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Intégration du sujet des mutilations génitales féminines dans l'éducation scolaire et extrascolaire au Mali
Capitalisation des expériencesRapport du projet suprarégional« Abandon des mutilations génitales féminines », GIZ, Eschborn
Realisé par:
Abréviations
CA Communauté d'Apprentissage
CAP Centre d'Animation Pédagogique
CNE Centre National de l'Education
EDS Enquête Démographique de Santé
HCIM Haut Conseil Islamique du Mali
IFM Institution de Formation des Maîtres
MEN Ministère de l'Education Nationale
MGF Mutilations Génitales Féminines
OMS Organisation Mondiale de la Santé
PEB Projet Éducation de Base
PISE Programme d'Investissement du Secteur Educatif
PNLE Programme National de Lutte contre l'Excision
PRODEC Programme Décennal de l'Education
VIH/SIDA Virus de l'Immunodéficience Humaine / Syndrome d'Immunodéficience Acquise
1
Contenu1. Introduction 3
2. Le contexte 4
Les MGF au Mali 4
L'intégration du thème des MGF dans l'éducation scolaire et extrascolaire 5
3. Le processus 6
Les principaux partenaires et l'approche collaborative 6
Elaboration des matériels pédagogiques 6
Formation du personnel enseignant 6
Dialogue des générations 7
4. Les résultats 9
5. Les leçons apprises 10
Les éléments clés et les facteurs de réussite 10
Les défis et risques 11
Les recommandations 11
6. Sources d´information et bibliographie 12
3
1. Introduction
3
Le projet suprarégional « Abandon des mutilations
génitales féminines » de la GIZ1 soutient actuellement les
organisations gouvernementales et non gouvernemen-
tales œuvrant dans l'abolition des mutilations génitales
féminines (MGF) dans quatre pays d'Afrique de l'Ouest
(Sierra Leone, Burkina Faso, Maurétanie, et Guinée).
Il offre à ses partenaires une assistance technique pour la
mise en œuvre de leurs programmes et activités. Il aide
également à identifier les approches et pratiques promet-
teuses qui favorisent un processus de réflexion sur les
attitudes traditionnelles face aux MGF et encouragent
un changement des comportements.
Au Mali, le projet a apporté un appui technique aux
structures étatiques responsables de l'éducation dans le
cadre d'une approche de l'intégration de la thématique des
MGF dans les enseignements primaires. De 2003 à 2009,
le projet suprarégional a fourni une assistance-conseil au
« Projet Éducation de Base » (PEB) de la GIZ, ayant une
composante sur les MGF, en vue de promouvoir l'intégration
du thème des MGF dans l'enseignement scolaire et les
activités extrascolaires. Les acteurs responsables du projet
étaient le Ministère de l'Éducation National (MEN),
notam ment le Centre National de l'Education (CNE), et ses
services décentralisés, notamment les Centres d'Animation
Pédagogique (CAP). Depuis 2005 le Programme National
de Lutte contre l'Excision (PNLE), rattaché au Ministère de
la Femme, de la Famille et de l'Enfant, est également partie
prenante de la mise en œuvre de l'approche.
En outre, les « dialogues des générations » étaient organisés
dans le cadre d'une collaboration technique et de coopéra-
tion financière avec Plan International Allemagne et Plan
Mali entre 2006 et 2009.
Suite aux résultats probants engendrés par cette approche
globale, sensibilisant les élèves et invitant leurs commu-
nautés à entamer un dialogue, le projet suprarégional a
opté pour une capitalisation des résultats et des effets afin
de pouvoir communiquer d'une manière compréhensible
sur le processus et les facteurs de succès. Les objectifs de
la capitalisation sont le transfert des expériences acquises
à d'autres contextes et à d'autres partenaires nationaux,
régionaux et internationaux intéressés à s'inspirer et/ou
à entamer des processus similaires. Elle est basée sur les
divers documents produits par la GIZ et ses partenaires
au cours du processus. De plus, le PNLE, le MEN et le PEB
avaient conjointement participé à deux missions d'évalua-
tions en 2005 et en 2007. Une évaluation externe a été
effectuée en 2009 par une consultante internationale et
un consultant national (Cécé/Diallo 2009).
1 La GIZ a vu le jour le 1er janvier 2011 pour fédérer l'expertise de longue date du DED, de la GTZ et d'InWEnt.
4
Les MGF englobent toutes les interventions qui entraînent
l'ablation partielle ou totale des organes génitaux féminins
externes et/ou des lésions des organes génitaux féminins
pour des raisons culturelles ou toute autre raison non
thérapeutique. Tous les quatre types de MGF décrits par
l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS 2013) se trouvent
au Mali, mais les Types I et II sont les plus répandus
(EDSM-IV 2006).
La société malienne est très attachée à ses traditions et
fortement influencée par ses dignitaires religieux, dont
bon nombre considère l'excision comme une pratique
nécessaire. Dans la société traditionnelle, l'excision faisait
partie des rites d'initiation destinés à préparer les jeunes
filles à la vie familiale et à leur futur rôle d'épouse et de
mère. Malgré la disparition de ces aspects éducatifs, beau -
coup de familles considèrent toujours l'excision de leurs
filles comme une obligation imposée par la tradition.
Selon l'Enquête Démographique et de Santé en 2006, qui
a eu lieu pendant l'intervention de la GIZ, environ 85 % des
femmes âgées de 15 à 49 ans avaient subi une mutilation
génitale (EDMS-IV 2006). Dans la région Mopti, une des
régions d'intervention du projet, 75 % des femmes étaient
excisées, donc, 12 % de moins que cinq ans auparavant
(EDSM-III 2001). Dans les autres régions, la baisse a été
moins importante au cours de cette période, en général
seulement de 1 à 2 %, tandis que dans les régions du nord
(Tombouctou, Gao, Kidal) le pourcentage de filles et de
femmes excisées augmentait. Cependant, comme la
majorité des filles sont excisées durant la petite enfance,
les variations régionales ne sont pas nécessairement des
indicateurs d'une augmentation ou une diminution de
la pratique, mais de la mobilité des populations. Par
ailleurs, la pratique des MGF dépend encore fortement de
l'appartenance ethnique et il est intéressant de noter qu'il
existe des groupes ethniques au Mali qui n'excisent pas ou
peu (Songhaï 4 %, Touaregs 14 %, Bobo et Haoussa ne
pratiquent pas l'excision).
Le gouvernement a signé la plupart des principaux traités
internationaux sur les droits des femmes et des enfants.
En 2005, le Mali a ratifié le Protocole de Maputo relatif à
la protection des droits des femmes en Afrique. Un texte
législatif a été proposé en 2002 par les Ministères de la
Santé et de la Femme, de la Famille et de l'Enfant, en vue
de sanctionner la pratique des MGF au Mali, comme cela
se fait déjà dans d'autres états africains. Nonobstant, bien
qu'il n'y ait aucun lien entre l'Islam et la coutume de
l'excision, le vote de cette loi a été bloqué à l'époque au
Parlement par des dignitaires religieux. Depuis 2002, les
efforts d'information et de sensibilisation des parlemen-
taires et des autorités islamiques sur les conséquences
néfastes des MGF ont été intensifiés. Mais une loi inter-
disant la pratique n'était plus sur l'agenda de l'Assemblée
Nationale. En conséquence, tous ces efforts ont été menés
avec un dynamisme en synergie par différents partenaires
techniques financiers et des organisations de la société
civile. Ainsi différents séminaires et forums furent inten-
sément organisés durant la période allant de 2004 à 2009.
Malheureusement une convergence de vue entre les diffé-
rentes tendances, surtout au sein des puissantes organisa-
tions islamiques, n'a pu être trouvée. Au contraire, le fossé
s'est creusé entre partisans d'une poursuite de l'excision et
les imams modérés. L'inaction du gouvernement a contri-
bué à cet arrêt et l'incertitude politique qui a suivi à la
fois le coup d'Etat en Mars 2012 et la guerre civile qui en
résulte signifie qu'il n'est pas encore possible de planifier
les interventions de suivi. La situation ne changera pas
jusqu'à ce qu'un nouveau gouvernement soit formé et un
président soit élu.
2. Le contexte Les MGF au Mali
Femmes en échanges
4 5
L'intégration du thème des MGF dans l'éducation scolaire et extrascolaire
L'éducation et le savoir sont la base du développement
individuel et social. L'éducation développe les compé-
tences et les possibilités de choix, renforce l'estime de soi
et augmente les moyens d'action de chaque individu
pourvu que la qualité de l'enseignement soit appropriée.
Au Mali, la méthode d'enseignement a été révisée dans le
cadre du « Programme Décennal de l'Education »
(PRODEC 1998) et le MEN préconise depuis des techniques
d'apprentissage actif et communicatif. Formés par des
pédagogues expérimentés, les enseignants acquièrent des
compétences non seulement pour informer sur les droits
fondamentaux des femmes et des hommes, mais aussi pour
renforcer la conscience de la nécessité de les défendre. Ils
mettent en avant l'estime de la femme non excisée, sa place
dans la famille et dans l'économie. Les messages diffusés
contribuent à préparer des changements de comportement.
Pourtant, dans beaucoup de pays africains, y compris le
Mali, bon nombre de filles et de garçons ne peuvent pas
profiter des avantages de la scolarité. Environ la moitié des
enfants en âge scolarisable ne fréquente pas l'école.
L'éducation doit alors chercher d'autres voies. Puisque les
MGF concernent non seulement les filles, mais aussi leurs
mères, pères, futurs époux, familles et communautés, les
initiatives éducatives doivent s'intégrer dans une approche
globale.
A travers la coopération entre l'école et la communauté,
un forum de dialogues, d'informations et d'échanges a
été créé. A l'époque, il s'agissait d'une forme adaptée aux
circon stances locales de l'approche « dialogue des généra-
tions » de la GIZ : Dans le cadre de groupes de discussion,
la population engage d'elle-même un large débat sur des
thèmes brûlants de la vie familiale, sur des processus de
changement social et bien sûr, le VIH et les MGF. Dans un
processus enrichissant de part et d'autre, agrémenté
d'élé ments ludiques et interactifs, les femmes et hommes
de tout âge apprennent qu'il est possible de s'entendre et
que la compréhension est nécessaire pour faire face avec
succès aux réalités changeantes de la vie.
6
3. Le processusLes principaux partenaires et l'approche collaborative
La stratégie de mise en œuvre et le premier plan d'opéra-
tion de la composante MGF ont été développés au niveau
des CAP avec un appui du projet suprarégional « Abandon
des mutilations féminines » de la GIZ et du PEB. Ils sont
basés sur les expériences du projet « Lutte contre le VIH/
SIDA » (PLC-VIH/SIDA, 2002–2005) de la GIZ œuvrant dans
la même zone d'intervention. Les 26 écoles-pilotes, sélec-
tionnées en 2003 pour tester l'approche de l'inté gra tion
des MGF dans l'enseignement, sont donc identiques aux
écoles d'inter ven tion de l'enseignement du VIH. D'autres
sources d'inspi ration étaient les expériences acquises par
le projet suprarégional au Burkina Faso dans le cadre d'une
approche dans le secteur éducatif et en Guinée avec
l'approche « dialogue des générations ». Le PEB a appuyé
l'intégration des MGF dans l'enseignement et des activités
communautaires dans la région de Mopti à partir de
2003 et dans les régions de Ségou et de Kolikouro, à partir
de 2006.
Elaboration des matériels pédagogiques
En 2004, une équipe, composée des collaborateurs du CNE
et des services décentralisés, a élaboré un guide pédago-
gique pour l'intégration des notions des MGF dans les dis-
ciplines d'accueil en accord avec le MEN, pour l'enseigne-
ment en 5ème et en 6ème année. Les disciplines d'accueil
embrassent les langues, la biologie, l'histoire, l'instruction
économique, l'instruction civique. Le guide a été adopté
en 2006 par le MEN et intégré officiellement dans les
programmes nationaux des écoles fondamentales. Les
fiches de leçons en langues nationales, proposées dans ce
document, conviennent à l'enseignement classique et à
l'enseigne ment aux méthodes communicatives, préconi-
sées pour l'application des nouveaux curricula. Le guide
contient aussi une initiation sur les techniques et outils
pouvant servir d'aides pédagogiques, comme des sondages
d'opinion, des stratégies de discussion, de brainstorming,
de travail en groupe, et de développement de sketches et
de jeux de rôles. Comme la phase de généralisation des
nouveaux programmes était en cours depuis peu de
temps, les classes d'enseignement classique étaient aussi
nombreuses que les classes aux méthodes innovatrices.
Formation du personnel enseignant
De 2004 à 2009 plus de 700 personnes enseignantes
(conseillères et conseillers pédagogiques et formatrices et
formateurs des CAP, directrices et directeurs d'écoles et
enseignantes et enseignants au niveau des écoles) ont été
formées pour intégrer les notions de MGF dans les disci-
plines d'accueil (partielle, totale, en complément). Les
thèmes suivants ont fait partie de la formation initiale et
continue :
• anatomieféminineetfonctiondesorganes;
• définitiondesMGF;
• motifsculturels,économiquesetreligieuxdel'excision;
• conséquencesphysiques,psychiquesetsexuellesdesMGF;
• réponsesauxquestionslesplusfréquemmentposéessur
les MGF.
A part les formations initiales, dispensées dans les Insti-
tutions de Formation des Maîtres (IFM) et les formations
continues organisées par les CAP, il existe aussi les Com-
munautés d'Apprentissage (CA), une forme de formation
autonome et d'appui technique pour le personnel
enseignant, qui s'est montrée nécessaire à cause des inno-
vations méthodologiques. Les participants d'une CA sont
issus des écoles voisines, et lors des rencontres mensuelles
ils ont l'occasion de discuter et d'analyser des problèmes
thématiques et didactiques avec les conseillers pédago-
giques du CAP.
La mission d'évaluation en 2007 du MEN, du PNLE et du
PEB, a constaté que, dans les écoles visitées, les guides sont
appliqués et les fiches de leçons utilisées par le personnel
enseignant avec succès. Fort de ces résultats, l'enseigne-
ment des MGF figurait en 2008 dans le plan d'opération du
Programme d'Investissement du Secteur Educatif (PISE).
Facilitateurs d'un dialogue des générations à Dioro
6 7
Dialogue des générations
Afin d'impliquer les enfants et les jeunes non-scolarisés
et les familles des communautés proches des écoles d'inter-
vention, les CAP, dans la discussion autour des problèmes
de la pratique des MGF, ont instauré les dialogues des
générations, une approche innovatrice et prometteuse qui
a débuté en Guinée. Des hommes et des femmes de tous
âges parlent ensemble de leurs conceptions différentes des
rôles des deux sexes, de l'éducation, de la sexualité, des
valeurs et de la morale. Le dialogue des générations est
conçu comme un « atelier créatif » et comme une alterna-
tive aux campagnes de sensibilisation de type frontal sur
les MGF et le VIH. L'approche s'appuie sur les habitudes
culturelles et les pratiques quotidiennes des participants.
Ceux-ci commencent à rechercher les causes des compor-
tements traditionnels et à réfléchir sur les alternatives
possibles.
A partir de 2005, sous la coordination du CAP, les conseillers
pédagogiques, en étroite collaboration avec les animatrices
et animateurs responsables de la mobilisation sociale,
ont formé des personnalités, respectées et estimées dans
leur communauté, dans le but d'animer un dialogue entre
les membres des familles. A la fin de ce grand dialogue
« principal », les participants rentraient dans leurs foyers
respectifs dans les hameaux, les villages ou les quartiers
en ville. Sur place, ils continuaient les dialogues avec les
voisins. Ces « petits dialogues », ainsi qu'on les appelle,
étaient accompagnés par les facilitatrices et facilitateurs
du grand dialogue. Donc, une facilitatrice ou facilitateur
de dialogue devait aussi disposer de suffisamment d'engage-
ment et de charisme afin de pouvoir jouer un rôle de
conseiller.
A l'occasion des dialogues, les filles, les mères, les grand-
mères, ainsi que les jeunes hommes, les pères et les
grands-pères partagent tous ensemble leurs expériences
et leurs sentiments. Ils racontent leurs histoires de famille,
communiquent leurs désarrois personnels.
Les changements sociaux y jouent un grand rôle et dans
ce contexte les thèmes de VIH et des MGF sont impor-
tants. Des personnes ressources comme le personnel de
santé appuient les discussions grâce à leur expertise sur
les risques de santé associés aux MGF. Entre 2005 et 2009
des cycles de dia logues complets, comprenant un grand et
de nombreux petits dialogues, ont été organisés dans plus
de 80 communes. Les CAP formaient 192 facilitatrices et
facilitateurs, 960 participants prenaient part aux grands,
et environ 25.000 participants aux petits dialogues.
Une enquête effectuée quatre mois après les premiers
ateliers en a confirmé les effets positifs et montré que dans
40 familles de participants à l'atelier, la communication
entre les générations s'était renforcée en comparaison avec
le groupe témoin composé également de 40 familles. De
plus, la communication était empreinte d'un plus fort
intérêt mutuel et d'une plus grande ouverture d'esprit pour
les problèmes et besoins des autres membres de la famille.
Les thèmes traditionnellement tabous, tels que la morale
sexuelle et les rôles des deux sexes, étaient plus souvent
abordés.
Depuis 2006, les dialogues des générations ont été cofinan-
cés par Plan International et effectués en étroite coopéra-
tion avec PLAN Mali. Avec la fin du PEB ainsi que l'arrêt
des activités liées aux FGM, un travail de plaidoyer a été
mené auprès d'autres partenaires (Helvetas, PSI, Plan Inter-
national) pour une extension de l'approche. Mais faute
d'une assistance technique et de moyens financiers, ces
différents partenaires n'ont pas pu continuer avec l'initia-
tive et l'approche « dialogue des générations » n'a donc
pas été poursuivie au Mali.
8
Dates Activités Description
2003 Phase test Démarrage des formations sur plusieurs niveaux dans trois CAP dans la région Mopti
2004 Première version du guide
pédagogique
Elaboration d'une première version du guide pédagogique pour l'introduction des
notions des MGF dans les cours de la 5e et de la 6e année, sa multiplication et
diffusion aux écoles d'intervention
Formations continues Formation et recyclage de centaines d'enseignantes et enseignants, de directrices et
directeurs d'écoles, de conseillères et conseillers pédagogiques et de directrices et
directeurs CAP (inspectrices et inspecteurs) en
1. notions des MGF ;
2. techniques d'intégration ;
3. techniques de suivi de proximité.
Démarrage des dialogues des
générations
Organisation des dialogues des générations par les CAP pour les jeunes non-
scolarisés et les familles dans les communautés proches des écoles d'intervention
L'extension géographique de
l'approche
Le nombre d'établissements est augmenté dans 9 CAP de la région Mopti
2005 Résultats encourageants des suivis
et d'une enquête
Les missions de suivi du PNLE et du CNE et une enquête au niveau du personnel
enseignant, des élèves et des communautés constatent la connaissance des notions
et des concepts fondamentaux des MGF chez la grande majorité des enquêtés.
2006 Cofinancement par Plan Cofinancement des dialogues des générations par Plan International et mise en
œuvre en étroite coopération avec Plan Mali
Révision du guide Révision du guide, enrichissement des fiches de leçons par les actrices et acteurs de
l'éducation (conseillères et conseillers pédagogiques, enseignantes et enseignants).
Adoption et validation du guide par le CNE. Le guide s'inscrit depuis dans les
programmes officiels du MEN en vigueur (enseignement « nouveau curriculum » et
enseignement classique).
Extension Extension aux 48 nouvelles écoles dans les régions de Ségou et de Koulikoro
2007 Mission de suivi du MEN/CNE et
du PNLE
Constat de l'utilisation effective du guide dans les écoles visitées et de l'exploitation
des modèles de fiches de leçons par les enseignants dans les 116 écoles
d'intervention
Poursuite des dialogues des
générations
Organisation des dialogues des générations par les CAP pour les jeunes non-
scolarisés et les familles dans les communautés proches des écoles d'intervention
2008 Extension de l'enseignement
des MGF
Extension de l'enseignement des MGF aux classes de 3e et 4e année (appui par Plan),
traduction du guide en arabe et mise à disposition du guide révisé au CNE dans le but
de son intégration dans les programmes officiels
2009 Evaluation externe de la
composante MGF
Mise en évidence de la corrélation existant entre l'acquisition des compétences et le
changement de mentalité et de comportement
Les étapes de l'approche
8 9
4. Les résultatsLes évaluations internes de 2005 et de 2007, comprenant
des visites de classes, l'examen des outils pédagogiques,
le guide et les formulaires d'évaluation, et des entretiens
avec les acteurs et les cibles de l'approche, ont conclu des
résultats positifs. Au début, les enseignants hésitaient à
aborder les thèmes de la sexualité, de la santé reproductive
et des MGF devant leur classe. Mais avec la routine, ils
ont surmonté leur gêne, et ces thèmes sont devenus des
contenus « normaux » des cours. Les élèves se montrent
ouverts et intéressés. Une évaluation externe de l'approche
en 2009, qui a pris en compte également les impacts des
dialogues des générations, confirmait les résultats très
positifs.
Si en 2003/04, lors de la phase pilote, seuls trois CAP dans
une région avaient introduit dans les classes des écoles
sélec tionnées les notions des MGF, l'enseignement des
MGF intéressait 13 CAP dans trois régions à la fin du projet
en 2009. Les notions de MGF étaient intégrées dans les
disciplines d'accueil enseignées dans les classes de la 3e à
la 6e année de 116 écoles.
« L'impact des activités est impressionnant si on le mesure à la brève durée d'existence du volet.
Des visites d'écoles d'intégration ont montré que les élèves sont intéressés, qu'ils connaissent les
conséquences médicales néfastes de l'excision et que la majorité d'entre eux déclarent ne pas vouloir
exciser leurs filles plus tard. La formation du personnel enseignant et de supervision sur le thème
de l'excision a provoqué un revirement total des attitudes au profit de l'abandon de l'excision. Les
enseignant(e)s sont des personnes de référence dans la communauté et peuvent être des vecteurs
importants de communication et de sensibilisation. Ils / Elles maîtrisent les techniques d'intégration
et la pédagogie active, ce qui contribue beaucoup à la qualité de l'enseignement sur le thème de
l'excision et à une atmosphère détendue d'apprentissage.
La conduite de dialogues des générations dans les villages où sont situées les écoles d'intégration
produit l'effet de synergie visé : les parents ne posent aucun problème de résistance ou de refus.
Il ne fait aucun doute que le choix de toucher la jeune génération pour rompre le tabou sur l'excision
s'avère efficace (…) Dans les villages ayant pratiqué le dialogue des générations, la population a
une meilleure connaissance des désavantages (71 %) de l'excision que la population témoin (17 %)
et affirme que des familles ont déjà abandonné la pratique de l'excision dans la communauté.
Dans certaines localités, on a interdit aux exciseuses d'entrer dans le village. Des exciseuses ont
elles-mêmes déposé les couteaux après la tenue d'un grand dialogue des générations. Même si
les religieux ont tendance à rester sur des positions conservatrices et si la démultiplication au
niveau des petits dialogues présente des faiblesses, on assiste aux premières initiatives prises par
la population. »
Cécé/Diallo 2009 : 5–6
10
En conséquence des évènements après le coup d'état
en mars 2012 au Mali, la coopération allemande au
développement a arrêté ses interventions techniques.
Par contre, les expériences de la GIZ sont importantes
et précieuses en vue de leur utilisation dans d'autres
contextes.
Les éléments clés et les facteurs de réussite
L'approche : L'approche binaire, par les actions simultanées
au niveau de l'école et de la communauté, est un facteur
déterminant de réussite. L'intégration du thème des MGF
dans l'éducation scolaire et extrascolaire apparaît judicieuse
parce qu'elle permet de produire un plus large impact que
chaque intervention d'elle-même. Elle renforce la position
des jeunes, leur fournit des informations et leur offre ainsi
la possibilité de se forger une opinion et de prendre des
décisions pour eux-mêmes et pour leur vie future, leur
famille et leurs enfants.
La GIZ au Mali : Le volet était une composante d'un projet
d'éducation, ce qui a influencé positivement le choix des
stratégies et des méthodes pédagogiques appropriées. Le
personnel du projet avait une formation et une grande
expérience pédagogique.
Les partenaires maliens : La qualité des formations et le
renforcement des capacités des partenaires (de l'éducation
et issus des communautés) sont des conditions de base
pour la pérennisation de l'impact.
L'enseignement en langues nationales et l'application
des méthodes et techniques actives d'apprentissage : Une
innovation du PRODEC, l'expérience au Mali a démontré
que la communication dans leur langue maternelle libère
les enfants et les méthodes interactives les entrainent à
s'approprier d'eux-mêmes des nouvelles connaissances et
compétences. Ils apprennent mieux et s'expriment plus
facilement et sont encouragés de partager ce qu'ils ont
entendu et appris avec leurs amis et leurs familles, notam-
ment quand il s'agit de sujets normalement tabouisés,
comme la sexualité et les MGF. Dans quelques-unes des
116 écoles d'intervention, l'enseignement était dispensé
dans les langues fulfuldé, dogon et bamana, dans 15 écoles
(madrassas) en langue arabe.
Des outils appropriés : Le guide pédagogique qui a été
développé en 2004 pour intégrer la notion de MGF dans
les disciplines d'accueil a été adopté en 2006 par le MEN et
intégré officiellement dans les programmes nationaux des
écoles nationales. En dépit des particularités que peut avoir
le système éducatif de chaque pays, il apparaît possible de
reproduire l'approche décrite dans d'autres régions du
Mali et dans d'autres pays d'Afrique. Le guide pédagogique,
les supports pédagogiques et d'autres documents sont
disponibles et peuvent être adaptés aux besoins spécifi ques
de chaque région ou pays. En principe, l'approche peut
être étendue à tous les types d'écoles. Il a déjà été proposé
de tenir compte des écoles professionnelles.
Un contexte national favorable : Le fait de la contribution
active à la mise en œuvre de l'approche, de son adoption
et de son intégration dans les programmes nationaux, a
confirmé l'intérêt du MEN et sa volonté politique de
s'engager en faveur de la lutte contre les MGF. En 2009,
le MEN était intéressé à une poursuite et à une extension
des activités. Le guide pédagogique intègre le thème des
MGF de façon obligatoire dans l'enseignement scolaire.
Les CAP et les enseignants formés sont des acteurs
constants, qui peuvent assurer durablement le transfert
des connaissances.
5. Les leçons apprises
10 11
Les défis et risques
La médicalisation : La pratique des MGF est perçue
comme un moyen de conserver des traditions culturelles,
de remplir des obligations religieuses ou de contrôler la
sexualité féminine. Dans les régions où presque toutes les
femmes sont excisées, les sanctions sociales exercent une
forte pression sur les familles, les contraignant à perpétuer
cette pratique. Les exciseuses sont généralement des
femmes de la caste des forgerons, mais parfois aussi des
sages-femmes traditionnelles. Mais depuis quelque temps,
un nombre croissant de parents, en particulier dans les
villes, font appel à du personnel médical. Si cette prétendue
« médicalisation » des MGF peut contribuer à réduire
certains risques à court terme, elle ne peut ni empêcher
les complications à long terme, ni occulter le fait que les
MGF sont une violation des droits humains. La pratique des
excisions a été officiellement interdite aux membres du
corps médical dans une lettre circulaire qui leur a été
adressée en 1999. Cependant, certains d'entre eux continuent
de pratiquer les excisions hors des établissements de santé.
La stabilité politique : La détérioration des droits humains
après le coup d'état fin Mars 2012 et surtout la montée
en puissance des forces islamistes sont des facteurs
défavorables à la progression de l'abandon des MGF au
Mali. Comme il est reconnu dans le cadre global de la
coopération allemande pour le développement, la fragilité
des structures étatiques et l'instabilité politique peuvent
rendre difficile à mettre en œuvre des actions concrètes
même si les conseils techniques et des mesures sont à la
fois bien conçus et mis en œuvre efficacement.
Les recommandations
Pour qu'un discours social sur les MGF se montre efficace
et que les changements de comportement se découlent au
sein de la population, un effort permanent est nécessaire
ainsi que des interventions régulières de la part du MEN,
des CAP et des organisations de coopération au développe-
ment. Mais compte tenu de la position radicale des organi-
sations islamiques avec à leur tête le Haut Conseil Islamique
du Mali (HCIM), les activités en faveur de l'abandon des
MGF ont plus de chance de réussite au niveau local et
provincial. Une reprise éventuelle des activités en faveur
de l'abandon devrait essentiellement être orientée vers
les acteurs à ces niveaux, tout en accordant une grande
importance à l'influence des structures provinciales
(académies d'enseignement, directions régionales de la
promotion de l'enfant et de la femme) et au dialogue au
sein des communautés religieuses locales sur les droits
humains. Néanmoins une reprise des activités n'est
souhaitable que si le pays reviendra à une situation de
stabilité, même relative.
12
6. Sources d´information et bibliographieCécé, Béatrice et Diallo, Mamadou Oury (2009) : Evaluation
du volet « Surmonter les mutilations génitales féminines
(MGF) » au sein du Projet Education de Base de la GTZ.
EDSM-III (2001) : Enquête démographique et de santé,
Mali.
EDSM-IV (2006) : Enquête démographique et de santé, Mali.
GTZ (2008) : Dialogue des générations, Guide de modéra-
tion des dialogues.
OMS (2013) : Fact Sheet No. 241. http://www.who.int/
mediacentre/factsheets/fs241/en/ [en anglais].
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Sanakoua, Aminata et Zono, Abdoullaye (2004, révisé
en 2008) : Guide pédagogique des enseignants pour
l'intégration des notions de mutilations génitales
féminines (MGF) dans les activités d'apprentissage à
l'école fondamentale.
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Editeur
Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH
Sièges de la société : Bonn et Eschborn, Allemagne
Projet suprarégional « Abandon des Mutilations Génitales Féminines » OE 1200 Afrique suprarégionale Eschborn, Allemagne
fgm@giz.de www.giz.de/fgm
ResponsableDr. Gabriele Gahngabriele.gahn@giz.de
Auteur Inge von der Ley
Mise en pageEYES-OPEN, Berlin
La GIZ est responsable de cette publication.
Mandaté parMinistère fédéral de la Coopération économique et du Développement (BMZ)
Divisions 300 Politique régionale de développement Afrique 302 Afrique de l'Ouest I
Adresses des bureaux du BMZ
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Photos Jörg Böthling, Andrea Frischholz, Thomas Imo/photothek.net, oversnap – iStockphoto.com, Abdoulaye Zono
Publié Octobre 2013
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