1975 porphyre vie de pythagore

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 COLLECTION DES UNIVERSITÉS DE FRANCE  publiée sous le patronage de l'ASSOCIATION GU ILLAUME BUD É PORPHYRE VIE DE PYTHAGORE LETTRE A MARCELLA TEXTE ÉTABLI ET TRADUIT PAR É D O U A R D D E S P L A C E S , S . J . Correspondant de l'Institut AVEC UN APPENDICE D' ALAIN-PHILLIPPE SEGONDS Deuxième tirage P A R I S LES BELLES LETTRES 2003

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COLLECTION DES UNIVERSITÉS DE FRANCE publiée sous le patronage de l'ASSOCIATION GUILLAUME BUDÉ 

PORPHYRE

VIE DE PYTHAGORE

LETTRE A MARCELLA

TEXTE ÉTABLI ET TRADUIT

PAR 

É D O U A R D D E S P L A C E S , S . J .

Correspondant de l'Institut 

AVEC UN APPENDICE D' ALAIN-PHILLIPPE SEGONDS

Deuxième tirage

P A R I S

LES BELLES LETTRES

2003

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D E M A L C H U S O U D U R O I

VIE DE PYTHAGORE

1. La plupart s'accor dent à l e f ai re naî tr e deMnésarque ; mais sur l'origine de Mnésarque on nes'entend plus. Les uns, en effet, en font un Samien ;Néanthe1, au Ve livre de ses Mythica, un Syrien de Tyr enSyrie. Alors que les Samiens manquaient de blé, Mnésarquevintà débarquer dans l'île pour son commerce avec du blé ;il le vendit à la cité et reçut les droits civiques. Comme dèsson enfance Pythagore était doué pour toutes les sciences,Mnésarque l'emmena à Tyr ; là il le confia aux Chaldéens 2 etle fit profiter d'eux au maximum. Revenu de là enIonie, Pythagore fréquenta d'abord Phérécyde de Syros3,

puis, à Samos, Hermodamas, descendant de Créophyle,déjà vieillissant 4. 2. Selon Néanthe encore, d'autresfont de son père un des Tyrrhéniens5 qui avaient coloniséLemnos ; étant allé de là à Samos pour ses affaires, il

1. « La correction NE..ecv0.1)ç pour KXsetv07)ç est garantie par Clé-ment d'Alexandrie, Strom , 1, 62, 2, et Aristoxène, fr. 11 a-b Wehrli(Burkert, p. 102, n. 24). Néanthe de Cyzique vivait vers 200 a. C. ; les§§ 1-2 de la Vie  forment chez Jacoby son fr. 29. Au lieu de rrépir-rcp Tee,111u0sxiiiv, Jacoby lirait scspt Ti - av  iluOceyoptxiisv (cf. II C, p. 148) ;[Ménage avait déjà conjecturé iluOczyopsuisiv, sans doute pour ne pasréduire à des Mueliscdc. le témoignage de Néantise, et] le titre est attestépar D. L., 8, 72.

2. Plutôt "aux Égyptiens" (Hérod., IV, 95) : Jacoby, ibid.

3. Phérécyde de Syros (vie siècle)," le premier prosateur ("Suidas", s. o.

= D.-K., 7 A 2) " : Burkert, p. 239, n. 4. Cf. Eusèbe, Prép. év., X, 4, 14.Hermodamas descendait de Créophyle, qui aurait été le rivald'Homère (E. Wellmann, R.-E., VIII, c. 859).

5. Cf. plus loin 10 (p. 13), d'après Diogène.

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37 VIE DE PYTHAGORE 2 -3

s'y fixa et en devint citoyen ; quand Mnésarque passapar mer en Italie, pays dès lors très prospère, Pythagore

l'accompagna très jeune et plus tard y retourna. Néanthelui donne aussi deux frères aînés, Eunostos et Tyrrhènos.Apollonius 1, dans sa Vie de Pythagore, nomme également samère, Pythaïs, descendante d'Ancée, le fondateur deSamos. Certains le font naître d'Apollon et de Pythaïs,mais rationnellement Apollonius lui donne Mnésarquepour père. En tout cas, un des poètes de Samos a dit :

Pythagore, cher à Zeus, qu'enfantait à ApollonPythaïs, la plus belle des Samiennes 2.

Il aurait, d'après cet auteur (Apollonius), entendu nonseulement Phérécyde e t Hermodamas, mais encoreAnaximandre.

3 . Douris de Samos, au I Ie livre des Annales3 , lu idonne pour fils Arimnestos 4 et fait de lui le maître deDémocrite. A son retour d'exil, Arimnestos consacraau sanctuaire d'Héra5 un monument de bronze de prèsde deux coudées de d iamètre , où é ta i t g ravé e c e t teépigramme :

Le fils chéri de Pythagore, Arimnestos, m'a consacré,lui qui a révélé par sa parole bien des secrets.

Le musicologue Simos enleva l'inscription, s'approprial'échelle (musicale) et la publia comme sienne. Or il yavait là inscrits sept secrets, mais à cause du seul queSimos avait dérobé, tous les autres gravés sur le monu-ment disparurent en même temps 6.

1. Apollonius de Tyane était un pythagoricien du Ier siècle denotre ère (Burkert, p. 100, n. 10). Sa Vie de Pythagore  est attestée égale-ment par Jamblique (§§ 254-264). [Jamblique mentionne aussi Ancée (p.

6 6 ss D ) et raconte (p 7 22 ss D ) comment Mnésarque le père de

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38 VIE DE PYTHAGORE 4-7

4. Selon d 'autres, Théano, f i l le de Pythonax, cré-toise de naissance, donna à Pythagore un fils, Théagès,et une fille, Myia ; selon certains, encore Arignôtè ; ilreste d'eux des écrits pythagoriciens. Au dire de Timée,

la fille de Pythagore conduisait comme jeune fille les jeunes fil les de Crotone, comme femme les femmes ; de samaison, les Crotoniates firent un temple de Déméter, eti ls donnèrent à la venelle le nom de sanctuaire desM u s e s ' . 5 . L y c u s

2 , a u I v e l i v r e d e s e s H i s t o i r e s ,rappelle que sur sa patrie on ne s'entend pas, et écrit :

« Quant à sa pa t r ie e t à la c i té dont i l advin t ànotre homme de devenir citoyen, s'il t'arrive de ne pasles connaître, ne t'en soucie pas. Car les uns font de luiun Samien, d'autres un Phliasien, d'autres encore unMétapontin. »

6. Encore à propos de sa formation : pour la plupart,c 'est des Égyptiens, des Chaldéens et des Phéniciensqu'il apprit les sciences appelées mathématiques ; carde toute antiquité la géométrie avait intéressé les Égyp-tiens; la science des nombres et des calculs, les Phéni-ciens ; l 'étude du ciel, les Chaldéens ; quant au ritueldés dieux et au reste des préceptes sur la conduite quo-tidienne, c 'est des Mages, dit-on, qu'il les entendit et

les reçut 3.7. Cela, beaucoup le reconnaissent plus ou moins

parce que c'est consigné dans les Mémoires 4. Mais lesautres pratiques sont moins connues, sauf ce que rap-porte Eudoxe au VII e livre de la Description de la terre' ilavait montré tant de pureté, tant de soin à fuir les

(§ 267, p. 145, 9 D.), qui figure parmi les pythagoriciens originaires dePosidonia, le Paestum actuel?'

1. Faut-il remplacer « Crotoniates u par « Métapontins le? AprèsRohde, Nanek et d'autres, Burkert (p. 112, n. 18) y incline : Cicéron

(D fi 5 2 4) it i ité à Mét t l i d P th S

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meurtres et les meurtriers que, non content de s'abstenirde ce qui avait eu vie, jamais il ne s'approcha des bouchersou des chasseurs 1. Antiphon 2, au traité Sur la vie de ceux qui ont excellé en vertu, expose également

son austérité en Égypte : séduit,dit-il, par la vie desprêtres égyptiens et désireux de la partager, Pythagore priale tyran Polycrate 3 d'écrire au roi d'Égypte Amasis, sonami et son hôte, afin d'être associé à la formation de cesprêtres. Arrivé chez Amasis, il en obtint desrecommandations auprès des prêtres ; après s'être mêlé àceux d'Héliopolis, il fut envoyé à Memphis comme à deplus anciens, — en réalité, c'était un prétexte desHéliopolitains, — et de Memphis, sous le même prétexte, ila r riva chez ceux d e Diosp ol i s. 8. Ceux-c i , par

crainte du roi, ne purent alléguer des excuses, mais ilspensèrent le détourner de son projet par l'excès dessouffrances et lui enjoignirent de se soumettre à desrègles dures, sans rapport avec la vie grecque. Il lesobserva avec entrain et se fit tellement admirer qu'ilput à son gré sacrifier aux dieux et s'unir à leur culte ;ce qu'on ne voit pas s'être fait pour un autre étranger. 9.De retour en Ionie, il établit dans sa patrie une école

1. Avec la croyance en la métempsycose, cette répugnance aboutit au

végétarisme pythagoricien ; cf. Burkert, p. 180 et n. 108 ; J. Bout-fartigue, Porphyre, De l'abstinence, t. II, p. 9 ss. : Hcpt rinnxijç est le titremême du traité.

2. Cet Antiphon n'est pas le sophiste ; cf. R.-E., s  Antiphon 16 $ ; D.L., 8, 3 (p. 105, I. 5 Delatte).

3. Polycrate régnait sur Samos, la patrie de Pythagore ; il est restéfameux par son anneau et son amitié avec Amasis (Hérodote, III, 40-43).

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40 VIE DE PYTHAGORE 9-10

appelée aujourd'hui encore hémicycle de Pythagore, oùles Samiens se réunissent pour délibérer des affaires pu-bliques. Hors de la ville, il installa une grotte adaptéeà sa philosophie, où il passait la plus grande partie des

 jo ur s et de s nuit s avec quel ques -u ns de se s ad ep te s 1.Arrivé à l'âge de quarante 40 ans, dit Aristoxène 2, il vitque la tyrannie de Polycrate se , faisait trop raide pourqu'un homme libre pût décemment subir une autoritéaussi despotique 3, et là-dessus décida de s'embarquer

 _

pour l'Italie.10. Comme Antoine Diogène' ' , dans ses Merveilles

i n c r o y a b l e s d ' a u - d e l à d e T h u l é , a exactement racontéles faits et gestes du philosophe, j 'ai résolu de ne pasnégliger son récit. Voici ce qu'il dit 3. Mnésarque étaittyrrhénien de naissance, un des Tyrrhéniens qui colo-nisèrent Lemnos, Imbros et Scyros ; partant de là, il vi-sita bien des villes, bien des pays, et un jour trouva unpetit enfant couché sous un grand peuplier touffu ; ils'arrêta, le vit étendu sur le dos, regardant le ciel sansciller en face du soleil 6 et tenant dans la bouche un petitroseau mince comme une flûte ; étonné, et le voyant nourripar une sève que distillait le peuplier, il le prit avec lui,

 jugeant qu 'il y avait du divin dans la naissance de l'en-fant. Établi à Samos, il fut accueilli par un des habitants,Androclès, qui lui confia le soin de sa maison. Vivantdans l 'abondance, il se chargea d'élever le petit, qu'ilappela Astraeos, avec ses trois fils Eunostos, Tyrrhènos

1. Faut-il rapprocher de cette grotte la basilique pythagoricienne dela porte Majeure connue en France par le l ivre de J. Carcopino(1927)? Cf. W. Burkert, p. 155, n. 197 ; B. L. van der Waerden, p.279-284.

2. Aristoxène de Tarente, le musicologue disciple d'Aristote, étaitcontemporain d'Alexandre le Grand.

3. La suppression de Ili  à la I. 9 permet la construction du com-

t i f i Té f I ' t ' t é i

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4 1 V I E D E P Y T H A G O R E 10-13

et Pythagore ; ce dernier, le plus jeune, fut adopté parAndroclès 11. qui l'envoya, encore enfant, chez le citha-riste, le pédotribe et le peintre ; puis, jeune homme, àMilet chez Anaximandre pour apprendre la géométrie

et l'astronomie. Pythagore, continue Diogène, alla aussichez les Égyptiens, les Arabes, les Chaldéens, les Hébreux,qui lui communiquèrent la connaissance des songes ;et il pratiqua le premier la divination par l'encens. EnÉgypte, il fréquenta les prêtres, apprit leur sagesse, lalangue égyptienne, 12. leurs trois sortes d'écriture :épistolographique, hiéroglyphique, symbolique, qui sontou prises au sens propre par imitation (de la forme desobjets) ou bien allégoriques selon certaines énigmes 2 ; etsur les dieux il s' instruisit davantage. En Arabie ilfréquenta le roi ; à Babylone il rencontra les Chaldéenset en particulier alla trouver Zoroastre 3, qui le purifia dessouillures de sa vie antérieure et lui enseigna de quoi lesgens de bien doivent s'abstenir pour rester purs ; il entenditaussi la théorie de la nature et quels sont les principes del'univers. Car c'est dans ses voyages chez ces peuples quePythagore emmagasina le meilleur de sa sagesse.

13 . Mnésarque, donc, f i t cadeau d 'Astraeos à Py-thagore. Celui-ci le prit, examina en physiognomonisteson corps en mouvement et au repos et entreprit sonéducation. Car il commençait par pratiquer cette sciencede l'homme, pour connaître à fond la nature de chacun 4.Et il ne se serait fait de personne un ami ou un disciple

1, 3-4. Voir aux Notes complémentaires, p. 152.

2. La correction de Bergk, xupioX- pour xmoXoyoup.èvüiv, re-pose sur le passage parallèle de Clément, Stromates, 5, 20, 3 (p. 657Poiler), chez qui les écritures cyriologique et symbolique sont deuxformes de l'écriture hiéroglyphique des scribes ; celle-ci correspond àP/pec d'Hérodote, 2, 36, et de Diodore, 1, 81 ; 3, 38, alors que l'épisto-

l hi d à l dé ti é ti Cf A Wi d 

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42 V I E DE P Y T H A G O R E 13-15

sans le soumettre préalablement à un examen physio-gnomonique de sa nature. 14 . Il avait aussi un autreadolescent, acquis en Thrace, qui se nommait Zamoxis,parce que dès sa naissance on avait jeté sur lui une peaud'ours ; car les Thraces appellent la peau zalmosl . Pytha-gore, qui l'aimait, le forma à l'astronomie, aux cérémo-nies et au reste du culte des dieux ; d'après certains, il senommait Thalès, et les barbares l'adorent comme Hé-raclès. 15. Au dire de Dionysophanès 2 , il avait ét él'esclave de Pythagore, fut capturé par des pirates quile tatouèrent, et quand des émeutes forcèrent Pythagoreà s'exiler, il se banda le front pour cacher le tatouage 3.

Selon d'autres, le nom de Zalmoxis se traduit « étranger e.Comme Phérécyde était tombé malade à Délos, Pytha-gore le soigna, l'enterra après sa mort, puis retourna àSamos avec le désir de fréquenter Hermodamas, des-cendant de Créophyle. Il y séjourna un certain temps ets'occupa de l'athlète samien Euryménès, qui, grâce à sessages avis, vainquit malgré sa petitesse beaucoup d'ad-versaires de haute taille et triompha à Olympie. En effet,alors que les autres athlètes gardaient la vieille coutumede se nourrir de fromage et de figues, il suivit le conseilde Pythagore et fut le premier à manger chaque jour unequantité déterminée de viande, qui fortifia son corps 4.Pourtant, lorsque Pythagore progressa en sagesse, ilconseilla de lutter, mais non pas de vaincre : il fallait,pensait-il, supporter la fatigue et éviter l'envie que sus-

1. Cf. Hérod., 4, 95-96 ; Jamblique, V. P., § 173 ; F. Pfister, s Zal-moxis ap. Studies... D. M. Robinson, II, Saint-Louis, 1953, p. 1112-1123 ; M. Eliade, De Zalmoxis à Gengis-Khan, Paris, 1970, p. 52-54.Zalmoxis avait été esclave et disciple de Pythagore avant de deve-nir dieu et législateur des Thraces. Platon lui prête des incantationscapables de guérir l'âme en lui donnant la sagesse ; cf. Charmide,156 e-157 a.

2. Dionysophanès n'est guère pour nous qu'un nom (E. Wellmann,R.-E., V, s. Peut-être faut-il l ' identifier avec le Diophanès ouDiophante (fr. 1 Millier, F. H. G., IV, 397) cité par le scoliaste d'Apol-l i d Rh d à III 240 f A H k Phil l 5 1850 

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43 V I E DE P Y T H A G O R E 15-17

cite la victoire ; d'ailleurs, à d'autres égards encore, ilarrivait de se corrompre aux vainqueurs couronnés.

16 . Là-dessus, quand la tyrannie de Polycrate eutd ominé s ur Samo s, P yt ha go re j ugea i nd éc ent

pour un philosophe de vivre sous un pareil régime,et il décida de s'embarquer pour l'Italie 1. Ayant, au cours duvoyage, abordé à Delphes , i l g rava sur la tombed'Apollon une élégie par laquelle il montrait qu'Apollonétait fils de Silène, qu'il avait été tué par Python etenseveli dans ce qu'on nomma le trépied 2 ; ce nom venaitde ce que les trois vierges, filles de Triopas, avaient chanté làle thrène d'Apoll on. 1 7 . Ar ri vé e n Cr èt e, i l s eprés enta aux mystes de Morgos, un des Dactyles de

l'Ida, qui le purifièrent à l'aide de la pierre de foudre, dèsl 'aurore étendu de tout son long au bord de la mer, lanuit couronné près du fleuve de la toison d'un béliernoir'. Descendu dans la grotte de l'Ida avec de la lainenoire , i l passa là les t ro is fois neuf jours r itue ls ,sacrifia à Zeus, vit le trône que l'on jonche de feuilles 4

chaque année en son honneur, et grava sur sa tombe uneépigramme intitulée « Pythagore à Zeus », dont voici le début:

Ci-git mort Zan, que l'on5

appelle Zeus.1. Doublet du § 9 fin. Tous ces premiers chapitres contiennentbeaucoup de redites ; Porphyre n'a pas fondu ses sources.

2. Cf. P. Amandry, La mantique apollinienne à Delphes, Paris,1950, p. 143 ; j'emprunte en partie sa traduction de quelques lignes. Ilajoute : « Au moins à une époque tardive, la cuve du trépied étaitconsidérée comme une châsse à reliques. »

3. Cf. C. A. Lobeck, Aglaophamus, Kiinigsberg, 1829, p. 1179-1180.4. Ou e sur lequel on étend des tapis e (R-M. Schuhl, Essai sur  la

 formation de la pensée grecque, Paris, 19492, p. 95). Pour la descentedans la grotte, cf. D. L., 8, 3 (p. 105, I. 6 Delatte).

5. C'est-à-dire « les Grecs s. Callimaque (Hymne, 1, 8) fait de cettet o m b e u n e x e m pl e d e l a f a u s s e t é c r é t o i se : K p i i - re g & e t ; cf.l'i it ti d Gét li ( d itié d i iè l d t è ) A th l 

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44 VIE DE PYTHAGORE

18 . Quand i l eut débarqué en Ital ie et se trouva àCrotone, rapporte Dicéarque 1, cet homme arrivé après de

longues pérégrinations, riche, bien doué par la Fortuneen ce qui concernait sa personne, — grand, un aspect

noble, beaucoup de charme, la parure de l'élocution, ducaractère, de tout le reste, — fit une telle impression sur lacité des Crotoniates qu'après avoir enthousiasmé 2 leconseil des anciens par nombre de beaux discours i ladressa encore aux jeunes, sur l 'ordre des magistrats,des exhortations adaptées à leur âge ; puis il s'adressaaux enfants, rassemblés nombreux des écoles ; ensuiteaux femmes ; et une association de femmes se constituapour lui. 19. Tout cela lui valut une grande renommée,

qui lui attira beaucoup d'adeptes de la cité même, nonseulement des hommes mais aussi des femmes, dontl'une au moins, Théano, s'est fait même un nom fameux 3;beaucoup aussi des pays barbares du voisinage, rois etdynastes. Quant à ce qu'il disait à ses intimes, nul nepeut le formuler avec certitude ; et en effet il régnaitparmi eux un silence exceptionnel 4. Toutefois les points leplus généralement admis sont les suivants : d'abord quel 'âme est immortelle ; ensuite , qu'el le passe dans

d'autres espèces animales ; en outre, qu'à des périodesdéterminées ce qui a été renaît, que rien n'est absolumentnouveau, qu'il faut reconnaître la même espèce à tous

1. Le fr. 33 Wehrli devrait comprendre non seulement le § 18mais encore le § 19 ; cf. Burkert, p. 122 et n. 7.

2. La description du physique de Pythagore et de l'attrait qu'ilexerçait réunit quelques- unes des caractéristiques de « hommedivin u, théios  anèr (cf. L. Bieler, surtout I, p. 147, n. 11). De même, auchap. 21, son appel à la liberté, le fait de l'apporter aux hommes, serange parmi ces caractéristiques ; c'est ainsi que Josèphe présenteMoïse (Ara., II, 224, 231, 232). Cf. la recension par W. E. Telford(Journal of Theol. Studies, N. S. 30, 1979, p. 250 et n. 1-2) de Carl

H H ll d Th i i H ll i ti J d i A C iti f th 

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45 VIE DE PYTHAGORE 19-21

les êtres qui reçoivent vie 1. Car ce sont là, d'après latradition, les dogmes que Pythagore le premier introduisiten Grèce.

20. Il attira tellement à lui l'attention universellequ'une seule leçon qu'il fit à son débarquement en Italieconquit par son éloquence, au dire de Nicomaque, plusde deux mille auditeurs 2, au point que nul ne le quittaitpour rentrer chez soi : avec femmes et _ enfants, les hommesétablirent un vaste lieu de réunion 3 et fondèrent ce quipartout s'appelle en Italie la Grande Grèce 4 , reçurentde Pythagore lois et préceptes comme des monitions di-vines et ne s'en écartèrent en aucune de leurs actions.

Ils mirent aussi leurs biens en commun et comptèrentPythagore parmi les dieux ; aussi , choisissant un deleurs secrets scientifiques, é légant d 'a i l leurs et quis'étendait à beaucoup d'achèvements de la nature, la"tétractys", ils prirent l 'habitude de jurer par elle eninvoquant Pythagore comme un dieu, tous et dans toutesleurs assertions : Non, par celui qui à notre génération a léguéla tétractys, laquelle, de la nature en flux perpétuel, détientla source et la racine 6. 21 .Quant aux villes d'Italie et deSicile qu'au cours de ses v oyages il trouvamutuellement asservies, les unes de longue date, lesautres récemment, il les libéra, en leur faisant insuffler despensées de liberté par les

21 .1. Selon l'usage ordinaire, le mot Vox, comme gl itpuxce, excluait les

plantes ; mais Empédocle et Héraclide les y  comprennent, et peut-être cela est-il impliqué dans le tabou sur les fèves (Burkert, p. 133, n.74). Le re retour périodique des mêmes événements s est, selon A. Delatte(Études, p. 48, n. 1), un des éléments pythagoriciens du mythe duPolitique, 273 c 9.

2. Ce chiffre varie suivant les sources. Les §§ 20-31 viennent deNi i l i ê it Né th t t l é i l t d l 

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46 VIE DE PYTHAGORE 21-24

disciples qu'il avait en chacune d'elles : Crotone, Sybaris,Catane, Rhégium, Himère, Agrigente, Tauroménium etd 'autres auxquelles i l f i t donner aussi des lois parCharondas de Catane et Zaleucos de Locres 1; et ces loisleur suscitèrent longtemps l'envie de leurs voisins. Pouravoir entendu Pythagore, Simichos, tyran de Centu-ripe 2, déposa le pouvoir et partagea ses biens entre sasoeur et ses concitoyens.

r 22 . Il vi t venir à lui , au dire d 'Aristoxène, des Luca-niens, des Messapiens, des Peucètes3 , des Romains. Ilsupprima radicalement les discordes non seulemententre proches mais entre descendants pendant plusieursgénérations, et en somme dans toutes les villes d'Italie etde Sicile, à l'intérieur de chacune et entre elles. Souvent,à tous les groupes, nombreux ou restreints, il adressaitcette maxime : il faut exiler par tous les moyens etamputer par le feu, le fer, de toutes manières, du corps lamaladie, de l'âme l'ignorance, du ventre le luxe, de lacité la discorde, de la famille la duplicité, et en mêmet e m p s , d e p a r t o u t , l a d é m e s u r e 4 . 2 3 . E t s ' i l f a u tcroire les anciens et remarquables chercheurs qui ontécrit sur lui, c 'est jusqu'aux animaux sans raison que

s'étendaient ses avertissements 5. L'ourse de Dauniamolestait les indigènes ; il s'en empara, dit-on, l'apprivoisalongtemps en la nourrissant de galette et de glands, lui fit

 jurer de ne plus toucher à un être vivant et la relâcha ; elle ,aussitôt, s'en alla dans la montagne et les fourrés, sansqu'on la vît plus jamais s'attaquer même à un animal

1. Cf. les textes cités par P.-M. Schuhl, Essai...2 , p. 268, n. 2, etpa r K . v on F r itz, Pythagorean Politics... Les §§ 21-22 viennentd'Aristoxène de Tarente, dont ils forment le fr. 17 Wehrli ; mais lamention de Tauroménium, qui ne fut pas fondée avant 403 a. C., est un

h i B k t ( 119 60 f 104 37) hé it à 

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47 VIE DE PYTHAGORE 23-25

sans raison 1. 24 . Il vit encore à Tarente un boeuf qui, dans un pâturage d'herbes variées, broutait des fèvesvertes ; il aborda le bouvier et lui suggéra de dire auboeuf de s'abstenir des fèves ; comme le bouvier se mo-quait de lui et prétendait ne pas savoir parler bovin, ils'approcha du taureau et lui murmura à l'oreille nonseulement de quitter le champ de fèves mais de ne plustoucher désormais à ce légume 2. Le boeuf vécut trèslongtemps ; il resta à Tarente, vieillissant près du sanc-tuaire d'Héra et appelé « le boeuf sacré », alimenté parla nourriture que lui tendaient les visiteurs. 25 . A

Olympie, un aigle volait au-dessus de sa tête pendantqu'il se trouvait causer avec ses familiers de présages,de symboles, de signes de Zeus, en disant que ce sontlà des messages et des voix pour les hommes vraimentchers aux dieux ; il fit ,dit-on, descendre l'oiseau et aprèsl'avoir caressé le relâchai. Une autre fois, se tenant àcôté de pêcheurs dont le filet tirait encore de la mer uneprise abondante, il prédit la quantité de poissons qu'ilsramenaient, en précisant le nombre ; quand les gens luieurent promis d'exécuter ses ordres si la prédiction sevérifiait, il leur ordonna de rejeter vivants les poissons,après les avoir exactement comptés ; et le plus merveil-leux est que pendant tout le temps que dura le compteaucun des poissons qui étaient restés hors de l'eau n'ex-pira en sa présence 4

1. A l'exemple de la déesse potnia thèrôn (La religion grecque, p.51-52), le théios anèr est « maître des fauves », dompteur de monstres ; cf. J. Fontai ne à Sulpice Sévère, Vie de saint Martin, t. II, commentaire(Sou r ce s c hr é tie nne s, 1 34), 1 968, p . 84 5 e t n. 2 ; L . Biele r,THEIOS ANÈR, I, p. 104 s.

2. Cf. p. 56, n. 5 (p. 155).3. Cf. entre autres (Burkert, 142, n. 121) Plutarque, Numa, 8, 8.

Nauck appuie sa cj. 8-rree en renvoyant à De abst., II, 53, 1 (p. 178, 16 ;cf. J. Bouffartigue, ad loe.).

4. « Connaître d'avance un nombre rentre dans les attributionsdu voyant depuis les temps anciens (Hésiode, Mélampodie, fr. 278Merkelbach-West) (Burkert, p. 145, n. 140) ; cf. L. Bieler, THEIOS ANÈR, I, p. 87 ss.

 

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48 VIE DE PYTHAGORE 25-27

26. A beaucoup de ceux qui l'abordaient il rappelaitla vie antérieure que leur âme avait jadis vécue avantd'être enchaînée à leur corps actuel. Et lui-même, pardes preuves irrécusables, démontrait qu'il réincarnaitEuphorbe fils de Panthoos 1, et parmi les vers d'Homère il

chantait ceux-ci de préférence en s'accompagnant mé-lodieusement à la lyre : « Le sang trempe ses cheveuxtout pareils à ceux des Grâces, ses boucles, qu'enserrent e tl 'or et l 'argent. On voit parfois un homme nourrir unplant d'olivier magnifique, dans un lieu solitaire, unb e au p l an t p le i n d e s è ve , a r ro s é d 'u ne e au a bo n-dante, vibrant à tous les vents, qu'ils soufflent d'ici oude là, et tout couvert de blanches fleurs. Mais un ventvient soudain en puissante rafale, qui l'arrache à la terre

où plonge sa racine et l'étend sur le sol. Tel apparaît lefils de Panthoos, Euphorbe à la bonne lance, que Ménélasl'Atride vient de tuer et qu'il dépouille de ses armes. »

27. Ce que l'on raconte du bouclier d'Euphorbe lePhrygien, consacré à Mycènes en l 'honneur de l 'Hérad ' A rgos parmi d ' au t res dépoui l les t royennes, nousl'omettons comme par trop banale. D'après la tradition,traversant un jour le fleuve Caucase 3 avec plusieurs deses adeptes, il le salua ; et le fleuve répondit, à haute et

intelligible voix, comme tous l'entendirent : « Joie à toi,Pythagore. » Un seul et même jour le vit, à Métaponte enItalie et à Tauroménium en Sicile, se réunir et s'entre-

1. « Le courant principal de la tradition fait de Pythagore une réin-carnation d'Euphorbe » (Burkert, p. 124) ; cf. Aristoxène, fr. 12 W. ;Dicéarque, fr. 36 W. ; Cléarque, fr. 10 W. C'était une preuve de lamétempsycose ; cf. Burkert, p. 138-141. Chez Callimaque (fr. 191,58-62 Pfeiffer), « le Phrygien Euphorbe » désigne naturellementPythagore (id., p. 420).

2. Pythagore reconnut à Argos le bouclier que Ménélas avaitenlevé au corps d'Euphorbe (Diod., 10, 6, 2 ; Ovid, Métaux., 15,163 ss.)... Horace, Odes, 1, 28, 9 ss., n'indique pas de lieu • (Burkert, p.140 109) A llèl D l i 107 à I 7 12 (D L 

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tenir publiquement avec les adeptes des deux villes ;c'est ce qu'affirme à peu près tout le monde, alors que ladistance par terre et par mer est d'un bon nombre <destades> et qu'il faut bien des jours pour la parcourir'.

28. Mais son ostension de la cuisse d'or à Abarisl'hyperboréen 2, qui avait deviné en lui l'Apollon desHyperboréens dont Abaris était le prêtre et qui assurait lavérité du fait, c'est une histoire rebattue 3. De mêmel'histoire du navire qui abordait : à ses amis qui priaientpour que la cargaison leur arrivât intacte Pythagoreaurait dit : « Vous aurez donc un mort » ; et le navireaborda avec un mort. Une infinité d'autres faits plusmerveilleux et plus divins ont été racontés d'une ma-nière égale et uniforme. En un mot, de personne on n'a

soupçonné plus de choses ni de plus extraordinaires 4.29. On rappelle de lui des prédictions infaillibles de

tremblements de terre, qu'il détourna rapidement despestes, arrêta des vents violents et une chute de grêle,calma les flots des fleuves et de la mer afin de permettreune traversée aisée de ses adeptes. Pour avoir eu part àces dons, Empédocle, Épiménide, Abaris ont souvent accomplide pareils exploits 5 : leurs poèmes en témoignent clairement,d'autant mieux que « chassevents » était le surnomd'Empédocle, « purificateur » celui d'Épiménide, éthérobate »

celui d'Abaris, parce que, dit-on, porté sur une flèche que luiavait donnée Apollon Hyperboréen, il franchissait les fleuves,les mers, les passages inaccessibles en voyageant de quelquefaçon dans l 'aire. C'est ce que d'aucuns ont prêté àPythagore quand, à Métaponte

1. La glose marginale oU' et ô  '42.62xot:.i. (sic) te, «  pas même s'il avaitété Habacuc », fait allusion au prophète transporté par les cheveuxde Judée à Babylone pour apporter de la bouillie à Daniel dans lafosse aux lions (Dan., 14, 33 ss.). Cf. Nauck8, à la fin de l'apparat de lap. 31. — Sur le salut à Pythagore, 4 rituel pour l'épiphanie d'un

di f iihki h d d i ib

9 I E DE P Y T H A G O R E 27-29

 

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et à Tauroménium, il se mêla, le même jour, aux adeptesdes deux villes 1.

30. Il charmait par des rythmes, des chants, desincantations les souffrances de l'âme et celles du corps.

Cela convenait à ses adeptes ; mais pour son compte ilécoutait l'harmonie de l'univers, sensible qu'il était àl'harmonie universelle des sphères et des astres qui s'ymeuvent, que la médiocrité de notre nature nous em-pêche d'entendre 3. C'est ce dont témoigne Empédoclequand il dit de lui : « Et il y avait parmi eux 3 un hommed'un rare savoir, maître plus que personne en toute sorted'oeuvres sages, qui avait acquis un immense trésor deconnaissances 4. Car lorsqu'il tendait toutes les forces deson esprit, sans peine il voyait toutes choses en détail,

pour dix, pour vingt générations humaines 5. »

31. Ces expressions, « rare », il « voyait toutes chosesen détail », « trésor de connaissances » et autres semblablesmanifestent avant tout l'organisation exceptionnellede Pythagore, plus rigoureuse que toute autre, pource qui était de voir, d'entendre, de penser. En tout cas,de la voix des sept planètes, de celle <de la sphère> desfixes et, en outre, de celle de la <sphère> au-dessus denous que l'on appelle « antiterre » 6, il faisait les neuf Muses. Quant au mélange, à la symphonie, comme qui

1, 4-6. Voir aux Notes complémentaires, p. 153-154.

2. L'image expressive de la « musique # ou de l' a harmonie dessphères > est essentielle au pythagorisme ; cf. W. K. C. Guthrie, A

History of Greek Philosophy, I, 1962, p. 295-301 ; W. Burkert, p. 350 sv. ; H. The sle ff , The Pythagorean Texts of the Hellenistic Period, Abo,1965, p. 186, n. 22. Mais il y  avait plusieurs explications de notreimpuissance à l'entendre : B. L. van der Waerden, p. 102-103. P.Boyancé conclut ainsi a Les Muses et l'harmonie des sphères s(Mélanges F. Grat, I, Paris, 1946, p. 3-16) : a Parmi les textes quiattribuent à Pythagore la doctrine des Muses planétaires, il en est un dePorphyre (V. P., 31) qui pourrait remonter assez haut, car il fait mention

d b

5 0 V I E D E P Y T H A G O R E 29-31

 

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51 VIE DE PYTHAGORE 31-34

dirait au lien de toutes (les Muses), dont chacune, commed'un éternel inengendré, est partie et émanation, ill'appelait Mnémosyné. 32. Décrivant sa vie de tous les

 jours, Diogène 1 dit qu'il recommandait à tous de fuir

l'ambition et la recherche de la gloire, qui suscitent leplus l'envie, et d'éviter la fréquentation de la foule 2. Sesentretiens commençaient dès l'aube, au seuil de samaison ; il parlait en s'accompagnant de la lyre etchantait de vieux péans de Thalétas 3. Il chantait encored'Homère et d'Hésiode tout ce qu'il jugeait capabled'adoucir l'âme. Il exécutait aussi les danses qu'ilestimait procurer au corps souplesse et santé. Quant àses promenades, il ne les faisait pas avec une courpropre à susciter l'envie 4, mais à deux ou trois dans les

sanctuaires ou les bois sacrés, en choisissant les endroitsles plus tranquilles et les plus beaux 33. Il aimaitextrêmement ses amis, lui qui le premier avait déclaréqu'entre amis tout est commun et que l'ami est un autresoi-même s. Étaient-ils en santé, il ne cessait de vivreavec eux ; infirmes de corps, il les soignait ; malades del'âme, il les revigorait, comme nous le disions, soit par desincantations magiques, soit par de la musique. Il avaitaussi, même pour les maladies corporelles, des airsguérisseurs s par lesquels son chant remettait sur pied lesmalades. D'autres faisaient oublier la peine, calmaient lescolères, chassaient les désirs désordonnés.

34. Son régime maintenant. Au déjeuner, des rayons

1. Aux §§ 32-36, comparer Antoine Diogène ap. Photius, Bibi., 166 (p.142, 1. 13-16 et n. 4  Henry, d'après E. Rolide, Der gr. Romani-, p.253 et n. 2).

2. A. Segonds omettrait t.t.vrà avec W, « sur le modèle de Xénophon,Mémor., I, 2, 20, Trev xpyrréév 61./tItav ».

3. Poète spartiate de la première moitié du vile siècle avant Jésus-Christ, dont il ne nous reste aucun fragment. Pour Homère, cf. § 26.

 

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52 VIE DE PYTHAGORE 34-36

de cire ou du miel ; au dîner, du pain de mil, de la galette,des légumes bouillis ou crus, rarement de la viande de vic-

times sacrificielles, et encore non pas de toutes les par-ties. Le plus souvent, quand il devait pénétrer dans unsanctuaire des dieux 1 et passer là un certain temps, ilusait de nourritures qui arrêtent la faim et la soif  2 ;contre la faim, il faisait un mélange de graine de pavot,de sésame, d'écorce de scille lavée avec soin jusqu'à cequ'elle eût perdu son suc, de tiges d'asphodèle, de feuillesde mauve, de farine, d 'orge 3 , de pois c h iches , tousingrédients qu'il coupait en proportions égales et arrosaitde miel de l'Hymette ; contre la soif, il mêlait graine de

 

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pâte, au dire des auteurs plus exacts, quand il eut décou-vert que le carré de l'hypoténuse du triangle rectangleétait égal à la somme de ceux des côtés 1 . Tous les proposqu'il tenait à ses disciples étaient des exhortations oudiscursives ou symboliques. 37 . Car double était laforme de son enseignement. Parmi ses disciples, les unsétaient appelés mathématiciens, les autres acousmatiques 2.

Les mathématiciens avaient appris à fond le discoursscientifique supérieur, travaillé dans le moindre détail ;les acousmatiques n 'avaient entendu que sommaire-ment les préceptes tirés des écrits, sans exposé plus précis.38 . Ce qu'il recommandait, c'était de parler religieuse-ment de l'espèce divine, des démons, des héros 3 et d'avoirsur eux des idées justes, d 'ê tre bien disposés enversparents 4 et bienfaiteurs ; d'obéir aux lois ; d'adorer lesdieux, non par-dessus le marché mais en quittant sa

maison pour cela 5 ; de sacrifier aux dieux du ciel ennombre impair, aux chtoniens en nombre pair e. C a rparmi les puissances opposées il appelait la meilleure «monade », lumière, droit, égal, stable, direct ; la moinsbonne e dyade », obscurité, gauche, inégal, circulaire,mouvant 7.

39 . Voici ses recommandations. Ne pas supprimerni abîmer un végétal comestible et porteur de fruits,non plus qu 'un animal qui n 'a pas dans sa nature de

nuire à l'espèce humaine5

. S'agissant d'un dépôt nonseulement d'argent mais encore de paroles, le garderfidèlement au dépositaire. Reconnaître trois genres dis-tincts de choses dignes de recherche, qu'il faut poursuivre etpratiquer d'abord ce qui est noble et beau, ensuite

1. Littéralement e à la somme des côtés a. C'est le « théorème dePythagore » : le carré de l'hypoténuse d'un triangle rectangle est égal àla somme des carrés des côtés. Cf. Proclus, In Eucl., I, 47, p. 416, 6 ss.Fr. ; D. L., 8, 12. Les a auteurs plus exacts e comprennent sans douteDicéarque, comme au début du § 56. Sur les invraisemblances du récit,cf. B. L. van der Waerden, Die Pythagoreer, p. 42-43.

53 6-39

 

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54 VIE DE PYTHAGORE 39-41

ce qui est uti le à la vie , en troisième et dernier l ieul'agréable1 . Seulement il n'admettait pas le plaisir vul-gaire et ensorceleur, mais celui qui est sûr, décent, et neprête pas à calomnie. Car il y a deux sortes de plaisirs

ceux qui flattent le ventre et les sens dans le luxe et<qu'>il comparait aux chants homicides des Sirènes 2ceux qui sont attachés aux choses belles, justes <ou> né-cessaires à la vie , qui sont à la fois immédiatementagréables et sans remords par la suite, et qui ressem-blaient, d'après lui, à une harmonie musicale. 40. Maisil y avait surtout deux moments qu'il exhortait à bien à bienconsidérer : celui qui précède le sommeil et celui du leveraprès le sommeil. Lors de chacun des deux, il fallait

examiner les actes ou déjà accomplis ou futurs, pourse rendre compte à soi-même des actions passées etprévoir l 'avenir. Avant le sommeil, chacun devait sechanter ces vers :

« N'accueille pas le sommeil sur tes tendres yeuxavant d'être revenu trois fois sur les actions du jour :en quoi ai-je failli? qu'ai-je fait? qu'ai-je omis de mondevoir? »

Et avant de se lever, ceux-ci :

« Tout d'abord, quand tu te lèves au sortir du douxsommeil, examine bien ce que tu feras dans la journée 3 . »41 . Telles étaient ses exhortations ; mais il fallait

surtout dire la vérité, qui seule pouvait rendre les1. Pour cette échelle des fins, 'of. Jambl., V. P., 204.

2. Une tradition pythagoricienne tardive mettait les Muses en rela-tion avec l'harmonie des sphères (cf. § 30 et p. 50, n. 2) et associait lesSirènes à une musique sensuelle (Burkert, p. 351, n. 3). Cf. H. Savon,Saint Ambroise devant l'exégèse de Philon..., Paris, 1977, p. 80, n. 250 ; A.Delatte, Études, p. 132-133 et 260-261.

3. D'après la scolie du Bodleianus (p. 34, 1. 15-16), ces deux

 

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hommes semblables aux dieux. Car, comme il le tenait desmages, le dieu même, que ceux-ci appellent Oromasdès 1,

ressemble de corps à la lumière, d'âme à la vérité. Il

donnait encor e d 'autres enseignements qu ' i l disait avoirreçus de l'Aristocleia delphique 2 . Il en livr ait aussi d'unemanière mystérieuse sous forme de symboles ; Ar is to te en aconsigné plus d'un, que par exemple il appelait la mer «pleurs » (de Cronos?), les Ourses « mains de Rhéa », l a Pléi ade« lyre des Muses », les planètes « chiens de Per séphone » 3 .

Le son produit par un coup sur du bronze était la voix deuelque démon prisonnière de ce bronze". 42 . Il y avait encoreun autre genre de symboles, celui que voici" . Ne paspasser par-dessus une balance, c 'est-à-dire ne pascherche r plus que sa part. Ne pas tisonner le feu avec le

55 VIE DE PYTHAGORE 41-42

 

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56 VIE DE PYTHAGORE 42-44

fardeau à le charger mais non à le décharger ; par où ilconseillait de ne s'associer à personne pour l'indolence,mais seulement pour la vertu'. Ne pas porter d'images

des dieux sur des anneaux, c'est-à-dire ne pas avoir, nepas communiquer à la multitude sur les dieux des opi-nions ou des paroles hâtives ou manifestes 2. Ne faire delibation aux dieux qu'en inclinant la coupe du côté del'anse 3 ; par là il suggérait 4 d'honorer les dieux et de lescélébrer par la musique ; car celle-ci passe par les oreilles.Ne pas manger ce qui n'est pas permis : génération,croissance, commencement, fin, ni ce d'où le premiersoubassement des ê t res prend son or ig ine . 4 3 . I ldisait de s'abstenir, sur les animaux offerts en sacrifice,

des reins, des testicules, des parties, de la moëlle, despieds, de la tête. Il appelait soubassement les reins, parceque c'est sur eux comme sur des fondations que se cons-tituent les vivants ; génération, les testicules et les par-ties, car sans leur action il ne naît pas de vivant ; il ap-pelait croissance la moëlle, qui pour tous les vivants estcause qu'ils grandissent ; commencement, les pieds ; fin, latête : ce sont là les suprêmes dirigeants du corps. Et il disaitde s'abstenir de fèves autant que des chairs humaines 5.44 . A ce qu'on rapporte, s'il les interdisait, c'est pour

cette raison : quand au début l'origine de l'univers et lagenèse des êtres étaient en désordre, que beaucoup degermes étaient ensemble réunis et semés en terre, qu'ils ypourrissaient ensemble, peu à peu il se fit une genèse

1. Sur les diverses formes de ce précepte, à interpréter peut-êtremagiquement, cf. M. Marcovich, ap. Philologus, 108, 1964, p. 43-44.

2. Cf. Lettre à Marcella, chapitre 15 (G. Rocca-Serra, ap. Lenéoplatonisme  [Royaumont, 1969], 1971, p. 196 et n. 3). L'interdic-tion de représenter des dieux sur les anneaux donnait son titre à laquestion 9 (perdue) du livre IV des Propos de table de Plutarque ;

Œ  

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et une discrimination des animaux qui naissaient et desplantes qui poussaient ensemble, si bien que de lapourriture les hommes se formèrent et la fève bour-

geonna 1.Et il en apportait des preuves irréfutables.Croquez une fève ; après l'avoir écrasée avec les dents,exposez-la quelque temps à la chaleur des rayons dusoleil, puis allez-vous-en et revenez au bout d'un instantvous y trouverez l'odeur de la semence humaine 2. Oubien, quand la fève bourgeonnante fleurit, prenez peu dela fleur noircissante 3, mettez-la dans un pot terre quevous boucherez et enfouirez dans le sol ; vous l'y laisserezquatre-vingt-dix jours après l'avoir enfouie. après quoivous la déterrerez et enlèverez le couvercle vous

trouverez alors, à la ,place de la fève, ou une tèted'enfant bien formée, ou un sexe féminin.

45. Il recommandait encore d'autres abstinences parexemple de vulve (de truie)4, de grondin, d'actinie. et àpeu près de tous les autres produits de la mer. Et il seréférait à ses incarnations précédentes, disant qu'il avaitété d'abord Euphorbe, ensuite Aethalidès, en troisièmelieu Hermotime s, en quatrième lieu Pyrrhos, etmaintenant Pythagore 8 ; par quoi il démontrait quel'âme est immortelle et, chez ceux qui ont été purifiés,

arrive à se souvenir de sa vie ancienne'.46. Il professait une philosophie 8 dont le but était

de délivrer et d'affranchir totalement de ces entraves et

1. A partir de 'rose (p. 57, I. 2), le texte vient d'Antoine Diogène,cité par Jean Lydus, De mensibus, 4, 42, 4 (p. 99, 24-100, 13 W.);cf. Burkert, p. 99, n. 9 ; p. 184, n. 133 et 135 ; Bidez-Cumont, II, p.66, n. 6. Ces derniers auteurs (ibid., p. 63-64) mettent en parallèle notrepassage (fin du § 43 et tout le § 44) et Hippolyte, Elenchus, I, 2, 12-15 (p. 7 Wendland) Doxographi graeci, p. 557, 20-30. M. Marcovich (p.31-32) étend le parallèle à Lydus, De mensibus, et y  ajoute le fr. 41

57 VIE DE PYTHAGORE 44-41

 

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de ces liens 1 l'intellect qui nous a été attribué et sans le-quel on ne saurait apprendre ni percevoir absolument riende sensé et de vrai, quel que soit le sens en action. Carl'intellect par lui-même « voit tout, entend tout ; le reste

est sourd et aveugle ». Une fois l'intellect purifié, il fautlui fournir quelque chose de ce qui lui est profitable.Or Pythagore le lui fournissait en imaginant cette mé-thode : tout d'abord il le guidait insensiblement vers lacontemplation des incorporels de sa race 2 qui demeurenttoujours en un état identique et immuable, en progressantpeti t à peti t , de peur que, troublé par la soudainetéet la brusquerie du changement, il ne soit rebuté et nese décourage, pour avoir été trop longtemps nourri dans

le vice. 47 . Ainsi donc, par les sciences et les réflexionssituées à la frontière des corps 3 et des incorporels [à troisdimensions comme corps, sans résistance comme incor-porels], il s'exerce progressivement aux êtres réellementexistants, en conduisant méthodiquement les yeux del'âme, à partir du corporel qui jamais ne demeure tantsoit peu identique et permanent dans le même l ieu,

 jusqu' à l 'a cquisition de sa no urri tur e 4. Par là , en in-troduisant les hommes à la contemplation des vraies

réalités il les rendait heureux.Voilà pourquoi l 'entraînement aux mathématiquesavait été reçu (dans l 'école). 48 . Quant à l 'étude desnombres, comme le dit entre autres Modératus de Ga-dès 5 qui a réuni en onze livres, fort pertinemment, les

1. Sur l'image des liens, qui revient dans la Lettre à Marcella,au début du chap. 33, cf. p. 125, n. 3 p. 161).

2. Aux qualificatifs de l'Idée chez Platon (Phédon, 78  c 5... ; cf.L e x i qu e . . . d e P l a t on , s . v . éoscofyrcog)   4. 6 c puXo v a j o ute l anotion de parenté entre l'intellect et le divin : e nous aussi noussommes de sa race s.

58 IE DE PYTHAGORE 46-48

 

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opinions de nos philosophes, elle s'est imposée pour laraison que voici. Ne pouvant, dit-il, expliquer claire-ment par la parole des premières formes et les premiersprincipes, vu la difficulté de les concevoir et de les ex-

poser, les pythagoriciens se rabattirent sur les nombrespour la clarté de l'enseignement, imitant ainsi les géo-mètres et les maîtres d'école. Ceux-ci en effet pour faireapprendre la valeur des éléments (du langage) et ceséléments eux-mêmes, ont recours aux caractères del'alphabet, disant que ces caractères sont des élémentsquand i l s 'agit de commencer l 'enseignement ; plustard seulement ils enseignent que les caractères ne sontpas des éléments, mais que par eux on se représenteles éléments véritables 1. 49 . De même pour les géo-

mètres : ne pouvant représenter par la parole les formesdes corps 2, ils' se rabattent sur le tracé des figures : ilsdisent que ceci est un triangle et ne veulent pas qu'un tr ia nglesoit ce qui tombe sous la vue, mais bien ce qui a tellepropriété, et par là ils inculquent la représentation dutriangle. C'est ce que les pythagoriciens ont fait pour lesraisons et les formes premières : n'arrivant pais à expliquerpar la parole les formes immatérielles et les premiersprincipes, ils se sont rabattus sur la représentation parles nombres 3. Et ainsi ils ont appelé « un » la raison del 'unité, de l 'identité, de l 'égalité , la cause de laconspiration et de la sympathie de l'univers, de la

tugière, Révélation, III, 1953, p. 182, n. 1 et 7. [Voir encore H. D. Saffrey-L. G. Westerink, Proclus, Th. plat., II , p. xxvi-xxxv ; J. Dillon, The Middle Platonists, p. 344-351 (A. S.).]

1. C'est-à-dire les sons élémentaires de la parole * (Lévêque, p.628).

2. Avec Lévêque, je garde le cre.u.ta-roeLej des manuscrits, quioppose le cas des géomètres à celui des pythagoriciens (1 49 mil.) : ceux-ci auront affaire aux eccréi)!Dx-ra c[57).

59 IE DE PYTHAGORE

 

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60 VIE DE PYTHAGORE

conservation de ce qui garde identitéimmua ble ; en effet , l 'un dans les

parties est tel parce qu'il reste uni etconspire avec elles par participation à lacause première.50. Quant à la ra ison de l 'a ltér ité,de l'inégalité, de tout le divisible quichange et revêt diverses formes, i lsl'ont appelée double et dyade ; car telleest dans les particuliers aussi la nature dela dualité. Et ces notions ne valent pas pourles uns sans valoir aussi pour les autres 2 :

 

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l ' intermédiaire de cette forme. Pourles autres nombres, il en va de même 3 ;car tel est l'ordre dans le-

1. [Pour le sens de cnixbrt, cf. la note de D.E. Eichholz, Theophrastus. De lapidibus, Oxford,1965, p. 93 : a non item e (A. S.).]

2. Bon résumé des §§ 49-50 ap. P. Kucharski,Aspects de la spéculation platonicienne, Paris,197 1, p. 127 . — E iK ri wo u x 4. v M ac m cc X E o c :

récurrence (avec chiasme) du § 48 (p. 59, 6).La formule remonte au moins à Xénocrate (fr.5 4 H .) e t à T hé ophr as te , q ui e xpl iq uai enta i ns i l e Timée; c f . J . D il lo n, The Middle Platonists, p. 346, et ma Notice  à Atticus,Fragments, p. 15 et n. 6.

3. La même formule a servi au début du § 51, 

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quel les nombres en question se succèdent. 52. Lessuivants tiennent en un seul genre, une seule puissance,qu'ils ont appelée décade, autant dire réceptaclel. Aussifont-ils de dix un nombre parfait, ou plutôt le plus parfait

de tous, puisqu'il comprend en lui toutes les différencesdes nombres, toutes les espèces de raisons, toutes lesproportions. Si en effet la nature universelle est déterminéepar des raisons et des proportions numériques, si ellerègle par des raisons numériques tout ce qui naît, s'accroîtet atteint son plein développement, si d'autre part touteraison, toute proportion, toute forme numérique sontcontenues dans la décade, comment celle-ci ne mériterait-elle pas d'être appelée nombre parfait?

53. Telle est donc la théorie pythagoricienne des

nombres2

. Et c'est à cause d'elle, si originale3

, qu'estvenue à s'éteindre cette philosophie, d'abord en raison deson caractère énigmatique, ensuite parce que les traitésétaient écrits en dorien : ce dialecte manque de clarté ; etc'est précisément pourquoi on suspectait aussi commeapocryphes et controuvées les opinions qu'il servait àrapporter, sous prétexte que leurs présentateurs n'étaientpas de vrais pythagoriciens4. En outre, Platon et Aristote,Speusippe, Aristoxène et Xénocrate s'en étaient, au diredes pythagoriciens, approprié le plus fécond en le

remaniant un peu ; quant au superficiel, au léger, à toutce que dans la suite les malveillants diffamateurs del'école alléguèrent pour la ruiner et la ridiculiser, ils l'ontrassemblé et classé comme son bien

1. Le grec ne distingue les deux mots que par la gutturale mé-

diane : x pour &xecç (de Uzzoticct, recevoir »), x pour .hxc'cç (deUxoc » dix »). [Sur cette étymologie, cf. Jamblique, In Nicom. arithm.introd., 118.11 ss. Pistelli (A. S.).]

2. «Ce morceau peut servir de commentaire à ce que Plotin dit (Enn., VI,6) des Pythagoriciens » (Lévêque, ap. Bouillet, III, p. 627, n. 3).

3. Où « principalement », avec la cj. de Zeller atriav pour oiSaccv. [Lafaute serait à peu près la même qu'en Proclus, Théol. plat., II, 1 (p. 3, 8

61 IE DE PYTHAGORE 51-53

 

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62 VIE DE PYTHAGORE 53-55

propre. Mais cela n'arriva que plus tard.54 . Pythagore et les compagnons qui l'entouraient

étaient si admirés en Italie, à une grande distance, queles cités confiaient leur gouvernement à ses adeptes.

Mais plus tard ils furent jalousés et il se forma contre eux laconjuration que voici. Cylon de Crotone, l'emportait surtous ses concitoyens par sa naissance, la gloire  de sesancêtres et ses grandes richesses, mais qui était parailleurs difficile, violent, tyrannique et utilisait sa courd'amis et la puissance de sa fortune pour imposer desinjustices, cet homme se jugeait digne de tout ce qui luiparaissait beau, et en particulier pensa mériter entre tousde partager la philosophie de Pythagore. Il va donc trouvercelui-ci, en se vantant et en manifestant le désir de se

 join dre à lu i. Ma is dès qu e Pyt ha go re eu t fa it sub ir àl 'homme un examen physiognomonique 2 et jaugé sanature aux signes qu'il décelait dans son corps, il lecongédia et le renvoya à ses affaires. cylon n'en fut pasmédiocrement affecté , s 'estimant outragé, lui quid'autre part était difficile et ne dominait pas sa colère.5 5 . Il rassembla donc ses amis, calomnia Pythagoreet monta un complot contre lui et ses familiers. Là-dessus,au dire de certains, alors que les adeptes de Pythagoreé ta ient réunis dans la maison de l ' a th lè te Milon e n

l'absence de Pythagore (il était allé à Délos auprès deson ancien maître Phérécyde de Syros pour le soignerdans sa maladie, — c'était une atteinte du mal appelépédiculaire, — et pour l'ensevelir) 3, il les fit tous , périrdans l'incendie de la maison et par lapidation4. Deux

1. Cf. Burkert, p. 95, n. 52 (et p. 175 et n. 71). Ibid. (et n. 50),Burkert rapproche cette attitude, favorable au pythagorisme, decelle de Numénius (fr. 24 des Places, 1 Leemans Eusèbe, Prép. év., 14,5, 7-9).

 

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63 VIE DE PYTHAGORE 55-56

seulement, écrit Néanthe, échappèrent au bûcher, Ar-chippe et Lysis ; un de ces deux, Lysis, se fixa en Grèce,gagna Thèbes et se joignit à Épaminondas, dont il devintaussi le maître 1. 56. Mais pour Dicéarque et les au-

teurs plus exacts 2, Pythagore lui-même était présentlors de l'agression, car Phérécyde était mort avant sondépart de Samos. Quarante de ses disciples, réunisdans une maison particulière, furent pris d'un coup ; laplupart des autres périrent isolément dans la ville, commeil s s' y  trouvaient. Voyant ses amis vaincus, Pythagorese sauva d 'abord au port de caulonia 3 , puis de là àLocres. Quand les Locriens l'apprirent, ils dépêchèrentquelques-uns de leurs anciens aux frontières du pays ;

et quand ceux-ci le rencontrèrent, ils lui dirent : « Pytha-gore, nous te savons homme sage et habile ; mais commenous n'avons rien à redire à nos propres lois, nous es-saierons, pour notre compte, de nous y tenir 4 ; quant à toi, va-t-en en quelque autre endroit, en emportant de chez nousle nécessaire dont tu peux avoir besoin. » Lorsqu'il eut decette façon quitté la cité de Locres, il fit voile vers Tarente ;puis, comme il y trouvait les mêmes difficultés q u'àcrotone, i l vint à Métaponte. Partout, en  effet , i l

s'était produit de graves soulèvements, que maintenantencore 5 se rappellent et racontent les habitants,1. Sur Lysis, cf. Plutarque, Le démon de Socrate, 13, 583 a-c, avec ma

note (en tête de H. Pourrat, Le sage et son démon, 1950, p. 15, n. 3) etcelle de A. Corlu (édition du Démon, 1970, p. 189, n. 62). Mais si Lysisest mort à Thèbes peu avant 379 a. C., a-t-il pu au milieu du ve siècleéchapper à l'agression cylonienne (cf. Wehrli, Aristoxenos Kommentar, p.52)? Sa longévité serait alors extraordinaire ; non pas, cependant,absolument impossible.

2. Dont Porphyre lui-même, qui prend parti avec Dicéarque contre laversion (celle d'Aristote, fr. 191, et d'Aristoxène, fr. 18 fin) qu'ilempruntait à Nicomaque au § 55 ; cf. Lévy, Recherches, p. 51, n. 4 fin ; et,pour la récurrence d'c'expi6écr'repot (52, 30), ci-dessus, p. 53, n. 1.

 

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qui les nomment « les événements du temps des pytha-goriciens ». [Et on appela pythagoriciens toute la factionqui avait suivi Pythagore.]

57. Pythagore lui-même, dit-on, mourut à Méta-ponte ; il s'était réfugié au sanctuaire des Muses, où ilétait resté quarante jours privé du nécessaire 1. Selond'autres, quand le feu ravageait l'habitation où ils setrouvaient réunis, ses adeptes se jetèrent dans le feu pourouvrir un passage à leur maître, en faisant de leurs corpsun pont sur le feu. Ayant ainsi passé à travers l'incendie,Pythagore, désespéré d'avoir perdu ses familiers, sedonna la mort. Du désastre qui avait ainsi frappé lasecte la connaissance disparut jusqu'à nos jours, conservée

silencieusement dans les coeurs2

, alors que ceux dudehors ne se remémorent que les sottises 3. Car dePythagore lui-même il n'y avait aucun écrit ; et lesrescapés, Lysis et Archippe4 , comme tous ceux quis'étaient exilés, ne sauvèrent que quelques étincelles decette philosop hie, obscures et indécelables.

58. Isolés, désespérés de l'événement, ils se disper-sèrent en divers endroits, fuyant la société des hommes.Mais par crainte que le nom de la philosophie ne disparût

totalement du monde et que les dieux mêmes ne leuren voulussent, ils composèrent des mémoires sommairesoù ils rassemblèrent les écrits des anciens et leurspropressouvenirs, et les laissèrent chacun à l'endroit où lamort les surprit, en conjurant les leurs, fils, filles ou femmes,

1. Récurrence et variante du § 4, où Timée place le sanctuaire (et lamort) à Crotone.

2. Sur le double sens d'eipeyyr(4 (( ineffable parce qu'irrationnel,incommunicable parce que secret s), cf. Burkert, p. 461.

3. Cf. § 53, où u n reproche semblable vise les platoniciens. Parallèle: Jamblique, V. P., §§ 252-253.

4. Depuis Néanthe (§ 55 fin), Archippe remplace le Philolaüs de la

64 IE DE PYTHAGORE 56- 8

 

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65 VIE DE PYTHAGORE 58-60

de ne les donner à personne hors de la famille ; ce que leshéritières observèrent longtemps, en transmettant parsuccession la même consigne à leurs descendants.59. Nous pouvons conjecturer, dit Nicomaque, leur

souci majeur de décliner les amitiés étrangères, de les éviter,de s'en garder avec grand soin, quand nous les voyonspendant plusieurs générations conserver indéfectible l'amitiéqui les unissait 1; c'est aussi ce qu'Anistoxène, dans sa Vie 

de Pythagore, dit avoir appris lui même du tyran Denys deSicile, quand, déchu de la monarchie, celui-ci était maîtred'école à Corinthe 2. D'après lui, ces hommes refusaient leplus possible lamentations et larmes, ... comme aussi prières,supplications et tout <du même genre. 60. Voulant> unjour les éprouver, alors que certains assuraient que si on lesappréhendait et les effrayait ils ne demeureraient pas dansleur fidélité mutuelle, il agit comme on va le voir 3. Phintiasfut arrêté et traduit devant le tyran. Denys l'accusa decomploter contre lui : la chose était patente et il avait étécondamné à mort. Lui de répondre : « puisque tu en as ainsidécidé, accorde-moi au moins

1. La comparaison de ce début du § 59 avec le § 233 de Jam-blique e prouve que celui-ci copie la rédaction de Nicomaque, noncelle de Porphyre » (Burkert, p. 98, n. 5).

2. Sur Denys à Corinthe, cf. Plutarque, De garrulitate, 17, 511 a,et la note de J. Dumortier in Œ uvres morales, VII.1, 1975, p. 324.

3. [Sur les sources de cette histoire moralisante, cf. Burkert, p.104, n. 36. Chez les Latins, cf. Cicéron, De finibus, II, 24, 79 ; De officiis,III, 10, 45 ; Tusc., V, 22, 63 ; Ambroise, De virginibus, II, 5, 34 (P.L., 16, 228 b-c) et De officiis ministrorum, III, 12, 80 (P. L., 1 6, 1 77 d-1 78 a ) n . . 1 3 1 ( p . 3 8 5 ) e t 1 2 5 ( p . 3 8 3 ) a p . G . M ad e c, Saint Ambroise et la philosophie, Paris, 1974 ; cf. p. 151 et n. 353-354. Voirencore P. Courcelle, Les sources de saint Ambroise sur Denys le tyrane, in Revue de philologie, 43, 1969, p. 204-210, surtout 204205 (A. S.).]

 

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le reste du jour pour mettre en ordre mes affaires etcelles de Damon » (c'était pour lui un camarade et unassocié ; et comme il était l'aîné il avait pris sur luiune bonne part des intérêts de l'autre). Il demandait

donc cette permission, en présentant Damon pour sacaution. Denys y consentit. On fit venir Damon ; ap-prenant l'affaire, celui-ci s'engagea à attendre le retourde Phintias. 61. Là-dessus Denys s'émerveillait dece qui se passait. Les autres, ceux qui au début avaientsuggéré l'épreuve, raillaient Damon de ce qu'il seraitlaissé pour compte. Mais au coucher du soleil Phintiasarriva, prêt à mourir ; ce dont tous furent stupéfaits.Denys, lui, embrassa affectueusement les deux amis,en leur demandant de l'admettre en tiers dans leur ami-

tié ; mais malgré ses instances, d'aucune façon ils n'yconsentirent. Voilà ce que rapporte Aristoxène, pourl'avoir appris de Denys en personne 1. Mais Hippobotuset Néanthe racontent de Myllias et de Timycha... 2.

1. F. Wehrli ne donne pas le texte de Porphyre ; son fr. 31 d'Anis-toxène reproduit le § 233 de Jamblique, plus détaillé, où il admirechez Aristoxène l'art du « suspens », « dieses schrittweise Erringender Achtung (Aristoxenos Kommentar, p. 57).

2. Le Bodleianus — plus long d'une page que le Vaticanus, leLeidensis et le Monacensis gr. 91 — s'arrête au milieu de cette phrase ; il

faut demander la suite à Jamblique, V. P., 189-194: Myllias et sa femme Timycha préfèrent la torture et la mort à la violation du secret desfèves. Hippobotus écrivait à la fin du I/I e siècle avant J.-C.,Néanthe au début du Ire (cf. p. 36, n. 1); ils sont souvent cités en-semble (Burkert, p. 102, n. 27) ; mais la source directe est Nicomaque(Burkert, p. 98, n. 6).

66 IE DE PYTHAGORE 60-61

 

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NOTESCOMPLÉMENTAIRES

VIE DE PYTHAGORE

Page 37 :

2. Ce distique, que Jamblique (p. 7, 4-7) attribue à "un poètesamien", et celui du § 3 sont d'auteurs inconnus.3. Douris vivait de 340 à 270 environ. Ses vûpot complétaient ses 'k-

ropEctt (F. Jacoby, F. G. H., II C, p. 121).

Page 38 :

2. Avec Nauck, j'adopte la correction de Holste .A.üxoq (Aciixogunis), que Burkert (p. 204, n. 66) juge « tentante ; mais le not qui suit neconvient guère à un ouvrage historique s; Jacoby (F. G. H., 570 F 15)classe le passage parmi les fragments douteux de Lycos (acmé y. 290a. C.), tout en inclinant à l'attribuer à Lycon (III b, Kommentar, toi). Déjà

C. Müller (F. H. G., II, p. 370) lisait At»uov ; en effet, le pythagoricienLycon avait écrit une Vie de Pythagore ; mais cette Vie ne peut guèreêtre identique aux Histoires, dont le IV e livre seulement traitait dePythagore (Burkert, ibid.) 

3. Sur ce § 6, cf. Bidez-Cumont, Les mages hellénisés, 1938, I, p.33-34 (la tradition distingue les Chaldéens astronomes et les mages

serviteurs des dieux) ; II, p. 38, n. 2.'o. Il s'agit des e Mémoires pythagoriques  cités par Alexandre Po-

Iyhistor (D. L., 8, 24-33) ; sous ce titre, A.-J. Festugière (R. É. G., lie,1945, p. 1-65 Études de philosophie grecque, Paris, 1971, p. 37143G)les a traduits et commentés, en yrelevant les influences stoïciennes ; saconclusion est que Diels n'aurait pas dû les attribuer avec Wellmannà un pythagoricien contemporain de Platon, ni en reproduire le textedans les Fragmente der Vorsokratiker (16, 58 B 1 a, p. 448 ss.).

5. Eudoxe de Cnide (c. 408-335), un des meilleurs élèves de Platon èl'Académie, s'était imposé à ses condisciples, y compris Aristote, etau maître lui-même par sa science des astres ; cf. Platonismo,1976, p. 66-68 et (notes 373-393) 98-100.

Page 40 :4. Antoine Diogène (v. 100 de notre ère) est un des principaux ro-

manciers grecs de l'époque impériale ; son livre de " merveilles" nous ontconnu par le sommaire détaillé de Photius (Biblioth., 166). Cf. Notice(Sources), p. 15-16 ; et R. Merkelbach, Roman und Mysterium In der Antike, Munich, 1962, p. 225-233 ; c'est un roman s pythagoricien

5. Sur les §§ 10 et suivants, jusqu'au début du § 13, cf. E. Rohde,

 

152 OTES COMPLÉMENTAIRES OTES COMPLÉMENTAIRES 153

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Der griechische Roman, 18761, p. 262-263 (les éditions suivantesindiquent en marge cette pagination).

6. Signe de la divinité de l'enfant ; cf. H. D. Saffrey-L. G. Westo*rink, à Proclus, Théol. plat., II, 1974, p. 64, n. 14 (--- p. 122).

Page 41 :

1. Sur cette science hébraïque des songes, cf. J. H. Waszink ap.Porphyre  (Entretiens sur l'Antiquité classique, 12), 1966, p. 52-53

3. Sur Zaratos-Zoroastre, cf. Bidez-Cumont, Les mages..., I, p.33-38 (p. 37 et n. 4 sur les formes du nom) ; II, p. 37-38 (fr. B 27). Onlui prétait un 141, epiiseeiç, la « Théorie de la nature» de la phrasesuivante (ibid., p. 109-110).

4. Sur la physiognomonie, cf. [E. Evans, « Physiognomonics in

the Ancient World », in Transactions of the American Philosophical Society, 59.5, 1969, surtout p. 27-28 (A. S.).]; J. André, in Anonyme latin, Traité de physiognomonie, 1981, Introduction, surtout p. 7-20.

Page 42 :

3. e Les peintres de vases grecs savaient que les Thraces prati•quaient le tatouage sacral : des Ménades thraces tatouées d'un faonapparaissent sur plusieurs vases » (E. R. Dodds, Les Grecs et l'irra- tionnel, p. 162, n. 44 à la p. 142) ; toute la note est à lire.

4. Cette tradition doit s'être formée avant l'établissement défi-nitif du végétarisme pythagoricien ; on croyait que Milon de Crotoneet Iccos de Tarente appartenaient à la secte (Burkert, p. 181, n. 111).Cf. De abst., I, 26, et la discussion de J. Haussleiter, Vegetarismus,p. 120-121 ; les notes de J. Bouffartigue ad loc. et son introductionau 1. I, p. Lxi-Lxviii (1977).

Page 44 :

3. Était-ce la femme ( §4 début) ou la fille de Pythagore? 4( Ni l'une

ni l'autre, naturellement, pour ceux qui lui attribuent un célibattotal » (Burkert, p. 114, n. 28, où l'on trouvera les témoignages).

4. Cf. Burkert, p. 179 et n. 100: « Dès le temps d'Isocrate et ducomique Alexis le silence pythagoricien était proverbial ; de phi»,il n'existe pas d'écrits certains de Pythagore » (ibid., p. 220, n. 11) ;sur ses discours, cf. Diod., 10, 3, 2 ; Ovide, Métam., 15, 65-66.

Page 45 :

5. « Jamblique » qualifie du même mot yklipup6q le « petit traité s,(3i.6XiStov, que Speusippe avait composé « sur les nombres pythagoriciens s (Th. ar., 82, 14 De Falco Diels-Kranz 44 A 13, p. 400,1. 25).

6. La « tétractys *, ou « groupe de quatre », comprenait les quatrenombres 1, 2, 3, 4, dont l'addition donne 10 ; elle se représentaitsous la forme d'un triangle parfait, et les quatre nombres cornespondaient à la série platonicienne point-ligne-surface-solide. L'ail jectif deévocoç qualifie la matière chez Xénocrate (fr. 28 H.) ; cf. Nu

m é niu s , fr . 3 (1 2 L .) f in, r r o,

rocp.éq... (`Dot58r,ç, et la n. I dofr. 4 a (p. 105 de mon édition, 1973). Cf. Burkert, p. 72 et 186-1811,après d'autres, il met en doute (n. 155) l'antiquité des deux vers.La leçon g.i i.dc T , est confirmée par Nicomaque ap. Jambl., V.

P., 66, p. 37, 9 D., rrl y5l ç Texoct ( int) ; cf. van der Waerden, p. 103-104.

Page  46 :

4. Parallèle rigoureux ap. Jamblique, V. P., § 34 (p. 20, 13-17 D.).Dans son Contre Ru fin  (III, 39 ; P. L., 23, 507 b), saint Jérôme re-produit le passage en l'attribuant à Lysis (cf. P. Courcelle, Les lettres...,p. 61 et n. 4). Plus loin (508 a-b), il traduit plusieurs symboles du §42 (cf. ibid., n. 5).

5. Les anecdotes de l'ours et du boeuf, rapportées également par Jambli que d'apr ès Nicoma que, sont absent es de l'Histoire des mer- veilles du mythographe Apollonius, une des principales versions des emiracles » de Pythagore (Burkert, p. 141-143).

6. En Apulie.

Page  49 :

4. Sur ce topos  de la littérature hagiographique — « bien d'autresfaits seraient à raconter » — cf. A. J. Festugière, e Lieux communslittéraires et thèmes de folklore dans l'hagiographie primitive.Wiener Studien, 1960, p. 123-152 Études de religion grecque et hellénistique, Paris, 1972, p. 271-301.

5. Empédocle d'Agrigente (ve siècle) est, parmi les présocratiques,an des grands « poètes-philosophes » de la Grèce. On l'associe souvent,comme ici, à Épiménide, contemporain de Solon mais dont la légendes'est vite emparée ; à Abaris, prêtre d'Apollon Hyperboréen et cha-man comme Aristéas de Proconnèse. Sur ces personnages en grandepartie légendaires, cf. Burkert, p. 147-152. Les surnoms des lignessuivantes pourraient avoir été inventés par Héraclide ; cf. J. D. P. Bol-ton, Aristeas of Proconnesus, Oxford, 1962, p. 203, n. 24.

6. L'fiepo6oeriiiv de Porphyre rappelle le Socrate des Nuées  ( y. 225),q ui dit fièrement, du haut de sa nacelle : « Je marche dans les airs et

regarde de haut le soleil. » Le verbe, forgé par Aristophane, revientlotis l'Apologie de Socrate, 19 c 4. Et cf. L. Bieler, THEIOS ANÈR, I,p. 95-97.

Page  50 :

1. Reprise du § 27 ; 42,(..kilcse remplace owycyovivcet xat 8iet.Xixeotc.

4. Avec la transposition — proposée par H. Stein en 1852 et adoptéepar G. Zuntz (ibid., p. 208) — du y. 3 avant le v. 2, celui-ci se reliebeaucoup plus naturellement au v. 4.

5. Et non pas « en dix ou vingt vies » : il n'est pas question des rein-carnations de Pythagore (Zuntz, ibid., p. 208-209) ; Aug. Reymond

 J. Burnet, L'aurore de la philosophie grecque, Paris, 1919, p. 256)traduisait : « chacune des choses qui sont en dix, en vingt viesd'hommes ». Le datif serait plus facile à construire s'il dépendaitdu ytyv6tuvov (-ce) que G. Zuntz (p. 209) supplée au début du«ers suivant.

6. Sur ce passage obscur, cf. F. Cumont, Le s ymbolisme funéraire..., p258-259 ; Burkert, p. 231, n. 6667. Traduction des principaux

152 OTES COMPLÉMENTAIRES OTES COMPLÉMENTAIRES 153

 

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154 NOTES COMPLÉMENTAIRES

passages d'Aristote relatifs à l'antikhthôn (Mét., A 5, 986 a 12, et De caelo, B 13) ap. W. K. C. Guthrie, A History..., I, 1962, p. 283290 ;et voir ci-dessus p. 50, n. 2 (P. Boyancé). [L'g-ri. de 50, 21 (pour èrt-E),cj. d'A. Segonds qui entraîne la transposition de Te, évite de mettrel'anti-terre au-dessus des fixes ; mais elle reste « au dessus de nous,alors que sa position normale est entre nous et le feu central.]

Page 52 :2.Préparations végétales, peut -être magiques, qu'on attribuait

aussi à Épiménide et à Abaris ; cf. le parallèle du De abat., IV, 20,p. 266, 5 N2, et E. Rohde, Der gr. Roman i , p. 255 et note ; E. R.Dodds, Les Grecs..., p. 142 et n. 42 ; Burkert, p. 151 et n. 1 ; M. De-tienne, La notion de daimôn..., p. 150 et n. 7, cf. p. 197.

3.Si di.XrprTa désigne la farine d'orge, il faut peut-être supprimerle :ci avant xpreilf.4. La mauve et l'asphodèle étaient des plantes funéraires (M. P.

Nilsson, Gesch. der gr. Religion, I, Munich, 19552, p. 704-705). Ici lamauve sert contre la faim et contre la soif ; avec l'asphodèle du premiermélange, elle est déjà louée par Hésiode (Travaux, 41) ; mais peut-être le vers exprimait-il seulement cette vérité que « savoir vivre de peuest la vraie richesse » (P. Mazon, édition commentée des Travaux, Paris,1914, p. 45). De toute façon, il s'agit d'un proverbe(M. L. West, Hesiod Works and Days, Oxford, 1978, p. 157).

5. Le meilleur d'après Strabon, X, 5, 19 (p. 489 C.).6. Il pratiquait sans doute le régime qu'il conseillait aux athlètes ;

cf. § 15 fin (Burkert, p. 181, n. 111).7. Après L. Radermacher (Weinen und Lachen, Vienne, 1947,

p. 53), M. Marcovich (Philologus, 108, 1964, p. 44) rapproche de cesymbolon Platon, Lois, V, 732 c 1 : « il faut réprimer les ris et lespleurs intempestifs ». De part et d'autre, même idéal d'égalité d'hu-meur, ataraxia. Cf. tant de gnômai comme Ps.-Phocylide, y .118.

8. Cf. W. Burkert, p. 180, n. 109-110 ; sur le boeuf de pâte, J. Hauss-leiter, Vegetarismus,p. 118 et 162.

Page 53 :5. [Cf. Jambl., V. P., 85, p. 49, 11-13 D. ; 105, p. 61, 6-8 D.]6. Cf. Burkert, p. 180, n. 109 ; p. 474, n. 56, citant Plutarque,

.Numa, 14, et l'allusion de Platon, Lois, IV, 717 a 7-b 2 (voir les notesde mon édition et celles de la traduction Robin). Ajoutons, parexemple, Simplicius, In de caelo, 386, 9-23 Heiberg (fr. 200 Roses).

 W. Burkert note avec raison que cette doctrine ne vaut universelle.ment ni pour le rituel grec ni pour celui des Romains. — Sur la classi-fication dieux-démons-héros, inventaire des textes ap. M. Detienne,Homère, Hésiode et Pythagore, Bruxelles, 1962, p. 91, n. 2.

7. Cf. Burkert, p. 51-52, sur la « table des contraires » (p. 52, n. 119,sur ceux de notre texte) ; p. 60, n. 44. Ce sont, d'après Proclus (In rem p., I, 97, 39 ss. K.) les e colonnes du bien et du mal », sans que lese maux » de la seconde colonne puissent être dits e privations desbiens e. Tableau en dépliant des oppositions chez Héraclite ap. Hera- 

clitus... by M. Marcovich, Merida, 1967, entre les p. 160 et 161.N OT ES C OM PL ÉM EN TA IR ES 155

8. Parallèles ap. J. Bouffartigue, Porph. De l'abst., t. I, p. 57, n. 2 ;t. P. 89, n. 5. Préceptes analogues de Triptolème à Éleusis ; cf.Burkert, p. 180, n. 109. A cpeciperv et pAirrctv (§ 39 début) corres-pond le plus souvent crivecrOca (J. Haussleiter, Vegetarismus,p. 199,n. 2).

Page 55 :3. En considérant Perséphone comme une déesse lunaire (Roscher,

III.2, c. 2525, 3). Pour E. Pfeiffer (ap. P.-M. Schuhl, Essai...2 , 1949,p. 288), l'expression évoque la « dame des fauves », potnia thèrôn.Sur ces « résidus d'un ancien système de nomenclature astronomique s,cf. Delatte, Études, p. 278. [Ces akousmata répondent à la question

(Jambl., V. P., 82, p. 47, 12) ; cf. Burkert, p. 167-168 (et p. 171,n. 31-34, sur les diverses expressions).]

4. Burkert, p. 171, n. 34 ; cf. Plutarque, De Iside, 29, 362 c, avec le

commentaire de L. Parmentier, Recherches sur le traité d'Isis et d'Osiris de Plutarque, Bruxelles, 1913 (Acad. de Belgique, classe deslettres, Mémoires, 2e série, t. 11), p. 31-61 : e le son de l'airain ,consulter aussi pour les e symboles » du § 42. Parallèles de ce para-graphe Plut., De liberis educandis, ch. 17 ; D. L., 8, 17-18 (avecles références d'A. Delatte) • Jambl., Protreptique, 21. Les §§ 41-42 viennent d 'Aristote, et V. Rose les compte parmi lesfragments (nos 196-197, 18868 ) : cf. J. A. Philip, in T. A. P. A., 94,1963, p. 188-190.

5. [Deuxième sorte d'akousmata  (la troisième chez Jamblique),répondantcese symbolesà laquestion» (A. TS.).]SeirrperTrervirij. Jambliquen'expliquepas

6. Sur l'origine indo-européenne de ce symbole et d'autres, cf.P.-M. Schuhl, Essai..., p. 114.

7. [Cf. Burkert, p. 174, n. 69.]8. Admettre sous son toit ou à sa table créait des liens qu'on évitait

de nouer avec des indésirables ; cf. les défixions de Cnide citées ap.La religion grecque, p. 287 et n. 27, et la peur de recevoir un sacrilègeap. Horace, Odes, 3, 2, 26-28. Sur les symboles, une des études lesplus complètes est celle de J. Haussleiter, Der Vegetarismus in der Antike (R. G. V. V., 24), Berlin, 1935, p. 97-157 : "Pythagorasund die Pythagoreer". Clément d'Alexandrie en cite et interprèteplusieurs dans le V o Stromate, §§ 27-31 ; cf. le commentaire d'A.Le Boulluec, S.C, 279, 1980, p. 114-134.

9. Page 565. Sur les tabous des fèves, dont l'Antiquité discutait déjà lesraisons (réunies par W. K. C. Guthrie, I, p. 184-185), cf. A.Delatte, "Faba Pthagorae cognata" (Horace, Sat., II, 6, 63), ap.Serta Leodiensia, 1930 ,p. 33-57, et l'index de Burkert à «Beans,taboo on » (p. 529) ; voir surtout les p. 183-185. On a vu au §24 le conte du boeuf de Tarente que Pythagore détourne demanger des fèves. e L'interprétation la plus authentiquementpythagoricienne est celle qui associe les fèves à la doctrine dela métempsycose » (Burkert, p. 183) ; cf. M. Marcovich,P hilologus, 108, 1964, p. 34-35.

 

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4. Des textes qui forment le fr. 194 Rose3 d'Aristote, celui d'Aulu-Gelle (IV, 11, 12) confirme pour p.trpix le sens de « matrice », mais D.L., 8, 19, en ferait peut-être un poisson comme 1-pty)aç (Tp(yAll), «actinie » ou « anémone de mer s. Sur ces noms, cf. F. Fuhrmann àPlutarque, Propos de table, IV, 5, 2, 670 d, ap. Œ uvres morales, IX.2,Paris, 1978, p. 150, n. 5.

5. Sur les préincarnations de Pythagore, cf. Burkert, p. 138, n.100-101. Les listes de Dicéarque (fr. 36 W.) et de Cléarque (fr. 10 W.)présentent des variantes. L'Euphorbe de l'Iliade  a déjà paru au § 26.Aethalidès, fils d'Hermès, partageait son temps, comme les Dioscures,

entre la terre et l'Hadès. Hermotime de Clazomènes, un chaman, aintéressé Plutarque, qui l'appelle Hermodore (Le démon de Socrate, 22,592 c-d) ; cf. La religion grecque, p. 314, et les listes de chamans ap.Burkert, p. 147, n. 146.

6. Cette e anamnèse » n'est pas la réminiscence platonicienne ; cf.E. R. Dodds, Les Grecs et l'irrationnel, p. 190, n. 107. Même série demétempsycoses ap. Tertullien, De an., 28 ; pour les séries différentesou le seul Euphorbe, cf. Delatte, Études, p. 106, à 6 sv.

7. Pour les §§ 46-53, j'ai souvent exploité la traduction d'E. Lé-vêque ap. M.-N. Bouillet, Les Ennéades de Plotin, III, 1861, p. 627-629.

8. Le mot « philosophie » serait une création de Pythagore d'aprèsHéraclide du Pont, fr. 88 W. (= Cicéron, Tusc., 5, 3, 8), où Pytha-gore distingue les « trois vies » ; cf. Eusèbe, P. E., X, 4, 13 ; I. Lévy,Recherches, p. 28-31, et les monographies de R. Joly et d'A.-J. Festu-gière, résumées ap. Recherches de science religieuse, 47, 1959, p. 253-256 ; P. Courcelle, Recherches sur saint Ambroise, Paris, 1973, p. 14, n.4. Mais W. Burkert, « Platon oder Pythagoras? » (thermes, 88,1960, p. 159-177, surtout p. 175) revendique pour Platon l'honneur

d'avoir donné au terme un nouveau contenu. - Plus loin, la citationd'Épicharme se rapporte, comme d'ordinaire chez les platoniciens, "àl'attention de l'intellect, soit appliquée aux sens, soit détournée dessens" (J. Bouffartigue, à De abst., I, 41, 1, p. 74, n. 4 de son éd. ;parallèles) ; sur cette citation chez d'autres auteurs et sa formeamétrique », cf. M. Patillon à De abst., III, 21, 8, p. 247 ; n. compl. 5 de lap. 178 de son édition.

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4. L'actif xceréAsucfctv est-il préférable au passif xcureAciScreijaccv de Jamblique, V. P., 252? Cette lapidation ultérieure des agresseurs, dit-on,n'a pas grand sens (cf. Lévy, Recherches, p. 97) ; mais pour lesvictimes le feu ne suffisait-il pas?

1 56 OTES COMPLÉMENTAIRES