2 -les ecrits politiques de mistral...

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90 BULLETIN CRITIQUE 2 - LES ECRITS POLITIQUES DE MISTRAL Frédéri c MISTRAL, Ecrits politiques, édités par R. Jouveau Ct P. Bércngier, éd. ProU'vènço d'Aro, Marseille, 1989, 176 p. Une ... Bibliothèque Mistralien ne lO, composée de volumes de format maniable et de pri x modique, se proposant .. de faciliter les recherches touchant J 'oeuvre de Frédéric Mistral .. , voil à une initiati ve qui attire, a priori, la sympathi e. Chacun souhaitera donc bonne conti nuati on à cette nouvelle coll ection des éditions Prouvènço d'Aro, diri gée conjointement par René ct Marie-Thérèse Jouveau, Bernard el H uguette GiéJy. De tel s encouragements, la .. Bibliot hèque Mistralienne,. a d'autant plus besoin que son premier li vre, consac ré aux Ecrits politiques laisse perplexe le critique comme le simple lecteur. Curi eux choix inau gural qu e celui-là, tout d'abo rd, qui ne renvoie qu'à un aspect secondaire de l'oeuvre Cl de la vie de Mistral. Car enfin, sous ce rapport, pas l'ombre d'un grand exposé de fond, de quelque manifeste échafaud ant une théorie de l'organ isati on de la ci té ou de la société ; ct, pour l'engagement personnel, on sait qu' il n'alJ a pas au delà de candidatures au titre de si mple conseill er municipal de Maillane (parfois sur les deux listes concurrentes !). Bref, sur cc terrain, Mistral n'(:st ni Lamartine, ni Hugo, ni Zola, ni Barrès, ni Proudhon, ni bien d'au tres de son siècle, dont il se distingue au contraire par une tendance marquée au dégagement (refus systématique de se présenter à la députati on, désintérêt pour l'affai re Dreyfus, Rien de plus éloquent, à cet égard, que la lettre de 1882 à Fourès (reproduite pp . 111 - 11 3 d'après une étude de J. Fouri é), où le poète revendiquait trente ans J'isolement loin de la politique: je n'appartiens à aucun parti... Puisqu'il faut absolument qu'on évoque la politique à propos d'un homme qui l'a en horreur, je crois que tous les systèmes de gouvernement peuvent produire le bien el le mal... et, surtout, cene phrase catégorique : je mets la grandeur autre part que là. 11 est réconfortant, d' ai ll eurs, de constater que s'éloigne, dans les publi cations, le temps où Rouges ct Blancs s'appli- quaient à repeindre, de pied en cap, la statue du Maître aux couleurs de leurs drapeaux res pectifs. Révolue auss i, semble-t-il , l'époque où les zélateurs d'un certa in ", occit.a- ni sme primaire. colportaient aveuglément la thèse simpliste du '" grand vi rage à droite., avatar des théori es", ill us ionnistes. de R. Lafont. Et l'on lit maintenant avec plaisir, par exemple, cn conclusion de tel article sur '" La poli tique libréenne auto ur de 1870,. : .. Mistral est tout ce qu'on voudra, sauf un convaincu, en mati ère politique, s'cntc_nd ... Son tempérament ne le potte guère à affirmer des idées trop Somme toute, il n'y connaît pas grand-chose ... Une seule conviction l'anime: est bon le régim e qui décentralisera ... " (Ph. Ma rtel, Amiras, 13, 1986, p. 130- 13 1). Du coup, on restitue 11 la ques tion politique, chez Mistral, sa ritable place - accessoire, d'où notre étonnement devant la primauté accordée ici 11 ce thème, à contre-courant, d'une certaine façon, par rapport à l'évolution de l'exégèse, ct de sa hi érarchie des valeurs. A moins qu' il ne s'agisse d'une sorte de hors-d' oeuvre, voire d'amuse-gueulc, préludam à l'apparition de mets autrement substantiels. . Les hors-d'oeu vre, tOutefois, méritent attention, en critique comme en cuisinc.

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90 BULLETIN CRITIQUE

2 - LES ECRITS POLITIQUES DE MISTRAL

Frédéric MISTRAL, Ecrits politiques, édités par R. Jouveau Ct P. Bércngier, éd. ProU'vènço d'Aro, Marseille, 1989, 176 p.

Une ... Bibliothèque Mistralienne lO, composée de vo lumes de fo rmat maniable et de prix modique, se proposant .. de faciliter les recherches touchant J'œuvre de Frédéric Mistral .. , voilà une initiative qui attire, a priori, la sympathie. Chacun souhaitera donc bonne conti nuation à cette nouvelle collection des éditions Prouvènço d'Aro, dirigée conjointement par René ct Marie-Thérèse Jouveau, Bernard el H uguette GiéJy.

De tels encouragements, la .. Bibliothèque Mistralienne,. a d'autant plus besoin que son premier li vre, consacré aux Ecrits politiques laisse perplexe le critique comme le simple lecteur. Curieux choix inaugural que celui-là, tout d'abo rd , qui ne renvoie qu'à un aspect secondaire de l'œuvre Cl de la vie de Mistral. Car enfin, sous ce rappo rt, pas l'ombre d'un grand exposé de fond, de quelque manifeste échafaud ant une théorie de l'organisation de la cité ou de la société ; ct, pour l'engagement personnel, on sait qu' il n'alJ a pas au delà de candidatures au titre de simple conseiller municipal de Maillane (parfois su r les deux listes concurrentes !). Bref, sur cc terrain, Mistral n'(:st ni Lamartine, ni Hugo, ni Zola, ni Barrès, ni Proudhon, ni bien d'au tres de son siècle, dont il se distingue au contraire par une tendance marquée au dégagement (refus systématique de se présenter à la députation, désintérêt pour l'affaire Dreyfus, Rien de plus éloquent, à cet égard, que la lettre de 1882 à Fourès (reproduite pp. 111 - 11 3 d'après une étude de J. Fouri é), où le poète revendiquait trente ans J'isolement loin de la politique: je n'appartiens à aucun parti ... Puisqu'il faut absolument qu'on évoque la politique à propos d'un homme qui l'a en horreur, je crois que tous les systèmes de gouvernement peuvent produire le bien el le mal... et, su rtout, cene phrase catégorique : je mets la grandeur autre part que là. 11 est réconfortant, d'ai lleurs, de cons tater que s'éloigne, dans les publications, le temps où Rouges ct Blancs s'appli­quaient à repeindre, de pied en cap, la statue du Maître aux couleurs de leurs drapeaux respectifs. Révolue auss i, semble-t-il , l'époque où les zélateurs d 'un certa in ", occit.a­nisme primaire. colportaient aveuglément la thèse simpliste du '" grand vi rage à droite., avatar des théories", illus ionnistes. de R. Lafont. Et l'on lit maintenant avec plais ir, par exemple, cn conclusion de tel article sur '" La politique félibréenne autour de 1870,. : .. Mistral est tou t ce qu 'on voudra, sauf un convaincu, en matière politique, s'cntc_nd ... Son tempérament ne le potte guère à affirmer des idées trop tranchée~.

Somme toute, il n'y connaît pas grand-chose ... Une seule conviction l'anime: est bon le régime qui décentralisera ... " (Ph. Martel, Amiras, n° 13, 1986, p. 130-13 1). Du coup, on restitue 11 la ques tion politique, chez Mistral, sa véritable place - accessoire, d'où notre étonnement devant la primauté accordée ici 11 ce thème, à contre-courant, d'une certaine façon, par rapport à l'évolution de l'exégèse, ct de sa hiérarchie des valeurs. A moins qu 'il ne s'agisse d'une sorte de hors-d'œuvre, voire d'amuse-gueulc, préludam à l'apparition de mets autrement substantiels. .

Les hors-d 'œuvre, tOutefois, méritent attention, en critique comme en cuisinc.

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Avouons qu'il n'était pas aisé d'en réussir de bons à partir des propos politiques de Mistral, dès lors que l'on se refusait à tenir compte de trois paramètres essentiels. Primo, comme il a été dit plus haut, Mistral juge systèmes, régimes et gouvernants à une aune bien particulière, celle de leurs aptitudes décentralisatrices : et celles-ci ne sont pas les mêmes chez un républicain de 1848 Ct chez un autre républicain de 1880 ... Secundo, en bon littéraire, Mistral a un sens aigu des genres et des circonstances; il ne s'exprime pas avec une égale liberté. une égale profondeur, dans une lettre amicale, un toast félibréen, une chronique (anonyme) d'almanach, un poème allégorique: parfois amu­sante, la juxtaposition de citations relevant de toutes ces catégories, indistinctement et dans le seul ordre chronologique, contraint les spécialistes à une gymnastique lassante et procure au profane une impression des plus cahotiques. Tertio, les appréciations mistraliennes SOnt grandement fonction de fluctuations affectives personnelles : iJ est d'autant plus effaré par les événements de 1870-1871 qu'il traverse, dans sa vie familiale, et surtout dans son évolution créatrice, une période de grand désarroi. On aura compris, donc, qu ' il était souhaitable que fût mis un peu d'ordre, à la fois dans les idées dircctrices et dans la présentation du corpus.

René Jouveau, dont on connaît l'érudition mistraJienne, a sans doute jugé que la tâche était trop vaste, trop ardue, pour être menée à bien dans les limites d'une préface succincte. Il y conclut, simplement, à " la grande mobilité de J'esprit de Mistral .. , ce qui a l'avantage de marquer J'alpha et l'oméga de toute réflexion en la matière. Reste à savoir comment, dans l' intervalle, a été épelé l'alphabet.

C'est de cc second aspect du livre (<< la lettre .. après « l'esprit .. , si l'on veut) que rend compte une note liminaire duc à Pierrette Bérengier, dans la production de laquelle ce recueil de textes prend place entre deux thèses de doctorat, acceptées par l'Université de Nice en 1985 puis 1989, sur les discours des capoulié du Félibrige lors des banquets annuels de Santo-Estella . Passer d'un genre bien délimité à un sujet plus vaste, voilà qui ne va pas sans dangers, selon le vieil adage apellien (Sutor, ne supra crepidam .. .). On en évite évidemment un certain nombre, d'emblée, en s'abstenant de toute annotation, comme c'est le cas ici, ce qui surprend dans une collection dont le propos déclaré est " de mieux fai re connaître la personne et les écrits de Mistral .. . En maints endroits, pourtant, cela eût été d'un précieux secours. Tout le monde n'est pas censé comprendre pourquoi Mistral appelle Roumanille « pauvre enfant du Pio .. (p. 13) - par référence au sobriquet local de son ascendance paternelle. Que signifie-t-il quand il parle de «ses élans pour Dona Blanco .. (p. 112)? Comment le non-spécialiste pourrait-il savoir qu 'il fait allusion à la même personne que la Dona Maria de las Nieves, tout aussi mystérieuse, des p.95 ct 105 - héroïne du carlisme espagnol à laquelle il consacra un sirventès en 1873, pièce intéressante sous de nombreux rapports, y compris .: politiques .. , et que l'on regrette de ne pas trouver dans la présente anthologie ? Enigmatique pour beaucoup, sans doute, se ra encore la mention « Coq, du Il juin 1848 .. portée p. 18 en tête de l'une des poésies républicaines (en français) du jeune Frédéric : au moins aurait-on pu renvoyer à l'édition critique de ce texte, procurée par René Dumas dans les Mélanges Rostaing (Liège, 1974) et aux judicieux renseignements que cette étude contient sur la coloration dudit Coq, journal avignonnais modéré (au passage, on eût évité J'erreur du « 11 juin .. - qui ne correspond ni au manuscrit, daté in fine du 15, ni à la publication, dans la livraison du 18).

Cette absence d'annotation participe d'un mutisme critique d'ensemble, confinant même à l'ascétisme le plus rigoureux, avec suppression de tout index, de toute table des matières, de toute bibliographie même sélective et indicative. Sur ce dernier chapitre, capital car la quasi-totalité des textes cités le sont de seconde main, d'après des éditions ou copies réalisée par autrui, on était en droit d'attendre quelques remerciements, à

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tout le mo ins les classiques éclaircissements sur les auteurs mis à contribution, les maisons d 'édition ayant assumé la charge des publications originales, les lieux ct dates de parution ... Le liminaire de P. Bércngicr n'en pipe mot, sc cOntentant d 'exposer les principes du classement .. par ordre chronologique ... avec'" une annexe où nous avons placé tout cc pour quoi nous n'avions pas de date )t ••• Omissions gênantes, d 'autant que la provenance de chaque document n'est indiquée, au fi l de pages, que fon lacon iquement. Ainsi les lettres à Roumanille proviendraient, à en croire les mentions terminales. des " Memori, p. 8S4, 859, 870 .... etc. Les Memori e raconte de Mistral n 'ayant jamais atte int pare ille pagination, les happy few comprendront qu 'il convient de se reporte r au choix de lettres présenté, en annexe de l'édition de 1968, par Pierre Rollet - dom le nom n'apparaît nulle part. Q uelques réserves que l'on puisse faire sur l'exactitude critique de ses éditions, il eût été justice de le ment ionner, su rtout quand on lui doit, stricto sensu, les 25 premières pages du présent recueil. Jean Boutière, lui, est plus chanceux, puisque son nom apparaît deux fois, dans la sobre memion « /selo d'Or O. Boutière) ,. aux p.28 et 74 - mais aux p.56, 77, 84, 106, P. Bérengicr simplifie en • Isc/o d'Or JO l'allusion à la prestigieuse édition Boutière (parue chez Didier, à Paris, en 1970, précisons-le). Et, aux p. 71,79,81, 100, elle ne désigne que par Cor. M.M.P. la Correspondance de Frédéric Mistral avec Paul Meyer et Gas/on Paris, publiée par le même J. Boutière (Didier, Paris, 1978). La même méthode .. Ji varo» réduit Eugène Vial, alias Critobule, pieux biographe de MariélOn, à Gril (p. 136, 138, 144), et à Cor. M.D. (p. 153) les deux volumes consacrés par Charles Rostaing aux relations épistolaires entre Mistral et Devoluy (Nîmes, 1984). Cene dési nvoltu re est d'autant pl us à déplorer que, répétons-le, si cc li vre compte 176 pages, Cl non une tremaine seulement, c'est bien grâce à ces érudits, abus ivement ravalés au rang de fou rnisseurs anonymes. Alors que les lettres à Roumanille ct à MariélOn peuvent être lues, en tota lité, dans un fonds public, il est significatif que n'en so ient donnés ici que des ext raits correspondant aux transcript ions publjées, par P. Rollet, E. Vial ou J . Boutière

Faul-il ajouter que le choix, le découpage des extraits, n'emportent pas non plus l'adhésion? S'agissant des œuvres majeures, presque rien. Pour Mirèio (p. 40), 0 11 a pris une seule strophe, du chant XI, que l'on a réduite (encore !) à 6 vers, en collant le v. 1 aux vers 3-7: tout le reste de la page étant bla nc, ri en n'cm péchait de laisscr Ic vers 2, ct d'ajoute r une note signalant que cette belle décla ration su r l'union de b Provcnce ct de la France était placée dans la bouche du roi René, détail révélateur. De Calendtlu, pas un vers, cc qui est proprcment stupéfiant, mais 5 lignes prises dans la longue nOle du chant 1 sur la Croisade des Albigeois et découpées de telle façon que l'on ne peut savoir qu'il s'agit de cet événement (p. 53) ; au passage, signalons que J'allus ion explicite à Simon de Montfort, dans le chant IX de Mirèio (stT. 20), est ignorée. De Nerto, de La Rèino Jano, du Pouèmo dôu Rose, ricn non plus, bien que cc fût là, somme tOute, que Mistral « mit la grandeu r ,. et, partant, on peut le supposer, la formu lation la plus achevée de sa pensée, y compris de sa pensée politique. Plutôt que telle boutade gli ssée dans l'oreille d'un sénateur à l'inauguration de la statue du Tambour d'Arcole (p. 140), que la narration in extenso des exploits du même Tambour, qui n'ont rien d'absolument ... politique .. (p. 58-61), nous au rions aimé savourer telle strophe dc CaLendau, où le comte Sévcran se vante de ... faire la guerre au roi de France ", tcl mouvement de Nerto (chant III) où le pape d'Avignon ct le jeune comte de Provence échafaudent des plans pour une confédération des nations latines autour de la Provence, telle laisse du Pouèmo dôu Rose sur Napoléon I"' Ct le sentiment populaire. En outre, à ne s'en tenir qu 'aux opera minora, aux proses d 'almanach et :l UX

correspondanCC!s déjà éditées, P. Bérengicr au rait pu balayer le champ de façon plus

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systématique. L'Escourregudo pèr l'ltàli, parue dans L'AiOli en 1891 (Cl récemment rééditée, en 1985), fournissait des observations sur la politique internationale italienne el allemande - si nettes qu'elles furent écartées de certaine réédition de 1941... La Correspondance de F. Mistral el L. de Berluc-Pérussis, publiée par B. Durand en 1955, si elle est encombrée d 'innombrables détails de la dérisoire oc cuisine félibréenne _, contient néanmoins çà et là des jugements bien sentis (ainsi, sur la même politique européenne, dans la lettre du 15 mars 1890). tout comme la Correspondance de F. Mistral et Adolphe Dumas, publiée par F. Mistral neveu et Ch. Rostaing en 1959 (cf. la missive du 3 octobre t 859: .. Vous voulez donc, à toute force, faire de nous des hommes politiques? )10 etc.).

Hypothéqué par l'omission de tous ces passages, le recueil l'est également par ce qu'il faut bien appeler des charcutages, incompréhensibles et souvent non signalés, dans la reproduction des extraits. Quand Mistral, dans une page inédite de ses mémoires, rapporte la teneur des discours prononcés dans les clubs républicains d 'Aix vers 1850, pourquoi avoir supprimé la phrase anû-c1éricale du maçon Palanque, misérable éco­nomie de trois lignes alors que, là encore, la page suivante est à moitié blanche (p. 29-30)? Dans l'extrait de la chronique de l'Armana prouvençau de 1861, sur le voyage de Napoléon III et de l'Impératrice en Provence à l'automne 1860 (ce que le lecteur doit deviner, en l'absence de toute note), pourquoi avoir juxtaposé abruptement un paragraphe issu de l'introduction et le texte du compliment en vers récité par une jeune Arlésienne à la souveraine, compliment dont on notera que Mistral ne s'attribue nullement, ici, la paternité (qu'il avoue seulement dans des lettres privées, en faisant état des sollicitations du sous-préfet)? La demi-page inemployée qui suit, à nouveau (p. 40), aurait pu être utilisée à ces fins de clarification. On éprouve un semÎment analogue de vant le traitement infligé au portrait de Thiers, que le poète brossa dans l'Armana prouvençau de 1872, qui a son unité, son mouvement, et qui sc trouve ici réduit à ses quinze dernières lignes (p. 87-88), alors qu'il parcourt, d'une plume alene Ct, par endroits, subtilement sarcastique, la totalité de la carrière politique du person­nage, depuis ses débuts au Constitutionnel et au National. Dans un même ordre d'idées, observons le silence total sur l'attitude, même prudente, du Maillanais durant la crise languedocienne de 1907: de l'article « 1907: Mistral e li vigneiroun _, donné par Marcel Bonnet à la revue Lou Prouvençau à l'Escolo en 1980 (p. 84), on aurait pu au moins extraire le message fameux envoyé à Marceli n Albert: Vivo la terro maire e l'abitant que la boulego! Plus de poulitico! Unwun en lengo d'Q ! où, par "effet des usages Ct nécessités télégraphiques, se trouve peut-être synthétisée toute la pensée '" poJitique ,. de Mistral.

Au bout du compte, les lecteurs de Provence historique auront compris que l'on a affaire à un livre au titre promeneur, aux intentions louables, mais qui, pour cc qui est du contenu, de la méthode, de la rigueur critique, satisfera difficilement ceux qui entendraient dé velopper, à partir de ce recueil , des analyses de fond, des appréciations st ructurées. Formons le vœu que les volumes su ivants de cette ", Bibliothèque Mistra­lienne,. aient une tenue plus conforme à ses hautes et nobles ambitions.

Claude MAURON