une synthèse sur l’attachement au lieu : conceptualisation
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Actes du XXIIIème Congrès International de l’AFM – 31 mai & 1er juin 2007, Aix-les-Bains
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Une synthèse sur l’attachement au lieu : conceptual isation,
exploration et mesure dans le contexte de la consom mation
Alain Debenedetti
ATER à l’Université de Paris-Dauphine, DRM-DMSP, (UMR CNRS 7088)
Place du maréchal de Lattre de Tassigny
75775 Paris cedex 16
alain.debenedetti@dauphine.fr
53, avenue Parmentier
75011 Paris
tel : 01 48 07 21 63
mob : 06 72 07 79 79
alain.debenedetti@free.fr
Actes du XXIIIème Congrès International de l’AFM – 31 mai & 1er juin 2007, Aix-les-Bains
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Une synthèse sur l’attachement au lieu : conceptual isation,
exploration et mesure dans le contexte de la consom mation
Résumé : l’attachement au lieu a fait l’objet de nombreuses recherches dans des disciplines
variées comme la psychologie environnementale ou la sociologie, en décrivant les relations
émotionnelles et identitaires entre les individu et leur environnement physique. Ces travaux
n’ont fait l’objet d’aucun développement en marketing alors que les chercheurs soulignent
l’importance de l’affect dans la gestion des lieux de consommation. Cet article synthétise les
travaux antérieurs sur l’attachement au lieu et propose une démarche empirique permettant
d’explorer le concept en utilisant des méthodologies qualitatives complémentaires, d’en
proposer une mesure puis d’en analyser les déterminants et les facteurs d’influence de
manière quantitative.
Mot clés : attachement au lieu, comportement du consommateur, lieux de consommation, affect, extension du soi.
A synthesis on place attachment: conceptualization, exploration,
and measure in the context of consumption
Abstract: Place attachment has been widely studied in various research fields such as
environmental psychology or sociology, through the description of the emotional and identity
bonds linking the individuals and their physical environment. However, whereas scholars
emphasize the importance of affect in the management of consumption places, to date, these
works have not been extended into the marketing field. Thus, this paper synthesizes previous
works on place attachment and suggests an empirical procedure enabling first to explore the
concept through the use of complementary qualitative methodologies, second to propose of
measure of this concept, and eventually to quantitatively analyze its determinants and
influence factors.
Key words: place attachment, consumer behaviour, consumption places, affect, extended self
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Une synthèse sur l’attachement au lieu : conceptual isation,
exploration et mesure dans le contexte de la consom mation
INTRODUCTION
Dans la vie de tous les jours, les consommateurs fréquentent des lieux de consommation pour
des motifs très variés. Si certains revêtent peu d’importance pour les consommateur, d’autres
occupent au contraire une place prépondérante dans la vie de l’individu. Leur utilité ou leur
accessibilité constitue une explication potentielle, mais il en existe d’autres : ces lieux
rassurent, ils constituent un autre « chez-soi », ils sont authentiques... Aujourd’hui, les lieux
de consommation ne sont pas simplement dépositaires de leur fonction d’échange de biens ou
de services, mais constituent un espace premier d’expériences physiques, sociales ou plus
personnelles qui éveillent des sentiments et participent à la construction du soi. Parmi tous les
lieux qu’il fréquente, lesquels comptent vraiment pour le consommateur ? Comment alors
qualifier la relation qui s’est instaurée entre ce consommateur et ces lieux spécifiques ? Dans
la littérature et en dehors du monde académique, on utilise le plus souvent le terme
d’attachement au lieu (place attachment) pour qualifier ce type de relation qui se développe
indépendamment des qualités objectives du lieu.
De manière surprenante, cette forme de relation est très peu étudiée dans le champ du
marketing : à notre connaissance, seules quatre recherches font référence à l’attachement au
lieu (Belk, 1992 ; Gentric, 2005 ; Park et McInnis, 2006 ; Schultz-Kleine et Menzel-Baker,
2004), la plupart des travaux sur la relation entre le consommateur et son environnement
commercial envisageant la relation affective de manière globale, sans référence à un état
affectif particulier. Or, il est important de considérer chaque type de relation affective
séparément, dans la mesure où chaque affect implique des mécanismes et des réponses
comportementales différentes de la part du consommateur (Derbaix et Pham, 1989) : aborder
la relation affective entre un individu et un lieu de consommation à travers le concept
d’attachement au lieu permet de répondre à cette exigence théorique. Mobiliser le concept
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d’attachement au lieu dans le champ du marketing est également pertinent au regard de la
littérature dans la mesure où (1) de manière transversale, les travaux antérieurs soulignent le
rôle de l’attachement au lieu dans l’explication de variables relationnelles au premier rang
desquelles l’engagement vis-à-vis du lieu (Fried, 2000 ; Kyle, Absher et Graefe, 2003 ;
McAndrew, 1998 ; Mesch et Manor, 1998 ; Sharpe et Ewert, 2000, Vaske et Kobrin, 2001 ;
Wakefield et al., 2001) ; (2) l’attachement au lieu est un concept riche et qui bénéficie d’un
réel engouement dans de nombreuses disciplines (47 articles recensés par l’auteur depuis
1990) ; (3) les questions du rôle symbolique du lieu et de sa participation à l’identité du
consommateur s’inscrivent dans les axes de recherches définis par la Consumer Culture
Theory (Arnould et Thompson, 2005).
La synthèse proposée dans cet article s’interroge donc sur la conceptualisation de
l’attachement au lieu de consommation. Qu’est-ce que l’attachement au lieu de
consommation ? Quels sont ses principaux mécanismes (formation, conséquences, facteurs
d’influence) ? Comment peut-on le mesurer ? Concerne-t-il tous les lieux de consommation ?
Pour répondre à ces questions, l’étude de ce concept a fait l’objet de trois principales étapes :
- une analyse de la littérature, avec pour objectif de proposer une définition générique de
l’attachement au lieu de consommation ;
- une exploration qualitative des mécanismes de l’attachement au lieu, avec pour objectif de
comprendre les ressorts de l’attachement au lieu et ainsi pallier le caractère parcellaire de
la littérature ;
- le développement et la validation d’un instrument de mesure de l’attachement au lieu de
consommation, avec pour objectif de l’utiliser dans le cadre de la validation statistique des
hypothèses issues de la phase qualitative exploratoire.
Les résultats obtenus à l’issue de cette démarche empirique font ensuite l’objet d’une
discussion.
ANALYSE DE LA LITTERATURE ET PROPOSITION D ’UNE DEFINITION DE L’ATTACHEMENT AU LIEU DE CONSOMMATION
Après avoir précisé ce que nous entendons par lieu de consommation, nous nous intéresserons
à la notion d’attachement, qui a fait l’objet de développements hors et dans le champ du
marketing.
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Les soubassements théoriques de l’attachement au li eu
Hors du champ du marketing, les recherches sur les relations entre l’individu et son
environnement physique ne s’intéressent pas au lieu de consommation mais à la notion de lieu
en général : le lieu se réfère théoriquement « à un espace auquel une signification a été donnée
à travers des processus individuels, collectifs ou culturels » (Low et Altman, 1992, p. 5),
abstraction faite de son périmètre, de sa taille ou de sa tangibilité. Les représentations du lieu
dans les théories contemporaines en font donc un espace qui a du sens, formé par des
interactions entre des individus et des contextes (physiques, sociaux, historiques…). En sont
dès lors exclus les espaces qui laissent peu de place à la signification, à l’identification et à
l’émotion qui en découle. Ces espaces, appelés non-lieux (Augé, 1992), intègrent souvent les
grandes surfaces (marquées par l’uniformité, le passage, l’absence de personnalisation et
d’ancrage dans le paysage), que les praticiens tentent de « réenchanter » en y initiant des
expériences gratifiantes ou en théâtralisant l’espace (Sherry, 1998) afin de leur rendre le statut
de lieu. Cependant, toute forme d’environnement commercial permettant de donner une
valeur émotionnelle à l’expérience de consommation et auquel le consommateur attache une
signification revêt le statut théorique de lieu. Dans ce contexte, passer de la notion de lieu à
celle de lieu de consommation nécessite d’être plus restrictif et de se centrer sur des espaces
organisés et « gérés ». Pour cela, nous nous appuyons sur la définition que Debenedetti (2003,
p. 441) a établi pour les lieux de loisirs. Adaptée à notre contexte, cette définition fait du lieu
de consommation un espace organisé (c’est-à-dire géré par une organisation) à l’intérieur
duquel les individus adoptent des comportements associés à une expérience de
consommation spécifique. Cette vision permet d’exclure des lieux de consommation les
lieux où la consommation ne constitue qu’une éventualité. Elle permet également de ne pas
s’inscrire dans un périmètre trop restreint (en limitant les lieux de consommation aux seuls
lieux de vente par exemple).
En dehors de la question de la conceptualisation du lieu de consommation, il est important de
faire un état des connaissances sur la manière dont l’attachement a été envisagé dans et en
dehors de la sphère du marketing.
1 Debenedetti (2003) envisage les lieux de loisirs, qui peuvent être inclus dans notre définition du lieu de
consommation, comme « un espace organisé (c’est-à-dire géré par une organisation) à l’intérieur duquel les
individus adoptent des comportements associés au concept de loisirs ».
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Dans le champ du marketing, il n’est gère question d’attachement au lieu. En revanche, le
concept d’attachement a été mobilisé récemment pour expliquer la relation durable entre un
consommateur et une marque, dans une perspective relationnelle (Cristau, 2001, Heilbrunn,
2001 ; Lacoeuilhe, 1997, 2000a, 2000b ; Park et McInnis, 2006 ; Thomson, McInnis et Park,
2005). On retrouve comme concepts centraux de l’attachement à la marque les notions de
fidélité ou d’engagement qui sont au centre des préoccupations des fabricants désirant assurer
la survie à long terme de leur marque. Ce champ de recherche nouveau puise ses origines dans
un concept complexe, l’attachement, intégré dans de nombreuses réflexions allant de la
compréhension des liens entre un petit enfant et sa mère (Ainsworth, 1973 ; Bowlby, 1969,
1979) à la quête du soi au travers de la possession de biens matériels (Belk, 1988, 1992 ;
Csikszentmihalyi et Rochberg-Halton, 1981 ; Schultz-Kleine, Kleine III et Allen, 1995 ;
Wallendorf et Arnould, 1988). Les points communs à ces travaux à l’origine des recherches
sur la relation consommateur / marque résident dans la présence d’un lien affectif et d’une
recherche de proximité psychologique ou identitaire à l’âge adulte. Le tableau 1 synthétise les
caractéristiques centrales de ces différentes approches.
Tableau 1 – Les différentes approches de l’attachement
Type d’attachement
Sources théoriques Caractéristique principale
Autres éléments majeurs
Attachement interpersonnel
Relation mère-enfant (Bowlby, 1969)
Comportement de recherche de proximité physique
Transformation à l’âge adulte (proximité psychologique)
Attachement aux possessions
Fonction expressive de la consommation (Csikszentmihalyi. et Rochberg-Halton, 1981)
Fonction identitaire : reflet du soi
Présence si la source du lien est émotionnelle (Belk, 1992)
Attachement à la marque
Travaux précités sur l’attachement interpersonnel et l’attachement aux possessions
Relation affective durable avec une marque spécifique
Expression d’une proximité psychologique (Lacoeuilhe, 2000a, 2000b) ; expression d’une amitié et d’une dépendance (Cristau, 2001)
L’étude de l’attachement au lieu aurait pu se limiter à répliquer les travaux effectués
récemment sur la marque et les adapter au contexte du lieu de consommation. La solution de
la réplication est apparue inadéquate pour plusieurs raisons. Premièrement, la marque et le
lieu sont des concepts de nature différente. Deuxièmement, les travaux sur l’attachement à la
marque restent embryonnaires et peu consensuels. Troisièmement, le processus de formation
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de l’attachement à la marque est largement influencée par la phase préachat alors que
l’attachement au lieu se forme au travers de significations non nécessairement influencées par
le marché. Enfin, a contrario de l’attachement à la marque, l’attachement au lieu est un
concept autonome déjà bien ancré dans la littérature et de surcroît en plein renouveau. Ces
différents constats militent en la faveur d’une analyse en profondeur de la littérature sur
l’attachement au lieu : si l’attachement à la marque constitue un développement intéressant,
une simple réplication à « l’objet-lieu » des recherches effectuées dans le cadre de la marque
semble donc constituer un raccourci qui peut s’avérer inadapté et peu efficace en termes de
création de connaissances nouvelles.
L’attachement au lieu comme variable affective
La littérature sur l’attachement au lieu est caractérisée par des approches très diverses en
termes de disciplines (psychologie environnementale, sciences des loisirs, sociologie,
géographie…), de méthodologies (observations, cas, entretiens, questionnaires…) et de terrain
d’application (lieu de résidence, voisinage, ville, espaces naturels…). De surcroît , les lieux
concernés diffèrent en termes de taille, d’expérience ou de tangibilité (Low et Altman, 1992).
Ainsi, l’attachement au lieu ne dispose d’un véritable consensus ni du point de vue de sa
définition, ni dans son approche méthodologique, ce qui rend son étude plus délicate (Hidalgo
et Hernandez, 2001). La diversité des définitions données (Giuliani et Feldman, 1993) qui
voient en l’attachement au lieu tantôt un concept très large pour désigner un système d’affects
liés à l’environnement, tantôt un concept très spécifique qui décrit une relation purement
affective entre un individu et un lieu, a ralenti la compréhension du concept. Aussi n’en
existe-t-il pas de définition générique, ni de description précise de ses mécanismes.
Toutefois, si les points de vue et les définitions diffèrent d’une recherche à l’autre, il existe
des visions dominantes dans chacune des principales disciplines qui s’intéressent au concept :
� En sociologie, l’étude de l’attachement au lieu est née avec les travaux de Fried (1963)
sur la relation des ouvriers du West End de Boston à leur lieu de résidence. Ce chercheur a
constaté qu’en dépit des médiocres conditions de vie qu’offrait le West End, les
populations déplacées souffraient d’un arrachement à leur quartier, exprimant des
sentiments négatifs. Dans la plupart des travaux en sociologie, l’attachement au lieu (ou à
la communauté) est un lien affectif, où l’aspect identitaire du lien est présent même s’il
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n’occupe pas un statut très précisément défini. L’attachement au lieu est d’abord un lien
social (Gerson, Stueve et Fischer, 1977 ; Mesch et Manor, 1998), la terminologie la plus
employée étant « attachement à la communauté ». Cependant, d’autres facettes du
concept, notamment sa facette physique sont évoquées par plusieurs auteurs (Fried, 2000 ;
Hummon, 1992) ;
� En sciences des loisirs, les recherches sur l’attachement au lieu se sont développées en
référence aux travaux de Williams et Roggenbuck (1989). Le concept comprend alors
deux dimensions : la dépendance vis-à-vis du lieu (attachement fonctionnel, développé à
partir des recherches de Stockols et Shumaker (1981) en psychologie environnementale)
et l’identification au lieu (attachement émotionnel et identitaire, développé à partir des
recherches de Proshansky (1978) et de Proshansky, Fabian et Kaminoff (1983) en
psychologie environnementale également). De par le choix du terrain d’application (parcs
nationaux, base de loisirs naturels) l’attachement au lieu passe d’abord par un attachement
à l’environnement physique et à l’activité pratiquée sur le lieu ;
� En géographie humaine, l’attachement au lieu est un phénomène universel, qui traduit
un ensemble de relations émotionnelles et symboliques entre l’individu et son
environnement physique (Tuan, 1977). Il est utilisé pour décrire un aspect de la relation
entre l’être humain et son milieu. Ainsi, il y a attachement dès que l’environnement peut
être considéré comme un lieu, c’est-à-dire un espace qui a du sens ;
� La psychologie environnementale a la particularité de tenter d’intégrer le concept
d’attachement au lieu dans un véritable champ. Plus de dix ans après l’ouverture
interdisciplinaire proposée par l’ouvrage d’Altman et Low (1992), les recherches
demeurent relativement cloisonnées, même si certains auteurs franchissent aujourd’hui les
frontières des leur propre discipline pour alimenter la réflexion (Brown et Perkins, 1992 ;
Chawla, 1992 ; Fried, 2000 ; Giuliani et Feldman, 1993 ; Hidalgo et Hernandez, 2001 ;
Kaltenborn et Bjerke, 2002 ; McAndrew, 1998 ; Milligan, 1998 ; Rubinstein et Parmelee,
1992 ; Williams et al., 1992). L’attachement au lieu apparaît donc comme un lien affectif
complexe, multidimensionnel, qui possède une fonction identitaire.
Le tableau 2 résume les différentes visions de l’attachement dans les principales littératures
qui s’intéressent au concept.
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Tableau 2. – Les approches de l’attachement au lieu en sociologie, sciences des loisirs,
géographie et psychologie environnementale
Discipline Caractéristique
principale
Autres
éléments
majeurs
Définition
générique
Sources
théorique /
référence
Terrains
d’application
principaux
Sociologie Lien à la communauté
Investissement émotionnel # satisfaction
Aucune Fried (1963) Résidence, voisinage, communauté
Sciences
des loisirs*
Lien de dépendance et d’identification
Lien émotionnel et fonctionnel
Aucune Identification : Proshansky (1978) Dépendance : Stockols et Shumaker (1981)
Grands espaces naturels, résidences de vacances
Géographie Lien universel Lié au concept de lieu comme espace qui a du sens
Aucune Relph (1976) Tuan (1974)
Résidence, voisinage, communauté
Psychologie
env.
Lien affectif et identitaire complexe
Diversité des approches et volonté d’aller vers un cadre intégrateur
Aucune Altman et Low (1992)
Résidence, voisinage, communauté, ville
* Les références théoriques sur lesquelles les sciences des loisirs s’appuient (identification et dépendance / lieu)
sont issues de la psychologie environnementale.
Cette multiplicité des approches n’a pas permis de consensus au niveau de la définition du
concept. Cependant, leur mise en perspective laisse apparaître des dénominateurs communs :
l’attachement au lieu est un lien qui s’instaure entre un individu et un lieu spécifique, quelle
que soit sa catégorie ; l’attachement au lieu est une relation affective positive et identitaire,
ces deux éléments étant difficilement dissociables pour tout un pan de la littérature. L’aspect
affectif se manifeste négativement lorsque le lieu est soudainement dégradé ou indisponible,
en particulier par le sentiment de tristesse (Chawla, 1992 ; Giuliani, 1991 ; Mesch et Manor,
1998) ; l’attachement au lieu est un lien qui a pour nature de durer (Giuliani et Feldman,
1993), même lorsque le lieu est dégradé (Fried, 1963) et varie au cours du temps à mesure que
l’identité de l’individu se modifie ; de valence positive, l’attachement au lieu varie en
intensité : il peut être modéré, fort, voire excessif (Hidalgo et Hernandez, 2001) ; enfin il revêt
différentes formes, les plus fréquemment évoquées ou suggérées étant les formes sociale (lié
aux autres personnes présentes sur le lieu…), physique (lié à l’aménagement, au décor…) ou
personnelle (liées aux activités, qu’elles soient concrètes ou plus symboliques).
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Synthétiquement, nous proposons donc la définition suivante. L’attachement au lieu de
consommation est un lien affectif positif et identitaire de long terme entre un
consommateur et un lieu de consommation spécifique. D’intensité variable,
l’attachement au lieu de consommation se manifeste en particulier lorsque le lieu de
consommation est soudainement modifié.
Dans le champ du marketing, si l’attachement au lieu ne fait pas l’objet de recherches, des
comparaisons plus systématiques entre l’attachement à la marque et d’autres réactions
affectives ayant une cible spécifique ont été réalisées (Lacoeuilhe, 2000b ; Thomson et al.,
2005). Elles montrent que l’attachement est bien distinct de concepts tels que l’attitude, la
préférence, la satisfaction, l’émotion ou l’implication. Ces conclusions constituent une base
pertinente pour différencier l’attachement au lieu de concepts plus familiers en marketing, et
peuvent être complétées. Par exemple, attachement au lieu et fidélité ne sont pas synonymes :
si les deux concepts s’ancrent dans une perspective de relation à long terme, la fidélité n’est
qu’éventuellement affective (et de surcroît affective et identitaire) et comporte une dimension
comportementale centrale (Jacoby, 1975), absente dans le cas de l’attachement au lieu. On
peut très bien s’attacher à un lieu jamais visité (Low et Altman, 1992). De même,
l’engagement et l’attachement au lieu diffèrent, le premier concept étant caractérisé par une
réaction volontaire absente dans le second. En outre, l’ensemble des travaux sur l’attachement
au lieu, indépendamment du champ considéré, envisagent les diverses formes d’engagement
répertoriées comme des conséquences éventuelles et distinctes de l’attachement au lieu (Fried,
2000 ; Mesch et Manor, 1998 : protection et préservation ; Vaske et Kobrin, 2001 :
comportement environnemental responsable ; Wakefield et al., 2001 : action civique, etc.)
Si une définition du concept clairement distinctes des concepts connexes peut être donnée
suite à la revue de la littérature, en revanche, force est de constater que l’on en sait peu
concernant les mécanismes de l’attachement au lieu. Aujourd’hui encore, la littérature se
focalise le plus souvent sur les caractéristiques du concept et rares sont les travaux portant sur
les mécanismes qui régissent l’attachement au lieu (Kaltenborn, 1997). Si le concept connaît
un regain d’intérêt depuis le début des années 90, les résultats obtenus sont cependant limités
puisque la littérature ne dit pas clairement envers quels type de lieux les individus
développent prioritairement un sentiment d’attachement, ni quelles sont précisément les
dimensions qui composent cet attachement (Hidalgo et Hernandez, 2001). Ainsi,
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l’attachement au lieu est un concept singulier mais dont les mécanismes demeurent peu
connus : la question de la dimensionnalité reste à approfondir, les antécédents et les
conséquences du concept n’ont fait l’objet que de rares investigations, les variables modérant
la relation d’attachement entre un individu et un lieu doivent être validées… Plus
précisément, retenons que :
� La régularité avec laquelle les variables temporelles sont intégrées dans les réflexions sur
l’attachement au lieu tendrait à suggérer que le concept se développe plutôt dans le temps,
même si certains chercheurs signalent que l’attachement au lieu peut survenir
immédiatement (Feldman, 1990) ;
� Les résultats sont controversés sur le plan des facteurs qui influencent l’attachement au
lieu aussi bien concernant le sexe (Hidalgo et Hernandez, 2001 ; Kaltenborn, 1997 ; Kyle,
Graefe et Manning, 2004) que la mobilité de l’individu (Bell et al., 1996 ; Gustafson,
2001 ; Joseph et Chalmers, 1995). L’ensemble des recherches s’accorde toutefois sur leur
influence ;
� L’engagement, la résistance au changement et la recherche de proximité sont des
conséquences récurrentes et cohérentes dans les travaux analysés (Fried, 2000 ; Kyle,
Absher et Graefe, 2003 ; McAndrew, 1998 ; Mesch et Manor, 1998 ; Relph, 1976 ; Sharpe
et Ewert, 2000 ; Vaske et Kobrin, 2001 ; Wakefield et al., 2001).
Une clarification du concept s’avère donc nécessaire, les connaissances sur les mécanismes de
l’attachement au lieu étant partielles.
UNE EXPLORATION DE L ’ATTACHEMENT AU LIEU : LA CONSTRUCTION D ’UN CADRE D’ANALYSE
Les constats sur les recherches antérieures, confortés par l’absence de travaux sur
l’attachement au lieu dans le contexte de la consommation, justifient la mise en place d’une
méthodologie qualitative destinée à décrire de manière fine l’attachement du consommateur
au lieu de consommation. Les questions sous-jacentes sont les suivantes. Quelles sont les
causes de l’attachement à un lieu de consommation ? Qu’implique pour l’individu le fait
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d’être attaché ? Est-ce que des caractéristiques propres à l’individu ou liées à l’environnement
exercent une influence sur l’attachement ?
L’utilisation de méthodes complémentaires
Afin de pallier le manque de données concernant les fondements de l’attachement au lieu de
consommation, nous avons eu recours à plusieurs études qualitatives à visée exploratoire.
Deux méthodes ont été utilisées : l’introspection et les entretiens semi directifs. Le recours
aux méthodes introspectives répond au besoin de générer des données pour construire un
guide d’entretien qui ne soit pas uniquement basé sur les intuitions du chercheur. Suivant les
recommandations de Richardson (1999), nous avons utilisé deux méthodes introspectives
complémentaires : l’introspection du chercheur et les narrations introspectives de
consommateurs. Pour répondre aux critiques dont ces méthodologies font l’objet en marketing
(Wallendorf et Brucks, 1993), elles ont été utilisées complémentairement à des entretiens
semi directifs. Particulièrement adaptés lorsque l’on cherche à fouiller un phénomène, ces
entretiens ont non seulement permis de confirmer la présence des descripteurs ayant émergé
dans la phase introspective mais encore de préciser, détailler chacun de ces descripteurs et de
mieux les articuler les uns par rapport aux autres.
Deux populations ont été interrogées : des managers de lieux de consommation et des
consommateurs. La mise en perspective des deux méthodologies introspectives a permis de
faire émerger une première esquisse des variables liées au concept. La phase introspective a
ensuite été complétée par une deuxième étape préliminaire. Celle-ci s’est appuyée sur des
entretiens semi directifs de responsables de lieux de consommation à caractère hédoniste (par
exemple un caviste, une librairie, un restaurant, un magasin de hi-fi) vers lesquels l’analyse
des introspections nous a poussé. Pour avoir à la fois une vision stratégique et terrain, les
managers interrogés sont le plus souvent (8 cas sur 9) à la fois créateurs et responsables du
lieu de consommation géré au quotidien. Ces interviews ont permis d’appréhender
l’attachement au lieu sous un prisme différent, et de montrer que si l’attachement au lieu avait
un sens pour les managers, il existait surtout par sa dimension sociale. Les entretiens semi
directifs avec les consommateurs ont constitué une étape décisive de cette étude qualitative
exploratoire, de par la richesse des données collectées (le profil des managers et des
consommateurs interviewés est disponible en annexe 1). Si peu de nouveaux descripteurs sont
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apparus, les thèmes envisagés suite aux deux premières étapes de l’étude ont été largement
complétés. Ces étapes, résumées dans le tableau 3, sont accompagnés du périmètre des lieux à
propos desquels les répondants ont été interrogés.
Tableau 3 – Les étapes de la recherche qualitative
Etude 1a : introspections du chercheur 10 introspections
écrites
Tous types de lieux
Etude 1b : narrations introspectives de
consommateurs
39 introspections
écrites
Tous types de lieux
Etude 2 : entretiens auprès de managers 9 entretiens semi
directifs
Lieu de vente et de
services hédonistes
Etude 3 : entretiens auprès de consommateurs 17 entretiens semi
directifs
Tous types de lieux
non privés
Un cadre intégrateur ayant émergé des analyses de c ontenu thématiques
Dans cette recherche, l’analyse de contenu thématique réalisée est principalement utilisée
pour sa fonction heuristique (Bardin, 1998), c’est-à-dire dans sa dimension exploratoire. Cette
étude qualitative exploratoire a ainsi permis de mettre à jour une série d’antécédents et de
conséquences principales de l’attachement au lieu de consommation.
Cette phase exploratoire suggère que cinq variables principales sont à l’origine de
l’attachement au lieu de consommation :
� Premièrement, l’authenticité perçue du lieu : cette variable représente la capacité du lieu
à être sincère, vrai, honnête, transparent, autrement dit à ne pas jouer d’artifices. Le lieu
authentique est également unique en son genre, comme le précise Camus (2004). C’est
sans doute pour cette raison que plusieurs consommateurs évoquent dans la phase
qualitative l’âme du lieu auquel ils sont attachés. Comme l’expliquent Cova et Cova
(2002) au sujet des objets authentiques, ce mélange d’identité du lieu, d’unicité (les lieux
de consommation évoqués dans la phase qualitative exploratoire sont « locaux », il ne
s’agit pas d’enseignes) et de sincérité (les lieux de consommation évoqués dans notre
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phase qualitative exploratoire possèdent finalement peu de dimensions marchandes)
semble particulièrement propice à l’apparition d’un lien affectif et identitaire dirigé vers
un lieu singulier : paradoxalement, l’aspect non-marchand du lieu compte beaucoup dans
la sincérité perçue pour les consommateurs comme pour les managers, qui comprennent
que certaines de leurs actions doivent être déconnectées de la démarche marketing ou
commerciale ;
� Deuxièmement, le confort psychologique perçu dans le lieu, dont le terme a été
emprunté à Appleyard (1979), associe les sentiments de bien-être, de liberté et de se sentir
« comme chez-soi » ressentis dans le lieu de consommation. L’utilisation du terme unique
de « confort psychologique » est notamment justifié par une co-occurrence des ces trois
thèmes dans les données qualitatives ;
� Troisièmement, la capacité du lieu à faire revivre les événements du passé. Les études
qualitatives successivement réalisées font émerger une idée forte : lorsque le lieu est
capable de faire revivre des évènements, personnels ou collectifs, positifs mais aussi plus
rarement négatifs, il peut susciter un attachement. Cette variable exprime donc la
possibilité donnée par le lieu de consommation à établir des connexions avec le passé,
sans pour autant faire écho aux connexions nostalgiques que Lacoeuilhe (2000a, 2000b)
souligne dans ses travaux sur l’attachement à la marque. Ici, les consommateurs ne
s’attachent pas à des lieux qui appartiennent à un passé révolu ;
� Quatrièmement, le sentiment de protection qui émane du lieu. Il est relatif à l’absence
d’événements négatifs associés au lieu et au sentiment d’y être à l’abri. Ces notions de
sécurité et d’abri sont complexes car elles englobent de nombreux aspects, comme des
aspects physiologiques (besoin de se sentir physiquement à l’abri) ou utilitaires (besoin de
sécurité économique). Le sentiment de protection comme antécédent à l’attachement au
lieu est évoqué dans la littérature par Brown, Perkins et Brown (2003), qui trouvent que
l’absence d’attachement au lieu de résidence proviendrait en partie d’une sensation
d’insécurité ;
� Enfin, la familiarité perçue du lieu de consommation, déjà évoquée par Relph (1976)
comme préalable à l’attachement au lieu. Dans notre phase qualitative, elle fait référence à
la connaissance intime du lieu et la présence de repères pour le consommateur.
Des verbatim illustrant les thématiques principales ayant émergé de la phase qualitative
exploratoire sont proposés dans le tableau 4. Précisons que cette phase qualitative montre
Actes du XXIIIème Congrès International de l’AFM – 31 mai & 1er juin 2007, Aix-les-Bains
15
également que de nombreuses autres variables sont susceptibles d’exercer une influence
directe sur l’attachement au lieu, mais de manière plus anecdotique.
Tableau 4 – Verbatim illustrant les antécédents de l’attachement au lieu
Verbatim *
C’est très difficile à qualifier d’un mot. Non y’a une certaine forme, ça rejoint un peu la
sincérité, d’authenticité dans le lieu d’une certaine façon, de fidélité à un certain nombre de
choses et de valeurs, quoi. Donc, ce serait plutôt ça : authenticité (rép. 9) / Tout ce que j’ai
choisi ici, ça aurait pu être ma maison (…) C’est chez moi, c’est… Même si je suis pas
propriétaire des murs, que je suis locataire, c’est chez moi, oui (man. 2) ; C’est comme une
succursale de la maison, un peu, entre amis. Une sorte de maison commune (rép. 8) ; C’est
certainement un des endroits où je me sens le mieux (…) Je sais pas si, si il faut essayer de la
décrire plus avant, j’crois que c’est un sentiment de bien-être tout simplement. Et c’est vrai
que je m’y sens particulièrement bien, c'est-à-dire complètement décontracté (rép. 1) ; C’est
un lieu de grande liberté (rép. 14) / Moi ce qui compte, c’est en fait tout ce qui revient, à la
fois du passé et tout ce que je peux continuer à vivre et à construire au présent dans ce lieu,
quoi (rép. 9) / C’est un endroit, même des fois quand tu vas pas très bien, c’est un endroit
quand t’as pas trop le moral ou un truc comme ça, c’est un endroit de… où tu te sens protégé
(rép. 2) ; Je m’y sens un peu à l’abri, protégée de la folie du monde (narr. 39) ; Je les connais
bien, que ce soient les montagnes, les rochers, les sentiers ou les villages, pour les avoir
arpentés à gauche, à droite (rép. 13) ; C’est un pays que je connais intimement. Intimement
les gens, intimement les paysages, la géographie, l’économie (rép. 15)
* narr. = narration introspective ; man. : entretien manager ; rép. : entretien consommateur
Cette étape qualitative suggère par ailleurs qu’au-delà de l’engagement vis-à-vis du lieu,
souvent cité dans la littérature mais qui revêt ici des propriétés spécifiques2, l’attachement au
2 Dans notre phase qualitative, l’engagement vis-à-vis du lieu est synonyme d’aide, d’encouragements, de
préoccupation pour la vie du lieu, d’expression du partage de valeurs, d’efforts et de sacrifices (comme le don de
temps, d’argent ou la mobilisation de ses compétences pour soutenir le lieu). Ces caractéristiques complètent
l’intention de retour (adaptation de l’intention d’achat qui caractérise l’engagement envers la marque, à l’origine
de la terminologie que nous employons) à la base de la notion d’engagement dans le champ du marketing. Ici
l’intention de retour est affirmée même si le lieu est dégradé. Dans la phase qualitative exploratoire, on note
Actes du XXIIIème Congrès International de l’AFM – 31 mai & 1er juin 2007, Aix-les-Bains
16
lieu de consommation est à l’origine de réponses cognitives et comportementales récurrentes,
notamment :
� Une fidélité « militante » de la part du consommateur, intégrant les notions de retour
récurrent sur le lieu de consommation et de défense du lieu. Dans cette approche de la
fidélité, loin de se limiter à une répétition de la visite doublée d’une attitude favorable, la
fidélité « militante » signifie d’abord la volonté de ne pas « laisser tomber » le lieu : elle
est synonyme de retour sur le lieu même après une longue période d’absence, même
lorsque cela est contraignant (en termes de temps ou de distance). Il ne s’agit pas
simplement d’un retour par inertie ou par habitude. Certains consommateurs trouvent
même des parades pour continuer à fréquenter un lieu d’attachement (choix d’un lieu de
résidence en fonction de l’emplacement géographique de celui-ci). Enfin le consommateur
associe à cette fidélité la volonté de défendre le lieu, notamment verbalement lorsque
celui-ci fait l’objet de critiques. Ainsi, la notion de fidélité est ici proche de celle de
recherche de proximité qui se trouve au centre des théories de l’attachement
interpersonnel (Ainsworth, 1973 ; Bowlby, 1969) et est reprise par certains sociologues et
psychologues de l’environnement (Fried, 2000 ; Hidalgo et Hernandez, 2001) ;
� Un comportement d’ambassadeur, qui consiste non seulement à effectuer un bouche-à-
oreille positif à propos du lieu de consommation mais également de se transformer en
guide pour faire découvrir le lieu, en effectuant parfois une sélection des bénéficiaires de
la découverte du lieu en question ;
� Une idéalisation du lieu, c’est-à-dire une tendance du consommateur (1) à croire que son
propre sentiment vis-à-vis du lieu est partagé par tous et (2) à employer des superlatifs
pour décrire le lieu de consommation. Certains consommateurs trahissent à l’oral et par
certains gestes et attitudes une fascination pour des lieux qui peuvent sembler tout à fait
anodins. Ainsi peut-on émettre l’hypothèse que les consommateurs, à mesure qu’ils
s’attachent au lieu de consommation, vont avoir tendance à être imperméables aux côtés
négatifs, à les nier, à réduire les arguments en défaveur du lieu etc. ;
� Un prolongement perçu de la durée de visite : le consommateur semble perdre la notion
du temps dans le lieu consommation, de par son immersion dans l’expérience vécue.
Le tableau 5 comprend les verbatim illustrant les conséquences présumées de l’attachement
au lieu de consommation.
aussi la présence de la volonté de connaître les coulisses du lieu, l’envers du décor, qui témoigne d’une manière
différente de l’engagement du consommateur).
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Tableau 5 – Verbatim illustrant les conséquences de l’attachement au lieu
Verbatim *
Encore hier soir y’a une nana qu’est passée et elle m’a dit : ben voilà, j’ai posé ma démission,
je rebosse dans un mois, c’est une nana qui vient super souvent, j’ai un mois de libre, j’te le
dis, t’as mon numéro, j’te le laisse. Et si un jour t’as un problème, t’as besoin d’un coup de
main, gratuitement hein, tu m’appelles et ça me ferait drôlement plaisir de vous aider. Parce
que c’est un lieu qu’elle apprécie (man. 4) / J’y retourne régulièrement puisque j’y vais tous
les 15 jours, 3 semaines. Quand j’étais en Lorraine, à Longwy, j’y retournais quand même
assez régulièrement (rép. 15) ; [si c’était plus loin] Honnêtement, j’irai quand même (rép. 2) /
Je fais un peu sa promotion, je vais le faire visiter (rép. 5) ; Moi je suis prêt à servir de guide
(rires) si les gens sont intéressés et veulent découvrir ces lieux. Prendre les gens par la main
si je puis dire et leur présenter les lieux que j’aime, pour faire partager (rép. 13) / J’ai pas
vraiment d’idée de ce que je pourrais faire pour aider. Peut être faire des évènements, oui,
pourquoi pas. Oui je pourrais me bouger les fesses pour cet endroit, oui, si c’était nécessaire
(rép. 8) ; Je sais pas ce qu’on pourrait me proposer de plus, hein, de distribuer des tracts…
d’envoyer des messages sur Internet, de devenir membre fondateur d’un club de soutien, je ne
sais quoi, c’est-à-dire verser une obole pourquoi pas ? Je sais pas, un engagement de 30
abonnements par an, ce genre de choses par exemple. Puis au delà de ça, on peut toujours
interpeller la municipalité ou je ne sais quoi (rép. 16) / C’est vraiment, à chaque fois que j’y
suis, c’est bon, le paradis. Une sorte de lieu idéal (rép. 11) / Moi je peux rester une heure,
deux heures la dedans, je vois pas le temps passer. C’est hallucinant, quoi (rép. 6)
* man. : entretien manager ; rép. : entretien consommateur
Comme l’illustre le tableau 6, il apparaît que l’attachement au lieu de consommation
comporte trois principales dimensions : une dimension sociale, qui tourne autour de
l’attachement aux personnes présentes sur le lieu (cette facette de l’attachement au lieu est
plébiscitée par les managers3), une dimension physique qui tourne autour de l’aspect physique
du lieu (attachement à l’aménagement ou au décor du lieu par exemple) et un aspect
3 A noter que cet aspect social de l’attachement au lieu fait écho à la conceptualisation théorique du lieu en
géographie, où les acteurs sociaux constituent un élément du lieu au même titre que ses caractéristiques
physiques.
Actes du XXIIIème Congrès International de l’AFM – 31 mai & 1er juin 2007, Aix-les-Bains
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personnel, plus difficile à appréhender, et qui est lié aux activités et aux autres expériences
que le consommateur peut vivre sur le lieu (personnelles, symboliques…). Ces différents
aspects de l’attachement au lieu apparaissent tantôt simultanément, tantôt indépendamment, et
laissent supposer une corrélation entre les dimension du concept. Par ailleurs, si l’analyse
qualitative permet de faire émerger des hypothèses relatives aux antécédents et aux
conséquences de l’attachement au lieu de consommation, celle-ci ne permet en revanche pas
d’associer précisément chacune des variables identifiées à une dimension particulière du
concept : par conséquent, les mécanismes mis en évidence lors de cette phase exploratoire
concernent l’attachement au lieu dans son caractère général.
Tableau 6 – Verbatim illustrant les dimensions de l’attachement au lieu
Verbatim *
Attachement a certains habitants spéciaux comme mes parents, ma famille, mes amis
d’enfance (narr. 1) / Je crois que nous les limousins, nous sommes attachés à notre terroir, à
nos paysages (rép. 12) / Moi, ce qui me plaît surtout, c’est de manger avec les acteurs, de leur
parler à l’entracte, d’assister aux préparatifs, de pouvoir aller dans les loges, de faire
complètement partie de ce théâtre finalement (rép. 17) / C’est agréable, quand on part de
chez-soi le matin et qu’on y re-rentre le soir, de trouver dans la journée un endroit où on sent
cette euh… un attachement. Par exemple, y’en a qui rentrent, y veulent la même table, tu vois
une espèce… Tu vois comme ceux qui ont leur rond de serviette à la place à table, tu vois,
c’est leur cantine, leur euh… Ils trouvent différentes formes d’attachement au lieu. Soit la
table, soit l’espace, soit le fait de venir régulièrement pour partager un verre, qui, avec un
ami. (man. 1)
* man. : entretien manager ; rép. : entretien consommateur
A titre exploratoire, les facteurs d’influence susceptibles de peser sur les relations entre
l’attachement au lieu et ses antécédents ont été ajoutés dans le cadre conceptuel. Ils sont
extraits de la littérature et trouvent un faible écho dans la phase qualitative exploratoire. Il
s’agit de l’historique de fréquentation du lieu, de la fréquence de visite, de l’âge et du sexe du
consommateur, enfin de sa satisfaction vis-à-vis du lieu. Ajoutons que l’attachement au lieu
de consommation semble peu influencé par des variables commerciales : d’une part, les
commerces alimentaires sont complètement absents de cette collecte de données ; d’autre part
Actes du XXIIIème Congrès International de l’AFM – 31 mai & 1er juin 2007, Aix-les-Bains
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le prix ou la proximité du lieu sont rarement évoqués, et ne semblent pas jouer de rôle dans le
processus d’attachement.
Sans entrer dans le détail, cette phase qualitative exploratoire a permis d’aboutir à un cadre
conceptuel au centre duquel se situe l’attachement au lieu de consommation. Il est représenté
dans la figure 1.
Figure 1. Cadre conceptuel de l’attachement au lieu de consommation
UNE APPROCHE QUANTITATIVE DES MECANISMES DE L ’ATTACHEMENT AU LIEU DE CONSOMMATION
Afin de compléter notre première approche du concept d’attachement au lieu dans le contexte
de la consommation, nous avons souhaité tester statistiquement les relations entre les
différentes variables du cadre conceptuel. Pour cela, nous avons développé un instrument de
mesure de l’attachement au lieu de consommation, et ce, en raison de l’absence d’outils
satisfaisants proposés par la littérature : en effet, il n’existe pas d’échelle standardisée
(Williams et al., 1992) et les instruments de mesure proposés comportent de nombreuses
faiblesses : absence de définition précise, intégration de la dépendance dans la mesure de
l’attachement, validité faciale non établie et utilisation d’items tautologiques ou faisant
référence à des concepts très différents au sein d’une même dimension.
• Authenticité perçue du lieu
• Confort psychologique perçu dans le lieu
• Capacité à faire revivre les événements du passé
• Sentiment de protection donné par le lieu
• Familiarité perçue vis-à-vis du lieu
Attachement au lieu
• Social
• Physique
• Personnel
• Historique de fréquentation
• Fréquence de visite
• Engagement vis-à-vis du lieu
• Comportement d’ambassadeur
• Fidélité « militante »
• Prolongement perçu de la durée de visite
• Idéalisation du lieu
• Âge
• Sexe
Satisfaction vis-à-vis du lieu
• Authenticité perçue du lieu
• Confort psychologique perçu dans le lieu
• Capacité à faire revivre les événements du passé
• Sentiment de protection donné par le lieu
• Familiarité perçue vis-à-vis du lieu
Attachement au lieu
• Social
• Physique
• Personnel
• Historique de fréquentation
• Fréquence de visite
• Engagement vis-à-vis du lieu
• Comportement d’ambassadeur
• Fidélité « militante »
• Prolongement perçu de la durée de visite
• Idéalisation du lieu
• Âge
• Sexe
Satisfaction vis-à-vis du lieu
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La construction d’un outil de mesure
Bien que le paradigme de Churchill (1979) ait fait l’objet de critiques (Rossiter, 2002)
justifiées notamment par la nécessité d’introduire davantage de réflexion qualitative dans le
développement et la validation des échelles, le développement et la validation de l’instrument
de mesure de l’attachement au lieu de consommation repose sur cette procédure car elle
établit clairement les étapes de construction de l’échelle et préconise des tests permettant de
souligner les qualités psychométriques de la mesure (fiabilité et validité).
Les étapes de la procédure de Churchill (1979) utilisée pour l’échelle de mesure de
l’attachement au lieu sont synthétisées dans le tableau 7.
Tableau 7 – Synthèse des étapes du paradigme de Churchill (1979)
Etape du paradigme Description
Définition du construit Conceptualisation issue de la littérature et de la phase
qualitative exploratoire
Elaboration d’un échantillon
d’items
Rédaction des items à partir des études qualitatives :
méthodes introspectives, entretiens auprès de managers et
entretiens auprès de consommateurs
Epuration théorique de la
mesure
Recours au jugement de 8 experts en comportement du
consommateur. Modification suite à cette expertise et
revalidation d’une version épurée de l’échelle par 3 autres
experts en marketing, issus du milieu académique et
managérial
Epuration statistique de la
mesure
Réalisation d’analyses factorielles exploratoires et calcul de
l’Alpha de Cronbach (collecte 1 : 168 individus)
Vérification de la structure
factorielle de l’échelle
Réalisation d’analyses factorielles confirmatoires (collecte 2 :
517 individus)
Estimation de la fiabilité de
l’échelle
Calcul de l’Alpha de Cronbach et du coefficient de cohérence
interne (Rhô de Joreskog)
Estimation de la validité de
l’échelle
Calcul de la validité convergente et vérification de la validité
discriminante (procédure de Fornell et Larcker, 1981)
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De manière synthétique, après que les experts sollicités aient permis de passer des 55 items
initiaux à 26 items supposés être représentatifs de l’attachement au lieu de consommation,
deux collectes de données ont été administrées via un questionnaire en ligne, afin de faire
apparaître et de confirmer la structure factorielle de l’échelle. Le recours à un questionnaire
administré via Internet a permis de collecter rapidement et efficacement des données auprès
d’une population variée en termes d’âge et de sexe, variables susceptibles d’intervenir en tant
que modératrices du lien entre l’attachement au lieu de consommation et ses antécédents.
La première collecte de données (n=168) a permis de faire émerger de façon spontanée la
structure factorielle de l’échelle (à l’aide d’une rotation oblimin) et d’épurer l’instrument de
mesure (l’échelle passant alors de 26 à 15 items) ; la structure obtenue expliquant 69,7% de la
variance avec 3 dimensions. La deuxième collecte de données, qui constitue également notre
échantillon final (n=517), nous a permis de valider la structure factorielle issue de la première
collecte. La structure et les modalités de cet échantillon final sont précisés dans le tableau 8.
Tableau 8 – Structure et modalités de l’échantillon final (n=517)
Structure de l’échantillon
Variables nominales Modalités Fréquences
Sexe � Femme � Homme
� n= 290 (56.1%) � n= 227 (43.9%)
Catégorie de lieux choisis � Lieu de sortie (bar, restaurant, boite de nuit etc.) � Lieu de sport/détente (stade, parc, base loisir etc.) � Lieu de culture (cinéma, musée, spectacles etc.) � Magasin ou commerce alimentaire � Lieu de vente ou service « hédoniste » � Autres (sites naturels, villes, lieux de travail etc.)
� n= 120 (23.2%) � n= 84 (16.2%) � n= 88 (17.0%) � n= 93 (18.0%) � n= 101 (19.5%) � n= 31 (6.0%)
Variables quantitatives Minimum / Maximum Moyenne
Age � Minimum= 17 � Maximum= 76
� 36 ans
Modalités de la construction de l’échantillon Type d’échantillon � Echantillon de convenance, créé par effet « boule de neige » Administration questionnaire � Via un questionnaire en ligne, disponible à l’adresse Internet suivante :
http://alain.debenedetti2.free.fr) Durée de la collecte � 7 jours (1021 connexions)
Après avoir soumis l’échantillon (n=517) à une Analyse en Composante Principale, qui a
permis de retrouver la structure initiale avec 74,5% de variance expliquée et les 3 mêmes
dimensions, nous avons réalisé une Analyse Factorielle Confirmatoire à l’aide du logiciel
AMOS. Il s’agit alors de voir, à l’aide d’un modèle d’équations structurelles, si les facteurs du
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construit sont convenablement représentés par les observations issues de la population étudiée
(Roussel et al., 2002). Les indices d’ajustement classiques n’étant pas tout à fait satisfaisants,
un processus itératif comparable à celui effectué dans une ACP a été effectué. Reposant sur
l’appréciation de critères statistiques mais également qualitatifs, il a permis d’obtenir une
qualité d’ajustement satisfaisante (cf. tableau 9) avec une solution comprenant 3 dimensions
et 11 items (cf. annexe 2).
Tableau 9 – Indices d’ajustement du modèle d’équations structurelles avec 11 items
Indices d’ajustement du modèle Seuil acceptable Valeur observée Chi deux Le plus proche de 0 (p
associé) Chi deux (41) = 150,716 (p<0,000)
GFI >0,9 0,949 AGFI >0,9 0,918 RMSEA <0,08 0,072
Indices d’ajustement absolus
SRMR <0,05 0,046 NFI >0,9 0,962 TLI >0,9 0,963 Indices incrémentaux CFI >0,9 0,972 Chi deux normé
<5 (2 si possible) 3,67 Indices de parcimonie
CAIC <CAIC modèle saturé 331,917<478,371
Les qualités de l’échelle de mesure obtenue ont ensuite été démontrées :
� L’échelle d’attachement au lieu de consommation est fiable : la valeur de l’Alpha de
Cronbach est de 0,898 et celle du Rhô de Joreskog, qui est moins sensible au nombre
d’items de l’échelle et intègre les termes d’erreurs, est de 0,962 ce qui est très satisfaisant,
l’usage étant de considérer le construit comme fiable lorsque cet indice dépasse 0,7
(Fornell et Larcker, 1981) ;
� L’instrument de mesure proposé est valide : nous avons en effet accumulé les preuves
de l’efficacité de cet instrument de mesure. D’abord, la validité faciale a été assurée en ne
conservant que les items jugés représentatifs par les 8 experts sollicités. Ensuite, les
validités convergentes et discriminantes ont été établies en utilisant la procédure de
Fornell et Larcker (cf. annexe 3). Enfin, des corrélations bivariées ont permis de donner de
premiers indices de validité nomologique, étayés ensuite par la validation des tests
statistiques permettant d’établir un lien significatif entre l’attachement au lieu de
consommation et chacune de ses conséquences présumées.
Actes du XXIIIème Congrès International de l’AFM – 31 mai & 1er juin 2007, Aix-les-Bains
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Nous disposons donc d’un outil de mesure efficace pour tester les liens supposés entre les
différentes variables ayant émergé de la phase qualitative exploratoire (et dans une moindre
mesure, issues de la littérature) et notre concept.
Analyser les déterminants et l’influence de l’attac hement au lieu de consommation
Une fois l’instrument de mesure développé, il s’est enfin agi de tester les liens entre les
différentes variables du cadre conceptuel, qui correspondent à trois thèmes principaux :
� Qu’est ce qui conduit un consommateur à s’attacher à un lieu de consommation ?
� Quelle est l’influence de l’attachement au lieu sur les intentions et les comportements du
consommateur, en dehors et dans le lieu de consommation ?
� Existe-t-il des éléments qui interagissent avec les antécédents de l’attachement au lieu de
consommation et conduisent à en modifier l’intensité ?
Quinze hypothèses sont testées en utilisant les analyses de régression multiple : les hypothèses
H1 à H5 (partie gauche du cadre conceptuel) correspondent au test des hypothèses concernant
les antécédents de l’attachement au lieu ; les hypothèses H6 à H10 (partie droite du cadre
conceptuel) correspondent au test des hypothèses concernant les conséquences supposées de
l’attachement au lieu de consommation ; enfin les hypothèses H11 à H15 correspondent aux
hypothèses relatives aux modérateurs des liens entre l’attachement au lieu de consommation
et ses antécédents. Notons qu’en l’absence d’éléments théoriques nous permettant d’éliminer
des relations entre les différentes variables du cadre conceptuel, les hypothèses ont été
systématiquement testées sur chacune des dimensions du construit. L’annexe 4 présente les
hypothèses testées de manière synthétique.
On peut résumer les résultats comme il suit (Les tableaux relatifs aux principales relations
validées d’un point de vue statistique sont disponibles en annexe 5) :
� Concernant les antécédents : l’authenticité et le confort psychologique perçus jouent un
rôle majeur dans la mesure où ils agissent significativement sur toutes les dimensions de
l’attachement au lieu de consommation. La capacité à faire revivre les événements du
passé n’influence pas significativement la dimension physique du construit, le sentiment
de protection qui émane du lieu ne joue pas sur la dimension sociale de l’attachement au
Actes du XXIIIème Congrès International de l’AFM – 31 mai & 1er juin 2007, Aix-les-Bains
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lieu. Enfin, la familiarité perçue a un impact limité sur l’attachement au lieu : elle ne
concerne que sa dimension sociale ;
� Toutes les hypothèses concernant les conséquences de l’attachement au lieu de
consommation sont validées. C’est la dimension physique du construit qui contribue à
expliquer le plus fortement les réponses cognitives et comportementales du
consommateur ;
� Les hypothèses concernant les variables modératrices sont dans l’ensemble rejetées, ce à
quoi l’on pouvait s’attendre compte tenu de leur caractère exploratoire.
Fort de ces premiers résultats concernant les mécanismes de l’attachement au lieu de
consommation, il s’agit de faire un premier bilan sur les apports de ce concept au marketing et
souligner les apports de cette recherche et les pistes pour de futurs travaux.
DISCUSSION : APPORTS, LIMITES ET VOIES DE RECHERCHE LIES A L ’IMPORTATION DE L’ATTACHEMENT AU LIEU DANS LE CHAMP DU MARKETING
Cette recherche a pour objectif de réaliser une synthèse sur le concept d’attachement au lieu,
en soulignant la pertinence de sa mobilisation dans le champ du marketing, et sa contribution
à l’explication des liens affectifs entre les consommateurs et les lieux de consommation qu’ils
fréquentent. A l’issue de cette recherche, quel bilan dresser d’un point de vue théorique et
managérial ? Quelles voies de réflexion pour de futurs travaux, compte tenu des limites de
cette première recherche ?
Un concept qui contribue à mieux connaître les lien s affectifs entre un consommateur et un lieu de consommation
L’importation du concept d’attachement au lieu dans le champ du marketing est pertinent : en
effet, la littérature en fait un antécédent de variables relationnelles importantes dans la gestion
de la relation client, ce que confirment les études qualitatives et quantitatives effectuées. Ainsi
l’attachement au lieu fait du consommateur un ambassadeur du lieu parlant positivement du
lieu autour de lui et allant jusqu’à se faire bénévolement guide du lieu auquel il s’attache. Il
est fidèle au lieu, même lorsque cela est contraignant (en raison de la distance qui l’en sépare,
par exemple) et a minima le défend par la parole. De plus, il est engagé vis-à-vis de ce lieu :
Actes du XXIIIème Congrès International de l’AFM – 31 mai & 1er juin 2007, Aix-les-Bains
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non seulement a-t-il l’intention de continuer à le fréquenter, mais il est prêt à faire des
sacrifices pour cela. Comprendre les déterminants de l’attachement au lieu de consommation
est donc intéressant pour le chercheur comme pour le manager qui cherche à créer des liens
différents avec les personnes qui fréquentent le lieu qu’il gère.
Les études qualitatives puis quantitatives effectuées montrent (1) que tous les antécédents de
l’attachement au lieu n’ont pas la même importance dans l’explication des différentes
dimensions du construit, et (2) que l’impact de la dimension physique de l’attachement au lieu
est le plus important en termes de comportements et d’intentions du consommateur. Mais ces
études vont plus loin, en montrant que :
� Premièrement, chaque dimension du construit est prioritairement expliquée par un
antécédent différent. Ainsi, la dimension sociale de l’attachement au lieu de
consommation est d’abord expliquée par la « capacité du lieu à faire revivre les
événements du passé », la dimension physique par « l’authenticité perçue du lieu » et la
dimension personnelle par le « confort psychologique perçu ». Il est donc important
d’appréhender l’attachement au lieu dans son caractère dimensionnel ;
� Deuxièmement, l’intensité de l’attachement au lieu de consommation varie en fonction de
la catégorie de lieu considérée4. Par exemple, les lieux qui génèrent les plus faibles
attachements sont les lieux de courses alimentaires comme les hypermarchés ; à l’opposé
ceux qui génèrent les plus forts attachements sont les lieux de sortie, comme les bars ou
les restaurants. La question de l’utilisation de cette variable se pose donc en fonction de la
nature du lieu géré. N’est-il pas plus approprié lorsque le lieu revêt un caractère très
fonctionnel d’essayer de fidéliser ses clients par l’intermédiaire de leviers utilitaires et non
affectifs ?
� Troisièmement, les liens entre les variables du modèle diffèrent en fonction de la catégorie
de lieu considérée : si l’antécédent principal pour les lieux de courses alimentaires est le
« confort psychologique perçu », « l’authenticité perçue » constitue l’antécédent principal
4 L’analyse des réponses des consommateurs lors des phases qualitatives et quantitatives de la recherche a
permis d’identifier cinq grands groupes de lieux de consommation : les lieux de sortie (bars, restaurants…), les
lieux de sport, détente et loisirs de plein air (infrastructures sportives, lieux de promenade, bases de loisirs…), les
lieux de culture (cinémas, salles de spectacles, musées…), les lieux de courses alimentaires (grandes surfaces,
marchés, commerce de proximité…), les lieux de vente et de service hédonistes (produits culturels, textile,
mode…)
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lorsqu’il s’agit des lieux de sortie. Ce résultat montre que la manière de susciter
l’attachement au lieu dépend de la catégorie de lieu considérée : prendre simplement en
compte la dimension de l’attachement au lieu ne suffit pas si l’on cherche à manipuler
cette variable ;
� Enfin, les relations testées sur les dimensions restent globalement valides lorsque l’on
considère le construit de manière générale, ce qui revêt un sens d’un point de vue
théorique comme statistique. On peut donc envisager de construire un outil de mesure
synthétique de l’attachement au lieu de consommation, qui pourrait être utilisé dans des
travaux de recherche où ce concept revêt un caractère périphérique.
Au-delà des apports théoriques liés à la connaissance de l’attachement au lieu dans le contexte
de la consommation, nous apportons une contribution managériale. Premièrement en montrant
que susciter un attachement n’est pas utile pour tous les lieux de consommation : seuls les
lieux de consommation pour lesquels la relation compte autant que la transaction, pour
lesquels la clientèle est récurrente et non de passage, et enfin pour lesquels le manager
possède une vraie marge de manœuvre pour personnaliser le lieu et susciter émotion et
identification de la part du consommateur, ont intérêt à faire appel à ce construit.
Deuxièmement, en proposant des actions concrètes permettant d’influencer l’attachement à un
lieu de consommation, en tenant compte de la nature du lieu et de la dimension de
l’attachement sur laquelle le manager souhaite s’appuyer. Prenons un exemple. Il est opportun
pour un manager souhaitant donner des marques d’authenticité physique à un lieu de
consommation d’intégrer dans le lieu des éléments physiques « non marchands ». C’est le cas
de la librairie « Imagigraphe », qui a créé un « bar à livres » où le client est invité à s’attabler
pour consulter des ouvrages ; ou du cinéma « Le Studio 28 » qui accueille les visiteurs avec
un grand tapis rouge et des moulages de mains d’acteurs célèbres et en cohérence avec la
programmation proposée ; enfin de la Brasserie Chartier où un « rond de serviette » est
attribué à chaque client. Enfin, nous soulignons que l’attachement au lieu pose la question de
la standardisation. En effet, attacher le consommateur, c’est donner plus de pouvoir au
manager au niveau local, ce qui passe, d’une part, par une inversion de l’idée de
personnalisation (c’est le manager qui crée une proposition personnelle et non qui
personnalise la réponse à une demande client), d’autre part, par la compréhension d’une
demande d’expérience authentique, unique, et non marchande de la part du consommateur.
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Limites et pistes pour de futures recherches
Ce travail comporte un certain nombre de limites. D’un point de vue théorique, on peut
regretter une trop grande restriction au niveau des variables issues de la phase qualitative
exploratoire, comme l’absence de variables de personnalité, susceptibles d’intervenir de
différentes manières dans le cadre conceptuel : le cadre conceptuel pourrait donc faire l’objet
d’un approfondissement. Nous n’avons par ailleurs ni pris en compte le caractère collectif de
l’attachement au lieu, ni mis l’accent sur l’offre de biens ou de services des lieux de
consommation. Or, on ne peut écarter l’hypothèse d’une interaction entre le lieu de
consommation et l’offre qu’il propose. Un lieu de consommation auquel un individu s’attache
parce qu’il est authentique peut-il par exemple commercialiser des produits qui ne le sont
pas ? Ne peut-on pas envisager qu’il existe un effet de halo du lieu sur l’offre : si le lieu est
authentique, l’offre ne l’est-elle pas nécessairement pour certains consommateurs ? Ou à
l’inverse : étant donné l’authenticité de l’offre, le lieu n’est-il pas nécessairement authentique
aux yeux de certains ? D’un point de vue méthodologique. L’outil de mesure du construit
aurait pu être amélioré, notamment en proposant un outil synthétique permettant de mesurer
l’attachement au lieu dans son caractère général. Par ailleurs, le manque de diversité en
termes de catégories de lieux de consommation tend à restreindre la portée générale de nos
conclusions.
En dehors de recherches complémentaires destinées à pallier les limites précédemment
évoquées, on pourrait envisager de nombreuses autres pistes pour de futurs travaux.
Nous nous sommes focalisés sur les antécédents du construit. Il serait intéressant de regarder
si l’attachement au lieu et l’idéalisation qui l’accompagne ne suscitent pas des réactions
cognitives et comportementales dysfonctionnelles dans le choix et le vécu d’un lieu de
consommation. L’attachement au lieu biaise-t-il l’évaluation du lieu par le consommateur ?
Implique-t-il des choix inattendus ou irrationnels en termes de fréquentation ? Provoque-t-il
des réactions exacerbées, positives, ou négatives si le lieu d’attachement est à l’origine de
déceptions répétées ? Il serait également intéressant de mettre en perspective l’attachement à
la marque (par l’intermédiaire de l’enseigne) et l’attachement au lieu, dans la mesure où de
nombreux lieux de consommation sont fédérés par une enseigne : on pourrait s’interroger sur
la manière dont les deux concepts s’articulent et en étudier les effets d’interaction ou de halo ;
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on pourrait aussi comparer les effets de ces deux concepts distincts sur certaines variables
relationnelles ou commerciales. Enfin, on pourrait envisager d’étudier l’attachement au lieu
différemment : en interrogeant le consommateur sur son identité et laisser les lieux émerger
de son discours ; en s’intéressant à d’autres populations, comme par exemple les adolescents,
et voir si les mécanismes de l’attachement au lieu restent les mêmes ; enfin, il serait
intéressant d’exporter la notion d’attachement au lieu à d’autres champs de la gestion, comme
les ressources humaines, dans la mesure où l’attachement des personnes qui travaillent dans
un lieu de consommation pourrait indirectement se répercuter sur les consommateurs qui
fréquentent ce lieu. Ou bien, de façon plus générale encore, l’attachement au lieu de travail
pourrait avoir des répercutions par exemple sur la fidélité des employés.
En conclusion, nous constatons donc qu’outre permettre de mieux expliquer les relations entre
un consommateur et son environnement commercial, le concept d’attachement au lieu peut
être mobilisé dans d’autres champs de la gestion, au-delà de la sphère du marketing : il
constitue donc un thème de recherche prometteur.
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Annexes
Annexe 1. – Profil des personnes interviewées lors de l’étude qualitative
Profil des managers interrogés
Répondant Statut du répondant Activité du lieu de
consommation
Surface
(m²)
Localisation Nombre
pts vente
1 Créateur / manager Café restaurant 120 Paris 1 2 Créateur / manager Librairie 300 Paris 1 3 Créateur / manager Textile mode 20 Paris 1 4 Créateur / manager Bar - club 70 Paris 1 5 Co-créateur / adjoint Caviste 50 / 30 Paris 2 6 Créateur / manager Café concert 130 Cambrai 1 7 Créateur / manager Bijouterie 100 Vitry le François 1 8 Manager Hi-fi et vidéo 900 Paris 1 9 Créateur / manager Objets religieux kitsch 50 Paris 1
Profil des consommateurs interrogés
Rép. sexe âge Lieu d’habitation
actuel
niveau scolaire activité
1 H 30 Paris Bac +5 Ingénieur 2 H 35 Hauts de Seine BEPC Photographe 3 F 31 Loire Atlantique Bac Employée 4 F 26 Paris Bac +5 Sociologue 5 H 27 Paris Bac +4 Cadre commercial 6 F 37 Paris Bac +4 Cadre 7 F 74 Paris Bac Retraitée 8 F 22 Paris Bac Etudiante 9 H 36 Paris Bac +5 Cadre administratif 10 H 21 Aube Bac +2 Etudiant 11 F 25 Paris Bac +4 Cadre administratif 12 F 58 Essonne Bac +4 Enseignant 13 H 44 Paris Bac +5 Cadre supérieur 14 H 62 Pyrénées atlantiques BEPC Retraité 15 H 62 Ille et Vilaine Bac +5 Cadre supérieur 16 H 57 Yvelines Bac +5 Chercheur 17 F 30 Paris Bac+4 Cadre
Annexe 2. – Solution factorielle avec 3 dimensions et 11 items : estimation des poids
standardisés des items de l’échelle d’attachement au lieu de consommation.
Indicateur Variable latente 1 Attachement social
au lieu
Variable latente 2 Attachement physique au lieu
Variable latente 3 Attachement
personnel au lieu
affsoc2 - Si les personnes qui fréquentent ce lieu ou y travaillent disparaissaient ou n’étaient plus les mêmes, cela m’attristerait
0,869 0 0
idsoc5 - J’ai le sentiment de former une sorte de famille avec les gens qui fréquentent ce lieu ou y travaillent 0,894 0 0
affsoc1 - Les personnes qui fréquentent ce lieu ou qui y travaillent sont un peu comme des amis pour moi 0,941 0 0
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affsoc4 - Même si je ne les connais pas personnellement, je suis sensible à ce que deviennent les personnes qui fréquentent ce lieu ou qui y travaillent
0,773 0 0
idsoc2 - Si les personnes qui fréquentent ce lieu ou y travaillent disparaissaient, ce serait comme si je perdais une partie de moi-même
0,785 0 0
idphy1 - La manière dont le lieu est aménagé ou décoré me correspond bien 0 0,909 0
affphy2 - Je serais triste que ce lieu change d’emplacement, qu’on modifie sa décoration ou que son atmosphère ne soit plus la même
0 0,755 0
affphy1 - J’aime beaucoup l’aménagement ou la décoration de ce lieu
0 0,837 0
idvec1 - Ce que je vis dans ce lieu décrit en partie qui je suis
0 0 0,738
affvec5 - Les activités que je pratique dans ce lieu me plaisent beaucoup 0 0 0,732
idvec4 - Les moments que je passe dans ce lieu me font vraiment me sentir moi-même 0 0 0,921
Annexe 3 – Utilisation de la procédure de Fornell et Larcker pour établir la validité
convergente et discriminante de l’ échelle mesurant l’attachement au lieu de consommation
La validité convergente permet de vérifier si « différents indicateurs qui sont supposés
mesurer le même phénomène sont corrélés » (Evrard, Pras et Roux, 2000, p. 294). On peut
s’assurer de la validité convergente en montrant que le construit considéré partage au moins
50% de sa variance avec ses mesures (Fornell et Larcker, 1981). Cette procédure est basée sur
le calcul du rhô de validité convergente décrite par ces deux auteurs : elle permet d’étudier la
validité de l’échelle par rapport à ses propres erreurs. Les valeurs du rhô de validité
convergente de l’échelle d’attachement au lieu de consommation sont données par le tableau
suivant :
Validité convergente (rhô de validité convergente) de l’échelle d’attachement au lieu de
consommation
Facteurs Valeur du rhô
Attachement social au lieu 0,731 Attachement physique au lieu 0,699 Attachement personnel au lieu 0,643
Les valeurs du rhô étant supérieures à 0,5 pour chacune des dimensions, la convergence de
l’échelle d’attachement au lieu est établie.
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La validité discriminante envisage la validité de trait d’un point de vue différent de la validité
convergente. Si des indicateurs sont censés mesurer des phénomènes différents, « ils doivent
être faiblement corrélés car ils doivent permettre de discriminer les phénomènes entre eux »
(Evrard, Pras et Roux, 2000, p. 294). Fornell et Larcker (1981) proposent d’établir cette
validité discriminante si le construit étudié partage plus de variance avec ses mesures qu’avec
n’importe quel autre construit. Ainsi, il s’agit de voir si chaque dimension du construit se
distingue bien des autres. Une comparaison entre le carré de la corrélation entre les facteurs
latents et le rhô de validité convergente a été effectuée. Si le rhô est supérieur au carré des
corrélations, la validité discriminante est établie. C’est le cas ici pour tous les cas et tous les
facteurs, comme le montre le tableau suivant :
Appréciation de la validité discriminante de l’échelle d’attachement au lieu de consommation
par la comparaison du Rhô vc et des SMC des facteurs latents
Rhô vc Att-soc Att-phy Att-pers
Att-soc 0,731 1 Att-phy 0,699 0,101 1 Att-pers 0,643 0,365 0,228 1
Les tests de Fornell et Larcker (1981) utilisés pour tester la dimensionnalité de l’attachement
au lieu tendent à montrer que chaque dimension est pertinente. L’échelle de mesure de
l’attachement au lieu de consommation est donc bien tridimensionnelle
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Annexe 4 – Hypothèses testées lors de la phase quantitative de la recherche
H1 : Plus le consommateur perçoit le lieu de consommation comme authentique, plus il s’y
attache (a) socialement, (b) physiquement, (c) personnellement
H2 : Plus le lieu de consommation est confortable psychologiquement pour le consommateur
(bien-être, liberté et sentiment d’être chez-soi), plus ce dernier s’y attache (a) socialement, (b)
physiquement, (c) personnellement
H3 : Plus le lieu de consommation est capable de faire revivre au consommateur des évènements du passé, plus il suscite un attachement (a) social, (b) physique et (c) personnel au lieu chez ce dernier
H4 : Plus le consommateur se sent protégé dans le lieu de consommation, plus il s’y attache
(a) socialement, (b) physiquement, (c) personnellement
H5 : Plus le consommateur perçoit le lieu de consommation comme familier, plus son
attachement (a) social, (b) physique et (c) personnel envers ce lieu est élevé
H6 : Plus le consommateur est attaché (a) socialement, (b) physiquement, (c) personnellement
au lieu de consommation, plus il s’engage vis-à-vis de ce lieu
H7 : Plus le consommateur est attaché (a) socialement, (b) physiquement, (c) personnellement
au lieu de consommation, plus il adopte un comportement d’ambassadeur vis-à-vis de celui-ci
H8 : Plus le consommateur est attaché (a) socialement, (b) physiquement, (c) personnellement au lieu de consommation, plus il y est fidèle et le défend
H9 : Le consommateur attaché (a) socialement, (b) physiquement, (c) personnellement à un
lieu de consommation y passe plus de temps que dans un lieu comparable
H10 : Plus le consommateur est attaché (a) socialement, (b) physiquement, (c)
personnellement au lieu de consommation, plus il l’idéalise
H11 : L’âge du consommateur est une variable qui modère positivement l’ensemble des
relations entre l’attachement (a) social, (b) physique, (c) personnel au lieu de consommation et
ses antécédents
H12a : Le sexe du consommateur est une variable qui modère positivement l’ensemble des
relations entre l’attachement (a) social, (b) physique, (c) personnel au lieu de consommation et
ses antécédents
H13a : L’historique de fréquentation du consommateur est une variable qui modère
positivement l’ensemble des relations l’attachement (a) social, (b) physique, (c) personnel au
lieu de consommation et ses antécédents
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H14a : Le rythme des visites du consommateur est une variable qui modère positivement
l’ensemble des relations entre l’attachement (a) social, (b) physique, (c) personnel au lieu de
consommation et ses antécédents
H15a : La satisfaction procurée par le lieu est une variable qui modère positivement
l’ensemble des relations entre l’attachement (a) social, (b) physique, (c) personnel au lieu de
consommation et ses antécédents
Annexe 5 – Test des hypothèses / analyses de régression multiple
a. Lien entre la dimension sociale de l’attachement au lieu de consommation et ses antécédents présumés
Bêta standardisé
Valeur du T de Student
Significativité Tol (seuil : 0,3)
VIF (seuil : 3,3)
Constante -5,370 0,000 Authenticité perçue du lieu 0,221 4,809 0,000 0,615 1,625 Confort psychologique perçu dans le lieu
0,179 3,145 0,002 0,600 1,662
Capacité du lieu à faire revivre les événements du passé
0,258 5,847 0,000 0,665 1,504
Sentiment de protection donné par le lieu
0,027 0,603 0,547 - NS 0,664 1,507
Familiarité perçue vis-à-vis du lieu 0,069 1,677 0,094 0,757 1,322
b. Lien entre la dimension physique de l’attachement au lieu de consommation et ses antécédents présumés
Bêta standardisé
Valeur du T de Student
Significativité Tol (seuil : 0,3)
VIF (seuil : 3,3)
Constante -0,003 0,998 Authenticité perçue du lieu 0,450 10,935 0,000 0,615 1,625 Confort psychologique perçu dans le lieu
0,200 3,920 0,000 0,600 1,662
Capacité du lieu à faire revivre les événements du passé
0,000 0,006 0,996 - NS 0,665 1,504
Sentiment de protection donné par le lieu
0,148 3,734 0,000 0,664 1,507
Familiarité perçue vis-à-vis du lieu 0,039 1,053 0,290 - NS 0,757 1,322
Actes du XXIIIème Congrès International de l’AFM – 31 mai & 1er juin 2007, Aix-les-Bains
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c. Lien entre la dimension personnelle de l’attachement au lieu de consommation et ses antécédents présumés
Bêta standardisé
(1)
Valeur du T de Student
(1)
Significativité Tol (seuil : 0,3)
VIF (seuil : 3,3)
Constante 3,031 0,003 Authenticité perçue du lieu -0,200 -5,016 0,000 0,615 1,625 Confort psychologique perçu dans le lieu
-0,425 -8,576 0,000 0,600 1,662
Capacité du lieu à faire revivre les événements du passé
-0,127 -3,298 0,001 0,665 1,504
Sentiment de protection donné par le lieu
-0,095 -2,476 0,014 0,664 1,507
Familiarité perçue vis-à-vis du lieu -0,015 -0,426 0,670 - NS 0,757 1,322 (1) Les valeurs des Bêta et T de Student sont négatives car la dimension « attachement personnel au lieu » sature sur la partie opposée de l’axe aux autres dimensions après rotation.
d. Lien entre dimensions de l’attachement au lieu de consommation et engagement vis-à-vis
du lieu
Bêta standardisé (1)
Valeur du T de Student (1)
Significativité Tol (seuil : 0,3)
VIF (seuil : 3,3)
Constante 0,000 1,000 Attachement social au lieu de consommation
0,197 5,513 0,000 0,745 1,342
Attachement physique au lieu de consommation
0,318 9,204 0,000 0,798 1,254
Attachement personnel au lieu de consommation
-0,392 -10,300 0,000 0,656 1,525
(1) Les valeurs des Bêta et T de Student sont négatives pour la dimension « attachement personnel au lieu » car celle-ci sature sur la partie négative de l’axe.
e. Lien entre dimensions de l’attachement au lieu de consommation et comportement
d’ambassadeur vis-à-vis du lieu
Bêta standardisé (1)
Valeur du T de Student (1)
Significativité Tol (seuil : 0,3)
VIF (seuil : 3,3)
Constante 0,000 1,000 Attachement social au lieu de consommation
0,059 1,763 0,079 0,745 1,342
Attachement physique au lieu de consommation
0,529 16,372 0,000 0,798 1,254
Attachement personnel au lieu de consommation
-0,325 -9,107 0,000 0,656 1,525
(1) Les valeurs des Bêta et T de Student sont négatives pour la dimension « attachement personnel au lieu » car celle-ci sature sur la partie négative de l’axe.
Actes du XXIIIème Congrès International de l’AFM – 31 mai & 1er juin 2007, Aix-les-Bains
42
f. Lien entre dimensions de l’attachement au lieu de consommation et comportement de « fidélité militante »
Bêta standardisé (1)
Valeur du T de Student (1)
Significativité Tol (seuil : 0,3)
VIF (seuil : 3,3)
Constante 0,000 1,000 Attachement social au lieu de consommation
0,107 3,297 0,001 0,745 1,342
Attachement physique au lieu de consommation
0,455 14,501 0,000 0,798 1,254
Attachement personnel au lieu de consommation
-0,395 -11,417 0,000 0,656 1,525
(1) Les valeurs des Bêta et T de Student sont négatives pour la dimension « attachement personnel au lieu » car celle-ci sature sur la partie négative de l’axe.
g. Lien entre dimensions de l’attachement au lieu de consommation et prolongement perçu
de la durée de visite
Bêta standardisé (1)
Valeur du T de Student (1)
Significativité Tol (seuil : 0,3)
VIF (seuil : 3,3)
Constante 79,887 0,000 Attachement personnel au lieu de consommation
-0,249 -6,006 0,000 0,745 1,342
Attachement physique au lieu de consommation
0,392 10,436 0,000 0,798 1,254
Attachement social au lieu de consommation
0,192 4,929 0,000 0,656 1,525
(1) Les valeurs des Bêta et T de Student sont négatives pour la dimension « attachement personnel au lieu » car celle-ci sature sur la partie négative de l’axe.
h. Lien entre dimensions de l’attachement au lieu de consommation et idéalisation du lieu
Bêta standardisé (1)
Valeur du T de Student (1)
Significativité Tol (seuil : 0,3)
VIF (seuil : 3,3)
Constante 61,504 0,000 Attachement social au lieu de consommation
0,156 4,364 0,000 0,745 1,342
Attachement physique au lieu de consommation
0,587 17,033 0,000 0,798 1,254
Attachement personnel au lieu de consommation
-0,123 -3,238 0,001 0,656 1,525
(1) Les valeurs des Bêta et T de Student sont négatives pour la dimension « attachement personnel au lieu » car celle-ci sature sur la partie négative de l’axe.
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