justine juliette de ssade - tabou editions
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Justine & JulietteJustine & Juliettede Sadede Sade
Raulo Caceres
Justine et Juliettede Sade
Adaptation en bande dessinée de
RaúloCáceresTraduction française de Manon des Gryeux
Scénario et dessins de Raúlo Cáceres, traduction de Manon des Gryeux..
© 2013 Tabou Éditions, pour l’édition française.
Édité par les Éditions Tabou, 58 rue du Chenet, 91490 Milly-la-Forêt, Francewww.tabou-editions.com
Une collection dirigée par Thierry Play • PREMIÈRE ÉDITION • 1.2500.H.01/13
« Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement del’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite. Il en est de même pour la traduction, l’adaptation ou la transformation, l’arrangement ou la reproduction par un art ouun procédé quelconque. » (Art. L.122-4 du Code de la Propriété intellectuelle)Aux termes de l’article L.122-5, seules « les copies strictement réservées à l’usage privé ducopiste et non destinées à une utilisation collective » et, sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l’auteur et la source, les analyses et les courtes citationsdans un but d’exemple et d’illustration, sont autorisées.La diffusion sur Internet, gratuite ou payante, sans le consentement de l’auteur est de cefait interdite.
TABOU Éditions est une marque éditoriale des Éditions de L’Éveil • Imprimé et relié par Qualibris, France • Dépôt légal : janvier 2013 • ISBN : 978-2-35954-057-4
Justine et Juliette est l'adaptation en bandes dessinées d’oeuvres
du Marquis de Sade parues clandestinement en plusieurs versions :
La nouvelle Justine ou les Malheurs de la vertu et
L’Histoire de Juliette, sa soeur, ou les Prospérités du vice.
L'auteur a fait le choix d'utiliser Juliette pour narrer les
deux récits alternativement comme pour présenter un
ensemble logique de la vie des deux sœurs.
Inédite, cette version des écrits du Marquis de Sade
présente en 28 épisodes l'intégralité de mon interprétation.
Parmi les 28 épisodes, les 5 premiers ont été publiés en
Espagne par le magazine Wet Fetish, et les épisodes 6 à 16
par Wetcomix (deux magazines des éditions Megamultimedia).
Trouvant les récits trop choquants, Megamultimedia décida
de cesser la publication qu'elle jugeait inadaptée au contenu
de ses médias à la pornographie conventionnelle. Ainsi, cet
album est le premier recueil intégral de cette série sulfureuse.
Raúlo Cáceres
Peux-tu m’expliquer ce que nous faisons
ici mon cher ?Ne devait-on pas aller à Lyon ?
En vérité, le juge Dubreuila été assassinépar une fille.
Je veux entendre sa version des faits
C,a ne prendra qu’uninstant. C’est important.
C’est ici.
Orphelines ?Ta soeur et
toi ?
Et tu dis que C,a
s’est passé il y a quinze ans,
à Paris ?
Oui, madame,
je vous lejure.
Et ta soeur aînée s’appelaitJuliette, n’est-il
pas vrai ?
En effet !Vous la
connaissez ?
Oh, Justine… Ma chère Justine ! Je suis ta soeur
Juliette !
Justine, ma chérie, dès que ton procèssera fini, je te sortirai d’ici.
Juliette ! Que je suisheureuse.
Grâce à Dieu,je peux enfinte revoir !
Oui, madame.
Tu seraisdonc
Justine ?
Quelle félicité quede te re-trouver !
Le crime dont on t’accuse est très grave.
Mais il n’y a pas de jugement sans plaidoirie.
Bien, presse-toi, cet endroit empeste !
Merci monsieur. Je suis innocente. Ma situation présente est une des plus horri-bles que j’ai connues depuis des années.
Et tout C,a, pour
n’avoir suivique les
sentiers dela vertu.
Depuis la mort de mes
parents, à Paris,il y a presque quinzeans, ma soeur et moi,
nous sommes orphelines.
3
Prison de Grenoble,en France.
regarde-la. elle va mieux.
sa peau a retrouvé sa fraîcheur et Sabeauté illumine.
Tout cela grâce à toi homme-chéri. Je te suis si reconnaissante ! Oui Juliette,
mais la tristesseest toujours là.
On ne doit pass’en étonner.
Justine a telle-ment souffert.
Une vie tellement dure,qu’elle préfère ne pas en parler.
Peut-être veut-elleoublier ?
Son passéreste aussiobscur pour
moi, que le tien.Tu ne m’as ja-
mais dit…
…comment tu étais parve-nue à une telle
position sociale.
Il est vrai que j’évite lesujet, mais je t’assureque ce n’est pas parmanque de confiance,mais par tact. J’atten-
dais le moment favorable.
Cette nuit seracelle du grand
dilemme qui illustranos vies.
Je te parlerai descontradictions du destin, de ceux quiobéissent aux lois
divines, dont le cheminest semé de ronces
et d’épines.
…Tandis que ceux qui désobéissentmarchent sur un parterre de roses.
Et le moment est arrivé. Hier, Justine m’araconté ce qu’elle
prétendait avoir oublié.
Le même point dedépart, mais deux
chemins différents,deux vies parallèles.
Le Bien, cela va sans dire, s’apprécie d’autantmieux qu’il est
face au Mal.
4
Adaptation de Raúlo Cáceres d’après“Justine ou les malheurs de la vertu”et “ Juliette ou la prospérité du vice”.
deDonatien AlphonseMarquis de Sade
Episode
I
Ma soeur et moi fûmes éduquées à l’abbaye de
Panthémont. Une institutionqui abrite les jeunes fillesde France les plus belleset les plus immorales.
Mais le destin est capricieux : deux soeurs
de mêmes parents, élevéessous le même toit et cepen-dant aussi dissemblablesque le jour et la nuit.
Panthémontétait un lieude déprava-tion et mêmesi Justineréussit à y rester
vertueuse,je dois
confesserque moi, jen’y parvenais
point.
Ah, voici la belle laurette ! Quelle beauté !
Petitesoeur… oui ?
Moi, Juliette j’étaisl’aînée et malgré mon
âge, déjà adulte,joyeuse, hautaine, frivole, le regard
peu farouche.
Justine, plus jeune,était mélancolique.aussi belle, maisdouce, délicate,humble et fortscrupuleuse
Bon-jour.
J’entrais précocement dans le mondede la luxure. Comme on manquaitd’hommes au couvent, j’initiais mes
compagnes aux rites de Lesbos. seule laurette refusait de se laisser séduire.
Oh, Juliette ! Ne dis pas ces
choses-là, c’estimmoral !
Je te regarde et je te désire de toutmon être… Je me damnerais pour
tes seins…
laurette, j’ai eu beau-coup d’expériencessolitaires que
j’aimerais te faire partager.
Un jour, la mère Supérieure, aucourant de mes frasques, me fit ap-peler dans son bureau. Inquiète,
j’attendais la punition.
Entre, Juliette.
Ferme la portemon petit.
N’aie pas peur
Depuis ton arrivée, j’ai toujours eu envie de te connaître.
Tu es agréable et intelligente à en juger par tes
notes.
Mais tu ne dois pas te
dévergonder.Je te
l’interdis.
5
Regarde qui vient.
N’aie pashonte, la modestiene sert à rien. La nature
nous a crééesavec nos
attributs et nos désirs.
Il est impossibleque nousen éprou-vions lamoindrehonte.
Ne vous méprenez pas, j’ai justement trop de désirs,
madame.
Quelle fille peutcontempler son
corps sans éprouver l’envie de perdre sa virginité ?
Parfait, parfait,
il te tarde d’être
déflorée !
Nous allons donc te
satisfaire !
Je peux te donner des plaisirs insouP-C,onnés, et n’aie crainte tu seras aussivierge que le jour deta naissance grâce àmes potions magiques.Voici comment
rester viergejusqu’au mariage.
Les fraNC,ais sont sourcilleux quant à lavertu de leur épouse : une mentalité de putaindans un corps de vierge.
Mais laissons cela ! Prépare-toi !
Comme un fer rougi au feu, l’objetme pénétra. La douleur me trans-peRC,ait, tandis qu’une odeur de chaircalcinée se répandait dans la pièce.
À l’instant précis où le voile sacréde la virginité se déchirait, un cri aigusortit de mes lèvres et une onde de plaisir parcourut mon corps.
Je te dois une faveur ! Choisis une des jeunes fillesde ce couvent, cellequi te plaît le plus, eton la déflore cette
nuit même !
Voilà ! à ton tour de me rendre un plaisir aussi fort, ma belle !
laurette,je veux que ce soit laurette.
Mais où sommes-nous ?
Dans les souterrains,là où on
enterre les religieuses qui ont failli
à leurs devoirs. Allons, on nous attend !
6
Oh, regarde Juliette ! Ils ont
commencé à s’enivrer.J’espère que le banquetn’est pas fini. J’ai envie deme gorger de vin et de
nourriture.
Quel discours ! ParLucifer, rien qu’à lesécouter, mon membreraidi écume déjà.
Quel dommage !Dieu sait depuis com-bien de temps je n’ai
avalé si belle couleuvre !
Tu as vu combienla pauvre lauretteÀ l’air effrayé !Ce n’est pasétonnant !
Quel genred’exactionscommet-ondans cessouter-rains ?
Des crimes !
Des entrailles de la terre, dans le silencedes morts enterrés là,
nous donnerons l’exempleet vous imiterez notre fAC,On de servir ces crimes affreux.
Comme dirait notre bon père,
grâce à dieu, lauretten’a subi qu’une seuleattaque de viol et ses
sentiers sont siétroits…
On nous dit que cette Lucrècenous fait l’honneur de sonignorance des mystères masculins ? contem plez
la résurrection de la chair, ma belle !
On ne saurait rêver
plus belle sépul-ture pour logerun pénis nouvelle-ment embaumé.
étroits ? Tu dis que ses sentierssont étroits, alors qu’on a
l’impression de pénétrer dans une cathédrale ? Je n’ai jamais vu uncon aussi large, aussi long et
aussi profond !
Et son anus a plus detrois poucesde circonfé-
rence !
Ce dernier était leconfesseur des jeunespensionnaires de l’ab -baye de Panthémont.
Vous me parlez d’océanmais je n’aiqu’une petite
barque à offrir.Et vous ne me ferez pas croire que…
…vos vaisseaux sont si gros ! Nous ne sommes pas là pour nous
insulter de toutes fAC,ons ! Si nous commencions ?
Le Supérieurde l’abbaye dePanthémont
était un hommed’une cinquan-taine d’années.
7
Calmez-vous mon père ! Accor-dez-moi le temps nécessaire pour
préparer la machinede guerre et pourposer quelques
questions.
Mes amis,l’éducationest primor-diale.
Pensez à l’oreille : saforme, sa place. On nesaurait en jouir. Aucunlibertin n’a pu direqu’il avait défloré
une oreille !
Les monarques et les dé-vots à travers l’histoire sesont toujours opposés à laliberté sexuelle. Il est sifacile d’opprimer quand lepeuple souffre déjà de
répression.
Représentez-voustout ce que la débauche peut dicter à des scélérats !
La nature n’a rien à faire d’une
fornication acous-tique. Par contre la nature a vouluqu’on jouisse
d’un cul et d’unebouche, bien plus
accessibles.
Nous devons ignorer les principes qui nous rendent esclaves de lahonte et de la répression. Ils sont con- tre nature.
Dissipons les infâmes préceptes
religieux qui troublent nos
désirs.
Voici mon conseil : possédez, jouissez, glorifiez-vous du nom de putain. Le mondeaime les putains, parce qu’elless’intéressent moins à leur proprefélicité qu’à l’amour du prochain.
à présent de tousvos organes en feu,
foutez-moi ! Ah, foutre !Foutre !
Une putain
honore
la nature. La chasteté
est une erreur. Nous
n’avons aucun respect
pour la chasteté et
pour la philo
sophie qui
prétend que la chasteté
est seule vertueuse. Je
crache sur ces idées !
Je le
s condamne !
Foutre !
Chaque fois que
je répète ce mot
merveilleux,
j’enflamme les
vagues lentes de
l’orgasme qui
m’inonde.
8
Voilà, cette filleest à toicomme promis.
Vous ne savez pascombien jevous suis re-connaissantema mère.
Merveilleux ! La frayeur danstes yeux m’ex-cite plus quen’importe quelregard aimant.
S’il vous plaîtJuliette, ayezpitié ! Je feraice que vous me direz.
Mon père, que me suggé-rez-vous ?
Ton intérêtest de m’obéir
en touspoints !
Quelle impa-tience Juliette !Tu risques de tepriver de beau-coup de plaisirsen précipitantles choses.
Un petit jeu !Nous allons
coucher la fillesur la table et lui attacherles membres.
Impré-gnons son clitorisde vin, et
améliorons-en ainsi la saveur.
Un à un, tous commenc,aientà lécher avec ravissement.Des langues enflamméespar la luxure passaientsur tout son corps.
Ils s’attardaient autour du nombril,goûtaient le doux muguet de sa vulve sacrée,
les ecclésiastiquesappréciant
enfin l’opportunitéd’introduire leurs verges monstrueuses
entre nos fesses.
Ajoutes-y le flot de ta liqueur dorée,
Juliette !
Inondez-moi despreuvesde votredélire !
Ouiii !!! Preneztout.
Avec joie, très chère !
9
Je pris une gorgée âpre du précieux breuvage et tandis que coulait le baume acide le long de ma gorge, je me sentais dominée par l’envie
d’aller au bout de mes goûts les plus luxurieux.
Suffocant de désir, je sautaissur la table et déflorais fu-rieusement laurette ; ma vergeartificielle dans son vagin ouvert.
Par la verge du Tout-Puissant, je n’en peux plus !Ouvre ton vagin, que j’y enfoncecet appareil au plus
profond !
Quelssont cescris ?!
Dieu du ciel ! Que se
passe-t-il ici ?
Nonnnnn !
ohh !ohh !
Je suis sûre que c’est la
justice de Dieuqui condamnenotre lascivité.
10
Éditeur sans interdit 9 782359 540574 www.tabou-editions.com25 € — pour public avertiISBN 978-2-35954-057-4
Brune, une belle taille, des yeuxd’une singulière expression ;
un peu méchante, aucuns prin-cipes, ne croyant de mal à rien, etcependant pas assez de déprava-tion dans le cœur, pour en avoiréteint la sensibilité ; orgueilleuse,libertine ; telle était Juliette.Justine, plus jeune qu’elle de troisans, était d’un caractère sombre etmélancolique, qui lui /t bienmieux sentir toute l’horreur de sasituation. Douée d’une tendresse,d’une sensibilité surprenante, aulieu de l’art et de la /nesse de sasoeur, elle n’avait qu’une ingénuité,une candeur qui devaient la fairetomber dans bien des pièges. Cettejeune /lle à tant de qualités joi-gnait une physionomie douce, ab-solument di.érente de celle dontla nature avait embelli Juliette ; au-tant on voyait d’arti/ce, de ma-nège, de coquetterie dans les traitsde l’une, autant où admirait de pu-deur, de décence et de timiditédans l’autre; un air de Vierge, degrands yeux bleus, pleins d’âme etd’intérêt, une peau éblouissante,une taille souple et 0exible, un or-gane touchant, des dents d’ivoireet les plus beaux cheveux blonds,voilà l’esquisse de cette cadettecharmante… »
L’une destinée au Vice, l’autre à laVertu, elle se /rent un éterneladieu, et toute deux se quittèrent.
Ce livre est leurs aventures et leurdestinée…
La Vertu, quelque belle qu’elle soit, devient pourtant le plusmauvais parti qu’on puisse prendre quand elle se trouve tropfaible pour lutter contre le Vice, et que dans un siècle entiè-rement corrompu, le plus sûr est de faire comme les autres.
Donatien Alphonse François, Marquis de Sade, Justine ou les malheurs de la Vertu, 1790
«
Verion adaptée à la bande dessinée de
Justine ou les malheurs de la VertuJuliette ou la prospérié du ViceDeux grands classiques de Sade
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