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Gédéon fait du ski
Adaptation réalisée par Marie-Laure Besson et Dominique Richier
pour «Le Cartable Fantastique»
Texte et illustrations de Benjamin Rabier
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GÉDÉON en compagnie de sa femme
VIRGINIE, et de son petit dernier, fait un tour
dans la campagne ; le bon canard est frappé de
la tristesse qui semble envahir les bonnes gens
qu’il rencontre.
Partout ce ne sont que conciliabules empreints
d’inquiétude... à tous, l’avenir paraît sombre et
lourd de nuages.
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GÉDÉON interroge ses amis de rencontre et il
se convainc aussitôt de la nécessité de porter
un remède urgent à cette lugubre torpeur.
GÉDÉON va donner une fête de bienfaisance,
une grande fête où ceux que la fortune a
favorisés apporteront, sous forme de victuailles
et d’objets de toutes sortes à distribuer, leur
obole aux malheureux.
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Il rassemble tous ses voisins et leur explique
ce qu’il attend d’eux pour assurer la réussite de
son généreux projet.
Il y a là tous les habitants des fermes et des
bois environnants.
Il y a même un jeune ours du nom d’ANATOLE
qui est spécialement descendu de la montagne
et un sanglier, vieux solitaire de la forêt voisine.
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Tous les assistants, à l’exception toutefois du
renard MANDRIN qui fait de l’opposition aux
idées généreuses de notre brave GÉDÉON,
applaudissent à l’initiative du bon canard.
Une altercation se produit entre GÉDÉON et
MANDRIN.
La dispute dégénère bientôt en bataille...
Coups de pattes, coups de griffes pleuvent à
profusion ; tiraillements d’oreilles et morsures
se multiplient... et tout cela au grand effroi des
spectateurs.
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Soudain, réunissant tout ce qu’il peut posséder
de force, le canard saisit le renard par la queue
et, en quelques coups d’ailes, le transporte en
un endroit où il sait qu’un piège à loups a été
aménagé par des braconniers.
Parvenu au lieu du piège, GÉDÉON lâcha sa
victime qui disparut dans le trou dissimulé par
de hautes herbes.
Toute l’assistance, qui s’était ruée derrière
les combattants applaudit à la disparition de
l’Ennemi N°1 des bois d’alentour.
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C’était une nouvelle victoire à l’actif de notre
ami GÉDÉON.
Le jour de la grande Fête de bienfaisance est
arrivé.
Des attractions sensationnelles ont été
engagées et le succès paraît certain.
Les spectateurs arrivent nombreux : ils
apportent des victuailles pour acquitter leur
droit d’entrée et en même temps faire acte de
charité envers les malheureux.
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L’ours vient avec une ruche débordante de
miel, des chiens apportent leur pâtée, un lapin
offre une grosse carotte et un héron fait don
d’un poisson frais.
Il y a des pommes de terre, des seaux de
lait, des fromages, des grains... la recette est
fructueuse.
Chacun se place et la représentation
commence.
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Tout d’abord ce sont des exercices de ski
exécutés par un singe sur les longues défenses
d’un vieil éléphant, pensionnaire d’une
ménagerie voisine, la Ménagerie du Cap.
Puis, c’est une grosse mouche qui vient
bourdonner des refrains à la mode.
Des marmottes descendues de la montagne
se livrent ensuite à toutes sortes de danses, de
sauts et d’excentricités du plus joyeux effet.
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Le public émerveillé ne ménage pas ses
applaudissements ; mais l’enthousiasme
redouble à l’apparition de deux lapins qui font
un « soleil » admirablement réglé sur une barre
fixe, qui n’est, en l’occurrence, que le bec d’un
héron.
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Le singe va nous présenter un autre numéro :
cette fois, les quatre mains sont chaussées de
skis et il semble, ma foi, fort à l’aise.
Les marmottes viennent une seconde fois pour
chanter en chœur « La Marseillaise » et « Les
Montagnards » ; et tous les assistants, depuis
la grenouille DAISY jusqu’à GÉDÉON lui-même
accompagnent en sourdine les chanteuses.
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C’est à présent le tour d’un numéro de grande
classe : notre ami, l’ours ANATOLE, en
équilibre sur une carafe, porte sur son ventre
une corbeille où miaulent six petits chats,
et pendant cet exercice, un chien guitariste
exécute la plus entraînante des javas...
Le héron, lui aussi, fit une seconde apparition
dans un numéro à deux : un jeune chamois se
balançait, accroché par les cornes au bec du
solide échassier.
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La fête se termina par l’exhibition d’un sanglier
cul-de-jatte, vieux solitaire de la forêt voisine,
qui enthousiasma les spectateurs : s’étant
muni de fers à repasser, il exécuta une savante
marche sur les pattes de devant, les seules qui
lui restaient ; sa caisse de cul-de-jatte, pendant
cet exercice, se tenait en équilibre sur son
tronc, servant de plate-forme à RÉSIDU qui
portait une grenouille sur son dos.
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Le programme défila admirablement et ce fut
un très gros succès de rire et d’argent.
Malheureusement la distribution des dons avait
confiée à un blaireau nommé OSCAR, véritable
monument de bêtise.
Au lieu de faire sa distribution avec
discernement, il remit les dons sans intelligence
et sans raisonnement.
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Un vieux ménage de lapins reçut une carcasse
de poulet ; un canard hérita de quatre pommes
de terre ; un chien se vit adjuger un fromage
de brebis et des chats reçurent une écuelle de
pommes et de carottes.
Quant à un pauvre porc, il se vit octroyer un pot
de miel.
Vraiment, ce n’était pas une distribution
heureuse.
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Désireux de continuer à maintenir le moral des
habitants de la contrée, GÉDÉON réunit en un
banquet le Comité de notables à qui il confia un
ambitieux et magnifique projet.
Ce projet consistait à construire une vaste
auberge qui servirait de refuge aux passants
égarés, aux voyageurs fatigués, aux
chemineaux affamés, altérés ou malades, bref
à tous les touristes intéressants.
Ce généreux projet eut l’adhésion du Comité
et tout fut mis en œuvre pour la construction
de cet établissement secourable qu’on baptisa
«AUBERGE de la BELLE ÉTOILE».
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Chacun mit la main à la pâte : les matériaux
furent rassemblés et transportés avec un
ensemble touchant.
On trouva dans la forêt le bois nécessaire aux
charpentes et au plancher.
Des briques, des tuyaux, des outils, des
cordages furent ramassés çà et là, et la
construction fut activement menée.
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Un mois après, on pouvait pendre la crémaillère
à l’« AUBERGE de la BELLE ETOILE ».
L’établissement fut entouré par une jolie
barrière que le singe de la Ménagerie du Cap
peignit en vert, en utilisant pour pinceau la
queue de la vache ADÉLAÏDE.
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Dès que GÉDÉON eut annoncé l’ouverture de
cette Auberge, ce fut une ruée de mendiants
et de vagabonds de toutes sortes ; les
pensionnaires de la Ménagerie du Cap, qui
étaient piteusement nourris, formèrent une
bande redoutable, qui, sous la direction du
vieux lion BRUTUS, prit le chemin de l’Auberge.
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Mais GÉDÉON comptait d’ardents défenseurs :
la chèvre AGLAÉ, la première, se jeta, cornes
en avant, sur le vieux lion qu’elle renversa.
Secondé par son ami le singe, notre bon ours
ANATOLE ferma la mâchoire trop goulue du
crocodile, vedette de la Ménagerie du Cap, à
l’aide d’une grosse corde et d’un savant nœud
coulant...
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Et il résulta de cela un jeu nouveau et tout à fait
imprévu : la tête et la queue du caïman, reliées
par une solide corde, permirent à deux lapins
sportifs de s’exercer au jeu de bascule, à la
grande joie de l’ours et de son compagnon le
singe.
Bientôt, les animaux n’eurent plus qu’à
regagner leur ménagerie ; ce fut le seul résultat
de cette défaite bien méritée.
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Une vieille maman ours du nom de MANIKA
eut une patte cassée au cours d’une bagarre et
le lion BRUTUS souffrit longtemps d’une côte
enfoncée, souvenir de la bonne chèvre AGLAÉ.
À quelque temps de là, une vieille vache du
Beaujolais fut consultée par GÉDÉON sur les
désirs et les besoins des habitants.
Notre brave canard dut avoir quelque peine à
se faire entendre, car cette brave vache était un
peu sourde.
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GÉDÉON interrogea aussi la taupe
LOUISETTE et le sanglier PORTHOS ; d’un
commun accord tous demandèrent à utiliser
leurs loisirs d’une façon plus moderne et plus
adaptée à la vie actuelle.
Cette indication rendit GÉDÉON perplexe et
songeur, mais il se promit de faire de son mieux
pour contenter ses amis.
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Un matin, GÉDÉON se promenant en
compagnie de VIRGINIE tomba en arrêt devant
une affiche de publicité, qui représentait un
sportsman en costume de skieur.
Après un moment de réflexion :
- VIRGINIE, j’ai une idée, s’écria GEDÉON...
Ils veulent adapter leurs loisirs à la vie
moderne ? Eh bien, je vais monter une équipe
formidable de skieurs... Vive les sports d’hiver !!
Après tout, sommes-nous plus bêtes que
les hommes ? Pourquoi ne ferions-nous pas
comme eux ?
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GÉDÉON fit part de son projet à ses amis, qui,
d’un seul élan, s’écrièrent :
- Tous aux sports d’hiver !
- Tout doux, leur dit GÉDÉON, avant de
s’embarquer pour les sports d’hiver, peut-
être serait-il bon de s’entraîner, de procéder
à des démonstrations de skis, de luge et de
bobsleigh...
- À partir d’aujourd’hui, que chacun s’entraîne
pour ce grand départ sportif qui aura lieu dès
l’ouverture de la saison.
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Une chèvre, offrant ses cornes pour faciliter la
démonstration, servit de modèle à RÉSIDU, qui
montra la façon de placer les pieds sur les skis.
Une chatte véhicula sa nichée dans un
bobsleigh, fait d’une caisse à vins de
Champagne.
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Avec les planches de vieux tonneaux,
GÉDÉON fit confectionner des skis, qui, pour
n’être pas très réglementaires, n’en étaient pas
moins pratiques.
Aidé de l’ours, le singe fit clouer sur ces
planches transformées en skis des lanières
destinées à attacher les pattes des skieurs.
Tout semblait maintenant assez au point pour
que l’entraînement commence.
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Il faut avouer que, sous la direction de
GÉDÉON, les premiers exercices ne furent pas
d’un heureux résultat.
Des chutes mémorables marquèrent les débuts
de l’entraînement : mais, loin de décourager les
sportsmen, ces incidents quelque peu fâcheux
ne firent que stimuler leur désir d’arriver à des
performances honorables.
Le premier de tous, le lapin JEANNOT put se
tenir sur les skis dans un équilibre impeccable...
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Mais tous ne furent pas aussi adroits : un
chien tomba dans une crevasse, mais ses skis,
s’étant mis en travers arrêtèrent sa chute.
L’ours ANATOLE chargé par GÉDÉON du
service de secours se trouva là, juste à point
pour délivrer le chien BOBBY de sa fâcheuse
posture.
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Il rendit les mêmes services au porc DÉSIRÉ et
au chat PUSSY.
Notre ours se comportait en courageux
sauveteur, mais il fut invité par GÉDÉON à
apporter dans les soins qu’il prodiguait aux
accidentés, un tout petit peu plus de douceur...
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Quant à GÉDÉON, c’est à l’écart qu’il
s’exerçait, mais quand il fut sûr de lui, il
se livra devant ses amis à des acrobaties
impressionnantes et admirablement réussies.
À ce point même qu’un aigle de la montagne se
montra jaloux de notre canard et manifesta son
dépit par des cris divers où dominait nettement
la haine.
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L’hiver s’annonçait proche et le pays était
souvent secoué par de terribles avalanches.
Pour soigner les victimes de ces catastrophes,
un service d’infirmerie était installé et
fonctionnait de façon impeccable.
Un beau matin, GÉDÉON décida de donner le
départ d’une course en montagne.
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Ce jour fut malheureusement marqué par
le déclenchement d’une avalanche terrible,
qui entraîna dans le vide l’équipe au grand
complet.......
Après avoir dévalé sur les flancs de la
montagne et rebondi sur mille aspérités, les
skieurs et les amateurs de luge et de bobsleigh
eurent la chance de rencontrer un obstacle qui
amortit singulièrement leur chute : c’était le toit
de chaume d’une bergerie sise au pied même
de la montagne.
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Pendant que les moutons effrayés s’enfuyaient
en désordre par toutes les issues qui s’offraient
à eux, le sanglier cul-de-jatte tombait sur le
toit de la ferme ; puis, glissant sur la neige qui
recouvrait les tuiles, il dégringolait bientôt au
plein milieu d’une auge remplie de pommes de
terre et de lait autour de laquelle se restaurait
une bande de jeunes porcs.
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Amortie par ce matelas naturel, la chute fut
sans l’ombre d’un danger pour notre cul-de-
jatte.
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Le sanglier s’enfuit, coiffé de l’auge d’où se
répandaient pommes de terre et lait bien
blanc...
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Sur la mairie du petit village, se déroulait une
scène fort curieuse : une caisse où s’étaient
abrités six petits chats s’était comme empalée
sur le paratonnerre de l’établissement
municipal.
Aucun des chatons ne se trouvait blessé ;
mais tous semblaient étourdis par cette chute
brutale.
Grâce à l’aide obligeante d’une brave cigogne,
leur sauvetage s’opéra le plus facilement du
monde et bientôt les petits chats furent en
sûreté auprès de leur mère.
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L’avalanche n’avait pas fait de victimes
sérieuses : quelques plumes arrachées,
quelques douleurs dans les pattes, quelques
museaux égratignés, tel fut le bilan de ces
blessures fort anodines en somme.
Dans la bagarre, RÉSIDU s’était perdu dans le
paysage de neige.
Ayant quitté ses skis, il dévalait la pente la
montagne, lorsqu’il fit la mauvaise rencontre
d’un chat affamé qui se lança à sa poursuite...
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RÉSIDU, qui connaissait la férocité dont est
capable un chat sauvage, s’enfuit à toutes
pattes.
Tout à coup, trébuchant sur une pierre, il roula
dans la neige sur une distance de quelques
mètres ; la neige s’attacha à son corps et forma
bientôt une boule de grande dimension - bien
blanche - qui grossit à vue d’œil.
La vitesse à laquelle elle roulait ne cessa
d’augmenter jusqu’au moment où la grosse
masse blanche vint choir dans un étang situé
au bas de la montagne.
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Cette arrivée inopinée effraya une bande de
canards parmi lesquels se trouvait VIRGINIE, à
la recherche de son caneton.
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En arrivant au bord de l’étang, le chat sauvage
sauta sur la boule qui, en s’éloignant du bord,
commença à fondre sous l’action de l’eau.
Les canards entourèrent la boule, tandis que le
chat avait toutes les peines du monde à se tenir
en mauvais équilibre.
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Bientôt la boule fondit totalement, laissant
apparaître RÉSIDU qui se mit à pousser un
joyeux «coin-coin»...... et, pendant cet instant
de bonheur retrouvé, le chat disparaissait dans
l’étang.
Vous devinez la joie de VIRGINIE...
Quant au chat, c’est l’épuisette d’un pêcheur
qui le ramena à la surface de l’eau.
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Le méchant animal se souviendra longtemps de
sa course au caneton.
Entre temps, un accident était arrivé à
GÉDÉON.
Si, en donnant quelques savants coups d’ailes,
il avait miraculeusement échappé à l’avalanche,
il vit son vol s’arrêter bien malencontreusement.
Par suite d’une maladresse, il fut précipité sur
un toit ; et l’extrémité de ses skis s’accrocha, ou
plus exactement se coinça à l’intérieur de deux
tuyaux de cheminée.
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Il serait resté longtemps dans cette fâcheuse
posture si l’ours ANATOLE qui l’avait aperçu
n’était accouru pour le tirer sain et sauf de ce
très mauvais pas.
Aujourd’hui, tous les sportsmen sont remis de
leurs émotions et un défilé est organisé pour
célébrer la gloire de cet excellent GÉDÉON.
Il est promené par ses amis ; et c’est sur un
pavois formé de sa propre paire de skis qu’il est
porté en triomphe.
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Et maintenant, il ne reste plus, pour rappeler
ces hauts faits du sport d’hiver animalier, que
quelques courbatures à soigner et quelques
égratignures à cicatriser.
Le docteur BLAIREAU fut appelé par la famille
de jeunes lapins quelque peu abîmés par des
pierres détachées par l’avalanche meurtrière.
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PORTHOS, le sanglier cul-de-jatte a été forcé
de faire réparer sa voiture ; et un vieil ours de la
ménagerie dut confier son poignet au traitement
d’un chirurgien averti.
La chèvre AGLAÉ avait eu un mal énorme à
se débarrasser de ses skis emmêlés dans ses
pattes et ses cornes ; mais le concours de
GÉDÉON lui permit cependant de reprendre
assez vite la liberté de ses mouvements.
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Quant au pauvre lapin JEANNOT, il dut à cette
aventure d’avoir une oreille cassée - pour
longtemps peut-être - et de rapporter une
bonne bronchite que des soins éclairés finirent
par vaincre; mais après combien de semaines !
Le cerf HONORÉ eut ses bois emmêlés et sa
tête est maintenant surmontée d’un fouillis
inextricable.
Un marabout de la ménagerie eut le bec
endommagé par la réception désagréable de
quelques pierres, ce qui l’oblige à porter de
nombreux pansements.
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Le singe imposa maladroitement le poids de
ses skis à son appendice caudal et le chat
faillit mourir de honte et de chagrin au souvenir
d’avoir manqué l’occasion de manger un jeune
caneton de l’année.
La dernière victime de la catastrophe fut un petit
lapin du nom de SERPOLET, qui, après s’être
égaré dans la montagne, se réfugia dans un
abri spécialement construit pour les alpinistes.
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Il avait mal choisi son refuge; car l’ours
ANATOLE, qui se promenait dans les parages,
eut vite fait d’en prendre possession afin de s’y
restaurer et de s’y reposer.
Il dévora un pot de miel entier sans même en
offrir la plus petite parcelle à SERPOLET.
Une fois le repas terminé, il congédia purement
et simplement notre jeune lapin en lui disant :
- Allez, ouste, va-t-en, j’ai besoin de dormir.
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Et voilà SERPOLET seul dans la montagne
glacée, triste de cette expulsion, mais heureux
quand même d’avoir échappé à l’appétit de cet
affamé ANATOLE.
Un aigle passait à ce moment...
Belle occasion pour le vilain rapace...
Il se rua sur le petit lapin, le serra dans ses
griffes et l’emporta dans les airs.
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Mais une chasseresse à l’âme compatissante
avait vu le manège...
Elle visa le méchant oiseau et le tua net, ce qui
permit à SERPOLET de recouvrer la liberté.
Le lapin fit un plongeon dans le vide et tomba
dans l’étang même où RÉSIDU, après son
enveloppement prolongé dans la boule de
neige, avait si bien repris goût à la vie.
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SERPOLET, dans sa course aquatique,
rencontra un poisson au profil nettement
rébarbatif ; puis il tomba presque asphyxié dans
la balance d’un pêcheur d’écrevisses.
En ramenant son engin, le bonhomme ne fut
pas peu surpris d’y trouver un lapin en guise de
crustacé.
SERPOLET profita de l’ahurissement du
pêcheur pour prendre la fuite et regagner
la ferme familiale où il retrouva ses amis
GÉDÉON, VIRGINIE et RÉSIDU.
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Quant aux chats, si miraculeusement détachés
du clocher de la mairie, ils étaient tous
endoloris, courbaturés et étourdis par l’aventure
qui leur était arrivée.
Leur maman, après un bon repos, les soumit à
un sérieux examen et afin d’essayer de ranimer
en eux, au plus vite, leurs instincts naturels, elle
les fit avancer au commandement, dresser la
queue et courir après une souris mécanique...
Tout marcha à souhait, et, la maman ravie,
s’écria :
« Ce sont bien des chats maintenant... »
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Voici maintenant le printemps revenu : la neige
a disparu ; la campagne a de nouveau revêtu
ses beaux tapis de verdure et déployé ses abris
de feuillage.
Au milieu de ce paysage tranquille et reposant,
GÉDÉON et ses amis ont retrouvé leur vie
calme et exempte de tous soucis.
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Mais les sports d’hiver ne sont pas oubliés ;
et dans ce calme été qui succéda au
printemps, par les belles soirées étoilées, les
conversations ne tarissent point au souvenir de
la tentative de l’hiver passé et des espoirs pour
la prochaine saison hivernale.
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