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i5ene-Georges COQUIN , Ecole Pratique des Hautes Etudes, Paris QUELLE ETAIT LA LANGUE ORIGINELLE DU PSEUDEPIGRAPHE CONSERVE EN COPTE SOUS LE TITRE DE PARALIPOMENES DEJEREMIE ET EN ARABE SOUS LE TITRE DE CAPTlVITE DES FILS D'ISRA£L A BABYLONE?* The present study deals with the CopticArabic and Garshuni versions of the Paralipomena of Jeremiah.After an extensive confrontation of theses versions, the following results can be suggested: 1. the original should be written in Egypt as well as the Coptic andArabic versions,. 2. according to severalarguments, it appearsthat the Coptic versionis the translation ofa Greek original. La presenteetude traite des versions coptesarabeset karchounies des Paralipomenes de Jeremie. Apres un examen approfondi de ces versions, il resultelespropositions suivantes: 1. l'original aurait ete ecrit en Egypte aussi bien les versions coptes qu'arabes; 2. suivantplusieurs arguments, il apparau que la version copte estla traduction d'un original grec. Comme Ie titre de cet article Ie fait supposer, je ne parlerai ici, que desParalipomenes de Jeremie transmis en copte sous un titre equivalent a l'ouvrage de meme intitule, parvenujusqu'a nous en grec. Depuis l'edition du texte copte accompagnee d'une traduction anglaise par K.H. Kuhn1, on gait que leg Paralipomenesde Jere- mie nous ont ete conservesau complet dans un manuscrit decou- vert au Fayoum (Egypte), en 1910, et aujourd'hui depose a la * Le lecteur voudra bien excuser l'auteur de donner certainstextes orien- teaux en transcription. 1. K. H. KUHN, « A Coptic Jeremiah Apocryphon », in Le Museon 83 (1970), p. 95-135 et p. 291-350. Je suis sa division en chapitres et celIe des ver~ets proposee par J .-M. Rosenstiehldans sathesede doctorat, encore inedite. Apocrypha 6, 1995, p. 79-92

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i5ene-Georges COQUIN ,Ecole Pratique des Hautes Etudes, Paris

QUELLE ETAIT LA LANGUE ORIGINELLEDU PSEUDEPIGRAPHE CONSERVE EN

COPTE SOUS LE TITRE DEPARALIPOMENES DEJEREMIE ET ENARABE SOUS LE TITRE DE CAPTlVITE

DES FILS D'ISRA£L A BABYLONE?*

The present study deals with the Coptic Arabic and Garshuni versions ofthe Paralipomena of Jeremiah. After an extensive confrontation of thesesversions, the following results can be suggested: 1. the original should bewritten in Egypt as well as the Coptic and Arabic versions,. 2. according toseveral arguments, it appears that the Coptic version is the translation of aGreek original.

La presente etude traite des versions coptes arabes et karchounies desParalipomenes de Jeremie. Apres un examen approfondi de ces versions,il resulte les propositions suivantes: 1. l'original aurait ete ecrit en Egypteaussi bien les versions coptes qu'arabes; 2. suivant plusieurs arguments, ilapparau que la version copte est la traduction d'un original grec.

Comme Ie titre de cet article Ie fait supposer, je ne parlerai ici,que des Paralipomenes de Jeremie transmis en copte sous un titreequivalent a l'ouvrage de meme intitule, parvenujusqu'a nous engrec.

Depuis l'edition du texte copte accompagnee d'une traductionanglaise par K.H. Kuhn1, on gait que leg Paralipomenes de Jere-mie nous ont ete conserves au complet dans un manuscrit decou-vert au Fayoum (Egypte), en 1910, et aujourd'hui depose a la

* Le lecteur voudra bien excuser l'auteur de donner certains textes orien-teaux en transcription.1. K. H. KUHN, « A Coptic Jeremiah Apocryphon », in Le Museon 83(1970), p. 95-135 et p. 291-350. Je suis sa division en chapitres et celIe desver~ets proposee par J .-M. Rosenstiehl dans sa these de doctorat, encoreinedite.

Apocrypha 6, 1995, p. 79-92

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80 R.-G. COQUIN

Pierpont Morgan Library de New York (= Copte'f. II existe undeuxieme temoin copte, partiel celui-la, provenant de la celebrebibliotheque du Monastere ronde par Chenoute, pres de Slihag(Haute-Egypte), connu so us son nom populaire et tardif de«Monastere Blanc », doni quelques feuillets (6 apparemment) ontechappe a la destruction et soot conserves dans certaines biblio-theques d'Europe ou d'Egypte (a Paris, Bibliotheque Nationale-fonds copte; a Vienne, Nationalbibliothek-fonds Copte et auCaire, Institut Fran~ais-fonds copte). J'ajouterai qu'un folio -IeParis BN copte, 13zt, P17 (= Copte2), provenant certainement dela meme bibliotheque du Monastere de Chenoute -appartenaitpeut-etre au me me codex, mais un doute subsiste encore a cesujet3. Enfin, it convient de mentionner un dernier feuillet de papy-rus, qui provient d'un codex date du VIle siecle -Ie Londres,British Library, E. A. 105784 -ce qui DOUg donne un terminus antequem non; disons, d'ailleurs que leg autres temoins copies sootdates, par l'editeur, du Ixe siecle5.

D'autre part, DOUg avons un certain nombre de manuscrits d'uneversion arabe, soit transmis en caracteres arabes, soit en caracte-res syriaques (karchouni). G. Graf, dans sa monumentale Ges-chichte der christlichen arabischen Literatur, enumere vingt-troismanuscrits6: so it vingt manuscrits dans Ie corps de l'ouvrage, aquoi on doit ajouter trois autres qu'il cite dans ses Nachtriige-d'apres leg catalogues qu'il avait pu depouiller a l'epoque.

2. II s'agit du manuscrit Pierpont Morgan M 578, ffo 97v-13Ov. La plusrecente analyse codicologique de ce manuscrit est donnee par L. DEPUYDT,Catalogue of Coptic Manuscripts in the Pierpont Morgan Library, Lou-vain, 1993, n° 173 (praes, p. 358), qui Ie date du lxe siecle (entre Ie 14 avril891 et Ie 29 aofit 893) : d'apres Ie colophon conserve au Musee Corte duCaire, repondant ainsi aux doutes formules deja par A. ALCOCK, The Lifeof Samuel of Kalamun, by Isaac the Presbyter, Warminster, 1983, p. vii.

3. K. H. KUHN, « or. cit. », in Le Museon 83 (1970), p. 96-97, Ie croit dumeme codex. Si les lignes ont Ie meme nombre de lettres, les colonnes dece feuillet n'ont pas un nombre de lignes equivalent a celles des autresfolios (cf. Paris, Vienne, Le Caire) -soit 30/311ignes -mais un nombreneUement plus grand -soit 33/341ignes.4. Ct. K. H. KUHN, «op. cit. », in Le Museon 83 (1970), p. 97 (descrip-tion); p. 334-336 (edition); p. 339 (traduction). II est en dialecte fayoumi-que.5. K. H. KuHN, «op. cit. »" in Le Museon 83 (1970), p. 95-97.6. Pour ce qui concerne I' Histoire de la Captivite des enfants d'Israel iiBabylone (il s'agit du titre de la version arabe des Paralipomenes de fere-mie en corte) ct. G. GRAF, Geschichte der christlichen arabischen Litera-fur, t. I, Vatican, 1944, p. 213-214 et t.lI, Vatican, 1947, p. 487. Dans lareimpression de 1959, les Nachtriige ont ete places en fin du tome I, p. 671,lignes 24-26.

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81PARALIPOMENES DE JEREMIE

Sans doute, les catalogues, Testes manuscrits, dresses par Y. ' Abd

al-Masih, pour les bibliotheques des monasteres pres de la MerRouge, dedies a saint Antoine et saint Paul, n'en revelent pas?,mais, en revanche, l'inventaire etabli par Ugo Zanetti8, pour labibliotheque du Dayr Abu Maqar au Wadi al-Natrfin (Egypte) faitapparaitre trois nouveaux temoins: les 394 (= Hag. 28), 395 (=Hag. 29) et 400 (= Hag. 34) -ce qui porte a vingt-six Ie nombreconnu de copies arabes ou karchounies, nombre fort respectablepour l'ensemble de la litterature arabe-chretienne.

Certes, il est possible que des bibliotheques (eglises ou monas-teres) non encore inventoriees (ou insuffisamment) puissent encontenir d'autres, mais it y a peu de chances que ce chiffre de vingt-six soit de beaucoup depasse.

Repartition probable de ces temoins arabes 00 karchoonis

Cet ensemble -compte tenu de l'echantillonnage a ma portee,deux etant edites et traduits9, un troisieme est mis a ma connaissan-ce par une traduction qui en revele leg caracteristiques -peut etreclasse en deux recensions principales :

1.- La syrienne : principalement, Ies manuscrits ecrits en kar-chouni (arabe en caracteres syriaques), qu'on petit grouper d'unepart: a) Ies Paris BN SrI. 65, 273 et 276, Ie premier etant seul edite(en caracteres arabes, et traduiPO) ; b) Ies Mingana arabe-chretien20 (28)11, SrI. 24012, 36913 et 500, auxquels on adjoindra Ie Londres

7. C'est la meme chose pour leg bibliotheques de trois eglisescairotes,publiees par A. KHA1ER & O. H. E. KHs-BuRMEs1ER, Saint-Menas, Sain-te- Vierge, dite Qasriyat al-Rihan, et Saints-Serge-et-Bacchus, Le Caire,1967-1977.8. U. ZANElTI, Les Manuscrits de Dair Abu Maqar. Inventaire, Geneve,1986, p. 58-59.9. Voir ci-dessous, notes 10 et12.10. L. LEROY-P. DIB,« Un apocryphe carchouni sur la captivite de Baby-lone », in Revue de l'Orient chretien 15 (1910), p. 255-274 et p. 398-409; 16(1911), p. 128-154.11. Selly Oaks College (Birmingham, Royaume Uni).12. A. MINGANA, «A Jeremiah Apocryphon », in Woodbrooke Studies 1,Cambridge, 1927, p. 125-233 -reproduit in The Bulletin of the JohnRyland's Library, 11 (1927), p. 352-341 -je cite cette demiere edition, pluscourante. L'editeur a utilise deux manuscrits, Ie Paris BN gyro 65 (mais neparait pas connaitre I'edition de Leroy-Dib) et Ie Mingana gyro 240.13. Collationne sur tirages aimablement procures par I'Inter Documenta-tion Company de Leyde (Pays-Bas) qui detient leg microfilms de tOllS legmanuscrits Mingana, et que je remercie.

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82 R.-G. COQUIN

BL Or. 359914 et Ie Beyrouth, Univ. Amer. 280, no 26, 6. Cette recen-sion se caracterise surtout, par une modification, d'origine proba-blement palestinienne : Ie remplacement d' Astarte par Zeusl5.

2.- L' egyptienne: ecrite en caracteres arabes, qu' on doit, sansdoute, repartir en deux sections:

a) la premiere comprenant les manuscrits de Cambridge Univ.syr. Add. 2886 (incomplet), de Dublin, Trinity CoIl. 1531, 9et de Strasbourg BNU or. 4180 (ar. 33);

b) la seconde, plus nombreuse, reunit les copies encore en Egyp-te, soit: Le Caire Musee corte, Lit. 43 (olim 42) (= G. Grat,n° 59; Simayka, n° 159); Le Caire Musee corte, Hist. 478 (=Grat, no 721; Simayka, no 112); Le Caire Musee corte, Hist.159 (Grat, n° 706; Simayka, n° 120); Le Caire, PatriarcatCorte, Hist. 30 (Grat, n° 468; Simayka, no 622); Le Caire,Patriarcat Corte, Hist. 76 (Grat, manque; Simayka, n° 666);Le Caire, Patriarcat Corte, Hist. 88 (Grat, manque; Simay-ka, n° 683)16.

14. Inedit, mais traduit en francais par E. AMELINEAU, Contes et Romansde l'Egyptechretienne, tome 2, Paris, 1888, p. 97-151; Amelineau indiquerarement ses sources. La base de cette traduction a ete donnee par C.RIEU, Supplement to the Catalogue of the Arabic Manuscripts in the Bri-tish Museum, Londres, 1894, p. 28-29 (on relit remarquer que E. Ameli-neau a traduit sept textes conserves dans ce manuscrit) et plus lard, par W.E. CRUM, in Journal of Royal Asiatic Society 1937, p.326-330, praes. p. 329(dans sa recension du catalogue de Mingana). Je note que C. Rieu donneIii une bonne description de ce manuscrit. E. A. W. BUDGE, Egyptian Talesand Romances, Londres, 1931, qui a beaucoup exploite ce recueil d' Ame-lineau, n'a pas retenu ce texte.15. Devenant ros dans Ie Londres BL Or. 3599, d'apres la traduction de E.AMELINEAU, op. cit., tome 2, Paris, 1888, p. 98-99 et p. 113; E. Amelineau,n'ayant pas connu d'autres temoins, n'a pas compris que Ie manuscrit deLondres etait defectueux: rUs ii la place de zUs (difference d'un point dia-critique): celie graphie fautive, je ne l'ai retrouvee dans aucun autretemoin de la version arabe.16. J' ai examine en detail, Ie manuscrit du Caire Musee Copte Lit. 43 (olim42), mais non leg autres manuscrits cairotes, ni ceux du Dair Abu Maqar,ni Ie Jerusalem, Sainte-Anne 52; pour celie raison, mOD classement estpartiellement hypothetique, bien que leg manuscrits encore en Egypte,ont peu de chance d'avoir subi des influences syro-palestino-mesopota-miennes.

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83PARALIPOMENES DE JEREMIE

Une place a part doit Sire faite au Paris BN gyro 23817 ffD 115r-137r (date de 1474 A.D.; outre qu'il est Ie temoin Ie plus anciendate pour ce lexie, il donne une redaction ires proche du caple(surtout du CopteZ) : it est ecrit en caracteres arabes jusqu'au para-graphe 29 (soit 26 pages donc environ leg 2/3 de l'ouvrage) Ie Testeetant transcrit en caracteres syriaques (karchouni). Bien plus, denombreuses le~ons sont conformes au caple et contraires auxmanuscrits karchounis ou arabes, comme Ie tableau qui suit Iemontrera; de plus, par deux fois, il reproduit, assez maladroite-ment, Ie chiffre 40, en chiffre cursif caple (~ ) ce qu'illisait sansdoute sans comprendre, dans son modele egyptien (plus loin, cechiffre est transcrit en tallies lettres (arba'in : fo 129r)18: ill'avaitdeja (fO 115v) donne en tallies lettres arabes et ici (fO 129r) encaracteres syriaques.

De cet examen, il apparait main tenant possible de preciser quel'archetype etait egyptien et que de lui derivent deux recensions,l'une egyptienne, naturellement plus fidele a l'original, l'autresyrienne, ayant subi des influences palestino-mesopotamiennes -suivant en cela A. Mingana, qui supposait «two recensions... anEgyptian recension, and a Syrian, Palestinian or Mesopotamianrecension »19.

17. Decrit brievement par H. ZOTENBERG, Catalogues (sic) des Manus-crits syriaques et Sabeens de la Bibliotheque Nationale, Paris, 1874, p.191a;j' ai pu I' etudier a loisir, sur des reproductions fournies par Ie Service pho-tographique de la BN.18. Ces chiffres cursifs coptes sont reproduits dans quelques grammairescoptes, par exemple : celles d'A. Mallon (40 ed.), a la page 234; de L.Stern, en face de la page 470; de W. Kosack, p. 148 (a cote de la forme« livresque ») et aussi dans Ie Catalogue des Manuscrits de Simayka (autome 2 [Patriarcat Copte], p. 509 (tableau reproduit dans The CopticEncyclopedia, New York, 1991, tome 6, p. 1821 a-b).19. A. MINGANA, « op. cit. », in The Bulletin of the John Ryland's Library11 (1927), p. 352.

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,..84 R.-G. COQUIN

Paris BN syr. 65 (= Min-gana gyro 369 et 240,

Londres BL Or. 3599,Cartel ou Copte2 Paris BN syr. 238 Strasbourg BM or. 4180,

et Le Caire Mus. Copt.; lit. 43)

"., .!'

§ 4,5: porte de Benja- (1" 117') : porte de Benja- (1" 231') :... porte du Soleilmin... min...

§ 9, 2: ...illes conduisit a (1" 117'): ...ils allerent (1" 233') : ils Ie trouverentun caveau, ils trouverent avec Baruch, a I'exterieur dans un naos...Jeremie, qui s'y tenaiL. de la ville... et ils Ie trou-

verent dans une grotte ,assis a tresser des feuillesde palmier...

§ 11,6-7: pendant qua- (1" 118'): ~ (= 40) ans (1" 233'): quarante ansrante (deux fois). (deux fois). (une fois).

§ 11, 16 (Copte2): et a la (1" 118'): a la place... des (f 234'): au lieu de laplace du troupeau de cailles, que je fig descen- manne et des cailles quecailles... dre sur VallS du ciel... Dieu envoya a vas peres...

§ 13, 12 (Copte2) : coupes (1" 120'): et I'odeur de (f' 235'): ...les anges etremplies du parfum des I'encens manta devant Ie les saints intercederent etprieres...le feu du parium Seigneur, et il huma la se prostemerent devant Ie<des prieres des saints> bonne odeur <du parfum Seigneur, II agrea Ie par-manta devant Ie PeTe. des prieres> des saints... fum de leurs gemisse-

ments et de leurs supplica-tions...

§ 13, 13: les peres du peu- (1" 120') : et les peres du (1" 235') : et il eut pitie dupie, Abraham, Isaac et peuple, Abraham, Isaac, peuple d'Abraham, IsaacJacob se prosternerent Jacob et Moise se proster- et Jacob; il retira sa cole-devant Ie voile du Vivant nerent adorant devant Ie re et ne Ie perdit pas...

voile...

§ 14, 11: 'Veux-tu que (1" 120'): veux-tu que je (1" 235'): Je vais ordonnerj'envoie du ciel Mistrael, fasse descendre, Mistrael, a Satanael, l'ange de lal'ange de la colere...' l'ange de la colere, sur eux colere de les perdre...

§ 19, 2 et 4: ...Cyrus et (fO 122') : Cyrus et (1" 236') : ...les generauxAmisaros, les generaux <A>misaeos, les gene- et les chefs Cyrus et Isarisen chef. raux en chef...

§ 21, 7-13: il avait fait (1" 123'): et il ordonna (1" 237'): om.la mentionapporter un foie de che- qu'on apporte un foie de du "foie de chevre..."vre... il plafa Ie foie de chevre... et, il plafa Ie foiechevre ...et, il rosa Ie foie de chevre a sa gauche...de chevre a sa droite... "

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PARALIPOMENES DE JEREMIE 85

§ 26, 5 : il fit trainer 12.{XXJ (£0 126V) : il fit comparai- (£0 239') : il se fit amener...

jeunes gens par tribu. tre 12.000 jeunes gens de au nombre de 220.000...

chaque tribu...

§ 27,2 et 4: ...sur les mar- (fO 129V): ...sur les mar- (£0 239V) : om. istas nota-

ches de l'autel... (precision ches du temple... sur les tiones.

repetee deux fois). marches de l'autel...

§ 29, 1: il enleva sa robe (£0 127') : il ota son vete- (£0 240'): Jeremie se

prophetique... (Copte2): il ment de prophetie... il se depouilla de ses vete-

se ceignit d'une ceinture ceignit d'une ceinture de ments de lumiere... et

de lin... il prit <de> devant 1m.. et il prit de la poussie- ayant... passe un voile de

Ie sanctuaire de la poussie- re <de> devant Ie sanc- lin... (£0 24Or) : des que Ie

re et la posa sur sa tete... tuaire et la jeta sur sa tete... peuple vir Jeremie... la tete

couverte de poussiere...

§ 30, 5: Ie Dieu d'Abra- (£0127'): Ie Dieu de mon (£0 240V): Ie nom de monh ' t ' ' Abh " S ..,am VI pere ra am Vlt elgneur... est vivant § 30, 2: II (Nabuchodo- (£0 128V): il revetit un (£0 241'): om.istas notatio-

nosor) revetit un manteau manteau royal et s'assit nes.

royal.. de la crainte et de sur son tr6ne avec crainte

la comprehension entou- et quietude (1).

raient son tr6ne...

§ 31, 4: ils avaient dimi- (£0 128V): ils avaient dimi- (£0 241 ,) : il trouva qu'ils

nue de 225.000 hommes. nue de 22 myriades et avaient diminue de...

demi, soit 200 mille et 25 220.050 personnes.

mille.

§ 35, 1: et, Jeremie se (£0 132r) : et, Ie prophete (£0 243V) : om. istas nota-

tenait dans un caveau, a Jeremie se tenait dans un nones.

l'exterieur de Babylone. naos... dans une des grot-

tes... a l' exterieur de Baby- -,

lone... c.

§ 36, 17: que leur dieu (fO 133V): ce qu'll a fait (£0 244V): Voulez-vous...

fasse avec nous comme aux Egyptiens et aux que Ie Seigneur vous fasse

avec les hommes d' Egyp- Amorrheens? comme aux Amorrheens 1

te... (Copte2) avec les rois

des Amorrheens 1

Ce tableau comparatif -il pourrait etre allonge -montre aulecteur que la recension primitive est representee par troistemoins:

a/ Ie Coptel, manuscrit complet Pierpont Morgan;b/ Ie CopteZ, malheureusement partiel, mais tres important pourles quelques feuillets conserves;c/ entin, cet unique manuscrit (Paris BN syr. 238) de la versionarabe, qui est tres voisin des le~ons des manuscrits coptes, et sedistingue nettement des autres temoins de la version arabe.~

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86 R.-G. COQUIN

De cette confrontation, on peut retenir les points suivants:

1.- L'original doit avoir ete egyptien, soit redige en grec, soit encopte; il serait illusoire de supposer, du fait qu'il y a de nombreuxmanuscrits karchounis, un original syriaque : outre la presence dedeux codices coptes, la version arabe est, a l'evidence d'origineegyptienne, meme si certains manuscrits presentent des influen-ces syro-palestino-mesopotamiennes : Ie mot arabe birba , trans-litteration du copte n + p n E (= temple) que l'on rencontre dansde nombreux manuscrits karchournis, et d'autres termes d'origi-ne egyptienne, comme la presence de chiffre copte cursif (~), Iemontrent assez.

2.- Le Copte2 doit avoir ete la redaction la plus repandue, puis-que Ie Paris BN gyro 238 a nombre de le~ons communes avec lui;il semblerait, d'apres l'analyse, preparee par J.-M. Rosenstiehl,que ces le~ons ont quelque chance d'etre fideles a l'original.

3) Le Paris BN syr. 238 confirme plusieurs points en discussiondans Ie Copte1 : a/ au § 8, 5 : suit Ie copte et n'a pas l'addition desmanuscrits karchounis, a propos d'un hypothetique emprisonne-ment (pour la 3" fois) de J eremie ; b / au § 11, 11 : place ce verset,conformement a l'hypothese de J.-M. Rosenstiehl qui suppose iciun deplacement dans Ie Coptel, ce qui confirme qu'on doit s'ecar-tel du temoin copte complet; c/ au § 11,16: appuie la le~on duCopte2, relative a la mention des cailles, que passe sous silence, IeCopte1; d/ aux §§ 29, 2 et 41, 1: confirme la confusion probablequ'on est amene a supposer entre T (il s'agit de l'article feminin)TOY 0 M T E (= tour) et TOY 0 0 T E (= colonne)19bis.

Lieu de composition du pseudepigraphe

Ayant ainsi etabli les familIes de manuscrits coptes, arabes (soiten caracteres arabes, soit en caracteres syriaques), on doit mainte-nant se poser la question importante, qui consiste a preciser lapatrie originelle de ce texte.

Le fait que nous disposions d'un assez grand nombre de manus-crits, oil la version arabe a ete transcrite en caracteres syriaquespourrait nous faire illusion, en nous faisant prejuger d'un originalsyriaque. Cependant, nous devrons tenir compte de la double ori-gine des manuscrits karchournis : d'une part, quantite de manus-crits syriaques ant dli etre transposes en arabe, mais en caracteres

19bis. Cf. W. E. CRUM, Coptic Dictionary, Oxford, 1939, pp. 447a-b et 480a(racine oymot).

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87PARALIPOMENES DE JEREMIE

syriaques (afin d'eviter qu'ils ne tombent sous les yeux des occu-pants ottomans), ce qui etait devenu necessaire, dans la mesureou la langue, parlee par les chretiens de Syrie ou du Liban, n'etaitplus Ie syriaque, mills l'arabe; d'autre part, a partir du xye siecle leschretiens syriaques emprunterent a leurs coreligionnaires chre-tiens coptes ou meme nestoriens, quantite de traites, originelle-ment composes en arabe (ceci fut Ie cas des nombreux ouvragesdes XlIe-XIIIe siecles -l'age d'or de la litterature arabe-chretienned'Egypte), parmi ces documents figuraient des versions arabes detextes composes en Egypte, ou bien en grec, ou bien en copte;ceux-ci se reconnaissent aisement, nombre de termes etant pro-pres a l'arabe-chretien egyptien; un bon connaisseur de ces parti-cularismes, comme l'etait A. Mingana, lui-meme d'origine chal-deenne, l'a remarque, comme ille note, dans son edition2O; cettedouble origine est bien connue21. II semble que la provenance dela Captivite des fils d' Israel a Babylone soit a placer dans cetteseconde source des manuscrits karchoumis; d'ailleurs, les deuxmanuscrits dates, les plus anciens (Ie Paris BN syr. 238 (date de1474) et Ie Mingana syr. 369 (date de 1481) soot du xye siecle, lesautres appartiennent aux XVIe, XVIlIe ou meme au XIxe siecles; ceuxqui ne portent pas de date precise, remontent, selon les caracte-res paleographiques, aux xve XVlIe, XVIlIe, OU XIXe siecles; commepar hasard, aucun ne parait ante rieur au xve siecle.

Par consequent, on peut admettre que cette version arabe aitpour origine un texte primitivement elabore en Egypte. Bien plus,on peut preciser que Ie substrat de cette version arabe etait untexte copte (original ou lui-meme version du grec). Outre les indi-ces, que j'ai releves dans Ie Paris BN syr, 238, je noterai ci-dessous,les« copticismes »qui apparaissent dans ces manuscrits, pourtantecrits en caracteres syriaques :

I) au § 13,1, nous lisons dans I'edition Leroy-Dib22, ce qui suit:« Sedechias, Ie roi,... retira (du temple) les deux colonnes de mar-bre qui eclairent sans flambeau et les mil dans (Ie texte arabe porte

20. A. MINGANA, «Op. cit. », in The Bulletin of the John Ryland's Library11 (1927),p. 356, note 5; p. 357,n. 4;p. 381, n. 5;p. 384, n.12; p. 392, n.3et p. 393, n. 4 et 8.21. Par exemple on verra l'edition de Su-MIN RI, La Caverne des tresors,Louvain, 1987 (CSCO, 486-487); voir aussi, la liste etablie par H. ZOTEN-BERG, op. cit., Paris, 1874, p. 234-243 : 1 'auteur note les manuscrits ecritsen karchouni.22. a. L. LEROY-P. DIB, «op. crt. », in Revue de l'Orient chretien 15 (1910),p. 263 (texte): lignes 18 et 21 et p. 272 (traduction): lignes 20 et 25.

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fl) to piscine qui se trouvait devant les idoles de Baal et deZeus... », et plus loin: « il fit placer pour lui-meme une table presde (Ie texte arabe porte fl ) to piscine de Baal et de Zeus... ».

Cette «piscine» est incongrue dans ce contexte, et l'on com-prend qu'un copiste ail eprouve Ie besoin de corriger Ie texte qu'illisait; or, il faut savoir :

a) que parmi les fares mots empruntes au copte, dans l'arabe-chretien d'Egypte, se trouve Ie mot birba (= n (art. copte mas-culin) + p n E (= temple), ce qu'un arabophone non egyptienne pouvait comprendre;

b) que ce mot a simplement ete translittere en caracteres syria-ques, ce qui donnait t<:J ;~ ; or, il faut savoir que les deux lettres(forme mediane) ~ et ~ sont tres semblables et peuvent aise-ment etre confondues; un copiste, ne comprenant pas Ie sens dece mot, a tente de Ie carriger, en ecrivant Ie terme Ie plus voisinquant a la graphie23, mais la presence insolite d'une birka (= pis-cine) dans ce contexte aurait dfi l'empecher d'admettre cettelecture.

Nous sommes donc ici devant une erreur du copiste, qui avaitlu ~;~ mais a corrige en birka, creant ainsi une veritable distor-sion du texte car tOllS leg manuscrits que j'ai pu examiner de cetteversion arabe, portent birba soit ecrit en caracteres arabes, gaittranscrit en caracteres syriaques. On notera que dans certainsmanuscrits Ie mot, bizarre pour un etranger a l'Egypte, est rem-place par un banal bayt (= maison) ainsi, dans Ie Mingana gyro 240,fo 8r: wa ja' bihim ila bayti al-ladi (ou al-ladhi) fihi al-asnamuBa'ali wa Zlisi, qu'il traduit «illes apport a dans la maison oiletaient leg idoles de Baal et de Zeus »24; il retient ainsi dans sa tra-duction Ie texte du manuscrit de Paris.

L'utilisation d'un tel mot, propre a l'arabe chretien egyptien,montre bien qu'un copiste syrien, palestinien ou mesopotamien,

23. Je sais gre a G. Troupeau, d.avoir eu la gentillesse d'examiner sur cepoint precis ce manuscrit karchouni; ce dernier est tres clair: il est bienecrit: ~ ;~ .Toutefois, Mingana, qui cite ce manuscrit, traduit « temple »(A. MINGANA,« or. cit. », in The Bulletin of the John Rylands Library 11(1927), p. 363 -deux fois); aurait-il compare avec Ie Mingana, syr. 369, quiporte bien, au f' 132v par deux fois, sans ambiguite .<:3 ;~ .A. Minganaconnaissait-ille sens de ce terme propre aux chretiens egyptiens? En toutcas, il avait du etre intrigue par l'intempestif ~;~ du Paris BN syr. 65.24. Ct. A. MINGANA, « or. cit. », in The Bulletin of the John Ryland'sLibrary 11 (1927), p. 402 (texte) et p. 363 (traduction).

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avait sous leg yeux une copie venant d'Egypte ou pour Ie moins,un modele ayant scrupuleusement recopie un archetype egyptien.

2) au § 9, 1 et 35,125, l'auteur DOUg depeint Jeremie, assis dansun «naos» (version arabe), alors que Ie texte corte parle d'uncaveau ou grotte (E 2 Mo.o. Y); au Teste, quelques manuscritsprecisent a l' exterieur de Babylone,. or, Ie mot corte E 2 Mo.o. Yest souvent l'equivalent de 'ta<po<;, ce qui DOUg conduit a supposerune confusion en arabe (oules graphies soot tIes semblables) entretlifUs et nliwUs (= grotte et temple): ceci DOUg amene encore a sup-poser un substrat egyptien plutot que syriaque (oula translittera-tion de 'ta<po<; n'est pas donnee dans leg dictionnaires, et a touteschances d'etre fort rare.

3) A la fin du § 39, 14, Ie nom d'un mois egyptien, Barmuda estcite; quelques manuscrits karchounis gardent Ie nom egyptien,d'autres donnent Ie nom syrien du mois a peu pres equivalent(Nisan); ce faisant, les premiers trahissent leur source, sinon imme-diate, du moins celIe de leur archetype, car, on ne lirait pas un telnom de mois dans un texte redige par un chretien de langue syria-que.

On peut ajouter que la version arabe a ete faite sur un textecopte, proche de notre Copte2 comme la comparaison faite ci-des-sus entre les deux temoins coptes et Ie Paris BN syr. 238 l'a bienmontre; precisons que bien des le<;ons de ce Copte2 se retrouventdans l'une ou l'autre copies, soit en caracteres arabes, soit en carac-teres karchounis, de cette version arabe. En particulier, elle men-tionne les cailles envoyees par Dieu, aux Hebreux, (§ 11, 16) : parexemple dans Ie Paris BN syr. 65, fo 234' mais aussi dans Ie Min-gana syr. 369, fO 132', ligne 1 et dans Ie Mingana syr. 240, fo 7', ligne15, etc...

Pour terminer avec ces emprunts coptes, je dirai encore -cequi n'avait pas echappe a E. Amelineau26 -que Ie traducteurarabe transpose la topographie, bien connue, d' Alexandrie danscelIe de la Jerusalem antique, en parlant de la« porte du Soleil »la oil Ie copte disait« la porte de Benjamin »27. C'est la de nouveauun indice de la patrie du traducteur.

25. Sans doute, Ie mot copte E 2 M Q. Q. Y se lit encore au § 31, 13, mais,dans ce contexte, la plupart des manuscrits de la version arabe rende Ieterme par un vague jabal (= montagne), ainsi, Ie Paris BN syr. 238, f' 129'.26. E. AMELINEAU, op. cit., tome 2, Paris, 1888, p. 101, n. 1.27. Ct. The Coptic Encyclopedia, New York, 1991, tome 1, p. 96, et tome8,p.4.

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Langue de composition du pseudepigraphe

Dans l'etat actuel de la documentation, on dispose d'une edi-tion du texte copte -ce qui faisait defaut aux premiers editeurs dela version karchounie (Leroy-Dib et Mingana) -ou il est clair queIe copte est «premier» -selon l'expression de K.H. Kuhn28, qui,toutefois admet que celui-ci puisse etre seulement une version d'undocument grec. C'etait aussi l'opinion de A. Mingana29; maisaucun de ces deux critiques n'a cherche a donner un debut dedemonstration a celie proposition. Je vais tenter de Ie faire ici; sichaque element Teste sujet a discussion, l'ensemble m'apparait suf-fisant pour entrainer l'adhesion du lecteur:

§1,2:ETETNOYE2 NOBE EAM NOBE:ons'attendrait a lire un article indefini 0 y devant N 0 BEet ensui-te

precedant 0. N 0 Mi" 0. : il est vrai qu'il s'agit la d'une citationbiblique, et chacun sail que la langue de l'original (hebreu ou grec)

a influence Ie copte.

§ 6, 3 : E T E 0. r pin n 0. C n P po: celie phrase nomi-native demanderait, semble-t-il une copule (n E); elle estd'ailleurs en contradiction avec une phrase semblable de § 12, 5,comme l'a note K.H. Kuhn3O; telle quelle, cette phrase paraitincomplete31.

§9,2:dttAITOY EZOYN EYEZMddY(=illeg conduisit a un caveau): plusieurs manuscrits de la version arabemettent ici, au lieu de « cave au », Ie mot nawUs : ce qui revele uneconfusion entre leg deux termes nawus et tatus, comme il a dejaete dit. Cette meprise a pu etre commise sans doute en corte ou enarabe, de toute fa~on elle etait possible en grec.

§ 10, 2: A E Ej"O 0 Y H PEN P 0 M n E Ej"OM n P 0 III H T H C M n N 0 Y T E (=quoiquej'aieteprophe-te de Dieu d'innombrables annees): on ne s'explique pas celierepetition de E "j 0 , sinon par une maladresse du traducteur, ayantcommence sa traduction, l'interrompant, puis la reprenant.

28.

K. H. KUHN, « op. cit. », in Le Museon 83 (1970), p. 103.29. A. MINGANA,« op. cit. », in The Bulletin of the John Ryland's Library,

11 (1927), p. 353.30. K. H. KUHN, «op. cit. », in Le Museon 83 (1970), p. 113, n. 19.31.

11 est vrai que la photo du manuscrit semble permettre de lire N T Eavant a.r pin n &. Faut-il suppleer <E n Z M Z a. ~> comme au §12,5? De toute fa<;:on, Ie copiste a omis quelque chose!

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§ 14,6: d r w n d 8 r C I dC T H P ION d rIM p 1M W P tt(= et, ils ont detruit mOD sanctuaire): c'est, peut-etre line inver-sion pour TeDdIe un passif dont Ie copte est depourvu, ce qui don-nerait« et, mOD sanctuaire (ou« autel ») a ete detruit », maiscette inversion fait penser a un original grec qui, beneficiant deflexions, a line syntaxe tIes souple.

§14,9:o.YW ttco EnEI1\o.OC ETo.KO'l(=Je surseois 11 l'aneantissement de ce peuple): on ne s'explique pasla place de n E I 1\ 0. 0 C, qui est, d'apres Ie sens de cette phra-se, complement non de t t C 0, mais bien de T 0. K 0 'I, si cen'est par la traduction servile d'un original grec, qui pourvu deflexions, permet de telles inversions.

§ 20, 6: 0. '( W n A I B 0. N 0 C 0. tj To.o. tj E 2 po.I

(= et, l'encens, ill'offrit [a Baal]): de nouveau, une inversion inha-bituelle en corte, je suis tente de la comprendre, comme un « pas-sif» corte, a savoir: «et l'encens rut offert [a Baal] ».

§29,7:EnEIAH conc filM EPE EPEMlo.CE I P E M M 0 tt (= chaque imploration, que faisait Jeremie, illa faisait [pour Ie peuple de Dieu]): comme la phrase qui suit, estconstruite de maniere identique, on ne peut se defendre de voir Iii.une veritable syntaxe, alors que Ie copte manie plutot la parataxe.

§ 31, 19: n p p 0 A E E Z E A E Kid C dYE N T ljE Z P diE T B d BY" W N E lj M H P (= on fit monteraussi Ie roi Sedechias it Babylone, attache...): cette inversion ducomplement suggere un passif grec, it savoir : « Ie roi Sedechias rutemmene, attache, it Babylone... ».

§ 32, 17: n E A 0. INN E I E PHI (= se disaient-ils, lesuns aux autres): une telle incise, frequente en grec, ne l'est pas dutout en copte; elle serait insolite, si Ie texte a ete compose en copte.

§ 36, 17 : M H E T N E 0 Y w 1M N TEn E Y N 0 Y T EE I pEN M M 0. N N 8 E N N E P M M N K H M E (= est-ceque vous voulez que leur dieu, nous fasse; camille avec leg hom-mes d'Egypte?) : pareille construction, plutot maladroite en corte,fait davantage songer a une traduction malhabile (d'autant que IeCopte2 fait etat, avec leg Egyptiens, des Amorrheens).

De tous ces indices, il apparait que, seton toute vraisemblance,

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la version arabe depend d'un texte copte, assez different de celuiqui nous est parvenu, et que ce dernier etait lui-meme une traduc-tion, parfois approximative, d'un original grec.

Ma conclusion est breve:1. la comparaison des diverses recensions coptes et arabes des

Paralipomenes de Jeremie ou de la Captivite des fils d']srael a Baby-lone me conduit a considerer comme premier Ie copte par rapporta l'arabe.,

2. je puis admettre, comme une hypothese non denuee de fonde-ment, que la version copte repose sur un original grec.