adaptation réalisée par marie-laure besson · 2018. 8. 31. · traduction : j. dautremer...
Post on 02-Mar-2021
4 Views
Preview:
TRANSCRIPT
Momotarô
2 3
Momotarô
Traduction : J. Dautremer
Adaptation réalisée par Marie-Laure Besson
4 5
Dans une certaine contrée, vivaient autrefois un
vieil homme et une vieille femme.
Le vieil homme était bûcheron et passait toutes
ses journées dans la forêt à couper du bois et à
faire des fagots.
6 7
Pendant ce temps, la vieille femme blanchissait
du linge.
Un jour qu’elle était, sur le bord de la rivière,
occupée à laver, son attention fut attirée par
quelque chose qui passait devant elle, entraîné
par le courant.
C’était une pêche magnifique, qu’elle ne voulut
pas laisser échapper.
S’étant donc mise à sa poursuite, elle réussit à
l’atteindre et à la retirer de l’eau, à l’aide d’un
bâton de bambou, qui se trouva là par hasard.
8 9
Elle était heureuse comme une enfant de
posséder cette pêche.
La pensée lui étant venue d’en faire présent
au vieux bûcheron, elle se hâta d’achever son
ouvrage pour rentrer à la maison de meilleure
heure ; il lui tardait de faire partager sa joie et
son bonheur au vieillard.
Elle ne fut pas déçue dans son attente : car
il fut saisi d’admiration, à la vue de ce fruit
merveilleux.
10 11
Après l’avoir contemplé ensemble tout à leur
aise, ils décident, enfin, qu’ils le partageront en
deux et qu’ils en mangeront chacun une moitié.
Mais, ô prodige ! la pêche n’est pas plus tôt
ouverte qu’il en sort un charmant petit garçon.
Qu’on juge de l’étonnement des deux vieilles
gens, à cette apparition subite et inattendue !
Ils le considèrent quelques instants en silence
et, lorsqu’ils sont un peu remis de leur émotion.
— C’est un don du ciel, se disent-ils; nous
n’avons pas d’enfant; adoptons celui-ci.
12 13
Ils le prennent aussitôt dans leurs bras et le
comblent de caresses.
Pour rappeler son origine, ils lui donnent pour
nom Momotarô qui signifie le premier-né de la
Pêche, parce que, dans ce pays, la pêche se
dit: Momo.
Grâce aux soins aussi éclairés qu’affectueux
qui lui furent prodigués par ses parents
adoptifs, ses forces physiques, ainsi que
son intelligence, prirent un rapide et heureux
développement.
14 15
À mesure qu’il avançait en âge, il devenait plus
robuste et plus entreprenant.
Aussi faisait-il la joie et la consolation des deux
vieillards.
A quelque distance de l’endroit où ils
demeuraient, il y avait une île appelée
Onigachima, qui était habitée par des Génies,
possesseurs de richesses immenses.
Momotarô, devenu jeune homme et comptant
sur sa force herculéenne, résolut de passer
dans cette île pour s’emparer des trésors, qui y
étaient amassés.
16 17
Ayant fait part de son projet à ses parents
adoptifs, ceux-ci non-seulement l’approuvèrent,
mais se mirent immédiatement à faire les
préparatifs du voyage.
Quelques jours ayant suffi pour réunir tout ce
qui était nécessaire, Momotarô prit congé de
ses parents et se mit en route.
Au moment du départ, la vieille femme lui avait
remis une sacoche remplie de petits pains,
appelés dangos, qu’elle avait fait cuire elle-
même.
18 19
Chemin faisant, Momotarô rencontra d’abord un
chien, qui lui dit :
- Momotarô, que portez-vous dans votre
sacoche ?
- Ce sont, répondit-il, des dangos faits avec le
meilleur millet du Japon.
- Si vous voulez m’en donner un, je vous
accompagnerai, continua le chien.
- Bien volontiers, fit Momotarô, et aussitôt, tirant
un dango de sa sacoche, il le lui donna.
Un peu plus loin, un singe et un faisant se
présentèrent successivement sur le bord du
chemin.
Ayant fait la même demande et la même
proposition que le chien, ils reçurent, comme
lui, chacun un dango.
Puis, tout à coup et comme par enchantement,
ces trois animaux se trouvèrent vêtus en
guerriers.
20 21
Momotarô s’embarqua ensuite avec sa petite
troupe et, après une heureuse navigation de
quelques jours, le navire a borda à l’île des
Génies.
22 23
À ce moment la porte d’entrée du château était
fermée.
L’enfoncer et se précipiter à l’intérieur, ce fut
l’affaire d’un instant.
24 25
Cependant les serviteurs des Génies se jettent
à la rencontre des assaillants et font tous
leurs efforts pour les arrêter; mais, malgré leur
nombre, ils sont refoulés et obligés de se retirer
jusque dans le palais central.
Akandôji, leur chef, s’y trouvait armé de sa
lourde massue en fer, dont un seul coup était
suffisant pour écraser un homme.
Momotarô évita adroitement par son agilité
plusieurs coups et réussit, à la fin, à saisir son
adversaire à bras le corps.
26 27
Dès lors, la lutte ne dura plus longtemps.
Akandôji ne tarda pas, en effet, à être renversé
par terre, où il fut garrotté si étroitement qu’il lui
était impossible de faire un mouvement.
Le courage et le bravoure, dont Momotarô avait
fait preuve dans ce combat, lui avaient acquis
le respect et la sympathie du chef des Génies,
qui se décida à lui livrer ses trésors.
Sur son ordre, les serviteurs vont chercher
des montagnes d’objets précieux, qu’ils étalent
devant le jeune vainqueur.
28 29
Celui-ci fait un choix et, après avoir chargé son
navire d’autant d’objets qu’il en peut contenir, il
quitte l’île avec ses compagnons d’armes pour
revenir chez ses parents.
Momotarô témoignait par sa démarche noble et
fière la satisfaction qu’il éprouvait d’avoir réalisé
son projet.
Mais il n’avait garde, cependant d’oublier ce
qu’il devait à ses compagnons ; il se plaisait, au
contraire, à répéter que c’était à leur concours
qu’il attribuait son prompt et facile succès.
30 31
Grande fut la joie des deux vieillards, lorsqu’ils
virent rentrer leur enfant sain et sauf et charge
de richesses!
Pendant plusieurs jours, ce ne furent que fêtes
magnifiques, auxquelles le jeune héros convia
ses parents et ses amis pour leur montrer ses
trésors et leur raconter les divers incidents de
sa glorieuse expédition.
32 33
Par le bon usage qu’il fit de sa fortune,
Momotarô eut la satisfaction de la voir
s’augmenter encore; il sut, en outre, se
concilier si bien l’estime et la confiance de ses
concitoyens que, à la mort de leur chef, ils
l’appelèrent à l’honneur de lui succéder.
Heureux Momotarô !
top related