27 - charlesl richet - les phenomenes de material is at ion de la villa carmen - fr

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  • 8/14/2019 27 - Charlesl Richet - Les Phenomenes de Material is at Ion de La Villa Carmen - Fr

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    Les PhenomenesDit de Matrialisation de la Villa Carmen

    Charles Richet

    Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec

    http://spirite.free.fr

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    DE QUELQUES PHENOMENES DIT DE MATERIALISATION

    Ce nest pas sans grande hsitation que je me suis dcid publier ces expriences car, encore

    quelles aient t prcdes de quelques expriences analogues, dues divers savants, et en

    particulier Sir William Crookes, elles sont assez tranges pour provoquer lincrdulit. Il me

    parat toutefois que certains faits sont indniables, et ce sont ces faits que je voudrais exposer,

    en mabstenant de toute interprtation thorique et de toute discussion.

    I

    Grce la bienveillance de M. le gnral Nol et de Mme Nol, grce la bonne volont et

    labngation de Mlle Marthe B., ces expriences ont pu tre poursuivies par moi pendant tous

    le mois daot 1905. Javais eu dj loccasion en 1903 dassister quelques sances de la

    villa Carmen. Mais je navais pas cru devoir en conclure quelque conclusion ferme.

    Il est inutile dajouter que M. et Mme Nol avaient dj publi sur ces faits singuliers diversesnotices qui ont paru dans la Revue scientifique et morale du spiritisme de G. Delanne, depuis plusieurs annes. Mais je ne ferai aucune allusion ces rcits, et je moccuperai

    exclusivement des faits dont jai t tmoin.

    Les personnes assistant ces expriences taient M. le Gnral Nol, Mme Nol, Mlle X,

    M. Gabriel Delanne et les trois filles de M. B., officier retrait : Marthe (19 ans), Paulette (16

    ans), Maia (14 ans). Marthe a t fiance Maurice Nol, le fils de M. et Mme Nol, qui est

    mort au Congo, il y a un an. Il est probable que la plupart des phnomnes qui se sont

    produits taient dus linfluence de Marthe comme mdium. En effet, les diverses personnes

    taient en dehors du rideau o se produisaient les matrialisations, tandis que Marthe restait

    assise dans le cabinet derrire le rideau. Deux fois ces expriences, derrire le rideau, prit

    part une personne, nomme Ninon, chiromancienne de profession ; mais son rle t asseznul ; car elle ne fut l que deux fois. Une ngresse au service de M. Nol, jeune fille de 22

    ans, nomme Aischa, pris part aussi, soi-disant comme mdium, ses sances, et elle restait

    derrire le rideau. Mais son rle parat avoir t assez mdiocre ; car, dans plusieurs

    expriences o il y a eu des phnomnes importants, Marthe tait seule, sans Aischa ni Ninon.

    La salle o ont eu lieu ces expriences est un petit kiosque situ dans le jardin de la villa

    Carmen, o logent M. et Mme Nol. Ce kiosque est compltement spar de toute habitation ;

    il nest compos que dune seule pice et il est bti sur une curie remise. Cette salle deux

    fentres et une porte dentre. Une des fentres donne sur la rue, une trs grande hauteur (de

    5 mtres). Lautre fentre donne sur lescalier qui conduit du jardin la rue. (Le jardin est en

    pente trs abrupte de la rue Fontaine Bleue la rue Darwin). La porte donne sur le jardin.

    Chacune des deux fentres est condamne et recouverte dune toile cloue au mur. Par dessuscette toile cloue se trouve un rideau de tapisserie pais qui est aussi clou au mur. Le

    plancher de la salle est form dun carrelage en petites dalles cimentes. Par dessus est clou

    une sorte de tapis linolum, qui, prs du cabinet, est lui mme recouvert dun tapis de feutre

    peu pais.

    Le cabinet nest constitu que par un baldaquin formant un triangle dans un des angles de la

    salle. Ce triangle reprsente un triangle rectangle dont lhypotnuse (AB) a environ 2m50. La

    hauteur du baldaquin est de 2m10. Celle de la pice est de 2m60. Il y a donc 0m50 despace

    entre le dais du baldaquin et le plafond. Le triangle est ferm par un rideau de tapisserie trs

    paisse et sombre. Ce rideau court sur une tringle au moyen danneaux.

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    Au devant du rideau, en laissant peine assez despace pour quon puisse passer, est une table

    circulaire en bois noir, autour de laquelle nous tions groups dans lordre suivant (presque

    toujours).

    En regardant le rideau comme au thtre, et en prenant la droite du spectateur, on avait

    successivement autour de la table : Maia, Melle X, moi mme, Paulette, G. Delanne, Mme

    Nol, le gnral Nol.Avant la sance, je faisais lexploration minutieuse de toute la pice, du baldaquin, des

    rideaux, des fauteuils (qui taient soulevs), dune baignoire et dun vieux bahut rangs dans

    le fond, de sorte que je puis affirmer que nulle personne ntait cache dans la pice. En outre,

    comme les rideaux des fentres taient clous, quil ny a pas de trappes dans le plancher, ni

    de fausse porte dans le mur, je puis en toute certitude affirmer que nulle personne trangre ne

    pouvait pendant la sance pntrer dans la salle.

    La lumire tait donne par la lumire dune bougie mise dans une lanterne photographique

    verre rouge quon plaait une certaine hauteur (2m25) au dessus de la porte.

    Par devant, le rideau avait une ouverture, de sorte quil tait constitu en deux parties, une

    partie droite un peu plus longue que la partie gauche. Quand le rideau tait largement ouvert,

    et que les yeux taient bien habitus lobscurit, on pouvait distinguer les mains, les figuresdes mdiums et leurs vtements. Toutefois, il tait assez difficile de les reconnatre, mme

    avec louverture maximum du rideau. Au contraire, dans la salle, une distance de 1 mtre ou

    1m50, on reconnaissait trs facilement les diverses personnes qui taient l.

    Aprs diverses oprations prliminaires, sur lesquelles je ninsiste pas, Marthe et Aischa

    allaient sasseoir dans le cabinet, et le rideau tait tir ; Marthe tant gauche et Aischa

    droite.

    Les sances avaient lieu soit 4 heures du soir, soit 8 heures. Elles duraient deux ou trois

    heures. Aprs la sance, je faisais lexploration minutieuse de la salle avec autant de soin

    quavant la sance.

    II

    Les expriences qui ont eu lieu devant moi la villa Carmen ne seront pas dcrites ici en

    dtail, car le protocole de ces expriences, crit par moi immdiatement aprs la sance, serait

    dune lecture vraiment trop pnible et fastidieuse. Il me suffira de mettre en lumire

    mthodiquement quelques faits essentiels ; ceux qui me paraissent avoir le plus dimportance.

    Jai dit plus haut quon ne peut absolument pas supposer la prsence dun individu cach, ni

    dun individu sintroduisant dans la pice, pour expliquer la prsence de personnage nouveau

    apparaissant ct des mdiums.

    Jtablirai dabord que ce personnage nest ni une image reflt sur un miroir, ni une poupe,

    ni un mannequin. En effet il possde tous les attributs de la vie. Je lai vu sortir du cabinet,marcher, aller et venir dans la pice. Jai entendu le bruit de ses pas, sa respiration et sa voix.

    Jai touch sa main diverses reprises. Cette main tait articule, chaude, mobile. Jai pu,

    travers la draperie dont cette main tait recouverte, sentir le poignet, les os du carpe et du

    mtacarpe qui pliaient sous la pression de ma poigne de main.

    Ainsi la seule fraude possible et il est absolument impossible den supposer une autre cest

    que soit disant fantme est le mdium dguis ! Pour des raisons que je donnerai plus loin

    avec dtail, je considre cette hypothse comme extrmement difficile, ou, pour mieux dire,

    comme impossible admettre. Mais, avant dtablir cette discussion, je rapporterai tout au

    long lexprience suivant qui prouve nettement que le fantme, ou la forme qui tait devant

    nous, possde quelques uns des attributs essentiels de la vie.

    Le vendredi 1er

    septembre, Marthe et Aischa vont sasseoir derrire le rideau ; devant le rideause trouvent les assistants habituels : M. Nol, Mme Nol, G.D., Paulette, B., Ch. R., Melle X.,

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    Maia B. Javais prpar un flacon contenant de leau de baryte, limpide, et dispos de telle

    sorte quen soufflant dans un tube de caoutchouc, on pouvait faire barboter lair expir dans

    leau de baryte. Aprs divers phnomnes, sur le desquels je ninsiste pas B.B. (cest le nom

    par lequel se dsigne lui mme le fantme) demande faire lexprience de la baryte. A ce

    moment il se penche en dehors du rideau, et je distingue nettement par la fente du rideau, et je

    distingue nettement par la fente du rideau Aischa, assise trs loin de B.B., et Marthe, dont jene vois pas bien la figure ; mais je reconnais sa robe, la chemisette de son corsage, et ses

    mains. G. Delanne, qui tait plus prs de moi, assure quil voit la figure.

    Alors B.B. se penche en dehors du rideau. Le gnral prend de mes mains le tube de baryte et

    le donne B.B. qui essaye de souffler, en se penchant un peu en avant du rideau, gauche.

    Pendant ce temps, je vois trs bien toute la forme de Marthe, qui est place en arrire et

    gauche de B.B. ; Aischa est toujours immobile et trs loin. G. Delanne me faire remarquer

    haute voix quon distingue Marthe tout entire, et, comme le point capital de lexprience est

    prcisment dans la vue complte de Marthe, toute mon attention est porte sur elle.

    Cependant jentends B.B. qui essaye de souffler dans le tube ; mais il souffle mal, et sa

    respiration ne passant pas travers le tube, mais passant au dehors, ne fait pas de barbotage.

    B.B. fait de vains efforts, et on entend son souffle. Alors le gnral lui explique quil faut faireglouglou, ce qui narrive que si lon fait passer lair expir par le tube. Alors enfin B.B. russit

    faire glouglou. Il souffle avec force, jentends le barbotage qui dure environ une demi

    minute : puis B.B. fait signe de la tte quil est fatigu, et quil ne peut plus continuer. Alors il

    me passe le tube baryte : je constate que le liquide est devenu tout blanc .

    Je tiens faire remarquer : 1er que je nai pas quitt le tube des yeux, et quil est sorti de ma

    main pour aller entre les mains du gnral et de B.B. ; puis, que jai vu tout le temps le tube

    prs de la bouche de B.B. pendant que les gaz de lexpiration barbotaient dans leau de baryte,

    et quaussitt aprs il y avait du carbonate de baryte, comme je lai constat la suffisant

    lumire de la chambre, sans que le tube baryte aient quitt mes yeux ; 2me qu divers

    reprises jai pu voir derrire B.B. la forme de Marthe ; ses mains trs certainement, sa figure

    par intervalles seulement, car, en se penchant en avant B.B. me la masquait. En tous cas, je ne

    pouvais voir que vaguement la forme de sa figure car lobscurit tait trop grande pour quon

    pt reconnatre ses traits.

    A la suite de cette extraordinaire et mouvante exprience, il sest pass un incident, plutt

    comique ; car les choses comiques se mlent imprudemment aux choses graves. Aprs que les

    personnes prsentes eurent constat quil y avait de lacide carbonique, elles furent tellement

    enthousiasmes, quelles applaudirent en disant : Bravo. Alors B.B. qui avait aussitt disparu

    derrire le rideau, reparut trois reprises en montrant sa tte et saluant, ainsi quun acteur qui

    revient sur la scne, rappel par lapplaudissement de lassistance.

    Jinsiste sur ce fait que, pendant que B.B. soufflait dans le tube, M. Delanne me faisait

    remarque haute voix quon distinguait parfaitement derrire B.B. la forme de Marthe, et il afait cette remarque trois reprise diffrentes, pendant tout le temps que B.B. soufflait.

    Ainsi il est parfaitement vident que B.B. possde les essentiels attributs de la vie. Il marche,

    parle, se meut, respire comme un tre humain. Son corps est rsistant ; il a une certaine force

    musculaire. Ce nest ni un mannequin, ni une poupe, ni une image rflchie par un miroir : et

    il y a lieu de laisser rsolument de ct toute supposition autre que lune ou lautre des ces

    deux hypothses : ou un fantme ayant les attributs de la vie, ou une personne vivante jouant

    le rle de fantme.

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    Le phnomne suivant ma paru dune importance primordiale.

    Lexprience fut faite dans les mmes conditions que les autres, cela prs que Mlle X ntait

    pas prsente. (Mardi 29 aot. Cest ce jour l que le photographe I a t prise). Aprs la

    photographie prise, le rideau se referme. Soit ACB le triangle reprsentant le cabinet o sont

    assises Marthe en M et Aischa en N. Soit AB le rideau, avec une ouverture en O, par o peut

    sortir et rentrer la forme de B.B.

    B.B. commence par apparatre dans louverture du rideau, puis il rentre. Mais peine B.B.

    est-il rentr en O ; que je vois, sans que le rideau se dplace, une lueur blanche en X, sur lesol, en dehors du rideau, entre la table et le rideau. Je me lve demi pour regarder par dessus

    la table. Je vois comme une boule blanche, lumineuse, qui flotte sur le sol ; et dont les

    contours sont indcis. Puis, par transformation de cette luminosit blanchtre, slevant tout

    droit, trs rapidement, comme sortant dune trappe, parat B.B. de pas trs grande taille, ce

    quil me semble. Il a une draperie, et je coirs, comme un cafetan avec une ceinture la taille.

    Il se trouve alors plac entre la table et le rideau, tant , pour ainsi dire, du plancher, en

    dehors du rideau (qui na pas boug). Le rideau tout le long de langle B est clou au mur, de

    sorte quun individu vivant, pour sortir du cabinet par l, net dautre moyen que de ramper

    sur le sol et de passer sur le rideau. Mais lissue a t subite, et la tche lumineuse sur le

    plancher a prcd lapparition de B.B. en dehors du rideau, et il sest lev tout droit (en

    dveloppant rapidement sa forme dune manire rectiligne). Alors B.B. cherche venir, cequil me parat, parmi nous, mais il a une dmarche claudicante, hsitante. Je ne saurais dire

    sil marche ou il glisse. A un moment il chancelle, comme sil allait tomber, en claudiquant

    avec une jambe quil semble ne plus pouvoir soutenir (je donne mon impression). Puis il va

    vers la fente du rideau. Alors, sans ouvrir, ce que je crois, le rideau, tout coup il saffaisse,

    disparat terre, et en mme temps on entend un bruit de clac clac, comme le bruit dun corps

    qui se jette par terre. Trs peu de temps aprs (deux, trois ou quatre minutes), aux pieds

    mmes du gnral, dans la fente du rideau, on voit encore la mme boule blanche (sa tte ?)

    apparatre au ras du sol ; puis un corps se forme, qui remonte rapidement tout droit, se dresse,

    atteint une hauteur dhomme, puis soudain saffaisse sur le sol, avec le mme bruit clac clac

    dun corps qui tombe sur le sol. Le gnral a senti le choc des membres, qui, se jetant sur le

    sol, ont heurt sa jambe avec violence1.

    Il me parat bien que cette exprience est dcisive ; car la formation dune tche lumineuse sur

    le sol, laquelle se change ensuite en un tre marchant et vivant, ne peut tre, semble t il,

    obtenue par aucun truc. Supposer que cest en se glissant sous le rideau, puis en se relevant,

    que Marthe, dguise en B.B., a pu donner lapparence dune tache blanche slevant en

    droite ligne, cela me semble impossible. Dautant plus que le lendemain, peut tre pour me

    montrer la diffrence ( ?), B.B. a apparu encore devant le rideau. Mais il nest pas venu par

    louverture O du rideau ; il est arriv en soulevant le rideau, derrire lequel il stait form et

    1 Les mots entre guillemets sont la reproduction textuelle de mes notes. Les mots souligns ne sont pas dans mesnotes. Je les introduis ici pour rendre intelligible une rdaction crite fort vite, pour moi mme, et souvent

    obscure.

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    en se mettant, comme on dit, quatre pattes, puis en se redressant. Il ny avait aucune

    analogie possible entre ces deux modes de formation.

    Plusieurs fois par exemple le 24 aot trois fois, je lai vu senfoncer dans le sol tout droit : il

    se rapetisse tout dun coup, et sous nos yeux disparat dans le sol ; puis se relve soudain en

    ligne verticale. Cest la tte avec le turban et la moustache noire, et comme lindication des

    yeux, qui grandit, remonte, remonte jusqu atteindre plus haut mme que le rebord dubaldaquin. A certains moments, il est forc de se pencher et de se courber, cause de cette

    grande taille quil a prise. Alors soudain sa tte baisse, baisse jusques au sol, et disparat. Il a

    fait cela trois fois de suite. En essayant de comparer ce phnomne quelque chose, je ne

    peux mieux trouver pour la production rapide et rectiligne du personnage que les marionnettes

    qui sont dans les boites surprise, et qui sortent tout dun coup. Mais je connais rien qui

    ressemble cet vanouissement dans le sol en ligne droite, de sorte qu un moment donn il

    semble que la tte soit seule sur le sol et quil ny ait plus le corps .

    Quelque importante que soit cette dernire exprience, trois fois rpte, elle me parat moins

    dcisive que lexprience prcdente, la naissance par une table blanche sur le sol en dehors

    du rideau ; en effet, dans le cas du corps saffaissant en ligne droite sur le sol, on peut

    supposer que par dextraordinaire efforts de gymnastique habile, quelquun de trs souple, ense disloquant, pourra se reculer en arrire, tout en laissant la tte se baisser en avant jusqu

    atteindre le sol, de manire donner limpression dune tte qui descend en droite ligne

    jusqu terre. Mais comment faire disparatre lapparence de la draperie ?

    Il eut t pour moi dune importance considrable de sentir la main, ou le corps, ou une

    portion quelconque de la draperie, fondre dans ma main. Je dois dire que jai vraiment

    diverses reprises, demand avec instance cette exprience. B.B. a bien promis de me la

    donner ; mais je nai rien, absolument rien de semblable. Cependant le fait de se former et de

    disparatre ainsi permet de supposer que cela nest pas impossible. Sil en tait ainsi, ce serait,

    nen pas douter, une exprience dcisive ; car lhypothse dune hallucination ou mme

    dune illusion tactile de ma part est bien vraiment ridicule.

    En tout cas, il reste ceci, qui est dune valeur considrable ; cest quil sest form un corps

    vivant, en dehors du rideau, sous mes yeux, sortant du sol et rentrant dans le sol.

    Jtais tellement persuad que ce corps vivant ne pouvait provenir du rideau que jai dabord

    suppos la possibilit (absurde dailleurs) dune trappe. Jai, le lendemain de cette exprience

    du 29 aot, examin minutieusement les dalles et la remise curie qui est sous jacente cette

    partie du kiosque. Le plafond trs lev de cette curie est crpi la chaux, tapiss de toile

    daraigne, et hant par des araignes quon navait pas dranges depuis longtemps, lorsqu

    laide dune chelle, jai explor le plafond de lcurie.

    Maintenant je laisse de ct dautres faits, sur lesquels jaurai loccasion de revenir quand je

    discuterai la ralit de ces phnomnes, et jarrive aux photographies.

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    ETUDES DES PHOTOGRAPHIES PRISE A LA VILLA CARMEN

    Ces photographies, obtenues la lumire dune conflagration soudaine dun mlange de

    chlorate de potasse et de magnsium, ont t simultanment prises par Mlle X.., avec un

    Kodak, par M. Delanne avec un appareil stroscopique ; et par moi avec un stroscopevrascope Richard ; de sorte que, dans certains cas, il y a eu cinq clichs simultans pour une

    seule dflagration du magnsium. Cela exclut toute possibilit de fraude photographique.

    Dailleurs, les preuves ont t dveloppes par MM. R. et M., constructeurs dappareils

    doptique Alger, qui ignoraient absolument la nature des ngatifs que je leur avais soumis2.

    Sur la photographie I (Kodak) et Ia (stroscope Richard) on voit une grande forme entoure

    dune draperie blanche, flottant dans louverture du rideau. A gauche se dessine nettement le

    dos de la chaise sur laquelle est assise Acha, avec lpaule gauche dAicha trs bien clair.

    On distingue les moindres dessins de la cotonnade raye dont elle est habille. La

    photographie prise par le kodak est beaucoup plus nette que celle du vrascope. On peut voir

    que cette draperie est dune toffe assez fine et assez transparente pour que derrire

    transparaisse en une ligne noire verticale lapparence sombre du rideau. Sous cette finedraperie apparat la forme du coude, du bras et de la main ; une main trs longue, peine

    forme, dont les extrmits digitales, comme si elles ntaient pas recouvertes dune draperie,

    semblent se perdre en une sorte de nuage vaporeux, une lueur blanche, contours

    indtermins. En haut on ne voit pas toute la figure, mais seulement le bas de la figure ; une

    tte penche en avant, dont ne se peut voir que le menton trs court, cach par une barbe noire

    paisse qui recouvre toute la bouche, et au dessus de laquelle ne se distingue que le bout du

    nez. Malheureusement la photographie sarrte l, et elle est coupe transversalement par une

    raie qui ne laisse pas voir du tout les yeux et traverse la figure au ras de lextrmit infrieure

    du nez. Le cou est nu, avec un court ruban ( ?) noir, et les ornements divers, indistincts, qui

    sont au dessous de la draperie blanche. En bas du fantme et sa gauche on distingue unemanche qui parat plus ou moins vide, et quelque chose comme une forme de corsage. Lclat

    blanc du fantme clair par le magnsium est tel que la table de bois noir en est illumine, et

    on en voit le reflet comme une surface polie. Louverture du rideau en est aussi, une certaine

    distance, rendue plus lumineuse. Le rideau est dailleurs lgrement repouss et rejet

    gauche.

    La stroscopie (Ia) ajoute quelques dtails intressants : tout sy trouve confirm, notamment

    la forme nuageuse, indistincte, de la main gauche du fantme enveloppe de la draperie. Ces

    nuages qui terminent la main sont en avant du rideau. On remarquera aura la diffrence de

    prcision entre cette draperie blanche dont on ne distingue pas les contours, et les contours si

    nets de lpaule dAicha. La figure de B.B. est trs profondment enfonce dans cette

    draperie, qui semble former en avant, comme pour la propager ou la cacher, un long couloir,au fond duquel la figure se distingue peine. Entre la figure et la draperie sont des ornements,

    des bandeaux, des toffes, dont on ne distingue pas la nature, mais qui semblent vraiment

    assez compliqus. En bas gauche, une toute petite saillie angulaire rvle la manche de

    Marthe, quon voit place un plan trs postrieur. Si lon ne voit que le bout de la manche,

    cest parce que langle o jai pris la photographie vrascopique ntait pas le mme angle o

    a t prise la photographie kodak. Ce qui est remarquable, cest lextrme minceur de cette

    draperie, contrastant avec lpaisseur relative du voile de B.B. dans les autres photographies.

    La photographie II est seulement vrascopique. Elle a t prise le mardi 29, alors que Mlle X.,

    2Au moment o jcris cet article, je ne sais jusqu quel point tous les dtails que je donne pourront

    tre visibles sur les planches annexes mon travail. Ce que je puis dire, cest quils apparaissent trsbien sur les clichs que jai sous les yeux.

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    qui prenait la photographie kodak, tait absente. On distingue diverses choses intressantes.

    Aischa dabord apparat, trs nettement photographie.

    On voit sa figure noire, ses traits, sa peau reflets mtalliques. Sa tte est renverse en

    arrire ; et elle regarde, en faisant, sans remuer la tte, converger les yeux de droite, vers B.B.

    Quant au baldaquin, on le voit en entier car malheureusement la photographie a t prise un

    peu trop haute. En tout cas chacun pourra ainsi se rendre compte des conditions danslesquelles lexprience a eu lieu.

    Quant B.B., on le voit bien au ct droit du rideau. Il a la tte couverte dune sorte de casque

    armet, reflets mtalliques : par-dessus ce casque est un turban. Il a, descendant sur les

    oreilles, une sorte de mentonnire quon ne voit bien qu droite, qui lui couvre la joue et

    loreille droites, et qui parat tre appose la joue au dessous du casque. Du turban la

    draperie descend en flottant et en formant une sorte de pendentif. Le bras gauche, dont on ne

    distingue rien, est envelopp dune paisse draperie qui stend vers Marthe quil cache

    compltement. Du reste B.B. nous avait annonc que, comme Marthe craignait la lumire du

    magnsium, il prendrait soin de lui cacher les yeux et la figure pendant la photographie.

    La draperie qui recouvre le corps retombe droite, et il y a comme de petites bouffettes

    blanches en houppes la partie suprieure. Au dessous de ces houppes, garnissant le cou, etformant come une plerine, une srie dornements bizarres dont il est difficile de dterminer

    la nature.

    La figure mme de B.B. est assez peu distincte, flou, quand on la compare la figure nette,

    accentue dAischa. Le nez est long : les yeux sont peut tre ouverts, mais cela est vague. Une

    trs paisse barbe noire, qui parat comme colle sur la lvre suprieure, barre la figure. Cette

    moustache est retombant masque le menton.

    On remarque aussi que les contours de la draperie sont fous, nuageux, vaporeux, et que cette

    forme indcise contraste curieusement avec la limite prcise et sche des contours du

    mouchoir que nous avions ms autour de la tte dAischa pour la reconnatre facilement dans

    lobscurit. De mme la forme indcise de B.B. et de sa draperie contraste avec les contours

    nets du rideau, si nets quen un point on peut voir un fil noir qui se dtache du rideau

    effiloch.

    Jappellerai encore lattention sur la forme trange de la draperie qui est comme suspendue

    la main gauche de B.B. Cest comme une sorte de nuage blanc descendant de sa main et

    recouvrant la tte et le corps de Marthe. En effet, grce au relief donn par le double clich,

    on voit bien le pendentif blanc qui descend du turban plac en avant bras. Le bras se dtache

    nettement du corps, et la place o serait la main il y a une draperie paisse qui retombe. Rien

    ne ressemble moins un vtement ordinaire que ce vtement compos de trois parties : une

    robe blanche, avec bouffettes en haut, qui retombe droit sur le corps ; un turban mis sur un

    casque avec un pendentif tout fait dtach de la robe et drivant du turban, et enfin cette

    masse de draperies blanches qui couvre le poignet et la main de B.B. (quon ne voit pas) etqui masque, en descendant sous forme de voile pais, la place o est (ou bien o devrait tre)

    Marthe.

    En avant et trs en avant du rideau, sur la partie droite, se voit, comme le relief stroscopique

    lindique, une tache blanche lumineuse ; sorte de tige blanche munie dune efflorescence. Ce

    nest pas une erreur photographique ; car elle se trouve sur les deux clichs. Il est possible que

    cette tache soit due une parcelle de magnsium stant projete, lors de lexplosion, en avant

    de lobjectif. Mais je ne le pense pas ; car dans les photographies antrieures que Mme Noel

    ma montres, jai vu ces tches fluidiques (effluves ??) qui unissent dun trait blanchtre lesdeux mdiums, et qui ont des apparences identiques celle de nos photographies.

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    Il est possible dailleurs que ces effluves aient impressionn la plaque avant lclair du

    magnsium ; car je prenais soin de laisser lappareil photographique ouvert, longtemps avant

    lclair. La lumire rouge ntant pas suffisante pour voiler la plaque, mme aprs une longue

    exposition.

    Les photographies III et III a, et III b sont certainement les meilleures ( part la photographie

    III a, kodak, qui a t prise alors que lappareil ntait pas au point). Dans la photographie III,on voit un peu la personne dAischa (ct droit), le fauteuil o Aischa est assise, et la robe

    dAischa. Puis, ct delle, Marthe, assise, dont on ne distingue ni la figure, ni les mains,

    mais dont on voit la robe, le corsage, la ceinture, et le bras gauche se dirigeant vers Aischa.

    B.B. du ct du rideau est debout.

    La figure de B.B. est plus nette que dans la photographie II. Le nez est moins long. Il y a non

    seulement une moustache, mais peut tre aussi une barbe. Le casque heaume est trs grand. Il

    y a des reflets mtalliques, de sorte quil est vraisemblablement en mtal (il est assez

    intressant de constater que dans les expriences antrieures, du moins celles auxquelles nous

    avons assist, B.B. avait seulement un turban) ; le heaume casque descend presque jusquaux

    yeux, au niveau des sourcils quil dpasse, et il est assez lev pour que sa hauteur dpasse de

    un tiers environ la distance qui va du sourcil au menton. On voit cette grande hauteur ducasque surmont la partie suprieure dune saillie ronde comme certains vieux casques du

    moyen ge, dans la photographie IIIa mieux que dans la figure III. Les oreilles sont

    compltement caches et invisibles. La draperie revt le casque et tombe ensuite sur les

    paules, et au devant de la poitrine. Cette draperie est en arrire du rideau dont les franges se

    dessinent sur elle. Au dessous de la tte est la mentonnire qui parat tombe, et qui pend au

    devant de la poitrine ; et il y a peut tre encore quelques vagues ornements sous le cou. La

    draperie la partie suprieure, au ct gauche de la tte, a des franges qui se dtachent.

    Ces franges se voient bien mieux sur la stroscopie III bis. L aussi on distingue bien

    laspect mtallique du heaume, qui fait fortement saillie en avant des yeux. Mais ce qui

    apparat en pleine vidence dans cette stroscopie, cest la superposition des plans. Au

    premier plan la frange du rideau ; au second plan, un peu en arrire, la tte de B.B. et la

    draperie qui recouvre son turban et tombe droit de la tte, puis un troisime plan Marthe,

    spare trs certainement de B.B. par un assez long espace vide. La draperie dont est couverte

    B.B. ne retombe pas jusquau sol. Elle sarrte en samincissant (comme la pointe dun chle

    dont on recouvrirait les paules). Au bas, entre le rideau et la robe noire de Marthe, on voit

    deux sortes de btons droits blanchtres servant de sustentation cet trange personnage. La

    draperie est blanche, et parat videmment dun autre tissu, beaucoup plus dense que la

    draperie de la figure I.

    Sur la figure III b on peut voir une singulire apparence de la draperie au point o ellerecouvre la tte de Marthe. La elle est tout fait nuageuse, un plan postrieur, qui est le

    mme que la tte de Marthe ; de sorte que lapparence est dune sorte de colonne nuageuselumineuse sortant de la tte de Marthe, et la masquant pour former une draperie qui remonte

    et se confond avec le ct gauche de B.B.

    Quant au rideau, cest peine sil tombe, un peu repouss pas le dos de B.B. Peu de chose

    dire des autres personnages. Ascha est sa place ordinaire, avec sa peau noire reflets

    mtalliques, et le mouchoir nou sur sa tte. On reconnatre ses deux mains noires croises ;

    on peut constater aussi quelle regarde du ct de B.B. Autour de la table on voit prs du

    rideau, de profil perdu, le gnral Nol, puis Mme Nol, qui se cache les yeux pour ne pas

    tre blouie par le magnsium, puis M. Delanne prenant une photographie.

    Quand Marthe, dont la prsence est si importante constater, on ne voit delle ni la tte, ni

    les mains, ni les pieds. On voit seulement ses vtements ; mais on les distingue trs bien.

    Dabord le bras gauche, du ct dAscha. Il semble que Marthe ait alors pris Ascha par lecou, en passant la main, plus ou moins maigre, de Marthe, qui est au devant du cou dAscha.

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    Mais ce serait une erreur ; car ce quon voit au cou dAscha, cest une sorte de mouchoir

    quelle portait autour de son cou. De sorte que la main de Marthe ne se voit pas. Toutefois la

    manche parat vide. Elle a de bizarres flexions, comme si elle avait t accroche par une

    pingle au fauteuil dAscha. Pourtant, en regardant de plus prs on peut sassurer que la

    vacuit nest pas complte. A part cela, le reste du corps de Marthe est, sous les vtements qui

    la couvrent parfaitement normal. La robe est pleine. On peut deviner quen avant il y a desgenoux ; et quil y a une taille dans la ceinture qui se voit trs bien. Le corsage chemisette,

    avec la guipure en forme de col, nest videmment pas trs ample ; mais Marthe est assez

    mince de corsage et de taille pour que cela ne soit pas surprenant et on connat la mode des

    chemisettes avec pendentifs qui descendent en avant de la poitrine. Au dessus de la ceinture

    se voit encore une petite bordure noire qui est la partie suprieure de la robe. On ne voit pas

    du tout le bras droit de Marthe.

    Enfin, si lon compare entre elles les photographies I, II et III, on constate que la taille de B.B.

    est bien diffrente en I dune part, et en II et III de lautre. En I, elle est beaucoup plus

    grande ; la comparaison peut se faire en prenant pour point de repre le haut du fauteuil sur

    lequel Ascha tait assise.

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    DISCUSSION ET CONCLUSIONS

    Tout dabord ; comme on sy attend sans doute, je ne prsenterai ni thorie, ni essai de thorie

    sur ces singuliers phnomnes. Cest dj une assez lourde tche que danalyser leur ralit. Il

    sagit donc uniquement de savoir sil y a ou non quelque supercherie3

    . Sil faillait juger pardes raisons dordre psychologique et non par des raisons dordre matriel, il ne saurait tre

    question de supercherie. Lhonorabilit absolue, irrprochable, certaine, de Marthe B,

    fianc Maurice Nol, le fils du gnral, ne saurait tre mise en doute.

    De plus, avant quon eut dcouvert les facults mdiumniques de Marthe, il y avait dj eu

    la villa Carmen de nombreux phnomnes de matrialisation, dus trois ou quatre mdiums

    diffrents, et la forme de B.B. stait, par ces mdiums, galement manifeste.

    Enfin, comme les matrialisations ont eu lieu dans le cabinet, tantt avec Ninon ct de

    Marthe, tantt avec Acha ct de Marthe, il faudrait encore admettre la complicit de

    Marthe, Ninon, Acha, lesquelles ont toutes trois, lune envers lautre, ce quil ma sembl,

    des sentiments, sinon de suspicion, au moins de mdiocre bienveillance.

    Supposez que Marthe, fille dofficier, fiance au fils du gnral, sentend avec une ngresse etune chiromancienne pour tromper odieusement M. et Mm Nol depuis six mois, cest

    parfaitement absurde. Car nous insistons sur ce point, il ne peut tre question de fraude

    inconsciente. Il faudrait pour apporter ce casque, ces draperies, ce turban, tout un attirail trs

    compliqu que Marthe ne pourrait dissimuler ses deux surs, dans la petite villa o elles

    habitent, et la complicit voulue et prolonge de Paulette et de Mai viendrait sajouter celle

    de Marthe, de Ninon et dAcha. Une pareille trahison, si habilement mene, serait

    impossible, et la loyaut, la puret et simplicit dme de Marthe ne peuvent tre joues avec

    une telle astuce que les plus incrdules sont amens croire sa sincrit.

    Mais ce nest pas sur ce terrain que nous placerons la discussion. Nous supposerons au

    contraire, ce qui est linverse du bon sens, et de la vrit, et de la vraisemblance, que Marthe

    trompe, quelle est une perfide et habile prestigitatrice, adroite et dlure. Il sagit de savoir si

    cette souplesse et cette agilit peuvent ainsi nous donner le change.

    Si jinsiste sur le personnage de Marthe, cest que par le fait toute tromperie venant dautres

    personnes doit tre carte.

    1 Il ny a pas de trappes dans la pice ;

    2 La pice est visite chaque sance avec grand soin, et nul personnage tranger ne

    peut sy cacher ;

    3 Nulle personne ne peut sy introduire notre insu ;

    4 Les personnes qui sont dans la pice, et que nous pouvons voir et entendre pendant

    tout le temps des expriences, ne peuvent intervenir directement pour la production

    mcanique des phnomnes qui se passent derrire le rideau et loin delles ;5 Acha, que lon peut voir dailleurs trs distinctement dans presque toutes les

    expriences, nest pas en cause ; car elle est toujours loin de la forme de B.B. ; et ensuite dans

    plusieurs expriences, B.B. sest montr sans quAcha ft soit dans le cabinet, soit mme

    dans la salle.

    De fait, je le rpte, toute autre hypothse de supercherie doit tre carte, qui nest

    pas la supercherie machine avec art, de Marthe B. Mme cette supercherie ne peut consister

    quen ceci : cest quelle se dguise en B.B. ; apporte sous sa robe un casque, des draperies

    3Ai-je besoin de mexcuser auprs de M. et Mme Nol, et de Mlle Marthe, B.., si je discute en pleine libert leur

    bonne foi et leur sagacit ? Ils savent tous trois quel est mon respect pour eux et ma profonde reconnaissance.

    Mais le devoir du savant en pareil cas nest pas le mme que le devoir de lami. Sil sagissait de ma fille ou demon fils je ne pourrais agir autrement.

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    diverses, un turban, une fausse barbe, des ornements compliqus, et que, dans le petit cabinet

    o elle est assise ct de Acha, elle se dshabille pour revtir la draperie quelle tenait

    cache sous sa robe, et disposer, sur la chaise o elle tait assise, une sorte de mannequin,

    avec des gants qui simulent des mains ; des appareils (lesquels ?) qui simulent son corps, ses

    genoux, ses bras ; il faut quelle habille ce mannequin avec sa robe, sa chemisette, quelle

    place au dessus du masque ( ?) qui simule sa figure avec une parfaite vraisemblance, puisquelle reprenne tous ses objets, casque, moustache, draperie et mannequin, pour en dvtir le

    mannequin et les cacher de nouveau sous sa robe, tout cela en prsence et ct dAcha.

    Or manifestement cette dissimulation de tant dappareils compliqus est impossible : car,

    comme nous lavons tous constat, Marthe na pour corsage quune petite chemisette trs

    mince. Elle est frle, avec de petit bras, une taille trs fine. Aprs la sance cette chemisette

    est toute trempe de sueur. Dailleurs elle se ferme par derrire au moyen dagrafes, difficiles

    dtacher, autant qu attacher. Ce nest donc pas dans le corsage quelle peut dissimuler

    toutes ces draperies et ces ustensiles qui apparaissent avec B.B. Serait ce dans sa robe ? Mais

    elle porte des robes assez courtes, trs collantes, dessinant absolument son corps. Elle va,

    vient, court, monte et descend rapidement les escaliers, aussi bien avant la sance,

    quimmdiatement aprs la sance. Les volumineuses draperies qui entourent B.B. nepourraient tre caches par elle sous cette mince tunique.

    Mme si elle pouvait russir cela, rien ne serait expliqu encore. Car outre les draperies, il

    lui faudrait encore dissimuler le mannequin sur lequel elle disposerait ses vtements pour

    donner lapparence dune Marthe assise sur un fauteuil apparence tellement saisissante que

    cest par un excs de scrupule seulement que je ne la reconnaissais pas distinctement dans la

    personne assise ct de Acha, derrire B.B. quon voyait se mouvoir. En effet, je le rpte

    encore, B.B. est comme un tre vivant ; ce nest ni un mannequin, ni une poupe : cest une

    personne identique une personne vivante, et, si ce nest pas un fantme, ce nest peut tre

    que Marthe.

    Mais, contrairement encore tous bon sens, admettons mme cela. Supposons que Marthe,

    que nous navons jamais fouille, ni attache, puisse apporter sur elle tous les engins qui

    servent son dguisement, lui est il possible de sen servir ? Il me parat vident que non.

    1 Dans certains cas la draperie apparat, sagite et se meut presque en mme temps

    que Mme Nol est dans le cabinet. Le 31 aout, une demi-minute peine aprs que Mme Nol

    a quitt le cabinet, on voit dans la fente du rideau apparatre le diadme casque de B.B. et une

    draperie flotte. Le 29 aout, le rideau est tir brusquement, je distingue trs nettement, sans

    contestation possible, Marthe et Acha assises lune ct de lautre. Il ny a pas douter que

    ce soit elles, et je les ai vues se mouvoir. En mme temps je vois une grande draperie blanche,

    comme enveloppant un bras, place trs haut, qui achve de tirer le rideau et disparat avec la

    rapidit de lclair.

    2

    Il ne suffit pas de faire apparatre la draperie ; il faut aussi la faire disparatre. Or, leplus souvent, dautres personnes, par exemple Mlle X, quelquefois aussi Mme Nol, entraient,

    presque limproviste, dans le cabinet, et ne constataient jamais rien. Les draperies et B.B.

    disparaissent aussi rapidement quils sont venus.

    3 Je ne vois pas comment il serait possible de produire le phnomne de la tache

    lumineuse, naissant du sol et donnant naissance un tre vivant. Nulle agilit, mme celle

    dun gymnaste professionnel, ne peut produire cette impression, qui ma frapp comme une

    preuve catgorique.

    4 Sur les photographies on voit nettement trois personnages, alors quAcha et Marthe

    taient seules dans le cabinet. Il est impossible de prtendre que Marthe se soit dguise en

    B.B. pour laisser sa place un mannequin, et revtir, toute nue, la draperie et le casque. Car

    alors o seraient ses jambes et son corps ? La tte est droite, et le buste vertical.

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    5 Certains dtails photographiques sont caractristiques : la grande taille de la figure

    I, le flou et le nuageux des contours, la grande main et la draperie peine matrialises de la

    figure I ; le nuage couvrant la figure de Marthe dans les figures II et III a, laspect diffrentdes draperies dans les diverses photographies : tantt un turban avec pendentifs, tantt des

    franges, etc.

    Telles sont les raisons, extrmement puissantes, qui militent en faveur de la ralit de cesphnomnes ; mais je ne me dissimule pas la force des objections, et il y aurait quelque

    enfantillage ne pas les prsenter dans toute leur force. Dautant plus que toutes les

    invraisemblances dune fraude ne sont gure moins invraisemblables que celle dune

    matrialisation.

    Pourquoi le corps et la manche de Marthe dans la figure 3 semblent-ils vident ? Pourquoi ne

    voit on pas la main droite de Marthe ? Pourquoi, dans toutes ces photographies, ne voit on

    jamais distinctement la figure de Marthe, aussi nettement quon voit la figure dAcha, par

    exemple. Pourquoi lobscurit est elle ce point ncessaire ? Pourquoi la figure de B.B. est

    elle si ressemblante la figure que pourrait avoir Marthe, si elle avait coll une grosse barbe

    noire sa lvre suprieure ? Pourquoi, aprs que B.B. meut promis que sa main fondrait dans

    la mienne, nai-je pu rien obtenir danalogue, alors que javais cependant dclar que cetteexprience tait vraiment lexprimentum crucis fondamental ? Pourquoi lorsque B.B. se

    promne, sortant du cabinet, autour de nous, dans la salle, nest-il pas permis de le toucher ?

    Ce sont l assurment de trs srieuses objections. Mais il est permis de supposer que le

    phnomne, si mystrieux, si miraculeux presque, quon nome la matrialisation,saccompagne dune sorte de dsagrgation ( ?) de la matire prexistante, de sorte que la

    matire nouvellement forme se forme aux dpens de lancienne matire, celle du mdium et

    que le mdium se vide, pour ainsi dire, afin de constituer le nouvel tre, lequel mane de lui,

    et auquel on ne peut toucher sans nuire au mdium.

    Si rellement Marthe tait un clown habile, si elle avait cette astuce prodigieuse, elle eut

    certainement compris quune manche vide coule au fauteuil dAcha donnerait limpression

    dune manche vide. Dautant plus que rien neut t plus facile que de dissimuler cette

    manche, comme le reste du corps, derrire la draperie. Je ne crains pas de dire que cette

    vacuit de la manche, loin deprouver la fraude, tablit au contraire quil ny a pas de fraude,et semble parler en faveur dune sorte de dsagrgation matrielle du mdium que le mdium

    tait incapable de souponner.Mais je ne peux pas aller plus loin dans la thorie. Il est trop tt encore, et de nouvelles

    expriences sont ncessaires. Je ne peux mme pas me hasarder une affirmation dfinitive du

    phnomne. Car, malgr toutes les preuves que je donne, malgr tout ce que jai vu et touch,

    malgr les photographies, si probantes cependant, je ne puis me rsoudre encore admettre

    dans toute sa plnitude, et avec toutes les consquences prodigieuses que cela entraine, le fait

    de la matrialisation. Cest trop demander un physiologiste que de lui faire accepter ainsi unfait aussi extraordinaire et invraisemblable ; et je ne me rendrai pas si facilement, mme

    lvidence.

    Toutefois jai cru devoir mentionner ces faits, de mme que Sir William Crookes a cru devoir,

    dans des temps plus difficiles, rapporter lhistoire de Katie King. Aprs tout il se peut que

    jaie t tromp. Mais lexplication dune telle erreur aurait une importance considrable.

    Et puis, faut-il le dire ? Je ne coirs pas que jai t tromp. Je suis convaincu que jai assist

    des ralits, non des mensonges. Certes je ne saurai dire en quoi consiste la matrialisation.

    La solution de ce phnomne est peut tre toute diffrente de celle que lui donnent navement

    les spirites. Je suis tellement prt soutenir quil y a l quelque chose de profondment

    mystrieux, qui changera de fond en comble nos ides sur la matire et sur la vie.

    CHARLES RICHET

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    SUR LES PHOTOGRAPHIES ALGERIENNES

    DE M. CHARLES RICHET

    Monsieur Charles Richet vient de mentretenir de certains phnomnes remarquables

    auxquels il a dernirement assist Alger ; il ma montr quelques photographies qui syrapportent et qui ont t prises, par lui et par dautres, lclair du magnsium.

    Il parat que la lumire laquelle on a assist aux phnomnes tait produite par une lampe

    rouge de photographe, de telle faon que la chambre noire pouvait tre expose lobjectif

    pendant quelque temps, mme pendant une demi heure, jusqu ce que le signal ft donn de

    produire lclair.

    Les photographies prises par M. Richet lui-mme ont le grand avantage dtre

    stroscopiques, et de donner ainsi une vision de trois dimensions de lespace ; en outre, elles

    cartent ainsi toutes les images dues quelque lumire accidentelle qui pouvait impressionner

    le clich puisque cette lumire ne pouvait pas concider avec les deux vues de la plaque

    stroscopique.

    Les photographies reprsentent une figure drape, qui parat tre celle dun homme, dont ontque le visage, et mme pas en entier, puisque le front et les oreilles sont cachs, et la bouche

    est plus ou moins masque, soit par une moustache, soit par une moustache et une barbe. La

    partie suprieure de la tte est cache par une sorte de casque dans la plupart des

    photographies dans lune delles par une espce de turban ; le cou est couvert comme par

    une mentonnire ; le restant du corps est compltement envelopp dune draperie.

    La figure est, soit penche en avant dans une attitude assez malaise, soit manquant de

    jambes, puisque la draperie diminue et semble se terminer dans la direction des membres

    infrieurs. Mais la figure se tient debout, ou sappuie prs dun rideau, ce qui fait que le

    manque de jambes nest pas bien dmontr.

    Lune des photographies montre les contours extrieurs dune main, dun poignet et dun

    avant bras, en partie couverts par ltoffe : laspect est bien celui dune main et dun brasdhomme, en de telles conditions. Le Fantme soutient une partie de ltoffe dont il est

    couvert et qui, dans la photographie dont il sagit, apparat plus spcialement fine et

    transparente, mais il ne semble pas tre prcisment derrire ltoffe ; ont dirait plutt quil

    est lui-mme dun tissus transparent, ou vaporeux, ou imparfaitement form. Dans cette

    photographie, le visage est au dessus du cadre ; on aperoit donc que la pointe du nez,

    lpaisse moustache et le menton. Le corps se prsente comme sil tait plus haut et plac

    dans un plan plus lev que dans les autres photographies.

    Dans quelques-uns de ces instantans, qui ont t pris videmment par un seul et mme clair,

    la mentonnire semble tre tombe accidentellement de six ou huit pouces sur la draperie, de

    sorte quon a lillusion de devoir discerner le cou ; mais dans cette figure le menton se trouve

    un peu baiss, ce qui fait quon ne voit pas une plus grande partie du visage que dans lesautres cas.

    En comparant le visage ceux des exprimentateurs ou des mdiums, qui sont visibles dans

    quelques une des photographies, on trouve quil semble moins compltement et fortement

    marqu que les autres ; dans certaines, on peut mme le considrer plutt comme lbauche

    dun visage pour employer les mots de Dickens dans sa description de Chevy Slyme, Esq. ;

    mais il est incontestable quil sagit bien dun visage, quil soit naturel ou artificiel, et non pas

    dune combinaison accidentelle de lumires et dombres. Dans certaines photographies, il

    semble bien un masque, mais dans la plus claire de toutes, cette supposition parat

    invraisemblable, en dautres encore, on est plutt port y voir un vrai visage dun aspect

    cadavrique et exsangue.

    Les yeux sont ferms, je crois, dans toutes les photographies, quoique dans une cela puisse

    paratre douteux ; les joues sont contractes, ou lgrement grimaantes, comme il arrive

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    parfois aux personnes qui sont, ou qui sattendent tre exposes lblouissement de lclair

    du magnsium. Le nez est fortement marqu et prominent, et les pommettes sont aussi un

    peu saillantes.

    Dans une des photographies stroscopiques, prise videmment un moment diffrent que les

    autres, quoique laspect gnral de la figure soit peu prs la mme, on voit la place du

    casque rudimentaire, ou bien au dessus de lui, un turban ; les poils du visage, qui ontdistinctement une apparence artificielle, sont sans doute une moustache abondante et

    tombante, alors que dans dautres photographies il y a peut tre aussi une barbe. Dans cette

    photographie lon peut voir une plus grande partie de front, sur les yeux, que dans les autres.

    Mais la draperie qui tombe des deux cts de la tte est ici en position et cache presque

    compltement les joues.

    Quant la possibilit de faire pntrer des masques et des toffes dans une chambre qui doit

    tre perquisitionne, ou bien de les y cacher jusquau bon moment, de les arranger dans

    lobscurit avec une habilit suffisante pour produire une apparence humaine, et de pouvoir

    ensuite sen dbarrasser quelque temps avant la fin de la sance ; alors que le mdium et la

    pice doivent tre de nouveau fouills, je demanderai aux exprimentateurs, et surtout M.

    Richet, la permission den dire deux mots, et cela surtout pour la figure principale, qui devraittre une apparition anormale, ou un fantme qui se montrerait momentanment pour

    disparatre ensuite.

    Ici, comme dhabitude, les photographies elles seules nauraient aucune valeur, et si on les

    considre absolument en elles mmes, elles peuvent que faire songer lun des nombreux

    trucs que les photographes peuvent facilement arranger lorsquon nexerce pas sur eux le

    contrle ncessaire. Les photographies ne peuvent servir que comme un supplment au

    tmoignage humain, mais elles sont de la plus grande importance comme une confirmation

    des observations visuelles ou autres et des faits que M. Richet ma rapports avec soin.

    Lune des photographies stroscopiques, qui se trouve avoir un champ de vue plus tendu

    que les autres, nous montre cinq des individus prsents : le nombre total des assistants (sans

    compter le fantme) tait de neuf, mais trois ou quatre dentre eux dont quelques uns occups

    photographier sont naturellement hors du champ visuel.

    On peut prsumer que les plus importantes des personnes prsentes sont les deux qui se

    trouvent au-del du rideau, dans le voisinage immdiat de lapparition, dans un coin de la

    chambre qui avait t prcdemment fouille et qui la t de nouveau la fin de la sance.

    Lune delles est une ngresse que quelques uns des exprimentateurs jugeaient devoir aider

    la production des phnomnes, mais elle-mme ne sy intressait pas beaucoup et tait bien

    aise quand on la dispensait dtre prsente. Son visage, ses mains et ses habits sont tous

    facilement et solidement visibles. Elle porte une bande blanche autour de la tte pour quon

    puisse suivre ses mouvements lorsque la chambre nest pas claire que par la lumire rouge,

    en attendant lclair du magnsium. Son importance apparente est contredite par ceci : que M.Richet ma catgoriquement affirm, que les phnomnes identiques ou analogues se

    produisaient lorsquelle ntait pas prsente, et que sa place tait occupe par quelquun

    dautre, quoiquil soit arriv que, dans ces occasions, on nait pas pris de photographies.

    Lautre personne derrire le rideau est une jeune fille de 19 ans, qui est le mdium du titre ; et

    que, pour nous entendre, nous appellerons le mdium .

    Les photographies ne montrent aucune partie du corps du mdium ni le visage ni les mains,

    mais elles montrent les vtements, qui paraissent ports comme dhabitude. Le visage est

    cach par le drap dont le fantme est habill ; cela a t fait pour protger la jeune fille de

    lblouissement produit par la lumire du magnsium. La raison pour laquelle les mains se

    trouvent leur tour caches est moins claire ; mais dans une des photographies le bras gauche

    est tendu vers la ngresse, et la main est apparemment cache derrire son dos. La main droite

    - 16 -

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    nest pas visible du tout ; cause de la position de la figure, de ce ct. Si le fantme nest

    quun mannequin habill, cest cette main qui doit le soutenir.

    On peut aussi supposer que le mdium est debout et personnifie le fantme ; mais dans ce cas,

    il est bien difficile de comprendre comment la robe du mdium peut rester dans la position

    quelle aurait si elle couvrait une personne assise sur la chaise ; toutefois il y a un truc bien

    connu par lequel, laide dun sige prpar et dun oprateur habile, on peut obtenir unedisparition de cette sorte.

    Le corsage et la jupe du mdium sont visibles dans plusieurs photographies ; le premier

    semble tre une blouse blanche, avec quelques dentelles qui tombent du col ; la taille est prise

    dans une ceinture ; la jupe semble dune couleur noire ou fonce et elle est visible dans

    certaines photographies, non pas jusquaux pieds, mais jusqu un point galement distant des

    pieds et des genoux.

    La jupe blanche de la ngresse se trouve ct de la jupe noire du mdium, et dans quelques

    unes des photographies elle semble la toucher ; un bout du pantalon blanc de lun des

    assistants est visible de lautre ct de la jupe sombre, mais une certaine distance. Dans

    limage stroscopique, on peut voir que ces deux objets blancs se trouvent plus vers le

    premier plan de limage que la jupe fonce, et que selon toute probabilit, ils ne touchent pas elle ; la jupe blanche est donc seulement projete optiquement sur lautre.

    La jupe du mdium, dans toutes les photographies, parat arrondie et modele, comme si elle

    tait rellement prote par quelquun, dans une photographie, la saillie arrondie des deux

    genoux est mme assez perceptible. Sans doute, la jupe fonce est soutenue par quelque corps

    solide, apparemment par les jambes du mdium, dune manire absolument naturelle et

    ordinaire. Si elle tait vide, elle aurait d tre supporte par quelque carcasse solide arrondie,

    pour lui donner une apparence parfaitement naturelle. La ceinture, elle aussi, semble entourer

    une taille solide.

    Mais on ne peut pas en dire autant pour le corsage et la manche, qui retombent dans une

    forme assez gauche et fable, non pas comme sils taient vides, mais comme si ce quils

    contiennent tait contract. La manche tendue vers la ngresse peut contenir un bras, mais

    alors ce membre doit tre bien maigre ; toutefois, il ne semble pas contenir uniquement une

    baguette ; on la dirait plutt soutenue par une pingle pique dans le dossier du sige sur

    lequel est assise la ngresse. Cette apparence nest pourtant pas bien marque, et il est

    improbable quil en soit rellement ainsi ; il ny a en effet rien dincompatible avec la

    prsence dun bras mince lintrieur de la manche ; dailleurs, on aperoit la place du coude.

    Jai constat la possibilit quun bras maigre, tendu ainsi, et couvert dune manche

    semblable, prsente un aspect analogue celui que lon voit sur la photographie. Malgr tout,

    premire vue, on ne peut que rester sous limpression que la manche a comme une

    apparence vide. Mais si elle avait t rellement vide, il ny aurait eu aucune ncessit de

    ltendre et de lexposer ainsi ; sil y a une tromperie, elle est bien niaise, alors que tous lesautres arrangements paraissent habiles. Le corsage retombe sans formes, mais on ne peut pas

    affirmer quil paraisse vide dans toutes les photographies. Sans doute, il ne semble pas trs

    plein, mais il ne peut que retomber de la sorte sur une personne mince, et il parat plus arrondi

    ou model dans la photographie stroscopique que dans les autres.

    Je suis en outre port croire que la position du visage est faiblement visible travers la

    draperie qui couvre le fantme et qui semble lgrement model par le menton du

    mdium, si ce dernier se trouve rellement dans sa position ostensible, c'est--dire assis sur

    une chaise, la mme hauteur que la ngresse. Dans ce cas, la seule manire frauduleuse de

    produire le fantme, si lon na pas recours lhypothse dun compre, est de supposer que

    le mdium sest servi dun masque quil avait dabord cach, et puis habill adroitement, et

    quil tient dans sa main droite au moyen dune canne. Mais, sans parler des tmoignagesdaprs lesquels la figure bougeait, sa bouche parlait, respirait rgulirement et la figure

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    savanait dans la chambre, cette hypothse est bien risque, mme en ngligeant la question

    des fouilles auxquelles la pice et les mdiums avaient t soumis4. Nanmoins, les

    photographies, elles seules, nexcluent pas la chose. Il est remarquer et cela ne manque

    pas dintrt que la figure de lapparition ressemble, ce que lon affirme, celle du

    mdium. Cest l un dtail qui a t observ en de pareils cas par dautres exprimentateurs,

    notamment par Sir William Crookes. Je nai pas vu moi-mme de photographie du mdium.Dans les photographies stroscopiques, ont voit au premier plan une trace lumineuse. Elle est

    certainement objective et on dirait la trace du passage troit dun point de lumire. On affirme

    que quelques lumires fluidiques taient visibles, mais il nest pas dit quune de ces

    lumires fut visible ce moment, pendant que la chambre noire tait expose. On peut se

    demander si elle nest pas due simplement un fragment de magnsium ardent qui sest

    chapp : mais, quoiquil ne soit pas difficile que cette parcelle ait t lance de derrire dans

    le champ visuel, quelle ait brill pour une fraction de seconde, et quelle soit ensuite tombe,

    il nest pas possible de concilier la trajectoire dessine avec cette simple hypothse. Elle est

    certainement due une lumire quelconque qui se mouvait, mais je ne saurais pas dire quelle

    peut tre cette lumire. Elle semble, ou surgir, ou disparatre prs du rideau, et venir bien en

    avant, de manire que la partie la plus considrable de la traine se trouve prs de la chambrenoire.

    Passons maintenant aux dductions gnrales auxquelles peut donn leur lexamen des

    photographies, combin avec les observations de M. Richet. Il est la rigueur possible,

    quoique certainement peu facile, darranger un masque et un habillement dans la demi

    obscurit avec lintention de produire des effets photographiques. Il est clair, en ce cas, que la

    seconde personne qui se trouve derrire le rideau doit tre une allie ; cependant, mme alors,

    lhypothse nexpliquerait pas dautres faits : le parler, la respiration, laction de savancer

    dans la chambre. Je prfrerai supposer quun deuxime compre a t introduit, ce que le

    tmoin dclare tre absolument impossible, ou bien encore que le mdium personnifie le

    fantme, en quittant ses propres vtements, et en les plaant, par quelque trange stratagme,

    de manire faire croire quil continue rester assis sur la chaise, alors quen ralit, il serait

    debout, et en mouvement. Le professeur Richet est davis quil est impossible, dans les

    conditions de surveillance auxquelles tait soumis le mdium, que ce dernier quittt ses

    vtements et changet de place ; nanmoins, cette hypothse est, avec celle dun deuxime

    compre, la seule laquelle on puisse avoir recours ; si on ne veut pas expliquer les faits, par

    une supposition, galement impossible, c'est--dire lutilisation super normale de quelque

    portion de matire pour la construction inconsciente ou automatique dun fantme

    ressemblant au mdium par les traits du visage.

    Si ce ntait que la constitution, ou la reconstitution dun vrai fantme objectif, c'est--dire

    une matrialisation, sont des faits si extraordinairement graves, leur explication ne laisserait

    que peu de doute dans mon esprit ; mais en considrant les consquences quil y a admettrela ralit dune apparition si anormale la production inconsciente de la part dun mdium

    honnte je ne puis que rserver mon opinion, dautant plus que je nen ai pas une bien

    arrt. Je sais bien que des phnomnes analogues ont t observs et dclars authentiques

    par des savants minents. Ceux-ci ont t forcs, par lexprience personnelle, admettre que

    ces faits peuvent se produire. Mais le tmoignage actuel ne doit pas tre influenc par le

    pass : il doit tre lui-mme absolu et substantiel, sil veut pouvoir donner un appui utile et

    valide aux affirmations que dautres avaient faites jadis.

    4Le professeur Richet remarque ici : il est parfaitement vrai que B.B. possde les attributs essentiels de la vie.

    Il marche, parle, se meut, respire comme un tre humai,. Son corps est rsistant : il y a une certaine forcemusculaire .

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    Ce que prouvent dfinitivement les photographies, cest que lapparition dune troisime

    personne derrire le rideau ntait pas due une hallucination ou une suggestion, mais que

    la mme apparition qui se manifestait aux yeux (et parfois mme aux oreilles et au toucher)

    la mme apparition qui tait visible la lumire rouge dune lampe a impressionn

    exactement et plus clairement encore, avec plus de dtails, la plaque photographique,

    lclair de la lumire du magnsium.Quelle que soit lexplication relle de ces photographies, elles sont les meilleures de cetteespces quil mai t donn de voir depuis quelque temps ; et tandis que les prtendues

    photographies spirites mont laiss jusquici sous limpression dun arrangement artificiel de

    quelque truc photographique dont il y en a tant de possibles celles dont nous nous

    occupons, quand je les considre avec les tmoignages qui se rapportent la manire dont

    elles ont t prises et dveloppes, me font leffet dtre dune nature photographique

    absolument authentique. En outre, les photographies prises par les observateurs divers et

    indpendants lun de lautre se confirment mutuellement, et sil y a quelque truc ou quelque

    fraude dans cette affaire, elle nest pas dune nature photographique. Je dsire donc saisir

    cette occasion pour appeler lattention publique sur le rcit dtaill de M. Richet et de ses

    collaborateurs, relativement aux circonstances dans lesquelles ces photographies ont tobtenues, et aux autres observations, spcialement les conditions varies dans lesquelles le

    fantme a fait son apparition.

    Selon le tmoignage des membres du cercle, non seulement la prsence de la ngresse ntait

    absolument pas ncessaire, mais on naurait mme pu se passer de la jeune fille que nous

    dsignons sous le terme de mdium, dautant plus que les mmes personnifications,

    accompagnes des mmes phnomnes visibles et auditifs, avaient dj t obtenues avec

    dautres mdiums, en prsence de la mme famille, et dans la mme maison dAlger5.

    De lensemble des dpositions et des faits, je comprends quil ne serait pas raisonnable de

    supposer que la figure fantomatique tait due, dune manire normale, la jeune fille auprs

    de laquelle elle apparaissait. Les photographies me permettent de croire quelle se trouvait

    rellement dans sa position ostensible et quelle na particip aucune personnification

    consciente ; dailleurs, elle ne peut pas tre considre capable de disposer une figure

    artificielle, qui se dplacerait, parlerait et respirerait ; comme les tmoignages affirment que

    faisait lapparition. Quant dire si une partie de son organisme ntait pas utilise dans ce but,

    pendant sa trance, par des moyens anormaux, cest l une tout autre question, que je

    mabstiens de discuter ; si on ne veut pas admettre quelque chose danormal, on ne peut que

    supposer lintroduction dun compre pay par la famille ; mais le professeur Richet dclare

    nettement quil tait matriellement impossible quun homme se tint cach dans la chambre

    ou quil y pntrt par quelque placard dissimul ou par une porte, aprs le commencement de

    la sance, et quil sen allt avant que la sance ft termine.

    On conoit aisment la niaiserie dun pareil procd de la part dune famille prive ; -labsurdit de supposer quau cours dune priode dannes ces personnes aient pu samuser,

    dans leur cercle domestique, excuter de ces sortes de tromperies ; mais les tmoignages

    sont tels, quils nous mettent dans lalternative, ou davoir recours quelque hypothse

    extrme, ou de refuser daccepter les tmoignages eux-mmes.

    30 septembre 1905

    OLIVIER LODGE

    5Le professeur Richet place ici la note suivante : jai vu la mme apparition fantomatique en 1903, au coursdune srie dexpriences trop courtes pour avoir une valeur scientifique dfinitive, et le mdium tait une tout

    autre personne une femme de trente cinq ans. En outre, le Dr, deux officiers de marine MM. X et Y , et

    dautres personnes, sans compter nos htes, ont vu le mme fantme cinquante fois au moins avec le mdiumprcdent .

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    A PROPOS DES RECENTES EXPERIENCES DALGERpar Mademoiselle X

    Aprs avoir lu le compte rendu du docteur Charles Richet sur les sances dAlger, je dois

    constater que les autres exprimentateurs nont plus grand-chose ajouter. Il peut y avoir,

    toutefois, un certain intrt dans quelques dtails au sujet desquels, par suite de circonstances

    diffrentes, je suis mme dapporter mon tmoignage personnel. Ces circonstances

    consistent surtout en ce que :

    1 je me suis trouve Alger longtemps avant larrive du professeur Richet ; Mme Noel et

    Mlle Marthe B mont alors offert obligeamment lopportunit dassister diverses

    sances. ;

    2 dans presque toutes les sances jai t autorise pntrer dans le cabinet mdianique :

    une voix venant de cet endroit mordonna souvent dy entrer au commencement de la sance,

    et parfois pendant. Il mest ainsi arriv de pntrer dans le cabinet presqu la suite de la

    forme matrialise. Une fois (le 8 septembre), avant que jaie eu le temps de reprendre ma

    place dans le cercle, une forme enveloppe dune volumineuse draperie blanche ouvrit lerideau et se montra ct, et lgrement plus en avant, de Marthe, que je venais peine de

    quitter.

    Si promptement quil me soit arriv de pntrer dans le cabinet, jamais il ne ma t donn

    dy voir des draperies daucune sorte ; une fois ou deux il ma paru discerner vaguement les

    contours dune forme, mais comme jy portais ma main, je ne sentais rien ce qui me fait

    supposer que mon impression avait t purement subjective. Je trouve mme dans mes notes

    quune fois, surprise par la disparition soudaine dune forme que javais suivie dans le

    cabinet, je demandai si B.B. se trouvait encore l, quoique cach ma vue et mon toucher.

    Je crus entendre une voix rpondre affirmativement ; alors, en saisissant fermement les mains

    de Marthe et Aischa, je demandai tre touche. Pour toute rponse je sentis alors une main

    se poser sur ma tte en agitant les doigts comme en sefforant de dnouer un ruban que jeportais sur mes cheveux. Chaque fois que jentrais dans le cabinet, je sentais gnralement ces

    attouchements, parfois comme si une main toute entire se posait sur ma tte, dautres fois

    comme si des doigts tchaient de me dnouer les cheveux. Une fois pendant que je tenais

    troitement les mains de Marthe et dAischa, les mots : Sois bnie ! Furent prononcs mon

    oreille gauche trop loin de Marthe pour quil lui fut possible de placer sa tte lendroit

    do venaient les paroles, sans que je men fusse aperue ; en mme temps, une main se posait

    sur mon front.

    La complexit des phnomnes et leur connexion intime avec lorganisme du mdium

    mapparurent en plusieurs occasions. Par exemple, jai dit tout lheure avoir entendu unevoix et avoir senti les attouchements dune main pendant que je me sentais sure davoir les

    mains de Marthe et dAischa dans les miennes. Mais je nai pas tard mapercevoir quonprofitait immdiatement du moindre relchement de contrle de ma part, et que Marthe

    endormie simulait alors les phnomnes de parole et dattouchement. On aurait dit quun

    effort constant tait fait pour viter toute fatigue ; quil y avait quelque tre, restant

    constamment veill et dsirant conomiser autant que possible la force inconnue qui

    produisait les rsultats anormaux auxquels jassistais. Par exemple, jtais gnralement

    appele dans le cabinet, soi disant pour recevoir les instructions murmures par B.B. au sujet

    des diffrentes expriences que nous dsirions faire. Dordinaire, la voix semblait venir de

    langle A (voir le diagramme dans larticle de M. Richet, numro de novembre) 70

    centimtres environ de Marthe ; mais en observant attentivement, je remarquais que Marthe

    elle-mme, en penchant son corps et sa tte dun ct, imitait la perfection la voix

    directe . Aussitt que je mapercevais de ce simulacre, japprochais ma tte de celle de

    Marthe o je plaais ma main sur ses lvres, et je demandais alors B.B. de me donner lui-

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    mme les instructions, sans lintermdiaire de Marthe. Je recevais alors presque toujours la

    rponse telle que je la dsirais, quoique assez souvent aprs avoir attendu pendant un laps de

    temps assez prolong.

    Dhabitude, aucun phnomne ne se produisait dans la salle de sances tant que je restais dans

    le cabinet, quoique, comme je lai dit plus haut, les phnomnes eussent parfois suivi ma

    sortie de si prs quil tait, mon avis, absolument impossible de Marthe, quelque agilequelle ft, soutint le rle de B.B. en laissant un mannequin assis sa place. Je dis que

    dhabitude, aucun phnomne ne se produisait tant que je restais dans le cabinet. Il y euttoutefois cela une exception remarquable. Au cours de la sance du 3 septembre, je fus

    appele dans le cabinet par B.B., qui me demanda dy rester. Je massis sur le sige dAischa,

    qui tait, selon toute apparence, profondment endormie, et gisait sans mouvement sur le

    parquet, langle B, elle ne bougea pas pendant tout le temps que je restai dans le cabinet.

    Maintenant, jaffirme avoir tenu la main de Marthe aussi longtemps que je suis reste dans le

    cabinet ; aussitt assise, je pris sa main dans la mienne, et je posai ma tte su son paule

    gauche ; je nai jamais senti aucun mouvement suspect de ses pieds, ni aucun effort tent pour

    librer ses mains. Except sa respiration douce, presque imperceptible, elle tait immobile.

    Dans ces conditions, quoique je ne pusse rien voir, jentendis les assistants scrier quunemain blanche de femme agitait les rideaux, et faisait des signes aux exprimentateurs. La

    main, ce quil parat, indiquait que le professeur Richet pouvait sapprocher du rideau. Je

    trouve dans mes notes que le professeur Richet me dit, lissue de la sance, quil put toucher

    et examiner cette main, qui tait la main droite dune femme. Il ne remarqua pas que cette

    main, qui tait potele ; ressemblt la main de Marthe, qui est mince et osseuse. Le

    professeur Richet me dit aussi que sa main fut entraine dans le cabinet et baise ; il sentit

    distinctement des lvres humaines. On lui fit aussi sentir quelque chose, quune voix partant

    du cabinet lui dit tre une chevelure, et quil trouva pareille la crinire dun cheval.

    Maintenant, je dois dclarer catgoriquement que je tins les mains de Marthe pendant tous ce

    temps, que je me rendais parfaitement compte de la valeur de cette exprience, et que je me

    sentais doublement sure que je tenais bine les mains dune personne vivante, de Marthe elle-

    mme et non pas celles dun mannequin. Quoique je naie rien vu, ni main, ni chevelure, ni

    forme humaine, jentendis une voix et quelques uns, mais non pas tous, des mots prononcs

    par cette voix ; je puis affirmer que ce ntait pas la voix de Marthe ; car, tenant mon visage

    contre le sine, le plus lger mouvement de ses lvres ne maurait pas chapp.

    A ct de ce dernier pisode il me sera permis den citer un autre pour montrer ce que lon

    peut considrer comme puisement de la force du mdium ; ou un effort pour lconomiser,

    plutt que comme une tromperie volontaire.

    Le 9 septembre, nous tions rests en sance pendant trois heures sans obtenir aucun

    phnomne remarquable. Les rideaux taient ouverts, laissant Marthe et Aischa exposes

    notre vue. Le seul phnomne qui se produisit fut celui dune main couverte dun drap lgercomme de la mousseline, qui se montra de temps en temps la gauche de Marthe ( la droite

    des exprimentateurs) ; il tait loisible de supposer quune forme se trouvait langle A du

    rideau puisque le rideau prsentait parfois les contours dune forme se penchant vers lui,

    quoique les assistants assis dans un position favorable moi-mme et Maia fussent mme

    de voir, de temps autre, une forme humaine de haute taille drape de blanc, qui semblait se

    tenir derrire le rideau, au coin A. Enfin, en rponse aux instances des exprimentateurs pour

    que la forme se montrt, une voix provenant de ce coin rpondit : Je ne parviens pas

    matrialiser mes cheveux , do nous argumes que lapparition ne dsirait pas se montrer

    sans chevelure. Etant donn que Marthe avait t visible pendant presque tout ce temps,

    surtout lorsque la main enveloppe dun drap se montrait, lauthenticit de ce phnomne peut

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    paratre indniable6. Enfin, une voix venant du cabinet me dit de mapprocher du rideau.

    Jobis et je magenouillai, tenant dans mes mains le rideau, quen attendant on avait ferm.

    Alors, par une ouverture du rideau, je pus voir Marthe assise sur une chaise. Nous

    renouvelmes nos instances pour obtenir des phnomnes, mais sans succs. Pourtant, la

    suite des demandes incessantes et ritres au suppos esprit pour quil montrt au

    moins une main sil ne pouvait pas faire davantage, nous vmes en effet apparatre unemain. Mais je suis parfaitement sre que ctait la main de Marthe, parce que je la vis

    nettement se lever de sa chaise, passer sa main travers louverture des rideaux, et lagiter

    dune manire pareille celle employe par la main matrialise quelques instants

    auparavant et cela un moment o javais vu les deux mains de Marthe sur ses genoux. Cet

    automatisme est aisment explicable, ce quil parat, par les circonstances : nous nous

    trouvions la fin dune sance relativement ngative ; qui avait dj dur plus de trois heures.

    Ladmission de lincapacit dans laquelle lIntelligence se trouvait de matrialiser ses

    cheveux, le refus constant de sortir du coin du rideau do nanmoins, de temps en temps

    sortait une main couverte de drap, comme pour encourager les assistants la patience avec

    laveu final de ne pas pouvoir faire davantage, tout ceci semble indiquer un manque de

    forces ; et le mdium puis a t trs probablement suggestionn simuler la ralit desdemandes, ritres dune manire fatigante. Ce fut l du pur automatisme, et mme du plus

    naf.

    Le jeudi 3 aot, quelques jours avant larrive du professeur Richet, un phnomne trs

    intressant se produisit. Marthe se trouvait toute seule dans le cabinet. Aprs avoir attendu

    pendant vingt cinq minutes environ, elle ouvrit elle-mme le rideau dans toute son ampleur, et

    sassit sur sa chaise. Presque immdiatement, pendant que Marthe se trouvait compltement

    en vue des assistants, et que ses mains, sa tte et son corps taient distinctement visibles ;

    nous vmes quelque chose dun blanc diaphane se former graduellement ct du mdium. Il

    parut dabord comme un petit nuage prs du coude droit de Marthe ; on laurait dit attach

    son corps ; il tait trs mobile et se dveloppa rapidement en prenant enfin lapparence un peu

    amorphe dune pilier vaporeux stendant de 65 centimtres environ sur la tte de Marthe

    jusqu ses pieds. Je ne pus distinguer ni mains ni tte : ce que japerus ressemblait des

    flocons de vapeur blanche, dun clat vari par endroits, qui se condensaient graduellement,

    en ce concentrant autour de quelque corps pour moi invisible. Ce phnomne eut la dure de

    cinq dix minutes, au cours desquelles je ne perdis pas de vue les mains de Marthe, quelle

    tenait croises sur ses genoux. Les rideaux furent ensuite ferms de nouveau cette fois par

    une force qui ntait certainement pas normale, puisque Marthe navait pas boug, et que

    personne, parmi les assistants, navait touch aux rideaux.

    M. Charles Richet na parl que des phnomnes qui se rapportaient la figure centrale de

    B.B. Mais je crois devoir relater un incident curieux qui sest produit le 5 septembre :

    Une petite chatte, sans tre remarque, avait suivi les exprimentateurs dans la pice dessances. Elle sauta sur mes genoux, et sy arrta pendant une demi-heure environ. Pendant ce

    temps, se produisirent quelques phnomnes : une main enveloppe de drap ouvrit les

    rideaux, laissant Marte et Aischa exposes la vue des assistants ; cette main, toujours plus

    ou moins drape, se montra frquemment. Voil que tout coup la chatte descend de mes

    genoux, court vers le cabinet, et saute sur les genoux de Marthe. Toutefois, son attention

    semblait attire par quelque chose qui se trouvait langle A du cabinet. Les assistants

    demandrent Quest-ce quelle regarde ? . Une voix venant de ce coin rpondit : elle me

    6M. Charles Richet note quil ne put alors distinguer nettement les traits de Marthe. Mais M. Richet tait malplac pour apercevoir distinctement les traits dune personne assise lendroit ou se trouvait Marthe. Marthe

    semblait toujours trs double physiquement lorsquune lumire tombait sur sa figure, et elle sasseyait toujours

    dans lombre forme par le rideau la ligne A (voir diagramme dont il a dj t question) afin dviter lesrayons directs de la lumire.

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    voit. . Ces mots furent accompagns par laction, c'est--dire quune main couverte de

    draperies apparut et commena jouer avec la chatte ; celle-ci se prta au jeu en saisissant

    ferme la draperie. Mais tout coup, la chatte laissa ltoffe, se tourna vers langle B du

    cabinet en se comportant absolument comme si elle se trouvait en prsence de quelque chose

    dhostile : elle fit le gros dos et souffla. Elle voir un autre chat , dit la voix langle A, et

    en mme temps un long miaoupartie de langle B. La chatte sauta des genoux de Marthe, etrevint dans le cercle se fixer sur les genoux de Paulette. Nous entendmes deux fois encore le

    son miaou-miaou langle B ; aprs quoi, tout coup, une masse noire et sans forme apparutsur les genoux de Marthe. Elle y resta pendant deux minutes peu prs, puis elle disparut. Sa

    disparition fut remarquable, car elle sembla svanouir peu peu, ce qui fait que je me

    demande si le phnomne a t une ralit ou une hallucination. Naturellement, le miaulement

    peut avoir t imit par Aischa, mais on peut se demander si une chatte, en ce cas, pouvait tre

    trompe de faon se mettre en colre. Il reste toujours expliquer cette trange masse

    sombre qui se montra sur les genoux de Marthe, avait justement les dimensions dun gros chat

    noir, et qui apparut et disparut de nouveau dune manire si trange, sans aucun mouvement

    apparent de la part de Marthe et dAischa.

    Les phnomnes dont parle le professeur Richet aux pages 655-656 se produisirent troisreprises diffrentes avant son arrive Alger : Une masse lumineuse sembla se former sur le

    parquet (devant le rideau), se dveloppa rapidement en une ligne verticale ; jusqu prendre

    les proportions dune haute figure drape ; qui semblait avoir plaisir descendre et

    disparatre aussi rapidement quelle avait apparu. Mais la descente et la disparition furent

    absolument silencieuses, alors que, dans la circonstance dont le professeur Richet sest

    occup, elles furent accompagnes par du bruit.

    Jai vu plusieurs fois B.B. saisir une des mains de Marthe et la serrer ; il me parut

    gnralement dans ces occasions, que sa main tait comme sans vie ; et que la manche de son

    vtement tait presque vide ; tellement la main semblait tomber inerte. A ce propos, lpisode

    suivant peut avoir un certain intrt cause de lintelligence quil prouve de la part du

    fantme : durant lexprimentation photographique du 31 aot, avant quon allumt la

    premire dflagration du magnsium, B.B. se tint un peu devant Marthe, B.B. demanda si sa

    position nous convenait, expliquant quil devait cacher les yeux de Marthe, laquelle pouvait

    souffrir de lblouissement de lclair.

    On fit remarquer B.B. quil tait essentiel que Marthe ft reproduite sur le mme ngatif que

    lui ; alors, il quitta le bras gauche de Marthe, et plaant la main de celle-ci autour du cou

    dAischa, il demanda si cela pouvait suffire, en rptant quil fallait cacher les yeux de Marthe

    et on peut voir sur la photographie que cela a t fait rellement (fig. III). Quand il quitta le

    bras de Marthe, je fus frappe par lapparence vide de la manche, et javoue quune crainte

    nerveuse et inaccoutume me saisit tout coup en me demandant si cette manche paraissant

    vide nallait pas tre mise en avant par quelquun comme une preuve de fraude. Je reconnaisl que ctait un sentiment trs anti-scientifique, mais je lai rappel pour montrer combien

    javais t impressionne par cette apparence de vide.

    La photographie dont il sagit (fig. III) ne montre pas le bras et la main droite de Marthe,

    mais, quelques instants avant lclair, je vis parfaitement Marthe tenir la main en question sur

    son visage, comme pour protger ses yeux. En effet, lune des positions favorites de Marthe

    tait de rester assise ainsi, avec sa main droite sur sa tte.

    Je ne parviens pas comprendre comment Marthe et B.B. pourraient tre une seule ou mme

    personne, malgr la forte ressemblance quil y a entre les deux, ressemblance qui augmentait

    chaque fois que Marthe se trouvait seule dans le cabinet, sans Aischa ou Ninon. Je me suis

    rarement loigne des cts de Marthe, pendant au moins une heure avant ou aprs la sance.

    Si elle cachait un mannequin sur sa personne avec les autres objets ncessaires, il est difficile,sinon impossible, de comprendre comment elle sy prenait. Elle ma accompagne en de

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    longues promenades, parfois immdiatement aprs la sance, en gravissant des collines avecagilit ; jai toujours, dans le cabinet, senti des vtements saturs de sueur ; son jupon, de

    mousseline lgre ou de cachemire ; sattachant derrire la taille et adhrant strictement au

    corps ; ntait jamais en dsordre ; par une agrafe ntait dcroche, etc., comme il serait

    arriv si elle se ft arrange pour mettre un mannequin sa place.

    Enfin, pour ce qui est de mon exprience et de ma conviction personnelle, il taitmatriellement impossible quelle ait jou le rle de B.B., en laissant sa place un mannequin

    habill de ses vtements, puisquil est arriv, non pas une, mais plusieurs fois, quon pouvait

    voir B.B. ou bien une main couverte de draperies, immdiatement avant mon entre dans le

    cabinet, ou immdiatement aprs ma sortie ; par exemple, lorsque le 3 septembre, le rideau

    souvrit ; Marthe et Aischa se trouvrent entirement visibles pour les assistants et de la

    draperie blanche a t vue des deux cts du rideau ; en mme temps. Dans cette circonstance,

    jai t appele dans le cabinet pendant que cette draperie tait visible. Pourtant, lorsque jy

    entrai, on ny voyait personne, et Marthe et Aischa navaient pas boug ; lapparition devait

    donc stre vanouie dune manire anormale, ce que lon peut en juger.

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    LES SEANCES DE MATERIALISATION DE LA VILLA CARMEN

    Les comptes rendus de deux autres exprimentateurs7

    Rcit de M. X

    Monsieur le Directeur,

    Je vous envoie mes observations sur les phnomnes de matrialisation qui se sont produits

    pendant plusieurs sances auxquelles il ma t donn dassister diverse poques, au cours

    des quatre dernires annes, chez le gnral et Mme Nol, villa Carmen, Alger.

    Je ne parlerai que des faits qui, par certaines particularits, ou cause des conditions dans