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ÉDOUARD LASSEN Reinoud Van Mechelen – ténor Anthony Romaniuk – piano Lieder – Mélodies MENU Tracklist p.4 Français p.10 Deutsch p.18 English p.28 Nederlands p.36

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Page 1: 210816 LASSEN LIVRET

ÉDOUARD LASSEN

Reinoud Van Mechelen – ténor

Anthony Romaniuk – piano

Lieder – MélodiesMENU

Tracklist p.4

Français p.10

Deutsch p.18

English p.28

Nederlands p.36

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Im April (Emanuel GEIBEL) Op. 46, n° 3 – H 29 (1873) 02’11

Du meiner Seele schönster Traum (Peter CORNELIUS) Op. 58, n° 3 – H 64 (1877) 02’16

Trüber Morgen (Matthias Jacob SCHLEIDEN, dit ERNST) Op. 75, n° 4 – H 135 (1883) 02’09

In Deiner Nähe weil’ Ich noch (Peter CORNELIUS) Op. 58, n° 6 – H 67 (1877) 03’10

Wenn der Frühling auf die Berge steigt (Friedrich von BODENSTEDT) 02’49Op. 60, n° 5 – H 78 (1877)

Nähe des Geliebten (Johann Wolfgang von GOETHE) Op. 62, n° 1 – H 86 (1878) 02’22

Sei nur ruhig, lieber Robin (Robert HAMERLING) Op. 66, n° 3 – H 101 (1879) 01’26

Ich hab’ im Traum geweinet (Heinrich HEINE) Op. 48, n° 2 – H 35 (1873) 02’50

Immer bei dir (Matthias Jacob SCHLEIDEN, dit ERNST) Op. 68, n° 1 – H 111 (1880) 02’13

Sei stille (Henriette Wilhelmine Auguste von SCHORN, dite H. NORDHEIM) 03’29Op. 71, n° 2 – H 118 (1881)

Schlummerlied (Friedrich August LEO) Op. 75, n° 2 – H 133 (1883) 04’24

Childe Harold (Heinrich HEINE) Heft 5, n° 4 – H 20 (1870) 01’53

Mund und Auge (Robert HAMERLING) Op. 67, n° 6 – H 110 (1879) 01’05

ÉDOUARD LASSENLieder – Mélodies

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(Copenhague, 1830 – Weimar, 1904)

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Lied eines Mädchens (Emanuel GEIBEL) Op. 83, n° 1 – H 163 (1886) 01’40

Allerseelen (Hermann von GILM ZU ROSENEGG) Op. 85, n° 3 – H 177 (1886–1899) 03’09

Einsamkeit (Peter CORNELIUS) Op. 5, n° 5 – H 5 (1861) 04’23

Vöglein wohin so schnell (Emanuel GEIBEL) Op. 12, n° 4 (1867) 01’34

Mein Herz ist wie die dunkle Nacht (Emanuel GEIBEL) Op. 12, n° 3 (1867) 02’03

Die grossen, stillen Augen (Bernhard SCHOLZ) Op. 71, n° 1 – H 117 (1881) 02’46

Ich hatte einst ein schönes Vaterland (Heinrich HEINE) Op. 12, n° 2 (1867) 02’30

Die Waldbrüder (Theodor STORM) Op. 46, n° 4 – n° 32 (1873) 03’34

Romance Trois mélodies sur des poésies de François Coppée, n° 2 (1877-1878) 03’37

En passant ! (Paul GRAVOLLET) (1905) 03’32

Romance (Charles CROS) (1886) 03’08

Chanson (Victor HUGO) 12 romances, n° 2 (1857) 02’32

La coccinelle (Victor HUGO) 12 romances, n° 4 (1857) 02’52

Si mes vers avaient des ailes (Victor HUGO) 12 romances, n° 12 (1857) 01’44

Hier au soir (Victor HUGO) 12 romances, n° 5 (1857) 03’48

Mit deinen blauen Augen (Heinrich HEINE et Victor VAN WILDER, dit WILDER) 04’28Op. 12, n° 5 (1867–1879)

TT : 79’52

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© Steven Maes 2020

Reinoud Van Mechelen – ténor

Anthony Romaniuk – piano

(Concert Grand Steinway & Sons, n° 32500 – New York 1875 ; coll. Chris Maene)

Joanna Huszcza – viole d’amour

(7 cordes vibrantes, 7 cordes sympathiques ; Allemagne, 2de moitié du XVIIIe siècle ; manche du XIXe siècle – Deux mélodies pour une voix avec accompagnement de viole d’amour, dédiées à mon ami Louis Van Waefelghem, pl. 15 et 21)

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Références bibliographiques

Édouard LASSEN, Lettres à ses parents, 1852-1873. Weimar, Goethe-Schiller Archiv.

Hans VON BÜLOW, « Acht Lieder von Hoff mann von Fallersleben, für eine Singstimme mit Piano

componirt von Eduard Lassen », Berliner Musikzeitung Echo, 1860, n° 38-39, p. 289-301 et 306-308.

Edmund SINGER, « Aus meiner Künstleraufbahn. Biographisches – Anekdotisches – Aphoristisches. »,

Neue Musik-Zeitung, 1911, n° 7, p. 156-158 ; n° 15, p. 314-315 ; n° 17, p. 353-356 ; n° 19, p. 398-399.

Franz VON MILDE, Ein ideales Künstlerpaar, Rosa und Feodor von Milde, Mayence, Breitkopf & Härtel,

1918, 2 vol.

Thomas MANN, « Das Bild der Mutter » [1930], dans Autobiographisches, Francfort-sur-le-Main, Fischer,

1968, p. 259.

Dirk HAAS, Oper, Konzert und Orchester am Weimarer Hoftheater 1857 bis 1908, Hambourg, Kovač,

2015.

Hannah LÜTKENHÖNER, Eduard Lassens Musik zu Goethes Faust op. 57: Studien zur Konzeption, zu den

Bühnenfassungen und zur Rezeption, Zinzig, Studio Verlag, 2015.

Magda MARX-WEBER, « Die Lieder Eduard Lassen’s », Hamburger Jahrbuch für Musikwissenschaft, 2,

1977, p. 147-185.

Manuel COUVREUR, « LASSEN, Édouard », dans Nouvelle biographie nationale, Bruxelles, Académie

royale de Belgique, t. 16, 2022 (à paraître).

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Légendes des illustrations

Couverture : Hippolyte BOULENGER, La vallée de Josaphat à Schaerbeek, huile sur toile, 1868. Anvers, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten, inv. 1988.

Notice :1. Fabrique de boutons et armes blanches Lassen & Cie, Plaine de Ste Gudule n° 21 Bruxelles, carte porcelaine, ca 1841. Bruxelles collection particulière.

2. Félicien ROPS, Lassen et Wieniawski, lithographie parue dans L’Uylenspiegel, n° 24, 13 juillet 1856, Namur, Musée Félicien Rops, inv. PER E0044.1.P.

3. Ernst Friedrich Jakob HÄNDEL, Gegend am Rhein/Rheinlandschaft [Paysage des bords du Rhin], projet de décor pour le troisième acte de l’opéra Frauenlob de Lassen, Weimar, 1857, plume et aquarelle sur papier. Weimar, Landesarchiv Thüringen – Hauptstaatsarchiv Weimar, Generalintendanz des Deutschen Nationaltheaters und der Staatskapelle Weimar, n° 2130, p. 20r°.

4. Hermann Ludwig HEUBNER, Weimar. – Le nouveau Musée, les principaux monuments de la ville et la Wartburg, dans L’univers illustré, n° 711, 29 août 1868, p. 541. Bruxelles, collection particulière.

5. Eine Matinee bei Franz Liszt in Weimar, gravure sur bois anonyme, 1873-1874, parue dans Das neue Blatt, 1875. Wien Museum Online Sammlung, inv. W 7692.

6. Serie Weimar. Lassenstrasse, timbre commercial H. Coors, Hanovre, Herschelstrasse, n° W0292470, 1900-1918. Bruxelles, collection particulière.

7. Franz GAUL, Projet de costume pour le personnage d’Hildebrant dans Die Nibelungen de Hebbel, Vienne, Burgtheater, 1871, crayon et aquarelle sur papier. Nuremberg, Germanisches Nationalmuseum, HB 21910.

8. James MARSHALL, Bildnis des Kapellmeisters Eduard Lassen, huile sur toile, 1886. Leipzig, Museum der bildenden Künst, Inv. Nr. G 839.

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Remerciements

Nous tenons à remercier pour l’aide qu’ils ont apportée à la réalisation de ce projet Mme Anna Besson, M. Sven-Claude Bettinger, Mme Jacqueline Couvreur-Meunier, Mme Susanne Fenske (Klassik Stiftung Weimar), Mme Evelyne Haberfeld, Mme Malou Haine, M. Olivier Hottois et Mme Janne Klugling (Musée juif de Belgique), M. Helmut Schmitz et M. Henri Vanhulst.

Reinoud Van Mechelen remercie Jan Van Elsacker, Benoît Dratwicki et Esther De Soomer.

Production : Musique en Wallonie, ULiège – quai Roosevelt 1B à 4000 Liège – Belgique(http://www.musiqueenwallonie.be)Enregistrement / Recording : 28 au 30 décembre 2020, Sint-Truiden, Begijnhofkerk Sint-AgnesDirection artistique et montage / Artistic Direction and editing : Felicia BockstaelPrise de son, mixage et mastering / Recording Engineer, Mixing and Mastering : Steven Maes pour MotorMusic ClassicGraphisme / Lay out : Valérian Larose – Quidam

Réalisé avec le concours du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles (Service général des Arts de la scène – Service Musique) et le soutien de la Wallonie.

9. Mit deinen blauen Augen, incipit musical et dédicace autographes à « miss Ray Lamprez zür freundlieben Erinerung an », Weimar, 3 mai 1896. Bruxelles, collection particulière.

10. P. ScH couverture lithographique pour Eduard LASSEN, Allerseelen, Breslau, Hainauer. Bruxelles, collection particulière.

11. Antoine FISCH, médaille frappée à l’occasion du Cinquantième anniversaire de l’indépendance nationale – Cantate patriotique, musique de Ed.rd Lassen, paroles de L. Hymans, directeur J. Fischer, bronze, 1880. Bruxelles, collection particulière.

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(1830-1904)ÉDOUARD LASSEN

C’est en eff et au sein d’une famille israélite aisée, cultivée et aimante que Lassen avait vu le jour à Copenhague, le 13 avril 1830. Dès 1833, la famille s’est installée à Bruxelles où le père possède une fabrique, au pied de la collégiale Sainte-Gudule (ill.  1). Figure majeure du judaïsme libéral en Belgique, Louis Lassen obtient en 1846 pour lui et les siens la «  natu-ralisation ordinaire  »  : son fi ls n’abandonnera jamais la nationalité belge. Si le français, seul utilisé lorsqu’il écrit à son père, le cède parfois à l’allemand quand il s’adresse à sa mère et à sa famille hambourgeoise, il conservera cepen-dant toujours dans cette langue un accent qui le fera souvent passer pour un Français.

Dès 1842, il entre au Conservatoire royal de musique de Bruxelles où, deux ans plus tard, il décroche un premier prix de piano. Si ses qualités de soliste sont saluées, c’est avant tout comme chambriste et accompagnateur qu’il se fait apprécier de partenaires aussi illustres que Pauline Viardot, Henryk Wieniawski (ill. 2) ou Franz Liszt qui pouvait passer des soirées entières à jouer en duo avec lui.

Néanmoins, sa carrière s’oriente d’emblée vers la composition et en 1848, il obtient un

En 1930, se remémorant les lieder que chan-

tait sa mère, Thomas Mann s’étonnait que ce

répertoire fût oublié et méprisé : « Pour le plaisir

de ces heures, je serais tenté de rompre une

lance pour Édouard Lassen, un musicien à la

saveur un peu douceâtre, comme je l’avais

déjà perçu à l’époque, mais qui cependant, à

quelques reprises, en relation avec Heine, par-

vient à une ironie sensible de l’expression, qui

m’est inoubliable. Réécoutez sa composition

sur le poème de Heine Mit den blauen Augen

ou encore celle sur Ich wandle unter Blumen,

et dites ensuite si le pouvoir de suggestion des

“Blauen Gedanken” ou la déclamation de

“Und der Garten ist voller Leut”, ce n’est pas

excellent ». Cette concomitance entre l’éclipse

rapide de Lassen – qui, en son temps, avait été

le compositeur de lieder le plus chanté – avec

la montée de l’antisémitisme en Allemagne

n’était pourtant pas fortuite.

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1. Fabrique de boutons et armes blanches Lassen & Cie, Plaine de Ste Gudule n° 21 Bruxelles, carte porcelaine,

ca 1841. Bruxelles collection particulière.

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des très rares intimes auxquels il a accordé une complète confi ance. Après avoir lu la partition de son premier opéra Le roi Edgard, Liszt en programme la création au printemps 1857  : « le fl ux mélodique comme l’ampleur et le sens dramatique des morceaux musicaux, surtout, se doivent d’être loués. Parmi les nombreux nouveaux opéras que j’ai parcourus cette année, je n’en connais pas un qui présente ces avantages à un tel degré  ». Hans von Bülow rapporte en outre que Lassen «  a fait preuve d’un exceptionnel talent dans la conduite d’un orchestre lors de l’exécution de son opéra  » (ill. 3).

Le 6 décembre 1857, Liszt obtient la nomina-tion de Lassen comme second Musikdirektorà Weimar où se déroulera désormais toute sa carrière (ill. 4). Malgré la politique artistique si active du grand-duc Charles-Alexandre, malgré l’énergie déployée par Liszt en tant que maître de chapelle de la cour, Weimar qui, au temps de Goethe et Schiller, avait été une «  nouvelle Athènes  » et qui se voulait la «  Neuweimar  » n’est alors qu’une petite ville de moins de 15  000 habitants, capitale du grand-duché de Saxe-Weimar-Eisenach qui sera absorbé, à contrecœur, dans l’Empire

second prix dans la classe de François-Joseph Fétis, dont il sera l’élève préféré. En juillet 1851, il remporte à l’unanimité le «  Prix de Rome belge  » et c’est par Paris qu’il entame le voyage qui en constitue la récompense. À la recommandation de Fétis, Liszt accueille le jeune-homme à Weimar au printemps 1853  : Lassen, tout pétri du classicisme que lui a inculqué son maître, découvre les ouvrages lyriques de Berlioz, puis ceux de Wagner. C’est une révélation, comme il l’écrit à Liszt en 1855 : « Mon séjour à Weimar sera la seule chose de tout mon voyage, qui m’aura fait réellement une impression artistique profonde et sérieuse ; je le sais bien, depuis je vois où il faudra aller  ; je n’y suis pas encore, bien loin de là, peut-être n’y arriverai-je jamais, mais il n’y a du moins plus de danger que je fasse fausse route ». Il fait sienne la cause de la «  musique de l’avenir  » (Zukunftmusik) que promeuvent Liszt et Wagner qui, de leur côté, voient en lui l’un des composi-teurs les plus prometteurs de la « nouvelle école allemande » (Neudeutsche Schule).

Liszt est immédiatement séduit par Lassen, «  en sa double qualité d’artiste distingué et d’homme comme il faut  » : son extrême dis-crétion l’a fait considérer par lui comme l’un

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des Weissen Falken et la municipalité lui dédiera une Lassenstrasse, rebaptisée depuis Trierer Strasse par les nazis (ill. 6).

En tant que directeur musical, Lassen assure diverses reprises et créations qui lui valent de fi gurer dans l’histoire de l’opéra. Malgré l’antisémitisme de Wagner dont il s’est toujours moqué – «  cette grave question dont le salut de l’humanité dépend  », persifl e-t-il  –, Lassen a nourri la plus profonde admiration pour ses œuvres. En février 1860, alors que Tristan und Isolde venait tout juste d’être achevé, c’est Lassen qui avait été choisi pour en assurer la création, hélas manquée. En 1874, près de dix ans après sa création à Munich, la première reprise de Tristan und Isolde, sous la direction de Lassen et en présence de Wagner, remporte un succès si éclatant qu’il permettra à cette œuvre réputée injouable d’entrer au répertoire. Le grand-duc salue cette prestation mémo-rable en le nommant Hofkapellmeister, poste demeuré vacant depuis le départ de Liszt. Lassen l’occupera jusqu’à son admission à la retraite, en 1895, avec le titre de Generalmusik-direktor. Entre-temps, Lassen avait mis le pied à l’étrier à un jeune homme turbulent, mais pro-metteur : Richard Strauss. Lassen demeure éga-

allemand à partir de 1871. Petit à petit, Lassen gravit tous les échelons et sa réputation de chef d’orchestre est telle qu’en 1879 Hanovre lui fait un pont d’or pour qu’il accepte de succéder à Bülow. Mais la relation de confi ance qui s’est établie avec le grand-duc, l’opportunité d’une programmation musicale innovante, le retour de Liszt avec lequel il partage une complicité artistique et personnelle (ill. 5), sont autant d’ar-guments qui confortent Lassen dans sa décision de rester à Weimar, ainsi qu’il l’explique à ses parents : « je crois encore à la valeur des choses du cœur, et à mes yeux, une reconnaissance due vaut bien quelques milliers de francs. Une masse d’autres considérations me retiennent encore ; d’abord, pour moi, Heimathlosen [sic] je sens que ma patrie est à présent ici  ; j’en ai le sentiment tous les ans davantage quand je reviens en Belgique ; […] ici, je suis et je me sens chez moi  ; on s’attache autant par ce qu’on donne que par ce qu’on reçoit, et mon activité de quinze ans, le peu de bien que j’ai pu faire dans une branche qui est bien la mienne et où se concentrent tous mes intérêts artistiques, me lient profondément à Weimar  ; mon orchestre, ce sont mes enfants  ». Cet attachement de Lassen à Weimar sera payé de retour : en 1900, à l’occasion de son 70e anniversaire, le grand-duc le fera l’un des 25 commandeurs de l’ordre

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amis surnommaient aff ectueusement «  le procrastinateur », avait une facilité à composer qui a stupéfi é ses contemporains. À cet égard, le témoignage le plus éloquent est celui du baryton Franz von Milde, qui était son élève pour le piano  : «  Un jour, il a soudainement bondi de sa chaise à côté de moi – il pouvait être environ 11 heures  – et s’est écrié  : “Bon Dieu, je dois composer un lied pour midi ! C’est un pari !”. Il ouvrit aussitôt un recueil de poésies et chercha un texte adapté. […] À l’heure dite, Lassen tenait entre ses mains la nouvelle composition. Ce n’était rien moins que son liedmondialement connu Vorsatz […], sans doute l’une de ses œuvres les plus chantées. Seul l’accompagnement très simple trahit la hâte avec laquelle Lassen l’a jetée sur le papier  ». Cette posture désinvolte a troublé en un temps où la fi gure romantique de l’artiste incompris était de mise.

A contrario, Lassen n’hésite pas en eff et à se présenter comme un simple artisan prenant en compte tant les attentes de ses interprètes que le goût de ses auditeurs. Bülow parle de « l’artistiquement frivole, mais aimable Lassen ». Cette posture, la soprano Rosa von Milde, son amie de toujours, l’explique par son universa-

lement célèbre pour avoir assuré la création en 1877 du seul opéra de Saint-Saëns demeuré au répertoire, Samson et Dalila, dont il avait eu la révélation par l’intermédiaire de Viardot, leur amie commune.

Malgré la lourdeur de ses tâches, Lassen n’a jamais cessé de composer. Au sein d’une abondante production qui illustre toutes les formes musicales de la seconde moitié du XIXe

siècle, depuis les pièces pour piano jusqu’aux œuvres lyriques, chorales, symphoniques ou concertantes –  mais à l’exception du poème symphonique, pourtant si cher à son maître Liszt –, ce qui a assuré sa reconnaissance inter-nationale, ce sont, d’une part, ses musiques de scène – en particulier celle pour Die Nibelungen de Hebbel, créée à Vienne en 1871 (ill.  7), et celle, en 1876, pour les Faust I et II de Goethe (ill.  8), donnée partout en Allemagne jusqu’en 1933 et notamment par Mahler à Leipzig – et, d’autre part, ses plus de 260 lieder dont la com-position s’étend de manière ininterrompue et régulière de 1857 à sa mort en 1904.

Cette forme brève s’adaptait idéalement à ses disponibilités limitées, certes, mais plus encore à son tempérament. Celui que ses

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2. Félicien ROPS, Lassen et Wieniawski, lithographie parue

dans L’Uylenspiegel, n° 24, 13 juillet 1856, Namur, Musée Félicien Rops,

inv. PER E0044.1.P.

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l’alliance d’une prosodie allemande parfaite avec une ampleur mélodique venue de la tradition française, l’une faisant valoir les talents dramatiques et de diseur de leur interprète, l’autre la beauté de leur voix comme leur musi-calité. Lorsqu’en 1860, Lassen publie ses Acht Lieder von Hoff mann von Fallersleben opus 4, l’événement paraît si décisif à Bülow qu’il lui consacre une recension en deux épisodes qui est aussi prétexte à une réfl exion de fond sur la possibilité même d’écrire des lieder après Schu-bert, Schumann et Robert Franz – lui aussi injus-tement oublié, alors que son laconisme radical force l’admiration. Partition en main, Bülow démontre que Lassen, par son approche « fran-çaise  » du lied, le renouvelle en profondeur  : « Le caractère passionné, qui lui est propre, ne se démentit dans aucun de ses lieder, mais il a compris comment les mettre au service de l’intime et de la profondeur de la sensation. Sans en eff acer le moins du monde le dessin délicat, la passion lui confère la parure d’un coloris nuancé entre ombre et lumière ». Cette approche tout en retenue « contraste avec ces nombreux lieder qui se répandent sur une tri-viale description d’une situation purement dou-loureuse qui mendie la pitié et suscite l’ennui. En ce qui concerne la déclamation, elle ne trahit jamais l’étranger ; c’est avec la même maîtrise

lisme et son agnosticisme hérités des Lumières françaises  : «  Récemment j’ai chanté un très joli lied [Vöglein wohin so schnell] de Lassen lors d’un concert  ; il réaliserait des choses très signifi catives dans ce domaine s’il n’avait pas tant de légèreté. Je ne veux pas dire au travail, il est très solide et effi cace, mais dans ses senti-ments. Il sent qu’il n’a ni religion ni patrie, mais en tant que cosmopolite, il l’accepte et il en est de même avec son cœur ». Elle entrevoyait cependant, par-delà les apparences, des tré-fonds autrement plus complexes : « C’est “Une bonne personne dans son sombre désir” […] ce vers de Faust est aussi proche que la musique de Lassen du drame sublime de l’humanité. C’est de cette opacité que se nourrit le talent de l’artiste et – au fond, les mots sont-ils toujours nécessaires ? – le sien ».

Dans sa vie, comme dans son œuvre, Lassen assumait son héritage culturel duplice, ainsi qu’en témoigne le violoniste Edmund Singer  : « Dans ses compositions, se trouvaient heureu-sement réunies les manières française et alle-mande, de même que dans sa personnalité, où elles se mêlaient aussi, faisant de lui une personnalité réellement fascinante ». La séduc-tion immédiate des lieder de Lassen repose sur

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tion de guerre de la France à la Prusse est pour le compositeur une commotion. «  Devant le deuil général que nous avons devant les yeux et les horreurs que nous entendons et lisons journellement », ses convictions sont ébranlées, comme il l’écrit à ses parents  : «  Mon Dieu  ! quand cette guerre fi nira-t-elle  ? il en serait temps pour l’honneur de la civilisation  ». C’est alors qu’en accord avec son traducteur et ami Victor Wilder (1835-1892) – un poète fl amand qui, à Paris, traduit Wagner en français –, Lassen –  le Bruxellois francophone qui va créer Saint-Saëns en allemand à Weimar  –, a l’idée de recomposer en deux langues le lied Mit deinen blauen Augen de Heine – un poète allemand, juif et francophile, mort en exil à Paris  : aux deux strophes initiales s’en ajoutent alors quatre nouvelles, cette fois exclusivement en français. Ce geste politique fort et, sans doute, sans équi-valent, pose Lassen en intercesseur des cultures française et allemande, un positionnement qui deviendra celui de la Belgique intellectuelle et artistique à partir de la décennie suivante.

Manuel COUVREUR

que Lassen énonce le mot et la pensée. Un long souffl e anime partout ses mélodies, un souffl e large, harmonieux, elles ont en elles une valeur musicale absolue et un transcripteur habile pourrait aisément en tirer profi t  »  (judi-cieux conseil que Liszt devait suivre à plusieurs reprises  !). «  En tant qu’harmoniste, Lassen se classe parmi les contemporains comme le plus délicat, le plus original et le plus intelligent, pour ne pas dire plus  ». Et Bülow, pourtant réputé sévère et grincheux, de conclure  : «  Nous considérons un tel talent digne d’entrer dans le cercle de ceux qui par leur proximité avec Schubert, Schumann et Franz, constituent une aristocratie de la musique ».

Alors que depuis son installation à Weimar Lassen avait abandonné la romance française dans laquelle il s’était brillamment illustré à ses débuts bruxellois, la mélodie reparaît à la fi n de sa vie, dans des circonstances particulièrement signifi catives. Dès sa publication en juillet 1867, son lied Mit deinen blauen Augen – celui-là même que se remémorait Thomas Mann  – avait remporté le plus vif succès. Ce lied était très bref, comme il se doit pour ce poème de Heine qui ne comporte que deux strophes de quatre vers (ill. 9). Le 19 juillet 1870, la déclara-

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Lassen wurde am 13. April 1830 in einer wohlhabenden, gebildeten und liebevollen jüdischen Familie in Kopenhagen geboren. Im Jahr 1833 zog die Familie nach Brüssel, wo der Vater eine Fabrik am Fuße der Stiftskirche Sainte-Gudule besaß (Abb. 1). Louis Lassen, eine wichtige Persönlichkeit des liberalen Judentums in Belgien, erwirkte 1846 für sich und seine Familie die „einfache Einbürgerung“: Sein Sohn hat die belgische Staatsangehörig-keit nie aufgegeben. Obwohl das Franzö-sische, welches er in Briefen an seinen Vater ausschließlich benutzte, manchmal für das Deutsche weichen musste, wenn er mit seiner Mutter und seiner Hamburger Familie kommu-nizierte, behielt er im Deutschen immer einen Akzent bei, der ihn oft französisch klingen ließ.

1842 trat er in das Conservatoire royal de musique in Brüssel ein, wo er zwei Jahre später mit einem Ersten Preis im Fach Klavier aus-gezeichnet wurde. Obwohl seine Qualitäten als Solist geschätzt wurden, gewann er vor allem als Kammermusiker und Begleiter die Wertschätzung von so berühmten Partnern wie Pauline Viardot, Henryk Wieniawski (Abb. 2) und Franz Liszt, die ganze Abende mit ihm im Duett musizieren konnten.

Als Thomas Mann sich 1930 die Lieder zurück ins Gedächtnis rief, die seine Mutter früher gesungen hatte, war er überrascht, dass es in diesem Repertoire viele Lieder gab, „die heute vergessen und abgetan sind“: „Ich wäre versucht, um jener Stunden willen eine Lanze zu brechen für Eduard Lassen, einen Musiker etwas süßlichen Geschmacks, wie ich schon damals unterschied, der es aber ein paarmal in Ver-bindung mit Heine zu einer sensitiven Ironie des Ausdrucks bringt, die mir unvergesslich ist. Man versuche einmal wieder seine Komposition von Heines Mit deinen blauen Augen oder jenes O, halt mich fest, Geliebte! Vor Liebestrunkenheit fall’ ich dir sonst zu Füßen – und sage bei der Vorschlag-Stelle von den ‚blauen Gedanken‘ oder bei der Deklamation des ‚Und der Garten – ist voller Leut‘, ob das nicht sehr gut ist.“ Das Zusammentreff en des rapiden Niedergangs von Lassen, der zu seiner Zeit der meist gesungene Liederkomponist war, mit dem Aufkommen des Antisemitismus in Deutschland war kein Zufall.

(1830-1904)EDUARD LASSEN

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3. Ernst Friedrich Jakob HÄNDEL, Gegend am Rhein/Rheinlandschaft [Paysage des bords du Rhin], projet de décor pour le troisième acte de l’opéra Frauenlob de Lassen, Weimar, 1857,

plume et aquarelle sur papier. Weimar, Landesarchiv Thüringen – Hauptstaatsarchiv Weimar, Generalintendanz des Deutschen Nationaltheaters und der Staatskapelle Weimar, n° 2130, p. 20r°.

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ragender Künstler und anständiger Mensch“: Seine extreme Diskretion machte ihn zu einem der wenigen, denen er volles Vertrauen schenkte. Nachdem er die Partitur seiner ersten Oper Le roi Edgard gelesen hatte, setzte Liszt die Urauff ührung für das Frühjahr 1857 an: „hauptsächlich ist der melodische Fluss und die theatergemäße Breite und Richtung der Musikstücke bei ihm zu loben. Von den zahl-reichen neuen Opern, die ich dieses Jahr durch-gesehen, wüsste ich keine einzige, die diese Vorzüge in solchem Maße besitzt“. Hans von Bülow berichtete zudem von „dem Kompo-nisten, der bei seiner Oper ein hervorragendes Direktionstalent gezeigt hatte“ (Abb. 3).

Am 6. Dezember 1857 erwirkte Liszt die Ernennung Lassens zum zweiten Musikdirektor in Weimar, wo sich von da an seine gesamte Kar-riere abspielen sollte (Abb. 4). Trotz der aktiven Kunstpolitik von Großherzog Karl Alexander von Sachsen-Weimar-Eisenach und trotz Liszts Energie als Hofkapellmeister war Weimar, das zu Zeiten Goethes und Schillers ein „neues Athen“ gewesen war und „Neuweimar“ sein wollte damals nur eine Kleinstadt mit weniger als 15.000 Einwohnern, die Hauptstadt eines kleinen Staates, der ab 1871 widerwillig im

Dennoch wandte er sich sofort der Kompo-sition zu und erhielt 1848 einen Zweiten Preis in der Klasse von François-Joseph Fétis, dessen Lieblingsschüler er war. Im Juli 1851 gewann er einstimmig den „Prix de Rome belge“, und über Paris begann er die Reise, die der Preis bein-haltete. Auf Fétis’ Empfehlung hin empfi ng Liszt den jungen Mann im Frühjahr 1853 in Weimar: Vom Klassizismus durchdrungen, den ihm sein Lehrer eingeimpft hatte, entdeckte Lassen die Opern von Berlioz und dann die von Wagner. Es war eine Off enbarung, wie er 1855 an Liszt schrieb: „Mein Aufenthalt in Weimar ist das einzige auf meiner ganzen Reise, das wirklich einen tiefen und ernsten künstlerischen Eindruck auf mich gemacht hat; ich weiß das, denn ich sehe, wohin die Reise für mich gehen sollte; ich bin noch nicht dort angekommen, noch weit davon entfernt, vielleicht werde ich nie dort ankommen, aber es besteht wenigstens keine Gefahr mehr, dass ich den falschen Weg einschlage“. Er setzte sich für die von Liszt und Wagner geförderte Zukunftsmusik ein, die in ihm einen der vielversprechendsten Komponisten der Neudeutschen Schule sahen.

Liszt fühlte sich sofort zu Lassen hingezogen, „in seiner doppelten Eigenschaft als hervor-

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Kinder“. Die Verbundenheit Lassens mit Weimar sollte sich auszahlen: 1900, anlässlich seines 70. Geburtstages, ernannte ihn der Großherzog zu einem der 25 Kommandeure des Ordens der Weißen Falken, und die Stadt widmete ihm eine Lassenstraße, welche die Nazis jedoch in Trierer Straße umbenannt haben (Abb. 6).

Als Musikdirektor war Lassen für eine Reihe von Wiederaufnahmen und Urauff ührungen verantwortlich, die ihm einen Platz in der Operngeschichte eingebracht haben. Trotz Wagners Antisemitismus, über den er sich stets lustig machte („diese schwerwiegende Ange-legenheit, von der das Heil der Menschheit abhängt“, wie er witzelte), bewunderte Lassen seine Werke zutiefst. Im Februar 1860, als das Werk Tristan und Isolde gerade fertiggestellt war, wurde Lassen mit der Urauff ührung beauftragt, die leider nicht zustande kam. 1874, fast zehn Jahre nach der Urauff ührung in München, war die erste Wiederaufnahme von Tristan und Isolde unter der Leitung von Lassen und in Anwesenheit Wagners ein so durchschlagender Erfolg, dass das als unspielbar geltende Werk in das Repertoire aufgenommen wurde. Der Großherzog würdigte diesen denkwürdigen Auftritt, indem er Lassen zum Hofkapellmeister

Deutschen Reich aufgehen sollte. Schritt für Schritt stieg Lassen auf, und sein Ruf als Musik-direktor war so gut, dass Hannover ihm 1879 ein fi nanziell verlockendes Angebot unterbreitete, um die Nachfolge Bülows anzutreten. Aber das Vertrauensverhältnis zum Großherzog, die Möglichkeit eines innovativen musikalischen Programms, die Rückkehr Liszts, mit dem er sowohl auf einer künstlerischen als auch auf einer persönlichen Ebene verbunden war (Abb. 5), waren entscheidende Argumente, die Lassen in seinem Entschluss bestärkten, in Weimar zu bleiben, wie er seinen Eltern erklärte: „Ich glaube immer noch an den Wert von Herzensdingen, und in meinen Augen ist eine gebührende Anerkennung ein paar tausend Franken wert. Eine Menge anderer Überle-gungen halten mich noch zurück; vor allem fühle ich für mich, den Heimatlosen, dass meine Heimat jetzt hier ist; ich fühle es jedes Jahr mehr und mehr, wenn ich nach Belgien zurückkehre; [...] hier bin ich und fühle mich zu Hause; man wird durch das, was man gibt, ebenso ver-bunden wie durch das, was man empfängt, und meine fünfzehn Jahre Tätigkeit, das wenig Gute, das ich in einem Fach, das mir wirklich liegt und in dem sich alle meine künstlerischen Interessen vereinen, tun konnte, binden mich tief an Weimar; mein Orchester, das sind meine

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seine mehr als 260 Lieder, deren Komposition sich kontinuierlich über einen Zeitraum von 1857 bis zu seinem Tod 1904 erstreckte.

Diese Kurzform war ideal für sein begrenztes Talent, aber noch mehr für sein Temperament. Der Mann, den seine Freunde liebevoll „der Zauderer“ nannten, hatte eine kompositorische Begabung, die seine Zeitgenossen in Erstaunen versetzte. Das aussagekräftigste Zeugnis in dieser Hinsicht ist das des Baritons Franz von Milde, der sein Klavierschüler war: „Eines Tages sprang er nämlich – es mochte so gegen 11 Uhr sein  – plötzlich vom Stuhl neben mir auf und rief: ‚Herrgott, ich muss ja bis 12 Uhr ein Lied komponieren! Es handelt sich um eine Wette!‘ Sofort schlug er einen Band Gedichte auf und suchte nach einem passenden Text […] Pünkt-lich zur festgesetzten Stunde hielt dieser Lassen die neueste Komposition in Händen. Es war kein anderes als das weltbekannte Lied: Ich will’s dir nimmer sagen […] [das] wohl zu seinen meist gesungenen Kompositionen gehört. Nur die sehr einfach ausgefallene Begleitung verrät die Eile, mit welcher Lassen das Lied ‚hingeworfen‘ hat“. In einer Zeit, in der die romantische Figur des missverstandenen Künstlers in Mode war, war diese lässige Haltung beunruhigend.

ernannte, eine Stelle, die seit Liszts Weggang unbesetzt geblieben war. Lassen hatte dieses Amt bis zu seiner Pensionierung im Jahr 1895 inne und trug den Titel Generalmusikdirektor. In der Zwischenzeit hatte Lassen einem tur-bulenten, aber vielversprechenden jungen Mann den Laufpass gegeben: Richard Strauss. Berühmt ist Lassen auch dafür, dass er 1877 die einzige noch im Repertoire befi ndliche Oper von Saint-Saëns, Samson et Dalila, uraufgeführt hat, die er durch ihre gemeinsame Freundin Viardot entdeckt hatte.

Trotz seiner hohen Arbeitsbelastung hörte Lassen nie auf zu komponieren. Im Rahmen einer reichhaltigen Produktion, die alle musi-kalischen Formen der zweiten Hälfte des 19. Jahrhunderts umfasst, von Klavierstücken bis hin zu Opern, symphonischen, Chor-und Konzertwerken (mit Ausnahme der sympho-nischen Dichtung, die seinem Meister Liszt so sehr am Herzen lag) waren es einerseits seine Schauspielmusik, insbesondere jene zu Hebbels Die Nibelungen, die 1871 in Wien uraufgeführt wurde (Abb.  7), und die zu Goethes Faust Iund Faust II von 1876 (Abb. 8), die bis 1933 in ganz Deutschland und vor allem von Mahler in Leipzig aufgeführt wurde – und andererseits

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4. Hermann Ludwig HEUBNER, Weimar. – Le nouveau Musée, les principaux monuments de la ville et la Wartburg, dans L’univers illustré, n° 711, 29 août 1868, p. 541. Bruxelles, collection particulière.

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5. Eine Matinee bei Franz Liszt in Weimar, gravure sur bois anonyme, 1873-1874, parue dans Das neue Blatt, 1875. Wien Museum Online Sammlung, inv. W 7692.

[De gauche à droite : Édouard Lassen, la comtesse Marie Mouchanoff , le prince héritier Charles-Auguste de Saxe-Weimar-Eisenach, Franz Liszt au piano, le grand-duc Charles-Alexandre de Saxe-Weimar-Eisenach, le régisseur d’opéra Friedrich Ludwig Schmidt, (à l’arrière) le ténor

Franz Ferenczy, le chef d’orchestre et pédagogue Carl Müllerhartung, les écrivains Hermann Uhde et Julius Grosse, (à l’avant) le violoniste August Kömpel, le baryton Hans von Milde, l’intendant du théâtre August von Loën et la soprano Rosa von Milde].

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erforderlich? – eigene? (Welche sind denn eigene?)“.

Sowohl in seinem Leben als auch in seinem Werk hat Lassen sein doppeltes kulturelles Erbe angenommen, wie der Geiger Edmund Singer bezeugt: „In seinen Kompositionen vereinigte sich glücklich französische mit deutscher Art, so wie auch in seinem ganzen Persönlichen diese glückliche Mischung ihn zu einer geradezu faszinierenden Persönlichkeit machte“. Der unmittelbare Reiz von Lassens Liedern liegt in der Verbindung von perfekter deutscher Pro-sodie mit einer aus der französischen Tradition übernommenen melodischen Breite. Erstere hebt das dramatische und sprachliche Talent des Interpreten hervor, letztere die Schönheit seiner Stimme und seine Musikalität. Als Lassen 1860 seine Acht Lieder von Hoff mann von Fal-lersleben Op. 4 veröff entlichte, erschien Bülow das Ereignis so überzeugend, dass er ihm eine zweiteilige Rezension widmete, die zugleich ein Vorwand für eine grundsätzliche Refl exion über die Möglichkeit war, nach Schubert, Schumann und dem ebenfalls zu Unrecht vergessenen Robert Franz, dessen radikaler Lakonismus Bewunderung erregte, Lieder zu schreiben. Anhand der Partitur zeigt Bülow, dass Lassens

Im Gegensatz dazu zögerte Lassen nicht, sich als einfacher Handwerker zu präsentieren, der sowohl den Erwartungen seiner Interpreten als auch dem Geschmack seiner Zuhörer Rech-nung trägt. Bülow spricht vom „künstlerisch frivolen wiewohl liebenswürdigen Lassen“. Die Sopranistin Rosa von Milde, seine lebenslange Freundin, erklärte diese Haltung mit seinem von der französischen Aufklärung geerbten Universalismus und Agnostizismus: „Ich habe neulich ein sehr hübsches Lied [Vöglein wohin so schnell] von Lassen im Konzert gesungen, er würde ganz Bedeutendes auf diesem Felde leisten, wenn er nicht so viel Leichtsinn besäße. Ich meine nicht im Arbeiten, da ist er ganz solid und tüchtig, sondern in seinem Empfi nden. Er empfi ndet’s dass er keine Religion und kein Vaterland hat, aber fi ndet sich als Weltmann damit ab und so steht es auch mit seinem Herzen“. Sie konnte jedoch über die Äußerlich-keiten hinaus in komplexere Tiefen blicken: „Es ist ‚ein guter Mensch in seinem dunklen Drange‘ um mich wieder eines Zitates zu bedienen. (Sie werden längst ob meiner Armut am Eigenem schmunzeln, aber das Letzte aus Faust liegt doch so nahe wie Lassens Musik zu dem erha-benen Menschheitsdrama?) Aber aus dieser Dumpfheit nährt sich das Talent des Künstlers und – im Grunde: sind dann immer Worte

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oben ausgesprochen, die Bürgschaft einer solchen in jenen Kreisen erblicken, dir durch ihren Verkehr mit Schubert, Schumann und Franz sich als musikalische Aristokratie konsti-tuiert haben“.

Obwohl Lassen die französische Romanze, mit der er sich in seinen Brüsseler Anfängen einen Namen gemacht hatte, seit seiner Übersiedlung nach Weimar aufgegeben hatte, tauchte das Lied am Ende seines Lebens unter besonders bedeutsamen Umständen wieder auf. Gleich nach seinem Erscheinen im Juli 1867 wurde sein Lied Mit deinen blauen Augen, an das sich auch Thomas Mann erinnert, ein großer Erfolg. Das Lied war sehr kurz, wie es sich für dieses Heine-Gedicht gehört, das nur aus zwei Strophen zu je vier Zeilen besteht (Abb. 9). Die Kriegserklärung Frankreichs an Preußen am 19. Juli 1870 war für den Komponisten ein Schock. „Angesichts der allgemeinen Trauer, die wir vor Augen haben, und der Schrecken, von denen wir täglich hören und lesen“, sind seine Überzeugung erschüttert, wie er seinen Eltern schreibt: „Mein Gott! Wann wird dieser Krieg enden? Es wäre an der Zeit für die Ehre der Kultur“. Zu diesem Zeitpunkt hatte Lassen, der französischsprachige Brüsseler, der in Weimar

„französische“ Herangehensweise an das Lied dieses von Grund auf erneuert hat: „Das ihm eigene dramatische Blut und die Leidenschaft-lichkeit verleugnet sich in keinem seiner Lieder; aber er hat es verstanden, sie dem Dienste der Innerlichkeit und Tiefe der Empfi ndung unterzuordnen. Ohne die sinnige Zeichnung im Mindesten zu verwischen, verleiht sie ihr den Schmuck einer Licht und Schatten nuan-cierenden Farbengebung […]. Diese Akzen-tuation des Aktiven bildet einen wohltuenden Gegensatz zu jener Anzahl passiver Lieder, die sich in der trivialen Schilderung eines bloß lei-denden Zustandes ergehen, Mitleid erbettelnd und Langeweile erregend. Die Deklamation anlangend, sie verrät diese nie den Ausländer; mit gleicher Meisterschaft deklamiert Lassen das Wort wie den Gedanken. Seine Melodien sind überall langatmig, breit, volltönend und haben auch an sich absoluten Musikwert, so dass ein geschickter Transkripteur reiche Aus-beute in ihnen fi nden könnte“  (ein weiser Rat, den Liszt mehrfach befolgen würde!). „Als Har-moniker gehört Lassen zu den feinfühlendsten, originellsten und bei aller Kühnheit logischsten Köpfen unserer Zeit, womit nicht wenig gesagt ist“. Und Bülow, der für seine strenge und mür-rische Art bekannt ist, folgert daraufhin: „Wir glauben nicht zu weit zu gehen, wenn wir, wie

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Saint-Saëns auf Deutsch urauff ühren sollte, in Absprache mit seinem Übersetzer und Freund Victor Wilder (1835-1892) – einem fl ämischen Dichter, der in Paris Wagner ins Französische übersetzte, die Idee, das Lied Mit deinen blauen Augen von Heine – einem deutschen Dichter, Juden und Frankophilen, der im Pariser Exil starb – zweisprachig neu zu komponieren: Den beiden ersten Strophen wurden vier neue hinzugefügt, diesmal ausschließlich in französi-scher Sprache. Diese starke politische Geste, die wahrscheinlich ihresgleichen sucht, macht Lassen zu einem Vermittler zwischen der franzö-sischen und der deutschen Kultur, eine Position, die das intellektuelle und künstlerische Belgien ab dem folgenden Jahrzehnt übernehmen würde.

Manuel COUVREURÜbersetzung: Magali Boemer

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family which was comfortably off , cultivated and loving. In 1833 they settled in Brussels, where his father owned a factory situated just below the collegiate church of Sainte-Gudule (ill. 1). An important fi gure in liberal Judaism in Belgium, Louis Lassen obtained Belgian natio-nality for himself and his family in 1846, and his son remained a Belgian national for the rest of his life. Édouard only used French when writing to his father, preferring sometime German when addressing his mother and her family, who were from Hamburg, but when speaking German he retained a French accent which often led people to assume he was a Frenchman.

He entered Brussels conservatoire in 1842 and two years later was awarded a fi rst prize for piano. He was acclaimed as a soloist, but was even more appreciated as a chamber musi-cian and accompanist by such stellar names as Pauline Viardot, Henryk Wieniawski (ill.  2) and Franz Liszt, who enjoyed spending entire evenings playing duets with him.

However, his focus turned from the start towards composition and in 1848 he won second prize in the class of François-Joseph Fétis, whose favourite pupil he became.

In 1930, calling to mind some Lieder that his mother used to sing, Thomas Mann expressed astonishment that this repertoire was forgotten and despised: “For the pleasure those hours gave me, I would be tempted to throw my hat into the ring for Édouard Lassen, a composer with a slightly sugary fl avour, as I realised at the time, but who on occasion, especially when combined with Heine, achieved a notable irony of expression that I fi nd unforgettable. Listen again to his setting of Heine’s Mit deinen blauen Augen or Ich wandle unter Blumen and try to deny that the suggestive power of the ‘blauen Gedanken’ or the rhetoric in ‘Und der Garten ist voller Leut’ is excellent”. However, the concomitance between the rapid eclipse of Lassen - in his day the Lieder composer most often sung - and the rise of antisemitism in Ger-many is no coincidence.

Édouard Lassen was indeed Jewish, born on 13 April 1830 in Copenhagen into an Israeli

(1830-1904)ÉDOUARD LASSEN

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6. Serie Weimar. Lassenstrasse, timbre commercial H. Coors, Hanovre, Herschelstrasse, n° W0292470, 1900-1918.

Bruxelles, collection particulière.

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fi rst opera, Le Roi Edgard, Liszt organised its premiere in spring 1857: “The melodic fl ow and the amplitude and dramatic sense of the musical numbers, in particular, are praiseworthy. Amongst the numerous new operas that I have leafed through this year, I have come across none that possess these merits to such a high degree.” Hans von Bülow added that Lassen “showed evidence of an exceptional talent for orchestral conducting during a performance of his opera” (ill. 3).

On 6 December 1857 through Liszt’s infl uence, Lassen became deputy music director at Weimar, where he remained for the rest of his career (ill.  4). Despite the very lively aesthetic interests of the Grand Duke, Karl Alexander, and despite Liszt’s energetic activity as court music director, Weimar - which in the days of Goethe and Schiller had become a “new Athens” and thought of itself as “New Weimar” - was still a small provincial town of fewer than 15,000 inhabitants, capital of the Grand Duchy of Saxony-Weimar-Eisenach, which was about to be absorbed reluctantly into the German empire from 1871. Little by little, Lassen gra-dually rose in stature, and his reputation as an orchestral conductor became such that in 1879

In July 1851 he was unanimously awarded the Belgian Prix de Rome, and set off on the journey to Rome, part of the prize, via Paris. On Fétis’s recommendation, Liszt welcomed the young man to Weimar in spring 1853, and Lassen, imbued with the classicism inculcated in him by his teacher, discovered the operatic works of Berlioz and then of Wagner. These came as a revelation to him, as he wrote to Liszt in 1855: “My stay in Weimar will be the only thing in my whole journey to make a really profound and serious artistic impression on me; I know this, and now I see what my destination has to be: I’m not there yet, far from it, and may perhaps never reach it, but at least there’s no danger that I’ll take a wrong path.” He embraced the cause of the “music of the future” (“Zukunfts-musik”) being promoted by Liszt and Wagner, who, for their part, saw in him one of the most promising composers of the “new German school” (“Neudeutsche Schule”).

Liszt was immediately charmed by Lassen “in his double quality of distinguished artist and perfect gentleman”; his extreme discretion led Liszt to consider him one of the very few intimate friends in whom he felt complete confi dence. After reading the score of Lassen’s

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a street in his honour, the Lassenstrasse - later renamed Trierer Strasse by the Nazis (ill. 6).

As music director Lassen oversaw various revivals and premieres which cause his name to be remembered in the history of opera. Despite Wagner’s anti-semitism, which he always mocked - “this grave question on which the salvation of the human race depends”, as he sardonically put it - Lassen cherished the deepest admiration for Wagner’s works. In February 1860, when Tristan und Isolde had just been completed, it was Lassen who was chosen to conduct the premiere, but it didn’t take place. In 1874, nearly ten years after its creation in Munich, under the baton of Lassen and in the presence of Wagner, the revival of this reputedly unplayable work enjoyed a brilliant success which ensured its inclusion in the repertoire. The Grand Duke rewarded this memorable achievement by naming Lassen Hofkapellmeister (court music director), a post vacant since the departure of Liszt, and Lassen remained in post until permitted to retire in 1895 with the title of Generalmusik-direktor. Meanwhile he had given material encouragement to a turbulent but promising young man, Richard Strauss. Lassen remained

Hanover made him a highly tempting off er to become the successor to von Bülow. But the close relationship with the Grand Duke, the chance to participate in innovative musical programming, the return of Liszt, with whom he enjoyed a close relationship on both an artistic and a personal level (ill. 5), were all reasons why he chose to stay in Weimar, as he explained to his parents: “I still believe in the value of matters of the heart, and in my eyes a due apprecia-tion is worth several thousand francs. A mass of other considerations also keep me here: fi rstly, for me, as a homeless person I feel that this is my true home country at present; I feel this more and more every year when I return to Belgium; […] here I feel and indeed am at home; one becomes attached both by what one gives and by what one receives, and my activities over the last fi fteen years, and the little amount of good I have been able to achieve in a branch that is truly mine and in which all my artistic interests are concentrated, bind me profoundly to Weimar; my orchestral players are my children.” Lassen’s attachment to Weimar was to be duly rewarded: in 1900, on the occa-sion of his 70th birthday, the Grand Duke made him one of the 25 Commanders of the Order of the White Falcon, and the municipality named

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his contemporaries. The most eloquent of these was the baritone Franz von Milde, his piano pupil: “One day [Lassen] suddenly leapt up from his chair beside me - it was about eleven o’clock – exclaiming, ‘Oh my God, I’ve got to compose a song by midday! it was a bet!’ He immediately opened a book of poems to fi nd a suitable text. […] By the agreed deadline Lassen had the new composition in his hands. It was none other than Vorsatz […], undoubtedly one of his most often performed songs, which indeed became world-famous. The only thing that shows how hastily he got it down on paper is the sketchy accompaniment.” This insou-ciance appeared troubling at a time when the romantic concept of the misunderstood artist was the conventional view.

Quite the contrary. Lassen did not hesitate to present himself as a simple artisan taking equal heed of the expectations of his performers and the taste of his audiences. Von Bülow spoke of the “artistically frivolous though likeable Lassen”. A lifelong friend, the soprano Rosa von Milde, explained his attitude by invoking his universa-lism and agnosticism inherited from the French Age of Enlightenment: “I recently sang a very pretty Lassen Lied [Vöglein, wohin so schnell] in

equally famous for having overseen in 1877 the premiere of the only opera by Saint-Saëns to remain in the repertoire, Samson et Dalila, whose merit had been revealed to him by their mutual friend, the singer Pauline Viardot.

Despite his heavy workload, Lassen never stopped composing. His copious oeuvre contains examples of almost every genre in favour in the second half of the 19th century, from piano pieces to operas, choral works, symphonic and concertante pieces, excepting only symphonic poems - his master Liszt’s spe-ciality. His international reputation was secured especially by his theatrical works, particularly his stage music for Die Nibelungen by the dra-matist Friedrich Hebbel, premiered in Vienna in 1871 (ill. 7) and for Goethe’s Faust parts I and II (1876) (ill. 8) performed throughout Germany until 1933, notably by Mahler in Leipzig. He also produced a regular and uninterrupted fl ow of over 260 songs from 1857 until his death in 1904.

The small-scale song form was ideally suited to his limited availability but even more so to his temperament. Although aff ectionately nicknamed “the procrastinator” by his friends, he had a facility for composition that amazed

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7. Franz GAUL, Projet de costume pour le personnage d’Hildebrant dans

Die Nibelungen de Hebbel, Vienne, Burgtheater, 1871, crayon et aquarelle sur papier. Nuremberg, Germanisches

Nationalmuseum, HB 21910.

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their musicality. When in 1860 Lassen published his Eight Songs by Hoff mann von Fallersleben op. 4, this seemed to von Bülow an event so remarkable that he devoted to it a review in two sections which also served as a vehicle for a disquisition on whether it was possible at all to write Lieder after Schubert, Schumann and Robert Franz – this latter another unjustly underrated composer even though his extreme concision compels admiration. With Lassen’s score in his hand, von Bülow demonstrates that Lassen, through his “French” approach to the writing of art songs, fundamentally renews it: “The impassioned character that is all his own does not fall short in any of the songs, but he has understood how to put it to the service of intimacy and depth of feeling. Without at all eff acing its delicate design, passion confers on it the ornament of a subtle colouring between shade and light.” This restrained approach “contrasts with the many Lieder that expatiate on a trivial description of a simple though painful situation that solicits pity but gives rise to boredom. As far as declamation is concerned, there is nothing to betray the non-native speaker; Lassen expresses the word and the thought with the same mastery. His melodies always follow a long, broad and harmonious arc; they have an absolute musical value in

a concert. He could achieve really signifi cant things in this domain if he weren’t so casual; I don’t mean casual in his work, because he’s conscientious and eff ective, but in his feelings. He realises he has neither religion nor home country, but as a cosmopolitan he accepts this and embraces it wholeheartedly.” But she did perceive, beyond appearances, that he had more complex inner depths: “He is a ‘good person in his dark strivings’ […] - that line from Goethe’s Faust is just as close as Lassen’s music to the sublime drama of human existence. It’s from this opacity that the artist’s talent derives nourishment, and - in the end, are words always necessary? – so does his.”

In his life as in his work, Lassen embraced his dual cultural heritage, as the violinist Edmund Singer confi rms: “In his compositions the French and German styles are harmoniously united, just as in his personality, where this fortunate combi-nation makes him a really fascinating person.” The immediate charm of Lassen’s art songs rests on a fusion between a perfect German prosody and a melodious amplitude inherited from the French tradition, the one bringing out the performer’s talents as dramatist and narrator, the other the beauty of their voice and

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shaken, as he wrote to his parents: “My God! when will this war be over? The honour of civili-sation depends on it.” So it was then, in agree-ment with his translator and friend Victor Wilder (1835-1892) - a Flemish poet who, in Paris, trans-lated Wagner into French - that Lassen - the French-speaker from Brussels who was about to launch Saint-Saëns in German in Weimar - conceived the idea of creating an extended dual-language version of this much-loved song (Mit deinen blauen Augen) in which the two initial German verses by Heine, a German Jewish and Francophile poet, were joined by four more by Wilder in French only. This gesture, strikingly political and surely unique, places Lassen as a mediator between the two cultures, French and German, a positioning which, as from the ensuing decade, was to become that of intellectual and artistic Belgium.

Manuel COUVREURTranslation: Celia Skrine

themselves and a skilful transcriber would easily be able to turn them to good account for him-self” (a judicious hint which Liszt would follow on a several occasions!). “As a harmonist, Lassen joins the ranks of the most delicate, the most ori-ginal and the most intelligent, to say no more.” And von Bülow, although reputedly harsh and grudging, concluded that “we consider such a talent worthy of inclusion in the circle of those who, by their affi nity with Schubert, Schumann and Franz, constitute an aristocracy of music.”

Although after becoming installed in Weimar Lassen abandoned the French romance form in which he had brilliantly excelled during his early years in Brussels, the mélodie or French song form reappears at the end of his life in par-ticularly signifi cant circumstances. His song Mit deinen blauen Augen - the one remembered by Thomas Mann - had scored an outstanding success on its appearance in July 1867. It was very brief, as suited the Heine poem of only two four-line verses (ill. 9). France’s declaration of war on Prussia on 19 July 1870 came as a great shock to the composer. “In the face of the general grief that we have before our eyes, and the horrors of which we hear and read every day”, his convictions were profoundly

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Lassen werd op 13 april 1830 in een bevoor-rechte, gecultiveerde en liefhebbende Israëlitische familie in Kopenhagen geboren. Reeds in 1833 vestigt de familie zich in Brussel waar de vader een fabriek bezit aan de voet van de kapittelkerk Sint-Goedele (ill.  1). Louis Lassen is een van de belangrijkste fi guren van het liberale Judaïsme in België die in 1846 voor zijn familie en hemzelf de “gewone natu-ralisatie”  verkrijgt: zijn zoon zal de Belgische nationaliteit nooit opgeven. Zelfs als hij het Frans alleen maar bezigt wanneer hij aan zijn vader schrijft en het soms plaats maakt voor het Duits wanneer hij met zijn moeder of zijn familie in Hamburg spreekt, dan zal hij echter altijd het typische accent van die taal bewaren dat hem dikwijls voor een Fransman zal laten doorgaan.

In 1842 komt hij al op het koninklijk Conserva-torium van Brussel waar hij twee jaar later een eerste prijs voor piano behaalt. Zelfs als zijn kwaliteiten van solist erkend worden, dan is het toch vooral als kamermuziekspecialist en bege-leider dat hij door zijn beroemde partners werd gewaardeerd zoals Pauline Viardot, Henryk Wieniawski (ill. 2) of Franz Liszt, die hele avonden met hem in duo kon spelen.

Toen Thomas Mann zich in 1930 de liederherinnerde die zijn moeder vroeger zong, was hij verbaasd dat dit repertoire vergeten en verguisd was: “Voor het genoegen van die momenten, zou ik geneigd zijn een lans te breken voor Eduard Lassen, een musicus met een ietwat zoetsappige bekoring, zoals ik het in die tijd al had voorvoeld, maar die er toch samen met Heine een paar keer in geslaagd is zich uit te drukken met een ironische gevoe-ligheid die voor mij onvergetelijk is. Luister nog maar eens naar zijn compositie op het gedicht van Heine Mit den blauen Augen of ook nog naar die andere op Ich wandle unter Blumenen zeg dan of de suggestieve kracht van de ‘blauen Gedanken’ of de declamatie van ‘Und der Garten ist voller Leut’ niet uitstekend is”. Het feit dat dit snelle verdwijnen, ja uitvegen van de naam Lassen – die in zijn tijd de meest gezongen componist van lieder was – plaats-vond tijdens de opkomst van het antisemitisme in Duitsland, was echter niet toevallig.

(1830-1904)ÉDOUARD LASSEN

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8. James MARSHALL, Bildnis des Kapellmeisters Eduard Lassen, huile sur toile, 1886. Leipzig, Museum der

bildenden Künst, Inv. Nr. G 839.

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Liszt raakt onmiddellijk onder de bekoring van Lassen, “in zijn dubbele kwaliteit van gedi-stingeerde artiest en gentleman”: zijn uiterste discretie maakt dat Liszt hem beschouwd heeft als een van de zeldzame intimi aan wie hij zijn totale vertrouwen schonk. Nadat Liszt de par-tituur van zijn eerste opera Le roi Edgard had gelezen, programmeert hij er in de lente 1857 de première van: “de melodische vloed net zoals de draagwijdte en vooral de dramatische betekenis van de muziekstukken moeten hier geprezen worden. Onder de talrijke nieuwe opera’s die ik dit jaar doorgenomen heb, ken ik er geen een die deze troeven in die mate bezit”. Hans von Bülow vermeldt daarbij nog dat Lassen “een uitzonderlijk talent heeft getoond in het dirigeren van een orkest tijdens de uitvoering van zijn opera” (ill. 3).

Op 6 december 1857 slaagt Liszt erin Lassen te benoemen als tweede Musikdirektor in Weimar waar zijn hele carrière zich voortaan zal afspelen (ill. 4). Ondanks de zo actieve artis-tieke politiek van Groothertog Karel-Alexander, ondanks de energie die Liszt als hofkapel-meester aan de dag legt, is Weimar dat in de tijd van Goethe en Schiller, een “nieuw Athene” was geweest en dat nu het “Neuweimar” wilde

Zijn carrière richt zich niettemin vanaf het begin gelijk op de compositie en in 1848 behaalt hij de tweede prijs in de klas van François-Joseph Fétis, van wie hij de lievelings-leerling is. In juli 1851 behaalt hij met algemene stemmen de “Belgische Prijs van Rome” en hij begint de reis die daarvoor de beloning is met Parijs. Op aanbeveling van Fétis wordt de jonge man in de lente van 1853 door Liszt in Weimar ontvangen. Lassen die doordrongen is van het classicisme dat zijn meester hem heeft ingegeven, ontdekt de lyrische werken van Berlioz en vervolgens die van Wagner. Dat is een openbaring, zoals hij het in 1855 aan Liszt schrijft: “Mijn verblijf in Weimar zal het enige van mijn hele reis blijven dat mij werkelijk een diepe en serieuze, blijvende artistieke ervaring zal hebben gegeven; ik weet het heel zeker en sindsdien weet ik welke weg ik moet volgen; ik ben er nog niet, bij lange na niet en misschien zal ik er nooit geraken, maar er is nu tenminste geen gevaar meer dat ik een verkeerde weg insla”. Hij maakt zich de zaak van de “toe-komstmuziek” (Zukunftmusik) eigen die door Liszt en Wagner wordt aangemoedigd, zij die van hun kant in hem een van de veelbelovende componisten van de “nieuwe Duitse school” (Neudeutsche Schule) zien.

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zich al mijn artistieke belangen samenvoegen, verbinden me diep met Weimar; mijn orkest, dat zijn mijn kinderen”. Deze band van Lassen met Weimar zal beloond worden: in 1900 zal de Groothertog hem, ter gelegenheid van zijn 70ste verjaardag, tot een van de 25 commandeurs in de orde van de Weissen Falken verheff en en het stadsbestuur vernoemt een Lassenstrasse naar hem, die helaas door de nazi’s later tot Trierer Strasse wordt omgedoopt. (ill. 6).

In zijn hoedanigheid van muziekdirecteur verzorgt Lassen verschillende reprises en crea-ties waardoor hij zeker in de geschiedenis van de opera kan voorkomen. Ondanks het antise-mitisme van Wagner waarmee hij altijd de spot heeft gedreven – “deze ernstige zaak waarvan het heil van de mensheid afhangt”, zegt hij spottend –, heeft Lassen de diepste bewon-dering voor diens werken gehad. In februari 1860 wanneer Tristan und Isolde net afgewerkt is, was Lassen uitgekozen om de première ervan te dirigeren die helaas niet plaatsvindt. In 1874, dat wil zeggen bijna tien jaar na de première in München, zal de eerste reprise van Tristan und Isolde, onder de leiding van Lassen en in aanwezigheid van Wagner, een daverend succes kennen met als gevolg dat

zijn, niets meer dan een kleine stad van 15 000 inwoners en de hoofdstad van het groother-togdom Saxen-Weimar-Eisenach dat, tegen wil en dank, vanaf 1871 geabsorbeerd zal worden in het Duitse Keizerrijk. Langzamerhand bestijgt Lassen alle treden en zijn reputatie van dirigent is zo groot dat Hannover hem in 1879 een gouden aanbod doet opdat hij accepteert Bülow op te volgen. Maar de vertrouwensrelatie die hij met de Groothertog heeft opgebouwd, de mogelijkheid een innoverende muzikale programmatie te realiseren, de terugkeer van Liszt met wie hij een artistieke en persoonlijke compliciteit deelt, zijn evenveel argumenten die Lassen (ill.  5), in zijn beslissing versterken in Weimar te blijven, zoals hij het aan zijn ouders uitlegt: “ik geloof nog in de waarde van de dingen van het hart en naar mijn mening is een verdiende erkenning evenveel waard als enkele duizenden franken. Een heleboel andere beweegredenen houden me ook nog hier: in de eerste plaats, voor mij, als Heimath-losen [sic] voel ik dat mijn vaderland nu hier is; ik heb dat gevoel elk jaar duidelijker wanneer ik in België terugkom; […] hier ben ik en voel ik me thuis; je hecht je evenzeer door wat je geeft als door wat je ontvangt en mijn vijftienjarige activiteit, het weinige goede dat ik heb kunnen doen in een branche die de mijne is en waar

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9. Mit deinen blauen Augen, incipit musical et dédicace autographes à « miss Ray Lamprez zür freundlieben Erinerung

an », Weimar, 3 mai 1896. Bruxelles, collection particulière.

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– in het bijzonder die voor Die Nibelungen van Hebbel, die in 1871 in Wenen in première ging (ill. 7) en die van 1876 voor de Faust I en II van Goethe (ill.  8) die tot 1933 overal in Duitsland werd gespeeld, met name door Mahler in Leipzig – en anderzijds de meer dan 260 liederwaarvan de compositie zich zonder oponthoud en met regelmaat uitstrekt van 1857 tot aan zijn dood in 1904.

Deze korte muzikale vorm paste zeker heel goed bij zijn beperkte beschikbaarheid maar meer nog bij zijn temperament. Hij die door zijn vrienden liefl ijk “de uitsteller tot morgen” werd genoemd, componeerde met een dermate groot gemak dat het zijn tijdgenoten had verbij-sterd. Het meest sprekende voorbeeld hiervan is de getuigenis van de bariton Franz von Milde die zijn pianoleerling was: “Op een dag is hij plotseling van zijn stoel naast mij opgesprongen – het was misschien een uur of elf – en hij heeft geroepen: ‘Goeie God, ik moet voor 12 uur een lied componeren! Dat is een weddenschap!’ Hij opende gelijk een gedichtenbundel en zocht een geschikte tekst […] Op het afgesproken tijdstip hield Lassen de nieuwe compositie in zijn handen. Het was niets minder dan het wereldbekende lied Vorsatz […], waarschijnlijk

dit als onspeelbaar bekend staande werk op het repertoire komt te staan. De Groothertog erkent deze memorabele prestatie door hem tot Hofkapellmeister te benoemen, een plaats die sedert het vertrek van Liszt onbezet was gebleven. Lassen zal deze functie tot zijn pensioen in 1895 bekleden met de titel van Generalmusikdirektor. Ondertussen had Lassen een woelige, drukke, maar veelbelovende jon-geman in het zadel geholpen: namelijk Richard Strauss. Lassen blijft ook nog beroemd omdat hij in 1877 de creatie verzorgt van de enige opera van Saint-Saëns die op het repertoire gebleven is, Samson et Dalila, die hij had ontdekt dankzij Viardot, hun gemeenschappelijke vriendin.

Ondanks de zware taken van zijn werk, is Lassen nooit opgehouden te componeren. Zijn overvloedige productie is een illustratie van alle muzikale vormen van de tweede helft van de XIXe eeuw. Zijn composities beslaan het wijde veld van stukken voor piano tot aan lyrische werken, composities voor koor, symfonieën of concerto’s met uitzondering van het symfo-nische gedicht, dat zijn meester Liszt toch zo na aan het hart lag. Maar wat echter zijn interna-tionale erkenning heeft gewaarborgd, dat zijn enerzijds zijn muzikale producties voor toneel

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10. P. ScH couverture lithographique pour Eduard LASSEN, Allerseelen,

Breslau, Hainauer. Bruxelles, collection particulière.

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11. Antoine FISCH, médaille frappée à l’occasion du Cinquantième anniversaire de l’indépendance nationale – Cantate patriotique,

musique de Ed.rd Lassen, paroles de L. Hymans, directeur J. Fischer,bronze, 1880. Bruxelles, collection particulière.

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achter de uiterlijke schijn, een zoveel comple-xere diepe ziel: “Hij is ‘Een goed mens in zijn sombere wens’ […] dit vers van Faust ligt even dicht als de muziek van Lassen bij het grootse drama van de mensheid. Het talent van de artiest voedt zich met deze ondoorgronde-lijkheid en – zijn woorden eigenlijk altijd nodig? – dat geldt ook voor het talent van Lassen”.

In zijn leven zoals in zijn werk accepteerde Lassen heel bewust zijn tweeledige culturele erfenis, zoals de violist Edmund Singer daarvan getuigt: “In zijn composities waren de Franse en de Duitse stijl harmonieus verenigd, net zoals in zijn persoonlijkheid waarin ze ook vermengd waren, wat van hem een echt fascinerende persoonlijkheid maakte”. De onmiddellijke charme van de lieder van Lassen berust op het samengaan van een perfecte Duitse prosodie met de melodische omvang die uit de Franse traditie stamt, waarbij de eerste de dramatische talenten en de woordkunstenaar, zijn vertolker, eer aan doet en de tweede de schoonheid van hun stem en hun muzikaliteit laat uitkomen. Wanneer Lassen in 1860 zijn Acht Lieder von Hoff mann von Fallersleben opus 4 uitgeeft, lijkt de gebeurtenis zo doorslagge-vend dat Bülow er een recensie in twee delen

een van zijn meest gezongen werken. Alleen de zeer eenvoudige begeleiding verraadt de haast waarmee Lassen het op papier gezet heeft”. Deze nonchalante houding heeft mensen gestoord in een tijd waar de onbegrepen romantische artiest de verplichte houding was.

A contrario, Lassen aarzelde inderdaad niet zichzelf als een eenvoudige ambachtsman voor te stellen, terwijl hij rekening hield met zowel de verwachtingen van zijn vertolkers als met de smaak van zijn luisteraars. Bülow spreekt van de “de artistiek frivole maar vrien-delijke Lassen”. Zijn oude vriendin, de sopraan Rosa von Milde, die hem heel goed kende, verklaart deze houding door zijn universalisme en zijn agnosticisme die hij van de Franse Verlichting overgeërfd heeft: “Onlangs heb ik in een concert een heel mooi lied [Vöglein wohin so schnell] van Lassen gezongen; hij zou zeer belangrijke dingen op dit gebied kunnen verwezenlijken als hij niet zo lichtvaardig was. Ik wil niet zeggen in zijn werk, want daar is hij sterk en doeltreff end, maar in zijn gevoelens. Hij voelt dat hij geen godsdienst noch vaderland heeft, maar als kosmopoliet accepteert hij dat en het is hetzelfde voor zijn hart”. Ze ontwaarde echter

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die Liszt meerdere keren zou opvolgen!). “Als specialist in de harmonieleer staat Lassen bij zijn tijdgenoten geklasseerd als de meest delicate, de meest originele en de meest intelligente, om niets meer te zeggen”. En Bülow die toch bekend stond als een strenge en chagrijnige man zegt ten slotte: “Wij beschouwen een der-gelijk talent waardig toe te treden tot de kring van diegenen die door hun verwantschap met Schubert, Schumann en Franz, de aristocratie van de muziek voorstellen”.

Daar waar Lassen vanaf zijn vestiging in Weimar de Franse romance had laten vallen waarin hij zich op briljante wijze tijdens zijn debuut in Brussel had geïllustreerd, verschijnt de melodie weer op het einde van zijn leven en wel in bijzonder betekenisvolle omstan-digheden. Reeds bij zijn publicatie in juli 1867 had zijn lied Mit deinen blauen Augen – het-zelfde dat Thomas Mann zich herinnerde – een enorm succes behaald. Dit lied was erg kort zoals het hoort bij dit gedicht van Heine dat maar twee strofen van vier versregels telt (ill. 9). Op 19 juli 1870 is de oorlogsverklaring van Frankrijk aan Pruisen een enorme schok voor de componist. “Bij de algemene rouw die we voor onze ogen hebben en de gruweldaden

aan besteedt die tegelijk een voorwendsel is voor een diepere bespiegeling over de mogelijkheid zelf om nog lieder te schrijven na Schubert, Schumann en Robert Franz – de laatste ook onjuist vergeten, terwijl zijn radicale bondigheid bewondering afdwingt. Met de partituur in de hand bewijst Bülow dat Lassen dankzij zijn “Franse” benadering van het lied, dit grondig vernieuwt: “Het hartstochtelijke karakter dat hem eigen is, wordt in geen enkel van zijn lieder ontkent, maar hij heeft begrepen hoe hij het hartstochtelijke in dienst van het intieme en de diepgang van de ervaring kan stellen. Zonder ook maar iets van het delicate ontwerp te vervagen, verleent de hartstocht er een schoonheid aan die nuances kleurt tussen schaduw en licht”. Deze gereserveerde houding “contrasteert met die talrijke lieder die zich uitstorten over een platvloerse beschrijving van een louter pijnlijke situatie die bedelt om medelijden en die verveling opwekt. Wat de declamatie betreft, die verraadt nooit de buitenlander; met identiek meesterschap formuleert Lassen het woord en de gedachte. Een langdurige, weidse en harmonieuze inspi-ratie bezielt overal zijn melodieën; ze worden gedragen door een absolute muzikale waarde en een handige kopiist zou hier gemakkelijk zijn voordeel mee kunnen doen” (een slimme raad

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die we elke dag horen en lezen” worden zijn overtuigingen aan het wankelen gebracht, zoals hij het aan zijn ouders schrijft: “Lieve Hemel! wanneer zal deze oorlog eindigen? het zal dan tijd zijn om de beschaving te eren”. Op dat moment heeft Lassen - de Franstalige Brusselaar die in Weimar Saint-Saëns in het Duits creëert - in overeenstemming met zijn vertaler en vriend Victor Wilder (1835-1892) - een Vlaamse dichter die in Parijs Wagner in het Frans vertaalt - het idee het lied Mit deinen blauen Augen van Heine opnieuw en wel in twee talen te componeren - Heine, een Joodse, Duitse en Fransgezinde dichter die in ballingschap in Parijs overleden was: aan de twee oorspronkelijk strofen worden er dan vier nieuwe toegevoegd, maar nu louter en alleen in het Frans. Dit krachtige politieke gebaar en dat waarschijnlijk zijn gelijke niet kent, plaatst Lassen als bemiddelaar tussen de Franse en de Duitse cultuur, een stellingname die vanaf het volgende decennium door het artistieke en culturele België zal worden ingenomen.

Manuel COUVREURVertaling: Henny Bijleveld

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E n avrilEmanuel GEIBEL

Toi, soirée humide de printemps,Combien je t’aime !Le ciel est gros de nuagesAvec seulement çà et là une étoile.

Comme un doux souffl e éthéré,L’air vibre intensément,De toutes les vallées s’élèveUn doux parfum de violettes.

Je voudrais composer une chansonSemblable à cette soirée,Mais je ne trouve pas de mélodieAussi sombre, douce et tendre.

Toi, le plus beau rêve de mon âmePeter CORNELIUS

Toi, le plus beau rêve de mon âme !Toi, l’âme de mes rêves les plus beaux !Toi, mon cœur, à qui j’ordonne mon salut !Toi salut, que je prévois à peine !

Toi, plus beau chant de ma vie !Toi, belle vie de mes chants !De ce chant et de la vie à nouveau résonneTout ce que ton amour me donne.

Toi, mon printemps de fl eurs et de parfums !Toi, printemps qui fl euris en mon cœur !Toi, étoile qui luis au fi rmament, Toi, mon ciel brillant dans l’azur !

Im AprilEmanuel GEIBEL

Du feuchter Frühlingsabend,Wie hab’ ich dich so gern!Der Himmel [wolkenschwanger],Nur hie und da ein Stern.

Wie leiser LiebesodemHauchet so lau die Luft,Es steigt aus allen ThalenEin warmer Veilchenduft.

Ich möcht’ ein Lied [erfi nden],Das diesem Abend gleich,Und kann den Klang nicht fi ndenSo dunkel, mild und weich.

Du meiner Seele schönster TraumPeter CORNELIUS

Du meiner Seele schönster Traum!Du meiner schönsten Träume Seele!Du Herz, dem ich mein Heil befehle!Du Heil, wie ich es ahnte kaum!

Du meines Lebens schönstes Lied!Du schönes Leben meiner Lieder!Aus Lied und Leben klinge wieder,Was Deine Liebe mir beschied.

Du meines Lenzes Blüth’ und Duft!Du Lenz, dem reich mein Herz erblühet!Du Stern, der mir am Himmel glühet,Mein Himmel Du voll Glanz und Luft!

ÉDOUARD LASSENLieder – Mélodies

(Copenhague, 1830 – Weimar, 1904)

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In aprilEmanuel GEIBEL

Jij vochtige lenteavond,Wat heb ik je graag!De hemel is zwanger van wolken,Alleen af en toe een ster.

Als een zoete liefdesademTrilt de lucht zo aangenaamUit alle dalen stijgtEen warme viooltjesgeur op.

Ik zou graag een lied willen maken,Dat op deze avond lijkt,Maar kan de klank niet vindenZo donker, zo mild en zo zacht.

Jij de mooiste droom van mijn ziel Peter CORNELIUS

Jij, de mooiste droom van mijn ziel!Jij, de ziel van mijn mooiste dromen!Jij, mijn hart op wie ik mijn heil verlaat!Jij, mijn heil zoals ik het nauwelijks besefte!

Jij, het mooiste lied van mijn leven!Jij, het mooiste leven van mijn liederen!Uit lied en leven klinkt weer opWat jouw liefde mij schonk!

Jij, de bloei en de geur van mijn lente!Jij, lente die bloeit in het rijk van mijn hart!Jij, ster die voor mij in de hemel schittert,Mijn hemel, jij vol glans en lucht!

In AprilEmanuel GEIBEL

Oh, moist spring evening,how I love you!The sky heavy with cloud,just here and there a star.

Like a gentle breath of love,the breeze blows loud;from every valley risesa warm scent of violets.

I’d like to come up with a songthat would be equal to this evening,yet I cannot fi nd the right notedark, mild and soft enough.

You, my soul’s loveliest dreamPeter CORNELIUS

You, my soul’s loveliest dream,You, the soul of my loveliest dreams!You heart, to which I entrust my happiness!You, hail such as I could barely imagine!

You, loveliest song of my life!You, loveliest life of my songs!May all that your love has bestowed on mere-echo from song and life.

You, the bloom and scent of my spring!You, the spring, to which my heart blooms afresh!You star, gleaming to me from the heavens,my azure heaven, full of brightness and scent!

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Ô, laisse- moi sur ton frontTisser la gloire de l’amour,Mon ciel, toi, mon printemps, ma vie !Mon salut, ô toi mon chant, mon étoile !

Matinée tristeERNST

Les premières gouttes tombentD’une sombre aurore ;Mauvais sera le jour,Qui déjà si tôt nous menace.

Les premières gouttes tombentDe mes yeux aussi.Mon amour s’en est allé,Qui sait ce qui arrivera encore !

Je reste encore près de toi Peter CORNELIUS

Je reste encore près de toi,Je connais la maison, les portes ;Même aveugle, je les trouverais,Sans que nul me guidât.

Et si cela ne peut et ne doit pas être,Que je puisse rester auprès de toi, Quel est celui qui me défend d’entrer,Et l’escalier d’en toute hâte monter ?

Et si un jour enfi n il faut Que je te dise adieu, je le ferai,Les joues blêmes, sans détour,En gardant le front haut.

Je verrai beaucoup de villes et d’êtres inconnus,De vieux châteaux garnis de mousse,Mais plus jamais, n’aurai ce qui me réjouissait,Et maintenant tellement me chagrine.

O lass’ um Deine Stirne gernDer Liebe Glorie [mir] weben,Mein Himmel Du, mein Lenz, mein Leben!Mein Heil, o Du mein Lied, mein Stern!

Trüber MorgenERNST

Die ersten Tropfen fallenAus trübem Morgenrot;Der Tag wird böse werden,Der schon so frühe droht.

Die ersten Tropfen fallenVon meinem Augenlid.Mein Lieb’ ist fortgegangen,Wer weiß, was noch geschieht!

In Deiner Nähe weil’ Ich nochPeter CORNELIUS

In Deiner Nähe weil’ ich noch,Ich weiß das Haus, die Thüren; Und wär’ ich blind, ich fänd’ es doch,Braucht Niemand mich zu führen.

Und soll’s nicht sein, und kann’s nicht sein,Dass ich bei Dir mag weilen,Wer wehrt mir denn zu treten ein,Die Trepp’ hinauf zu eilen?

Und einmal muss ich’s doch zuletzt,Dir Lebewohl zu sagen, Die Wangen bleich, doch unbenetzt,Die Stirne hoch getragen.

Und dann viel fremde Städt’ und Leut’Und Burgen, moosverbrämet, Doch nimmer, was mich so gefreut,Und was mich so gegrämet.

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Oh laat me om jouw voorhoofdDe glorie van de liefde weven,Mijn hemel, mijn lente, mijn leven!Mijn heil, oh jij, mijn lied, mijn ster!

Triestige morgenERNST

De eerste druppels vallenVan een droevig morgenrood;Het zal een slechte dag worden,Als die al zo vroeg dreigt.

De eerste druppels vallenVan mijn ooglid.Mijn lief is weggegaan,Wie weet wat er nog geschiedt!

Dicht bij jou wil ik nog blijvenPeter CORNELIUS

Dicht bij jou wil ik nog blijven,Ik ken het huis, de deuren;Zelfs blind zou ik het nog vinden,Niemand hoeft mij er naartoe te leiden.

En zou het niet zijn, kan het niet zijnDat ik bij jou mag blijven,Wie verhindert mij binnen te gaan,En de trap op te rennen?

En als ik nu toch eens op het eindAfscheid van jou moet nemen,Met bleke wangen maar zonder omwegen,Met het voorhoofd hoog opgeheven.

En dan zou ik veel vreemde steden en mensen zienEn met mos bedekte kastelen,Maar nooit zou ik zien wat mij zo heeft behaagd,En wat mij nu zo pijn heeft gedaan.

Oh let the glory of lovespin, contented, over your brow,You my heaven, you my spring, my life!My happiness, o you my song, my star!

A gloomy morningERNST

The fi rst drops fallfrom a leaden dawn sky;the weather will turn foulas it threatens so early.

The fi rst drops fallfrom my eyelids.My love has gone away,who knows what will happen now?

I still linger near where you arePeter CORNELIUS

I still linger near where you are,I know the house, the doors, and, were I blind, I’d still fi nd it;no need for anyone to lead me.

And if it mustn’t be, or can’t be,that I may linger near you,who can prevent me from enteringand hastening up the stairs?

And I must do so, one last time, to bid you farewell,my cheeks pale but dry,and my head held high.

And then away to unknown towns and peopleand castles overgrown with moss,but never again to what has been so dear to me,and what has grieved me so.

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Lorsque le printemps gravit les montagnesFriedrich von BODENSTEDT

Lorsque le printemps gravit les montagnesEt que la dernière neige fond au soleil,Lorsque la première verdure apparaît sur l’arbre,Et que dans l’herbe la première fl eur s’épanouit –Lorsque dans la vallée,Enfi n cessent La pluie et l’hivernale torture,La joie résonne des hauts sommets Vers les profondes vallées :Ô combien merveilleux estLe temps du printemps !

Lorsque le chaud soleil embrasse le glacier,Lorsque le vif torrent s’élance des montagnes,Que soudain tout se revêt de verdureMême les forêts s’amusent –Que l’air tendre, doux et tièdeParfume la verte prairie,Et que rit le ciel bleu et pur,La joie résonne des hauts sommets Vers les profondes vallées :Ô combien merveilleux estLe temps du printemps !

N’était-ce pas au jeune printempsQue ton cœur s’ouvrit au mien ?Quand je goûtai de toi, délicieuse jeune fi lle,Le premier long baiser !Du bosquet retentitUn clair chant de plaisir,Et le vif torrent s’élança des montagnes –La joie résonna des hauts sommets Vers les profondes vallées :Ô combien merveilleux estLe temps du printemps !

Wenn der Frühling auf die Berge steigtFriedrich von BODENSTEDT

Wenn der Frühling auf die Berge steigtUnd im Sonnenstrahl der Schnee zerfl ießt,Wenn das erste Grün am Baum sich zeigt,Und im Gras das erste Blümlein sprießt –Wenn vorbei im ThalNun mit einemmalAlle Regenzeit und Winterqual,Schallt es von den Höh’nBis zum Thale weit:O, wie wunderschönIst die Frühlingszeit!

Wenn am Gletscher heiß die Sonne leckt,Wenn die Quelle von den Bergen springt,Alles rings mit jungem Grün sich decktUnd das Lustgetön der Wälder klingt –Lüfte lind und lauWürzt die grüne Au,Und der Himmel lacht so rein und blau,Schallt es von den Höh’nBis zum Thale weit:O, wie wunderschönIst die Frühlingszeit!

War’s nicht auch zur jungen FrühlingszeitAls Dein Herz sich meinem Herz erschloß?Als von Dir, Du wundersüße Maid,Ich den ersten, langen Kuß genoß!Durch den Hain erklang,Heller Lustgesang,Und die Quelle von den Bergen sprang –Scholl es von den Höh’nBis zum Thale weit:O, wie wunderschönIst die Frühlingszeit!

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Als de lente op de bergen stijgtFriedrich von BODENSTEDT

Als de lente op de bergen stijgtEn in de zonnestraal de sneeuw smeltAls je het eerste groen in de bomen ziet,En in het gras het eerste bloempje uitkomt,Als in het dalNu in een keerDe hele regentijd en winterpijn voorbij zijn,Dan weerklinkt het van boven uit de bergenTot ver in het dalOh, wat wonderschoonIs de lentetijd!

Als de zon heet over de gletsjer streelt,Als de bron vanuit de berg ontspringt,De hele natuur zich met zacht groen bedektEn uit het woud een vrolijk geluid weerklinkt,De zachte en lauwe luchtDe groene weide parfumeert,En de hemel zo rein en blauw lacht,Weerklinkt het van boven uit de bergenTot ver in het dal:Oh, wat wonderschoonIs de lentetijd!

Was het ook niet in vroege lentetijdDat jouw hart zich voor mijn hart opende?Toen ik van jou, wonderzoet meisje,De eerste lange kus genoot!Door het struikgewas klonklevendig lustgezang,En de bron ontsproot vanuit de bergen.En toen weerklonk het vanaf de hoge bergenTot in het diepe dal:Oh, wat wonderschoonIs de lentetijd!

When the spring climbs the mountainsFriedrich von BODENSTEDT

When the spring climbs the mountainsand the snow melts in the sunshine,when the fi rst green appears on the treesand the fi rst little fl ower opens in the grass - when all the rainy seasonand trials of winterare over in the valley,the sound rings out from the heights right down to the valley:Oh how beautifulis springtime!

When the hot sun licks at the glacier,when the brooks bubble up from the mountains,everything is decked in young fresh green all roundand happy sounds resound from the forest - gentle, mild breezes spice the green meadow,and the sky smiles pure and blue,the sound rings out from the heights right down to the valley:Oh how beautifulis springtime!

Wasn’t it in also in early springtimethat your heart opened up to my heart?when with you, lovely sweet maiden,I savoured that fi rst long kiss?Through the wood there rang outhappy, joyful songs,and the brooks bubbled up from the mountains -then the sound rang out from the heights right down to the valley:Oh how beautifulis springtime!

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Près de l’aiméJohann Wolfgang von GOETHE

Je pense à toi, lorsque le soleil Brille sur la mer.Je pense à toi, lorsque le refl et de la lune S’agite dans la source.

Je te vois, lorsque sur le chemin lointainLa poussière en tourbillon se lève, Et qu’au plus profond de la nuit, sur l’étroite passerelle,Tremble le voyageur.

Je t’entends lorsqu’avec un bruit sourdAu loin se gonfl e la vague.J’écoute souvent dans le tranquille bocage,Lorsque tout se tait.

Je suis près de toi et aussi loin que tu sois,Tu m’es proche.Le soleil se couche, bientôt luiront les étoiles,Si seulement tu étais là !

Sois tranquille, cher RobinRobert HAMERLING

Dis seulement un petit mot, ô jeune fi lle,Dis-moi, si tu me détestes beaucoup ?

Sois tranquille, cher Robin,Car je ne te déteste pas du tout !

Ah ! à quoi me sert que tu ne me détestes,Si tu ne m’aimes pas un petit peu ?

Sois tranquille, cher Robin,Car je t’aime un petit peu.

Ah ! à quoi me sert ce petit peu,Si tu ne m’aimes pas ardemment ?

Sois tranquille, cher Robin,Car je t’aime ardemment.

Nähe des GeliebtenJohann Wolfgang von GOETHE

Ich denke dein, wenn mir der Sonne SchimmerVom Meere strahlt.Ich denke dein, wenn sich des Mondes FlimmerIn Quellen mahlt.

Ich sehe dich, wenn auf dem fernen WegeDer Staub sich hebt,In tiefer Nacht, wenn auf dem schmalen StegeDer Wandrer bebt.

Ich höre dich, wenn dort mit dumpfem RauschenDie Welle steigt.Im stillen Haine geh’ ich oft zu lauschen,Wenn alles schweigt.

Ich bin bei dir, du seist [mir] noch so ferne,Du bist mir nah.Die Sonne sinkt, bald leuchten mir die Sterne,O! wärst du da!

Sei nur ruhig, lieber RobinRobert HAMERLING

Nur ein Wörtchen sprich, o Mädchen, Sag’ mir, ob du sehr mich hassest?

Sei nur ruhig, lieber Robin,Denn ich hasse dich ja gar nicht!

Ach, was hilft mir das, nicht hassen,Wenn du mich nicht liebst ein wenig?

Sei nur ruhig, lieber Robin,Denn ich lieb’ dich ja ein wenig.

Ach, was hilft mir das, ein wenig,Wenn du mich nicht liebst recht glühend?

Sei nur ruhig, lieber Robin,Denn ich lieb’ dich ja recht glühend.

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Nabijheid der geliefdenJohann Wolfgang von GOETHE

Ik denk aan jou als de zonIn de zee zich spiegelt.Ik denk aan jou als de maneschijn zichIn de bron weerspiegelt.

Ik zie je wanneer op de weg verafHet stof zweeft.In de diepe nacht, wanneer op de smalle steigerDe zwerver beeft.

Ik hoor je wanneer buiten met dof geruisDe golf stijgt.In het stille struikgewas ga ik vaak luisteren,Wanneer alles zwijgt.

Ik ben bij jou, al ben je nog zo ver.Jij bent zo dicht bij mij.De zon gaat onder, weldra blinken de sterren,Oh, was je maar bij mij!

Wees gerust, lieve RobinRobert HAMERLING

Spreek maar een klein woordje, oh meisjeZeg me of je me erg verafschuwt?

Wees gerust, lieve Robin,Want ik verafschuw je helemaal niet!

Ach, wat helpt het me als je me niet verafschuwt,Als je me niet een beetje liefhebt?

Wees gerust, lieve Robin,Want ik hou toch een beetje van jou.

Ach, wat helpt het me, een beetje,Als je niet zielsveel van me houdt?

Wees gerust, lieve RobinWant ik hou zielsveel van jou.

Nearness of the belovedJohann Wolfgang von GOETHE

I think of you when the sun’s brillianceradiates from the sea.I think of you when the shimmering moonis mirrored in pools of water.

I see you when on distant pathsthe dust rises,in the depths of night, when on the narrow paththe unsteady walker falters.

I hear you when, over there, with a muffl ed rushing soundthe waves surge up;in the silent wood I often go to listenwhen all is still.

I am with you, however far away you may be,and you are near me.The sun goes down, soon the stars will shine on me,Oh, if only you were here!

Calm down, Robin dearRobert HAMERLING

Just say one little word, sweet girl,tell me, do you really hate me?

Just calm down, Robin dear,I don’t hate you at all!

What use is it to me that you don’t hate meif you don’t love me just a bit?

Just calm down, Robin dear,I do love you just a bit.

What use is it to me, just a bit,If you don’t love me with real passion?

Just calm down, Robin dear,I do love you with real passion.

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Ah ! à quoi me sert cet ardemment,Si tu ne me donnes pas immédiatement un baiser ?

Sois tranquille, cher Robin,Car je te donne un baiser.

Ah ! à quoi me sert ce baiser,Si tu ne m’en donnes qu’un seul ?

Non, tout plein d’autres, cher Robin,Pour que tu arrêtes de discuter.

J’ai pleuré en rêveH. HEINE, traduction de Gérard de NERVAL

J’ai pleuré en rêve ;Je rêvais que tu étais morte ; Je m’éveillai, et les larmesCoulèrent de mes joues.

J’ai pleuré en rêve ;Je rêvais que tu me quittais ;Je m’éveillai, et je pleuraiAmèrement longtemps après.

J’ai pleuré en rêve ;Je rêvais que tu m’aimais encore ;Je m’éveillai, et le torrent de mes larmesCoule toujours.

Toujours près de toiERNST

Je veux regarder dans tes yeux,Quand je suis près de toi.Je veux construire sur ce ciel,Et je veux croire en ces étoiles.Je veux regarder dans tes yeux,Quand je suis près de toi.

Ach, was hilft mir das, recht glühend,Gibst du mir nicht gleich ein Küßchen?

Sei nur ruhig, lieber Robin,Denn ich geb’ dir ja ein Küßchen.

Ach, was hilft mir das, ein Küßchen, Wenn du mir nur giebst ein einz’ges?

Nein, recht viele, lieber Robin,Daß du nicht noch weiter plauderst!

Ich hab’ im Traum geweinetHeinrich HEINE

Ich hab’ im Traum geweinet,Mir träumte, du lägest im Grab.Ich wachte auf, und die TräneFloss noch [die] Wange herab.

Ich hab’ im Traum geweinet,Mir träumt’, du verliessest mich.Ich wachte auf, und ich weinteNoch lange bitterlich.

Ich hab’ im Traum geweinet,[Ich] träumte, du bliebest mir gut.Ich wachte auf, und noch immerStrömt meine Tränenfl ut.

Immer bei dirERNST

In deine Augen will ich schauen,Wenn ich dir nahe bin.Auf diesen Himmel will ich bauen,Und diesen Sternen will ich trauen,In deine Augen will ich schauen,Wenn ich dir nahe bin.

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Ach, wat helpt het me zielsveel liefde,Als je me niet gelijk een kusje geeft?

Wees gerust, lieve Robin,Want ik geef je nu een kusje.

Ach, wat helpt het mij, een kusje,Als je er mij maar eentje geeft?

Nee, heel veel kusjes geef ik je, lieve Robin,Opdat je nu stopt te kletsten.

Ik heb in mijn droom gehuildHeinrich HEINE

Ik heb in mijn droom gehuild,Ik droomde dat jij in je graf lag.Ik werd wakker en de tranenVloeiden langs mijn wangen.

Ik heb in mijn droom gehuild,Ik droomde dat je mij verliet.Ik werd wakker en ik weendeNog lang en bitter van verdriet.

Ik heb in mijn droom gehuild,Ik droomde dat je mij nog steeds beminde.Ik werd wakker en nog steedsStroomde mijn tranenvloed niet minder.

Altijd bij jouERNST

In jouw ogen wil ik kijken,Wanneer ik bij je ben.Op deze hemel wil ik bouwen,En deze sterren wil ik vertrouwen.In jouw ogen wil ik kijken,Wanneer ik bij je ben.

What use is it to me, real passion,If you won’t give me a little kiss right now?

Just calm down, Robin dear,I will give you a little kiss right now.

What use is that little kissIf you’ll only give me this one?

No, many many kisses, Robin dear,just to stop you talking so much!

I wept while dreamingHeinrich HEINE

I wept while dreaming,I dreamed you were in your grave;I awoke, and a tear was still running down my cheek.

I wept while dreaming,I dreamed you had left me;I awoke, and I went on weeping long and bitterly.

I wept while dreaming,I dreamed you loved me still;I awoke, and even nowmy tears are still streaming.

Always with youERNST

I will gaze into your eyeswhen I am near you.I will build on this heaven,and I will trust these stars,I will gaze into your eyeswhen I am near you.

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Ta douce image doit m’entourer,Lorsque je suis loin de toi.Je ne veux pas céder au chagrin,Je veux vivre près de toi.Ta douce image doit m’entourer,Lorsque je suis loin de toi.

Et plein de joie je veux t’enlacer,Lorsque je te retrouverai.Le but que nous espérons est proche,Tout désir est apaisé,Et plein de joie je veux t’enlacer Lorsque je te retrouverai.

Fais silenceH. NORDHEIM

Que la vie est diffi cile,Si ce que tu aimes n’existe plus !Mais fais silence !Car Dieu le veut.

Que mourir est diffi cile,Si ce que tu aimes pleure à l’entour.Mais fais silence !Car Dieu le veut.

Vivre, mourir ne seraient pas diffi ciles,Si seulement notre cœur se taisait !C’est pourquoi, fais silence !Car Dieu le veut.

BerceuseFriedrich August LEO

Les cimes murmurent la vespérale paix,Le soleil se noie dans la mer,Tous les oiseaux se taisentEt seul le rossignol Plaintivement chante dans le bocage.Ferme tes beaux yeux, gentil amour,

Dein liebes Bild soll mich umschweben,Wenn ich dir ferne bin.Ich will mich nicht dem Schmerz ergeben,In deiner Nähe will ich leben,Dein liebes Bild soll mich umschweben,Wenn ich dir ferne bin.

Und jauchzend will ich dich umfangen,Wenn ich dich wiederseh’.Es naht das Ziel, nach dem wir rangen,Gestillt ist jegliches Verlangen,Und jauchzend will ich dich umfangen,Wenn ich dich wiederseh’.

Sei stilleH. NORDHEIM

Ach, was ist Leben doch so schwer,Wenn, was Du lieb hast, ist nicht mehr!Aber sei still!Weil Gott es will.

Ach, was ist Sterben doch so schwer,Wenn, was Du lieb hast, weint umher.Aber sei still!Weil Gott es will.

Ach, Leben, Sterben wär’ nicht schwer,Wenn unser Herz nur stille wär’!Darum sei still!Weil Gott es will.

SchlummerliedFriedrich August LEO

Die Wipfel säuseln Abendruh,Die Sonne sinkt dem Meere zu,Es schweigen die Vöglein all’Und nur die NachtigallKlaget im Hain.Schliess’, süsses Lieb, die Aeuglein zu

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Jouw lieve beeld moet me omhullen,Wanneer ik ver weg ben van jou.Ik wil me niet aan de pijn overgeven,Leven wil ik dicht bij jou.Jouw lieve beeld moet mij omhullen,Wanneer ik ver weg ben van jou.

En juichend wil ik je omhelzen,Wanneer ik je weer terugzie.We naderen het doel waarnaar wij streven,Gestild is nu elk verlangen.En juichend wil ik je omhelzen,Wanneer ik je weer terugzie.

Zwijg maarH. NORDHEIM

Ach, wat is het leven toch moeilijk,Als je niet meer hebt waar je van houdt!Maar zwijg!Omdat God het wil.

Ach, wat is sterven toch moeilijk,Wanneer alles wat je lief hebt, om je heen huilt.Maar zwijg!Omdat God het wil.

Ach, leven, sterven zou niet moeilijk zijn,Als ons hart maar zweeg!Daarom zwijg maar!Omdat God het wil.

WiegeliedFriedrich August LEO

De toppen fl uisteren in de avondrust,De zon gaat onder in de zee,Alle vogels zwijgenEn alleen de nachtegaalKlaagt in het struikgewas.Doe je oogjes dicht, zoet liefje

Your beloved image will hover around mewhen I am far away from you.I won’t give in to pain,I want to live near you,Your beloved image will hover around mewhen I am far away from you.

And, rejoicing, I will embrace you when I see you again.We have nearly reached the goal we yearned for,and all our longing will be stilled,and, rejoicing, I will embrace you when I see you again.

Be calmH. NORDHEIM

Oh, life is so hardwhen what you love is no more!But be calm!It is God’s will.

Oh, dying is so hardwhen those you love are weeping around you.But be calm!It is God’s will.

Oh, living and dying would not be so hardif only our heart could be calm!Therefore be calm!It is God’s will.

LullabyFriedrich August LEO

The treetops rustle in the calm of evening,the sun goes down into the sea,the little birds all fall silent,and only the nightingalesings its lament in the wood.Sweet darling, close your little eyes

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Et endors-toi d’un doux sommeil,Endors-toi !

Les étoiles scintillent au fi rmament,Autour de ta couche rôdent de beaux rêves,Les petites fl eurs ne sentent plus,Et la lumière de la lune t’embrasseD’un baiser argenté.Ferme tes beaux yeux, gentil amour,Et endors-toi d’un doux sommeil,Endors-toi !

Vous tous qui tissez et veillez,Toi rossignol, toi ciel étoilé,Toi clarté lunaire,Vous les vents, toi valse des fl ots,Accordez-vous :Tendre enfant, ferme tes beaux yeux,Et endors-toi d’un doux sommeil,Endors-toi !

Childe HaroldHeinrich HEINE

Une grande et noire barqueNavigue tristement.Les gardiens emmitoufl és et silencieuxVeillent les morts.

Le poète mort est calmement couché,Son blême visage est découvert ;Ses yeux bleus contemplent encoreLa lumière du fi rmament.

Des profondeurs monte la plainteD’une souff rante ondine fi ancée,Et les vagues sur la barqueSe brisent en une lugubre lamentation.

Und schlummre ein in sanfter Ruh, Schlummre ein!

Die Sterne blinken am Himmelsraum,Um’s Lager wehet manch’ schöner Traum,Die Blümlein duften nicht,Dich küsset des Mondes LichtMit hellem Schein –Schliess’, süsses Lieb, die Aeuglein zuUnd schlummre ein in sanfter Ruh,Schlummre ein!

Ihr Alle, die ihr webt und wacht,Du Nachtigall, du Sternenpracht,Du heller Mondenglanz,Ihr Winde, du Wellentanz, Stimmt alle ein:Schliess’, holdes Kind, die Aeuglein zuUnd schlummre ein in sanfter Ruh,Schlummre ein!

Childe HaroldHeinrich HEINE

Eine starke, schwarze BarkeSegelt trauervoll dahin.Die vermummten und verstummtenLeichenhüter sitzen drin.

Todter Dichter, stille liegt er,Mit entblößtem Angesicht;Seine blauen Augen schauenImmer noch zum Himmelslicht.

Aus der Tiefe klingt’s, als riefeEine kranke Nixenbraut,Und die Wellen, [die] zerschellenAn dem Kahn, wie Klagelaut.

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En slaap een gezonde rust,Sluimer maar in!

De sterren blinken aan het fi rmament,Rond je bedstee dwarrelen mooie dromen,De bloemen geuren niet,Het maanlicht kust jeMet heldere schijn.Doe je oogjes dicht, zoet liefje, En slaap een gezonde rust,Sluimer maar in!

Jullie allemaal die voor haar weven en waken,Jij nachtegaal, jij sterrenpracht,Jij heldere maneschijn,Jullie winden, jij golvendans,Stemmen jullie je allemaal op elkaar af:Sluit je oogjes, zoet kindje,En slaap een gezonde rust,Sluimer maar in!

Childe HaroldHeinrich HEINE

Een grote, zwarte bootZeilt treurig weg.De vermomde en verstomdeLijkbezorgers zitten erin.

De dode dichter ligt er stil,Met bloot aangezicht;Zijn blauwe ogen kijkenNog altijd naar het hemellicht.

Uit de diepte klinkt het alsofEen zieke zeemeermin riep,En de golven slaanOp de schuit als een pijnlijk gepiep.

and go to sleep in gentle peace.Go to sleep!

The stars twinkle in the vault of heaven,many a lovely dream hovers around your crib.The fl owers withhold their scent,the moonlight kisses youwith its clear brightness -Sweet darling, close your little eyes and go to sleep in gentle peace.Go to sleep!

You, all of you, poised above, keeping watch,nightingale, glorious stars,bright moonlight,breezes, dancing waves, pray all join in my song:Sweet darling, close your little eyes and go to sleep in gentle peace.Go to sleep!

Childe HaroldHeinrich HEINE

A sturdy black boatsails sorrowfully away,in it, masked and silent,sit those keeping vigils.

The dead poet lies motionless,his face uncovered;his blue eyes still stare upat the light of heaven.

From the watery depths a cry sounds outas if from a sick water-nymph bride,and the waves break against the boat like the sound of a lament.

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La bouche et les yeuxRobert HAMERLING

Sourire est l’œuvre de la bouche,Celle des yeux est de pleurer ;Mais les yeux et les lèvresMe semblent trop proches.

Souvent lorsque j’embrasse ma bien-aimée,En pressant sa tendre lèvre,Une amère larmeSe mêle à notre doux baiser.

Chanson d’une jeune fi lleEmanuel GEIBEL

Dans mon jardin les œillets, Dans leur pourpre fl oraison,Doivent tous à présent se faner,Car tu es loin.

Dans mon âtre ces vives fl ammesQue j’aimais tant contempler,Ne sont plus que cendres,Car tu es loin.

Le monde pour moi est gâché,Ni fl eur ni étoile ne me saluent,Mon cœur est mort depuis longtemps,Car tu es loin.

Jour des mortsHermann von GILM ZU ROSENEGG

Pose sur la table les odorants résédas,Apporte les derniers asters rougesEt laisse-nous parler d’amour,Comme si nous étions encore en mai.

Donne-moi la main que je la presse en secret,Et si on le voit, cela m’est bien égal ;

Mund und AugeRobert HAMERLING

Lächeln ist des Mundes Sache,Amt der Augen ist’s, zu weinen;Aber Aug’ und Lippe stehenSich zu nah, so will mir scheinen.

Oft, wenn ich mein Liebchen küßte,Preßend ihre Lippe hold,Ist uns eine bitt’re ThräneIn den süßen Kuß gerollt.

Lied eines MädchensEmanuel GEIBEL

In meinem Garten die NelkenMit ihrem PurpursternMüssen nun alle verwelken,Denn du bist fern.

Auf meinem Herde die Flammen,Die ich bewacht so gern,Sanken [in] Asche zusammen,Denn du bist fern.

Die Welt ist mir verdorben,Mich grüsst nicht Blume, nicht Stern,Mein Herz ist lange gestorben,Denn du bist fern!

AllerseelenHermann von GILM ZU ROSENEGG

Stell’ auf den Tisch die duftenden Reseden,Die letzten rothen Astern trag’ herbeiUnd lass uns wieder von der Liebe redenWie einst im Mai.

Gib mir die Hand, dass ich sie heimlich drücke,Und wenn man’s sieht, mir ist es einerlei;

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Mond en ogenRobert HAMERLING

Glimlachen is de zaak van de mond,Die van de ogen is te wenen;Maar oog en lip staanZo dicht bij elkaar, zo schijnt het mij.

Vaak, wanneer ik mijn liefje een kusOp haar zoete lippen drukte,Is een bittere traanIn de zoete kus gerold.

Lied van een meisjeEmanuel GEIBEL

In mijn tuin moeten de anjersMet hun purperen glansNu allemaal verwelken,Omdat jij ver weg bent.

In mijn haard zijn de vlammen,Waarnaar ik zo graag keek,Tot as vergaan,Omdat jij ver weg bent.

De wereld is voor mij verdorven,Geen bloem noch ster groet mij,Mijn hart is allang gestorven, Omdat jij ver weg bent!

AllerzielenHermann von GILM ZU ROSENEGG

Zet de geurende reseda’s op tafel,Breng ook de laatste rode astersEn laat ons weer over liefde spreken,Zoals vroeger in mei.

Geef me je hand opdat ik die stiekem druk,En als iemand het ziet, is het mij om het even;

Mouth and eyesRobert HAMERLING

Smiling is for the mouth to do,the task of eyes is to weep,but eye and lip are placed too close together, it seems to me.

Often while I was kissing my darling,pressing her lovely lips,a bitter tear camerolling into the sweet kiss.

Song of a young maidenEmanuel GEIBEL

In my garden the carnationswith their crimson starsmust now witherbecause you are far away.

In my hearth the fl amesthat I so love to nurture,have sunk into ashes,because you are far away.

The world is spoiled for me,no fl ower, no star, greets me,my heart died long ago,because you are far away.

All Souls DayHermann von GILM ZU ROSENEGG

Put the fragrant mignonette on the table,bring the last red asters hereand let us talk again of loveas we did long ago in May.

Give me your hand, so that I can press it secretly,and if anyone sees, I don’t mind;

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Donne-moi un de tes doux regards,Comme si nous étions encore en mai.

Aujourd’hui chaque tombe fl eurit et scintille,Un jour par an est fête pour les morts ;Viens sur mon cœur que je t’aie à nouveau,Comme si nous étions encore en mai.

SolitudePeter CORNELIUS

Je demeure en une profonde solitude,Très loin des rumeurs du monde,Là où seule la forêt rêveusePeut entendre mon rêve du temps jadis.

Là mon souvenir se réveille,Je me souviens des tableaux que j’ai contemplés,Les mots oubliés faiblement résonnent Mais dans mon cœur redeviennent forts.

Et voici que tu approches et me souris avec douceurLes mots que tu dis sont comme un chant ;Je te salue, image aimée !Je te salue au son d’une chanson.

Et si ma chanson s’envole au loin,Et que ton souffl e lui donne vie,Pense à moi qui te la chanteDe ma profonde et calme solitude.

Oiseau où voles-tu si vite ?Emanuel GEIBEL

Oiseau, où voles-tu si vite ?« Vers le Nord, vers le Nord !Le soleil y luit tellement fort,Le printemps y est revenu ».

Ô oiseau aux ailes colorées,Lorsque tu arriveras sous les tilleuls,

Gib mir nur einen deiner süßen BlickeWie einst im Mai.

Es blüht und funkelt heut’ auf jedem Grabe,Ein Tag im Jahre ist den Todten frei;Komm’ an mein Herz, dass ich dich wieder habe,Wie einst im Mai.

EinsamkeitPeter CORNELIUS

Ich weil’ in tiefer Einsamkeit,Wo fern der Lärm der Welt verrauscht,Wo meinem [Traum] vergangner ZeitDer träumerische Wald nur lauscht.

Da wird Erinnerung wieder wachAn Bilder, die ich einst geschaut,Verklung’ne Worte tönen nachUnd werden neu im Herzen laut.

Da nah’st auch Du und lächelst mildUnd redest Worte wie Gesang;Ich grüße Dich, Du lieblich Bild!Ich grüße Dich mit Liederklang.

Und wenn [dies’] Lied zur Ferne dringt,Und wenn Dein Hauch ihm Leben leiht,O denke mein, der Dir es singtIn tiefer stiller Einsamkeit.

Vöglein wohin so schnellEmanuel GEIBEL

Vöglein, wohin so schnell?„Nach Norden, nach Norden!Dort scheint die Sonne nun so hell,Dort ist’s nun Frühling worden.“

O Vöglein mit den Flügeln bunt,Und wenn du kommst zum Lindengrund,

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Geef me alleen maar een van je zoete blikkenZoals vroeger in mei.

Vandaag bloeit en fonkelt elk graf,Een dag per jaar zijn de doden vrij.Kom aan mijn hart zodat ik je weer heb,Zoals voeger in mei.

EenzaamheidPeter CORNELIUS

Ik blijf in diepe eenzaamheidWaar in de verte het lawaai van de wereld versmoort,Waar mijn droom van vervlogen tijdAlleen in het dromerige woud wordt gehoord.

Daar leeft de herinnering weer opAan beelden die ik eens zag.Vergeten woorden klinken nog zachtjes na,En krijgen in mijn hart meer macht.

Daar kom je naar me toe en je glimlacht zoetEn je spreekt de woorden als een lied.Ik groet je, jij liefl ijk beeld, zo zoet,Ik groet je met muziek van een lied.

En wanneer dit lied in de verte vliedtEn als jouw adem hem leven bereidt,Denk dan aan mij die het zingt voor jou,In diepe, stille eenzaamheid.

Vogeltje waarheen vlieg je zo snel?Emanuel GEIBEL

Vogeltje waarheen vlieg je zo snel?“Naar het noorden, naar het noorden!Daar schijnt de zon toch zo helder,Daar is het nu lente geworden”.

Oh vogeltje met bonte vleugels,Als je bij de lindebomen komt,

give me just one of your sweet glancesas you did long ago in May.

There is blossom and sparkle today on every grave,one day in the year is free for the dead;come to my heart, that I may have you once more,as I did long ago in May.

SolitudePeter CORNELIUS

I linger in deep solitude,where the world’s noise is distant,where my dreams of past timesare heard only by the slumbering forest.

There memory awakes againto see images that once I beheld;words from the past re-echoand become distinct again in my heart.

Then you come near with your gentle smile,speaking words like music:I greet you, lovely image!I greet you with the sounds of song.

And if this song can travel farand if you can breathe life into it,Oh think of me, singing it to youin deep and silent solitude.

Little bird, whither so fast?Emanuel GEIBEL

Little bird, whither so fast?“Northwards, northwards!The sun is shining there so brightly now,and it is spring.”

O little bird with the bright wings, when you arrive in the grove of limes,

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Près de la demeure de mon aimée,Dis-lui qu’à elle j’ai pensé jour et nuit,Et fi dèle lui suis resté.

Et les fl eurs de la vallée,Salue-les un millier de fois.

Mon cœur est comme la sombre nuitEmanuel GEIBEL

Mon cœur est comme la sombre nuit.Quand tous les sommets murmurent ;Que la lune dans toute sa splendeur Sort doucement des nuages –Et vois, la forêt se tait en une intense écoute.

La lune, la claire lune, c’est toi :De ta plénitude d’amour,Jette-moi un regard, un seul regard Plein de paix céleste –Et vois ce cœur impétueux se calmer.

Les grands yeux calmesBernhard SCHOLZ

Même si je t’ai perdue,Tu n’es pas oubliée,Et je vois toujours en rêveTon doux visage.

Sur ton aimable tête,Ma main repose en une bénédiction –Ces grands yeux calmesMe sont si familiers.

Ces grands yeux calmes,Je ne les oublierai jamais :Je les ai remplis de larmesMais tellement aimés !

Zum Hause meiner Lieben,Dann sag ihr, daß ich Tag und NachtVon ihr geträumt, an sie gedacht,Und daß ich treu geblieben.

Und die Blumen im Thal,Grüss tausend, tausend Mal!

Mein Herz ist wie die dunkle NachtEmanuel GEIBEL

Mein Herz ist wie die dunkle Nacht,Wenn alle Wipfel rauschen;Da steigt der Mond in voller PrachtAus Wolken sacht –Und sieh, der Wald verstummt in tiefem Lauschen.

Der Mond, der [lichte] Mond bist du:Aus deiner LiebesfülleWirf einen, einen Blick mir zu Voll Himmelsruh –Und sieh, dies ungestüme Herz wird stille.

Die grossen, stillen AugenBernhard SCHOLZ

Ob ich dich auch verloren,Vergessen bist du doch nicht,Ich schau’ noch immer im TraumeDein süßes Angesicht.

Auf deinem lieben HaupteRuht segnend dann meine Hand –Die großen, stillen AugenSind mir so wohl bekannt.

Die großen, stillen AugenVergess’ ich nimmermehr:Ich hab’ sie getrübt mit ThränenUnd doch geliebt so sehr!

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Bij het huis van mijn geliefde,Zeg haar dan dat ik dag en nachtVan haar gedroomd heb en aan haar gedacht,En dat ik haar trouw ben gebleven.

En de bloemen in het dal,Groeten haar duizend, duizend maal.

Mijn hart is als de donkere nachtEmanuel GEIBEL

Mijn hart is als de donkere nacht,Als alle toppen fl uisteren;Dan stijgt de maan in volle prachtUit de wolken, zo zacht.En kijk, het woud zal in diepe stilte luisteren.

De maan, de lichte maan ben jij:Uit de overvloed van jouw liefde,Werp maar één, één blik op mijVol hemelse rust.En kijk, dit onstuimige hart wordt rustig.

De grote rustige ogenBernhard SCHOLZ

Zelfs al heb ik je verloren,Vergeten ben je toch niet,Ik zie nog altijd in mijn dromenJe lieve gezicht.

Op je lieve hoofdRust dan mijn hand als een zegening.Je grote rustige ogenKen ik zo goed.

Die grote rustige ogenVergeet ik nooit meer:Ik heb ze vertroebeld met tranen,En toch zo liefgehad!

at my beloved’s house,tell her that, day and night,I dream of her and think of her,and have remained true to her.

And the fl owers in the valley,greet them a thousand thousand times!

My heart is like the dark nightEmanuel GEIBEL

My heart is like the dark night,when all the treetops rustle;the moon rises in her full glorysoftly from behind clouds -and look, the forest falls silent to listen intently.

You are the moon, the bright moon: from the fullness of your lovethrow me a glance, just one,full of heavenly peace - and you will see how my troubled heart is calmed.

Those big calm eyesBernhard SCHOLZ

Even though I have lost you,you are not forgotten.In my dreams I still seeyour sweet face.

On your dear headmy hand rests in blessing -Those big, calm eyes,I know them so well.

Those big, calm eyesI will never ever forget:I troubled them with tears,yet I loved them so much!

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J’avais jadis une belle patrieHeinrich HEINE [et Édouard LASSEN ?]

J’avais jadis une belle patrie.Le chêneY était majestueux, les violettes doucement s’inclinaient.C’était un rêve.

[Et lorsque j’arrivai en pays inconnu,Je trouvai une demoiselle si jolie,Au regard de l’amour, le bonheur.C’était un rêve.]

La jeune fi lle m’embrassa en allemand, me dit en allemand(On a peine à imaginerComme c’était doux) les mots « je t’aime » !C’était un rêve.

Les frères de la forêtTheodor STROM

La grive siffl e son dernier air,Son air le meilleur ;Le merle chante le dernier son,Et vole de nid en nid.

Alors moi aussi pour saluer la nuit,Je saisis mon violon,C’est une musicale prière nocturne,Qui monte vers le ciel.

RomanceFrançois COPPÉE

Quand vous me montrez une roseQui s’épanouit sous l’azur,Pourquoi suis-je alors plus morose ?Quand vous me montrez une rose,C’est que je pense à son front pur.

Ich hatte einst ein schönes VaterlandHeinrich HEINE [und Eduard LASSEN?]

Ich hatte einst ein schönes Vaterland. Der EichenbaumWuchs dort so hoch, die Veilchen nickten sanft. Es war ein Traum.

[Und als ich nun in fremde Lande kam, Fand ich ein Mädchen wunderschön Im Aug’der Liebe Glück. Es war ein Traum.]

Das küßte mich auf deutsch, und sprach auf deutsch (Man glaubt es kaumwie gut es klang) das Wort: „ich liebe dich!“ Es war ein Traum.

Die WaldbrüderTheodor STORM

Die Drossel pfeift ihr letztes Stück,Ein Stück zu Allerbest;Die Amsel schlägt den letzten Ton,Und fl iegt [von] Nest zu Nest.

Da nehm’ auch ich zu guter NachtZur Hand die Geige mein,Das ist ein klingend’ Nachtgebet,Und steigt zum Himmel ein.

RomanzeFrançois COPPÉE

Wenn Sie mir eine Rose zeigen, Die unter dem blauen Himmel blüht,Warum bin ich dann noch schwermütiger?Wenn Sie mir eine Rose zeigen, Weil ich an Ihr rein es Angesicht denke.

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Ik had vroeger een mooi vaderlandHeinrich HEINE [en Édouard LASSEN?]

Ik had vroeger een mooi vaderland.De eikenboomGroeide daar zo hoog, de viooltjes knikten zachtjes hun kopjes.Het was een droom.

[En als ik in een ander land kwam,Vond ik een wonderschoon meisje.In het oog van de liefde, het geluk.Het was een droom.]

Ze kuste me in het Duits en sprak ook in het Duits (Je gelooft het nauwelijks hoe mooi het klonk) de woorden: „ik hou van jou“! Het was een droom.

De woudbroedersTheodor STORM

De lijster fl uit zijn laatste lied,Het allerbeste lied;De merel slaat zijn laatste toon,En vliegt van nest naar nest.

Dan neem ook ik, om goede nacht te wensen,Mijn viool ter hand,Het is een melodieus nachtgebed,Dat naar de hemel opstijgt.

RomanceFrançois COPPÉE

Wanneer je mij een roos toontDie openbloeit onder de azuurblauwe hemel,Waarom ben ik dan nog droeviger?Wanneer je mij een roos toont,Komt het omdat ik aan haar zuivere voorhoofd denk.

Once I had a fair homelandHeinrich HEINE [and Édouard LASSEN?]

Once I had a fair homeland.The oak treegrew there so tall, the violets nodded softly.It was a dream.

[And when I arrived in foreign landsI found a beautiful maiden,in her eyes the bliss of love.It was a dream.]

She kissed me in German, and spoke in German (it’s hard to believe how lovely that sounded)the words: “I love you!”It was a dream.

The forest brothersTheodor STORM

The thrush pipes her last tune,the best tune of all;the blackbird warbles one last noteand fl ies from nest to nest.

So, as a goodnight, I takemy violin in my hands;it is an evening prayer in musicand it goes upwards to heaven.

RomanceFrançois COPPÉE

When you show me a roseblooming under the azure sky,why does that make me more morose?When you show me a roseIt’s because I think of her innocent brow.

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Quand vous me montrez une étoile,Pourquoi les pleurs, comme un brouillard,Sur mes yeux jettent-ils leur voile ?Quand vous me montrez une étoile,C’est que je pense à son regard.

Quand vous me montrez l’hirondelleQui part jusqu’au prochain avril,Pourquoi mon âme se meurt-elle ?Quand vous me montrez l’hirondelle,C’est que je pense à mon exil.

En passant !Paul GRAVOLLET

Un jour, en passant, tu me pris mes yeux ;Tout à mes regards se couvrit d’un voile,Et sous le grand ciel lumineux, mes yeuxMes yeux n’eurent plus que toi pour étoile !

Un jour tu me pris toutes mes pensées,Mes ambitions et mes souvenances ;Mon esprit, cristal vibrant de pensées,Pour toi seule alors eut ses résonnances !

Un jour tu me pris mon cœur tout entier,Tous ses battements, ses larmes bénies.Toi seule comblas ce cœur tout entier,Mes amours d’hier en furent bannies.

Un jour tu me pris mon âme immortelle,Et tu l’emportas, aile repliée.Mon âme d’amour deux fois immortelle, Mon âme à ton âme à jamais liée.

Ainsi, simplement, tu me pris un jour :Âme, cœur, pensées et regards suprêmes,Tu pris tout mon être, en passant, un jour.Et je ne sais pas encor si tu m’aimes !

Wenn Sie mir einen Stern zeigen, Warum legen sich dann Tränen wie Nebel über meine Augen?Wenn Sie mir einen Stern zeigen, Weil ich an Ihren Blick denke.

Wenn Sie mir die Schwalbe zeigen, Die bis zum nächsten April abfahrt, Warum stirbt dann meine Seele?Wenn Sie mir die Schwalbe zeigen, Weil ich an mein Exil denke.

Im Vorübergehen!Paul GRAVOLLET

Eines Tages nahmst du mir im Vorübergehen die Augen ab; Alles in meinen Augen war mit einem Schleier bedeckt, Und unter dem großen leuchtenden Himmel Hatten meine Augen nur dich als Stern!

Eines Tages nahmt du mir im Vorübergehen alle meine Gedanken, Meine Ambitionen und meine Erinnerungen ab; Mein Geist, ein mit Gedanken vibrierender Kristall,Vibrierte dann nur noch für dich!

Eines Tages nahmst du mir im Vorübergehen mein ganzes Herz ab, Jedes Herzklopfen, seine gesegneten Tränen. Du allein hast dieses ganze Herz erfüllt, Meine Liebschaften von gestern wurden gänzlich daraus verbannt.

Eines Tages nahmst du mir im Vorübergehen meine unsterbliche Seele abUnd trugst sie mit gefalteten Flügeln davon.Meine zweifach unsterbliche Liebesseele, Meine für immer mit deiner Seele verbundene Seele.

So hast du mir eines Tages einfach abgenommen: Höchste Seele, Herz, Gedanken und Blicke,Du hast mir eines Tages im Vorübergehen mein ganzes Wesen genommen.Und ich weiß immer noch nicht, ob du mich liebst!

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Wanneer je mij een ster toont,Waarom werpen de tranen, als een mistHun sluier over mijn ogen?Wanneer je mij een ster toont,Kom het omdat ik aan haar blik denk.

Wanneer je mij een zwaluw toontDie tot aanstaande april vertrekt,Waarom sterft mijn ziel dan?Wanneer je mij een zwaluw toont,Komt het omdat ik aan mijn ballingschap denk.

In het voorbij gaan!Paul GRAVOLLET

Op een dag, toen je voorbij liep, heb je bezit genomen van mijn ogen;Alles wat ik zag werd bedekt met een sluier,En onder de grote heldere hemel zagen mijn ogen,Mijn ogen alleen nog maar jou als ster!

Op een dag heb je bezit genomen van al mijn gedachten,Mijn ambities en mijn herinneringen;Mijn geest, zo kristalhelder met bruisende gedachten,Trilde toen alleen nog maar voor jou!

Op een dag heb je bezit genomen van mijn hele hart,Van de hartkloppingen en zijn gezegende tranen.Jij alleen kan dit hart helemaal gelukkig maken,Mijn vroegere liefdes werden eruit verbannen.

Op een dag heb je bezit genomen van mijn onsterfelijke ziel,En je nam hem mee op je gevouwen vleugels.Mijn twee keer onsterfl ijke geliefde ziel,Mijn ziel eeuwig verbonden met jouw ziel.

Dus heel eenvoudig, op een dag heb je bezit genomenVan mijn ziel, hart, gedachten en grootse blikken,Je hebt bezit genomen van heel mijn wezen, toen je op een dag voorbij liep.En ik weet nog niet of je van mij houdt!

When you show me a star,why do these tears, like a mist,cast a veil over my eyes?When you show me a star,It’s because I think of her gaze.

When you show me the swallowdeparting until next April,why does my soul start to die?When you show me the swallow,it’s because I think of my exile.

While passing byPaul GRAVOLLET

One day, while passing by, you took my eyes;As I gazed, all became covered by a veil, and beneath the great luminous sky, my eyes,for a star, saw only you!

One day you took all my thoughts,my ambitions and my memories;my mind, a crystal vibrant with thoughts,had resonances for you alone!

One day you took my whole heart,all its beatings, its blessed tears.You alone fi lled this heart entirely,my loves of yesterday were banished from it.

One day you took my immortal soul,and carried it away with folded wing.My soul, doubly immortal through love,my soul bound to your soul for ever.

Thus, simply, you took me one day,soul, heart, thoughts and intense gazes:you took my entire being, while passing by, one day,and I do not yet know if you love me!

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RomanceCharles CROS

Le bleu matinFait pâlir les étoiles.Dans l’air lointainLa brume a mis ses voiles.C’est l’heure où vont,Au bruit clair des cascades,Danser en rond,Sur le pré, les dryades.

Matin moqueur,Au dehors tout est rose.Mais dans mon cœurRègne l’ennui morose.Car j’ai parfoisÀ son bras, à cette heure,Couru ce bois.Seule à présent j’y pleure.

Le jour paraît,La brume est déchirée,Et la forêtSe voit pourpre et dorée.Mais, pour raillerLa peine qui m’oppresse,J’entends piaillerLes oiseaux en liesse.

ChansonVictor HUGO

Si vous n’avez rien à me dire,Pourquoi venir auprès de moi ?Pourquoi me faire ce sourireQui tournerait la tête au roi ?Si vous n’avez rien à me dire,Pourquoi venir auprès de moi ?

RomanzeCharles CROS

Der blaue MorgenLässt die Sterne erblassen.In der fernen LuftHat der Nebel seine Segel gesetzt.Es ist die Stunde, in derDie Dryaden zum klaren KlangDer WasserfälleAuf der Wiese im Kreis tanzen.

Spöttischer Morgen,Draußen ist alles rosenfarbig.Doch in meinem HerzenRegiert die Langeweile.Denn ich lief manchmalZu dieser Stunde mir ihrArm in Arm durch diesen Wald.Jetzt weine ich hier allein.

Der Tag erscheint,Der Nebel ist zerrissen,Und der Waldist lila und golden.Aber, um den Kummer zu verspotten,Der mich bedrückt,Höre ich die VögelVor Freude zwitschern.

LiedVictor HUGO [Übersetzung: Bert KOTTMANN]

Wenn du mir nichts zu sagen hast,Warum kommst du mir nah?Warum dieses Lächeln,Das einem König den Kopf verdreht?Wenn du mir nichts zu sagen hast,Warum kommst du mir nah?

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RomanceCharles CROS

Het ochtendblauwDoet de sterren verbleken.In de verre luchtHeft de nevel zijn waas uitgestrekt.Het is het moment waar,Op het klaterende geluid van de watervallen,De Dryaden op de weideIn het rond dansen.

De ochtend spot met mij,Buiten is alles roze.Maar in mijn hartHeerst de zwaarmoedige verveling.Want soms heb ikAan zijn arm en juist op dat moment,Door het bos gewandeld.Nu ik alleen ben, huil ik daar.

De dag breekt aan,De nevel is opengescheurd,En het woudKleurt purper en goudkleurig.Maar om de spot te drijvenMet het verdriet dat me beklemt,Hoor ik de vogelsUitbundig kwetteren.

LiedVictor HUGO

Als je me niets te zeggen hebt, Waarom kom je dan naar me toe? Waarom glimlach je zo naar mij? Wie brengt het hoofd van de koning op hol?Als je me niets te zeggen hebt, Waarom kom je dan naar me toe?

RomanceCharles CROS

The blue morningmakes the stars fade.In the distant airthe mist has placed its veils.It’s the hour at which,to the limpid sound of waterfalls,in the meadows, the dryadsdance their round dances.

O teasing morning, outside everything is rosy,but my heart is ruled by a morose ennui.For at this hour I have sometimesrun in this wood on his arm,but now I am alone and weep.

The day breaks,the mist is dispersed,and the forestbecomes purple and gold.But, to mockthe pain that oppresses meI hear the merrybirds chirruping.

SongVictor HUGO

If you have nothing to say to me,why did you come to me?Why put on that smilewhich would turn the head of a king?If you have nothing to say to me,why did you come to me?

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Si vous n’avez rien à m’apprendre,Pourquoi me pressez-vous la main ?Sur le rêve angélique et tendre,Auquel vous songez en chemin,Si vous n’avez rien à m’apprendre,Pourquoi me pressez-vous la main ?

Si vous voulez que je m’en aille,Pourquoi passez-vous par ici ?Lorsque je vous vois, je tressaille :C’est ma joie et c’est mon souci.Si vous voulez que je m’en aille,Pourquoi passez-vous par ici ?

La coccinelleVictor HUGO

Elle me dit : « Quelque choseMe tourmente. » Et j’aperçusSon cou de neige, et, dessus,Un petit insecte rose.

J’aurais dû – mais, sage ou fou,À seize ans, on est farouche, –Voir le baiser sur sa bouchePlus que l’insecte à son cou.

On eût dit un coquillage ;Dos rose et taché de noir.Les fauvettes pour nous voirSe penchaient dans le feuillage.

Sa bouche fraîche était là ;Je me courbai sur la belle,Et je pris la coccinelle ;Mais le baiser s’envola.

« Fils, apprends comme on me nomme »,Dit l’insecte du ciel bleu,« Les bêtes sont au bon Dieu ;Mais la bêtise est à l’homme. »

Wenn du mir nichts zu eröff nen hast,Warum drückst du mir die Hand?Von diesem engelhaften, sehnlichen TraumAuf deiner Reise hierher,Wenn du mir nichts zu eröff nen hast,Warum drückst du mir die Hand?

Wenn du willst, dass ich geh,Warum kommst du hier vorbei?Ich erschaure, wenn ich dich seh:Vor Kummer und vor Freud’.Wenn du willst, dass ich geh,Warum kommst du hier vorbei?

Der MarienkäferVictor HUGO [Übersetzung: Bert KOTTMANN]

Sie sagte mir: „IrgendwasBelästigt mich.“ Und ich sahIhren schneeweißen Nacken und auf ihmEin kleines rötliches Insekt.

Ich hätte - doch, klug oder irr,Mit sechzehn ist man scheu -Eher ihren Mund, zum Kuss bereit, sehen sollenAls das Insekt auf ihrem Nacken.

Man könnte es als Muschel beschreiben,Der Rücken rot und schwarz getupft.Die Grasmücken reckten den Hals im Laub,Um uns besser zu sehen.

Ihr leuchtender Mund war vor mir:Ich beugte mich über das schöne MädchenUnd nahm den Marienkäfer von ihrem Nacken,Doch der Kuss fl og davon.

„Sohn, lern, wie man mich nennt;“Sagte das Insekt am blauem Himmel,„Tiere sind des Herrn,Dummheit ist des Menschen.“

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Als je me niets te vertellen hebt, Waarom knijp je dan zo hard in mijn hand? Over de engelachtige en tedere droom, Waaraan je denkt onderweg, Als je mij niets te vertellen hebt, Waarom knijp je dan zo hard in mijn hand?

Als je wilt dat ik wegga, Waarom kom je hier dan langs? Als ik je zie, dan tril ik:Dat is mijn vreugde en mijn verdriet.Als je wilt dat ik wegga, Waarom kom je hier dan langs?

Het lieveheersbeestjeVictor HUGO

Ze zei me: “Er is ietsWat me kwelt”. En ik zagHaar sneeuwwitte hals en daarop, Een klein roze insect.

Ik had - maar wijs of gek, Op zestien jaar ben je verlegen - De kus op haar mond moeten zien In plaats van het insect in haar nek.

Het leek wel een schelpje;Een roze rug met zwarte vlekjes. Om ons te zien, bogen De tuinfl uiters voorover in het gebladerte.

Haar frisse mond was voor me;Ik bukte me over de schoonheid, En ik nam het lieveheersbeestje;Maar de kus ontglipte me.

“Zoon, leer van mij deze les”, Zei het insect van de blauwe hemel, “De dieren zijn eigendom van de goede God;Maar de stomheid is eigen aan de mens.”

If you have nothing to impart to me,why do you press my hand?Of the angelic and tender dreamthat you were thinking of on the way,if you have nothing to impart to me,why do you press my hand?

If you wish me to go away,why do you come here?When I see you I tremble:it’s my joy and my concern.If you wish me to go away,why do you come here?

The ladybirdVictor HUGO

She said to me: “Somethingis tickling me”. And I sawHer snow-white neck, and on it,A little pink insect.

I should have - but, wise or mad,At sixteen, one is timid -Seen the kiss on her mouthMore than the insect on her neck.

It might have been taken for a shellA pink back with black spots.The little birds, to watch us,cocked their heads in the foliage.

Her sweet mouth was there;I bent down towards the lovely girland I took the ladybird:But the kiss fl ew away.

“My son, learn what I am called,”said the insect out of the blue sky,“All creatures belong to the good Lord,but foolishness belongs to man.”

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Si mes vers avaient des ailesVictor HUGO

Mes vers fuiraient, doux et frêles, Vers votre jardin si beau, Si mes vers avaient des ailes, Des ailes comme l’oiseau.

Ils voleraient, étincelles, Vers votre foyer qui rit, Si mes vers avaient des ailes, Des ailes comme l’esprit.

Près de vous, purs et fi dèles, Ils accourraient nuit et jour, Si mes vers avaient des ailes, Des ailes comme l’amour.

Hier au soirVictor HUGO

Hier, le vent du soir, dont le souffl e caresse,Nous apportait l’odeur des fl eurs qui s’ouvrent tard ;La nuit tombait ; l’oiseau dormait [sous] l’ombre épaisse.Le printemps embaumait, moins que votre jeunesse ;Les astres rayonnaient, moins que votre regard.

Moi, je parlais tout bas. C’est l’heure solennelleOù l’âme aime à chanter son hymne le plus doux.Voyant la nuit si pure et vous voyant si belle,J’ai dit aux astres d’or : Versez le ciel sur elle !Et j’ai dit à vos yeux : Versez l’amour sur nous !

Mit deinen blauen AugenHeinrich HEINE et Victor WILDER

Avec tes yeux, mignonne,Bleus comme un lac d’azur,Profonds comme un ciel qui rayonne,Clairs comme un jour bien pur,

Wenn meine Verse Flügel hättenVictor HUGO

Meine Verse würden weich und zerbrechlich In deinen schönen Garten fl iehen, Wenn meine Verse Flügel hätten, Flügel wie ein Vogel.

Sie würden wie Funken Zu deinem fröhlichen Heim fl iegen, Wenn meine Verse Flügel hätten, Flügel wie der Geist.

Nahe bei dir, rein und treu, Würden sie Tag und Nacht kommen, Wenn meine Verse Flügel hätten, Flügel wie die Liebe.

GesternabendVictor HUGO

Gestern brachte uns der Abendwind mit seinem streichelnden Atem Den Duft der spät blühenden Blumen;Die Nacht brach herein; der Vogel schlief im dichten Schatten.Der Frühling war duftend, weniger als deine Jugend; Die Sterne leuchteten, weniger als dein Blick.

Ich sprach leise. Es ist die feierliche Stunde, In der die Seele am liebsten ihr süßestes Lied singt.Als ich die Nacht so rein und dich so schön sah, Sagte ich zu den goldenen Sternen: Schüttet den Himmel über sie!Und sagte ich zu deinen Augen: Schüttet Liebe über uns aus!

Mit deinen blauen AugenHeinrich HEINE und Victor WILDER

Mit deinen blauen AugenSiehst du mich lieblich an,Da wird mir so träumend zu Sinne,Daß ich nicht sprechen kann.

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Als mijn verzen vleugels haddenVictor HUGO

Mijn verzen zouden zacht en broos,Naar jouw mooie tuin vliegen,Als mijn verzen vleugels hadden,Vleugels als de vogel.

Ze zouden als vonken vliegen,Naar je huis waar jij lacht,Als mijn verzen vleugels hadden,Vleugels als de geest.

Naar jou zo zuiver en trouw,Zouden ze dag en nacht vliegen,Als mijn verzen vleugels hadden,Vleugels als de liefde.

GisteravondVictor HUGO

Gisteren bracht de avondwind met zijn zachte streling,Ons de geur van de bloemen die laat opengaan;Het werd donker; de vogel sliep in het duister;De lente geurde heerlijk, maar minder dan jouw jeugd;De sterren straalden, maar minder dan jouw blik.

Ik sprak heel zacht. Dit is het plechtige momentWaarop de ziel zijn liefste hymne wil zingen.Toen ik de nacht zo zuiver en jou zo mooi zag,Heb ik tegen de gouden sterren gezegd: Stort de hemel over haar uit!En ik heb tegen je ogen gezegd: Stort de liefde over ons uit!

Met je blauwe ogenHeinrich HEINE en Victor WILDER

Met je blauwe ogenKijk je me liefdevol aanDan ben ik zo aan het dromen,Dat het spreken mij is vergaan.

If my verses had wingsVictor HUGO

My verses would fl y away, sweet and frail,to your beautiful garden,if my verses had wings,wings like the bird.

They would fl y like sparksTo your radiant hearthif my verses had wings, wings like the mind.

To be near you, pure and faithful,they would hasten by night and day,if my verses had wings,wings like love.

Yesterday eveningVictor HUGO

Yesterday, the evening breeze, with its caressing breathbrought us the scent of late-opening fl owers.Night was falling; the birds were sleeping in the dense shade,spring was emitting its fragrance, but less than your youth;the stars were shining, but with a radiance less than your glance.

As for me, I was speaking very softly. It was the solemn hourwhen the soul loves to sing its sweetest hymn:seeing the night so pure and seeing you so beautiful,I said to the golden stars: pour all heaven upon her!And I said to your eyes: pour love upon us!

With your blue eyesHeinrich HEINE and Victor WILDER

With your blue eyesyou gaze sweetly at me,my mind becomes so dreamythat I cannot speak.

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Avec tes yeux que j’aime,Ton doux regard vainqueur,Sans y penser toi-même,Tu m’as blessé le cœur.

Avec le fi l fragileDe tes cheveux ambrés,Avec cette chaîne subtileFaite d’anneaux dorés,

Avec leur fi ne trame,Cœur pur et cœur naïf !Tu tiens, hélas, mon âmeComme un oiseau captif.

Avec tes lèvres roses,Où, sous l’azur du ciel,L’abeille, amoureuse des roses,Vient butiner le miel,

Ô vierge enchanteresse,Avec leur doux poison,Tu m’as versé l’ivresseQui trouble ma raison !

Traduction de l’allemand : Evelyne HABERFELD

An deine blauen AugenGedenk’ ich allerwärts; –Ein Meer von blauen GedankenErgießt sich über mein Herz.

Mit dem zerbrechlichen Faden Deines bernsteinfarbenen Haares,Mit dieser subtilen Verfl echtung Aus goldenen Ringen,

Mit ihrem feinen Gewebe, Oh reines und naives Herz, Hältst du, ach, meine Seele Wie einen Vogel gefangen.

Mit deinen rosafarbenen Lippen, Wo die rosenliebende Biene Unter dem azurblauen HimmelHonig sammelt,

O bezaubernde Jungfrau, Mit ihrem süßen Gift Hast du mich in einen Rausch versetzt, Der meinen Verstand stört!

Übersetzung französischer Gedichte: Magali BOEMER

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Aan jouw blauwe ogenDenk ik overal;Een zee van azuurblauwe gedachtenStort zich uit over mijn hart.

Met de tere draadVan je amberkleurige haren,Met deze fi jne kettingGemaakt van gouden ringen,

Met hun fi jne web,Zuiver hart en naïef hart!Hou je helaas mijn ziel vastAls een gevangen vogel.

Jij, met je roze lippen,Waar, onder de azuurblauwe hemel,De bij, verliefd op de rozen,De honing komt opzuigen.

Oh, betoverende maagd,Met je zoete vergif,Heb je mij de roes ingegotenDie mijn verstand belaagt!

Vertaling: Henny BIJLEVELD

I think alwaysof your blue eyes;a sea of blue thoughts fl oods over my heart.

With the slender threads of your amber-coloured hair,with this subtle chainmade of golden rings,

with their fi ne tracery,Oh pure, naive heart! –You hold my soul, alas,captive like a caged bird.

With your pink lips,where, beneath the azure sky,the bee, lover of roses, comes to sip the nectar,

O virgin enchantress,with their sweet poison You have poured me the ecstasythat now disturbs my reason!

Translation: Celia SKRINE

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DÉJÀ PARUS :

François-Joseph FétisGrand sextuor pour piano, Sonates pour piano forte, Premier quintetteDominique Cornil, Olivier Gardon, Véronique Bogaerts, et al.

Wagner chez les BelgesDominique Cornil, Johan Schmidt, Marie Hallynck et Véronique Bogaerts

César FranckRédemptionÈve-Maud Hubeaux, Vlaams Radio KoorOrchestre Philharmonique Royal de Liège

César FranckMélodiesAnn de Renais & Guy Penson