habitat et régénération des espèces ligneuses les plus
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i
UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
FACULTE DES SCIENCES
DEPARTEMENT DE BIOLOGIE ET ECOLOGIE
VEGETALES
Mémoire pour l’obtention de Diplôme d’Etudes Approfondies
(D.E.A) en Sciences de la Vie
Option : Ecologie Végétale Appliquée
Habitat et régénération des espèces ligneuses les
plus utilisées par la communauté Zafimaniry
Présenté par :
RAMAHASAHALA TENDRY Andriamitantsoa (Maître ès Sciences)
Soutenu publiquement le 30 Avril 2015
Devant les membres de Jury :
Président : Professeur Bakolimalala RAKOUTH
Examinateur : Docteur Elisabeth RABAKONANDRIANINA
Rapporteur: Docteur Lucien FALINIAINA
UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
FACULTE DES SCIENCES
DEPARTEMENT DE BIOLOGIE ET ECOLOGIE
VEGETALES
Mémoire pour l’obtention de Diplôme d’Etudes Approfondies
(D.E.A) en Sciences de la vie
Option : Ecologie Végétale Appliquée
Habitat et régénération des espèces ligneuses les
plus utilisées par la communauté Zafimaniry
Présenté par :
RAMAHASAHALA TENDRY Andriamitantsoa
(Maître ès Sciences)
Soutenu publiquement le 30 Avril 2015
Devant les membres de Jury :
Président : Professeur Bakolimalala RAKOUTH
Examinateur: Docteur Elisabeth RABAKONANDRIANINA
Rapporteur : Docteur Lucien FALINIAINA
ii
REMERCIEMENTS
« FA IZAY MIANDRY AN’I YHVH DIA MANDROSO HERY KOSA ».
C’est avec la force qu’Il m’a donnée que j’ai pu finir ce travail. Alors j’exprime mes
déférences au Seul et Unique Créateur de l’univers ; car sans sa bénédiction, cette étude n’a
pu être accomplie.
De nombreuses personnes ont contribué à la réalisation de ce travail. Je voudrais leur
adresser toute ma gratitude et ma reconnaissance ::
– Professeur Bakolimalala RAKOUTH, Président du jury et au Docteur Elisabeth
RABAKONANDRIANINA, examinateur, Maître de Conférences à la Faculté des Sciences qui, en
dépit de leurs multiples occupations, n’ont ménagé ni leurs efforts, ni leurs conseils pour la
bonne réalisation de ce travail ; Je leur adresse mes remerciements pour avoir accepté
l’évaluation de ce travail.
–Docteur Lucien FALINIAINA, mon encadreur pédagogique, qui a dirigé ce travail
avec beaucoup d’attentions.
Mes respectueux hommages vont également au chef du village Zafimaniry, décédé
pendant la période de notre descente sur terrain en juillet 2012, qui m’a beaucoup aidé dans
mes recherches. Je tiens à transmettre toute ma gratitude aux membres de sa famille, ainsi
qu’à toute la communauté Zafimaniry pour leur hospitalité.
A tous les enseignants et à tous mes collègues du département : votre aide et votre
soutien moral m’ont permis de mener à son terme ce mémoire.
A toute ma famille, qui m’a encouragé et m’a supporté financièrement pendant mes
études.
Enfin, je tiens à remercier tous ceux qui, de près ou de loin, ont participé à la
réalisation de ce mémoire.
A vous tous, merci !
iii
GLOSSAIRE
Adhérence : C’est la résistance à la force
exercée perpendiculairement à la fibre, elle
permet de discerner les bois qui, à poids égal,
ont la cohésion la plus élevée dans le sens
transversal.
Ampify : Fixation verticale entre deux
« taolan-kazo ».
Andry mafana : Pilier vertical se trouvant au
centre de la maison.
Andry mangitsy : Deux piliers symétriques
par rapport à l’« andry mafana » se trouvant
sur le plan médian de la construction.
Campanulée : Se dit d’une corolle gamopétale
en forme de cloche.
Côte de flexion statique : Une forte flexion
implique une grande flexibilité du bois.
Cunéiforme : Organe qui est en forme d’un
coin.
Densité du bois : Poids de l’unité de volume
(kg.m-3, ou T.m-3), au taux d’humidité de 12%.
Dina : Pactes sociaux traditionnels ou
règles communautaires.
Dureté du bois : Exprime exactement le sens
propre de ce terme ainsi que la résistance du
bois à la pénétration des outils, et à l’usure.
Famantana : Bois en position horizontale au
ras du sol reliant les quatre côtés de la
construction.
Fissilité : Elle est qualifiée de forte lorsque
l’effort à exercer pour fendre le bois est
minime.
Nervosité : Changement de volume brusque en
présence d’humidité extérieure.
Point de saturation : La valeur élevée de
ce paramètre est une qualité requise pour
les éléments extérieurs d’une maison, car seule
une très grand humidité pourrait changer le
volume du bois.
Résilience : C’est une synthèse de
la notion globale de « solidité » du bois.
Résistance à la compression de fil : La valeur
est élevée pour un bois ayant une grande
ténacité en position verticale.
Rétractibilité : Le bois à fort retrait est un bois
à forte tendance à se fendre et/ou une grande
diminution du volume de l’état vert à l’état sec.
Rohin-trano : Structure horizontale reliant les
sommets des trois « andry ».
Rotacée : Caractère d’une corolle gamopétale
à tube très court presque nul, dont les pièces
sont étalées comme les rayons d’une roue.
Taolan-kazo : Planche en bois constituants les
murs des maisons Zafimaniry.
Tomenteux : Se dit d’un végétal tout entier ou
de certains organes (le plus souvent il s’agit
alors des feuilles) qui sont recouverts de longs
poils blancs et mous (tomentum).
iv
TABLES DES MATIERES
REMERCIEMENTS ............................................................................................................................. II
GLOSSAIRE ......................................................................................................................................... III
TABLES DES MATIERES .................................................................................................................. IV
LISTE DES FIGURES ......................................................................................................................... VI
LISTE DES TABLEAUX ................................................................................................................... VII
LISTE DES PHOTOS........................................................................................................................ VIII
LISTE DES CARTES ........................................................................................................................ VIII
LISTE DES ANNEXES ..................................................................................................................... VIII
INTRODUCTION ................................................................................................................................. 1
PARTIE I: MILIEU D’ETUDE ............................................................................................................. 3
I-1 LOCALISATION DU MILIEU D’ETUDE ................................................................................................... 4
I-2 MILIEU PHYSIQUE ............................................................................................................................... 5
I-2-1 Topographie ........................................................................................................................... 5
I-2-2 Hydrographie ......................................................................................................................... 5
I-2-3 Géologie ................................................................................................................................. 5
I-2-4 Sol .......................................................................................................................................... 6
I-2-5 Climat .................................................................................................................................... 6
I-3 MILIEU BIOTIQUE ................................................................................................................................ 8
I-3-1 Flore et végétation.................................................................................................................. 8
I-4 MILIEU SOCIAL .................................................................................................................................... 9
I-4-1 Démographie .......................................................................................................................... 9
I-4-2 Activités de la population ...................................................................................................... 9
I-5 LE BOIS ET LE PEUPLE ZAFIMANIRY ................................................................................................... 9
PARTIE II MATERIEL ET METHODES........................................................................................ 12
II-1 ENQUETES ETHNOBOTANIQUES........................................................................................................ 13
II-2 CONSTITUTION D’UN HERBIER.......................................................................................................... 13
II-3 CHOIX DES ESPECES CIBLES ............................................................................................................... 14
II-4 ETUDES ECOLOGIQUES ...................................................................................................................... 14
II-4-1 Sol ........................................................................................................................................ 14
II-4-2 Structure de la végétation .................................................................................................... 15
II-4-3 Flores associées .................................................................................................................... 17
v
II-4-4 Régénération naturelle spécifique ........................................................................................ 18
II-4-5 Evaluation du stock de bois.................................................................................................. 19
II-4-6 Suivi de l’évolution de l’espace forestier entre deux périodes .............................................. 19
II-5 MULTIPLICATION VEGETATIVE DES ESPECES CIBLES ......................................................................... 20
II-5-1 Essai de bouturage ............................................................................................................... 20
II-5-2 Transplantation des sauvageons .......................................................................................... 21
PARTIE III: RESULTATS ET INTERPRETATIONS .................................................................... 22
III-1 LES ESPECES UTILISEES PAR LES ZAFIMANIRY .................................................................................. 23
III-2 AUTOCOLOGIE DES ESPECES LES PLUS UTILISEES ............................................................................. 27
III-2-1 Description botanique ..................................................................................................... 27
III-2-2 Phénologie ....................................................................................................................... 31
III-3 AUTOECOLOGIE DES ESPECES CIBLES................................................................................................ 33
III-3-1 Sols .................................................................................................................................. 33
III-3-2 Structure de la végétation ............................................................................................... 34
III-3-3 Flores associées et régénération naturelle des espèces cibles ........................................... 40
III-4 ESTIMATION DE LA VITESSE DE DEGRADATION DE LA FORET .......................................................... 43
III-5 REGENERATION ARTIFICIELLE. ......................................................................................................... 46
III-5-1 Bouturage........................................................................................................................ 46
III-5-2 Transplantation des sauvageons ..................................................................................... 47
PARTIE IV DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS............................................................. 48
IV-1 DISCUSSION ....................................................................................................................................... 49
IV-1-1 Enquête ethnobotanique .................................................................................................. 49
IV-1-2 Régénération naturelle des espèces : ............................................................................... 50
IV-1-3 Dynamique de la couverture végétale dans la région Zafimaniry .................................. 51
IV-1-4 Bouturage........................................................................................................................ 51
IV-1-5 Transplantation des sauvageons ..................................................................................... 53
IV-2 RECOMMANDATIONS........................................................................................................................ 53
CONCLUSION .................................................................................................................................... 55
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ............................................................................................ 56
ANNEXES
vi
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Diagramme ombrothermique d’Ambositra. ..................................................... 7
Figure 2 : Plan d’aménagement de l’intérieur d’une maison typique Zafimaniry ........ 11
Figure 3 : Diagramme décrivant la méthode de Gauthier (1994) pour caractériser la
structure verticale .......................................................................................................................... 15
Figure 4 : Méthode de Quadrat Centré en un Point ........................................................ 17
Figure 5 : Structure verticale de la formation à Tambourissa thouvenotii, et
Weinmannia bojeriana .................................................................................................................. 35
Figure 6 : Diagramme de recouvrement par classe de hauteur de la formation à
Tambourissa thouvenotii, et Weinmannia bojeriana. ................................................................. 36
Figure 7 : Structure verticale de la formation à Faucherea parvifolia, Ocotea
humblotii, et Brachylaena merana ............................................................................................... 37
Figure 8 : Diagramme de recouvrement par classe de hauteur de la formation à
Faucherea parvifolia, Ocotea humblotii, et Brachylaena merana ............................................ 37
Figure 9 : Structure verticale de la formation à Syzygium emirnense. .......................... 38
Figure 10 : Diagramme de recouvrement par classe de hauteur de la formation à
Syzygium emirnense. ..................................................................................................................... 38
Figure 11: Pourcentage de réussite des bouturages pour les six espèces étudiées ....... 46
vii
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Liste des espèces d’arbres utilisées par les Zafimaniry dans l’art de la
construction et les objets décoratifs ............................................................................................. 23
Tableau 2 : Espèces sélectionnées pour la régénération artificielle en fonction du degré
d’utilisation .................................................................................................................................... 26
Tableau 3 : Calendrier phénologique des 7 espèces d’arbres sélectionnées comme étant
les plus importantes pour la construction de maison et la fabrication d’objets d’art chez les
Zafimaniry ..................................................................................................................................... 32
Tableau 4 : Caractéristiques pédologiques des habitats des espèces étudiées .............. 33
Tableau 5: Caractéristiques de la structure horizontale des trois formations forestières
abritant les espèces d’arbres les plus utilisées par les Zafimaniry ............................................. 40
Tableau 6: Densité et régénération naturelle des espèces d’arbres les plus utilisées par
les Zafimaniry................................................................................................................................ 40
Tableau 7: Flore associée aux espèces cibles .................................................................. 42
Tableau 8 : Analyse comparative des surfaces en ha pour chaque zone d’occupation
du sol entre 2007 et 2014 .............................................................................................................. 44
Tableau 9: Pourcentage de bouturage pour les six espèces montrant aucune différence
significative pour le facteur position des explants sur le rameau............................................... 46
Tableau 10 : Taux de survie des sauvageons de six espèces cibles utilisées par les
Zafimaniry après huit mois après la transplantation ................................................................... 47
viii
LISTE DES PHOTOS
Photos 1 : Symboles typiques au Zafimaniry observés sur les maisons et les objets
fabriqués en bois ........................................................................................................................... 10
Photos 2 : Maison du chef de village Zafimaniry construite exclusivement avec la
méthode du tenon et de la mortaise .............................................................................................. 11
LISTE DES CARTES
Carte 1 : Localisation de la région Zafimaniry avec les différentes fokontany et
villages dépositaires du savoir-faire du bois ................................................................................. 4
Carte 2 : Image raster obtenu par le satellite Landsat en 2014 montrant la délimitation
de la région Zafimaniry et les différents zones d’occupation du sol ........................................ 43
Carte 3 : Carte de végétation de la région Zafimaniry en 2007…...........………….. ..45
Carte 4: Carte de végétation de la région Zafimaniry en 2014……………….…...….45
LISTE DES ANNEXES
ANNEXE 1 : Liste floristique
ANNEXE 2 : Les caractères parataxonomiques des espèces
ANNEXE 3 : Modes de calcul QCP
ANNEXE 4 : Photos des boutures
ANNEXE 5 : Appréciation texturale par la méthode manuelle
ANNEXE 6 : Questionnaire d’enquête ethnobotanique
ANNEXE 7 : Les critères de sélection pour faire partie du patrimoine culturel mondial
ANNEXE 8 : Objets Zafimaniry faits à partir de bois de Dalbergia baronii
ANNEXE 9: Etape de construction d’une maison Zafimaniry
ANNEXE 10 : Préparation de la toiture
1
INTRODUCTION
1
Depuis la préhistoire jusqu’au début de l’exploitation des gisements de charbon, le
bois fut la plus importante source d’énergie pour le chauffage et la cuisson. Les qualités
légère, résistante, isolante, durable, confortable, esthétique et facile à travailler du bois le
rendent comme étant le matériau industriel le plus anciennement utilisé dans de nombreux
secteurs d’activité, comme la construction, la menuiserie et l’énergie (Campredon, 1982).
A Madagascar, la communauté Zafimaniry est la dernière dépositaire d’une culture
originale du travail de bois, autrefois répandue dans toute l’île (UNESCO, 2008).
Les Zafimaniry sont une communauté de 25 000 membres, vivant dans 96 villages.
Cette communauté s’est établie au XVIIe siècle dans une région boisée et reculée, au Sud-Est
de Madagascar. La maîtrise de la foresterie et de la sculpture sur bois s’observent dans les
constructions et les objets de la vie quotidienne. Cette maîtrise peut être constatée sur la
qualité du travail des surfaces en bois (murs, fenêtres, poteaux, poutres, tabourets, coffres,
outils, …) qui sont richement travaillées.
Un projet de sauvegarde du savoir-faire des Zafimaniry, relatif au travail du bois a été
mis en place par l’UNESCO entre 2004 et 2008. Des structures de gestion ont été établies aux
échelons nationaux, régionaux et locaux pour assurer le bon déroulement du projet. Des
ateliers centrés sur l’enseignement et la transmission des techniques traditionnelles ont été
organisés. Un programme de reboisement a été également mis en œuvre. Ainsi, en 2008 , le
savoir-faire du travail du bois des Zafimaniry a été classé parmi les patrimoines mondiaux
culturels et immatériels de l’humanité par l’UNESCO.
Les maisons, les tombeaux et les divers produits du bois (pièges à rats, boîtes à
miel,…) sont assemblés exclusivement par la technique traditionnelle du tenon et de la
mortaise, sans clou ni charnière, ni autres pièces métalliques. Pour mener à bien ces travaux,
les Zafimaniry utilisent une vingtaine d’espèces d’arbres endémiques, adaptées chacune à un
type de construction ou à une fonction décorative spécifique. Malgré les mesures de
conservation de la forêt déjà entreprises dans la région, la surface forestière, où les Zafimaniry
prélèvent les bois pour leur art, ne cesse de reculer. Ainsi, les représentants de la communauté
Zafimaniry n’ont cessé de dénoncer les menaces qui pèsent sur ce patrimoine.
La pratique du Tavy et l’exploitation abusive des ressources mettent en péril le
système social et l’économie de la communauté. De nombreuses espèces ligneuses sont
menacées d’extinction. Jusqu’à maintenant, aucune étude écologique et floristique
approfondie sur les formations forestières dans le pays Zafimaniry, n’a été effectuée. C’est
pourquoi un projet de restauration de la forêt a été envisagé par la communauté Zafimaniry,
2
en partenariat avec le Département de biologie et écologie végétales (DBEV) de l’Université
d’Antananarivo.
Pour la sauvegarde de l’art du travail du bois et son apprentissage par les plus jeunes ,
la communauté Zafimaniry se doit de restaurer le patrimoine forestier exposé à plusieurs
menaces, sans lequel la transmission intergénérationnelle des connaissances et des savoir-
faire s’effriteront irrémédiablement.
Une des étapes importantes est l’inventaire du patrimoine forestier, lieu de collecte de
bois d’œuvre pour l’art Zafimaniry. Cette communauté doit intégrer impérativement dans ses
pratiques, non plus uniquement la sélection de bois d’œuvre mais aussi la culture, la
multiplication des espèces utiles.
Cependant, plusieurs études sont nécessaires pour estimer l’état de dégradation des
forêts de production de bois dans le pays Zafimaniry afin de proposer par la suite un plan de
restauration. Il s’agit de (i) identifier les espèces ligneuses les plus utilisées par la
communauté Zafimaniry ; (ii) étudier et déterminer l’état de santé des espèces cibles, et (iii)
identifier les méthodes efficaces pour la propagation des espèces cibles.
Ce travail est subdivisé en quatre parties
– la première est réservée à la présentation générale du milieu d’étude ;
– la deuxième est destinée à la méthodologie ;
– la troisième est consacrée aux résultats et aux interprétations ;
– et la quatrième fera place à la discussion générale des résultats et la conclusion.
3
Partie I:
MILIEU D’ETUDE
4
I-1 LOCALISATION DU MILIEU D’ETUDE
Le pays Zafimaniry se trouve dans la région Amoron’i Mania, district d’Ambositra
,Centre-Est de Madagascar, entre 20°45’ de latitude Sud, 47°25’ de longitude Est. Il couvre
une superficie totale de 1 404 km², avec 52 km du Nord au Sud, sur 26 km d’Est à Ouest. Le
pays Zafimaniry occupe une zone montagneuse et forestière, et se situe à une soixantaine de
kilomètres de la ville d’Ambositra.
L’étude a été réalisée dans deux sites : le site d’Atsimo Sakaivo, et celui de
Fanandrana (Carte 1). Ces formations forestières ont été choisies à cause de leur proximité du
village d’accueil, Sakaivo, (Carte1). Par ailleurs, ces forêts sont gérées par la communauté de
base (VOI) Zafimaniry. .
Carte 1 : Localisation de la région Zafimaniry avec les différentes fokontany et villages
dépositaires du savoir-faire du bois (Source : BD 500, FTM 2007)
5
I-2 MILIEU PHYSIQUE
I-2-1 Topographie
La région Zafimaniry est caractérisée par deux escarpements : occidental et oriental
(Coulaud, 1973).
L’escarpement occidental constitue la limite entre le haut plateau Betsileo, à l’Ouest,
et le bas palier Zafimaniry, à l’Est. C’est un alignement Nord-Sud des dômes granitiques
d’une moyenne de 1 770 m d’altitude. Au Sud, les dômes se décalent un peu vers l’Est. Le
point le plus élevé de la région occidentale Zafimaniry est le mont Vohibe Antoetra qui
culmine à 1 874 m.
L’escarpement oriental n’occupe qu’une petite partie de la région Zafimaniry. C’est
une retombée des Hautes-Terres centrales. L’altitude moyenne est de 700 m. L’escarpement
oriental est caractérisé par d’immense basse vallée, qui sont déjà du domaine Tanala,
aménageables, utiles pour la riziculture.
Entre les deux escarpements se localise un palier intermédiaire, qui occupe la majorité
de la région. Il est caractérisé par un relief montagneux dont le sommet des échines à une
altitude subégale de 1 300 m, avec des vallées étroites et profondes. Ainsi, l’aménagement des
bas-fonds pour la riziculture reste très difficile (Coulaud, 1973).
I-2-2 Hydrographie
Les grands réseaux hydrographiques n’existent pas dans le pays Zafimaniry.
Cependant, les cours d’eau sont abondants. Pour la région d’Antoetra, il y a les rivières de
Sahanofa et Kidodo qui s’écoulent à l’Est de l’escarpement occidental, en suivant un axe
Nord-Ouest - Sud-Est. Elles alimentent le fleuve Mananjary et se jettent dans l’Océan Indien.
D’autres rivières prennent leurs sources à l’Ouest de l’escarpement oriental pour se jeter dans
le canal de Mozambique. Cet escarpement constitue donc la ligne de partage des eaux entre
les cours d’eaux de l’Est et de l’Ouest de Madagascar. Le réseau hydrographique local est
caractérisé par des lignes de pente plus ou moins fortes qui se traduisent par la présence de
chutes (Andriamaherilala, 2004).
I-2-3 Géologie
D’après la chronologie établie par Besaire (1962), la région Zafimaniry est occupée
par le système Graphite et le système de Vohibory. Ces systèmes sont obtenus à partir de
6
l’étude stratigraphique en comparant les couches du système, des plus anciennes vers les plus
récentes. Trois systèmes ont été établis : l’Androyen, le Graphite et le Vohibory. Ces
systèmes se sont formés lors de la dernière orogenèse il y a 550 millions d’années,
caractérisée par une granitisation et une migmatisation (Besaire, 1962).
Le système Graphite occupe la majorité de la superficie de la région. Il est caractérisé
par une forte fréquence du taux de graphite. Le cycle orogénique de 550 millions d’années a
rendu la région plus riche, du point de vue géologique, par la formation des zones
pegmatitiques. Aussi, ce phénomène est accompagné de la cristallisation des minéraux de la
classe des Corindons (ex : Beryl), justifiant l’appartenance de la formation géologique de la
région au série de Vohibory. Ainsi, le système présente un intérêt économique évident pour
l’exploitation minière. Cette région renferme également du fer, de la tourmaline, de l’or et
bien d’autres minerais associés tels que la biotite. Les traces du métamorphisme se
manifestent par l’abondance des quartzites. Des cuirasses ont été aussi identifiées sur le
versant Est (Besaire, 1962).
I-2-4 Sol
Le sol est caractérisé par deux types de sols ferralitiques: les sols ferralitiques
pénévolués, et les sols ferralitiques rajeunis (Bourgeat, 1972).
Les sols ferralitiques pénévolués dominent dans les zones de relief multiface sous
forêt, alors que les sols ferralitiques rajeunis dominent sur les reliefs moyennement
accidentés. Ce deuxième type de sol est moins profond, à cause de la faible épaisseur de
l’horizon humifère.
A part les sols ferralitiques, les sols hydromorphes sont aussi abondants dans la région.
Ce type de sol se localise dans les bas-fonds, cuvettes, sur les dalles granitiques et les zones
déprimées. Ce sol est constitué essentiellement de sol tourbeux oligomorphe de pH acide
inférieur à 5,5 et de sol hydromorphe moyennement organique de 10% de matière organique
sur au moins 20 cm d’épaisseur et évoluant dans un milieu anaérobique (Bourgeat, 1972).
I-2-5 Climat
Les données climatiques de la station météorologique d’Ambositra, située à 41km ont
été utilisées pour caractériser le climat de la région d’étude du pays Zafimaniry.
7
a) Vent
Les directions du vent et leurs caractéristiques respectives, l’exposition dominante
vers l’Est de cette région, expliquent son classement au versant au vent de l’Alizée (Donque,
1974), justifiés par le temps hivernal, avec pluies fines et persistantes.
b) Température
Les mois les plus chauds (janvier et février) sont caractérisés par une température de
19°C et les mois les plus frais (juin et juillet) sont marqués par des températures
respectivement comparables de 13 et 12°C
c) Précipitation
Le pays Zafimaniry appartient à un climat tropical de type perhumide tempéré. Le
climat est essentiellement déterminé par les alizés qui dirigent des masses d’air instables et
chargées d’humidité vers cette zone, en provenance de l’Océan Indien.
La pluie tombe 135 jours par an. La précipitation moyenne annuelle oscille autour de
1140 mm. Le mois le plus arrosé est janvier avec 230 mm. Le mois de septembre est le plus
sec avec 12 mm de précipitation.
- Le diagramme ombrothermique (Gaussen, 1995) illustré par la figure 3 permet de
distinguer deux saisons: Une saison fraîche d’avril à novembre, caractérisée par
des pluies fines de longue durée, des brouillards épais et des nuits froides.
- Une saison chaude de novembre à mars, marquée par de fortes pluies sous forme
d’orages violents, souvent en fin d’après-midi, ou sous forme de pluies
cycloniques de longue durée.
Cette région ne connaît pas de saison sèche.
Figure 1 : Diagramme ombrothermique d’Ambositra. (Source : Service météorologique
d’Ampandrianomby; Période : 1961-1990)
8
I-3 MILIEU BIOTIQUE
I-3-1 Flore et végétation
La végétation climacique de cette région est une forêt dense et humide, appartenant à
la série de Weinmannia et Tambourissa, et fait partie du domaine de l’Est (Humbert, 1955).
Cette végétation est aussi classée dans la zone éco-floristique orientale de moyenne altitude,
entre 800 à 1 500 m (Rajeriarison & Faramalala, 1999) et la zone flore sous le vent (Perrier
de la Bathie, 1921).
La végétation est mal connue parce qu’aucun inventaire floristique complète n’a
encore été réalisé dans la région. Cependant, les végétations sont riches en bois d’œuvre telles
que Tambourissa, Weinmannia, et Sapotaceae ; et aussi en espèces médicinales comme
Cinnamomum sp, Senecio longipes, et en espèces aromatiques.
D’une manière générale, la structure de la végétation de Zafimaniry a fortement
évolué. Auparavant, le site était essentiellement constitué de forêts naturelles. La mise en
place successive de parcelles agricoles suite à des cultures sur brûlis à répétition a entraînée
une modification du paysage. La zone d’étude est caractérisée par un ensemble de formations
très hétérogènes formées par quelques unités de végétation :
La forêt dense humide sempervirente de moyenne altitude est caractérisée par la
présence de nombreuses espèces appartenant à la famille des Poaceae, des lianes, des plantes
épiphytes et des espèces saxicoles.
Les forêts partiellement dégradées sont des formations peu ouvertes qui ont été
exploitées par la population. Elles sont dominées par des arbres de taille moyenne surtout
Cryptocarya et Eugenia.
Les savoka qui correspondent à une formation hétérogène constituée essentiellement
d’espèces comme Trema orientalis et Harungana madagascariensis.
Les jachères qui sont des formations arbustives, voire herbacées. Elles ne dépassent
pas 5m de hauteur quand elles sont présentes. Ce milieu est floristiquement pauvre.
9
I-4 MILIEU SOCIAL
I-4-1 Démographie
Le groupe Zafimaniry couvre deux communes rurales de la préfecture d’Ambositra :
Ambohimitombo au Nord et Antoetra au Sud. Antoetra est constitué de 13 « fokontany » ;
dont, Sakaivo Avaratra où se situe notre site d’étude.
Le groupe Zafimaniry a été un agrégat d’éléments venus de divers peuples :
Vakinakaratra, Merina, Betsileo –eux-mêmes hétérogènes. Ils se sont enrichis plus tard de
Tanala, aux origines diverses (Commune Antoetra, documentation personnel).
I-4-2 Activités de la population
Activités principales
Les activités essentielles des Zafimaniry sont orientées sur la transformation du bois
et la fabrication d’ouvrages en bois, notamment les sculptures et la construction de maison
avec une architecture traditionnelle. La vente de leurs produits représente leur principale
source de revenu.
Actuellement, le tourisme écologique permet aux habitants de se procurer des revenus
supplémentaires.
Activités agricoles
Les Zafimaniry pratiquent les cultures du riz et du maïs. Etant donné que les bas-fonds
attribués à la riziculture sont étroits, le Tavy constitue une solution complémentaire pour
subvenir aux besoins de la famille. Mais, cette pratique culturale n’est pas durable et menace
l’espace forestière.
Elevage
L’élevage n’est pas une activité principale pour les Zafimaniry. Sa pratique est tout
simplement à des fins d’autoconsommation, comme l’élevage de poules, canards et de lapins,
à petite échelle. L’élevage bovin est peu pratiqué.
I-5 LE BOIS ET LE PEUPLE ZAFIMANIRY
Tout un ensemble de techniques et de connaissances pratiques sur le bois ont été
développé par les Zafimaniry, étant donné qu’ils sont forestiers, charpentiers, et artisans
depuis très longtemps. Cette tradition artisanale est le témoin de l’importance de ce matériau
10
dans tous les aspects de la vie et de la mort chez les Zafimaniry. La maîtrise de l’exploitation
forestière et de la sculpture sur bois apparait dans les constructions et les objets quotidiens.
Toutes les surfaces boisées (murs, fenêtres, poteaux, poutres, tabourets, coffres, outils, …)
sont richement travaillées. Les maisons et les cercueils sont assemblés uniquement selon la
technique traditionnelle de la mortaise et du tenon, en n’utilisant aucun clou, ni charnière, ou
autres pièces métalliques, et avec des bois très spécifiques pour chaque pièce. Les motifs
géométriques sculptés sur les objets en bois sont codifiés, les artisans sont très créatifs. La
richesse symbolique de ces motifs exprime les croyances et les valeurs essentielles des
Zafimaniry (Photo 1). Ainsi, le Tanamparoratra (ou toile d’araignée) symbolise les relations
familiales, tandis que le Papintantely (rayon de la ruche) exprime la vie communautaire. Ces
décorations, ainsi que d’autres expressions comme l’architecture des maisons indiquent le rôle
ou la position sociale de l’individu au sein du groupe (UNESCO, 2008).
La maison Zafimaniry dépeint presque la totalité de leurs arts. Il faut être nombreux
pour pouvoir la construire. Les motifs sculptés sur les murs, fenêtres et portes, symbolisent un
système d’entraide (Photo1) ; un esprit communautaire propre aux Zafimaniry. La toiture faite
en bambous révèle l’origine du peuple (Coulaud, 1973). Au centre de la maison se trouve un
grand pilier qui soutient toute la construction. Ce pilier est typique des maisons dans les
Hautes-Terres de Madagascar. L’ensemble révèle un mélange de cultures entre les ethnies
Merina et Betsileo.
Photos 1 : Symboles typiques au Zafimaniry observés sur les maisons et les objets fabriqués
en bois
a-Entre aide b-Toile d’araignée c-Rayon de la ruche d-Égalité
11
Figure 2 : Plan d’aménagement de l’intérieur d’une maison typique Zafimaniry
Photos 2 : Maison du chef de village Zafimaniry construite exclusivement avec la méthode
du tenon et de la mortaise
1 : lieu de repos
2 : coin pour la vaisselle
3 : lieu de cuisson
4 : lieu pour les animaux domestiques
5 : lieu pour les matériels de travail
6 : support de la maison
7 : porte
8 : fenêtre
RAM 2013
12
Partie II
MATERIEL et METHODES
13
L’approche méthodologique pour ce travail se déroule en cinq étapes successives.
Premièrement, pour pouvoir commencer l’étude, (i) des demandes d’autorisation de recherche
auprès du Ministère de l’Environnement, de l’Ecologie et de la Forêt
N°070/12/MEF/SG/DGF.SAP/SCB puis des chefs des fokontany concernés ont été effectuées.
Ensuite, le consentement des chefs traditionnels a été demandé et la bénédiction de la part des
anciens chez les Zafimaniry a été obtenue. C’est seulement après que les études ont pu
commencer. La première descente sur terrain consistait à (ii) effectué des enquêtes auprès des
communautés Zafimaniry.
.
II-1 ENQUETES ETHNOBOTANIQUES
Les enquêtes ont été effectuées dans le village de Sakaivo, considéré comme la
capitale des Zafimaniry. Elles se sont déroulées en premier lieu auprès des ménages (n = 20)
sous forme d’entretien par le biais des produits dérivés ou « artefacts interview » au cours
duquel les informants disent à partir de quelle espèce tel produit dérivé (par exemple tabouret)
est fabriqué. Une fois la liste des plantes utiles établie, une seconde enquête a été effectuée
avec un informant expert (n = 1) sous forme d’entretien le long d’un itinéraire tracé dans la
forêt (ou « field interview ») au cours duquel les échantillons botaniques ont été collectés.
Les entretiens se sont déroulés dans les foyers des ménages le plus souvent en soirée car c’est
le moment où les membres de la famille se retrouvent ensemble. Les entretiens ont été
conduits de manière semi-structurée et concernent les espèces utilisées dans le travail du bois
et les divers types d’utilisation. Le questionnaire utilisé est présenté en Annexe 6
Les informations attendues concernent les points suivants:
Le nom de l’espèce, l’abondance et la localisation
Les types d’utilisation (outils, médicinale, construction,…).
La pratique de la collecte (quantité prélevée, saison, partie de la plante)
L’approche communautaire pour la conservation de la forêt. Existe-t-il des approches
de conservation des ressources régies par des règles communautaires ou « Dina »
Les autres produits forestiers non ligneux (miel, plantes médicinales, produits de la
chasse, ….) qui font partie des services fournis par la forêt.
II-2 CONSTITUTION D’UN HERBIER
Des échantillons d’herbier appartenant aux espèces forestières citées dans la liste
établie lors de l’enquête auprès des ménages ont été collectés selon la méthode de
14
Liesner (1992). Deux échantillons ont été récoltés pour chaque espèce. Certains échantillons
ne sont pas complets car la récolte a eu lieu en dehors de la période de floraison ou de
fructification. Les spécimens ont été photographiés. La détermination de l’espèce a été faite à
Antananarivo dans les herbiers de Tsimbazaza (TAN) et d’Ambatobe (TEF).
II-3 CHOIX DES ESPECES CIBLES
Les espèces qui feront l’objet de l’étude écologique ont été choisies selon plusieurs
critères :
Une estimation de la quantité de bois utilisée par les ménages qui est donnée sous
forme de nombre de pieds abattus par mois. Le pourcentage de besoin en bois
d’une espèce est donné par la formule D%= (Desp /Dtot) X 100 où Desp représente la
demande estimée en bois pour une espèce donnée et Dtot la demande totale en bois
pour les ménages.
La liste des espèces prioritaires selon un ordre de préférence établi par les
informateurs eux-mêmes. Dans ce cas, des points variant de 1 à 10 ont été attribués
aux espèces selon que la qualité du bois soit mauvaise ou excellente.
La faible disponibilité d’une espèce classée parmi les plus utiles selon les
informateurs. Un système de notation sur 100 points a été établi selon que l’espèce
soit très rare (50 points), rare (37,5 points), abondant (25 points) et très abondant
(12,5 points);
. Ainsi, pour les études écologiques les espèces dont le degré d’utilisation est supérieur
à 200% ont été considérées.
II-4 ETUDES ECOLOGIQUES
L’étude écologique est centrée sur l’observation des caractères biotiques et physiques
de l’endroit où vit l’espèce cible. Les caractéristiques de l’habitat telles que le sol et la
végétation font alors objet de cette étude.
II-4-1 Sol
Sur les deux sites d’études Fanandrana et Sakaivo Atsimo, où l’étude des espèces
cibles a été effectuée, des fosses pédologiques de 1 m de profondeur ont été réalisées. Chaque
fosse présente un profil pédologique, constitué par une succession de couches ou horizons.
Pour chaque horizon, la couleur, l’épaisseur, l’activité biologique, la structure et l’humidité
ont été notés.
15
La texture de chaque horizon a été déterminée en utilisant la méthode manuelle des
rouleaux et des anneaux (Annexe 5).
II-4-2 Structure de la végétation
La structure de la végétation est la répartition spatiale des individus végétaux de la
station (Godron, 1968). C’est l’expression des interactions entre les individus constituant la
communauté (Farinas, 1982). Elle peut être étudiée sur les plans vertical et horizontal.
Structure verticale
La structure verticale est l’agencement des végétaux suivant le plan vertical (Gounot,
1969). La méthode utilisée pour cette étude est celle de Gautier et al. (1994), présentée sur la
figure 4. Elle permet de caractériser l’état de la formation végétale car fait ressortir les
différentes strates, le profil structural et le taux de recouvrement. La formation est dite
dégradée quand la voûte forestière est discontinue et basse.
Le principe de la méthode consiste à tendre horizontalement une chevillière le long
d’une distance de 50m. À chaque distance de 2 mètre, un échenilloir gradué est dressé
verticalement, et la hauteur de contact entre le piquet et la partie vivante des végétaux est
notée de manière précise jusqu’à 7 m. Au-delà de cette valeur, les hauteurs de contact ont été
estimées. Cette échenilloir est déplacé tous les mètres le long de la chevillière (Figure 3). Un
seul transect le long de 50m a été effectué pour chaque formation.
Figure 3 : Diagramme décrivant la méthode de Gauthier (1994) pour caractériser la structure
verticale
Les données sont ensuite traitées avec le logiciel Excel®
pour obtenir le profil
structural de la végétation en projetant en ordonnée la hauteur des arbres, et en abscisse les 25
points équidistants de deux mètres. Le profil structural donne les renseignements sur la
continuité ou la discontinuité de la voûte forestière.
hauteur en m1413121110
9 Positionnement de l'echeniloir87 Echeniloir gradué654 Chevillère321
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36 38
longueur en m
Positionnement de l’échenilloir
Echenilloir gradué
16
La stratification, ainsi que le pourcentage de recouvrement de la formation végétale,
peuvent être visualisés sous forme de diagramme à partir du nombre de contacts relevés dans
un intervalle de 2 m de hauteur. Pour établir l’histogramme, les classes de fréquences des
hauteurs sont portées en abscisse, le pourcentage de recouvrement en ordonnée.
Structure horizontale
La structure horizontale est la répartition des individus suivant le plan horizontal. Elle
se traduit par la fréquence relative et l’abondance relative des espèces.
Fréquence relative
La fréquence relative (Fr) est le pourcentage des placettes élémentaires contenant une
espèce donnée par rapport au nombre total des placettes élémentaires étudiées. La fréquence
(Fr) est calculée par la formule :
𝐹𝑟 % =𝑛𝑖
𝑁∗ 100
ni= nombre des unités élémentaires où l’espèce i est présente
N = nombre total des unités élémentaires étudiées
Abondance relative
C’est le nombre relatif des individus de chaque espèce par rapport à l’ensemble des
individus recensés. L’abondance relative (Ab) est calculée par la formule :
𝐴𝑏 % =𝑛𝑖
𝑁𝑡× 100
ni = nombre d’individus d’une espèce
Nt = nombre total des individus
Pour la structure horizontale, la valeur des biovolumes indique la potentialité en bois
de la formation (Godron, 1968). Si le biovolume est supérieur à 250 m3/Ha, la formation
présente une forte potentialité en bois. Une forêt à biovolume entre 50 et 250 m3/Ha présente
un potentiel en bois moyen. Si le biovolume est inférieur à 50 m3/Ha, la formation a une
potentialité en bois faible.
Le degré d’ouverture ainsi que les autres caractéristiques de la formation (régularité et
complexité), indiquent aussi l’état de la station.
17
II-4-3 Flores associées
La méthode de QCP (Quadrat Centré en un Point, là où le centre du quadra est
l’espèce cible) permet de connaître les espèces ayant une affinité avec les espèces cibles et la
sociabilité des espèces. Les espèces végétales associées à l’espèce étudiée sont de bons
indicateurs de l’habitat de l’espèce. Pour connaître ces espèces, la méthode de QCP selon
Brower et Von Ende (1990) a été utilisée.
Les quadrats ont pour centre un pied adulte de l’espèce cible à DHP supérieur ou égal
à 10 cm. Deux lignes perpendiculaires passant par l’espèce cible divisent la zone d’étude en
quatre quadrats. Les lignes sont tracées à l’aide d’une boussole de direction NNE et SSW.
Les troncs d’arbre associés à l’espèce cible ayant un DHP supérieur ou égal à 10 cm dans
chaque quadrat ont été mesurés, et les distances ont été notées (figure 4).
Lors de cette étude, les arbres associés à l’espèce cible sont identifiés. Ils sont classés
par famille, et par espèces selon leurs fréquences. La fréquence F(%) d’une espèce associée a
été calculée à partir de la formule suivante (Greig-Smith, 1964) :
𝐹 % = 𝑄𝑖
Qt
× 100
Qi : nombre d’individus d’une espèce
Qt : nombre total d’individus recensés dans le quadrat.
Pour les espèces, une fréquence supérieure à 5% indique une relation étroite avec
l’espèce cible ; et pour les familles, elle est supérieure à 10%.
Figure 4 : Méthode de Quadrat Centré en un Point
C : individu cible ; d1, d2, d3, d4 : distance entre individu de l’espèce cible et l’espèce associée ; a1, a2, a3, a4 : individus
associés.
18
II-4-4 Régénération naturelle spécifique
La régénération naturelle est le mécanisme de reproduction des espèces jusqu’à
l’apparition de nouvelles générations sans intervention sylvicole. Elle comprend l’étude de la
phénologie, et la biologie de reproduction (le mode de pollinisation, la dispersion des fruits et
la régénération proprement dite). La biologie de la reproduction ne sera pas développée dans
ce mémoire. Cependant, le résultat des phénomènes passant dans la biologie de reproduction
peuvent être discerné par le taux de régénération. Ainsi, la phénologie et le taux de
régénération sont des bons indicateurs de la survie ou de l’épuisement de l’espèce et permet
d’envisager le système de conservation adéquate si nécessaire.
Phénologie
La phénologie est le cycle de développement d’une plante allant de l’état végétatif à la
fructification. Elle permet de concevoir un calendrier phénologique, contenant des
informations sur les périodes de collecte des graines utiles à la germination.
Taux de régénération
La régénération naturelle proprement dite est la reproduction naturelle des espèces
végétales sans qu’il y ait intervention de l’homme.
Elle consiste à compter et à mesurer la hauteur et le diamètre de tous les individus de
chaque espèce. Ensuite les individus vont être groupés dans deux grands groupes :
- les semenciers caractérisés par des individus adultes/matures qui ont un
DHP > 10 cm
- Les régénérés, représentés par les jeunes individus qui ont un DHP < 10 cm
Le relevé a été effectué dans une parcelle de 0,1 Ha
Le taux de régénération (TR) est donné par la formule :
TR = Nombre des régénérés
Nombre des semenciers× 100
Si :
0 < TR < 100 = mauvaise régénération
100 < TR < 300 = moyenne régénération
300 < TR < 900 = bonne régénération
900<TR= très bonne régénération
19
II-4-5 Evaluation du stock de bois
Pour l’évaluation du stock de bois, la méthode d’inventaire forestier a été adoptée.
Cette méthode consiste à faire un inventaire des individus qui ont une DBH ≥10 cm dans une
parcelle de 1ha.
Ensuite, faire une analyse dendrométrique en calculant, en premier lieu, la surface
terrière Ggi =π
4di2 pour chaque individu avec :
gi : surface terrière en cm2/ha de l’individu
di : DBH de l’individu en cm
Calcul de G pour tous les individus de l’espèce
𝐺 = 𝑔𝑖
𝑛
1
Le biovolume potentiel est donné par la formule vi= 0,53 X gi hi avec :
vi= biovolume,
0,53 : coefficient de forme
Hi : hauteur du fût de l’individu
Calcul de V ou biovolume total ou stock de bois disponible en cm3/Ha
𝑉 = 𝑣𝑖
II-4-6 Suivi de l’évolution de l’espace forestier entre deux périodes
Les enquêtes sur le terrain, ainsi que l’utilisation des outils géomatiques (télédétection
et SIG), sont envisageables pour la construction des indicateurs pour le suivi et l’analyse des
répercussions territoriales et environnementales de la réduction de la déforestation et de la
dégradation des forêts dans les pays en développement (Moise, 2014). La diminution de
l’espace forestier est un indicateur fiable pour confirmer les menaces pesant sur la formation.
Pour notre étude, deux sources de données sur la couverture végétale ont été traitées et
analysées :
- La première est une base de données de la végétation établie par Royal Botanical
Garden Kew en 2007. Elle est utilisée pour l’obtention d’une carte d’occupation du
sol en cette période. Cependant, il était indispensable de délimiter l’ensemble de la
20
région Zafimaniry en traçant les frontières des deux communes Antoetra et
Ambohimitombo. Pour cela, un fond de carte de végétation 1/250 000 de la FTM a
été utilisé en y intégrant les limites naturel et administratif des communes. La
nouvelle carte a été élaborée avec le logiciel Arcgis®
.
- La deuxième base de données a été établie à la suite d’un traitement numérique
d’une image de télédétection de la végétation en 2014. Cette image a été obtenue à
partir du satellite Landsat 7. Elle a été analysée à l’aide des logiciels de traitement
d’images comme Multispec Windows application®
pour l’identification de chaque
zone d’entrainement, c'est-à-dire la création d’une classe d’occupation du sol selon
la valeur spectrale (Forêt humide, forêt humide dégradée, zone de culture, savane
arborée, savane herbeuse). Ensuite le logiciel Arcgis®
a été utilisé pour le
traitement des donnés géographiques, c'est-à-dire la transformation de l’image
« raster » en base de données géographiques. Ici, chaque entité de zone
d’occupation du sol a été groupée sous forme de polygone avec des surfaces
calculables.
Ainsi, le but de la démarche méthodologique est d’obtenir deux cartes de végétation
des années 2007 et 2014 qui sont facilement comparables. Un tableau montrant l’évolution
des surfaces de chaque zone d’occupation du sol en l’espace de 7ans pourrait être déduit, par
la suite.
II-5 MULTIPLICATION VEGETATIVE DES ESPECES CIBLES
II-5-1 Essai de bouturage
Les boutures utilisées ont été prélevées sur des rameaux situés sur les parties apicales
des arbres au mois d’août 2013. L’âge moyen des ortets est estimé entre 5 et 10 ans pour les
six espèces qui ont fait l’objet de l’essai de bouturage. Les explants ont été subdivisés en trois
groupes selon la position de prélèvement au niveau du rameau (basal, médian, apical).Trente
boutures ont été préparées, ce qui donne un total de 540 boutures pour les six espèces cibles.
Le diamètre des boutures varie entre 0,5 et 2 cm selon les lieux de prélèvement au niveau de
la branche. La longueur des boutures varie entre 10 et 20 cm, l’explant comportant au moins
deux nœuds et dont la partie apicale est coupée en biseau et la partie basale en V. L’extrémité
inférieure est sectionnée en dessous d’un nœud au niveau duquel apparaissent le plus souvent
les premières racines secondaires. Les boutures sont plantées en position oblique suivant un
angle de 35°.
21
Les boutures ont été plantées in situ, c’est-à-dire près des espaces forestiers
Zafimaniry dans les mêmes conditions que leur habitat naturel, au cours du mois d’août 2012.
Le site choisi est localisé au niveau d’un bas-fond bien arrosé par un écoulement d’eau venant
du sommet. Une ombrière a été aménagée avec des tiges feuillées de bambous.
L’enracinement des boutures a été vérifié seulement tous les mois pendant trois mois à cause
de l’éloignement du site. Les taux de réussite du bouturage ont été calculés au bout de cette
période en dénombrant le nombre d’explants enracinés (au moins une racine visible).
Analyses statistiques
Pour comparer les taux de réussite du bouturage pour les explants prélevés sur les
parties apicale, médiane et basale pour chaque espèce, le test Z conçu pour deux échantillons
indépendants a été utilisé avec un risque de 5%.
II-5-2 Transplantation des sauvageons
Les sauvageons sont des plantules enracinées collectées en forêt. Ils sont ensuite
transplantés en pépinière.
Des critères ont été définis pour s’assurer que les sauvageons aient de bonnes
capacités de survie. Les plantules sauvages doivent être dépourvues de tout signe d’infestation
(champignons, et possédant une hauteur entre 15 et 30 cm.
Les sauvageons ont été récoltés avec un peu de terre sur la racine et ont été ensuite
repiqués dans des gaines en polyethylène noires remplies de terreau composé de humus /terre
noire /terre rouge /sable (50/30/10/10). Les plantules ont été ensuite placées sous ombrière
dans les mêmes conditions que les boutures.
Le taux de réussite est évalué après trois mois en pépinière en dénombrant le nombre
de plants ayant montré des signes de reprise végétative.
22
Partie III:
RESULTATS ET INTERPRETATIONS
23
III-1 LES ESPECES UTILISEES PAR LES ZAFIMANIRY
Chez les Zafimaniry, ce sont surtout les hommes qui travaillent le bois et qui
détiennent les connaissances sur les espèces forestières et leurs utilisations. Les enfants et les
femmes se limitent aux activités de collecte de bois de chauffe et de préparation des terrains
agricoles par la pratique du tavy (Chef de village, communication personnelle). C’est
pourquoi, lors de notre étude, une grande partie des informations sur les espèces forestières
ont été fournies par les hommes.
Les Zafimaniry choisissent les espèces d’arbres en fonction de l’utilisation finale, que
ce soit pour la construction de maison, ou pour les objets décoratifs. Le tableau 1 présente les
correspondances entre les 22 espèces citées par les informateurs et leurs utilisations Les
plantes les plus utilisées pour la construction appartiennent aux familles des Lauraceae et
Myrtaceae (4 espèces) suivies des Cunoniaceae (3 espèces) et des Malvaceae et Sapotaceae (2
espèces). Neuf espèces servent dans la confection du « taolan-kazo » ou mûr de la maison, en
particulier les trois espèces de Weinmannia à cause de leur bonne résistance à l’humidité.
Cinq espèces sont citées dans la fabrication d’objets décoratifs (Tableau1), mais Dalbergia
baronii est la seule espèce consacrée uniquement pour cette catégorie d’utilisation.
Tableau 1 : Liste des espèces d’arbres utilisées par les Zafimaniry dans l’art de la construction
et les objets décoratifs
Espèces Famille Nom
vernaculaire
Utilisation
Bambusa sp Poaceae Volo Toiture
Beilschmiedia
madagascariensis
Lauraceae Varongy fotsy Portes, fenêtres,
objets décoratifs
Brachylaena merana Asteraceae Merana Taolan-kazo,
ampify, rohin-trano
Capurodendron ludiifolium Sapotaceae Nato Andry
(mafana /mangitsy)
, zoro, escaliers
Dalbergia baroni Fabaceae Voamboana Objets décoratifs
Dichaetanthera sp Melastomatacea
e
Hidina Taolan-kazo,
ampify
Dombeya lucida Malvaceae Hafobalo Planches
Faucherea parvifolia Sapotaceae Nato Andry
(mafana /mangitsy)
, Zoro, escaliers
24
Ludia ludiaefolia Salicaceae Hazoambo Zoro-trano
Maesa lanceolata Myrsinaceae Maitsoririna Taolan-kazo,
ampify
Ocotea humblotii Lauraceae Varongy Portes, fenêtres,
objets décoratifs
Ocotea sp.1 Lauraceae Varongy Portes, fenêtres,
objets décoratifs
Ocotea sp.2 Lauraceae Varongy
ravikarambito
Portes, fenêtres,
objets décoratifs
Syzygium cumini Myrtaceae Rotra Taolan-kazo,
ampify, rohin-trano
Syzygium emirnense fa
cuneifolia
Myrtaceae Rotra2 Taolan-kazo,
ampify, rohin-trano
Syzygium sp.1 Myrtaceae Taolambodiakoho Taolan-kazo,
ampify, rohin-trano
Syzygium sp.2 Myrtaceae Lakamena Taolan-kazo,
ampify, rohin-trano
Tambourissa religiosa Monimiaceae Tamboneka1 Zoro, amatona,
famatana,
Tambourissa thouvenotii Monimiaceae Tamboneka2 Zoro, amatona,
famatana,
Tambourissa trichophylla, Monimiaceae Tamboneka Zoro, amatona,
famatana
Weinmannia bojeriana Cunoniaceae Lalona Taolan-kazo,
ampify, sokina,
vovonana
Weinmannia rutenbergii Cunoniaceae Lalona Taolan-kazo,
ampify, sokina,
vovonana
Weinmannia sp. Cunoniaceae Lalona Taolan-kazo,
ampify, sokina,
vovonana
Malvaceae Zabo Planches
Pour les Zafimaniry, les espèces appartenant au genre Syzygium sont toutes des Rotra,
et toutes les espèces de la famille des Sapotaceae sont des Nato. Par ailleurs, les qualités du
bois sont quasiment identiques à l’intérieur d’un groupe taxonomique, selon les Zafimaniry.
25
Par conséquent, un représentant par groupe taxonomique correspondant au même nom
vernaculaire a été considéré (Tableau 2).
Les enquêtes effectuées auprès des villageois ont permis d’identifier les quatre
essences forestières les plus utilisées. Il s’agit de Dalbergia baronii, Faucherea parvifolia,
Tambourissa thouvenotii et de Weinmannia bojeriana avec des degrés d’utilisation
respectivement de 252, 245, 244, et 242% (Tableau 2). Les bois de Syzygium emirnensis et de
Brachylaena merana sont les plus demandés comme bois d’œuvre, demande en %
respectivement de 9,9% et 9,7% (Tableau 2). Nous avons sélectionné les espèces forestières
ayant un degré d’utilisation supérieur à 200% pour l’étude écologique.
L’étude écologique, et surtout l’étude de la régénération naturelle des espèces, permet
de comprendre la facilité ou la difficulté de régénération de l’espèce dans son milieu naturel.
Elle est la base des expériences effectuées sur la régénération artificielle, et constitue une
information primordiale pour l’installation d’un projet de conservation de ces espèces. Ce
sont Dalbergia baronii, Faucherea parvifolia, Tambourissa thouvenotii, Weinmannia
bojeriana, Syzygium emirnense, Brachylaena merana et Ocotea humblotii.
26
Tableau 2 : Espèces sélectionnées pour la régénération artificielle en fonction du degré d’utilisation
Nom
vernaculaire
Pourcentage de
ménages ayant
mentionné le type de
bois (%)
Utilisations Demande
(%)
Quantité estimée
consommée par les 20
ménages par mois
Disponibilité
en forêt selon
les
informants
Note de
disponibilité
Préférence
(%)
Degré
d'utilisation
(%)
Voamboana 100 Objet
décoratif
1,9 44 Très rare 50 100 251,9
Nato 100 Maison 7,3 170 Rare 37,5 100 244,8
Tamboneka 100 Maison 6,7 155 Rare 37,5 100 244,2
Lalona 100 Maison 4,8 111 Rare 37,5 100 242,3
Rotra 100 Maison 9,9 231 Abondant 25 90 224,9
Merana 100 Maison 9,7 226 Abondant 25 90 224,7
Varongy 100 Maison,
objet
décoratif
2,7 63 Rare 37,5 80 220,2
Ambora 75 Maison 0,3 8 Abondant 25 80 180,3
Hazoambo 90 Maison 0,6 15 Abondant 25 50 165,6
Hazolahy 65 Maison 0,4 10 Abondant 25 60 150,4
Hafobalo 80 Maison 0,2 4 Abondant 25 40 145,2
Soamaranana 60 Maison 0,1 3 Rare 37,5 40 137,6
Zabo 65 Maison 1,4 32 Abondant 25 40 131,4
Tavolo 70 Maison 0,3 7 Très
abondant
12,5 30 112,8
Hazombihy 30 Maison 0,3 8 Rare 37,5 40 107,8
Hidina 35 Maison 0,8 18 Rare 37,5 30 103,3
Ravimboanjo 35 Maison 0,2 5 Abondant 25 40 100,2
Maitsoririnina 35 Maison 1,2 28 Abondant 25 30 91,2
27
III-2 AUTOCOLOGIE DES ESPECES LES PLUS UTILISEES
III-2-1 Description botanique
Les résultats bibliographiques (Flore de Madagascar et des Comores, Schatz, 2001) avec
nos observations personnelles ont permis de donner la description botanique de chaque
espèce. Elle est basée sur les caractères de l’appareil végétatif comme la taille de l’arbre,
l’écorce, les types de feuilles et leur forme, et des caractères particuliers comme la présence
de latex, la couleur du bois et de l’appareil reproducteur.
A. Faucherea parvifolia (Aubreville, 1974).
Famille : SAPOTACEAE
Nom vernaculaire : Nato, Nato madinidravina, Natomena
Grand arbre atteignant 20 m de hauteur. Présence de latex dans l’écorce. Petites
feuilles à base cunéiforme, cordiformes au sommet, atténuées à la base, groupées en rosettes
au sommet des rameaux, pétiole très court, 2-3 mm; nervation striée, indistincte.
Inflorescences en fascicules à l’aisselle des feuilles ou des cicatrices des feuilles tombées sur
le vieux bois. Fleurs gamopétales. Très petites fleurs axillaires, peu nombreuses, Fruits
obovoides, longs de 1,5 mm.
Distribution géographique : Endémique de Madagascar, se rencontre dans les forêts
sempervirentes humides, subhumides et de montagne, jusqu’à 2000 m d’altitude, de
Tolagnaro au parc national de Marojejy. Elle est aussi présente dans la région de Sambirano et
dans le parc national de la montagne d’Ambre.
B. Tambourissa thouvenotii (Covaco, 1959).
Famille : MONIMIACEAE
Nom vernaculaire : Tamboneka
Arbre petit à moyen, avec de petites branches velues. Feuilles opposées, oblongues
poilues en dessous, parfois dentées vers le sommet. Inflorescence en grappe. Fleurs mâles
avec un réceptacle de taille moyenne, qui s’ouvrent en se divisant en 4 parties, avec de
nombreuses étamines alignées. Fleurs femelles avec réceptacle globuleux, carpelles
densément poilues. Fruits très gros, globuleux, bruns, se fractionnant en révélant une pulpe
orange charnu.
28
Distribution géographique : Endémique de Madagascar, se rencontre dans l’ensemble
des forêts sempervirents humides et subhumides, ainsi que sur les montagnes depuis le niveau
de la mer jusqu’à plus de 2000 m d’altitude.
C. Weinmannia bojeriana (Bernardi, 1965).
Famille : CUNONIACEAE
Nom vernaculaire : Lalona
Arbre atteignant rarement 20 m de hauteur, fréquemment de 12-15 m ; rameaux à
écorce lisse, brun-rouge, supérieurement aplatis et parfois pubescents. Feuilles simples ou
trifoliolées et même 5-foliolées sur le même échantillon (parfois on observe des feuilles
simples et trifoliolées), coriaces, grandes à bords crénelés-dentés, à dentelures aigues ; parfois
on observe des feuilles à bords presque entiers, jaunes-rouge ou rouge-verdâtre (en herbier),
elliptique, aigues au sommet et à la base. Quand les feuilles sont composées, la foliole
centrale est notablement plus grande que les latérales. Feuilles ou folioles en général glabres,
la nervure médiane, bien visible et en relief à la face inférieure. Epis terminaux, fleurs
pentamères, parfois tétramères, hermaphrodites, complètement sessiles, à calice glabre et
charnu. Capsules recouvertes de poils jaunes bruns, avec le calice persistant.
Distribution géographique : Endémique de Madagascar, se rencontre dans l’ensemble
des forêts sempervirents humides et subhumides, ainsi que dans les forêts de montagnes
jusqu’à 2000 m d’altitude.
D. Syzygium emirnense (Perrier de la Bathie, 1953).
Famille : MYRTACEAE
Nom vernaculaire : Rotra
Arbre de 10-20 m dans les forêts, toujours vert et glabre. Feuilles plus ou moins
coriaces; sombres en-dessus, rougeâtres en-dessous, oblanceolées, ne dépassant pas 5 cm de
long, toujours en coin à la base ; feuilles acuminées. Nervures latérales, très nombreuses,
toujours visibles sur les deux faces et parfois saillantes. Inflorescences en cyme 1-2 fois
composée, plus large que haute, à très nombreuses fleurs, de 7-8 mm de long ; réceptacles,
sans le pédicelle, d’au moins 3,5 mm de long. Fruits arrondis, petits (9-15 mm de diamètre),
comestibles.
Distribution géographique : Endémique de Madagascar, se rencontre dans les forêts
sempervirents humides et subhumides et de montagne, dans les forêts décidues sèches et
surtout le long des cours d’eau.
29
E. Brachylaena merana var bernieri (Humbert, 1962).
Famille : ASTERACEAE
Nom vernaculaire : Merana
Arbre dioique pouvant atteindre 40 m, avec un fût souvent très droit jusqu’à 15-20 m
de hauteur et 1 m de diamètre dans sa partie inférieure ; à ramilles couvertes d’un tomentum
très apprimé, fauve pâle ou blanchâtre. Feuilles coriaces plus ou moins persistantes, à limbe
entier lancéolé-aigu ou oblancéolé, long d’environ 12 cm, large de 3-5 cm à peu près,
également atténué depuis sa partie médiane vers le sommet aigue et vers la base cunéiforme,
discolore, verte à la face supérieure glabre couverte du même tomentum apprimé persistant à
la face inferieure. Capitules, petits, brièvement pédonculés, en inflorescences racémiformes,.
Fleurs 3-20 dans les capitules mâle ou femelle Corolles blanc-jaunâtre à l’anthèse.
Type de fruits : Akène.
Distribution géographique : Endémique de Madagascar, se rencontre dans les forêts
sempervirentes humides, subhumides et de montagne, du niveau de la mer à 1500 m
d’altitude.
F. Ocotea humblotii (André, 1950).
Famille : LAURACEAE
Nom vernaculaire : Varongy
Arbre à ramilles subanguleuses, sillonnées, assez épaisses, garnies de poils très petits
et serrés, grisâtres ; à rameaux glabres, gris, garnis de lenticelles éparses, petites, saillantes ; à
bourgeons densément subulés et tomenteux. Feuilles alternes lancéolées-elliptiques de 11 à
23 cm, à base brièvement aigue ; sommet longuement aigu ou subacuminé à pointe aigue ;
face supérieure verte, brillante, à réseau très dense un peu saillant et obscur ; nervure médiane
nettement saillante ; face inferieure terne, plus pale, garnie de très petits poils serrés et
grisâtres, à nervure médiane nettement saillante ; pétioles un peu canaliculés. Panicules
axillaires, groupées près du sommet des ramilles. Fleurs campanulées-rotacées, densément
poilus.
Distribution géographique : Endémique de Madagascar, se rencontre dans les forêts
sempervirentes humides, subhumides, jusqu’à 2000 m d’altitude, et dans la région de
Sambirano.
30
Planche 1 : (A) Herbier de Faucherea parvifolia; (B) Jeune plant de Tambourissa thouvenotii ; (C) Boutons floraux de Weinmannia bojeriana; (D) Boutons floraux de Sygyzium emirnense ; (E) Inflorescence de Brachylaena merana ; (F) Fruit d’Ocotea humblotii.
A MBG
B RAKOTOARIVELO N. 2012
C ANTILAHIMENA, 2012
D ANTILAHIMENA, 2006
E MANJAKAHERY, 2014 F RAVELONARIVO D., 2012
31
III-2-2 Phénologie
Les données bibliographiques, les étiquettes d’herbiers, les données recueillies dans
Tropicos et les observations sur terrain nous ont permis de déterminer les rythmes
phénologiques (végétative, floraison et fructification) des espèces ciblées (Tableau 3).
Pour Dalbergia baronii, la période végétative est de juin à novembre, la floraison ne
dure que 3 mois, de décembre à février. La période de pleine floraison, pendant laquelle de
nombreuses fleurs peuvent être observées, est la fin du mois de janvier. La fructification
débute en mai.
Concernant, Faucherea parvifolia, la période végétative est étalée sur 9mois, en
comparaison avec les durées de la floraison et de fructification, respectivement de janvier
jusqu’en février et au mois de mars.
Tambourissa thouvenotii est en phase végétative de juin à novembre, fleurit de
décembre à mai ; elle fructifie d’avril à juin.
La phase végétative de Weinmennia bojeriana s’étend de février à juin, la floraison de
juillet à septembre. La période d’octobre à janvier correspond à la fructification.
Pour Syzygium emirnense l’état végétatif est d’avril à aout, la floraison débute en
septembre et se termine en décembre. La fructification est de janvier à mars.
Concernant Brachylaena merana, la période végétative est étalée sur 7 mois. La
floraison débute en décembre et elle est maximale au début du mois de janvier. La
fructification est de décembre à février (Humbert, 1962).
Ocotea humblotii se trouve à l’état végétatif de mars à septembre ; la floraison débute
au mois d’octobre et s’achève en décembre. La fructification se déroule de janvier à février.
32
Tableau 3 : Calendrier phénologique des 7 espèces d’arbres sélectionnées comme étant les
plus importantes pour la construction de maison et la fabrication d’objets d’art chez les
Zafimaniry
Mois
Espèce J F M A M J J A S O N D
Dalbergia baronii
Faucherea parvifolia
Tambourissa thouvenotii
Weinmannia bojeriana
Syzygium emirnense
Brachylaena merana
Ocotea humblotii
Végétatif Floraison Fructification
33
III-3 AUTOECOLOGIE DES ESPECES CIBLES
III-3-1 Sols
Le tableau 4 montre les caractéristiques pédologiques des habitats de chaque espèce
étudiée. En général, ce sont des sols forestiers, très riches en humus et litière, avec un taux
important de sable, justifié par la texture (Limon Argilo Sableux et Limon Sableux). Les
massifs rocailleux et les arènes granitiques sont abondants dans la zone d’études.
Tableau 4 : Caractéristiques pédologiques des habitats des espèces étudiées
Espèces
To
po
gra
ph
ie
Ho
rizo
n
Pro
fon
deu
r
(cm
)
Act
ivit
é
bio
log
iqu
e
Tex
ture
Str
uct
ure
Co
ule
ur
Au
tre
ob
serv
atio
n
Faucherea
parvifolia
M
V
Ao 0-5 + Litière
+Humus
Friable Noir Massifs
rocailleux et
des arènes
granitiques
abondant,
A1 5-15 + LS Poreuse Noir clair
A2 5-30 + LAS Pâteuse Jaune
brunâtre
B A partir
de30
rare LAS pâteuse jaune
Tambourissa
thouvenotii
M
V
Ao 0-5 + Litière
+ Humus
Friable Noir Massifs
rocailleux
abondant
A1 5-18 + LS Poreuse Noir clair
A2 18-30 + LAS Poreuse Jaune brunâtre
B A partir de 30
rare LAS Pâteuse Jaune
Weinmannia
bojeriana
M
V
Ao 0-5 + Litière
+ Humus
Friable Noir
A1 5-18 + LS Poreuse Noir clair
A2 18-30 + LAS Poreuse Jaune
brunâtre
B A partir de
30
rare LAS Pâteuse Jaune
Syzygium
emirnense
B
F
A0 0-4 + Litière
+ Humus
Pâteuse Noir Sol très
humide
34
Espèces
To
po
gra
ph
ie
Ho
rizo
n
Pro
fon
deu
r
(cm
)
Act
ivit
é
bio
log
iqu
e
Tex
ture
Str
uct
ure
Co
ule
ur
Au
tre
ob
serv
atio
n
A1 4-12 + LS Pâteuse Noir clair
A2 12-25 + LAS Pâteuse Noir gris
B A partir 25 + ALS Pâteuse Marron
Brachylaena
merana
B
V
Ao 0-6 + Litière
+ Humus
friable Noir Sol en
générale très
humide A1 6-14 + LS Poreuse Noir clair
A2 14-35 + LAS Poreuse Jaune
brunâtre
B A partir de
35
+ LAS Pâteuse Jaune
Ocotea
humblotii
B
V
Ao 0-6 + Litière
+ Humus
friable Noir Sol en
général très
humide A1 6-14 + LS Poreuse Noir clair
A2 14-35 + LAS Poreuse Jaune
brunâtre
B A partir de
35
+ LAS Pâteuse jaune
MV : mi-versant, BV : bas-versant, BF : bas-fond
LS : Limon-Sableux, LAS :-Limon-Argilo-Sableux
Alt : Altitude : + : Présence d’activité biologique
III-3-2 Structure de la végétation
Les visites effectuées dans les forêts de Fanandrana et de Sakaivo atsimo ont permis
de constater que certaines espèces poussent sur le même site dans la forêt. Ainsi, les
formations végétales ont été nommées suivant les noms des espèces cibles étudiées sur
place :- Formation à Tambourissa thouvenotii et Weinmannia bojeriana,
- Formation à Syzygium emirnense ,
- Formation à Faucherea parvifolia, Ocotea humblotii et Brachylaena merana
Les deux premières formations sont localisées dans le site de Fanandrana alors que la
troisième se trouve à Sakaivo Atsimo.
35
En général, ces formations sont peu ouvertes et complexes avec des structures verticale et
horizontale irrégulières, typiques des forêts naturelles tropicales. Cependant, concernant la
stratification, seulement les trois étages les plus marquants ont été considérés.
a) Structure verticale
Formation à Tambourissa thouvenotii et Weinmannia bojeriana
La formation forestière à Tambourissa thouvenotii, et Weinmannia bojeriana se trouve
dans la forêt de Fanandrana géré par le VOI (Vondron’Olona Ifotony) Zafimaniry. La figure 5
montre les caractéristiques structurales de cette forêt. Il apparaît que la voute forestière est
encore fermée et certains arbres dépassent les 12 m. La présence des émergents est aussi
constaté, indiquant une forêt en bon état.
- Trois strates constituent cette formation : Une strate inférieure de 0 à 2 m avec un
taux de recouvrement de 92% (Figure 6). Elle est formée d’espèces de la famille
des Poaceae et de Dracaena reflexa (Liliaceae) ;
- Une strate moyenne de 4 à 6 m avec un taux de recouvrement de 56% (Figure 6).
Elle est constituée de Psychotria sp. (Rubiaceae) et de Brachylaena merana
(Asteraceae).
- Une strate supérieure de 8 à 12 m avec un taux de recouvrement de 60% (Figure
6), constituée de Weinmannia humblotii et de Cryptocarya sp..
-
Figure 5 : Structure verticale de la formation à Tambourissa thouvenotii, et Weinmannia
bojeriana
36
Figure 6 : Diagramme de recouvrement par classe de hauteur de la formation
à Tambourissa thouvenotii, et Weinmannia bojeriana.
Formation à Faucherea parvifolia, Ocotea humblotii,et Brachylaena merana
En général, la voute forestière est encore fermée (figure7). Cependant, du 38 au 50ème
relevé, une ouverture de la canopée est observée, montrant une disparition des individus de
grande taille entre 10 et 14 m. La formation est constituée de trois strates :
- Une strate inférieure de 0 à 2 m avec un taux de recouvrement de 76% (Figure 8).
Elle est formée d’espèces de la famille des Poaceae surtout les Bambusa sp., et de
Brachylaena merana (Asteraceae) ;
- Une strate moyenne de 4 à 6 m avec un taux de recouvrement de 68%(Figure 8)
constituée de Homalium sp. (Salicaceae) de Polyscias ornifolia (Araliaceae), et de
Brachylaena merana (Asteraceae) ;
- Une strate supérieure de 8 à 12 m avec un taux de recouvrement de 64% (Figure 8)
constituée de Pauridiantha paucinervis (Rubiaceae), Rhotmania sp. et d’espèces
émergentes comme Syzygium sp. (Myrtaceae) et Maesa lanceolata (Myrsinaceae).
37
Figure 7 : Structure verticale de la formation à Faucherea parvifolia, Ocotea humblotii, et
Brachylaena merana
Figure 8 : Diagramme de recouvrement par classe de hauteur de la formation à Faucherea
parvifolia, Ocotea humblotii, et Brachylaena merana
Forêt à Syzygium emirnense
La voute forestière est discontinue au niveau de la canopée (figure 9). Cependant, la
présence de grands arbres atteignant 16 m est constatée étant donné que la formation se trouve
sur le bas fond. Par conséquent, il y a une dégradation partielle au niveau de cette formation.
Elle est constituée de trois strates :
- Une strate inférieure de 0 à 4 m avec, un taux de recouvrement de 72%. Elle est
formée essentiellement de Bambusa sp., et de Dracaena reflexa. (figure10)
- Une strate moyenne de 4 à 6 m avec un taux de recouvrement de 56%. Elle est
constituée de Dombeya lucida (Malvaceae), et de Tambourissa religiosa
(Monimiaceae) ;
38
- Une strate supérieure de 8 à 12 m avec un taux de recouvrement de 64%. Elle est
constituée de Weinmannia sp. (Quinoniaceae), Garcinia verucosa (Clusiaceae) et
d’une espèce émergente Syzygium sp. (Myrtaceae).
Figure 9 : Structure verticale de la formation à Syzygium emirnense.
Figure 10 : Diagramme de recouvrement par classe de hauteur de la formation à Syzygium
emirnense.
b) Structure horizontale
Le tableau 5 ci-après résume les caractéristiques de la structure horizontale pour les
trois formations végétales comprenant le nombre total d’individus recensés par 1ha, le
nombre d’individus ayant un Dhp≥10 cm, la surface terrière, la biovolume, les espèces
fréquentes et les espèces abondantes.
Pour la formation à Tambourissa thouvenotii et Weinmannia bojeriana, trois espèces
sont très fréquentes: Cryptocarya cumminata (69%), Psychotria sp. (43%), Norhonia
39
longifolia (42%). Cryptocarya cumminata et Psychotria sp. sont les plus abondantes avec des
valeurs d’abondance relative respectivement égales à 9,6 et 6,4%.
Sur une surface de 1ha, 4200 individus ont été recensés dont 210 ont une
DHP ≥ 10cm. Les individus présentent une surface terrière égale à 17 m2/Ha et un biovolume
de 108m3/Ha, montrant ainsi un potentiel moyen enproduction de bois.
Pour la formation à Syzygium emirnense, Brachylaena merana (61%), Polyscias
ornifolia (54%), Calantica cerasifolia (44%), Macaranga sp. (32%) sont les plus fréquentes.
Brachylaena merana et Polyscias ornifolia sont les plus abondantes avec des valeurs
d’abondance relative respectivement égales à 8,7 et 6,9 %.
Quatre mille individus ont été recensés par hectare et 290 d’entre eux ont un DHP ≥ 10 cm.
La surface terrière au niveau de cette formation est de 23 m2/Ha avec un biovolume de 130
m3/Ha, montrant toujours une potentialité moyenne en production de bois.
Dans la formation à Faucherea parvifolia, Ocotea humblotii, et Brachylaena merana,
les espèces les plus fréquentes sont : Dombeya lucida (75%), Tambourissa religiosa (43%),
Garcinia verucosa (43%), Syzygium sp. (43%). Les espèces les plus abondantes
sont Dombeya lucida et Syzygium sp. avec des valeurs d’abondance relative respectivement de
7,75 et de 6,52%.
Trois mille neuf cent soixante individus ont été recensés dans 1ha dont 270 d’entre eux
ont un DHP ≥ 10 cm. La surface terrière est de 26 m2/Ha, avec un biovolume de 156 m
3/Ha,
montrant une potentialité moyenne en bois de forêt.
40
Tableau 5: Caractéristiques de la structure horizontale des trois formations forestières abritant
les espèces d’arbres les plus utilisées par les Zafimaniry
(1) Formation à
Tambourissa
thouvenotii, et
Weinmannia bojeriana,
(2) Formation à
Syzygium emirnense
(3) Formation à
Faucherea parvifolia,
Ocotea humblotii,
Brachylaena merana
Individus par ha 4200 4002 3960
Individus à
DHP≥10cm
210 290 270
Surface terrière (m
2/ha)
17 23 26
Biovolume (m3/ha) 108 130 156
Espèces fréquentes
(%)
Cryptocarya cumminata
(69%)
Psychotria sp. (43%)
Norhonia longifolia
(42%)
Brachylaena merana
(61%)
Polyscias sp. (54%)
Calantica cerasifolia
(44%)
Macaranga sp.
(32%)
Dombeya lucida (75%)
Tambourissa religiosa
(43%)
Garcinia verucosa
(43%)
Syzygium sp. (43%)
Espèces abondantes
(%)
Cryptocarya cumminata
(9,6%)
Psychotria sp. (6,4%)
Brachylaena merana
(8,7%)
Polyscias ornifolia
(6,9%)
Dombeya lucida (7,7%)
Syzygium sp. (6,5%)
III-3-3 Flores associées et régénération naturelle des espèces cibles
Le tableau 6 montre la régénération naturelle au niveau des trois formations forestières
étudiées. Elle est bonne pour Syzygium emirnense et Faucherea parvifolia respectivement de
543 et 540%. La régénération est moyenne pour Brachylaena merana, Tambourissa
thouvenotii, et Weinmannia bojeriana , variant entre 130 et 270%, mais faible pour Ocotea
humblotii. Ainsi, ces espèces ont encore la capacité de se régénérer naturellement, si la forêt
ne subit pas de trop de perturbations.
Tableau 6: Densité et régénération naturelle des espèces d’arbres les plus utilisées par les
Zafimaniry
Espèces Faucherea
parvifolia
Tambourissa
thouvenotii
Weinmannia
bojeriana
Syzygium
emirnense
Brachylae
na merana
Ocotea
humblotii
Densité
(Ind/ha)
32 9 7 45 26 3
Taux de
régénération
(%)
540 200 133 543 271 50
41
Le tableau 7 indique également les espèces ayant des relations étroites avec les
espèces cibles. Ces espèces associées sont indicatrices de l’état de santé des espèces cibles.
a. Faucherea parvifolia, les espèces: Polyscias ornifolia (23%), Cryptocarya sp. (21%),
Garcinia verucosa (18%), Eugenia sp. (18%) sont les plus fréquemment associées à l’espèce.
Les Araliaceae (24%), Lauraceae (21%), et Clusiaceae (18%) sont les familles plus
représentées dans l’habitat de l’espèce.
b. Tambourissa thouvenotii : Les espèces suivantes sont celles ayant la plus grande
affinité avec Tambourissa thouvenotii ; Macaranga sp. (23%), Symphonia sp. (19%),
Cryptocarya sp. (18%) et Polyscias ornifolia (16%). Les familles les plus représentées sont
les Rubiaceae (25%), les Euphorbiaceae (20%), les Cunoniaceae (18%), et les Clusiaceae
(15%).
c. Weinmannia bojeriana : les espèces Cryptocarya sp. (20%) et Macaranga sp. (20%)
lui sont fortement associées. Les familles associées sont les Rubiaceae (22%), les
Euphorbaceae (20%), les Monimiaceae (15%), les Clusiaceae (15%) et les Araliaceae (15%).
d. Syzygium emirnense : Cryptocarya sp. (21%), Syzygium sp. (18%), Macaranga sp.
(15%), Weinmania sp (14%), sont les espèces associées avec des fréquences d’association
supérieures à 5%. Les familles les plus représentées sont celle des Lauraceae (24%),
Myrtaceae (22%) et Euphorbiaceae (17%).
e. Brachylaena merana : les résultats des calculs d’association indiquent que Garcinia
verucosa (13%) et Cryptocarya cuminata (13%) sont les plus associées à l’espèce. Au
niveau des familles, celle des Rubiaceae et des Lauraceae (20%) sont les plus représentées.
f. Ocotea humblotii, les espèces Cryptocarya sp. (20%), Macaranga sp. (20%), Garcinia
verucosa (18%) et Symphonia sp. (17%) sont étroitement associées à l’espèce. Les Lauraceae
(25%), Euphorbiaceae (20%), Clusiaceae (15%) et Araliaceae (15%) sont les familles plus
représentées dans l’habitat de l’espèce.
42
Tableau 7: Flore associée aux espèces cibles
Faucherea
parvifolia
Tambourissa
thouvenotii
Weinmannia
bojeriana
Syzygium
emirnense
Brachylaena
merana
Ocotea
humblotii
Espèces
associées
(%)
Polyscias
ornifolia
(23%)
Cryptocarya
sp.
(21%)
Garcinia
verucosa
(18%)
Eugenia sp.
(18%)
Macaranga
sp.
(23%)
Symphonia
sp
(19%)
Cryptocarya
sp1
(18%)
Polyscias
ornifolia
(16%)
Cryptocarya
Sp.
(20%)
Macaranga
sp
(20%)
Tambourissa
religiosa
(15%)
Symphonia
sp
(19%)
Cryptocarya
sp.
(21%)
Syzygium
sp.
(18%)
Macaranga
sp.
(15%)
Weinmannia
sp.
(14%)
Garcinia
verucosa
(13%)
Cryptocarya
cuminata
(13%)
Chapeliera
sp.
(17%)
Macaranga
sp.
(11%)
Cryptocarya
sp.
(20%)
Macaranga
Sp.
(20%)
Garcinia
verucosa
(18%)
Symphonia
sp.
(17%)
43
III-4 ESTIMATION DE LA VITESSE DE DEGRADATION DE LA FORET
La délimitation de la région Zafimaniry sur l’image satellite est représentée sur la carte
2, elle est de type « raster » une image brute. Elle met déjà en évidence les différentes
occupations du sol mais pour cette image les surfaces ne sont pas encore calculables pour
l’année 2014.
Carte 2 : Image raster obtenu par le satellite Landsat en 2014 montrant la délimitation de la
région Zafimaniry et les différents zones d’occupation du sol (Source : Landsat, 2014)
Après traitement des données de Royal Botanical Garden Kew en 2007 et de l’image
brute (Carte2) sur Arcgis®
. Deux cartes de la végétation correspondant aux années 2007 et
2014 ont été élaborées montrant les variations des occupations du sol entre ces deux périodes
(Cartes 3 et 4).
Le calcul des surfaces totales de chaque occupation du sol obtenues à partir des deux
cartes, a permis d’obtenir le tableau 7 qui montre les variations des surfaces des couvertures
végétales en l’espace de 7ans.
44
Tableau 8 : Analyse comparative des surfaces en ha pour chaque zone d’occupation du sol
entre 2007 et 2014
Zone de
culture (ha)
Forêt humide
dégradée (ha)
Forêt humide
(ha)
Savane
herbeuse (ha)
Savane
arborée (ha)
2007 12322,7 34461,1 22473,0 6402,4 67921,6
2014 19792,9 32822,2 14376,9 27730,8 41622,3
Variation (%) 60,6 -4,8 -36,0 333,1 -38,7
L’analyse comparative des images montre que la savane arborée a perdu 38,7% de sa
surface initiale alors que celle de la savane herbeuse a augmentée de plus de 333% par rapport
à sa superficie de 2007. Les zones de culture ont aussi accusées une forte hausse de 60,6%
tandis que les surfaces occupées par la forêt humide et la forêt dégradée ont régressées de 36
et 4,8%. Ces changements sur la végétation sont facilement observables sur les deux cartes 3
et 4. La biovolume moyenne de la formation forestière naturelle est estimé à 131,3m3/ha
(moyenne des biovolumes des trois formations étudiées), ainsi pour l’ensemble de la région
Zafimaniry elle est évaluée à 2 950 705m3
en 2007, et diminuant jusqu’à 1 887 686 m3 en
2014 montrant une perte considérable de 1 063 018m3
en 7ans.
45
Carte 3 : Carte de végétation de la région Zafimaniry en 2007 Source : Kew, Septembre 2007
Carte 4: Carte de végétation de la région Zafimaniry en 2014 Source : Landsat, 2014
46
III-5 REGENERATION ARTIFICIELLE.
III-5-1 Bouturage
La position des explants sur le rameau (apicale, médiane ou basale) n’a aucun effet sur le
pourcentage de bouturage qu’elle que soit l’espèce considérée (Tableau 8).
Tableau 9: Pourcentage de bouturage pour les six espèces montrant aucune différence significative
pour le facteur position des explants sur le rameau
Apicale Médiane Basale
Brachylaena merana 50a 43a 57a
Faucherea parvifolia 10a 13a 33a
Ocotea cymosa 26a 33a 17a
Syzygium emirnense 86a 77a 67a
Tambourissa thouvenotii 57a 63a 43a
Weinmannia humblotii 77a 63a 53a
C’est pourquoi l’ensemble des explants ont été regroupés en un seul effectif pour
déterminer le pourcentage d’enracinement correspondant à chaque espèce (Figure 11) Le meilleur
taux de bouturage a été obtenu pour Syzygium emirnense avec 76,7% alors que Ocotea cymosa et
Faucherea parvifolia sont les plus récalcitrantes avec respectivement 25,6 et 8,9%.
Figure 11: Pourcentage de réussite des bouturages pour les six espèces étudiées
(Les graphes suivis de la même lettre ne montre aucune différence significative)
47
III-5-2 Transplantation des sauvageons
Les effectifs de sauvageon trouvé pour Weinmannia bojeriana et Ocotea humblotii sont
très faibles avec respectivement 5 et 3. Cependant cette remarque est vraie pour l’ensemble des
espèces car seuls un nombre limité des jeunes individus rencontrés en forêt remplissent les critères
de transplantation que nous avons posés avant la collecte. Le taux de survie varie de 30 à 80%
pour une transplantation effectuée au mois d’août et estimé 3 mois plus tard. Il est même nul pour
Ocotea humblotii et Weinmania bojeriana.
Tableau 10 : Taux de survie des sauvageons de six espèces cibles utilisées par les Zafimaniry
après huit mois après la transplantation
Espèces Hauteur
des sauvageons (cm)
Nombre
de sauvageons
Taux de survie
(%)
Brachylaena merana 7-13 15 27
Faucherea parvifolia 10-15 14 43
Ocotea humblotii 7-15 3 0
Syzygium emirnense 9-14 20 80
Tambourissa thouvenotii 7-15 10 60
Weinmannia bojeriana 7-14 5 0
48
Partie IV
DISCUSSIONS
ET RECOMMANDATIONS
49
IV-1 DISCUSSION
D’après l’estimation des caractéristiques dendrométriques, la forêt naturelle Zafimaniry
dispose encore d’un biovolume moyen. Ceci est dû à un prélèvement sélectif des individus dans la
forêt par la communauté qui travaille le bois en laissant les autres espèces non utiles encore
intactes. Cependant, de grands changements au niveau de la formation végétale ont été constatés
entre 2007 et 2014.
IV-1-1 Enquête ethnobotanique
Les hommes détiennent la plus grande partie des connaissances du bois chez les
Zafimaniry, ceci provient d’une transmission père -fils des savoirs sur les qualités physiques,
mécaniques, technologiques et sur la conservation du bois. L’enquête a permis d’identifier 22
espèces citées par les informateurs dont quatre essences forestières importantes à savoir Dalbergia
baronii, Faucherea parvifolia, Tambourissa thouvenotii, et Weinmannia bojeriana avec des
degrés d’utilisation respectivement de 252, 245, 244, 242%. Les bois de Syzygium emirnensis et
de Brachylaena merana sont par contre les plus demandés comme bois d’œuvre. Ces bois sont
d’une excellente qualité, grâce à leurs propriétés mécaniques exceptionnelles comme : la dureté, la
densité, la nervosité, l’élasticité, la fissillité, la facilité à travailler, et le polissage. Ces
caractéristiques sont le résultat de la complexité du bois par la variation de la nature chimique, la
lignification, la taille, la forme, et l’arrangement des fibres, des vaisseaux, des rayons, et des
autres éléments qui le constitue (Esau, 2006). Ces qualités du bois sont en étroite relation avec
leur utilisation en construction.
Les bois très durs ont toujours tendance à se fendre, si on utilise des clous à l’exemple de
Brachylaena merana avec une forte fissilité (Gueneau, 1969). Mais les Zafimaniry ont déjà une
solution en adoptant la méthode du tenon et de la mortaise. Les espèces appartenant au genre
Brachylaena ont un usinage assez difficile à cause de la grande dureté, nécessitant de fortes
puissances. Ils ont une excellente durabilité naturelle, résistant aussi bien aux attaques des
champignons qu’à celles des insectes xylophages, et aux termites. Aucun traitement ne semble
susceptible d’améliorer ces qualités naturelles, car le bois est réfractaire à l’imprégnation même
sous pression (Gueneau , 1969).
Les Nato (Sapotaceae) dont Faucherea parvifolia sont très recherchés par les Zafimaniry.
Ils font parties des essences connues et appréciées depuis plusieurs années sur le marché national
pour des utilisations assez spécifiques ou du fait de leur facilité de mise en œuvre (Rakotovao et
al., 2012)
50
Les espèces appartenant au genre Weinmannia sont connues pour un bois d’excellente
qualité (nervosité moyenne, résistance à la pourriture), même dans le cas où le bois est exposé aux
intempéries (Gueneau , 1969.)
Presque toutes les espèces utilisées par les Zafimaniry sont très résistantes aux pourritures,
aux insectes et aux termites. Cette résistance est une qualité requise pour la construction.
Les Zafimaniry ont ainsi un savoir sans égal à Madagascar dans la connaissance et le
travail des bois d’œuvre, élevant leur art au titre de patrimoine mondial. Ce savoir-faire séculaire
mérite une meilleure protection par le biais de la sauvegarde des forêts environnantes, sources de
matériaux, mais aussi par davantage de travaux de recherche sur l’art Zafimaniry.
IV-1-2 Régénération naturelle des espèces :
En général, les espèces les plus importantes ont une régénération naturelle supérieure à
50%, sauf pour le cas d’Ocotea humblotii. Le bois d’Ocotea est l’un des bois le plus recherché
pour la construction de maisons (fenêtres, portes), ainsi que pour la majorité des objets d’art
décoratif. Syzygium emirnense et Faucherea parvifolia ont une bonne régénération naturelle
atteignant respectivement 543 et 540%.
Ces résultats suggèrent qu’il est encore possible de conserver la forêt Zafimaniry et de
pérenniser leur art en adoptant un plan de gestion beaucoup plus ferme. L’une des principales
causes du problème de régénération naturelle est la fragmentation des zones forestières dans la
région. Ces dernières années, de grandes surfaces d’espaces forestières ont été détruites par le feu
et le Tavy, et sont abandonnées ou transformées en champs de maïs. La restauration de ces terrains
où une coupe rase suivie d’un brûlis a été opérée est plus difficile.
Pourtant il est envisageable d’adopter une méthode déjà pratiquée avec succès dans
d’autres régions de Madagascar comme la mise en place d’un Dina. Pour la nouvelle aire protégée
de Vohibe, après la formalisation du Dina en 2008, le nombre de délits déclarés a
considérablement diminué de 16 à 3 en 2010 (Rakotoarivelo, 2015). Ainsi, cette pratique pourrait
être efficace pour la conservation des espèces cibles. Elle ne permet pas d’éradiquer tous les cas
délictuels, néanmoins, elle permet d’atténuer la destruction en attendant un projet de restauration
qui semble être encore très couteux. Les activités de reboisement et de restauration doivent être
promues, en y incluant les espèces à valeur ethnobotanique afin d’impliquer la population locale
(Allen et al., 2010). L’enrichissement en espèces utiles comme le cas de Faucherea parvifolia, ,
Ocotea cymosa, doit être priorisé. Il est impératif aussi de voir le cas de l’espèce Dalbergia
51
baronii. La disparition de cette espèce dans la région Zafimaniry témoigne la gravité de la
situation. Ainsi la plantation de l’espèce doit être envisagée pour la génération à venir.
IV-1-3 Dynamique de la couverture végétale dans la région Zafimaniry
Les études antérieures effectuées par les Services des Eaux et Forêts entre 1995 et 2002 ont
montré une régression de 48,8% de l’espace forestière de la Commune d’Antoetra, l’un des deux
communes Zafimaniry (Randriamaherilala, 2004,). Entre 2002 et 2005, le taux de déforestation
était estimé à 0,55% par an (MEFT, 2009) pour la Commune montrant une diminution.
Cependant, entre 2007 et 2014, cette dégradation de la forêt persiste dans la région. Les études que
nous avons effectuées ont permis de voir que plusieurs hectares de forêt sont détruits par le feu, en
l’espace de 7ans. La forêt humide et la forêt humide dégradée ont régressé de 36 et 4,8%. Les
zones de culture ont par contre enregistré une forte hausse de 60,6% car à côté de l’exploitation
forestière pour le bois qui est vitale pour la population, le système de culture traditionnelle
pratiqué est destructif pour l’écosystème mais encouragé par une démographie croissante. C’est le
plus important facteur de déforestation chez les Zafimaniry.
La savane arborée a perdu aussi 38,7% de sa surface initiale au profit de la savane
herbeuse qui a augmentée de plus de 300% par rapport à sa superficie de 2007. Ceci est le résultat
d’un charbonnage accru dans la région qui met à mal les espèces pionnières des savanes comme
les Eugenia sp., Trema orientalis., Weinmannia sp.
Vu la rapide dégradation des forêts et l’amenuisement des ressources forestières en bois
d’œuvre, un plan de gestion de la forêt Zafimaniry intégrant tous les besoins de la communauté
doit être mis en place. Ce plan doit inclure aussi des pratiques de reforestation des zones
totalement détruites par le feu par des essences à croissance rapide pour les besoins en bois
énergie et le repeuplement des forêts par les essences destinées à la production de bois d’œuvre .
IV-1-4 Bouturage
Trois modes de multiplication sont les plus adoptés dans le domaine de production
artificielle de plante: la germination des graines, le bouturage et la transplantation des sauvageons.
La germination des graines est l’une des meilleures méthodes pour l’obtention de jeune plant
d’effectif considérable. Elle est envisageable pour les espèces de bois Zafimaniry dans le cadre des
projets encore à venir. Mais pour cette étude, les périodes de descente sur terrain très limitées, les
moyens matériels insuffisants, l’absence des installations et des responsables sur le site
conduisaient qu’à la réalisation de la transplantation et le bouturage.
52
A notre connaissance, aucun essai de bouturage pour les espèces Brachylaena merana,
Tambourissa thouvenotii, Weinmannia bojeriana, Ocotea humblotii, Syzygium emirnense,
Faucherea parvifolia dont le bois est très recherché, n’a été réalisé jusqu’à maintenant dans la
région. Dans cette étude, nous avons démontré la possibilité de multiplier ces espèces par
bouturage horticole. Le meilleur taux de bouturage a été obtenue pour Syzygium emirnense avec
76,7%, répondant exactement à notre attente car, du point de vue mécanique et technologique,
cette essence fournit un bois de très bonne qualité, et pousse très facilement. Elle peut être utilisée
comme espèce de reboisement, pour la communauté, en l’incluant parmi les espèces (Khaya
Madagascariensis, Phyllarthron madagascariense, Podocarpus sp.) faisant objet de multiplication
actuellement dans le cadre du projet de reboisement de la Commune d’Antoetra en partenariat
avec l’association Babakoto. Ce projet ayant opté pour d’autres espèces qui ont peu d’intérêts pour
les Zafimaniry mais peuvent reconstituer assez rapidement une partie de la forêt.
Ocotea cymosa et Faucherea parvifolia sont les plus récalcitrantes pour le bouturage avec
respectivement 25,6 et 8,9%. Les études menées au sein de l’université de Kenya sur Ocotea
usambarensis a montré une différence significative entre les clones traitées avec des hormones de
bouturage (Azatone) et les témoins sans traitement, respectivement de 62,9% et 37,1% (Patrick,
2008). Des études sur la propagation végétative des espèces de la famille des Sapotaceae ont
également connue de grands exploit allant jusqu’à 1000 clones homogènes et résistants en 2ans
pour le cas d’Argania spinosa (Bellefontaine et al, 2010). Ainsi, il est possible d’obtenir de
meilleur résultat pour ces espèces. D’autres techniques comme l’application d’hormones de
bouturage, la sélection d’explants plus réactifs, le traitement fongicide pour diminuer la mortalité
des boutures, ou même la micropropagation et l’embryogenèse somatique in vitro pourront être
envisagées dans le futur. Enfin, les boutures obtenues pendant cette expérience ont été offert à la
communauté Zafimaniry comme preuve qu’il est encore possible de conserver leur art pour la
génération future.
Cependant, quand on parle de multiplication d’une plante, la germination des graines est
l’une des méthodes irrécusables. Pour cette étude, la descente sur terrain ne coïncide pas à la
fructification des espèces, les moyens matériels insuffisants, l’absence d’installations sur le site
n’ont pas permis la réalisation de cette méthode
53
IV-1-5 Transplantation des sauvageons
La transplantation de sauvageons et leur élevage en pépinière constitue la méthode de
production de plants la plus efficace pour produire massivement une diversité importante
d’essences autochtones (Jean-Baptiste et al., 2010). Le pourcentage de survie des sauvageons
montre une possibilité de pratiquer cette méthode pour les espèces en difficulté de régénération
dans leur habitat naturel.
. Cependant, il est nécessaire de faire un meilleur suivi en insistant sur l’arrosage, le
désherbage, et l’entretien des plants en pépinière pour obtenir un résultat encore meilleur par
rapport à celui que nous avions obtenu pendant cette étude. Des soins supplémentaires en
pépinière pourraient améliorer le développement de sauvageons collectés plus jeunes qui
n’auraient pas survécu en forêt. En effet, le taux de survie est meilleur pour Tambourissa
thouvenotii et Eugenia emirnensis fa cuneifolia, mais seules, les plantules ayant une taille
supérieure à 9 cm ont survécu.
Brachylaena merana et Faucherea parvifolia ont un taux de survie des sauvageons faible,
respectivement de 27 et 43%, et même les survivants sont en difficulté. Il est même nul pour
Ocotea humblotii et Weinmania bojeriana. Il est donc primordial de faire des études plus
approfondies sur la physiologie de ces espèces.
IV-2 RECOMMANDATIONS
La communauté Zafimaniry est confrontée à un problème de survie comme la majorité des
populations des zones rurales de Madagascar. Elle vit du travail du bois en prélevant de manière
sélective et en fonction des besoins les bois dans la forêt. Cette pratique a contribué à la durabilité
des ressources et à la sauvegarde de l’art Zafimaniry. Cependant, les pratiques agricoles basées sur
le tavy conjugués au charbonnage entraînent une destruction rapide des surfaces forestières. Ainsi,
il est primordial de faire une sensibilisation auprès des populations pour qu’ils aient la volonté de
conserver l’espace forestière en leur proposant des pratiques comme l’agroforesterie et
l’agroécologie.
Le développement de l’écotourisme dans la région Zafimaniry par l’office du tourisme
d’Ambositra est une alternative qui peut améliorer les revenus des ménages de la communauté en
stimulant la vente d’artisanat et d’objets d’art Zafimaniry. Cependant, les activités de tourisme
doivent être orientées aussi sur les curiosités botaniques et zoologiques de la forêt et non
seulement aux travaux du bois. Il est également envisageable de fournir en bois d’œuvre la
communauté Zafimaniry pour la confection d’objets d’art mais cette alternative suppose un
regroupement des artisans en coopérative pour faciliter l’approvisionnement, la réception des
54
commandes et la vente des produits d’artisanat. Dans un cadre plus général, le développement de
cette région dépend aussi de l’éducation des enfants, des services médicaux et de l’hygiène. En
effet, l’art Zafimaniry ne doit pas rester figé dans le passé mais doit par contre intégrer les
pratiques plus modernes de vente en ligne par exemple.
L’appui de la biotechnologie, comme la culture in vitro, semble opportun pour renforcer la
régénération de ces espèces. Ces techniques, malgré leurs coûts élevés, deviendront impératives
quand nous disposerons de programme d’amélioration génétique pour nos espèces forestières
utiles. Elles permettront d’avoir de très nombreuses plantules à partir d’individus sélectionnés et
d’effectuer un reboisement plus conséquent que celui mené par la commune d’Antoetra
actuellement. La communauté Zafimaniry est aussi habitué aux travaux agricoles et pourraient
associer progressivement les travaux sylvicoles dans leurs activités.
55
CONCLUSION Les études effectuées ont été fructueuses. Elles ont permis de faire l’identification et la
description écologique des différentes espèces de bois qui sont les plus recherchées et utilisées par
la communauté Zafimaniry.
Vingt-deux (22) espèces ont été identifiées, très importantes pour les Zafimaniry, dont
sept présentent un degré d’utilisation élevé : Dalbergia baronii, Faucherea parvifolia,
Tambourissa thouvenotii, Weinmannia bojeriana, Ocotea humblotii, Syzygium emirnense et
Brachylaena merana. L’espèce Dalbergia baronii a été exclu lors de notre étude car il est très rare
et difficile à trouver dans la zone d’étude. Les études ont été basées sur les six espèces restantes.
La régénération naturelle, exprimée par le taux de régénération, est bonne pour Syzygium
emirnense (543%) et pour Faucherea parvifolia (540%). Elle est moyenne pour Brachylaena
merana (271%), Tambourissa thouvenotii (200%), Weinmannia bojeriana (133%). Elle est faible
pour Ocotea humblotii (50%). L’installation d’un programme de conservation pour la formation
forestière est primordiale dans la région car, la majorité de ces espèces ont encore la possibilité de
se régénérer naturellement. La comparaison des deux cartes de végétation de 2007 et 2014
obtenues à partir des images satellitaires a permis de confirmer l’importance de ce programme.
L’augmentation des surfaces forestières dégradées de 36% et aussi l’extension des zones de
culture de 60,6% menaçant la formation naturelle ont été également constatées. La mise en place
d’un projet de reforestation et de reboisement devient nécessaire.
L’essai de bouturage et de transplantation des sauvageons sont concluants pour un éventuel
transfert de techniques auprès de la communauté afin de propager les espèces utiles. Ces
techniques faciles et peu coûteuses peuvent être adoptées par les Zafimaniry. Cette démarche
visant à repeupler la forêt en essences utiles est salvatrice pour la communauté car elle contribue à
la conservation de leur propre patrimoine culturelle.
L’étude sur le cas de l’espèce Dalbergia baronii doit être priorisé pour les projets à venir
dans la région.
Les informations rassemblées dans ce travail constituent une contribution au
développement de la communauté Zafimaniry, en (i) éclaircissant les catégories d’utilisation des
espèces, (ii) en étudiant leur capacité de régénération in situ et ex situ et (iii) en pointant la
dégradation rapide de la forêt qui est toujours accompagné d’une diminution des capacités des
services écosystémiques et de manière indirecte d’une disparition des savoirs ancestraux qui
dépendent de ces ressources.
56
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ANNEXES
ANNEXE 1 : Liste floristique des espèces d’arbres dans les deux sites Sakaivo
atsimo et Fanandrana.
NOM SCIENTIFIQUE FAMILLE NOM VERNACULAIRE
Carissa edulis Apocynaceae Tambonana
Petchia montana Apocynaceae
Gastonia sp. Araliaceae Vatsilana kitefaka
Polyscias sp. Araliaceae vatsilana
Polyscias tripinnata Araliaceae vatsilana
Polyscias madagascariensis Araliaceae vatsilana
Polyscias ornifolia Araliaceae vatsilana
Schefflera sp. Araliaceae Vatsilana
Schefflera longipedicellata Araliaceae
Schefflera monophylla Araliaceae
Schefflera staufferana Araliaceae
Schefflera vantsilana Araliaceae
Brachylaena ramiflora Asteraceae Merandahy
Brachylaena merana Asteraceae Merana
Capparidaceae ody fo
Evonymopsis longipes Celastraceae hazotokoka
Evonymopsis sp. Celastraceae Menahihy
Garcinia verucosa Clusiaceae Netaka
Symphonia sp. Clusiaceae Kijy
Weinmania sp.1 Cunoniaceae
Weinmania sp.2 Cunoniaceae Lalona
Weinmannia humblotii Cunoniaceae Lalona
Weinmanniabojeriana Cunoniaceae Lalona
Dillenia trichetra Dilleniaceae Maranitr’atoraka
Diospyros myriophylla Ebenaceae Maroravina
Agarista poliphylla Ericaceae Ambora talo
Erythroxylum nitilidum Erythroxylaceae Malambora
Croton sp. Euphorbiaceae X2
Macaranga sp. Euphorbiaceae karambito
Macaranga sp. Euphorbiaceae Varongy
Macaranga sp. Euphorbiaceae karambito
Macaranga sp. Euphorbiaceae Haromaina
NOM SCIENTIFIQUE FAMILLE NOM VERNACULAIRE
Homalium sp. Flacourtiaceae Hazolahy
Cryptocarya cuminata Lauraceae Tavolo
Cryptocarya sp. Lauraceae Tavolo
Cryptocarya sp. Lauraceae Tavolo laliambo
Cryptocarya sp. Lauraceae Tavolo laliambo
Ocotea humblotii Lauraceae Varongy
Ocotea sp. Lauraceae Varongy ravikarambito
Ocotea cymosa Lauraceae Varongy
Nuxia sp. Loganiaceae Varongy fotsy
Dombeya lucida Malvaceae Hafobalo
GrewiaMadagascariensis Malvaceae Bailaka
Grewia sp. Malvaceae Hafopotsy
Dichaetanthera sp. Melastomataceae Hidina
Memecylon sp. Melastomataceae Soamarara
Tambourissa religiosa Monimiaceae Tamboneka
Tambourissa sp. Monimiaceae Tamboneka
Tambourissa thouvenotii Monimiaceae Tamboneka
Tambourissa sp. Monimiaceae Tamboneka
Ficus sp. Moraceae Trina
Maesa lanceolata Maesaceae Maintsoririna
Syzygium emirnense Myrtaceae Rotra
Eugenia jambolana Myrtaceae Rotra
Eugenia sp. Myrtaceae Rotra
Eugenia sp. Myrtaceae Taolambodiakoho
Eugenia sp. Myrtaceae Lakamena
Noronhia longifolia Oleaceae Solaitra
Bambusa sp. Poaceae Volo
AnthocleistaMadagascariensis Gentianaceae Variahy
Alberta sp. Rubiaceae
Chapeliera sp. Rubiaceae Laka fotsy
Mussaenda sp. Rubiaceae Tsiry
Pauridiantha paucinervis Rubiaceae Sovora
Psychotria macroclamides Rubiaceae Tolanana
Rothmannia sp. Rubiaceae Ravimboajo
NOM SCIENTIFIQUE FAMILLE NOM VERNACULAIRE
Breonia sp. Rubiaceae Valotra
Vepris ampody Rutaceae Ampody
Calantica cerasifolia Salicaceae Hazoambo
Ludia ludiaefolia Salicaceae Hazoambo
Tina striata Sapindaceae Hazombihy
Faucherea parvifolia Sapotaceae Nato madinidravina
Capurodendron ludiifolium Sapotaceae Nato
Chrysophyllum boivinianum Sapotaceae Rahia
Faucherea thouvenotii Sapotaceae Nato
Zabo
Elaeocarpus subserratus Elaeocarpaceae Vanona
Elaeocarpus capuronii Elaeocarpaceae Vanona
BeilschimiediaMadagascariensis Lauraceae Varongy fotsy
Beilschimiedia oppositifolia Lauraceae Tamboneka
Cassipouria sp. Rhizophoraceae Tamboneka
ANNEXE 2 : Les caractères parataxonomiques des espèces. Ce sont les critères
directement observables pour identifier l’espèce
Espèce Caractéristiques parataxonomiques
Photos des herbiers collectés sur
terrain
Faucherea
parvifolia
Grande arbre (atteignant 20m de hauteur), présence
de latex dans l’écorce, bois de couleur rouge, très
dur. Petites feuilles en forme de cœur, groupées en
rosettes au sommet.
Tambourissa
thouvenotii
Arbre moyen, petites branches velues. Bois très dur.
Feuilles opposées, oblongues poilues. Fruits très
gros, globuleux avec un intérieur orange charnu.
Weinmannia
bojeriana
Arbre moyen, rameaux à écorce lisse, brun-rouge,
supérieurement aplatis. Feuilles 3-foliolées ou 5-
foliolées sur le même échantillon, grandes à bord
crénelés-dentés, la foliole centrale plus grande que
les latérales.
Ocotea
humblotii
Grand Arbre, ramilles subanguleuses, sillonnées,
garnies de poils très petits. Feuilles alternes
lancéolées-elliptiques, sommet longuement aigue.
Bois fibreux,
à odeur agréable.
Syzygium
emirnense
fa cuneifolia
Arbre (atteignant 20m). Feuilles sombre en-dessus,
rougeâtres en-dessous, oblancéolées (de
taille <5cm), acuminées, feuilles acuminées, fruits
arrondis petits comestible.
Brachylaena
merana
Grand arbre (atteignant 40m), fût très droit jusqu’à
15-20m de hauteur et 1m de diamètre dans sa partie
inférieure. Ramille fauve pâle ou blanchâtre. Feuille
décolore (vert à la face supérieure et blanchâtre à la
face inférieure). Bois très dur et très lourd.
ANNEXE 3 : Modes de calcul QCP (Brower & Von Ende, 1990)
Espèces Famille
Quad
rat1
Quad
rat2
Quad
rat3
Quad
rat4
effe
ctif
/
espèc
e
F%
Eff
ecti
f/
fam
ille
F%
par
fam
ille
Gastonia sp Araliaceae 1
1 1,85 1 1,85
Symphonia sp Clusiaceae
1 1 2 3,7 9 16,66
Garcinia verucosa Clusiaceae 1 3 2 1 7 12,96
0
Weinmania sp Cunoniaceae 1 1 2 1 5 9,25 5 9,25
Erythroxylum nitilidum Erythroxylaceae 1
1 2 3,70 2 3,70
Croton sp Euphorbiaceae 1
1 2 3,70 8 14,81
Macaranga sp Euphorbiaceae 1 2 2 1 6 11,11
0
Ocotea sp2 Lauraceae
1
1 2 3,70 11 20,37
Ocotea sp1 Lauraceae 1
1 2 3,70
0
Cryptocarya cuminata Lauraceae 1 2 3 1 7 12,96
0
Dombeya lucida Malvaceae
1
1 1,85 1 1,85
Dichaetantera sp Melastomataceae 1 1 1 3 5,55 3 5,55
Noronhia longifolia Oleaceae 1 1
2 3,70 2 3,70
Pauridiantha paucinervis Rubiaceae
1
1 1,85 12 22,22
Psychotria macroclamides Rubiaceae
1 1 2 3,70
0
Chapeliera sp Rubiaceae 3 3 2 1 9 16,66
0
𝐹 % = 𝑄𝑖
Qt
× 100 ,
𝐹/𝑓𝑎𝑚𝑖𝑙𝑙𝑒 % = 𝑄𝑖/𝑓𝑎𝑚𝑖𝑙𝑙𝑒
Qt × 100
Qi : nombre d’individus d’une espèce
Qt : nombre total d’individus recensés dans le quadrat
ANNEXE 4 : Photos des boutures
Faucherea parvifolia
Tambourissa thouvenotii
Weinmannia bojeriana
Ocotea humblotii
Syzygium emirnense
fa cuneifolia
Brachylaena merana
ANNEXE 5 : Appréciation texturale par la méthode manuelle
Sur le terrain, la texture peut également se déterminer rapidement au toucher par la
méthode dite des ―rouleaux et des anneaux‖.
Nomenclature :
Abréviation Signification Type de texture
Af Argile fine
A Argile Texture très fine
Al Argile limoneuse
As Argile sableuse
La Limon argileux Texture fine
Laf Limon argileux fin
Lfa Limon fin argileux
Las Limon argilo-sableux
L Limon Texture moyenne
Lf Limon fin
Ltf Limon très fin
Sl Sable limoneux
Lts Limon très sableux Texture grossière
Ls Limon sableux
S Sable Texture très grossière
ANNEXE 6 : Questionnaire d’enquête ethnobotanique
Quelles sont les activités entreprises par les villageois ?
Depuis quand exercez-vous ces activités ?
Quelles sont les activités que vous effectuez en relation avec la forêt ?
Quels sont les produits forestiers utilisés par les villageois ? A quoi servent-ils ?
Quelles parties de la plante sont utilisées ? Quelle quantité?
Quelles sont les espèces utilisées pour la construction de maison Zafimaniry ?
Leurs destinations respectives ?
Quelles sont les espèces essentielles pour la construction de la maison ? Est-ce qu’il en
reste une quantité suffisante pour la génération future, à votre avis ?
Pensez-vous qu’il est important de pérenniser l’art de travail de bois des Zafimaniry ?
Le tavy est-il pratiqué dans la région ?
Quelles sont les facteurs de dégradation de la forêt Zafimaniry, selon vous ?
Pensez-vous qu’il faut protéger la forêt ?
Quelles méthodes suggéreriez-vous pour la conservation de la forêt ?
FICHE D’ENQUETE
Date :.................................... Nom du Village : .....................................................................
Personnes enquêtées : ............................................................................. Age : ....................
Sexe : ............................ Activités : ................................................ Nombre d’enfant : .......
Renseignements sur l’utilisation de la forêt : .......................................................................
Les matériaux de construction :
Type d’arbres Parties utilisées Quantités utilisée Destination
Les bois de chauffes :
Type d’arbres Parties utilisées Quantités utilisée par jour et par ménage
Les espèces utilisées pour les statuettes et les objets décoratifs
Type d’arbres Parties utilisées Quantités utilisée Destination Prix du produit
Leur perspective .....................................................................................................................
.................................................................................................................................................
.................................................................................................................................................
Autre utilisation de la forêt
.................................................................................................................................................
.................................................................................................................................................
.................................................................................................................................................
.................................................................................................................................................
.................................................................................................................................................
ANNEXE 7 : Les critères de sélection pour faire partie du patrimoine culturel
mondial
Pour faire partie du patrimoine culturel mondial, les monuments ou les sites
sélectionnés doivent :
— constituer une réalisation unique (jardins de Shalimar au Pakistan, château de
Chambord en France) ;
— avoir exercé une influence considérable à une certaine époque (centre historique de
Florence en Italie) ;
— apporter un témoignage sur une civilisation disparue (palais royaux d’Abomey au
Bénin, Machu Pichu au Pérou) ;
— illustrer une période historique significative (site d’Abou-Mena en Égypte, centre
historique de Salvador de Bahia au Brésil) ;
— constituer des exemples d’habitats traditionnels (vallée du Mzab en Algérie, village
d’Hollókö en Hongrie) ;
— être, enfin, directement associés à des idées ou à des croyances essentielles (ville
sacrée de Kandy au Sri Lanka, Independence Hall aux États-Unis).
Quant au patrimoine mondial naturel, il doit :
— illustrer les grandes étapes de l’évolution de la Terre (îles Galápagos au large de
l’Équateur) ;
— représenter des processus géologiques en cours (volcans d’Hawaii aux États-Unis,
Los Glaciares en Argentine) ;
— constituer des formations remarquables ou d’une beauté exceptionnelle (le
Kilimandjaro en Tanzanie, la réserve de Scandola en France) ;
— contenir les habitats d’espèces menacées (parc de la Garamba en République
démocratique du Congo, parc de Wood Buffalo au Canada).
Souvent les biens inscrits répondent à plusieurs de ces critères ; dans certains cas, ils
ont à la fois une valeur culturelle et naturelle (source : Institut de civilisation musée d’art et
Archéologie).
ANNEXE 8 : Objets Zafimaniry faits à partir de bois de Dalbergia baronii
Planche 2 : (A) Boîte à miel en forme de marmite ; (B) Tabouret typique Zafimaniry ; (C), (D) Statuettes en bois; (E) Boîte à épice; (F) Divers objets Zafimaniry (cuillère en bois, Masque en bois, Couteaux, ……)
A RAMAHASAHALA, 2013 B RAMAHASAHALA, 2013
E RAMAHASAHALA, 2013
D RAMAHASAHALA, 2013 C RAMAHASAHALA, 2013
F RAMAHASAHALA, 2013
ANNEXE 9: Etape de construction d’une maison Zafimaniry (source : Ministère
de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, 2008)
ANNEXE 10 : Préparation de la toiture
(A) Préparation des tiges de bambous ; (B) Séchage des tiges après (C) Maison traditionnelle avec toiture en planches de
bambous (Bambusa sp)
A
B RAMAHASAHALA, 2013 C RAMAHASAHALA, 2013
Tittle: Habitat and regeneration of most used woody species by the Zafimaniry
community
ABSTRACT
The Zafimaniry is the last renowned Malagasy community holding a unique timber artwork. In
2008, this expertise was recognized as part of cultural and intangible world heritage of Humanity by
UNESCO. However, the gradual decrease in forest area is threatening the culture associated with this
original art. This study aims to develop solutions for the conservation of the most used species to
establish a management plan of the Zafimaniry forest that fits to the community needs. Ethnobotanical
surveys were conducted with twenty households in the village of Sakaivo to identify the most
important tree species used in house construction, tools and in the handcrafts. These species, once
identified, will be the target of an ecological study in which the structure of the vegetation was
analyzed. These local-scale methods were supported by the analysis of satellite images from 2007 to
2014 providing information on the vegetation dynamics. Finally, cuttings and seedling transplantation
of the target species were tested in situ in natural conditions. Twenty-two species considered by the
Zafimaniry community as the most important have been identified, seven of which have a high degree
of use such as Dalbergia baronii, Faucherea parvifolia, Tambourissa thouvenotii, Weinmannia
bojeriana, Ocotea humblotii, Syzygium emirnense and Brachylaena merana . The autoecology of these
target species showed an average or good natural regeneration for the majority. Only, Ocotea
humblotii has a low regeneration. The forest presented strate and canopy was still closed with trees
exceeding 12m in height, indicating a forest in good condition. But a sharp decline in forest surface
area (36%) in favor to agricultural areas was observed between 2007 and 2014. Our results showed the
possibility of propagating the target species by cuttings. The best rate of rooting was obtained for
Syzygium emirnense with 76.7%. The Zafimaniry community was able to perpetuate his art through
selective use of species that serve as building material. However, agricultural activities are very
destructive to the forest requiring the establishment of management plan for the forest accompanied by
an enrichment of surrounding sites by species with significant ethnobotanical values.
Keywords : deforestation, regeneration, timber, traditional knowledge, wood crafting,
Zafimaniry
Supervisor : Docteur Lucien FALINIAINA
UNIVERSITY OF ANTANANARIVO
FACULTY OF SCIENCES
DEPARTMENT OF PLANT BIOLOGY
AND ECOLOGY
Thesis for obtaining Diploma of
Advanced Studies (DEA) in Biology
and Ecology of Plant
Titre : Habitat et régénération des espèces ligneuses les plus utilisées par la
communauté Zafimaniry
RESUME
La communauté Zafimaniry est la dernière dépositaire d’une culture originale du travail de
bois à Madagascar. En 2008, ce savoir–faire a été reconnu comme faisant partie des patrimoines
mondiaux culturels et immatériels de l’Humanité par l’UNESCO. Cependant, la diminution
progressive de l’espace forestière menace la culture véhiculée par cet art original. Cette étude a pour
objectif de développer des solutions pour la pérennisation des espèces les plus utilisées afin d’établir
un plan de gestion de l’ensemble de la forêt Zafimaniry qui soit adapté aux besoins de la communauté.
Des enquêtes ethnobotaniques ont été effectuées auprès de vingt ménages dans le village de
Sakaivo pour identifier les essences forestières les plus importantes dans la construction des maisons,
d’outils et dans la confection d’objets d’art. Ces espèces, une fois identifiées, seront les cibles d’une
étude écologique au cours de laquelle la structure de la végétation sera analysée. Ces méthodes
stationnelles ont été appuyées par l’analyse d’images satellitaires entre 2007 et 2014 apportant des
informations sur la dynamique de la végétation. Enfin, des essais de bouturage et de transplantation de
sauvageons concernant ces espèces cibles ont été conduits in-situ dans les conditions naturelles.
Vingt-deux espèces considérées par la communauté Zafimaniry comme étant les plus
importantes ont été identifiées, parmi lesquelles sept présentent un degré d’utilisation élevé dont
Dalbergia baronii, Faucherea parvifolia, Tambourissa thouvenotii, Weinmannia bojeriana, Ocotea
humblotii, Syzygium emirnense et Brachylaena merana. L’autoécologie de ces espèces cibles a montré
une régénération naturelle moyenne ou bonne pour la majorité. Seule, Ocotea humblotii présente une
faible régénération. La formation forestière est stratifiée et à canopée fermée, avec des arbres
dépassant les 12m, indiquant une forêt en bon état. Mais, une forte régression de la surface forestière
(36%) au profit des zones de culture a été constatée entre 2007 et 2014. Nos résultats montrent la
possibilité de multiplier les espèces cibles par bouturage horticole. Le meilleur taux d’enracinement a
été obtenu pour Syzygium emirnense avec 76,7%.
La communauté Zafimaniry a pu perpétuer son art grâce à une utilisation sélective des
essences qui servent de matériaux de construction. Cependant, les activités agricoles sont très
destructives pour la forêt nécessitant la mise en place urgente d’un plan de gestion de la réserve
accompagné d’un enrichissement des sites en espèces ayant des valeurs ethnobotaniques importantes.
Mots clés : Bois d’œuvre, connaissances traditionnelles, déforestation , régénération,
Zafimaniry
Encadreur : Docteur Lucien FALINIAINA
UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
FACULTE DES SCIENCES
DEPARTEMENT DE BIOLOGIE ET
ECOLOGIE VEGETALES
Mémoire pour l’obtention de
Diplôme d’Etudes Approfondies (D.E.A)
en Sciences de la Vie
Option : Ecologie Végétale
Appliquée
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