archÉologie et histoire ancienne - … · gymnases connus, notamment celui de cyrène [8], celui...

17
DOSSIER THÉMATIQUE 1 : NOMMER LES « ORIENTAUX » DANS L’ANTIQUITÉ DOSSIER THÉMATIQUE 2 : PRYTANÉE ET REGIA Michel HUMM Introduction. Prytanée et Regia : demeures « royales » ou sanctuaires civiques ? Athènes, Rome et la « médiation » étrusque Patrick MARCHETTI Les prytanées d’Athènes Dominique BRIQUEL Les monuments de type Regia dans le monde étrusque, Murlo et Acquarossa Michel HUMM La Regia, le rex sacrorum et la Res publica ACTUALITÉ DE LA RECHERCHE : DYNAMIQUES HUMAINES ANCIENNES VARIA LA CHRONIQUE D’ARCHIMÈDE Retrouvez tous les articles de la revue ARCHIMÈDE sur http://archimede.unistra.fr/revue-archimede/ 1 87 94 110 129 155 216 236 ARCHIMÈDE ARCHÉOLOGIE ET HISTOIRE ANCIENNE 4 2017

Upload: phunghuong

Post on 14-Sep-2018

215 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

  • DOSSIER THMATIQUE 1 : NOMMER LES ORIENTAUX DANS LANTIQUIT

    DOSSIER THMATIQUE 2 : PRYTANE ET REGIAMichel HUMMIntroduction. Prytane et Regia : demeures royales ou sanctuaires civiques ? Athnes, Rome et la mdiation trusque

    Patrick MARCHETTILes prytanes dAthnes

    Dominique BRIQUELLes monuments de type Regia dans le monde trusque, Murlo et Acquarossa

    Michel HUMMLa Regia, le rex sacrorum et la Res publica

    ACTUALIT DE LA RECHERCHE : DYNAMIQUES HUMAINES ANCIENNES

    VARIA

    LA CHRONIQUE DARCHIMDE

    Retrouvez tous les articles de la revue Archimde sur http://archimede.unistra.fr/revue-archimede/

    1

    87

    94

    110

    129

    155

    216

    236

    ARCHIMDEARCHOLOGIE ET HISTOIRE ANCIENNE

    N42017

  • ARCHOLOGIE ET HISTOIRE ANCIENNE

    RCHIMeDE

    ,REVUE

    Patrick MARCHETTIProfesseur mrite (histoire)

    Universit de Namur / Universit de Louvain-La-Neuve

    [email protected]

    LES PRYTANES DATHNES

    Article accept aprs valuation par deux experts selon le principe du double anonymat

    La dcouverte, Athnes, dune inscription en lhonneur dune prtresse dAglaure a amen les spcialistes dplacer lAglaurion sur le flanc est de lAcropole, mais aussi imaginer que se trouvait l une seconde agora, plus ancienne, articule un prytane archaque, lune et lautre maintenues en service jusqu lpoque augustenne, quand furent vnres trois hestiai. Si lantique prytane visit par Pausanias doit effectivement tre localis lest, du ct de la place dAgia Aikatrini, celui-ci nest pas ncessairement en lien avec une agora. Il peut tre dat dune poque o Athnes a opr son premier syncisme, en lattribuant Thse comme lindique Thucydide, ce qui conduit penser quil ny a pas eu un prytane Athnes, mais au moins trois : le plus ancien devait se trouver sur lAcropole, quand Athnes ntait encore quune bourgade ; le second est celui que nous pouvons localiser lest ; le troisime (le prytanikon) a t install sur lagora

    du Cramique, au plus tt sous Clisthne, lemplacement du seul difice important dpoque archaque tabli dans cette zone, quand celle-ci tait encore le quartier des potiers (le Cramique ), cet difice que C. Ampolo avait jadis identifi comme le plus ancien prytane dAthnes. Le rapprochement tabli entre le prytane dAthnes et la Regia de Rome doit, par consquent, tre repris sur de nouvelles bases.

    The discovery, East of the Acropolis, of an inscription honoring a priestess of Aglaurus, has led scholars to locate the Aglaurion to the East side of the Acropolis, near the Agia Aikaterini Square, and to assume the existence on this spot of a second, archaic, agora, connected to an old prytaneion, both of which remained in service until Augustan times, when three Hestiai were worshipped.An ancient prytaneion the one seen by Pausanias is indeed to be located there, but without any link to an agora. It may be dated to the time when Athens established its first synoecism, attributed to Theseus. A close reading of Thucydides leads us to the conclusion that there was more than one prytaneion in Athens: the first was in the Acropolis when Athens was no more than a village, the second to the East of the Acropolis, the third (the prytanikon) was constructed in the Ceramicus under Clisthenes on top of the more ancient building F which dated from a time when the Ceramicus was still a potters quarter. Although we have to reject Ampolos opinion that this building was the forerunner of the classical prytaneion, his comparison between Athens and Rome still deserves closer examination.

    Keywords Aglaurion,

    agora, Athens,

    Augustus, Hestia,

    Pausanias, propylaia,

    prytaneion, Theseus,

    synoecism.

    Mots-cls Aglaure, agora, Athnes, Auguste, Hestia, Pausanias, propyles, Prytane, Thse, syncisme.

    RSUM

    ARCHIMDE Archologie et histoire Ancienne N4. Automne 2017 - p. 94 109Dossier Prytane et Regia

    94

  • 95Les prytanes dAthnes

    Depuis larticle de C. Ampolo [1] qui proposait didentifier ce qui, lpoque, tait encore tenu pour le prytane dAthnes, avec ldifice F de lagora du Cramique [2] en raison notam-ment de troublantes similitudes avec la Regia de Rome , bien des certitudes sur la topographie de lAthnes archaque et classique ont t branles. La trouvaille, presque in situ [3], lest de lAcro-pole, dune inscription en lhonneur dune prtresse dAglaure [4], entrana aussitt une ractualisation, dans la hte, de toute la topographie dAthnes, depuis lagora classique jusqu la porte dHadrien en passant par le flanc nord de lAcropole. Le sanctuaire dAglaure se trouve tre, en effet, un maillon majeur de la description de Pausanias. Les premiers tirer les consquences de la rvolution topographique ont t H. A. Thompson et R. E. Wycherley [5] qui, au moment o ils rdigeaient leur magnum opus

    sur lagora du Cramique, identifiaient encore la Middle Stoa et sa cour intrieure au Ptolmaion que Pausanias localisait lextrieur de lagora [6], mais manifestement dans son voisinage imm-diat. Cette analyse de H. A. Thompson, laquelle il renona juste avant la publication, respectait scrupuleusement tous les lments connus cette poque, notamment lemplacement des bornes [7] qui marquaient le primtre de lagora proprement dite, mais aussi la structure mme de ldifice qui, en effet, se compare le mieux avec les plans de gymnases connus, notamment celui de Cyrne [8], celui dAlexandrie [9] et bien dautres encore. En renonant, dans la prcipitation qui suivit la dcou-verte du nouvel Aglaurion, assimiler le Ptolmaion la Middle Stoa non sans laisser et l quelques traces de la version originale , H. A. Thompson ouvrait la bote de Pandore de laquelle jaillit une

    Nous tenons remercier Madame Marie-Christine Hellmann pour sa relec-ture attentive. Nous avons tenu compte autant que possible de toutes ses remarques, toujours judicieuses. Nous devons aussi, en prliminaire, signaler que la bibliographie sur les questions traites ici est telle que nous avons pris le parti, pour les renvois aux travaux modernes, de nous contenter de rfrences des ouvrages rcents o lon peut trouver aisment des tats de question. La srie de lcole italienne sur la Topografia di Atene (Ficuciello 2008, Greco 2010, Greco & lonGo 2011) rend, cet gard, les plus grands services. On ne peut trop en savoir gr E. Greco davoir lanc ce travail de Titan.

    [1] Ampolo 1971, revu et approfondi rcemment par losehAnd 2007 qui, dans un long ouvrage de 154 pages, passe au crible tous les lments, pertinents ou non, du rapprochement jadis propos par C. Ampolo : tmoignage du caractre stimulant de lhypothse. Faut-il sobstiner voir dans ldifice F une demeure aristocratique (on se plat lattribuer aux Pisistratides) plutt quun btiment vou lindustrie manufacturire, comme le veut pApAdopoulos 2008, p. 296 ( a potters workshop ) ? On comprendra que nous ne voulons pas ici entrer dans la controverse. Signalons toutefois que les pages dAnderson (voir ci-des-sous n. 90) sur ldifice F sont importantes. Sur la Regia, voir aussi CoArelli 1986, p. 56-79.[2] Thompson & WyCherley 1972, p. 25-29 et losehAnd 2007, qui reprend lanalyse systmatiquement.[3] donofrio 2011, p. 46-47, insiste, juste titre, sur le fait que la stle est dtache de sa base, ce qui stricto sensu nautorise pas conclure une trouvaille in situ.[4] donTAs 1983, p. 50-51, et p. 52-57 pour le texte (= SEG XXXIII 115).[5] Voir l-dessus mArCheTTi 2012, p. 214 et p. 217, auquel nous nous permettons de renvoyer, car cette tude-ci prolonge celle-l. [6] Pausanias I, 17, 2.[7] Essentiellement celle situe au sud-ouest de la Middle

    Stoa, qui na jamais t dplace, voir lAlonde, lAngdon & WAlbAnk 1991, n H 25, p. 27. La faade mme du Ptolmaion (celle tourne vers lagora) se trouve ali-gne sur la borne, ce qui situe clairement le Ptolmaion en-dehors de la limite stricte de lagora.[8] Le gymnase de Cyrne est de mme poque que le Ptolmaion dAthnes (IIe s. av. J.-C.), mais ne doit pas pour autant tre tenu, comme on la cru, pour le Ptolmaion dont il est question dans un document retrouv Cyrne (aprs ultime rvision : SEG 58, n 1837). Le terme, dans ce qui est la copie dun dcret athnien, doit en ralit dsigner le gymnase dAthnes, voir l-dessus dobiAs-lAlou 2016, p. 51-53. Si le gymnase de Cyrne car, sil nest pas un Ptolmaion, ldifice cyrnen nen reste pas moins un gymnase est plus vaste autour dune cour carre, alors que les Middle et South Stoa dAthnes encadrent une cour rectangulaire plutt que carre, la raison en est simplement que la place Athnes tait plus limite puisque ce gymnase ne pou-vait empiter sur lespace rserv lagora proprement dite (ci-dessus n. 7). Ce nest dailleurs pas sans raison que Pausanias situe ce Ptolmaion non loin de lagora (Prigse, I, 17, 2), ce qui a pourtant amen tant de spcialistes du site le rechercher loin de lagora, par ex. lippolis 1995.[9] burkhAlTer 1992.

  • 96Les prytanes dAthnes

    avalanche de propositions contradictoires sur lem-placement des difices grens dans la description de Pausanias. Comme les vestiges abondent au pied de lAcropole et que lon remploya abondamment les stles et autres blocs inscrits dans les fortifications tardives et les murs des glises chrtiennes [10], les chercheurs travaillant sur la topographie athnienne ne manquent pas dlments pour appuyer, vaille que vaille, ces nouvelles hypothses [11]. On ne peut qupingler cet gard leffort de reconstruc-tion topographique entrepris trs tt par E. Lippolis, depuis le Ptolmaion quil localise la lisire de lactuelle rue Hadrianou [12] jusqu lAglaurion lest de lAcropole et in fine jusquau prytane qui lui est associ, pour ainsi dire, dans la description de Pausanias. Le point darrive de cette lecture peut tre tenu pour incontestable : les difices numrs par le Prigte en 18, 1-3 Aglaurion, Anakeion et prytaneion sont dsormais rechercher lest de lAcropole, dans le mme secteur. Le point de dpart de litinraire propos par Lippolis reste, lui, bien plus incertain et sinscrit dans le bouleversement induit par la dcouverte de G. Dontas et initi par la

    volte-face impromptue de H. A. Thompson, qui eut encore dautres consquences funestes.

    LE PRYTANE ET LARCHAIA AGORA

    Si la prsence du prytane signal par le Prigte, dans le voisinage de lAglaurion nou-vellement localis, peut raisonnablement tre tenue pour acquise [13] nous en ferons ici un postulat , dautres conclusions tires de cette rvolution topographique sont nettement moins convaincantes, voire dsastreuses pour une juste perception de ce prytane nouveau. La plus regret-table est le fait dassocier, comme allant de soi, le prytane oriental une agora archaque, comme lont propos, notamment, Robertson [14] (fig.1) et Schmalz [15] (fig.2).Le raisonnement qui a men cette conclusion

    est avant tout analogique : de la mme faon que lagora du Cramique est insparable dinstallations civiques et, au premier rang de celles-ci, dun bouleu-trion et dun prytanikon [16], de mme le nouveau

    [10] Sur ces trouvailles, il vaut toujours la peine de mdi-ter les rflexions de guidi 1921-1922. On oublie souvent que lagora du Cramique ayant t laisse lextrieur des murailles tardives, beaucoup de blocs rutiliss dans le nouveau primtre urbain doivent provenir de lagora antique, avec une probabilit dautant plus grande que les blocs disparus y sont trs nombreux.[11] Quil serait fastidieux dnumrer ici au risque de dtourner lattention du lecteur de la cible annonce, le prytane. Les rfrences se trouvent dans les travaux de lippolis 1995, roberTson 1998 ou sChmAlz 2006.[12] lippolis 1995, p. 51. L, dimposantes ruines tou-jours visibles, dates en partie de lpoque dHadrien, ne manquent pas dattirer lattention, ruines que lon a aussi propos sans plus de succs didentifier au Panthon dHadrien.[13] Ce qui constitue en soi une rvolution, dont on prend aisment la mesure en parcourant miller 1978 ou en relevant ce que R. E. Wycherley crivait ds 1956 : There is no clear evidence for a Prytaneion at Athens on any other site than north of the Acropolis, but earlier Prytaneia have been postulated on the Acropolis and in the Old Agora to the west (WyCherley 1957, p. 169 n 553). Dautre part, comme linscription retrouve lest est proche dune grotte, on a eu tendance rins-taller lAglaurion nouveau dans la grotte creuse lest du rocher. Voir dernirement greCo 2010, p. 159 et fig. 79-80. Notre texte tait rdig quand est sorti de presse le beau volume dhommage H. B. Mattingly, inti-tul , dit par A. P. matthaiou et r. k. pitt (Athnes, 2014). Il contient, aux pages 51-72, une tude de G. Kavvadias et A. P. Matthaiou inti-tule A new Attic inscription of the fifth cent. B.C. from the East Slope of the Acropolis . Linscription, trs muti-le, porte la trace de plusieurs mentions associes, dune manire ou dune autre, au prytane . Comme elle a t trouve lest de lAcropole, dans une fouille sise rue des Trpieds n 32, trs prs par consquent de la place

    dAgia Aikatrini et en contrebas de la grotte dAglaure, lditeur (A. P. Mathhaiou) en tire un lment de confir-mation de la prsence du prytane cet endroit. Cette conclusion, en plein accord avec le consensus actuel et la position dfendue dans notre tude, est bienvenue, certes, mais il se pourrait que lditeur se montre quelque peu optimiste quant ce que lon peut tirer dun tel docu-ment pour la topographie dAthnes : linscription trs fragmentaire est opisthographe et portait apparemment sur chaque face un dcret. De tels fragments (jamais opisthographes toutefois) ne sont pas rares sur le pour-tour de lAcropole et ont souvent beaucoup voyag avant dtre remploys dans des murs tardifs (en loccurrence dans un mur byzantin). Beaucoup de ces documents devaient tre exposs sur lAcropole do les fragments ont t jets en contrebas. Et il nest peut-tre pas fortuit quune autre stle, opisthographe cette fois, mais un peu plus rcente (le plus ancien texte est dat de c. 448), provienne prcisment de lAcropole (IG I3, 35-36). La prudence que jexprime ici nenlve toutefois rien de leur intrt aux trouvailles ni de leur perspicacit aux com-mentaires de M. Matthaiou.[14] roberTson 1998, p. 284-289.[15] sChmAlz 2006, p. 35, fig. 1. Voir aussi kenzler 1997 et kenzler 1999 ; pApAdopoulos 2003, p. 284, mais dj, avant la dcouverte de G. Dontas, JudeiCh 1931, oikonomides 1964, VAnderpool 1974, puis ensuite les tudes de sChnurr 1995 et hArris-Cline 1999, e.a. Chez fiCuCiello 2008, p. 71-85, notamment, le renvoi une archaia agora est chose acquise, ce qui rvle bien le consensus qui sest tabli ce propos. [16] Nous utiliserons le terme prytanikon, qui se retrouve dans la documentation pigraphique, pour dsigner les installations associes la tholos (dans le prolongement de VAnderpool 1935), mme si lpoque hellnistique le mot prytaneion a aussi t employ en rfrence la koin hestia, cf. infra, n. 63.

  • 97Les prytanes dAthnes

    prytane localis lest imposerait logiquement la prsence dun environnement comparable, autre-ment dit dune agora qui lui serait indissociable, et mme dune agora dpoque archaque, dans la mesure o le prytane de lest est vu comme le prdcesseur du prytanikon classique. Pour trans-former cette dduction apparemment logique en quasi-certitude, on a notamment tir parti de deux lments qui paraissaient la corroborer : (1) la conviction que Pausanias, qui, dans sa description dAthnes, ne se rfrait lagora qu une seule occasion [17], entamait l un nouvel itinraire qui le menait tout droit au prytane de lest ; il en rsulte

    que seuls les chapitres prcdents seraient relatifs lagora du Cramique , celle de Clisthne en quelque sorte, tandis que lagora du chapitre 17 la seule occurrence du mot chez Pausanias dans sa description dAthnes, redisons-le serait rechercher sur la route qui menait au prytane archaque, en bordure de lAglaurion [18] ; (2) lvocation dune archaia agora par Apollodore, auquel renvoyait Harpocration [19], propos de lpiclse Pandmos donne Aphrodite installe au voisinage de larchaia agora , serait de nature confirmer lexistence [20] dune autre agora que celle du Cramique [21]. Ces raisonnements sont

    Figure 1 Le prytane, larchaia agora et lAglaurion (daprs N. Robertson, The City Center of Archaic Athens , Hesperia 67,

    1998, p. 285, fig. 1 : courtesy of the Trustees of the American School of Classical Studies at Athens).

    [17] Prigse, I, 17, 1 : ... : sur lagora des Athniens, il est encore dautres difices qui nattirent pas lattention de tous, et notamment un autel de la Piti . On a souvent exagr la porte des deux kai, cf. mArCheTTi 2012, p. 214. Le mot agora est encore utilis, quelques lignes plus loin (17, 2) pour pr-ciser que le Ptolmaion nen est pas loign ( ).[18] Cette mauvaise habitude remonte, en ralit, W. Drpfeld et W. Judeich, voir doronzio 2011, p. 17. Des propositions nombreuses ont t avances quil est vain ici dnoncer. Un tournant dcisif nous parat tre constitu, aprs la palinodie de Travlos, par la note o Vanderpool (voir VAnderpool 1974, p. 308-309) proposait de voir dans lagora signale par Pausanias, Prigse, I, 17, une agora commerciale , en opposant le terme agora celui de Cramique employ jusque-l par Pausanias. Il se crut alors autoris en dduire dabord la ncessit didentifier lagora de Pausanias un autre

    ensemble que celui de lagora classique du Cramique, y voir ensuite lagora romaine , qui na pourtant jamais port ce nom dans lAntiquit. Il suffit de relever que sur lagora de Pausanias se trouve lautel de la Piti, que des tmoignages explicites localisent au Cramique, pour renoncer vouloir placer lagora de Pausanias ailleurs que sur lagora classique.[19] WyCherley 1957, n 731 (= FgrH 244 F 113 [Apollodore], cit par Harpocration, s.v. ).[20] Il nest pas indiffrent de noter que cette conclu-sion a pris corps ds JudeiCh 1931 et a t dveloppe par Oikonomids et Wycherley ensuite, voir miller 1978, p. 41-42 (n. 8).[21] Et lon na pas manqu dexploiter en ce sens aussi le tmoignage de Mlanthios (cit par Plutarque, Cimon, 4, 6) qui voque lagora de Kkrops : voir sChnurr 1995. Mais un pote, en recherche dpithtes rares, pouvait-il faire autrement pour voquer lagora dAthnes que de la qualifier de kkropienne ?

  • 98Les prytanes dAthnes

    toutefois bien lgers : (1) on dmontre aisment que, dans ce qui suit, au chapitre 17 de Pausanias, la mention de lagora se rfre encore la place du Cramique [22], autrement dit que le chapitre 17 prolonge la description de lagora classique, comme cela ressort dune analyse de la langue de Pausanias qui tient compte des singularits linguistiques de lauteur [23] ; (2) dautre part, parler darchaia agora nimplique pas quil y ait eu Athnes deux agoras ! Lpithte est clairement emphatique et son emploi relve du mme usage que celui qui, en franais par exemple, qualifie la place cen-trale dune ville de Grand-Place , sans que cela implique quil y ait ncessairement une place plus petite . Cest le mme recours des pithtes lau-datives qui nous amne qualifier Rome dantique ou dternelle quand nous voquons la rsidence des empereurs et des papes. Cest pourtant bien de la capitale de lItalie moderne dont nous parlons, qui nest pas moins phmre que toute autre cit humaine. Contentons-nous de renvoyer au Bailly, o lon prcise, s.v. II, 1, que le terme

    peut signifier : avec ide de respect, antique, vnrable, surt. en parl. des dieux [] ou de la religion . Or, ici, Apollodore recourt lpithte pour expliquer, prcisment, quAphrodite a reu lpiclse de Pandmos parce que la desse avait son sanctuaire au voisinage de lantique agora o le peuple avait coutume de se runir ancienne-ment pour tenir ses assembles, ses agorai . Cette Aphrodite Pandmos est donc celle qui est installe au flanc sud-ouest de lAcropole, prs des propyles de Mnsicls [24] : larchaia agora proche de ce sanctuaire est clairement celle du Cramique, bien plus proche, en effet, quune hypothtique agora situe lest, dans la rgion de

    Figure 2 Lemplacement du prytane propos par G. C. R. Schmalz (daprs G. C. R. Schmalz, The Athenian Prytaneion Discovered ? , Hesperia 75, 2006, p. 35, fig. 1 : cour-

    tesy of the Trustees of the American School of Classical Studies at Athens).

    [22] Nous nous contenterons ici de renvoyer notre prcdente tude : mArCheTTi 2012, p. 214.[23] De bons traducteurs comme J. Pouilloux et M. Jost ont eu tendance traiter Pausanias comme sil sagissait dun Dmosthne, qui manierait une langue raffine.[24] holTzmAnn 2003, p. 209 ; greCo 2010, p. 190-191 ; pApAdopoulos 2003, p. 284.

  • 99Les prytanes dAthnes

    lAglaurion [25]. Si lon comprend mal quon ait pu sengager voir dans larchaia agora dApollodore, une autre agora que celle du Cramique, il nest pas moins surprenant quon en fasse une agora archaque , alors quarchaios est ici prendre au sens noble de priscus et non comme un synonyme darchaque. Il suffit, du reste, de confronter la tra-duction en grec moderne du titre dun ouvrage de J. M. Camp pour que tout soit dit : l o Camp parle de Athenian agora [26], pour renvoyer lagora du Cramique, ses traducteurs grecs ont transpos en archaia agora [27]. Mais le mal est fait et il est si pernicieux quil a contamin daussi bonnes ana-lyses du prytane de lest que celles proposes par N. Robertson, puis G. O. R. Schmalz, pour voquer en priorit celles qui se recommandent lattention. De ces travaux nous tirerons donc profit, lexclu-sion de lassociation que ces auteurs tablissent entre le prytane et une agora archaque . Effacer cette dernire de nos reprsentations du prytane de lest nest pas anodin : il sagit, en effet, de saisir quun prytane peut exister sans quil y ait dagora, qu lui seul il peut constituer un point focal majeur dune cit antique, dans un rgime sans assemble populaire. Ce qui tait le cas, tout lindique, du pry-tane voisin de lAglaurion, qui tait avant tout la rsidence de larchonte [28].

    LOCALISATION DU PRYTANE ET SA RESTAURATION LPOQUE IMPRIALE

    Peut-on localiser plus prcisment le prytane ? Oui, car Pausanias, en lvoquant deux fois, nous invite le rechercher au croisement de deux iti-nraires, lun venant de lAglaurion (I, 18, 1-3),

    lautre au retour dune visite au sanctuaire de Zeus Olympien qui le menait, depuis la porte dHadrien probablement, vers la rue des Trpieds, en suivant un chemin qui devait correspondre lactuelle rue Lysikratous [29]. Cest logiquement aprs avoir remont cette rue quil retrouva le prytane, en

    Figure 3 : vestiges antiques visibles place dAgia Aikatrini. Clich : P. Marchetti.

    [25] Voil pourquoi, jadis, les partisans dune deuxime agora, archaia, la situait prs des propyles de Mnsicls (on trouvera un tat de la question notamment dans roberTson 1998, p. 285-286). Le lien avec lagora du Cramique est dautant plus incontestable que lAphrodite Pandmos installe au flanc de lacropole sera relaye, au plus tard en 197/196 av. J.-C., sur le versant nord de Kolnos Agoraios, par une Aphrodite Hgmon : on y ins-talla dabord un sanctuaire ddi au Dmos et aux Grces (voir hAbiChT 2000, p. 201-202), avant dy construire un autel pour Aphrodite Hgmon (reproduit dans TrAVlos 1971, p. 81). Lassociation dAphrodite Hgmon et du Dmos nous renvoie dautant mieux lcho de la Pandmos que le sanctuaire de l Hgmon, situ lentre de lagora, sur le trajet de la procession des Panathnes, y constitue lexact pendant du sanctuaire de la Pandmos, qui se trouve en quelque sorte lautre bout du chemin parcouru par la procession. Impossible de ne pas relier les deux sanctuaires, impossible donc de ne pas les asso-cier lun et lautre lagora du Cramique ! Notons, pour tre complet, que le sanctuaire de lHgmon sera encore

    augment, en quelque sorte, de lautre ct de la voie des Panathnes, par la construction lpoque romaine (augustenne probablement) dun petit temple consacr la desse (voir fiCuCiello 2008, p. 154-155 et fig. 39-40 ; CAmp 1996 et 2008), certainement en compagnie dHer-ms (mArCheTTi 1993, p. 220), omniprsent la lisire nord de lagora.[26] CAmp 1986.[27] Comparer avec le titre de la traduction de 2004 dans la liste bibliographique CAmp 1986.[28] Pseudo-Aristote, Constitution dAthnes, III, 5.[29] La photo de TrAVlos 1971, p. 254, avec en arrire-fond le monument de Lysikrats, en fournit une excellente perspective. Cest la rue dnomme Hestia Hodos dans fiCuCiello 2008, p. 76-78 (voir aussi p. 68, fig. 6). Hlas, lauteure dfinit cette rue comme un axe qui mnerait de lOlympieion larchaia agora. Il suffit de corriger ainsi : de lOlympieion au prytane pour intgrer tous les l-ments de la reconstruction propose.

  • 100Les prytanes dAthnes

    nous prcisant que du prytane partait une route appele les Trpieds (I, 20, 1), lun des repres majeurs de la topographie antique dAthnes [30]. Au croisement de ces deux itinraires se localise la place dAgia Aikatrini o lon a exhum dim-portants vestiges [31] : langle dune cour carre entoure de portiques colonnades (fig.3), mais aussi un porche tourn vers la porte dHadrien. Ces vestiges occupent un coin de la place actuelle qui nest telle, probablement quen raison de la pr-sence cet endroit dun antique espace public [32] quest venu occuper, tardivement, lglise dAgia Aikatrini. On retrouve ainsi, dans cette vaste place moderne, partiellement occupe par une grande glise, un dispositif qui nest pas sans rappeler la place correspondant lantique pribole que les modernes ont appel agora romaine [33].Les vestiges partiellement visibles place dAgia

    Aikatrini se comparent assez bien, en effet, ce que nous connaissons de ladite agora romaine , dsormais parfaitement dlimite aprs les fouilles rcentes [34] : de part et dautre, on est frapp par la mme ordonnance architecturale avec des colonnes ioniques de volume identique, pour lesquelles ont

    t associs deux marbres, celui bleut de lHymette pour le ft et celui du Pentlique pour la base et le chapiteau. Ds lors, il nest pas absurde de voir, de part et dautre, un programme dilitaire comparable et de mme poque, malgr des variantes dex-cution [35], et, en consquence, dajouter la cour pristyle de la place dAgia Aikatrini aux inter-ventions urbanistiques de lpoque augustenne Athnes [36]. Sil en est bien ainsi, il ne fait alors aucun doute que cette cour o lon veut installer le prytane intressa tout particulirement le pouvoir romain. On en trouve en tout cas confirmation dans les dcouvertes pigraphiques ralises dans cette zone [37], avant tout la ddicace dpoque augus-tenne Hestia, Apollon et aux Thoi Sebastoi [38], qui avait t remploye dans les murs de lglise dAgia Kyra Kandili, et celle dun pimlte du pry-tane, Theophilos dHalai. Lintrt de la premire inscription est de confirmer lassociation cultuelle opre au prytane sans aucun doute entre Hestia et les Thoi Sebastoi, mais aussi dassurer que le prytane est, comme lagora romaine , un lieu rcupr par le culte imprial [39]. Quoi quil en soit, le rapprochement structurel entre lagora

    [30] Voir notamment roberTson 1998 (ici fig. 2) et le plan clair dans sChmAlz 2006, p. 41, fig. 6, ainsi que fiCuCiello 2008, p. 66-68.[31] sChmAlz 2006, p. 45-46, et une prsentation suc-cincte, mais exhaustive, dans greCo & longo 2011, p. 525-526.[32] Lanalyse des sources historiques modernes quen donne sChmAlz 2006, p. 47-50, met bien en vidence la permanence en cet endroit dun lieu public.[33] La place dAgia Aikatrini fut si importante quelle a pu au Moyen ge tre effectivement tenue pour une agora (voir greCo & longo 2011, p. 536, avec renvoi une tude rcente de A. Corso, que je nai pu lire), ce qui renforce le parallle que nous pouvons aujourdhui tablir avec cette autre place que nous dnommons, en raison de son ampleur, lagora romaine , alors quil ne sagit en rien dune agora, voir ci-dessous n. 39.[34] Voir ltude de D. Sourlas, dans Vlizos 2008, p. 99-114.[35] Finement analyses dans sChmAlz 2006, p. 51-53.[36] Rpertories notamment par bAldAssAri 1998, et sTefAnidou-TiVeriou 2008, et mises en perspective histo-rique par lozAno 2002, aprs grAindor 1927.[37] sChmAlz 2006, p. 71-75 = IG II2, 3185 (conscra-tion Hestia, Apollon et aux Thoi Sebastoi) et IG II2, 2877 (ddicace de Theophilos), reproduite aussi dans greCo & longo 2011, p. 536, fig. 299.[38] Voir aussi roberTson 1998, p. 298-299. Pour le culte imprial Athnes sous Auguste, voir avant tout spAWforTh 1997.[39] La mention des Thoi Sebastoi en IG II2 3185 fait directement cho celle de linscription de lagorano-mion (IG II2, 3183 = sChmAlz 2009, n 108, mais aussi TrAVlos 1971, p. 39 et hoff 1994). Elle est installe de

    longue date sur les arcades qui se dressent lest de la Tour des vents, tourne vers lagora romaine , ce qui a amen les chercheurs y voir la ddicace dun ago-ranomion install la sortie de lagora romaine . Il suffit, en ralit, de retourner linscription et de la faire lire par ceux qui entrent sur lagora romaine et non par ceux qui en sortent ( loppos donc de la restitution suggre par Travlos) pour en faire, comme il convient, la ddicace de ce que nous appelons agora romaine , mais qui nest autre, en ralit (pace St. Miller et tant dautres avant lui et aprs lui) quun sanctuaire consacr Athna archgtis et aux Thoi Sebastoi, autrement dit lun des centres du culte imprial Athnes, un autre tant le prytane oriental lui-mme. Il nest pas fortuit, en effet, de retrouver sur linscription attribue lago-ranomion la mme rfrence Athna archgtis que celle grave (IG II2, 3175 = sChmAlz 2009, n 102) sur larchitrave de la porte, plus ancienne, qui se dresse loppos (sTefAnidou-TiVeriou 2008, p. 19, fig. 12, en les rapprochant en fournit une perspective lumineuse) et qui donne accs au mme titre que les arcades du nord, dpoque flavienne au mme ensemble monu-mental, celui que nous appelons lagora romaine , mais qui dans lAntiquit tait un sanctuaire dAthna archgtis, construit en lhonneur de la desse par Csar et Auguste qui vnraient en elle la protectrice des archgtes dAthnes, autrement dit des hros ponymes auxquels appartenait dsormais Auguste : en qualit de princeps romain, il tait, en effet, lhritier des Attalides et des Ptolmes et, ce titre, le succes-seur des archgtes des deux tribus Attalis et Ptolmas. Il nest donc pas surprenant quon ait associ la desse les Thoi Sebastoi sur la ddicace de lentre monumen-tale qui donnait accs, au nord, la vaste cour centrale pristyle de ladite agora romaine , o lon retrouve en ralit un dispositif caractristique densembles vous au culte imprial.

  • 101Les prytanes dAthnes

    romaine et les vestiges de la place dAgia Aikatrini dune part, les dcouvertes pigraphiques dautre part, sont de nature confirmer dfinitivement lidentification du prytane signal par Pausanias aux vestiges partiellement visibles de la place dAgia Aikatrini et nous invite rsolument nous intres-ser de plus prs la zone sise lest de lAcropole pour tenter dextraire, partir de cette localisation du prytane, les lments dune nouvelle analyse historique de la topographie dAthnes.Demandons-nous avant tout, une fois retenu le

    postulat qui situe le prytane oriental la place dAgia Aikatrini, ce qui peut rendre compte de la restauration des structures lpoque augus-tenne. Lassociation du prytane avec Hestia [40] nous en fournit probablement la meilleure expli-cation. Notons dabord que le prytane oriental, signal par Pausanias au voisinage de lAglau-rion, est, en effet, clairement investi par Eirn et Hestia, comme nous le signalait le Prigte [41]. La ddicace Hestia que lon a retrouve cet endroit [42] nest donc pas fortuite et ne doit pas tre marginalise : date de lpoque dAuguste, elle relie nettement le lieu aux clbrations du culte imprial. Ces deux tmoignages, combins, assurent que lhestia du prytane oriental ne se confond pas avec la koin hestia de la tholos du Cramique [43] : ct de lHestia du Dmos athnien, cest une autre que lon vnrait au prytane oriental et cest cette dernire que trs probablement le pouvoir romain a investie pour en faire lHestia Rhmain, dont le culte tait desservi par une prtresse [44]. Il y a plus intressant : lHestia du prytane faisait cho en quelque sorte une troisime, installe sur lAcropole, o elle tait associe Livie et Julie, et desservie, elle aussi, par une prtresse particulire [45]. Ces intrusions romaines dans les cultes athniens dHestia datent dAuguste et du dbut du Principat. Il faut les rap-procher de la ddicace du monoptre romain [46]

    consacr Rome et Auguste pour saisir leur porte : la ddicace du monoptre, qui mane du Peuple, vnre Auguste comme ster clairement lgal des rois hellnistiques dont il tait lhri-tier tout en lassociant la desse Roma. Cest l le point final dune innovation cultuelle remar-quable qui avait fait de Rome personnifie une desse vnre dans le monde grec depuis le iie sicle av. J.-C. [47], celle dont les deniers rpubli-cains avaient rpandu limage, sous les traits dune desse casque, clairement inspire de lAthna qui figurait au droit des monnaies dAthnes et que les monnaies de Thurium avaient popularise en Italie, ds le Ve sicle. La ddicace du monoptre sur lAcropole assure de manire limpide que la desse Roma tait assimile la desse tut-laire du lieu. Les ddicaces offertes certaines Vestales, vnres lAcropole comme hierai par-thnoi [48], confirment quil en tait bien ainsi. En rapprochant Hestia de son quivalent romain, Vesta, on saisit aisment la porte de ces inter-ventions romaines : le vieux prytane dAthnes, qui tait rest un foyer minent de la cit, avait tout naturellement t rinvesti lpoque augus-tenne en raison du lien naturel et symbolique quil permettait dtablir avec la personne de lempe-reur, autant qu travers lui avec lensemble des Romains. Depuis quAuguste tait devenu pontifex maximus, et ce titre lhritier de lantique rex sacrorum [49], il avait fait de la nouvelle demeure du princeps une copie de la Regia primitive, en transportant Vesta sur le Palatin [50]. Comment le princeps, ou ses ministres, aurai(en)t-il(s) pu ngliger dinvestir son quivalent athnien, alors que lassimilation entre Athna et Roma tait si fermement tablie ? Il nest pas besoin ici de sp-culer, puisque nous savons quil en fut ainsi grce la riche documentation pigraphique, rassemble par M. Kajava [51]. Il reste toutefois intressant de relever que ce nest pas tant lHestia boulaia

    [40] Association pour ainsi dire ncessaire et la fois trs caractristique, cf. miller 1978, p. 34-35, mme si lauteur laffaiblit au chapitre 1. Ce nest pas sans raison que le prytane dOlympie est prcisment lhiron dHes-tia, ibid., p. 235-239.[41] Pausanias, Prigse, I, 18, 3[42] Voir n. 38.[43] Cette Hestia dramatiquement mise en scne par Andocide, Discours, I, 44 (= WyCherley 1957, n 389) et quon appelait aussi lHestia boulaia (WyCherley 1957, nos 387-388, 397-398), quil faut, bien entendu, rappro-cher de Zeus boulaios et dAthna boulaia, les avatars au Cramique de Zeus polieus et de lAthna tutlaire.[44] laquelle des siges taient rservs au thtre de

    Dionysos, cf. kAJAVA 2001, p. 73.[45] Comme la prcdente, elle avait galement un sige au thtre, cf. kAJAVA 2001, l.c.[46] IG II2, 3173 (photo dans TrAVlos 1971, p. 495 ; binder 1969 ; sTefAnidou-TiVeriou 2008, p. 21 ; greCo 2010, p. 115-117 [M.C. Monaco]).[47] Pour Athnes, voir hAbiChT 2000, p. 201-202.[48] IG II2, 3532-3534 ; voir kAJAVA 2001, p. 72-73.[49] propos du pontifex maximus et du rex sacrorum, voir dans ce dossier la contribution de M. Humm, La Regia, le rex sacrorum et la Res publica .[50] Voir dernirement CoArelli 2012, p. 399-420.[51] kAJAVA 2001.

  • 102Les prytanes dAthnes

    de lagora classique qui a attir lattention des Romains et dAuguste, que celle du vieux prytane. Cest elle, notamment, qui, avec lHestia de lAcro-pole fut assimile la Vesta romaine. Larticulation avec le monoptre de Roma et dAuguste est trop nette pour quon puisse laisser chapper lcho que le monoptre, par sa forme mme, nous ren-voie du temple rond le plus clbre de Rome, celui de Vesta prcisment [52]. Et lon en vient ainsi retrouver quelque intrt lancienne hypothse de C. Ampolo qui, impressionn par la structure de ldifice F, prdcesseur du prytanikon classique, et par sa ressemblance formelle avec la Regia romaine, avait postul un lien de parent troit entre les deux, de nature inscrire le culte de Vesta romaine dans une filiation grecque. Lhypothse est plus que jamais fconde, mme si le parallle architectural nest plus de mise [53], car on ne peut manquer de souligner, entre le prytane athnien dun ct (celui de lest) et la Regia romaine de lautre, un rapprochement bien plus significatif : alors qu Athnes, le prytane de lest est immdiatement voisin dun Anakeion (temple des Dioscures), le plus ancien temple construit Rome au voisinage de la Regia est celui des Dioscures. Cette conjonction ne peut pas tre fortuite. Elle nous invite en tout cas, pour prparer la voie dune nouvelle comparaison entre Athnes et Rome, nous interroger sur le rle que pouvait jouer le prytane de lest, lieu dun culte Hestia.

    LA FONCTION DU PRYTANE ORIENTAL ET SON LIEN AVEC LACROPOLE

    Pour saisir la place que tenait ce prytane une poque ancienne, nous pouvons tirer parti de tmoignages assez nombreux qui nous en informent [54], en vitant soigneusement de le confondre avec un lment dune antique agora. La Constitution dAthnes [55] nous apprend que ce prytane tait la demeure de larchonte et quil tait proche du Boukoleion o prenaient place lunion et le mariage de la femme du roi avec Dionysos , mais des doutes ont t mis rcem-ment sur lidentit de ce basileus [56], au point de penser que le Basileion [57], voisin du prytane, pourrait avoir t avant tout le sige des phyloba-sileis [58], les chefs de la communaut athnienne antrieure la cration des tribus clisthniennes, la communaut du premier syncisme attribu Thse [59] ; outre ces phylobasileis, lensemble des difices associs au prytane taient avant tout investis par et rservs aux archontes, non seule-ment lpoque archaque, antrieure Clisthne, mais encore lpoque impriale, comme en attestent les listes darchontes retrouves dans le voisinage [60]. Cest ce titre que les lois de Solon y furent affiches [61] et que lon y ren-dait la justice [62]. Ce prytane abritait lHestia que les phbes invoquaient dans leur serment [63], aprs Aglaure, car cest au voisinage du prytane,

    [52] Cette similitude a plus dune fois t souligne, mais a, plus rcemment, t abandonne en faveur dune hypothse plus spculative qui voudrait voir dans ce monoptre un crin pour abriter trs ponctuellement les enseignes parthes : voir bAldAssAri 1995 ( sa suite, M. C. Monaco, dans greCo 2010, p. 117). Nous navons aucune raison dexclure la possibilit que le monop-tre, sil existait dj, ait pu accueillir quelque temps les enseignes au cours du voyage qui les acheminait vers Rome, mais une telle utilisation de ldifice nimpose pas den relier la construction cet vnement particulier : comment et-on pu faire pour concevoir et construire le monoptre dans ce but en quelques mois ?[53] Ldifice F ne peut plus, en effet, tre reli direc-tement un prytane ou la demeure de Pisistrate, cf. ci-dessus n. 1.[54] Ils ont t rassembls dans miller 1978 et, nouveau, par R. Di Cesare, dans greCo & longo 2011, p. 535-537, mais de manire assez lapidaire, quoiquex-haustive, en raison du caractre mme de louvrage.[55] Pseudo-Aristote, Constitution dAthnes, III, 5 = WyCherley 1957, n 582. Cest au prytane que les para-sitoi prenaient leurs repas (Athne, VI, 235c).[56] flAmenT 2011, p. 304-306.[57] Pollux, Onomasticon, VIII, 111, dont le tmoignage est essentiel.

    [58] Sur leur rle, voir en dernier lieu flAmenT 2011, p. 295-304.[59] Do lomniprsence du hros dans cette partie de la ville. Voir la belle tude de luCe 1998, quil convient toutefois dactualiser, en intgrant ce fait, nos yeux incontestable, que la lgende athnienne de Thse sest dabord implante du ct du prytane ancien, avant dtre amplifie sur lagora classique en liai-son avec le second syncisme, celui prpar par Pisistrate et sanctionn par la cration de dix nouvelles tribus qui couvrent dsormais toute lAttique, voir texte infra.[60] sChmAlz 2006, p. 69-71.[61] Voir, e.a., roberTson 1986 et le tmoignage dHar-pocration = WyCherley 1957, n 550.[62] flAmenT 2011, p. 295 et, notamment, Dmosthne, Discours, XXIII, 76.[63] Quil ne faut pas confondre avec la koin hestia du Dmos , sur laquelle sacrifient les phbes lpoque hellnistique en compagnie du cosmte et du prtre du Dmos et des Grces, avant de se rendre en proces-sion au sanctuaire dArtmis agrotra Agrai (voir, par exemple, IG II2, 1006, l. 6-9). Lofficiant, le prtre du Dmos et des Grces, dont le sanctuaire se trouve sur les pentes de Kolonos Agoraios, assure que le sacrifice a lieu lHestia de la tholos.

  • 103Les prytanes dAthnes

    logiquement lHorkomosion [64], que les phbes prtaient leur serment. Celui-ci doit donc, de ce fait, remonter au moins au Vie sicle dans sa version la plus ancienne, quelle que ft alors la nature exacte de ce qui deviendra lphbie [65]. Cest certaine-ment dans le voisinage de ce prytane oriental que se droulaient les synoikia [66] ; il nest pas surpre-nant non plus que le prytane oriental soit le point de dpart de plusieurs processions et, par-dessus tout, de celle qui clbrait le Dionysos Limnaios. Cest de ce temps aussi que doit dater la cration des bou-phonies destines Zeus polieus, install lest de lAcropole comme G kourotrophe ; un Zeus que son piclse relie une rforme politique majeure [67]. Cest ce moment aussi que la ville dAthnes sest dveloppe vers lest, o les cultes dAgrai, anciens ou rcents [68], ont reu une attention nouvelle, en lien avec le nouveau foyer que constituait alors le prytane oriental [69].La proximit du prytane et de lAcropole nous

    oblige nous interroger sur cette liaison qui devait stablir, de ce ct de lAcropole, entre le pry-tane, lAnakeion, lAglaurion et le rocher sacr. Limpossibilit de sparer du prytane G kourotro-phos et Zeus polieus impose la ncessit logique quil y ait eu un accs lAcropole par lest, sous la forme de modestes (?) propyles archaques, distincts de ceux de louest, et probablement bien plus importants, jusquau Vie sicle au moins, que tout autre accs lAcropole. Les retrouver est une tche apparemment ardue, en raison surtout des amnagements majeurs de la zone : la plate-forme

    du Pr-Parthnon oblitre jamais la physionomie naturelle du rocher au sud et lest [70] ; la pr-sence dune fortification massive sur les flancs sud et est constitue un autre obstacle majeur pour une juste perception des lieux en leur tat primitif ; le thtre de Dionysos, enfin, avec ses ranges sup-rieures de gradins, mais aussi les ravalements du rocher [71], ont altr, de manire irrversible, lap-parence ancestrale des lieux en un endroit o nous savons que stendait la ville ancienne, celle davant le syncisme. Nanmoins, en prenant la juste mesure des renseignements fournis par Thucydide [72], qui tend la bourgade ancienne installe sur lAcropole une agglomration stalant au sud du rocher, nous devons imprativement nous interroger sur les modalits de cette singulire configuration et reprendre sans a priori ltude diachronique de la morphologie des lieux. Il est impossible dy proc-der ici, mais nous pouvons dores et dj exclure, sans risque, une solution de continuit, lpoque archaque, entre le haut plateau de lAcropole o se dresse encore lrechtheion et o prenait place lancien temple dAthna et les pentes tournes vers le sud, sur lesquelles seront installs les gra-dins du thtre. La communication naturelle entre les deux zones na t rompue qu lpoque o fut amnage une colossale plate-forme pour porter le nouveau temple, le Pr-Parthnon. On ne peut pas non plus luder la question de lan-

    ciennet relle des Propyles de louest : on tient souvent pour acquis que laccs majeur lAcro-pole sest de tout temps opr de ce ct. Rien

    [64] Les rfrences antiques lhorkomosion sont com-modment rassembles et analyses dans greCo & longo 2011, p. 553.[65] La prsence des autres dieux invoqus dans le ser-ment sexplique aisment en relation avec le prytane oriental : Ars est lpoux dAglaure, tandis que la terre nourricire renvoie la G kourotrophos dont la statue se trouvait lest de lacropole (voir sTeVens 1946, p. 4) et lon devait avoir directement accs cette partie du rocher lpoque archaque (CuCuzzA 1996, p. 94-95 et n. 30, qui rexamine les propositions similaires de G. Dontas). Il suffit, en effet, deffacer de nos esprits les puissantes for-tifications postrieures, encore si imposantes aujourdhui, pour remettre directement en contact lAglaurion et la statue de G kourotrophos.[66] Qui, daprs IG I3, 244, C1, l. 16-19, prenaient place , donc lAcropole, mais certainement en un lieu reli au prytane de lest. Cette fte, en effet, est celle du premier syncisme de Thse, celui qui mena linstal-lation du prytane oriental. Sur les synoikia, flAmenT 2010, qui rassemble et examine tous les tmoignages.[67] Il ne faut pas scruter longtemps les textes pour constater que Zeus ntait pas encore vnr dans lAthnes primitive, quici plus quailleurs il apparat, face Posidon, comme un dieu jeune , prenant la place du

    plus ancien possesseur des lieux, Posidon. L-dessus nous ne pouvons que renvoyer ltude fouille de doyen 2011, p. 301-332.[68] Rien encore na t fait pour distinguer les uns et les autres.[69] Ce que souligne R. Di Cesare, dans greCo & longo 2010, p. 536.[70] Dont la morphologie naturelle tait pourtant bien diffrente, comme on peut sen rendre compte en compa-rant les maquettes reconstitues au Centre dtudes sur lacropole (voir, par ex., holTzmAnn 2003, p. 297, fig. 184) ou comme le rvle la comparaison de quelques photogra-phies maintes fois reproduites (greCo 2010, p. 59, fig. 4, extraite de hurWiTT 1999, p. 95, fig. 25 ; p. 97, fig. 27 ; p. 138, fig. 62).[71] Comme ceux pratiqus pour linstallation du monu-ment de Thrasyllos, voir greCo 2010, p. 165, fig. 84.[72] Thucydide, La Guerre du Ploponnse, II, 15. Voir infra.[73] Mme si lexistence de propyles anciens, recherchs par Dinsmoor, a amen un peu rapidement les chercheurs conclure en ce sens, voir par ex. holTzmAnn 2003, p. 70-72 et p. 147. On trouvera une bonne mise en perspective, claire et convaincante, chez CuCuzzA 1996, p. 92-93.

  • 104Les prytanes dAthnes

    pourtant ne lassure [73], et la topographie de la bourgade ancienne voque par Thucydide devrait depuis longtemps avoir amen les chercheurs penser autrement lentre sur lAcropole poque ancienne, du ct du sud autant que de lest, car la construction dun prytane lest de lAcropole nest pas imaginable sans un accs direct, de ce ct, au rocher sacr. Lhypothse prsente par Robertson [74] dinstaller des propylaia au-dessus du futur odon de Pricls, au niveau du pripa-tos (quoi de plus logique ?), a le mrite douvrir un dbat invitable et nous invite y regarder de plus prs, en scrutant nouveau les textes rela-tifs au stratagme bien connu mis en place par Pisistrate pour dsarmer les Athniens.Le rcit quen donne Polyen [75], particulirement

    prcis, implique quentre lAnakeion et le hiron dAglaure se place un . Si lon voit dans lAnakeion le sanctuaire des Dioscures voisin de lAglaurion signal par Pausanias [76], le rcit de Polyen est sans ambigut : il y a bien de ce ct de lAcropole des propyles . Mais la version de lAthnain Politeia, qui mentionne galement un [77], situe aussi laction . Il nest pas ncessaire dy voir une contradiction avec la version de Polyen. LAnakeion peut tre lun des dont il est question dans le mme texte, car la lgende de Thse, telle que dploye lest de lAcropole, est indissociable de celle des Dioscures : prs du Srapieion, que rencontre Pausanias aprs avoir quitt le prytane [78], se situe, daprs le Prigte, le lieu o Pirithoos et Thse se rencon-trrent avant de se rendre Sparte, cest--dire chez les Dioscures. Le Thseion dont il est question dans lAthnain Politeia nest pas celui que signale Pausanias prs du Ptolmaion et quil faut, de ce fait, rechercher du ct de lagora classique [79].

    Sil ne fait aucun doute que lagora du Cramique a servi de cadre une mise en scne systmatique de la lgende de Thse, il ne fait pas de doute non plus que la figure de Thse servit dabord marquer la zone lest de lAcropole, comme cela rsulte clairement de Thucydide et comme en atteste Pausanias lui-mme, en dupliquant dans son rcit les rfrences aux mmes pisodes de la vie du hros, dabord pour commenter les pein-tures du Thseion construit par Cimon [80], puis pour fixer prs du Srapieion le lieu o se rencon-trrent Thse et Pirithoos [81], un fragment de la mme lgende que celle qui inspira les peintres du Thseion de Cimon. Il sera encore question du hros au temple dApollon delphinios [82], dont la visite sert de prtexte raconter lpisode du lancer de char par lequel Thse se fit reconnatre des Athniens. Si lon associe, comme il convient, les lments disperss en 18, 4 et 19, 1, on constate sans peine que cest par lest que Thse est arriv Athnes et quil fut dabord honor prs du pryta-ne oriental. Linscription de la porte dHadrien [83], sur laquelle on peut lire que la ville tourne vers le prytane de lest est la ville de Thse [84], nous invite on ne peut dire moins relier la lgende du hros tout le quartier limit dun ct par lAnakeion, de lautre par le Srapieion, quartier quon appelait probablement le Thseion , celui o furent construits les que mentionne lAthnain Politeia, et dont le rcit sur le stratagme de Pisistrate pourrait ne pas diffrer de celui de Polyen, ce dernier tant simplement plus explicite dans lidentification des .Une grave erreur danalyse, fatale pour une interpr-

    tation correcte des diffrentes versions de lpisode, pourrait tre de confondre le de lAthnain Politeia avec celui, proche du Ptolmaion, construit par Cimon, donc bien aprs la mort de Pisistrate ;

    [74] roberTson 1996, p. 291-295. Avant lui, donTAs 1983, p. 62, recherchait les propyles au nord-est. Ces hypothses ne trouvent aucun cho chez fiCuCiello 2008, p. 65-66.[75] Polyen, Stratagmes, I, 21, 2 = WyCherley 1957, n 142. Sur tout lpisode nous ne pouvons que ren-voyer le lecteur lexcellente analyse de CuCuzzA 1996 qui exploite, outre les textes examins ici, les vestiges mycniens dont lexamen permet de reprer, sans peine, lemplacement des portes anciennes sur les cts sud et est de lacropole. Voir aussi dinsmoor 1980, p. 4-5.[76] Pausanias, Prigse, I, 18, 1.[77] Constitution dAthnes, 4. Lexpression se retrouve chez Philochore (FGrH IIIB, 328, F 105), cf. donTAs 1983, p. 61.

    [78] Pausanias, Prigse, I, 18, 4, cf. greCo & longo 2011, p. 534 (M. C. Monaco).[79] Nous nous dmarquons ici, rsolument, des ana-lyses proposes dans greCo & longo 2011, p. 551-553 (R. Di Cesare), o lon trouvera toutefois la bibliographie antrieure.[80] Celui qui est proche du Ptolmaion (Pausanias, Prigse, I, 17, 2-6). Notons la rfrence qui est faite, cet endroit, aux fils de Tyndare et qui fait cho 18, 4, o est voqu le dpart de Thse et de Pirithoos pour Sparte.[81] Pausanias, Prigse, I, 18, 4.[82] Pausanias, Prigse, I, 19, 1.[83] IG II2, 5185.[84] .

  • 105Les prytanes dAthnes

    et cette erreur a maintes fois t conforte en rap-prochant le de Pausanias du sanctuaire des Dioscures, par lequel commence le chapitre 18 de la Prigse, alors que ce chapitre nest pas reli ce qui prcde. En ralit, cest un nouvel itinraire qui commence au chapitre 18 [85] et, comme toujours en ce cas, il est strictement impossible dvaluer la distance qui le spare du prcdent, autrement dit lespace qui stend entre, dune part, le Ptolmaion et le Thseion du chapitre 17 et, dautre part, le sanctuaire des Dioscures (Anakeion) du chapitre 18. Il nen reste pas moins que la rupture est impor-tante [86] puisquelle spare nettement le quartier du Cramique et celui de lest, que lon dsignait probablement lpoque archaque comme la ville de Thse , le . Une confirmation dfinitive de cet tat de choses ancien peut tre tire dun passage de Plutarque relatif lhorko-mosion [87], que le polygraphe localise . Si lhorkomosion correspond au lieu o les phbes, entre autres, prtaient serment et puisque ce serment tait prononc [88] dans le sanctuaire dAglaure, la premire tre invoque, il sensuivrait que la rgion o se trouvait cet horko-mosion, et donc aussi lAglaurion, devait sappeler [89] et quon ne devrait dcidment pas confondre ce quartier dAthnes avec ldifice construit, par Cimon, au Cramique, pour accueillir les reliques du hros. Dautant moins que Thse est autant chez lui dans la rgion du prytane orien-tal quau Cramique.

    LES RFRENCES THSE ET LA DUPLICATION DES INSTALLATIONS CIVIQUES AU CRAMIQUE [90]

    La difficult de distinguer clairement les difices proches du prytane oriental et les rfrences mythiques qui laccompagnent, de ceux qui consti-tuent larmature et le dcor de lagora classique, est due, avant tout, lomniprsence de Thse de part et dautre : si toute la partie orientale de la ville fut littralement consacre au souvenir du hros, Thse nen est pas moins chez lui aussi lagora du Cramique, avec des acrotres qui le reprsentent la Stoa basileios [91], des peintures qui voquent ses exploits la Stoa poikil [92], la dcoration sculpte de lHphaisteion [93]. Lomniprsence du hros ne doit pas dissimuler toutefois le fait que Thse, vnr comme le hros du premier syn-cisme [94], a dabord servi sacraliser la fondation du prytane de lest, dans la version qui lassocie

    la lgende du Minotaure [95], do son impor-tance comme rfrent dans la vie des phbes athniens. Il suffit dintgrer le fait quil est rest le protagoniste mythique du second syncisme pour comprendre la place minente qui lui fut ensuite rserve au Cramique. Le second syncisme nest autre que lunification dfinitive de lAttique par Clisthne, lvnement qui a men la cration de larchaia agora du Cramique avec des installations nouvelles ou renouveles, articules au prytanikon classique. Le rle alors attribu Thse [96] est dans le droit fil de son implantation au prytane archaque et sinscrit dans un phnomne de dupli-cation plus large : le prytane oriental tait articul des structures annexes (basileion, boukoleion, hestia), qui toutes trouvent leurs correspon-dants au Cramique (Stoa basileios, bouleutrion, tholos) ; on y construira aussi un nouveau sanc-tuaire dApollon, le dieu vnr au prytane [97] ; on relvera encore quune version nouvelle des lois de Solon y viendra doubler les transcriptions

    [85] Comme le souligne doronzio 2012, p. 18, dont toute ltude est lire attentivement. [86] doronzio 2012, p. 18-19.[87] Thse, 27, 7.[88] Daprs Philochore, FGrH IIIB, 328, F 105-106.[89] Et ce pourrait fort bien tre celui dont parle Thucydide en VI, 61. Devant la menace dune attaque lacdmonienne, on passa, nous dit-il, une nuit en armes . Andocide (I, 45), qui relate la mobilisation avec plus de dtails, signale que lon avait rassembl les Athniens de la ville lagora, ceux des Longs-murs au Thseion, ceux du Pire lagora dHippodamos et les cavaliers lAnakeion : il semble par consquent plus logique de sparer net-tement, dans ce contexte, le de Thucydide et lagora, et donc de voir dans ce le quartier du prytane de lest, par opposition lagora de louest, situe au quartier du Cramique.[90] Cest aprs la rdaction de cette tude quun ami ma fait connatre le travail dAnderson 1997, particu-lirement lucide dans lanalyse compare des difices et conscrations de la zone orientale, dun ct, et de ceux et celles du Cramique, de lautre. Je nai toutefois rien modifi de ce que javais crit avant la dcouverte de ce travail. Nos analyses restent indpendantes. Nous esprons pouvoir y revenir.[91] Pausanias, Prigse, I, 3, 1.[92] Pausanias, Prigse, I, 15, 2.[93] Cf. Thompson & WyCherley 1972, pl. 72, 75.[94] Celui qui intgrait notamment la plaine de Marathon, voir luCe 1998.[95] Cest donc de ce ct de lAcropole que prenait place, lorigine, la lgende de la mort de son pre ge dont le pre, Pandion, a effectivement son tm-nos lest de lacropole, voir sTeVens 1946, p. 21-26. [96] Cest ce second syncisme que dcrit Plutarque, Thse, 24, 3.[97] Et qui nen disparut jamais, comme latteste encore linscription dpoque augustenne IG II2, 3185.

  • 106Les prytanes dAthnes

    sur kyrbeis qui avaient t dposes au prytane oriental [98]. La liste est longue et na pas encore fait lobjet dun travail publi [99]. Ce nest pas le lieu de dresser ici linventaire de toutes ces trans-positions. Notons seulement que les duplications du Cramique nont pas radiqu les prcdents sanc-tuaires ou conscrations publiques : le nouveau prytanikon na pas fait disparatre le prytane ancien. Si les phbes envahirent progressivement lagora installe au Cramique, sur laquelle gym-nases [100] et salles de banquet vont se multiplier, ils ne cesseront pas pour autant de se rendre lancien prytane et lAglaurion voisin o ils pr-taient serment et rendaient hommage, l aussi, leur prototype hroque, Thse, insparable des Dioscures de lAnakeion. Ce mcanisme a abouti une multiplication ddifices homonymes, dont labondance a perturb de tout temps les spcia-listes de la topographie athnienne, par exemple quand ils cherchaient localiser un Thseion et donc un lieu dAthnes consacr au hros alors quil en existe manifestement plusieurs.Bien dautres questions restent ouvertes : notam-

    ment dterminer quels usages ancestraux, quelles institutions, quels rituels phbiques, quelles cr-monies religieuses ont continu davoir leur sige au prytane de lest.

    DEUX OU TROIS PRYTANES ?

    La mise en place dun nouveau foyer civique au Cramique, aprs les rformes de Clisthne, quand fut install un prytanikon et la koin hestia tou Dmou ou lHestia boulaia, na pas radiqu de lespace urbain le prytane archaque, celui que Pausanias a identifi comme tel, et a donc abouti doter Athnes dau moins deux pryta-nes. Toutefois, si lon associe un prytane une

    hestia, alors il nous faut mme admettre quil y en eut plus de deux, ce qui explique qu lpoque impriale on conserve encore les traces trs nettes et incontestables de trois hestiai [101]. Nous nous contenterons ici, pour clore le dbat provi-soirement, de rflchir sur lune des conclusions majeures que tire A. Doronzio dune analyse mticuleuse des tmoignages relatifs aux trois prytanes dAthnes : le premier de ces pryta-nes tait install sur lAcropole et abritait dj un foyer , lhestia de la primitive communaut antrieure Thse, celle que Thucydide voque en des termes explicites : au temps de Ccrops et des premiers rois jusqu Thse, les habi-tants de lAttique taient rpartis en bourgades dont chacune avait son prytane et ses archontes [] Quand Thse fut devenu roi [], il supprima les conseils et les magistratures des autres cits, les concentra dans la ville actuelle o il fonda un conseil et un prytane uniques. [102] Or, lan-tique bourgade dAthnes tait installe nous dit encore Thucydide sur lAcropole qui tait alors la ville proprement dite . Ce texte majeur na gure besoin dautre commentaire que celui qui consiste tirer les consquences de sa simple lec-ture : le prytane de la premire bourgade tait sur lAcropole, et cest donc l quil faut recher-cher le foyer ancestral, lhestia primitive [103]. Pourquoi les Athniens auraient-ils entretenu une flamme prenne dans lrechtheion [104] sinon en souvenir de cette antique hestia, celle instal-le comme on prit encore la peine de la dsigner, sans aucune ambigut, lpoque augustenne ? Preuve qu Athnes, le souvenir en tait toujours vivace, comme il ltait dj lpoque de Thucydide. Grce lhistorien et lui seul nous pouvons donc sans peine installer la premire hestia du ct de lrechtheion classique et du Pandrosion. Du seul fait de la prsence en cet

    [98] Pausanias, Prigse, I, 18, 3 ; cf. roberTson 1986, et greCo & longo 2011, p. 536.[99] Ctait toutefois lobjet du travail dAnderson 1997, malheureusement rest indit. Nous soulignerons ici quune duplication, aussi, de lAnakeion est plus que pro-bable : comment expliquer autrement la dcouverte, lemplacement de lOdon dAgrippa, dune stle (IG I3, 1052, voir une photo dans greCo & longo 2011, p. 550) mentionnant un tel sanctuaire.[100] Le Ptolmaion, sans aucun doute, mais aussi le gymnase dHerms que signale Pausanias, Prigse I, 2, 5 (install dans une stoa le long de la route qui conduit lentre de lagora, il nest pas plus loign de cette dernire que le Ptolmaion) et peut-tre la Stoa

    dAttale, car sa proximit avec le Ptolmaion (Middle Stoa ) est telle quil me parat difficile de ne pas relier les deux difices larchgsie des deux nouvelles tribus athniennes (voir ci-dessus n. 39) et, par consquent, voir dans lun et lautre complexe des structures similaires.[101] doronzio 2012 : tout est lire avec attention. Notre dette est grande, aussi, envers kAJAVA 2001.[102] Thucydide, La Guerre du Ploponnse, II, 15.[103] Sur ce point nous nous dmarquons donc, rsolu-ment, de ce qucrivait miller 1978, p. 40-41. [104] Celle-l mme pour lentretien de laquelle ils confirent au sculpteur Callimaque le soin de faonner sa fameuse lampe, quadmira encore Pausanias (I, 26, 6-7), voir holTzmAnn 2003, p. 171.

  • 107Les prytanes dAthnes

    endroit dun difice consacr aux filles de Ccrops et la moins contestable dentre elles, Aglaure, on peut aussi tenir pour assur que le prytane pri-mitif tait, dans ce secteur, dj insparable dun sanctuaire dAglaure [105]. Il nest donc pas nces-saire de dloger tout prix ce premier Aglaurion des pentes nord de lAcropole o on le cherchait nagure [106] : cet Aglaurion ancien, vu ce quil reprsentait pour les cultes et rituels ancestraux, tait probablement aussi indispensable que le pry-tane primitif et son hestia, ce qui nous autorise reporter la lgende de Ccrops et dAglaure aux temps immmoriaux de la cit dAthnes [107].En ne perdant pas de vue que le culte dune autre

    Hestia fut revivifi lpoque augustenne celle du prytane oriental en plus de lHestia de lAcro-pole , on comprend sans peine que la deuxime ville dAthnes, celle lie au syncisme patronn symboliquement par Thse, comme le signale sans ambigut Thucydide, sest organise autour dun nouveau foyer, install dans un nouveau pry-tane, celui qua visit Pausanias et que les fouilles du regrett G. Dontas ont permis de localiser, en retrouvant non pas le prytane, mais lAglau-rion le second en date dAthnes qui lui tait voisin ! Dans ce nouvel environnement, destin fournir un cadre original la seconde Athnes, se mlangent des lments la fois traditionnels (pry-tane et Aglaurion) [108] et nouveaux. Parmi ces derniers, bien plus nombreux quil pourrait paratre, prend place au premier rang un sanctuaire vou au

    culte des Dioscures, lAnakeion, mais aussi un sanc-tuaire ddi Zeus polieus [109].Ce qui sest produit au moment du premier syn-

    cisme sest reproduit, une nouvelle fois, avec la fondation de lAthnes clisthnienne, celle du second syncisme, quand un nouveau prytanikon fut install, cette fois, au Cramique en mme temps quune nouvelle hestia, la koin hestia, la lisire dun vaste espace public, larchaia agora. Une telle approche aide mieux comprendre la topogra-phie de lAthnes antique, mais aussi la structure profonde de Rome, car la manire dont le pouvoir augusten a rinvesti systmatiquement certains lieux ancestraux dAthnes nest pas le fait du hasard : entre le prytane oriental dAthnes, asso-ci au syncisme de Thse, et la Regia de Rome, il y a une identit substantielle qui rend compte de lim-portance, en pays trusque et latin, des mythes lis au minotaure et du culte des Dioscures. Cest une histoire quil faut encore, en grande partie, crire, en reprenant sur de nouvelles bases la connexion indiscutable quavait jadis tablie C. Ampolo et que dautres de ses compatriotes ont dj, de prs ou de loin, explors. Ce nest plus, toutefois, en se focalisant prioritairement sur ldifice F de lagora classique [110] que lon progressera le mieux sur la voie de cette comparaison, mais plutt en se dpla-ant lest de lAcropole, pour confronter non point des structures architecturales, mais des ensembles symboliques et des rfrences mythologiques ou religieuses.

    [105] Que lon situait en contrebas du Pandrosion.[106] Il nest pas ncessaire, non plus, de rcrire les modalits de lattaque des Perses telle quelle est narre par Hrodote, comme le propose roberTson 1996, p. 284. Tout indique que cest par le nord, o le rocher est parti-culirement escarp, et donc o lon nattendait pas une attaque, que les Perses ont d lescalader.[107] Pour cette lgende ancienne, on se reportera dsormais au travail exhaustif de doyen 2011, p. 33-75.

    [108] On pinglera aussi, pour lheure, le ddoublement dautres sanctuaires primitifs, celui dAphrodite aux jar-dins par exemple ou de G kourotrophos.[109] Zeus polieus succde dsormais au Posidon tut-laire de la premire bourgade, dans un mouvement de rgnration divine bien connu, cf. ici aussi, doyen 2011, p. 301-322.[110] Comme le fait encore losehAnd 2007, voir ci-des-sus n. 1.

  • 108Les prytanes dAthnes

    BIBLIOGRAPHIE

    AMpolo, Carmine, 1971, Analogie e rapporti fra Atene e Roma arcaica , La Parola del Passato 26, p. 443-460.Anderson, Gregor William, 1997, The Polis Transformed: Cultural Innovation and the Invention of Tradition in Cleisthenic Athens (Diss. indite, Yale University).Baldassari, Paola, 1995, Augusto Soter: ipotesi sul monopteros dellAcropoli ateniese , Ostraka 4, p. 69-84.Baldassari, Paola, 1998, . Edilizia monumentale ad Atene durante il Saeculum Augustum (Archaeologica 124), Roma.Binder, Wolfgang, 1969, Der Roma-Augustus Monopteros auf der Akropolis in Athen und sein typologischer Ort, Karlsruhe.BurKhalter, Fabienne, 1992, Le gymnase dAlexandrie : centre administratif de la province romaine dgypte , Bulletin de correspondance hellnique 116, p. 345-373.calaMe, Claude, 1990, Thse et limaginaire athnien. Lgende et culte en Grce antique, Lausanne.CaMp, John McKesson, 1986, The Athenian Agora. Excavations in the Heart of Classical Athens (New aspects of antiquity), London (traduit en grec, en 2004, sous le titre : . ) [111].CaMp, John McKesson, 1996, Excavations in the Athenian Agora: 1994 and 1995 , Hesperia 65, p. 231-261.CaMp, John McKesson, 2008, The Agora Excavations: A Summary of Recent Work on Roman Athens , dans Vlizos 2008, p. 87-97.Cavalier, Laurence, descat, Raymond & des courtils,Jacques(d.),2012, Basiliques et agoras de Grce et dAsie mineure (Ausonius mmoires 27), Bordeaux.coarelli, Filippo, 1986, Il Foro Romano, I, Periodo arcaico, 2e d. (1re d. 1983), Roma.Coarelli, Filippo, 2012, Palatium. Il Palatino dalle origini allImpero, Roma.cucuzza, Nicola, 1996, LAglaurion, Pisistrato e il di Atene , Annali di Archeologia e Storia antica, n. s. 3, p. 91-97.Dally, Ortwin, 2008, Athen in der frhen Kaiserzeit ein Werk des Kaisers Augustus? , dans Vlizos 2008, p. 43-53.DinsMoor Jr., William B., 1980, The Propylaia to the Athenian Akropolis, I. The Predecessors, Princeton.Dobias-lalou, Catherine, 2016, Le toponyme dans les inscriptions de Cyrne : un essai de clarifica-tion , Revue des tudes Grecques 129, p. 39-61.Dontas, Georgios S., 1983, The true Aglaurion , Hesperia 52, p. 48-63.Doronzio, Annarita, 2011, Larchaia agora di Apollodoro e Melanzio. Considerazioni su un problema topografico dellAtene di et arcaica , Quaderni Ticinesi di numismatica e antichit classiche 40, p. 15-86.Doronzio, Annarita, 2012, Per una riconstruzione della topografia di Atene in et arcaica. Riflessioni in margine a Tucidide II 15 e Pausania I 3-20 , Quaderni Ticinesi di numismatica e antichit classiche 41, p. 11-43.Doyen, Charles, 2011, Posidon souverain. Contribution lhistoire religieuse de la Grce mycnienne et archaque (Mmoires de la Classe des Lettres. Collection in 8o, 3e srie, 55), Bruxelles.Ficuciello, Laura, 2008, Le strade di Atene (Studi di archeologie e di topografia di Atene e dellAttica 4), Atene Paestum salerno. FlaMent, Christophe, 2010, Le festival des Synoikia : commmoration du synoecisme thsen ou de la formation de l , Les tudes classiques 78, p. 135-156.FlaMent, Christophe, 2011, -archonte, et : tous rois dAthnes ? Recherches sur la nature et les fonctions des dans lAthnes prclisthnienne , Les tudes classiques 79, p. 285-307.Graindor, Paul, 1927, Athnes sous Auguste (Universit gyptienne. Recueil de travaux publis par la Facult de Lettres 1), Le Caire.Greco, Emanuele (avec la collaboration de Longo, Fausto & Monaco, MariaChiara),2010, Acropoli-Areopago-Tra Acropoli e Pnice (Studi di archeologia e di topografia di Atene e dellAttica 1), Atene Paestum salerno.Greco, Emanuele (avec la collaboration de Longo, Fausto & Monaco, MariaChiara),2011, Colline sud-occidentali-Valle dellIlisso (Studi di archeologia e di topografia di Atene e dellAttica 1), Atene Paestum salerno.Guidi, Giacomo, 1921-1922, Il muro Valeriano a S. Demetrio Katiphori e la questione del Diogeneion , Annuario 4, p. 33-54.Habicht, Christian, 2000, Athnes hellnistique. Histoire de la cit dAlexandre le Grand Marc Antoine, tr. fr. daprs ldition allemande de 1995, par M. et D. Knoefler, Paris.harris-cline, Diane, 1999, Archaic Athens and the Topography of the Kylonian Conspiracy , Annual of the British School at Athens 94, p. 309-320.

    [111] Nous citons ici louvrage de Camp avant tout pour mettre en exergue la traduction du titre en grec ; il est peut-tre bon de signaler pour viter les foudres de certains quil a depuis t rdit : CAmp II, John M.,

    The Athenian Agora, Site Guide, Princeton, 2010 ; voir aussi CAmp II, John M. et MAuzy, Craig (eds), The Athenian Agora: New Perspectives on an Ancient Site, Mainz/Rhein, 2010

  • 109Les prytanes dAthnes

    Hoff, Michael C., 1994, The So-called Agoranomion and the Imperial Cult in Julio-Claudian Athens , Archologischer Anzeiger 109, p. 93-117.Hoff, Michael C. & Rotroff,SusanI.(d.),1997, The Romanization of Athens. Proceedings of an International Conference held at Lincoln, Nebraska (April 1996) (Oxbow Monograph 94), Oxford.HoltzMann, Bernard, 2003, LAcropole dAthnes. Monuments, cultes et histoire du sanctuaire dAthna Polias, Paris.hurwit, Jeffrey M., 1999, The Athenian Acropolis. History, Mythology and Archaeology from the Neolithic Era to the Present, Cambridge.Judeich, Walther, 1931, Topographie von Athen, 2e d. (1re d. 1905), Mnchen.KaJava, Mika, 2001, Vesta and Athens , dans sAlomies 2001, p. 71-94.Kenzler, Ulrich, 1997, Archaia Agora? Zur ursprnglichen Lage der Agora Athens , Hephaistos 15, p. 113-136.Kenzler, Ulrich, 1999, Studien zur Entwicklung und Struktur der griechischen Agora in archaischer und klassischer Zeit (Europ. Hochschulschriften, Reihe 38, Archologie, 72), Frankfurt/Main.lalonde, Gerald V., langdon, Merle K. & WalbanK, Michael B., 1991, Inscriptions: Horoi, Poletai Records, Leases of Public Lands (The Athenian Agora 19), Princeton.Leslie-shear Jr., Theodore, 1997, The Athenian Agora: Excavations of 1889-1993 , Hesperia 66, p. 495-548.Lippolis, Enzo, 1995, Tra il ginnasio di Tolomeo ed il Serapieion: la ricostruzione topografica di un quartiere monu-mentale di Atene , Ostraka 4, p. 43-67.losehand, Joachim, 2007, Huser fr die Herrscher Roms und Athens? berlegungen zu Funktion und Bedeutung von Gebude F auf der Athener Agora und der Regia auf dem Forum Romanum (Schriftenreihe Antiquitates 42), Hamburg.Lozano, Fernando, 2002, La religin del poder. El culto imperial en Atenas en poca de Augusto y los emperadores Julio-Claudios (BAR International Series 1087), Oxford.Luce, Jean-Marc, 1998, Thse, le syncisme et lagora dAthnes , Revue archologique, p. 3-31.Marchetti, Patrick, 1993, Recherches sur les mythes et la topographie dArgos. I. Herms et Aphrodite , Bulletin de correspondance hellnique 117, p. 211-223.Marchetti, Patrick, 2012, Mtamorphoses de lagora dAthnes lpoque augustenne , dans CAVAlier, desCAT & des CourTils 2012, p. 207-223.Miller, Stephen G., 1995, Old Metroon and Old Bouleuterion in the Classical Agora of Athens , dans hAnsen, Mogens Herman & rAAflAub, Kurt (d.), Studies in the Ancient Greek Polis (Historia Einzelschriften 95), Stuttgart, p. 133-156.Miller, Stephen G., 1978, The Prytaneion. Its Function and Architectural Form, Berkeley.Musti, Domenico & Beschi, Luigi, 2000, Pausania. Guida della Grecia. Libro I, LAttica, [Fondazione Lorenzo Valla], 2000 (1re d. 1982), Milano.OiKonoMides, Alkibiades N., 1964, The Two Agoras in Ancient Athens, Chicago.Papadopoulos, John K. & Schilling, Michael R., 2003, Ceramicus Redivivus: The Early Iron Age Potters Field in the Area of the Classical Athenian Agora (Hesperia Suppl. 31), Athens. PlKidis, Chrysis, 1962, Histoire de lphbie attique des origines 31 avant Jsus-Christ (Travaux et mmoires des anciens membres trangers de lcole et divers savants 13), Athnes.Robertson, Noel, 1986, Solons Axones and Kyrbeis and the sixth-century Background , Historia 35, p. 147-176.Robertson, Noel, 1998, The City Center of Archaic Athens , Hesperia 67, p. 283-302.SaloMies,Olli(d.),2001, The Greek East in the Roman Conquest. Proceedings of a Colloquium organized by the Finnish Institute at Athens (Papers and Monographs of the Finnish Institute at Athens 7), Helsinki.SchMalz, Geoffrey O. R., 2006, The Athenian Prytaneion Discovered? , Hesperia 75, p. 33-81.SchMalz, Geoffrey O. R., 2009, Augustan and Julio-Claudian Athens: A New Epigraphy and Prosopography (Mnemosyne Suppl. 302), Leiden.Schnurr, Christine, 1995, Die alte Agora Athens , Zeitschrift fr Papyrologie und Epigraphik 105, p. 131-138.Spawforth, Antony S. J., 1997, The Early Reception of the Imperial Cult in Athens; Problems and Ambiguities , dans hoff & roTroff 1997, p. 183-201.stefanidou-tiveriou, Theodosia, 2008, Tradition and Romanization in the Monumental landscape in Athens , dans Vlizos 2008, p. 11-40. Stevens, Gorham P., 1946, The Northeast Corner of the Parthenon , Hesperia 15, p. 1-26.ThoMpson, Homer A. & Wycherley Richard E., 1972, The Agora of Athens: The History, Shape and Uses of an Ancient City Center (The Athenian Agora 14), Princeton.Travlos, John, 1971, Pictorial Dictionary of Ancient Athens, New York.Vanderpool, Eugene, 1935, Tholos and Prytanikon , Hesperia 4, p. 470-475.Vanderpool, Eugene, 1974, The Agora of Pausanias I, 17, 1-2 , Hesperia 43, p. 308-310.Vlizos,Stavros(d.),2008, . Athens during the Roman Period (Mouseio Benaki. Parartima. Supplement 4), Athina.WalKer, Susan, 1997, Athens under Augustus , dans hoff & roTroff 1997, p. 67-79.Wycherley, Richard E., 1957, Literary and Epigraphical Testimonia (The Athenian Agora 3), Princeton.