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Le Numéro 15 Sente Aionneraeui3 3moi3 6mois ian Seine, S.-OJ-O. 12/50 24 » 46 »' Départ',Colon' » 25 » 48 » Umoû postale 18 » ' 34 a 64 » téléphone - Gut. 01 -73, 74, 75, 76, 77, 78, 79 Adr. lélégr.:PBTrr J ournal , Paris 61, rue Lafayette , Paris (») Stéphen PICHON DIRECTEUR POLITIQUE fecores du malio heures du matîa MARDI 58* Année —1920— N" 20.949 I SAINT URBAIN SOLEIL : lev.i M. 53; c. 20 h. 37 LUISE:P.Q. le 24; P.L. le 1 " ' ^ J M. Deschanel tombe de son train en marche près die Montargis, en allant à Montbrison LE PRÉSIDENT EST RENTRÉ A PARIS. - ÉTAT TRÈS SATISFAISANT Le chef de l'Etat gagne à pied un poste de la voie et est soigné à Montargh Le Président des la République a échappé & un accident que tout un concours de circonstances devait rendre tragique. On sera d'autant plus heureux d'apprendre qu'il n'aura aucune .suite grave. Le chef de l'Etat a pu, dès-hier en fin d'après-midi, rentrer en automo bile à l'Elysée, Et la photographie que nous publions montre que M. Descha nel a pu descendre sans aide et allègre ment de la voiture qui le ramenait de Montargis. , ' ' C'est au cours du voyage que M. Des chanel devait faire à Montbrison que l'accident s'est produit. On inaugurait hier dans cette ville, on le sait, le monument élevé, au doc teur-aviateur Reymond, sénateur, -tué à ; l'ennemi, et le chef de l'Etat, voulant rendre hommage à la mémoire de ce vaillant, avait tenu à présider la céré monie, bien que, dans la nuit de same di à dimanche, il eût été pris d'un ac cès de grippe assez violent. On s'était demandé dans son entou rage s'il ne convenait pas que le voya ge fût reporté. à une date ultérieure. Mais M. Deschanel, dont on connaît l'esprit de dévouement et la haute conscience des devoirs de sa charge, avait insisté fermement pour que rien ne fût changé aux dispositions prises. Il avait donc quitté Paris dimanche soir, à 9 heures et demie, par train spé cial, à la gare de Lyon, accpmpagné, nous l'avons, dit, par MM. Steeg, mi nistre de 'l'Intérieur ; P.-E. Flandin, sous-secrétaire d'Etat, et plusieurs par lementaires. . Deux heures- et demie plus tard, alors que le train présidentiel allait attein dre Montargis, M. Deschanel, qui avait fait fermer les fenêtres de son wagon pour éviter un refroidissement,'était in commodé par." la' chaleur "d'autant plys vivement qu'il n'était pas dans un état de'santé parfait ; il voulut ouvrir une des larges glaces formant fenêtre et, celle-ci'cédant brusquement, il bascula et tomba sur la voie. On lira plus loin les détails que nous ont transmis notre envoyé spécial, qui accompagnait M. Paul Deschanel dans son voyage, et un autre de nos collabo rateurs qui s'est rendu immédiatement à Montargis. Ge sur quoi surtout il im porte d'insister.c'est que, fort heureuse ment, l'état du Président de la Répu blique permet d'affirmer dès mainte nant qu'aucune suite fâcheuse n'est à redouter. C'est M. Steeg, ministre de l'Inté rieur, qui, à Montbrison, a représente le chef de l'Etat et lu son discours. La Chambre, hier, ne siégeait pas, mais,, au Sénat, Mi Léon Bourgeois s'est fait l'interprète dés sentiments unani mes du Parlement et du pays. Le chef du gouvernement, M. Mille rand, a, dès les premières nouvelles, décidé de se rendre auprès du chef de l'Etat et il est rentré à Paris en même temps que lui. - Les accidents analogues à celui au quel vient d'échapper 3VL Deschanel ne iiont pas rares. On peut rappeler que M. le sénateur Rabier fit une chute dans de semblables circonstances, avant la guerre, et qu'il ne s'en ressentit aucune ment par la suite. Un autre parlemen taire, M. Chaulin-Servinière, trouva, lui, la mort en tombant aussi d'un train en marche. Inutile d'ajouter que l'émotion fut réelle à Paris et ailleurs, aux premières nouvelles. Mais, comme on sut bientôt que la chute n'aurait pas de suites gra ves, cette émotion se traduisit aussitôt par des manifestations de respectueuse sympathie a l'adresse du premier ma gistrat du pays qui, légèrement souf frant, avait voulu, quand même, rem plir, au jour dit, les devoirs de sa charge et ^qui,' victime d'un accident aussi imprévu, avait conservé, avec son sang-froid et sa belle humeur, le vif souci des affaires du pays : « Je pré siderai demain le Conseil des minis tres », a dit hier soir M. Deschanel. Sept heures S hier soir : M. Deschanel rentre à l'tlysée Derrière le Président, son fils, et Mme Deschanel près de l'auto qui les ramenait de Montargis IPh. petit Journal.1 M. Bourgeois, interprète des sentiments du Sénat Au cours de la séance du Sénat, M. Lion Bourgeois a adressé à ses collègues les pa roles suivantes :* Nous avions appris, au début de la séan ce, que M. le Président de la République avait été victime d'un accident au cours de son •voyage à Montbrison. Les dernières nouvelles qui viennent de parvenir rjious permettent de Constater que. heureusement, M. le Président de la République n'a aucune blessure grave (Très biei^) Il sera de retour à Paris dans une.heure et dans des conditions qui nous donnent à. espérer ton prompt rétablissement. (Applaudissements. ) Je n'ai certainement pas besoin de demandez au Sénat de s'associer à moi pour envoyer à M. le Président de la République et à sa famille tous nos voeux et l 'expression de notre profonde et respectueuse sympathie.' . De nombreux applaudissements ont sa lué ces dernières paroles. Le |oi d'Espagne a immédiatementtélé graphié à l'Elysée pour exprimer au Pré sident ses regrets et ses vçbux de prompt rétablissement COMMENT SE PRODUISIT L'ACCIDENT (De l'envoyé spécial du Petit Journal) Montargis, 24 Mai. L'accident est sur venu cinq minutes *après minuit, à 13 kilo mètres en avant de Montargis, à la borne kilométrique 110 900 de la ligne, en tre les gares de Lorcy-Corbeilles et de Mignerelle. La voie, pow le passage du train prési dentiel, était gardée par des agents Je la Compagnie P. jj. -M- Le récit de l'accident Le commandant Guillaume, de, la mai son militaire du Président de la Républi que, a bien voulu nous donner les expli cations suivantes, qui résultent d'un coup de téléphone transmis à l'Elysée par M. Dèschanel lui-même. " « Le Président s'était couché, mais pro bablement indisposé par la chaleur étouf fante de la nuit, il s'était levé et avait, à deux reprises, sauné son valet de cham bre. Celui-ci n'entendit-il pas, la chose est probable. Mais le Président, n'aimant pas à déranger les gens, voulut lui-même ou vrir la! fenêtre qui ne comportait pas de barre d'appui et culbuta en bas du train. Sous la violence de la chute, M. Descha nel avait perdu connaissance. Lorsqu'il revint à lui, faisant preuve d'un tirés grand sang-froid et d'une admirable présence d'esprit, il commença par s'orienter, puis, ' après s'être éloigné des rails sur lesquels il était tombé, il parcourut à pied, dans l'obscurité, une distance d'environ deux kilomètres. II était alors M. Deschanel, qui était simplement vêtu d'un pyjama gris, continua sa marche, quand il aperçut quelqu'un. C'était un homme "de ronde de la garede Mignerelle, M. Radeau, faisant; à ce moment sa tour née. Ce dernier, ayiant reconnu une forme blanchâtre, leva son falot. Halte-là ! Qui êtes-vous ? cria-t-il. Dans la nuit la question résonna. Une voix répondit Je vais vous étonner. J 'étais dans le ' train présidentiel. Je suis tombé sur la voi-é pendant la marche, en voulant ou vrir une glace, et ce qui va vous surpren dre encore davantage, c'est que je suis M. Deschanel, Président de la République. Y a-t-il une maison dans ces parages ? L'homme, stunéfait. sans vouloir ajou ter foi aux p r ie" d î Piesident, emmena le blessé chez M. Danan. garde-barrière, dont la maison est a peu de distance. Dans cette humble demeure, M. Descha nel fut, lavé,- nettové et couché dans un lit. M. Radeau retourne a Mignerelle. Il est minuit 30, il essaye de téléphonerla chose à Montargis. sans résultat, d'ailleurs. Il envoie ensuite un télégramme à la sous- préfecture. Le .sous-prélet, M. Lesueur, ré quisitionne l'auto de M. Viot, vétérinaire, et va au village de Corbeilles où il trouve le docteur Guillaumont qui part soigner le blessé. - Pendant ce temps, le Président de la publique met. une paire de chaussettes prê tées ipar le garde-barrière. . Vers cinq heures un quart, le sous-pré-, fet arrive, avec M., Demas, inspecteur de la Compagnie, qui avait convoyé le train pré sidentiel jusqu'à Montargis, chez le garde- barrière Dariau. Le Président monte sans aide dans l'au tomobile et. arrive vers huât heures à la sous-préfecture, où il est examiné par les docteurs Desvaux-Dulys et René Lepage, d'Orléans et Mme la doctoresse Desbouis. M. Deschanel rentrait à Montargis, coif du képi de sous-préfet prêté par M. Le sueur. Cela lui rappelait le temps le souvenir fut évoqué il était lui-même sous-préfet. Une des. principales circonstances qui ont contribué à rendue anodin l'accident de M. Deschanel, qui aurait pu être mortel le commandant Guillaume ne disait-il pas que la façon dont il s'en tira tient du miracle ? est que le ballast, heureuse ment, venait d'être refait avec du sable frais, de sorte que, par une chance invrai semblable,-le train marchant au ralenti, le Président s'en tira sans grand mal. Les premiers soins A linq heures, le Président était à la sous-préfecture où il s'alitait. Il avait alors un peu de fièvre.. Mme la doctoresse Desbouis et le docteur Desvaux-Dulys furent appelés. L'examen auquel ils procédèrent leur permit de cons tater que, fort heureusement, l'état de M. La + indique le lieu de l'accident Deschanel n'inspirait aucune inquiétude. Par mesure de précaution, ils pratiquèrent immédiatement une injection de sérum an titétanique. ' ' Le bulletin suivant a été publié ce ma tin : Etat aussi satisfaisant que possible. Erosions superficielles de la face et de la jambe gauche. . - ; Des mesures furent prises afin que M. Deschanel pût reposer, et la circulation des voitures fut détournée afin de laisser dans un silence relatif les alentours de la sous-préfecture. - A midi, le nouveau bulletin publié par les médecins confirmait ainsii l'excellence de -la- situation. :... « Le Président de la République est gèrement blessé à la face et à la jambe (fau che. Son état est aussi satisfaisant que pos sible. Il n'inspire a/ucune inquiétude:. » A deux heures, le bulletin publié par. les médecine porte : - « Tension artérielle normale » M. Deschanel téléphone lai-même M. Paul Deschamel avait , tenu, dès son arrivée à la- sous-préfecture de Montargis, à téléphoner luii-même à l'Elysée, afin de rassurer les siens. , Mme Deschanel et M. Millerand à Montargis D'autre part, un coup de téléphone adressé à l'officier de service par le sous- préfet de Montargis avait prévenu officiel lement l'Elysée. : , . Le sous-.préfet avertissait que le Prési dent était à ses côtés ef priait qu'on ras surât Mme Deschanel sur le peu de gra vité de son état ajprès l'avoir prévenue avec précaution, ce qui fut fait. <' M. Millerand, averti également par léphone, se tint en communication avec Montargis, puis avec Mme Deschanel qu'il rassura et il fut convenu que M. Mille rand et Mme Deschanel prendraient, pour se rendre dans la sous-préfecture du Loi ret, le train de Vichy, quittant Paris, à midi 10'. Et à midi 10, Mme Paul Deschanel, ac compagnée de son fils, et le président du Conseil, quittait Paris, arrivait à Mon targis à 14 heures 10 et était conduite aussitôt en automobile à la sous-préfec ture par M- Allain, préfet du Loiret, ar rivé aès le matin d'Orléans. Mme Deschanel et M. Millerand trouvè rent le Président de la République dans un état extrêmemépt satisfaisant.£ Après s'être entretenu des circonstances dans.les- daplles l'accident est survenu, le Prési- Mit de la République et le président du Conseil ont envisagé, dès ce moment, la possibilité de rentrer au cours de l'après. .midi en automobile,, à Paris, avec Mme Deschanel. D'ailleurs, le Président avait ,pu s'habiller lui-même, il avait pris un jait et du bouillon et il ne cessait de tenir à Mme Deschanel les propos les plus ras- surânts Une instruction a été ouverte par M. Hugot, juge d'instruction, qui a reçu la, déposition des poseurs, MM. Radeau et Dariot, lesquels ont donné les premiers secours au Président et l'ont conduit à la maison de la sarde-barrière, —' F. Marson. COMMENT ON S'APERÇUT L'ABSENCE, A ROANNE ijDe l'envoyé spécial du Petit Journal) ^ Montbrison, 24 Mai. Ce fut un mouve ment' de stupeur, d'angoisse indescripti ble, -un affolement général lorsque, vers sept heures ce matin, en gare de Roanne, cette nouvelle invraisemblable circula dans tout le train présidentiel le. Président de la République n'est plus dans son compartiment ! . Personne ne- voulut croire à cette in croyable nouvelle. Cependant, sur le quai, dans les wagons, les personnages officiels avaient la mine consternée. Des concilia bules s'échangeaient. Et puis l'attente en gare de Roanne se prolongeait d'une ma nière insolite. Enfin M. Oudaille nous ap prenait que le Président n'était vraiment plus dans le train. Aussitôt on rapprocha cette /information-sensationnelle d'un fait dont on avait été mis au courant a six heures du matin : un employé de la Com pagnie était venu, dans chaque comparti ment demander : « Personne lie manque parmi vous ? car on signale qu 'un, voyageur est tombé du train spécial cette nuit » Personne ne manquait à l'appel, mais il y avait un compartiment dans lequel on n'était pas entré ; c'était celui du Prési dent. Pouvait-on, en effet, supposer que M. Deschanel n'était plus dans sa cham- bre ? ' ' , Mon enquête, faite auprès des agents de la Compagnie qui accompagnaient le train, ainsi qu'auprès de tous les représen tants de la maison du Président, m'a per mis de constater que cette vérification a été;laite à 6 heures du matin. Mais dès 3 h. 50, le détail est curieux à noter, alors que nous stoppions en gare de Nevers, j'a vais entendu des employés discutant sur le quai de la gare qui déclaraient : « Il vient d'arriver une dépêche disant qu'un homme prétendant s'appeler Des chanel est tombé du train spécial à Lorcy. » Quoi qu'il en soit, c'est vers 7 heures qu'on "fut officiellement certain que le seul voyageur absént'dutrain spécial était bien le Président de la République. Le domestique trouve la chambre vide La chambre de M. Deschanel, qui peut avoir trois mètres sur deux, est simple ment meublée d'un lit encastré dans la boiserie et d'un lauteuil en velours vert, Un cabinet de .toilette-précède cette cham bre, et, tout à côté, couche le valet de chambre du Président. «C'est Julien Drouot, le serviteur de M. Deschanel, qui m'a fait, avec une éraotion qui lui coupait la iparole, - le récit de la dramatique disparition de son maître. « Hier soir, le Président semblait mal à son aise lorsqu'il s'est couché, vers 10 heures et demie. J'ai fermé moi-même les glaces du compartiment.; j'ai abaissé les rideaux et fermé le ventilateur, car. je saï§ que le Président craint le froid. » Mon maître m'a simplement dit : « Julien, allez vous coucher. Vous me veillerez demain, à 7 heures. Ce sera suf fisant pour être prêt à temps; à l'arrivée à Montbrison. » J'ai quitté le Président sur ces paroles. , » Ce matin, à l'heure convenue, frappe à la porte de la chambre ; n'obtenant pas de réponse, j'entre-bâille la porte et je vois la chambre vide et le lit défait. La glace est grande ouverte ' et les. rideaux flottent larguent au dehors. Mais le Président pôuvMt être dans son salon. J'y vais, rien. Je retourne au cabinet de toilette, à la salle à manger, toujours rien ! >> Je m'affole et je cours chez le général Péneilon, à qui je . dis : « Le Président .a di?p,aru ! » Le général sourit d'abord, in crédule, et me répond : « Vous n'avez pas bien ' cherché ; il ' cause peut-être avec quelqu'un de sa suite dans un des Salons ». Nous avons alors repris nos recherches en commun, et ce n'est qu'au bout d'un long; moment que nous avons envisagé une terrible réalité. » Je suis monté dans la chambre prési dentielle et j'ai pu constater que la fe nêtre était très basse et qu'en s'y penchant on devait facilement avoir le corps en traîné au dehors. C'est une fenêtre à guil lotine, c'est-à-dire que la partie supérieure reste fixe, tandis que la seconde moitié peut tomber dans une rainure aménagée dans la paroi du wagon. A l'extérieur du wagon, exactement sous la fenêtre^ par est tombé le Président, la peinture* est en tamée par deux sillons en zig-zag ; ils ont été faits par le corps du Président au cours de la chute. , C'est à Saint-Geramin-des-Fossée. où, Je Malgré l'accident il compte présider, ce matin, à l'Elysée, fe Conseil des ministres train s'arrêtait quelques »jninutes, qu'on prévint M. Prudent, inspecteur de l'exploi tation du P.-L.-M., ' charge'•du service du tram, qu'un homme avait été trouve sur la voie,- près de Montargts. M. Prudent parcourut immédiatement le tram dans toute sa longueur, vérifiant dans chaque compartiment, a l'exception d'un seul, ce lui du Président de la République, esn rai son même de la consigne donnée, que tou tes les personnes accompagnant le Prési dent et dont il avait la liste, étaient là. Aucune. absence ne fut constatée et l'on cnuit alors qu'il s'agissait d'un voyageui tombé d'un autre train. Le Président redoutùit ce voyage Le docteur Laurent, député de Roanne, qui se trouvait dans ie tram présidentiel, me dit au moment on vient de décou vrir l'absence du Président : « J'avais, il y a quelques jours, une en trevue avec M. Deschanel a l'Elysée. Le Président m'a paru tout soucieux et sem blait comme avoir un vague pressenti ment d'un malheur. Il m'a dit en effet très textuellement : « J'appréhende beaucoup ce voyage de Montbrison, sans savoir pourquoi. » Le Président ajouta qu'il était las et fatigué. Enfin à Montbrison, j'ai parlé longue-^ ment avec M. Louis Dupin, député-maire de la ville, qui m'a dit que, jusqu'au der nier moment, il avait douté de la présence du Président aux fêtes d'inauguration. La veille encore, Mi. Deschanel avait fait\ té léphoner à M. Dupin qui me dit : « Dimanche après-midi, un couip de léphone de l'Elysée m'informait que M., Deschanel étant souffrant, il lui était im possible de venir à Montbrison, Peu après, je recevais un nouveau coup de téléphone qui m'informait, cette fois; que le Prési dent était parti. » On voit les alternatives par lesquelles? M. Deschanel est passé avant de se résou dre au voyage. M. Alix. LE RETOUR DU PRESIDENT M. Deschanel, Président de la Républi que, Mme Deschanel et IM1. Millerand ont* en effet, .quitté Montargis à 16 h. 15, enr\ auto. On .avait baissé les stores de l'auto,'] au départ de la sous-préfecture, pour évi ter toute manifestation et toute fatigue' au Président. C'est exactement à sept heures cinq mi nutes que l'automobile très confortable qUë M. Millerand avait envoyée à Montargis, et dans laquelle avaient pris place M. et Mine Paul Deschanel, leur fils ainé et le com mandant Guillaume, franchit grand® porte du palais présidentiel, rue du Fau-, bourg-Saint-Honoré. L'auto alla se ranger devant le péris-; tyle. Le chauffeur sauta de son siège, ou vrit la portière et M. Deschanel, vêtu d'un complet bleu, coiffé d'un chapeau melon noir et portant son pardessus sur le bras, sauta légèrement du marchepied et fran chit lestement les marches conduisant à l'antichambre. Et c'est à peine si les jour nalistes présents purent s'apercevoir qu'il portait quelques ecchymoses au visage. Mnje Deschanel et son fils, puis le com mandant Guillaume descendirent de l'au to et suivirent le Président. Une seconde auto grise <2ans laquelle avaient pris place M. Millerand. son fils et Un officier, .vint se ranger à son tour près du perron d'entrée, et après un court arrêt repartait au ministère de s Affaires étran gères. Une demi-heure à peine après son arri vée à l'Elysée, M. Deschanel recevait ses méd®cins, qui l'auscultèrent avec soin. Tout d'abord, leur" dit-il, je considère" que je n'ai rien de cassé ; pas-de membre démis, j'ai faim... permettez-moi de man ger ! On lui permit quelques aliments légers. A huit heures et demie, on communiquait le bulletin de santé suivant : 20 heures, 24 mai 1920. Contusions sans gravité. Etat aussi satisfaisant Que possible Signé : Professeur André Petit. ; Docteur René Le Page. « Je présiderai demain le Conseil des ministres » Et M. Deschanel, recevant des membres de sa maison civile et militaire, leur clarait hier soir ; Je présiderai'demain mardi le Conseil des ministres ! Dès que la nouvelle de l'accident a été connue à Paris, le président du Sénat, «le président *de la Chambre des députés et tous les membres du gouvernement sont venus à l'Elysée déposer leur carte. Peu après, les ambassadeurs et de nombreuses autres personnalités venaient à leur tour se faire inscrire. Le registre déposé chez le concierge du palais s'est rapidement couvert de signa tures. Parmi les premières est celle du doc teur Mayèr, chargé d'affaires d'Allemagne. Les sympathies du roi Albert Bruxelles, 24 Mai. La Dernière Heure annonce que M. de Lacroix, premier mi nistre belge, a envoyé un télégramme de sympathie au Président de la République. Plusieurs membres du gouvernement ont lait eux aussi, une démarche analogue à titre personnel. , XCJicUà H. Manuel.) 'M- Paul DESCHANEL. qui allait à Montbrison inaugurer le monument Reymond Le docteur Reymond dont le nouveau monument a été inaagmé pjir fA. Stegg, remplaçant M. Deschanel Voir- plus loin le récit de la cérémonie. LENDEM AINS DE GRÈVE La Fédération des cheminots se prépare à capituler Les extrémistes de la Fédération des cheminots, se rendant compte, enfin, que leur mouvement est un échec complet, commencent à préparer la retraite. La note suivante, communiquée par eux dans la soirée d'hier, en est la meilleure preuve. <t La commission executive de la Fédération, après avoir examine a nouveau la situation générale, a décide îa continuation de la grève. Les umioras de syndicats auprès desquelles se rendent 'immédiatement les membres de la commission executive da la Fédération de vront fournir la situation exacte du mouve ment sur leur propre réseau et la commission exécutive '.prendra telles décisions que dicte ront les circonstances, décisions qui- seront » immédiatement portées à la connaissance de tous les syndicats ». On signale toujours, de-ci, de-là, (les arrestations pour entraves à la liberté du travail, des perquisitions, des condamna tions et aussi quelques incidents, notam ment un attentat sur la ligne Bordeaux- Hendaye. On annonce de Lyon que la direction du P.-L.-M. a fait afficher dans ses bu reaux qu'une gratification égale à un mois i\xe sera allouée à tous les agents •restés fidèles. •' '* ' On manque de nourrices 1914 1920 1.5 OO 80 Lorcy Lorcy, sur le territoire duquel s'est pro duit l'accident, est une toute petite, com mune du Loiret, où ^vivent paisibles 766 habitants. Elle dépend de l'arrondissement de Pithiviers. Elle est distante de Paris de 108 kilomètres et de 17 kilomètres seule ment de Montargis. C'est ce qui explique que M. Deschanel ait été conduit dans cette dernière ville, le centre le nln-s raDD^orbé du lieu de sa chute. La Ligue contre la mortalité infantile a terminé ses travaux hier après-midi. Au 'cours de la séance, que présidait M. Strauss, sénateur, MM. les professeurs Marpan, Renault, Rousseau et Lesage, se crétaire ' général, v ont fait d'intéressantes compiunieations. M. Lesage a déploré la raréfaction des nourrices, dont le nombre de 1.500 avant la guerre, est tombé à l'heu re actuelle à 80. La séance s'est terminée par l'adoption de divers voeUx concernant notamment la ^création de nouvelles pouponnières. LA REORGANISATION des Ecoles municipales professionnelles de filles Le Conseil municipal, justement con vaincu que l'éducation professionnelle de la jeunesse est l'un des problèmes les plus urgents à résoudre, pour parer à la rareté de notre production industrielle, vient de prendre une série de mesures qui vont donner aux'écoles municipales profes sionnelles de filles un nouvel élan dont il faut faire profiter le plus grand nombre d'enfanté et d'apprenties possible. On sait que la Ville de Pans possède qua-, tre écoles modèles .d/apprentissage qui sont situées 24, rue Ganneron (18 e ) : 41. rue des Bou lets (11e) ; 7, rue de Poitou (3 e) ; 12, rue d'Abbeville (10 e ). . Dans les deux premières écoles, on en seigne la couture, la broderie, les fleurs et plumes, la confection des corsets, la lin gerie, la mode, la chapellerie. L'école de la rue de Poitou, autre ces

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  • Le Numéro 15 SenteAionneraeui33moi3 6mois ian

    Seine,S.-OJ-O. 12/50 24 » 46 »'Départ',Colon' lî » 25 » 48 »Umoû postale 18 » ' 34 a 64 »téléphone -

    Gut. 01 -73, 74, 75, 76, 77, 78, 79Adr. lélégr.:PBTrr Journal,Paris61, rue Lafayette, Paris (»)Stéphen PICHON

    DIRECTEUR POLITIQUE

    fecores

    du malio

    heures

    du matîa MARDI

    58* Année—1920—N" 20.949I SAINT URBAINSOLEIL : lev.i M. 53; c. 20 h. 37LUISE:P.Q. le 24; P.L. le 1

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    M. Deschanel tombe de son train en marcheprès die Montargis, en allant à MontbrisonLE PRÉSIDENT EST RENTRÉ A PARIS. - ÉTAT TRÈS SATISFAISANT

    Le chef de l'Etatgagne à pied

    un poste de la voieet est soigné à Montargh

    Le Président des la République aéchappé & un accident que tout unconcours de circonstances devait rendretragique. On sera d'autant plus heureuxd'apprendre qu'il n'aura aucune .suitegrave. Le chef de l'Etat a pu, dès-hieren fin d'après-midi, rentrer en automobile à l'Elysée, Et la photographie quenous publions montre que M. Deschanel a pu descendre sans aide et allègrement de la voiture qui le ramenait deMontargis.

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    C'est au cours du voyage que M. Deschanel devait faire à Montbrison quel'accident s'est produit. •

    On inaugurait hier dans cette ville,on le sait, le monument élevé, au docteur-aviateur Reymond, sénateur, -tué à

    ;l'ennemi, et le chef de l'Etat, voulantrendre hommage à la mémoire de cevaillant, avait tenu à présider la cérémonie, bien que, dans la nuit de samedi à dimanche, il eût été pris d'un accès de grippe assez violent.

    On s'était demandé dans son entourage s'il ne convenait pas que le voyage fût reporté. à une date ultérieure.Mais M. Deschanel, dont on connaîtl'esprit de dévouement et la hauteconscience des devoirs de sa charge,avait insisté fermement pour que rienne fût changé aux dispositions prises.

    Il avait donc quitté Paris dimanchesoir, à 9 heures et demie, par train spécial, à la gare de Lyon, accpmpagné,nous l'avons, dit, par MM. Steeg, ministre de 'l'Intérieur ; P.-E. Flandin,sous-secrétaire d'Etat, et plusieurs parlementaires.

    .Deux heures- et demie plus tard, alorsque le train présidentiel allait atteindre Montargis, M. Deschanel, qui avaitfait fermer les fenêtres de son wagonpour éviter un refroidissement,'était incommodé par." la' chaleur "d'autant plysvivement qu'il n'était pas dans un étatde'santé parfait ; il voulut ouvrir unedes larges glaces formant fenêtre et,celle-ci'cédant brusquement, il basculaet tomba sur la voie.

    On lira plus loin les détails que nousont transmis notre envoyé spécial, quiaccompagnait M. Paul Deschanel dansson voyage, et un autre de nos collaborateurs qui s'est rendu immédiatementà Montargis. Ge sur quoi surtout il importe d'insister.c'estque, fort heureusement, l'état du Président de la République permet d'affirmer dès maintenant qu'aucune suite fâcheuse n'est àredouter.

    C'est M. Steeg, ministre de l'Intérieur, qui, à Montbrison, a représentele chef de l'Etat et lu son discours.

    La Chambre, hier, ne siégeait pas,mais,, au Sénat, Mi Léon Bourgeois s'estfait l'interprète dés sentiments unanimes du Parlement et du pays.

    Le chef du gouvernement, M. Millerand, a, dès les premières nouvelles,décidé de se rendre auprès du chef del'Etat et il est rentré à Paris en mêmetemps que lui. -Les accidents analogues à celui auquel vient d'échapper 3VL Deschanel neiiont pas rares. On peut rappeler queM. le sénateur Rabier fit une chute dansde semblables circonstances, avant laguerre, et qu'il ne s'en ressentit aucunement par la suite. Un autre parlementaire, M. Chaulin-Servinière, trouva,lui, la mort en tombant aussi d'un trainen marche.

    Inutile d'ajouter que l'émotion futréelle à Paris et ailleurs, aux premièresnouvelles. Mais, comme on sut bientôtque la chute n'aurait pas de suites graves, cette émotion se traduisit aussitôtpar des manifestations de respectueusesympathie a l'adresse du premier magistrat du pays qui, légèrement souffrant, avait voulu, quand même, remplir, au jour dit, les devoirs de sacharge et ^qui,' victime d'un accidentaussi imprévu, avait conservé, avec sonsang-froid et sa belle humeur, le vifsouci des affaires du pays : « Je présiderai demain le Conseil des ministres », a dit hier soir M. Deschanel.

    Sept heures S hier soir : M. Deschanel rentre à l'tlyséeDerrière le Président, son fils, et Mme Deschanel près de l'auto qui les ramenait

    de Montargis IPh. petitJournal.1

    M. Bourgeois, interprètedes sentiments du Sénat

    Au cours de la séance du Sénat, M. LionBourgeois a adressé à ses collègues les paroles suivantes :*

    — Nous avions appris, au début de la séance, que M. le Président de la Républiqueavaitété victime d'un accident au cours de son•voyage à Montbrison. Les dernières nouvellesqui viennent de parvenir rjious permettent deConstater que. heureusement, M. le Présidentde la République n'a aucune blessure grave(Très biei^) Il sera de retour à Paris dansune.heure et dans des conditions qui nousdonnent à. espérer ton prompt rétablissement.(Applaudissements.) Je n'ai certainement pasbesoin de demandez au Sénat de s'associer àmoi pour envoyer à M. le Président de laRépublique et à sa famille tous nos vœux etl'expression de notre profonde et respectueusesympathie.'

    .De nombreux applaudissements ont salué ces dernières paroles.

    Le |oi d'Espagne a immédiatementtélégraphié à l'Elysée pour exprimer au Président ses regrets et ses vçbux de prompt

    rétablissement

    COMMENT SE PRODUISITL'ACCIDENT

    (De l'envoyé spécial du Petit Journal)

    Montargis, 24 Mai. — L'accident est survenu cinq minutes *après minuit, à 13 kilomètres en avant de Montargis, à la bornekilométrique n° 110 — 900 de la ligne, entre les gares de Lorcy-Corbeilles et deMignerelle.

    La voie, pow le passage du train présidentiel, était gardée par des agents Je laCompagnie P. jj. -M-

    Le récit de l'accident

    Le commandant Guillaume, de, la maison militaire du Président de la République, a bien voulu nous donner les explications suivantes, qui résultent d'un coupde téléphone transmis à l'Elysée par M.Dèschanel lui-même. "

    « Le Président s'était couché, mais probablement indisposé par la chaleur étouffante de la nuit, il s'était levé et avait, àdeux reprises, sauné son valet de chambre. Celui-ci n'entendit-il pas, la chose estprobable. Mais le Président, n'aimant pasà déranger les gens, voulut lui-même ouvrir la! fenêtre qui ne comportait pas debarre d'appui et culbuta en bas du train.

    Sous la violence de la chute, M. Deschanel avait perdu connaissance. Lorsqu'ilrevint à lui, faisant preuve d'un tirés grandsang-froid et d'une admirable présenced'esprit, il commença par s'orienter, puis, 'après s'être éloigné des rails sur lesquelsil était tombé, il parcourut à pied, dansl'obscurité, une distance d'environ deuxkilomètres.

    II était alorsM. Deschanel, qui était simplement vêtu

    d'un pyjama gris, continua sa marche,quand il aperçut quelqu'un. C'était unhomme"de ronde de la garede Mignerelle,M. Radeau, faisant; à ce moment sa tournée. Ce dernier, ayiant reconnu une formeblanchâtre, leva son falot.

    — Halte-là ! Qui êtes-vous?cria-t-il.

    Dans la nuit la question résonna. Unevoix répondit

    — Je vais vous étonner. J'étais dansle '

    train présidentiel. Je suis tombé sur lavoi-é pendant la marche, en voulant ouvrir une glace, et ce qui va vous surprendre encore davantage, c'est que je suis M.Deschanel, Président de la République. Ya-t-il une maison dans ces parages ?

    L'homme, stunéfait. sans vouloir ajouter foi aux p r ie" d î Piesident, emmenale blessé chez M. Danan. garde-barrière,dont la maison est a peu de distance.

    Dans cette humble demeure, M. Deschanel fut, lavé,- nettové et couché dans un lit.

    M. Radeau retourne a Mignerelle. Il estminuit 30, il essaye de téléphonerla choseà Montargis. sans résultat, d'ailleurs. Ilenvoie ensuite un télégramme à la sous-préfecture. Le .sous-prélet, M. Lesueur, réquisitionne l'auto de M. Viot, vétérinaire,et va au village de Corbeilles où il trouvele docteur Guillaumont qui part soigner leblessé.

    -Pendant ce temps, le Président de la République met.une paire de chaussettes prêtées ipar le garde-barrière. .Vers cinq heures un quart, le sous-pré-,fet arrive, avec M., Demas, inspecteur de laCompagnie, qui avait convoyé le train présidentiel jusqu'à Montargis, chez le garde-barrière Dariau.

    Le Président monte sans aide dans l'automobile et. arrive vers huât heures à lasous-préfecture, où il est examiné par lesdocteurs Desvaux-Dulys et René Lepage,d'Orléans et Mme la doctoresse Desbouis.

    M. Deschanel rentrait à Montargis, coiffé du képi de sous-préfet prêté par M. Lesueur. Cela lui rappelait le temps — lesouvenir fut évoqué — où il était lui-mêmesous-préfet.

    Une des. principales circonstances quiont contribué à rendue anodin l'accidentde M. Deschanel, qui aurait pu être mortel— le commandant Guillaume ne disait-ilpas que la façon dont il s'en tira tient dumiracle ? — est que le ballast, heureusement, venait d'être refait avec du sablefrais, de sorte que, par une chance invraisemblable,-le train marchant au ralenti,le Président s'en tira sans grand mal.

    Les premiers soinsA linq heures, le Président était à la

    sous-préfecture où il s'alitait. Il avait alorsun peu de fièvre..

    Mme la doctoresse Desbouis et le docteurDesvaux-Dulys furent appelés. L'examenauquel ils procédèrent leur permit de constater que, fort heureusement, l'état de M.

    La + indique le lieu de l'accident

    Deschanel n'inspirait aucune inquiétude.Par mesure de précaution, ils pratiquèrentimmédiatement une injection de sérum antitétanique. ' '

    Le bulletin suivant a été publié ce matin :

    Etat aussi satisfaisant que possible.Erosions superficielles de la face et de

    la jambe gauche..

    - • ;

    Des mesures furent prises afin que M.Deschanel pût reposer, et la circulationdes voitures fut détournée afin de laisserdans un silence relatif les alentours de lasous-préfecture.

    -A midi, le nouveau bulletin publié parles médecins confirmait ainsii l'excellencede -la- situation. :...

    « Le Président de la République est légèrement blessé à la face et à la jambe (fauche. Son état est aussi satisfaisant que possible. Il n'inspire a/ucune inquiétude:. »

    A deux heures, le bulletin publié par. lesmédecineporte : -

    « Tension artérielle normale »M. Deschanel téléphone lai-même

    M. Paul Deschamel avait,tenu, dès son

    arrivée à la- sous-préfecture de Montargis,à téléphoner luii-même à l'Elysée, afin derassurer les siens. ,Mme Deschanel et M. Millerand

    à MontargisD'autre part, un coup de téléphone

    adressé à l'officier de service par le sous-préfet de Montargis avait prévenu officiellement l'Elysée. : , .Le sous-.préfet avertissait que le Président était à ses côtés ef priait qu'on rassurât Mme Deschanel sur le peu de gravité de son état ajprès l'avoir prévenueavec précaution, ce qui fut fait. •

    >Je m'affole et je cours chez le généralPéneilon, à qui je

    .dis : « Le Président .a

    di?p,aru ! » Le général sourit d'abord, incrédule, et me répond : « Vous n'avez pasbien ' cherché ; il ' cause peut-être avecquelqu'un de sa suite dans un des Salons ».Nous avons alors repris nos recherchesen commun, et ce n'est qu'au bout d'unlong; moment que nous avons envisagé uneterrible réalité. »

    Je suis monté dans la chambre présidentielle et j'ai pu constater que la fenêtre était très basse et qu'en s'y penchanton devait facilement avoir le corps entraîné au dehors. C'est une fenêtre à guillotine, c'est-à-dire que la partie supérieurereste fixe, tandis que la seconde moitiépeut tomber dans une rainure aménagéedans la paroi du wagon. A l'extérieur duwagon, exactement sous la fenêtre^ par oùest tombé le Président, la peinture* est entamée par deux sillons en zig-zag ; ils ontété faits par le corps du Président au coursde la chute.,

    C'est à Saint-Geramin-des-Fossée. où, Je

    Malgré l'accidentil compte présider,ce matin, à l'Elysée,

    fe Conseil des ministres

    train s'arrêtait quelques »jninutes, qu'onprévint M. Prudent, inspecteur de l'exploitation du P.-L.-M., ' charge'•du service dutram, qu'un homme avait été trouve surla voie,- près de Montargts. M. Prudentparcourut immédiatement le tram danstoute sa longueur, vérifiant dans chaquecompartiment, a l'exception d'un seul, celui du Président de la République, esn raison même de la consigne donnée, que toutes les personnes accompagnant le Président et dont il avait la liste, étaient là.Aucune. absence ne fut constatée et l'oncnuit alors qu'il s'agissait d'un voyageuitombé d'un autre train.Le Président redoutùit ce voyage

    Le docteur Laurent, député de Roanne,qui se trouvait dans ie tram présidentiel,me dit au moment où on vient de découvrir l'absence du Président :

    « J'avais, il y a quelques jours, une entrevue avec M. Deschanel a l'Elysée. LePrésident m'a paru tout soucieux et semblait comme avoir un vague pressentiment d'un malheur. Il m'a dit en effettrès textuellement :

    « J'appréhende beaucoup ce voyage deMontbrison, sans savoir pourquoi. »Le Président ajouta qu'il était las et

    fatigué.Enfin à Montbrison, j'ai parlé longue-^

    ment avec M. Louis Dupin, député-mairede la ville, qui m'a dit que, jusqu'au dernier moment, il avait douté de la présencedu Président aux fêtes d'inauguration. Laveille encore, Mi. Deschanel avait fait\ téléphoner à M. Dupin qui me dit :

    « Dimanche après-midi, un couip de téléphone de l'Elysée m'informait que M.,Deschanel étant souffrant, il lui était impossible de venir à Montbrison, Peu après,je recevais un nouveau coup de téléphonequi m'informait, cette fois; que le Président était parti. »

    On voit les alternatives par lesquelles?M. Deschanel est passé avant de se résoudre au voyage. — M. Alix.

    LE RETOUR DU PRESIDENT

    M. Deschanel, Président de la République, Mme Deschanel et IM1. Millerand ont*en effet, .quitté Montargis à 16 h. 15, enr\auto. On .avait baissé les stores de l'auto,']au départ de la sous-préfecture, pour éviter toute manifestation et toute fatigue' auPrésident.

    C'est exactement à sept heures cinq minutes que l'automobile très confortable qUëM. Millerand avait envoyée à Montargis, etdans laquelle avaientpris place M. et MinePaul Deschanel, leur fils ainé et le commandant Guillaume, franchit là grand®porte du palais présidentiel, rue du Fau-,bourg-Saint-Honoré.

    L'auto alla se ranger devant le péris-;tyle. Le chauffeur sauta de son siège, ouvrit la portière et M. Deschanel, vêtu d'uncomplet bleu, coiffé d'un chapeau melonnoir et portant son pardessus sur le bras,sauta légèrement du marchepied et franchit lestement les marches conduisant àl'antichambre. Et c'est à peine si les journalistes présents purent s'apercevoir qu'ilportait quelques ecchymoses au visage.

    Mnje Deschanel et son fils, puis le commandant Guillaume descendirent de l'auto et suivirent le Président.

    Une seconde auto grise