l'Île des esclaves
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L’Île des esclaves
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Du même auteurdans la même collection
LA DISPUTE. LES ACTEURS DE BONNE FOI. L’ÉPREUVE.LA DOUBLE INCONSTANCE (édition avec dossier).LA FAUSSE SUIVANTE. L’ÉCOLE DES MÈRES. LA MÈRE CONFI-
DENTE.LES FAUSSES CONFIDENCES (édition avec dossier).L’ÎLE DES ESCLAVES. LE PRINCE TRAVESTI. LE TRIOMPHE DE
L’AMOUR.LE JEU DE L’AMOUR ET DU HASARD (édition avec dossier).JOURNAUX (2 vol.).LE PAYSAN PARVENU.LA VIE DE MARIANNE.
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MARIVAUX
L’Île des esclaves
•CHRONOLOGIE
PRÉSENTATION
NOTES
DOSSIER
LEXIQUE
BIBLIOGRAPHIE
de Florence Magnot-Ogilvy
GF Flammarion
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Florence Magnot-Ogilvy, agrégée de lettres et ancienne élève del’École normale supérieure de la rue d’Ulm, est professeure de littératurefrançaise du XVIIIe siècle à l’université Rennes-II. Elle est notammentl’auteur de La Parole de l’autre dans le roman-mémoires. 1720-1770
(Peeters, 2005) et a dirigé Nouvelles lectures de La Vie de Marianne :
une « dangereuse petite fille » (Classiques Garnier, 2014).
© Flammarion, Paris, 1999.Édition corrigée et mise à jour en 2017 ; rééd. 2020.
ISBN : 978-2-0815-1635-9
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SOMMAIRE
C H R O N O L O G I E 6
P R É S E N T A T I O N 15
L’Île des esclaves
D O S S I E R
1. Lectures et mises en scène de L’Île des esclaves 952. Images du valet au XVIIIe siècle 1073. Mésalliances 1194. Îles et utopies 1245. Comédie et philosophie : les germes
de la subversion 130
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B I B L I O G R A P H I E 143
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P r é s e n t a t i o n
Qualifiée de « petit bijou » par un lecteur del’époque 1, L’Île des esclaves est encore aujourd’hui consi-dérée comme une « petite » pièce de Marivaux tant parses étroites dimensions (un acte, onze scènes) que par samarginalité au sein de l’œuvre. Les contemporains ontsurtout souligné sa composition serrée, ses morceaux debravoure harmonieusement disposés et ses belles « fini-tions ». On s’intéresse davantage de nos jours à soncontenu idéologique. Que l’on souligne ses qualités for-melles ou le message moral qu’elle est censée délivrer,c’est cependant toujours la netteté, du trait ou du propos,que l’on évoque. Petite pièce en un acte, forcément rapideet stylisée, L’Île des esclaves pourrait n’être qu’une chargelégère et acérée contre le manque d’humanité des maîtresdans un système hiérarchisé. S’arrêter à ce constat seraiten faire une lecture bien partielle, qui ne tiendrait compteque du contenu idéologique exhibé, en négligeant lesaspérités et les zones d’ombre d’un texte aux dysfonction-nements multiples.
La perspective politique et sociale renvoie à cette partde l’œuvre de Marivaux moins connue que les« grandes » pièces au cadre vraisemblable, mais toutaussi représentative. Adversaire déclaré du clan des Phi-losophes, Marivaux a pourtant réfléchi aux mêmes ques-tions, mais dans une perspective plus proche de celle desmoralistes et de la philosophie classiques. L’Île des
1. La Barre de Beaumarchais. Il est frappant de voir que les com-mentaires sur les mises en scène modernes recourent au même champlexical du poli et du précieux pour décrire la pièce…
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esclaves est dans la ligne du Marivaux moraliste des Jour-naux, à côté de deux autres utopies, L’Île de la raison etLa Colonie, auxquelles on peut ajouter l’expérimentationphilosophique plus tardive de La Dispute. Pièce « so-ciale », parce qu’elle met explicitement l’accent sur lesrelations de pouvoir à l’intérieur du système social, L’Îledes esclaves n’est pas pour autant une pièce à thèse, carson message n’est pas donné, mais à déchiffrer. La miseen cause de la hiérarchie et la dénonciation de la cruautéet de la vanité des puissants aboutissent à un réaménage-ment de l’ordre antérieur, mais la catharsis, ou purgationdes passions, ne vient pas tout résoudre, et des notes dis-cordantes subsistent jusqu’à la fin. Cette ambivalencemal résolue permet de comprendre les jugements polé-miques et contradictoires portés à diverses époques pardes critiques qui lisent cette pièce à travers le filtre de telleou telle idéologie : pièce révolutionnaire, réactionnaire,marxiste, humaniste chrétienne, conservatrice… Cetteextrême division de la critique est révélatrice d’un modede fonctionnement spécifique : une oscillation entre deuxpôles, tant en ce qui concerne le genre (comédie.utopie),le ton (comique.sensible), l’idéologie (progressiste.conservatrice), le point de vue (celui des maîtres.celuides esclaves), le parti pris esthétique (la suggestion.ledidactisme). L’Île des esclaves réalise le rêve de tout fairefigurer et d’être à plusieurs endroits en même temps, fai-sant feu de tout bois et usant à la fois de la charge de lacaricature et de la ténuité de l’esquisse.
À mettre d’emblée l’accent sur les vertiges herméneu-tiques, on risque fort de négliger une donnée pourtantfondamentale : il s’agit d’un spectacle usant de procédésdestinés à frapper et à émouvoir un public. Objet théâtralsurprenant, la pièce perd pourtant de son caractère inso-lite si l’on rappelle qu’elle est aussi le produit d’uneépoque et qu’elle surgit à un moment riche en expérimen-tations artistiques et en nouveautés : la France desannées 1720.
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P r é s e n t a t i o n 17
CONTEXTE : LES ANNÉES 1720
LA RÉGENCE ET SES RUPTURES
La Régence ne dure que huit ans (1715-1723), maisc’est une période de transition qui porte en germe lesréflexions et les préoccupations des Lumières. La fin durègne de Louis XIV avait été considérablement assom-brie par les difficultés économiques, les défaites mili-taires, une crispation religieuse et morale, unraidissement, enfin, du pouvoir politique. L’arrivée aupouvoir de Philippe d’Orléans en 1715 marque le débutd’une période de libéralisation des mœurs. Certes, la« fête » de la Régence est rapidement suivie d’une repriseen main politique et économique, mais son influence surles esprits ne s’éteint pas en 1723. Libertine et séduisante,la Régence contraste avec la période précédente dont ellese démarque bruyamment et spectaculairement 1. Repré-sentative des ruptures affichées avec le passé, l’expériencefinancière de Law reflète l’esprit nouveau.
Le « système » de LawLe succès et la banqueroute du système de Law frap-
pèrent profondément l’imagination des contemporains.Le projet audacieux et visionnaire de l’Écossais JohnLaw visait à lancer une souscription pour créer unebanque centrale qui aurait fait circuler du papier-monnaie. Dans un premier temps, il remporta un succèsconsidérable, les particuliers s’arrachèrent les actions etdes fortunes colossales se bâtirent en quelques heures.Mais le système s’emballa et son effondrement en 1720entraîna la ruine de nombre de particuliers 2.
1. Les historiens ont plutôt tendance aujourd’hui à souligner leslimites de ces ruptures et, au contraire, la fondamentale continuité avecce qui précède, mais le fantasme a la vie dure.
2. Moins nombreux cependant qu’on l’a dit. En outre, ces ruinesparticulières allèrent de pair avec, d’une part, un enrichissement global
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Marivaux, à un moment où s’érigent des fortunescolossales, se lance dans l’aventure spéculative et y inves-tit une grande partie de son bien. La banquerouteébranle sérieusement ses finances et il doit désormaisécrire pour vivre. De tels revirements de fortune ne sontcertes pas nouveaux, et l’argent était déjà un thèmerécurrent des comédies de la fin du XVIIe siècle, avecnotamment la satire des fermiers généraux (Turcaret deLesage date de 1709), mais l’épisode frappe les espritspar le caractère spectaculaire et totalement arbitraire deschangements de situation qu’il a provoqués, et il donneà réfléchir sur les caprices du destin et la façon d’envisa-ger la valeur d’un homme.
Les caprices de la fortune et le type du parvenuCes brusques revers de fortune sont les signes les plus
visibles d’une évolution générale de la société vers une plusgrande mobilité. La littérature se fait l’écho de ce début demise en cause de la place assignée à chacun dans l’édificesocial en prenant pour héros des individus en devenir quimenacent la stabilité de l’ordre, autrement dit des parve-nus. Marivaux a souligné le phénomène à maintes reprisesdans son œuvre. Ses deux grands romans-mémoires sontdeux récits d’ascension sociale : La Vie de Marianne et LePaysan parvenu 1 racontent d’incroyables promotionssociales. Dans ses journaux et dans son théâtre, les thèmesdu parvenu et des jeux de rôles sociaux sont très souventabordés : nobles ruinés en quête d’argent, paysans et bour-geois enrichis 2, parvenus reniant leurs origines 3, mésal-liances reviennent constamment.
du royaume au terme du « système » et, d’autre part, des cas d’ascen-sion sociale au moins aussi importante.
1. Publiés respectivement par parties de 1731 à 1741 pour le premier,et de 1733 à 1735 pour le second, tous deux inachevés.
2. L’Héritier de village (1725).3. Cf. Le Spectateur français, 14e feuille (2 janvier 1723) : un père
abandonné par son fils enrichi : « L’argent fut employé selon ses vues :elles réussirent même au-delà de ses espérances. Le voilà puissant », in
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Dans L’Île des esclaves, le renversement de l’ordre éta-bli est thématisé et radicalisé par une transposition dansun apologue philosophique, une utopie 1, fondés sur leprincipe de l’inversion des valeurs. L’inversion a unefonction expérimentale, c’est une épreuve à laquelle onsoumet les personnages. À la différence des pièces « réa-listes », où ce sont le travestissement et l’argent qui créentde façon plus ou moins imprévisible du « jeu » dans l’édi-fice social, le jeu de rôles a ici le caractère mécanique etinstitutionnel du carnavalesque pur. L’inversion, traduc-tion d’une évolution économique et sociale, est prise ausens littéral et systématisée. Le trait est plus appuyé.
FANTAISIES ET EXPÉRIMENTATIONS THÉÂTRALES
Au XVIIe siècle, les Comédiens-Italiens avaient été pro-mus « comédiens du Roi » par Louis XIV et avaientinvesti l’hôtel de Bourgogne, où ils donnaient des piècestrès libres de ton sans s’embarrasser des règles du théâtreclassique ni des bienséances. Lorsque, le 14 mai 1697, lesItaliens sont chassés de Paris sur ordre du roi, pour s’êtremoqués, dans une pièce, de madame de Maintenon,l’esprit du Théâtre-Italien se perpétue sur les scènes deprovince et à Paris sur les tréteaux et les théâtres de laFoire.
Remontant au Moyen Âge, la Foire rassemble à l’ori-gine marchands, colporteurs et spectacles de rue (mon-treurs d’ours, acrobates, jongleurs, etc.). Deux grandesfoires se tiennent périodiquement à Paris : la foire Saint-Germain (l’hiver) et la foire Saint-Laurent (l’été). Le
Marivaux, Journaux et œuvres diverses, éd. F. Deloffre et M. Gilot, Gar-nier, 1969, p. 189.
1. Marivaux explore d’autres modalités de l’utopie dans ses deuxautres « îles » : L’Île de la raison (1727) et La Colonie (1750) – versionabrégée et remaniée d’une pièce en 3 actes originellement intitulée LaNouvelle Colonie ou la Ligue des femmes –, dans lesquelles on retrouveà l’œuvre le motif de l’inversion des valeurs.
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L’Île des esclaves
COMÉDIE EN UN ACTE ET EN PROSE
REPRÉSENTÉE POUR LA PREMIÈRE FOIS
LE 5 MARS 1725
PAR LES COMÉDIENS-ITALIENS
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PERSONNAGES
IPHICRATEARLEQUIN
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Des habitants de l’île.
La scène est dans l’Île des esclaves.
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Le théâtre représente une mer et des rochers d’un côté,et de l’autre quelques arbres et des maisons.
Scène premièreIPHICRATE s’avance tristement sur le
théâtre avec ARLEQUIN.
IPHICRATE, après avoir soupiré.
Arlequin ?
ARLEQUIN, avec une bouteille de vin 1
qu’il a à sa ceinture.
Mon patron.
IPHICRATE
Que deviendrons-nous dans cette île ?
ARLEQUIN
Nous deviendrons maigres, étiques, et puis morts defaim : voilà mon sentiment et notre histoire.
IPHICRATE
Nous sommes seuls échappés du naufrage ; tous noscamarades ont péri, et j’envie maintenant leur sort.
ARLEQUIN
Hélas ! ils sont noyés dans la mer, et nous avons lamême commodité 2.
IPHICRATE
Dis-moi : quand notre vaisseau s’est brisé contre lerocher, quelques-uns des nôtres ont eu le temps de sejeter dans la chaloupe ; il est vrai que les vagues l’ontenveloppée, je ne sais ce qu’elle est devenue ; mais peut-être auront-ils eu le bonheur d’aborder en quelqueendroit de l’île, et je suis d’avis que nous les cherchions.
1. La bouteille de vin est l’un des attributs traditionnels du person-nage d’Arlequin dans la commedia dell’arte.
2. Commodité : équivaut ici à « possibilité », « opportunité ».
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L ’ Î l e d e s e s c l a v e s46
ARLEQUIN
Cherchons, il n’y a pas de mal à cela ; mais reposons-nous auparavant pour boire un petit coup d’eau-de-vie :j’ai sauvé ma pauvre bouteille, la voilà ; j’en boirai les deuxtiers, comme de raison 1, et puis je vous donnerai le reste.
IPHICRATE
Eh, ne perdons point de temps, suis-moi, ne négligeonsrien pour nous tirer d’ici ; si je ne me sauve, je suis perdu,je ne reverrai jamais Athènes, car nous sommes dans l’Îledes esclaves.
ARLEQUIN
Oh, oh ! qu’est-ce que c’est que cette race-là ?
IPHICRATE
Ce sont des esclaves de la Grèce révoltés contre leursmaîtres, et qui depuis cent ans sont venus s’établir dansune île, et je crois que c’est ici : tiens, voici sans doutequelques-unes de leurs cases ; et leur coutume, mon cherArlequin, est de tuer tous les maîtres qu’ils rencontrent,ou de les jeter dans l’esclavage.
ARLEQUIN
Eh ! chaque pays a sa coutume ; ils tuent les maîtres,à la bonne heure, je l’ai entendu dire aussi ; mais on ditqu’ils ne font rien aux esclaves comme moi.
IPHICRATE
Cela est vrai.
ARLEQUIN
Eh ! encore 2 vit-on.
1. Arlequin commence à mettre en pratique des règles nouvelles dejustice.
2. Encore : du moins (sens restrictif). Cette réplique marque le débutdu processus de dissolution du lien maître.esclave.
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S c è n e p r e m i è r e 47
IPHICRATE
Mais je suis en danger de perdre la liberté, et peut-êtrela vie ; Arlequin, cela ne te suffit-il pas pour meplaindre ?
ARLEQUIN, prenant sa bouteille pour boire.
Ah ! je vous plains de tout mon cœur, cela est juste.
IPHICRATE
Suis-moi donc.
ARLEQUIN siffle.
Hu, hu, hu.
IPHICRATE
Comment donc, que veux-tu dire ?
ARLEQUIN, distrait, chante.
Tala ta lara.
IPHICRATE
Parle donc, as-tu perdu l’esprit, à quoi penses-tu ?
ARLEQUIN, riant.
Ah, ah, ah ! Monsieur Iphicrate, la drôle d’aventure ;je vous plains, par ma foi, mais je ne saurais m’empêcherd’en rire.
IPHICRATE, à part les premiers mots.
(Le coquin abuse de ma situation, j’ai mal fait de luidire où nous sommes.) Arlequin, ta gaieté ne vient pas àpropos, marchons de ce côté.
ARLEQUIN
J’ai les jambes si engourdies.
IPHICRATE
Avançons, je t’en prie.
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Je t’en prie, je t’en prie ; comme vous êtes civil et poli ;c’est l’air du pays qui fait cela.
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L ’ Î l e d e s e s c l a v e s48
IPHICRATE
Allons, hâtons-nous, faisons seulement une demi-lieuesur la côte pour chercher notre chaloupe, que nous trou-verons peut-être avec une partie de nos gens ; et, en cecas-là, nous nous rembarquerons avec eux.
ARLEQUIN,en badinant* 1
Badin*, comme vous tournez cela.(Il chante.)
L’embarquement est divinQuand on vogue, vogue, vogue,L’embarquement est divinQuand on vogue avec Catin 2.
IPHICRATE,retenant sa colère.
Mais je ne te comprends point, mon cher Arlequin.
ARLEQUIN
Mon cher patron, vos compliments* me charment ;vous avez coutume de m’en faire à coups de gourdin quine valent pas ceux-là, et le gourdin est dans la chaloupe.
IPHICRATE
Eh, ne sais-tu pas que je t’aime ?
ARLEQUIN
Oui ; mais les marques de votre amitié tombent tou-jours sur mes épaules, et cela est mal placé. Ainsi tenez,pour ce qui est de nos gens, que le ciel les bénisse ; s’ilssont morts, en voilà pour longtemps ; s’ils sont en vie,cela se passera, et je m’en goberge 3.
1. Les astérisques renvoient au Lexique en fin de volume.2. Évocation du thème de l’embarquement pour Cythère. Le prénom
féminin populaire Catin, diminutif de Catherine, se charge peu à peude la nuance de « fille légère » pour finir par devenir un synonyme de« prostituée » à la fin du XVIIIe siècle.
3. Je m’en goberge : je m’en moque.
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S c è n e p r e m i è r e 49
IPHICRATE, un peu ému.
Mais j’ai besoin d’eux, moi.
ARLEQUIN, indifféremment.
Oh, cela se peut bien, chacun a ses affaires ; que je nevous dérange pas.
IPHICRATE
Esclave insolent !
ARLEQUIN, riant.
Ah, ah ! vous parlez la langue d’Athènes, mauvais jar-gon que je n’entends plus.
IPHICRATE
Méconnais-tu 1 ton maître, et n’es-tu plus monesclave ?
ARLEQUIN, se reculant d’un air sérieux 2.Je l’ai été, je le confesse à ta honte ; mais va, je te
le pardonne : les hommes ne valent rien. Dans le paysd’Athènes, j’étais ton esclave, tu me traitais comme unpauvre animal, et tu disais que cela était juste, parce quetu étais le plus fort : eh bien, Iphicrate, tu vas trouver iciplus fort que toi ; on va te faire esclave à ton tour ; on tedira aussi que cela est juste, et nous verrons ce que tupenseras de cette justice-là, tu m’en diras ton sentiment,je t’attends là. Quand tu auras souffert, tu seras plus rai-sonnable, tu sauras mieux ce qu’il est permis de fairesouffrir aux autres. Tout en irait mieux dans le monde, siceux qui te ressemblent recevaient la même leçon que toi.Adieu, mon ami, je vais trouver mes camarades et tesmaîtres. (Il s’éloigne.)
1. Méconnaître : 1) ne pas connaître ; 2) agir et parler comme si l’onne se souvenait plus de son premier état. « Il est devenu si superbe qu’ilméconnaît ses parents » (Dictionnaire de l’Académie).
2. Cette didascalie est très importante car elle matérialise le doublestatut de la tirade d’Arlequin, quelque peu décrochée par rapport aureste.
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D O S S I E R
1 Lectures et mises en scènede L’Île des esclaves
2 Images du valet au XVIIIe siècle
3 Mésalliances
4 Îles et utopies
5 Comédie et philosophie :les germes de la subversion
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* Onn’yappréciapas beaucoup leDivertissement final(cf. p. 92) quireprésentait desesclaves brisantleurs chaînes…
1 Lectures et mises en scènede L’Île des esclaves
UNE LECTURE DE 1730 :LA BARRE DE BEAUMARCHAIS
L’accueil de la pièce fut mitigé à lacour *, mais elle fut très bien reçue dupublic comme en témoignent les dix-neuf représentations successives. Elle futrégulièrement reprise à la Comédie-Italienne jusqu’en 1742, puis de 1754 à1761. Les premiers comptes renduslouent avant tout ses qualités formelleset sa variété de tons. La Barre de Beau-marchais s’enthousiasme pour L’Île desesclaves 1 qu’il résume dans la quator-zième de ses Lettres sérieuses et badines :
Cette comédie me paraît un petit bijou.Iphicrate petit maître et EuphrosineCoquette sont jetés par la tempête dans uneîle gouvernée par des esclaves fugitifs. Selonles lois de la colonie, on ôte la liberté à cesdeux malheureux, et on affranchit aucontraire Arlequin et Cléanthis, leurs domes-tiques. Ceux-ci devenus les maîtres, en fontpar ordre du magistrat des portraits ridicu-les, et il faut qu’Iphicrate et Euphrosineconviennent que ces portraits sont ressem-blants. Voilà déjà des mortifications bien
1. Il lut la pièce dans le Recueil du Nouveau Théâtre-Italien qui parutchez Briasson en 1730.
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dures. Mais comme en les leur faisantessuyer, on ne se propose que de les corrigerde leurs défauts, et surtout de leur inhuma-nité envers ceux qui les servent, ils n’en sontpas quittes pour ces premières épreuves. Ilsont encore le déplaisir de voir Arlequin etCléanthis leur donner des ordres extrava-gants. Pour le coup Iphicrate succombe à sonmalheur, Arlequin s’attendrit, il demandepardon à son maître, Cléanthis en fait autantde son côté, enfin on les renvoie libres tousles quatre. Si je vous connais bien, mon chermonsieur, les huit premières scènes aurontbeau vous divertir, vous aimerez encoremieux les pleurs délicieuses que vous arra-cheront les sentiments généreux qui brillentdans les trois dernières scènes 1.
Cette citation suggère trois commen-taires :
Le pôle Iphicrate.Arlequin bénéficiede toute l’attention au détriment despersonnages féminins (ce déséquilibreétait déjà perceptible dans le compterendu du Mercure de France d’avril1725 : « Euphrosine et Cléanthis, qui ontfait naufrage avec Iphicrate et Arlequin,jouent à peu près le même rôle dont onvient de parler »). Fidèle à la logique dece premier choix, le commentateur faitdes plaintes d’Iphicrate, étrangementprises au sérieux, l’unique cause du ren-versement de situation.
Le résumé donne d’autre partl’impression d’une étanchéité entre les
1. Lettres sérieuses et badines sur les ouvrages des savants et toutessortes de sujets, La Haye, Jean Van Duren, 1730, t. III, lettre XIV,p. 268. C’est nous qui soulignons.
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deux couples, et retranche de la piècetoute idée de transgression de la fron-tière sociale : les projets amoureux desesclaves sont ainsi pudiquement dési-gnés comme des « extravagances », et lascène VIII entre Arlequin et Euphrosinen’est pas même mentionnée. Cette scènecharnière, le moment clé de la « sur-prise » du sentiment, est occultée par uncritique tout occupé à montrer que lemécanisme « fonctionne » symétrique-ment, au prix d’une éviction totale de ladimension du désir.
Enfin, le contraste des tons, les « sen-timents généreux » mis en scène et les« pleurs délicieuses » sont particulière-ment loués dans les commentaires del’époque, témoignant par là d’un débutd’évolution du goût vers le sentiment etle pathétique larmoyant. Mais cette« sensibilité » reste étroitement liée à unmécanisme d’identification qui fait com-patir ce lecteur aux malheurs d’Iphi-crate, parce que c’est à Iphicrate qu’ils’identifie. Autrement dit, La Barre deBeaumarchais reçoit la pièce à partir dela position du maître, sans qu’on puisseabsolument exclure cependant unepointe d’ironie à l’égard des maîtresridiculisés.
Le résumé de La Barre de Beaumar-chais nous éclaire sur deux points : surla puissance du dispositif en diptyque deMarivaux, qui incite le lecteur à « for-cer » la symétrie de l’ensemble en occul-tant au besoin ce qui ne rentre pas dansle système (le désir des esclaves, la dupli-
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[...]
* « Tu es né, tuas été élevé avecmoi dans la maisonde mon père, le tieny est encore ; ilt’avait recommandéton devoir enpartant. »
2 Images du valet au XVIIIe siècle
DE L’ESCLAVE AU VALET :ASSERVISSEMENT OU SERVICE ?
La vision paternaliste qui sous-tend lediscours d’Iphicrate à Arlequin dans lascène IX * établit une analogie entre levalet et l’esclave antique, lequel apparte-nait à la maison. Dans Les Devoirs desmaîtres et des domestiques, l’abbéClaude Fleury se fait le porte-paroled’une morale chrétienne qui reprend lestermes de l’Évangile en les adaptant àpeine au contexte contemporain :
Tant que le domestique est en service, lemaître lui doit trois choses : la subsistance,l’occupation et la correction. C’est ce que ditl’écriture : le pain, la correction et le travailpour l’esclave. Ajoutons au pain la récom-pense, pour nos serviteurs qui sont touslibres. Ces trois choses sont également néces-saires 1.
D’après l’auteur, les domestiquesdoivent d’ailleurs s’estimer heureux…de n’être pas des esclaves et d’être mieuxtraités par leurs maîtres chrétiens queles malheureux à qui saint Paul prêchaitla soumission.
1. Abbé Claude Fleury, Les Devoirs des maîtres et des domestiques,1re édition, 1688 ; rééd. Amsterdam, E. Roger, 1710, p. 17.
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Ce que répète inlassablement ce textede « propagande » destiné aux domes-tiques, c’est la nécessité d’une soumis-sion absolue à leurs maîtres, car c’est surelle que repose l’équilibre de la société :
« Vous avez été appelés au service de Dieuen étant esclaves ; ne vous en mettez pointen peine. Que chacun demeure en l’état où ila été appelé. » C’est la règle que nous donnesaint Paul (I, Cor, 7, 20-21) pour nous faireentendre que la religion chrétienne nechange rien à l’ordre de la société civile ni àla différence des conditions, parce que c’estla Providence divine qui a établi ces diffé-rences (Rom, 13, 1-7) 1.
De là à justifier les humiliationssubies par les domestiques sous prétextequ’elles leur ouvrent les portes du ciel,il n’y a qu’un pas :
Ils sont continuellement dans l’occasionde pratiquer l’humilité : rendant toutessortes de services jusques au plus bas ;n’étant jamais ni loués ni flattés mais aucontraire méprisés et maltraités, souventpour de petits sujets. C’est de quoi acquérirde grands trésors de vertu. Tout cela bienconsidéré, j’estime que les serviteurs sonttout au moins aussi heureux que les maîtres :ou plutôt qu’ils ne sont pas plus malheureux,puisqu’il n’y a point de vrai bonheur à cher-cher en cette vie 2.
De tels traités de propagande ont étéparodiés et moqués, notamment parJonathan Swift dans des « Instructions
1. Ibid., p. 65.2. Ibid., p. 71.
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aux domestiques » qui ne prêchent pasla soumission :
Vieillir dans les fonctions de valet de piedest le plus grand de tous les déshonneurs ;c’est pourquoi, quand vous voyez passer lesannées sans espoir d’une place à la cour,d’un commandement dans l’armée, d’unepromotion au grade d’intendant, d’unemploi dans la finance (ces deux derniers nes’obtiennent qu’en sachant lire et écrire),sans espoir d’enlever la nièce ou la fille devotre maître, je vous recommande expressé-ment de partir sur les grands chemins, c’estle seul poste honorable qui vous reste ; vousy rencontrerez beaucoup de vos ancienscamarades, vous y vivrez une vie courte etbonne jusqu’à votre dernier jour, pour lequelje veux vous donner quelques instructions.Mon dernier avis est relatif à la conduite quevous devez tenir lorsque vous serez pendu 1.
Le fonctionnement de la dénonciation d’un système inégal est plus complexe chez Marivaux. S’il présente, comme Swift, l’aliénation sociale plus comme une dégradation que comme un « sup-plément d’âme », en revanche les dis-cours édifiants du dénouement se rapprochent plus de la conception chré-tienne d’un Fleury qui reconnaît la vali-dité de la hiérarchie tout en la replaçant dans une perspective plus vaste. Dans L’Éducation d’un prince, dialogue entre un précepteur, Théophile (littéralement : qui aime Dieu), et [...]
1. J. Swift, « Instructions aux domestiques », fragment d’un traitéparodique inachevé, Manuel de conversation polie, 1745, in Œuvres, Gal-limard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1965, p. 1278-1279.
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L E X I Q U E
BBADIN : adjectif et substantif
désignant une personne ouune attitude folâtre, peusérieuse.
BADINER : dire des chosesd’un air fin et plaisant(Furetière).
CCOMPLIMENTS : paroles
civiles, obligeantes, pronon-cées en témoignage de res-pect ou d’affection. Sanscompliments : sans détour,franchement.
CONDITION : 1) état d’unhomme considéré par rap-port à sa naissance, rangsocial. Employé absolument« condition » peut signifier« noblesse » : un homme decondition = un noble ;2) domesticité. Être en condi-tion, changer de condition,trouver une condition, êtrehors de condition au sensd’emploi de domestique.
CONNAÎTRE : au XVIIIe siècle,le terme avait une plus grandeextension qu’aujourd’hui etsignifiait notamment :1) reconnaître ; 2) discerner,distinguer.
CONTENTER, CONTENT(E) :satisfaire, satisfait(e).
DDIANTRE : juron, exclamation
qui vient de la transforma-tion par euphémisme de« diable ».
EÉTOURDI : 1) qui agit sans
considérer ce qu’il fait ;2) profondément étonné,embarrassé.
FFORTUNE : sort, destinée.FRIPON : 1) fourbe, malhon-
nête, malicieux ; 2) agui-cheur, coquet, connotationségrillardes ; se dit commu-nément d’une jeune per-sonne qui a l’air coquet etéveillé (Acad.).
GGAILLARD : bien portant, en
bonne santé, dispos.
HHONNÊTE : 1) vertueux,
conforme à l’honneur et à la
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B I B L I O G R A P H I E
I. ÉDITIONS DU THÉÂTRE COMPLET
MARIVAUX, Théâtre complet, éd. Henri Coulet et Michel Gilot,Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1993-1994, 2 vol.
MARIVAUX, Théâtre complet, éd. Frédéric Deloffre et FrançoiseRubellin, Bordas, « Classiques Garnier », 1989, 2 vol.
II. SUR LE THÉÂTRE AU XVIIIe SIÈCLE
ATTINGER, Gustave, L’Esprit de la commedia dell’arte dansle théâtre français, Librairie théâtrale, 1950 ; rééd. Genève,Slatkine Reprints, 2010.
BARIDON, Michel, et JONARD, Norbert (éds), Arlequin et sesmasques, actes du colloque franco-italien de Dijon, 5-7 sep-tembre 1991, Éditions universitaires de Dijon, 1992.
BLANC, André, et al., Maîtres et valets dans la comédie françaisedu XVIIIe siècle, Ellipses, « Résonances », 1999.
BOURQUI, Claude, La Commedia dell’arte : introduction authéâtre professionnel italien entre le XVIe et le XVIIIe siècles,SEDES, « Questions de littérature », 1999.
COURVILLE, Xavier DE, Un apôtre de l’art du théâtre auXVIIIe siècle : Luigi Riccoboni dit Lélio, Droz, 1943 et 1945,3 vol. ; rééd. Librairie théâtrale, 1958 ; Genève, SlatkineReprints, 2013.
LAGRAVE, Henri, Le Théâtre et le public à Paris de 1715 à 1750,Klincksieck, 1972.
LARTHOMAS, Pierre, Le Théâtre en France au dix-huitièmesiècle, PUF, « Que sais-je ? », n° 1848, 1994 [1980].
LURCEL, Dominique (éd.), Théâtre de foire au XVIIIe siècle,UGE, « 10.18 », 1983.
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