addictio mag j1 iscpa 2016

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DOSSIER LES VOIES DE LA GUéRISON Drogue, alcool, argent… Des tabous aux clichés Ritaline, la drogue étudiante les nouvelles addictions tendance MODE, NOURRITURE, éCRAN :

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Addictio ? On l’est tous un peu, beaucoup, voire inconsciemment à la folie. En 16 pages, la rédaction des étudiants en première année de journalisme de l'ISCPA Lyon a l’ambition de couvrir le phénomène complexe de l’addiction. Le titre du magazine reflète la fin prématurée provoquée par un excès. Le « n » d’« addiction » est amputé, à l’image de la vie que l’on a consumée un peu trop vite. Découvrez ce 16 pages avec les idées reçues sur les addictions, un dossier sur les addictions originales, sur devenir vegan, le phénomène mok-bang, les sneakersaddicts ou encore comment résister aux séries TV...

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DOSSIERLes Voiesde LA GuérisoN

drogue, alcool, argent…des tabous aux clichés

ritaline, la drogue étudiante

les nouvelles addictions tendance

mODE, NOURRItURE, éCRAN :

Faus

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4 8 idées reçues sur les addictions

5 Argent, drogue, alcool... Tabous devenus clichés

6 DOSSIER : Les addictions originales

•Devenirvegan:entremode et addiction

•Lephénomènemok-bang

•Chroniqued’uneaccro aux séries

•Lessneakersaddicts

8 Lesconséquencesphysiquesetphysiologiques

9 Football:quandleclub devient la drogue dessupporters

10 DOSSIER : Les voies de la guérison

Témoignagesd’untoxicoetd’unmédecin

ExpérienceoriginaleduCénacolo

13 Ritaline, drogue des étudiants

14 Lapréventiondansles milieux festifs

15 Dosedebrève

Contacter la rédaction : [email protected] • Directrice de publication : Isabelle Dumas •Directeur de rédaction : Frédéric Poignard • Rédacteur en chef : Anaïs Gningue • Directeur artis-tique : Richard de Tarare • Ont participé : Lina Badreddine, An-toine Decléty, Bérénice Billoue, Maxence Cuenot, Brice Cheneval, Océane Jardin, Eugénie Vadivélou, Clément Bizouard, Oussama 

Bonaama, Mathilde Riboulleau, Pauline Prin, Baptiste Noble-Werner, Maëva Comecy, Thomas Nicolau, Guillaume Bouchut, Tanguy Colon. Nos remerciements à Mme Delagonde • Promotion J1 2015/2016 • ISCPA Lyon © ISCPA  — Mars 2016 • ISCPA Lyon 47 rue du Sergent-Michel-Berthet, 69009 Lyon 04 72 85 71 74.

éditoLA RéHAB NéCESSAIRE AUX ACCROS DU POUVOIR

Addictio ? On l’est tous un peu, beaucoup, voire inconsciemment à la folie. En 16 pages, Addictio a l’ambition de couvrir le phénomène complexe de l’addic-tion. Le titre du magazine reflète la fin prématurée provoquée par un excès. Le

« n » d’« addiction » est amputé, à l’image de la vie que l’on a consumée un peu trop vite. Introduisons le thème d’Addictio avec une aliénation vieille comme l’humanité. Elle n’apparait pas dans ces pages, mais elle reste inévitable. Posons quelques mots sur l’addiction au pouvoir en attendant de vous laisser découvrir le reste...

Il est des addictions qui touchent plus de monde que notre simple entourage. Car oui, de par le monde, des politiciens ivres de pouvoir se préoccupent plus de leur destin que de celui des gens qu’ils ont promis de guider. Ces dernières années

furent le théâtre de présidents-monarques prêts à tout pour rester sur des trônes aussi vieux qu’eux. Alors, ils ont l’ambition impertinente de proposer des référendums : des cache-misères qui font mieux passer leurs mensonges assassins. À travers le paradoxe de ces référendums pas si démocratiques, il y a l’ironie de donner la parole à un peuple qu’on a amoindri, sur une question dont on connaît déjà la réponse. La plupart de ces régimes politiques ne sont que coups d’État et monopartisme. Alors pour faire bonne figure on veut réformer la mère Constitution ! Messieurs-Dames, addicts au pouvoir et ses bénéfices malsains, il n’y a pas d’âge pour gouverner, oui. Encore faut-il savoir s’arrêter. Messieurs-Dames, victimes d’abus de politiques affa-més, à vous d’atteindre la lucidité qui dépassera les frasques que la bêtise humaine applique dans trop de nations.

Anaïs Gningue

sommaire

iscpaLyon www.keskiscpass.com@iscpaLyon

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Addictio

8 idées reçues SUR LES ADDICtIONS1 «Le haschisch n’a jamais tué personne !» Faux Cette

drogue douce, outre son aspect cancérigène rentre dans plus de 15 % des accidents de la route. Pour informa-

tion, le cannabis serait mortel si la consommation dépassait les 680 kilos fumés en moins de 15 minutes. À vrai dire, le décès viendrait probablement du monoxyde de carbone.

2 «Je peux conduire ma voiture sans soucis après avoir bu ou m’être drogué !» ErrEur L’ONISR (Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière) présume

que 30 % des accidents impliquent au moins un conducteur ayant bu, 25 % sous effet d’une drogue.

3 «L’alcoolémie n’est pas une maladie grave.» Faux C’est une maladie très souvent associée à la solitude, dur à se débarrasser. Sombrer dans l’alcoolisme, c’est aussi

sombrer dans la dépression.

4 «Le sadomasochisme n’est pas une addiction !» Vrai Et Faux Une équipe de chercheurs américains de l’univer-sité de Northern Illinois a conclu que les pratiques SM

influenceraient l’irrigation du cerveau, avec des effets proches du yoga. Un état d’addiction et d’extase en clair.

5« On peut se faire un petit rail de coke en soirée […] Il ne faut pas en abuser. Je ne vois pas de risques si la cocaïne est prise seule.» grossE ErrEur On connait

les ravages de la cocaïne sur le cœur, d’autant plus qu’elle est toujours coupée avec on ne sait quoi (jusqu’à 80%…).

6 «L’addiction au tabac vient de la nicotine!» Vrai Et Faux Pour le neurophysiologiste au collège de France Jean-Pol Tassin, l’addiction au tabac vient de la nicotine et

de son association avec «la combustion du sucre [qui] entraîne la formation d’acétaldéhyde, […] l’un des IMAO (antidépresseur, NDLR) des plus puissants ».

7 «L’héroïne n’est pas la pire des drogues» Faux Après avoir interrogé des consommateurs d’héroïne on retient dans le possible «De voler ses parents, sa famille pour

pouvoir s’acheter une dose». Avec des conséquences sur la vie sociale «En soirée je plane. Plus personne ne m’invite…»

8 «En roulant vite, je m’habitue à la vitesse et à la bonne conduite» Faux Plus la vitesse augmente et plus le champ de vision diminue. La route n’est pas un circuit,

et le conducteur n’a pas la concentration d’un pilote en course.

DES ADDICtIONS qUI tRAINENt DES PRéjUgéS« Le tabac c’est tabou, on en viendra tous à bout » Les inconnus

Tabac, télévision, jeux vidéo, dopants intellectuels, café, téléphone, snapchat, shit,… nous sommes tous des drogués. Tous des « addicts ». Pour démêler le vrai du faux sur ces « idées », les acteurs, observatoires, instituts, chercheur ou consommateurs vont se confronter et répondre sur les effets, conséquences des addictions.

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ddictioA

Le septième art montre continuel-lement les ravages de la drogue, souvent associée à l’alcool. Les ré-

alisateurs décrivent la plongée en enfer de personnages en perdition comme dans Requiem for a Dream. Le film d’horreur a aussi développé des spécificités liées à la drogue, comme dans Vendredi 13. Ici, les personnages fumant des joints sont condamnés à mourir dans d’atroces souf-frances. Le cas du « trip » lié aux subs-tances est souvent représenté par des hallucinations. Des idées de mise en scène toujours plus folles rendent compte de l’al-tération de la réalité : flou, couleurs vives, images accélérées, musique dissonante… Quant au sexe, bien qu’il soit moins repré-senté que les autres addictions, il se fait tout doucement une place dans le cinéma avec les récents Shame (2011) et Don Jon (2013). Les deux mettent en scène des personnages accros au sexe et qui tentent

tant bien que mal de remonter la pente. Mais si le film s’essaie au réalisme, il n’en reste pas moins une fiction. Drogue, sexe, alcool ou argent y sont traités comme des

clichés de l’addiction. Cependant, ils n’en demeurent pas moins très réels.

Guillaume Bouchut et Tanguy Colon

Banalisation. C’est la tendance à retenir concernant les addictions « clichées ». La drogue, l’alcool et l’argent font désormais partie inté-

grante du décor, où ces sujets ne sont plus tabous. « Il y a eu une prise de conscience de-puis une vingtaine d’années », explique le Dr Pierre Radis-son, spécialiste en alcoologie. Les personnes dépendantes n’ont plus peur d’évoquer leur addiction. D’après l’al-coologue, « la recherche d’adrénaline est l’élément déclencheur, pour quitter un monde formaté, aseptisé ». Des nouvelles sensations qui précipitent la personne dans une sorte d’« esclavage ».

Certains vont même jusqu’à cumuler les produits, pour plus d’effets : « 80 % des fumeurs boivent », révèle le Dr Radisson.

Toucher à plusieurs produits est devenu aussi dangereux qu’ordinaire. Dans les jour-naux, la télévision et surtout le cinéma, ces éléments sont mentionnés régulièrement. C’est désormais une habi-tude d’entendre parler de drogue, de voir écrit les mots « alcool » et « sexe ». Une normalisation de ces phéno-mènes, où drogue, alcool et argent sont maintenant vus comme des clichés, plus que des dangers.

Guillaume Bouchut et Tanguy Colon

L’addiction renvoie généralement à la drogue, l’alcool, l’argent. Des réponses clichées qui ne sont pas anodines et qui représentent bien l’évolution des mentalités.

DROgUE, ALCOOL, ARgENt…CES tABOUS DEVENUS CLICHéS

ADDICtIONS CLICHéES : LE CINémA EN ESt ACCRO !  « Scarface », « Pulp Fiction » ou « Le Loup de Wall Street ».  Quoi de mieux que le cinéma pour illustrer ce fameux quatuor ? Sexe, drogue, alcool et argent semblent être les ingrédients quasi indispensables d’un film réussi. Ces thématiques sont des toiles de fond à la base même du scénario.  

© nextchapteraddiction.com

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Addictio

De plus en plus de télé-réalités sur la cuisine sont apparues ces der-nières années. Top Chef, Master

Chef, Un Dîner presque parfait, Le Meil-leur pâtissier, Cauchemar en cuisine... Et la liste est encore longue. Désormais, les émissions télévisées culinaires ne s’en tiennent plus à quelques recettes démon-trées simplement. Il est question de com-pétitions, de dépassement de soi autour de ce domaine tendance qu’est la cuisine.

En Corée du Sud, de jeunes internautes sont allés beaucoup plus loin en lançant une mode en phase avec leur temps. Celle-ci atteint des excès, voire de l’addic-tion. Né en 2013 et communément appelé mok-bang, on le considère littéralement comme du « voyeurisme-culinaire ». Le but est de se filmer en direct pendant des heures en train de manger des plats qu’on a préparés. Ces plats sont aux antipodes

des assiettes gastronomiques des reality shows. Ce sont de véritables festins qui frôlent les ripailles – ces repas orgas-miques où l’on mange avec excès.Les spectateurs de ces scènes virtuelles ont en général deux profils. Les mok-bang peuvent faire office de catharsis pour ceux qui sont au régime. Ainsi, celui qui est de l’autre côté de l’écran mange bien plus

que pour son propre appétit et le regarder manger rassasie. D’un autre point de vue, les internautes solitaires au quotidien se sentent moins seuls. Ils ont l’impression de partager un repas. Car 32,7 % de la population sud-coréenne vivra seule en 2030, elle se raccroche aux réseaux so-ciaux.

Anaïs Gningue

DEVENIR VEgAN : ENtRE mODE Et ADDICtION

Pensez-vous qu’être vegan peut devenir une addiction ? Au point d’avoir peur de consommer un produit animal par exemple.Ce n’est pas une peur, c’est une éthique. Il ne peut pas avoir d’addiction ou quoi que ce soit. Je ne mange aucun produit de

provenance animale, au même titre par exemple qu’un musul-man qui ne veut pas consommer ce qui lui est contraire. Être vegan est bon sur tous les points et il n’y aucune raison de ne pas en être fier.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir vegan ?Pour commencer, j’étais déjà végétarien trois ans plus tôt. Une fois mieux informé sur la réalité des choses, notamment grâce à des amis vegan, cela m’a semblé être une suite logique. La transition entre végétarien et vegan s’est faite naturellement.

Selon vous, quelles sont les motivations des personnes qui souhaitent devenir vegan ?Il y a différents cas, on ne peut pas mettre tout le monde dans le même panier. Mais la majorité des personnes vegan le de-viennent pour la cause animale. Une minorité le fait à cause d’un effet de mode, mais ça ne dure pas dans ce cas-là. Des fois, c’est aussi pour une question de santé.

Pensez-vous que le mode de vie vegan a de l’avenir ?Ça va dans le bon sens et ça se développe. Être vegan est bon sur tous les points. Que ce soit sur la santé, l’éthique animale, la pauvreté des ressources, la planète ou encore l’écologie. Plu-sieurs associations militent pour que cette cause soit mieux entendue à l’avenir. J’ai d’ailleurs participé à plusieurs ma-nifestations sur Lyon, notamment avec L214 et 269life. C’est l’avenir même !

Propos recueillis par Océane Jardin

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CORéE DU SUD : LE mOK-BANg OU L’ADDICtION gARgANtUESqUE À LA NOURRItURE

Cyril a 24 ans, et est depuis quelques années vegan. Il re-vient sur son mode de vie qui a pour objectif de ne consom-mer aucun produit d’origine animale.

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ddictioA

Game Of Thrones, Breaking Bad, Orphan Black sans oublier House of Cards, les séries foisonnent sur les chaînes an-glophones et ont fait leur place sur nos chaînes françaises. « T’as vu le dernier épisode de Game of Thrones ? » devient une question à laquelle on peut difficilement échapper aussi bien en cours , au bureau ou dans les transports. C ’ e s t à c e l a que l’on recon-nait les « sé-riephiles » ou « sérievores ». Mais entre l’en-vie de se divertir et la nécessité d’assouvir un besoin, la fron-tière qui mène à l’addiction est mince.Si la pratique du marathon de sé-ries, ou « binge watching » dans le jargon des passion-nés, vous est familière, c’est peut-être que vous êtes addict aux séries. Pour les simples initiés, le « binge watching » consiste à regarder un maximum d’épi-sodes ou de saisons d’une même série en une seule fois. Certains vont jusqu’à faire

des nuits blanches pour terminer la série qu’ils ont entamée quelques heures plus tôt ou pour regarder leur épisode en live.Entre TF1 qui passe en boucle les sai-sons des Experts ou du Mentalist et les chaînes telles que M6, D8 et NT1, qui sont aussi envahies de séries étrangères amé-ricaines, difficile d’y échapper et de ne

pas se laisser happer par ce phénomène mondial. L’arrivée du service de vidéo à la demande depuis quelques années et de Netflix qui a fait son entrée en France en septembre 2014, a accéléré le processus de dépen-dance aux séries. Bien souvent, les vrais

« series addicts » n’attendent pas la dif-fusion et préfèrent télécharger leurs épi-sodes illégalement dès qu’ils paraissent sur les plateformes de téléchargement ou de streaming.« Encore un épisode ! », se dit-on au beau milieu d’une saison palpitante dont on ne parvient pas à décrocher. C’est peut-être

là que débute l ’ a d d i c t i o n . B i e n q u ’ e l l e ne soit pas re-connue comme une pathologie par les psycho-logues spécia-listes, l’addic-tion aux séries est à prendre au sérieux. En s’identifiant aux personnages, on cherche à vivre des expériences à travers eux. Ce t t e add i c -tion reste tout

de même sans danger immédiat pour la santé si ce n’est que, poussée à l’extrême, elle peut engendrer des risques d’obésité liés au « snacking » et des troubles du sommeil… à consommer avec modération donc !

Pauline Prin

CHRONIqUE D’UNE ACCRO AUX SéRIES

« Tous les samedis, des groupes entiers viennent dépenser leur argent dedans », annonce Étienne, vendeur dans une boutique uniquement tournée sur les sneakers. Il avoue être un addict de la basket : « À chaque fois qu’il y a un modèle ici, je bloque une paire. Toutes les thunes qu’il me donne, je lui rends ». Apparues dans les années soixante-dix, ces baskets sont au-jourd’hui incontournables. Censées mêler sport et « street culture », elles sont devenues un outil de mode indispensable à chaque tenue. Dans les rues jusqu’aux plus grands défilés : les sneakers sont partout. Des passionnés s’empressent à trouver la paire à la mode, et la partagent sur les réseaux sociaux. Comme la Ligue de la sneakers, qui compte plus de 2 500 adhérents sur Facebook. Dans quel but ? Partager ses collections ainsi que trouver des

acheteurs. « Certains pourraient aller jusqu’à acheter deux fois une paire, pour l’avoir pour soi, mais aussi pour la revendre à d’autres passionnés », ajoute Étienne. Des événements entre sneakersaddicts commencent alors à se créer en ville pour faciliter les Lyonnais à acquérir la paire de rêves où d’en échanger. Le phénomène n’est pas prêt de stopper.

Agathe ROBIN

LES SNEAKERSADDICtS : UN PHéNOmÈNE mONDIAL DéjÀ PRéSENt À LYONLa Ligue de la sneakers – groupe de Lyonnais passionnés de baskets – organisera le 22 mai au POP, un nouvel événe-ment à la manière du célèbre Sneaker Event de Paris. Des paires neuves ou d’occasion pouvaient être échangées, achetées et même vendues par des amateurs. 

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AddictioDe la consommation occasionnelle

à la prise quotidienne, le cannabis est partout. On le trouve sous deux

formes : l’herbe et le hachich (résine de la plante). Son principe actif est le Tétrahy-drocannabinol (THC). Lors de la consom-mation, plus la concentration de THC est importante, plus les effets seront perceptibles. Cette drogue considérée comme inoffensive pour de nombreux fumeurs produit 6 à 7 fois plus de gou-dron qu’une cigarette. On estime que conduire sous l’effet du cannabis mul-tiplie par deux le risque de faire un ac-cident mortel, et avec la prise d’alcool, le risque est multiplié par 14. Avec des vertus médicinales, le cannabis est aussi utilisé à des fins thérapeutiques dans certains pays. Les habitués ne sont pas à l’abri des maladies cardio-vascu-laires, des cancers, de l’hypertension et surtout de la schizophrénie. Une étude pu-bliée dans Psychiatrie Research a révélé en 2014 que fumer du cannabis engendre l’apparition précoce des premiers signes de schizophrénie. D’autres études ont été menées et selon les résultats publiés dans le journal médical The Lancet en 2007, les

troubles de la schizophrénie étaient aug-mentés de 40 % chez les jeunes fumeurs de joints. Ce risque est lié à la fréquence et à l’intensité de la consommation. Les personnes fumant plus de 2 joints par se-maines augmentent leur risque de souffrir des symptômes de 50 à 200 %.

Un anonyme – que l’on appellera Mat-thieu –, 23 ans, s’est confié à nous sur sa consommation. Il a fumé son premier joint à l’âge de 13 ans, avec son oncle, qui en cultivait dans son jardin. Il se souvient d’avoir beaucoup toussé et d’avoir eu du mal à « tirer » sur le joint. Au lycée, sa consommation est devenue hebdomadaire et aujourd’hui elle est occasionnelle : « Je ne me considère pas comme un accro. Je fume lorsque je fais la fête, mais dans ces

moments j’augmente la quantité. Pour mon anniversaire, c’était un 8 juin, j’en ai fumé 8 tout seul. Sur le coup je n’ai pas réalisé, mais mon visage semblait comme anesthésié et j’ai eu une bouffée de cha-leur, je n’avais pas l’impression d’avoir perdu mes réflexes, mais j’ai appeler un

ami pour m’ouvrir la porte, je n’y arri-vais pas tout seul ».

Ce sont les personnes les plus fragiles au niveau psychique, souffrant des troubles de l’humeur ou de l’anxiété qui seront principalement touchés s’il y a consommation. Elle favorise l’apparition de la schizophrénie. Chez

les personnes souffrants de troubles psy-chiatriques préexistants (schizophrénie, trouble bipolaire, etc.) la consommation de cannabis, souvent utilisé comme au-tomédication pour calmer les angoisses, a cependant toujours des conséquences négatives sur l’évolution du trouble : ac-célération de l’apparition des symptômes, augmentation de l’intensité des crises et rechutes plus fréquentes.

Eugénie Vadivélou

Ganja, marijuana, beuh, zamal... Une multitude de noms pour une seule et même plante, le cannabis. Avec 1,2 million de consommateurs à en fumer plus de dix fois par mois, elle est la drogue illégale la plus consommée en France. Cette substance illicite est de plus en plus associée à la schizophrénie et des études prouvent que ses effets sont plus importants que ce que l’on pourrait croire.

CANNABIS Et SCHIzOPHRéNIE, LE LIEN SE CONfIRmE

© Getty IImages

Matthieu a fumé son premier joint à l’âge de 13 ans, avec son

oncle, qui en cultivait dans son jardin.

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ddictioA

En règle générale, l’addiction est perçue négativement. En revanche, celle liée au sport est un fait réel, dont la dimension qu’elle peut prendre est globalement mécon-

nue de notre société. David, Catalan de 18 ans et supporter du FC Barcelone, est concerné par cette addiction. « Je regarde tous les matches du Barça, explique-t-il. Même lorsque je ne suis pas chez moi, je me débrouille pour suivre les matchs là où je vais. Pour moi, ce club est une passion dévorante. De mon humeur dépend beaucoup les résultats du club. » Il affi rme éga-lement n’avoir « jamais été aussi heureux que lorsque Barcelone a remporté la Ligue des Champions la saison dernière, même lorsque j’ai obtenu mon baccalauréat ». Même si cette phrase est prononcée avec une pointe d’ironie, elle en dit beaucoup sur la passion qu’entretient David envers son club.

Dès lors, peut-on parler de mala-die à ce stade ? Pour Martin Gilles, médecin du sport dans le canton de Lagnieu (Ain), cela ne fait aucun doute : « On peut clairement parler de maladie, dans le sens où les personnes concernées deviennent dépendantes, et cela peut entraîner une pathologie. » Les facteurs sont multiples, à commencer par les problèmes personnels (vie familiale et sentimentale, problèmes d’entourage et professionnels) qui peuvent pousser quelqu’un à se rattacher à un club afi n d’y trouver un esprit de famille. « J’ai gaspillé ma vie de couple, il ne me restait plus rien. Je me suis alors investi dans la vie du club de ma ville. C’est ma deuxième vie », té-moigne Pascal, 52 ans, habitant de Besançon (Franche-Comté). Une autre cause, moins lourde à porter, est la manière dont un

membre de la famille ou un proche perpétue la passion envers un club. « Mon père supporte l’OL, mon grand-père supporte l’OL, je supporte l’OL et mon fi ls supportera l’OL. C’est la tradition », témoigne Alexandre, 19 ans. L’attachement à un club peut aussi s’expliquer par une question d’identité, comme c’est le cas pour David. « En tant que Catalan, le Barça est une fi erté pour moi, car il représente mon pays, ma ville, et véhicule les valeurs qui nous sont chères », détaille-t-il. Les conséquences peuvent se révéler dévastatrices, comme l’explique Martin Gilles : « Lorsque le club va mal, cela peut fragiliser la psychologie de certaines personnes, qui interprètent alors la situation de leur équipe comme une petite mort dont ils font le deuil ».

La situation d’un club peut donc impacter de manière dispropor-tionnée l’état moral de certains individus, « au point de déclencher parfois des dépressions », selon Gilles Martin.

De plus, l’addiction peut entraîner une recrudescence des dé-penses pouvant aller jusqu’à l’endettement, notamment en sui-vant l’équipe lors de ses déplacements à l’extérieur ou en injec-tant ses propres fonds dans un club, comme cela se pratique (ou se pratiquait) au RC Lens ou à Portsmouth (Angleterre). De fait, des solutions existent pour aider les personnes à se détacher de leur dépendance, par le biais d’un accompagnement psycholo-gique. « Chez les individus concernés, cela est primordial, que ce soit grâce à un psychologue, un psychanalyste, mais surtout sa famille et ses proches, dont le soutien est indispensable ».

Brice Cheneval et Maxence Cuenot

S’il est courant de supporter un club de football, il est plus rare de croiser des personnes qui en sont fanatiques. D’où provient ce phénomène ? Quelles en sont les conséquences sur la psychologie des personnes concernées ? Réponses dans les lignes qui suivent.

Les conséquences d’une telle addiction peuvent se révéler dévastatrices

FooTBALLqUAND LE CLUB DEVIENt

LA DROgUE DES SUPPORtERS

La Bombonera, mythique antre du club argentin de Boca Juniors.

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Addictio

De quand date votre premier contact avec la drogue ?J’avais 16 ans, c’était du cannabis. J’ap-préciais le côté « cool » de celui qui en apporte en soirée. Puis ma consommation est devenue régulière, j’ai abandonné le simple joint pour une prise par « bang ».

Avez-vous pris d’autres substances ?

Oui. J’ai consommé de la cocaïne dans un cadre festif, ainsi que de l’héroïne, jamais par voie intraveineuse. C’est à l’héroïne que je suis devenu accro.

Pourquoi prendre de telles substances ? J’ai vécu une enfance particulière, même si ce n’est pas une excuse. J’ai toujours eu un profond mal-être ancré au fond de moi. La prise d’héroïne avait pour but de m’anesthésier le plus possible, de rendre ce mal-être vivable, surmontable au quo-tidien.

Comment avez-vous essayé de soigner votre addiction ? J’ai fait une première cure en hôpital psy-chiatrique. J’y suis resté trois semaines et ça a été un échec. J’ai ensuite suivi un traitement de substitution à la métha-done. Cela reste un opiacé même si c’est légal. L’absence d’effet de « défonce » de ce produit a fait que j’ai continué à me droguer. Là, j’ai été hospitalisé pendant cinq semaines avant de séjourner trois mois dans un centre de postcure.

dossierLES VOIES DE LA gUéRISON

« C’ESt À L’HéROïNE qUE jE SUIS DEVENU ACCRO »

Du pur miracle à la chimie, plusieurs solutions existent pour se sortir de sa toxicomanie.

Marc est un toxicomane de 34 ans en voie de guérison. Il expose les raisons qui l’ont poussé vers les substances illicites.

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ddictioA

LA PRISE EN CHARgE méDICALE, tRAItEmENt LE PLUS COmmUN DE L’ADDICtION

La réponse médicale à l’addiction n’est jamais la même. Elle est dif-férente en fonction de l’addiction

et surtout en fonction du patient ». Cette vision est celle de Philippe Lack, directeur du CSAPA de l’Hôpital de la Croix-Rousse. Le CSAPA (Centre de soins, d’accompa-gnement et de prévention en addictolo-gie) de la Croix-Rousse propose une hospitalisa-tion ambulatoire, c’est-à-dire jour-nalière. La prise en charge y est médicale, psycho-logique et sociale : « L’un ne va presque jamais sans l’autre » selon Philippe Lack, qui ajoute « l’addiction ne se traite pas uniquement par la prise de médicaments. Il faut un accompagnement psychologique voir psychiatrique. L’intervention sur le plan social peut être nécessaire. L’ad-diction conduit parfois à une exclusion sociale ». Toutes les addictions n’ont pas de traitement de substitution

Le CSAPA de la Croix-Rousse traite di-verses addictions, aussi bien comporte-mentales que de produits stupéfiants : « Nos patients sont des accros au jeu, des addicts sexuels, aux médicaments ou encore des toxicomanes ». Le dénomi-nateur commun au traitement de chaque addiction est la nécessité d’une période de sevrage : « la durée varie en fonction de chaque patient ». Mais certaines addic-tions n’ont pas de traitement de substitu-tion : « il n’existe, par exemple, aucun trai-tement de substitution à la cocaïne. Pour l’alcoolisme, des médicaments tel que le baclofène existent, mais ils n’étaient pas

destinés à cela ». C’est alors qu’inter-vient le traitement psychologique de l’ad-diction : « On va travailler sur le craving pour guérir l’addiction, il faut limiter l’en-vie de consommer le produit ». Le terme « craving » n’a pas de véritable traduction française : « C’est le besoin irrépressible de. Un cocaïnomane, préparant habituel-

lement son rail avec un ticket de métro, peut avoir envie de consom-mer rien qu’en passant devant un distributeur de ticket ».

Les véritables traitements de substitu-tions sont des opiacés destinés aux hé-roïnomanes : « On remplace un opiacé illégal par un opiacé légal, moins dan-gereux et qui permet d’éviter le manque et de restabiliser socialement ». Philippe Lack assure que ces traitements sont « ef-ficaces ».

« La majorité de nos patients ont des polyadditions »

La plupart des patients du CSAPA souffrent de polyaddiction. Il existe des bascules d’une addiction à une autre : « des héroïnomanes sevrés trop vite peuvent devenir alcooliques. Les joueurs pathologiques ont une prévalence à l’al-coolodépendance. Tous nos patients ont très souvent une addiction au tabac ». Si les soins sont primordiaux, la question de la prévention est importante : « autant sur les soins tout le monde s’accorde, pour ce qui est de la prévention c’est plus com-pliqué. Comment faire la prévention d’un produit illégal ? Comment faire la préven-tion de produits qui rapportent de l’argent à l’État ? »

Dr P. Lack, addictologue : « Il existe plusieurs façons de s’extirper d’une addiction. Si certains y arrivent de leur propre chef, d’autres ont besoin d’un accompagnement médical. »

12 % des patients du CsaPa sont

dépendants à des antidouleurs

dossierLES VOIES DE LA gUéRISON

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© Riverbank House

Par Baptiste NOBLE-WERNER et Thomas NICOLAU

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AddictioLE CENACOLO : UN REmÈDE ALtERNAtIf AUX ADDICtIONS

Le travail physique est notre médicament ». Franco Gedda, le responsable du Cenacolo en France présente clairement le principe. Ici, pas de médecin, de psycho-

logue ou de traitement de substitution. Les membres les plus anciens encadrent les nouveaux arrivants, via un système de parrainage. « L’Ange-Gardien », c’est ainsi qu’ils le nomment, devient ainsi le premier ami, le premier pilier du nouveau venu.

Se déraciner pour avancer Les maisons sont refermées sur elles-mêmes, pas de téléphone, d’ordinateur, ou de télévision. Le but étant de sortir les membres de leur ancien environnement. Un ancien cuisinier ne se char-gera pas de faire le repas. Il apprendra à faire autre chose, de

la maçonnerie, du jardinage, grâce à la transmission du savoir des autres membres. Le but de ce déracinement est d’aider la personne à travailler sur les raisons qui ont fait d’elle un addict. « Nous effectuons un travail personnel pour comprendre notre problème », raconte Bernard, présent à la ferme depuis 5 ans. Un problème que beaucoup n’ont pu résoudre par un traitement médical auparavant. « Les personnes qui viennent ici ont touché le fond, pour mon cas, c’était la seule solution », confie-t-il.

La foi, un moteur essentiel à la guérison Les membres de la communauté sont reliés par la foi. La prière fait partie intégrante de la ferme. Se recueillir avant de commen-cer la journée est un point très important, qui peut donner lieu à des situations cocasses. « Quand j’ai vu des drogués à genoux prier le chapelet, le premier jour, je me suis demandé où j’étais tombé », sourit Bernard. Il est important de préciser qu’il n’est pas nécessaire d’être catholique pour intégrer la communauté. « Mais souvent, la foi touche les membres non croyants, chacun à sa manière », explique Simon, lui aussi présent à la ferme depuis quelques années. Une méthode de guérison différente, mais qui porte ses fruits, « ceux qui vont au bout du chemin ne retombent pas dans leurs travers ». Ceci est dû notamment aux nombreux contacts dans et hors la communauté qui évitent de se retrouver seuls lors du départ de la ferme.Simon (à gauche) et Bernard (à droite) responsables de la fraternité d’Ars.

La « Communauté Cenacolo » Née en juillet 1983 des mains de sœur Elvira Petrozzi. 56 fraternités destinées à l’accueil des toxicomanes sont présentes partout dans le

monde.

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La ferme du Cenacolo d’Ars-sur-Formans accueille aujourd’hui 16 hommes venus se reconstruire dans la foi. Les membres de la communauté se soutiennent les uns les autres pour avancer ensemble.

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ddictioA

RItALINE LA DROgUE DES étUDIANtS

Marie* a 20 ans. Elle étudie le com-merce à l’université Lyon 3. Elle a de bons résultats, ses parents sont

fiers d’elle. Ils lui ont même accordé une année d’étude à Montréal. Élève sérieuse, travailler 6 heures d’affilée ne lui fait pas peur. Sauf que Marie se drogue. Elle prend de la Ritaline, ce médicament que l’on prescrit aux enfants atteint de troubles de l’attention et d’hyperactivité. Pour Ma-rie, la Ritaline est un moyen efficace pour réviser ses examens. « Ça m’aide à me concentrer et à rattraper le retard que j’ai pris dans mes cours », confie-t-elle.

« En une après-midi, j’arrive à faire ce que je ferais en quatre jours »

Le comprimé stimule sa concentration pendant 5 heures. «Je reste à la biblio-

thèque universitaire sans même avoir be-soin d’une pause clope ». Mais Marie rela-tivise : « Je sens que je ne suis pas dans un état normal, je suis nerveuse, il ne faut pas qu’on me dérange dans mon travail ». Elle n’en a pris que deux fois pourtant « ça m’a fait peur, explique-t-elle, je n’arrivais pas à m’arrêter de travailler, c’était frus-trant ». Marie n’est pas seule dans ce cas. En France, la prescription de la Ritaline est limitée : les pédopsychiatres hospita-liers prescrivent, les généralistes renou-vellent l’ordonnance. Pour cause, on la surnomme « la cocaïne des enfants ». Aux États-Unis, c’est différent. Entre 1989 et 1996, les prescriptions de Ritaline ont augmenté de 600 %.

Le business autour de la Ritaline

Marie n’est pas une droguée, c’est une victime. Il est fréquent d’entendre que

les industries pharmaceutiques privilé-gient leurs intérêts financiers à la gué-rison des patients. Novartis, l’entreprise qui fabrique la Ritaline, aurait versé 750 000 dollars pour diffuser le médi-cament à grande échelle, selon l’étude d’Andrew Waters. Les laboratoires n’ont jamais réfuté cette information. L’Ame-rican Psychiatric Association, une des organisations financées par Novartis, est accusée d’avoir élargi les critères de diagnostic du TDAH pour augmenter le nombre de prescriptions de Ritaline. Un enfant coupant la parole est alors devenu un enfant atteint de troubles du compor-tement. Coup de marketing réussi : 10 à 12 % des garçons âgés de 6 à 14 ans étaient sous Ritaline en 1995, d’après l’Organisation mondiale de la Santé. À partir des années 2000, des effets se-condaires graves sont diagnostiqués. Ce-pendant, aucune sanction n’a été levée contre la filiale Novartis.

*Prénom modifiéAntoine, Maéva et Mathilde

Nombreux sont les témoignages qui prouvent l’efficacité de la Ritaline. Les résultats immédiats sou-lagent : baisse de l’agitation et de la distraction, amélioration de la concentration, de la mémoire et de la patience. La puissance du médicament entraîne pourtant des effets négatifs, qui amènent les patients à prendre d’autres traitements pour contrer les conséquences de la Ritaline. Les effets secondaires à long terme sont néfastes : retard de croissance, tics faciaux, mouvements incontrôlables, vertiges, perte de l’appétit, troubles du sommeil, dépression, irritabilité excessive, augmentation du rythme cardiaque, migraine forte, bouton ou urticaire, perte de cheveux, température, sécheresse de la bouche, douleurs des articulations. La prescription abusive de la Ritaline dans les années quatre-vingt-dix a provoqué des souffrances irréparables chez beaucoup de patients et fut, dans certains cas mortels. Les personnes consommant de la Ritaline sans nécessité médicale s’exposent à l’apparition de maladies graves.

Médicament destiné aux enfants atteints de troubles du comportement, la Ritaline est aussi détournée par les étudiants. Dangereux pour la santé, il est considéré en France comme un psychotrope. 13

Addictio

Le décès d’une jeune femme après une soirée au Double Mixte le mois dernier pose plus que jamais

la question de la prévention des dro-gues. L’événement ne change pas pour autant la façon de penser de Marlon, bénévole pour Keep Smiling, une association lyonnaise spécialisée dans le domaine.Dans le milieu festif, la consomma-tion est inévitable. Depuis vingt ans, l’organisme tient des stands dans les soirées électro et les free-par-ties pour aider les fêtards à réfléchir leurs prises de risques. Ils étaient pré-sents le soir de l’incident, et ont appris le décès dans la presse.

Prévenir les risquesKeep Smiling préfère renseigner les consommateurs sur les drogues auxquels ils sont confrontés, pour leur permettre d’éviter les risques. L’overdose du Double Mixte renforce cette conviction.Les bénévoles présents n’auraient peut-être pas empêché la prise de MDMA de la jeune femme, mais l’auraient surement convaincu de consommer autrement. Cet organisme n’est pas formé pour secourir

lors d’overdoses, mais pour les éviter, voir pour gérer d’éventuelles crises de panique.

« Faire la police rebute les consomma-teurs, explique Marlon, on cherche plutôt à les aider à passer la soirée dans la meil-leure situation possible en limitant au plus les risques. On pense que les usagers sont plus à même de comprendre des jeunes concernés plutôt qu’un docteur ou un psy-chologue qui ne connaît bien souvent que la partie théorique liée à la drogue. » Selon Marlon, depuis les vingt dernières années, les nouvelles générations de fê-tards ont de plus en plus conscience des dangers liés aux stupéfiants. Pourtant il est souvent difficile de connaitre les di-verses drogues qui circulent en soirées.

De nouvelles molécules ont été retrouvées dans la MDMA qu’avait consommée la jeune Lyonnaise. Pour Keep Smiling, une

drogue inconnue est toujours syno-nyme de danger. Les bénévoles pré-sents auraient pu la mettre en garde. Les associations de prévention ont toutefois un pouvoir limité. « C’est aussi au consommateur de venir se renseigner. Cela limite énormément notre champ d’action ». Pour autant, ces organismes amènent du renou-veau dans la limitation de l’usage de drogues. En étant présents sur des

soirées légales et des free-parties, ils ap-portent un cadre sain où se renseigner devient facile.

Hugo Cléchet et Oussama Belghazi

LA PRéVENtIONAU SERVICE DES mILIEUX fEStIfSÀ Lyon, les drogues de synthèse font un carton dans les soirées électro. Keep  Smiling, une association de prévention dans les milieux festifs, combat chaque jour les risques liés à leur consommation.

Les bénévoles de Keep Smiling se dé-placent aussi dans les soirées LGBT (Les-bien Gay bisexuel et transsexuel) pour prévenir des maladies liées au sexe. Ils organisent des tests de dépistage des MST dans leurs locaux toutes les deux semaines, avec l’aide de deux autres associations.

« Les usagers ont de plus en plus conscience de la dangerosité

de tout ça. »

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ddictioA

dose DE BRÈVE

La bigorexie est l’addiction au sport. Celle-ci s’est révélée être bénéfique dans la tête de la personne qui en est atteinte, soit une addiction « positive ». La pratique excessive d’un sport donne au corps une certaine satisfaction une fois l’exercice terminé et permet d’augmenter l’estime de soi.

Facebook serait une addiction semblable à celle de la co-caïne. Selon l’étude américaine de l’université de Californie du Sud, le réseau social agit sur les mêmes zones du cerveau que la cocaïne. Cependant, chez les étudiants de cette étude, les zones du cerveau impliquées dans l’inhibition des impulsions fonctionnaient normalement, contrairement aux consommateurs de drogue.

selon la psychologue clinicienne Haoua Berkane, l’ad-diction aux jeux d’argent est due à un manque d’estime de soi. Comme toutes les addictions, elle peut être considérée comme une maladie à partir du moment où l’on rentre dans un com-portement compulsif. Ce sont des personnes qui ont une pro-blématique avec la perte de l’autre et ressentent le besoin de dominer la réalité.

Le jeune homme dont l’ami était décédé d’une overdose à son domicile, en Bretagne en août 2014, va être mis en examen pour non-assistance à personne en danger. Les deux hommes étaient de grands consommateurs de drogues dures, il est dé-cédé pendant la nuit à côté de son ami qui s’en est aperçu le lendemain.

isnort est le nom d’une application en rapport à la drogue qui a été interdite. Cette application consistait à faire semblant de sniffer des rails de cocaïne. Il suffisait de prendre une paille, la coller contre son téléphone et aspirer le trait de poudre virtuel. Celui-ci disparaissait dans le mouvement de la paille.

« Je peux le dire avec certitude, j’ai une dépendance aux jeux vidéo, j’ai besoin de ma ‘dose’, je ne fais que ça, je ne parle plus que de ça, je ne rêve plus que de ça. » Voici le témoignage d’un lycéen. Il explique que l’histoire débute avec une rupture amoureuse et un déménagement. Le seul remède contre la déprime était les jeux vidéo. Sans s’en rendre compte, ceux-ci sont devenus indispensables à sa vie.

© Ghnassia Anthony/SIPA

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