ou dans un récipient ?”

Rien n'ayant été retrouvé sur elle, AdjiFatou Guèye conteste les faits de vol.Larmes aux yeux, elle déclare être entréechez les Fall uniquement pour faire sesbesoins. Malheureusement, dit-elle, “j’aiété prise pour une voleuse et lynchée puisconduite à la police”, dit-elle au tribunal.“Je vous jure sur la tête de mon enfantque je n’ai rien fait.” Agacé, le présidentlui rétorque : “Vous savez que vous n’êtespas folle. Comment pouvez-vous jurersur la tête de votre enfant alors qu’audébut de l’interrogatoire, vous avez ditque vous n’en avez pas ?”.

Indifférente à la remarque, la prévenuese perd en propos incompréhensibles.Ce qui ne distrait pas le présidentBabacar Ngom. “Je voudrais savoir oùest-ce que vous mettez les excréments.Dans un sachet ? Un récipient ? Je suissûr que vous venez avec car une personnene peut pas tout le temps se soulageraussi facilement que vous le faites.” Unequestion qui fait se tordre de rire la salled’audience, mais pas pour longtemps.“Quand j’entre dans une maison, répondAdji Fatou Guèye en toute décontrac-tion, je vais dans les toilettes pour fairemes besoins. Après je prends les excré-ments pour les mettre sur mon corps.”Alors que le délégué du procureurrequiert trois mois ferme, la prévenue afinalement été condamnée à un an fermeet à des dommages et intérêts de 100 000francs.

F. SY

SOLIDARITÉ À GRAND-YOFF

L'Unds alloue 2,7 millions à ses femmes

UN AN FERME POUR VOLAdji Fatou, spécialiste des excréments enduits sur le corpsVoleuse multirécidiviste, menteuse et spécialiste de la simulation,Adja Fatou Guèye va séjourner à Rebeuss pendant douze mois.

MAMADOU NDIAYE (Correspondant, Linguère)

Dahra Djolof est dans la stupeur, après la mort violentede Marie Ndiaye, une jeune fille de la localité âgée de19 ans et élève en classe de Première au lycée Malick

Sall de Louga. Elle a été heurtée par le dénommé Cheikh Ndiaye,natif de Mbacké, en furie à bord d'un véhicule 4x4 de marqueMitsubishi immatriculé DK 8149 T, qui ne lui appartientd'ailleurs pas.Selon nos informations, le mis en cause est entré dans la ville

avec pour mission de restituer la voiture à son propriétaire, uncertain Thiam, forgeron établi à Linguère. À hauteur de la stationTotal de Dahra, il percute une moto Jakarta, bloquant de faittoute la circulation. Le chef de la station, Omar Niang, témoindes faits, informe les pandores de la brigade de Dahra déjà enga-gés dans la patrouille de nuit.Quelques minutes plus tard, le constat de l'accident est fait

et le chauffeur est invité à garer son véhicule dans l’enceinte dela brigade. Mais à la grande surprise du commandant de brigade

Oumar Cissé, Cheikh Ndiaye dépasse à toute vitesse l’unité degendarmerie au moment où le pandore en chef est encore devantla station, en attendant d'acheminer la moto Jakarta à la brigade.La course-poursuite est alors engagée. Le fuyard ne tarde pas

à être rattrapé par le véhicule de service des gendarmes à hauteurde Nguéweul. Il est sommé de s'arrêter par des jeux de phare etdes klaxons intempestifs. Mais rien n'y fait. Roulant déjà à viveallure, il donne un coup d'accélération pour tenter d'échapperdéfinitivement à ses poursuivants.A cet instant précis, il est environ 1H30 du matin. Intenable,

Cheikh Ndiaye est comme sur un circuit de Formule 1. Malheu-reusement, il rate le virage situé à hauteur des magasins desGrands Moulins de Dakar (GMD) à Dahra. Ayant perdu lecontrôle du volant, il fauche Marie Ndiaye qui meurt sur le coup.Elle a été inhumée au cimetière de Ngeth. La victime laisse der-rière elle une famille meurtrie par sa disparition.Quant au chauffeur Cheikh Ndiaye, il s'en sort, pour le

moment, avec une fracture de la jambe et a été évacué à l’hôpitalMaguette Lô de Linguère. En attendant les suites judiciaires.

DAHRA DJOLOF - POUR ÉCHAPPER AUX GENDARMES

Le chauffeur s'enfuit et tue une fille de 19 ans

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CMJN

CARNET DE VOYAGE

PAR SOPHIANE BENGELOUN (De retour d'Inde)

A rrivé à New Delhi en milieu de journée audépart de Dubaï, on est tout de suiteaccueilli par une vision hors du commun.

S’étalant sur une vingtaine de mètres, une fresquemurale unique en son genre s’étire au-dessus destêtes. A couper le souffle, elle est faite de boucliersd’or parmi lesquels se détachent, à intervalles régu-liers, de gigantesques mains de femmes en pierrecouleur de nuit. Les longues phalanges déliées,comme pour souhaiter la bienvenue aux voyageurs,sont figées dans des postures faisant référence auxreligions bouddhistes et hindoues, tandis qu’aucreux des paumes fleurissent de minuscules fleursde lotus… L’Inde s’annonce déjà surprenante !Le Park Hôtel sur Parliament Street, où l’on a élu

domicile pour l’essentiel d’un séjour de deuxsemaines initié par le gouvernement indien, est aucœur même de Delhi. A quelques encablures deRajiv Chowk, une large esplanade circulaire com-munément admise comme le point central de laville, ce bâtiment rectangulaire est presque accoléau ministère de l’Intérieur indien. L'édifice estmême à distance raisonnable de l’essentiel desgrandes institutions du pays. Des fenêtres de l’hôtelqui donnent sur Sansad Marg, une large avenueréputée pour sa station de bus très fréquentée, onaperçoit l’un des sites archéologiques qui font lafierté du pays : le Jantar Mantar.Véritable vestige de l’architecture locale, le

Jantar Mantar (NDLR : littéralement “L’instrumentet la formule”, aussi appelé “montre des gentils-hommes”), est une collection de 13 instruments demesure astronomique construits sous le règne duMaharaja Jai Singh II de Jaipur au XVIIIe siècle.Composé de plusieurs bâtisses semi-circulaires debriques rouges dispersées stratégiquement à tra-vers une concession d’une centaine de mètres envi-ron, le site consiste principalement en un gigan-tesque cadran solaire dont on se servait à l’époquepour lire l’heure et effectuer d’autres opérationsayant trait aux mouvements célestes. Aujourd’hui,c’est un lieu touristique très prisé dont l’admissionse fait via une billetterie. Le prix de l’entrée, 100

roupies (1000 F Cfa) pour les étrangers, et seule-ment 5 roupies (50 F Cfa) pour les nationaux, restetrès abordable.

Palika Bazaar, comme à SandagaA quelques encablures du Jantar Mantar et de

l’hôtel se trouve le Palika Bazaar, un clone local denotre Sandaga national. On y vend de tout.Vêtements, tabac, encens, gadgets, téléphones,services… Il y en a pour tous les goûts et pourtoutes les bourses. Du Textile Shop, par exemple,où l’on acquiert des Saris allant de 250 roupies (2 500 F Cfa) à 10 voir 45 000 roupies (450 000F Cfa), aux souterrains du Palika Shopping Mall oùun confrère de la RTS - qu’on se garde de nommer- a acheté une tablette électronique que l’on peutfacilement qualifier d'imitation d’une imitation.Un peu plus loin, cependant, le quartier se fait

subitement plus huppé avec la Middle Circle Roadet ses énormes blocs circulaires qui encerclent leRavij Chowk et abritent l’essentiel des enceintes demarques connues dans la grande consommation.Levis, Nike, Reebok, Guess, Benetton…

Sentiment nationalAu hasard donc de ce mélange de classes et de

quartiers, on peut flâner dans les rues larges, pro-pres et pavées du “Delhi chic”, rencontrant àchaque angle ou intersection des choses surpre-nantes… L’Inde spirituelle avec ses temples,églises, mosquées et lieux de dévotion en tousgenres côtoie sans heurts l’Inde matérialiste et sestemples, à elle aussi, de la consommation. Ceux-ci,assis dans un Macdonald près d’une bouche demétro à déguster un Super Maharaja Burger, parexemple, cohabitent tous les jours avec ceux qui,vivant selon des préceptes indiens orthodoxes, neconsomme pas de viande. Les crêtes à la mode, les t-shirts et les jeans Slim

des uns n’empêchent pas les autres de porter leurscostumes traditionnels, se coiffer de leurs turbans,et orner leurs fronts de ces points de peintures vivesqui ont rendu l’inde célèbre de par le monde. Lesconflits tribaux, religieux ou identitaires existentbien sûr, mais sont, de ce qu’on a pu constater, à

une échelle réduite et n’affectent pas l’omniprésentsentiment national qui habite l’essentiel d’unepopulation de 1,3 milliard d’âmes.

La pauvreté, aussi, à vue d’œil La pauvreté existe, elle aussi, à vue d’œil.

Connaught Circus, Parliament Street et les largesallées et bâtiments imposants du centre-ville fontde leur mieux pour la masquer mais on peut l’aper-cevoir au détour d’une petite allée entre deux buil-dings, d’une rue intérieure ou d’un temple devantlequel des mendiants, par légion, tendent la main.Mieux encore, s’engouffrant dans une rame de

métro au hasard, en direction de quartiers popu-laires, on voit tout de suite un autre Delhi. A la sta-tion de Kashmere Gate (ligne jaune), par exemple,on prend la ligne rouge sur 4 arrêts en direction dela station de Shahdara, de l’autre coté du fleuveYamuna…Arrivés sur place, on descend deux volets d’esca-

lators en panne pour tomber sur un décor désolant.Agglutinés sous un pont lugubre, des dizaines deSDF (sans domiciles fixes) en haillons dorment àmême le sol, au milieu de hordes de pousse-poussecrasseux et de chiens errants.Quand on demande, un autre voyageur du métro

explique avec humour que cet endroit n’appartientni au “New” Delhi, ni au “Old” Delhi… mais plutôtau “Middle Age” Dehli, une zone de la ville qui tirel’essentiel de son activité de l’installation, il y a unedizaine d’années, de la ligne de métro la traversant.“Welcome to the real India !” (NDLR : Bienvenudans l’Inde réelle), lance l’inconnu en rigolantavant de poursuivre son chemin. Inutile de direqu’il ne fait pas bon s’attarder dans les parages !A l’ombre d’un imposant pilier supportant ladite

station sont garées des tuk-tuks ou Auto Rickshaw,une sorte de tricycles motorisés qui sont le moyende transport le plus prisé de la ville. On saute à bordde l’un d’entre eux et Abishek, le chauffeur, nousremmène vite à l’hôtel, non sans faire un petit tourdes environs. La course renvient à plusieurs cen-taines de roupies, ce qui est assez cher pour un tuk-tuk mais beaucoup moins d’argent que si on avaitprit un “vrai” taxi.“Le long de la voie du métro aérien, il y a plein

de boutiques et d’échoppes de toutes sortes parceque les gens empruntent cette rue pour aller etvenir du travail”, explique le chauffeur qui, au vu deson turban, est de l’ethnie des Sikhs.Effectivement, ayant gracieusement accepté l’ar-rangement, on s'est arrêté plusieurs fois en routepour prendre et déposer des passants. L’ambianceest joyeuse à bord du tricycle jaune et vert !Revenus au Park Hotel, on passe une nuit mou-

vementée à faire ses bagages pour le week-end, oùun bus en direction de la ville d’Agra, dans ledépartement de l’Uttar Pradesh, conduira l'équi-pée droit à l’une des 7 merveilles du monde : leTaj Mahal...

(À suivre)

INDE

Surprises à l'heure DelhiDe la bouillante New Delhi à la vieille Agra où le Taj Mahal abrite pour l’éternité les tombes de l’empereur Shah Jahan et de son grand amour, Mumtaz, l’Inde offre aux visiteurs une expérience palpitante. Le pays-continent bouleverse les sens et les a priori… Reportage. (1/2)

ART PLASTIQUES - EXPOTaftaf “témoin” duSénégal matérialiste

Pur produit de l’École natio-nale des arts (Ena), Mouha-madou Moustapha Diop,

alias Taftaf, expose une dizaine de sestoiles jusqu’à la fin du mois au BigFive, un bar restaurant branché deDakar. L'artiste peintre à la vue sur-prenante et pleine de sensibilité dumonde qui l’entoure, dénommel'expo “Témoin”, axée sur des thèmesde l’industrialisation et de la mondia-lisation. Sa collection est une dénon-ciation visuelle percutante du Sénégalmatérialiste d’aujourd’hui.

Tons chauds, touches métalliques,nuances pétrolières, coupures de jour-naux, ombres et lumières… les acry-liques sur toile façon Taftaf vous inter-pellent sur la façon dont le stress et larecherche de performance de notrequotidien influent sur nos qualitésmorales et psychiques. “J’ai voulu met-tre en valeur cet aspect de nous-mêmesqui ne cesse de courir, de convoiter, dese dépasser. Pas forcément sous un journégatif mais plutôt comme un constat,afin que les gens fassent le point de ceque deviennent leurs vies avant de,quelque part, se sacrifier sur l’autel de larecherche du confort matériel”,explique l’artiste, trop pudique pours’épancher autrement qu’avec un pin-ceau sur la portée de son œuvre. Ilexpose présentement dix toiles qui sontautant de fenêtres sur ce qu’est devenuet menace de devenir le Sénégal.

Âgé d'une vingtaine d'années,Mouhamadou Moustapha Diop aquitté l'école en classe de 3e pour seconsacrer à la peinture, sa passion. Il aeu à participer à différentes exposi-tions au Sénégal et à travers le mondeet à différentes occasions dont laBiennale des arts contemporains(Dak'Art). Il a eu aussi à animer desexpositions solo.

L’exposition-vente “TafTaf Design”est à admirer jusqu’au 31 octobre.

S. BENGELOUN & B. BOB

CMJN

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TABASKI 2012 page 7

VIVIANE DIATTA

L e malheur des uns fait lebonheur des autres. Alors que lessupputations vont bon train sur

la quantité de moutons disponibles pourla Tabaski à venir, et que le ministre del’Élevage a fini de jeter le trouble, endéclarant ignorer s'il y aura cette annéeassez de moutons, les vendeurs locauxde moutons, eux, se frottent les mains.Ce, parce qu'à 9 jours de la fête de l'AïdEl Kébir, ils sont les seuls à pouvoir ali-menter le marché local. Il est 11h au point de vente qui longe

les deux voies de Liberté. Moussa Bâsurveille son troupeau de moutons. Cesexagénaire drapé d'un boubou vert, fou-lard à la tête, fait le même constat. “Iln'y a pas assez de moutons cetteannée”. Mais cette situation ne semble

pas lui déplaire car, bien que sesmoutons ne payent pas de mine, il com-mence déjà à se remplir les poches. Dèsque les moutons venant du Mali foulentle sol de Dakar, les vendeurs locaux com-mencent à avoir des problèmes, déclare-t-il. “Cette année, nous allons beaucoupgagner, assure-t-il, parce que les ven-deurs du Mali et de la Mauritanie nepourront pas venir. Il n'a pas beaucoupplu l'année dernière et la sécheresse atué beaucoup de moutons. Nous pour-rons enfin vendre sans aucunproblème”, jubile le vieil éleveur. Lesprix de ses bêtes varient entre 45 000 FCfa et 85 000 F Cfa.Non loin de lui, se trouve Babacar

Marone. Vautré sur sa chaise, le vieuxsérère déclare sans ambages : “Lesclients n’achètent que les moutons duMali ou de la Mauritanie. Cela ne fait pas

notre affaire et ça nous plonge dans desdettes. Franche-ment, je suis trèscontent du fait que cette année, cesgens-là ne viennent pas”. Pour lui, le prixdu mouton dépend de la race. “Il fautsavoir que les Ladoums n'ont pas lemême prix que les Balbalis et les Toula-baires. En plus de cela, nous passonstoute une année à les nourrir, sanscompter la cherté du foin”. Cependant,tempère l'éleveur : “Mes moutons sontaccessibles à toutes les bourses.”

Les clients à l’assaut des lieux de venteLa déclaration du ministre de l'Èlevage

n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd.Aminata Mbengue Ndiaye a annoncédans l'Observateur ne pas être en mesurede rassurer la population sur la quantitéde moutons pour la Tabaski. Et pour

cause, les pères et mères de famille ontpris d'assaut les points de vente de mou-tons. C'est le cas de Aïda Sow. La damede teint clair, vêtue d'un ensemble bleu,s'est empressée d'acheter son moutonavant que la situation n'empire. “Dès quej'ai entendu la nouvelle hier (avant hier),j'ai eu peur. Parce que s'il y a pénurie, çaveut dire que certains risquent de passerla fête sans mouton. Raison pour laquelleje suis venue acheter pour ne pas tomberdans l’erreur. Mais les moutons sontchers”, explique la mère de famille.

“Aminata Mbengue Ndiaye...,c'est grave”D'ailleurs une autre dame, Alimatou

Ly, fustige la sortie du ministre. “Si Ami-nata Mbengue Ndiaye, en tant queministre, n'est pas en mesure de nousrassurer, c'est grave. Donc, cela veut direqu'il n'y aura pas de moutons. Pour ne

pas avoir de regret, j'ai décidé d'achetermon mouton dès maintenant. C'est plussûr”, dit-elle. Alimatou s'est insurgéecontre la cherté du mouton alors que,fait-elle remarquer, le président avaitannoncé la suppression des taxes pourpermettre aux vendeurs d'écouler lesbêtes à des prix raisonnables.Mêmes récriminations auprès de

Babacar Sanokho. “Je ne comprendspas pourquoi les moutons sont aussichers. Les prix varient entre 100 000 FCfa et 150 000 F Cfa. Ce n'est pas nor-mal”', se désole-t-il. “L'année dernièreà pareil moment, la circulation était ser-rée à cause de la présence des bêtes,dans tous les coins de la ville. Mais cetteannée, on peut compter le nombred'abris à quelques jours de la fête. C'estun signe dangereux. Donc mieux vaut lefaire maintenant. C'est plus sûr de toutefaçon”, laisse entendre Sanokho.

BABACAR DIOUF (Correspondant, Bambey)

L a proximité entre la fête Tabaski et larentrée des classes fait perdre le nordaux chefs de ménage dans le bassin ara-

chidier, composé des régions de Diourbel,Fatick, Kaolack et Kaffrine. Ils ne savent plusoù donner de la tête d'autant plus qu'en zonerurale, les cultures agricoles ne sont pas encorearrivées à maturité. La récolte du mil a débuté,mais les paysans ne peuvent pas encore vendrela céréale dont le processus de traitement – passuffisamment séché - n'est pas encore terminé. Seul le niébé (haricot) est déjà sur le marché,

mais les paysans font face à la cupidité des

rabatteurs qui se sont entendus sur un prixd’achat au rabais. Selon Seynabou Thiaw, unevillageoise, vendeuse de niébé au marché heb-domadaire de Bambey Sérère, les rabatteurs neveulent pas acheter le kilogramme à plus de250 francs Cfa. Ce qui est très en deçà de leursattentes. Aussi, souligne la dame, ces mêmesrevendeurs vont remettre le même produit sur lemarché à pas moins de 1000 F le kilogramme. Pour ce qui est de l’arachide, la récolte n’a

pas encore démarré et la denrée n’est pasencore commercialisée. Pourtant, c’est la den-rée qui, jadis, permettait aux paysans d'avoirdes revenus pour faire face à certainesdépenses. Une situation qui, somme toute,

rend la chose plus difficile pour les paysans quin’avaient que ces denrées pour se faire de l’ar-gent et faire face aux nombreuses dépensesqu’exige la tabaski. Pourtant, ce n’est pas leseul événement qui hante le sommeil de cespopulations de l’intérieur du pays. L’ouverturedes classes est aussi un boulet pour cesSénégalais qui ne savent plus où donner de latête.

La prolongation de l’année scolairemaintient les jeunes filles aux villagesAu moment où ils s’interrogent sur les solu-

tions pour régler la question de l’achat du mou-ton de Tabaski, l’habillement de la famille sepose en même temps que la question del’achat des fournitures scolaires et de l’inscrip-tion des enfants dans les écoles. Cette année,raconte Saliou Fall, “la question de l’ouverturedes classes va poser beaucoup de problèmes ànous parents d’élèves.” Pour lui, la particula-rité de cette année scolaire 2012-2013 a faitque bon nombre d’enfants des campagnes nese sont pas rendus dans les villes commeDakar et autres pour se faire de l’argent et pré-

parer l’ouverture des classes. Pour rappel, ce sont les élèves des collèges et

lycées de l’intérieur du pays qui servent dedomestiques aux familles nanties de Dakar etsa banlieue durant les vacances scolaires ; cequi leur permet de se faire un peu d'argent pourfaire face aux dépenses liées à l'ouverture desclasses. Mais avec les deux sessions du Bac etdu BFEM, bon nombre de garçons et de fillesont préféré se concentrer sur les examens quede venir à Dakar chercher du travail. Pour Astou Dione, une ménagère trouvée au

luuma (NDLR : marché hebdomadaire) deBambey Sérère, ce sont les ressources qu'ap-portaient les filles en vacances à Dakar qui per-mettaient de financer la rentrée pour les fillesdes écoles primaires restées au village. Unconstat que partage Saliou Ndour pour qui lepire est à venir puisque l’État a annoncé lasuppression des aides aux étudiants. Or, ceux-ci ne sont autres que leurs enfants qui viventdes conditions très difficiles dans la capitalesénégalaise, dit-il. Face à cette situation, lespaysans s’en remettent au Bon Dieu, commed'habitude.

PÉNURIE CONSTATÉE DE MOUTONS

Quand la crise malienne faitdanser les vendeurs locaux !La pénurie de moutons est une aubaine pour les éleveurs locaux. Ces derniers se remplissent les poches et se réjouissent de l'absence des vendeurs venant de l’extérieur du pays qui, disent-ils,les empêchent de faire de bonnes affaires.

TABASKI ET RENTRÉE DES CLASSES

La hantise des chefs de ménageDans le Bassin arachidier, les chefs de ménage vivent sous la hantise des dépensesinduites par la rentrée de classes et les préparatifs de la Tabaski, au moment où bon nombre de spéculations culturales ne sont pas encore arrivées à maturation.

Au coin de Gallo Thiélo

C ette situation ne sem-ble guère affecter lecélèbre humoriste

Gallo Thiélo et non moins éle-veur très renommé. Selon lui,la pénurie de moutons n'estpas un problème, du momentqu'il y a des moutons domesti-qués. “Tout se prépare. Lesclients doivent acheter leurmouton maintenant. Il ne fautpas attendre deux jours avant ou la veille de la fête pour le faire”, prévient-il. Galo vend des moutons très gras qui vont de 70 000 F Cfa à 300 000 FCfa, voire 1000 000 F Cfa. “Maintenant, tout dépend de ce que veut leclient. Il y a des gens qui arrivent avec cent mille francs et veulent un mou-ton de 700 000 F Cfa, c'est impossible. Parce qu'il faut le dire : nous dépen-sons beaucoup pour nourrir ces bêtes”, soutient-il.À la Gueule-Tapée, c'est le même soulagement qui étreint les cœurs. Les

vendeurs se réjouissent de la conjoncture. “Je suis très content de constaterqu'il n'y a pas de moutons cette année. À 9 jours de la Tabaski, ces gens neviendront pas. Quand ils sont là, ils ferment toutes les portes. Avec la crisemalienne, nous faisons affaire”, avance Samba Thiam. A l'en croire, la venuedes moutons étrangers leur fait contracter beaucoup de dettes, chaqueannée. “L'année passée, j'ai fait un prêt dans une Banque, pour acheter desmoutons et les revendre. Mais dès que les Maliens sont arrivés, je n'ai rienvendu. On a l'impression qu'ils mettent des grigris pour attirer la clientèle.La Banque a failli me traîner en justice. C'est un de mes amis qui m'a sortidu pétrin”, explique-t-il.

BASSIN ARACHIDIER

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numéro 410 • vendredi 19 octobre 2012

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HumourNuméros UtilesMOTS FLÉCHÉS • N°350 (FORCE 2)

MOTS MELÉS • N°303

SUDOKU N°306

“Le blasphème des grands espritsest plus agréable à Dieu que la prière intéressée de l'homme vulgaire.”

ERNEST RENAN

Cita

tions

Toto est assis au premier rang. L'instituteur demandeaux élèves de lui citerdes exemples d'exci-tants. - Le café, répond Natacha - Très bien, lui dit l'instituteur. - L'alcool, répondPacha - Très bien, lui dit l'instituteur. - Une femme à poil, répond Toto. L'instituteur, d'une voixsévère : - Tu diras à ton père depasser me voir demain,j'ai deux mots à lui dire. Le lendemain, l'institu-teur remarque que Totoest assis au dernierrang. Il l'interpelle : - Toto, as-tu fait la com-mission à ton père ? - Oui, monsieur.- Qu'est-ce qu'il a dit ? - Il m'a dit “si ton institu-teur n'est pas excité par une femme à poil, c'est que c'est un pédé !Tiens-toi loin de lui !”

SECURITEGendarmerie Nationale :800 00 20 20Police secours : 17Sapeurs Pompiers : 18

TELEPHONERenseignements Annuaire :1212Service Dérangements :1213Service Clients : 1441

EAU - SDEService dépannage & Renseignements800.00.11.11(appel gratuit)

ONASEgoûts, collecteursNUMERO ORANGE (appel gratuit)

81 800.10.12

SENELECService Dépannage : 33 867.66.66

TRANSPORTSSociété nationale de Chemins de Fer du Sénégal(SNCS): 33 823.31.40Aéroport Léopold S. Senghorde Yoff : 33 869.22.01 / 02Port Autonome de Dakar(24H/24) : 33 849.45.45Heure non ouvrableCapitainerie : 33 849.79.09Pilotage : 33 849.79.07

URGENCESS.U.M.A : 33 824 24 18SUMA-MEDECIN : 33 864 05 6133 824 60 30S.O.S MEDECINS : 33 889 15 15

HOPITAUXPrincipal : 33 839.50.50Le Dantec : 33 889.38.00Abass Ndao : 33 849.78.00Fann : 33 869.18.18HOGGY (ex-CTO) : 33 827.74.68 / 33 825.08.19

Véhicule ferroviaire

“Vous devez être avocat : vous dégagez quelque chose de malin et d'inutile.”

GARRY MARSHALL

HEURES DE MESSE• Cathédrale : 7H• Martyrs de l'Ouganda :

6H30-18H30

• Saint Joseph :

6h30 - 18h30

HEURES DE PRIERES MUSULMANES• Fadiar : 06:01• Tisbar : 14:15• Takussan : 17:00• Timis : 18:56• Guéwé : 19:56

Priè

res

Envoyez vos blagues à [email protected]

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HoroscopeMOTS FLÉCHÉS • N°368 (FORCE 3)

BélierDe réelles possibilités se présentent cen'est pas le moment de reculer. Il fautsaisir la chance qui vous est offerte sansfaiblir car vous allez pouvoir connaître unjuste retour sur vos investissements. C'estl'heure de la récompense qui va sonner.

TaureauLes forces de la chance vous apportentune énergie nouvelle qui vous propulsevers une réussite certaine. Vous pour-rez nourrir les projets les plus fous etréaliser les entreprises les plus har-dies, c'est un tournant dans votre vie.Soyez prêt à recevoir des fruits méri-tés.

GémeauxDes contrariétés auraient pu survenirdans votre environnement proche maisune réelle opportunité viendra perturberune personne qui cherchait à vous nuire.Montrer votre caractère conciliant etvotre bonne humeur, son honneur serasauf. Vous savez pardonner.

CancerSoyez honnête avec vous-même et faitesface à ce que vous voulez vraiment dansvotre vie affective. Vous pouvez réelle-ment faire des progrès dans ce sens, sur-tout si vous renforcez votre confiance envous-même. La confiance en vous, en-trainera la confiance envers les autres.

LionVous éprouverez un grand désir de chan-ger. Vous rechercherez une plus grandeintensité dans les sentiments. Cela re-présente un moment important et déci-sif dans votre vie. Surtout ne précipitezrien pour le moment car vous pourriezfinir par faire partir l'être désiré.

ViergeIl se pourrait qu'un rendez-vous impor-tant soit manqué. Vous n'en ferez pas undrame car un appel opportun remettrales choses en ordre. Vous faites un longdéplacement pour réussir à voirquelqu'un que vous n'avez pas vu depuislongtemps.

BalanceVous débordez d'enthousiasme et dejoies et vous avez une confiance exces-sive en vous. Faites très attention car untel excès de bonne humeur peut présa-ger une baisse de forme qu'il faudrait sa-voir assumer. Vous allez pouvoir comptersur une aide précieuse et désintéressée.

ScorpionDes embrouilles peu recommandablesvous seront évitées par la force deschoses. Il faut dire aussi à votre créditque la forme est là qui vous aide à ga-gner ce pari que vous aurez engagé avecvous-même. La récompense ne tarde pasà venir.

SagittaireDes problèmes sérieux pourraient surve-nir si vous ne faites pas attention à ceque vous faites. Vous garderez un cer-tain sens des réalités qui vous préser-vera efficacement et vous ne serez plusenclin à commettre encore des erreursà répétition. Votre intuition vous pro-tège.

CapricorneVous ne pouvez compter que sur vous-même pour retrouver le moral. On vousfera part de certaines dispositions qui nevous conviendront pas tout à fait. Touchezdu bois car cela ne durera pas. Ce serapour vous bientôt une suite d'événementsheureux.

VerseauVous vous démenez comme un diablepour vaincre une certaine résistanceabusive de quelqu'un que vous redou-tez. La chance de vous sortir de cetteembuscade est un repli stratégique im-médiat. Les événements finissent parvous donner raison.

PoissonsGrâce à une belle forme physique, vouspourrez fournir tous les efforts néces-saires pour aboutir là où vous n'avezpas pu aller tout récemment. Vousconstaterez que tout se passera commevous l'avez pensé et rien ne pourra plusvous arrêter dans la réussite.

Solutions

MOTS MELÉS • PLUS

Qui ronchonne souvent

GROGNON

MOTS FLÉCHÉS • N°367 (FORCE 3)

MOTS MELÉS PLUSSUDOKU N°307

numéro 410 • vendredi 19 octobre 2012

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AFRIQUE / MONDE

L e ministre de l'IntérieurManuel Valls a annoncéjeudi la suppression des

critères de naturalisation “les plusdiscriminatoires” pour accroître lenombre de personnes qui pourrontacquérir la nationalité française.En déplacement à Toulouse, il a

dit avoir envoyé aux préfets unecirculaire prévoyant l'abandonimmédiat du questionnaire à choixmultiples (QCM) de connaissancede la culture française, très décrié,ainsi que la prise en compte descontrats précaires dans l'évalua-tion de l'insertion professionnelle.L'opposition de droite a réagi enestimant que le gouvernementsocialiste voulait “brader” la natio-nalité française.Prônant à la fois une “maîtrise”

de l'immigration et des “parcoursd'intégration réussis”, ManuelValls a critiqué la politique de la

précédente majorité en matière denaturalisations et a dit vouloir pro-céder en deux temps. “L'urgence,d'abord, (c'est) redresser la courbedu nombre de naturalisations enrevenant sur les critères les plusdiscriminants qui sont à l'originede près de 70% des refus”, a-t-ildéclaré à Toulouse lors d'une céré-monie de naturalisation.Dans une deuxième phase, qui

devrait aboutir début 2013, unecirculaire cadre “remettra à plattous les critères et leurs conditionsd'appréciation” en prenant encompte le résultat d'une concerta-tion et le rapport de la mission par-lementaire dirigée par le députésocialiste Patrick Mennucci.

“DISPOSITIF PLUS TRANSPARENT”Manuel Valls a insisté sur le fait

que le précédent gouvernement

avait “entravé” l'accès à la natio-nalité française ces deux dernièresannées en prenant des “consignesde durcissement”. Le nombre denaturalisations a baissé de 30%entre 2010 et 2011, et de 45%entre 2011 et 2012, a-t-il indi-qué.Selon l'Insee, 88.509 per-

sonnes ont été naturalisées en2010 et le nombre total de per-sonnes ayant acquis la nationalitéfrançaise (par mariage, déclarationanticipée ou acquisition sans for-malité) s'élevait à 143.275.“La nationalité française ne

peut être ni bradée -il ne peut yavoir de Français au rabais-, niréservée à quelques-uns, à uneélite”, a ajouté le ministre, lui-même d'origine espagnole et natu-ralisé français. “Je ne veux pasouvrir de nouveaux débats (...) enbouleversant l'ensemble du dispo-

sitif d'accès à la nationalité. Ils'agit, simplement, sereinement,de prendre toutes les mesures afinde rendre ce dispositif plus trans-parent, plus juste, plus efficace.”Cette réforme du processus de

naturalisation doit notamment per-mettre, selon le ministre, de réfor-mer le dispositif d'information,d'améliorer l'accueil des postu-lants en préfecture ou encore d'en-courager la préparation des candi-dats. La circulaire envoyée jeudiaux préfets prévoit en particulierde prendre en compte les contratsà durée déterminée ou le travailintérimaire, et plus seulement lesCDI, dans l'appréciation de l'inser-tion professionnelle du candidat àla naturalisation. “Je refuse l'idéeque seuls les détenteurs d'un CDIpuissent devenir Français”, a sou-ligné le ministre de l'Intérieur,Le document ordonne égale-

ment l'abandon du QCM qui pré-voyait de tester le niveau desconnaissances sur la culture etl'histoire de France. “Dès à pré-sent, la méthode du questionnaireà choix multiple relatif à laconnaissance de l'histoire de laculture française est abandonnéepar décision du Premier ministre”,a poursuivi Manuel Valls.Pour Eric Ciotti, député UMP

proche de l'ancien Premier minis-tre François Fillon, “ne peut pasêtre Français qui veut”. “La natio-nalité française doit se mériter etdoit supposer un certain effort ence qui concerne l'assimilation del'histoire, de la culture et de lalangue françaises”, a-t-il dit.“Vouloir la brader, comme le sou-haitent les socialistes ainsi queleurs partenaires communistes etécologistes, est totalement irres-ponsable et dangereux.”

REUTERS

Huit petits mois et puiss’en va… Nommée enfévrier dernier - donc

sous “l’ancien régime” - à la têtede la Direction Afrique-Océanindien (DAOI) du ministère desAffaires étrangères, ÉlisabethBarbier vient d’en être évincée surdécision de Laurent Fabius. Cettediplomate expérimentée, ambas-sadrice de France à Nairobi(Kenya) de 2006 à 2010, aurait-elle péché par incompétence chro-nique ou commis une inexpiablebourde ? Non. Sa faute est bienplus grave : elle n’a pas eu l’heurde plaire au ministre. Sous les orsdu Quai d’Orsay, ce fait du princen’a guère surpris. “Depuis son arri-vée, Fabius la snobe ostensible-ment, raconte un témoin privilé-gié. Sans doute la jugeait-ilinsuffisamment charismatique.Même si Élisabeth s’est acquittéetrès honorablement d’une tâcheingrate : la renégociation des

accords de défense et de coopéra-tion militaire avec notre défunt précarré.” On notera -suprême élé-gance- que l’intéressée a été infor-mée de sa disgrâce le mercredi 10octobre, soit l’avant-veille dudépart de François Hollande et satroupe, pour Kinshasa via Dakar.En clair, le voyage initiatique del’un fut la tournée d’adieu de l’au-tre.Qui pour lui succéder ? Un nom

circule. Celui du swahiliste Jean-Christophe Belliard, actuel ambas-sadeur à Madagascar, africanisteaguerri passé notamment parAddis-Abeba, capitale del’Éthiopie et siège de l’Union afri-caine, déjà pressenti au poste deconseiller Afrique de l’Elysée,attribué in fine à Hélène Le Gal.Comme le souligne ce mardi La

Lettre du Continent, ce congédie-ment suit celui, au cœur de l’été,de Nathalie Loiseau, jusqu’alorsdirectrice générale de

l’Administration et de laModernisation du “MAE”, exfiltréevers l’ENA ; et précède selon toutevraisemblance la mise à l’écart deJoseph Maïla, pour l’heure auxcommandes de la Prospective. Enlot de consolation, l’ex-patronnede la DAOI pourrait atterrir àPretoria, dans une Afrique du Sudqu’elle connaît bien pour y avoirservi à deux reprises.“En pleine crise sahélienne,

soupire un initié, tout ça affaiblit leQuai. D’autant que sur ce dossier,le ministère de la Défense s’activebeaucoup. Une rencontre de haut-niveau est programmée la semaineprochaine avec les Américains. EtJohnnie Carson [secrétaire d’Etatadjoint aux Affaires africaines deBarack Obama] risque de ne pastrouver d’homologue à sa hauteurcôté français.” Autre effet perversimmédiat : ce chamboule-toutconforte la thèse de ceux qui -sur lecontinent noir comme sur les bords

de Seine- estiment l’”afro-disposi-tif” du tombeur de Nicolas Sarkozyun chouïa chétif. Commentaired’un autre homme du sérail :“Hélène Le Gal a certes un passéafricain, mais sa carrière l’en a untemps éloignée. Son adjointThomas Melonio ? Sympa et bos-seur, mais en manque d’expé-rience de terrain. Quant à SophieMoal-Makamé [la conseillèreAfrique de Fabius], elle n’est fami-lière que des versants oriental etaustral du continent.” Que l’on soitou pas un zélote de la parité, com-ment ne pas remarquer que leministre d’Etat a d’ores et déjàécarté deux femmes de son équipe? Dire que - rançon d’une “cover”récente sur Hollande et l’autre moi-tié du ciel -, L’Express passe pourmisogyne… Message à l’attentiondes implacables pourfendeuses dusexisme en marche: vérificationfaite auprès de l’intéressé,Christophe Barbier, directeur de larédaction de cet hebdomadaire,n’a aucun lien de parenté connuavec l’infortunée Élisabeth.

(SUR LE BLOG DE VINCENT HUGEUX,L'EXPRESS)

FRANCE

Les Socialistes allègent les critères de naturalisation

REVUE DE PRESSE AFRICAINE.

À quand l'intervention militaire au nord du Mali ?

Le calendrier de l’intervention internatio-nale au nord du Mali est loin d’être clair. “On est même dans la confusion la plus

totale, note Guinée Conakry Infos. Tandis quequelques indiscrétions dans les couloirs desNations unies laissent croire qu’il faudra, dans lemeilleur des cas, plusieurs mois avant de voir lespremiers soldats ouest-africains au Mali, le minis-tre français de la défense, Jean-Yves Le Drian, lui,parle de quelques semaines seulement.Finalement, soupire Guinée Conakry Infos, on nesait à quelle déclaration se fier. D’autant plus qu’ausein même de la Cédéao, les partisans du dialoguene s’avouent pas encore vaincus. Sans oublierquelques incertitudes au sujet des potentiels four-nisseurs de troupes. En somme, c’est le flou le plustotal… “

En fait, “ il y a deux options, souligne un prochedu dossier, cité par Le Figaro. L’une, plus longue,demande avant tout de définir au préalable, enplus des besoins militaires, un cadre politiquepour cette intervention, un cadre de discussionsfutures entre le Sud et Nord du Mali pour réglerles problèmes de fond. L’autre fait de la chasse auxislamistes la priorité, tout en laissant la porteouverte à ceux qui souhaitent se rallier “. “ Parisserait partisan de cette dernière option, précise LeFigaro. François Hollande l’a redit ces derniersjours : “L’heure n’est pas aux discussions” “.

En tout cas, poursuit Le Figaro, “ la Franceentend bien peser de tout son poids, lors d’uneréunion prévue le 19 octobre à Bamako (doncaprès-demain). Cette rencontre doit aplanir lespositions entre, d’une part, l’armée malienne et,d’autre part, les partenaires internationaux, à com-mencer par la Cédéao, l’Union africaine, l’ONUet l’Union européenne “.

Lourde addition pour Paris ?Reste que “la France est entre le marteau et l’en-

clume”, souligne pour sa part le site d’informationFasozine : “ depuis que le président français a misles pieds dans les plats en soutenant ouvertementune intervention militaire au nord du Mali, lesislamistes qui écument le Sahel sont sur le pointd'épuiser leur répertoire de menaces et de chan-tages. C’est ainsi qu’ils ne s’embarrassent pas deprocédure pour menacer de zigouiller les sixotages français en leur possession depuis novem-bre 2011 si jamais Paris apporte un quelconquesoutien militaire aux forces africaines qui se prépa-rent pour l’assaut du septentrion malien. (…) C’estclair, constate encore Fasozine, l’équation peut secorser pour François Hollande si les “barbus” etautres “fous de Dieu” mettent leurs menaces à exé-cution “.

Et puis le MNLA fait entendre à nouveau savoix depuis ces dernières semaines. Le mouve-ment séparatiste touareg, évincé de la plupart desgrandes villes du Nord-Mali par les islamistes, neveut pas être écarté du débat. Témoin, cette inter-view de l’un de ses porte-paroles, Moussa AgAssarid, au quotidien algérien El Watan : “ aucunearmée étrangère ne peut apporter de solution dansl’Azawad, affirme-t-il. L’histoire nous a montréque toutes les fois où il y a eu recours à l’interven-tion militaire étrangère, le résultat a été un échec.Nous avons une armée qui a montré ses preuvessur le terrain, poursuit Moussa Ag Assarid. Noussommes prêts à libérer une deuxième fois notreterritoire, pour peu que la communauté interna-tionale nous apporte son aide et son soutien.Nous avons été peut-être trop démocrates enacceptant dans nos rangs des groupes religieux.Pourquoi la communauté internationale nous a-t-elle écartés de la solution ? “

RFI

DOSSIERS AFRICAINS

Du rifi-filles au Quai d’Orsay

numéro 410 • vendredi 19 octobre 2012

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SPORTS

PAR KHADY FAYE

Peut-on en savoir un peu plus surl'homme Riche Niang ?Je suis né à Dakar, j'ai grandi entre

Thiaroye et Yeumbeul.

Pourquoi ce prénom, Riche ?C'est une femme du nom de Dior qui

m'a surnommé ainsi alors que je n'étaisqu'un jeune homme. Mon vrai nom estBaba Niang. Mais c'est le nom RicheNiang qui est plus connu. On m'aexpliqué que cette femme m'asurnommé ainsi parce que j'aimais dis-tribuer aux autres l'argent que l'on m'of-frait.

Avant la lutte, que faisiez-vous ?Je jouais au foot au club Isac de Pikine,

j'étais un très bon avant-centre.

Comment êtes-vous venu à la luttealors ? En fait, la lutte est une discipline que

j'ai héritée de mes oncles. Je ne voulaismême pas la pratiquer, c'est vraiment lefoot qui me plaisait. Mais un beau jour, jeme suis réveillé et j'ai décidé de devenir lut-teur ! Comme ça ! J'ai assisté un jour à unmbàpàt (NDLR : séances de lutte sansfrappe organisées dans les quartiers) àThiaroye pour m'amuser et, surprise, j'aibattu tous mes adversaires ! Après êtredevenu très célèbre dans les mbàpàt, j'aicommencé la lutte avec frappe. Pour moi,ce n'était pas un métier, mais une passion.

Y avait-il de l'animation commemaintenant ?Les gens aimaient la lutte à l'époque,

mais c'est différent de maintenant. Avant,

ce n'était que du jeu, pas un gagne-paincomme aujourd'hui. Aujourd'hui, avecl'argent, la lutte est devenue n'importequoi ; la violence s'y est invitée, le dopageégalement, tout cela pour gagner plusd'argent. Nous ne connaissions pas toutcela à notre époque. En outre, ce n'étaitpas en battant deux ou trois adversairesque l'on devenait champion, non ! Aucontraire, il fallait terrasser tous les lutteursde ta génération ainsi que tes aînés pourêtre considéré comme un champion. Enréalité, la lutte n'a pas changé, ce sontceux qui la pratiquent qui ont changé.Avant, il y avait des amateurs, mais il n'yen a plus ; maintenant on parle de fansclub, ce qui est un générateur de violence.Avant, à 18h, tout le monde quittait lestade, c'était fini, on n'avait point besoinde projecteurs. Actuellement, les combatsfinissent vers 21h, ce qui favorise la vio-lence. Également, nous ne connaissionspas le parrainage, aujourd'hui, il y a desdrapeaux de untel par-ci, des drapeaux detel autre par-là...

Les centaines de millions en circu-lation dans l'arène sont-elles lacause de la violence ? Parfois, quand je regarde un combat, je

quitte le stade avant la fin, tellement je suisdégoûté et tellement j'ai honte. Oui, pourmoi, les millions sont la cause principalede la violence dans les arènes. La lutte n'estplus un jeu, c'est devenu une question devie ou de mort pour beaucoup (...)

Comment en êtes-vous arrivé àcoacher l'équipe nationale de luttedu Sénégal après votre carrière delutteur ?Un jour, le ministre de la Jeunesse et

des Sports de l'époque, Joseph Mathiam,m'a vu courir sans arrêt après une victoiresur un lutteur. Le Comité olympique étaitalors dirigé par Malick Mbaye. Le ministrea demandé que l'on me fasse faire untest. On m'a convoqué pour me fairecourir un 100 m, j'avais fait un chrono de11s 10 à l'époque. On m'a dit que jedevais faire de l'athlétisme, mais j'airefusé. J'ai même fait le lancer de javelotet de poids, mais cela ne me passionnaitpas le moins du monde. Un jour, j'aidécidé d'aller en France pour faire unstage en lutte libre et en lutte gréco-romaine. Je suis parti avec mes propresmoyens parce qu'à l'époque, je travaillaisà la mairie de Dakar et j'avais déjà unemaison. J'ai vendu ma voiture et je suisparti pour six mois, période durantlaquelle je n'ai pas reçu de salaire. EnFrance, j'ai entendu parler des champion-nats du monde de lutte à Sofia, la capitalede la Bulgarie. J'ai payé 80 dollars(environ 40 000 F Cfa, Ndlr) pour y par-ticiper. J'étais avec des Mongoles et desJaponais. Sur place, j'ai trouvé LamineDiack (actuel président de la fédérationinternationale d’athlétisme) qui m'a vuporter le drapeau du Sénégal et j'étais leseul Sénégalais.

Et après ?C'est à mon retour que l'on m'a nommé

entraîneur de l'équipe nationale de luttedu Sénégal, en 1971. J'avais commepensionnaires de grands lutteurs commeRobert Diouf, Moussa Diamé, Boy Bam-bara, Pape Diop, Mbaye Cissé, DoubleLess, entre autres. Je les ai amenés un peupartout sur le continent. Aux champion-nats d'Afrique de 1974, nous sommesrevenus avec 4 médailles d'or, 1 médailled'argent et 2 médailles de bronze. Le Pré-sident Senghor nous avait reçus à notreretour, il ne nous avait rien donné, mais ilnous avait félicités et encouragés. Pournous tous, c'était plus symbolique que derecevoir des enveloppes d'argent. Pour lescampagnes africaines, c'est moi qui mechargeais d'acheter des costumes et deschemises à mes athlètes. À l'époque,j'avais mes affaires, notamment une dibi-terie (Ndlr : gargote de viande grillée) quime rapportait des recettes de 350 000francs Cfa par jour.

Parlez-nous un peu plus des diffé-rences dans la lutte entre deuxépoques.Par exemple, les “ngemb” (NDLR : les

pagnes qui recouvrent les parties intimesdu lutteur). Avant, ils étaient si bien faitsque qu'on ne pouvait voir les partiesintimes du lutteur. Aujourd'hui, c'est dun'importe quoi, les lutteurs en montrentplus qu'il n'en faut (car) ils n'ont aucune

vergogne. Comment peut-on nouer unpagne léger, sous prétexte qu'on ne veutpas que l'adversaire en fasse un pointappui, alors que les images sont vues àtravers le monde, que même vos enfantspeuvent vous voir presque nu ? C'est hon-teux. Le Cng (Comité national de gestionde la lutte) doit s'occuper de cela au plusvite. Maintenant, on n'est plus en sécuritéau stade, les agressions et autres formesde violence pourrissent la lutte.

Que pensez-vous du phénomènedu dopage dans la lutte ?Mais ce phénomène existe bel et bien.

Les lutteurs prennent des pilules pour aug-menter leur poids, tout le monde en estconscient, mais personne ne fait rien. Lamusculation, les lutteurs en font trop. Or,quand tu fais de la musculation tout letemps, le jour où tu seras vieux et forcé d'ar-rêter, tes muscles lâcheront, et cela peutentraîner une mort rapide. Parfois, on voitdans un combat des lutteurs s’essouffleravant la fin des 10 minutes, tout cela estdû à l'excès de musculation. C'est pour celaque certains lutteurs sont battus à l'usure(…) J'insiste, ceux qui abusent de la mus-culation et des pilules de dopage vieillissentmal. Le dopage tue plus vite que tout, ilgonfle le foie, donne des insomnies etcoupe l'appétit, c'est très dangereux.

D'autres critiques à l'endroit desjeunes lutteurs ?Ils supportent mal le poids du succès,

et acceptent les avances des nombreusesfilles qui leur courent après. On avaitbeaucoup de succès chez les femmes,mais les suivre en répondant à leurs solli-citations écourte la carrière d'un lutteur.Beaucoup de lutteurs qui n'ont pas faitune longue carrière ont trop joué avec lesfilles. J'étais très beau, les filles me cou-raient après comme des folles, desmariages se sont même brisés à cause demoi, mais j'ai toujours refusé de les suivre.

Comment trouvez-vous les lutteursd'aujourd'hui sur le plantechnique ?Ce qu'ils font n'est pas de la technicité.

On a l'impression qu'ils ne savent rienfaire d'autre que le plaquage. Or, leplacage n'est pas une technique. Le croc-en-jambe, le coup de rein et autres sontde belles prises.

Vous avez accusé les fans clubd'être à l'origine de la violence dansl'arène. Mais quelle est la part deresponsabilité des lutteurs ?Vous savez, ce qui me fait le plus mal

dans le discours des lutteurs, c'est qu'ilsdisent toujours qu'ils veulent réussir pouraider leurs parents, mais ne parlent jamaisde leurs formateurs, ceux qui les ont faits.Ils n'ont aucune reconnaissance, c'est l'unde leurs défauts. Je suis le premier à avoircréé une école de lutte, avec commeélèves Amadou Katy Diop, l'entraîneur deYékini, Boy Bambara, Pape Diop, entreautres. Si les lutteurs sont violents, lesjournalistes ont aussi une part de respon-sabilité dans cela. Dans les face-à-face,ce sont eux qui poussent les lutteurs à êtreviolents en leur posant des questions dugenre : “Que ferez-vous à votre adversairele jour du combat ?” “Votre adversaire adit qu'il va vous administrer la correctionde votre vie, que répondez-vous à cela ?”Etc. Et comme les lutteurs sont trop fiersd'eux-mêmes, cela fait monter la tension.

Les jeunes lutteurs privilégientbeaucoup la mystique...Je vous donne un exemple, je suis un

ancien lutteur, donnez-moi le meilleurmarabout du Sénégal et mettez-moi enface d'un lutteur qui n'a pris aucun bainmystique pour voir si je vais m'en sortir.La mystique sans la technique, ce n'estrien. La mystique passe en quatrièmeposition. Il faut d'abord savoir lutter, avoirde la force, être sérieux. Le courage aussiest un point important, voire primordialdans la carrière d'un lutteur. Tous les lut-teurs ne sont pas courageux et ceux quigueulent le plus lors des face-à-face enpromettant l'enfer à leurs adversaires ontmoins de courage. En plus, il faut avoirune vie saine. Moi, je n'ai jamais fumé, nibu une goutte d'alcool.

Y a-t-il des lutteurs qui le font ?Bien sûr. Il y en a qui consomment de

l'herbe (Ndlr : chanvre indien), de lacigarette et de l'alcool. J'en connais, mais jene les citerai pas. Les vrais champions n'ontjamais fumé. Cela ne rime pas avec le sport.

Pour en revenir à la mystique,quelle différence entre les deuxépoques ? Par exemple moi, je venais avec une

bouteille d'eau de mer, c'est une eaubénite par Dieu et de l'herbe venant dela mer. Je m'en aspergeais. Les lutteursd'aujourd'hui dépensent plus de 10millions dans la mystique et utilisentplusieurs marabouts dont la plupartsont des charlatans... Les lutteurs sefont parfois du mal entre eux. Commentpeut-on aller dans un cimetière pourdétruire son adversaire ? Ils enterrentdes choses dans les tombeaux ou utili-sent de la bave de mort. Mais ceschoses-là qu'ils enterrent, s'ils ne lesenlèvent pas et si cela atteint la per-sonne visée, il sera difficile de l'ensortir, et cette personne risque d'êtredétruite à vie... En lutte, il faut savoirpartir à temps, avant de sortir par lapetite porte, humilié par les jeunes. Etune fois qu'on a arrêté, il faut prendrebeaucoup de bains rituels pour se puri-fier, sinon on n'aura pas la vie longue,ou bien on risque de finir mal.

Vous êtes dans le Bureau desanciennes gloires dont vous avezun moment quitté l'association.Pourquoi ?C'est vrai que j'avais quitté mais je suis

revenu. C'était pour des problèmesinternes.

Les 50 millions offerts par l'ex-président Wade ? Non, je n'ai pas de problème avec l'ar-

gent. Les 10 millions nous ont été distri-bués et les 40 millions sont dans lescaisses. Je ne peux pas vous direpourquoi j'avais quitté, cela ne concernepersonne.

Les anciennes gloires ont deuxassociations, la vôtre et celle diri-gée par Toubabou Dior. Vous nedonnez pas le bon exemple auxjeunes...Les deux présidents, Manga 2 et Mou-

hamed Ali, ont des problèmes qui datentde longtemps. Pourtant, quand ils se ren-contrent ils se parlent, c'est seulement àdistance qu'ils se lancent des piques. Ilsne se sont jamais battus.

ENTRETIEN AVEC... RICHE BABA NIANG

“Un lutteur doit savoirpartir à temps, sinon...”Riche Baba Niang est une ancienne gloire inconnue des jeunes, qui a pourtant marqué sonépoque. Considéré comme le plus beau, le plus talentueux et le plus célèbre lutteur de sa gé-nération, il a entraîné la plupart des légendes du sport national comme Robert Diouf, DoubleLess, Katy Diop, etc. Dans cet entretien accordé à EnQuête, il revient sur sa riche carrière, surla lutte d'hier à aujourd'hui...

CMJN

page 12SPORTS

numéro 410 • vendredi 19 octobre 2012www.enqueteplus.com

MAMADOU LAMINE SANÉ

E n 2007, le stade Kégué de Lomé au Togo a étéle dernier pays à être suspendu par laConfédération africaine de football (Caf) pour

six mois de toutes les compétitions de l'association, et27 millions de F Cfa d'amende à payer. Les faits repro-chés à la patrie d'Emmanuel Adebayor : des violences,envahissement du terrain et 71 supporteurs et diri-geants maliens blessés lors de la rencontre Togo / Malien éliminatoires de la coupe d'Afrique des nations(CAN) 2008. Pour des faits presque similaires, leSénégal connaîtra-t-il des sanctions aussi lourdes ? Lepays est au banc des accusés de l'organe continentalde football du fait des incidents du 13 octobre dernierau stade Léopold Sédar Senghor, lors de la mancheretour entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire en élimina-toires de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2013en Afrique du Sud. A une semaine du verdict de la Caf,l’opinion publique sénégalaise se demande commentle Sénégal peut s'éviter de lourdes peines et quelle ensera la nature ?

Entre un bon plaidoyer et arrêter d’attaquer la CafLes avis sur la question sont partagés. Pour l’ancien

ministre des Sports, Daouda Faye, il faut faire un bonplaidoyer auprès des responsables de la Caf. “Il fautenvoyer un bon document mais aussi faire un grand lob-bying avec des gens qui sauront défendre le dossiersénégalais”, conseille l’ancien membre d’organisationde la Caf. Contrairement à son prédécesseur au départe-ment des Sports, Abdoulaye Makhtar Diop pense qu'il nefaut rien faire et surtout éviter de s’en prendre à la Caf.“Il n’y a pas de cas à plaider, soutient-il. Il faut attendrecalmement la sanction et faire appel après. La seulechose qu’on peut faire, c’est arrêter d’attaquer la Caf carcela ne fait qu’aggraver la chose”, avise celui qui siègeà la Chambre de jugement de la Fédération internatio-nale de football association (Fifa). D'après l'ancienministre des Sports sous Abdou Diouf (1988-1992) etAbdoulaye Wade (2011-2012), il est maladroit de parlerde lobbying pour éviter les sanctions ou les réduire. “Ilest grave de dire que le Sénégal fera appel à des per-sonnes pour faire alléger les sanctions. Cela rend diffi-cile le cas. Les gens qui siègent à la Commission de dis-cipline de la Caf sont des hommes et cela peut être malvu”, prévient Abdoulaye Makhtar Diop.

Vers de lourdes sanctions financièresQuid de la nature des sanctions ? Daouda Faye dit

“Vava” ne veut pas trop s’avancer. “Il faut être opti-miste. Je ne préfère pas parler de sanctions. Il ne fautpas se mettre dans la peau d’un déjà sanctionné quipourrait pousser la Caf à le faire”, indique M. Faye.Mais pour l’ancien membre de la Commission interna-tionale olympique (Cio), il faudra davantage craindresur le plan financier que sur l'aspect sportif. “Je nepense pas qu’on risque des sanctions par rapport àl’équipe et aux éliminatoires de la Coupe du monde.Mais la sanction financière risque d’être forte car onétait déjà dans le viseur de la Caf”, laisse entendreAdboulaye Makhtar Diop. De l'avis de M. Diop, lessanctions de la Caf et de la Fifa viseraient plus les fédé-rations que les joueurs. “La sanction qui va tombervisera la Fédération car, les fédérations sont responsa-bles des supporters avant, pendant et après le match”.En outre, Abdoulaye Makhtar Diop parle des mau-

vaises conséquences si le stade Léopold Sédar Senghorest suspendu par la Caf. “Cela va être difficile pourl’équipe si LSS est mis hors service pour un ou deuxans. Car jouer en Gambie, c’est impensable avec la ten-sion entre les deux pays. Le Mali, c’est impossible avecla crise. Et en Côte d’Ivoire, ce sera en terre hostile.Pis, la petite catégorie serait en mauvaise posture pourpouvoir jouer ses rencontres continentales”, estime M.Diop.

Si la Fédération et Koto démissionnent…De l'avenir de la Fédération sénégalaise de football

(FSF) et du sélectionneur national des Lions, JosephKoto, Daouda Faye préfère ne pas s'aventurer. Maispour l’ancien patron des Sports, il faut calmer le jeu,être lucide et cohérent. “Si la fédération démissionne,qui va gérer les prochaines joutes qui arrivent rapide-ment ? Si on dégage le sélectionneur, est-ce qu’on aurale temps de dresser les nouveaux critères du nouveaucoach et les appels de candidatures pour en élire unautre ?”, s'interroge pour sa part Abdoulaye MakhtarDiop. A l'en croire, “il faut regarder le calendrier descompétitions avant de parler”.

FOOT - ACTIONS POUR MINIMISER LES SANCTIONS CONTRE LE SÉNÉGAL

Les conseils de Daouda Fayeet Abdoulaye Makhtar DiopQue faire pour minimiser les sanctions qui planent sur la tête du foot sénégalais ? Daouada Faye et Abdoulaye Makhtar Diop, deux anciens ministres des Sports donnent leurs conseils.

… Mbaye Niang,Yann M'Vila et Cie en commission de discipline

La commission de discipline de la FFF aété saisie hier après la virée nocturne decinq internationaux Espoirs, entre lesdeux matches de barrage à l'Euro 2013contre la Norvège (1-0, 3-5), a indiqué laFédération française.

“Compte tenu de la gravité des faits etde l'atteinte à l'image de la FFF et du foot-ball, ces comportements seront soumis àl'examen rigoureux de la Commissionfédérale de discipline”, explique le com-muniqué. Yann  M'Vila, AntoineGriezmann, Chris Mavinga, MbayeNiang et Wissam Ben Yedder, les joueursimpliqués, “seront convoqués dans lesplus brefs délais et devront répondre deleurs actes.”

ESP - COUPE DU ROI

Real-Barça en demie ?Le tirage au sort intégral de la Coupe du

Roi a eu lieu hier. En 16e de finale, le FCBarcelone, tenant du titre, se déplacera àAlaves, équipe de troisième division, toutcomme Alcoyano qui accueillera le RealMadrid le 31 octobre prochain (retour le28 novembre). Les deux grands d'Espagnepourraient ensuite s'affronter en demi-finales.

ANGLETERRETerry ne fera pas appel

Condamné à quatre matches de sus-pension et à une amende de 220 000 livres(355 000 euros soit environ 23 millionsde F Cfa) pour propos racistes enversAnton Ferdinand lors de la rencontreQueens Park rangers / Chelsea, le 23 sep-tembre 2011, John Terry a décidé de nepas faire appel de cette sanction. “Aprèsune mûre réflexion, j'ai décidé de ne pasfaire appel du jugement de la Fédérationanglaise, a expliqué le défenseur centre de31 ans des Blues. Comme je l'ai dit lors duprocès, j'ai pris conscience que ma réac-tion n'était pas la plus appropriée.”

FIFALe Sg Jérôme Valckehospitalisé

Jérôme Valcke a été hospitalisé mer-credi soir à l'hôpital Samaritano de Rio enraison d'une infection rénale. Il va rester àl'hôpital et il n'y a pas de prévision de sor-tie pour le moment. Le secrétaire généralde la Fifa a été placé en observation, maisles premières nouvelles indiquent qu'il “vabien” et que son état n'est “pas inquié-tant”, selon le directeur de marketing del'instance, Thierry Weil. Au Brésil depuismardi pour étudier l'état d'avancementdes travaux des stades à utiliser pour laCoupe du monde 2014, Jérôme Valckedevait donner une conférence de presse àRio hier et participer à une réunion avecles membres du Comité organisateurlocal (COL). Il sera remplacé parThierry Weil.

LUTTE – SAISON 2012-2013Gaston monte Zosscontre Tidiane Faye

Ceux qui se posaient des questionsquant au lancement de la saison de luttedu promoteur Gaston Mbengue sont ser-vis. Le patron de Gaston Productionsvient de ficeler un combat alléchantdevant opposer Zoss de l'écurie DoorDoraat à Tidiane Faye de l'écurie Lansar.Un combat qui promet car Zoss qui sortd'une belle saison durant laquelle il a ter-rassé les lutteurs Gouye-Gui et Boy Niang2, a besoin de confirmer son essor, avantde prétendre affronter les Ness et autresTyson qu'il réclame à cor et à cris. Quant àTidiane Faye, ce combat sonne pour luicomme un grand test. Ce technicien horspair a fini avec brio de faire la ronde de saclasse. L'autre combat, mais de moindreenvergure, monté par le même promoteuropposera le lutteur Ambulance de Thiès àNguer de l'écurie Tay Shinger fondée parEumeu Sène.

BEACH SOCCER - MONDIAL 2015Le Sénégal candidat à l'organisation

Le Sénégal est candidat à l’organisationde la coupe du monde de beach soccer en2015, annonce l’instance mondiale gérantle football de plage, selon un communi-qué reçu hier à l’APS. En plus du Sénégal,11 autres fédérations membres ontdéclaré leur intérêt à accueillir la coupe dumonde de beach soccer. Il s’agit du Brésil,de la Russie, de l’Équateur, de la Suisse, del’Île Maurice, de la France, du Portugal,d’El Salvador, de la Thaïlande, de laHongrie et de la Bulgarie. Le pays hôte dela compétition ne sera pas connu avant lemois de mai prochain. L’équipe nationaledu Sénégal de beach soccer a déjà pris partaux éditions de Rio de Janeiro (2007), deMarseille en 2008 et de Ravenna (Italie)en 2011. Les précédentes éditions de lacoupe du monde de beach soccer ont eulieu successivement à Rio de Janeiro(2005, 2006 et 2007), Marseille (2008),Dubai (2009), Ravenna (2011). Celle de2013 aura lieu à Tahiti.

FOOT - ESPOIRS DE FRANCEMombaerts s'en va…

C'est désormais officiel,  ErickMombaerts n'est plus le sélectionneur del'équipe de France Espoirs. Après sonentretien avec le président Noël Le Graëthier matin, la Fédération française de foot-ball l'a officialisé via un communiqué : “Auterme de leurs échanges et d'un communaccord, monsieur Erick Mombaerts nepoursuivra pas sa mission à la tête del'équipe de France Espoirs.” Il reste tout demême en poste à la FFF au sein de laDirection technique nationale. Depuis ladéfaite des Bleuets en Norvège mardi (5-3) et la non-qualification pour l'Euro2013, Momberts savait sa place menacéeet annonçait lui-même une “fin de cycle”.Il a passé quatre ans à la tête de l'équipe deFrance Espoirs, sans jamais obtenir de bil-let pour la phase finale de l'Euro et seschoix tactiques étaient vivement critiqués.

REVUE TOUT TERRAIN

Daouda Faye

Abdoulaye Makhtar Diop