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KÜNZLER Daniel
Sociologue de l’Université de Zurich, Suisse
08 B.P. 1117 TRI POSTAL
COTONOU
République du Bénin
Tél. (00229) 48 10 64
Email daniel.kuenzler@gmx.net
TASSOU Zakari
Agro-économiste du LARES
08 B.P. 0592 TRI POSTAL
COTONOU
République du Bénin
Tél. (00229) 30 52 40
Fax : (00229) 30 52 41
Email lares@intnet.bj
La promotion
de l’agriculture au Bénin :
place et rôle des CPR
Rapport d’enquête
Version Provisoire
Cotonou, décembre 2004
Les travaux de terrain de cette étude ont été financés par :
La Direction du Développement et de la Coopération (DDC) de la Suisse.
2
Tables des matières
Tables des matières .................................................................................................................... 2
Table des tableaux ...................................................................................................................... 2
Préambule ................................................................................................................................... 3
1. Introduction ............................................................................................................................ 4
2. Méthodologie ......................................................................................................................... 5
3. Les Centres de Promotion Rurale (CPR) ............................................................................... 9
3.1 Création, cible et buts ....................................................................................................... 9
3.2 Le CPR, un outil de promotion agricole .......................................................................... 9
3.3 Une nouvelle approche: les CPR dans les départements de l’Ouémé et du Plateau ...... 16
3.4 Etat des lieux des CPR ................................................................................................... 17
4. Présentation des résultats d’enquête auprès d’un échantillon de JAM des CPR d’Ina, de
Guinagourou et de Padé ........................................................................................................... 18
4.1 Condition de recrutement ............................................................................................... 18
4.2 Conditions d’installation ................................................................................................ 20
4.3 Impact des JAM ............................................................................................................. 21
4.4 Contraintes d’une bonne politique des JAM .................................................................. 24
5. Perspectives des CPR ........................................................................................................... 25
5.1 Situation actuelle ............................................................................................................ 25
5.2 Scénario I : Auto-financement ....................................................................................... 26
5.3 Scénario II : Financement par des structures étatiques au niveau local et par les OP ... 27
5.4 Scénario III: Scénario intermédiaire............................................................................... 27
6. Conclusions et recommandations ......................................................................................... 28
6.1 Conclusions .................................................................................................................... 28
6.2 Recommandations .......................................................................................................... 29
References ................................................................................................................................ 31
Table des tableaux
Tableau 1 : Présentation des villages et de l’échantillon d’enquête ........................................... 8
Tableau 2 : Situation des CPR fin 1992 ................................................................................... 10
Tableau 3 : Effectifs des installations dans la Donga et l’Atacora (1995) ............................... 11
Tableau 4 : Situation des crédits dans la Donga et l’Atacora (1995) ....................................... 11
Tableau 5 : Remboursemens des crédits du CPR à Tchétou .................................................... 12
Tableau 6 : Effectifs des CPR dans la Donga et l’Atacora (2003-2004) ................................. 13
Tableau 7 : Subventions du PISEA aux CPR entre 1998 et 2001 ............................................ 14
Tableau 8 : L’état des lieux des CPR enquêtés ........................................................................ 15
Tableau 9 : Eléments du cadre d’installation des JAM ............................................................ 21
Tableau 10 : Etat des rendements de maïs et de coton des JAM enquêtés .............................. 22
3
Préambule
Le présent document est le résultat des investigations menées par une équipe de deux
chercheurs : un sociologue de l’université de Zurich en Suisse et un agroéconomiste chercheur
au Laboratoire d’Analyse Régionale et d’Expertise Sociale (LARES) à Cotonou. Il entre dans
le cadre d’un projet de recherche post-doctoral initié par les deux auteurs dans le cadre d’une
collaboration de leurs institutions respectives. Les travaux de terrain pour cette enquête ont
été soutenus par la Direction du Développement et de la coopération (DDC) de la Suisse.
Nous tenons à remercier la DDC pour ce soutien.
Le projet de recherche vise à apporter un éclairage sur les CPR en tant qu’approche de
solution face à la déscolarisation poussée qu’a connu la Bénin à la fin des année 1980 et un
moyen de modernisation des activitiés agricoles. Il a été question de comprendre les
conditions de création, leur fonctionnement actuel et passé et les perspectives avec
l’avènement de la décentralisation et la restructuration des Centre d’Action Régionale pour le
Développement Rural (CARDER) en Centre Régional pour le Promotion Agricole (CeRPA).
Sa réalisation a fait l’objet de collecte d’informations à divers niveaux depuis le ministère de
l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP) jusqu’aux jeunes agriculteurs modernes
installés ou non en passant par les chefs ou délégués de village et autres personnes ressources.
Nous tenons à remercier tous les responsables à quelque niveau que ce soit pour leur
implication pour nous avoir facilité la collecte d’informations et les chefs de village et jeunes
agriculteurs pour leur disponibilité et la confiance placée en nous, en livrant les informations
relatives à leurs activités agricoles et à leur ménage.
Nos remerciements sont également adressés aux cadres des CARDER (Borgou-Alibori,
Ouémé), aux directeurs des Centres de Promotion Rurale visités et aux responsables du
Centre Songhaï de Kpakpassa (Savalou) et de Mani Tese (Bénin) pour leur disponibilité au
cours de cette étude.
Les auteurs sont disposés à toutes suggestions dans le sens des scénarii et des
recommandations proposés dans le document.
4
1. Introduction
Depuis une quinzaine d’années, l’agriculture béninoise a connu plusieurs réformes. Celles-ci
vont de la Lettre de Politique de Développement Rural de 1991 (MDR 1991) à la Table
Ronde du Secteur Rural en 1995 (MDR/MPRE 1995), puis à la Lettre de Déclaration de
Politique de développement Rural en 1999 (MDR 1999). Ces différents éléments de politique
agricole visent, entre autres, à :
Contribuer à la croissance économique, à l’équilibre de la balance commerciale et à la
création d’emplois ;
Contribuer à l’amélioration du niveau de vie des populations par l’augmentation du
pouvoir d’achat des producteurs, la lutte contre la pauvreté, le contrôle de la qualité et
l’innocuité des aliments ;
Maintenir la sécurité alimentaire et nutritionnelle d’une population en expansion rapide
(3,3% par an) ;
Diversifier et intensifier la production agricole d’une manière durable, c’est-à-dire sans
hypothéquer la base productive nationale et le patrimoine écologique ;
Contribuer, au sein des communautés rurales, à l’amélioration des rapports
hommes/femmes.
La mise en application de ces réformes ont permis d’atteindre une évolution spectaculaire tant
du point de vue des superficies emblavées que de la production elle-même. Entre 1990 et
2000, selon le service de la statistique du Ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la
Pêche (MAEP 2002), les superficies des céréales ont cru de 41% tandis que la production a
cru de 83%. Quant aux tubercules, le pays a enregistré un accroissement de 78% en superficie
et 106% en production au cours de la même période. S’agissant du coton, principale culture
d’exportation, cette culture a connu un accroissement de 160% en superficie et de 132% en
production.
Cette situation s’expliquerait par la politique affichée du Bénin à faire de l’agriculture un
secteur pourvoyeur d’emplois et de revenus. En effet, ce secteur contribue pour près de 40% à
la constitution du Produit Intérieur Brut (PIB, 1999) et parvient à satisfaire les besoins de la
population du pays qu’elle occupe à plus de 70%.
Toutefois, cette croissance remarquable annoncée plus haut n’était guère le résultat d’une
véritable intensification de la production (Bierschenk 2003). Elle est plutôt le résultat d’un
accroissement des superficies. De plus, les facteurs de production sont toujours dominés par
les outils traditionnels. Environ 76% des emblavures sont en culture manuelle contre 23% en
culture motorisée (Tchougourou, 2004). Une modernisation reste vitale non seulement pour
satisfaire la demande alimentaire d’une population croissante et pour éviter l’appauvrissement
des sols mais surtout pour améliorer le revenu des paysans. Selon le ministre de l’agriculture,
de l’élevage et de la pêche, M. Lazare Sèhouéto, la mécanisation de l’agriculture au Bénin est
à un niveau très bas. Le Bénin dénombre 92 590 attelages, dont le plupart (86%) dans les
départements du Borgou et de l’Alibori, presque tout le reste (13%) dans l’Atacora et la
Donga et 1% dans les autres départements. C’est pour relever ce défi que le gouvernement a
fait de la modernisation de l’agriculture une préoccupation dans son programme d’action
2001-2006. Il poursuit en disant, « l’engagement du gouvernement à réaliser ce vœu est déjà
manifeste. La prochaine loi des finances en préparation va adopter l’exonération des taxes sur
les équipements agricoles » (Le Matinal, 26-08-2004, p. 3). C’est dire que pour M. Lazare
Sèhouèto, la mécanisation de l’agriculture béninoise est un objectif clé de son ministère.
Mais la question qui demeure est celle relative à la forme d’organisation à travers laquelle le
Bénin pourra atteindre cet objectif de modernisation de l’agriculture. L’expérience jusqu’ici
5
est que la promotion de l’agriculture a été assurée par les Centres d’Action Régionale pour le
Développement Rural (CARDER) qui ont assuré la vulgarisation agricole et mis en place des
programmes de crédit d’équipement avec les Caisses Locales de Crédit Agricole Mutuelle
(CLCAM), les Centres de Promotion Rurale (CPR) à travers la formation et l’équipement des
jeunes déscolarisés, le Programme d’Insertion des Sans-Emplois dans l’Agriculture (PISEA) à
travers l’octroi de crédit d’équipement aux diplômés sans emploi voulant faire carrière dans
l’agriculture, les collèges d’enseignement technique agricole du Ministère de l’Enseignement
Technique et de la Formation Professionnelle (METFP) à travers la formation des élèves, et
récemment de la Direction des Petites et Moyennes Entreprises (DPME) du Ministère de
l’Industrie, du Commerce et de la Promotion de l’Emploi (MICPE) à travers, entre autres,
l’appui, l’accompagnement, et l’encadrement technique en matériel des petites et moyennes
entreprises agricoles.
Toutes ces expériences manquent encore de résultats probants puisque la production agricole
reste encore dominée par les outils traditionnels et une pratique extensive des emblavures.
L’objectif de cette étude est d’analyser de façon approfondie l’une des expériences de la
politique de modernisation agricole à savoir les Centres de Promotion Rurale (CPR).
La création des CPR à travers la récupération des jeunes déscolarisés du milieu rural pour la
promotion d’une agriculture moderne afin d’atteindre ces objectifs s’inscrit bien dans la
politique de développement du secteur rural. En outre, les CPR visent aussi à fixer les bras
valides dans leurs terroirs afin de ralentir l’exode rural d’une part et d’autre part, de créer des
conditions propices à l’avènement progressif d’une auto-promotion véritable du monde rural.
De façon spécifique, tout comme beaucoup d’ONG et les centres Songhaï, ces CPR visent à :
Revaloriser le métier d’agriculteur.
Améliorer la capacité de production des populations rurales.
Créer de l’emploi en milieu rural.
Lutter contre le chômage et l’exode rural.
Relancer la vulgarisation agricole.
Améliorer le niveau de vie de l’agriculteur.
Après quinze ans d’expérience du concept de CPR, ce rapport tente, à partir d’une analyse
approfondie de cas, de comprendre pourquoi, après un grand engouement au concept, ces
centres n’ont pas comblé les attentes des initiateurs.
2. Méthodologie
Pour cette étude sur la place et le rôle des CPR pour la promotion de l’intensification agricole
au Bénin, nous avons dans un premier temps consulté la littérature scientifique disponible.
Une seule étude à caractère scientifique a pu être consulté : celui de Deriu (1995) sur le
concept des CPR. Nous avons alors essayé d’obtentir des documents administratifs sur les
CPR au cours de la pré-enquête. Cette pré-enquête a eu lieu entre février 2004 et début juillet
2004 et a inclus des visites de terrain aussi bien que des entretiens avec des personnes de
ressources, à savoir les responsables :
Du Ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche (MAEP)
Du Ministère de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle (METFP)
Des CPR de Tampégré (hommes), de Tchétou (hommes) et de Pabégou (femmes)
(départements de la Donga et de l’Atacora), y inclus deux anciens stagaires du CPR de
Tchétou
Du CARDER de la Donga et de l’Atacora
6
Du Centre Songhaï de Savalou (ancien CPR de Savalou)
Du CARDER des Collines et Zou
Des CPR de Kouti (femmes) et d’Agonvy (hommes) (départements de l’Ouémé et du
Plateau)
Du CARDER de l’Ouémé et du Plateau
Dans le cadre de cette pré-enquête, nous avons eu une vingtaine d’entretiens à caractère
conversationnelle. Cela nous a permis de rassembler d’importants indices sur les personnes
ressources à impliquer dans l’enquête principale et de réunir certains documents. En outre, les
réponses à ces entretiens nous ont permis d’élaborer les questionnaires pour l’enquête
principale. Les documents obtenus nous ont permis d’avoir de plus amples informations.
Autant ces documents constituent une base pour éviter des trous de mémoire, autant il faut les
manipuler avec précaution car des documents et des rapports officiels peuvent être
problématiques (par ex. qualité des donnés, intention de l’auteur) (von der Lühe 1996). En
plus, il faut aussi constater que nous n’avons pas réussi à obtenir certains documents dont les
personnes-ressources nous ont parlés. Les raisons sont différentes (par exemple : inexistence
d’études, manque de documentation propre, rétention de l’information par plusieurs
responsables de l’administration). Malheureusement, ces problèmes sont habituels pour une
enquête comme la présente (Wallace 1994).
Les pré-enquêtes ont permis de préparer les questionnaires, de les tester et de les ajuster. Des
travaux scientifiques qui s’occupent plus généralement de l’éducation dans le domaine de
l’agriculture et de la transmission des innovations agricoles ont servi à l’élaboration du
questionnaire. Le travail de Msiska (1998) sur le Malawi souligne que l’application des
nouvelles techniques agricoles ne dépend pas seulement du savoir-faire, mais aussi des
conditions comme l’accès à la terre et aux outils et de l’environnement (par exemple
fécondité, aléas climatiques, parasites). Narayan (1997) note des résultats ressemblants pour
le Tanzanie et ajoute l’accès aux crédits comme question clé. Msiska en outre met l’accent sur
l’environnement culturel dans le village pour l’adoption des nouvelles techniques agricoles.
Une étude de la Banque Mondiale donne comme résultat que des nouvelles techniques
agricoles sont adoptées plus facilement quand il y a une situation de confidence entre les
personnes qui transmettent ces techniques et le village et dans le village en général (Reid and
Salmen 2000). La même étude a montré que les femmes sont très importantes pour diffuser
des nouvelles techniques. Isham (2000, 2002) souligne l’importance de l’échange dans les
réseaux interpersonnelles pour l’adoption des nouvelles techniques. Il met l’accent sur des
différentes formes d’affiliation sociale dans le village et l’homogénéité du village. Ces études
nous ont donné des idées pour les variables à inclure dans la recherche.
L’approche d’entretiens profonds (« in-depth interviews ») avec plusieurs personnes
ressources a été choisie. Les autorités administratives (CARDER, les anciens et nouveaux
responsables des CPR), les anciens stagiaires des CPR et les délégués de leurs villages sont
des personnes de ressources avec des connaissances présumées et bien sûr réelles sur les CPR.
Malheureusement, des restrictions de temps disponible ont empêché de parler avec des autres
personnes ressources comme les responsables des Groupement Villageois (GV) et autres.
Comme les chercheurs sont de l’extérieur du village, il est quelquefois difficile à réaliser
l’intérêt particulier qu’une personne ressource pourrait avoir à biaiser. Par contre, la présence
des chercheurs dans le milieu peut ajouter des observations directes (par exemple réaction des
conseillers sur les informations des délégués, contradictions entre personnes ressources et
autres).
Cette méthode d’entretiens profonds se base sur des entretiens profonds durant lesquels les
réponses sont notées et des questions additionnelles sont posées pour clarifier ou approfondir
7
certains sujets. Comme les connaissances en français dans le milieu rural au Bénin sont
limitées, les entretiens ont été faits avec l’aide d’un interprète en langue nationale (surtout
Bariba). Les interprètes ont été recrutés dans la région, mais pas sur place pour éviter toute
implication dans les structures sociales locales. Travailler avec un interprète a pour
conséquence une certaine dépendance qui a été relativisée par les connaissances en langue
nationale d’un des deux chercheurs. Évidemment, le grand avantage de l’interprétation est le
fait qu’elle permet surtout aux agriculteurs et aux délégués de villages de s’exprimer dans
leurs propres mots. Cet avantage excède les désavantages comme les problèmes de fiabilité
entre autres (cf. Wallace 1994).
Les questions sont pour la plupart ouvertes. Ce qui permet aux personnes enquêtées de
s’exprimer. Cette approche participative permet de mieux comprendre la perception des
agriculteurs et délégués de villages. Pour garantir une comparaison des réponses, les
entretiens sont semi-structurés sur la base des questionnaires qui prévoient des questions et
sujets à explorer. Pendant que les questionnaires assurent que l’information est collectée sur
les mêmes sujets, on est libre de changer l’ordre des questions si l’entretien le demande. En
outre, s’il semble opportun et important, on peut approfondir certaines questions. Comme il
n’y a qu’une seule chance a parler avec les personnes ressources, les questionnaires
permettent d’éviter des trous dans les donnés qu’on ne pouvait plus remplir une fois que
l’entretien est terminé. Évidemment, il y a le danger que les questions soient formulées
différemment aux personnes ressources et que les réponses soient différentes. Après tout, les
entretiens semi-structurés nous semblent être l’approche optimale qui rend possible une
certaine standardisation sans empêcher une certaine flexibilité. En outre, ces entretiens
peuvent être analysés avec une durée raisonnable.
Des restrictions de temps disponible ont empêchées de faire une enquête dans tous les CPR.
On a donc choisi de se concentrer sur les trois centres dans les départements du Borgou et de
l’Alibori au nord du Bénin. Le choix d’une région septentrionale se justifie avec le fait qu’il
s’agit d’une région à faible densité de population ayant comme activité dominante, le
production agricole, donc une région beaucoup plus rurale. En outre, le problème de
déscolarisation et de l’exode rural est nettement plus accentué au nord qu’au sud du Bénin. Le
problème qui a justifié la construction des CPR se pose donc particulièrement en nord.
Comme les départements de la Donga et de l’Atacora ont une dizaine de CPR, cette région n’a
pas permis une enquête totale. Par contre, les départements du Borgou et de l’Alibori ont trois
CPR ce qui permet de les enquêter tous. À côté des CPR d’Ina et de Guinagourou destinés
pour la formation des hommes, il y a aussi le CPR de Padé pour la formation des femmes.
L’inclusion d’un CPR pour les femmes et donc de la perception des femmes permet de se
rendre compte des problèmes spécifiques des femmes et des différences de genre.
Début juillet 2004, l’enquête a donc été commencée avec une première mission dans les
départements du Borgou et de l’Alibori. Suite à un avis préalable téléphonique au CARDER
Borgou-Alibori à Parakou, on a fait une enquête avec les responsables du CARDER et les
(anciens) responsables des CPR en utilisant les questionnaires déjà essayés avec les autres
CARDER et les autres responsables. Ces personnes ressources ont permis de choisir les
anciens stagiaires à enquêter. Le choix entre les stagiaires proposés se faisait surtout en
considération des jours de marché où on comptait retrouver les agriculteurs dans le village.
Comme c’était en pleine campagne agricole, cette stratégie valait la peine. Des doutes initiaux
quant à l’objectivité des anciens stagiaires proposés ne se sont pas corroborés. Après avoir
préparé un plan d’enquête détaillé, on a pris contact avec les stagiaires et les délégués des
villages d’installation pour annoncer l’enquête. Ce premier contact avec le site a été fortement
apprécié.
8
La phase principale de l’enquête a eu lieu fin juillet/début août 2004. Elle a consistée en une
visite dans le village et des entretiens séparés et guidés d’un questionnaire avec les stagiaires
et les délégués des villages qui pouvait être accompagné par des assistants s’ils le voulaient.
Pour avoir un groupe témoin, on a aussi parlé avec les délégués des villages qui n’ont pas
envoyé des stagiaires à aucun CPR. Pour évaluer les problèmes qui mènent à l’abandon de
l’agriculture des anciens stagiaires, on a essayé de parler avec des anciens stagiaires non-
installés. Même si certains stagiaires ne peuvent plus être contacté (par ex. à cause d’une
migration), d’autres qui sont toujours dans la région ont été retrouvés. À la suite d’un manque
de suivi du côté des CPR, les informations sur l’activité des anciens stagiaires n’étaient pas
toujours correctes. En outre, il n’y a pas que les deux cas (abandon/installation), mais aussi
l’intermédiaire : exercice d’une autre activité principale sans abandon complet de
l’agriculture. Ces entretiens ont quand même beaucoup aidé à comprendre les circonstances
de l’installation et l’abandon.
Malgré les pluies et la pleine campagne agricole – qui était parfois en retard à cause d’une
livraison tardive des intrants –tous les entretiens prévus ont été effectués. Contrairement à des
autres études (par ex. Wallace 1994, Alber 2000), on a jamais eu le problème que les enquêtés
demandait de l’argent. Au contraire, c’était les chercheurs qui ont reçu l’hospitalité pour
laquelle nous aimerons bien les remercier. Comme politesse traditionnelle et indigence se sont
amassée, des réponses déformées et orientées envers les attentes supposées des chercheurs ou
les intentions des enquêtés peuvent être craintes. En outre, comme la différence entre
recherche scientifique et préparation d’un projet n’était pas toujours évident pour les enquêtés,
il a fallu clarifier que les chercheurs ne peuvent pas appuyer directement les enquêtés par
rapport à leurs problèmes. L’enquête principale a été faite dans neuf villages et comprend un
total de 22 entretiens, dont 10 avec des anciens stagiaires et 12 avec d’autres personnes de
ressources.
Tableau 1 : Présentation des villages et de l’échantillon d’enquête
CPR Villages Nombre de
stagiaires enquêtés
Nombre de
stagiaires
installés
Nombre d’autre
personnes ressources
enquêtés (délégués) Masculin Féminin
Guinagourou Gommey 1 1 2 + Assistants
Sonon 1 1 1 + Assistant
Nassy 1 1 1 + Assistants
Bougnakou 0 1 + Assistants
Ina Nikki 2 1 1
Padé 1 1 1
Kassakou 1 1 1 + Assistant
Padé Kassakou 1 1
Bagou 1 1 2 + Assistants
Tchaourou 1 2 + Assistants
Total 9 villages 7 3 8 12 + Assistants
On a donc enquêté 8.33% des stagiaires formés à Padé (3 d’un total de 36), 27.27% des
stagiaires formés à Guinagourou (3 d’un total de 11) et 4.04% des stagiaires formés à Ina (4
d’un total de 99). Ces taux sont considérables. Le dépouillement des fiches d’enquête a
permis de rédiger le présent rapport qui va être partagé avec les responsables à différents
niveaux et disséminé de façon plus large.
9
3. Les Centres de Promotion Rurale (CPR)
3.1 Création, cible et buts
À la fin des années 1980, le Bénin a vécu une crise politique et économique avec une montée
du chômage des jeunes déscolarisés et des diplômés sans emploi. En même temps, le
Programme d’Ajustement Structurel (PAS) de la Banque Mondiale a envisagé une
restructuration du secteur agricole. C’est dans ce contexte qu’en 1989 le premier Centre de
Promotion Rurale (CPR) a été installé au nord du Bénin à Tampégré dans le département de
l’Atacora sur l’initiative et le financement une ONG italienne (Mani Tese). Le but central était
de récupérer des jeunes déscolarisés du milieu rural désireux de faire carrière dans
l’agriculture et de promouvoir une agriculture moderne. Pour ralentir l’exode rural, on voulait
grâce au CPR créer des conditions propices à l’avènement progressif d’une auto-promotion
véribale du monde rural et revaloriser le métier d’agriculteur (MDR/MPRE 1995 ; Hyle et
Bosio 2002 ; MAEP/CARDER Ouémé-Plateau 2004). Un autre objectif était de améliorer la
sécurité alimentaire.
Pour atteindre ces buts ambitieux, on a donc crée avec le CPR une ferme-école où des
stagiaires vivent en internat pendant une campagne agricole. Pour entrer le CPR de Tampégré,
il faut un certain niveau de français (CM 2 au moins), avoir entre 18 et 30 ans, être célibataire
et amener une paire de bœufs. La formation est en français, mais souvent des informations
sont répétées en langues nationales. Le volet théorique de la formation (environ 25% du temps
disponible) est accompagné par un volet pratique étendu qui s’occupe principalement de la
modernisation et de l’intensification du secteur agricole à travers l’introduction de la culture
attelée et la diversification de la production. Composante importante de ce volet pratique est
la propagation des semis intensifs (dates, densité, qualité des semences) et l’utilisation
correcte des intrants. Après leur formation, les stagiaires installés devaient servir comme
agriculteurs modèles de relais pour la vulgarisation agricole. Leur installation est préparée
avec un congé de deux semaines et est accompagnée par les responsables du CPR Tampégré.
3.2 Le CPR, un outil de promotion agricole
Le concept du CPR a séduit et a été reproduit dans d’autres régions du Bénin et même au
Burkina Faso. Le début des années 1990 voyait alors la fondation des CPRs dans plusieurs
départements du pays. Il faut constater une certaine réserve des départements du Borgou et de
l’Alibori envers le CPR, aussi bien qu’un faible taux de fondations au sud du Bénin qui
connaît des différents conditions écologiques et économiques. Ces fondations ont donc été fait
surtout dans les départements de l’Atacora et de la Donga. Le financement de l’infrastructure
et du fonctionnement varie. Dans le cas du CPR de Tchétou, ce financement est multilatéral
(Canada, Allemagne, UE (à l’époque CE)). Avant la fin de l’année 1992, il y a eu un total de
six (6) CPR (celui de Tampégré y inclus) (MDR/CARDER Atacora 1995 ; MDR/MPRE
1995). Le recrutement des stagiaires se fait parmi les jeunes déscolarisés ou diplômés sans
emploi d’âge compris entre 17 et 35 ans et de niveau d’éducation situé entre CM2 et
l’université, provenant des départements de l’Atacora et de la Donga pour la plupart. À leur
sorti, les stagiaires reçoivent un crédit d’équipement (charrue, butteur, canadien et quelquefois
charrette) remboursable en annuités avec intérêt et une année de différend et un crédit en
espèces pour la première campagne remboursable sans intérêt à la fin de la première
campagne. La plupart des centres ont effectués aussi des formations temporaires sur des
thèmes spécifiques. La situation des CPR fin 1992 est présentée dans le tableau 2 ci-dessous.
10
Tableau 2 : Situation des CPR fin 1992
Départements Nom du CPR Année
de
création
Effectif
stagiaires
formes au
31/12/92
Problèmes rencontrés
Permanents Tempo-
raires
Atacora
Tampégré 1989
59 60 Relancemeent de la formation et
du suivi des jeunes installés.
Appauvrissement des terres.
Sosso 1990 33 25 Insuffisance d’infrastructures.
Problèmes d’eau en saison sèche.
Dongha 1991 14 2 Insuffisance d’infrastructures.
Baisse de fertilité de certaines
parcelles exploitées.
Anandana 1991 16 - Insuffisance d’infrastructures.
Problèmes d’eau en saison sèche.
Problèmes de soins vétérinaires.
Pabégou 1991 14 Insuffisance d’infrastructures.
Problèmes d’identité territoriale.
Tchétou 1992 10 12 Absence d’un technique perma-
nent en production végétale.
S/Total 140 99 -
Atlantique Néant - - - Création en voie de démarrage.
Borgou Ina 1992 - - Documents du projet préparés.
Mono - - - - -
Ouémé Agonvi
(Hommes)
1990 - Crédit d’installation après la
formation.
Kouti
(Femmes)
1992 16 par
an
Crédit d’installation après la
formation.
Zou Kpakpassa 1992 12 par
an
100 pro-
ducteurs
ruraux
par an
Financement d’une partie des
coûts du centre.
Financement de l’installation des
stagiaires sortis du centre (crédit).
(MDR/MPRE 1995)
La situation des CPR et des stagiaires libérés (JAM, « Jeunes Agriculteurs Modernes ») a été
discutée a plusieurs reprises. Un séminaire à Natitingou en 1995 a été déclaré ouvert par
SACCA Lafia, Directeur Général (DG) du CARDER Atacora de l’époque qui a souligné que
« les CPR constituent un maillon important dans la formation professionnelle des agriculteurs
en particulier des jeunes. Le système CPR représente l’espoir pour une amélioration des
techniques culturales, une réduction du chômage et de l’exode rural dans le département de
l’Atacora » (MDR/CARDER Atacora 1995). En réalité, les stagiaires rencontrent un certain
nombre de difficultés après leur libération :
Au niveau de l’agriculture, il y a des problèmes avec l’accès aux terres appropriées, la
défrichage, les feu de brousse, les vols, la transhumance, la commercialisation des
produits et l’approvisionnement en intrants.
Au niveau des bœufs de trait, il y a des problèmes avec les maladies, le taux de mortalité
élevé et des difficultés d’acquisition
Au niveau du village, il y a des problèmes de jalousie, de l’emprise familiale, des
contraintes coutumières et de l’infrastructure
Au niveau du suivi post-formation, les stagiaires ont critiqués fortement son absence
(MDR/CARDER Atacora 1995).
11
Ces problèmes ont eu pour conséquence certains cas d’abandons. Les effectifs des
installations sont présentés dans le tableau 3 ci-dessous.
Tableau 3 : Effectifs des installations dans la Donga et l’Atacora (1995)
CPR Nombre de
stagiaires sortis
Nombre de
stagiaires
installés
Abandons Pourcentage
Pabégou 25 22 3 88
Dongah 24 20 4 83.33
Tchétou 22 19 3 86.36
Anandana 25 22 3 88
Sosso 43 39 4 90.69
Tempégré 68 57 11 83.82
Total 207 179 28 86.47
(MDR/CARDER Atacora 1995)
L’insuffisance de crédit, la difficulté d’accès au crédit et les taux d’intérêt des crédits élevés
sont cités comme problème de la côté des stagiaires. En même temps, pour le CARDER il y a
un certain problème de récupération des crédits donnés aux stagiaires après leur libération,
comme le montre le tableau 4 ci-dessous.
Tableau 4 : Situation des crédits dans la Donga et l’Atacora (1995)
CPR Crédit d’équipement Crédit espèce Montant placé
(F CFA)
Montant à
récupérer au
31-12-94 (F
CFA)
Taux de
récupé-
ration
Montant
placé (F
CFA)
Montant à
récupérer (F
CFA)
Taux de
récupération
Sosso 9.263.672 2.090.577 30% 900.000 900.000 57%
Pabégou 2.4651.883 284.466 27% 420.000 420.000 93%
Dongah 5.431.054 1.042.912 51% - - -
Ananadana 3.497.000 - - 510.000 510.000 31%
Tempégré 10.016.530 10.016.530 8% - - -
Tchétou 4.527.140 643.825 100% - - -
(MDR/CARDER Atacora 1995)
Le taux de récupération souvent faible est dû selon le CARDER a plusieurs facteurs, dont :
Le manque d’organisation de la commercialisation des produits autres que le coton
entraîne des difficultés de récupération du fait de la mévente de certains produits tels le
maïs, de l’igname, du manioc…
Faible rendement souvent dû à un manque de suivi effectif des JAM
L’irrégularité des suivis surtout au moment opportun des récupérations
Mauvaise gestion du revenu chez certains JAM
Mauvaise volonté
De plus, on peut ajouter un certain suréquipement pour les stagiaires qui prennent toute la
gamme du crédit d’équipement, mais ne disposent que de petites surfaces ou même d’aucun
terrain ou d’aucun pair de bœufs. Dans tels situations, la rentabilisation de l’équipement n’est
pas possible et il s’agit d’une surcharge financière. En outre, SARÉ Sidi, le responsable du
CPR Sosso a constaté qu’« il est illusoire de croire qu’avec 12 mois de formation un JAM
peut maîtriser tous les domaines de l’agriculture qui sont très variés et complémentaires et
devenir l’agriculteur moderne souhaité (…). (…). La plupart des JAM qui ont le mieux réussi
sont ceux qui reçoivent plus fréquemment la visite des techniciens » (MDR/CARDER
Atacora 1995). On a recommandé donc déjà en 1995 :
12
une réorganisation du suivi des JAM par la création de postes des responsables de suivi et
de crédit
une limitation de la création des CPR afin de renforcer ceux déjà existants et doter ces
derniers de moyens adéquats
la création d’un CPR féminin
l’assurance de la formation des formateurs (MDR/CARDER Atacora 1995).
Malgré ces problèmes bien connus, la fiche d’Actions N° 77 résultant du Table Ronde du
secteur rural 1995 a encore une fois souligne la nécessité de prendre des mesures contre la
migration des jeunes ruraux vers les villes et propose entre autres la construction de cinq (5)
centres de promotion rurale dans les départements du Borgou, du Zou, de l’Ouémé, de
l’Atlantique et du Mono « en vue de la formation de jeunes en techniques agricoles et en
gestion », l’appui au fonctionnement des CPR déjà existants et l’appui en équipement des
jeunes formés dans les CPR pour leur installation, propositions avec des coûts prévu de 1'200
millions de F CFA, dont 1'000 millions des bailleurs de fonds indéterminés (MDR/MPRE
1995).
En même temps, les problèmes de récupération des crédits s’aggravent, comme l’exemple du
CPR de Tchétou dans le tableau 5 ci-dessous :
Tableau 5 : Remboursemens des crédits du CPR à Tchétou
Promotion Total crédit et intérêt en F CFA Taux de récuperation 19-10-2002
1992-1993 3’263’926 89.27%
1993-1994 5'167’805 68.93%
1994-1995 6’405’057 49.43%
1995-1996 7’103’594 42.58%
1996-1997 4’300’039 58.83%
1997-1998 2’898’216 41.35%
(CPR Tchétou 2002)
Le CPR de Tchétou n’est pas un cas individuel, comme celui de Tampégré montre : D’un
montant global des crédits octroyés aux JAM de 23’518’836 F CFA, seulement 6’111’913 F
CFA ont été récupérés, soit un taux de 26% (CPR Tampégré 2004). Puisque les crédits
récupérés sont destinés être octroyés sous forme de nouveaux crédits, ce faible niveau des
taux posent un problème de financement.1 A ce problème s’ajoute celui du financement du
fonctionnement des CPR par les CARDER. Ils mettent en danger la capacité des CPR pour
octroyer des credits aux stagiaires. En plus, il faut constater un déclin des nombres des
stagiaires. À côté du manque de crédit d’installation, ce déclin pouvait s’expliquer avec la
réputation des CPR dans la population ou les conditions d’entrée, surtout l’exigence de
l’époque d’amener un pair de bœufs (Sodeik 2000), même si cette exigence n’est pas toujours
imposée. Les CPR dans les départements de la Donga et de l’Atacora ont des nettes
surcapacités. Pour la campagne 2003–2004, le CPR de Dongha n’a pas pu recruter des
stagiaires. Les effectifs des autres CPR sont présentés dans le tableau 6.
1 Dans le Mono, le CPR d’Agnavo a vu le même problème avec un système de crédit quelque peu différent
(PAMR-Mono 2003).
13
Tableau 6 : Effectifs des CPR dans la Donga et l’Atacora (2003-2004)
Atacora
CPR Prév. Eff. %
Tempégré à Toucountouna 4 4 100
Tikou à Kouandé 4 3 75
Nanagadé à Cobly 10 5 50
Donga
CPR Prév. Eff. %
Anandana à Cospargo 4 2 50
Donga à Djougou 4 0 0
Pabégou à Copargo (hommes) 4 3 75
Sosso à Djougou 4 6 150
Tchétou à Bassila 4 6 150
Pabégou à Copargo (femmes) 10 11 110
(MAEP/CARDER Atacora-Donga 2003)
Les taux d’installation varient. Pendant le CPR Tampégré se réfère sans date à la direction de
la planification du suivi et de l’évolution du CARDER-Atacora et nomme un taux de 92%
(CPR Tampégré 2004), les entretiens laissent présumer un taux beaucoup plus bas pour le
CPR de Tchétou. Comme points cruciaux pour l’installation, on peut citer :
l’accès aux terrains appropriés
les alternatives (par ex. migration, exploitation forestière, …)
les perspectives agro-économiques (qualité et quantité des premières campagnes, perte de
cheptel, accès au crédit, remboursement du crédit, accès aux intrants)
la réintégration dans le village (résistance, jalousies, participation dans la vie associative)
le suivi
le recyclage (remise à niveau, appui pour des problèmes spécifiques)
Ceux qui sont installés font voir des effets promoteurs comme des rendements augmentés, une
production plus diversifiée, une certaine multiplication du savoir-faire dans les villages et la
prise des responsabilités dans des associations rurales (CPR Tampégré 2004). Par contre, lors
des rencontres chez les JAM et la visite de champs, les responsables ont constatés que les
contenus des programmes d’étude n’était souvent appliqués que partiellement
(MDR/CARDER Atacora 1995). Les stagiaires installés sont donc pour la plupart pas aussi
performants qu’on l’aurait souhaité du côté des responsables.
Il faut donc constater que le bilan des CPR en 1995 est mitigé. Néanmoins, le programme
d’insertion des sans emploi dans l’agriculture (PISEA) financé par le Banque Africaine de
Développement, un crédit Japonais et la Gesellschaft für technische Zusammenarbeit (GTZ) à
partir de 1997 contient des composantes qui envisagent à appuyer les CPR, à savoir :
Le renforcement des capacités de 13 CPR en leur accordant une subvention annuelle
totale de 50'000'000 F CFA pendant 5 ans, soit au total la somme de 250'000'000 F CFA.
L’appui à 60 anciens stagiaires des CPR au bout de 5 ans. (MAEP 2003)
L’accord des subventions donc était prévu pour un certain nombre de CPR déjà fonctionnels
afin de les rendre plus fonctionnels. Des unités pédagogiques étaient installées ou renforcées
avec le but d’accroître les capacités managériales et techniques des jeunes stagiaires, futurs
candidats potentiels des autres crédits PISEA.
14
Tableau 7 : Subventions du PISEA aux CPR entre 1998 et 2001
Départements CPR Montants des subventions en F CFA
1998 1999 2000 2001
Atacora-
Donga
Tampégré
Anandana
Dongha
Tikou
Nanagade
Pabégou
2'300’000
3'835’775
3'835’775
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
2'500’000
2'500’000
2'500’000
2'300’000
3'835’775
3'835’775
2'500’000
2'500’000
2‘500’000
Sous totaux 1 Atacora-Donga 9'971’550 - - 7'500’000 17'471’550
Atlantique-
Littoral
Sehoue 3'448’050 - - - 3'448’050
Sous totaux 2 Atlantique-
Littoral
3'448’050 - - - 3'488’050
Borgou-
Alibori
Guinagourou2
Ina
Padé3
4'840’150
4'279’550
5'855’050
-
-
-
-
-
-
2'500’000
2'500’000
2'500’000
7'340’150
6'779’550
8'355’050
Sous totaux 3 Borgou-Alibori 14'974’750 - - 7'500’000 22'474’750
Ouémé-
Plateau
Kouti
Agonvy
-
-
3'061’100
-
-
-
-
2’500’000
3'061’100
2’500’000
Sous totaux 4 Ouémé-Plateau - 3'061’100 - 2'500’000 5'561’100
Mono-Couffo Agnavo - - 2'500’000 - 2'500’000
Sous totaux 5 Mono-Couffo - - 2'500’000 - 2'500’000
Totaux/Appui aux CPR 28'394’350 3'061’100 2'500’000 17'750’000 51'455’450
(MAEP 2003, p. 19)
Les subventions accordés aux CPR sont largement en dessous de ce qui était prévu. Un
rapport d’évaluation évoque que « la non atteinte de cet objectif peut être liée au fait que :
Le besoin en financement des CPR était surestimé au moment de la mise en place du
programme ;
Les besoins d’appui aux CPR ne sont pas assortis d’un plan de renforcement à l’issu d’un
diagnostic approfondi desdits centres ». (MAEP 2003, p. 31)
Ce rapport d’évaluation est assez laconique pour ce qui concerne les CPR, mais conclut avec
la recommandation d’« abandonner purement et simplement la composante n° 2 Appui aux
Centres de Promotion rurale (CPR) qui est sans fondement réel pour le programme » (MAEP
2003, résumé).
Malgré les bilans mitigés, les autorités ont créées des nouveaux CPR avec plus ou moins le
même concept. Deux de ces fondations tardives se trouvent dans les départements du Borgou
et de l’Alibori qui ont eu qu’un seul centre jusqu’en 1999. En cette année, le CARDER a créé
à côté du CPR d’Ina un CPR pour les hommes à Guinagourou et un CPR pour les femmes à
Padé (MAEP/CARDER Borgou-Alibori 2003). La création d’un CPR à Padé dans le cadre
d’une ancienne ferme de semences de l’État semble être l’objet des planifications longues et a
été annoncé déjà en 1994 (Bako-Arifari 2000).
2 Le CPR de Guinagourou commence à être fonctionnel en 1999, alors un ans après les premiers subventions
du PISEA (voir tableau 8). 3 Le CPR de Padé commence à être fonctionnel en 1999, alors un ans après les premiers subventions du
PISEA (voir tableau 8).
15
Le CARDER finance entièrement le régime d’internat qui dure 18 mois pour les femmes et
pour les hommes de la deuxième promotion, et 12 mois pour les hommes de la première
promotion. Les trois centres coûtent en moyenne 33 305 268 F CFA, dont 87.8% est payé par
le CARDER et le reste par le budget national, comme les responsables des CPR sont des
Agents Permanents de l’État. Les buts des nouveaux CPR restent les mêmes, sauf qu’on
ajoute la protection de l’environnement et pour les femmes la transformation et l’artisanat.
Les buts donc reflètent aussi le discours de développement à la mode. Le contenu de la
formation est principalement la culture attelée, l’amendement du sol, l’agriculture générale et
spéciale (maïs, coton, sorgho, niébé, arachide, igname, …) y inclus les semis intensifs (dates,
densité, qualité des semences) et l’utilisation correcte des intrants, l’élevage (poulets, ovins et
caprins), la culture maraîchère (tomate, piment, laitue, choux, carotte, gombo), la gestion de
l’exploitation (plan de campagne, budget, compte d’exploitation, bilan, tenue d’un cahier
journal) et des volets théorique sur le planning et l’économie familiale, la hygiène et autres.
Selon le centre, les fruitiers sont y inclus (Padé, Guinagourou). Le CPR de Padé forme les
femmes stagiaires aussi dans la transformation (sirops, huile d’arachide et de neem, gari,
transformation de soja en moutarde et fromage, beurre de karité) et l’artisanat (couture,
tissage, tricotage). La formation contient en outre aussi l’alphabétisation en langue locale
(cours initial B et C) (MAEP/Ce.R.P.A. Borgou-Alibori 2004). Une partie de la formation est
assurée par des personnes ressources externes. Il convient d’ajouter ici que les départements
du Borgou et de l’Alibori sont caractérisés par une propagation de la culture attelée et de la
culture du coton assez grande mais géographiquement hétérogène. En outre, il faut
mentionner que le CARDER Borgou-Alibori se réjouit d’une assez bonne réputation à cause
de la rôle important qu’il a joué pour le boom du coton dans ces départements (von der Lühe
1996). Contrairement à certains avertissements, ce boom n’a pas été accompagné d’une chute
de la production vivrière.
Tableau 8 : L’état des lieux des CPR enquêtés
Centre Dates de
création
Superficie
disponible
Capacité
d’accueil
Nombre
promotion
Effectif
Formé Installé
Ina 1991 45 ha 12 09 99 89
Guinagourou 1999 300 ha 20 02 11 09
Padé 1999 25 ha 15 03 36 24
Total 146 122
(MAEP/Ce.R.P.A. Borgou-Alibori 2004)
Le Ce.R.P.A. Borgou-Alibori cite donc un pourcentage d’installation de 83.56%,4 taux qu’il
voit décroître d’une campagne à l’autre à cause de :
L’emprise de parents sur les stagiaires formés
L’insertion des jeunes agriculteurs modernes dans la fonction d’enseignant contractuel
dans les écoles primaires
Les charges de ménage pour celles qui sont fiancées ou fraîchement mariées
Le manque de suivi post formation pour les appuis conseils. (MAEP/Ce.R.P.A. Borgou-
Alibori 2004)
4 Pour le CPR Agnavo dans le Mono, 30% des 20 stagiaires formés enquêtés ont abandonnés l’agriculture ou
sont sur le point de l’abandonner (PAMR-Mono 2003).
16
Peu après la création des nouveaux CPR, on a constaté un nombre de difficultés, à savoir :
L’insuffisance du personnel d’encadrement de CPR.
L’insuffisance de suivi des stagiaires installés. Le suivi se fait dans les secteurs où sont
installés les stagiaires formés sous la supervision des RDR avec l’appui technique de la
Direction Générale.
La faible fréquentation des centres par les jeunes.
Le non remboursement des crédits qui totalisent une somme de près de 40 millions de F
CFA, sont octroyés sans intérêt aux stagiaires pour leur installation et ont un taux de
remboursement d’environ 25%.
L’amenuisement des ressources matérielles financières et humaines du CARDER
Borgou-Alibori. (MAEP/Ce.R.P.A. Borgou-Alibori 2004)
Pour identifier des stratégies pour la relance et la dynamisation des activités des CPR, le
CARDER Borgou-Alibori a organisé des journées de réflexion le 6 et 7 février 2001 à
Parakou, à l’occasion de lesquelles on a proposé entre autre de négocier une contribution
financière des USPP au fonctionnement des CPR et de sensibiliser les autorités politico-
administratives sur la nécessité d’inscrire chaque année trois jeunes ruraux dont une fille par
commune.
Cette stratégie est restée lettre morte. Surtout la non-fréquentation des CPR masculins a
amené le CARDER Borgou-Alibori en 2002 à fermer momentanément les CPR de
Guinagourou et d’Ina. Le CPR d’Ina a eu sa dernière promotion en 1999–2000, année de la
création du CPR de Guinagourou qui n’a formé que deux promotions avant sa fermeture. Le
CPR de Guinagourou a été mis à la disposition de la Mairie de Pèrèrè pour 3 ans afin que le
conseil communal de Guinagourou en partenariat avec l’ONG GRAPE supervisée par un
volontaire américaine du corps de la paix puisse exploiter le centre. Celui d’Ina attend la mise
à la disposition d’une association de jeunes dénommés ACooJER-TEM YARE. Seul le CPR
féminin de Padé est à ce jour fonctionnel.
Il faut donc constater que, bien qu’on a régulièrement retrouvé des problèmes, on a continué
de créer des CPR avec un concept qui est essentiellement resté le même. On a justifié cela
avec le besoin et la supposition que les centres marchais si les moyens financières était
présents (voir par ex. MAEP/CARDER Atacora-Donga 2003, p. 60).
3.3 Une nouvelle approche: les CPR dans les départements de l’Ouémé et
du Plateau
Les départements de l’Ouémé et du Plateau ont aussi connus des problèmes avec leurs CPR
qui ont été créés respectivement en 1990 (Agonvy) et 1992 (Kouti). Une première phase de
1990 à 1996 était caractérisée par l’appui du Projet de Développement Rural Intégré de
l’Ouémé (PDRIO) et de l’ONG Mani Tese qui a permis d’assurer outre la formation le suivi
post-formation et de financer les micro-projets élaborés par les stagiaires. Le CPR de Kouti
pour les femmes envisage à côté de la production végétale et animale aussi la transformation
(fabrication de gari, tapioca, savon, huiles etc.) et l’artisanat (couture, tissage, tresse de sacs,
tricotage, teinture de pagne). Avec la fin de cet appui, « les difficultés ont commencés par
apparaître aussi bien au niveau des centres qu’au niveau des stagiaires sortis parce que l’après
projet n’était pas suffisamment perçu et préparé » (MAEP/CARDER Ouémé-Plateau 2004).
Pendant une deuxième phase de 1996 à 2000, le fonctionnement des CPR était difficilement
assuré par le CARDER à cause de problèmes financiers qui ont menées à la fermeture des
CPR d’Agonvy et de Kouti entre 2000 et 2002. En 2002, le Projet d’Appui au Développement
Rural de l’Ouémé et du Plateau (PADRO), financé par le FAD (80%) et le Gouvernement du
17
Bénin (20%), supporte la réhabilitation des deux CPR ainsi que leur fonctionnement et le
suivi des stagiaires. La réouverture des deux CPR se fait on octobre 2002 avec une promotion
de 13 jeunes hommes à Agonvy (formation de 12 mois) et 15 jeunes filles à Kouti (formation
de 18 mois) recrutées avec plusieurs tests. Pour mieux impliquer les parents, on demande une
cotisation de 100 F CFA par jour qui va être donnée au stagiaire pour son installation après la
formation qui d’ailleurs est préparée avec un stage de pré-installation de deux semaines. En
outre, il y a une APE pour chaque CPR.
Le taux d’installation varie entre 65 et 70% pour les CPR des Kouti et Agonvy. Le PADRO
« compte tenu des résultats obtenus et au regard des demandes de plus en plus croissantes
exprimées par les jeunes » a décidé la création de deux CPR supplémentaires dont un (1) à
Ilouloffin (Pobé) pour les garçons et un (1) à Oloka (Kétou) pour les filles. La grande
nouveauté de l’approche dans les départements de l’Ouémé et du Plateau est le transfert de la
gestion des CPR aux Organisations Paysannes (OP) à la fin du projet PADRO en 2007. A cet
effet on a déjà institué un Comité de Gestion et de Suivi des CPR (CGS/CPR) en
collaboration avec l’UDP, les OP et les communes. Ce Comité est aussi impliqué dans
l’élaboration du plan de formation qui inclu aussi des experts externes pour certaines unités
pédagogiques. Le projet PADRO envisage aussi la mise en place d’un mécanisme de gestion
pour assurer l’autonomie financière des CPR après la fin du projet PADRO
(MAEP/CARDER Ouémé-Plateau 2003 ; MAEP/CARDER Ouémé-Plateau 2004). Dans cette
perspective, on s’investit à la plantation d’une palmeraie et d’anacardes. Le PADRO donne en
outre un appui pour l’élaboration des micro-projets des stagiaires, dont le financement est
assuré par les institutions de micro-finance partenaires du PADRO. Cette démarche d’une
liaison plus proche avec les Organisations Paysannes (OP) et d’envisager l’auto-financement
a été essayée aussi par le CPR de Tampégré, mais sans porter ses fruits.
3.4 Etat des lieux des CPR
On peut constater que les CPR ont fonctionnés le mieux quand ils étaient appuyés par un
projet. Ces projets normalement ont permis un fonctionnement avec plus de personnel (par ex.
Tampégré et à l’époque Tchétou) et l’octroi des crédits d’installation. En absence de l’appui
d’un projet, le fonctionnement à été limité. Mais comme tous les projets visent à leur fin le
fonctionnement indépendant des CPR, ils sont obligés de trouver des moyens pour
l’autofinancement (par ex. ventes des produits, prestations des services). Voilà une question
clé pour les CPR à présent.
En plus, il faut constater des développements opposés : Pendant que dans certains
départements, les autorités viennent de fermer des CPR, ils envisagent l’ouverture des
nouveaux centres dans d’autres départements. Dans certains départements, il y a une densité
frappante des CPR et même une seule commune avec trois (03) CPR (Copargo). Présenter
l’état des lieux des CPR n’est pas facile vue le manque d’informations centralisées, mais une
tentative est envisagé avec le coup d’œil suivant :
18
4. Présentation des résultats d’enquête auprès d’un échantillon de
JAM des CPR d’Ina, de Guinagourou et de Padé
4.1 Condition de recrutement
Canaux d’information
Les enquêtes auprès de notre échantillon de JAM ont permis d’identifier six différents canaux
d’information par lesquels les bénéficiaires ont pu s’informer de l’existence de leur CPR. Il
s’agit des responsables des CARDER des villages d’origines des jeunes déscolarisés, des
JAM installés, des parents et amis, des responsables des organisations paysannes (GV) et la
radio.
1
2
3
4 5
6 7
8
9
Départements de l’Atacora et de la Donga
1. CPR Tampégré (Toucountouna)
2. Centre de Promotion de la Femme Rurale
de Pabégou (Copargo)
3. CPR de Tikou (Kouandé)
4. CPR de Pabégou (Copargo)
5. CPR de Anandana (Copargo)
6. CPR de Dongha (Dongha)
7. CPR de Sosso (Djougou)
8. CPR de Tchétou (Bassila)
9. CPR de Nanagadé (Cobly)
Départements du Borgou et de l’Alibori
10. CPR d’Ina (N’Dali)
11. CPR de Guinagourou (Pèrèrè)
12. Centre de Promotion de la Femme Rurale
de Padé (Kandi)
Départements du Plateau et de l’Ouémé
13. CPR d’Agonvy (Bonou)
14. Centre de Promotion des Filles Rurales de
Kouti (Avrankou)
15. CPR d’Oloka (Kétou)
16. Centre de Promotion des Filles Rurales de
Ilouloffin (Pobé)
Départements des Collines et Zou
17. CPR de Dassa-Zoumè
18. CPR de Kpakpassa (Savalou, maintenant
Centre Songhaï)
19. CPR de Glazoué
Départements du Couffo et du Mono
20. CPR d’ Agnavo
Départements de l’Atlantique et du Littoral
21. CPR de Séhoue
Explications:
Caractères normal => Centre ne pas visité
Caractères gras => Centre fonctionnel visité
Caractères italics => Centre en construction
Caractères soulignés => Centre fermé
Caractères soulignés/italics => Centre inexistant
10
11
12
13
14
15
16
17 18
19
20
21
19
Mais de tous ces canaux, c’est celui des responsables des CARDER qui a été le plus utilisé :
50% des JAM enquêtés ont déclaré être informés par ce canal. Non seulement, les JAM ont
reçu l’information sur l’existence de leur CPR et de son fonctionnement, mais aussi certains
ont reçu des conseils sur l’opportunité qu’il y a à fréquenter un CPR. 20% de JAM sont
informés respectivement par d’anciens stagiaires des CPR et par des parents et amis. Seul un
stagiaire a été informé par le canal d’une organisation paysanne à savoir le Groupement
Villageois (GV) et un autre par la voix de la radio de sa localité.
Il faut surtout préciser que ce sont les JAM sortis du CPR d’Ina qui sont ceux qui ont été
informés par le biais des responsables du CARDER. En définitive, il ressort de cette enquête
auprès de la dizaine de JAM que les délégués de village ne sont impliqués en tant que canal
de diffusion dans le recrutement des jeunes pour les CPR. A la question de savoir quel a été le
rôle des délégués dans le recrutement des jeunes par les CPR, la réponse n’a pas été claire.
Pour beaucoup de délégués, ils ont appris l’existence du CPR dans leur localité au même titre
que les autres membres du village. Ils n’ont pas reçu mandat d’informer ni de conseiller les
futures JAM. Cet aspect semble être un premier maillon faible dans le concept de CPR. La
responsabilité du futur JAM quant à son rôle de personne-ressource dans la promotion des
techniques agricoles ou de l’importance de son comportement par rapport a la pérénisation du
système n’a pas été intégré au système de fonctionnement dans le milieu villageois.
Critère de sélection
Au total 5 JAM sur 7, de sexe masculin, soit 71,5% ont présenté une paire de bœuf au cours
de leur recrutement. Par contre la quasi-totalité des JAM enquêtés n’a subi aucun test, ni
d’endurance, ni de maîtrise du français.
S’agissant de la maîtrise du français, les niveaux d’instruction sont variés. Alors que le niveau
minimum exigé est la classe de CM2 selon les responsables de la DVAOP (actuellement
DIFAOP) Borgou-Alibori, c’est seulement quatre sur dix qui sont allés dans les CPR après
leur échec pour entrer au collège. Un seul a le niveau de la classe de CM1. Parmi les cinq
autres, quatre ont atteint le collège (dont 1 en classe de 5ème
, 1 en 4ème
, 1 en 3ème
et 1 en
Terminale D) et le dernier restant n’est jamais allé à l’école.
L’âge moyen des stagiaires enquêtés à l’entrée dans les CPR est de 23 ans. Cet âge moyen
varie d’un CPR à un autre. Les anciens stagiaires du CPR d’Ina sont entrés dans le CPR à un
âge moyen de 25 ans alors que ceux de Guinagourou sont entrés à un âge moyen de 22 ans
pour un âge moyen exigé contre entre 18 a 25 ans. Le plus âgé des anciens stagiaires d’Ina
enquêtés avait 29 ans (en 1995) et le plus jeune, 22 ans (en 1994). A Guinagourou, les plus
âgés des stagiaires enquêtés à l’entrée dans le CPR avaient 24 ans (en 1999 et 2001) et le plus
jeune, 18 ans (en 1999). Quant aux anciennes stagiaires de Padé rencontrées, elles sont entrées
dans le CPR à un âge moyen de 21 ans pour un âge moyen exigé compris entre 13 et 18 ans.
Mais la plus âgée avait 24 ans en entrant au CPR (en 1999) tandis que la plus jeune avaient 18
ans (1999). Globalement le critère d’âge pour les stagiaires interrogés se trouve respecté au
niveau des JAM hommes enquêtés. Quant aux JAM femmes, la plupart sont au-delà de la
tranche d’âge exigée.
Au-delà du respect des critères fixés lors du recrutement des stagiaires, se pose le réel
problème de l’âge optimal à exiger selon la philosophie des CPR. Il découle de cette enquête
que sociologiquement dans la région concernée, à savoir le Borgou et l’Alibori, être majeur,
c’est-à-dire avoir 18 ans pour les hommes et 13 ans pour les femmes ne confère pas une
certaine autonomie décisionnelle. L’influence de la famille dans beaucoup de domaines de la
vie demeure forte jusqu’à plus de 25 ans pour les hommes et au-delà du mariage pour les
femmes. De ce point de vue, on ne saurait attendre des jeunes déscolarisés une certaine
20
autonomie quant à la décision d’entrer au CPR ou de s’installer en tant que JAM à la sortie.
C’est ce qui explique le taux élevé des JAM enquêtés (6 JAM sur 9 installés, soit 67%) qui
évoluent dans le cadre familiale à leur sortie.
On note alors une diversité aussi bien du point de vue du niveau d’instruction que de l’âge à
l’entrée dans les CPR. Ces deux aspects des critères de recrutement des stagiaires sont d’une
importance capitale. Le niveau d’instruction garantie la qualité d’assimilation des formations
aussi bien théoriques que pratiques. Mais la contrainte d’un faible niveau d’instruction est
palliée par l’usage des langues locales par les formateurs et la quasi-homogénéité culturelle
des stagiaires des différentes promotions5.
Quant au deuxième critère, à savoir l’âge des stagiaires à l’entrée dans le CPR, il est
important étant donné certaines considérations d’ordre sociologique. Les jeunes d’un certain
âge, non marié de surcroît, ne peuvent prétendre facilement a une autonomie du point de vue
de la gestion d’une exploitation familiale. Cela signifie que la décision d’entrer dans un CPR
est sujette à l’accord des parents de même que l’installation en tant JAM au sein de la famille
ou de façon autonome.
4.2 Conditions d’installation
Cadre d’installation
En fin de formation, tous les JAM se sont installés dans leur village d’origine. Mais, pendant
l’enquête, deux n’exercent plus leur fonction de JAM ; un JAM de sexe masculin résident
dans son village d’origine exerce la fonction d’enseignant grâce à son niveau d’instruction
(classe de Terminale D) au moment de son entrée au CPR. Le second JAM, de sexe féminin,
après avoir subit deux d’autres formations totalement distinctes (formation en élevage et
formation d’agent d’hygiène de santé) exerce en tant qu’agent d’hygiène de santé dans une
autre localité que son lieu d’implantation en tant que JAM. Un autre JAM de sexe féminin,
pour une raison matrimoniale se retrouve dans une localité autre que sa localité d’installation
à la sortie du CPR mais elle exerce grâce au concours de son mari (le Gérant de la CLCAM)
et de la population de la localité.
Moyens d’installation
L’analyse des moyens d’installation permet de distinguer deux catégories de JAM. Les JAM
du CPR d’Ina enquêtés ont reçu chacun un crédit sous forme d’équipement (constitué de la
gamme complète de la CA sans la paire de bœuf) plus 30 000 F CFA pour l’installation, le
tout d’un montant d’environ 360 000 F CFA. Parmi les JAM de sexe féminin du CPR de Padé
enquêtées, deux ont reçu le même type de crédit que les hommes de la part du CARDER
Borgou-Alibori et une seule a reçu à sa sortie, un crédit d’un montant plus élevé (environ
900'000 F CFA) du Programme d’Insertion des Sans Emplois dans l’Agriculture (PISEA)
pour un équipement de transformation de manioc. Quant aux JAM du CPR de Guinagourou
enquêtés (et de tous les JAM sortis de ce CPR), aucun n’a reçu de crédit d’installation.
Cadre d’exercice des JAM
A leur installation, à la sortie des CPR, la quasi-totalité des JAM sont insérés dans les
exploitations familiales. Deux des JAM enquêtés se s’était installés dans leurs propres
exploitations, le premier parce qu’il est chef de son ménage à sa sortie du CPR et le second
parce que le père étant un agent de la fonction publique (agent des eaux et forêt). Toutefois,
ces mêmes JAM ont déclaré pendant l’enquête, disposer d’exploitations privées pour
5 Par exemple, dans la 2
ème promotion, sur 10 stagiaires, 2 étaient de Kandi, 2 de Karimama, 2 de Sinendé et 2
de Kalalé. Tous les stagiaires parlaient au moins le bariba.
21
lesquelles ils consacrent une petite partie du temps, la majeure partie du temps étant réservée
pour l’exploitation familiale.6 La taille de ces exploitations privées des JAM est comprise
entre 5 et 20% selon les localités d’installation.
Tableau 9 : Eléments du cadre d’installation des JAM
JAM
1
JAM
2
JAM
3
JAM
4
JAM
5
JAM
6
JAM
7
JAM
8
JA
M
9
JAM
10
Effectif du
ménage
7
M=3
F=4
25
M=13
F=12
5
M=3
F=2
17 18
M=7
F=11
19
M=12
F=7
18
M=5
F=13
- 4
M=3
F=1
28
M=10
F=18
Exploitation
familiale (ha)
-
14,75
-
-
12
08,75
20
-
-
-
Exploitation
Privée (ha)
- Envi-
ron 3
3 2 - 0,5 à
1,25
3,75 - 4 1,75
M = masculin F = féminin (-) information pas opportune
Source : Enquêtes de terrain
4.3 Impact des JAM
Les acquis des CPR (formation reçue)
La constante chez tous les JAM (tout sexe confondu) enquêtés est qu’ils ont en mémoire le
type de formations reçues et les grands traits des contenus depuis le dressage des bœufs
jusqu’aux itinéraires techniques des différentes cultures pratiquées dans chaque localité de
résidence. En plus des itinéraires techniques des cultures vivrières et de rente, les JAM ont
appris le maraîchage, la fabrication de la fumure organique, l’élaboration des plans de
campagne, la transformation des produits agricoles (manioc, arachide, des graines de neem,
etc.) et la préparation des sirops à partir des fruits locaux. Certains ont déclaré avoir appris
l’élevage de la volaille, des lapins, la petite chirurgie des animaux et la vaccination de la
volaille, l’alphabétisation, l’hygiène de santé, et l’agroforesterie. Les JAM se sont déclarés
assez satisfaits avec leur formation au CPR et le besoin de recyclage reste assez vague.
Mais de l’ensemble des éléments reçus en formation dans les CPR, seulement une infime
partie est mise en application (les techniques de la culture attelée et les itinéraires techniques
pour ceux qui possèdent encore l’attelage), les itinéraires techniques (techniques de semi,
épandage d’engrais, etc.) pour d’autres. Les femmes JAM enquêtées s’adonnent surtout à la
transformation des produits agricoles (préparation des sirops à base de fruits locaux,
fabrication de l’huile d’arachide).
Au total, les interviewés ont déclaré avoir recours aux itinéraires techniques reçus aux cours
des formations pour les hommes et aux techniques de transformation des produits agricoles
(huiles d’arachide, sirop) pour les femmes. Le recours aux techniques de la culture attelée est
faible parce que parmi les JAM enquêtés la plupart ne dispose pas des bœufs de trait au cours
de notre passage. En effet, pour faute de paires de bœufs la plupart des équipements utilisés
sont abandonnés. Un seul JAM possède une charrette fonctionnelle.
6 Ce résultat confirme celles d’autres études, comme par exemple Sommer (2000).
7 N’a personne à charge.
22
Impact au niveau individuel
Le tableau ci-dessous présent les résultats d’exploitations à partir de deux cultures (le coton et
le maïs) au cours des deux dernières campagnes des JAM enquêtés.
Tableau 10 : Etat des rendements de maïs et de coton des JAM enquêtés
(en t/ha, deux campagnes)
Rdt M
(en 2000)
JAM
1
JAM
2
JAM
3
JAM
4
JAM
5
JAM
6
JAM
7
JAM
8
JAM
9
JAM
10
t/ha
maïs
1,4 - 2,5 à
3,1
0,6 à
1,5
2 à
4,5
0,75 1,6 à
1,8
1,8 à
2
- * 3
t/ha
coton
1,28 1,5 1,2 1,3 2,5 à
3
1 à
1,9
1,1 à
1,4
2,5 - - 1 à 3
Rdt M = rendement moyen en 2000 dans le Borgou-Alibori (MAEP, 2002)9
- n’a pas produit
* produit plutôt du riz (avec 17 à 23 sacs à l’ha).
Source : Enquête de terrain
Globalement, les JAM sont au-dessus de la moyenne du point de vue des rendements de leurs
exploitations. Les cas des rendements en dessous de la moyenne s’expliquent par des aléas
climatiques (mauvaise répartition des pluies). Alors que le rendement moyen du maïs est de
1,4 t/ha en 200010
, la plupart (4 sur 7) des JAM enquêtés sont à 2 tonnes et plus à l’hectare.
Au niveau du coton, la situation est identique. Sur 8 JAM qui produisent du coton, 5 sont au-
dessus de 1,5t/ha.
Du point de vue des équipements agricoles, sur dix JAM enquêtés, quatre continuent d’utiliser
l’attelage (deux hommes et deux femmes). Les attelages des femmes sont utilisés par les
parents. Deux n’ont jamais possédé l’attelage, dont une JAM qui n’avait pas reçu
l’équipement de la culture attelée. Parmi les quatre restants, trois ne disposent pas de paires de
bœufs et un seul a abandonné l’agriculture. Au niveau des JAM possédant l’équipement de la
culture attelée, nous avons rencontré une charrette et un butteur délaissé et une décortiqueuse
d’arachide en panne. Un seul JAM utilise sa charrette. Tous ces équipements sont destinés à
l’usage familial. Les autres continuent d’utiliser la houe pour le labour, le billonnage et le
sarclage. Quant aux activités de transport, celles-ci se font à l’aide des vélos dans la majorité
des cas (5 JAM sur 8) et sur la tête pour les autres. Un seul JAM utilise la charrette pour le
transport au niveau familial. L’analyse croisée des superficies emblavées par les JAM avec la
culture attelée et de l’effectif des ménages, en l’occurrence l’effectif des hommes (cf. tableau
9 sur les éléments du cadre d’installation), permet de dire que dans la majorité des cas les
équipements sont sous-utilisés.
Les JAM installés et enquêtés ne se contentent pas du revenu des travaux champêtres.
L’environnement local n’est pas favorable pour l’écoulement des produits de leurs champs. Ils
écoulent leurs productions agricoles sur les marchés locaux. Les prix sur ces marchés sont très
instables et peu attrayants. Ils associent d’autres activités telles que le commerce occasionnel
des produits agricoles, la vente de l’essence, le dépannage des poste radio, la vente des
produits de la forge, les prestation de service (la labour avec la culture attelée, la vaccination
8 Le responsable du CPR de Padé a indiqué un rendement moyen de 2.5 t/ha pour les JAM, comparé avec un
rendement moyen de 825 kg/ha pour l’Alibori (Enquête de terrain). 9 Pendant que le rendement moyen du maïs ne cesse pas de croître, celui du coton éprouve des fluctuations
importants du fait de plusieurs aléas (climat, intrants…). 10
Les données statistiques les plus récentes sont de 2000. Depuis plus de 3 ans les CARDER manquent
d’agents de terrain pour produire les statistiques. Mais avec les rendements de 2000 nous ne sommes pas
très éloignés de la réalité car nous nous sommes intéressés aux résultats des campagnes 2001/2002 et
2002/2003
23
de la volaille, le dressage des bœufs11
) et la vente des produits de l’artisanat (le tricotage). Un
JAM perçoit des primes pour un poste de secrétaire d’une mutuelle de santé. Un autre occupe
le poste de secrétaire de la structure locale de la Fédération Nationale des Producteur Agricole
(FENAPRA), poste qui pour le moment est sans incidence financière selon le JAM. On ne
saurait conclure à un abandon massif d’anciens stagiaires des CPR pour les activités salariées
comme le prétendent les responsables des CARDER rencontrés.
Impact collectif
Diffusion du savoir-faire
L’impact collectif des JAM peut être appréhendé à deux niveaux. Au niveau familial et au
niveau du village.
Au niveau familial, de façon indirecte les JAM transmettent le savoir faire aux autres
membres de la famille impliqués dans l’exploitation agricole à travers l’utilisation de la
culture attelée et l’application des itinéraires techniques dans la mise en place des cultures.
Au niveau du village, la quasi-totalité des JAM (8 sur 9) ont déclaré être sollicités à plusieurs
niveaux. Les sollicitations des autres villageois porteraient sur les itinéraires techniques dans
la mise en place des cultures (maïs, riz…), le dressage des bœufs de trait, l’élevage de la
volaille, sur la maraîchage, les techniques de greffage et l’entretien des étables. Sur ce point,
certaines personnes en l’occurrence les chefs de village et ceux qui les ont assistés n’ont pas
toujours été unanimes sur le rôle d’agent vulgarisateur des techniques agricoles dans leur
village.12
Cette divergence de point de vue s’expliquerait par le fait qu’à leur installation, ces
personnes ressources n’ont pas été impliquées. Beaucoup de ces personnes-ressources,
lorsqu’elles n’ignorent pas l’existence et le fonctionnement des CPR, maîtrisent mal les
activités des JAM dans leur localité.
Implication dans la vie associative du milieu d’installation
Parmi les JAM, de sexe masculin, enquêtés un seul est membre d’un groupement de
producteurs de coton. Les autres sont membres de plusieurs structures associatives telles que
l’association des jeunes pour le football, association des musulmans du village, groupe de
tontine etc. Quant aux femmes JAM enquêtées, aucune n’est impliquée dans une structure
associative dans leur village. Dans notre échantillon d’enquête, les organisations paysannes
n’apparaissent pas comme des structures attrayantes pour les JAM. En effet, il est apparu au
cours de quelques entretiens avec les responsables du CARDER que les anciens stagiaires des
CPR préfèrent intégrer les bureaux des Conseil d’Administration des organisations paysannes
(par exemple pour être secrétaire de GV) au lieu d’être agriculteur.
Au niveau collectif, l’impact est de deux ordres. Au niveau des villages d’installation des
JAM sortis du CPR d’Ina, l’apport des JAM dans la modernisation de l’agriculture ou l’intérêt
des JAM en tant que vecteur de la vulgarisation des itinéraires techniques ou dans la
formation en culture attelée (dressage des bœufs) semble très faible. De l’avis des
chefs/délégués de village enquêtés, que ce soit à Padé, à Bagou, à Kassakou ou à Nikki, des
villages très anciens, presque tout les villages ont adoptés la culture attelée. Selon les délégués
de Bagou, « la culture attelée constitue le tracteur du bariba. Personne ne peut pratiquer
11
Un stagiaire a obtenu 30'000 F CFA pour avoir dressé une paire de bœufs pendant 15 jours à un paysan du
village au cours de la campagne 2002/2003. Parfois, il reçoit en retour une récompense en nature pour le
dressage de bœufs. 12
Ce constat est assez similaire pour les anciens stagiaires du CPR d’Agnavo dans le Mono, qui diffusent leurs
savoirs surtout à l’environnement immédiat, mais ne sont pas reconnu de la communauté à cause de leur
position socio-économique (jeunes, moyens économiques limités) (PAMR-Mono 2003).
24
l’agriculture sans la culture attelée ». De plus dans ces villages, il existe encore un agent du
CARDER qui est en contact avec les agriculteurs.
Par contre, au niveau des villages d’installation des JAM sortis de Guinagourou, la culture
attelée est très peu développée. Le nombre d’agriculteurs qui possèdent un attelage se compte
du bout des doigts. Il s’agit des villages de Gomey, de Sonon et de Nassy. Dans ces villages,
les agriculteurs n’ont pas l’opportunité de rencontrer fréquemment un agent du CARDER. A
Nassy, les paysans peuvent se référer à un agent du CARDER en retraite installé dans le
village en tant qu’agriculteur.
S’agissant des JAM de sexe féminin, leur impact est mitigé. Sur les trois JAM de sexe
féminin enquêtés, sur les deux qui sont installées, une assiste des femmes dans le maraîchage
sous forme de service en échange de l’hospitalité dont elle a bénéficiée pour ses activités dans
la village13
.
4.4 Contraintes d’une bonne politique des JAM
Les enquêtes ont révélé une série de contraintes à savoir :
les mauvaises conditions d’installation (pour cause du manque d’équipements pour la
production agricole ou de la non disponibilité des terres fertiles),
l’incapacité de mise en valeur des terres et d’une bonne utilisation de la culture attelée
(pour cause de manque de main d’œuvre pour l’essouchage),
le manque de soins vétérinaires (pour cause de manque de politique de soins vétérinaires
adaptée),
les vols des animaux de trait (pour cause d’insécurité du fait de la proximité de la
frontière nigériane)
l’absence de crédit pour les nouveaux stagiaires (pour cause de non remboursement des
crédits consentis)
et une pression foncière forte (du fait de l’appauvrissement des sols et de
l’accroissement de la population).
Les enquêtes ont révélé que seulement trois JAM sur dix suivant les déclarations, sont
effectivement installés au vrai sens du terme, c’est-à-dire qui possèdent un équipement et des
bœufs de trait en activité depuis leur libération. Les JAM femmes (au nombre de deux) ont
plutôt laissé leur équipement à leurs parents. Trois JAM (de Guinagourou) sont sans
équipements personnels. C’est au cours de la campagne écoulée seulement qu’un JAM a pu
bénéficier d’un domaine fertile pour son installation depuis sa libération en 1997. Un a perdu
sa paire de bœufs à sa sortie du CPR tandis qu’un autre installé dans un village frontalier du
Nigeria a été victime d’un vol.
Une autre contrainte évoquée par aussi bien les responsables des CARDER rencontré et
certains JAM est relative à l’essouchement des parcelles pour une bonne utilisation de la
culture attelée. Cette contrainte, qui en réalité n’est qu’un préalable dans la politique de
mécanisation rejoint celle relative au manque de moyens financiers pour la subsistance et le
recours à la main d’œuvre pour certaines opérations culturales.
Par rapport au manque de moyens financiers, le vers est dans le fruit. Les premiers JAM n’on
pas fait preuve de bonne conduite. Très peu ont fait l’effort de rembourser le crédit qui devait
13
Formée pour être installée à Gogounou, une stagiaire, pour avoir épouser un gérant de CLCAM, se retrouve
à Bagou, un village situé à 12 km à l’ouest de Gogounou.
25
servir progressivement à mettre en place de nouveaux crédits. Parmi les JAM enquêtés, seules
deux femmes sur trois ont entièrement remboursé leur crédit. La troisième qui a contracté un
crédit d’un montant important14
d’une autre structure que le CARDER n’a pas rien
remboursé. Face à cette situation qui est quasi générale, les institutions de micro-finances
telles que la CLCAM, PADME sont exigeants dans les critères à remplir pour bénéficier d’un
prêt. Quant aux JAM, bien qu’ayant besoin de financement, ils estiment que les taux d’intérêts
sont contraignants. Ils évoquent aussi l’inexistence de débouchés pour leurs produits
(principalement le maïs et l’igname) comme cause de leur incapacité à demander des crédits.
Un seul JAM a, en plus du crédit CARDER (pour lequel il n’a remboursé qu’une seule
annuité), sollicité ensemble que son frère un crédit de 500'000 F CFA de la CLCAM qu’ils
ont entièrement remboursé.
Par rapport à la pression foncière, le problème est très manifeste pour certains JAM.15
A
Kassakou, Padé et Nikki, les JAM ont des difficultés pour avoir des domaines suffisants et
surtout des terres productives. Tous les délégués des localités rencontrés ont évoqué cette
difficulté. Cependant, partout dans les lieux d’installation des JAM, l’accès à la terre surtout
pour les autochtones ne pose aucune difficulté. Pour obtenir un domaine pour les activités
agricoles, il suffit d’identifier le domaine, de s’assurer qu’il n’est attribué à un quelqu’un et de
faire la demande auprès des personnes indiquées.
A cela on peut ajouter des contraintes générales à l’agriculture béninoise évoquées aussi bien
par les JAM que par les délégués et chefs de villages rencontrés à savoir, le manque de
débouchés pour les produits vivriers (maïs, manioc, igname…), les disfonctionnement de la
filière coton (retard dans le paiements des revenus du coton et dans la distribution des
intrants), le manque de moyens financiers pour la subsistance au cours de la campagne
agricole et l’utilisation de la main-d’œuvre pour l’exécution de certaines opérations agricoles
ainsi que la vétusté de certaines plantations d’anacardiers.
5. Perspectives des CPR
5.1 Situation actuelle
L’enquête du terrain a produit les constats suivants :
Les canaux d’information pour les CPR sont limités. Le niveau d’information sur le
concept et le fonctionnement des CPR de la population en général et des autorités locales
(délégués) en particulier sont limités et flous.
La sélection est faite d’une manière pragmatique et parfois contradictoire aux critères
officielles.
Le crédit d’équipement et d’installation manque pour certains JAM, le remboursement
des crédits est souvent faible.
À la suite de l’insertion dans les exploitations familiales, la mise en application du savoir-
faire se limite à une infime partie. Le rendement est souvent au-dessus de la moyenne,
même si l’équipement pour la culture attelée manque ou est sous-utilisé. Les JAM
n’épuisent guère leur potentiel.
Il y a un effet de multiplication du savoir-faire, même si la reconnaissance officielle par
les autorités du village du potentiel de multiplication des JAM reste limitée.
14
Il s’agit d’un crédit PISEA d’un montant de 900'000 F CFA. 15
Ce constat confirme celles d’autres études, comme par exemple Sommer (2000) qui a aussi constaté un
manque de terres dans certaines régions, mais des réserves dans d’autres. Dans les régions où la pression
foncière est relativement haute, les domaines à obtenir sont souvent dans une distance considérable du
village, ce qui augmente le risque de vol et de endommagement par la transhumance.
26
Les JAM masculins s’impliquent activement dans la vie associative du village, mais en
dehors des groupements de producteurs.
Dans certaines régions, il y a beaucoup trop de places dans des CPR qui n’arrivent pas à
trouver des stagiaires. Les moyens financiers sont éparpillés.
En outre, les conditions environnementale socio-économique des CPR se présentent comme
suit :
Une filière solide manque pour certains produits agricoles comme le maïs et l’igname, en
conséquence les paysans sont confrontés à une incertitude économique.16
La décentralisation des services étatiques entraîne une incertitude du fonctionnement des
nouvelles structures régionales (par ex. Ce.R.P.A.) et locales et leurs moyens financiers.
Les projets demandent de plus en plus le passage à l’autofinancement après une phase
initiale. Les domaines d’activités des projets se déplacent vers d’autres thèmes (SIDA,
santé, bonne gouvernance, …).
Pour mieux comprendre les perspectives des CPR qui pourraient résulter de ces conditions,
trois scénarii, évidemment très schématique, vont être développés. Ils ont comme point de
départ commun la philosophie existante des CPR (formation des jeunes déscolarisés). Ce
procédé aide à ressortir les points cruciaux et à élaborer des recommandations.
5.2 Scénario I : Auto-financement
Description:
A part les Agents permanents de l’État, les CPR ne reçoivent plus d’argent de l’état pour leur
fonctionnement. Le financement par des projets se termine ou se limite aux coûts de certains
investissements. Les CPR sont obligés de s’auto-financer. Ils arrivent à couvrir les coûts de
base avec la vente de certains produits comme le maïs, les noix d’acajou, le gari (femmes), et
autres. Le programme de formation se limite à certains sujets, pendant que d’autres sont
abandonnés à cause de leurs coûts ou à cause d’une perspective de vente insuffisant.
Les atouts :
La formation se limite à ce qui est praticable et des expériences coûteux sont abandonnés.
La formation s’oriente vers le marché: On fait seulement ce qu’on peut vendre.
Comme la formation est auto-financée, il n’y a plus de problèmes de fonctionnement à
cause des prestations des autres acteurs à recouvrer.
Certains tâches sont laissées à d’autres acteurs existants qui ont le savoir-faire dans cette
domaine (par exemple les crédits aux structures respectives, la formation sur de sujets
spéciale comme l’apiculture aux ONG spécialisée).
Les désavantages :
Les CPR deviennent des centres de production plutôt que des centres de formation.
Seulement le savoir-faire existant et éprouvé est reproduit, les innovations sont limitées.
Certaines tâches ne sont plus garanties à cause du manque d’autres acteurs dans ce
domaine.
Les avantages d’une formation au CPR sont moins visibles pour la population.
Le recrutement est difficile comme les canaux d’informations manquent.
Comme les coûts pour assurer le remboursement sont trop hauts, les CPR ne sont plus
capables d’octroyer des crédits eux-mêmes.
16
Ce constat est soutenu d’autres études (voir par ex. Aboudou, Joecker et Nica 2003).
27
Les CPR ne sont plus capables de préparer l’installation des stagiaires et de garantir un
suivi, comme les coûts sont trop hauts.
Les CPR ne sont plus capables d’investir dans l’équipement et l’entretien de
l’infrastructure existante n’est pas garanti.
Les CPR sont confrontés avec une incertitude à cause des marchés fluctuants des produits
qu’ils envisagent de vendre.
5.3 Scénario II : Financement par des structures étatiques au niveau local et
par les OP
Description:
Les CPR sont transférés aux communes qui sont responsables pour la gestion en collaboration
avec les OP. Les derniers s’impliquent aussi financièrement. Un Comité de gestion élabore le
plan de formation et un concept de recrutement selon les besoins locaux. Les CPR offrent des
services au profit des OP et organisent des stages de recyclage ou de perfectionnement de
courte durée.
Les atouts:
Le plan de formation prend en compte les besoins locaux.
Le recrutement ainsi que la préparation de l’installation, le suivi et le remboursement des
crédits profitent de l’intégration des communes et des OP dans ces processus.
La population a plus d’informations précises sur les CPR, le degré d’acceptation s’accroît.
Les OP profitent de la prestation des services de recyclage et de perfectionnement.
Les CPR ont une certaine sécurité de planification parce qu’ils ne sont pas confrontés a
une incertitude à cause des marchés fluctuants des produits qu’ils envisagent de vendre.
Les désavantages:
Les structures étatiques au niveau local ne sont pas encore ancrées, le financement des
communes est incertain. Certaines communes sont objet des fortes querelles politiques, ce
qui freine une collaboration avec les CPR et avec des autres communes pour un éventuel
co-financement. La collaboration inter-communale est un domaine peu connu et entre
certaines communes il y a des querelles.
Comme les ressources financières sont incertaines, le fonctionnement des CPR et l’octroi
des crédits ne sont pas garantis.
Les CPR ne sont plus capables d’investir dans l’équipement et l’entretien de
l’infrastructure existante n’est pas garanti.
Les OP n’ont pas forcément un intérêt à promouvoir des innovations, mais sont plutôt
content de répliquer ce qui est éprouvé.
5.4 Scénario III: Scénario intermédiaire
Description :
Les CPR sont transférés aux communes qui sont responsables pour la gestion en collaboration
avec les OP. Les derniers s’impliquent aussi financièrement. Un Comité de gestion élabore le
plan de formation et un concept de recrutement. Les CPR se participent aux financements
avec des ventes. Cette base de financement élargi permet de faire des études de marché pour
vérifier la rentabilité de certaines innovations. Si les perspectives sont encourageantes, ces
innovations sont inclus dans la formation à travers des experts(e)s externes. Les CPR offrent
28
des services au profit des OP et organisent de stages de recyclage ou de perfectionnement de
courte durée.
Les atouts :
Le plan de formation prend en compte les besoins locaux.
Le recrutement ainsi que la préparation de l’installation, le suivi et le remboursement des
crédits profitent de l’intégration des communes et des OP dans ces processus.
La population a plus d’informations précises sur les CPR, l’acceptation monte.
Les OP profitent de la prestation des services de recyclage et de perfectionnement.
La combinaison des plusieurs source de financement met à la dispositions des CPR plus
d’argent et ils sont moins dépendent d’une seule source.
Des innovations avec des experts(es) externes sont possible, mais sont fait en tenant
compte des possibilités de la commercialisation. Cette orientation vers le marché donne
son empreinte au plan de formation. Les stagiaires apprennent ce qu’ils peuvent appliquer
lucrativement. L’attractivité d’une formation au CPR ainsi que l’afflux des stagiaires
monte et les capacités des CPR sont utilisées.
Les CPR sont plutôt capables d’octroyer des crédits et d’investir dans l’équipement et
l’entretien de l’infrastructure existante est plutôt garantie.
Les désavantages :
Les structures étatiques au niveau local ne sont pas encore ancrées, le financement des
communes est incertain. Certaines communes sont objet des fortes querelles politiques, ce
qui freine une collaboration avec les CPR et avec des autres communes pour un éventuel
co-financement. La collaboration inter-communale est un domaine peu connu et entre
certaines communes il y a des querelles. Pour éviter ce cas de figure, il faudrait que le
processus de décentralisation aille jusqu’au bout, c’est-à-dire que certains chefs lieux de
département non connus soit précisés, les moyens qui seront alloués aux communes le
soient effectivement…
L’existence des différentes sources de financement stimule à prendre le train en marche et
diminuer les propres efforts.
Les CPR sont confrontés avec une incertitude à cause des marchés fluctuants des produits
qu’ils envisagent à vendre. Comme les ventes ne sont pas les seules sources de
financement, cette incertitude est limitée.
6. Conclusions et recommandations
6.1 Conclusions
Les CPR ne sont pas capables en ce moment d’obtenir les résultats envisagés à la conception.
Rares sont les cas des stagiaires qui s’installent et mettent en pratique tout le paquet
d’innovations appris au centre. Ce constat confirme les résultats d’autres études sur
l’innovation agricoles. Par contre, il faut souligner que les CPR ont néanmoins un effet
considérable, comme le montre les rendements au-dessus de la moyenne que beaucoup de
stagiaires sont capables de réaliser. Certains éléments de la formation comme par exemple les
techniques des semis augmentent le rendement même s’ils sont mis en application de façon
isolée. Une adaptation du concept des CPR semble quand même inévitable pour surmonter les
difficultés et pour envisager un avenir assuré. Pour une intensification de l’agriculture, les
29
CPR ont besoin d’un appui. Sans cet appui, les CPR risquent de devenir « des éléphants
blancs »17
.
6.2 Recommandations
En outre, des recommandations de type général (par exemple une organisation solide des
filières maïs et igname ; l’achèvement du processus de décentralisation) et certaines
recommandations pour les responsables des CPR s’imposent.
Nombre et lieux des CPR
Pour éviter une dispersion des moyens, déjà trop peu, qu’on donne à chaque CPR pour
accomplir leur tâche, le nombre des CPR dans le Bénin devrait être révisé. La fermeture des
centres existants est à réviser si les moyens dégagés sont transférés aux CPR existants. Par
contre, on veillera à une spécialisation des CPR en fonction des zones agroécologiques, ce qui
suppose d’en créer dans des zones agroécologiques où cela manque (Malanville-Karimama
pour la transformation et la petite mécanisation agricole par exemple).
Buts centraux des CPR
Une révision des buts centraux semble être indispensable, comme les présents buts sont
contradictoires (récupérer les jeunes déscolarisés ou intensification de l’agriculture par
l’installation des anciens stagiaires) ou peu réaliste (ralentir l’exode rurale avec la formation
de quelques dizaines de stagiaires par an). L’orientation vers les micro-projets exigés des
JAM et le contenu exigeant de la formation indiquent plutôt vers une révision à la hausse de
l’âge des stagiaires et un abandon du pricipal critère qui est celui de « déscolarisé ».
Si l’on choisit de se concentrer sur l’intensification de l’agriculture, les CPR pourront prendre
une forme différente de celle des présentes fermes-écoles. L’accent pourra être mis sur les
promoteurs de projets agricoles et agroalimentaires. Les CPR deviendront ainsi des centres de
promotion et de recyclage des promoteurs des PME agricoles et agroalimentaires. Dans ce cas
les critères d’âge et le public cible sont totalement différents. Ainsi, les installations des CPR
seront mieux équipées et mis en location à des ONG qui vont assurer la formation et le
recyclage en mécanisation agricole (culture attelée, motoculteur, tracteurs), en itinéraires
techniques (coton, cultures vivrières, maraîchage) et en transformation agroalimentaire
(fabrication du beurre de karité, d’huile de palme, transformation de noix de cajou, …). Quant
aux futurs promoteurs, ils devront présenter un avant-projet qui va servir d’élément pour
l’élaboration des programmes de formation.
Les ressources proviendront du budget des collectivités d’appartenance, de l’Etat (fonds
alloués au MICPE pour la promotion des PME, fonds alloués au projet qui va remplacer le
PISEA, fonds du Projet de Développement des Racines et Tubercules (PDRT) destinés à
soutenir les activités de production et de transformation du manioc et de l’igname, fonds du
Projet de Développement de la Filière Manioc (PDFM) pour soutenir la production et la
transformation du manioc, les CeRPA et d’autres fonds qui seront utilisés pour solliciter les
ONG qui vont intervenir dans la formation et le recyclage.
Les ONG, dont les responsables seront d’anciens élèves des CETA, seront retenus sur appel
d’offre. Ces centres seraient en même temps des lieux d’essais pour de nouveaux équipements
importés ou fabriqués localement et des centres de prestations de services (location du
matériel de labour et de transformation).
17
Expression utilisée pour désigner des projets avec des grands investissements qui ont échoués.
30
Financement intercommunal des CPR
Si le système des CPR comme fermes-écoles est préféré, la base de financement des CPR est
à reconsidérer. Même si la décentralisation n’est pas encore mise en pratique complètement,
les possibilités d’un financement intercommunal des CPR sont à examiner (cf. scénario III).
Une coalition des communes de bonne volonté en collaboration avec les OP pourrait fonder
des comités de gestion qui vont planifier les plans de formation, définir les critères de
sélection, choisir les stagiaires et garantir le remboursement des crédits. Pour mieux impliquer
les parents, la création d’Association des Parents d’Elèves (APE) est à réviser. Du fait que les
CPR s’autofinanceront partiellement avec la vente des produits, cela les obligera à s’orienter
vers les besoins du marché. Une autre source de financement à considérer est la location de
l’infrastructure existante à des acteurs externes (par ex. ONG) pour des formations et des
manifestations, spécialement pendant la saison morte.
Plan de formation
Une orientation du plan de formation aux besoins des marchés est à envisager. Le contenu de
la formation est restreint sur quelques sujets centraux et tient compte des conditions
écologiques différentes dans les environs du CPR. Des techniques complémentaires et
innovatrices sont transmit par des experts(es) externes, si une étude du marché a montrée la
fiabilité économique de ces techniques. Un éventuel système modulaire pour la formation est
à considérer pour permettre la transmission de contenu en bloc pour le profit des externes qui
participent ainsi à une formation de court terme. La collaboration avec des projets et des ONG
existants est à prendre en considération pour le financement et la réalisation de certains
modules (par ex. dans les domaines de la santé, de l’artisanat, de la transformation, de la
protection de l’environnement et des techniques spécialisées comme l’apiculture et autre).
Appui aux anciens stagiaires
Pour faciliter l’installation des stagiaires libérés, la possibilité d’une « année de post-
formation » est à considérer. Les stagiaires travaillent pour leur propre compte sur les terrain
du CPR. Ceci leur permet de gagner au moins partiellement les moyens nécessaires pour leur
installation en remplaçant le présent système de crédit. Pour des besoins de crédit au-delà, un
micro-projet est à élaborer par les stagiaires et à vérifier par des structures de crédit
compétentes et exigeantes (par ex. crédit pour l’attelage seulement après mise en évidence
d’un terrain défriché et déssouché et d’une paire de bœufs).18
En outre, pendant cette
deuxième année des questions pratiques peuvent être discutées avec les responsables du CPR.
Cette deuxième année permet donc de faciliter le suivi des stagiaires.
Ces recommandations sont des premières vagues d’indications pour des chemins à suivre afin
de réorienter les CPR ainsi que de trouver des points de départ pour le renforcement de leurs
capacités. Évidemment, ils doivent être discutés largement avec tous les acteurs impliqués.
Les auteurs du présent rapport espèrent qu’il sera un outil pour cette discussion.
18
Une subvention de défrichage sera souhaitable comme aide à l’installation qui ne peut pas être détourné de
sa destination.
31
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