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La bidisciplinarité : de la tradition à l’innovation Quadriennal : un rendez-vous avec l’avenir L’ENT : de nouveaux chemins vers le savoir La science côté culture Le magazine de l’Université Stendhal-Grenoble 3, n 3, novembre 2005 Alphabets www.u-grenoble3.fr/stendhal/ Didactique dulexique: langue, cognition, discours Ouvrage coordonnpar Francis Grossmann, Marie-Anne Paveau et Grard Petit

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Magazine de l'université Stendhal-Grenoble 3.

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Page 1: Alphabets numéro 3

La bidisciplinarité : de la tradition à l’innovationQuadriennal : un rendez-vous avec l’avenirL’ENT : de nouveaux chemins vers le savoir

La science côté culture

Le magazine de l’Université Stendhal-Grenoble 3, n•3, novembre 2005

Alphabets

www.u-grenoble3.fr/stendhal/

Didactique dulexique: langue, cognition,discours

Ouvrage coordonn� par Francis Grossmann, Marie-Anne Paveau et G�rard Petit

Page 2: Alphabets numéro 3

3 Un rendez-vous avec l’avenir

4 L’environnement numérique de travail

6 Quand la recherche entre à l’Amphidice

7 L’éloquence des voix conteuses

8 Agenda / En bref

9 Le pari de la bidisciplinarité :

de la tradition à l’innovation

10 Une aventure transdisciplinaire autour de la parole

12 Le concert des muses sœurs

13 Rencontre autour de l’infiniment petit

14 Livres, thèses

AlphabetsLe magazine de l’UniversitéStendhal-Grenoble 3N° 3, novembre 2005Tirage : 7000 exemplaires3 numéros par an :novembre, février, maiISSN : 1772-1873Dépôt légal à parution

Directeur de la publication :Patrick ChézaudRédacteur en chef :Bernard RoukhomovskySecrétariat de rédaction :Fabienne Dinale,Sylvie GagnièreGraphisme et réalisation :Jean-Noël MoreiraFabrication :Imprimerie des Deux-Ponts

Crédits photographiques :Patrick Kopff, BérangèreHaëgy/Université StendhalJean-Michel MalderaÉric Chamberod

Informationset relations presse :[email protected] et publicité :[email protected]

Contact :Université Stendhal-Grenoble 3Service Communication1180, avenue CentraleBP 25 - 38040 Grenoble cedex 9Tél/fax : 04 76 82 43 49> www.u-grenoble3.fr

–Quand finira-t-on, soupirez-vous, de nous payer de ces troismots qu’on nous ressert à chaque livraison de ce journal!Humanisme, humaniste, humanités… : est-ce donc là

tout votre vocabulaire? – Je vous l’accorde, ces trois mots-là n’ontpas pour eux, comme l’on disait au Grand Siècle, la grâce de lanouveauté : le moyen de parler d’avenir avec des mots d’un autretemps? – Et s’ils n’étaient, ajoutez-vous, que les mots-clés d’undiscours en trompe-l’œil, une manière d’incantation, une façon debarbouiller un semblant de figure humaine sur le visage peu avenantd’un avenir qui, loin de l’homme et sans lui, se prépare dans lesecret glacé des salles blanches… – Je comprends la défiance quevous inspirent ces trois revenants, d’autant qu’ils reviennent de loin,qu’ils ont servi des causes qui ne sont plus les nôtres. Croyez bien,cependant, que notre entêtement à les convier dans ces colonnes nedoit rien à la naïveté, non plus qu’à la nostalgie. Tout au contraire :ce n’est pas dans le désir de voir revivre unmonde ancien vaguementrelooké, mais bien dans la pensée de l’avenir et le souci de leconstruire que l’Université Stendhal a choisi de prendre sa part àl’invention d’un humanisme pour demain. Ce projet pour demain,dont la contribution de Patrick Chézaud (p. 3) esquisse ici les lignesde force, retrouve en effet les ambitions fondamentales duprogramme humaniste. Il en illustre l’éminente actualité, à l’heureoù le développement des nouvelles technologies de l’informationet de la communication, tout comme en son temps l’avènement dulivre imprimé, est susceptible de multiplier les chemins d’accès ausavoir (voir p. 4-5 notre rubrique Formation). À l’heure où l’impactde ce saut technologique est comme amplifié par la multiplicationdes voies de diffusion de la pensée, parmi lesquelles la créationculturelle est appelée à tenir, à l’université même, un rôle de plusen plus important (lire p. 6-7). À l’heure où des cultures différentesviennent à se frotter les unes aux autres et s’interpénétrer, aussibien, du reste, que des disciplines différentes, comme en témoi-gnent, à l’Université Stendhal, les succès des recherches et desformations bidisciplinaires, phénomène que nous vous proposons demettre en perspective (lire p. 9-13). Une façon, Lecteur, de vousinviter à pousser la porte de ce laboratoire où s’inventent peut-être,pour une part, les humanités de demain. �

Bernard Roukhomovsky

Laboratoire

Sommaire

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Alphabets / 3

C ontrairement à uneidée reçue, le finance-ment des universités

ne provient pas exclusivementde la dotation attribuée chaqueannée par l’État, appelée DGF(Dotation Globale de Fonction-nement). Depuis quelquesannées l’État a initié une démar-che contractuelle : des «contratsquadriennaux» sont ainsi négo-ciés puis signés entre les deuxpartenaires etpermettent l’attribution de finan-cements aux établissementsd’enseignement supérieur aprèsévaluation de leurs projets. Cetteapproche partenariale, quimet enrelief les initiatives des univer-sités rassemblées en une poli-tique de développement, estappelée à prendre une impor-tance croissante, d’autant plusque s’y adjoint depuis cette annéeune démarche similaire menéepar la Région Rhône-Alpes. Lesuniversités sont ainsi entrées deplain-pieddans laculturedeprojetet dans la définition d’objectifs.

Moment charnièreL’élaboration du projet d’établis-sement pour la période 2007-2010 constitue pour notre Uni-versité l’occasion de se fixer desobjectifs ambitieux, à la mesurede la défense des valeurs de l’hu-manisme qu’elle s’est donné pourtâche d’incarner et de défendre,tant au sein du site très particu-lier de Grenoble qu’au niveaunational et international. Avec ladéfinition d’une politique derecherche qui favorise l’apportde la réflexion sur les culturesdans les débats sur la place dessciences et des nouvelles tech-nologies dans le monde dedemain, l’Université Stendhalprend sa part aux préoccupa-tions de Grenoble Universités,

l’association des quatre univer-sités de Grenoble autour d’unepolitique universitaire locale. Cefaisant, elle se positionne parmiles pionniers d’une rechercheessentielle dont les enjeux sontcruciaux pour les sociétésmodernes dans le monde entier,avec pour horizon le devenir del’homme, confronté à l’éventua-lité de la perte de contrôle de saconnaissance et de son pouvoirsur les choses et sur lui-même.C’est à ce moment charnière del’évolution de la science que lesrecherches sur le sens et lesvaleurs humaines portés par lescultures, les imaginaires et lesmodes de communication doi-vent prendre toute leur placepour aider à forger la sociétéhumaniste de demain.

Le développementdu françaisCet objectif global, ambitieux etresponsable, porté par la recher-che, indispensable «nerf de laguerre» de l’Université, sert decolonne vertébrale à l’ensembledes projets sur lesquels nousnous engageons pour quatre ans.Une très forte volonté de déve-loppement des langues, articu-lant politique scientifique etpolitique de relations interna-tionales, structurera les effortssur deux axes complémentaires.D’une part la défense et ladiffusion de la langue, de laculture et de la littérature fran-çaises, domaine où l’excellencede l’Université Stendhal est una-nimement reconnue, doit servirl’attractivité du site de Grenobleen favorisant l’accueil d’unensemble croissant de jeuneschercheurs et d’étudiantsétrangers à l’heure où s’exacerbela compétition entre systèmesd’enseignement supérieur. Ce

développement veut aussi défen-dre les valeurs d’une mondiali-sation autre que celle portée parla culture anglo-saxonne— unemondialisation humaniste pen-sée sur un modèle différent ettournée notamment vers l’Orient.

Vecteurs et creusetsde cultureLe deuxième axe de développe-ment porte sur les autres langues,et notamment sur les languesorientales, arabe, chinois, japo-nais, dont l’importance dans lemonde n’est plus à démontrer,comme le confirme une très fortedemande. La spécificité univer-sitaire de l’approche de l’ensei-gnement de ces langues, commedes autres, réside dans l’intérêtessentiel accordé aux cultures,dont les langues et les littéra-tures sont tout ensemble levecteur et le creuset. Enseignerune langue, c’est ouvrir à la

culture qu’elle porte et qui l’aforgée. C’est de cette manièrequ’une université humaniste veutcontribuer au dialogue entre leshommes et les civilisations.Ainsi, en poursuivant égalementtous les efforts définis par lecontrat précédent pour mieuxintégrer et soutenir la vie desétudiants, et pour faire partagerà tous ses personnels lesbénéfices de son développement,l’Université Stendhal s’apprêteà proposer un vrai contrat dedéveloppement à l’État, articuléà une véritable vision de sondevenir en phase avec le devenirdu monde. �

Patrick Chézaud,Président del’UniversitéStendhal

Un rendez-vous avec l’avenir…L’élaboration du contrat quadriennal

Actualité

Après un contrat quadriennal 2003-2006 axé sur l’accompagnement des étudiants et une nécessaire restructura-tion de sa recherche, l’Université Stendhal élabore pour la période 2007-2010 un nouveau projet dont les ambitionssont à la mesure des enjeux. Objectif : une dynamique renouvelée dans un environnement en mutation.

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C ontrairement à uneidée reçue, les univer-sités littéraires ne sont

pas moins concernées que lesautres par le développement destechnologies de l’information etde la communication (les fameu-ses TIC), par la montée en puis-sance de l’outil informatique etpar ses applications pédago-giques (autant qu’administrati-ves) : elles affrontent les mêmescomplexités, les mêmes enjeux,lesmêmes défis… Si l’UniversitéStendhal s’est engagée de longuedate dans ce processus, elle anéanmoins franchi, début 2005,une étape nouvelle, en se dotantd’une Direction des Systèmesd’Information (DSI) : « Dès sacréation, nous rappelle NinaRégnier-Tayar, qui dirige cettestructure nouvelle, la DSI s’estdonnée pour ambition de cons-truire à l’Université Stendhal ceque l’on appelle, dans notre jar-

gon, un ”ENT” (comprenez unenvironnement numérique detravail), susceptible de répondreaux besoins de tous ses acteurs,étudiants, enseignants-cher-cheurs, personnels administra-tifs…»

Simple comme bonjourLe principe général de l’ENTconsiste à substituer à un dispo-sitif disparate et cloisonné unensemble homogène de servicesnumériques : un environnementqui démultiplie les possibilitéset qui permet notamment desimplifier l’accès aux informa-tions en lien avec la formation, letravail collaboratif (ou travail engroupe), la vie scolaire, la vieétudiante… La simplicité est eneffet la vertu première de cedispositif. L’ENT propose des res-sources en ligne accessibles àn’importe quelle heure et den’importe quel lieu –domicile,université, libre-service infor-matique (voir ci-après) ou toutautre point d’accès : il suffit dedisposer d’un équipementconnecté à l’internet. Quant à laprocédure d’authentification, elleest simple comme bonjour :l’utilisateur entre une fois pourtoutes son nom et son mot depasse, et se voit ouvrir l’accès àl’ensemble des applications pro-posées.Pour que l’ENT devienne réalitéà l’Université Stendhal, unepremière étape –véritablementstratégique– s’imposait en amont :la mise en place d’un annuairecentralisé capable d’accueillir

tous les utilisateurs potentielsdu système d’information (étu-diants et personnels). Jouant, iciencore, la carte de l’homogé-néité, la DSI a fait le choix dedéployer l’annuaire Triode Pro-cess utilisé dans les autres uni-versités grenobloises. Pari tenu :s’il reste à intégrer certainescatégories spécifiques d’utilisa-teurs, cet annuaire centraliséétait néanmoins globalementopérationnel à la rentrée 2005.

Communiquer,collaborer, organiserUne rentrée 2005 égalementmarquée –et c’est la deuxièmebrique dans le processus deconstruction de l’ENT– par l’en-

trée en scène du Bureau Virtuel(BV), mis à la disposition de tousles établissements d’enseigne-ment supérieur par la régionRhône-Alpes, et qui compte déjàplus de 120 000 utilisateurspotentiels sur Grenoble, Valence,Saint-Étienne et Lyon : unemiseen route accompagnée et facili-tée, à l’Université Stendhal, pardes actions de sensibilisation etde formation en direction despersonnels et des étudiants(notamment, pour ce quiconcerne ces derniers, à l’occa-sion des traditionnels «amphisd’accueil » de la rentrée), maisaussi par la mise en place d’unehotline.

Bureau Virtuel, libre-service informatique, annuairecentralisé… Dès sa création, en janvier 2005, la Directiondes Systèmes d’Information s’est mobilisée, toutes équipesconfondues, pour préparer la mise en place d’un« Environnement Numérique de Travail » à l’UniversitéStendhal. Une étape nouvelle –et décisive– dans l’uti-lisation pédagogique de l’outil informatique.

Formation

L’environnement numériquDe nouveaux outils pour la formation, de nouveaux chem

Nina Régnier-Tayar

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e de travailins vers le savoir

«Concrètement, explique NinaRégnier-Tayar, le BV constitueun espace virtuel de travail dotéd’outils dédiés à la communica-tion (chat, forum), au partage dedonnées (archivage de docu-ments accessibles à un groupedéfini) et à l'organisation (agenda,boite mail, etc.). » C’est unensemble d’espaces privés (sitespersonnels) et collectifs (sitesde groupes) qui permettent auxutilisateurs de communiquer defaçon asynchrone (messagerie,forum) ou synchrone (chat), soitavec d’autres étudiants pourorganiser des séances de travail,clarifier un point du cours, maisaussi organiser du co-voiturage,des sorties… soit avec des ensei-gnants à propos des cours, destravaux à effectuer, des examens…ou encore avec des personnelsadministratifs pour les inscriptionspédagogiques, administratives,les modalités d’examens…Le dispositif permet égalementde stocker des données (mémoi-res, rapports…), de partager desprises de notes, ou encore desliens vers des ressources com-plémentaires avec les étudiantsd’unmême cours, mais aussi decollaborer autour de la réalisa-tion de travaux de groupe(compte-rendu, analyse…), ou degérer son emploi du temps (parexemple, de noter la date d’uneconférence) grâce à l’outil« agenda » et d’organiser sontravail (cours, devoirs…) grâce àl’outil « tâches».

75 postes de travail«Parallèlement à l’élaborationde l’ENT proprement dit, pour-suit la directrice des Systèmesd’Information, l’un des axes duprojet vise à fournir des pointsd’accès à cet environnement. »L’inauguration, lors de cettemême rentrée 2005, d’une nou-velle salle de libre-service infor-matique s’inscrit donc dans lacohérence de ce projet global et

constitue une pièce maîtressedu dispositif : l’objectif est defournir aux étudiants de l’Uni-versité Stendhal, dans un cadrebien précis qui est celui de l’aideà la formation, un accès aux tech-nologies de l’information et dela communication.Ouvert du lundi au vendredi de8h à 19h30 (au rez-de-chausséedu bâtiment K), ce nouveau ser-vice comprend 75 postes de tra-vail répartis en 4 zones : unezone pour les travaux collabo-ratifs, une autre pour la produc-tion de documents, une troisièmepour la communication (40 pos-tes), une enfin pour le noma-disme comportant 10 positionsde connexions filaires et un ser-vice ASFI (Wifi). Il propose enoutre un poste d'autoformation auBureau Virtuel avec l’assistancede moniteurs ainsi qu’un poste

de gestion de compte TriodeProcess (l’annuaire centralisé).Cette première étape dans lamise en place de l’ENT auramobilisé toutes les équipes dela DSI, en étroite collaborationavec d’autres composantes del’université (telle que la CelluleTice pour ce qui concerne l’ac-compagnement et la formationdes usagers) comme avec lesservices interuniversitaires(notamment pour la mise enplace de l’annuaire). Reste à pré-parer les étapes suivantes dudéploiement de l’ENT, telles quela mise en ligne de ressourcesaudiovisuelles, l’accès à desplateformes pédagogiques ou àl’encyclopédie universelle… �

> Plus d’infos sur le BV :www.bv.rhone-alpes.fr

Tests en ligneFaciliter l’accès aux languesen Formation Continue

Depuis la rentrée 2005, leservice Formation Continuepropose aux personnes sou-haitant s’inscrire aux stagesd’anglais un test accessibleà distance. Un outil quiallie simplicité, rapidité etefficacité.

Le service Formation Continuemet à la disposition de tousl’ensemble des compétences del'Université : Langues, Lettres,Langage et Communication. Ilpropose une offre de forma-tion adaptée, organisée selondes formules souples et inté-grant des dispositifs conçuspour les adultes.Pour un apprentissage dequalité, dans le cadre desstages de langue, la constitutionde groupes de niveaux aumoyen de tests est indispen-sable. Après une phase expé-rimentale d’un an, un test depositionnement est désormaisdisponible pourtous, via Internet, accessibleàl’adresse suivante : www.u-grenoble3.fr/FC. 68 questions,dont 22 portant sur l’appareillinguistique et 46 sur la com-préhension de l’oral, permet-tent d’attribuer à chaque can-didat un score global et unscore par question. Une échellede notes détermine des four-chettes de niveau : il est alorspossible, selon le score obtenu,de proposer au futur stagiaireune inscription à un groupedit «de niveau».À partir du deuxième semes-tre 2005-2006, ces tests de posi-tionnement seront égalementproposés pour l’espagnol. �

ContactsService Formation ContinueTél. 04 76 82 43 82Fax 04 76 82 77 [email protected] des Langueset des Cultures

Le libre-service informatique

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L’un des objectifs du contrat quadri-ennal qui lie l’Université Stendhalà l’État pour la période 2003-2006

est d’opérer « l’articulation de la rechercheet de la culture […] par la mise en œuvred’événements à double dimension culturelleet scientifique». C’est cette piste qu’a tentéd’explorer le service culturel tout au longde ces dernières années, avec l’aide d’uncertain nombre d’équipes de recherche del’université, du campus et d’ailleurs.

Le spectacle d’abordL’Université Stendhal s’est dotée à cet effetd’un équipement de prestige : l’Amphidiceest une véritable salle de spectacle profes-sionnelle, dont les artistes, les étudiants etles personnels qui l’ont utilisée ont pu appré-cier les nombreuses qualités. Ne serait-ceque pour des raisons techniques, ce n’estqu’à titre exceptionnel qu’elle peut se trans-former en salle de colloque ou de confé-rences, lors de manifestations impliquantl’intérêt ou la participation de l’universitédans son ensemble : ainsi en a-t-il été duDoctorat honoris causa remis au cinéasteThéo Angelopoulos en janvier 2004; ainsi ensera-t-il des journées professionnelles orga-nisées en janvier prochain par le CentreNational d’Art Contemporain de Grenoble àl’occasion de sa réouverture et du 20e anni-versaire des FRAC.

Partenaire à part entièreDe même, mieux qu’un simple prestatairede service mettant l’Amphidice à disposition,

le service culturel estsusceptible de deve-nir un partenaire àpart entière des équi-pes de recherche quisouhaitentmonter unprojet culturel. À cetégard, plusieurs opé-rations exemplairesde ce type de colla-boration méritentd’être signalées : la

représentation, en novembre 2004, de lapièce de Pierre Grou, Chveik dans la mon-dialisation, à l’occasion du colloque « DeHasek à Brecht : la fortune du soldat Chveik»(CERAAC), pièce mise en scène et interpré-tée par des étudiants de la filière «Arts duspectacle» et du Conservatoire National deRégion, en présence de l’auteur ;

celle, le 22 septembre dernier, de Serpentinvert par la comédienne Nicole Rouillé, dansle cadre du colloque Le conte en ses paro-les (voir ci-contre) ; ou encore, tout récem-ment, le 12 octobre, une «Lecture de science»à l’occasion de la Fête de la science et deLire en fête, Regards sur l’infiniment petit(voir en p. 13).Ainsi les chercheurs, les équipes, les étudiantsqui souhaitent mettre en place une initiativeculturelle s’articulant avec une probléma-tique ou unemanifestation scientifique sont-ils toujours les bienvenus à l’Amphidice : leservice culturel est à leur disposition, pourpeu qu’ils s’y prennent avec un peu d’avance,pour les conseiller, les aider dans lemontagede leur projet et les faire bénéficier de sonréseau. Qu’on se le dise ! �

> www.u-grenoble3.fr/stendhal/etudiant/action-culture

Loin de donner à penser qu’elle est l’affaire des seuls chercheurs, la recherche universitaire, sans renier sa légitime

aspiration à l’excellence, a pour mission de partager avec le plus grand nombre ses enquêtes et ses conquêtes. Or, lors-

qu’il s’agit d’ouvrir les sciences («dures» ou «molles») au public le plus large et d’en faire connaître les progrès, le rôle

de la politique culturelle est décisif. Instrument de cette politique culturelle à l’Université Stendhal, l’Amphidice est un

espace où les chemins de la recherche et ceux de la culture ont vocation à se croiser.

6 / Alphabets

Recherche

La science côté cultureQuand la recherche entre à l’Amphidice…

Quoi?335 places assises, 7 emplacements pourpersonnes à mobilité réduite, 16 m2 deloges, 15 postes de maquillage, 9,50 m deprofondeur de scène, 1 régisseur créateurlumière, 41 représentations en 2004-2005…Et le tout fait une salle de spectacle, àl’Université Stendhal (hall sud), au cœurdu campus.

Pour qui?Avec une programmation pluridisciplinaire(théâtre, musique, danse, cinéma…), l’Am-phidice s’adresse à tous les publics : unepolitique de libre accès, avec des tarifsaccessibles et de nombreux spectaclesgratuits, vise à permettre au plus grandnombre d’assister aux spectacles profes-sionnels. Mais l’Amphidice revendiquesa spécificité d’outil pédagogique et de

recherche en partenariat avec les profes-sionnels du spectacle : les représentationssont pour la plupart accompagnées de ren-contres, d’ateliers et de stages pratiques;c’est dans cette optique que le serviceculture tisse un réseau de partenariatsavec les acteurs de l’agglomération commel’Hexagone, le Centre National d’ArtContemporain…L’une des vocations du service culturel estd’aider le développement de la créationétudiante : à cette fin, il alloue deux foispar an des subventions (sur dossier).

Qui?Alain Guyot, chargé de mission Culture.Fabienne Marie, responsable Actionculturelle. Cécile Chemin, régisseuse.Contacts : tél. 04 76 82 41 [email protected]

L’Amphidice et le service culturel en 3 questions…

L’Amphidice. A. Guyot, chargé demission

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U colloque internationalsur Le Conte en sesparoles s’est tenu du

22 au 24 septembre à l’Univer-sité Stendhal : il s’agissait detravailler sur la dimension dela parole dans le conte mer-veilleux de l’âge classique (contede fées et conte oriental). Uneréflexion enrichie par deux spec-tacles de très grande qualité :Serpentin vert, spectaclebaroque, conte d’après la Com-tesse d’Aulnoy, par NicoleRouillé et sesmusiciens (donnéle jeudi soir à l’Amphidice), etConte distancié, Paroles d’O-rient, par Saïd Ramdane et JihadDarwiche (le lendemain auMusée dauphinois). Chacune àsa façon, ces réalisations ontpermis à un public passionnéd’entendre véritablement l’élo-quence des voix conteuses.

Que le conte est fait pour«sonner»À la demande de Jean-FrançoisPerrin, directeur de l’UMR LIREet organisateur du colloque,Nicole Rouillé s’est saisie d’unconte de Mme d’Aulnoy, Ser-pentin vert (1697), qui reprend,dans une écriture baroque légè-rement ironique, le mythe dePsyché (cette jeune fille qui, parexcès de curiosité, perd sonépoux invisible, le dieu Amour,et doit descendre aux Enferspour le retrouver), un scénarioqu’un opéra de Lully et une ver-sion de La Fontaine avaientremis à la mode ces années-là.Musicienne et cantatrice, NicoleRouillé dirige le Conservatoirede Meaux, où elle enseigne lechant baroque et la viole degambe et mène parallèlementdes recherches sur l’éloquence,l’oralité et la gestuelle baroques(un livre est en préparation :Peindre et dire les passions.Le corps expressif dans la pein-ture et les arts oratoires auxXVIIe-XVIIIe siècles). Elle amonté différents spectacles

originaux en rapport avec sesrecherches : « Je me sers dutexte d’époque, nous dit-elle, etje construis une histoire autour,un scénario avec de lamusique.Au texte principal se mêlent desextraits d’autres textes (commeceux de Corneille et Molièredans Serpentin vert). » C’estainsi que les spectateurs del’Amphidice ont eu le plaisird’entendre en contrepoint de lavoix deMme d’Aulnoy (elle-mêmedédoublée en diction moderneet en diction ancienne restituée),un concert de viole (VéroniqueMorisot) et de théorbe (YvesGruson) associant des airs dePsyché (Lully, Corneille, Molière)à des morceaux de MarinMarais, Demachy, Lambert… :«J’ai voulu mettre en avant lafluidité et la beauté de la lan-gue de Mme d’Aulnoy ; j’ai vouluprouver aux chercheurs que leconte est fait pour être dit àhaute voix ; il est fait pour son-ner.» Outre le plaisir d’écouterainsi revivre par fiction ces voixanciennes qui se sont tues, ondécouvrait aussi à l’occasionde cette soirée la beauté de

l’éloquence du geste (la fameuseactio des traités de rhétorique),comparable en bien des aspectsà la précise chorégraphie desarts de la scène orientaux.

Territoires du MerveilleuxLe spectacle donné au Muséedauphinois par Saïd Ramdaneet Jihad Darwiche intervenaiten clôture d’une journée consa-crée aux croisements entre écri-ture et oralité et aux transfertsdu conte vers la scène. Avec ungrand talent, les deux conteursont apporté une authentiquecontribution à la réflexion ducolloque tout en procurant unplaisir rare à leurs auditeurs ; ilsont réussi à faire expérimenterl’extraordinaire capacité de l’artde la parole à emporter sur lesterres de l’Imaginaire qui veutbien lui prêter l’oreille, tout encréant les conditions d’uneméditation en acte –et en par-tage – sur ses propres codes.«Sous l’intitulé conte distancié,écrivent-ils, il est question duconte et du conteur, de l’écouteet du contage liant la parole etla posture…»

Saïd Ramdane, né en Algérie,est l’un des fondateurs des «Artsdu récit en Isère» ; il a créé denombreux spectacles associantconteetmusique. JihadDarwicheest né auLiban : précieuse biblio-thèque vivante comme le sonttous lesgrandsconteurs, l’épopéede Gilgamesh côtoie dans samémoire les Mille et une nuits,et toutes sortes de récits tradi-tionnels desonpays. Il conta l’unede ces histoires universelles oùcelui qui cherche à échapper àla mort et croit y être parvenu,tombe à son insu dans les brasde Celle qui ne renonce jamais.Entre-temps, le public étaitconvié à l’histoire d’une trans-mission millénaire, à traversune conversation émouvante desdeux artistes sur les conditionsde leur initiation depuis l’enfanceaux territoires du Merveilleux.C’est ainsi que les acteurs ducolloque et le public qu‘avaitattiré l’annonce des deux spec-tacles, ont pu goûter au charme,aussi moderne qu’immémorial,du conte en sa parole vivante.�

Jean-Nicolas Clamanges

L’éloquence des voix conteusesProlongeant et complétant avec bonheur les travaux d’un colloque consacré à la dimension de la parole dansle conte de l’âge classique, deux spectacles de grande qualité ont été offerts au public grenoblois. Un bel exem-ple de complé-mentarité entre politique culturelle et diffusion de la recherche.

Nicole Rouillé en scène. Photo : Éric Chamberod.

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Agenda

En bref

Rénovation des salles de cours :de la lumière avant toute chose

E lle a dû se tromper. Elle referme la porte et revient sur sespas. Elle vérifie. Mais non, pourtant, elle ne s’est pas trom-pée, c’est bien là. Elle n’en croit pas ses yeux : c’est tout neuf,

et surtout c’est si clair…À vrai dire, la scène a dû se reproduire un bon nombre de fois lorsde cette rentrée 2005. Après les amphis et le hall Nord, inaugurésil y a un an, après la bibliothèque de l’UFR de Lettres et les locauxde l’Institut de la Communication Parlée, ce sont, cette année, lessalles d’enseignement du premier étage qui ont été profondémentrénovées pour offrir unmeilleur confort, à la fois acoustique et lumi-neux, aux étudiants. Du fonctionnel de grande tenue du point de vuequalitatif : « Tout l’effort porte sur la qualité de l’atmosphère detravail, conçue pour très bien voir et pour très bien entendre», sou-ligne Patrick Kopff, l’architecte en charge du projet. Quant à lagrande galerie qui relie ces espaces de travail, elle a été relookée–et repensée– dans la foulée. �

Coopération : l’Université Stendhal s’embarquesur le vaisseau Arcus

L a coopération scientifique en direction des grands paysémergents est-elle une spécialité rhônalpine ? Toujoursest-il que la région Rhône-Alpes est la seule région de

France à avoir obtenu la reconnaissance de ses deux projets –l’un endirection de la Chine, l’autre de l’Inde– au titre de la campagne Arcus(Actions en Régions de la Coopération Universitaire et Scientifique)co-pilotée par les ministères des Affaires étrangères et de l’Éduca-tion nationale.

Les universités grenobloises sont plus particulièrement impliquéesdans la coopération avec l’Inde, notamment autour des micro etnanotechnologies. L’Université Stendhal a sa part dans ce succèsrhônalpin puisque son projet d’étude des discours et représentationscoloniaux et post-coloniaux forme l’essentiel du volet consacré auxSciences Humaines et Sociales : «Elle donne ainsi, souligne sonPrésident, Patrick Chézaud, la mesure de son ouverture interna-tionale et du rayonnement de sa recherche.» �

Culture8 novembre : théâtreRencontre avec les artistesautour de la pièce « Le grandSaigneur», de12h30 à14h.

9 novembreLe Grand Saigneur de PhilippeGaulier. Compagnie Volt’Face,mise en scène Stéphane Müh. À19h30, tarifs : 3,5 €, 5 €, 10 €.

15 novembre : cinéma allemandCycle «Une autre Allemagne /Culture en marge ». Rapide etsans douleur (Kurz und schmerz-los), 1998, de Fatih Akin, à 18h.

16 novembre : danse à l’ICMConférence « Vidéodanse etparoles de Chorégraphe», avecAnne-Marie Pascoli. À l’ICM(Échirolles) de 12h30 à 14h30.

17 novembre : danse à l’ICMPerformance dansée, dans lesmurs de l’ICM, de 13h à 13h30.

17 novembre : danseDanse orientale, par la troupeEgyptissime dirigée par Suza-nah Hassan, à 18h30.

22 novembre : rencontreSéminaire «travail et imaginaire :innover» dans le cadre du fes-tival des Rencontres Imaginai-res organisé par l’Hexagone. De9h à 17h, sur réservation, tél.04 76 82 41 05

29 novembre : cinéma allemandCycle «Une autre Allemagne /Culture en marge ». Head On(Gegen die Wand), 2004, Oursd'Or à Berlin 2004, de Fatih Akin,à 18h.

1er décembre : danseConfidanses. Conférence illus-trée autour du Flamenco et deson histoire avec les danseorientales, les traditions Rom,l’Espagne, à 20h.

13 décembre : musiqueConcert de Noël, Orchestre descampus. À 19h30.

15 décembre : danseLabo danse 1, par les étudiantsde l’École de Danse, à 20h.

> Sauf indication contraire, lesmanifestations ont lieu à l’Amphi-dice (Université Stendhal, hall Sud) ;entrée libre (sauf mention contraire).

Recherche24-25 novembre : colloqueImages et formes de la diffé-rence dans la littérature narra-tive italienne des années 1970 ànos jours. Organisé par le GERCIU. Stendhal (salle des colloques).

8-9 décembre : colloqueVisions du Nouveau Monde :dynamiques culturelles etreprésentations . Organisé parle Cemra. U. Stendhal (MLC).

19-20 janvier : journéesd’étudesCe déplorable prurit du voyage.Art de voyager et art d’écrirechez Théophile Gautier. Organi-sées par le CESR-Traverses XIX-XXI. U. Stendhal (MLC)

Formationdu 8 au 10 décembreSalon de L’ÉtudiantLes lycéens et leurs famillespourront s’y documenter sur lesformations proposées par l’Uni-versité Stendhal et assister à desconférences-débats. AlpexpoGrenoble

27 janvierJournée du lycéenAccueil des lycéens de terminaledes 5 départements de l’acadé-mie. Intervention des enseignantsde l’université pour chaque filière,permanences de 9h à 16h etconférences, dans les locaux del’Université Stendhal.

Une salle de cours rénovée.

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T ransdisciplinarité, interdisciplinarité, pluridisciplinarité, bidisciplinarité… Autant deréponses, concurrentes ou complémentaires, au besoin qui se fait jour avec uneacuité croissante, dans le domaine de la formation comme dans celui de la recher-

che, d’échapper à la rigidité des cloisonnements disciplinaires. Parce que les objets d’étudene manquent pas, qui demandent à être saisis par des biais divers, au point de rencontreentre divers champs du savoir. Parce que les étudiants sont nombreux, et le seront de plusen plus, qui aspirent à élargir l’assise de leur culture et l’éventail de leurs acquis. Parceque le dialogue interdisciplinaire, les succès et les progrès de la pensée traversière préfi-gurent une probable recomposition de la carte des savoirs…C’est à de tels besoins et à de tels défis que répond, depuis de longues années déjà, le déve-loppement des recherches et des formations bidisciplinaires à l’Université Stendhal. De fait,la bidisciplinarité n’est pas une idée nouvelle : de la filière «Langues étrangères appli-quées» (qui associe l’apprentissage des langues à une formation juridique, économique etcommerciale) aux collaborations scientifiques interuniversitaires, les pratiques bidiscipli-naires ont d’ores et déjà pour elles une longue tradition. Mais ces pratiques éprouvées,ces succès reconnus ouvrent aussi la voie à de nouveaux développements, à l’expéri-mentation et à l’innovation. Entre tradition bien établie et invention de l’avenir, la bidiscipli-narité fait son chemin… État des lieux (évidemment partiel), à travers trois exemples. >

Le pari de la bidisciplinaritéDe la tradition à l’innovation

Page 10: Alphabets numéro 3

C réé en 1983, l’ICP est une struc-ture CNRS (Unité Mixte de Recher-che N° 5009) bi-universitaire qui

relève à la fois de l’Institut National Poly-technique de Grenoble (INPG) et de l’Univer-sité Stendhal (comme composante de l’UFRdes Sciences du Langage). Réparti sur deuxsites (la «pagode» de Stendhal, sur le cam-pus, et le «grenier» de l’avenue Félix Vial-let, près de la gare), il est devenu l’un desplus importants laboratoires de la commu-nauté internationale dans le domaine. Ilregroupe une série de compétences cou-vrant l’essentiel des champs concernés, avecleurs bagages théoriques, leurs méthodo-

logies et outils expérimentaux, et les enjeuxde connaissance et de technologie qui leursont propres.

Une démarche authentiquementpluridisciplinaireAinsi, installé sur ses «trois pieds» –l’étudedes signaux, celle du langage et celle dessystèmes cognitifs– et cherchant àmaintenirun équilibre entre questionnements surl’homme, sa parole (perception et motricité)et son langage, et retombées technologiquesdans les domaines de la communicationhomme-machine, des télécommunicationset de l’ingénierie linguistique (voir encadré),l’ICP regroupe phonéticiens et linguistes,acousticiens, spécialistes du contrôlemoteuret de la physiologie-psychologie de l’audi-tion et de la vision, modélisateurs, traiteursde signaux, électroniciens, informaticiens,dans une démarche authentiquement pluri-disciplinaire.Une pluridisciplinarité exemplaire dontl’impact est manifeste sur le terrain despublications spécialisées : non seulementles travaux de l’ICP sont relayés dans lesrevues internationales qui font autorité dansle domaine des sciences de la parole (tellesque Speech Communication, Journal ofPhonetics, ou le grand Journal of the Acous-tical Society of America) ou encore, toutrécemment, dans Primatologie, pour undossier sur l’«Origine du langage», mais ilsle sont encore dans des publications tou-chant au domaine des sciences cognitives(comme Behavioral and Brain Sciences,NeuroImage, Journal of Neurolinguistics,Journal of Neuroscience, Journal of Cogni-tive Neuroscience…) et son Bulletin de laCommunication Parlée se voit maintenantcité dans Trends in Cognitive Sciences…

Une transdisciplinarité…bien disciplinéeCet impact scientifique donne la mesure dessuccès rencontrés (et de l’intérêt suscité)par cette aventure transdisciplinaire. Unetransdisciplinarité lestée, rappelle ChristianAbry, qui dirige la nouvelle équipe «Parole,Multimodalité, Développement », par lesexigences des disciplines partenaires : «Lessuccès comme les échecs de la science doi-vent nous amener à encore plus de rigueur,grâce aux exigences de nos disciplines. Sinonnous ne saurions même pas que nos pro-blèmes peuvent tomber dans la classe desproblèmes mal posés chère au mathémati-cien français Hadamard. La recherche descontraintes qui permettent de régulariserces problèmes réclame une forte inventi-vité, inspirée, pourquoi pas, des succès dela nature, pourvu qu’on les comprenne… Àregarder les oiseaux battre des ailes on finitpar faire comme Icare, se tuer. Ce n’est pasLéonard de Vinci, mais Francis Rogallo (lepère du deltaplane) qui a su, dans les années1950, tirer parti, pour la portance de son aile,de l’effet Bernoulli théorisé dès le XVIIIe siè-cle : le même qui nous permet de voiser avecle larynx les voyelles parlées ou chantées, defaire brrr avec les lèvres, rr en espagnol…»

10 / Alphabets

L’institut de la commuUne aventure transdisciplinaire auto

Perspectives

La parole est par nature un objet de recherche interdisciplinaire, au carre-four de plusieurs systèmes de production et de perception de signaux biologiquesde communication et d’une compétence humaine majeure, la faculté de lan-gage. C’est autour de cet objet multiforme et passionnant que s’est structurél’Institut de la Communication Parlée (ICP). Un exemple de transdisciplina-rité institutionnalisée.

Banc d’étalonnage pour mesures.

Monitoring du sujet en bloc expérimental.

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Alphabets / 11

Rigueur dans l’inventivité qui, par exemple,a conduit les chercheurs de l’ICP à poser surde nouvelles bases le problème de l’acqui-sition du langage par l’enfant, quitte à débou-cher sur de nouvelles questions : «En avan-çant, poursuit C. Abry, que l’enfant qui selance vers 6 mois dans ses premiers pas dela parole, typiquement bababa… ne fait quebattre de la mandibule (ce qui est bien supé-rieur aumodèle b-a, ba hérité de l’alphabet,et repris en phonologie), se pourrait-il quenousmanquions le principe neural du rythmede base de la communication parlée? Nousdevrons encore attendre, pour le savoir, queprogresse l’état de nos connaissances surla maturation du cerveau babillant. » L’undes projets actuels des chercheurs de l’ICPest de comprendre avec quel circuit spécifiquedu cerveau l’enfant, à l’âge de 12mois, captureses premiersmots : «Ce circuit, nous l’avonsvisualisé par imagerie cérébrale chez l’adulte.Reste à le retrouver en développement chezl’enfant.»

Une aventure pédagogique, aussiCette recherche de pointe vient directementnourrir les formations proposées. L’expé-rience montre en effet que l’on parvient àcommuniquer aux étudiants l’intérêt pources perspectives bidisciplinaires : depuis lespremiers pas de la parole (en Licence 1èreannée) jusqu’aux illusions de la parole sur lecerveau (en Licence 3ème année). L’ICP aconstitué, dès 1999, une équipe pédagogiqueentraînée à produire une matière à penserpermettant à l’étudiant en Licence de seposer au moins deux questions majeuressur le langage, qu’il valorisera en ensei-gnement, en orthophonie, en industries de lalangue, voire en recherche à partir duMaster

(la 2ème année duMaster comprend une spé-cialité «Sciences Cognitives » commune aux4 universités grenobloises) :• Comment l’enfant récupère-t-il à l’oreille

les gestes de la langue de sa mère, dontil ne voit qu’une partie, notamment surles lèvres ? Cette partie visible, importantedans un milieu bruité (rue, tram, etc.),est notoirement insuffisante pour lessourds qui doivent, s’ils veulent com-muniquer par la parole (ils ont par ailleursla Langue des Signes), être aidés de ges-tes phonologiques de la main sur levisage, le Langage Parlé Complété. C’estdonc le passage de l’acoustique à l’arti-culatoire qui reste le défi parole pourl’enfant.

• Comment les langues du monde ont-elles fini par utiliser des systèmes sono-res qui comprennent des sons suffi-samment distants les uns des autrespour être identifiés et suffisamment pré-gnants pour être mémorisés? Pour cal-culer ces systèmes, les contraintes arti-culatoires ne suffisent pas. L’étudiant deStendhal, a priori sans plus de bagageen physique qu’en physiologie, n’en com-prendrait pas même le premier com-ment du pourquoi, si l’équipe pédago-gique ne mettait pas la main à la pâtesonore, en lui simplifiant l’acquisitiondes rudiments de l’acoustique, afin qu’ilréussisse à savoir comment on joue dutuyau de la parole, le conduit vocal, pourproduire ces distances perceptivesextrêmes : pari gagné année après année.

Engagé sur Stendhal dans cette aventurescientifique et pédagogique à la fois, L’ICPvogue maintenant vers un TGL (Très GrandLabo) CNRS, un « trimaran » avec le LIS(signal & image) et le LAG (automatique &robotique), avec de vieux et de nouveauxdéfis pour la stabilité des alliances inter-disciplinaires. �

Informations communiquées par ChristianAbry, directeur de l’UFR des Sciences duLangage, Jean-Luc Schwartz, directeur del’ICP et Véronique Aubergé, responsable del’équipe «Structure du code».> Plus d’infos : www.icp.inpg.fr

ICP/France Télécom : cap sur l’émotion

Le magazine Science et Vie, relayé par Europe 1 (dans l’émission«Tout le monde en parle» du 25 septembre), s’est fait l’écho, dansle hors série qu’il vient de consacrer aux émotions, du travail conduitpar les chercheurs de l’ICP de Grenoble en partenariat avec FranceTélécomR&D, travail dont l’objectif est l’humanisation des répondeurs.

Il s’agit de capturer la voix humaine (celle de l’usager) dans un état émotionnel donné(ou provoqué). Ces échantillons sont ensuite analysés et modélisés pour synthétiserles messages du serveur vocal avec une voix expressive «en adéquation avec l’humeurdu client» («Cap sur les répondeurs», S&V Hors série, septembre 2005, p. 15). �

nication parléeour de la parole

Sujet maquillé pour la mesure des lèvres parlantes.

Capture des mouvements articulatoires buccaux (intra)dans un champ magnétique.

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12 / Alphabets

«Il n’y a pas seulement un peintrerefoulé chez moi, il y a aussi unmusicien refoulé…», confiait Michel

Butor au détour d’une conférence («Écrire,composer, peindre…») prononcée à l’Uni-versité Stendhal en novembre 1979, et repro-duite un an plus tard dans le bulletin n° 19de Recherches & Travaux (alors bulletin de«l’U.E.R. de Lettres»), qui avait précisémentpour thème «Littérature et arts». Le n° 68de la même revue (devenue celle de l’équipede recherche Traverses XIX-XXI, présenterasous peu, sous le titre Fictions biographiqueset arts visuels, des travaux présentés dansle cadre d’un colloque organisé enmai 2004…On l’aura compris, le questionnement sur

les rapports entre la littérature et les artsconstitue depuis de longues années un axemajeur des travaux menés au sein de l’UFRde Lettres.

2 en 1C’est aussi depuis de longues années quesont proposés des enseignement optionnelscentrés sur les interférences entre les champslittéraire et artistique (peinture,musique, etc).La création, à l’occasion de la mise en placedu LMD, d’un cursus bidisciplinaire Lettresmodernes/Histoire de l’art a permis d’enri-chir cette offre. Une formule de type «2 en 1»qui, en associant les enseignements fonda-mentaux dispensés dans les deux disciplines

(littérature à l’Université Stendhal d’une part,histoire de l’art à l’Université Pierre MendèsFrance de l’autre), neutralise les inconvénientstraditionnels du double cursus (horaires

Perspectives

«Il ne faut pasmarginaliser ou diluerla littérature, mais la replacer aucarrefour des savoirs…» : telle est

la conviction de Claude Coste. Professeurde littérature française à l’Université Stend-hal, il a consacré de nombreux travaux à laquestion des rapports entre la musique etla littérature au XXe siècle (notamment unouvrage en 2003 : Les Malheurs d’Orphée,Paris, L’Improviste). Il anime, en Master, unséminaire bidisciplinaire sur le sujet.

Les rapports entre littérature et musiqueconstituent, semble-t-il, un champ derecherche assez peu défriché. Commentl’expliquez-vous?La musique est présente depuis longtempsdans notre université grâce aux efforts deDidier Van Moere qui consacre de nombreuxcours à l'opéra. Mais, de façon générale, lamusique a du mal à se faire une place. Pour

des raisons diverses, la musique en France,malgré une brillante histoire et une grandecréativité, ne fait pas partie de la culturegénérale. Si on admet assez facilement quela littérature relève d'un savoir, la musique,comme le cinéma d'ailleurs, relèverait sim-plement du goût. S'intéresser à la musique(du moyen âge à Boulez ou Britten) ne vapas de soi. Il est très difficile d'établir uneconnivence avec les étudiants.

Dans quelles mesure ces résistances quevous évoquez sont-elles susceptibles deconstituer un objet de recherche en soi?Cette résistance à la musique, à la musiquede l'autre (la musique est très identitaire),m'a donné l'idée d'organiser un séminairede recherche sur le discours anti-musical,sur les textes où lamusique n'est plus traitéecomme unmodèle d'harmonie, mais commeun problème : « la haine de la musique »,

comme l'écrit Pascal Quignard, «diabolusinmusica», comme on disait aumoyen âge…Est-il possibled’envenir àboutdans le cadrede la pratique pédagogique, et comment?Les relations de la littérature et de la musi-que peuvent donner lieu à des analyses diver-ses et très accessibles aux étudiants : miseenmusique de textes littéraires, roman de lamusique et des musiciens, fascination desécrivains pour la musique comme rêve for-mel de la littérature. Il faut bien sûr alternerl'écoute et le commentaire…

Comment justifier, sur le fond, cette pré-sence de la musique dans le cadre d’unenseignement littéraire? Sur quelle idéede la littérature repose – ou débouche –cette approche bidisciplinaire ?Il faut sortir d'une opposition entre les huma-nités d'un côté, les «études culturelles» del'autre… Il ne s'agit surtout pas de renon-

Une licence Lettres/Histoire deLe concert des muses sœurs

Littérature et… peinture, musique, arts du spectacle, cinéma, esthétiquephotographique… La question des rapports entre la littérature et les arts estprésente de longue date dans les enseignements proposés par l’UFR de Lett-res, aussi bien que dans les travaux de recherche qui les nourrissent. Maisla récente mise sur orbite de la licence Lettres modernes / Histoire de l’artconstitue une étape supplémentaire pour le développement des approchesbidisciplinaires dans le champ des études littéraires.

Henri Michaux, vu par Jean-Michel Maldera (Graphiste)

La musique, sœur mal aimée? Un entretien avec Claude Coste

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Alphabets / 13

P leinement engagée dans le dia-logue des savoirs et singulière-ment dans un dialogue avec les

«sciences dures» sous les formes les plusdiverses, l’Université Stendhal a très logi-quement pris sa part à l’édition 2005 de laFête de la Science. Deux de ses compo-santes, engagées respectivement dans ledomaine de la parole (ICP) et dans celuide la didactique (Lidilem), ont été plus par-ticulièrement présentes dans le cadre de«Place aux sciences». C’est très logique-ment aussi que « l’Université des Huma-nités» du site grenoblois s’est impliquéedans l’opération «Lectures de science»,co-organisée par les quatre universitésgrenobloises.

De Lucrèce à BorgesQue l’infiniment petit soit un objet sus-ceptible d’une enquête bidisciplinaire, aupoint de contact entre littérature et science,c’est là ce que ces «Lectures de science»,comme leur titre l’indique, avaient voca-tion à montrer. Une lecture-spectacleitinérante proposée à des publics différents :le 12 octobre à l’Amphidice (Stendhal), le len-demain à la BU Sciences (Joseph Fourier),puis aux élèves des lycées Champollion etPierre et Marie Curie, enfin à la Biblio-thèque municipale de La Tronche.

Des plus anciennes spéculations surl’atome, versifiées par Lucrèce (De lanature), jusqu’aux méditations borgésien-nes (L’Aleph), c’est une histoire de l’infi-niment petit, de sa représentation et/ou

de sa conceptualisation qui s’est esquis-sée de la sorte à grands traits, au fil destextes interprétés par la comédienneClotilde Aubrier et son complice Ali Djilali :un parcours dont le XVIIe siècle (à com-mencer par les fragments célèbres dePascal), marqué par le développement dela microscopie et par l’émergence d’unbestiaire de l’infime (cirons, chancres,puces…), aura constitué le point d’orgue.

Lire la scienceDe Cyrano à Matheson, les textes ont faitl’objet, avant et après lecture, d’un échangeentre des enseignants-chercheurs des«deux bords» (Aurélien Barrau et VincentComparat pour la physique subatomique,Bernard Roukhomovsky pour la littéra-ture). Un échange qui s’est prolongé, à l’oc-casion, sous la forme d’un dialogue avec lepublic, notamment avec les lycéens et leursenseignants.

Un tel dialogue ne constitue pas une expé-rience isolée, mais s’inscrit au contrairedans un ensemble cohérent d’initiativesconvergentes, qui ne sont pas sans dessinerune orientation forte. Au moment où leCentre de Recherche sur l’Imaginaire para-chève un programme de recherche axé surl’imaginaire technoscientifique tandis qued’autres équipes s’engagent dans desdirections voisines, il semble bien que lanécessité d’apprendre à lire la sciences’impose aux études littéraires avec uneacuité nouvelle. �

l’art Littérature et scienceRencontre autour de l’infiniment petit

Alors même que se multiplient, sur le site grenoblois, les échanges entre« littéraires » et « scientifiques » autour des nanosciences, l’infinimentpetit fournissait le thème des «Lectures de science» organisées, avec la par-ticipation de l’Université Stendhal, à l’occasion de la Fête de la Science.

Claude Coste

Vincent Comparat, Physicien (UJF), avec les éléves du lycée Champollion.

inconciliables, volume de travail excessive-ment lourd…). «C’est en quoi ce dispositifpermet de répondre de façon plus cohérenteet plus efficace à la demande des étudiants»,souligne Brigitte Combe, spécialiste desrapports entre littérature et peinture, qui aporté le projet de cette nouvelle licence.

SouplesseUn dispositif tout en souplesse, puisque lapossibilité est donnée à l’étudiant, à chaqueétape du cursus, de se reconvertir dans unparcoursmonodisciplinaire (Lettresmodernesou Histoire de l’art). Des perspectives mul-tiples en termes de poursuite d’étudess’ouvrent à différents stades, en fonction desparcours choisis par l’étudiant, et selon lesmodalités d’accès spécifiques des forma-tions visées : IUP (arts et culture) en coursde licence ou, à l’issue de celle-ci, mastersorientés vers la recherche (Lettres,Sciences de l’information) oumasters «pro»(Diffusion de la culture, Journalisme), oubien encore formations aux métiers de laculture. Une palette large qui n’est pas lemoindre des atouts de cette formation. �

cer à la littérature au profit du «tout se vaut».C'est à partir de la littérature, prise dansune définition très large, que l'on est amenéà s'ouvrir aux autres arts, à la philosophie,à la sociologie… à la musique. Il ne faut pasmarginaliser ou diluer la littérature, maisla replacer au carrefour des savoirs… �

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Publications des EllugÉditions linguistiques et littéraires del’Université de Grenoble

La collection Ad usum DelphiniVolume IISous la direction deMartine FurnoCollection Des PrincesISBN 2 84310 069 0Prix 31 €

Cet ouvrage contient lesfiches analytiques sur cha-cun des ouvrages publiés

dans la collection Ad usum Delphini. Collec-tion d’éditions d’auteurs antiques annotés, àusage du Dauphin et surtout de l’honnêtehomme, cette série d’ouvrages a une posi-tion particulière : scolaire sans l’être tout àfait, car elle facilite la lecture des auteurs sansles traduire, elle se veut aussi scientifique,et c’est cette position que le livre analyse endétail pour chacun des volumes publiés.

Le lait de paradis : permanences poé-tiques en langueanglaise (XVIe-XIXe)Gérard GaconISBN 2 84310 070 4Prix 24 €

Lire dans la poésie de troissiècles d'expression anglaisedesconstantesà interpréter :l'ouvrage doit s'entendre

comme une invitation aux découvertes tex-tuelles (traduction comprise) et comme uneincitation à moduler ses sensibilités face àdes poèmes fondateurs.

Chants de pierresAnne GourioCollection Ateliersde l’imaginaireISBN 2 84310 064 XPrix 22 €

Chants depierres s’intéresseà la fascination exercée par

la pierre brute sur les poètes français de l’a-près-guerre. Anne Gourio propose unearchéologie de cet imaginaire, dont elledégage l’origine dans l’esthétique symbo-liste et dont elle trace l’évolution dans lesdiverses poétiques du XXe siècle.

Didactique du lexique :langue, cognition, discours

Ouvrage coordonné parFrancis Grossmann,Marie-Anne Paveauet Gérard PetitISBN 2 84310 068 2.Prix 24 €

L’ouvrage présente des tra-vaux récents sur l’acquisition

et le développement du lexique chez l’enfant

et fait des propositions pour son enseigne-ment et son apprentissage. Le dialogue quecet ouvrage instaure entre les auteursdébouche sur une didactique intégrative,qui concerne tous les plans du langage.L’enfant développe sa compétence lexicale,en observant et manipulant non seulementles mots, mais aussi les discours.

Autres éditeursPublications des enseignants-chercheurset des centres de recherche

Le pari de la littérature.Quelles littératures de l’école au lycée?Coordonné par Anick Brillant-Annequin etJean-François MassolCRDP de Grenoble, 2005, 270 p.Code 380 LIT 01Prix 20 €

L’élargissement du corpus de la littératureenseignée est-il un choix revendiqué ou unenécessité d'époque? N'induit-il pas un chan-gement de définition de la discipline fran-çais-lettres? N'amène-t-il pas une évolu-tion des pratiques scolaires de lecture etmême d'écriture? En bref, qu'en est-il désor-mais de l'enseignement disciplinaire de lalittérature, de l'école primaire au lycée?Les communications regroupées dans cevolume répondent à ces questions et à d'au-tres qui s'inscrivent dans le même cadre deréflexion. Elles ont été présentées lors desrencontres des chercheurs en didactique dela littérature qui se sont tenues à l'Univer-sité Stendhal et à l'lUFM de Grenoble enmars 2002.

Louis Rousselet et l’image de la cul-ture de l’autre

Patrick ChézaudGérard Monfort Éditeur,2005, 175 p.ISBN 2-85226-500-1Prix 38 €

Louis Rousselet est unextraordinaire jeune hommedu XIXe siècle. Cet ouvrage

présente des photographies prises lors deson voyage dans «l’Inde des Rajahs» et desextraits de ses carnets de voyage. C'est lafraîcheur et l'ambiguïté du regard de l'Occi-dental en cette période de colonisation enmarche qui fait tout l'intérêt des photogra-phies et des récits du jeune Français, situéainsi au cœur de l'affrontement des cultures.Le regard sur la culture de l'Autre fixé dansle collodion des plaques photographiquesde Louis Rousselet nous montre un mondedans lequel la banalisation mondialiste n'apas encore brouillé les étrangetés, et où lescontradictions de notre héritage d'idées semontrent au grand jour.

Morts et remordsChristophe MileschiLa fosse aux ours, 2005,123 p.ISBN 2 912042 75 5Prix 14 €

Au soir de sa vie, VittorioAlberto Tordo, écrivain

italien né à la fin du XIXe siècle, entreprendde raconter sa vie. Il est tenaillé par l'an-goisse d'avoir laissé uneœuvre qui, bien queconsidérable, a passé sous silence ce qu'ilconsidère comme l'essentiel. L'essentiel,c'est sa participation active à des engoue-ments collectifs meurtriers (guerre de 14-18,fascisme, guerres coloniales, lois raciales…).Tordo est ici le représentant de toute unegénération d'artistes et d'intellectuels ita-liens. Mais la cruelle autocritique qu'il conduitdéborde les frontières de l'Italie pour poserla question des rapports entre les mots etles faits, entre la littérature et l'histoire.

L’optique des moralistesde Montaigne à Chamfort

Actes du colloque interna-tional de Grenoble, 27-29mars 2003, textes recueilliset présentés par BernardRoukhomovsky,H. Champion, 2005, 496 p.bibliographie, index.ISBN 2-7453-1384-3.Prix 75 €

S’il est ici question d’op-tique, c’est dans le sens propre du terme,et dans une acception compréhensive englo-bant les différentes disciplines – perspec-tive, dioptrique, catoptrique – qui ont voca-tion à rendre compte de l’expérience visuelle: il s’agit de montrer que ces savoirs tra-vaillent, à des degrés divers, à différentsniveaux, le discours et la pensée des mora-listes. Ce qui se trouve ainsi posé, c’est l’hy-pothèse d’un modèle optique de l’analysemorale. La prégnance de ce modèle semesure en particulier à l’importance presquecontinûment dévolue par les moralistes à laquestion du réglage perspectif; elle semesureen général à l’aune des notations visuellesqui se multiplient sous leur plume – non-obstant les évolutions doctrinales qui, deMontaigne à Chamfort, en affectent la por-tée ; elle se mesure également à leur pré-dilection pour des stratégies d’écriture visantou contribuant à constituer le dispositif tex-tuel de l’analyse morale en un dispositifoptique. Le colloque de Grenoble aura per-mis de poser des jalons pour une histoirede ce modèle – celle de son essai par Mon-taigne, de son élaboration par les moralis-tes du Grand Siècle, de sa reconfigurationau contact de l’humanisme rationaliste desLumières.

Livres

Didactiquedulexique: langue,cognition,discours

OuvragecoordonnparFrancisGrossmann,Marie-AnnePaveauetGrardPetit

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Alphabets / 15

• Paez Roxana, Poétiques del'espace argentin : Juan L.Ortiz, Francisco Madariaga,Études Romanes, 09/05/05.

• Labrosse Willmann Nadine,Guenther Weisenborn (1902-1969). Un écrivain de la résis-tance allemande, ÉtudesGermaniques, 26/05/05.

• Radi Mohamed, Salammbô deGustave Flaubert, de l'histoireau mythe, Littérature Fran-çaise, 02/06/05.

• Pliaka Konstantina, Le Miroirdes Limbes d'André Malrauxet la métamorphose, Littéra-ture Française, 06/06/05.

• Ursulet Isabelle, Odysséesarthuriennes. Aventures etinsularités dans les romansarthuriens (XIIe-XIIIe siècles),Littérature Française, 17/06/05.

• Brunet Denis, La fiction bor-gesienne et ses traductions(Legenre fantastique : quelquesexemples de Transposition),Études Romanes, 17/06/05.

• Noirot Corinne, «Rien de tropélevé, ni rien de fastueux» :le style en poésie chezClémentMarot et Joachim Du Bellay(1515-1560), Littérature Fran-çaise, 21/06/05.

• Ben Slama Kaouther, Le réelet le simulacre dans l’œuvred’Anne Rice ; une approchepost-moderne, Études anglo-phones, 27/06/05.

• Boufelgha Youcef, L’intégra-tion des minorités ethniquesen Grande Bretagne (1979-2001), Études anglophones,29/06/05.

• Al Suleiman Awad, La dimen-sion éducative de la télévisionsyrienne, Sciences de l'Infor-mation et de la Communica-tion, 20/09/05.

• Alves deMoraesRozaniaMaria,Didactisation de documentsen langue française diffuséssur internet, Sciences du Lan-gage, 23/09/05.

Doctorat d’État• Musa Abakar Abderhamane,Linguistique, 01/04/05.

• Hssaine Khadija, Les structu-res de l’imaginaire gibranien,Anglais, 28/06/05HDR

• Colleta Jean-Marc, Sciencesdu Langage, 25/03/2005.

Thèses

Traductions

Les nuits de floresCésar AiraTraduit de l’espagnolpar Michel LafonChristian Bourgois Éditeur,2005, 148 p.ISBN 2 267 01785 7Prix 15 €

La crise argentine fait surgir dunéant d'étranges créatures. Ce

voyage au bout de la nuit de Buenos Aires, han-tée par des monstres, est aussi une traverséedu miroir jusqu'au cœur de l'énigme dans lesentrailles d'un couvent –où le conte de fées bas-cule, via le polar et la critique d'art, dans le romangothique. Avec Les Nuits de Flores, Aira, quis’impose comme le plus grand écrivain argentinvivant, continue, comme dans plusieurs de sesromans précédents, à édifier la mythologie dece quartier de Buenos Aires où il habite, dansune fascinante proximité avec ses personnages,depuis 1967. Mythologie tendre et grotesque,souriante et frénétique, à l'échelle du boulever-sement permanent auquel sont soumis ses habi-tants en ces temps difficiles– et auquel l'œuvred'Aira, par sa radicale nouveauté, soumet lalittérature contemporaine.

VaramoCésar AiraTraduit de l’espagnolpar Michel LafonChristian Bourgois Éditeur,2005, 133 p.ISBN 2 267 01786 5.Prix 15 €

César Aira, l'un des écrivainsargentins les plus importants et

les plus novateurs de ces quinze dernières années,auteur de plus de soixante ouvrages, nous livreici l'histoire inouïe et hilarante de l'implacableenchaînement de causes et d'effets qui conduitun vieux garçon, taxidermiste amateur, visité àheures fixes par de mystérieuses voix noctur-nes, à créer à son insu le chef-d'œuvre de lapoésie d'Amérique centrale. Étonnante et irré-sistible mise en scène du «génie littéraire» parun grand écrivain, dont chaque nouveau romansurprend délicieusement ses lecteurs de plus

en plus nombreux et fidèles, et redessine à samanière, radicalement nouvelle, les contours dela littérature latino-américaine d'aujourd'hui.

La Princesse de PrintempsCésar AiraTraduit de l’espagnolpar Michel LafonAndré Dimanche Éditeur, 2005,102 p.ISBN 2 86916 145 X.Prix 15 €

Ce conte de fées surréaliste, hanté par la momied’un pianiste célèbre et par quelques autrescréatures aussi inattendues que monstrueuses,nous livre une nouvelle facette du talent irré-sistible de César Aira. Cette fiction, qui est aussiun roman d’aventures et un manifeste poétique,signe les adieux de son auteur à la traduction, qu’ila pratiquée quotidiennement pendant plus detrente ans.

Parle-moi du troisièmehommeJosé Carlos LlopTraduit de l'espagnolpar Edmond RaillardEditions Jacqueline Chambon,2005, 168 p.ISBN 2 87711 290Prix 20 €

Le livre de Carol Reed Le troisième homme hantece roman qui nous plonge dans lemonde opaquede l’après-guerre. Nous sommes en Espagneen 1949, dans une ville de garnison pyrénéenneglaciale et enneigée où les officiers et leur famillevivent en vase clos. Quand les libelles anti-fran-quistes écrits sur les billets de banque chinois fontleur apparition jusque dans le bureau du colonel,l’atmosphère s’épaissit. Le soupçon d’une conspi-ration royaliste déclenche une enquête qui finiradramatiquement. Tout cela est enregistré parl’œil –aussi impartial qu’une caméra– d’un jeunegarçon qui découvre, en même temps que lestrahisons adultes, l’éveil de la sensualité. Et pen-dant les vacances qu’il passe à Majorque dans labelle maison ensoleillée de ses grands-parents,le sentiment d’être seul devant unmystère impé-nétrable ne fera que s’accentuer.

Revues (Ellug)

• IRIS, numéro 28, «Jules Verne entre Science et Mythe», 2005, 261 p.

• Recherches & Travaux, numéro 66, « Innovation / Expérimentions»,2005, 201 p.

• Cahiers d’études italiennes, numéro 3, « Images littéraires de la sociétécontemporaine», 2005, 255 p.

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