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123456 Courrier de l’AVIVO Canton de Vaud Août-septembre 2020

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Page 1: 123456 - museejenisch.ch · 123456 Courrier de l’AVIVO Canton de Vaud Août-septembre 2020. 2 4/2020 Courrier de l'AVIVO Revue destinée à toutes celles et tous ceux qui bénéficient

123456Courrier de l’AVIVO

Canton de Vaud

Août-septembre 2020

Page 2: 123456 - museejenisch.ch · 123456 Courrier de l’AVIVO Canton de Vaud Août-septembre 2020. 2 4/2020 Courrier de l'AVIVO Revue destinée à toutes celles et tous ceux qui bénéficient

2 4/2020

Courrier de l'AVIVO Revue destinée à toutes celles et tous ceux qui bénéficient ou vont bénéficier des prestations AVS/AI. Organe officiel de l’AVIVO Vaud, paraît six fois l’an.

Abonnement pour non-membres : Fr. 12.-, abonnement de soutien : Fr. 18.-, CCP 10-12147-1, IBAN CH56 0900 0000 1001 2147 1

Coordinateur de rédaction :Patrick Ernst, Chemin de la Clouterie 11, 1612 Ecoteaux Envoi par courriel à [email protected]

Publicité et photos : Envoi par courriel à [email protected]

Administration, abonnements :

Mica Arsenijevic, Courrier de l'AVIVO, Ch. du Pré des Cailles 10, 1323 Romainmôtier, 024 453 17 37 (répondeur) [email protected]

Editeur responsable :AVIVO Vaud, Place Chauderon 3, 1003 Lausanne, [email protected]. www.avivo-vaud.ch

Impression : CopyPress Sàrl à Puidoux

Site Internet : www.avivo-vaud.ch

Comité de rédaction :M. Michel Guenot, président, Mmes Eva Gloor et Andrea Eggli, MM. Mica Arsenijevic, Jean-Pierre Guignard, Pierre Jeanneret et Bernard Walter

Correction : Christiane Betschen

Prochain délai de rédaction : 10 septembre 2020

VIDYMED_AnnA5(paysage)_NB_PROD-OK.indd 1 13.11.13 13:32

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34/2020

Billet du Président ad interim . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5Informations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7Votations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8Les brèves . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10Illustrations : Monique Jacot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16Coup de projecteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17Charlotte et Gaston : Le jeune membre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22Billet de l'administrateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25Blouse blanche - Trajet de vie : Caroline . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26Blouse blanche et encre noire : Le lupus érythémateux systémique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30Avec nos sections . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32Actualités politiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34Opinions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38Rencontre avec : Willie Anhorn . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42Voyage : Les Grisons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46Merveilleux bénévoles : Ami Chappuis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50À lire et à relire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52Réflexion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60Poèmes et chansons : La Prière de Francis Jammes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63Initiative AVS x13 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64Jeu-concours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

Sommaire

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accueillir dans les meilleures conditionsde sécurité et vous attendent avec plaisir !

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4 4/2020 Publireportage

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54/2020

L’AVIVO fait le maximum pour aider à remplir les déclarations d’impôts

À côté de nos activités de défense des retraités (signez sans tarder l’initiative pour une 13e AVS à disposition à la fin de ce numéro)

et nos activités de loisirs, nous remplissons, avec l’aide de l’État, une tâche importante : a c c o m p a g n e r et aider les contribuables dans leur déclaration d’impôts.La campagne de permanences AVIVO dans le canton de Vaud

pour remplir les déclarations d’impôts a ainsi été préparée dès 2019 par la formation de plus de 120 volontaires bénévoles encadrés par six collaboratrices professionnelles employées par l’AVIVO Vaud et par la section de Lausanne, avec l’appui de l’ACI. Une planification des permanences pendant tout le printemps 2020 devait permettre aux plus de 6000 personnes qui sollicitent chaque année notre aide de recevoir une réponse positive et une aide efficace.L’épidémie, qui n’est pas terminée, a entraîné des mesures spectaculaires des autorités qui ont, dans un premier temps, totalement paralysé notre action comme prévu, après un peu plus de deux mille dossiers traités. Il a ainsi fallu annuler quasi toutes les permanences de mars à juin et les rendez-vous correspondants et en informer les milliers de gens concernés par téléphone.Par travail à domicile et par traitement de déclarations sur la base de dossiers papier envoyés, nos collaboratrices ont pu reprendre très vite leur action et résoudre un certain nombre de cas, mais avec une perte énorme de temps du fait de dossiers incomplets reçus.

Billet du Président ad interim

Raymond Durussel

La surcharge due aux annulations et le fait que seules six personnes s’occupaient des dossiers ont permis d’en boucler quand même quelques centaines supplémentaires.Des volontaires ont spontanément envisagé de reprendre localement une action, mais il a fallu organiser cette reprise avec les mesures sanitaires adéquates. Dès qu’il est apparu que la crise « se calmait », un vaste programme a été mis sur pied pour relancer des permanences sécurisées entre juin et septembre 2020. Ce n’est pas moins de 150 demi-journées qui ont ainsi été reprogrammées dans tout le canton, elles ont été sécurisées avec l’aide financière de la fondation Leenaards. À ce jour, ces permanences sont déjà quasi toutes complètes ! Comme il n’est pas envisageable de prolonger ces permanences plus tard, le nombre de dossiers qui pourront être traités avec les forces disponibles sera clairement inférieur aux autres années. En effet une partie des bénévoles, relativement âgés, ne peuvent pas prendre le risque de s’exposer au virus.Ces restrictions ont provoqué parfois des réactions de colère parmi les bénéficiaires potentiels de notre action. Si nous les prions de nous excuser pour cet ennui, nous en appelons aussi à leur compréhension : la crise qui nous a frappés a touché pratiquement toutes les activités de notre société et nous suggérons aux personnes que nous ne pouvons pas aider de demander si ce n’est pas encore fait, sans retard, une prolongation de délai et de chercher dans leur entourage familial et de connaissances des aides pour ce travail. Il faut absolument éviter une taxation d’office jamais favorable au contribuable. Nous en appelons aussi à la compréhension de l’administration cantonale des impôts vis-à-vis des contribuables en difficulté.

Raymond DurusselPrésident ai de l’AVIVO-Vaud

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6 4/2020

Permanences impôts 2021

L’AVIVO souhaite renforcer ses équipes bénévoles dans le canton ainsi qu’à Lausanne et recherche des personnes pour remplir les déclarations fiscales du mois de février au mois de juin 2021.Pour cette activité bénévole, nous demandons :• Aimer le contact humain• Respecter la confidentialité• Être à l’aise sur un ordinateur• Avoir des notions sur le programme VaudTax• La possession d’un ordinateur portable est bienvenueNous offrons une formation de 6 journées uniquement aux personnes qui participeront à notre action impôts à Lausanne et/ou dans le canton. Tous les cours se dérouleront à Lausanne dès l’automne 2020. Pendant la formation, les frais de transport en demi-tarif ainsi que les frais de repas seront à la charge de l’AVIVO.Pour plus de renseignements nous nous tenons également à votre disposition au 021 320 53 93 ou [email protected], ou, pour les Lausannois, au 021 312 06 54 et [email protected] nous réjouissons d’ores et déjà de vous accueillir au sein de nos équipes.

Bureau d’Informations Sociales – BIS

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74/2020

Après la première vague et avant la deuxième vague

Le virus est toujours là. Mais il n’est pas trop tôt pour faire le point. Et les résultats de cette évaluation ne sont pas de bon

augure en vue d’une deuxième vague. L'AVIVO Suisse, en tant qu’organisation de défense des intérêts des personnes handicapées et âgées, est très préoccupée. La Suisse n’est toujours pas en mesure de protéger convenablement ceux qui en ont besoin.

L'AVIVO Suisse constate que la Suisse a un plan de pandémie Influenza depuis janvier 2018.Ce plan pandémique attribue des responsabilités et des mesures claires à la Confédération, aux cantons et à d’autres institutions (hôpitaux, établissements scolaires, homes, EMS) pour prévenir une pandémie.L'AVIVO Suisse note que depuis l’entrée en vigueur de ce plan pandémique (il y a plus de deux ans !) ces responsabilités n’ont pas été assumées ou seulement partiellement, ceci à tous les niveaux, et que des mesures évidentes n’ont pas été prises ou l’ont été trop tard.L'AVIVO Suisse constate que depuis février 2020, certaines déclarations et recommandations du Conseil fédéral et des responsables de l’Office fédéral de la santé publique étaient en plein désaccord avec les dispositions et règlements du plan pandémique actuel.L'AVIVO Suisse note que le Département de la Défense, de la Protection civile et du Sport est en possession depuis le 18 décembre 2018 d’une expertise du Professeur Thomas Zeltner sur les besoins du Service médical

Informations

ChristianeJaquet-Berger

coordonné, qui a révélé de graves lacunes dans la préparation en cas de pandémie. Le rapport et ses recommandations ont été gardés secrets par le DDPS jusqu’en janvier 2020 et ont donc été inefficaces.

Sur la base de ces constatations, l'AVIVO Suisse demande :

1. Démarrage immédiat des travaux de révision, de mise à jour et d’extension du plan pandémique de la grippe de la Confédération.

2. Mise en œuvre immédiate des recommandations pour le stockage de masques de protection, de matériel de protection, de médicaments, de désinfectants pour les hôpitaux, les EMS, les soins à domicile (Spitex), les services d’urgence, etc. (selon la page 60 et suivantes du Plan suisse de Pandémie Influenza).

3. Réorganisation et modernisation immédiates du système d’information et d’annonce.

4. Création immédiate d’un Centre suisse de contrôle et de prévention des maladies, sur le modèle du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, et collaboration étroite avec celui-ci.

5. Abandon de la notion ambiguë de « distanciation sociale » utilisée dans le plan pandémique actuel au profit du terme « distanciation physique ».

6. Renonciation à l’utilisation du terme ambigu « Groupe à risques » en faveur du terme « Groupe à protéger ».

7. Abandon de la non-différenciation et l’homogénéisation de la population âgée (p. ex. « 65+ »).

Christiane Jaquet-Berger

Présidente de l'AVIVO suisse

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8 4/2020

Votations

Votations du 27 septembre 2020

Initiative de limitation proposée par l’UDC« L’initiative de limitation » prétend limiter l’immigration mais veut surtout supprimer la libre circulation, quitte à casser les six autres accords bilatéraux avec l’Europe Unie. Il s’agit donc d’une question politique majeure pour l’avenir de notre pays. La position de la Suisse au cœur de l’Europe lui a toujours permis d’entretenir des relations étroites avec ses voisins. Elle peut ainsi exporter des produits et des services tout en offrant des places de travail et des salaires soumis à des règles claires dans tout le pays, pour les Suisses comme pour les étrangers. Notre pays est ainsi intégré dans des programmes européens de formation, de culture et de recherche. En outre, la libre circulation offre encore à des milliers de nos compatriotes la possibilité de travailler et d’étudier dans les pays européens.Cette initiative de l’UDC porte un titre trompeur et mériterait plutôt de s’intituler « initiative de résiliation ». Elle impose en effet au Conseil fédéral d’obtenir la suppression de la libre circulation dans un délai d’un an. Une telle dénonciation unilatérale mettra fondamentalement en question la voie bilatérale poursuivie avec l’EU par la Suisse. Elle attaque le marché du travail, ce qui rappelle la triste époque du statut de saisonnier et promet des contingents de salariés étrangers au statut de séjour incertain, tous employés précaires. Une telle stratégie ne conduit qu’à exercer négativement une pression sur les salaires helvétiques entraînés dans une compétition néfaste. Notons que l’initiative ne concerne pas du tout la question de l’asile. La libre circulation que veut supprimer à jamais l’initiative permet actuellement que tout travail exécuté en Suisse par un Suisse ou par un étranger soit soumis à un salaire aux conditions suisses. Une commission tripartite veille à l’application de ces mesures. De celles-ci dépend le financement des retraites. Saluons au passage la rente pont qui vient d’être votée par le parlement et qui complète cette protection en faveur des chômeurs âgés arrivés en fin des droits.C’est sans hésitation que l’AVIVO suisse, soucieuse des conditions d’emplois, de salaires et des assurances sociales dans notre pays, recommande de refuser l’initiative dite de limitation.

Christiane Jaquet-Berger

L’initiative populaire de l’UDC, pour une immigration modérée, a été déposée le 31 août 2018. Elle s’inscrit dans la tactique de ce parti qui progresse en cultivant la haine de l’étranger. Elle prétend viser à ce que la Suisse puisse gérer son immigration de façon autonome, que les Suisses âgés ne soient plus mis au chômage et remplacés par de jeunes étrangers, qu’il y ait assez de logements et que leur coût n’augmente pas sans cesse, que les routes et les trains ne soient plus bondés et que l’on évite de se retrouver bientôt avec une population de dix millions d’habitants. Le Conseil fédéral est donc invité à abolir la libre circulation des personnes qui nous lie à l’UE.

Monique Jacot, Bailly Chaussures, Argovie, 1993

©Musée de l’Elysée, Lausanne et Fondation Suisse pour la Photographie, Winterthur

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94/2020

Le Conseil National s’est prononcé, à 123 voix contre 63, contre cette initiative pour éviter un « Brexit » suisse, pour n’avoir pas à négocier une sortie précipitée sans accords nouveaux (un mois). L’UE, contrairement à ses liens avec Londres, n’a aucune obligation de négocier avec la Suisse et nous pourrions nous retrouver sans accord du jour au lendemain. La fin des accords bilatéraux mettrait en péril des milliers d’emplois. Le recrutement de travailleurs compétents et qualifiés pour nos entreprises serait tari. C’est cette libre circulation des personnes qui a permis le dynamisme de l’économie suisse. Ne scions pas cette branche importante sur laquelle nous sommes assis.Les mesures d’accompagnement qui protègent l’ensemble des travailleurs seraient également remises en cause. S’ajoute un risque de dumping salarial. Quelques propositions sont faites par le Conseil fédéral pour répondre à ce souci reconnu des travailleurs âgés dont la rente pont. Notre pôle économique est menacé par cette initiative mais aussi le pôle scientifique. L’ensemble des 120 accords bilatéraux serait annulé, or la Suisse vit de ses exportations dont la moitié sont achetées par l’UE. Les accords de Schengen sont également menacés. La baisse du PIB a été calculée entre 5 et 7 %. Notre pays serait encore plus isolé qu’il ne l’est déjà. Et quel serait le sort des 500 000 Suisses qui vivent dans l’UE ? Le remède proposé par l’UDC ressemble à une overdose et nous vous invitons à la refuser.

Pierre Aguet

Congé parentalL’initiative lancée par Travail.Suisse, soutenue par 180 organisations de la société civile, a abouti en août 2017. Elle demande un congé de paternité d’au moins quatre semaines, inscrit dans le code des obligations, payé par le régime des allocations pour perte de gain.Le Parlement a favorisé un contre-projet à l’initiative, contre-projet qui propose 2 semaines seulement. Il semble clair qu’un congé paternité de seulement deux semaines n’est pas suffisant pour la population, les pères actuels veulent être des pères présents.

L’initiative va dans le sens d’une égalité du partage des tâches éducatives et dans celui de favoriser le lien père-enfant. En ce qui concerne son financement, grâce à la diminution du nombre de jours de service militaire, 2 semaines sont presque déjà financées par le régime des allocations pour perte de gain.

Déduction fiscale des frais de gardeIl s’agit d’une fausse bonne idée car cette réforme de la loi fiscale vide les caisses fédérales pour ne profiter qu’aux plus fortunés. Adoptée en septembre 2019 par le Parlement, elle vise à permettre aux familles de bénéficier de déductions plus élevées pour les frais de garde des enfants par des tiers (Fr. 25 000.- contre Fr. 10 100.- actuellement). La déduction proposée ne touchera que l’impôt fédéral direct IFD. Ni la classe moyenne, ni les familles ne seront aidées car 45 % des familles avec enfants ne paient pas d’IFD. Le projet coûtera 350 millions de francs. Deux tiers des familles, soit celles qui ont un revenu entre zéro et Fr. 75 00.-, ne recevraient que 10 %. Environ 70 % de cette somme ira aux 12 % des ménages ayant un revenu imposable supérieur à Fr. 100 000.-. Les familles aisées le seront encore plus alors qu’elles n’ont pas besoin de ce cadeau fiscal !Le référendum a été lancé par le PS car augmenter cette déduction générale revient à transformer un projet de politique familiale en projet pour alléger uniquement les impôts des ménages à hauts revenus !

Andrea Eggli

N’oubliez pas d’aller voter le27 septembre 2020

L’AVIVO Suisse et l’AVIVO Vaud recommandent de voter NON à l’initiative de l’UDC, à la déduction fiscale des frais de garde, à l’achat des avions et OUI au congé paternité.

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10 4/2020

Les brèves

Taux hypothécaire en baisse, diminution de loyer possible !

Le taux hypothécaire vient de baisser et s’établit depuis le 1er mars 2020 à 1,25 %. Il n’a jamais été aussi bas. Cela signifie que votre bailleur paye moins cher son crédit hypothécaire. Le locataire peut lui aussi profiter de cette baisse pour demander une diminution de son loyer. La baisse de loyer peut être demandée pour la prochaine échéance de votre bail en respectant le délai de résiliation. Vous pouvez chiffrer la baisse de loyer attendue au moyen par exemple du calculateur de l’ASLOCA sur www.asloca.ch/calculateur-de-loyer. Vous trouverez aussi à cette adresse des précisions sur la marche à suivre et des modèles de lettre.N’hésitez pas à consulter l’ASLOCA Vaud et ses permanences en cas de doute.

Michel Guenot

Contrat intergénérationnel

Dans son communiqué de presse du 9.04.2020, le Conseil suisse des aînés, déclare que nous devons tous nous aider dans cette crise, pas seulement les personnes âgées. (https://ssr-csa.ch/fr/home/)La crise du Covid-19 sert de prétexte à certains milieux pour raviver à nouveau les questions autour du contrat intergénérationnel. Les jeunes seraient durement touchés par la crise et l’on pourrait donc demander aux personnes âgées de payer au travers d’une taxe sur les retraites.Le Conseil suisse des aînés est résolument opposé à une telle approche. Une fois de plus, le cliché du soi-disant « vieux riche » est mis en jeu de manière totalement subjective. Il faut rappeler que de nombreuses personnes âgées ont du mal à joindre les deux bouts.Non, la solidarité s’entend différemment. Pas d’opposition entre jeunes et vieux, mais la prise en compte de tous ceux qui en ont les moyens, qu’ils soient vieux ou jeunes, doivent

être incluse dans la solidarité responsable. Un prélèvement unique de 2 % sur la fortune à partir de 3 millions pourrait être soutenu par le Conseil suisse des aînés. Mais jouer jeunes et vieux, les uns contre les autres, c’est l’opposé de la solidarité !

Précarité et coronavirus

Si l’Office fédéral de la santé publique distille, chaque jour, toutes les informations qu’il recense sur la pandémie qui frappe actuellement notre pays, il y a une donnée qu’il ne semble pas prendre en compte : la situation socio-économique des victimes du Covid-19. On sait par comparaison avec d’autres pays que le coronavirus frappe plus durement les classes sociales plus modestes et les personnes moins aisées. Ce phénomène va prendre de l’ampleur avec le Covid-19, notamment parce que les personnes les plus exposées, dont on considère le métier comme indispensable, ne font pas partie des hauts revenus. Qu’en est-il en Suisse ?

Recherche de l’OFAS sur la situation économique des adultes en activité et à la retraite

L’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) met au concours un projet de recherche sur la situation économique de la population en âge d’activité et à l’âge de la retraite. La situation économique de cette population a déjà fait l’objet d’un rapport publié en 2008. Les résultats de cette étude se basaient avant tout sur les données fiscales de cinq cantons pour l’année 2003. L’objectif de la présente étude est d’établir, à partir de la nouvelle base de données, une vue d’ensemble actualisée et étendue de la situation économique de cette population. L’étude vise notamment à analyser le niveau et la composition du revenu et de la fortune, et à déterminer la probabilité d’appartenir à un groupe vulnérable. Dans la mesure du possible, les résultats doivent être

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114/2020

comparés avec ceux de l’étude précédente.

Deux semaines de vacances contre deux ans de travail ?

Deux semaines de vacances supplémentaires par année pendant toute la durée de la vie active, ce serait génial ! Mais en échange, il faudrait travailler jusqu’à 67 ans, ça c’est moins génial… Telle est la proposition de Ruedi Noser (plr, ZH) publiée dans la NZZ am Sonntag et reprise par Le Courrier. Une manière de faire renaître la vieille idée d’une retraite à 67 ans lancée en 2003 déjà par Pascal Couchepin, qui avait suscité déjà un tollé à l’époque. Mais pas question d’entrer en matière pour l’AVIVO, ainsi que pour le président de l’Union syndicale suisse, Pierre-Yves Maillard. « Son mérite, c’est d’intégrer la question de l’âge de la retraite dans celle du temps de travail global. » Le socialiste y voit aussi une forme de reconnaissance par la droite que des semaines de vacances supplémentaires ne correspondent pas à une perte arithmétique en termes de productivité. Voilà qui pourrait servir à alimenter d’autres revendications syndicales… À suivre donc.

Compenswiss (Fonds de compensation AVS/AI/APG)

Compenswiss a clôturé l’année 2019 sur une bonne performance. Le rendement net des placements atteint 10 %. Au total, la fortune gérée par compenswiss s’élève à 36,4 milliards de francs.En mai 2019, le peuple suisse a accepté la loi fédérale relative à la réforme fiscale et au financement de l’AVS (RFFA). À compter de 2020, environ 2 milliards de francs supplémentaires seront versés chaque année à l’AVS. 800 millions de francs seront financés par la Confédération et 1,2 milliard de francs par une augmentation de 0,3 % des cotisations AVS (0,15 % payé par l’employeur et 0,15 % par l’employé).Par ailleurs, un nouveau cadre juridique a été établi. Depuis le 1er janvier 2019, compenswiss est un établissement fédéral autonome de droit

public qui gère et administre en commun les Fonds de compensation de l’AVS, de l’AI et du régime des APG. La nouvelle forme juridique a été mise en place en respectant toutes les contraintes imposées par la loi. En matière de gouvernance, deux nouveaux comités du Conseil d’administration ont été créés : le Comité de placement et le Comité révision et personnel.

Prestations complémentaires (PC)

Les PC sont versées à des personnes qui perçoivent une rente de l’AVS ou de l’AI lorsqu’elles sont domiciliées en Suisse et que leurs revenus ne suffisent pas à couvrir les besoins vitaux. Le droit à ces prestations d’assurance sous condition de ressources est garanti par la loi. Fin 2019, 337 000 personnes touchaient des PC, ce qui correspond à une augmentation en dessous de la moyenne d’environ 3 %. Depuis 2009, et contrairement à ce qui se passait les années précédentes, le nombre de bénéficiaires de PC à l’AI augmente moins vite que celui des bénéficiaires de PC à l’AVS. Toutefois, 48,5 % des personnes qui perçoivent une rente de l’AI touchent également des PC. La croissance de l’effectif des bénéficiaires de PC à l’assurance-vieillesse (PC à l’AV) est due principalement à la hausse de l’effectif des rentiers. Dans l’ensemble, le nombre de bénéficiaires de PC et le nombre de rentiers de l’AV augmentent parallèlement à l’évolution démographique, ce qui se reflète dans le taux de PC, resté stable ces dernières années.Ces statistiques démontrent que les PC qui étaient censées être transitoires, continuent à être indispensables pour permettre à nombre de personnes à l’AVS ou à l’AI de vivre de manière décente !

Prestation transitoire pour chômeurs âgés

La prestation transitoire (PT) prévoit que les chômeurs âgés en fin de droit qui ne trouvent plus de travail perçoivent une prestation au lieu d’avoir recours à l’aide sociale.

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Le Conseil national a donné son approbation alors que l’UDC a été le seul groupe parlementaire à se prononcer contre. Le Conseil des États l’avait déjà approuvée.Seules les personnes en fin de droit âgées de 60 ans ou plus y auront droit. Leur fortune nette devra être inférieure à Fr. 50 000.- pour les personnes seules et à Fr. 100 000.- pour les couples mariés.Un comité formé de membres de l’UDC a lancé le référendum contre cette rente-pont et le parti blochérien le soutient !Tout cela n’est que très logique. Le projet de rente-pont fait partie du dispositif, avec d’autres mesures portant notamment sur la formation, qui est opposé en forme de réponse politique à l’initiative de l’UDC visant à mettre fin à la libre circulation et sur laquelle le peuple votera le 27 septembre 2020. L’attaque fait sens.Elle s’inscrit aussi pleinement dans l’idéologie néolibérale du parti d’extrême droite. Celui-ci s’oppose au principe même d’un filet social pour les victimes de l’économie de marché. En cela, la formation montre son vrai visage antisocial. Sa tactique consistant à opposer les braves travailleurs helvétiques aux bras noueux à la pseudo-armée de réserve n’est que poudre aux yeux et s’inscrit dans la droite ligne de sa stratégie, maintes fois éprouvée, du bouc émissaire, nous dit le journal Le Courrier.

Institution supplétive

L’Institution supplétive LPP est une fondation soutenue par les partenaires sociaux et dotée d’un mandat dans le domaine de la prévoyance professionnelle. Elle est notamment chargée de gérer les avoirs de libre passage des personnes qui quittent un emploi et dont les avoirs ne peuvent pas être immédiatement transférés dans une nouvelle caisse de pension. Malgré les taux d’intérêt négatifs pratiqués par la Banque Nationale suisse, elle doit garantir la valeur nominale des avoirs de libre passage qui lui sont confiés. Son taux de couverture a baissé de 108,7 % fin 2019 à 105,85 % fin mai 2020.Les commissions de la sécurité sociale et

de la santé publique des deux chambres du Parlement ont recommandé au Conseil fédéral d’ouvrir rapidement auprès de la trésorerie centrale de la Confédération ou de la Banque Nationale suisse un compte pour l’Institution supplétive LPP qui ne soit pas soumis aux intérêts négatifs. Dans son message du 1er juillet 2020, le Conseil fédéral propose au Parlement d’inscrire la base légale nécessaire dans la loi fédérale sur la prévoyance professionnelle vieillesse, survivants et invalidité (LPP).

Situation financière actuelle des institutions de prévoyance

Après avoir réalisé un rendement net moyen de la fortune très élevé en 2019 (+10,4 %), les institutions de prévoyance ont été touchées aussi par la crise liée au coronavirus. Les fortes corrections du marché financier observées à partir de la mi-février 2020 ont ramené les taux de couverture à une moyenne de 105,6 % fin avril 2020 (contre 111,6 % fin 2019). Les taux de couverture élevés avant la crise aident à ce que la situation ne soit pas périlleuse.

Assurance-maladie : réglementation plus stricte des activités des intermédiaires

Les activités des intermédiaires (dont les courtiers) doivent être davantage réglementées dans le domaine de l’assurance-maladie. Lors de sa séance du 13 mai 2020, le Conseil fédéral a envoyé en consultation un projet de loi qui lui donne la compétence de rendre obligatoire l’accord entre assureurs qui réglemente ce type d’activités. Le démarchage téléphonique à froid sera ainsi interdit et la rémunération des intermédiaires limitée.Notre téléphone s’arrêtera-t-il de sonner à tout va, inutilement ?

Mobilisations féministes

Le vendredi 14 juin 2019 avait lieu la deuxième grève des femmes de l’histoire en Suisse. Un évènement fort qui a réussi à dépasser les clivages et réunir trois générations, unanimes

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pour réclamer l’égalité des salaires, mais aussi un vrai changement de société. Cette immense mobilisation a eu un effet au niveau politique, puisque jamais autant de femmes n’ont ensuite été élues au parlement. Il y a eu une prise de conscience sur toutes les questions liées à l’égalité, aux discriminations et aux violences sexistes. Par exemple l’utilisation du terme de féminicide est très importante pour arrêter de banaliser le meurtre des femmes, il est demandé maintenant qu’il soit introduit dans le Code pénal. Un an après, le 14 juin 2020, des actions décentralisées ont eu lieu partout en Suisse, et notamment en Suisse romande. Les femmes* et hommes solidaires ont été invités à déposer une pancarte sur les places et partout ont été organisées des actions à 15h24, heure qui symbolise l’écart salarial entre les femmes et les hommes.Les revendications sont importantes. La charge parentale doit être également répartie entre les parents et ne doit pas rester l’apanage

des femmes. Ce partage est une des clés pour avancer vers l’égalité : il faut que le travail rémunéré et le travail non rémunéré soient également répartis entre les hommes et les femmes. Cette mesure doit être complétée par un service public de l’accueil des enfants, tant en pré- que parascolaire.Il y a une nécessité forte de reconnaître le travail domestique, de garde des enfants, de prise en charge des personnes âgées, qui est essentiellement accompli par des femmes, souvent des migrantes, et qui est indispensable au fonctionnement de la société - le Covid-19 l’a bien montré - mais n’est pas reconnu et donc pas valorisé. Les femmes* représentent la moitié de l’humanité et, comme nous avons pu le constater durant la pandémie, elles occupent les trois quarts des emplois indispensables au fonctionnement de la société et de l’économie. Elles ne demandent pas la lune. Juste l’égalité, le respect de leur corps, de leur vie et leur part du gâteau.

Statistique de l’AVS 2019

L’OFAS, Office fédéral des assurances sociales, nous informe qu’en décembre 2019, environ 2 millions de personnes ont perçu, en Suisse ou à l’étranger, une rente de vieillesse et quelque 200 000, une rente de survivant. Par rapport à l’année précédente, ce sont 40 000 nouvelles rentes de vieillesse qui ont été versées, soit une augmentation de 1,7 %. Parmi ces bénéficiaires, 11 300 résidaient à l’étranger. Les cotisations des assurés représentaient 32,5 milliards de francs en 2019. La Confédération, deuxième source de financement en importance, a versé 8,8 milliards de francs. Le point de TVA prélevé en faveur de l’AVS a rapporté quant à lui 2,4 milliards de francs. Les rentes représentent la plus grande part des dépenses, le reste étant composé des allocations pour impotents, des mesures individuelles et des contributions aux institutions.

Les écarts salariaux se creusent

L’étude annuelle d’Unia sur les écarts salariaux vient de sortir. Dans les 37 grandes entreprises

Monique Jacot, Grève des femmesdu 14 juin 1991

©Musée de l’Elysée, Lausanne et Fondation Suisse pour la Photographie, Winterthur

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suisses analysées, l’écart entre le salaire le plus bas et le plus haut a continué à se creuser : il est en moyenne de 1 à 148 (contre 1 à 142 l’année passée).Particulièrement choquant : certaines entreprises n’ont pas hésité à verser des dividendes à leurs actionnaires alors même qu’elles recevaient des aides publiques à travers le chômage partiel en lien avec la crise du coronavirus.

Les dépenses pour les prestations sociales sont restées stables en 2018

L’Office fédéral de la statistique nous informe que les dépenses pour les prestations sociales en Suisse sont restées globalement stables entre 2017 et 2018. L’augmentation des dépenses en 2018 dans le domaine de la vieillesse a été compensée en partie par la diminution de celles dans le domaine du chômage.Le niveau des dépenses sociales en Suisse (26,1 % du PIB) a été légèrement inférieur à la moyenne européenne (26,8 %) selon les derniers chiffres de Eurostat disponibles pour l’année 2017. En Suisse comme dans les pays européens, les domaines de la vieillesse et des soins de santé absorbent la plupart des prestations sociales.

Les assureurs refusent de payer

Les ministres de la Santé exigent davantage de contributions des assureurs pour affronter la crise. La faîtière des assureurs Curafutura a déjà exprimé ses désaccords avec les Cantons. Au tour à présent de SantéSuisse, la plus grosse faîtière des assureurs maladie, de le faire avec son arrogance légendaire : « … Vos exigences sont diamétralement opposées aux intérêts des payeurs de primes… ». Ah bon, et pourquoi ? En cause, différentes réclamations des Cantons, émises par plusieurs ministres de la santé : les assureurs doivent payer le déficit des hôpitaux, exclure une hausse des primes pour l’année prochaine, ou encore exempter les tests-Covid de participation à la franchise. De l’avis de la Commission suisse

des directeurs de la santé CDS, les assureurs ont les réserves nécessaires, plus de 8 milliards, pour faire preuve de solidarité. Ce d’autant plus que l’annulation des opérations non urgentes pendant la période du confinement leur a permis de faire des économies. C’est illégal et illégitime, rétorque SantéSuisse.La question de la hausse des primes est encore incertaine, vu que les primes 2021 sont calculées sur les coûts estimés de 2021. Mais si les coûts de la santé s’avéraient plus bas que prévu, la loi autorise des remboursements aux assurés, rappelle SantéSuisse.Sauf que si la loi autorise les remboursements des coûts payés en trop par les assurés, à chaque fois que nous avons pu obtenir des remboursements, cela s’est fait après des luttes importantes alors que les assureurs n’étaient pas d’accord ! À suivre cet automne…

Masques gratuits

Le Parti Suisse du Travail - Parti Ouvrier et Populaire (PST-POP) exigent qu’avec l’obligation de porter des masques de protection dans les transports publics et dans les magasins (dans certains cantons), ces masques soient également distribués gratuitement à la population. La Confédération ayant déjà acheté tout un stock de masques financés par nos impôts, la population ne doit pas payer les masques à double, ce parti estime que les stocks doivent être redistribués gratuitement à la population et que la Confédération doit être responsable de la distribution afin que les masques de protection ne deviennent pas un objet de spéculation.

Andrea Eggli

Socrate de Nicole Matthey

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Illustrations

Monique Jacot

Nous invitons une artiste et présentons le reflet de son travail. Monique Jacot, photographe romande née en 1934 à Neuchâtel, s’est surtout fait connaître par ses travaux comme Femmes de la terre (1989), Cadences - L’usine au féminin (1999) et Printemps de Femmes (1994). Monique Jacot s’engage très tôt dans un travail documentaire, elle devient un témoin privilégié des manifestations féminines et de la condition ouvrière en Suisse. Elle photographie avec finesse le travail des femmes, aussi bien à la campagne que dans les usines. Pendant sept ans, elle visite trente usines dans l’ensemble du pays, se faufile dans les ateliers, se fait oublier des travailleuses et capture la concentration des femmes dans les usines. En mars 1993, Monique Jacot est également présente lors de l’élection de Ruth Dreifuss au Conseil fédéral. Parallèlement à ses travaux de photo-journalisme, elle réalise une œuvre poétique où le rêve se confond avec la réalité, grâce au « transfert » d’un large éventail de techniques de la photographie noir-blanc au polaroid. Ce regard surréaliste où le monde

Monique Jacot, Sans titre [série Fleurs], [1996]

Transfert polaroïd sur papier Fabriano, Cabinet cantonal des estampes. Collection de la Ville de Vevey, Musée

Jenisch Vevey © Photo Julien Gremaud

extérieur se mêle aux ressorts intérieurs de l’inconscient est actuellement à découvrir au Pavillon de l’Estampe du Musée Jenisch à Vevey, du 6 août au 6 décembre 2020. Nous remercions chaleu-reusement Monique Jacot de nous avoir offert de publier gracieusement quelques photos de sa période de photojournalisme dans les années 1980. Ces images permettent de mesurer à quel point la réalité des femmes a beaucoup changé.

Patrick Ernst

Monique Jacot, Grève des femmes du 14 juin 1991©Musée de l’Elysée, Lausanne et Fondation Suisse pour la Photographie, Winterthur

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Expositions

La riche collection du Musée cantonal des Beaux-Arts (MCBA) de Lausanne

À l’Espace Arlaud, construit en 1841, puis au Palais de Rumine, inauguré en 1906, a succédé le nouveau bâtiment sis tout près de la gare de Lausanne, qui a ouvert ses portes au public en 2019. Il a présenté une grande exposition centrée sur la modernité artistique à Vienne qui, fermée pour cause de Covid-19, rouvrira le 2 juin et sera prolongée jusqu’au 23 août. Nous lui avons déjà consacré un article dans le Courrier de l’AVIVO N° 2 d’avril/mai 2020.Quant à la collection permanente du MCBA, elle n’a été visible que pendant une journée… puis la fermeture des musées due à la pandémie est survenue.La politique d’achat du musée a beaucoup évolué depuis le XIXe siècle. Au début, il acquit surtout des toiles de peintres vaudois et suisses (Burnand, Anker), avec un accent mis sur la peinture historique (Gleyre) et académique. Depuis l’ouverture du palais de Rumine, on s’intéressa davantage à des artistes plus modernes (Hodler, Steinlen, Biéler, Vallotton). Grâce à des legs, les visiteurs peuvent maintenant admirer des œuvres de peintres de renommée internationale comme Courbet, Degas, Renoir, Cézanne ou Matisse… En 1956, le musée put acquérir 400 dessins de Soutter, l’un de ses importants fonds monographiques, avec ceux de Charles Gleyre et de Félix Vallotton. Dès les années 1960, on assiste à une ouverture à l’art d’avant-garde (expressionnisme, Pop art, abstraction, art vidéo). La collection actuelle compte 11 000 œuvres. Il n’est donc pas question de les montrer toutes en même temps !Le MCBA a choisi d’en exposer un premier florilège de 196 œuvres, dont 94 d’art contemporain. Cette présentation sera régulièrement renouvelée. Celle que l’on peut voir actuellement est un remarquable florilège chronologique de la collection, des Primitifs italiens au XXIe siècle. L’ensemble s’avère passionnant et varié, car il offre un panorama des différents genres picturaux et des écoles qui se sont succédé.Nous vous proposons donc une visite, certes subjective, mettant en valeur et les œuvres

Coup de projecteur

Louise Breslau, «Sous les pommiers»

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et les plus représentatives et celles pour lesquelles nous avons eu un coup de cœur. Dans la première salle, on verra un tableau célèbre et rare, Le massacre de la Saint-Barthélémy (vers 1572-1584), par François Dubois. L’œuvre est d’un réalisme extrême, montrant des scènes atroces liées à cet événement qui constitua un pic du fanatisme religieux. On s’arrêtera aussi devant une pièce historique emblématique, devenue une véritable icône nationale suisse, Les Romains passant sous le joug, peinte en 1888 par Gleyre. Elle relate une victoire des Helvètes conduits par Divico, en 107 av. J.-C. D’Ernest Biéler, on admirera surtout sa grande toile symboliste, très fortement inspirée par l’Art nouveau, L’eau mystérieuse (1911), un bassin entouré par de jeunes femmes aux robes chatoyantes. Dans la même veine symboliste, Regard dans l’infini III de Ferdinand Hodler, qui date de 1903/1904, montre un homme nu, le fils du peintre, dressé sur un promontoire rocheux. C’est là que l’artiste situe le jardin d’Eden.

Mais la présentation offre aussi des découvertes, telle la belle toile de la Zurichoise Louise Breslau, qui est le portrait d’une de ses compagnes peintres, assise Sous les pommiers (1886) en fleurs, qui se rattache au post-impressionnisme. Les grands peintres français, on l’a dit, ne sont pas absents de la collection vaudoise. En témoigne notamment un remarquable paysage marin de Claude Monet, Voiliers en mer (1868), où le pinceau du grand impressionniste traduit la vitesse des bateaux toutes voiles dehors. On pourra contempler plusieurs toiles de Félix Vallotton, notamment Vases à Honfleur (1917), qui rend magnifiquement l’atmosphère de ce port normand à marée basse. La collection comprend un ensemble particulièrement riche de dessins faits au doigt par Louis Soutter. Ce sont souvent des visages angoissés et des corps distordus. Une Crucifixion, réalisée entre 1937 et 1942, montre que Soutter, fortement marqué par son éducation protestante, s’est identifié, lui qui était interné contre son gré dans un asile à Ballaigues, à Celui qui à ses yeux incarnait l’innocence martyrisée.

La présence importante d’artistes fémininesSi les femmes sont assez peu présentes jusqu’au milieu du XIXe siècle, vu les tabous existants et le refus de les admettre dans les académies d’art, les artistes féminines s’affirment clairement aux XXe et XXIe siècles. La présentation actuelle de la collection permanente leur accorde une bonne place. Nous pensons notamment à Alice Bailly, dont la Femme à l’éventail de 1913 se

Jean Dubuffet, «Le précepteur»

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réfère au fauvisme, au cubisme et au futurisme. Mais la place des femmes est surtout importante au 2e étage, consacré aux avant-gardes, avec par exemple Miriam Cahn et Francine Simonin. De Jean Dubuffet, le découvreur de l’Art brut, on peut voir une peinture-sculpture représentant un personnage, Le précepteur, qui tend son index autoritaire. La sculpture (bronzes, pierre, bois) n’est en effet pas absente de la collection. Outre les classiques, comme Rodin ou Bourdelle, les visiteurs seront certainement impressionnés par les têtes géantes sculptées dans le bois par Kader Attia en 2014. Elles lui ont été inspirées par les photographies des « gueules cassées » de 1914-1918. Mentionnons enfin A occhi chiusi (2018), par Giuseppe Penone, un triptyque monumental dont la partie centrale est en marbre de Carrare, tandis que les deux panneaux extérieurs sont en acrylique sur bois dans lequel une multitude d’épines d’acacia forment un dessin tout en courbes. Le même artiste a réalisé le grand arbre en bronze aux feuilles dorées, Luce e ombra, aux réminiscences surréalistes, qui orne le hall d’entrée du musée et qui frappe immédiatement celle et celui qui y pénètrent.Voilà donc un périple personnel à travers ce premier échantillonnage de la collection. D’autres visiteurs feront probablement des choix différents. L’intérêt de cette présentation est qu’elle peut répondre à des goûts variés. À ne pas manquer donc !

Pierre Jeanneret

« La collection », Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne, rouvert depuis le 12 mai 2020. Entrée gratuite.

Corseaux expose les aquarelles vénitiennes d’Italo De Grandi

La maison qui abrite L’Atelier De Grandi, dédié à Italo et Vincent, deux frères peintres, est en soi intéressante. Avec ses formes pures et géométriques, elle constitue un exemple marquant d’architecture contemporaine sur la Riviera vaudoise. Elle fut construite en 1939 pour Italo, comme atelier et logement, par le célèbre architecte d’avant-garde Alberto Sartoris, un disciple de Le Corbusier.L’exposition tem-poraire actuelle est entièrement consacrée aux aquarelles véni-tiennes qu’Italo De Grandi (1912-1988) réalisa entre 1977 et 1987, soit dans la dernière décennie de sa vie. Il n’avait com-mencé à peindre à l’aquarelle que sur le tard, dès 1968, sur les conseils de son ami Gérard de Palézieux. L’artiste séjournait Italo De Grandi, Pont, Riva degli Schiavoni

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chaque année à Venise, non pendant les mois estivaux d’afflux touristique, mais en janvier et février, et y travaillait toujours sur le motif.La Venise d’Italo De Grandi est donc une cité des ciels voilés et pâles. S’étend alors sur la ville « une gaze de brume azurée », comme l’écrivait Rodolphe Töpffer. Avec beaucoup de délicatesse, l’artiste a su rendre les différentes nuances de l’eau, tant celle des canaux que de la lagune, du bleu intense au bleu pâle et au gris. Son œuvre est résolument figurative. Elle illustre donc des lieux précis, tels l’église San Giorgio Maggiore, la

Dogana ou la Giudecca. Les visiteurs qui connaissent la Cité des Doges auront du plaisir à les reconnaître. Mais rien à voir avec les chromos pour touristes exécutés à la chaîne et vendus sur la place Saint-Marc ! Les cadrages d’Italo De Grandi sont souvent originaux. Il peint volontiers des détails : ponts, arcades, éléments de façade. Mais aussi de larges vues générales, ainsi celle que

Italo De Grandi, San Giogio Maggiore et gondoles

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l’on peut avoir en arrivant à Venise en bateau, ou encore l’ensemble de la lagune avec au loin le Lido. Comme il sied à la saison hivernale, les couleurs sont rarement vives, mais au contraire atténuées, pâles, ce qui confère à la Venise d’Italo une poésie particulière. Notons enfin que l’exposition a été placée sous le signe du rapport entre la peinture et la littérature dans l’évocation de Venise. Des citations ont donc été placées en regard des tableaux. Comme celle de Jean Cocteau qui a écrit : « Je connais un pays étrange où les lions volent [allusion aux multiples statues de lions, animal symbole de la ville de Venise] et où marchent les pigeons. »Rendons aussi hommage à la qualité exceptionnelle du catalogue. Outre ses belles reproductions des œuvres, il propose une série de textes éclairants. On y trouve une synthèse remarquable sur l’histoire de l’aquarelle, longtemps considérée à tort comme un genre « mineur », mais particulièrement appréciée des peintres anglais comme William Turner. Elle convenait particulièrement bien aux peintres voyageurs faisant leur Grand Tour qui les menait jusqu’en Italie. Cette contribution est excellemment complétée par celle consacrée à la technique de l’aquarelle. Un autre spécialiste de l’art analyse avec perspicacité une série d’œuvres vénitiennes d’Italo. À leur propos, il parle d’« une brume tendre, une opalescence vaporeuse et humide ». Il est question aussi des rapports étroits entre Venise et les écrivains, particulièrement chez Marcel Proust et Paul Morand. Comme Italo De Grandi a peint surtout des bâtiments, un texte traite l’apport particulièrement important de Venise à l’architecture, à travers Vasari, Palladio ou encore Viollet-le-Duc. Relevons le fait que tous ces textes sont rédigés dans une langue claire et précise, sans jargon pour initiés, et sont donc facilement abordables pour le grand public auquel ils s’adressent. Disons enfin que l’exposition vénitienne se prête bien à une sortie de section de l’AVIVO.

Pierre Jeanneret

« Italo De Grandi. Venise. Aquarelles », Atelier De Grandi, chemin d’Entre-deux-Villes 7, 1802 Corseaux/Vevey, du jeudi au dimanche de 13h30 à 18 h, jusqu’au 8 novembre 2020. Entrée : Plein tarif Fr. 12.- ; retraités Fr. 10.-

Ni Fous, Ni Morts

(A propos du livre présenté dans Le Courrier de l'AVIVO n° 3)Mardi 8 septembre à 19 h à Pôle Sud, LausannePrésentation, table ronde et discussion organisées par l’association El Periscopio autour du livre « Ni fous, ni morts », formidable témoignage de la lutte collective des ex-détenus politiques de la Prison de Coronda en Argentine contre l’injustice et l’arbitraire il y a plus de 40 ans, témoignage de victoire de l’humain sur la folie et la mort. Victoire rendue possible par une lutte collective de tous les instants contre l’injustice et l’arbitraire. La version originale de l’ouvrage a connu un grand retentissement en Argentine.

Italo De Grandi, La Guidecca, San Redentore

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Charlotte et Gaston

La jeune membre

Pour nous réconcilier, Gaston m’a invitée dans mon tea-room préféré. J’apprécie le geste.Finalement, comme vous savez le faire aussi, chères lectrices et lecteurs, nous avons pu mettre en balance nos arguments et sommes convenus qu’il y avait encore de quoi améliorer le fonctionnement de notre système de retraites.

Donc, par ce beau jour lumineux, nous nous sommes rendus aux Trois Biscuits pour y savourer des petits gâteaux salés et sucrés. Un vrai régal.Nous y avons rencontré une nouvelle connaissance de l’AVIVO, jeune quinquagénaire de son état.

– Je suis veuve depuis peu et je peux vous dire que c’est dur.– Je vous comprends, ai-je répondu. Heureusement que vous nous avez rejoints à l’AVIVO.

Image de rando tirée de https://michel-lesrandosdulundi.blogspot.com/2013/06/randonnees-du-lundi-24-juin-2013_24.html

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– On dit pourtant que l’AVIVO c’est pour les vieux renchérit malicieusement Gaston– Oh, ce qui compte, nous dit-elle, c’est la jeunesse du cœur. Même si ça prend du temps de traverser sa timidité et d’oser enfin se confier aux autres on finit par trouver des amitiés, et même une âme sœur dans mon cas.– Si vite ? Dis-je.– J’ai moi aussi été surprise, mais la vie est comme ça. Je croyais que tout serait fermé à jamais et puis je me suis fait une amie, une vraie sur qui je peux compter. Et pour qui je donnerai tout !– J’ai aussi une telle amie, dit Gaston en me regardant du coin de l’œil.– Il y a tellement à dire lorsqu’un compagnon de toute une vie vous quitte. Et c’était si brusque, si vite arrivé. Sans prévenir.– Et vous vous êtes retrouvée seule du jour au lendemain ?– Et complètement perdue. Mon émotion envahissait tout. Je ne savais plus rien faire.– Comment avez-vous fait alors ?– Je n’ai rien fait. J’étais comme hallucinée. C’est ma voisine du dessus, une toute petite vieille dame qui est descendue me voir un soir. Nous étions là toutes bêtes l’une en face de l’autre. Aucune de nous deux ne savait quoi dire. Alors elle a enfin pris la parole et m’a dit : – « Demain, je vous emmène à l’AVIVO ». Puis elle est remontée se coucher. Je la vois encore qui montait les marches une à une, si lentement. Rien que cette image me donne du courage aujourd’hui : faire un pas après l’autre. Difficilement, lentement, sans s’arrêter. Jusqu’au but.– Et le but du lendemain c’était l’AVIVO…– Trop simple. Non. Le lendemain, c’est moi qui l’accompagnais à l’hôpital. Elle y est restée deux semaines pour une pneumonie. C’est là-bas, dans la salle d’attente que j’y ai vu un Courrier de l’AVIVO et que je me suis souvenue de ses paroles. En effet, l’association avait l’air sympathique. J’y suis allée et je dois dire qu’ils m’ont bien remise sur pied. Tant moralement qu’administrativement !En sortant ce soir-là regarder le clair de lune

j’ai beaucoup pensé à l’amitié. Gaston aussi je crois.

Signé Charlotte

PS: Dans les situations de détresse, quel que soit votre âge, vous pouvez venir consulter l’AVIVO. Ce n’est vraiment pas que pour les vieux. Et puis vous pouvez aussi venir y faire du bénévolat. Cela aussi convient à toute période de la vie !

Pour contacter le bureau d’information sociale (BIS) appelez le 021 320 53 93.Si vous habitez Lausanne, contactez directement la section au 021 312 06 54Et pour Orbe, le 079 860 60 62.

Monique Jacot, Paysannes au champs1984-1989

©Musée de l’Elysée, Lausanne et Fondation Suisse pour la Photographie, Winterthur

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24 4/2020 Publireportage

L’autonomie au quotidien

Accomplir les tâches quotidiennes représente un enjeu majeur pour les personnes qui ont besoin de soins et d’assistance. Pouvoir continuer à vivre chez soi est leur vœu. L’évolution de leurs conditions de vie les oblige à modifier leurs habitudes et à réorganiser leur quotidien. Mais sachez que vous n’êtes pas seul(e).

Soins et assistance par un seul prestataireSpitex pour la Ville et la Campagne s’est spécialisé au fil des années dans la prestation de services extra-hospitaliers qui vous soulagent et vous soutiennent. Par une assistance ponctuelle, à horaires convenus et toujours assurée par une équipe identique, nous créons un environnement qui soulage et épaule notre client(e) ainsi que ses proches. Avec confiance, compétence, adaptation à leurs besoins – pour que les personnes dont nous nous occupons puissent rester chez elles le plus longtemps possible.

Maintenir un sentiment de normalitéQue ce soit dans les soins, dans l’assistance au quotidien ou dans l’aide au ménage – nous sommes à vos côtés 24h/24 malgré le coronavirus, sans aucune restriction et avec des mesures d'hygiène étendues. À l’heure actuelle,

nos collaboratrices et collaborateurs sont souvent le seul contact humain qu’ont nos client(e)s. Ils ne se contentent donc pas de les soigner et de les assister, mais veillent également à préserver les belles petites choses de la vie quotidienne.

Notre équipe est là pour vous répondre à toutes vos questions. Convenez d'un entretien gratuit et sans engagement.

Spitex pour la Ville et la Campagne SA | Filiale VaudAvenue des Baumettes 3 | 1020 Renens | 021 311 19 20 | [email protected]

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254/2020

Chères Lectrices et Chers Lecteurs,Vous trouvez dans l’exemplaire du Courrier de l'AVIVO que vous tenez dans les mains un bulletin de versement. Comme à l’accoutumée il s’agit de NOTRE APPEL À DONS.Cet étrange début d’année a bouleversé bien des choses dans nos vies à tous et si votre bimestriel a pu amortir un premier choc de perte de publicité, il commence à rencontrer des difficultés plus sérieuses.Nous serons donc plus que jamais reconnaissants à celles et ceux qui nous apporteront leur soutien. Nous faisons tout notre possible pour réduire les dépenses au minimum et remercions déjà l’imprimerie de rendre le Courrier de l'AVIVO plus agréable en offrant davantage de pages en couleurs aux mêmes conditions. Nous espérons ainsi attirer davantage d’annonceurs.Nous vous remercions donc pour l’apport si appréciable de vos dons, de quelque montant soient-ils, chacun selon ses moyens et recevons avec chaleur la reconnaissance que vous témoignez à notre équipe rédactionnelle.Toute l’équipe du Courrier de l’AVIVO vous souhaite le meilleur !

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Billet de l'administrateur

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26 4/2020

Blouse blanche - trajet de vie

Caroline, la lutte perpétuelle

Ma première rencontre avec Caroline a eu lieu au CHUV en 1997. Elle arrivait de l’Hôpital de La Chaux-de-Fonds souffrant d’une insuffisance rénale sévère qui nécessitait un traitement d’hémodialyse immédiat1. L’origine de cette insuffisance rénale s’est rapidement révélée être un lupus érythémateux disséminé2. Le parcours de Caroline sera dès lors marqué par une série de complications extrêmes auxquelles elle saura toujours faire front avec un courage et une détermination hors du commun. Pour vous présenter ce trajet de vie exceptionnel, j’ai repris avec Caroline les différentes étapes de son combat. Je sais qu’elle adore la cuisine indienne. Je l’ai invitée dans un petit restaurant indien et je l’ai écoutée !

Jean-Pierre Guignard : Te souviens-tu, Caroline, de tes premiers ennuis de santé ?

Caroline : Oui bien sûr ! J’avais 15 ans et vivais à La Chaux-de-Fonds une vie insouciante d’adolescente, auprès de ma maman et mes deux sœurs Mélanie et Prune, quand tout a commencé. D’abord par une otite, puis un visage qui gonfle. Mon médecin traitant a tout de suite réalisé qu’il se passait quelque chose de bizarre. Une prise de sang, et voilà qu’on découvre que je souffre d’une insuffisance rénale sévère. Je dois immédiatement descendre au CHUV pour un traitement d’hémodialyse chronique. Il y sera effectué pendant 6 semaines, avant d’être poursuivi pendant 6 mois à l’Hôpital de La Chaux-de-Fonds. Je m’adapte assez bien à ce traitement de 3 séances de 3 à 4 heures par semaine. Je reprends bien sûr l’école, et je pense à la greffe, mais je ne voulais pas qu’on prenne un rein de ma mère. Et puis nous avons discuté vous et moi, et vous m’avez présenté Miguel et Fabrice, qui venaient de recevoir un rein de leur mère. J’ai changé d’avis.

JPG : Et c’est le 24 mars 1998 qu’aura lieu cette greffe au CHUV, grâce au don de l’un de ses reins par ta maman !

Caroline : Oui, un cadeau extraordinaire. Après quelques difficultés liées à des fuites au niveau de l’implantation de l’uretère, les brèches sont colmatées et c’est parti. C’est à ce moment que je commence à vous donner du fil à retordre ! Vous vous souvenez ? La cortisone que vous m’aviez prescrite pour lutter contre le rejet du rein et contre le lupus, faisait affreusement gonfler mon visage3. Je vous demandais sans arrêt de diminuer les doses. « Pas si vite, pas si vite, me disiez-vous, on va mettre la vie du rein greffé en danger ». Chaque consultation consistait en une longue négociation. Moi pour diminuer les doses de cortisone. Vous pour ne pas aller trop vite, afin de ne pas menacer la survie du greffon. Petit à petit, j’ai quand même réussi à grignoter quelques milligrammes…

Caroline en voyage

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274/2020

JPG : Et c’est à ce moment qu’est survenu un nouveau problème qui a mis fin momentanément aux négociations !

Caroline : En effet, début 1999, lors d’un week-end en famille à Paris, j’ai ressenti une impression bizarre sur la face. Quand je discutais avec ma sœur, elle me disait : « arrête ce sourire sarcastique ». Je me suis regardée dans un miroir et j’ai vu que je ne souriais que d’un côté, avec un œil grand ouvert. Je suis rentrée en Suisse, où l’on a diagnostiqué une paralysie faciale unilatérale4. Examens radiologiques, IRM, prises de sang, et le diagnostic tombe : granulomatose lymphomatoïde cérébrale5. J’ai tout de suite vu que ce diagnostic ne vous faisait pas tellement plaisir…

JPG : Pas du tout, même ! Tous mes collègues oncologues du CHUV étaient d’avis qu’il fallait immédiatement arrêter le traitement anti-rejet (cortisone et immunosuppresseurs) si l’on voulait te sauver, quitte à perdre le rein. Mais je n’arrivais pas à m’y résoudre. Je me suis alors souvenu d’un brillant immunologue que j’avais rencontré à Londres quelques années auparavant. Je lui ai téléphoné longuement : son conseil était de ne rien précipiter, de diminuer lentement le traitement anti-rejet, et de suivre minutieusement la fonction du rein greffé. C’est ce que nous avons fait, avec l’impression de marcher pendant des mois sur une lame de rasoir.

Caroline : je me souviens bien de cette période à haut risque. J’espérais tellement qu’on puisse sauver mon rein, et surtout qu’on puisse le faire en diminuant encore la cortisone !

JPG : Oui, on l’a sauvé, tandis que l’IRM montrait une diminution progressive de la granulomatose cérébrale. Il est malheureusement resté une séquelle qui a nécessité des années de rééducation : la paralysie faciale ! À force de volonté et de physiothérapie, tu as bien récupéré. Et puis, 10 ans après la granulomatose cérébrale,

nouveau coup d’assommoir : le lymphome de Burkitt6 !

Caroline : Je ne sais pas si c’était un coup d’assommoir, mais en tout cas ça m’a rappelé que rien n’était jamais acquis. Après une longue période sans trop d’ennuis, vers la fin de l’année 2008, j’ai commencé à vomir sans arrêt, à avoir mal partout, à la tête, au ventre, aux hanches. Je me disais que c’était peut-être parce que je portais souvent des enfants sur le côté. J’ai fini par me rendre aux urgences du CHUV, et j’y suis restée six semaines. On m’a passé au scanner. Au PET scan7, ça s’allumait partout, dans le ventre, dans le foie, dans l’hypophyse. « Vous vous allumez comme un sapin de Noël », m’a dit la jeune oncologue très mignonne qui s’occupait de moi. Je lui dis : « je vais mourir ? ». Elle me répond : « je n’en sais rien ! ». J’ai bien aimé cette oncologue au CHUV. Elle était très directe. Finalement, le diagnostic est posé : lymphome de Burkitt. Traitement : radiothérapie, hydrocortisone, chimiothérapie, c’est-à-dire méthotrexate, vincristine, rituximab… tout en continuant les médicaments anti-rejet. Enfin, je m’en suis sortie, et je suis là, contente de vous revoir.

Brossage de dents en famille en 1988

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294/2020

JPG : Quelle aventure ! Tu es sûre de n’avoir rien oublié ?

Caroline : Oui quelques babioles ! Une hypertension artérielle, une hospitalisation pour grippe H1N1 sévère en décembre 2009. Et pour finir l’opération d’un goitre volumineux en 20148. On m’a enlevé la thyroïde et je suis maintenant sous substitution de thyroxine.

JPG : Peux-tu nous rappeler comment tu as pu poursuivre tes études professionnelles malgré toutes ces embûches de santé ?

Caroline : En 4e secondaire, j’ai dû arrêter l’école une première fois à cause de mon lupus, et l’interrompre à nouveau un peu plus tard à cause de la granulomatose. J’ai eu des cours à domicile, suis entrée au lycée et j’ai eu mon bac en 2001. Je suis allée à l’Université de Fribourg pour me former en pédagogie curative. Après plusieurs interruptions de mon cursus en raison de mes diverses complications, j’ai finalement obtenu mon diplôme d’éducatrice de l’enfance en 2011. J’ai alors commencé un travail d’éducatrice sociale dans un foyer d’accueil pour enfants de moins de six ans placés dans l’institution sur mandat de Justice. Ce travail me passionne. Bref, comme vous le voyez, je vais bien et je vis normalement.

JPG : Qu’entends-tu par vivre normalement ?

Caroline : Eh bien, je suis indépendante, j’ai mon appartement, j’ai un compagnon, des

amis, une famille très soudée, je travaille, je respecte les restrictions dues au coronavirus ! J’ai aussi un petit job de projectionniste au centre de culture ABC à La Chaux-de-Fonds depuis 2010. J’aime beaucoup ce travail… Enfin j’adore voyager, et j’ai pas mal bourlingué : Argentine, Pérou, Cuba, Cap-Vert, Açores, Norvège, Finlande, Islande, USA, Canada, Japon, Mongolie, Pologne, Croatie, Espagne, île de Malte !

JPG : C’est un bon début, en effet ! Tu me raconteras ! À bientôt !

Dr Jean-Pierre Guignard

Glossaire :1 Traitement d’hémodialyse : épuration du sang

au moyen d’un rein artificiel (filtre de dialyse) permettant d’extraire les toxines normalement éliminées par les reins. Ce traitement est effectué 3 fois par semaine pendant 3 à 4 heures.

2 Lupus érythémateux disséminé : maladie auto-immune où le système immunitaire s’attaque aux tissus conjonctifs de l’organisme. Les manifestations sont très variables et peuvent toucher les articulations, la peau, les poumons, les reins et le système nerveux central. Le traitement comprend l’administration de corticoïdes, d’antipaludéens (hydroxychloroquine) et d’immunosuppresseurs.

3 Cortisone : Hormone synthétisée par les glandes surrénales. Administrée à haute dose sous forme de médicament, la cortisone est un puissant agent anti-inflammatoire. Ce sont le plus souvent des dérivés de la cortisone qui sont utilisés : prednisone ou dexaméthasone.

4 Paralysie faciale : paralysie des muscles de la face par atteinte du nerf facial. L’atteinte peut être partielle ou totale, uni- ou bilatérale. Les causes sont variables.

5 Granulomatose lymphomatoïde : tumeur cancéreuse se manifestant sous forme de granulomes disséminés. La localisation est variable.

6 Syndrome de Burkitt : tumeur cancéreuse provenant de la prolifération de globules blancs lymphoïdes de type B. Sa localisation est très variable.

7 PET scan : examen utilisant des isotopes légèrement radioactifs qui, après injection, se fixent dans la tumeur où leur présence peut être facilement détectée par un compteur de radiations.

8 Goitre : Grossissement anormal de la glande thyroïde située sous la pomme d’Adam. Un goitre peut être bénin ou plus rarement cancéreux.

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Blouse blanche et encre noire

Le lupus érythémateux systémique

L’histoire de Caroline illustre une forme particulière de cette maladie compliquée nommée lupus érythémateux systémique (LES). Que cache donc cette dénomination mystérieuse ? La maladie tire son nom de « lupus », le loup en latin, le qualificatif « érythémateux » désignant la couleur rougeâtre de la peau atteinte, et l’adjectif

systémique indiquant que la maladie atteint plusieurs organes. Il s’agit donc d’une maladie générale, se reconnaissant facilement au masque rougeâtre en forme de loup ou d’ailes de papillon (Fig.). Le LES se présente sous des formes très variables, touchant essentiellement la peau, ou pouvant au contraire se manifester au niveau de différents organes : les articulations, les reins, le cœur, le cerveau, les poumons. La maladie est chronique, et évolue souvent par poussées. Les complications graves sont fréquentes, et le traitement vise à en atténuer les effets. Le LES est une maladie auto-immune, ce qui signifie que la personne atteinte fabrique des anticorps qui s’attaquent à ses propres cellules. Ces anticorps se fixent sur le tissu conjonctif, très riche en fibres de collagène, qui emballe et soutient en quelque

sorte les différents organes.Les victimes du lupus : la maladie est rare, touchant environ une personne sur 2000. Les femmes sont beaucoup plus souvent atteintes que les hommes dans une proportion de 9 à 1, et les personnes à peau noire plus souvent que les personnes à peau blanche.La maladie est rarissime dans l’enfance, et touche de préférence les jeunes femmes de 20 à 30 ans.

Origines du lupus érythémateux : elles sont très variées, comme le sont les symptômes. Un dérèglement des défenses immunitaires est présent mais reste mal compris. Des facteurs génétiques ont été incriminés. Certains médicaments, et parmi eux des antibiotiques, des antituberculeux, des hypotenseurs et des antiépileptiques, peuvent déclencher des réactions de type lupus érythémateux. Il en est de même des rayons ultraviolets du soleil, des contraceptifs à base d’œstrogènes, du tabac et du virus de la mononucléose. Ces formes de lupus induites par un agent extérieur guérissent rapidement à l’arrêt du médicament responsable, mais la présence d’auto-anticorps peut persister pendant plusieurs mois, voire des années. Une forme spéciale de lupus est celle qui touche les nouveau-nés de mère elle-même atteinte de lupus. Dans cette forme de lupus néonatal, les anticorps transmis par la mère sont responsables du lupus. L’évolution postnatale est en général favorable, mais une atteinte cardiaque doit être systématiquement recherchée en cours de grossesse.

Les symptômes : très divers, ils vont de lésions cutanées discrètes à une atteinte sévère de la peau, à des œdèmes importants des membres inférieurs, à des ulcérations dans la bouche et le pharynx, à des atteintes articulaires (arthrite) et neurologiques (convulsions, psychose), ou une atteinte des reins (glomérulonéphrite) pouvant conduire à une insuffisance rénale

Jeune fille touchée par le lupus

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irréversible. Ces symptômes sont parfois exacerbés par des facteurs externes tels que l’exposition au soleil.

Les examens de laboratoire : Les examens sanguins permettent de préciser le diagnostic. Ils révèlent la présence d’une anémie, d’une diminution des globules blancs et des plaquettes, d’une élévation des auto-anticorps ou anticorps nucléaires. Une biopsie de la peau ou des reins (en cas d’atteinte rénale) confirmera le diagnostic.

Le traitement : il vise à atténuer les symptômes articulaires douloureux par l’administration d’agents anti-inflammatoires, et les atteintes neurologiques, rénales, ou cardiaques par l’administration de cortisone ou de ses dérivés, et de fluidifiants du sang pour diminuer le risque de thrombose. Les formes graves de lupus articulaire sont traitées par l’hydroxychloroquine1 (quand les adeptes du Prof. Raoult craignant le coronavirus n’ont pas épuisé les réserves !), ou par des agents plus puissants du groupe des immunosuppresseurs2. Lorsque l’insuffisance rénale est sévère, un traitement de dialyse est institué, en attendant une greffe rénale.

La participation du patient : plus encore que dans d’autres pathologies, la coopération du patient est essentielle dans cette lutte difficile contre cette maladie. L’histoire de Caroline est à ce titre exemplaire. Sans sa compréhension précise de la maladie, son adhérence sans faille aux traitements prescrits (après des négociations parfois interminables…), et sa volonté inébranlable de faire front aux difficultés, Caroline ne serait pas sortie victorieuse de sa longue lutte contre le destin !Et pour terminer, un peu d’histoire : Le lupus a probablement accompagné de tout temps l’homo sapiens. Une momie de jeune fille de 14 ans, datant de 890 ans av. J.-C. et conservée au Musée des Incas du Pérou à Lima, a révélé la présence d’une alopécie, d’une pleurésie, d’une péricardite et d’une néphrite indiquant une mort des suites d’un lupus érythémateux systémique. Hippocrate (460-475) a décrit chez certains de ses patients des

ulcérations de la peau compatibles avec le diagnostic de lupus cutané. Il faudra attendre 1790 pour q u ’a p p a r a i s s e la première c l a s s i f i c a t i o n des maladies de la peau où une place distincte est réservée au lupus, avec de nombreuses illustrations en couleur dessinées à la main. À cette époque, le traitement du lupus fait essentiellement appel à des produits tels l’arsenic, le chlorure de zinc, le nitrate de mercure, les sels d’or. La quinine3 et l’aspirine sont utilisées dès le début du XXe siècle, la cortisone dès les années 1930-40, l’hydroxychloroquine et des immunosuppresseurs de plus en plus spécifiques dès le début des années 1950. La découverte à la fin du XXe siècle que le lupus érythémateux systémique est une maladie auto-immune qui atteint divers organes a permis d’élaborer des protocoles de thérapie de plus en plus efficaces et de mieux en mieux ciblés. L’aspect autrefois terrifiant du lupus est en train de changer. Enfin !

Dr Jean-Pierre Guignard

Glossaire1 Hydroxychloroquine : médicament aux propriétés

anti-inflammatoires et immunomodulatrices dérivé de la quinine, utilisé dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde et du lupus érythémateux systémique.

2 Agents immunosuppresseurs : médicaments capables d’inhiber l’activité du système immunitaire. Ils sont utilisés pour prévenir le rejet de greffe d’organes ou pour traiter les maladies auto-immunes. Quelques exemples : azathioprine, cyclophosphamide, acide mycophénolique, méthotrexate, rituximab, etc.

3 Quinine : alcaloïde naturel aux propriétés analgésiques, antipyrétiques et surtout antipaludiques. Ce sont des dérivés de la quinine qui sont le plus souvent utilisés : chloroquine, hydroxychloroquine, primaquine.

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32 4/2020

Avec nos sections

En raison des mesures sanitaires liées à la pandémie du coronavirus, les sections ont suspendus ou supprimés toutes les activités récréatives. C'est pourquoi vous ne trouvez pas dans ce numéro de reflets des animations et sorties qu'elles organisent ordinairement. Toutefois certaines de ces activités reprennent progressivement.Vous trouverez les informations utiles à travers les courriers qui vous sont adressés directement par vos comités de section ou sur le site internet de l'AVIVO Vaud, rubrique sections.

Nos condoléances, au nom du comité et de tous les membres de la section, ont été adressées à la famille durement touchée par cette double perte.

Et ce mercredi 8 juillet, nous avons reçu la triste nouvelle du décès de notre ami Gilbert Dutruy,

après une courte h o s p i t a l i s a t i o n . Gilbert était engagé au sein du comité en tant que caissier de la section depuis quelques années, et apportait à nos séances sa rigueur et son expérience dans

Section de Vevey et environs

A nos chères et chers membres,Peu après notre belle Journée de Fête de fin janvier relatée dans le n° 2 de ce Courrier de l'AVIVO, la crise du Coronavirus a éclaté et nous a brusquement arrêtés dans l'organisation des activités de cette première partie de l'année. Notre Assemblée générale, fixée au 24 avril 2020, n'a bien entendu pas pu avoir lieu, pas plus que les sorties imaginées pour ce printemps et ce début d'été.Mais le comité s'est concerté durant cette période pour imaginer des activités dès le mois de septembre prochain, si les contraintes sanitaires nous le permettent. Une nouvelle date pour notre Assemblée générale doit être fixée, ainsi que notre traditionnelle excursion « Brisolée » et peut-être d'autres sorties encore avant la fin de l'année.

La section durement touchée

En janvier dernier, nous apprenions le décès de M. Robert Deriaz, très engagé dans l'animation de la section de l'AVIVO de Vevey et environs durant de nombreuses années. Un bref hommage avait pu lui être rendu lors de la

Journée de Fête du 26 janvier 2020. Peu après, nous avons appris le décès de son épouse, Mme Jacqueline Deriaz,

ancienne présidente de la section durant un tiers de siècle, et dont les compétences professionnelles et les efforts incessants

ont beaucoup contribué au renom de l'AVIVO dans la Riviera.

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334/2020

AVIVO Vaud : adresses des sections

Section du Chablais VaudoisAnne-Marie OgiRoute d'Aigle 8, 1880 BexTél. 024 463 29 04 ou 079 457 70 38Courriel : [email protected].

Section de LausannePlace Chauderon 3, 1003 LausanneAdministration : Tél. 021 312 06 54Courriel : [email protected] social : Tél. 021 312 06 54Courriel : [email protected].

Section de MorgesEric Voruz, présidentCh. de la Grosse-Pierre 11, 1110 [email protected]

Section de Nyon et environsSecrétariat : 90, Route de St-Cergue, 1260 NyonTél. 022 361 15 14 ou 022 361 52 70CCP 12-6386-7.

Section d'Orbe et environsCase postale 5, 1350 OrbeTél. permanence 079 860 60 62Courriel : [email protected].

Section de RenensCase postale 630, 1020 Renens,Tél. 021 636 40 33,Courriel [email protected].

Section de Sainte-CroixLuigi VanettaRue de la Promenade 11, 1450 Sainte-CroixTél. 024 454 45 65Courriel : [email protected].

Section de la Vallée de JouxBernard Walter, PrésidentRue Paul-Golay 16, 1341 l'OrientTél. 079 657 27 62.

Section de Vevey et environsCase postale 45, 1800 Vevey.

Section d'Yverdon-les-Bains et environsTél. 079 360 77 97Courriel : [email protected]

l'organisation de nos activités. Par sa fonction il avait un contact étroit avec de nombreux membres et ne manquait pas une sortie pour partager ces moments de convivialité avec chacune et chacun. Son brusque départ laisse un grand vide et nous adressons notre soutien à toute sa famille.

Pierre ButtyPrésident de la section

Plus de trente ans au service de l’AVIVOC’était une bosseuse, Jacqueline Deriaz, qui bien avant d’être à la retraite, a mis son temps libre à disposition de l’AVIVO, en premier lieu à la section de Vevey, pour soutenir les plus anciens et organiser sorties, conférences et loisirs. Elle s’est activée aussi à l’AVIVO Vaud en tant que membre du comité cantonal, en organisant chaque année la sortie à Servion chez Barnabé. Elle a aidé à la préparation du 50e, à développer le Courrier de l’AVIVO. Elle a aussi été membre active du bureau de l’AVIVO Suisse.Discrète et dévouée, elle n’a arrêté que lorsque, malgré le soutien de son époux Robert, elle a dû renoncer face à la maladie. Elle nous a quittés deux mois après Robert. On n’a pas pu leur dire ADIEU. Faisons-le aujourd’hui.Adieu et merci.

Suzanne Sisto-Zoller

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Actualités politiques

Retraites : la fable des trois piliers

AVS, LPP et troisième pilier, un trio boiteux qui ne colle pas avec les réalités socialesLe thème des retraites revient sur le devant de la scène. On n’en finit pas de lire que le système des trois piliers « a fait ses preuves ». On se demande bien lesquelles ?L’idée d’une prévoyance vieillesse fondée sur trois piliers a été lancée par le Conseil fédéral en 1964, il y a bientôt 60 ans. Ce modèle n’a pas tenu ses promesses.

1er pilier 2e pilier 3e pilier

Prévoyance étatique Prévoyance professionnelle Prévoyance privée

Obligatoire Facultatif

AVS et AI PC LPP et LAAPrévoyance

surobligatoireLiée (3a) Libre (3 b)

Responsabilité de l’ÉtatResponsabilité de

l’employeurResponsabilité individuelle

L’AVS ne remplit toujours pas le mandat constitutionnel de l’article 112 de la Constitution, elle ne couvre pas les besoins vitaux. Aussi, les prestations complémentaires sont-elles nécessaires pour s’approcher de cet objectif.Pour sa part, le deuxième pilier, ou prévoyance professionnelle communément dite LPP, ne permet qu’à une minorité de maintenir le niveau de vie antérieur. C’est une institution hautement inégalitaire, qui ne profite qu’aux salariées et salariés les mieux payés : les différences entre les rentes les plus élevées et les plus basses sont énormes. Elle est inaccessible ou insuffisante pour une grande part de la population, en particulier pour les personnes se trouvant au chômage en fin de parcours professionnel.Quant à l’épargne accumulée via le troisième pilier, elle reste anecdotique et réservée aux personnes ayant les moyens de mettre de l’argent de côté.

Prévoyance professionnelle et changements sociétauxLes partenaires sociaux ont élaboré un projet de réforme qui a fait l’objet d’une consultation. Dans son rapport, le Conseil fédéral note qu’il faut répondre à deux problèmes, soit l’allongement de l’espérance de vie et l’insuffisance du rendement des placements de la fortune de la prévoyance professionnelle. Mais examinons les failles de ce deuxième pilier basé sur l’accumulation de capitaux.La société a beaucoup changé en 35 ans. La prévoyance professionnelle aussi, mais pas de manière à répondre aux nouveaux défis.Ce deuxième pilier est fondé sur un modèle en voie de disparition : dans les années 1980, on pouvait encore imaginer, pour les hommes s’entend, une carrière sur 40 ans à temps plein, sans interruption et dans le même métier voire au service du même employeur, mais aussi vivant un seul mariage, pour toujours. Ceci ne reflète plus la réalité actuelle.Ce système n’est pas non plus adapté aux parcours professionnels des femmes tels qu’ils existent encore avec des interruptions, des reprises à temps partiel, pas forcément dans des postes correspondant aux qualifications – puisqu’à temps partiel, notamment. Il ne tient pas compte de la

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charge conséquente de travail non rémunéré qui est encore majoritairement portée par les femmes, par les mères, en particulier.Il n’offre qu’une protection aléatoire à qui navigue dans un monde du travail difficile et dont les carrières, quel que soit le niveau de formation, sont pour le moins chahutées.Enfin, il n’est pas adapté à la situation des jeunes qui peinent à trouver ne serait-ce qu’un stage sans rémunération et qui vont très certainement changer plusieurs fois de métier ou de statut au cours de leur vie : salarié peut-être, puis indépendant, puis salarié encore, au chômage…Pourtant, le Conseil fédéral ne remet aucunement en question les fondements du système. Pire, alors qu’il parle d’une réforme favorable aux femmes, il ne présente que des simulations basées sur le modèle typiquement masculin d’une carrière ininterrompue et à temps plein, modèle également dépassé pour les hommes.

Inégalitaire et opaqueLa prévoyance professionnelle creuse les inégalités. Les salariés hommes les mieux payés en profitent le plus : les rentes des assurés masculins ayant pris une préretraite sont une fois et demie plus élevées que celles versées à l’âge légal de la retraite. Elles sont même plus élevées que les rentes perçues après l’âge de la retraite !En outre, les salariés les mieux payés peuvent être assurés actuellement jusqu’à un salaire brut annuel de Fr. 853 200.-, ce qui leur offre des possibilités importantes de rachat, pour compenser des cotisations antérieures plus faibles, rachat permettant de substantielles réductions d’impôt.Le caractère inégalitaire du deuxième pilier transparaît également dans l’évolution des principes censés le gouverner, en particulier ceux de collectivité, d’égalité de traitement et de planification, énoncés par l’alinéa 3 du premier article de la loi.Dès le départ, il a été admis que les cadres pouvaient être affiliés à une institution plus généreuse que les autres salariés qui bénéficieraient uniquement de la prévoyance obligatoire. Pour un même employeur, il peut y avoir un plan de base pour le tout-venant, un meilleur plan pour les cadres moyens et un super, plan pour les dirigeants ou même davantage.En outre, une institution de prévoyance peut désormais offrir trois plans de retraite pour un même groupe d’employés et jusqu’à dix stratégies de placement différentes.Depuis toujours, on a vu les entreprises et les consultants, spécialistes de la rémunération des cadres, développer des trésors d’ingéniosité pour favoriser certaines catégories d’employés, tout en respectant dans la forme les principes énoncés par la loi. On va ainsi vers une individualisation de la prévoyance professionnelle.La gestion paritaire, employeurs et employés, des institutions de prévoyance est certes prévue

Monique Jacot, ABB, Turbines, Birr, Argovie, 1992©Musée de l’Elysée, Lausanne et Fondation Suisse pour la Photographie, Winterthur

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par la loi. Toutefois, la prévoyance professionnelle est une affaire si complexe qu’il faut une grande expertise pour en comprendre les finesses.Contrôler un décompte relève du parcours du combattant. De fait, il est rare que la représentation du personnel soit en mesure d’exercer sérieusement son mandat. Même les employeurs peuvent se trouver démunis face à cette complexité et cette opacité. Obtenir les états financiers d’une institution de prévoyance gérée par une société d’assurance est presque chose impossible.Au final, la prévoyance professionnelle est l’affaire des experts financiers et l’idée d’une gestion paritaire demeure une vision de l’esprit.

Plus inégalitaire pour les femmesLe fait que le niveau moyen de la rente des femmes ne représente que la moitié de celui des hommes révèle un problème structurel. Or le rapport du Conseil fédéral ignore ce problème.Environ 30 % des femmes ne gagnent pas suffisamment pour pouvoir cotiser au deuxième pilier. Une proportion qui ne va pas s’inverser avec le projet de réforme, puisque le seuil de revenu permettant de s’affilier reste inchangé.Selon les statistiques 2018 des caisses de pension, les rentes des femmes sont en moyenne presque inférieures de moitié à celles versées aux hommes. Cette inégalité n’est pas prête de se combler, car l’épargne accumulée moyenne des assurées actives ne représente encore que 61 % des capitaux accumulés en moyenne par les hommes.De ce fait, les simulations proposées ignorent totalement les spécificités des parcours professionnels féminins tels qu’ils existent encore actuellement. Par conséquent, les conclusions tirées quant aux bénéfices de la réforme pour les femmes sont biaisées. Au fait, quelle a été la proportion de femmes parmi les partenaires sociaux et l’administration qui ont élaboré ce projet ?Prétendre que le projet de réforme est conforme à la Constitution, tel que mentionné en page 47 du rapport, ou, deux pages plus loin, qu’il ne pose pas de problème au regard des conventions de l’ONU ratifiées par la Suisse, est une affirmation qui ignore l’ensemble des paramètres.Pérenniser et renforcer un système si peu en accord avec un principe constitutionnel central, aussi bien pour les hommes que pour les femmes, pose problème. Le modèle des trois piliers, basé sur une idée lancée il y a bientôt 60 ans, a fait son temps.

Danielle Axelroud Buchmann

Article paru dans Domaine public le 7 juin 2020. https://www.domainepublic.ch/articles/36810

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Révision de la loi sur l’énergie (LEne)

Acidus, Association citoyenne pour la défense du service public, dénonce la libéralisation du marché de l’électricité

Acidus estime que c’est encore un pas vers la privatisation du service public.3 avril 2020 : en pleine pandémie, alors que le projet de loi est à l’étude depuis 2007, et au mépris du peuple suisse qui a refusé la libéralisation de l’électricité en 2002, le Conseil fédéral décide de modifier la loi sur l’approvisionnement en électricité (LapEl). En complément, il propose une révision de la loi sur l’énergie (LEne), acceptée par les citoyens en 2017.Au vu de la brusque diminution de la consommation d’électricité pendant la pandémie, due à la réduction des transports publics et au ralentissement économique, il n’y avait pas urgence à légiférer. De plus, depuis 2007, la Suisse et l’Union européenne négocient un accord bilatéral sur l’électricité. Alors pourquoi cette décision soudaine ?

ObjectifsEn ouvrant le marché de l’électricité à tous les clients de Suisse, y compris aux ménages et aux petites entreprises (depuis 2009, les gros consommateurs, 10 000 kWh/an, peuvent choisir leurs fournisseurs), le projet du Conseil fédéral vise une libéralisation complète du marché, un renforcement de la production décentralisée, une plus grande sécurité d’approvisionnement et une meilleure intégration des énergies renouvelables dans le marché de l’électricité.Face à ces intentions qui au premier abord paraissent louables, Acidus a un sérieux doute.

L’électricité, un bien public !Les ressources énergétiques font partie de notre patrimoine commun. Nous devons donc traiter le marché de l’électricité comme l’air et l’eau : de manière à ce que chacun y ait accès à égalité. L’électricité est indispensable au fonctionnement de notre société, c’est pourquoi il appartient à l’État de veiller à en assurer l’approvisionnement et l’accès pour tous.Avec cette révision, le Conseil Fédéral veut instaurer une concurrence entre tous les producteurs, grands et petits. Or, les gros producteurs fournissent déjà un courant bon marché. Il y aura donc une distorsion de la concurrence.Le maintien des prix, en Suisse, sera-t-il garanti ? Rien de moins sûr. Dans les pays européens voisins qui ont totalement libéralisé l’électricité, les tarifs pour les ménages n’ont pas baissé, au contraire : ils ont plutôt augmenté. En Allemagne, par exemple, le prix du kWh a pratiquement doublé en vingt ans.Acidus craint que cette révision de loi n’empêche un contrôle démocratique et considère qu’un tel projet n’est envisageable que si son application reste entièrement sous contrôle de l’État.À l’heure où l’on prône des économies d’énergie, ce projet de loi favorisant la concurrence et une augmentation de la production est en contradiction avec la loi sur l’énergie votée en 2017 et avec la stratégie énergétique 2050, fondée sur la sortie du nucléaire et le développement des énergies renouvelables locales.Comment l’État pourra-t-il nous faire passer des énergies fossiles aux énergies renouvelables, passage qui nécessite des investissements importants ?Acidus se demande à qui et à quoi servira cette réforme. À qui profiteront les bénéfices ? Aux financiers ? Aux moyennes entreprises ? Aux gros producteurs ? Sûrement pas aux petits consommateurs… Une fois de plus, avec cette réforme, ce sont les gros producteurs d’énergie qui semblent sortir vainqueurs, de même que les gros consommateurs.

Acidus, Association citoyenne pour la défense des usagers du service public.www.acidus.ch

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Opinions

Après le coronavirus, sortir de l’anormal

De très nombreux intervenants (tes) envisagent de profiter de cette sortie de crise pour modifier sensiblement cette société qui fonce dans le mur. Ils, elles ne proposent que

des généralités. On peut rêver et suggérer une série de décisions pour construire une société normale, où nos enfants et petits-enfants pourront vivre et s’épanouir. En ce XXIe siècle, la civilisation est proche de l’effondrement. Je vous invite à rêver avec moi :

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1) Comme dans tous les pays du nord de l’Europe, la moitié des membres des conseils d’administration des entreprises, à partir de vingt employés, seront désignés par le personnel. Ainsi, une partie des bénéfices ne seront plus utilisés à manipuler l’opinion publique au profit des seuls actionnaires et la démocratie politique reprendra de la crédibilité. Les rémunérations s’approcheront du 1 à 12 récemment proposé. La corruption diminuera. Le personnel admettra plus facilement des efforts éventuels en cas de grandes difficultés économiques.

2) Les services publics seront prioritaires, mais l’économie privée sera encouragée et protégée des nombreuses lois paralysantes.

3) Les rémunérations mensuelles seront d’au minimum Fr. 4 000.-. À indexer.

4) Les services des ressources humaines seront interdits dans toutes les entreprises et remplacés par des services du personnel, lequel doit être considéré et pas exploité comme une marchandise.

5) Les bénéfices des entreprises et des privés seront imposés de manière progressive jusqu’à 80 % à partir d’un million comme aux USA pendant 40 ans et jusqu’en 1980. Ce million a été gagné par l’effort des autres et après cette importante ponction, il reste tout de même Fr. 200 000.- pour vivre confortablement.

6) Les contacts et échanges avec les institutions sises dans les paradis fiscaux ne pourront être admis qu’avec l’accord des autorités fiscales.

7) Le temps de travail sera limité à 6 heures par jour afin de combattre la surproduction de gadgets qui ne sont utiles qu’à la poubelle et à l’enrichissement des plus malins. Seront visés 30 heures par semaine comme en Norvège ou en Allemagne avec 1366 heures par année. En 1996 Jeremy Rifkin analysait déjà, avec les Français Rocard et Larrouturou « La fin du travail ». Il faut viser aussi la fin du chômage.

8) Ne travailler que le matin ou l’après-

midi de façon à ce qu’un couple puisse se répartir mieux les tâches ménagères et l’éducation des enfants : de 7 à 13 heures et de 13 à 19 heures. C’est le moyen le plus efficace pour casser le plafond de verre et arriver à l’égalité des sexes. (Présenté au CN en 1994 « Des 3X8 aux 4X6 »)

Imposer le kérosène comme le diesel et la benzine.

10) Interdire les vols réguliers de moins de 1000 kilomètres au profit du train.

11) Ne plus immatriculer de voitures individuelles qui ne soient pas électriques, à hydrogène ou au moins hybrides.

12) Taxer les camions étrangers qui traversent la Suisse de manière à ce que cela coûte plus cher que de mettre le camion (ou le container) sur le train.

13) Obliger la recherche en santé publique à utiliser les anciens remèdes ou anciennes molécules, non brevetables, à vérifier leur efficacité sur les nouvelles maladies. L’actuelle recherche ne vise qu’à trouver de nouvelles molécules ou vaccins pour en tirer pendant 20 ou 30 ans des bénéfices indécents, quitte à laisser mourir des gens pendant ces recherches de profits. La crise 2020 est très significative.

14) Tous les produits de l’industrie chimique proposés à l’agriculture seront interdits et cette agriculture sera largement soutenue financièrement pour compenser la diminution temporaire de la production, pour arrêter le déclin des insectes et des oiseaux et favoriser la pollinisation.

15) La Suisse devenue un paradis de justice, de démocratie, d’équité fiscale et sociale, il conviendra aussi de contrôler l’immigration. Notre petite superficie ne nous permettant pas un accueil illimité.

16) Pour beaucoup d’autres modifications parfaitement nécessaires, je vous invite à consulter les programmes des partis politiques.

On peut rêver. On peut agir. Merci à ceux qui le feront. Je suis trop vieux.

Pierre Aguet

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40 4/2020

Notre association a étéfondée en 1890.Son but (non lucratif):rendre moins coûteuxun mode de sépulturetoujours plus répandu.

Y adhérer à tout âge, c'est faciliterla tâche de ses proches lors du décès.

www.cremation-vd.ch

Tous renseignements peuvent être obtenus sans engagement auprès desmembres-délégués de chaque district, ou à la gérance:

1003 Lausanne, Caroline 1, téléphone 021 312 24 33, le matin

MARIO DELLI-PIZZI – LABORATOIRE DENTAIRERUE DE L'ALE 15 1003 LAUSANNE TÉL 021 323 67 15

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414/2020

À propos du coronavirus

Messages contradictoires et contrôle socialCe virus a envahi la planète. Il semble qu’on a tout dit sur le phénomène. Mais quand même : les messages que nous recevons des gens qui nous gouvernent ne sont pas toujours clairs et ils changent avec le temps, et aussi d’un pays ou d’une région à l’autre. On ne sait plus trop que croire.Il y a eu en particulier une énorme stigmatisation de la population âgée. Depuis, les choses se sont quelque peu tempérées.Et maintenant viennent les grandes incertitudes du déconfinement.En France, des départements classés vert (= problèmes de virus moindres) passent au rouge.Et puis en Espagne, on déconfine allègrement, alors qu’en France les mesures sont beaucoup plus restrictives. « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà », avait dit Blaise Pascal dans ses Pensées !Et viennent aussi les hypothèses d’une future deuxième vague : y en aura-t-il une, quand viendra-t-elle, quelle forme aura-t-elle ?Ce qu’on a déjà pu amplement remarquer, c’est à quel point on ne sait rien.Il y a pourtant une contradiction majeure dans tous les messages que nous recevons, et il me semble que c’est une chose qui n’est pas discutée ouvertement. Il y a un certain temps que je me pose sérieusement la question, et personne ne me donne de réponse.

C’est à propos du double discours suivant.D’une part on nous confine, aucune mesure n’est assez bonne dès qu’il s’agit de se protéger. Tout le monde connaît le sujet par cœur, c’est affiché partout dans les rues, et le masque est devenu le problème mondial numéro un. Et comme ça, on contient la pandémie, et comme ça, on protège la société.En même temps, on nous dit que pour être immunisé face au virus, il faut avoir été contaminé, et que tant qu’une majeure partie de la société n’aura pas été contaminée, la propagation du virus, ce raz-de-marée mondial, se poursuivra.Alors que faire ? Faut-il se protéger ou faut-il laisser le virus se répandre ?Il y a là une contradiction logique, et je cherche en vain la réponse.Alors ce qui est donné comme réponse miracle, c’est le vaccin. Mais là encore, que d’incertitudes !On en arrive à la question du contrôle social. Cela ne sont pas des fantaisies de quelques esprits perturbés, il n’est que se rappeler l’épisode des fiches où toute une partie de la population avait été espionnée en Suisse.Il a donc été décrété que pour pouvoir entrer dans un restaurant, il faudrait présenter son passeport. Avant qu’un spécialiste des questions constitutionnelles ne dise que ce n’était pas conforme à la Constitution. Et sur ce, les Autorités ont fait marche arrière.On se dit que ce raz-de-marée est une très bonne occasion pour les gouvernements, aussi pour nos systèmes démocratiques, de renforcer les contrôles sur la population. Avec les moyens technologiques existant aujourd’hui, il faut rester attentif et protéger son intimité autant que faire se peut.Les difficultés vont être grandes, en particulier pour beaucoup de salariés et d’indépendants, et sans doute qu’en moyenne les retraités connaissent moins de soucis. Il reste que pour tous, la vie suit son cours. Ensemble rendons-la aussi bonne que possible.

Bernard Walter

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Rencontre avec

Willie Anhorn

Président d’honneur de la Fondation NetAge, et fondateur de la structure d’appartements protégés de Pra Roman.

Les dilemmes de la fin de vie à domicilePour les personnes âgées, la fin de vie à domicile est une épreuve difficile et pose beaucoup de questions. Dans cet entretien, nous proposons d’aborder quelques-unes de ces questions, même si les situations peuvent varier d’une famille à l’autre, d’une personne à l’autre. Pour ce faire, nous sommes allés à la rencontre de Willie Anhorn pour aborder quelques-uns de ces dilemmes.

Patrick Ernst : Pour beaucoup de personnes âgées, et comme le relatent celles et ceux qui accompagnent la fin de vie à domicile, elle engendre beaucoup de souffrances. Selon vous, de quelle manière se ressentent ces souffrances ? Qu’est-ce qui vient en premier toucher les personnes qui vivent seules à domicile ?

Willie Anhorn : En prenant de l’âge, les personnes peuvent vite rencontrer des problèmes quotidiens. Alors qu’habituellement, elles tiennent leur ménage, ou fréquentent leurs amis ou encore mènent leurs affaires commerciales sans se rendre compte des contraintes que cela implique, avec l’âge tout devient plus compliqué. Le plus difficile pour la plupart d’entre elles, c’est de maintenir des liens avec les amis. Il arrive très souvent, surtout dans notre société, que ceux-ci ne soient pas forcément proches et que cela implique qu’elles doivent se déplacer en voiture ou en transports publics, soit parce que les amis habitent dans le village voisin, ou soit ailleurs dans le canton ou en Suisse. Alors avec l’âge, il devient plus difficile de maintenir sa mobilité : soit on ne conduit plus, soit-on ne veut plus se déplacer le soir parce que l’on a la vue qui baisse, ou encore soit parce que l’on a eu un accident et que l’on ne

veut plus prendre la voiture. Parfois, même les transports publics sont peu pratiques. Alors le cercle d’amis se réduit petit à petit. Au fond, c’est la perte d’appartenance qui conduit à prendre une décision ; la perte de la mobilité des personnes de sa génération qui fait que l’on se retrouve seul chez soi. Il y a aussi le fait d’habiter un grand appartement qui oblige à faire le ménage, le fait de la difficulté à se déplacer, d’habiter au 4e étage, qui fait que l’on se retrouve seul chez soi, isolé des autres. Tout cela crée un sentiment d’isolement qui crée le besoin de briser la solitude.

PE : Face au grand âge, qu’est-ce qui inquiète le plus les personnes âgées qui vivent à domicile ?

WA : Ce qui inquiète le plus les personnes âgées qui souhaitent vivre aujourd’hui dans une structure protégée, c’est la solitude qu’ils redoutent par rapport à cette phase ultime de la vie. Le questionnement principal porte le plus souvent sur la manière de recréer des liens avec des personnes qui se trouvent dans la même situation, face aux mêmes difficultés de la vie quotidienne. Dans notre mode de vie le plus répandu aujourd’hui, beaucoup de ces personnes vivent en appartement relativement isolées et développent au fil du temps, en plus des difficultés à accomplir les gestes de la vie quotidienne, une certaine anxiété qui peut péjorer la santé de ces personnes âgées. Aussi, ce qu’elles recherchent le plus souvent, c’est de recréer des liens avec des personnes qui partagent les mêmes soucis de la vie, les mêmes difficultés du quotidien, de façon à se sentir moins seules. En cela le constat est clair aujourd’hui : nous sommes dans une société beaucoup trop individualiste. Il y a bien à lutter pour sortir de l’isolement social de la vieillesse.

Rompre l’isolement dans une structure d’appartements protégésPE : La prise en charge des personnes âgées constitue aujourd’hui une préoccupation

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importante de notre société de longue vie. Comment en êtes-vous venu à fonder votre structure d’appartements protégés ?

WA : L’histoire de la structure des appartements protégés que j’ai fondée en 1999 avec quelques amis retraités commence avec un accident de ma mère : elle tombe dans sa cuisine et se casse le col du fémur. Des suites de cet accident, elle ne peut plus retourner chez elle et entre dans un établissement médico-social de la région lausannoise. Elle y reste pendant dix ans et meurt à 95 ans. Ce fut une période très pénible pour elle, ses enfants et toute la famille. Le cadre n’était pas adapté à ses capacités encore très vives. Alors je suis parti du constat qu’il manquait vraiment quelque chose entre le domicile et l’EMS. Et tout en m’inspirant du travail d’une femme qui se trouvait à la direction d’une Fondation et s’occupait des problèmes des personnes âgées en EMS, je me suis lancé avec un groupe d’amis et nous avons monté le projet des Maisons de Pra Roman à Lausanne. Le but de notre projet était d’offrir un endroit de vie étudié pour des personnes qui avancent en âge, libres de tout souci pour des années. Le projet a pris plusieurs années pour se réaliser. Aujourd’hui nous offrons une structure d’appartements protégés à proximité des transports publics et dans un écrin de verdure. Le projet se compose de huit maisons avec huit appartements par immeuble, de deux et trois pièces, complètement équipés et adaptés aux problèmes de mobilité réduite. Le tout étant étudié pour permettre le plus de facilité au niveau du ménage, de la lessive, des animations et autres activités. L’avantage de notre structure, c’est de pouvoir diminuer sa surface d’habitation avec moins de contraintes au niveau du ménage. Un autre avantage, c’est de n’avoir aucune contrainte architecturale pour faciliter les déplacements, l’accessibilité à la salle de bains, etc.

PE : Comment vivent vos résidents ?

WA : Dans notre structure, les locataires sont totalement libres et autonomes. Ils peuvent cuisiner à domicile ou recevoir des repas à

domicile, ils peuvent choisir les soins qu’ils souhaitent. Nous n’intervenons pas sur le plan médical. Les appartements protégés ne sont pas médicalisés, mais à la demande des personnes et en fonction de leurs besoins, les soins peuvent être fournis par l’extérieur, soit le CMS, soit des OSAD (organisation de soins à domicile privée). L’avantage du lieu, c’est de pouvoir présenter ces organisations à nos locataires comme des solutions intéressantes de soins. De plus, les locataires qui viennent ici ont accepté également de se défaire d’une partie de leurs affaires personnelles en ne venant qu’avec le strict nécessaire. Ce changement de vie constitue toujours un traumatisme, de la même manière qu’un déménagement n’est jamais facile à accepter à partir d’un grand âge. Mais ce « deuil » dure de quelques mois à une année et finit par être oublié, même si la perte des habitudes est toujours un moment douloureux à vivre. Alors beaucoup de personnes voudraient qu’on en fasse plus pour se substituer à ce qu’elles ont perdu. Puis, elles finissent par s’habituer et retrouvent une forme d’entraide entre résidents. Tout le monde se coordonne pour se porter secours au cas où quelque chose arriverait. Les gens s’entraident beaucoup, prennent des nouvelles quotidiennement, tiennent des registres pour savoir qui avertir en cas de problème. Le fait de retrouver des voisins qui sont à peu près là tout le temps et avec les mêmes soucis permet de recréer une proximité bienveillante.

PE : Quels sont les avantages d’une structure d’appartements protégés comme la vôtre ?

Monique Jacot, IPG Fashion Holding,Confection, Arzo, Tessin, 1993

©Musée de l’Elysée, Lausanne et Fondation Suisse pour la Photographie, Winterthur

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WA : L’avantage d’une structure comme la nôtre, c’est de pouvoir accueillir à peu près septante résidents, parmi lesquels il est facile de se recréer un groupe d’amis avec lesquels on a des affinités. En effet, notre espace de vie offre une salle commune de réception qui est à disposition contre la modique somme de Fr. 20.- pour organiser des fêtes de famille. Nous avons également un service d’animation pour amener la culture sur le lieu. Nous organisons régulièrement des jeux de société, des concerts de musique classique, des lectures, des repas à Noël ou le Premier de l’an, etc., et nous mettons à disposition un salon avec une bibliothèque. En général, trente personnes participent aux animations, alors cela suffit à créer une petite communauté qui vit ensemble, mais chacun séparé. Toutes les animations sont annoncées par courrier et adressées à chacun des résidents. La grosse différence avec des personnes qui restent en appartement en ville et qui perdent petit à petit les liens, c’est qu’ici on est assuré de vivre ensemble, de former une petite communauté. C’est un vrai changement face à l’inquiétude de la solitude.

La fin de vie comme un dilemme pour les famillesPE : La fin de vie est toujours un dilemme pour les familles. Est-ce un problème pour les résidents de votre structure ? Comment abordent-ils le problème de la fin de vie ?

WA : Il y a des résidents de notre structure qui me disent, par exemple, qu’il n’y a pas de problème, que tout est organisé, que les obsèques sont déjà organisées, que la liste des personnes à avertir est établie, que tout est finalement payé à l’avance, comme ça, les survivants n’auront pas à s’en préoccuper. Ça, c’est magnifique quand les gens s’organisent de cette façon et parlent ouvertement de la mort.Mais il y a encore beaucoup trop de situations où ce n’est pas vraiment le cas. Les personnes n’abordent pas la question de la mort, ne veulent pas en parler. Cela donne parfois des situations difficiles à gérer où l’on est parfois confronté au suicide des personnes. Mais le

plus dur, c’est quand les personnes souhaitent partir volontairement en fixant le moment de leur départ avec l’aide d’une assistance au suicide. Alors là, ça devient compliqué.J’ai l’exemple d’une dame qui vivait en EMS et était inscrite dans une association d’aide au suicide. Alors, un jour elle a fixé le délai de son départ avec cette association, et ensuite, quelque temps après, elle a commencé à annoncer son départ dans les couloirs de l’EMS jusqu’au jour où elle a alors crié dans les couloirs peu avant le délai fatidique : « Vendredi…, je pars…, au revoir… ». Alors là, ça a été très dur pour le personnel, parce que le personnel est là pour soulager les souffrances, pour aider les gens à vivre et pas à mourir. Aussi, c’est très dur à encaisser pour le personnel soignant. Car le personnel et les médecins sont là pour sauvegarder la vie des patients et pas le contraire.

PE : Comment se prend aujourd’hui la décision de partir volontairement avec une assistance au suicide ?

WA : En fait, le problème de la mort aujourd’hui tient à la décision individuelle. Les autres se demandent toujours pourquoi telle ou telle personne en est venue à prendre cette décision, qui est dans le cas du suicide assisté ou non, une décision complètement individuelle. Dans certains cas, les gens ne disent rien à l’entourage et partent avec une association d’aide au suicide. Alors on apprend seulement par la suite que la personne est partie avec l’aide d’une association. Ce sont souvent ces cas-là qui remuent beaucoup ceux qui restent, car ils se demandent toujours pourquoi telle ou telle personne a pris cette décision, comment elle en est arrivée là ?Et même dans notre structure de proximité, par exemple, il arrive que des personnes partent avec l’assistance d’une association sans rien dire à personne, même si ce n’est qu’après coup que l’on a su que cela s’était fait avec le consentement des enfants, dans la plus stricte intimité. Mais c’est seulement au décès que tout cela finit par se savoir.

PE : Dans votre structure d’appartements protégés, comment se vit l’accompagnement

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des personnes en fin de vie ? Est-ce que l’on sait quand une personne va mal ?

WA : En général, quand il y a quelqu’un qui va mal, on le sait parce qu’il y a une ambulance qui arrive ! Et comme vous le savez, les ambulanciers sont tenus au silence. Donc, en général, quand l’ambulance est stationnée au pied d’un immeuble, des voisins tentent de s’informer, d’identifier la personne sur le brancard. Tout finit par se savoir très vite. Puis, des résidents essaient de prendre des nouvelles, d’aller voir la personne à l’hôpital ou de savoir si la personne reviendra le lendemain ou pas. On essaie aussi de téléphoner à la famille, aux urgences de l’hôpital. Mais, ma foi, il arrive que ces personnes ne reviennent pas et décèdent.

Une symbolique de la mort en transformationPE : Est-ce que la mort est un tabou ?

WA : Aujourd’hui, la mort est encore un tabou, du moins pour ma génération plutôt proche de la fin de vie, car il y a pour notre génération encore des reliques de religion, à la différence des plus jeunes qui n’en ont pratiquement plus. Par exemple, lorsque je vais à des rites funéraires, ou à des ensevelissements comme on dit chez nous, contrairement aux autres qui parlent plutôt d’enterrement, je constate que les morts se font le plus souvent incinérer avant les funérailles et que la messe se passe en présence de l’urne, et plus du cercueil. De plus, il y a des officiants laïcs avec des messes énormément raccourcies. Donc, on voit bien que les rites funéraires changent.

PE : Aujourd’hui, comme le relèvent des sociologues, la mort ne va plus de soi. Nous assistons en fait à une expérience plus intime de la mort qui se substitue en quelque sorte à l’expérience collective de la mort, dont la symbolique reposait sur des traditions communes.

WA : Aujourd’hui, si l’on regarde ce qu’il reste de toute la symbolique de la mort, je dois dire qu’il ne reste honnêtement pas grand-chose. Le lien religieux s’est tellement distendu que même les pasteurs et les prêtres ne connaissent

plus leurs ouailles. Ils vont certes à domicile ou en institution pour connaître la vie de la personne pour laquelle ils vont procéder à un service funèbre. Mais il arrive parfois qu’ils commettent des impairs. Par exemple, lors d’une cérémonie funèbre pour un Monsieur qui s’appelait Dupont, le malheureux prêtre qui avait mal compris le nom de famille de la personne défunte, a parlé pendant toute la cérémonie religieuse d’un Monsieur Dubont, qui était en réalité le nom de jeune fille de sa femme. Eh bien, je vous assure que pour les personnes proches et surtout la femme du défunt, d’avoir entendu tout le service funèbre avec le nom de son père, ça a été très pénible.

PE : Le respect de l’autonomie de la personne âgée prime aujourd’hui sur les relations de soins. Cette autonomisation des personnes âgées est particulièrement reconnue par la formulation des directives anticipées qui participent de l’autorité de la personne au-delà de ses propres capacités de discernement. Qu’en est-il réellement selon vous ?

WA : Malheureusement, en réalité, il arrive trop souvent encore que ces directives anticipées ne soient pas consultées, comme le voudrait la procédure, par les médecins traitants en cas d’accident ou de décès.

PE : Selon vous, en guise de conclusion à cette entrevue, qu’est-ce qu’il s’agit de retenir d’essentiel à la fin de vie ?

WA : Essayer de maîtriser l’anxiété, qui peut devenir une maladie chronique. Rendre la mort joyeuse, même si c’est là le fait des cultures primitives. Dans la culture moderne, on cherche encore trop souvent à se défaire des vieux sans culpabiliser, alors que l’on peut rendre la fin de vie plus joyeuse. Aussi, le seul conseil que je donnerais, c’est de faire les directives anticipées. C’est-à-dire tout préparer pour les funérailles, afin de soulager ceux qui restent. Si on peut se décharger du fardeau administratif d’un décès, c’est bien.

Propos recueillis par Patrick Ernst

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Voyage

Les Grisons en 14 jours et 10 cols…

Nous avons effectué en juin ce voyage en voiture. Mais il faut noter qu’on peut fort bien le réaliser en train. Le réseau ferroviaire et de cars postaux aux Grisons est excellent. La Rhätische Bahn (Chemins de fer rhétiques) est classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO pour ses multiples viaducs et tunnels, dont certains hélicoïdaux, et dont la construction représenta une prouesse technique au début du XXe siècle.Nous avons abordé ce canton, le plus grand de la Suisse (un sixième du territoire national mais 2,4 % de sa population !) depuis le Valais, par les cols tout en lacets de la Furka et de l’Oberalp, qui culminent respectivement à 2431 mètres et 2044 mètres Nous longeons

la vallée du Haut-Rhin, puis passons le Julier à la grandeur sauvage, avec ses 2284 mètres. Je laisserai ici de côté des cols moins importants.Pour comprendre l’histoire des Grisons, leur nom allemand, Graubünden, est plus parlant. Il fait référence aux trois ligues qui se constituèrent au Moyen Âge pour résister aux convoitises autrichiennes. La plus importante, la Ligue Grise, finit par imposer son nom à l’ensemble du canton.

De la Haute Engadine au Val PoschiavoNous voici donc arrivés à Samedan, le chef-lieu de la Haute Engadine. Nous logerons dans cette localité, qui constitue une bonne base de départ, plutôt qu’à Saint-Moritz, la station huppée, hélas abîmée par de laides constructions en béton. Il ne faut cependant

Village de Soglio

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pas manquer d’y visiter le petit musée, en forme de mausolée, consacré au peintre italien Giovanni Segantini (1858-1899), établi dans les Grisons, dont il a laissé des tableaux de paysages empreints de spiritualité. Dans le Vieux Samedan, ainsi qu’à Bergün, où nous nous rendons par une ligne ferroviaire spectaculaire, nous découvrons la superbe architecture traditionnelle de l’Engadine. Les maisons anciennes, datant des XVIe-XVIIIe siècles, mais aussi beaucoup de constructions récentes, sont en effet ornées de sgraffiti, obtenus par grattage d’un enduit blanc sur un fond noir ou coloré. C’est dans le village de Zuoz que l’on peut en voir les plus beaux exemples.Depuis Samedan, nous parcourons deux vallées italophones. Le Val Bregaglia mène au très joli village de Soglio. Là, nous avons la chance de visiter un hôtel, qui fut le palais natal de Johann-Ulrich von Salis-Soglio, le général des troupes du Sonderbund en 1847.

À Stampa, il ne faut pas manquer le musée consacré aux œuvres des Giacometti : Alberto, le sculpteur mondialement connu ; mais aussi Giovanni son père, qui a peint de magnifiques paysages néo-impressionnistes et s’inspirant du « divisionnisme », une école artistique assez proche du pointillisme ; sans oublier Augusto, le cousin d’Alberto… Il est assez émouvant aussi de voir la modeste maison familiale de la famille Giacometti. Quant au Val Poschiavo, auquel on accède par le col de la Bernina (2328 mètres), hélas vu sous la pluie, il mène au charmant village du même nom, de caractère déjà très italien, avec son campanile et les superbes sculptures sur bois de son église gothique. C’est par ces vallées que les troupes romaines pénétrèrent dans les Grisons et avancèrent jusqu’au Danube. On peut d’ailleurs voir des ruines antiques à Coire.Nous avons aussi profité de ce séjour dans les Grisons pour effectuer quelques excursions

Vue sur le Parc national

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Davos peint par Kirchner

à pied. Depuis les environs de Samedan, on accède par un funiculaire à Muottas Muragl, à 2445 mètres d’altitude. Là-haut, on a une vue superbe sur les trois lacs en enfilade de la Haute Engadine, ceux de St-Moritz, de Silvaplana et de Sils. C’est sur ces lacs gelés que se déroule le Marathon de l’Engadine, la fameuse course de ski de fond. Puis nous montons, par une température assez fraîche et en partie sous le grésil, jusqu’à 2750 mètres. Au retour, nous nous régalons d’une tranche de délicieuse Bündner Nusstorte qui, comme son nom l’indique, est faite notamment à base de noix. J’avoue en revanche que nous avons été légèrement déçus par le Parc national. Certes, on ne s’attendait pas à y rencontrer des animaux ! Les sentiers y sont jolis, mais les paysages un peu monotones. Autre déception, due à la météo médiocre et au fait que les téléphériques du Corvatch et de Diavolezza n’étaient pas ouverts avant

le 28 juin. Nous n’avons fait qu’apercevoir les hautes montagnes grisonnes, dont le majestueux massif de la Bernina.

De la Basse Engadine à DavosLa deuxième partie de notre voyage s’est déroulée en Basse Engadine, avec comme point de chute Scuol, surtout connue comme station thermale. Une curiosité géographique : ses rivières se jettent dans l’Inn et dans l’Adige. Cette région, du fait de son altitude moindre, est plus riante que la Haute Engadine. Et nous y jouissons de quelques jours d’ensoleillement. Elle comporte de belles vallées aux champs particulièrement fleuris et une série de beaux villages, toujours avec sgraffiti et peintures murales aux motifs tantôt géométriques, tantôt floraux ou animaliers, dont le fameux bouquetin, l’emblème des Grisons. En traversant un petit bout d’Autriche et une portion plus grande d’Italie, nous

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Bronze d'Alberto Giacometti

Maison avec Sgraffiti

revenons sur le sol helvétique pour visiter Müstair, lieu célèbre pour son abbaye St-Jean-Baptiste qui abrite les fresques les plus anciennes de Suisse, remontant à l’époque carolingienne (Ire moitié du IXe siècle). Elle a en effet été fondée par Charlemagne, dont on peut voir une statue dans l’église. Le Val Müstair nous est particulièrement sympathique, parce qu’on y parle encore couramment le romanche, quatrième langue nationale depuis 1938. Le Rumantsch Grischun est une synthèse des divers parlers romanches. Ceux-ci sont issus d’un mélange entre le latin des Romains et les langues locales des peuples autochtones. Actuellement, il est parlé par environ 60 000

personnes, alors qu’environ 100 000 le comprennent. Des émissions radio et TV sont émises en romanche.Notre périple va sur sa fin. Par l’impressionnant col de la Flüela (2383 mètres), nous accédons à Davos. C’est une véritable ville à la montagne, sans aucun charme, surtout connue pour ses congrès, dont le World Economic Forum, et pour sa belle patinoire en bois qui abrite la fameuse Coupe Spengler de hockey. Mais nous voulions y voir le musée dédié à Ernst Ludwig Kirchner, expressionniste allemand qui s’y établit en 1917 pour des raisons de santé physique et psychique, mais qui finit par s’y suicider en 1938, notamment parce qu’il avait été déclaré « artiste dégénéré » par le régime nazi. Kirchner a peint des tableaux de Davos et de ses environs aux couleurs éclatantes et même violentes, en privilégiant le violet. Par un funiculaire, nous accédons à l’hôtel du Schatzalp. C’est là que Thomas Mann a situé son roman célèbre, La Montagne magique, publié en 1924, qui relate notamment la vie dans un sanatorium pour patients atteints de tuberculose. C’est aussi cet aspect médical qui a fait connaître Davos dans le monde entier. Et puis le retour, plus rapide que l’aller, se fait par l’autoroute Landquart-Zurich-Berne. Nous garderons un magnifique souvenir de ce voyage dans une région particulièrement originale de la Suisse.

Pierre Jeanneret

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Merveilleux bénévoles

Entretien avec M. Ami Chappuis, bénévole à l’AVIVO Lausanne

L’AVIVO est fière de ses bénévoles et présente une nouvelle fois dans son journal celles et ceux qui se dévouent discrètement avec cœur. Un choix difficile dans une profusion de talents ! Chaque bénévole est riche d’expériences : professionnelle, de vie, de contacts. Nous sommes vraiment très heureux de pouvoir compter sur leurs services, leurs conseils, leur sagesse. C’est pourquoi nous tenons à leur exprimer tout notre attachement et notre reconnaissance.

Françoise Becker : Bonjour Ami, serais-tu d’accord de te présenter ?

Ami Chappuis : J’étais agriculteur, mais j’ai eu

un accident. Je suis tombé de 6 mètres. Mon pied droit n’avait plus d’articulations. À la suite de cette chute, il a fallu changer de métier, je ne pouvais plus travailler à la campagne.En tant qu’agriculteurs, on pratiquait déjà le bénévolat. Entre nous. Quand l’un avait des ennuis avec le bétail, on allait lui donner un coup de main. Si on avait fini de ramasser les récoltes, on aidait les voisins.

FB : Et moi qui croyais que les agriculteurs étaient plus ou moins concurrents !

AC : Oui, mais en ce temps-là, il n’y avait pas cette course contre la montre. Maintenant, ils ont de gros domaines, des grosses machines. Il faut tout faire vite, vite. Là, on travaillait avec les chevaux. On avait le temps, ou on le prenait.

Venez déguster notre palette de mets typiqueset de saison. Un maître fromager s’emploie

à la fabrication artisanale du fromage «Leysin».Fabrication le vendredi et le samedi de mai à septembre

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FB : Et après l’accident ?

AC : J’ai été opéré trois fois. Et puis, ils voulaient me placer comme conducteur IBM, c’était les débuts de l’ordinateur. Alors j’ai discuté avec le médecin, je lui ai dit que je ne voulais pas aller m’enfermer toute la journée, à 23 ans. Je me suis cherché du travail, les petites annonces, et j’ai eu énormément de chance d’aboutir aux TL. Je suis venu essayer les trolleybus dans la cour du dépôt de Prélaz. Quinze jours après, je commençais aux TL, et j’y ai fait 34 ans. Les premiers mois de ma profession, j’ai davantage transpiré qu’à faire les foins ! Apprendre à conduire dans la ville, que je ne connaissais pas du tout. J’avais un permis moto, je suis passé de la moto au bus !

FB : Et une fois à la retraite, comment as-tu rencontré l’AVIVO ?

AC : Au Casino de Montbenon, chaque année, l’AVIVO se présentait aux nouveaux retraités. J’ai vu qu’il y avait un groupe de marche, et je les ai rejoints. Comme la dame qui organisait les sorties est devenue malade, l’AVIVO m’a demandé si je pouvais reprendre

ce groupe. Moi, je suis un peu solitaire, je vais toujours tout seul ! Mais j’ai commencé et je me suis pris au jeu. Ça fait 17 ans que, tous les lundis, j’organise une sortie.Mais, cette année, j’ai un peu levé le pied, pour que quelqu’un d’autre se forme tranquillement. Parce que j’ai envie de diminuer, il faut amener du sang neuf et ne pas s’incruster. Je ne vais pas arrêter de faire des sorties avec eux, mais sans organiser.La marche, on est dehors, dans la nature, les soucis on les laisse de côté. On a un beau pays, on passe du lac à la montagne, en peu de temps. Les sorties du lundi de l’AVIVO, je ne les renvoie jamais, par n’importe quel temps. S’il pleut, ou l’hiver, quand on a de la neige, je m’habille et je pars marcher. Ceux qui veulent venir viennent, ceux qui ne veulent pas restent à la maison. J’adore sortir. La nature est tellement belle ! En moyenne, je fais 300 kilomètres par mois. Quand j’ai arrêté le travail, j’ai posé mon permis, je ne sors qu’en transports publics. Il faut s’adapter aux horaires, mais ça va très bien, je n’ai jamais regretté d’avoir renoncé à conduire. »

Propos recueillis par Françoise Becker

Monique Jacot, Nestlé, Chocolat, Broc, Fribourg, 1991©Musée de l’Elysée, Lausanne et Fondation Suisse pour la Photographie, Winterthur

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où elle devient femme. Salina terminera sa vie sur la montagne, au delà du Mont Tadma qui ferme l’horizon, accompagnée de Malika, l’homme qu’elle a élevé comme son fils et

qui l’accompagne dans son dernier exil. C’est lui qui, en la conduisant vers sa dernière demeure dans le Cimetière de l’île, nous contera longuement ce que furent les trois exils de Salina.Ce livre sent le soleil, les dunes de sable, et le vent du désert. Il est écrit comme un conte poétique,

où la violence fait partie de la vie. Salina sait, comme ses ancêtres du désert, « que la vie se soucie peu de la volonté des hommes, qu’elle décide à leur place, écarte les chemins qu’on aurait voulu explorer, et affaiblit ce qu’on croyait éternel ».

Jean-Pierre Guignard

À lire et à relire

Corinne Reymond. Fleurs imaginaires. Éditions Torticolis et Frères, La Chaux-de-Fonds 2020, 120 pages. Prix : Fr. 12.-.

Fleurs imaginaires de Corinne Reymond est un recueil de textes qui vient de paraître.

Corinne Reymond est aide-soignante à la Vallée de Joux, elle a travaillé en EMS, à l’hôpital, en hôpital psychiatrique et à domicile comme employée du CMS.Et un jour, elle s’est mise à écrire ces 22 textes qui sont autant de portraits de personnes qu’elle va

visiter et auxquelles elle apporte son aide. Ce sont des textes courts qui racontent en peu de mots des scènes de vie qui touchent au plus profond de nous. Corinne Reymond dialogue avec ses « protégés », de façon très simple, et ceux-ci, hommes et femmes, disent des choses essentielles de leur vie.À un moment où les personnes âgées ont été passablement discriminées et ont pu véritablement en souffrir, ce livre fait voir à quel point chacun de nous est un être à part entière. C’est un livre qui, au-delà des apparences, apprend à voir qui est l’Autre.

Bernard Walter

Laurent Gaudé. Salina, les trois exils. Actes Sud, Arles, 2018, 149 pages.

Renouant avec une veine mythique et archaïque qui lui est chère, Laurent Gaudé nous décrit, entre conte et légende, l’histoire de Salina, la femme du désert aux larmes de sel. Marquée par le sort dès sa naissance, elle sera abandonnée dans un village désertique, recueillie par la vieille Mamanbala, avant d’être bannie et exilée loin de son village au moment

Jean-Pierre Rochat. Le bouc. La Chambre d’échos, 2020, 97 pages.

Jean-Pierre Rochat, à qui j’avais rendu visite dans sa Bergerie sur les hauts de Vauffelin il y a cinq ans1 nous avait parlé de sa vie sur

la montagne, de ses 40 chèvres qu’il trayait à la main tous les matins, de ses fromages qu’il vendait tous les samedis au marché de Bienne, des livres qu’il écrivait à l’aube. Ayant atteint l’âge de la retraite, Jean-Pierre Rochat a dû

quitter à regret sa Bergerie pour s’établir dans une petite ville du canton de Berne, à une quinzaine de kilomètres de Bienne. Il nous

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Élisabeth Bélorgey. Autoportrait de Van Eyck. Fayard, 2000, Paris, (LdP 15298), 252 pages.

Le livre est une autobiographie imaginaire et romancée de Jan Van Eyck (v. 1390-1441), comme le sont les Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar. À vrai dire, on ignore beaucoup d’éléments de la vie du peintre flamand. En revanche, plusieurs de ses

œuvres sont devenues des tableaux célèbres.Après son apprentissage à Tournai dans un atelier d’enluminures, sous la férule d’un

revient avec un livre, Le bouc, qui sent la nostalgie des forêts, des chevaux, des chèvres, et bien sûr des bergères. Pas facile pour ce paysan de montagne de quitter ses alpages. Écoutons-le parler de La fée, dernier conte de l’ouvrage : « Le soleil était là… C’est là que je me dis, c’est fini, je laisse ma campagne derrière moi. À la fée en moi je dis : arrête de pleurer devant moi. La fée me quitterait, je le savais, que veux-tu qu’elle fasse en ville. Une fée en ville, ça ne peut pas marcher, même s’il y a des parcs où on pourrait la lâcher… ma fée je te quitte, pour elle c’était impossible… Je lui ai dit tu dois reprendre le chemin de la ferme et cesser de me suivre. Il y avait de grosses larmes qui coulaient en silence de ses grands yeux en deuil de lumière intérieure ? ». Bien sûr, ce sera difficile de vivre en ville pour ce paysan des grands espaces. Plus difficile que sur sa montagne, mais sûrement pas impossible ! La fée saura sans doute retrouver son berger des étoiles, et écrire avec lui d’autres livres émouvants.

Jean-Pierre Guignard

1 Jean-Pierre Rochat : berger, fromager et poète, là-haut sur la montagne. Courrier de l’AVIVO N° 2, 2015.

maître, comme c’était l’usage dans les guildes de l’époque, Van Eyck va exercer son art de ville en ville. D’abord à La Haye, où il est peintre de cour auprès du prince-évêque de Liège. Puis il entre au service du puissant et riche duc de Bourgogne Philippe le Bon, qu’il suit à Bruges, Lille, Dijon. Il accomplit des missions « diplomatiques », en peignant les portraits des candidates au mariage avec le duc, afin que celui-ci, grand amateur de femmes, puisse faire son choix… Dans ce but, et peut-être aussi à des fins d’espionnage, il parcourt l’Espagne et le Portugal.Dès 1430, Jan Van Eyck réside de nouveau à Bruges, où il va terminer l’immense retable de l’Agneau mystique, qui ornera la cathédrale de Gand. Le travail avait été commencé par son frère aîné Hubert, mort en 1426. Mais celui-ci, très pieux, en était resté à la tradition byzantine, qui montrait des personnages figés aux visages inexpressifs. Jan modifie profondément le retable, dans le sens du modernisme. Ses personnages et le paysage de fond sont réalistes. Adam et Eve, pour la première fois dans la peinture, sont montrés complètement nus, comme il est écrit dans la Bible. Et Van Eyck signe son œuvre, montrant par là qu’il n’est plus un artisan anonyme comme au Moyen Âge, mais un artiste qui a sa personnalité. Van Eyck est aussi resté célèbre parce qu’il a porté la peinture à l’huile (qu’il n’a cependant pas inventée, malgré la légende) à sa perfection. Et son œuvre se laïcise de plus en plus. Il peint par exemple avec beaucoup de vérité un riche couple de banquiers italiens, Les Époux Arnolfini, dont la femme est enceinte. Et audace suprême : il réalise son autoportrait, se mettant ainsi au même rang que les princes et les nobles. Par tous ses aspects, Jan Van Eyck appartient pleinement à la Renaissance, qui débute en Italie et dans les Flandres.Non seulement Élisabeth Bélorgey nous parle de ces différents tableaux, mais surtout elle peint une fresque très vivante des Pays-Bas et du XVe siècle européen, alors agité par la guerre de Cent Ans. Vêtements, nourritures, fêtes religieuses ou profanes, mœurs amoureuses, commerce sur les canaux et bien

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Laurence Marti. L’émergence du monde ouvrier en Suisse au XIXe siècle. Neuchâtel, Éditions Livreo-Alphil, 2020, 142 pages. (Collection Focus)

La collection Focus des Éditions Alphil s’est donné pour but d’apporter à un large public

« des synthèses sur des thématiques de sciences humaines et sociales ». On n’en attendra donc pas de révélations fracassantes. La naissance du monde ouvrier en Suisse est un sujet qui a déjà été bien traité, et ce petit livre s’appuie d’ailleurs sur une

solide bibliographie existante. Son double intérêt est que l’auteure fait certes œuvre d’historienne, avec des apports souvent originaux, mais aussi de sociologue. On appréciera le fait qu’elle remette en question un certain nombre de mythes.En marge des sociétés d’Ancien Régime, le monde ouvrier l’est à nouveau depuis les mutations économiques des années 1980 qui ont vu l’importance croissante du secteur tertiaire. Quant au XIXe siècle, réputé être celui de la naissance de la classe ouvrière moderne dans notre pays, il n’a pas connu de véritable révolution industrielle. Non seulement le charbon, coexistant avec des sources d’énergie traditionnelles,

comme la force hydraulique, n’y a jamais eu l’importance qu’il a revêtu ailleurs, mais encore il y a le fait qu’en 1880, près d’un actif sur deux travaille dans l’agriculture (un sur quatre seulement en Grande-Bretagne). D’autre part, l’industrialisation reste dissociée de l’urbanisation. Le textile et l’horlogerie emploient encore une large partie de leur main-d’œuvre à domicile. Enfin les fabriques en Suisse au XIXe siècle sont de taille modeste, à de rares exceptions près, et ne se distinguent que progressivement du petit atelier. On est donc loin des évocations de Zola ou de Dickens dénonçant la misère des mineurs et des ouvriers des grandes usines.

Un monde ouvrier porteur d’avenirL’auteure consacre aussi des pages intéressantes à l’extrême mobilité professionnelle. Celle-ci concerne notamment une population rurale nombreuse qui parcourt le pays en quête d’emploi. Tel personnage passe par exemple de la brasserie à la bonneterie, à la

d’autres aspects nous sont décrits. L’auteure use d’une langue élégante, voire châtiée qui, tout en restant parfaitement compréhensible pour le lecteur moderne, emprunte des tournures langagières au Moyen Âge. Elle utilise aussi parfois un langage technique propre à la peinture et aux tissus (colophane, céruse, braie, batiste, taffetas, amarante, etc.) Il est donc utile d’avoir un dictionnaire à côté de soi ! Voilà donc un beau livre, qui intéressera surtout les amateurs d’art et d’Histoire.

Pierre Jeanneret

Monique Jacot, Villiger, Cigares, Cigarettes, Pfäffikon, Lucerne, 1991

©Musée de l’Elysée, Lausanne et Fondation Suisse pour la Photographie, Winterthur

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comptabilité, à la construction, à une activité agricole, à la fabrication de fromages pour finir par ouvrir un atelier d’horlogerie… Cette mobilité est également géographique, à l’exemple des Tessinois en particulier, dont l’activité saisonnière les conduit hors de leur canton pour travailler comme maçons, chocolatiers ou vendeurs de marrons. D’autre part, cette pluriactivité a été génératrice de mythes et d’une forte tendance à l’idéalisation : il en va ainsi des horlogers-paysans à domicile dans l’arc jurassien, lesquels ont suscité une iconographique rousseauiste qui n’est pas sans rappeler celle de la Sainte Famille, comme l’écrit plaisamment l’auteure ! À l’aide d’une série de reproductions photographiques, elle consacre un passage intéressant à la représentation artistique du monde ouvrier. Laurence Marti met en outre le doigt sur toute une catégorie de travailleurs parfois négligée par l’historiographie : notamment les ouvriers de la construction, les employé-e-s des palaces, que ce soit en cuisine ou à la buanderie, les cheminots, les conducteurs de tramways ou le personnel des compagnies de navigation lacustres.Si l’auteure ne nie absolument pas la pénibilité du travail ouvrier, due à la longue durée de l’activité journalière, à l’effort physique requis et à un environnement souvent malsain et générateur de risques (à l’exemple des enfants des fabriques d’allumettes manipulant le phosphore), elle relève que cette pénibilité ne diffère guère, au XIXe siècle, de celle du travail paysan, trop souvent décrit de manière irénique.Avec les débuts de la mécanisation, qui a lieu d’abord dans la branche textile, on assiste à une fragmentation des métiers. Celle-ci est liée aux classes d’âge, et également genrée,

les activités subalternes étant réservées aux enfants et aux femmes.Dans son avant-dernière partie, consacrée à l’émergence d’une sociabilité et d’une culture ouvrières, l’ouvrage propose une synthèse un peu sommaire, mais correcte sur les rares loisirs, les lieux de rencontre et les différentes formes de résistance ouvrière (destruction des machines, création de sociétés de secours mutuel, fondation de la société du Grütli, grèves).On appréciera l’apport de la sociologue sur « le regard des autres ». De nombreux membres des autorités religieuses, médicales et politiques commencent à s’intéresser à la « question ouvrière », qui acquiert

Monique Jacot, IPG Fashion Holding,Confection, Arzo, Tessin, 1993

©Musée de l’Elysée, Lausanne et Fondation Suisse pour la Photographie, Winterthur

Monique Jacot, IPG Fashion Holding,Confection, Arzo, Tessin, 1993

©Musée de l’Elysée, Lausanne et Fondation Suisse pour la Photographie, Winterthur

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Dick Marty. Une certaine idée de la justice. Éditions Favre, Lausanne, 2018, 313 pages.

Dick Marty a été chercheur à l’Institut Max-Planck de droit pénal international et de criminalité. Procureur du Canton du Tessin, puis Conseiller d’État et plus tard Conseiller aux

États du même canton, il a aussi présidé la Commission des droits de l’Homme du Conseil de l’Europe. Dans un livre passionnant, il parle de ses enquêtes suisses et internationales, de ses rencontres officielles ou privées, du problème de la drogue et de la corruption. Dans son travail, il s’est toujours engagé sans concession et avec une véritable passion morale. Les quelques citations ci-dessous tirées un peu au hasard de son

livre : « Une certaine idée de la Justice » témoigneront de

ce qu’est Dick Marty : un témoin exceptionnel de la Justice, ou plutôt de l’Injustice qui gouverne le monde.

Justice, drogue et fraude fiscale : « Il est plus facile de poursuivre les petits trafiquants de drogue que de s’attaquer aux filières financières qui permettent aux réseaux criminels d’étendre leur influence. Innombrables sont les manifestations de quartiers, les interpellations au Conseil général pour que la police intervienne avec plus de vigueur contre les dealers de rue… En revanche, on ne m’a jamais demandé ni encouragé à poursuivre avec plus de rigueur la grande criminalité… Oui, un vulgaire voleur étranger a infiniment plus de risque de se faire attraper qu’un financier félon… Il est indiscutable que le dommage économique causé à la société par l’évasion et la fraude fiscale est nettement supérieur à celui causé par la fraude sociale ».

ainsi une centralité dans la réflexion sociale. Ce souci de certaines élites, teinté d’un fort paternalisme, n’est cependant pas sans a priori, l’image d’un monde paysan réputé libre, sobre et pieux étant opposée à celle d’un peuple ouvrier associé aux méfaits de l’industrialisation, à la ruine morale et physique. Les efforts pour améliorer la condition ouvrière vont donc de pair avec une forte entreprise de moralisation.Enfin l’apparition et les progrès d’une réglementation étatique dans le domaine du travail témoignent bien de cette centralité nouvelle de la « question ouvrière ». L’auteure en rappelle les étapes. Ces lois sociales ont d’abord concerné les enfants puis les femmes. Laurence Marti en montre cependant les limites. D’abord, l’activité de ces deux catégories dans le cadre agricole n’a jamais suscité la moindre réflexion ! Ensuite, il convient de voir les limites de ces réglementations, y compris de la tant vantée loi de 1877 sur les fabriques : celle-ci ne concerne en réalité que 160 000 personnes sur 1,2 million, puisqu’elle exclut les petites entreprises, les travailleurs à domicile et ceux de la construction.En bref, ce petit livre montre qu’une prise de conscience de la condition ouvrière tant chez les intéressés eux-mêmes que dans les cercles bourgeois a progressivement accompagné la naissance par étapes d’une classe ouvrière en Suisse au XIXe siècle.

Pierre Jeanneret

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Le sauvetage de l’UBS en 2008 : « Cette banque a investi des sommes colossales dans l’achat de titres se référant à des dettes hypothécaires américaines… Pourquoi l’UBS a-t-elle investi des dizaines de milliards dans ces subprimes… Parce que le chef avait la folie des grandeurs. Marcel Ospel avait proclamé haut et fort que l’action UBS ne tarderait pas à atteindre les cent francs. En septembre 2007, l’action est à 75,50, dix-huit mois plus tard elle a dégringolé à 8,20 ! En fait, plus le dommage est haut (il est colossal dans ce cas), plus l’enquête devient difficile et la condamnation improbable… Marcel Ospel peut donc continuer à jouer (mal) au golf ».

Génocide au Rwanda : « Ce pays a vécu un vrai carnage à coups de machette, colline après colline, village après village… Des religieux européens y ont tenu un rôle très ambigu, pour ne pas dire détestable, en exaspérant et jouant sur la rivalité entre les deux communautés… Un autre rôle très trouble a été joué par Monseigneur André Perraudin, un Valaisan de l’Ordre des Pères blancs, évêque au Rwanda : dans l’une de ses lettres pastorales, il fit l’éloge de l’intégrisme ethnique, au point qu’il sera considéré comme l’un des idéologues du génocide ».

Gaza et la Palestine : « Israël et l’Égypte ont transformé Gaza en une immense prison à ciel ouvert. Sur une superficie inférieure à celle du Canton de Genève vivent 2 millions de Palestiniens, la plupart chassés de leur terre… Il est dès lors simplement consternant de voir le ministre des Affaires étrangères suisse (Ignacio Cassis) emboîter le pas de Trump en s’en prenant à l’UNNRWA, l’organisation onusienne d’assistance aux réfugiés palestiniens et de prendre position en faveur du gouvernement israélien ».

Victimes d’hier : « Par un étrange effet de balancier de l’histoire, les victimes d’hier sont aujourd’hui les plus sourdes à la tragédie du Moyen-Orient et des réfugiés : Pologne, Hongrie et la plupart des anciens pays du bloc de l’Est. Sans parler de la politique détestable

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et odieuse mise en œuvre par les autorités israéliennes en Palestine occupée ».

Une passivité honteuse : « Que dire, cependant, de la passivité honteuse, non seulement de l’Union européenne, mais aussi de ses membres, face à l’abominable tragédie qui est en train de transformer la Méditerranée en un immense cimetière ? Cette Méditerranée qui a été le berceau de notre civilisation ».

Ces quelques citations vous donneront, je l’espère, l’envie d’en savoir plus sur les observations de Dick Marty. N’hésitez pas. Ce livre est passionnant, et le courage de son auteur, impressionnant.

Jean Jaurès ne disait-il pas que « Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ».

Jean-Pierre Guignard

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Réflexion

Utopie

Dans un ouvrage intitulé « Utopien. Träume der jüngsten Generation. », Ed. Lenos Pocket 1991, Steff Rohrbach/Hans Saner éditeurs, sont parus 45 textes de jeunes gens disant leur vision et leurs espoirs pour le monde à venir. Dans cette période très étonnante que nous sommes en train de vivre, se pose avec une extrême acuité la question du monde à venir. Ces textes de jeunes gens sont dégagés de toute l’influence qu’ont pu avoir sur nous les inquiétudes et angoisses liées à la maladie et au confinement. Pour cette raison ils sont pour nous aujourd’hui d’un grand intérêt et nous en publions dans ce numéro du Courrier de l’AVIVO deux nouveaux extraits ; le premier texte qui suit, de Chantal Mayer, est un peu naïf, mais il nous fait mesurer à

quel point en 30 ans les choses sont devenues comme allant de soi. Et en même temps, combien ses préoccupations sont actuelles. Le deuxième texte de Marianne Koch apporte un regard complémentaire. Quand je pense à la situation actuelle, le futur me semble aller dans le même sens, juste en beaucoup plus extrême.

Utopie de Chantal Mayer

1. La pollutionAujourd’hui, de nombreux arbres sont malades, et chaque jour, il y en a plus. Je pense qu’en l’an 2000, il ne restera plus beaucoup d’arbres en bonne santé. Alors on va faire comment pour respirer ? Je vois que les catastrophes climatiques sont toujours plus nombreuses, c’est très malheureux. Je

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pense que nous devrions tout faire pour les éviter, et surtout, quand il se passe quelque chose, il faut voir la vérité en face et ne pas essayer de la cacher !Si nous continuons comme jusqu’à maintenant, nous aurons des montagnes de déchets encore plus grandes. Nous les humains, nous devons apprendre à limiter au maximum les déchets que nous produisons. Cela vaut aussi pour les déchets nucléaires.J’espère que dans le futur les gens utiliseront toujours plus les transports publics et que la Confédération les rendra toujours plus attrayants et surtout ne favorisera pas la construction des routes.

2. Crise du logement et constructionsJ’ai de la peine à me représenter comment ce problème peut être résolu. Il y a déjà maintenant beaucoup de gens qui ne trouvent pas de logement ou qui ne peuvent pas payer le loyer. Ça va se passer comment dans le futur, où la population sera plus nombreuse ? Est-ce qu’on va construire sur les derniers espaces verts ? Mais qui sait, peut-être que là aussi une solution sera trouvée.

3. L’ordinateurDéjà dans un avenir proche, la place et le rôle de l’ordinateur vont augmenter considérablement. Chacun en possédera un à la maison, et il ne sera probablement plus possible d’imaginer la vie des hommes sans ordinateur. Et pourtant, ça me fait un peu peur. Je pense que les contacts entre humains vont diminuer, et que plus personne n’aura de temps pour son voisin. Alors que je souhaite fortement que les humains se parlent plus et qu’ils acceptent l’autre tel qu’il est. Très souvent, on ne connaît même pas vraiment son voisin et que l’on n’échange aucune parole avec des gens que l’on croise presque quotidiennement. Je trouve cela très dommage. J’espère que le « plus-parler-ensemble » permettra de diminuer la violence ou même de l’empêcher !

Chantal Mayer

Utopie de Marianne Koch

La situation devient compliquée au moment où une société ne parvient plus à distinguer ce qui n’est pas important de ce qui est important : c’est-à-dire quand les valeurs matérielles sont préférées aux valeurs immatérielles. Quand il n’y a plus de respect pour les personnes âgées. Quand on ne doit plus montrer aucune faiblesse. Quand on montre les autres du doigt. Quand dans le tram, personne ne rit. Quand les minorités sont mises à l’écart sans ménagement. Quand la performance est tout. Quand il faut toujours avoir une raison et un but précis. Quand on ne demande de la fantaisie que dans les publicités. Quand les choses ne sont pas ce qu’elles devraient être et que personne ne s’en soucie. Quand les humains s’habituent aux catastrophes. Quand les humains marchent au pas sans poser de questions. - Oui, là, ça devient compliqué, et déjà presque sans issu.

Marianne Koch

Pour les deux textes : traduction Bernard Walter

Monique Jacot, Calida, Confection, Sursee, Lucerne©Musée de l’Elysée, Lausanne et Fondation Suisse

pour la Photographie, Winterthur

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Poèmes et chansons

La prière

Par le petit garçon qui meurt près de sa mèreTandis que des enfants s’amusent au parterreEt par l’oiseau blessé qui ne sait pas commentSon aile tout à coup s’ensanglante et descend

Par la soif et la faim et le délire ardentJe vous salue, Marie

Par les gosses battus, par l’ivrogne qui rentrePar l’âne qui reçoit des coups de pied au ventre

Et par l’humiliation de l’innocent châtiéPar la vierge vendue qu’on a déshabillée

Par le fils dont la mère a été insultéeJe vous salue, Marie

Par la vieille qui, trébuchant sous trop de poidsS’écrie « mon Dieu ! » par le malheureux dont les bras

Ne purent s’appuyer sur une amour humaineComme la Croix du Fils sur Simon de CyrènePar le cheval tombé sous le chariot qu’il traîne

Je vous salue, Marie

Par les quatre horizons qui crucifient le mondePar tous ceux dont la chair se déchire ou succombe

Par ceux qui sont sans pieds, par ceux qui sont sans mainsPar le malade que l’on opère et qui geintEt par le juste mis au rang des assassins

Je vous salue, Marie

Par la mère apprenant que son fils est guériPar l’oiseau rappelant l’oiseau tombé du nid

Par l’herbe qui a soif et recueille l’ondéePar le baiser perdu par l’amour redonné

Et par le mendiant retrouvant sa monnaieJe vous salue, Marie.

La Prière de Francis Jammes

Francis Jammes est né dans les Hautes-Pyrénées en 1868 et mort dans les Pyrénées-Atlantiques en 1938. Il passera la plus grande partie de son existence dans le Béarn et le Pays basque, principales sources de son inspiration. Poète, romancier et dramaturge il se voue à la poésie à partir de 1895. Il publie en 1898 son premier et meilleur recueil de poèmes : De l’Angélus de l’aube à l’Angélus du soir. De plus en plus adepte d’un catholicisme strict, sa poésie deviendra à partir de 1905 plus religieuse et plus dogmatique. Il obtiendra en 1917 le Grand Prix de Littérature de l’Académie française.Le poème Rosaire, extrait du recueil L’Église habillée de feuilles, a été mis en musique par Georges Brassens sous le nom de La Prière. Il est intéressant de noter que la mélodie choisie par Georges Brassens pour sa Prière est la même que celle qu’il a utilisée pour chanter le poème de Louis Aragon : Il n’y a pas d’amour heureux.La Prière est pour moi beaucoup plus qu’un poème religieux : elle est, au-delà de toute religion, un appel à la solidarité universelle et à la compassion pour ceux qui souffrent.

Jean-Pierre Guignard

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Envoyez le mot caché à : Eva Gloor, rue de la Poste 23B, 1020 Renens.

Règle du jeu des mots cachésLes mots de la liste sont écrits dans la grille de gauche à droite ou de droite à gauche, de haut en bas ou de bas en haut, ou encore en diagonale en descendant ou en remontant. Ils peuvent se croiser. Des petits mots de deux ou trois lettres qui ne sont pas dans la liste peuvent se glisser dans la grille. La solution se trouve parmi toutes les lettres non utilisées et dispersées dans la grille.

Réponse du N° 03/2020: DOSSIER.

Les gagnants sont : Mmes Messerli Suzanne de la Conversion, Moullet Elodie du Brassus, Chanton Ellen de Corsier-sur-Vevey, et Chaumontet Lara de Cheseaux-sur-Lausanne.

Jeu-concours : Mot caché

Indication pour le mot à trouver : Unité monétaire de la Grèce, en sept lettres.

Liste des mots :AgonieArtisteBaquetBrigadeCaféCommeCoque

CursiveDemainExempleFrémirFriteHabitantHarcèlementInciter

LarveLégumeMariolleMesureMinuitOngleOuverturePalan

PartPortPeureuxPlacidePlaintePlateauPolicePortail

PrônerProtonRôleRouerSavaneSentirSexuelSouplesse

TaxeTenteTristeTropVivre

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JAB

1300 Eclépens

N° du journal 15298

Expéditeur : Courrier de l'AVIVO, ch. du Pré des Cailles 10, 1323 Romainmôtier

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