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Alphabets Alphabets LE MAGAZINE DE L’UNIVERSITé STENDHAL - GRENOBLE 3 - N°6 - MARS 2008 3 masters inédits : une ouverture résolument internationale L’université Stendhal au cœur d’un projet européen sur le multilinguisme alpin : LexALP Sortir de la tourmente

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Le magazine de l'université Stendhal Grenoble 3

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Page 1: Alphabets n° 6

Apprenez la langue de votre choix à votre rythme !

AlphabetsAlphabetsLe magazine de L’université stendhaL - grenobLe 3 - n°6 - mars 2008

3 masters inédits : une ouverture résolument internationale

L’université stendhal au cœur d’un projet européen sur le multilinguisme alpin : LexaLP

sortir de la tourmente

Centre d’apprentissage en autonomie (CAA)Maison des langues et des cultures1141, avenue centrale – Domaine universitaire – Saint Martin d’HèresTél : 04 76 82 77 40 – [email protected]/caa

Page 2: Alphabets n° 6

Agenda

sommaireLe mot de la rédaction

Alphabets

L’université Stendhal traverse un mo-ment unique de son histoire, entre interrogations sur son avenir insti-tutionnel et disciplinaire, les réfor-mes induites par la loi LRU, le plan licence... et le projet d’unification des

universités de Grenoble. Ce numéro d’Alphabets n’en faitpas l’impasse, au contraire ; les articles livrés ici, au-delà de leur valeur propre, témoignent de la place incontournable d’une université littéraire dans l’en-semble académique et scientifique grenoblois. Ici, plus qu’ailleurs, le linguiste et l’ingénieur font converger, pour la cause commune, les humanités, les sciences exactes et les techniques.

Un numéro d’Alphabets ne pourrait contenir plus que quelques figures de cette convergence. Le lecteur y trouvera, cependant, des cas emblématiques du rôle qui est le nôtre au plan de la formation, de la recherche, de la divulgation et de la valorisation des savoirs. Que l’on songe, par exemple, aux dernières publica-tions de notre université (pages 15 à 17), à l’exploit de Galanet (page 14), ou au projet LexAlp (page 11) qui travaille au développement concomitant des langues des pays alpins, des droits nationaux et des techniques numériques. Ou à l’interview de la doctorante Isabelle Przysucha (page 13) qui explique la démarche scientifique de cette recherche, similaire à celle des recherches les plus pointues des sciences physiques. Ou bien encore à l’extraordinaire dynamique de quelques unes de nos formations, qui « s’exportent » de plus en plus. C’est le cas de trois masters de l’UFR des Sciences de la communication en Chine, en Algérie, au Sénégal (lire Trois masters inédits, page 4, accompagné du témoignage de l’étudiante chinoise Jing Lin).

Les formations offertes par l’université Stendhal et les recherches qui y sont développées ont, toutes, à des niveaux divers, un socle ou une portée internationale. C’est là une vocation consubstantielle à une université spécialiste des langues, des lettres, de la communication… C’est aussi, nous en faisons le vœu, un apport irremplaçable de l’université Stendhal à la future proche Université de Grenoble. Ce numéro d’Alphabets est, à ce titre, porteur d’optimismepour l’avenir. Bonne lecture !

Luiz R. Busato

Colloques

Jeudi 3 et vendredi 4 avril Paris, 1553 audaces et innovations poétiquesBibliothèque nationale de France (Paris)Organisation : Olivier Halévy, équipe RARE université Stendhal, Jean Vignes, profes-seur à l’université Paris 7Contact : [email protected]

Jeudi 3 et vendredi 4 avril Pays, paysages, passages : la symbolique de l’espace dans l’œuvre de PasoliniGrande salle des colloquesOrganisation : Lisa El Ghaoui et Christophe Mileschi (GERCI)Contact : 04 76 82 68 56

Vendredi 30 maiterminologie de la guerre contre la terreurSalle des conférences - Maison des langues Organisation : Département d’études orientales en partenariat avec le LIDILEM, l’université de Genève et l’université McGill Contact : [email protected]

Journée d’études

Vendredi 30 mai 2008science et poésieMaison des langues Organisation : Centre d’études sur les modes de la représentation anglophone (CEMRA). Contact : 04 76 82 68 17

ConférencesOrganisées par l’École doctoraleContact : 04 76 82 68 23

Lundi 7 avril à 13h45 - Maison des Langues du texte au réel Philippe Forest, maître de conférences à l’université de Nantes et critique littéraire

Mardi 8 avril à 14h00 - Maison des Langues intertextualité et témoignageTiphaine Samoyault, professeur à l’uni-versité Paris 8, spécialiste de littérature contemporaine, écrivain, et critique.

Mercredi 9 avril à 14h00Maison des languesPoésie et traductionPar Yves Bonnefoy, professeur au Collège de France, auteur de La longue chaîne de l’ancre et de la traduction des Sonnets de Shakespeare

Séminaires

Mercredi 2 avril à 17h30Maison des languesLire le positionnement dans l’écrit scien-tifique : un programme de recherche pour scientext par Francis GrossmannDans le cadre du séminaire « De l’édition à la lecture » organisé par Yves Citton, Claude Coste et Michel Lafon

Jeudi 3 avril à 16h00 - MSH Alpesretour sur l’histoire littéraireSéance de conclusion du séminaire interdisciplinaire « Littérature, histoire, sciences sociales : une interrogation sur l’“objet texte” »Contact : [email protected]

Mercredi 23 avril à 18h00 Le canon paralittéraireGrande salle des colloquesJulie Penasse, étudiante en master 2 Espagnol Séminaire commun organisé par François Gramusset, François Genton et Enzo Neppi Contact : [email protected]

Jeudi 29 mai à 18h00 Canonisation française d’un roumain inconnu en roumanieGrande salle des colloques Diana Labontu, doctorante au centre de recherche ECRIRE Séminaire commun organisé par François Gramusset, François Genton et Enzo Neppi

Élections

Mardi 13 mai sur les trois sites de l’uni-versité Stendhal à Saint Martin d’Hères, Échirolles et Valence. élections des représentants aux trois conseils de l’université : Conseil d’admi-nistration, Conseil des études et de la vie universitaire, Conseil scientifique.

Événements à l’AmphidiceService culturel : 04 76 82 41 05www.u-grenoble3.fr/amphidice

Jeudis 10 et 24 avril à 19h30brèves de trottoirs : Que sera demain ?Atelier théâtre des étudiants en licence Arts du spectacle (2e année)

Vendredi 23 mai à 19h30Les maîtres - fugueurs de Dominique PaquetAtelier théâtre des étudiants en licence Arts du spectacle (3e année)

Jeudi 29 mai à 19h30Représentation donnée par les étudiants de l’ Atelier théâtre d’espagnol

Autres événements culturels

Du 25 mars au 4 avril19e Festival arts mêlésPlus d’informations sur : www.artsmeles.fr.fmContact : [email protected]

Poésie : écouter une langueCycle de lectures organisé par Philippe Henri - De 12h40 à 13h20 Bibliothèque universitaire Droit-Lettres Contact : Karin Busch – 04 56 52 85 59

Lundi 7 avril Lecture de poèmes en anglaispar Shaeda Isani et Sébastien ScarpaMercredi 14 maiLecture de poèmes en allemandpar Sophie Bourgeois-Lorrain et François GentonJuin (date à préciser)Lecture de poèmes en italienMichèle Coury et Christophe Mileschi

Le magazine de l’Université Stendhal - Grenoble 3 - N°6 - Tirage : 6000 exemplaires - Dépôt légal à parution - ISSN : 1772-1873. Directeur de la publication : Patrick Chézaud. Directeur de la rédaction : Luiz R. Busato. Responsable éditoriale : Nadia Samba. Ont collaboré à ce numéro : Bernard Émery, Élisabeth Lavault-Olléon, Christian Degache, Julie Besse, Yves Nicolas, Amanda Rueda et les entités suivantes : CRI - CRELIT, ELLUG, ILCEA - GREMUTS, service culturel, UFR des Sciences de la communication. Graphisme et réalisation : Service communication / Aline Girodet. Fabrication : Imprimerie Fagnola. Crédits photographiques : © Université Stendhal / Bérangère Haëgy, Renée Monin, Aline Girodet, Éric Chamberod, Julie Besse, Nadia Samba.© Ardèche Images. © Théodore de Bry - image tirée des Grands voyages, 1591. © Moacyr Andrade, Détail du tableau Nossa senhora de aparecida do Amazonas. © Jean-Philippe Clément. © BNF.

Contact : Université Stendhal - Grenoble 3 - Service communicationBP 25 - 38040 Grenoble cedex 9 - France. Tél. : 04 76 82 43 49 - Courriel : [email protected]

actualitéSortir de la tourmente

Formation3 masters inédits : une ouverture résolument internationale• Communication et management à l’international : un master sur mesure• Des professionnels du secteur pétrolier algérien à l’école de la communication d’entreprise • Le Master Réalisation documentaire de création ouvre au Sénégal

recherche Utopie brésilienne et luso-tropicale thèses

PerspectivesL’université Stendhal au cœur d’un projet européen sur le multilinguisme alpin : LexALP

Galatea, Galanet, Galapro : 3 générations d’un projet européen sur l’intercompréhension en langues romanes

Livres

FocalesLe temps des contrats

agenda

Pour plus d’informations, une seule adresse : www.u-grenoble3.fr

Entrée libre

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Focales Actualités

Le temps des contrats sortir de la tourmente

année 2007 a été pour l’université Stendhal, comme pour un gros tiers des établissements

français, l’année du renouvellement des contrats qui nous lient avec nos principaux financeurs, au premier rang desquels l’État et, dans une mesure moindre, la Région Rhône-Alpes. Ces contrats quadriennaux, à présent synchronisés, apportent à l’université une part grandissante de son budget et constituent un outil de développement stratégique pour les établissements, ainsi qu’un levier de régulation et d’éva-luation pour l’État et la Région. des partenariats vitaux

La relation partenariale ainsi établie voit l’université élaborer un projet constitué d’un certain nombre d’axes stratégiques qui, après évaluation des résultats du précédent contrat et avis sur la pertinence du nouvel engagement, font l’objet d’une négociation avec le parte-naire appelé à soutenir financièrement les projets présentés. Pour la période 2007-2010, l’université Stendhal a ainsi obtenu de l’État 6,77 millions d’euros sur les cinq axes que constituent la formation, la recher-che, la maintenance immobilière, le pilo-tage (y compris l’action internationale) et la vie étudiante. Le soutien de la Région Rhône-Alpes s’établit à 1,46 millions auxquels s’ajoutent 590 000 euros d’aides à la mobilité internationale. Nous som-mes donc installés dans un schéma contractuel devenu essentiel à la vie des établissements et encore appelé à se renforcer étant donné la volonté de notre ministère d’accroître la proportion de financement contractuel dans les prochaines années.

du rôle d’une « université des humanités » dans un monde en mutation

L’élaboration et la mise en place du projet quadriennal d’établissement sont ainsi devenues des actions de première importance mobilisant très largement les forces des universités et engageant leur réflexion stratégique dans un monde en mutation. À cet effet, l’université Stendhal a pris un certain nombre de positions susceptibles d’affirmer le rôle qu’elle entend jouer à la fois dans la société de la connaissance mondialisée, mais aussi au sein de la politique de développement du site universitaire grenoblois en tant qu’ « université des humanités ». En complément de ses actions traditionnel-les au service des langues, des cultures et de la communication, elle a dégagé un axe de recherche autour du « nouvel humanisme », au carrefour des huma-nités et des technosciences. Elle s’est aussi engagée pour un accompagnement et une orientation au service d’une insertion professionnelle réussie dans le contexte de l’adaptation aux métiers de demain pour lesquels la maîtrise des codes mondialisés et des cultures diverses sera essentielle. C’est dans ce contexte que le renforcement de son ouverture internationale, déjà très large, notamment en direction de l’Asie prend tout son sens. Enfin l’inscription de la politique d’intégration interuni-versitaire en direction de la création de l’Université de Grenoble regroupant sous forme de PRES (Pôle de recherche et d’enseignement supérieur) l’ensemble des universités du site fait partie intégrante du contrat.

dialogue et construction

Même si la notion d’autonomie mise en avant dans la nouvelle loi sur les Libertés et les responsabilités des universités peut apparaître relative face à un État quasi unique financeur des universités au sein d’une relation partenariale pour le moins inégale, la pratique de la contrac-tualisation permet au moins un véritable dialogue entre la tutelle et les établis-sements. Elle reconnaît à ces derniers la capacité d’élaborer une stratégie spécifique que l’État peut choisir de suivre entièrement ou en partie. Dans cette optique, la mise en place de la loi courant 2008, après le vote de statuts modifiés, inscrira encore davantage notre université dans cette pratique du dialogue. Il lui appartiendra ensuite, sous l’égide de la construction interuniver-sitaire, d’en faire usage pour alimenter sa réflexion stratégique au service d’un positionnement qui sera d’autant plus efficace qu’il sera original. ■

Patrick Chézaud, Président

de l’université Stendhal

omme de nombreuses universités de France, Stendhal s’est trouvée aux prises avec un mouvement très

dur entre le 13 novembre et le 20 décem-bre dernier. Elle a eu à subir des blocages, des effractions, une occupation partielle prolongée, des dégâts importants, des tags violents. Elle a surtout été tout au long de cette période dans l’incapacité de fonctionner normalement ce qui a causé un préjudice considérable à l’institution et encore plus aux étudiants.

Malgré les efforts incessants et le cou-rage de toute l’équipe de direction et du personnel, il n’a pas été possible d’établir un dialogue constructif avec la minorité mobilisée compte tenu de sa légitimité douteuse et de la radicalisa-tion extrême de ses positions qui ont vite dépassé le simple cadre de la contestation de la loi LRU (Libertés et responsabilités des universités). L’impossibilité du dialo-gue, marquée par des insultes envers les fonctionnaires, la nécessité de préserver la sécurité des biens et des personnes, de prévenir les violences et d’assurer un minimum de fonctionnement du service public, ont conduit de nombreux prési-dents à faire appel à la police. À Stendhal les forces de l’ordre ont dû intervenir deux fois.Une telle radicalisation confinant à la délinquance et appelant l’usage de la force publique indique un tournant dans les relations entre les acteurs du monde universitaire. Les anciens idéaux de vertu et de liberté des savoirs, de respect mutuel et d’autorité morale sont de plus en plus battus en brèche alors que la mutation du contexte social et sa globalisation s’accélèrent.

Dans le monde global et concurrentiel qui est le nôtre, certains sont tentés de refuser en bloc le réel et de se raccrocher aux vieilles idéologies épuisées, nées autrefois d’un contexte radicalement différent. Nos universités sont ainsi la caisse de résonance d’un malaise de civilisation caractéristique d’un ancien grand pays qui peine à se reconfigurer dans un monde où il se voit peser de moins en moins.Il faut entendre ce malaise, même exprimé d’une manière outrancière et inacceptable par une petite partie d’une jeunesse qui sait que son avenir sera peut-être moins facile que notre présent. Il faut se garder d’y céder et s’interdire de l’encourager, car le repli tétanisé sur soi et le refus de tout précipitera le déclin.

Or ce déclin n’est pas écrit, nous avons de multiples atouts qu’il va nous falloir défendre en nous habituant à l’idée qu’ils ne vont pas de soi. Dans ce combat nul-lement perdu d’avance, les humanités enseignées à l’université Stendhal, les langues étrangères, sont des armes irremplaçables. Nos disciplines ne se replieront pas sur elles-mêmes quelles que soient les tentations car elles recèlent une grande partie des clés de

la compréhension et de l’apprivoisement de la complexité du monde qui nous angoisse. C’est dans l’ouverture aux autres hommes, à leurs idées, à leurs croyances, que nous montrerons à nos étudiants déboussolés les pistes d’un avenir qu’ils peuvent construire, de même que c’est par l’explicitation des civilisations que nous apporterons le sens qui manque à l’accélération des sociétés postmodernes.

Notre université, comme toutes les autres, doit donc sortir de la crise par le haut. Ceci n’est pas encore acquis, le désespoir nous guette encore, mais nous pouvons nous appuyer sur le dynamisme et l’excellence d’un site universitaire exceptionnel, auquel nous avons beau-coup à apporter, pour reprendre confian-ce. À cet égard, les élections prévues par la loi LRU qui se tiendront dans les tous prochains mois seront déterminantes. ■

Patrick Chézaud, Président

de l’université Stendhal

« Dans ce combat nullement perdu d’avance, les humanités sont des armes irremplaçables car elles recèlent une grande partie des clés de la compréhension et de l’apprivoisement de la complexité du monde qui nous angoisse. »

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Formation Livres

3 masters inédits :une ouverture résolument internationale

Au cœur même de ses programmes de formation, l’UFR des Sciences de la communication de l’université Stendhal - plus connue sous l’appellation d’Institut de la communication et des médias - affiche de manière déterminée et originale son ambition d’ouverture à l’international.

des professionnels du secteur pétrolier algérien à l’école de la communication d’entreprise En novembre dernier, a été diplômée la première promotion de jeunes cadres, ayant suivi à l’Institut algérien du pétrole le programme du master Communication d’entreprise de l’université Stendhal. Rappelons que cette filière de niveau master 2, spécialement adaptée aux besoins des professionnels, a été créée pour répondre à une volonté politique du Ministère algérien de l’Énergie et des mines de développer une véritable culture de la communication dans le secteur énergétique.

Composée de 10 universitaires et de 8 professionnels, l’équipe pédagogique de l’université Stendhal se rend à Boumerdès, à une quarantaine de kilomètres d’Alger, pour assurer quelque 300 heures de cours par an et encadrer le stage professionnel de 4 mois inhérent à la formation.

Au terme du contrat, fin 2008, les entreprises pétrolières disposeront de 60 managers spécialisés en communication d’entreprise, capables de contribuer efficacement au déve-loppement de leur image et de mettre en place des outils de communication adaptés à leurs objectifs stratégiques.

De gauche à droite : Yves Nicolas, Farida Dekiouk, Michel Bouche et Louiza Guettaf.

Chûsei no shukusaï - densetsu, shinwa, kigenPhilippe WalterTraduction intégrale en japonais de Mythologie chrétienne. Fêtes, rites et mythes du Moyen Âge (2e édition)Hara-shobo, 2007, 298 p.

Sous ce titre surprenant se cache un voyage dans le monde des croyances et des anciennes traditions pré-chrétiennes de l’Europe que le christianisme naissant

essayait de modifier et d’utiliser à son profit. Cette étude redonne une cohérence à des croyances et à des rites toujours présents dans notre culture.

Nicolas François de NeufchâteauPaméla, ou La vertu récompenséeÉdition critique par Martial PoirsonSVEC, 2007, 264 p.ISBN 978 0 7294 0906 3 – Prix 95 € (HT)

Introduite, établie, annotée et commentéepar Martial Poirson, Paméla, ou La Verturécompensée fut l’une des comédies les plus populaires et les plus discutées de la fin du dix-huitième siècle. Cette comédie joue, par la figure de la servante

amoureuse d’un seigneur libertin cherchant à abuser d’elle, sur deux types au moins d’ambiguïtés : ambiguïté du plaisir trouble associé par l’écriture aux violences sexuelles et socia-les faites à la femme, et ambiguïté de l’ascension d’une femme sans condition, à travers le thème obsessif du XVIIIe siècle de la mésalliance et de la mobilité sociale. Comédie anachronique et atypique, essentielle à la connaissance de la réception des littératures anglaise et italienne en France.

Pratiques sociales et didactique des langues Études offertes à Claude Vargas réunies par Élodie Vargas, Véronique Rey, Alain Giacomi.Publications de l’université de Provence, 2007, 278 p. ISBN 978 2 85399 674 7 – Prix 27 €

Cet ouvrage est né de la volonté de rendre hommage aux travaux de Claude Vargas, professeur de linguistique à l’université

de Provence. La langue y est abordée dans sa dimension so-ciolinguistique, mais aussi dans le cadre de l’enseignement, de la didactisation et de la transmission de savoirs. Elle est éga-lement l’objet d’analyses du point de vue de l’énonciation, du discours et de l’écriture.

Sexe et texte Autour de Georges BatailleJean-François Louette, Françoise Rouffiat Presses universitaires de Lyon, 2007.243 p. ISBN 978 2 7297 0802 3 – Prix 18 €

Les romans érotiques de Georges Bataille, d’où viennent-ils, et où vont-ils ? Que doivent-ils à Freud, ou à Musset ? Ont-il laissé une postérité littéraire

par exemple chez Mandiargues, BernardNoël, Denis Roche, ou Mishima ?

De façon plus générale, comment lire les textes qui parlent du sexe ? Faut-il choisir entre bien écrire, et écrire la volupté ? Les textes du sexe savent-ils évoquer les plaisirs de la chair sans perdre pour autant ceux de la langue ?

The Pain of Unbelonging Sheila Collingwood-WhittickRodopi, 2007, 210 p.ISBN 978 90 420 2187 7 – Prix 42 €

Le postulat que pose Sheila Collingwood-Whittick en introduction de cet ouvrage est que la douleur liée au sentiment de non-appartenance constitue une véritable pathologie existentielle endémique dans les sociétés « post-coloniales » d’Austra-lie et de la Nouvelle-Zélande. Chacun des

dix essais rassemblés dans The Pain of Unbelonging propose une réflexion sur ce phénomène à travers la lecture d’une des œuvres contemporaines de la littérature de ces deux anciens territoires britanniques.

Traduction spécialisée : pratiques, théories, formationsÉlisabeth Lavault-Olléon (éd.)Peter Lang, 2007, 265 p.

ISBN 978 303911 218 0

Contrairement à ce que les progrès de la traduction assistée par ordinateur pourraient laisser croire, on n’a jamais autant eu besoin de traducteurs spé-cialisés. Cet ouvrage fait le point avec des traducteurs et universitaires qui

se sont engagés dans des formations adaptées aux enjeux technologiques et économiques d’aujourd’hui. Il aborde les spécificités de la traduction juridique, médicale, audiovisuelle, économique et technique ainsi que la place de la théorie dans les formations.

Variations au cœur et aux marges de la sociolinguistiquePatricia Lambert, Agnès Millet, Marielle Rispail, Cyril TrimailleL’Harmattan, 2007, 350 p.ISBN 978 2 296 02777 0 – Prix 29,50 €

Cet ouvrage rassemble, dans une pluralité de styles, de voix et de regards croisés, des textes, dans lesquels les dimensions sociales du langage et des langues occu-pent une place centrale. Il constitue, un

outil de réflexion majeur sur les enjeux politiques et éducatifs du plurilinguisme et de la variation.

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Livres Formation

Les étudiants du master CMI en visite à l’imprimerie des Deux-ponts

Rencontre avec Jing Lin, étudiante en 1ère année du master Communication et management à l’international à l’Institut de la communication et des médias.

Pourquoi avez-vous choisi le master Cmi à l’université stendhal ? Tout d’abord, parce qu’il n’existe pas de master en communi-cation d’entreprise en Chine ! Mais je dois reconnaître aussi que j’ai toujours été intéressée par la langue et la littéra-ture françaises, domaine dans lequel j’ai obtenu une licence à l’université de Guangdong (Canton). Grâce au partenariat entre cette dernière et l’université Stendhal, des profes-seurs de l’Institut de la communication et des médias sont venus durant trois semaines nous donner des cours de communication d’entreprise, d’introduction aux sciences de la communication ou encore de sémiologie. Les étudiants qui souhaitaient intégrer ce master devaient passer ensuite des examens et des entretiens avec les professeurs. Cette première approche m’ayant plu, j’ai décidé de passer les épreuves de sélection et ai été retenue.

Quels sont, selon vous, les points forts de ce master ?

Cette formation est véritablement complète. Nous avons des cours en commun avec les étudiants du master Commu-nication d’entreprise ainsi que d’autres plus spécifiques à notre master. Et nous sommes très bien entourés par l’équipe pédagogique. Nous avons également la chance de suivre des cours de civilisation française, qui nous permettent de découvrir aussi bien la politique de la France que la mode, le sport ou la cuisine. Je regrette seulement qu’il n’y ait pas plus de nationalités. Pour le moment, nous sommes tous uniquement chinois.

Que souhaitez-vous faire ensuite ?

J’ai adoré découvrir une nouvelle culture. J’envisage donc de poursuivre mon master par des études au Canada, dans le cadre d’un programme d’échanges. Plus tard, j’aimerais favoriser les échanges culturels entre les pays francophones et la Chine.

Communication et management à l’international : un master sur mesureDepuis la signature d’un accord de coopération avec les universités de Canton (en 2000) et plus récemment de Xiamen, des étudiants chinois viennent régulièrement étudier à l’université Stendhal. Dotés d’une grande capacité de travail, ces étudiants réus-sissent généralement. Cependant ils éprouvaient jusqu’alors certaines difficultés à suivre des cursus qui n’avaient pas été pensés pour eux.Face à ce constat, Yves Nicolas, maître de conférences et responsable du master Communication d’entreprise, a bâti une formation sur mesure. Elle allie à concurrence de 40% un volet de management – très prisé sur le marché du travail en Chine – aux fondamentaux de la communication d’entreprise.Dans ce domaine, les cours sont communs aux différentes filières concernées, de façon à ne pas isoler les étudiants chinois de l’ensemble du corps estudiantin. Mais il faut surtout noter que chaque cours commun est prolongé par un cours spécifique, qui permet de revoir les points jugés obscurs et de s’assurer que toutes les notions abordées ont bien été compri-ses. Tel est l’atout maître de ce master.

Par ailleurs, en lien avec leur formation, des activités destinées à leur faire mieux appréhender l’environnement économique et culturel français sont proposées : visite d’imprimerie, parcours en musée, découverte de l’œnologie…Si cette première promotion du master CMI, qui a commencé son cursus à la rentrée 2007, est composée de 12 étudiants chinois, l’idée à terme est de l’élargir à d’autres nationalités. « À condition toutefois, précise Yves Nicolas, que les effectifs soient maintenus à un niveau raisonnable. »

autres éditeurs

L’École des Bourgeoissuivi de L’embarras des richessesJean Christine Soulas d’AllainvalPrésentation de Martial PoirsonÉditions Espaces 34, 2007, 188 p.ISBN 2 84 705 012 4 – Prix 16 €

Ces deux comédies proposent une critique sociale mordante. L’école des Bourgeoisest une comédie de mœurs pour le Théâ-tre français tandis que L’embarras des richesses, comédie allégorique à caractè-

res épisodiques (Théâtre italien), fait intervenir des personnages aussi divers qu’Arlequin, Trivelin ou Plutus.

L’Égypte littéraire de 1776 à 1882Daniel LançonGeuthner, 2007, 705 p.ISBN 978 2 7053 3788 9 – Prix 48 €

Cet ouvrage est une étude d’histoire littéraire et culturelle, sous-titrée Destins des antiquités et aménité des rencontres. Les écrits littéraires de fiction mais aussi d’idées, ainsi que les textes historiques, philosophiques et religieux, comme la littérature des voyages, sont abordés

dans un esprit comparatiste sur une longue durée ce qui permet de comprendre les relations intellectuelles de l’Égypte et de la France à des moments décisifs de leur évolution.

La Française italienne, Legrand L’Italienne française, Dominique, Romagnesi, FuzelierLe retour de la tragédie française, RomagnesiPrésentation de Guillemette Marot et Tomoko NakayamaÉditions Espaces 34, 2007, 152 p.ISBN 2 84 705 032 9 – Prix 16 €

Ces trois comédies illustrent la guerre des théâtres (ici celle que se livraient la

Comédie française et la Comédie italienne), née de l’usurpation des types, des rivalités de comédiens, et des inimitiés d’auteurs.

La société conquise par la communicationTome 3 : Les TIC entre innovation technique et ancrage socialBernard MiègePresses universitaires de Grenoble, 2007, 235 p. ISBN 978 2 7061 1400 7 – Prix 21 €

Les TIC (techniques de l’information et de la communication) ne sont plus nouvelles. Leur développement semble répondre à une poussée technologique irrésistible.

Les choses, cependant, ne vont pas aussi simplement et, aux déterminations techniques, s’ajoutent divers procès sociaux

contribuant à leur ancrage dans la société ; sept de ces procès sont au coeur du présent ouvrage. Les TIC - en tant qu’inno-vations sociotechniques - résultent ainsi de dépendances et de déterminations croisées entre l’ordre de la technique et le social.

Le journal d’un pauvre fonction-naire et autres textesAhmed RassimÉdition établie, annotée et présentée par Daniel LançonDenoël, 2007, 576 p.ISBN 978 2 207 25904 7 – Prix 25 €

Ahmed Rassim (1895-1958) est l’un des plus originaux et des plus doués des écrivains égyptiens d’expression fran-çaise. Créateur entre deux mondes,

pensant en arabe et écrivant en français, il est l’auteur d’une œuvre aujourd’hui injustement méconnue. À la lisiè-re du surréalisme, son œuvre poétique mêle la tradition de l’Orient à une esthétique occidentale. Ses personnages de fiction, ceux du Petit Libraire Oustaz Ali ou du Journal d’un pauvre fonctionnaire, nous apparaissent aujourd’hui comme des anti-héros proches de ceux d’Albert Cossery, empreints de sensualité, de sagesse et de fatalisme. La réédition de ces œuvres permet de découvrir celui que Georges Henein appelait « un grand seigneur qui fit vœu de poésie ». Ce volume inédit est accompagné d’un appareil critique et de présentations qui situent l’oeuvre de Rassim dans le contexte de l’Égypte des années 1930-1950.

Les frontières en questionSous la direction de Noémie Auzas, Nadja Cohen et Sébastien ScarpaPresses universitaires de Grenoble, 2007,220 p. ISBN 978 2 7061 1402 1 – Prix 15 €

L’ouvrage Les Frontières en question rassemble les travaux des 22 doctorants ayant participé au colloque pluridiscipli-naire des jeunes chercheurs grenoblois (1er et 2 juin 2006). Les articles qui com-posent le recueil interrogent la notion

de « frontière » en explorant, tour à tour, les territoires de la géographie, de l’histoire, de la linguistique et des imaginaires artistiques.

Le triomphe de l’intérêtLouis de BoissyPrésentation de Martial PoirsonÉditions Espaces 34, 2007, 128 p.ISBN 2 84 705 028 0 – Prix 14 €

Comédie allégorique fondée sur le tra-vestissement du merveilleux mytholo-gique et chrétien, la parodie des formes dramatiques et lyriques ainsi que sur la satire de l’actualité sociale et politique de son temps.

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Livres

ouvrages des ellugFormation

Arthur, Gauvain et Mériadoc . Récits arthuriens latins du XIIIe siècleTraduits et commentés par Jean-Charles Berthet, Martine Furno, Claudine Marc et Philippe Walter. Sous la direction de Philippe WalterCollection « Moyen Âge européen »

2007 – 302 p. – 14 x 21,5 cm ISBN 978 2 4310 098 7. Prix 29 € Le roi Arthur rencontrant un loup-garou ou disparais-sant mystérieusement à la fin de sa vie, la naissance et les premiers exploits de son neveu Gauvain ou les hauts faits du chevalier Mériadoc :

telles sont les nouvelles merveilles de Bre-tagne rapportées par quatre récits latins du Moyen Âge dont on lira la première traduction intégrale en français.

Dictionnaire des dialectes dauphi-nois par l’abbé Louis MoutierÉdité et présenté par Jean-Claude RixtePréface de Jean-Claude BouvierCoédition IEO-Drôme / Ellug

2007 – 897 p. 17,5 x 24 cm ISBN 978 2 9513518 6 0Prix 35 €L’ouvrage de référence que nous a laissé l’abbé Moutier, écrivain occitan et chef de l’école félibréenne drômoise, se situe dans la lignée des dictionnaires dialectaux

qui ont fleuri en France dans le courant du XIXe siècle. Considéré comme un ouvrage exceptionnel, tant par son ampleur – plus de 25 000 mots – que par sa rigueur, ce diction-naire demeure l’une des sources d’information les plus sûres que nous ayons pour une bonne connaissance du nord-occitan oriental.

Gadda contre Gadda. L’écriture comme champ de batailleChristophe Mileschi

440 p. 14,5 x 21 cm ISBN 2 84310 102 1. Prix 30 € L’œuvre de Gadda (1893-1973) est profondément travaillée par le remords d’avoir voulu et aimé la guerre. Cet essai montre comment cette mau-vaise conscience, jamais avouée directement, pousse

l’écrivain dans de nouvelles erreurs politiques, mais dicte ses meilleures pages. Pour Gadda, écrire, c’est poursuivre sa guerre.

In poesis nomineFlaviano Pisanelli

2007 – 102 p. 14 x 21 cm ISBN 978 2 84310 109 0Prix 12 €À travers l’analyse d’un certain nombre de poèmes des recueils Le Occasioni d’Eugenio Montale et Trasumanar e organizzar de

Pier Paolo Pasolini, ce livre s’interroge sur la valeur sémantique, métaphorique et symbo-lique du nom propre à l’intérieur du langage poétique italien du XXe siècle.

L’envers de la tapisserie Vingt-six études sur le tissu textuel Jean-Charles Gateau Collection « Archives critiques »

299 p. 13,5 x 21,5 cm ISBN 2 84310 091 8. Prix 27 € Une croisière inattendue à travers l’univers de la litté-rature française : vingt-six escales, avec une excursion dans la Grèce antique. Vingt-six escales ou études sans chronologie, qui se suc-

cèdent selon l’arbitraire de l’ordre alphabéti-que des titres. Vous rencontrerez des poètes et des romanciers, des peintres et des monar-ques – et même des papes.

Le Flâneur et les flâneusesLes femmes et la ville à l’époque romantiqueCatherine NesciPréface de Priscilla Parkhurst FergusonCollection « Bibliothèque stendhalienne et romantique »

2007 – 440 p. 14 x 21,5 cm ISBN 978 2 84310 105 2 Prix 32 €Les « flâneuses », ce sont trois femmes de lettres de l’époque romantique : George Sand, Flora Tristan (la grand-mère de Gauguin) et Delphine de Girardin, jour-

naliste, satiriste et humoriste. Par leur mar-che dans la ville, leur écriture de la ville et leur construction de soi, les « flâneuses » inven-tent de nouveaux cadres d’expérience pour les femmes dans l’espace public moderne.

Méduse au miroirL’esthétique romantique de Dante Gabriel RossettiLaurence Roussillon-ConstantyCollection « Esthétique et représentation : monde anglophone (1750-1900) »

2008 – 291 p. 14 x 21 cmISBN 978 2 84310 113 7Prix 30 €Partant du mythe de Méduse, cet ouvrage nous fait entrer dans l’univers poétique et pictural de D. G. Rossetti, figure majeure du mouve-ment préraphaélite anglais.

Par une étude en regard des poèmes et des tableaux, l’auteur nous offre une vision dyna-mique d’une œuvre méconnue du public français.

Stendhal à CosmopolisStendhal et ses languesTextes réunis et présentés par Marie-Rose CorrédorCollection « Bibliothèque stendhalienne et romantique »

366 p. 14 x 21,5 cmISBN 2 84310 102 1. Prix 26 € Stendhal et ses langues : il s’agit d’une approche plu-rielle qui rend compte de la curiosité du linguiste à Milan, de l’argumentation du pam-phlétaire, du questionnement du traducteur ; pour l’habitant

de « Cosmopolis » selon le mot de Valéry, les langues – vivantes ou mortes – sont un lieu d’appropriation et de reconfiguration : une polyglossie constante dans les textes à usage intime tendant à suggérer une autre langue, le « stendhalien ».

Cahiers d’études italiennes, Filigrana, n° 6, 2006, 218 p.« La Nouvelle italienne du Moyen-Âge à la Renaissance »Chroniques allemandes, n° 11, 2007, 329 p.« Penser le pluriculturel en Europe centrale » Chroniques slaves, n° 3, 2007, 229 p. « Voix du monde slave »études écossaises, n° 11, 2008, 307 p.« L’Utopie » Féeries, n° 4, 2007, 286 p.« Le conte, la scène »gaia, n° 10, 407 p. « Revue interdisciplinaire sur la Grèce archaïque » gaia, n° 11, 2007, 206 p.iris, n° 30, 2007.« Imaginaires féminins. Japon et Antiquité gréco-romaine »Les Cahiers de l’iLCea, n° 9, 2006-2007.« L’implicite et les écrits de l’entreprise » Lidil, n° 35, juin 2007, 197 p.« Figures de l’auteur en didactique » Lidil, n° 36, 2007, 222 p. « Échanges exolingues via internet et appro-priation des langues-cultures »recherches & travaux, n° 69, 2006, 133 p.« Du comique dans le théâtre contemporain » recherches & travaux, n° 70, 2007, 203 p. « Les Lettres d’un voyageur de George Sand. Une poétique romantique »recherches & travaux, n° 71, 2007, 190 p.« L’Idiot de la famille de Jean-Paul Sartre »

Le master réalisation documentaire de création ouvre au sénégalTravaillant depuis 2002 avec le Sénégal, où elle organise chaque année une résidence d’écriture ainsi que des rencontres autour de projets de films documentaires, Ardèche Images (program-me Africadoc), association partenaire du master Réalisation documentaire de création de l’université Stendhal, a souhaité collaborer avec l’université Gaston Berger de Saint Louis (Sénégal) pour mettre en place une formation à la réalisation et à la production de type Master 2 pour l’Afrique francophone.

C’est donc tout naturellement que l’université Stendhal a décidé, dans le cadre de sa politique de coopération interuni-versitaire, de participer activement à la mise en place de cette formation qui vise d’une part à palier l’absence de formations longues et de haut niveau dans ce domaine en Afrique franco-phone, et d’autre part à densifier le tissu des professionnels du cinéma et de l’audiovisuel documentaire existant sur l’ensemble du continent africain.

Au-delà de sa participation à la conception de cette formation, l’université Stendhal met à disposition deux enseignants qui se rendent à Saint Louis pour dispenser des cours. Par la suite, des échanges entre les étudiants des deux universités sont envisagés. En attendant, la première promotion d’une douzaine d’étudiants a effectué sa rentrée en octobre dernier. ■

revues des ellug

Pour plus d’informations :www.u-grenoble3.fr/ellug

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Perspectives

intercompréhension en langues romanes galatea, galanet, galapro :

3 générations d’un autre projet européen

Communiquer, pour deux personnes ne parlant pas la même langue, paraît difficile, voire impossible. À moins que ces langues n’appartiennent à la même famille, auquel cas, moyennant le développement de quelques compétences de compréhension, il peut être possible de communiquer en utilisant chacun sa propre langue. C’est ce que l’on appelle l’intercompréhension.

Dans cette perspective, une équipe internationale pilotée par le Laboratoire de linguistique et didactique des langues étrangères et maternelles

(LIDILEM) de l’université Stendhal a eu l’idée dès 1991 de prendre appui sur la parenté des langues romanes pour en favoriser l’apprentissage et l’utilisation : ainsi naît le projet de recherche Galatea. En 1995, il fait partie des programmes Socrates - Lingua D de la Commission Européenne dont l’objectif est l’élabo-ration de produits pédagogiques. Des CD-Roms d’entraî-nement à la compréhension des langues romanes seront ainsi développés.

Pour aller plus loin, l’équipe d’enseignants-chercheurs décide en 2001 de mettre en place une plateforme Internet destinée à faire interagir des étudiants de langues différentes sur des travaux communs : ce sera le début du projet Galanet. Ainsi, depuis 2003, près de 2000 personnes - étudiants, enseignants, adultes, lycéens - ne parlant pas la même langue ont communiqué ensemble via cette

plateforme en espagnol, français, italien, portugais, et maintenant en catalan et en roumain. Le succès est d’ailleurs tel que de nouveaux établissements, émanant aussi de pays hors Union Européenne tel le Brésil ou l’Argentine, participent déjà ou souhaitent participer.Alors pour pouvoir former des professionnels à ces pratiques pédagogiques innovantes, le programme Galapro va être développé d’ici 2010.

Pour en savoir plus : www.galanet.eu et www.dialintercom.eu

Partenaires en 1991 : Université Stendhal, Universidade de Aveiro, Universitat Autònoma de Barcelona, Universidad Complutense de Madrid, Centro DoRif-Università

Partenaires ayant rejoint les initiateurs du projet en 2000 : Université Lumière Lyon 2, Università di Cassino, Université de Mons-Hainaut, Università di Pisa

et en 2007 : Universitatea AII Cuza, Iaşi

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Recherche

utopie brésilienne et luso-tropicale

Perspectives

1) en 2005-2006 et 2006-2007, des étudiants de l’université stendhal ont pu contribuer au projet LexaLP dans le cadre de leur master. en quoi a consisté ce travail, pour vous ?En seconde année de master, j’ai choisi ce projet comme sujet de mémoire en terminologie. J’ai pu participer activement aux différents travaux de l’équipe de l’université Stendhal, et ce, dès le début. Après avoir aidé à découper et à étiqueter le corpus, à évaluer différents extracteurs terminologiques et à tester les fonctionnalités de la nouvelle plateforme, j’ai pris en charge le traitement d’un glossaire d’une soixantaine de termes sur les espaces protégés durant un stage de trois mois effectué chez le coordinateur européen de LexALP à Bolzano, où je travaillais en français et en allemand aux côtés des Italiens et des Slovènes. Dans ce cadre, j’ai également conçu des supports méthodologiques en vue de rendre le projet plus accessible à la nouvelle équipe d’étudiants, que j’ai été chargée d’encadrer tout au long de l’année 2006/07.

2) vous avez participé activement à ce projet. Qu’est-ce que cela vous a apporté ? Quelles ont été les difficultés ?Le fait de collaborer étroitement avec des spécialistes de langues et de cultures différentes au sein d’un groupe pluridisciplinaire a été très enrichissant. Ce sont d’ailleurs les échanges avec l’équipe de LexALP qui m’ont donné envie de m’engager dans un travail de thèse avec le GREMUTS.

Ce n’était pas facile au départ de bien comprendre la finalité de certains aspects du projet et de s’accorder sur la méthodologie. Ensuite, il a fallu gérer le fait que les outils informatiques conçus pour les besoins du projet étaient développés en parallèle et que les fonctionnalités censées permettre un va-et-vient simple et rapide entre les différents modules à utiliser n’étaient pas encore assurées. Nous avons perdu du temps à chercher des solutions satisfaisantes à ces problèmes. De manière générale, l’accessibilité limitée des données en ligne et le nombre de tâches à effectuer en parallèle ont rendu le travail très complexe et difficile à coordonner.

3) en quoi ce projet est-il important pour des traducteurs ?Il y a bien sûr les résultats concrets du projet, en l’occurrence une plateforme simple d’utilisation et facile d’accès fournissant non seulement des termes clés avec leurs équivalents et des recommandations d’usage pour les cas problématiques, mais permettant aussi d’accéder de manière ciblée à des documents de référence et de situer un terme dans son contexte juridique. Plus globalement, de par sa structure et les données qu’elle met à disposition, la plateforme LexALP démontre l’utilité d’une approche terminologique transversale et pluridisciplinaire utilisant des corpus spécialisés. À mon sens, elle illustre aussi combien l’environnement du traducteur peut être optimisé à l’aide des nouvelles technologies.

Les projets Interreg favorisent la coopération transfrontalière et transnationale et contribuent à « former des Européens » en construisant une Europe concrète qui s’appuie sur les régions. Le programme Interreg III B - Espace alpin a accompagné une soixantaine de projets entre 2000 et 2007, dans des domaines aussi variés que l’aménagement du territoire, l’accessibilité, la valorisation du patrimoine culturel et la prévention des risques naturels.Cependant, même sans être le chef de file, la gestion d’un tel projet n’est pas une sinécure pour les partenaires !

Avant la signature de l’accord de partenariat, le budget doit être prévu dans les moindres détails. Dans le programme Interreg III B, le coût du projet est couvert à parts égales (50/50) par le Fonds européen de développement régional (FEDER) et par les partenaires : pour une université, cela signifie que, pour prétendre à un financement donné, il faut que les enseignants-chercheurs concernés s’engagent à fournir effectivement un nombre d’heures de travail correspondant à un montant équivalent. L’université doit en outre avancer tous les fonds car le financement n’est débloqué qu’après des mois de procédure. Les travaux sont échelonnés et budgétés par lots ou WP (« work package »), correspondant aux objectifs, et par lignes de dépenses (personnel interne ou externe, matériel, missions, etc.).

Au moment de la conception du projet, il est très difficile de prévoir le temps qui sera consacré à chaque tâche et les besoins engendrés par le projet.

Une fois le projet lancé, sont demandés tous les six mois des rapports financier, d’activité et portant sur les publications liées au projet. L’adéquation entre les prévisions et la mise en œuvre doit être soulignée et les écarts justifiés. La réalisation est contrôlée étape après étape en fonction des objectifs fixés. Toutes les dépenses déclarées, accompagnées de justificatifs détaillés, doivent être d’abord certifiées par l’agent comptable de l’établissement, puis par un organisme indépendant qui vérifie leur conformité au projet. C’est l’Autorité de gestion du programme qui donne le feu vert pour le paiement des fonds (pour le programme Espace alpin, il s’agit du Land de Salzburg). Il faut admettre que dans l’ensemble, les enseignants- chercheurs sont peu préparés à assumer de telles tâches.

i l’Utopie, celle de Thomas More, qui est par nature impossible à situer, doit avoir un lieu, ce ne peut être que le Brésil. C’est en tout cas l’impression que l’on a en lisant

la Lettre de Vaz de Caminha au roi Dom Manuel sur la Décou-verte de la Terre de la Vraie Croix (avril - mai 1500), bientôt plus connue sous le nom de Brésil et qui n’est rien moins qu’une sorte d’épiphanie paradisiaque : on ne peut contester que ce pays ait baigné dans le mythe dès ses origines. Les aventures amazoniennes des premiers visiteurs castillans, et leur réinvention extraordinaire des femmes guerrières, n’ont fait que renforcer l’attrait du mystère dont tout le monde fut saisi, y compris les voyageurs britanniques, tel Sir Walter Raleigh.

Aussi bien, ce délire imaginaire va s’accompagner d’un phéno-mène plus étonnant encore, et jusqu’à ce jour unique en son genre, le métissage complet, que les sociologues appelleront miscégénation (du radical latin « miscere » qui signifie mélanger) et qui se différencie du métissage traditionnel, c’est-à-dire biologique, par une osmose, un syncrétisme cultu-rel qui complète et va au-delà du brassage des caractères purement physiologiques. Le résultat est que le peuple brésilien est unique en son genre et unique dans l’histoire de l’humanité, puisqu’il associe l’apport de trois composantes principales, amérindienne, européenne et africaine – à travers l’esclavage –, dans des conditions historiques et sociologiques, entre les XVIe et XIXe siècles, qui ne se sont jamais reproduites avec ce degréde complétude dans l’histoire de l’humanité. Ce phénomène est d’ailleurs si puissant qu’il permettra de réaliser y compris l’intégration, – autrement dit la « brésilianisation » – des Japonais, nombreux à avoir émigré dans la région de São Paulo, tout aussi bien que des Allemands et des Italiens.

Outre le fait que tous ces gens-là se reconnaissent d’abord comme Brésiliens et parlent avec une extraordinaire unité la norme brésilienne du portugais, les signes de l’osmose sont présents à tous les niveaux, aussi bien dans l’art baroque brésilien, c’est le cas de l’œuvre du célèbre artiste mulâ-tre, l’Aleijadinho (1730 [?] - 1814), que dans les deux exem-ples les plus accomplis de la miscégénation que sont la cuisine bahianaise, issue de la ville brésilienne sans doute la

plus africanisée, ou le « candomblé /macumba », culte afro- brésilien où Marie la virginale, drapée du plus beau bleu marial, devient aussi Iemanjá, déesse de la mer. Encore faudrait-il ne pas oublier l’autre partie du Nordeste et l’Amazonie, qui sont fondamentalement cabocles, c’est-à-dire au sens premier de ce mot issu de la langue tupi, fils de blanc et d’indien… physiquement et culturellement parlant.

Il dérive de cette situation socio-culturelle et anthropologique, le débat sans doute le plus intéressant que pose la sociologie brésilienne : quid de la vaste question du racisme, comment l’imaginer survivant à ce brassage complet, auquel personne ne songerait à dire qu’il y a échappé? Et pourtant il existe, mais il a changé d’oripeaux, il renaît sous forme sociologi-que. Depuis le blanc de type européen jusqu’au « cafuso », métis de Noir et d’Indien, la hiérarchie ne tient pas à la peau ni à la lunule des ongles, mais à la fortune, à l’établissement, à la position sociale traditionnelle. Même débat à propos de la fameuse théorie de l’homme cordial, c’est-à-dire de la gen-tillesse innée du brésilien, qui est effectivement, par la chute des préjugés identitaires, l’une des principales conséquences de la miscégénation. Hélas ! Le déséquilibre effarant de la société brésilienne, issu de décennies de capitalisme sauvage, voire maintenant mondialiste, a généré la favela, le bidonville et tout ce qu’il signifie de violence, de perversion de toute éthique humaine, entre autres, par le marché de la drogue.

Quoi qu’il en soit, l’aura du Brésil demeure. Elle est présente encore avec Brasilia, l’une des capitales réinventées du XXe siècle, et elle s’exprime, malgré ses limites ou ses compromissions passagères avec le colonialisme portugais, dans la théorie du luso-tropicalisme. Cette approche que l’on doit pour l’essentiel au sociologue brésilien Gilberto Freyre (1900-1987), rend compte du fait unique dans l’histoire de l’humanité que nous avons mentionné précédemment et propose des clés intéressantes dégagées de l’histoire des cultures. Cette genèse assez extraordinaire s’est ainsi faite autour de trois valeurs socioculturelles fondamentales : l’ulyssisme, c’est-à-dire le goût d’aller à la rencontre de l’autre et de l’admettre, d’autant qu’il est partout, l’empathie, cette capacité à s’intégrer et à intégrer l’autre dans une forme spontanée de malléabilité culturelle, et enfin une profonde propension collective à la solidarité des pauvres, héritée du christianisme franciscain, le frein principal sans doute à ce qui pourrait être, sans cela, une société fortement marquée par la lutte des classes. Ainsi, de même que la France (de la Révolution) est associée à la trilogie franc-maçonne de Liberté, Égalité, Fraternité, de même le monde luso-brésilien est-il porteur d’une autre trilogie profondément enracinée dans sa nature anthropolo-gique. C’est tout l’enjeu du futur, y compris du futur proche, que de savoir si elle résistera aux dérives du pouvoir de l’argent. ■

Bernard Émery, professeur à l’université Stendhal et directeur du Centre de recherche et d’études lusophones et intertropicales (CRELIT / CRI)

L’implication des étudiants de master Lea traduction spécialisée multilingue dans le projet LexaLP Un entretien avec Isabelle Przysucha

gérer un projet européen ? Pas si facile…

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Perspectives Recherche

des linguistes, juristes et informaticiens de six pays alpins engagés dans LexaLP

C’est ainsi qu’est né le besoin d’harmoniser cette terminologie quadrilingue en créant une base de données spécifique, un grand dictionnaire en ligne, accessible à tous et comportant les termes de l’aménagement du territoire et du dévelop-pement durable présents dans la Convention alpine et ses protocoles. Commencé en 2005, le projet LexALP regroupe huit équipes de linguistes, de juristes, d’informaticiens et de représentants des États ou des régions issus de six pays alpins : Allemagne, Autriche, France, Italie, Suisse, Slovénie. Le projet s’inscrit dans le programme Interreg III B et est financé pour moitié par l’Union européenne, pour un coût total de 1 850 000 €. Deux équipes françaises (toutes deux de Grenoble), soutenues par l’État via la DGLFLF (Délégation générale à la langue française et aux langues de France) participent au projet : une équipe de l’université Stendhal effectue une partie du traitement terminologique après avoir constitué le corpus juridique français et proposé un outil d’extraction ; une équipe de l’université Joseph Fourier a développé un système informatique novateur pour la base de données et en assure la diffusion.

Les résultats : la plateforme LexALP comprend une base bibliographique et un corpus contenant près de 3000 docu-ments (20 millions de mots) qui réglementent ou concernent directement les domaines de l’aménagement du territoire et du développement durable, sur neuf niveaux de législation : Convention alpine, droit international, droit communautaire, législations nationales, voire régionales. Mais c’est la banque de termes qui est l’aboutissement du projet : plus de 500 concepts traités en quatre langues aux différents niveaux de législation. Elle apportera une aide précieuse aux traducteurs, rédac-teurs, juristes et personnels administratifs de l’espace alpin concernés par l’application de la Convention alpine et par son intégration dans les législations nationales et régionales.

une démarche multilingue et multijuridique

La démarche multilingue et multijuridique adoptée par les chercheurs du projet a mis en évidence des variations qui peuvent être le fruit de traductions incorrectes ou d’un manque d’harmonisation terminologique mais aussi correspondre à des différences juridiques ou linguistiques profondes. Ce sont évidemment ces cas difficiles qui donnent à la plateforme LexALP tout son intérêt. Par exemple, l’un des protocoles de la Convention alpine vise à sauvegarder les fonctions écologiques et protectrices des forêts de montagne et engage les parties contractantes à attribuer des compensations aux forestiers en ce sens. Encore convient-il de s’accorder sur la définition d’une « forêt de montagne », sachant qu’en droit international les zones de montagne sont définies en fonction de l’altitude et de la pente alors que le droit communautaire prend également en compte des critères comme le fort contraste du relief (certaines zones côtières) ou la latitude (certaines zones nordiques) et que, dans les Alpes, les législations diffèrent (zone au-dessus de 600 m en Italie, 700 m en Allemagne, de 600 à 800 m en France). Même difficulté pour la pro-tection de l’eau, lorsqu’il s’agit de définir « eau potable », les catégories « eau potable » et « eau destinée à la consom-mation humaine » pouvant être soit équivalentes soit distinctes selon les législations.

Plus délicat encore, certains concepts juridiques ont une exis-tence dans un pays et pas dans d’autres : la « Verbandsklage » allemande évoque une « action collective » proche de la « class action » américaine qui n’est encore entrée ni dans le droit français, ni dans le droit italien.

Le travail des linguistes consiste à mettre au jour ces différences et à proposer au groupe d’harmonisation du projet une défini-tion qui puisse convenir à la Convention alpine avec un terme dans chaque langue. Sur un plan purement linguistique, vou-loir à tout prix établir des équivalences entre deux langues romanes, une langue germanique et une langue slave relève souvent de la quadrature du cercle. Ainsi, les Slovènes ont souri de nous voir traiter spécifiquement de la « lutte contre les incendies » qu’ils font simplement rentrer dans la « gestion du feu ». Et lorsqu’il s’agit de faire l’inventaire des sols pollués et que le terme « cadastre des sols » est suggéré par les termi-nologues allemands, les Italiens et les Français se déchaînent pour défendre l’unicité de leur sacré « catasto » ou « cadastre ». Stimulant sur tous les plans, ce travail collectif avec nos voisins alpins nous permet de contribuer à la fois à l’application d’une législation qui protège notre environnement et à la valorisation du multilinguisme européen.La plateforme LexALP sera opérationnelle à partir du printemps et accessible sur le site : www.eurac.edu/lexalp. ■

Élisabeth Lavault-Olléon, chef de projet LexALP pour l’université Stendhal et directrice du Groupe de recherche multilingue en traduction spécialisée (GREMUTS - ILCEA).

L’équipe de l’université Stendhal associe des enseignants-chercheurs de l’UFR de Langues (GREMUTS / ILCEA : Élisabeth Lavault-Olléon, Claire Allignol et Sylvie Martin-Mercier) et de l’UFR des Sciences du langage (LIDILEM : Francis Grossmann et Thomas Lebarbé) ; l’équipe de l’université Joseph Fourier regroupe des chercheurs du laboratoire CLIPS IMAG (Gilles Serasset et Francis Brunet-Manquat).

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Thèses Perspectives

atefeh navartchi« L’intégration des documents vidéo authenti-ques dans les cours de FLE en Iran »Sous la direction de Jean-Emmanuel Lebray. Sciences du langage, 08/06/2007. myriam roche« José Maria Guelbenzu : contours et détours de la subjectivité romanesque »Sous la direction de Georges Tyras. Langues, littératures romanes, 22/06/2007.

aude noiray« L’anticipation d’arrondissement vocalique et le modèle d’Expansion du Mouvement. Deux extensions : du français à l’anglais et de l’adulte à l’enfant »Sous la direction de Christian Abry. Sciences du langage, 29/06/2007.

Catherine Puig verona« L’œuvre fictionnelle de Manuel Rivas : une poétique de la frontière »Sous la direction de Georges Tyras.Langues, littératures romanes, 16/06/2007.

stéphanie bruno meylan « Les exilés d’Outre-Monde, la représentation idéalisée de l’Amant dans l’imaginaire fémi-nin. Étude contrastive entre les lais de Marie de France et Genji monogatari du Murasaki Shikibu »Sous la direction de Philippe Walter. Langue et littérature françaises, 18/06/2007.

Coralie Payre - Ficout« L’apprentissage du prétérit et du present perfect dans le cadre scolaire : étude extensive chez des apprenants francophones du secon-daire et des étudiants du supérieur »Sous la direction de Jean Pierre Chevrot. Sciences du langage, 24/09/2007.

valérie morisson« L’art anglais contemporain face au post-modernisme : évolution et dislocation des rapports de l’œuvre à l’identité nationale »Sous la direction de Patrick Chézaud. Études anglophones, 20/10/2007.

abdul Krim ziani« La chaîne Al Jazira et la guerre contre l’Irak : couverture médiatique et traitement de l’information »Sous la direction de Bernard Miège. Sciences de l’information et de la communi-cation, 25/10/2007.

sébastien scarpa« Algernon Charles Swinburne et les enjeux post-romantiques de la création »Sous la direction de Denis Bonnecase. Études anglophones, 26/10/2007.

Corinne granier« Publicité et politisation de la consommation : la formation de la figure du consommateur citoyen en France »Sous la direction de Isabelle Pailliart.Sciences de l’information et de la communi-cation, 08/11/2007.

marion amblard« L’âge d’or de la peinture écossaise 1707-1843 : naissance d’une école nationale » Sous la direction de Patrick Chézaud. Études anglophones, 10/11/2007.

Christine ramat« La dramaturgie grotesque de Valère Novarina »Sous la direction de Pierre Jourde. Littérature française, 19/11/2007.

Christian surcouf« L’opposition imparfait / passé simple : approche théorique et application didactique par le film en FLE »Sous la direction de Jean-Pierre Chevrot et Jean-Emmanuel Le Bray. Sciences du langage, 19/11/2007.

guillaume issartel« La Geste de l’Ours. L’épopée romane dans son contexte mythologique »Sous la direction de Philippe Walter. Littérature française, 20/10/2007.

maryse aubut« Attraction et répulsion dans le Bavard de Louis-René des Forêts »Sous la direction de Jean-Pierre Bobillot.Lettres, 23/11/2007.

Julien Piat« L’expérimentation syntaxique dans le nou-veau roman (1950-1960) Beckett, Pinget, Simon »Sous la direction de Gilles Philippe. Lettres et arts, 26/11/2007.

david marron« Une pensée archipélique des relations Texte/Musique/Scène dans la création con-temporaine (1984-2006). Réflexion sur des œuvres de Jean-Pierre Drouet, Pascal Dusa-pin, Heiner Goebbels et Jacques Rebotier »Sous la direction de Bernadette Bost. Lettres et arts, 26/11/2007.

raphaëlle berguerand « Littérature et engagement au Mexique : Carlos Monsivàis, polygraphe et homme de parole »Sous la direction de François Gramusset.Études romanes, 28/11/07.

Philippe verroneau« Le système modal en allemand aux XVIe et XVIIe siècles (1520 – 1669) »Sous la direction de Jean François Marillier. Allemand, 07/12/07.

Fabienne dumontet« Le poète, son commentateur et leur public dans Les Amours de Pierre de Ronsard, com-mentés par Marc-Antoine de Muret (1553) »Sous la direction de Françis Goyet. Littérature française, 07/12/07.

mathilde miguet« Les enjeux de la structuration de l’offre des dispositifs pédagogiques médiatisés à l’université – des procédés d’écriture en voie d’institutionnalisation »Sous la direction de Bernard Miège. Sciences de l’information et de la communi-cation, 12/12/2007.

hesbam bushala« Le rôle et la place de la communication organisationnelle dans les entreprises : le cas des banques commerciales libyennes » Sous la direction de Claudine Carluer. Sciences de l’information et de la communi-cation, 13/12/2007.

ilya Kiriya« La persistance du non-marchand dans l’appropriation des médias et des TIC en Russie post-soviétique »Sous la direction de Bernard Miège. Sciences de l’information et de la communi-cation, 13/12/2007.

bernard vannier« Les tiroirs verbaux et la construction du sens dans quatre œuvres épiques du XIIe siècle » Sous la direction de Roger Bellon. Lettres, Recherche sur l’imaginaire,14/12/07.

sylvie Coche« À la croisée des images. Similitudes et modalités d’interprétation dans la Divine comédie de Dante » Sous la direction de Johannes Bartuschat. Langue, littérature et civilisation italiennes. 14/12/2007.

rudy Le mentheour« L’homme dénaturé, l’anthropologie polé-mique de J.- J. Rousseau »Sous la direction de J. F. Perrin. Littérature française, 17/12/2007.

sahir meksem « Pour une socio-didactique de la langue Amazighe : approche textuelle »Sous la direction de Marielle Rispail. Sciences du langage, 20/12/2007.

brigitte Charnier« La blanche Biche. Poétique et imaginaire d’une complainte traditionnelle »Sous la direction de Philippe Walter. Langue et littérature françaises, 15/03/2008.

• Elisabetta Carpitelli, Sciences du langage, 04/09/2007• Sandra Canelas Trevisi, Sciences du Langage, 30/11/2007 • Marie-Gabrielle Pedotti Suraud-Chaskiel, Sciences de l’information et de la communication, 03/12/2007

• Anne Leclaire Halte, Sciences du langage, 04/12/2007 • Colette Gros Collomp, Langues, littératures et sciences humaines, 07/12/07

Les Alpes : notre environnement, un immense ensemble naturel au coeur de l’Europe, une grande diversité politique, culturelle et linguistique ; mais aussi la menace croissante

que fait peser l’exploitation humaine sur leurs écosystèmes et sur leurs traditions. Pour les sauvegarder tout en protégeant les intérêts économiques et culturels de leurs populations, l’Union européenne et les pays de l’arc alpin ont signé en 1991 une convention cadre, complétée depuis par neuf protocoles d’application.

La Convention alpine : un accord de droit international pour les alpes

Reconnaître les Alpes comme un espace unitaire exigeant une protection supranationale était devenu urgent, surtout dans les deux domaines sensibles et conflictuels que consti-tuent les espaces protégés et les transports, ces derniers étant à la fois essentiels au développement économique

global de l’Europe et susceptibles de porter des atteintes graves à l’environnement naturel alpin. Sans aller jusqu’à la corédac-tion chère aux jurilinguistes canadiens, politiques, juristes et experts alpins ont travaillé ensemble de façon empiriquement multilingue (la langue dominante variant selon la nationalité du président de séance) pour aboutir à une version faisant foi en quatre langues. Comme les textes communautaires, ceux de la Convention alpine et de ses protocoles sont le résultat de négociations entre les États et l’aboutissement de plusieurs versions corrigées et remaniées. Dans ce laborieux processus, on a omis d’établir en amont les principes d’une terminologie juridique acceptée par tous. Conséquence : des formulations souvent étranges, des termes qui ne semblent pas correspondre à des réalités juridiques connues sur le plan national ou européen, un flou terminologique parfois gênant puisque la nécessité d’une application de la réglementation implique une interprétation uniforme du droit quelle que soit la langue.

L’université stendhal au cœur d’un projet européen

sur le multilinguisme alpin :

À l’heure où les questions d’autonomie et de financement de la recherche nous préoccupent, il est utile de rappeler que le travail sur projet existe dans nos établissements : renforçant les liens entre universités et autres institutions, il peut apporter aux enseignants-chercheurs une stimulation et des modalités de travail enrichissantes. Une équipe de l’université Stendhal travaille sur un projet européen, LexALP, qui a pour but d’harmoniser la terminologie de la Convention alpine dans les quatre langues des Alpes : allemand, français, italien, slovène.

habilitations à diriger les recherches

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Thèses Perspectives

atefeh navartchi« L’intégration des documents vidéo authenti-ques dans les cours de FLE en Iran »Sous la direction de Jean-Emmanuel Lebray. Sciences du langage, 08/06/2007. myriam roche« José Maria Guelbenzu : contours et détours de la subjectivité romanesque »Sous la direction de Georges Tyras. Langues, littératures romanes, 22/06/2007.

aude noiray« L’anticipation d’arrondissement vocalique et le modèle d’Expansion du Mouvement. Deux extensions : du français à l’anglais et de l’adulte à l’enfant »Sous la direction de Christian Abry. Sciences du langage, 29/06/2007.

Catherine Puig verona« L’œuvre fictionnelle de Manuel Rivas : une poétique de la frontière »Sous la direction de Georges Tyras.Langues, littératures romanes, 16/06/2007.

stéphanie bruno meylan « Les exilés d’Outre-Monde, la représentation idéalisée de l’Amant dans l’imaginaire fémi-nin. Étude contrastive entre les lais de Marie de France et Genji monogatari du Murasaki Shikibu »Sous la direction de Philippe Walter. Langue et littérature françaises, 18/06/2007.

Coralie Payre - Ficout« L’apprentissage du prétérit et du present perfect dans le cadre scolaire : étude extensive chez des apprenants francophones du secon-daire et des étudiants du supérieur »Sous la direction de Jean Pierre Chevrot. Sciences du langage, 24/09/2007.

valérie morisson« L’art anglais contemporain face au post-modernisme : évolution et dislocation des rapports de l’œuvre à l’identité nationale »Sous la direction de Patrick Chézaud. Études anglophones, 20/10/2007.

abdul Krim ziani« La chaîne Al Jazira et la guerre contre l’Irak : couverture médiatique et traitement de l’information »Sous la direction de Bernard Miège. Sciences de l’information et de la communi-cation, 25/10/2007.

sébastien scarpa« Algernon Charles Swinburne et les enjeux post-romantiques de la création »Sous la direction de Denis Bonnecase. Études anglophones, 26/10/2007.

Corinne granier« Publicité et politisation de la consommation : la formation de la figure du consommateur citoyen en France »Sous la direction de Isabelle Pailliart.Sciences de l’information et de la communi-cation, 08/11/2007.

marion amblard« L’âge d’or de la peinture écossaise 1707-1843 : naissance d’une école nationale » Sous la direction de Patrick Chézaud. Études anglophones, 10/11/2007.

Christine ramat« La dramaturgie grotesque de Valère Novarina »Sous la direction de Pierre Jourde. Littérature française, 19/11/2007.

Christian surcouf« L’opposition imparfait / passé simple : approche théorique et application didactique par le film en FLE »Sous la direction de Jean-Pierre Chevrot et Jean-Emmanuel Le Bray. Sciences du langage, 19/11/2007.

guillaume issartel« La Geste de l’Ours. L’épopée romane dans son contexte mythologique »Sous la direction de Philippe Walter. Littérature française, 20/10/2007.

maryse aubut« Attraction et répulsion dans le Bavard de Louis-René des Forêts »Sous la direction de Jean-Pierre Bobillot.Lettres, 23/11/2007.

Julien Piat« L’expérimentation syntaxique dans le nou-veau roman (1950-1960) Beckett, Pinget, Simon »Sous la direction de Gilles Philippe. Lettres et arts, 26/11/2007.

david marron« Une pensée archipélique des relations Texte/Musique/Scène dans la création con-temporaine (1984-2006). Réflexion sur des œuvres de Jean-Pierre Drouet, Pascal Dusa-pin, Heiner Goebbels et Jacques Rebotier »Sous la direction de Bernadette Bost. Lettres et arts, 26/11/2007.

raphaëlle berguerand « Littérature et engagement au Mexique : Carlos Monsivàis, polygraphe et homme de parole »Sous la direction de François Gramusset.Études romanes, 28/11/07.

Philippe verroneau« Le système modal en allemand aux XVIe et XVIIe siècles (1520 – 1669) »Sous la direction de Jean François Marillier. Allemand, 07/12/07.

Fabienne dumontet« Le poète, son commentateur et leur public dans Les Amours de Pierre de Ronsard, com-mentés par Marc-Antoine de Muret (1553) »Sous la direction de Françis Goyet. Littérature française, 07/12/07.

mathilde miguet« Les enjeux de la structuration de l’offre des dispositifs pédagogiques médiatisés à l’université – des procédés d’écriture en voie d’institutionnalisation »Sous la direction de Bernard Miège. Sciences de l’information et de la communi-cation, 12/12/2007.

hesbam bushala« Le rôle et la place de la communication organisationnelle dans les entreprises : le cas des banques commerciales libyennes » Sous la direction de Claudine Carluer. Sciences de l’information et de la communi-cation, 13/12/2007.

ilya Kiriya« La persistance du non-marchand dans l’appropriation des médias et des TIC en Russie post-soviétique »Sous la direction de Bernard Miège. Sciences de l’information et de la communi-cation, 13/12/2007.

bernard vannier« Les tiroirs verbaux et la construction du sens dans quatre œuvres épiques du XIIe siècle » Sous la direction de Roger Bellon. Lettres, Recherche sur l’imaginaire,14/12/07.

sylvie Coche« À la croisée des images. Similitudes et modalités d’interprétation dans la Divine comédie de Dante » Sous la direction de Johannes Bartuschat. Langue, littérature et civilisation italiennes. 14/12/2007.

rudy Le mentheour« L’homme dénaturé, l’anthropologie polé-mique de J.- J. Rousseau »Sous la direction de J. F. Perrin. Littérature française, 17/12/2007.

sahir meksem « Pour une socio-didactique de la langue Amazighe : approche textuelle »Sous la direction de Marielle Rispail. Sciences du langage, 20/12/2007.

brigitte Charnier« La blanche Biche. Poétique et imaginaire d’une complainte traditionnelle »Sous la direction de Philippe Walter. Langue et littérature françaises, 15/03/2008.

• Elisabetta Carpitelli, Sciences du langage, 04/09/2007• Sandra Canelas Trevisi, Sciences du Langage, 30/11/2007 • Marie-Gabrielle Pedotti Suraud-Chaskiel, Sciences de l’information et de la communication, 03/12/2007

• Anne Leclaire Halte, Sciences du langage, 04/12/2007 • Colette Gros Collomp, Langues, littératures et sciences humaines, 07/12/07

Les Alpes : notre environnement, un immense ensemble naturel au coeur de l’Europe, une grande diversité politique, culturelle et linguistique ; mais aussi la menace croissante

que fait peser l’exploitation humaine sur leurs écosystèmes et sur leurs traditions. Pour les sauvegarder tout en protégeant les intérêts économiques et culturels de leurs populations, l’Union européenne et les pays de l’arc alpin ont signé en 1991 une convention cadre, complétée depuis par neuf protocoles d’application.

La Convention alpine : un accord de droit international pour les alpes

Reconnaître les Alpes comme un espace unitaire exigeant une protection supranationale était devenu urgent, surtout dans les deux domaines sensibles et conflictuels que consti-tuent les espaces protégés et les transports, ces derniers étant à la fois essentiels au développement économique

global de l’Europe et susceptibles de porter des atteintes graves à l’environnement naturel alpin. Sans aller jusqu’à la corédac-tion chère aux jurilinguistes canadiens, politiques, juristes et experts alpins ont travaillé ensemble de façon empiriquement multilingue (la langue dominante variant selon la nationalité du président de séance) pour aboutir à une version faisant foi en quatre langues. Comme les textes communautaires, ceux de la Convention alpine et de ses protocoles sont le résultat de négociations entre les États et l’aboutissement de plusieurs versions corrigées et remaniées. Dans ce laborieux processus, on a omis d’établir en amont les principes d’une terminologie juridique acceptée par tous. Conséquence : des formulations souvent étranges, des termes qui ne semblent pas correspondre à des réalités juridiques connues sur le plan national ou européen, un flou terminologique parfois gênant puisque la nécessité d’une application de la réglementation implique une interprétation uniforme du droit quelle que soit la langue.

L’université stendhal au cœur d’un projet européen

sur le multilinguisme alpin :

À l’heure où les questions d’autonomie et de financement de la recherche nous préoccupent, il est utile de rappeler que le travail sur projet existe dans nos établissements : renforçant les liens entre universités et autres institutions, il peut apporter aux enseignants-chercheurs une stimulation et des modalités de travail enrichissantes. Une équipe de l’université Stendhal travaille sur un projet européen, LexALP, qui a pour but d’harmoniser la terminologie de la Convention alpine dans les quatre langues des Alpes : allemand, français, italien, slovène.

habilitations à diriger les recherches

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Perspectives Recherche

des linguistes, juristes et informaticiens de six pays alpins engagés dans LexaLP

C’est ainsi qu’est né le besoin d’harmoniser cette terminologie quadrilingue en créant une base de données spécifique, un grand dictionnaire en ligne, accessible à tous et comportant les termes de l’aménagement du territoire et du dévelop-pement durable présents dans la Convention alpine et ses protocoles. Commencé en 2005, le projet LexALP regroupe huit équipes de linguistes, de juristes, d’informaticiens et de représentants des États ou des régions issus de six pays alpins : Allemagne, Autriche, France, Italie, Suisse, Slovénie. Le projet s’inscrit dans le programme Interreg III B et est financé pour moitié par l’Union européenne, pour un coût total de 1 850 000 €. Deux équipes françaises (toutes deux de Grenoble), soutenues par l’État via la DGLFLF (Délégation générale à la langue française et aux langues de France) participent au projet : une équipe de l’université Stendhal effectue une partie du traitement terminologique après avoir constitué le corpus juridique français et proposé un outil d’extraction ; une équipe de l’université Joseph Fourier a développé un système informatique novateur pour la base de données et en assure la diffusion.

Les résultats : la plateforme LexALP comprend une base bibliographique et un corpus contenant près de 3000 docu-ments (20 millions de mots) qui réglementent ou concernent directement les domaines de l’aménagement du territoire et du développement durable, sur neuf niveaux de législation : Convention alpine, droit international, droit communautaire, législations nationales, voire régionales. Mais c’est la banque de termes qui est l’aboutissement du projet : plus de 500 concepts traités en quatre langues aux différents niveaux de législation. Elle apportera une aide précieuse aux traducteurs, rédac-teurs, juristes et personnels administratifs de l’espace alpin concernés par l’application de la Convention alpine et par son intégration dans les législations nationales et régionales.

une démarche multilingue et multijuridique

La démarche multilingue et multijuridique adoptée par les chercheurs du projet a mis en évidence des variations qui peuvent être le fruit de traductions incorrectes ou d’un manque d’harmonisation terminologique mais aussi correspondre à des différences juridiques ou linguistiques profondes. Ce sont évidemment ces cas difficiles qui donnent à la plateforme LexALP tout son intérêt. Par exemple, l’un des protocoles de la Convention alpine vise à sauvegarder les fonctions écologiques et protectrices des forêts de montagne et engage les parties contractantes à attribuer des compensations aux forestiers en ce sens. Encore convient-il de s’accorder sur la définition d’une « forêt de montagne », sachant qu’en droit international les zones de montagne sont définies en fonction de l’altitude et de la pente alors que le droit communautaire prend également en compte des critères comme le fort contraste du relief (certaines zones côtières) ou la latitude (certaines zones nordiques) et que, dans les Alpes, les législations diffèrent (zone au-dessus de 600 m en Italie, 700 m en Allemagne, de 600 à 800 m en France). Même difficulté pour la pro-tection de l’eau, lorsqu’il s’agit de définir « eau potable », les catégories « eau potable » et « eau destinée à la consom-mation humaine » pouvant être soit équivalentes soit distinctes selon les législations.

Plus délicat encore, certains concepts juridiques ont une exis-tence dans un pays et pas dans d’autres : la « Verbandsklage » allemande évoque une « action collective » proche de la « class action » américaine qui n’est encore entrée ni dans le droit français, ni dans le droit italien.

Le travail des linguistes consiste à mettre au jour ces différences et à proposer au groupe d’harmonisation du projet une défini-tion qui puisse convenir à la Convention alpine avec un terme dans chaque langue. Sur un plan purement linguistique, vou-loir à tout prix établir des équivalences entre deux langues romanes, une langue germanique et une langue slave relève souvent de la quadrature du cercle. Ainsi, les Slovènes ont souri de nous voir traiter spécifiquement de la « lutte contre les incendies » qu’ils font simplement rentrer dans la « gestion du feu ». Et lorsqu’il s’agit de faire l’inventaire des sols pollués et que le terme « cadastre des sols » est suggéré par les termi-nologues allemands, les Italiens et les Français se déchaînent pour défendre l’unicité de leur sacré « catasto » ou « cadastre ». Stimulant sur tous les plans, ce travail collectif avec nos voisins alpins nous permet de contribuer à la fois à l’application d’une législation qui protège notre environnement et à la valorisation du multilinguisme européen.La plateforme LexALP sera opérationnelle à partir du printemps et accessible sur le site : www.eurac.edu/lexalp. ■

Élisabeth Lavault-Olléon, chef de projet LexALP pour l’université Stendhal et directrice du Groupe de recherche multilingue en traduction spécialisée (GREMUTS - ILCEA).

L’équipe de l’université Stendhal associe des enseignants-chercheurs de l’UFR de Langues (GREMUTS / ILCEA : Élisabeth Lavault-Olléon, Claire Allignol et Sylvie Martin-Mercier) et de l’UFR des Sciences du langage (LIDILEM : Francis Grossmann et Thomas Lebarbé) ; l’équipe de l’université Joseph Fourier regroupe des chercheurs du laboratoire CLIPS IMAG (Gilles Serasset et Francis Brunet-Manquat).

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Recherche

utopie brésilienne et luso-tropicale

Perspectives

1) en 2005-2006 et 2006-2007, des étudiants de l’université stendhal ont pu contribuer au projet LexaLP dans le cadre de leur master. en quoi a consisté ce travail, pour vous ?En seconde année de master, j’ai choisi ce projet comme sujet de mémoire en terminologie. J’ai pu participer activement aux différents travaux de l’équipe de l’université Stendhal, et ce, dès le début. Après avoir aidé à découper et à étiqueter le corpus, à évaluer différents extracteurs terminologiques et à tester les fonctionnalités de la nouvelle plateforme, j’ai pris en charge le traitement d’un glossaire d’une soixantaine de termes sur les espaces protégés durant un stage de trois mois effectué chez le coordinateur européen de LexALP à Bolzano, où je travaillais en français et en allemand aux côtés des Italiens et des Slovènes. Dans ce cadre, j’ai également conçu des supports méthodologiques en vue de rendre le projet plus accessible à la nouvelle équipe d’étudiants, que j’ai été chargée d’encadrer tout au long de l’année 2006/07.

2) vous avez participé activement à ce projet. Qu’est-ce que cela vous a apporté ? Quelles ont été les difficultés ?Le fait de collaborer étroitement avec des spécialistes de langues et de cultures différentes au sein d’un groupe pluridisciplinaire a été très enrichissant. Ce sont d’ailleurs les échanges avec l’équipe de LexALP qui m’ont donné envie de m’engager dans un travail de thèse avec le GREMUTS.

Ce n’était pas facile au départ de bien comprendre la finalité de certains aspects du projet et de s’accorder sur la méthodologie. Ensuite, il a fallu gérer le fait que les outils informatiques conçus pour les besoins du projet étaient développés en parallèle et que les fonctionnalités censées permettre un va-et-vient simple et rapide entre les différents modules à utiliser n’étaient pas encore assurées. Nous avons perdu du temps à chercher des solutions satisfaisantes à ces problèmes. De manière générale, l’accessibilité limitée des données en ligne et le nombre de tâches à effectuer en parallèle ont rendu le travail très complexe et difficile à coordonner.

3) en quoi ce projet est-il important pour des traducteurs ?Il y a bien sûr les résultats concrets du projet, en l’occurrence une plateforme simple d’utilisation et facile d’accès fournissant non seulement des termes clés avec leurs équivalents et des recommandations d’usage pour les cas problématiques, mais permettant aussi d’accéder de manière ciblée à des documents de référence et de situer un terme dans son contexte juridique. Plus globalement, de par sa structure et les données qu’elle met à disposition, la plateforme LexALP démontre l’utilité d’une approche terminologique transversale et pluridisciplinaire utilisant des corpus spécialisés. À mon sens, elle illustre aussi combien l’environnement du traducteur peut être optimisé à l’aide des nouvelles technologies.

Les projets Interreg favorisent la coopération transfrontalière et transnationale et contribuent à « former des Européens » en construisant une Europe concrète qui s’appuie sur les régions. Le programme Interreg III B - Espace alpin a accompagné une soixantaine de projets entre 2000 et 2007, dans des domaines aussi variés que l’aménagement du territoire, l’accessibilité, la valorisation du patrimoine culturel et la prévention des risques naturels.Cependant, même sans être le chef de file, la gestion d’un tel projet n’est pas une sinécure pour les partenaires !

Avant la signature de l’accord de partenariat, le budget doit être prévu dans les moindres détails. Dans le programme Interreg III B, le coût du projet est couvert à parts égales (50/50) par le Fonds européen de développement régional (FEDER) et par les partenaires : pour une université, cela signifie que, pour prétendre à un financement donné, il faut que les enseignants-chercheurs concernés s’engagent à fournir effectivement un nombre d’heures de travail correspondant à un montant équivalent. L’université doit en outre avancer tous les fonds car le financement n’est débloqué qu’après des mois de procédure. Les travaux sont échelonnés et budgétés par lots ou WP (« work package »), correspondant aux objectifs, et par lignes de dépenses (personnel interne ou externe, matériel, missions, etc.).

Au moment de la conception du projet, il est très difficile de prévoir le temps qui sera consacré à chaque tâche et les besoins engendrés par le projet.

Une fois le projet lancé, sont demandés tous les six mois des rapports financier, d’activité et portant sur les publications liées au projet. L’adéquation entre les prévisions et la mise en œuvre doit être soulignée et les écarts justifiés. La réalisation est contrôlée étape après étape en fonction des objectifs fixés. Toutes les dépenses déclarées, accompagnées de justificatifs détaillés, doivent être d’abord certifiées par l’agent comptable de l’établissement, puis par un organisme indépendant qui vérifie leur conformité au projet. C’est l’Autorité de gestion du programme qui donne le feu vert pour le paiement des fonds (pour le programme Espace alpin, il s’agit du Land de Salzburg). Il faut admettre que dans l’ensemble, les enseignants- chercheurs sont peu préparés à assumer de telles tâches.

i l’Utopie, celle de Thomas More, qui est par nature impossible à situer, doit avoir un lieu, ce ne peut être que le Brésil. C’est en tout cas l’impression que l’on a en lisant

la Lettre de Vaz de Caminha au roi Dom Manuel sur la Décou-verte de la Terre de la Vraie Croix (avril - mai 1500), bientôt plus connue sous le nom de Brésil et qui n’est rien moins qu’une sorte d’épiphanie paradisiaque : on ne peut contester que ce pays ait baigné dans le mythe dès ses origines. Les aventures amazoniennes des premiers visiteurs castillans, et leur réinvention extraordinaire des femmes guerrières, n’ont fait que renforcer l’attrait du mystère dont tout le monde fut saisi, y compris les voyageurs britanniques, tel Sir Walter Raleigh.

Aussi bien, ce délire imaginaire va s’accompagner d’un phéno-mène plus étonnant encore, et jusqu’à ce jour unique en son genre, le métissage complet, que les sociologues appelleront miscégénation (du radical latin « miscere » qui signifie mélanger) et qui se différencie du métissage traditionnel, c’est-à-dire biologique, par une osmose, un syncrétisme cultu-rel qui complète et va au-delà du brassage des caractères purement physiologiques. Le résultat est que le peuple brésilien est unique en son genre et unique dans l’histoire de l’humanité, puisqu’il associe l’apport de trois composantes principales, amérindienne, européenne et africaine – à travers l’esclavage –, dans des conditions historiques et sociologiques, entre les XVIe et XIXe siècles, qui ne se sont jamais reproduites avec ce degréde complétude dans l’histoire de l’humanité. Ce phénomène est d’ailleurs si puissant qu’il permettra de réaliser y compris l’intégration, – autrement dit la « brésilianisation » – des Japonais, nombreux à avoir émigré dans la région de São Paulo, tout aussi bien que des Allemands et des Italiens.

Outre le fait que tous ces gens-là se reconnaissent d’abord comme Brésiliens et parlent avec une extraordinaire unité la norme brésilienne du portugais, les signes de l’osmose sont présents à tous les niveaux, aussi bien dans l’art baroque brésilien, c’est le cas de l’œuvre du célèbre artiste mulâ-tre, l’Aleijadinho (1730 [?] - 1814), que dans les deux exem-ples les plus accomplis de la miscégénation que sont la cuisine bahianaise, issue de la ville brésilienne sans doute la

plus africanisée, ou le « candomblé /macumba », culte afro- brésilien où Marie la virginale, drapée du plus beau bleu marial, devient aussi Iemanjá, déesse de la mer. Encore faudrait-il ne pas oublier l’autre partie du Nordeste et l’Amazonie, qui sont fondamentalement cabocles, c’est-à-dire au sens premier de ce mot issu de la langue tupi, fils de blanc et d’indien… physiquement et culturellement parlant.

Il dérive de cette situation socio-culturelle et anthropologique, le débat sans doute le plus intéressant que pose la sociologie brésilienne : quid de la vaste question du racisme, comment l’imaginer survivant à ce brassage complet, auquel personne ne songerait à dire qu’il y a échappé? Et pourtant il existe, mais il a changé d’oripeaux, il renaît sous forme sociologi-que. Depuis le blanc de type européen jusqu’au « cafuso », métis de Noir et d’Indien, la hiérarchie ne tient pas à la peau ni à la lunule des ongles, mais à la fortune, à l’établissement, à la position sociale traditionnelle. Même débat à propos de la fameuse théorie de l’homme cordial, c’est-à-dire de la gen-tillesse innée du brésilien, qui est effectivement, par la chute des préjugés identitaires, l’une des principales conséquences de la miscégénation. Hélas ! Le déséquilibre effarant de la société brésilienne, issu de décennies de capitalisme sauvage, voire maintenant mondialiste, a généré la favela, le bidonville et tout ce qu’il signifie de violence, de perversion de toute éthique humaine, entre autres, par le marché de la drogue.

Quoi qu’il en soit, l’aura du Brésil demeure. Elle est présente encore avec Brasilia, l’une des capitales réinventées du XXe siècle, et elle s’exprime, malgré ses limites ou ses compromissions passagères avec le colonialisme portugais, dans la théorie du luso-tropicalisme. Cette approche que l’on doit pour l’essentiel au sociologue brésilien Gilberto Freyre (1900-1987), rend compte du fait unique dans l’histoire de l’humanité que nous avons mentionné précédemment et propose des clés intéressantes dégagées de l’histoire des cultures. Cette genèse assez extraordinaire s’est ainsi faite autour de trois valeurs socioculturelles fondamentales : l’ulyssisme, c’est-à-dire le goût d’aller à la rencontre de l’autre et de l’admettre, d’autant qu’il est partout, l’empathie, cette capacité à s’intégrer et à intégrer l’autre dans une forme spontanée de malléabilité culturelle, et enfin une profonde propension collective à la solidarité des pauvres, héritée du christianisme franciscain, le frein principal sans doute à ce qui pourrait être, sans cela, une société fortement marquée par la lutte des classes. Ainsi, de même que la France (de la Révolution) est associée à la trilogie franc-maçonne de Liberté, Égalité, Fraternité, de même le monde luso-brésilien est-il porteur d’une autre trilogie profondément enracinée dans sa nature anthropolo-gique. C’est tout l’enjeu du futur, y compris du futur proche, que de savoir si elle résistera aux dérives du pouvoir de l’argent. ■

Bernard Émery, professeur à l’université Stendhal et directeur du Centre de recherche et d’études lusophones et intertropicales (CRELIT / CRI)

L’implication des étudiants de master Lea traduction spécialisée multilingue dans le projet LexaLP Un entretien avec Isabelle Przysucha

gérer un projet européen ? Pas si facile…

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Perspectives

intercompréhension en langues romanes galatea, galanet, galapro :

3 générations d’un autre projet européen

Communiquer, pour deux personnes ne parlant pas la même langue, paraît difficile, voire impossible. À moins que ces langues n’appartiennent à la même famille, auquel cas, moyennant le développement de quelques compétences de compréhension, il peut être possible de communiquer en utilisant chacun sa propre langue. C’est ce que l’on appelle l’intercompréhension.

Dans cette perspective, une équipe internationale pilotée par le Laboratoire de linguistique et didactique des langues étrangères et maternelles

(LIDILEM) de l’université Stendhal a eu l’idée dès 1991 de prendre appui sur la parenté des langues romanes pour en favoriser l’apprentissage et l’utilisation : ainsi naît le projet de recherche Galatea. En 1995, il fait partie des programmes Socrates - Lingua D de la Commission Européenne dont l’objectif est l’élabo-ration de produits pédagogiques. Des CD-Roms d’entraî-nement à la compréhension des langues romanes seront ainsi développés.

Pour aller plus loin, l’équipe d’enseignants-chercheurs décide en 2001 de mettre en place une plateforme Internet destinée à faire interagir des étudiants de langues différentes sur des travaux communs : ce sera le début du projet Galanet. Ainsi, depuis 2003, près de 2000 personnes - étudiants, enseignants, adultes, lycéens - ne parlant pas la même langue ont communiqué ensemble via cette

plateforme en espagnol, français, italien, portugais, et maintenant en catalan et en roumain. Le succès est d’ailleurs tel que de nouveaux établissements, émanant aussi de pays hors Union Européenne tel le Brésil ou l’Argentine, participent déjà ou souhaitent participer.Alors pour pouvoir former des professionnels à ces pratiques pédagogiques innovantes, le programme Galapro va être développé d’ici 2010.

Pour en savoir plus : www.galanet.eu et www.dialintercom.eu

Partenaires en 1991 : Université Stendhal, Universidade de Aveiro, Universitat Autònoma de Barcelona, Universidad Complutense de Madrid, Centro DoRif-Università

Partenaires ayant rejoint les initiateurs du projet en 2000 : Université Lumière Lyon 2, Università di Cassino, Université de Mons-Hainaut, Università di Pisa

et en 2007 : Universitatea AII Cuza, Iaşi

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Livres

ouvrages des ellugFormation

Arthur, Gauvain et Mériadoc . Récits arthuriens latins du XIIIe siècleTraduits et commentés par Jean-Charles Berthet, Martine Furno, Claudine Marc et Philippe Walter. Sous la direction de Philippe WalterCollection « Moyen Âge européen »

2007 – 302 p. – 14 x 21,5 cm ISBN 978 2 4310 098 7. Prix 29 € Le roi Arthur rencontrant un loup-garou ou disparais-sant mystérieusement à la fin de sa vie, la naissance et les premiers exploits de son neveu Gauvain ou les hauts faits du chevalier Mériadoc :

telles sont les nouvelles merveilles de Bre-tagne rapportées par quatre récits latins du Moyen Âge dont on lira la première traduction intégrale en français.

Dictionnaire des dialectes dauphi-nois par l’abbé Louis MoutierÉdité et présenté par Jean-Claude RixtePréface de Jean-Claude BouvierCoédition IEO-Drôme / Ellug

2007 – 897 p. 17,5 x 24 cm ISBN 978 2 9513518 6 0Prix 35 €L’ouvrage de référence que nous a laissé l’abbé Moutier, écrivain occitan et chef de l’école félibréenne drômoise, se situe dans la lignée des dictionnaires dialectaux

qui ont fleuri en France dans le courant du XIXe siècle. Considéré comme un ouvrage exceptionnel, tant par son ampleur – plus de 25 000 mots – que par sa rigueur, ce diction-naire demeure l’une des sources d’information les plus sûres que nous ayons pour une bonne connaissance du nord-occitan oriental.

Gadda contre Gadda. L’écriture comme champ de batailleChristophe Mileschi

440 p. 14,5 x 21 cm ISBN 2 84310 102 1. Prix 30 € L’œuvre de Gadda (1893-1973) est profondément travaillée par le remords d’avoir voulu et aimé la guerre. Cet essai montre comment cette mau-vaise conscience, jamais avouée directement, pousse

l’écrivain dans de nouvelles erreurs politiques, mais dicte ses meilleures pages. Pour Gadda, écrire, c’est poursuivre sa guerre.

In poesis nomineFlaviano Pisanelli

2007 – 102 p. 14 x 21 cm ISBN 978 2 84310 109 0Prix 12 €À travers l’analyse d’un certain nombre de poèmes des recueils Le Occasioni d’Eugenio Montale et Trasumanar e organizzar de

Pier Paolo Pasolini, ce livre s’interroge sur la valeur sémantique, métaphorique et symbo-lique du nom propre à l’intérieur du langage poétique italien du XXe siècle.

L’envers de la tapisserie Vingt-six études sur le tissu textuel Jean-Charles Gateau Collection « Archives critiques »

299 p. 13,5 x 21,5 cm ISBN 2 84310 091 8. Prix 27 € Une croisière inattendue à travers l’univers de la litté-rature française : vingt-six escales, avec une excursion dans la Grèce antique. Vingt-six escales ou études sans chronologie, qui se suc-

cèdent selon l’arbitraire de l’ordre alphabéti-que des titres. Vous rencontrerez des poètes et des romanciers, des peintres et des monar-ques – et même des papes.

Le Flâneur et les flâneusesLes femmes et la ville à l’époque romantiqueCatherine NesciPréface de Priscilla Parkhurst FergusonCollection « Bibliothèque stendhalienne et romantique »

2007 – 440 p. 14 x 21,5 cm ISBN 978 2 84310 105 2 Prix 32 €Les « flâneuses », ce sont trois femmes de lettres de l’époque romantique : George Sand, Flora Tristan (la grand-mère de Gauguin) et Delphine de Girardin, jour-

naliste, satiriste et humoriste. Par leur mar-che dans la ville, leur écriture de la ville et leur construction de soi, les « flâneuses » inven-tent de nouveaux cadres d’expérience pour les femmes dans l’espace public moderne.

Méduse au miroirL’esthétique romantique de Dante Gabriel RossettiLaurence Roussillon-ConstantyCollection « Esthétique et représentation : monde anglophone (1750-1900) »

2008 – 291 p. 14 x 21 cmISBN 978 2 84310 113 7Prix 30 €Partant du mythe de Méduse, cet ouvrage nous fait entrer dans l’univers poétique et pictural de D. G. Rossetti, figure majeure du mouve-ment préraphaélite anglais.

Par une étude en regard des poèmes et des tableaux, l’auteur nous offre une vision dyna-mique d’une œuvre méconnue du public français.

Stendhal à CosmopolisStendhal et ses languesTextes réunis et présentés par Marie-Rose CorrédorCollection « Bibliothèque stendhalienne et romantique »

366 p. 14 x 21,5 cmISBN 2 84310 102 1. Prix 26 € Stendhal et ses langues : il s’agit d’une approche plu-rielle qui rend compte de la curiosité du linguiste à Milan, de l’argumentation du pam-phlétaire, du questionnement du traducteur ; pour l’habitant

de « Cosmopolis » selon le mot de Valéry, les langues – vivantes ou mortes – sont un lieu d’appropriation et de reconfiguration : une polyglossie constante dans les textes à usage intime tendant à suggérer une autre langue, le « stendhalien ».

Cahiers d’études italiennes, Filigrana, n° 6, 2006, 218 p.« La Nouvelle italienne du Moyen-Âge à la Renaissance »Chroniques allemandes, n° 11, 2007, 329 p.« Penser le pluriculturel en Europe centrale » Chroniques slaves, n° 3, 2007, 229 p. « Voix du monde slave »études écossaises, n° 11, 2008, 307 p.« L’Utopie » Féeries, n° 4, 2007, 286 p.« Le conte, la scène »gaia, n° 10, 407 p. « Revue interdisciplinaire sur la Grèce archaïque » gaia, n° 11, 2007, 206 p.iris, n° 30, 2007.« Imaginaires féminins. Japon et Antiquité gréco-romaine »Les Cahiers de l’iLCea, n° 9, 2006-2007.« L’implicite et les écrits de l’entreprise » Lidil, n° 35, juin 2007, 197 p.« Figures de l’auteur en didactique » Lidil, n° 36, 2007, 222 p. « Échanges exolingues via internet et appro-priation des langues-cultures »recherches & travaux, n° 69, 2006, 133 p.« Du comique dans le théâtre contemporain » recherches & travaux, n° 70, 2007, 203 p. « Les Lettres d’un voyageur de George Sand. Une poétique romantique »recherches & travaux, n° 71, 2007, 190 p.« L’Idiot de la famille de Jean-Paul Sartre »

Le master réalisation documentaire de création ouvre au sénégalTravaillant depuis 2002 avec le Sénégal, où elle organise chaque année une résidence d’écriture ainsi que des rencontres autour de projets de films documentaires, Ardèche Images (program-me Africadoc), association partenaire du master Réalisation documentaire de création de l’université Stendhal, a souhaité collaborer avec l’université Gaston Berger de Saint Louis (Sénégal) pour mettre en place une formation à la réalisation et à la production de type Master 2 pour l’Afrique francophone.

C’est donc tout naturellement que l’université Stendhal a décidé, dans le cadre de sa politique de coopération interuni-versitaire, de participer activement à la mise en place de cette formation qui vise d’une part à palier l’absence de formations longues et de haut niveau dans ce domaine en Afrique franco-phone, et d’autre part à densifier le tissu des professionnels du cinéma et de l’audiovisuel documentaire existant sur l’ensemble du continent africain.

Au-delà de sa participation à la conception de cette formation, l’université Stendhal met à disposition deux enseignants qui se rendent à Saint Louis pour dispenser des cours. Par la suite, des échanges entre les étudiants des deux universités sont envisagés. En attendant, la première promotion d’une douzaine d’étudiants a effectué sa rentrée en octobre dernier. ■

revues des ellug

Pour plus d’informations :www.u-grenoble3.fr/ellug

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Livres Formation

Les étudiants du master CMI en visite à l’imprimerie des Deux-ponts

Rencontre avec Jing Lin, étudiante en 1ère année du master Communication et management à l’international à l’Institut de la communication et des médias.

Pourquoi avez-vous choisi le master Cmi à l’université stendhal ? Tout d’abord, parce qu’il n’existe pas de master en communi-cation d’entreprise en Chine ! Mais je dois reconnaître aussi que j’ai toujours été intéressée par la langue et la littéra-ture françaises, domaine dans lequel j’ai obtenu une licence à l’université de Guangdong (Canton). Grâce au partenariat entre cette dernière et l’université Stendhal, des profes-seurs de l’Institut de la communication et des médias sont venus durant trois semaines nous donner des cours de communication d’entreprise, d’introduction aux sciences de la communication ou encore de sémiologie. Les étudiants qui souhaitaient intégrer ce master devaient passer ensuite des examens et des entretiens avec les professeurs. Cette première approche m’ayant plu, j’ai décidé de passer les épreuves de sélection et ai été retenue.

Quels sont, selon vous, les points forts de ce master ?

Cette formation est véritablement complète. Nous avons des cours en commun avec les étudiants du master Commu-nication d’entreprise ainsi que d’autres plus spécifiques à notre master. Et nous sommes très bien entourés par l’équipe pédagogique. Nous avons également la chance de suivre des cours de civilisation française, qui nous permettent de découvrir aussi bien la politique de la France que la mode, le sport ou la cuisine. Je regrette seulement qu’il n’y ait pas plus de nationalités. Pour le moment, nous sommes tous uniquement chinois.

Que souhaitez-vous faire ensuite ?

J’ai adoré découvrir une nouvelle culture. J’envisage donc de poursuivre mon master par des études au Canada, dans le cadre d’un programme d’échanges. Plus tard, j’aimerais favoriser les échanges culturels entre les pays francophones et la Chine.

Communication et management à l’international : un master sur mesureDepuis la signature d’un accord de coopération avec les universités de Canton (en 2000) et plus récemment de Xiamen, des étudiants chinois viennent régulièrement étudier à l’université Stendhal. Dotés d’une grande capacité de travail, ces étudiants réus-sissent généralement. Cependant ils éprouvaient jusqu’alors certaines difficultés à suivre des cursus qui n’avaient pas été pensés pour eux.Face à ce constat, Yves Nicolas, maître de conférences et responsable du master Communication d’entreprise, a bâti une formation sur mesure. Elle allie à concurrence de 40% un volet de management – très prisé sur le marché du travail en Chine – aux fondamentaux de la communication d’entreprise.Dans ce domaine, les cours sont communs aux différentes filières concernées, de façon à ne pas isoler les étudiants chinois de l’ensemble du corps estudiantin. Mais il faut surtout noter que chaque cours commun est prolongé par un cours spécifique, qui permet de revoir les points jugés obscurs et de s’assurer que toutes les notions abordées ont bien été compri-ses. Tel est l’atout maître de ce master.

Par ailleurs, en lien avec leur formation, des activités destinées à leur faire mieux appréhender l’environnement économique et culturel français sont proposées : visite d’imprimerie, parcours en musée, découverte de l’œnologie…Si cette première promotion du master CMI, qui a commencé son cursus à la rentrée 2007, est composée de 12 étudiants chinois, l’idée à terme est de l’élargir à d’autres nationalités. « À condition toutefois, précise Yves Nicolas, que les effectifs soient maintenus à un niveau raisonnable. »

autres éditeurs

L’École des Bourgeoissuivi de L’embarras des richessesJean Christine Soulas d’AllainvalPrésentation de Martial PoirsonÉditions Espaces 34, 2007, 188 p.ISBN 2 84 705 012 4 – Prix 16 €

Ces deux comédies proposent une critique sociale mordante. L’école des Bourgeoisest une comédie de mœurs pour le Théâ-tre français tandis que L’embarras des richesses, comédie allégorique à caractè-

res épisodiques (Théâtre italien), fait intervenir des personnages aussi divers qu’Arlequin, Trivelin ou Plutus.

L’Égypte littéraire de 1776 à 1882Daniel LançonGeuthner, 2007, 705 p.ISBN 978 2 7053 3788 9 – Prix 48 €

Cet ouvrage est une étude d’histoire littéraire et culturelle, sous-titrée Destins des antiquités et aménité des rencontres. Les écrits littéraires de fiction mais aussi d’idées, ainsi que les textes historiques, philosophiques et religieux, comme la littérature des voyages, sont abordés

dans un esprit comparatiste sur une longue durée ce qui permet de comprendre les relations intellectuelles de l’Égypte et de la France à des moments décisifs de leur évolution.

La Française italienne, Legrand L’Italienne française, Dominique, Romagnesi, FuzelierLe retour de la tragédie française, RomagnesiPrésentation de Guillemette Marot et Tomoko NakayamaÉditions Espaces 34, 2007, 152 p.ISBN 2 84 705 032 9 – Prix 16 €

Ces trois comédies illustrent la guerre des théâtres (ici celle que se livraient la

Comédie française et la Comédie italienne), née de l’usurpation des types, des rivalités de comédiens, et des inimitiés d’auteurs.

La société conquise par la communicationTome 3 : Les TIC entre innovation technique et ancrage socialBernard MiègePresses universitaires de Grenoble, 2007, 235 p. ISBN 978 2 7061 1400 7 – Prix 21 €

Les TIC (techniques de l’information et de la communication) ne sont plus nouvelles. Leur développement semble répondre à une poussée technologique irrésistible.

Les choses, cependant, ne vont pas aussi simplement et, aux déterminations techniques, s’ajoutent divers procès sociaux

contribuant à leur ancrage dans la société ; sept de ces procès sont au coeur du présent ouvrage. Les TIC - en tant qu’inno-vations sociotechniques - résultent ainsi de dépendances et de déterminations croisées entre l’ordre de la technique et le social.

Le journal d’un pauvre fonction-naire et autres textesAhmed RassimÉdition établie, annotée et présentée par Daniel LançonDenoël, 2007, 576 p.ISBN 978 2 207 25904 7 – Prix 25 €

Ahmed Rassim (1895-1958) est l’un des plus originaux et des plus doués des écrivains égyptiens d’expression fran-çaise. Créateur entre deux mondes,

pensant en arabe et écrivant en français, il est l’auteur d’une œuvre aujourd’hui injustement méconnue. À la lisiè-re du surréalisme, son œuvre poétique mêle la tradition de l’Orient à une esthétique occidentale. Ses personnages de fiction, ceux du Petit Libraire Oustaz Ali ou du Journal d’un pauvre fonctionnaire, nous apparaissent aujourd’hui comme des anti-héros proches de ceux d’Albert Cossery, empreints de sensualité, de sagesse et de fatalisme. La réédition de ces œuvres permet de découvrir celui que Georges Henein appelait « un grand seigneur qui fit vœu de poésie ». Ce volume inédit est accompagné d’un appareil critique et de présentations qui situent l’oeuvre de Rassim dans le contexte de l’Égypte des années 1930-1950.

Les frontières en questionSous la direction de Noémie Auzas, Nadja Cohen et Sébastien ScarpaPresses universitaires de Grenoble, 2007,220 p. ISBN 978 2 7061 1402 1 – Prix 15 €

L’ouvrage Les Frontières en question rassemble les travaux des 22 doctorants ayant participé au colloque pluridiscipli-naire des jeunes chercheurs grenoblois (1er et 2 juin 2006). Les articles qui com-posent le recueil interrogent la notion

de « frontière » en explorant, tour à tour, les territoires de la géographie, de l’histoire, de la linguistique et des imaginaires artistiques.

Le triomphe de l’intérêtLouis de BoissyPrésentation de Martial PoirsonÉditions Espaces 34, 2007, 128 p.ISBN 2 84 705 028 0 – Prix 14 €

Comédie allégorique fondée sur le tra-vestissement du merveilleux mytholo-gique et chrétien, la parodie des formes dramatiques et lyriques ainsi que sur la satire de l’actualité sociale et politique de son temps.

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Formation Livres

3 masters inédits :une ouverture résolument internationale

Au cœur même de ses programmes de formation, l’UFR des Sciences de la communication de l’université Stendhal - plus connue sous l’appellation d’Institut de la communication et des médias - affiche de manière déterminée et originale son ambition d’ouverture à l’international.

des professionnels du secteur pétrolier algérien à l’école de la communication d’entreprise En novembre dernier, a été diplômée la première promotion de jeunes cadres, ayant suivi à l’Institut algérien du pétrole le programme du master Communication d’entreprise de l’université Stendhal. Rappelons que cette filière de niveau master 2, spécialement adaptée aux besoins des professionnels, a été créée pour répondre à une volonté politique du Ministère algérien de l’Énergie et des mines de développer une véritable culture de la communication dans le secteur énergétique.

Composée de 10 universitaires et de 8 professionnels, l’équipe pédagogique de l’université Stendhal se rend à Boumerdès, à une quarantaine de kilomètres d’Alger, pour assurer quelque 300 heures de cours par an et encadrer le stage professionnel de 4 mois inhérent à la formation.

Au terme du contrat, fin 2008, les entreprises pétrolières disposeront de 60 managers spécialisés en communication d’entreprise, capables de contribuer efficacement au déve-loppement de leur image et de mettre en place des outils de communication adaptés à leurs objectifs stratégiques.

De gauche à droite : Yves Nicolas, Farida Dekiouk, Michel Bouche et Louiza Guettaf.

Chûsei no shukusaï - densetsu, shinwa, kigenPhilippe WalterTraduction intégrale en japonais de Mythologie chrétienne. Fêtes, rites et mythes du Moyen Âge (2e édition)Hara-shobo, 2007, 298 p.

Sous ce titre surprenant se cache un voyage dans le monde des croyances et des anciennes traditions pré-chrétiennes de l’Europe que le christianisme naissant

essayait de modifier et d’utiliser à son profit. Cette étude redonne une cohérence à des croyances et à des rites toujours présents dans notre culture.

Nicolas François de NeufchâteauPaméla, ou La vertu récompenséeÉdition critique par Martial PoirsonSVEC, 2007, 264 p.ISBN 978 0 7294 0906 3 – Prix 95 € (HT)

Introduite, établie, annotée et commentéepar Martial Poirson, Paméla, ou La Verturécompensée fut l’une des comédies les plus populaires et les plus discutées de la fin du dix-huitième siècle. Cette comédie joue, par la figure de la servante

amoureuse d’un seigneur libertin cherchant à abuser d’elle, sur deux types au moins d’ambiguïtés : ambiguïté du plaisir trouble associé par l’écriture aux violences sexuelles et socia-les faites à la femme, et ambiguïté de l’ascension d’une femme sans condition, à travers le thème obsessif du XVIIIe siècle de la mésalliance et de la mobilité sociale. Comédie anachronique et atypique, essentielle à la connaissance de la réception des littératures anglaise et italienne en France.

Pratiques sociales et didactique des langues Études offertes à Claude Vargas réunies par Élodie Vargas, Véronique Rey, Alain Giacomi.Publications de l’université de Provence, 2007, 278 p. ISBN 978 2 85399 674 7 – Prix 27 €

Cet ouvrage est né de la volonté de rendre hommage aux travaux de Claude Vargas, professeur de linguistique à l’université

de Provence. La langue y est abordée dans sa dimension so-ciolinguistique, mais aussi dans le cadre de l’enseignement, de la didactisation et de la transmission de savoirs. Elle est éga-lement l’objet d’analyses du point de vue de l’énonciation, du discours et de l’écriture.

Sexe et texte Autour de Georges BatailleJean-François Louette, Françoise Rouffiat Presses universitaires de Lyon, 2007.243 p. ISBN 978 2 7297 0802 3 – Prix 18 €

Les romans érotiques de Georges Bataille, d’où viennent-ils, et où vont-ils ? Que doivent-ils à Freud, ou à Musset ? Ont-il laissé une postérité littéraire

par exemple chez Mandiargues, BernardNoël, Denis Roche, ou Mishima ?

De façon plus générale, comment lire les textes qui parlent du sexe ? Faut-il choisir entre bien écrire, et écrire la volupté ? Les textes du sexe savent-ils évoquer les plaisirs de la chair sans perdre pour autant ceux de la langue ?

The Pain of Unbelonging Sheila Collingwood-WhittickRodopi, 2007, 210 p.ISBN 978 90 420 2187 7 – Prix 42 €

Le postulat que pose Sheila Collingwood-Whittick en introduction de cet ouvrage est que la douleur liée au sentiment de non-appartenance constitue une véritable pathologie existentielle endémique dans les sociétés « post-coloniales » d’Austra-lie et de la Nouvelle-Zélande. Chacun des

dix essais rassemblés dans The Pain of Unbelonging propose une réflexion sur ce phénomène à travers la lecture d’une des œuvres contemporaines de la littérature de ces deux anciens territoires britanniques.

Traduction spécialisée : pratiques, théories, formationsÉlisabeth Lavault-Olléon (éd.)Peter Lang, 2007, 265 p.

ISBN 978 303911 218 0

Contrairement à ce que les progrès de la traduction assistée par ordinateur pourraient laisser croire, on n’a jamais autant eu besoin de traducteurs spé-cialisés. Cet ouvrage fait le point avec des traducteurs et universitaires qui

se sont engagés dans des formations adaptées aux enjeux technologiques et économiques d’aujourd’hui. Il aborde les spécificités de la traduction juridique, médicale, audiovisuelle, économique et technique ainsi que la place de la théorie dans les formations.

Variations au cœur et aux marges de la sociolinguistiquePatricia Lambert, Agnès Millet, Marielle Rispail, Cyril TrimailleL’Harmattan, 2007, 350 p.ISBN 978 2 296 02777 0 – Prix 29,50 €

Cet ouvrage rassemble, dans une pluralité de styles, de voix et de regards croisés, des textes, dans lesquels les dimensions sociales du langage et des langues occu-pent une place centrale. Il constitue, un

outil de réflexion majeur sur les enjeux politiques et éducatifs du plurilinguisme et de la variation.

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Focales Actualités

Le temps des contrats sortir de la tourmente

année 2007 a été pour l’université Stendhal, comme pour un gros tiers des établissements

français, l’année du renouvellement des contrats qui nous lient avec nos principaux financeurs, au premier rang desquels l’État et, dans une mesure moindre, la Région Rhône-Alpes. Ces contrats quadriennaux, à présent synchronisés, apportent à l’université une part grandissante de son budget et constituent un outil de développement stratégique pour les établissements, ainsi qu’un levier de régulation et d’éva-luation pour l’État et la Région. des partenariats vitaux

La relation partenariale ainsi établie voit l’université élaborer un projet constitué d’un certain nombre d’axes stratégiques qui, après évaluation des résultats du précédent contrat et avis sur la pertinence du nouvel engagement, font l’objet d’une négociation avec le parte-naire appelé à soutenir financièrement les projets présentés. Pour la période 2007-2010, l’université Stendhal a ainsi obtenu de l’État 6,77 millions d’euros sur les cinq axes que constituent la formation, la recher-che, la maintenance immobilière, le pilo-tage (y compris l’action internationale) et la vie étudiante. Le soutien de la Région Rhône-Alpes s’établit à 1,46 millions auxquels s’ajoutent 590 000 euros d’aides à la mobilité internationale. Nous som-mes donc installés dans un schéma contractuel devenu essentiel à la vie des établissements et encore appelé à se renforcer étant donné la volonté de notre ministère d’accroître la proportion de financement contractuel dans les prochaines années.

du rôle d’une « université des humanités » dans un monde en mutation

L’élaboration et la mise en place du projet quadriennal d’établissement sont ainsi devenues des actions de première importance mobilisant très largement les forces des universités et engageant leur réflexion stratégique dans un monde en mutation. À cet effet, l’université Stendhal a pris un certain nombre de positions susceptibles d’affirmer le rôle qu’elle entend jouer à la fois dans la société de la connaissance mondialisée, mais aussi au sein de la politique de développement du site universitaire grenoblois en tant qu’ « université des humanités ». En complément de ses actions traditionnel-les au service des langues, des cultures et de la communication, elle a dégagé un axe de recherche autour du « nouvel humanisme », au carrefour des huma-nités et des technosciences. Elle s’est aussi engagée pour un accompagnement et une orientation au service d’une insertion professionnelle réussie dans le contexte de l’adaptation aux métiers de demain pour lesquels la maîtrise des codes mondialisés et des cultures diverses sera essentielle. C’est dans ce contexte que le renforcement de son ouverture internationale, déjà très large, notamment en direction de l’Asie prend tout son sens. Enfin l’inscription de la politique d’intégration interuni-versitaire en direction de la création de l’Université de Grenoble regroupant sous forme de PRES (Pôle de recherche et d’enseignement supérieur) l’ensemble des universités du site fait partie intégrante du contrat.

dialogue et construction

Même si la notion d’autonomie mise en avant dans la nouvelle loi sur les Libertés et les responsabilités des universités peut apparaître relative face à un État quasi unique financeur des universités au sein d’une relation partenariale pour le moins inégale, la pratique de la contrac-tualisation permet au moins un véritable dialogue entre la tutelle et les établis-sements. Elle reconnaît à ces derniers la capacité d’élaborer une stratégie spécifique que l’État peut choisir de suivre entièrement ou en partie. Dans cette optique, la mise en place de la loi courant 2008, après le vote de statuts modifiés, inscrira encore davantage notre université dans cette pratique du dialogue. Il lui appartiendra ensuite, sous l’égide de la construction interuniver-sitaire, d’en faire usage pour alimenter sa réflexion stratégique au service d’un positionnement qui sera d’autant plus efficace qu’il sera original. ■

Patrick Chézaud, Président

de l’université Stendhal

omme de nombreuses universités de France, Stendhal s’est trouvée aux prises avec un mouvement très

dur entre le 13 novembre et le 20 décem-bre dernier. Elle a eu à subir des blocages, des effractions, une occupation partielle prolongée, des dégâts importants, des tags violents. Elle a surtout été tout au long de cette période dans l’incapacité de fonctionner normalement ce qui a causé un préjudice considérable à l’institution et encore plus aux étudiants.

Malgré les efforts incessants et le cou-rage de toute l’équipe de direction et du personnel, il n’a pas été possible d’établir un dialogue constructif avec la minorité mobilisée compte tenu de sa légitimité douteuse et de la radicalisa-tion extrême de ses positions qui ont vite dépassé le simple cadre de la contestation de la loi LRU (Libertés et responsabilités des universités). L’impossibilité du dialo-gue, marquée par des insultes envers les fonctionnaires, la nécessité de préserver la sécurité des biens et des personnes, de prévenir les violences et d’assurer un minimum de fonctionnement du service public, ont conduit de nombreux prési-dents à faire appel à la police. À Stendhal les forces de l’ordre ont dû intervenir deux fois.Une telle radicalisation confinant à la délinquance et appelant l’usage de la force publique indique un tournant dans les relations entre les acteurs du monde universitaire. Les anciens idéaux de vertu et de liberté des savoirs, de respect mutuel et d’autorité morale sont de plus en plus battus en brèche alors que la mutation du contexte social et sa globalisation s’accélèrent.

Dans le monde global et concurrentiel qui est le nôtre, certains sont tentés de refuser en bloc le réel et de se raccrocher aux vieilles idéologies épuisées, nées autrefois d’un contexte radicalement différent. Nos universités sont ainsi la caisse de résonance d’un malaise de civilisation caractéristique d’un ancien grand pays qui peine à se reconfigurer dans un monde où il se voit peser de moins en moins.Il faut entendre ce malaise, même exprimé d’une manière outrancière et inacceptable par une petite partie d’une jeunesse qui sait que son avenir sera peut-être moins facile que notre présent. Il faut se garder d’y céder et s’interdire de l’encourager, car le repli tétanisé sur soi et le refus de tout précipitera le déclin.

Or ce déclin n’est pas écrit, nous avons de multiples atouts qu’il va nous falloir défendre en nous habituant à l’idée qu’ils ne vont pas de soi. Dans ce combat nul-lement perdu d’avance, les humanités enseignées à l’université Stendhal, les langues étrangères, sont des armes irremplaçables. Nos disciplines ne se replieront pas sur elles-mêmes quelles que soient les tentations car elles recèlent une grande partie des clés de

la compréhension et de l’apprivoisement de la complexité du monde qui nous angoisse. C’est dans l’ouverture aux autres hommes, à leurs idées, à leurs croyances, que nous montrerons à nos étudiants déboussolés les pistes d’un avenir qu’ils peuvent construire, de même que c’est par l’explicitation des civilisations que nous apporterons le sens qui manque à l’accélération des sociétés postmodernes.

Notre université, comme toutes les autres, doit donc sortir de la crise par le haut. Ceci n’est pas encore acquis, le désespoir nous guette encore, mais nous pouvons nous appuyer sur le dynamisme et l’excellence d’un site universitaire exceptionnel, auquel nous avons beau-coup à apporter, pour reprendre confian-ce. À cet égard, les élections prévues par la loi LRU qui se tiendront dans les tous prochains mois seront déterminantes. ■

Patrick Chézaud, Président

de l’université Stendhal

« Dans ce combat nullement perdu d’avance, les humanités sont des armes irremplaçables car elles recèlent une grande partie des clés de la compréhension et de l’apprivoisement de la complexité du monde qui nous angoisse. »

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Agenda

sommaireLe mot de la rédaction

Alphabets

L’université Stendhal traverse un mo-ment unique de son histoire, entre interrogations sur son avenir insti-tutionnel et disciplinaire, les réfor-mes induites par la loi LRU, le plan licence... et le projet d’unification des

universités de Grenoble. Ce numéro d’Alphabets n’en faitpas l’impasse, au contraire ; les articles livrés ici, au-delà de leur valeur propre, témoignent de la place incontournable d’une université littéraire dans l’en-semble académique et scientifique grenoblois. Ici, plus qu’ailleurs, le linguiste et l’ingénieur font converger, pour la cause commune, les humanités, les sciences exactes et les techniques.

Un numéro d’Alphabets ne pourrait contenir plus que quelques figures de cette convergence. Le lecteur y trouvera, cependant, des cas emblématiques du rôle qui est le nôtre au plan de la formation, de la recherche, de la divulgation et de la valorisation des savoirs. Que l’on songe, par exemple, aux dernières publica-tions de notre université (pages 15 à 17), à l’exploit de Galanet (page 14), ou au projet LexAlp (page 11) qui travaille au développement concomitant des langues des pays alpins, des droits nationaux et des techniques numériques. Ou à l’interview de la doctorante Isabelle Przysucha (page 13) qui explique la démarche scientifique de cette recherche, similaire à celle des recherches les plus pointues des sciences physiques. Ou bien encore à l’extraordinaire dynamique de quelques unes de nos formations, qui « s’exportent » de plus en plus. C’est le cas de trois masters de l’UFR des Sciences de la communication en Chine, en Algérie, au Sénégal (lire Trois masters inédits, page 4, accompagné du témoignage de l’étudiante chinoise Jing Lin).

Les formations offertes par l’université Stendhal et les recherches qui y sont développées ont, toutes, à des niveaux divers, un socle ou une portée internationale. C’est là une vocation consubstantielle à une université spécialiste des langues, des lettres, de la communication… C’est aussi, nous en faisons le vœu, un apport irremplaçable de l’université Stendhal à la future proche Université de Grenoble. Ce numéro d’Alphabets est, à ce titre, porteur d’optimismepour l’avenir. Bonne lecture !

Luiz R. Busato

Colloques

Jeudi 3 et vendredi 4 avril Paris, 1553 audaces et innovations poétiquesBibliothèque nationale de France (Paris)Organisation : Olivier Halévy, équipe RARE université Stendhal, Jean Vignes, profes-seur à l’université Paris 7Contact : [email protected]

Jeudi 3 et vendredi 4 avril Pays, paysages, passages : la symbolique de l’espace dans l’œuvre de PasoliniGrande salle des colloquesOrganisation : Lisa El Ghaoui et Christophe Mileschi (GERCI)Contact : 04 76 82 68 56

Vendredi 30 maiterminologie de la guerre contre la terreurSalle des conférences - Maison des langues Organisation : Département d’études orientales en partenariat avec le LIDILEM, l’université de Genève et l’université McGill Contact : [email protected]

Journée d’études

Vendredi 30 mai 2008science et poésieMaison des langues Organisation : Centre d’études sur les modes de la représentation anglophone (CEMRA). Contact : 04 76 82 68 17

ConférencesOrganisées par l’École doctoraleContact : 04 76 82 68 23

Lundi 7 avril à 13h45 - Maison des Langues du texte au réel Philippe Forest, maître de conférences à l’université de Nantes et critique littéraire

Mardi 8 avril à 14h00 - Maison des Langues intertextualité et témoignageTiphaine Samoyault, professeur à l’uni-versité Paris 8, spécialiste de littérature contemporaine, écrivain, et critique.

Mercredi 9 avril à 14h00Maison des languesPoésie et traductionPar Yves Bonnefoy, professeur au Collège de France, auteur de La longue chaîne de l’ancre et de la traduction des Sonnets de Shakespeare

Séminaires

Mercredi 2 avril à 17h30Maison des languesLire le positionnement dans l’écrit scien-tifique : un programme de recherche pour scientext par Francis GrossmannDans le cadre du séminaire « De l’édition à la lecture » organisé par Yves Citton, Claude Coste et Michel Lafon

Jeudi 3 avril à 16h00 - MSH Alpesretour sur l’histoire littéraireSéance de conclusion du séminaire interdisciplinaire « Littérature, histoire, sciences sociales : une interrogation sur l’“objet texte” »Contact : [email protected]

Mercredi 23 avril à 18h00 Le canon paralittéraireGrande salle des colloquesJulie Penasse, étudiante en master 2 Espagnol Séminaire commun organisé par François Gramusset, François Genton et Enzo Neppi Contact : [email protected]

Jeudi 29 mai à 18h00 Canonisation française d’un roumain inconnu en roumanieGrande salle des colloques Diana Labontu, doctorante au centre de recherche ECRIRE Séminaire commun organisé par François Gramusset, François Genton et Enzo Neppi

Élections

Mardi 13 mai sur les trois sites de l’uni-versité Stendhal à Saint Martin d’Hères, Échirolles et Valence. élections des représentants aux trois conseils de l’université : Conseil d’admi-nistration, Conseil des études et de la vie universitaire, Conseil scientifique.

Événements à l’AmphidiceService culturel : 04 76 82 41 05www.u-grenoble3.fr/amphidice

Jeudis 10 et 24 avril à 19h30brèves de trottoirs : Que sera demain ?Atelier théâtre des étudiants en licence Arts du spectacle (2e année)

Vendredi 23 mai à 19h30Les maîtres - fugueurs de Dominique PaquetAtelier théâtre des étudiants en licence Arts du spectacle (3e année)

Jeudi 29 mai à 19h30Représentation donnée par les étudiants de l’ Atelier théâtre d’espagnol

Autres événements culturels

Du 25 mars au 4 avril19e Festival arts mêlésPlus d’informations sur : www.artsmeles.fr.fmContact : [email protected]

Poésie : écouter une langueCycle de lectures organisé par Philippe Henri - De 12h40 à 13h20 Bibliothèque universitaire Droit-Lettres Contact : Karin Busch – 04 56 52 85 59

Lundi 7 avril Lecture de poèmes en anglaispar Shaeda Isani et Sébastien ScarpaMercredi 14 maiLecture de poèmes en allemandpar Sophie Bourgeois-Lorrain et François GentonJuin (date à préciser)Lecture de poèmes en italienMichèle Coury et Christophe Mileschi

Le magazine de l’Université Stendhal - Grenoble 3 - N°6 - Tirage : 6000 exemplaires - Dépôt légal à parution - ISSN : 1772-1873. Directeur de la publication : Patrick Chézaud. Directeur de la rédaction : Luiz R. Busato. Responsable éditoriale : Nadia Samba. Ont collaboré à ce numéro : Bernard Émery, Élisabeth Lavault-Olléon, Christian Degache, Julie Besse, Yves Nicolas, Amanda Rueda et les entités suivantes : CRI - CRELIT, ELLUG, ILCEA - GREMUTS, service culturel, UFR des Sciences de la communication. Graphisme et réalisation : Service communication / Aline Girodet. Fabrication : Imprimerie Fagnola. Crédits photographiques : © Université Stendhal / Bérangère Haëgy, Renée Monin, Aline Girodet, Éric Chamberod, Julie Besse, Nadia Samba.© Ardèche Images. © Théodore de Bry - image tirée des Grands voyages, 1591. © Moacyr Andrade, Détail du tableau Nossa senhora de aparecida do Amazonas. © Jean-Philippe Clément. © BNF.

Contact : Université Stendhal - Grenoble 3 - Service communicationBP 25 - 38040 Grenoble cedex 9 - France. Tél. : 04 76 82 43 49 - Courriel : [email protected]

actualitéSortir de la tourmente

Formation3 masters inédits : une ouverture résolument internationale• Communication et management à l’international : un master sur mesure• Des professionnels du secteur pétrolier algérien à l’école de la communication d’entreprise • Le Master Réalisation documentaire de création ouvre au Sénégal

recherche Utopie brésilienne et luso-tropicale thèses

PerspectivesL’université Stendhal au cœur d’un projet européen sur le multilinguisme alpin : LexALP

Galatea, Galanet, Galapro : 3 générations d’un projet européen sur l’intercompréhension en langues romanes

Livres

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Pour plus d’informations, une seule adresse : www.u-grenoble3.fr

Entrée libre

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Apprenez la langue de votre choix à votre rythme !

AlphabetsAlphabetsLe magazine de L’université stendhaL - grenobLe 3 - n°6 - mars 2008

3 masters inédits : une ouverture résolument internationale

L’université stendhal au cœur d’un projet européen sur le multilinguisme alpin : LexaLP

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Centre d’apprentissage en autonomie (CAA)Maison des langues et des cultures1141, avenue centrale – Domaine universitaire – Saint Martin d’HèresTél : 04 76 82 77 40 – [email protected]/caa