la machine a démonter le temps et l'espace 005 — preview
Post on 24-Jul-2016
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Ce n'est plus tous les jours que l'on peut voir un
Jess Franco sur grand écran. Aussi, la pro-
jection, dans le cadre du «Lausanne under-
ground film & music festival» de cette année
de «Lettres d'amour d'une nonne portugaise»
est assurément une bonne occasion pour repar-
ler de l'oeuvre du génial réalisateur espagnol.
En particulier de ses derniers coups d'éclat, car
il est indubitablement rare, pour ne pas dire
unique, dans l'histoire du septième art, que,
jusqu'à son décès, à un âge aussi avancé que
huitante-deux ans, un auteur arrive encore non
seulement à tourner pareille quantité de films
mais surtout, réussisse à énerver tant de cuistres
et à choquer tant de niais conventionnels.
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Depuis un bout de temps déjà, je ne vous
cassais plus les pieds à vous vanter les mérites
des films de Jess Franco... faut dire aussi que,
grâce (?) au dvd et à l'internet, un nombre sans
cesse plus considérable de sinistres petits mer-
deux se plaisent à écrire n'importe quoi sur lui
et sur son cinéma, ressassant inlassablement les
mêmes vieux lieux communs tout moisis ou
alors, en inventent de nouveaux, pas moins
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pathétiques et insignifiants, afin de dénigrer
une oeuvre qu’ils ne pourront de toute façon
jamais entraver, au vu de son immense richesse
et de sa complexité !
Du coup, j'avais très très moyennement envie
de me retrouver enclavé, même malgré moi,
dans cette masse infâme de bloggeurs déplai-
sants (toujours Brassens : «Parmi les cris des
loups on n'entend pas le mien» !). Surtout que,
d'un autre côté, je dois hélas l'avouer, outre les
sempiternels mêmes titres, déjà vus cent fois,
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que j'avais évidemment récupérés sur support
numérique lors de leur énième ressortie («Justi-
ne», «Névrose», «La comtesse noire» — par
ailleurs assez géniaux mais bon, pas très stimu-
lants quant à la mise en place de nouvelles élu-
cubrations... et j'exècre tout particulièrement la
redite, que ce soit dans ma vie ou mes écrits !),
les dernières tentatives du maître, après l'excel-
lent «Tender flesh» (vivement élogié dans l'en-
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cadré pages suivantes), m'avaient laissé pas-
sablement dubitatif pour ne pas dire franche-
ment déçu : faute en est, principalement, à des
versions hispano-ricaines carrément inaudibles,
à une photographie vidéo révulsante et au phy-
sique d'actrices plus nécessairement à mon goût
(désolé, Lina !!).
De même, la poignée d'anciens Franco que j'ai
pu découvrir récemment, à part «Las chicas de
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Entre mille neuf cent nonante-sept et nonante-
neuf, «Draculina», éditeur américain spécialisé
dans les hybrides entre revue de cinéma
d'horreur et érotisme soft pour adolescents que
ça démange (l'éponyme «Draculina», «Scream
queens illustrated», etc.) publia quatre «photo
comics». Des hybrides, cette fois, entre les «fo-
tostorie» italiennes des sixties (comme «Kil-
ling» — «Satanik» en français — ou toute la
série des «Star ciné» quelque chose) et, par leur
mise en page volontiers éclatée, la BD super-
héroïque. Une idée évidemment déjà très sym-
pathique à la base, surtout à cette époque où les
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seuls romans-photos que l'on risquait de pou-
voir lire se trouvaient dans les pages de revues
aussi passionnantes que «Nous deux», mais
magnifiée par le fait que, parmi la poignée de
fascicules édités, trois étaient des adaptations
des premières productions «One shot» de Jess
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Franco. Et force m'est de reconnaître que je
préfère grandement les versions papier de
«Lust for Frankenstein» et «Mari-Cookie and
the killer tarantula» que lesdits films dont elles
ont été tirées.
Ici, pas d'accents incompréhensibles, le sens de
l'humour si particulier du petit Jesus, qui peut
s'avérer tour à tour aussi subtil, cultivé que
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Reproche-t-on à un auteur d'Art Brut de
dessiner ses automobiles comme des boîtes de
conserve usagées ou de ne pas respecter à la
lettre les conventions en matière de pro-
portions, du moment que son langage lui est
propre et expressif ? Eh bien ! ici, c'est exacte-
ment la même chose !
Du coup, ne comptez pas sur moi pour tenter
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d'excuser les éventuelles «faiblesses» de ce
«Paula-Paula» en recourant laborieusement à
un discours pseudo-auteurisant...
Ne vous attendez pas non plus à ce que je vous
affirme, comme tous les chroniqueurs que j'ai
pu lire sur le net, qu'à l'origine de cet antépé-
nultième bras d'honneur du petit Jesus (les deux
parties de «La cripta de las condenadas» bien
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que sorties après, ont en fait été réalisées avant,
puisqu'il s'agit, si je ne m'abuse — comme le
docteur du même nom — d'une refonte du pré-
cédent «La cripta de las mujeres malditas»,
demeuré invisible), donc qu'à l'origine de ce
«Paula-Paula», il y a un CD, reçu par Franco,
contenant des enregistrements inédits de Fried-
rich Gulda et que c'est assurément ce qu'il y a
de meilleur (ou de moins pire, suivant les avis)
de tout le métrage...
N'imaginez même pas non plus un seul instant
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A l'instar des derniers films de Franco, «A
ritmo de Jess» est un objet singulier. Pas vrai-
ment un documentaire (en cela qu'à aucun mo-
ment il ne semble refléter la moindre opinion
de son «auteur», Naxo Fiol, sur quelque sujet
que ce soit) ni même un making of (dans le
sens habituel de publireportage lisse comme
aiment à en produire les grands studios). En
fait, le métrage se contente de suivre, durant
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une dizaine de jours, sans autre tentative d'or-
ganisation qu'un découpage en autant de cha-
pitres, le chaotique tournage d'«Al Pereira vs.
the alligator ladies», ultime oeuvre achevée de
son vivant par Jess Franco.
Et autant dire que c(e n)'est (pas) triste !
Très vite, le grand retour d'Antonio Mayans
(acteur récurrent dans toute la production fran-
quienne des eighties, qui avait disparu après
«Downtown heat» — pour ne réapparaître briè-
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vement qu'à l'occasion de «Snakewoman», en
deux mille cinq), dont n'importe quel fan aurait
normalement été en droit de se réjouir, semble
au contraire nuire au projet. Puisque le bon-
homme, ici aussi au poste de directeur de pro-
duction, loin de fournir à Jess la complicité
dont il aurait pu avoir besoin après le décès de
Lina Romay et encore moins de lui assurer la
liberté dont il avait pu bénéficier sur «Paula-
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ARBEITEN 1959 - 2010, par Peter Brötzmann
Peter Brötzmann n'est pas seulement l'immense
musicien que beaucoup trop ignorent encore. Il
est aussi un intéressant plasticien, à l'oeuvre
singulière, développée dans une sorte de pé-
nombre féconde depuis plus de quarante-cinq
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ans : affiches de concerts, pochettes de disques,
gouache, crayon, nescafé, paysages, objets.
Presque jamais exposé jusqu'au début des an-
nées deux mille, son travail a été recueilli
depuis dans divers livres et catalogues, dont ce
«Arbeiten 1959 - 2010» édité à l'occasion d'une
personnelle à la galerie «Epikur» de Wuppertal,
sa ville d'adoption.
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Je pense être assez content de ma carrière. C'est une
étrange carrière. J'ai toujours été un indépendant — un
outsider, si vous préférez. Mais je peux vous affirmer
une chose : peut-être bien que je n'ai pas toujours eu
assez d'argent pour boucler correctement mes films ;
mais j'ai toujours choisi mes sujets. Je les ai toujours
fait de la façon que je voulais. Et lorsque les gens ont
tenté de m'obliger à faire les choses à leur manière, je
ne l'ai pas fait. Ainsi je sais que ma carrière a eu ses
moments forts (à part ici en Espagne où je n'ai jamais
été populaire), par exemple, souvent, j'avais quatre à
cinq longs métrages qui passaient en même temps en
Allemagne, France, Italie ou même en Angleterre et
aux Etats-Unis. Et cela me suffit, vous savez. Et sin-
cèrement, aussi longtemps que je pourrai continuer à
réaliser des films de la façon qui me plaît... tout ira
bien.
Jess Franco 1930 - 2013
La machine à démonter le temps et l'espace est éditée par «Les éditions de la saucisse et du saucisson» et paraît dix fois par année. Numéro 5, novembre 2015 Tous les textes sont de Stéphane Venanzi. Quant aux photos, qui demeurent la propriété exclusive de leurs ayant-droits, elles sont reproduites ici uniquement à titre d'exemple. Abonnement pour 1 année (10 numéros) : 20 francs suisses à verser sur le CCP 87-190546-6 au nom de Stéphane Venanzi.
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