123 rue royale

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123 Rue Royale

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  • exprience > occupation temporaire

    9SYMBIOSES Printemps 2011

    un squat lgalis, collectif, autogr

    Des noms inscrits de manire alatoire sur unebote aux lettres affichant le numro 123.Onest Rue Royale, Bruxelles, un jet de pierredu Palais.Ces noms,ce sont ceux de personnes sans abri,defamilles sans papiers, de militants, de travailleurs prcaires,dtudiants.Unaperudes65habitants htroclites qui ontchoisi doccuper ce btiment de bureaux laiss vide pour yloger. Bart DeWin ouvre la porte vitre. Habitant du 123 ettravailleur social pour lassociation Chez nous / bij ons , ila particip avec dautres activistes et sans abri, louverturedu lieu, en 2007, suite aux expulsions successives dautressquats. Ici, cest devenu un projet pilote, explique-t-il.Entrssans autorisation,nous avons rapidement signavec la Rgionwallonne - propritaire du btiment - une conventiondoccupation temporaire qui nous permet de rester dans leslieux pour une dure indtermine,avec unpravis de 6mois.Cette stabilit nous donne la possibilit de dvelopper un relprojet dhabitat solidaire,en toute lgalit,une rponse concrteet novatrice aumanque injustifi de logements.

    Dans le hall dentre, quatre poussettes nous rappellentltrange mixit qui anime le squat. Samir a connu la rue,comme lamoiti des rsidents du 123 : Il y a quatre famillesici,dont huit enfants.Mais tous ensemble nous formons aussiune grande famille. Comme lexplique son ancien co-locataire Thomas Dawance 2, aujourdhui conseiller aucabinet duSecrtaire dEtat bruxellois au logement, le squatest une rencontredemondes sociauxdistincts.Pour certains,il sagit dun choix de vie alternative, collective et militante(travailleurs sociaux,artistes),pourdautres, lesplusdmunis(sans abris, etc.), il sagit tout dabord dun moyen de sortirde la rue.

    Un lieu ouvert doccupation et dducationCe soir, comme chaque semaine, les habitants runis enassemble vont grer le quotidien (admissions, finances,logistique)et prparer lesnombreusesactivitsqui rythmentle lieu. Car si loccupation sert de refuge, elle se veut aussiouverte sur le quartier, sur la ville, espace de rencontres,dactivits culturelles et dducationpermanente.Les enjeuxenvironnementauxycroisent lesenjeuxsociaux: raffectationdespaces vides, rcupration, rutilisation, collectivisation.Ainsi,au rez-de-chausse, la porte degaragegrandeouverteinvite tous lesbruxellois venir latelier vlopourbnficierde conseils techniqueset dumatriel d'occasionpour rparerou tuner des vlos soi-mme. Juste derrire, cest latelier bois , tenuparunmenuisier anciennement sansabri. ct,le bar et le Bokal Royal accueillent des concerts, des expos,desdbats,et,tous lesdimanches,une tabledhtesprix libre,odesplats vgtariens sont prparspar les habitants avecles invendus provenant du march matinal et de quelquesmagasins. Les tages suprieurs ne sont pas en reste : le 3eabrite unemdiathque latino, le 5e un atelier informatique avec des logiciels libres , le 6e une friperie, le 7e un atelierde peinture,bientt aussi un atelier couture.

    Onnepaie pas de loyer pourhabiter une chambre au 123,mais une participation aux frais allant de 60 120 euros,selon le revenu. Ici, jai un toit,mais il y a aussi de la solidarit,une protection, raconte Samir. Plus tard je veux tudier soitllectricit, soit linformatique, jai dj unpeuappris ici .Bartenchane :Dans ce lieu doccupation temporaire, chacun estamenparticiper,mettre disposition son savoir,son talent.Alors que nombre dentre eux ne participaient plus rien etvivaient dans la rue.

    Pour un droit au logement On pousse les gens vivre seuls. En tant que cohabitant, tutouches du chmage entre 200 400 euros de moins quunisol. Nous, on cre du lien, de la solidarit, on lutte contre laspculation, pour faire en sorte que le droit de proprit nelemporte pas toujours sur le droit au logement , renchritPhilippe Claudel. Ancien habitant, militant, il vient dtreengagmi-tempspar lasblnede loccupation,Woningen123 Logements ,pour mettre de lhuile dans les rouages etdvelopperdautresprojets dugenre. Il y enadj trois autresBruxelles,et lesdemandescontinuent affluer, leurexpertisecommenant faire du bruit : La commune de Schaerbeeknous a rcemment envoy Infrabel, qui tait intress cequonoccupeunde ses btiments. Ils vitent ainsi une taxe surles immeublesabandonns,sassurent de lentretiendubtimentet le protgent du squat sauvage. Ces occupations sontorganises au sein de lassociation Woningen 123Logemements sur le modle de la fdration, chaqueassemble dhabitants lisant des reprsentants au CA delassociation. Autogestion et formalisation permettent dslors dallier la fois crativit militante et prise deresponsabilit, telle que la signature de conventions avec lespouvoirs publics,pour la gestiondesbtiments par exemple.Samir entre dans sa chambre et ressort une photo prise parunevoisine,pouruneexposur ledroit au logement. ctduportrait dun squatteur, une lgende : A Bruxelles, 32 000familles attendent un logement social. 1 771 sans-abri. Entre15 000 et 30 000 logements sont vides.

    ChristopheDUBOIS1 www.123rueroyale.be2ThomasDawance, Le squat collectif autogr,une rponse la criseurbaine,dansLaRevueNouvelle (www.larevuenouvelle.be), fvrier 2008.Unarticle trs intressant.

    A limage du 123, rue Royale , des squats se lgalisent Bruxelles. Le refuge clandestin ph-mre se transforme alors en laboratoire dune autre faon dhabiter, de participer, dapprendre.Une caisse de rsonnance du droit au logement et la ville.

    Le 123 :

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