actualisation des connaissances de la fibromyalgie et ...€¦ · 1.4 physiopathologie la...
TRANSCRIPT
1
en partenariat avec le
Federal European Register of Osteopaths
PROMOTION 2016
présenté et soutenu publiquement à Paris, octobre 2016
par
Mouhamed Ghoteimi
pour l’obtention du
Diplôme en Ostéopathie (D. O.)
Actualisation des connaissances de la
fibromyalgie et perspectives ostéopathique
Directeur de mémoire Arielle Benchimol, Ostéopathe, D.O., Enseignant de l’IDO
3
Remerciements :
Je remercie le comité mémoire et particulièrement Madame Vasseur, pour leur aide et leur
conseil dans la mise en place de ce mémoire.
Je remercie également mon maître de mémoire, Madame Benchimol pour ses conseils et
son temps tout au long de mon travail.
Un grand merci à mes amis Charline Defaux, Charlotte Huet, Samantha Portoghese, Marine
Finotti, Gaetan Alzieu, Daniel Demuth, Eva Nessler pour leur soutien et leur contribution à ce
mémoire.
Enfin je tiens surtout à remercier ma famille, mes parents qui m’ont toujours soutenu depuis
l’étranger ainsi que mon frère pour sa contribution à la traduction du résumé en anglais.
4
SOMMAIRE
INTRODUCTION............................................................................................ 6
1 La fibromyalgie ......................................................................................... 7 1.1 Définition de la fibromyalgie et symptomatologie ..................................................... 7
1.2 Epidémiologie .............................................................................................................. 9
1.3 Diagnostic clinique de la fibromyalgie ....................................................................... 9
1.4 Physiopathologie ...................................................................................................... 11
1.5 Traitements ................................................................................................................ 14
2 L’ostéopathie ........................................................................................... 16 2.1 Définition et concepts ostéopathique ........................................................................ 16
2.2 L’ostéopathie crânienne ........................................................................................... 17
2.3 L’ostéopathie viscérale .............................................................................................. 18
2.4 L’ostéopathie structurelle ......................................................................................... 20
2.5 Ostéopathie fonctionnelle : Le fascia ....................................................................... 21
3 Revue de littérature traitement ostéopathique de la fibromyalgie .... 22
4 Matériel et méthode ................................................................................ 25
5 Résultats et Discussion ............................................................................ 26
CONCLUSION ........................................................................................... 32
ANNEXES ................................................................................................... 33
BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................... 34 TABLE DES ILLUSTRATIONS.............................................................. 37
5
<< Celui à qui la souffrance est épargnée doit se sentir appelé à soulager celle des
autres. >>
Albert Schweitzer
6
INTRODUCTION
Reconnue depuis 1992 par l’Organisation Mondial de la Santé (OMS), la fibromyalgie
a été décrite en 1977 par deux auteurs canadiens Smythe et Moldofsky.
Le terme « fibromyalgie » vient de « fibros » qui signifie fibrome, de « myo » qui signifie
muscle et d’ « algie » qui signifie douleur. Cependant ce terme a été critiqué par certains
médecins, car il n’existe aucune fibrose des muscles à l’origine des douleurs. Selon Menkes
et Godeau, la fibromyalgie est un syndrome qui présente une symptomatologie « assez
univoque, dominée par des douleurs musculaires diffuses, associée à une fatigue souvent
intense et de troubles du sommeil, dans un contexte d’anxiété et de dépression » (Académie
Nationale de Médecine, 2007, sp). Ce syndrome touche 2% de la population mondial mais il
reste mal connu et incompris par la communauté médicale et scientifique(1).
L’ostéopathie est une approche thérapeutique à visée préventive et curative. Elle se base sur
des concepts, mais également sur des techniques manuelles visant à la réharmonisation des
différentes structures de l’organisme. C’est une véritable médecine alternative qui complète la
médecine classique.
Ce mémoire a pour objectif d’actualiser les connaissances concernant la fibromyalgie
et, de mettre en perspective la place de l’ostéopathie dans le quotidien et la qualité de vie des
patients.
Pour ce faire, nous nous baserons tout au long de notre étude sur les connaissances concernant
la fibromyalgie, sur les concepts et les différentes approches ostéopathiques ainsi que sur la
revue de littérature pour répondre à cette problématique et ainsi proposer des approches
thérapeutiques.
En plus de ma formation continue en ostéopathie, j’effectue un diplôme universitaire
(D.U) intitulé ''Formation des professionnels de santé à la douleur''. C’est pourquoi, j’ai choisi
de travailler sur ce sujet qui permet de regrouper mes connaissances acquises tout au long de
mes deux formations. Le but étant de montrer comment l’ostéopathie peut intervenir, là où la
médecine se trouve limitée dans la prise en charge de cette maladie.
7
1 La fibromyalgie
1.1 Définition de la fibromyalgie et symptomatologie
Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), le syndrome fibromyalgique ou fibromyalgie (les
deux termes sont utilisés indifféremment dans la littérature internationale) se caractérise par
des douleurs diffuses persistantes ayant un effet sur les capacités fonctionnelles, en les
amoindrissant de manière variable selon les personnes et dans le temps.
Le symptôme principal est une douleur chronique diffuse, persistante et variable. Selon le
moment, elle peut parfois prendre la forme d’une hyperalgésie ou d’une allodynie. « La douleur,
toujours étendue et diffuse, peut débuter au cou et aux épaules, pour s’étendre ensuite au reste
du corps, notamment, au dos, au thorax, aux bras et aux jambes. Elle est permanente mais
aggravée par les efforts, le froid, l’humidité, les émotions et le manque de sommeil, et
s’accompagne de raideur matinale. La distinction entre douleur articulaire et musculaire est
d’autant plus difficile que les patients ont l’impression d’un gonflement des zones douloureuses
et de paresthésies des extrémités en l’absence de tout signe objectif d’atteinte articulaire ou
neurologique » (1).
Les patients décrivent des douleurs principalement musculaires et parfois articulaires ou
osseuses. La plupart des personnes souffrant de fibromyalgie se plaignent de cervicalgies, de
rachialgies et de douleurs dans les membres supérieurs et inférieurs. Les douleurs sont
bilatérales et diffuses avec parfois une prédominance d'un hémicorps par rapport à l'autre. De
manière moins fréquente, une acrocyanose, un pseudo syndrome de Raynaud et des
paresthésies des doigts (sensation de doigts boudinés) sont rapportés. L’intensité des douleurs
et leurs localisations varient d’un jour à l’autre et tout au long de la journée. Elles sont souvent
plus importantes et s'accompagnent de raideur musculaire le matin. Les douleurs peuvent
augmenter lors de certaines activités physiques et s'amplifier après celles-ci. Elles sont aussi
favorisées par le surmenage, le mauvais temps et l'anxiété. Des phases de rémission peuvent
être observées pendant des périodes de bien-être psychophysique (vacances - temps chaud).
(2)
Les troubles du sommeil sont quasi-constants, le sommeil est léger et non réparateur dans 90
% des cas. Des symptômes fonctionnels comme les céphalées, les douleurs pelviennes, la
8
dysautonomie, l’anxiété, la dépression, la colopathie fonctionnelle et les troubles cognitifs sont
fréquemment décrits. (1)
Un syndrome du piriforme peut être associé à la fibromyalgie bien qu’il soit rarement décrit
dans la symptomatologie. (3)
Les Dysfonctions Temporo-Mandibulaire (DTM) occupent également une place importante
dans la fibromyalgie. En effet dans le cadre de son mémoire intitulé « Impact du traitement
ostéopathique sur la qualité de vie des patients atteints de fibromyalgie », Amandine
Haegeman constate que sur 17 patients testés, 14 présentaient des anomalies dentaires avec
plombages, couronnes, travaux dentaires anciens ou en cours et donc des DTM sévères et une
hypertonie masticatoire importante. (4)
Une étude a démontré que les patients fibromyalgiques sont 31 fois plus susceptibles d’avoir
des DTM. 51,37% à 93,7% de ces patients présentent des douleurs myofasciales à la palpation
et à l’ouverture de la bouche et 78% des céphalées. Les patients fibromyalgiques avec des
DTM présentent davantage de symptômes de troubles du sommeil, de dépression, de douleur
et de somatisation. (5)
Figure 1 : Le spectre des manifestations cliniques du syndrome fibromyalgique
9
1.2 Epidémiologie
La fibromyalgie (FM) touche majoritairement les femmes (environ 80 % à 90 % des
patients). En France, ce syndrome concerne 3 à 4 % des femmes et 0,5 % des hommes. De
rares formes juvéniles existent mais le syndrome se déclare à l’âge adulte dans la majorité des
cas. La fibromyalgie est plus fréquemment observée dans les milieux défavorisés et de faible
niveau d’instruction. (6)
1.3 Diagnostic clinique de la fibromyalgie
Le diagnostic de la fibromyalgie est délicat, il résulte dans la plupart des cas d’un diagnostic
d’élimination. Aucun test fiable à 100% ne permet à ce jour de diagnostiquer la fibromyalgie.
(7)
En 1990, l’ACR (American College of Rhumatology) établit les critères de diagnostic de la
fibromyalgie et permet ainsi d’identifier les patients fibromylagiques avec 88,4% de sensibilité
et une spécificité de 81,1%. Pour remplir ces critères, le patient doit présenter des douleurs
musculaires diffuses depuis plus de trois mois avec des douleurs sur au moins 11 points des 18
caractéristiques de la maladie. Ces points de pression sont répartis sur les quatre membres et
le tronc.
10
Figure 2 : Points de pression retrouvés chez le patient fibromyalgique
En Mai 2010, l’ACR modifie ces critères en prenant en compte les différents symptômes
associés (décrits dans la symptomatologie en 1-1) permettant ainsi la facilitation du diagnostic.
(8)
Devant un tableau similaire, la première étape serait d’exclure toutes pathologies
inflammatoires chroniques, métaboliques, musculaires, ou une polyneuropathie. Le bilan
biologique est normal et aucun examen complémentaire ne montre une anomalie.
De nombreux facteurs « étiologiques » sont incriminés. Cependant le plus judicieux serait de
les classer en :
— Facteurs prédisposants : les expériences passées de maladies organiques, traumatismes
psychologiques et les traits de personnalité ainsi que les antécédents de dépression.
— Facteurs précipitants : infectieux, traumatiques (exemple : coup du lapin / whiplash
cervical) mais également des facteurs de stress non spécifiques (épuisement
professionnel, divorce, décès d’un conjoint, départ des enfants).
11
— Facteurs d’entretien et de renforcement : facteurs physiologiques (troubles du sommeil,
déconditionnement musculaire), facteurs psychologiques (perte de confiance, crainte
de souffrir d’une maladie, démoralisation) et facteurs sociaux. (2)
1.4 Physiopathologie
La physiopathologie de la fibromyalgie reste encore mal connue. En effet, de nombreuses
hypothèses ont été évoquées sans réel succès. Menkès et Godeau rapportent que « la
physiopathologie de la douleur fibromyalgique a fait et fait toujours l’objet de nombreux
travaux d’où se dégage encore aucun schéma explicatif complet. » (1)
Genta et Gabay incluent le syndrome fibromyalgique dans les pathologies
rhumatismales et notent que « l’étiologie de la majorité des maladies rhumatismes n’est pas
connue, et la fibromyalgie ne fait pas exception. » (9)
Parmi les nombreuses hypothèses évoquées, nous allons présenter les plus intéressantes.
1.4.1 Une anomalie des tissus périphériques
La peau, les muscles et les micro-vaisseaux sont incriminés et font l’objet
d’investigation. L’augmentation de l’interleukine-1 dans les tissus cutanés, l’augmentation de
la substance P dans les muscles et les fragmentations de l’acide désoxyribonucléique (ADN)
des fibres musculaires sont soupçonnées de jouer éventuellement un rôle. (10)
Une étude menée par Yu Shang et AL évalue le débit sanguin musculaire, l’oxygénation du
sang et le métabolise de l’oxygène chez des femmes fibromyalgiques par rapport à un groupe
de femmes saines pendant et après exercices. Cette étude conclue que chez les patients
fibromyalgiques, le métabolisme de l’oxygène est très faible pendant l’exercice et la
récupération d’oxygène est plus longue après l’exercice. Ce qui serait dû à une altération de la
fonction mitochondriale entrainant une ischémie locale et une réduction du flux sanguin dans
les capillaires. (10)
1.4.2 Des perturbations du système neuroendocrinien
Ces perturbations sont souvent décrites et se matérialisent par des dysfonctionnements
de l’axe hypothalamo-hypophysaire et du système nerveux autonome.
12
La sécrétion de cortisol nycthéméral est abaissée ce qui se traduit par un rythme circadien
perturbé, expliquant le stress élevé chez les patients fibromyalgiques. Une perturbation de
l’hormone de croissance (GH : secrété pendant la phase 4 ou profonde du sommeil) pourrait
expliquer la perturbation du sommeil (8). La sérotonine, impliquée dans la régulation du
sommeil et de l’humeur et ayant une action analgésique, a une concentration diminuée dans le
sang des fibromyalgiques (11).
Des études démontrent une dysautonomie se manifestant par une hyperactivité du système
nerveux sympathique au repos, ce qui pourrait expliquer certains symptômes cliniques tels que
la fatigue, la raideur matinale, les troubles du sommeil, l’anxiété et le pseudo syndrome de
Raynaud. (8)
1.4.3 Une perturbation de la sensibilisation centrale (CS)
La CS est définie par « une hyperréactivité générale du système nerveux central en
réaction à un large spectre de stimuli ». Cette douleur centrale dans la fibromyalgie a ses
origines dans des changements dans les voies de contrôles reliant le cerveau à la moelle
épinière (13). La neuro-image confirme l’implication du cerveau dans cette pathogenèse (8).
Une perturbation de cette CS aura pour conséquence une allodynie, une hyperalgésie, et une
hypersensibilité viscérale (14). Des amplifications sensorielles peuvent également être
observées, entrainant des photophonophobies et des acouphènes (13). Des troubles de
l’équilibre associés à des points gâchettes au niveau du gastrocnémien et/ou du muscle tibial
antérieur sont également notés chez des patients fibromyalgiques d’âge moyen, malgré un
examen neurologique normal (15).
Il existerait une inflammation et un dysfonctionnement du fascia dans la fibromyalgie, source
de stimulus nociceptif périphérique pouvant conduire à une sensibilisation centrale (16).
1.4.4 Troubles du sommeil
Certains patients évoquent des troubles du sommeil caractérisé par des insomnies
d’endormissement, de réveil et un sommeil non réparateur. Une aggravation des symptômes
de la douleur après un mauvais sommeil est parfois signalée (17). L’électroencéphalogramme
montre que la quatrième phase du sommeil est très perturbée dans la fibromyalgie, ce qui
pourrait être une conséquence directe de la diminution de la production d’hormone de
croissance (GH) et de l’insuline-like growth factor 1 (IGF-1), hormones impliquées dans la
13
réparation des microtraumatismes musculaires (8), prolongeant ainsi la transmission de stimuli
sensoriel des tissus musculaires endommagés (17). Ainsi le patient fibromyalgique entre dans
un cercle vicieux : troubles du sommeil > fatigue > douleur > troubles du sommeil.
1.4.5 Hypothèse psychologique
Les troubles psychologiques chez les patients atteints de fibromyalgie sont plus élevés
que chez les sujets atteints d’autres pathologies rhumatismales. On observe le plus souvent une
comorbidité entre fibromyalgie, hyperalgésie, anxiété, somatisation, dépression globale, stress
post-traumatique. Un trouble de la sécrétion de sérotonine pourrait être une explication (8).
L’avancée de la neuro-imagerie fonctionnelle cérébrale (NIFC) montre que la dépression
n’influence pas la douleur à la pression ressentie par les personnes souffrant de fibromyalgie.
Ce qui apporte des preuves objectives sur la réalité de l’hyperalgésie et de la douleur diffuse
chronique des patients fibromyalgiques
(18). En conclusion la fibromyalgie ne peut être considérée comme un simple trouble
psychologique.
1.4.6 Facteurs génétiques et environnementaux
Ces facteurs peuvent intervenir dans l’étiopathologie de la fibromyalgie. Le mode de
transmission de la fibromyalgie reste inconnu. Les recherches montrent que le polymorphisme
des gènes impliqués dans les systèmes sérotoninergique, dopaminergique et
catécholaminergique joue un rôle dans la pathogénèse. Les facteurs environnementaux
(traumatismes physique ou émotionnel) peuvent déclencher la pathologie chez les individus
génétiquement prédisposés (19).
Jan L. Bjersing et ses collègues identifient une modification de neuf microARN dans le liquide
céphalo-rachidien des patients fibromyalgiques. Un des microARN, miR-145 a été associé à
certains symptômes de la fibromyalgie tel que la fatigue, les douleurs, la dépression (20).
En conclusion, la fibromyalgie est multifactorielle, ce qui explique la nécessité d’une prise en
charge globale souvent multidisciplinaire reposant sur un traitement à la fois non
pharmacologique et pharmacologique, la priorité étant donnée à la prise en charge non
pharmacologique, les traitements médicamenteux étant limités par leur effets antalgiques et
leurs inconvénients (21).
14
1.5 Traitements
1.5.1 Traitements pharmacologiques
Les traitements pharmacologiques sont essentiellement prescrits à visée
symptomatique. Aucun traitement connu à ce jour ne permet de guérir la fibromyalgie.
Les antalgiques, anti-inflammatoires non stéroïdiens et opioïdes sont largement prescrits et
démontrent peu d’efficacité. En effet, le Tramadol est le seul antalgique apportant la preuve
d’un effet sur la fibromyalgie. Cependant, ses effets secondaires sont considérables même à
faible posologie conduisant ainsi à une addiction, des dépendances, des nausées et
vomissements, une sédation, des malaises avec parfois des chutes et une aggravation des
épisodes dépressifs (21). Pour pallier ces inconvénients, un intérêt dans l’association
Paracétamol/Tramadol a été démontré par Bennet et ses collègues (22).
Des myorelaxants associés à des cataplasmes d’eau chaude appliqués sur les points douloureux
auraient une action appréciable (23).
Les co-antalgiques antiépileptiques : la gabapentine et la prégabaline démontrent des résultats
positifs sur certains symptômes de la fibromyalgie comme les douleurs, la qualité du sommeil
(21).
Les co-analgésiques antidépresseurs peuvent être divisés en trois classes (21) :
— Les imipraminiques avec une action sur les troubles du sommeil liés à des anomalies de
la neurotransmission sérotoninergiques démontrent des effets positifs sur la douleur, le
dérouillage, l’anxiété
— Les antidépresseurs inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine montrent un
effet favorable sur le bien-être des patients et la diminution du syndrome dépressif
— Les antidépresseurs inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine et de la
norépinéprhine tel que le milnacipran, la duloxetine montrent quelques effets
bénéfiques sur les symptômes de la fibromyalgie
D’autres traitements font encore l’objet d’expérimentations : les traitements hormonaux, la
kétamine, la dopamine, la xylocaïne, les compléments alimentaires et la phytothérapie
(notamment les effets de la reine des prés)
15
1.5.2 Traitement non pharmacologiques
Ecouter, rassurer, apporter quelques clarifications physiopathologiques, crée une
relation de confiance non négligeable à la prise en charge. Ceci permet aux patients d’avoir
une meilleure compréhension de la douleur et de ses retentissements, contribuant à
d’importants effets thérapeutiques (24).
L’activité physique régulière, ayant une action centrale, est un élément incontournable dans le
traitement de la fibromyalgie. Elle permet aux patients de reprendre confiance en eux et de
lutter contre la kinésophobie (21). Jana Sawynok et Mary Lynch rapportent les effets
bénéfiques du Qigong sur la douleur, les capacités fonctionnelles, la fatigue, l’anxiété et la
qualité de vie des fibromyalgiques (25).
Cependant, les effets à long terme sont rapportés comme non significatifs après l’arrêt de
l’activité (26).
L’éducation thérapeutique aide le patient à mieux cerner la maladie, maîtriser la douleur et le
stress, bien dormir, bien utiliser les médicaments, pratiquer une activité adaptée. C’est un
élément incontournable dans la prise en charge rééducative des patients fibromyalgiques. Des
résultats positifs sont obtenus si les patients et les soignants sont motivés.
Les cures thermales font parties de la prise en charge thérapeutique de la fibromyalgie.
Plusieurs études montrent des effets favorables du traitement thermal (boues, balnéothérapie)
sur la fonction, la douleur et la fatigue.
Partant du principe de l’existence d’un dysfonctionnement des centres de la douleur au niveau
cérébral, l’électrostimulation corticale non invasive trouve une place dans la prise en charge
de la fibromyalgie (21). Les travaux d’Hargrove et AL. démontrent une amélioration
significative de la douleur se poursuivant jusqu’à deux ans avec une diminution de la
consommation médicamenteuse et du nombre de consultations(27).
Une étude récente menée par des chercheurs israéliens évalue l’effet de l’oxygénothérapie
hyperbare (OHB) sur les symptômes et l’activité cérébrale des patients fibromyalgiques. Cette
étude montre des résultats spectaculaires. Une amélioration de la qualité de vie et de tous les
symptômes est observée. L’étude montre également que l’OHB peut induire la neuroplasticité
et corriger l’activité cérébrale anormale observée dans la fibromyalgie (28).
D’autres thérapies sont également proposées : l’art thérapie, la musicothérapie, les thérapies
cognitivo-comportementales, relaxation/biofeedback, hypnose, la pleine conscience,
l’acupuncture (21).
16
Les thérapies manuelles comme la chiropractie, la kinésithérapie et l’ostéopathie s’intéressent
également à la prise en charge de cette pathologie
Le (la) kinésithérapeute grâce à ses connaissances et sa faculté d’adaptation joue un rôle
essentiel. Il pourra induire le reconditionnement à l’activité et pourra donner des instructions
aux patients pour qu’ils poursuivent chez eux un programme d’exercices adaptés. Cependant
il est conseillé d’éviter les massages trop appuyés chez ces patients souffrant déjà d’allodynie
diffuses (21).
Une étude montre l’effet positif du massage sur la douleur, l’anxiété, la qualité du sommeil et
la dépression, chez les patients atteints de fibromyalgie. Les patients, réévalués immédiatement
après le traitement, puis à un mois et six mois, montrent une diminution constante de leurs
symptômes (29). Dans une autre étude, Gamze Ekici et ses collaborateurs comparent les effets
du massage des tissus conjonctifs à ceux du drainage lymphatique. Une amélioration globale
de la douleur dans les deux cas a été observée avec cependant de meilleurs résultats pour les
drainages lymphatiques (30)
Quant à la chiropractie, une étude menée par le Canadian Memorial Chiropractic College
montre des résultats satisfaisant sur la douleur des patients. La prise en charge, s’étendant sur
une durée de quatre semaines, consistait à des manipulations vertébrales, des techniques de
tissus mous mais également de l’énergie musculaire (31). Une métaanalyse menée par Edzard
Ernst, conclue à peu de résultats scientifiques, mettant ainsi en doute la réelle efficacité de la
chiropractie dans la prise en charge de la fibromyalgie (32)
2 L’ostéopathie
2.1 Définition et concepts ostéopathique
L’ostéopathie est un concept philosophique et thérapeutique crée à la fin du XIX siècle,
par Andrew Taylor Still. Elle vise à diagnostiquer et traiter manuellement les restrictions de
mobilités des structures composant le corps humain, qui entrainent des troubles fonctionnels.
L’ostéopathie envisage l’individu dans sa globalité, en s’appuyant sur une connaissance
approfondie de l’anatomie et de la physiologie.
Le collège d’Etudes Ostéopathiques de Montréal propose une définition quasi complète de
l’ostéopathie : ''L’ostéopathie a pour objectif, à l’aide de gestes aléatoires précis, de lever les
mécanismes de contrainte qui empêchent les différentes parties de l’organisme d’effectuer
17
leurs fonctions naturelles. C’est une thérapeutique spécifique particulièrement efficace pour
identifier et traiter les causes des douleurs, des gènes fonctionnels et des dysfonctions
somatiques et viscérales, pour relancer les mécanismes de défense naturelle et promouvoir
l’équilibre et la santé''
Grâce à ses nombreux travaux et expériences cliniques, Still développe les principes de sa
doctrine qui constituent les piliers sur lesquels il a bâti sa médecine ostéopathique.
• Premier principe la structure gouverne la fonction : une altération de la structure
(impliquant os, ligaments, vaisseaux sanguins et lymphatique) modifie directement la
fonction. Ces perturbations peuvent aussi bien toucher les fonctions psychiques,
organiques, locomotrices ou sensitives. Ainsi en agissant sur la structure on pourra
influer sur le fonctionnement des différents systèmes physiologiques (musculo-
squelettique, cardio-vasculaire, digestif…)
• Deuxième principe l’unité du corps : le corps est une unité fonctionnelle indissociable.
Toute perturbation d’une structure du corps retentit sur le fonctionnement de structures
situées à distance par le biais des corrélations tissulaires. Si cette perturbation demeure
permanente, des compensations s’installent, se fixent, entrainant des déformations, et
des troubles apparaissant, par paliers ou d’emblée suivant l’importance de l’agression
• Troisième et quatrième principe la règle de l’artère est absolue et l’homéostasie : le
rôle de la circulation artérielle est fondamental. Son ralentissement entraîne une
diminution de la capacité de défense des tissus mal irrigués et détermine, dans un
premier temps, une altération fonctionnelle (réversible et curable). Si cet état persiste,
une destruction des tissus intervient, sclérose ou nécrose (irréversible donc incurable).
C’est ainsi que Still conclut par ce qui, selon lui, constitue le but essentiel de l’ostéopathe «
Trouver la lésion ostéopathique, réparez-la et laisser la nature faire le reste »
2.2 L’ostéopathie crânienne
William Garner Sutherland, disciple direct de Still, allait donnais à l’ostéopathie une
impulsion extraordinaire en découvrant une nouvelle donnée de la physiologie : l’existence
18
d’un mouvement inconnu jusqu’alors, prenant son origine dans le cerveau lui-même et qu’il
appellera mouvement respiratoire primaire. Imprégné des principes de Still, il déduit qu’au
niveau des articulations et des membranes méningées du crane (faux du cerveau, tente du
cervelet), les structures répondent aux mêmes lois que partout ailleurs dans le corps.
Toute modification de position des os, de tension des membranes sont, là comme ailleurs,
susceptibles de perturber les fonctions, a fortiori au niveau des structures nerveuses cérébrales
si vulnérables. La découverte du mouvement respiratoire crânien conduit Sutherland à énoncer
des principes que sont :
• La motilité et mobilité du système nerveux central
• La fluctuation du LCR (liquide céphalo-rachidien)
• Les membranes de Tension réciproque(MTR)
• Lien de la Dure-mère avec le Sacrum
• Mobilité des os du crâne
L’ostéopathie crânienne est indiquée dans plusieurs troubles : troubles neurovégétatifs,
inflammations et infections (sinusites, rhinites, otites), trouble circulatoires allant de la
migraine à l’augmentation de la tension intraoculaire (glaucome), dysfonctionnement
hormonal (notamment de l’hypothalamus et de l’hypophyse), troubles de l’irrigation du
cerveau en général ou de certaines zones (avec leurs effets sur la mémoire, la concentrations,
le tonus général, l’équilibre psychologique), certains troubles psychosomatiques (angoisse,
anxiété, névrose, spasmophilie), mais surtout en cas de whiplash. Ce terme provient de
l’anglais : ''le WIPLASH injury'' qui désigne un traumatisme que l’on connait sous le nom de
''coup de lapin''. Mais le terme français de ''coup du lapin'' est une terminologie populaire
largement utilisée pour parler d’un traumatisme du rachis cervical. Toutefois, la traduction
littérale de WHIPLASH est un ''coup de fouet'', cela est donc plus explicite et plus en relation
avec le mécanisme lésionnel ayant des répercussions plus globales sur toute la colonne
vertébrale).
2.3 L’ostéopathie viscérale
A la fin du XIXe siècle en Suède, Thure Brand mit au point une méthode manuelle
diagnostique et thérapeutique destinée aux affections des organes de l’abdomen et, plus
particulièrement, a la sphère génitale. Cette méthode essentiellement manuelle est basée sur
des manœuvres et manipulations actives et passives au niveau des organes, et sur des exercices
19
musculaires spécifiques dans le but de décongestionner, détendre, irriguer et remodeler les
zones profondes du corps.
Les méthodes de Brandt furent reprisent et développées par Stapfer, un gynécologue français
qui explique qu’il n’a ''jamais rencontré, ou bien très rarement, un utérus ou un ovaire mal
positionné avec une fonction gynécologique normale''. Parallèlement et indépendant d’eux, un
médecin français du nom de Frantz Glénard, effectue une étude approfondie des organes et des
viscères de l’abdomen, et met au point des méthodes d’examen permettant d’en déterminer les
anomalies de fonctionnement. On lui doit une suite de travaux sur l’hépatisme et l’entéroptôses
qui, revue sous l’angle ostéopathique, a été intégrée dans l’enseignement de l’ostéopathie dans
les années 1980.
La théorie embryologique a été décrite par Jean-Pierre Barral ''Les organes gardent toute leur
vie la mémoire des mouvements créés durant la formation embryologique''
Ainsi le mouvement des viscères dépeint de plusieurs systèmes que sont: le (SNC) système
nerveux central (gère la motricité des structures contenant les viscères. Ces structures sont, le
crâne, le thorax et l’abdomen. La motricité va entrainer une déformation de ces cavités, le crâne
excepté.), le (SNA) système nerveux autonome (il gère les automatismes. Il est divisé en deux
systèmes distincts le système parasympathique et sympathique qui agissent de concert pour
assurer la régulation des fonctions viscérales), l’état de la structure qui le contient, le
mouvement respiratoire primaire(MRP), les mouvements du diaphragme, le mouvement dû à
sa mémoire embryologique.
Le traitement ostéopathique des organes aura donc une action sur chacun de ces systèmes :
• Au niveau du SNC : pour les problèmes généraux de déséquilibres du système
neurovégétatif.
• Au niveau du SNA : on peut agir dessus par l’intermédiaire de la colonne vertébrale
(lieu à partir duquel émergent les nerfs qui innervent les organes, libération
ostéopathique des ganglions nerveux ou des plexus) mais également de la sphère
crânienne.
• Sur l’organe lui-même mais également les organes voisins : position, mobilité,
motilité.
20
• Sur les circulations générales et locales artérielle, veineuse et lymphatique, par des
manœuvres globales et spécifiques.
• Sur les fascias qui entourent l’organe, le soutiennent, ou le retiennent
• Sur le diaphragme : sous la dépendance du SNA il sépare le thorax de l’abdomen. Son
spasme est à l’origine de nombreux troubles courants traités en ostéopathie et qui se
manifestent au niveau de l’estomac (brûlures, troubles dyspeptiques, remontées
acides), hypoglycémie, palpitations, oppressions dans la région du cœur, aérogastrie,
aérocolie, troubles nerveux dus à la compression du plexus solaire, anxiété, angoisse.
Notons que ce diaphragme est intimement lié avec deux autres diaphragmes que sont
le diaphragme pelvien (qui soutient les organes du bassin) et céphalique (tente du
cervelet). Ils sont relies les uns aux autres par des éléments biomécaniques musculo-
aponévrotiques ou fascias. La perturbation de l’un des trois se répercutera sur le
fonctionnement des deux autres et entraînera des troubles divers que seul la
rééquilibration ostéopathique des trois diaphragmes sera capable de résoudre.
Selon Jean-Pierre Barral « les manipulations viscérales augmentent le métabolisme tissulaire
qui, lui-même doit accroître la production de sérotonine, qui elle-même stimule le métabolisme
basal général ». Il conclut ainsi que les manipulations viscérales vont agir sur la mobilité et
motilité, sur la circulation des fluides, sur les spasmes sphinctériens et musculaires, sur les
productions hormonales et chimiques, sur l’immunité loco-générale, sur le psychisme.
Ainsi on peut dire que l’ostéopathie viscérale passe nécessairement par l’anatomie et la
physiologie et répond aux mêmes principes que l’ostéopathie de Still
2.4 L’ostéopathie structurelle
John Martin Little John, élève de Still, est le premier à décrire la physiologie mécanique
de la colonne vertébrale. Cette étude de la mécanique vertébrale nous a permis de comprendre
ce qui se passe au niveau des articulations.
Le physiologiste Irvin Korr (ostéopathe américain, neurophysiologiste à l’université de
Kirksville) a réussi à établir les bases neurophysiologiques de l’ostéopathie énonçant ainsi le
concept de dysfonction vertébrale(DV). Cette DV crée un segment médullaire facilité.
Au niveau, vertébral lésé, le segment de moelle concerné reçoit une multitude d’informations,
de renseignements qu’il ne sait plus traiter. On peut dire qu’il ne sait plus filtrer les
informations reçues, et qu’elles passent toutes. Ce bombardement d’informations répétitives
21
crée une irritation, ce qui fait que le moindre stimulus va déclencher une douleur. Ainsi les
messages destinés aux fibres sympathiques et parasympathiques (c’est-à-dire au système
nerveux autonome qui commande entre autres, nos organes) vont être exagérés ou bien ne
seront plus filtrés. Cela va se traduire par des perturbations en chaine :
• Le calibre des artères vascularisant la région en cause va diminuer et le sang
l’irriguera moins bien ce qui entraine des modifications de la texture du tissu
musculaire, conjonctif et de la peau
• Telle partie de l’intestin aura un péristaltisme accéléré ou diminué.
• Les bronches seront plus sensibles à l’irritation, les sécrétions importantes.
• Telle glande endocrine présentera une hyper ou hypoactivité.
• Une hyperesthésie en particulier des muscles et des vertèbres.
L’ajustement structurelle concerne toutes les structures musculo-squelettiques, et les
enveloppes des muscles et/ou des organes contenue dans les cavités du corps. Il consiste à une
articulation de la charpente osseuse et une mobilisation des tissus qui enveloppent les muscles
permettant de diminuer et rééquilibrer les tensions de ces structures et de favoriser les échanges
de liquides qu’elles contiennent : sang, lymphe, liquide céphalorachidien. Les techniques
employées sont les mobilisations et les manipulations.
En conclusion on va observer une augmentation de l’amplitude articulaire, une réaction de
vasodilatation du système circulatoire périphérique va avoir lieu et par là même une meilleure
oxygénation et un meilleur drainage des tissus environnants.
2.5 Ostéopathie fonctionnelle : Le fascia
Qu’on les nomme : membranes, aponévroses, ligaments, méso, toutes ces structures ne sont
en fait que des fascias et dérivent d’un même Feuillet embryologique : le mésoderme, lui-
même issu d’un tissu encore plus indifférencié : le tissu mésenchymateux.
Les fascias constituent une suite tissulaire ininterrompue allant de la tête aux pieds, mais aussi
de l’extérieur à l’intérieur. Ils sont présents à tous les niveaux du corps. Non seulement ils
enveloppent chaque structure, muscle, organe, nerf, vaisseau, etc. mais ils s’insinuent à
l’intérieur de celle-ci pour former sa matrice et son soutien.
22
Ils ont de nombreux rôles, à savoir : rôle de soutien et de support, de protection, d’amortisseur,
rôle hémodynamique, de défense, de communication et d’échange.
Toute agression, quelle qu’en soit l’origine, sera suivie d’une modification au sein des tissus
(changement de la texture qui deviendra granuleuse, œdématiée, indurée, avec augmentation
de la sensibilité myofasciale). Cette modification, par des phénomènes biochimiques et
mécaniques, entrainera une dysfonction des fascias, dysfonction qui elle-même engendrera un
changement dans le comportement physiologique d’un segment ou d’un organe.
En effet, les modifications au sein du tissu conjonctif vont se répercuter sur le système
sympathique et sensitif. Cette situation engendrera des influx afférents perturbés, eux-mêmes
à l’origine d’un état de facilitation médullaire créant ainsi un cercle vicieux auto-entretenu. La
facilitation des voies sympathiques entrainera une perturbation de la sécrétion glandulaire, de
la vasomotricité, des fonctions des viscères…
Dans la normale le système nerveux sympathique joue un rôle très important dans les
ajustements protecteurs et adaptatifs du milieu intérieur par rapport aux variations de
l’environnement, au travail musculaire, au stress émotionnel…
Le but du traitement ostéopathique sera donc d’interrompre ce cercle vicieux en corrigeant les
spasmes, tensions, irritations tissulaires, ainsi que l’état de sympathicotonie pour que les
fascias retrouvent pleinement leur état fonctionnel.
3 Revue de littérature traitement ostéopathique de la fibromyalgie
Une étude américaine, menée par Lauren Paul et Murray évalue l’efficacité de l’ostéopathie
sur une patiente diagnostiquée fibromyalgique âgée de trente-six ans. Des résultats
encourageants ont été observés à la fin de la séance. Le traitement ostéopathique consistait à
une détende des tissus mous de la région lombaire, des techniques d’énergie musculaire pour
corriger les dysfonctions vertébrales, de l’HVBA pour corriger l’iliaque et enfin la technique
Spencer qui est une technique de mobilisation globale de l’épaule mettant en jeu toutes les
fonctions de mobilité et tous les muscles de l’épaule (38).
23
Gamber et al. évaluent l’efficacité de l’ostéopathie, en association avec la prise de
médicaments sur la qualité de vie de vingt-quatre patientes fibromyalgiques. Pour ce faire, ces
patientes ont été placées dans quatre groupes différents. Cette étude montre que le groupe ayant
reçu un traitement ostéopathique associé à un traitement médicamenteux présentait une
amélioration plus importante des symptômes et de leur qualité de vie, comparé aux patients
ayant reçu uniquement un traitement médicamenteux (39).
Un essai contrôlé et randomisé, évalue l’efficacité d’un traitement myofascial sur la douleur,
la qualité du sommeil, la dépression et la qualité de vie chez des patients fibromyalgiques.
Deux groupes ont étés formés : un groupe placebo constitué de vingt-neuf patients et un groupe
expérimental constitué de trente patients. Le groupe expérimental subi un protocole de
traitement myofascial d’une durée de quatre-vingt-dix minutes par semaine pendant vingt (20)
semaines. Le traitement consistait en, un massage à l’insertion du muscle temporal, une
libération de la faux du cerveau par la technique de ''lift frontal'', une libération de la tente du
cervelet par la technique de ''roulement des temporaux'', un relâchement des fascias de la région
cervical, thoracique antérieur, de la région pectorale et lombo-sacrée, du poignet et des doigts,
des aponévroses fessières et du quadriceps. Le suivi de ces patients a été effectué, à un mois et
six mois post-intervention. Immédiatement après les 20 semaines de traitements, les résultats
étaient significatifs sur la douleur, la qualité du sommeil et la dépression. Six mois post-
intervention seule l’amélioration de la qualité du sommeil persistait (29).
Les effets à court terme d’un protocole de traitement visant à améliorer la qualité du sommeil,
les symptômes dépressifs, l’activité physique, la douleur et la sensibilité à la pression
encouragent les recherches. Ce protocole consistait en une libération sous-occipital, un
relâchement de la région pectorale et lombo-sacrée, du diaphragme, du psoas et à des
manipulations thoraciques (Haute Vilosité Basse Amplitude=HVBA) en extension (40).
Cyril Dupuis, kinésithérapeute et fasciathérapeute étudie les effets de la fasciathérapie sur la
douleur et ses conséquences, ainsi que sur le vécu des patients qui souffrent de fibromyalgie.
Il conclue ainsi que la fasciathérapie n’a pas d’incidence sur la chronicité de la fibromyalgie,
et que la douleur reste présente et très aléatoire, à moyen et long terme. Cyril observe une
action aidante de la fasciathérapie pour soulager les patients lorsqu’ils sont en situation de
crise, même si cet effet est de courte durée. Cependant, il remarque un impact important de la
fasciathérapie sur la qualité du sommeil chez tous les participants de cette recherche (41).
24
Une étude a évalué les effets de la compression ischémique, combinée à une manipulation
vertébrale sur trois symptômes de la fibromyalgie que sont la douleur, la fatigue et la qualité
du sommeil. Une amélioration significative de ces trois symptômes est observée en trente
séances, avec un maintien des résultats un mois post-intervention
(42).
Une recherche espagnole, s’intéresse à l’influence d’un traitement cranio-sacrée sur l’anxiété,
la dépression et la qualité de vie de patients souffrants de fibromyalgie. Ces patients ont reçu
une heure de traitement cranio-sacrée par semaine pendant vingt-cinq semaines. Les
techniques consistaient en un relâchement de l’occiput, une compression-décompression de
l’articulation temporo-mandibulaire, au relâchement des fascias du muscle temporal, une
compression-décompression de la synchondrose phénol-basilaire, aux techniques de ''lift
pariétal et frontal'', un relâchement global de la scapula et du diaphragme pelvien.
Ce traitement cranio-sacrée semble améliorer la qualité de vie des patients fibromyalgiques
réduisant leur perception de la douleur, de la fatigue et la qualité du sommeil, leur humeur, et
réduit partiellement l’état dépressif (43).
Un article paru dans ''La revue de l’ostéopathie'', observe les effets d’un traitement
ostéopathique dans la fibromyalgie. Cette étude ne présentait pas de protocole de traitement
préétabli. Chaque séance comprenait: un examen clinique ostéopathique (composé de tests
actifs et passifs sur les sphères musculo-squelettique, viscérale, cranio-sacrée, afin d’établir un
protocole de traitement adapté à chaque patient.) et d’un traitement comprenant les techniques
ostéopathiques suivantes: musculo-squelettiques( séquence de traitement ostéopathique
général et techniques d’énergie musculaire, les techniques d’HVBA n’ont pas été utilisé), et
libération myofasciales thoraco-abdominales et céphalique.
Les résultats de cette étude sont cliniquement pertinents, même si des différences
interindividuelles importantes sont observées. La douleur, la qualité de vie, l’anxiété et le
sommeil sont significativement améliorés (44).
Dans le cadre de son mémoire, inutile ''Impact du traitement ostéopathie sur la qualité de vie
des patients atteints de fibromyalgie'', Amandine Haegeman, observe un impact de la prise en
charge ostéopathique sur l’amélioration des symptômes et la qualité de vie des patients
fibromyalgiques à court terme. Cependant, elle suggère une prise en charge pluridisciplinaire
25
pour de meilleurs résultats à long terme. Le traitement consistait à travailler sur les différentes
dysfonctions somatiques retrouvées (4).
4 Matériel et méthode
Pour rédiger les parties fibromyalgie, et revue de littérature, j’ai effectué des recherches
principalement sur le moteur de recherche Pub Med. Les mots clés utilisés sont fibromyalgia ,
fibromyalgia and pain, fibromyalgia and sleep, fibromyalgia and craniosacral therapy,
fibromyalgia and chiropractic, fibromyalgia and manual therapy, fibromyalgia and
osteopathic.
La majorité des articles sélectionnés, datent entre 2010 et 2016. Cependant en élargissant les
recherches entre 2000 et 2016, j’ai sélectionné quelques articles qui me paraissaient
intéressants.
Un article m’a été fourni par l’auteur en personne monsieur Patrick Sichère rhumatologue et
chargé de cour à la faculté de médecine Diderot. Son article a pour titre ''le syndrome
fibromyalgiques: stratégies thérapeutiques'' et est disponible également sur
www.sciencedirect.com et sur www.em-consulte.com.
En tapant sur google ostéopathie et fibromyalgie, j’ai pu récupérer un article traitant de ce sujet
dans la « revue de l’ostéopathie>>.
Ayant conscience de la pauvreté de ma bibliographie concernant l’ostéopathie et la
fibromyalgie, j’ai effectué des recherches pour avoir des mémoires en ostéopathie qui ont
travaillait sur le sujet.
N’ayant pas retrouvé des sujets de mémoire ayant traité le thème de la fibromyalgie et
l’ostéopathie à la bibliothèque de mon école, j’ai effectué des recherches sur internet pour
trouver des mémoires s’intéressant à cette thématique. J’ai donc décidé d’envoyer des mails
aux auteurs retrouvés pour demander une copie de leur mémoire. Sur dix mails envoyés, j’ai
pu récupérer deux mémoires.
Concernant la partie ostéopathique, je me suis basé sur des livres empruntés à la bibliothèque
de mon école, mais également de deux livres que je disposais déjà, et du site internet du registre
des ostéopathes de France (ROF) : www.osteopathie.org
26
5 Résultats et Discussion
Ce mémoire a pour but de rassembler les connaissances sur la fibromyalgie et de voir
comment l’ostéopathie à travers ses principes, ses différents champs d’action et la revue de
littérature, peut intervenir dans la prise en charge de ce syndrome si complexe.
Comme nous avons pu le constater au cours de cette étude, la fibromyalgie est un syndrome
très complexe, encore mal diagnostiqué et qui regroupe une série de symptômes. L’imagerie
et les examens biologiques sont strictement normaux. C’est une pathologie bénigne. Le
pronostic vital du patient n’est pas mis en jeu. Ainsi, il n’existe aucune contre-indication à la
prise en charge ostéopathique de cette « maladie ».
Les différents symptômes et dysfonctions somatiques de la fibromyalgie, sont très
fréquemment traités en ostéopathie. Cependant, dans la revue de littérature, la plupart des
études ostéopathiques qui se sont intéressées à la fibromyalgie, montrent des résultats
encourageants mais uniquement à court terme.
Cet échec est-il dû à la complexité de cette pathologie ? Ou à l’inefficacité de l’ostéopathie ?
Selon les recommandations de 2010 de l’OMS ''l’ostéopathie a une influence sur la maladie,
elle reconnait les diverses réactions et les tensions psychologiques susceptibles d’affecter
l’état des patients et leur bien-être. Elles comprennent les facteurs environnementaux,
socio-économique, culturels, physiologiques et psychologiques qui influencent
la maladie''. A en lire cette définition, nous pouvons supposer que l’ostéopathie
correspondrait tout à fait à la prise en charge des patients fibromyalgiques, de par son
approche globale, prenant en compte le patient dans sa structure /fonction mais également
dans son aspect psychosomatique.
Tout au long de cette analyse, nous pouvons noter l’aspect multifactoriel de la fibromyalgie.
Une étude minutieuse des facteurs étiologiques proposés et les différentes théories sur la
physiopathologie peuvent donner à l’ostéopathe une idée sur le plan de traitement.
En effet, si nous nous intéressons aux facteurs étiologiques, nous pouvons constater que la
majorité des patients fibromyalgiques auraient subi un traumatisme physique ou psychique,
que l’on appelle communément dans le jargon ostéopathique le ''whiplash'' traumatique ou
émotionnel. Cependant, il est intéressant de noter que tous les patients ayant subi un whiplash
ne développent pas forcement la fibromyalgie.
27
Proposons une définition au terme « whiplash ».
Comme défini dans la partie ''ostéopathie crânienne'', le whiplash est un traumatisme physique
ou psychique qui entraine des répercussions importantes sur l’ensemble de l’organisme. Ceci
crée en général une perturbation globale de l’axe cranio-sacré se répercutant sur tous les plans
: osseux, membraneux et liquidien « c’est la sidération de l’axe cranio-sacré ». La liste des
symptômes du whiplash est vaste et non exhaustive : cervicalgie, lombalgie, céphalées,
vertiges, douleurs de la mâchoire ou des dents, fatigue physique et/ou psychique, troubles de
l’humeur, du sommeil mais également digestifs.
Ces symptômes s’installent généralement progressivement et peuvent évoluer de manière
chronique pendant des années. C’est ainsi que Rollin Becker disait : ''En cas de whiplash, la
dysfonction physiologique de la moelle épinière et du système nerveux central entraine un
niveau continu de dysfonction contribuant à la chronicité et aux altérations trophiques''. Cette
citation incrimine un dysfonctionnement du système nerveux central en cas de whiplash (45).
Ce trouble du système nerveux central, conduisant à une sensibilisation centrale, est une des
théories proposées dans la physiopathologie de la fibromyalgie. Nous pouvons noter
également une similitude des symptômes du whiplash avec ceux de la fibromyalgie.
Si nous partons de ce principe, l’ostéopathie, grâce à son approche crânienne et donc au
traitement du whiplash, devrait pouvoir traiter la fibromyalgie. Comme nous pouvons
l’observer dans la partie ''Revue de littérature'' détaillée en 3, quelques études se sont
intéressées à un protocole de traitement cranio-sacrée avec des résultats encourageants sur
certains symptômes de la fibromyalgie. Cependant, ces résultats seraient uniquement à court
terme. Cet échec, peut-il être expliqué par les facteurs génétiques impliqués dans la
fibromyalgie ? En effet comme noté dans la physiopathologie, une modification de certains
micro-ARN dans le liquide-céphalo rachidien(LCR) des fibromyalgiques, particulièrement
micro-ARN-145 serait impliqué dans certains symptômes tel que la fatigue, la douleur ou
encore la dépression. Ce LCR modifié génétiquement, pourrait être l'explication de l’échec du
traitement crânien.
Par ailleurs, la douleur est perçue de façon erronée chez les patients fibromyalgiques. Le
phénomène de sensibilisation centrale expliquerait cette douleur chronique mais également un
bon nombre de symptômes.
Une étude détaillée dans la partie 1.4, émet l’hypothèse selon laquelle une inflammation et un
dysfonctionnement des fascias, pourraient être responsable d’un stimulus nociceptif
28
périphérique, conduisant à la sensibilisation centrale. Si on se base sur cette hypothèse et sur
nos connaissances sur les fascias, les techniques de libérations fasciales (tissulaires) pourraient
être une alternative adaptée pour atténuer la douleur chronique.
Cependant, cette hypothèse semble être contestée, par une étude menée par Cyril Dupuis
détaillée dans la partie "revue de littérature" qui évalue les effets de la fasciathérapie sur la
douleur des patients fibromyalgiques. En effet elle démontre qu’aucune amélioration des
douleurs à moyen et long terme n’a été observée, malgré une amélioration de la qualité du
sommeil.
La plupart des recherches qui ont effectué un protocole de libération myofasciale et cranio-
sacrée aboutissent aux mêmes résultats à savoir un impact bénéfique sur la qualité du sommeil.
Les troubles du sommeil, la fatigue et la dépression sont également expliqués par des
perturbations du système neuroendocrinien, principalement marquées par une diminution de
la concentration du taux de sérotonine dans le sang des patients fibromyalgiques. En se basant
sur l’anatomie et la physiologie, les viscères en particulier l’intestin constitue le plus grand
réservoir de sérotonine mais également celui de cellules immunitaires de l’organisme qui
innervent les organes. Comme le dis J.P Barral:'' les manipulations viscérales augmentent le
métabolisme tissulaire qui, lui-même, doit accroître la production de sérotonine, qui elle-
même stimule le métabolisme basal général''.
Suite à mes recherches, aucun protocole de traitement purement viscéral n’a été envisagé et
publié. Ainsi une approche viscérale, de la fibromyalgie pourrait être une piste intéressante à
étudier. D’ailleurs, les effets positifs très intéressants de l’oxygénothérapie et de l’activité
physique régulière peuvent nous mener à travailler des organes, tel que les poumons, le
péricarde, le diaphragme afin d’améliorer l’ampliation thoracique et la circulation générale et
donc espérer avoir une action sur le métabolisme de l'oxygène.
Ce travail viscéral n’a pas pour seul but d’agir sur la production de sérotonine mais, entre-
autre, il aurait une action sur les dysfonctionnements des systèmes nerveux central et
autonome, sur les fascias, sur la circulation loco-général artérielle, veineuse, lymphatique….
Si nous portons une attention particulière sur les techniques utilisées dans la revue de
littérature, on peut noter que les techniques cranio-sacrée et fasciales ont été nettement plus
utilisées que les techniques structurels<<Haute vélocité basse amplitude>>(HVBA).
Ce choix peut être justifié par la peur d’augmenter la douleur qui est déjà très élevée chez les
patients fibromyalgiques. Cependant, certaines études, surtout en chiropractie, ont montré des
29
résultats intéressants en utilisant des techniques (HVBA). Il serait donc intéressant de mettre
en évidence l’impact positif des techniques structurelles sur la prise en charge de la
fibromyalgie, car j’ai l’intime conviction, que quand celles-ci sont bien faites, elles méritent
leur place dans un protocole de traitement ostéopathique des patients fibromyalgiques.
D’autre part, Les troubles de l'équilibre, le stress, les douleurs, la fatigue peuvent s’expliquer
par les dysfonctionnements de l’articulation temporo-mandibulaire(ATM) et par des troubles
de l’occlusion, très fréquent dans la fibromyalgie. En effet des liens très étroits existent entre
l'ATM et le nerf trijumeau, véritable nerf postural qui informe le cerveau de la position de la
tête dans l'espace. De nombreuses fibres proprioceptives sont également présentes dans l'ATM.
Ainsi la posture est influencée par la position de la mandibule.
Une asymétrie de la position de la mandibule entraine une contraction de certains muscles,
pourrait expliquer certains symptômes.
Une étude poussée sur les troubles occlusaux et le traitement des dysfonctions temporo-
mandibulaire peut être effectuée sur les patients fibromyalgiques. La question est de savoir, si
seul un traitement de l'ATM peut-il faire disparaitre la douleur chronique des fibromyalgiques?
Si nous nous basons sur les principes de la prise en charge ostéopathique, qui se veut avant
tout holistique, traiter la fibromyalgie en suivant un protocole de traitement préétabli comme
vu dans certaines études serait-il judicieux ?
D’autres études ont effectué des traitements plus personnalisés en se basant sur les
dysfonctions retrouvés pendant les tests ostéopathiques. Dans les deux cas on tombe sur des
résultats similaires : amélioration de certains symptômes à court terme.
Suite à notre analyse, nous pouvons suggérer que la prise en charge ostéopathique a un impact
sur les symptômes, et sur la qualité de vie des patients fibromyalgiques uniquement à court
terme.
Ceci nous pousse à envisager, une prise en charge pluridisciplinaire, dans la gestion de la
fibromyalgie. Comme vue dans la revue de littérature, une étude alliant traitement
ostéopathique et médicamenteux montre des effets nettement plus bénéfique qu’un simple
traitement ostéopathique. Certes, les traitements médicamenteux peuvent être limités dans
leurs effets antalgiques et présenter de nombreux effets secondaires, néanmoins une
association avec un traitement ostéopathique pourrait éventuellement contribuer à la réduction
des posologies.
30
Une étude plus poussée, avec un suivi à long terme, pourrait être effectué afin de vérifier
l’influence d’un traitement ostéopathique en complément d’un traitement allopathique pour la
prise en charge de ces patients.
Enfin pour conclure sur la notion de douleur chronique qui anime les patients fibromyalgiques,
nous pouvons être amenés à réfléchir au lien entre douleur et esprit. Une relation très étroite
existe entre le corps et l’esprit. Une personne souffrante angoisse, dort mal, parfois arrête de
travailler, une kinésiphobie s’installe laissant place ainsi à la dépression. Une approche
psychocorporelle parait évidente. Devant cela, nous ostéopathe pouvons apporter des
clarifications aux patients sur la physiopathologie de leur maladie, les écouter, les rassurer,
leur proposer une approche globale et pluridisciplinaires, travailler en collaboration avec
d’autres professionnels de santé tels que des psychologues, et vérifier ainsi notre traitement sur
le long terme.
Figure 3 : Relation entre le corps et l'esprit
C’est ainsi, suite à mon travail de recherche et d’analyse, que j’ai la profonde conviction que
l’ostéopathie a sa place dans la prise en charge de la fibromyalgie, si et seulement si elle
respecte un de ses grands principes : la globalité.
Cela en sachant reconnaitre ses limites et en collaborant avec les professionnels de santé qui
l’entourent (psychologues, médecins, kinésithérapeute etc.).
31
De par ce travail, mais également de par mon expérience personnelle, un protocole de
traitement ostéopathique, peut-être proposé pour l’abord d’un patient fibromyalgique.
En effet ce protocole consisterait d’abord par un traitement crânio-sacrée qui se composerait
d’un relâchement de la dure-mère au pôle supérieur par la technique des membranes intra-
crânienne, au pôle inferieur, mais également par une équilibration et détente globale de la dure-
mère rachidienne par la technique de relâchement de la colonne vertébrale assise. Enfin pour
finir, une technique de compression du 4ième ventricule (CV4) peut être intéressante. Ce
protocole va nous permettre d’avoir une action sur le système parasympathique (régénération)
sur l’équilibration et la fluctuation du LCR, mais surtout il permettrait de corriger les lésions
secondaires, mettant ainsi en évidence les lésions primaires.
Lors de la deuxième séance on pourrait débuter par la technique de CV4, afin de relancer la
vitalité globale de l’organisme. Ensuite un traitement viscéral du diaphragme, du péricarde,
des poumons, mais également une grande manœuvre abdominale me semble nécessaire. Enfin
pour finir, en fonction de l’état de crise du patient, de sa sensibilité, de notre technicité, des
techniques d’ajustements structurels peuvent être effectuées pour corriger les dysfonctions
somatiques retrouvées.
Une troisième séance pourrait être intéressante afin de vérifier l’évolution du traitement et
corriger les dysfonctions restantes.
32
CONCLUSION
Ce mémoire, nous a permis de prendre du recul sur la fibromyalgie, souvent considérée
a tort comme un problème psychiatrique. L’étude minutieuse des différentes étiologies, de la
physiopathologie, des symptômes, des différentes prises en charge possible et de la revue de
littérature concernant l’ostéopathie et la fibromyalgie, en fait une pathologie complexe mais
''fascinante''. Ce n’est pas une maladie grave, elle est néanmoins très invalidante et pénible pour
les personnes qui en souffrent.
Si nous nous référons à la revue de littérature et à notre analyse, l’ostéopathie a
effectivement une place dans la prise en charge de cette pathologie. En effet, l’ostéopathie,
grâce à ses principes, ses différentes approches : viscérales, crâniennes, structurelles, fasciales
pourrait intervenir sur chacun des symptômes de la fibromyalgie. Cependant, l’impact du
traitement ostéopathique est souvent rapporté de courte durée. Au vue de la complexité de cette
pathologie, et des effets du traitement ostéopathique limités dans le temps, une prise en charge
multidisciplinaire nous parait essentielle.
Cette prise en charge pourrait être composée entre-autre :
• D’un traitement médicamenteux adapté
• D’un suivi psychologique : étant donné les liens étroits existant entre le mal de
l’esprit et le mal du corps, le psychologue pourrait jouer un rôle important en aidant
les patients à accepter leur maladie, et gérer les douleurs chroniques.
• D’un suivi en masso-kinesitherapie avec de préférence un travail en balnéothérapie.
Le masseur-kinésithérapeute pourra induire le reconditionnement à l’activité et
donner des instructions aux patients pour qu’il puisse poursuivre chez eux un
programme d’exercices.
L’ostéopathe quant à lui, pourra dans sa prise en charge commencer par établir une relation de
confiance, rassurer, écouter et apporter des clarifications physiopathologiques. Il pourra
ensuite traiter les différentes dysfonctions somatiques, et assurer un suivi sur le long terme.
Enfin comme nous avons pu le constater, la concentration de la sérotonine est abaissée chez
les fibromyalgiques. Connaissant les liens étroits entre sérotonine et le système viscéral, une
étude visant à objectiver l’impact d’un traitement ostéopathique viscéral sur la qualité de vie
des patients fibromyalgiques pourra être effectuée.
34
BIBLIOGRAPHIE
1- Académie Nationale de Médecine, Menkès CJ, Godeau P. La fibromyalgie. Rapport.
Bull Acad Natle Méd 2007;191(1):143
2- http://www.rhumato.info/cours-revues2/98-fibromyalgie/1664-la-fibromyalgie
3- Md Abu Bakar Siddiq, Moshiur Rahman Khasru, and Johannes J. Rasker. Case Report
''Piriformis Syndrome in Fibromyalgia:clinical diagnosis ans Successful traitement ''22
September 2014
4- Mémoire ostéopathique d’Amandine Haegeman :''impact du traitement ostéopathique sur
la qualité de vie des patients atteints de fibromyalgie '' CEESO , Paris 2013
5- Maisa Soares Gui and AL. Revista Brasileira de Reumatologia : Disfunção
Tempormandibular na síndrome da fibromialgia : comunicação brève . 22 october 2014 6-
Ribinik P, Genty M. Syndromes douloureux chroniques en médecine physique et de
réadaptation . In XXVIIe congrès ANMSR , 2013; Paris
7- http://www.sciencesetavenir.fr/sante/rhumato/20140307.OBS8792/la-
fibromyalgiedefinition-symptômes-traitements.html
8- Enrico Bellato, Davide Blonna'' Syndrome: Etiology, Pathogenesis, Diagnosis, and
Treatment'' Articles from Pain Research and Treatment ,2012 Nov 4
9- Genta & Gabay .Revue Médicale Suisse: La fibromyalgie. 2004
10- Noninvasive optical characterization of muscle blood flow, oxygenation, and
metabolism in women with fibromyalgia, Articles from Arthritis Research & Therapy,
2012 Nov 1
11- Brian Walitt, Gerard Urrútia, María Betina Nishishinya, Sarah E Cantrell, and
Winfried Häuser
‘’Selective serotonin reuptake inhibitors for fibromyalgia syndrome’’ Cochrane
Database Syst Rev, 2015 Jun 5
12- Ablin, J., Neumann, L., & Buskila, D. (2008). Actualités sur la fibromyalgie. Revue du
Rhumatisme.
13- Geoffrey Owen Littlejohn and Emma Kathryn Guymer ‘’ Littlejohn and Guymer reply''’
The journal of Rheumatology,2014, Volume 41 , no.11
14- Kevin C.Fleming and Mary M.Volcheck,’’Central sensitization Syndrome and the initial
evaluation of a patient with fibromyalgia'' Rambam Maimonides Medical journal , 2015
Apr
35
15- Jones et al, Postural control deficitis in people with fibromyalgia: a pilot study , Arthrititis
Research and Therapy , 2011
16- Ginvera L.Liptan, ''Fascia: A missing link in our understanding of the pathology of
fibromyalgia’’, Journal of bodywork and movement therapies, 2010 Jan ,pages3-12 17-
Laurence A.Bradley,Ph,D, ‘’Pathophysiology of fibromyalgia '' National Institutes of
Health '', Am J med, 2009 December
18-Dr Jean-Francois Marc, ''Apport de la Neuro-Imagerie Fonctionnelle
Cérébranle(NIFC) à la compréhension de la fibromyalgie ''18 Nov 2006
19- Dan Buskila and Piercarlo Sarzi-Puttini '' Biology and therapy of fibromyalgia. Genetic
aspects of fibromyalgia syndrome'' Arthritis research and therapy'', 2006,Jul 28
20- Jan L. Bjersing, Christopher Lundborg, Maria I. Bokarewa1 , Kaisa Mannerkorpi ‘’Profile
of Cerebrospinal microRNAs in Fibromyalgia, Journal.pone volume 8, 2013 ,June 5
21- Patrick sichère, '' Le syndrom fibromyalgique: strategies thérapeutiques'', Douleurs, Paris
Octobre 2013
22- Bennett Rm, Kamin M, Karim R, Rosenthal N. ''Tramadol and acetaminophen
combination tablets in the treatment of fibromyalgia pain : a double blind, randomized,
placebo-controlled study'' Am J Med 2003
23- Docteur Genevieve Ziegel. ''Face à la fibromyalgie, quelles thérapeutiques''.
http://www.homeopsy.com/uploads/31032013-4.pdf
24- Geenen R. ''Psychological approaches to management of fibromyalgia''. Paris
:Eular,2008
25- Jana Sawynok and Mary Lynch, ''Qigong and fibromyalgia: Randomized controlled trials
and beyond''. Review Article, Evidence-Based Complementary and Alternative Medicine,
12 November 2014 , Volume 2014 , 14 pages
26- Winkelmann A, Haüser W, Friedel E, et al. '' Physiotherapya and physical agent therapies
for fibromyalgia syndrome''. Systematic review, meta-analysis and guideline.
Shmerz, 2012
27- Hargrove and Al. A randomized placebo controlled study of noninvasive cortical
electrostimulation in the treatement of fibromyalgie patients. Pain Med 2012
28- Shai Efrati and Al. Hyperbaric Oxygen Therapy can diminish fibromyalgia syndrome-
Prospective clinical trial. Journal Pone, May 26,2015
29- Adelaida Maria Castro-Sanchez and Al. Benefits of massage-myofascial release therapy
on pain, anxiety, quality of sleep, depression, and quality of life in patients with
36
fibromyalgia. Research Article in Evidence-Based complentary and alternative
medicine.Volume 2011, page 9
30- Gamze Ekici and Al. Comparison of manuel lymph drainage therapy and connective
tissue massage in women with fibromyalgia: a randomized controlled trial.
Journal of manipulative and physiological therapeutics. February 2009, page 127-133 31-
Blunt Kl, Rajwani MH, Guerriero RC''The effectiveness of chiropractic management of
fibromyalgia patients: a pilot study''Canadian Memorial chiropractic college, Toronto, Canada,
Journal of Manipulative and physiological Therapeutic, 1997
32- Ernst Edzard ''Chiropractic treatment for fibromyalgia: a systematic review''
Clinical Rheumatologie, 21june 2009
33- Guy Roulier, (ostéopathe, D.O, M.R.O.F). L‘ostéopathie: deux mains pour vous guérir.
Origine, principes et techniques, indications thérapeutiques. Editions Dangles,
1987
34- Jean-Pierre Amigues. L’ostéopathie, fondements, techniques et applications.
Editions Ellébore 2004
35- Jean-Pierre Barral, Pierre Mercier. Manipulations viscérales 1. Editions Frison-
Roche. 1983
36- Serge Paoletti. Les fascias, rôle des tissus dans la mécanique humaine. 2ieme edition
Sully 2009
37- http://www.osteopathie.org/
38- Lauren Paul. Murray R. Berkowitz. Osteopathic manipulative treatment for an unusual
presentation of fibromyalgia: A case report demonstrating the effectiveness of disease
guidelines. International journal of osteopathic medicine, volume 18, June 2015 page141-
147
39- Gamber and Al. Osteopathic manipulative treatement in conjunction with medication
relieves pain associated with fibromyalgia syndrome: results of a randomized clinical
pilot project. The journal of the American osteopathic association,
June 2002
40- Janice Blumer, DO. Short-term effects of a manual therapy protocol on pain and
functioning in patients with fibromyalgia. The journal of the American osteopathic
association, July 2014
41- Cyril Dupuis. Fibromyalgie, douleur et fasciathérapie, études des effets somatiques,
psychiques et sociaux. Université Fernando Pessoa. Porto, 2012
37
42- Guy Hains and Al. A combined ischemic compression and spinal manipulation in the
treatement of fibromyalgia: a preliminary estimate of dose and efficacy. Journal of
manipulative and physiological therapeutics, May 2000
43- Maria Castro-Sanchez and AL. Influence of craniosacral therapy on anxiety, depression
and quality of life in patients with fibromyalgia. Evidence-based complentary and
alternative medicine, 22 July 2009, page 9
44- Robert Meslé, Francoise Laroche and AL. Etudes observationnelle des effets d’un
traitement ostéopathique chez des patients souffrant de fibromyalgie. La revue de
l’ostéopathie, numero1-2: 2012
45- Rachel E Brooks. La vie en mouvement: la vision ostéopathique de Rollin E. Becker .
Edition Sully2012
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Figure 1 : Le spectre des manifestations cliniques du syndrome fibromyalgique ......... 8
Figure 2 : Points de pression retrouvés chez le patient fibromyalgique ......................... 10
Figure 3 : Relation entre le corps et l'esprit .................................................................... 30
38
RESUME
Actualisation des connaissances de la fibromyalgie, et perspectives ostéopathiques
La fibromyalgie est une pathologie très complexe qui touche 2% de la population mondiale.
Les causes de la fibromyalgie ne sont pas bien connues, ainsi plusieurs hypothèses ont été
avancées. À ce jour, aucun traitement n’a montré une réelle efficacité dans la gestion de ce
syndrome. Partant de là, nous nous sommes posés la question à savoir : quelle serait la place
de l’ostéopathie dans la prise en charge de la fibromyalgie ? Pour répondre à cette question,
nous avons décidé de prime abord, de faire le point sur la fibromyalgie afin de mieux
connaître ce syndrome. Dans un deuxième temps nous nous sommes intéressés à
l’ostéopathie et ses différentes approches. Enfin, une revue de littérature sur la prise en
charge ostéopathique de la fibromyalgie a été réalisée. Les résultats de cette étude montrent
un impact bénéfique de l’ostéopathie mais uniquement à court terme.
Mots clés : fibromyalgie, ostéopathie, douleurs chroniques.
ABSTRACT
Knowledge’s update of fibromyalgia and osteopathic prospects
Fibromyalgia is a complicated pathology that affects 2% of the population.
The causes of fibromyalgia remain unknown, but several hypotheses have been put forward.
So far no treatment has been found.
In this study, we wonder what is the place of osteopathy to take over this pathology? To give
an answer to this question, we first decided to learn more about fibromyalgia, and then we
turned our attention to osteopathy and its different approach. Finally we investigated on a
literature review of fibromyalgia take over, by osteopathy. This study has shown a benefic role
of osteopathy but in a short term.
Key words: fibromyalgia, osteopathy, chronic pain.