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uissance brute et puissance douce sont des termes à la mode ces jours-ci dans les milieux de la politique étrangère et de la défense du Canada. Que l’on consulte la rubrique des opinions dans la presse nationale ou les cogitations récentes des revues savantes, ou que l’on arpente les corridors des ministères des Affaires étrangères et de la Défense nationale, on trouve de plus en plus souvent ces termes. Il semble presque impossible de discuter l’état actuel et futur des politiques canadiennes dans ces deux secteurs sans faire au moins occasionnellement référence à la puissance brute et à la puissance douce. Les commentateurs et les décideurs peuvent avoir assimilé les mêmes termes, mais parlent-ils le même langage? Le réexamen des deux expressions, puissance brute et puissance douce, s’impose parce qu’on en rencontre tellement de significations et de définitions différentes. Il appert qu’une confusion contre-productive est née de la tentative de greffer au paysage politique canadien un concept d’origine américaine. À cause de la confusion intellectuelle ainsi créée, les Canadiens feraient bien de rejeter ces deux expressions. ORIGINE omme le soulignent Kim Nossal, Fen Hampson et Dean Oliver 1 , l’origine de l’expression puissance douce remonte aux travaux du professeur américain Joseph Nye Jr. Vers la fin des années 1980, en réaction contre ceux qui prévoient le déclin des États-Unis en tant que grande puissance à cause de la hausse des coûts et de la baisse de l’utilité apparente de sa force militaire, il propose dans son livre Bound to Lead l’idée Automne 2000 Revue militaire canadienne 51 par Brooke A. Smith-Windsor, Ph.D. RÉVISION DE DEUX TERMES : LA PUISSANCE BRUTE ET LA PUISSANCE DOUCE Photo des Forces canadiennes ISC-92-5530 Sarajevo : un soldat canadien monte la garde. Brooke Smith-Windsor, Ph.D., est analyste des politiques à la Direction de la Marine du Quartier général de la Défense. C P

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  • uissance brute et puissance douce sont destermes la mode ces jours-ci dans les

    milieux de la politique trangre et de ladfense du Canada. Que lon consulte la rubriquedes opinions dans la presse nationale ou les

    cogitations rcentes des revues savantes, ou que lonarpente les corridors des ministres des Affairestrangres et de la Dfense nationale, on trouve de plusen plus souvent ces termes. Il semble presqueimpossible de discuter ltat actuel et futur despolitiques canadiennes dans ces deux secteurs sans faireau moins occasionnellement rfrence la puissancebrute et la puissance douce. Les commentateurs et lesdcideurs peuvent avoir assimil les mmes termes,mais parlent-ils le mme langage?

    Le rexamen des deux expressions, puissance bruteet puissance douce, simpose parce quon en rencontretellement de significations et de dfinitions diffrentes.

    Il appert quune confusion contre-productive est ne dela tentative de greffer au paysage politique canadien unconcept dorigine amricaine. cause de la confusionintellectuelle ainsi cre, les Canadiens feraient bien derejeter ces deux expressions.

    ORIGINE

    omme le soulignent Kim Nossal, Fen Hampson etDean Oliver1, lorigine de lexpression puissance

    douce remonte aux travaux du professeur amricainJoseph Nye Jr. Vers la fin des annes 1980, en ractioncontre ceux qui prvoient le dclin des tats-Unis entant que grande puissance cause de la hausse des cotset de la baisse de lutilit apparente de sa forcemilitaire, il propose dans son livre Bound to Lead lide

    Automne 2000 Revue militaire canadienne 51

    par Brooke A. Smith-Windsor, Ph.D.

    RVISION DE DEUX TERMES :LA PUISSANCE BRUTE ET LAPUISSANCE DOUCE

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    Sarajevo : un soldat canadien monte la garde.

    Brooke Smith-Windsor, Ph.D., est analyste des politiques la

    Direction de la Marine du Quartier gnral de la Dfense.

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  • dune puissance douce distincte de la puissance brute2.Ce concept, davantage labor dans son article rcent deForeign Affairs3, distingue dabord entre puissancecomportementale la capacit dobtenir le rsultatvoulu et puissance des ressources lapossession des ressources gnralement associes lacapacit dobtenir le rsultat voulu . Nye prsente lapuissance comportementale comme un continuum(Figure 1). une extrmit se trouve la puissance bruteou de commandement la capacit de modifier ce quefont les autres grce la coercition (suivie

    immdiatement par lincitation sur le continuum). lautre extrmit figure la puissance douce ou decooptation la capacit de crer ce que veulent lesautres grce lincitation (prcde par la fixation dunprogramme). Nye examine ensuite le type de puissancede ressources requise pour exercer une puissancecomportementale brute et douce. Il relie pour une bonnepart la force conomique et militaire la puissancebrute et coercitive, tandis quil associe la puissancedouce le caractre attrayant dune culture particulire etla matrise des institutions et des technologies de

    52 Revue militaire canadienne Automne 2000

    Figure 1 : Puissance comportementale

    Puissance decommandementbrute

    Puissance decooptation douce

    Coercition Incitation AttiranceFixation duprogramme

    Source : Nye, Bound to Lead, p. 267

    Croatie : des soldats canadiens en mission de maintien de paix reoivent les dernires instructions sur les tches de la journe.

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  • linformation en vue de rpandre des informationspersuasives. Dans ce contexte, Nye affirme que laprdominance culturelle et linguistique des tats-Unispeut, autant que la force militaire amricaine, assurer ce pays un statut de grande puissance.

    UN PARADIGME APPROPRI POUR LE CANADA?

    vant dexaminerles diffrentes

    interprtations donnespar les Canadiens auxconcepts de puissancebrute et puissancedouce, il vaut la peinede rflchir ladfinition quen donneleur concepteur et de sedemander si ce conceptcr pour une discussionde la politique trangreamricaine est transfrableau contexte canadien ousil cache des piges. Sices piges existent, sont-ils responsables de laconfusion et de ladivision intellectuelles quiparaissent entourer ledbat actuel au Canada?

    Une premire lecturede cette dfinition donnelimpression quellerisque dtre, pour nombrede gens, alambique au point dtre pratiquementinutile. Nye le reconnat dailleurs :

    Vu que la capacit de contrler les autres vasouvent de pair avec la possession de certainesressources, les dirigeants politiques dfinissentcouramment la puissance comme la possessionde ressources [...] Lavantage de cette dfinition[de la puissance] est de faire apparatre lapuissance comme plus concrte, mesurable etprvisible que le fait sa dfinitioncomportementale4.

    Une lecture plus attentive du modle de Nyervle cependant comment, dans le contexteamricain, cette tendance dfinir la puissance enfonction des ressources sest trs facilement mle la dfinition comportementale, ce qui la rend moinscomplique pour les dcideurs quil ny parat premire vue. Avec la tendance amricaine considrer avant tout les atouts militaires comme des

    instruments de coercition, il nest pas difficile de fixersolidement de telles ressources tangibles et brutes lextrmit brute de la puissance comportementale.Il est alors facile de considrer du mme souffle lesressources militaires brutes et la puissancecomportementale brute comme une mme et simplepuissance brute. Cela vaut peut-tre pour un auditoireamricain, mais cela correspond-il la ralit

    canadienne? Certes, lhistoire du Canada abonde enexemples du recours aux Forces canadiennes (FC)comme instrument de coercition, le Kosovo nen tantque le plus rcent. Cependant, une partie importantede lhistoire canadienne, surtout depuis 1945, a aussivu lenvoi des Forces canadiennes en missionshumanitaires et dinterposition pour maintenir la paixparce que les parties en conflit ou les population endtresse ont voulu leur intervention5. En outre, commele soulignent avec raison Fen Hampson et DeanOliver, les Canadiens sont particulirement fiers decette tradition doprations humanitaires et demaintien de la paix6. On peut raisonnablementaffirmer que cest l une partie intgrante de lidentitculturelle canadienne que, lexemple du Canada etdans lintrt de la paix et de la stabilitinternationale, dautres pays trouveront, i l fautlesprer, suffisamment attirante pour ladopter. Cesoprations sont leur tour un moyen pour le Canadadaider dresser et maintenir flot le rle et lesactivits dinstitutions telles que les Nations Unies.

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    Sarejevo : des sous-officiers du RRC surveillent sniper alley pendant quun vhicule blind conduit un convoi devhicles daide humanitaire.

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  • Ces remarques visent mettre en doute lide quonpeut, dans le contexte canadien, placer les Forcescanadiennes aussi simplement lextrmit brute etcoercitive de lchelle de la puissance comportementale.Par commodit et pour reflter le prcdent amricain,on peut cependant facilement voir comment certainscommentateurs se laissent prendre au pige en utilisantle concept de puissance brute pour signifiersimultanment la puissance comportementale brute et lapuissance des ressources militaires des Forcescanadiennes. En consquence, vient en effet le dangerque ceux qui appuient les forces armes soient tents deconsidrer les discussions au sujet de la puissance doucecomme contraires la raison dtre des Forcescanadiennes et ngligent par le fait mme leur rlehumanitaire et de maintien de la paix. En revanche, ceuxqui privilgient les comportements doux et noncoercitifs, peuvent tre tents de ne plus voir lutilitdes Forces canadiennes, perues alors comme desinstruments exclusifs de guerre. Ces deux groupesseront en dsaccord avec ceux qui prennent soin de nepas cantonner les FC exclusivement lextrmitcoercitive de la puissance comportementale. Comme le

    lecteur le constatera plus loin, cest malheureusement cequi arrive et contribue largement la confusion et auxdivisions qui entourent le dbat actuel sur la puissancebrute et la puissance douce au Canada.

    DSORDRE INTELLECTUEL

    el que dj mentionn, un examen dunchantillon de textes est utile pour illustrer les

    diffrentes dfinitions de la puissance brute et de lapuissance douce circulant aujourdhui au Canada. Ellesrefltent la division et la confusion contre-productivesdcoulant, entre autres raisons, du fait que certains sonttents de suivre le prcdent amricain danslinterprtation de la notion de puissance.

    Pour voir clair dans ce dbat, il est utile de lire dansle Ottawa Citizen du 25 avril 1998 lchange entre lepolitologue Kim Nossal et le ministre des Affairestrangres Lloyd Axworthy. Tout comme beaucoupdautres analystes qui refltent le prcdent amricain,Nossal considre le potentiel militaire sous un anglepurement coercitif :

    Nous [Canadiens] sommes aussi confronts ceux [...] avec qui nous sommes en conflitdintrts. Dans de telles circonstances, unenotion aussi informe que celle de puissancedouce est quasiment inutile. Il y amanifestement des gens qui refusentsimplement de vouloir ce que nous voulons. Cequil nous faut dans ces cas nest pas de lapuissance douce, mais de la puissance toutcourt, cest--dire des moyens pour lemportersur dautres. Cela signifie bien sr ne pas senremettre uniquement des ides pour amenerles autres vouloir ce que nous voulons , maisaussi avoir des ides sur la faon de lemportersur dautres dont les intrts se heurtent auxntres. Pour ce faire, nous avons besoin de touteune gamme d outils de puissance [incluant] les forces armes pouvant treenvoyes en missions de maintien de la paix auRwanda et au Kosovo7...

    Le fait que Nossal interprte la puissance brute lafois comme puissance comportementale brute et commepuissance de ressources militaires ( puissance brute...forces armes prtes se battre... ) lamne critiquerle plaidoyer du ministre Axworthy en faveur de lapuissance douce quil considre comme une politiqueextrieure pour des mauviettes , qui rejettelutilisation des Forces canadiennes dans les affairesinternationales. Nossal nglige aussi le rle humanitairedes FC. La rponse dAxworthy saligne cependant plustroitement sur une interprtation qui ne relie pas lesmilitaires exclusivement lextrme de la puissance

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    Bosnie : un hlicoptre canadien de la SFOR de lOTAN en patrouille.

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  • coercitive brute, mais les pensecapables dappuyer galement desactivits stalant le long du continuumde la puissance comportementale :

    [Nossal] interprte trs mal las i g n i f i c a t i o n d e l e x p r e s s i o n puissance douce dans lecontexte canadien. La raison demon utilisation de ce concept dansmes discours est quil est unexemple du talent quont lesCanadiens pour utiliser leurscapacits ngocier, runir descoalitions et entreprendre desinitiatives diplomatiques; endautres mots, pour influencer lecomportement dautres nations nonpas par lintimidation militaire,mais par une varit de moyensdiplomatiques et politiques. [...]Cet auteur caricature mes remarquesen affirmant quil sagit l dunepolitique extrieure au rabais,laquelle na pas besoin dun accroissement des[...] ressources de maintien de la paix. Cestexactement le contraire qui est vrai8.

    La rfutation dAxworthy ne sarrte pas l, mais vajusqu dcrire la position de Nossal comme rvlant jusqu quel point certains membres de notrecommunaut universitaire sont loin de comprendre leschangements des forces qui confrontent le Canada .Ainsi donc, des dfinitions apparemment diffrentes desmmes termes dclenchent de vifs dbats et desdivisions. En effet, comme lauteur la rgulirementconstat, il nest pas difficile denvisager la rptitionde circonstances similaires. Effectivement, quelquesmois aprs la parution de larticle de Nossal (et bienquils se rfrent la rfutation dAxworthy), Hampsonet Oliver reprennent presque entirement ses critiquescontre Axworthy et les dfenseurs de la puissancedouce. Ils soulignent certes avec raison que certainspartisans de la puissance douce ngligent ou dclassentle rle de la puissance des ressources militaires (pourles motifs nots dans la section prcdente), mais on nepeut gnraliser et attribuer cette position tous lespartisans de la puissance douce, y compris au ministredes Affaires trangres dans le cadre de ses remarquescites plus haut.

    En ce qui concerne le ministre des Affairestrangres, cependant, lauteur a deux trs bonnesraisons de prendre bien soin dinclure la prcisionsuivante : dans le contexte de ses remarques citesplus haut . Premirement (et ce point explique peut-tre les frustrations de Kim Nossal et dautres lgard

    de M. Axworthy), alors que le ministre des Affairestrangres fait parfois allusion la valeur des forcesarmes pour la politique extrieure du Canada, on estsouvent mis au dfi de voir ces mots se concrtiser enmoyens dont les hommes et les femmes en uniforme ontbesoin pour faire leur travail avec efficacit et scurit.La longue attente pour le remplacement des hlicoptresde la Marine en est un exemple. Deuximement, unexamen des dclarations de M. Axworthy dmontre quillui arrive parfois en opposition avec ses remarquessusmentionnes de rattacher fermement les forcesarmes lextrmit brute et coercitive de lchelle dela puissance comportementale de Nye. En fait, cest cequa sembl faire le discours prpar pour tre prononc lUniversit Harvard le jour mme o le OttawaCitizen publiait la rfutation du ministre9. Dans ce cas,par consquent, lappui solide que le texte du ministredes Affaires trangres accorde la puissance doucesemble dvaluer significativement la valeur des forcesarmes dans la conduite de la politique trangre.

    Lorsque le principal porte-parole de la politiquetrangre au pays tient des propos peu cohrents et peuclairs sur la signification de la puissance douce et de lapuissance brute pour les Forces canadiennes, on nestonnera pas de la confusion qui entoure cesexpressions. Non seulement ses dfinitions courantestraitent de faon varie les ressources militaires, maiselles apparaissent contradictoires et confuses dautresgards encore. Par exemple larticle de Canada and theWorld Backgrounder10 traite les sanctions conomiqueset les embargos commerciaux comme une puissancedouce. Non seulement reste-t-on perplexe sur la faondont des mesures aussi ouvertement coercitives peuvent

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    Ottawa : Le char dassaut Leopard C2 de lArme de terre en parade.

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    1. K.R. Nossal, Foreign policy for wimps ,Ottawa Citizen, 23 avril 1998, A19; F.O.Hampson et D. Oliver, Pulpit Diplomacy. ACritical Assessment of the Axworthy Doctrine ,International Journal, t 1998, p. 379-406.2. J. Nye, Bound to Lead: The Changing Natureof American Power, sans lieu, Basic Books,1990.3. B. Keohane et J. Nye, Power andIndependence in the Information Age ,Foreign Affairs 77.5, p. 81-94.4. Nye, Bound to Lead, p. 26. [TCO]5. Les missions classiques des Nations Unies,entames avec la FUNU I (Force durgence desNations Unies I) en 1956, entranent ledploiement des Forces canadiennes : sous lesauspices des NU, avec le consentement desprotagonistes; avec le droit de ne recourir auxarmes que pour leur auto-dfense; et sur la basede limpartialit des NU. Comme exemples demissions de secours en cas de dsastrehumanitaire, citons la mission DART(Canadian Forces Disaster Assistance ResponseTeam) en Amrique centrale la suite delouragan Mitch de 1998 et en Turquie lasuite du tremblement de terre de 1999.

    6. Hampson et Oliver, p. 379.7. Nossal, op. cit. [TCO] Ces missions taientconsidres comme des missions de maintiende la paix, bien que dans le contexte desremarques de Nossal, et considrant que lescrises du Kosovo et du Rwanda rclamaientlusage de la force coercitive, on peut penserquil sagissait plutt de missions dertablissement ou dimposition de la paix.8. L. Axworthy, Why soft power is theright policy for Canada , Ottawa Citizen, 25avril 1998, B6. Les phrases finales de cettecitation, qui reconnaissent le lien entrelexpression puissance douce et les ressourcesmilitaires de maintien de la paix semblentdcouler de ce que la dfinition que donneAxworthy du maintien de la paix vise lesmissions qui ont laccord des partiesconcernes et respectent la neutralit des forcesdintervention; il sagit donc de missionsappuyant lexercice de la puissancecomportementale place une position plusproche du ple de cooptation douce de lchellede Nye. Par exemple, il fait ensuite rfrence la mission de maintien de la paix alors en coursen Hati; la MINOPUH (Mission de police des

    Nations Unies en Hati) poursuit donc unprogramme non coercitif de formation de lapolice du pays avec lappui des FC sous laforme dinstructeurs de conduite de vhicules,de techniciens en mcanique des vhicules etde transports de troupes blinds. Plus tard,Axworthy sest exprim en faveur de missionsimpliquant lusage de la force coercitive etdonc lexercice dune puissance comporte-mentale se rapprochant du ple brut du modlede Nye. Cest dans ce contexte questmentionne la coalition des NU contre lIrak.9. MAECI, Notes pour une allocution par leMinistre des Affaires trangres, lhonorableLloyd Axworthy, lors dune confrence sur larforme des Nations Unies la KennedySchool, Harvard University : The NewDiplomacy: The UN, the International CriminalCourt, and the Human Security Agenda ,Cambridge, MA, 25 April 1998.10. Canada and The World Backgrounder,Waterloo, 65.1, p. 18-21.11. Ibid., p. 22-25.

    NOTES

    relever de la position extrme de cooptation sur lchellede la puissance comportementale de Nye supposerque ce modle ait vraiment t pris en considration mais de telles remarques contrastent fortement avec lacontribution de Hampson et Oliver et avec un autrearticle du mme numro de Canada and the WorldBackgrounder, qui classe les embargos et les sanctionscomme puissance brute11. La diplomatie provoque unesituation similaire. Alors que certaines analyses parlentde l option diplomatique douce , on peut aussitrouver des rfrences la puissance brute de diplomates chevronns , ce qui ne clarifie pas le dbatcanadien sur la puissance brute et la puissance douce.

    CONCLUSION

    et article fournit un instantan de la division et dela confusion contre-productives qui entourent la

    discussion sur la puissance douce et la puissance brutedans le Canada daujourdhui. Alors que les termespeuvent tre les mmes, leur utilisation ne lest pas.Cette confusion intellectuelle provient en bonne partiede ce que certains succombent la tentation de suivre

    lexemple amricain et de lier fermement les ressourcesmilitaires la position coercitive extrme sur lchellede la puissance comportementale de Joseph Nye, alorsque dautres choisissent (au moins loccasion) deconsidrer les FC comme une puissance de ressourcesapplicable des activits rparties le long de cettechelle. Les forces armes ne sont quun desinstruments et une des ressources dont le traitementbaigne dans la confusion. Les universitaires et lesdcideurs canadiens feraient bien de reconnatre lebourbier dans lequel ils se sont enfoncs et dadmettreque davoir tent dadopter dans ce cas-ci un conceptdorigine amricaine pour des fins de politiquecanadienne cre plus de problmes que de clart. Quecertains croient lutilit persistante des forces armesdans la conduite de la politique trangre alors quedautres veuillent en minimiser limportance, tousdevraient maintenant abandonner les expressionspuissance douce et puissance brute dans larticulationde leurs positions respectives.

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