arrogant: sexy bastard, t1 (sensations) (french...
TRANSCRIPT
EveJagger
Arrogant
SexyBastard–1
Traduitdel’anglais(États-Unis)parAnaUrbic
MiladyRomance
Dédicace
JedédiecelivreauvraiRyder.Avectoi,j’aitoutgagné.
1
Ryder
Il y a deuxodeursque j’apprécieplusque tout : l’odeurd’une femmeavant le sexe et celle de cetentrepôtlessoirsdecombat.Aucunrapport,jesais.Iln’ya riendemieuxqu’unefemmenue,envahiepar l’excitation, legoûtdesapeaumoitesaléeet
sucrée à la fois, brûlante et douce comme du miel. Les effluves de l’entrepôt sont loin d’être aussiagréables,mais ilsn’ensontpasmoinseuphorisants. Ilyaquelquechosede jouissifdans l’air lourd,presqueétouffant,chargédesrelentsdesangmêlésàceuxdelatranspirationdecevasteespace.Commeje l’ai dit, ces parfums sont radicalement différents, mais je les inspire tous les deux avec la mêmedélectation.Même à l’époque où jemontais encore sur le ring, pleinement conscient de ce quim’attendait, des
quelquescôtesfêléesetdespoingsenflésquejenepourraispaséviter,l’odeurdecetendroitmemettaitentranse.Combattrecontreunmecdontleseulbutestdetefairemordrelapoussièreestaussiterrifiantqu’exaltant.Enplus,larègledufreefightesttrèssimple:mettrel’adversaireKO,sansporterdegants,torseetpiedsnus.Cen’étaitpas toujoursuneminceaffaire,mais ilmesuffisaitd’inspirer l’airdecetendroitàpleinspoumonsetdem’imprégnerde l’atmosphèreélectrisantepourm’engagercorpsetâmedans la lutte.Et il s’est révéléquema techniqueétait infaillibleparceque jen’aipasperduuneseulefois.D’ailleurs,jegagnetoujours.Danstout.Etcen’estpascesoirqueçavachanger.—Ildoityavoiruneerreurquelquepart,dis-jeàTylerenfronçantlessourcils.Ce soir, Crutcher a battu Miller en deux temps trois mouvements, et cette victoire est censée me
rapporter un paquet de fric.Mais, quelle n’a pas étéma surprise quandTylerm’a informéque JamieMcEntireavaitapparemmentparié10000dollarsavantdedisparaîtresanspayer.—Jen’auraisjamaisacceptéunaussigrosmontantdesapart,continué-je.Jeconnaisbienlesgamins
danssongenre,ilsn’ontjamaisautantd’argentsureux.Quandj’aireprisl’affaire,ilyadeuxans,j’aidûyremettredel’ordrepourquel’endroitseforgeune
réputation.Pourcommencer,onn’ouvrepasuneardoiseàn’importequi,maisjusteauxhabituésqu’onconnaîtbien.Ceuxquipartentsanspayerleurdû,onlaissecourirunefois–l’erreuresthumaine,aprèstout–,maispasdeux.Jesuispeut-êtreàlatêted’uneorganisationdecombatsclandestins,cependantçaneveutpasdirequejen’aipasdeprincipes.Ilyaégalementundresscodeàrespecter:talonshautspourlesfemmesetchemisepourleshommes,
ce qui tombe bien parce que notre clientèle ne lésine pas sur lesmoyens lorsqu’il s’agit de se faireremarquerniveaulook.J’aiégalementembauchédesvigilesquiassurentlasécuritédel’entrepôtdurantlessoirsdecombat.
Sivousaveztropbu,lebarmanvousappelleramêmeuntaxi.Monaffaireestréglo.Illégale,certes,maisréglo.Tellementrégloquelapoliceelle-mêmenenouscherchepasdepoux.Certainspoliciersviennentmêmes’essayeràlaboxedetempsentemps.—Çanousaéchappéàtous,lâcheTylerenhaussantlesépaules.Ilaperduplusieursparisconsécutifs
eta rapidementexplosé sonardoise. J’ai refait lescomptesplusieurs foiset le résultat est toujours lemême:ilnousdoit10000balles.—Etmerde,putain!m’exclamé-jeenobservantlafouleéparpilléeautourduringavantdecroiserle
regardd’unebelleblondedansunerobequinelaissepasbeaucoupdeplaceàl’imagination.Unpetitsourireencoin,ellehochelégèrementlatêtepuisportesabouteilledebièreàseslèvresavant
d’avalerunegorgéedemanièretrèssuggestive.Envoilàunequineperdpassontemps.Pasmaldutout,jepourraismela…—Tuveuxfairequoi,alors?m’interrogeTyler,m’arrachantainsiàmespensées.Ilm’aproposésa
maisoncommegarantiepourcequ’ilnousdoit.Jesecouelatête.—Onn’estpasunebanque,bordel,marmonné-je.Commej’aimontéunbusinessillégal,lesgensontsouventtendanceàcroirequejesuisunêtrefourbe
et que je trafique les comptes. Ou, pire encore, que je suis un simple abruti qui a fait fortune endégommantd’autresmecs,tousaussiconsquemoi,faisantainsiexploserlescotesdesparis.Ilspensentquejenevaispasremarquers’ilsneremboursentpasl’intégralitédeleurdetteous’ilsfilentsanspayer.Seloneux,j’aidesmuscles,maispasdecervelle.C’estmalmeconnaître.Iln’yaqu’unseulendroitoùj’accepted’êtresous-estimé:surlering.C’étaitenpartiemaforcequand
jecombattaisencore.Ilfautdirequej’aiunphysiqueassezimposant.Larged’épaulesetmuscléjustecequ’il faut, j’impressionne surtout parma taille. Persuadés que je n’avais pas l’agilité nécessaire pouresquiverlescoups,lesparieursnemedonnaientjamaisvainqueuraudébut.Ilsnecomprenaientpasquemesmusclesnemeservaientpasuniquementpourcharmerlagentféminine,maispourgagneraussi.Moncrochetdroitétaitaussirapidequ’unefusée,etmesabdosmepermettaientdebiengérermesmouvementset ma respiration. En d’autres termes, ce sont mes muscles qui m’ont assuré un train de vie trèsconfortable.Néanmoins,sefaireméjugersurleringétaitunechose,nepasêtreprisausérieuxquandils’agitdu
travailenestuneautre.Lorsqu’onjouedel’argentetqu’onperd,ilfautassumer.Etquandonmedoitdel’argent je suis sans pitié.Ça fait partie du jeu. J’ai une réputation à protéger, sans parler des autresaffaires–légales,cettefois–,quejegère.Enplusdel’entrepôt,jepossèdeégalementlesdeuxendroitslesplusbranchésd’Atlanta:unbaràcocktailsetAltitude,unautreclubquej’aiouvertavecplusieurspotes.J’ai littéralement fait des pieds et desmains pour atteindre le sommet du succès et je compte bien
yrester.Tunepeuxt’enprendrequ’àtoi-même,JamieMcEntire.—Bon,tuasl’adressedecegamin?demandé-jeàTyler.Ilhochelatête.—Parfait,c’esttoiquiconduis.OnembarqueValeroavecnous.Dis-luiqu’onpartdèsqueçasesera
vidéici.Tyler acquiescedenouveaude la tête et s’éloigne.L’instantd’après, labelleblonde s’approchede
moi,etmonregards’abaisseautomatiquementsursondécolletéplongeant.—C’estpasbiendejurer,observe-t-elle,unefoisàmahauteur.—Aurais-jeheurtétasensibilité?Ici,lesjuronsfusentfacilement.Elleadûentendrebienpiredepuisledébutdelasoirée.—Pasdutout.J’aimebienleshommesquiparlentvulgairement.OK.Àcesmots,elleboitunegorgéedesabièreetmetendlabouteille.
—Tuenveux?Vusonexpression,jepensequ’ellenefaitpasuniquementallusionàlabière.Par-dessussonépaule,monregardestalorsattiréparunmecvêtud’uncostardgrisassezclasse.Ilse
tientaumilieud’unpetitgroupedepersonneseta lesyeuxbraquéssurelle.Jeposemon indexsur legoulotdelabouteilleetlarepoussedoucementverselle.—Tuesvenueavecqui?—Oh,personne!réplique-t-elleensepenchantversmoi.Enrevanche,jecroissavoiravecquijevais
repartir.Les femmes.Elles sontbelles, sententdivinementbon.Ellespeuventvous rendre tellementheureux,
mais peuvent également vousbriser enun claquementdedoigts. J’en sais quelque chose, j’ai été à laplacedeCostardGris.Malgré la faible lumière, j’arrive à distinguer l’expression de son visage. Les yeux plissés, il a la
bouchepincéeenunrictusamer.Ilestparfaitementconscientdufaitque,mêmes’ilestvenuaveclafille,rienneluigarantitqu’ilrepartiraavecelle.À l’époque où je combattais,ma copine était rarement aux abords du ring pourm’encourager. Elle
préféraitnettementbénéficierdevisitestrèsprivéesdesvestiaires.Elleacouchéavecplusieursdemesadversaires.Jemesuispeut-êtrevengéd’euxenlesétalantcommedescrêpessurlering,maisçanem’apasétéd’ungrandréconfort.Jen’aijamaiscomprispourquoiellefaisaitça.Pardépitoupeut-êtreparméchanceté,parmanqued’amouroud’amour-propre,quisait?Quoiqu’ilensoit,quandonarompu,ilyadeuxans,j’enaiconcluquelaviedecouplen’étaitpasfaitepourmoi.Tut’amusesettutecasses,telestmoncredodepuiscettehistoire.J’inspire une petite bouffée d’air et je reporte mon attention sur la belle blonde. Je l’imagine
facilemententraindemechevaucheravecfouguedansmonAudi.Quellemeilleurefaçondeterminerlasoirée?Cependant,ellenejouepasfrancje,et,commejel’aidéjàdit,j’aidesprincipes.—Toncavalierneteconvientpas?demandé-jeenfaisantunsignedelatêteendirectiondeCostard
Grisquisetientdésormaisàcôtédelaporte,toutseul.Ildoitdéjàêtre2heuresdumatinpassées,cequiesttrès,trèstardpourunsoirdesemaine.Laplupart
desgensprésentscesoirdevrontserendreautravaild’iciàquelquesheures,et,honnêtement,jenelesenviepasdutout.Certes,ilsgagnenttrèsbienleurvie,maisilsmènentuneexistencebientroprangéeàmongoût.Assister auxcombats clandestins les fait sortirde leur train-trainquotidien, ils cherchent lefrisson de l’interdit, des sensations fortes qu’ils ne trouvent pas quand ils sont confortablement assisderrièreleursbureaux.Labelleblondesuitmonregard.—Oh,lui?dit-elleenseretournantversmoi.Ilestcool,maisbon,iln’estpastoi.Elle esquisse un sourire à faire pâlir les pubs pour dentifrice et pose unemain surmon avant-bras
avantd’ajouter:—TuesRyderCole,etmoi,jesuistaplusgrandefan.Sapaumeglisse lentement sur lamanchedemachemise,versmonbicepsqui se contracte aussitôt.
Moncorpsnepenseplusqu’àunechosedésormais,maismoncerveaufinitparreprendreledessus.—Prouve-moiquetuesmaplusgrandefan,déclaré-je.—Comment?Jemepencheverselleetluimurmureàl’oreille:—En rentrant avec lemec qui t’a amenée ici et en le baisant comme si demain n’existait pas. En
revanche,tuasledroitdepenseràmoitoutlelong.Sansmêmeattendresaréaction,jelacontourneetparsrejoindreTylerquim’attenddevantlasortie.
Lesgarsdelasécurités’occuperontdelafermeture,j’aiencoreduboulotquim’attend.
2
Ryder
— Tu es sûr que c’est la bonne adresse ? demandé-je à Tyler quand celui-ci se gare devant unecharmantedemeureenbriquesrouges.Lamaisonàunétageestentouréed’unepelouseentretenue,bordéeensonextrémitéparunehaiebien
taillée.Ilyamêmeunfauteuilbalançoiresousleporche.Jamiedoitencorevivrechezsesparents,mêmesimoninstinctmedit lecontraire. Iln’estpasconaupointdemêlersesparentsàsesbêtisesennousdonnantleuradresse,si?L’endroitestplongédanslenoir,mêmeleslumièresdujardinsontéteintes.Peut-êtrequelacompagnie
d’électricitéluiacoupélecourantparcequ’ilnelesapaspayésnonplus.—Oui,c’estbienici,répliqueTylerenremontantlafermetureÉclairdesonblousonencuir.Valero
avérifié.JemetourneversValeroquihochela têteet jeréprimeunsourireenlevoyant.Iloccupeunelarge
partiedusiègearrière,et,mêmeaveclatêterentréeentrelesépaules,lehautdesoncrânetoucheletoitdelavoiture.OK,ilfautreconnaîtrequel’habitacled’uneHondaCivicn’estpastrèsspacieuxnonplus.Ex-footballeur professionnel,Valero est l’un demesmeilleurs hommes. Il s’occupe de tout : de la
sécurité,durecouvrementdesdettesetmêmedesmissionsdereconnaissanceetdesurveillanceparfois.—Qu’est-cequ’onattend?demandé-je.AllonsfaireuncoucouànotrecheramiJamie.Dehors, lesilencede lanuitn’est rompuquepar lecrissementdesgrillons.Nousremontons l’allée
menantà lamaison,et jemeplacesur lecôté tandisqueValero frappeà laporte. Il tourneensuite lapoignée,mais,commejem’endoutaisunpeu,laserrureestverrouillée.Tylerdécidedelongerlafaçadeavantdedisparaîtreaucoindelamaison,etValeroappuiesurlasonnette.Aucunsonneretentit.—Parici,murmureTyler,satêteapparaissantàl’angledel’habitation.Onlesuitjusqu’àuneautreporte.—Celle-cimesembleunpeupluslégèrequel’autre,annonce-t-il.Et,enplus,ellen’apasdeserrure
séparée.Ilaccompagnesesparolesd’unregardappuyésurlapoignée.Jeneprocèdepascommeçad’habitude,jemevoisplutôtcommeungarssympa,l’exceptiondansun
mondedebrutes.Celadit,quandonsefaitattaquer,ilfautsavoirriposter,c’estlarègled’ordechaqueboxeurquiserespecte.Etpuislameilleuredéfense,c’estl’attaque,non?—Vautmieuxenfinirleplusvitepossible,déclaré-jeenreculantd’unpas.D’uncoupdepiedbiencalculé,Valeroenfoncelaportequisortdesesgondsavantdecognercontrele
mursanspourautantfairetropdebruit.Cemecgèrevraiment.Onpénètredanslamaison,etilmefautquelquesinstantspourquemesyeuxs’habituentàlapénombre
decequidoitêtrelacuisine.Jeregardeautourdemoi,enespérantvoirarriverJamie,maisunsilencetotalrègnedanslamaison.
Soitilalesommeilextrêmementprofond,soitilestentraindesecacherdanssabaignoire,derrièrelerideaudedouche, comme le font les adosdépourvusd’imaginationdans les films. Jemevoisdéjàen
traindelecourser,ensous-vêtements,danslarue.Lequartierm’al’airassezcalme,etjesuispersuadéquelesvoisinsdeJamien’apprécieraientpasdesefaireréveilleraubeaumilieudelanuitparcequ’iln’apassujouerleshôtescourtoisavecnous.Iln’estpastroptardpourréglerleschosescalmement,maisjen’hésiteraipasàemployerlamanièreforte–enfin,pasmoimaisValeroplutôt–,s’illefaut.On attendquelques secondes, et comme Jamiene semanifeste pas je fais signe àValero et àTyler
d’avancer.Jen’aimevraimentpasavoirrecoursàcetteméthode,ellemerappelletropmavied’avant,cellequej’essaied’oubliertantbienquemal,maisjen’aipaslechoix.Dansmonmétier,laréputationestessentielle,etilesthorsdequestionqu’ontraînelamiennedanslaboue.Jemedirigeversuneportequidonnesuruncouloirauboutduquelsetrouveunescalier.J’indiquele
salonàValerod’ungestedelamainetm’engagedansl’escalier,suivideprèsparTyler.Nospassontétouffésparlamoquette.Jamierisqued’avoirlasurprisedesavieennousvoyant.Onarrivedansunautrecouloiravecplusieursportesdesdeuxcôtés.Ellessont toutesouvertessauf
celledufond.Jem’avancelentementenjetantuncoupd’œilrapideàdroiteetàgauche.Jedépasselasalledebains,
le dressing, une chambre à coucher à la décoration assez vieillotte. Peut-être que c’est lamaison desgrands-parentsde Jamie.DommagequemamieMcEntiren’aitpas inculqué lesbonnesmanièresà sonpetit-fils.Derrièremoi,j’entendslescliquetisdesinterrupteursqueTyleractionneunàun.Onn’estjamaistrop
sûrs,mieuxvauttoujourstoutvérifier.Jepressel’oreillecontrelaporteferméeetj’entendsunlégermouvementdel’autrecôté.Ilesttempsdeseréveiller,gamin.Doucement,jetournelapoignéedelaporte.Lalumièreargentéedelalunefiltreàtraverslesvoletset
éclaire faiblement un grand lit. Et, surprise, surprise, sous les draps, quelqu’un est roulé en boule aumilieudumatelas.Décidément,Jamiedortd’unsommeildeplomb.Pluspourlongtemps.—Allez,debout,Ducon!m’exclamé-jeenallumantlapetitelampedechevet.Commelasilhouetteremue,jesaisislesdrapsetlesrepousse.Saufquecen’estpasJamieMcEntire
quejedécouvredanslelit,maisunefemme.Monregardestinstantanémentattiréparsapetiteculottenoire,dontuncôtéglisselégèrementsoussa
hanche.Jeremarquealorsqu’elleporteuntee-shirtdélavéquimouleparfaitementsapoitrine.Lebordduvêtementestrelevé,révélantainsiunnombrilencreuxsurunventreplat.Ellen’estpastrèsgrande,maiselleestravissante.C’est alors que je me souviens de la raison de ma visite. Il est évident qu’elle n’est pas Jamie
McEntire,et,pourêtretoutàfaithonnête,là,toutdesuite,maintenant,jem’enfichecomplètement.
3
Cassie
J’ai encore rêvé de l’Angleterre, sauf que, cette fois-ci, mon rêve n’a pas tourné au cauchemar.Désormais,chaquefoisquel’Angleterredécidedes’inviterdansmonsubconscient,unsentimentsinistrem’envahit,mêmedansmonsommeil.Pourtant,pour lecoup, jenesuispasen trainde faireuncauchemar,maisunesensationdemalaise
s’éveilleenmoi,commes’ilvenaitdesepasserquelquechosedansmamaisonetquequelqu’unétaitdans ma chambre. Et puis, soudain, j’entends la voix d’un homme. Au moins, il n’a pas l’accentbritannique,c’estdéjàça.J’ouvrelesyeuxetjecligneplusieursfoisdespaupièrespourm’assurerqu’ils’agitjustedufruitde
monimagination.Putaindejetlag!Maisnon,ilyabeletbienunhommedansmachambre.Unhommequejeneconnaispasetqui,pourcouronnerletout,sembleamusé.Ravidemevoir,même.Non,maisjerêve?Non,Cassie,onadéjàétablilefaitquetunerêvaispas.Pourquoicethommemeregarde-t-ilainsi?Qu’est-cequej’aidesidrôle?Est-cemonvieuxtee-shirt
aveclamascottedel’universitédeWestAlabama?Ouplutôtlefaitquejesuisenpetiteculotte?Note à moi-même : à l’avenir, porte un vrai pyjama pour dormir, on ne sait jamais qui peut
débarquercheztoi,danstachambre,àl’improviste,aubeaumilieudelanuit.J’oseunregardendirectiondel’invitésurprise.Ilestassezgrandetporteunevestedecostumebleu
quiluivaplutôtpasmal,jedoisdire,etmetenvaleurseslargesépaules.Endessous,lestroisderniersboutons de sa chemise blanche à col sont déboutonnés, révélant un torsemusclé. Pas de cravate. Unmalfaiteurquiadustyleetqui,mêmes’iln’apas l’airaussiméchantqueça,mefoutquandmêmelesjetons.Jesensmarespirationquis’accélèreetmoncœurbattreàtoutrompre.L’inconnurelâchemesdrapsenmedétaillantdelatêteauxpieds,telunprédateurprêtàbondirsursa
proie.—OùestJamie?s’enquiert-il.Moninstinctdesurviesemanifesteenfin.Jereculebrusquementsurlematelas,leplusloinpossible.— Ne t’approche pas de moi, espèce d’enfoiré, tu m’entends ? ! crié-je d’une voix légèrement
tremblanteetplusaiguëqued’habitude.Toutenessayantdeconserverunsemblantdecalme,jepasserapidementenrevuelesaffairesquisont
àportéedemain:unevieillelimeàonglesdansletiroirdelatabledechevetderrièremoietunpresse-papierposédessus.Cen’estpasceque j’appelleraisde l’artillerie lourde.Certes, ilya la lampesurl’autretabledechevet,maisl’inconnusetientjusteàcôtéd’elle,etjedoutequ’ilveuillemeladonnermêmesijeleluidemandetrèsgentiment.J’ai complètement vidé cette chambre quand je suis partie vivre enAngleterre et, à présent, jeme
demandepourquoi j’ai faitça.Pourquoin’ai-jepas laisséunebattedebaseballsous le lit?Mêmeungantdebaseballferaitl’affaire!Jepourraisluienasseneruncoupsursonvisageauxpommetteshautes,quiest,inutiledelenier,trèsbeau.
Muepar un soudain élan de courage, j’attrape un demes oreillers, une arme redoutable, et le lèvedevantmoitelunbouclier.Lemalfratfroncelessourcils.—Jenevaispastefairedemal,m’informe-t-il.Il croise les bras, ce qui fait légèrement remonter ses manches. Je remarque alors le début d’un
tatouagesursonpoignetdroit.Intéressant.—Quiêtes-vousetqu’est-cequevousfoutezchezmoi?demandé-jed’unevoixdésormaisplusgrave.Jem’efforcedemaîtriser le tremblementdemesmainsmêmesi jesaisquejerisquedeperdremon
sang-froidd’uninstantàl’autre.Jedoisrestercourageuse,j’enaiassezdefuir.Oui,jemesuisenfuiedeLondres,maisc’estterminé,j’enaimarredevivredanslapeur.Monretour,cematin,marqueledébutd’unnouveauchapitredemavie.Brusquement, jememets debout sur lematelas et brandis l’oreiller à quelques centimètres de son
visage.Mêmesij’enmeursd’envie,jenepeuxpasl’étoufferdanscetteposition,maisjepeuxaumoinsessayerdeledéstabiliser,d’effacersonsourirenarquois.Monplanal’airdefonctionnerparcequel’hommereculed’unpas.Cequejen’avaispasprévu,en
revanche,c’estqu’ilm’empoigneparlatailleetmebalancepar-dessussonépaulecommesijenepesaisrien.Surprise,jelaissetombermonoreiller,maisjenedisrien.Jenemedébatsmêmepas.L’inconnufaitquelquespasavantdemereposerenmeplaquantcontrel’undesmursdelachambre.Il
meprendparlesépaules,et,pouruneraisonquim’échappe,jesaisqu’ilnemeferavraimentaucunmal.Lapressiondesesdoigtsestfermeetdouceàlafois.Ilécartelesjambes,unpieddechaquecôtédesmiens,etjesensletissudesonpantalonfrottercontremapeau.—Ce sontdebienvilainsmotsvenantd’une si joliebouche,déclare-t-il enpenchant la tête sur le
côté.Jecherchetonmec,ilmedoitdelathune.—Hein?Maisdequoiest-cequevousparlez?J’ignore ce qui se passe,mais je ne dois pas luimontrer que j’ai peur. Je croise son regard, dont
l’intensitémefaitpresquebaisserlemien.Sesyeuxsontd’unbleuvif,sombreetbrillantàlafois.Ilmeregardecommes’ilessayaitdelireenmoi,etjen’aimepasça.—C’estbon,Ryder,tul’astrouvé?interrogesoudainunevoixdanslecouloir.—Oui,c’estbon,j’ailasituationenmain.Tupeuxallerm’attendredanslavoitureavecValero.—Vousdevriezsuivrevospetitscopains,dis-je.Jenevousenvoudraispasdutout.Bienévidemment,iln’acceptepasmaproposition.—Non, je vais rester encore un peu pour faire plus ample connaissance avec toi, répond-il en se
penchantdavantagesurmoi.Lecontactdesontorsecontremapoitrinemefaittressaillir.J’arriveàsentirlesbattements,lentset
réguliers, de son cœur retentir contremon corps.Ondirait qu’il est tout à fait détendu et à l’aise.Lachance!—Commenttut’appelles,tigresse?Enmeposantlaquestion,ilbaisseeffrontémentsonregardsurmesseins.—Ettoi?Relax,Cassie,toutvabien.Joue-lacool.Ilmerelâche lesépaulesetappuie lesmainscontre lemur,dechaquecôtédema tête.Sic’estune
techniqued’intimidation,ellefonctionnebien.—Honneurauxdames.—Sérieux,tujoueslacartedelagalanterie?demandé-jeenhaussantunsourcilsceptique.—Ryder,enchanté.
—Jenepeuxpasendireautant.—Jedoisreconnaîtrequetuasdelarepartie.Et,sinon,j’aipascaptétonnom.—C’estparcequejenetel’aipasdit.—Bon, tout cela est bien drôle,mais je dois retrouver Jamie. Tu ne pourras pas couvrir tonmec
éternellement.—Déjà,c’estpasmonmec,c’estmonfrère.Ryderseredresse,etunelueurmalicieusepassedanssesyeux.—Ah,çaaplusdesens!Jemedemandaiscommentunminablecommeluiavaitréussiàpéchoune
femme comme toi. Dommage qu’il ne se soit pas plutôt servi de toi comme garantie. Là, j’aurais eubeaucoupdemalàrefuserunetelleproposition.«Garantie»?Ohnon,Jamie,dansquelmerdiert’es-tufourrécettefois?—Garantiepourquoi?—Ton franginmedoitde l’argent.Dixmilledollarspourêtreexact.Plus les intérêts,bien sûr.Et,
commeiln’apasétéenmesuredemepayerenliquide,ils’estservidelamaisoncommegarantie.Jesecouelatête,essayantdedigérercetteinformation.Jesensmoncœurs’emballerdansmapoitrine
etunecolèredémesuréemegagner.Lamaison,Jamie?Sérieux?!—Ilnepeutpasfaireça,bafouillé-je.—Ill’adéjàfait.—Non…Cettemaisonestaussiàmoi,etilesthorsdequestionquetufassesquoiquecesoitavec.—Jefaiscequejeveux,tigresse,déclare-t-ilenfaisantglisserunemainlelongdemonbras.—Serait-ceunemenace?—Unepromesse,plutôt.Sonvisageestàquelquesmillimètresdumien,etjememordslalèvreinférieuremalgrémoi.Puisilse
redresseenm’examinantdehautenbas.—Unpetitconseil : tunedevraispasdormircommeça,onpourrait rapidementsefaireunefausse
idéedetoi.— Alors, ça peut peut-être te surprendre, mais d’habitude, entre personnes civilisées, on prévient
avantdeserendrevisite.Et,ducoup,ons’habilleenfonction,tuvoisunpeuletruc?—Ets’ilyaunincendiequisedéclareaumilieudelanuit?—Danscecas,lespompiersaurontprobablementl’occasiondeserincerl’œil.—Oui,cequipourraitmettreenpérilleurmissiondetesecourir.Cemeca-t-ildoncréponseàtout?!—Jesuisassezgrandepourm’occuperdemoi-même,merci.—Jen’endoutepasuneseconde,mabelle.Bon,quandtuverrastonfrère,dis-luiquejesuispasséet
quej’attendsdesesnouvelles.Ilpivotepours’enaller,etjenepeuxpasm’empêcherdeluilancerunepetiterépliquesarcastique.—Oh,tut’envasdéjà?Etmoiquipensaisqu’onallaitfaireplusampleconnaissance.Jecroiselesbraspourmedonnerunecontenance.Cetypesecroitpeut-êtretoutpermis,maisjamaisil
netoucheraàmamaison.Ja-mais.—Ilsefaittard.Tudoisêtreéreintée,etjenevoudraispastefatiguerdavantage.Ilsepenchepourramasserl’oreilleravantderabattrelesdraps.Ilvaaussimebordertantqu’àfaire?—Crois-moi, tu n’y arriverais pasmêmeendonnant lemeilleur de toi-même, lancé-je en secouant
légèrementlatête.—Vraiment?Serait-ceundéfi?Jem’avanceverslelitavantdem’asseoirsurlematelas.—Unecertitude,plutôt,répliqué-jeencroisantlesjambesetenprenantappuisurlesmains,derrière
moi.Jegère,j’ailecontrôledelasituation.Zen.En réalité, j’ai le contrôle de rien du tout, parce queRyder esquisse un petit sourire en coin et se
pencheversmoienplaçantunemaindechaquecôtédemeshanches.—Promets-moiquelquechose,tigresse,chuchote-t-ilàmonoreille,cequiprovoqueunlégerfrisson
sur ma nuque. La prochaine fois que tu auras envie de m’étouffer, fais-le, mais avec tes cuisses.L’oreiller,c’est tellementdémodé.Jepensequemonidéeserabienplusagréable,autantpourl’unquepourl’autre.À ces mots, il se retourne et quitte ma chambre. Je m’aperçois alors que je retenais mon souffle
pendantqu’ilparlait.Je pousse un soupir de frustration enm’allongeant dans le lit avant de tirer les draps surmoi. Un
silencedemorts’abatdanslapièce,sibienquej’ignoresiRyderesttoujoursdanslamaison.Commentest-ilentréd’ailleurs?J’aipourtantverrouillétouteslesportesavantdemontermecoucher.Enmêmetemps,jepensequecen’estpasuneminablepetiteserrurequipourraitl’empêcherdes’inviterchezlesgens,etceàn’importequelmoment.C’estlegenredemecsquinereculedevantrienpourarriveràsesfins.EtJamie,jenesaismêmepasoùestmonimbéciledefrèreetpourquoiilaunedettede10000dollars
enversunsuperbeaugosse.Quisaitsefringuer,enplus.Putain,Jamie!Enplusd’êtreunbeaugosseaugoûtvestimentaireimpeccable,Ryderestégalementsuperbienfoutuet
aunemâchoirevolontaireetpuissante.Mmmh…Tu divagues, ma pauvre, et c’est vraiment pas le moment. Concentre-toi sur la colère que tu
éprouvesenverstonfrère.Dire que je viens à peine de revenir chezmoi, après deux ans d’absence.Avec ce qui vient de se
passer,jemedemandecequemeréserventlesjoursàvenir.
4
Cassie
Lemoinsquel’onpuissedire,c’estquelemagasind’équipementspourlamaisonestextrêmementbienfournienportes. Jevaisdevoirmemunirdepatiencepour trouveruneportequi remplaceracellequeRyderetsonacolyteontdéfoncéecettenuit.Aumoins,levendeurestplutôtmignon.Sescheveuxbrunssedressentenunecrêtegominée,etun torsepuissant sedessinesoussa tenuede travailauxcouleursdumagasin.Jeregardelesportesexposéesdevantmoietréprimeunsoupir.Ellessonttoutesmodernesalorsque
mamaisonestd’unstyleplustraditionnel.Cependant,sijeconsidèreleschosessousunautreangle,c’estl’occasiondeluioffrirunpetitcoupdejeune.Il y a quatre ans,mamère amis lamaison àmonnomet à celui de Jamie.Ledécèsdemonpère,
emportéparunecrisecardiaque,étaitpourbeaucoupdanssadécision.Mesparentsontachetélamaisonpeudetempsaprèsleurmariageetyontmenéunevieheureuse.Jepensequ’aprèslamortdemonpèremamèren’aplus supporté l’idéed’yvivre sans lui.Elle adonc emménagédansunpetit appartementavecJamieetquandcelui-ciaeusonbac,lamêmeannéeoùj’aifinilafac,elleademandéuntransfertàsonboulot,quil’aenvoyéeenFloride.Peudetempsaprès,ellearencontréBillets’estmariéeavecluil’année dernière. Ils ont acheté une petite baraque près de la mer, et je pense qu’elle est heureuse.J’auraisbienaiméassisteràsonmariage,mais jen’aipaspume libérer.Enfin,onnem’asurtoutpaslaissélechoix.D’ailleurs,jemedemandeencorecommentj’airéussiàdéguerpirhier.—Vouspréférezuneporteprémontéeenusine?Revenantàlaréalité,jeregardeDanny,levendeur.Euh…Hein?—Jenesaispastrop.Jepensaisquevouspourriezm’aideràchoisir.Dannym’expliqueladifférenceentreuneporteprémontéeenusineetuneportesimple,etonenconclut
rapidementquec’estlepremierchoixquis’imposeétantdonnéquelesgondsdelaportedelacuisineontétéarrachés.Bienévidemment,jemegardebiendedireàDannycommentc’estarrivé.Çanefaitmêmepasvingt-quatreheuresquejesuisrevenueaupays,etjedoisdéjàréparerlesdégâts
causésparmonabrutidefrère.Certaineschosesnechangentjamais.JesuisDannydansl’alléedesportesprémontéesenusineetjelesétudieuneparune.Mêmeaprèsune
réductionconsidérableduchoix,ilyenaencoreunpaquet.Tantdeportesquiattendentpours’ouvriretse fermer surdifférents foyers, témoignerde leurs changements, protéger leurs secrets…Je contempleune porte rouge. Elle serait parfaite comme porte d’entrée d’une maison familiale dans une banlieuepaisible.Laported’àcôté,elle,jelavoispluscommeuneportedederrière,cellequ’onutilisepourfilerendoucelesoiretrentreràl’aube.Jusqu’àaujourd’hui,jen’avaisjamaisaccordéautantd’importanceàuneporte.Commequoi,ilsuffit
d’unévénement,d’unedécisionoud’unerencontrepourchangerlafaçonqu’onadevoirlavie.Cemagasinfaitvraimentressortirmoncôtéphilosophe.Jesuiségalementfatiguée–mercilejetlag–
etquandjesuiscommeçaj’aimebienmeprendrepourDescartes.Allezsavoirpourquoi.
Jen’aipratiquementpas fermé l’œilde lanuitaprès lavisite surprisedeRyder.Àunmoment, j’aivouluappelerlesflics,mais,aprèsavoirréfléchiàcequej’allaisleurdire,j’aitrèsviterenoncé.Oui, monsieur l’officier, il faisait environ un mètre quatre-vingt-dix, semblait avoir des muscles
d’acier,etsonsourire…Ilavaitunsourirequipouvaitfairefondreuniceberg.Ouincendiermapetiteculotte,commevouspréférez.Jesecouelatête.Pastopcommedéposition.EtpuisjepréfèreparleràJamieavant,pourvoirexactementdansquelbourbierils’estempêtrécette
fois.Non,réflexionfaite :dansquelbourbier ilnousaempêtrés.Jepariequenombreuxsontceuxquiaimeraientavoirunegrandesœurcommemoiquin’hésiteraitpasunesecondeàfairetoutcequ’ellepeutpoursauver lesfessesdesonfrangin.Mais,pourcefaire, jedevraisdéjàsavoiroù ilestet l’étendueexactedesdégâts.J’aidécidéderevenirauxÉtats-Unissuruncoupdetêteet,quandj’aiachetémonbilletd’avion,j’ai
envoyé unmail à Jamie pour le prévenir et lui donner les détails demon vol. Ilm’a répondu par unsimple«cool!»–cequiesténormevenantdesapart.Son attitude trop décontractéeme rend dingue parfois. Je nem’attendais pas à le voir dans le hall
d’arrivéeàl’aéroport,maisj’espéraisqu’ilseraitquandmêmeàlamaisonpourm’accueillirétantdonnéqu’onnes’estpasvusdepuisquejesuispartievivreenAngleterre,c’est-à-diredeuxans.Désormais,jesaispourquoiiladésertélamaison.J’aidûl’appelerplusdecentfoisdéjàetjesuis
systématiquement tombée sur le répondeur. Si j’entends sonmessage d’accueil décontracté encore unefois,jevaispéterlesplombs.Jeluiailaisséplusieursmessages,certainsnormauxetd’autresunchouïaénervés,enespérantqu’ilmerappellerapidement.Finalement, je choisis une porte blanche toute simple mais qui a l’air assez robuste. Oui, elle est
parfaite,celaditilluimanqueunlégerdétail.— C’est possible de lui ajouter un verrou supplémentaire ? demandé-je à Danny avant de passer
encaisse.Mieuxvautprévenirqueguérir.—Cass?Jefaispresquetombermonnouveauportabledanslelave-lingeenentendantlavoixdeJamie,àl’autre
boutdufil.Pendantuncourtinstant,j’ail’impressionqu’ilestlà,justederrièremoi,mêmesijesaisquec’estimpossible.Aprèsquelesmecsdumagasind’équipementsontinstallélanouvelleporte,cetaprès-midi,j’aisorti
l’anciennevoituredemamandugaragepourallerfairequelquescoursesenville.Jemesuismêmeachetéunepairedeclaquettesdansl’idéed’aller,avantlafindel’été,passerquelquesjoursaulacLanier,quin’estpasvraimentunlacmaisungrandréservoiralimentéparlesrivièresChattahoocheeetChestatee.Aujourd’hui, après plus de deux ans, je me suis rapidement glissée dans un mode de vie normal,
barbantàlalimite,sibienquej’enaipresqueoubliéJamie.Et,biensûr,commec’estsouventlecasdanscegenredesituation, leprincipal intéressésemanifeste toujoursquandons’yattendlemoins.J’avaispréparéundiscoursmoralisateur,dignedelagrandesœurresponsablequejesuis,saufque,maintenantquej’aiJamieenligne,jenemerappelleplusunseulmot.—Maist’esoù,putain?C’estunetoutautreapprochequecellequej’avaisentête,maispourquoipas…—Hé,relax,frangine!«Hé,relax,frangine»?!Il est dans lamerde jusqu’au cou et il est quandmêmedécontracté ?Enmême temps, selon Jamie,
s’inquiéterestsynonymed’exagérer.Iln’atoujourspascomprisqu’onnevivaitpasdanslemondedesBisounours.Quandonétaitplusjeunes,jetrouvaissonattitudecool.Jemedisaisqu’ilétaittoutsimplementplus
courageuxquemoi.Mesdéboiresd’ado,sionpeutlesappelerainsi,ontétééphémères,encomparaisondessiens.J’aidûfairelemuruneoudeuxfoispourrejoindremacopineSavannahet…C’est tout.Çadoitêtrepourcette raisonque j’aioptépourdesétudesdecomptabilité. Je suisdugenreà suivre lesrèglesimposées,etj’aimeça.Jamie,lui,c’esttoutlecontraire.Quandilsemetuneidéeentête,qu’ellesoitlégaleoupas,rienni
personnenepeutparveniràl’endéloger.Etdesidées,ilenadestas,plusmauvaisesquebonnes.Àprésent,jecomprendsquemonfrèren’estpaspluscourageuxquemoi,apparemmentilnel’estpas
dutout;ilestjustecon.Ilaimaittesterlapatiencedemesparentsetmaintenantilfaitpareilavecmoi.Saufquemoi,jenesuispasquelqu’undetrèspatientàlabase.—J’aifaitlaconnaissancedetonamiRyder,l’informé-je.Alors,commeça,tuluidoisdel’argent?—T’inquiète,jegère.J’aiunplan.—J’espèrepourtoiqueceplann’inclutpasdeteservirdenotremaisoncommegarantie.Silence.—Écoute,Cassie,répond-ilenfin,tudoisêtrecrevéeàcauseduvoyageetjesuisvraimentdésoléde
t’avoirmêléeàtoutça.Maisresteendehorsdecetteaffaire.—Non,Jamie,tudoismedirecequisepasseparceque,quetuleveuillesounon,tonproblèmeest
devenuaussimonproblème.—Sijetedisquoiquecesoit…Ilmarqueuntempsd’arrêtetj’espèrequecen’estpaspourajouterunetouchedramatique.—…çaferaitdetoi…Jenetrouvepaslemot.—L’adultequiprendleschosesenmain?suggéré-je.—Non.Unecomplice,oui,voilàlemotquejecherchais.—Etc’estexactementpourcette raisonque tudois rentrerà lamaisonpour toutarranger.Quelque
chosemeditqueRydernelâcherapasl’affairetantqu’iln’aurapaseusonfric.Jamienerépondpas,et,àunmoment,jemedemandemêmes’iln’apasraccroché.Puisj’entendsle
bruitd’unetélé,probablement.Oùest-ilexactement?Dansunmotelmiteux?Unbar?Chezunami?Aumoins,iln’estpasenprison.—Jesuisvraimentdésolé,Cass.—Rentreàlamaison,Jamie.—Jenepeuxpas,pasencore.J’ai…j’aidestrucsàfaireavant.Écoute,jevaisquitterlavillependant
quelquesjours.Euh…dis,t’auraispas10000ballesparhasard?—Tuplaisanteslà,j’espère?—Euh…oui.Enfin,saufsi tuasvraiment10000balles.Maisjepensequetumel’auraisdéjàdit,
non?Jeclaqueénergiquementlaportedulave-linge.—Pourquelqu’und’intelligent,tuesvraimentstupidedesfois,Jamie!—Sionmedonnaitunepiècechaquefoisqu’onmedisaitça,j’auraisdéjàpurembourserRyderCole.Ilmesalueetraccrochesansmelaisserletempsderépondre.Au coucher du soleil, je m’installe sur le fauteuil balançoire blanc, à l’arrière de la maison, et
j’observelonguementlecielseteinterd’orange,d’ocreetdemauve.Depuisquejesuistoutepetite,c’estdeloinmonendroitpréféré.Ilyaunfauteuilbalançoireidentiqueàl’avantdelamaisonaussi.Ilestà
l’abridusoleilécrasantlaplupartdelajournéeetoffreunevueagréablesurlarue,maisquin’estrienencomparaisondupaysagequis’étendsousmesyeux.Notre immense jardinestplantéd’arbresauxbranchesentremêléesquiserventde terrainde jeuaux
écureuilsetdeperchoirauxoiseaux.Ilyaaussirégulièrementdesrenardsquitraversentlapelouseencourant,et,lanuit,cesontlesratonslaveursquiinvestissentlejardin.Plusieursfois,j’aimêmeaperçudescerfsflânerdanslefonddujardin,tôtlematin.C’étaitfascinantdegrandirsiprèsdetouscesanimaux,d’observerleurfaçondevivreainsiqueleurs
réactions face au danger. Il suffisait que je fasse un petit mouvement de rien du tout dans le fauteuilbalançoire pour les alerter, et ils déguerpissaient du jardin comme des fusées. Ces animaux saventcommentfairepoursurvivre, ilssavent jauger lasituationetécouter leur instinct.Surcecoup, ilssontplusévoluésqueleshumains.Dumoins,plusévoluésqueJamie.Enmêmetemps,c’estpastrèsdifficile.Désolée,frérot.Jesecouepensivementlatête.Monfrèreadorejoueravecledangeretbraverl’interditjusqu’àcequ’ilsoittroptard.Lepire,c’est
quejenepeuxmêmepasluienvouloirpourça,parcequejesuis,enquelquesorte,unpeucommelui.Non,enfait,j’étaiscommelui,maisc’estfini,maintenant.C’est fou comme on peut rapidement s’enfermer dans une vie qui nous mine, qui nous ronge de
l’intérieur.Moi,ilaurafalluquejequittel’Angleterrepourmeraccorderavecmoninstinct.Pendantdeuxans,celui-cimesoufflaitdefuir,maisjerefusaisdel’écouter,succombantplutôtàlafacilité.Àlafin,j’ai tout de même réussi à me sauver, au sens propre comme au figuré. Ce qui signifie que je peuxégalementsauverJamie.Jepeuxaumoinsessayer.Sijedécidedemelancerdanscetteaventure,jedoissavoiràquij’aiaffaire.Etjesaisexactementqui
pourraitm’aideràyvoirplusclair.Jedéverrouillemontéléphoneportableetj’effectuequelquesrecherchessurleNet.Aulycée,SavannahSundayétaitlafillelaplusbelle,lapluspopulaireetmêmelaplusintelligente.Il
étaitdoncévidentqu’unecarrièreprometteuses’ouvriraitdevantelle.AprèsavoirobtenusondiplômeàHarvard,elleadécrochéunboulotderêvedansuncabinetd’avocatsspécialisédansledroitdesmédiasici,àAtlanta.Jeregardesaphotosurlesiteducabinet.Ellen’apaschangé:lamêmechevelureboucléeblonde,des
yeuxbleusqui,mêmesurlaphoto,brillentd’unelueurobstinéeetlemêmesourireradieuxetconfiant.Ados,onétaitvraimentinséparables.Mêmeaprèslelycée,onestrestéesrégulièrementencontact.Je
mesuisinscriteàl’universitédeGéorgieafinderesterprèsdemafamilleetdecontinueràaidermonpèredanssongarage,etSavannahestpartiefairesesétudesàl’universitéduTexas.Onnesevoyaitpeut-êtreplusaussisouvent,maisonsetenaitaucourantdetoutcequisepassaitdansnosviesrespectives:desexamensfoirésenpassantpardesrencardsratés jusqu’auxpeinesdecœuretauxproblèmesaulitdesmecsavecquionsortait.J’aiétélapremièrepersonnequ’elleaappeléequandelleaétéacceptéeàHarvard. Elle a été la première personne à qui j’ai téléphoné quand mon père a eu son infarctus.Cependant,jeneluiaiplusdonnétropdenouvellesdepuisquejesuispartievivreenAngleterre,maiscen’était pas voulu. J’espère qu’elle ne m’en voudra pas et qu’elle ne croira pas que je l’appelleuniquementpourglanerdesinfossurRyderCole.Jamiepensequefuirestlameilleuredesoptions–etiln’apastoutàfaittort–,mais,danssoncas,il
oublie une chose importante : en ayant proposé lamaison comme garantie, ilm’a embarquée dans sagalère.Jepousseunsoupirenrepensantàtoutecettehistoire.Oui,jemedoisd’apprendretoutcequejepeux
surRyderCole.Jemedemandejusqu’oùvaletatouagequej’aiaperçuhier.Va-t-iljusqu’àl’avant-bras
ouremonte-t-ilplushaut,sursonbicepsparfaitementdessiné?Peut-êtremêmequ’ils’étendjusqu’àsonépauleetredescendsursonpectoral.Jedevraislevoirtorsenupouravoirmaréponse.D’oùçasort,toutça?Ilyaplusimportantàpenser,tunecroispas?Meforçantàchasserdematêtel’imagedumystérieuxtatouagedeRyder,jecomposelenumérodela
lignedirectedubureaudeSavannah.Jemebalancesurlefauteuilenpoussantsurlapointedupiedenattendantqu’elledécrochemêmesijen’ycroispastrop.Lesoleilestpresquecouché,ellenedoitplusêtreautravailàl’heurequ’ilest.Jevaisluilaisserunmessageetluienvoyerunmailégalement.Jen’aipasdetempsàperdre,RyderColeestdevenumapriorité.Avecunsourireaussisexyquelesien,ildoitfairetomberlesfemmescommedesmouches.Concentre-toi,Cassie,bordel!Auboutdelaquatrièmesonnerie,j’entendsunevoixàl’autreboutdelaligne.—BureaudeSavannahSunday.C’estelle!Elleestencoreaubureau.Jenepeuxpasm’empêcherdesouriredanslecombiné.Çafait
tellementdubiendel’entendreaprèstoutcetemps!—Savannah?—Oui,elle-même.—Savannah,c’estmoi,Cassie,dis-jeenregardantmachinalementmamontre.Ilest20heurespassées.Commequoi,chaqueboulotasesavantagesetsesinconvénients.—Putain!CassieMcEntire!C’estvraimenttoi?!—Oui,c’estvraimentmoi.—Maisattends,ilestquelleheureàLondres?IlfaitdéjànuitchezlesRosbifs,non?Ah,l’humouretlalégèretédeSavannah!—Enfait,jesuisàAtlanta.Jesuisrentréehier.—Sebastianestavectoi?Mon cœur se contracte douloureusement, et je porte lamain àma poitrine avant de poser les deux
piedsàterre,arrêtantnet lefauteuilbalançoire.Cenomproduitsurmoil’effetd’uncoupdepoignard.Moinsjel’entendsetmieuxjemeporte.—Non,jesuisvenueseule,réponds-jed’unevoixquej’espèrecalmeetjoyeuse.—Oh, encoremieux ! s’exclameSavannah.MonDieu,Cassie, ça remonteàquand ladernière fois
qu’ons’estvues?—Houla!…Jedevaisencoreporterunefrange.—Attends, t’es en train demedire que t’as changé de coiffure sansm’appeler avant ?Etmoi qui
croyaisqu’onétaitamies!J’éclatederire.—Jepeuxlalaisserrepoussersituveux.—Non,tonvisageesttropbeaupourêtrecaché.— Je parie que tu dis ça à toutes les nanas, plaisanté-je en remettant en place unemèche derrière
l’oreille.Jepasseautomatiquementundoigtau-dessusdemonsourciletparcourslentementlacicatricepresque
effacée, souvenirdudernier réveillon. J’avaisunpeu tropbuet j’avaisdumalà tenirdebout surmestalonsaiguilles.JemedemandesiSebastiansesouvientdecequis’estpassécettenuit-là,quandonestrentrésàlamaison.J’endoutefortement,mais,moi,jenel’oublieraijamais.—Non,tueslaseuleetl’unique,répliqueSavannah.Maissachequejefactureàl’heuresituveuxun
peuplusdetendresse,majolie.—Vousnetravailleriezpasplutôtdansunemaisonclose,maîtreSunday?
—J’invoquelecinquièmeamendement,madamelajuge,répond-elleenriant.—Jesuissûreque tuvauxchaquedollardépensé,maisest-ceque tuaccepteraisdemefournirune
petiteconsultationgratuite,enmémoiredubonvieuxtemps?—Biensûr,maisjesuispassupercaléeendroitanglo-saxon.C’estlaseulematièreoùjen’étaispas
premièredelaclasse.Waouh,laseulematièreoù…!Bref.—Non,non.Rienàvoiravecdudroit.T’asdéjàentenduparlerd’uncertainRyderCole?—Leroidelanuit?—Euh…oui,sansdoute,jenesaispas.—Grand,bienfoutuetbaisableàsouhait?—Probablement,oui.Jesensmesjouess’empourprerenimaginantRydertoutnu,etmoiavec.—Ilbossedansquelclub?luidemandé-jeenmeraclantlagorge.—Ilpossèdeplusieursbarsdanslaville.D’ailleurs,ilvientd’enouvrirunautreyapaslongtemps.Sérieux?!—Ah!Ilestréglo,alors?—Cen’estpasletermequej’emploierais.Pourquoitumedemandestoutça?—Jel’airencontrérécemment.C’est…uneconnaissancedeJamie.—Danscecas,disàtonfrèredebienchoisirsesconnaissances.Colenel’atoutdemêmepasenvoyé
surlering?—Quelring?—Quandilnes’occupepasdesesbarsetdesonnouveauclub,RyderColegèreuneorganisationde
combatsclandestins,m’expliqueSavannah.C’estunsecretdePolichinelle,toutlemondeestaucourant.—Genre:descombatsdeboxe?—Presque,saufquelescombattantssontpoings,torseetpiedsnus.Jecroisqu’onappelleçadufree
fight.Pourquoiçanem’étonnepas?RyderColeatoutd’unebrute.Enfin,presque.—Etc’estquoi,lenomdesonnouveaubar?Jerecommenceàmebalancerdoucement.Lanuitest tombée,etdesluciolesvolentpardizainesau-
dessusdelapelouse.—Altitude,jecrois.Maist’aspasintérêtàyallersansmoi!s’exclamemonamie.—Jerisquedet’attendrelongtempsétantdonnéteshorairesdetravail.Qu’est-cequetufousencoreau
bureau?—Ah,unavocatspécialisédansledroitdesmédiasestcommeunsuper-héros,iln’apasuneseconde
derépit!Jesais,jesais,j’auraisdûdeveniravocatfiscaliste,maisbon,jesuistropbellepourça.Je risàgorgedéployée.Cette fille,c’estvraimentunsacrénuméro,etçamefaitunbienfoude lui
parlercommesirienn’avaitchangéendeuxans,mêmesic’estmalheureusementlecas.— Tu restes combien de temps ? J’espère que tu n’es pas trop pressée de retrouver ton jules, à
Londres.—Pasdutout!Jeneveuxpasm’étalersurlesujet,maisjeneveuxpasluimentirnonplus.—Super!Ilfautabsolumentqu’onseprévoieuntruccettesemaine.Tum’asvraimentmanqué,Cass.—Toiaussi,mabiche.Ondiscuteencoreunpeuavantderaccrocher.Jeme pelotonne sur le fauteuil, les genoux sous lementon, et laisse errermon regard sur le jardin
désormais plongé dans l’obscurité, bercée par le chant monotone des grillons. Un léger souffle d’aircaresse mes bras et mes jambes, et je savoure pleinement la quiétude de l’endroit.Mamaison, monjardin.Cettemaisonestàmonfrèreetàmoi.HorsdequestionqueRyderColes’enempare.Moiaussi,jesaismebattre,etM.Colenevapastarderàledécouvrirparlui-même.
5
Cassie
Jedoisavouerqu’Altitudeavraimentl’aird’unclubsympa.C’estlegenred’endroitsoùonpeutvenirs’éclater levendrediou le samedi soir,puis revenirbruncher ledimanchepour faireundébriefingduweek-end. Le lieu est chaleureux et agréable. Tout le contraire de Ryder Cole. Je me demande siSavannah ne m’a pas raconté de bêtises, hier. Je n’imagine pas du tout Ryder Cole à la tête de cetétablissement.Je passe lesmains surma robe à fleurs avecnervosité.Ma tenuen’est pas très appropriéepour le
rendez-vousquej’espèreobteniretladiscussionquej’espèreavoiravecRyder,maisjen’avaispastropdechoix.Commejen’aipasbossépendantdeuxans,lecontenudemonarmoireesttrèsréduit.Enplus,jen’aipasprisbeaucoupd’affairesavecmoiquandjesuispartiedeLondres.Redressant les épaules, je balaie la salle du regard. Le soleil filtre par les stores vénitiens qui
recouvrent lesbaiesvitrées, cequidonneuneambiance tamiséeà l’endroit.Ungros juke-box installédansuncoindelapiècepasseduJohnnyCash,et,unpeuplusloin,ungrouped’amisdiscuteautourd’unetable en partageant une immense pizza.Mon estomac gargouille, et je réprime une grimace.C’est pasencorel’heureducasse-croûte.D’unpasassuré,jemedirigeversl’imposantcomptoirenboisenétudiantlesdifférentescoupures–
certaines trèsanciennes–du journald’Atlantaquiornent lesmurs.Ellesapportentaubarune toucheétrangementintime,commesicelui-cifaisaitpartiedel’histoiredelaville,qu’ilétaitnéavecelleetquec’était un lieu incontournable. L’espace d’un instant, j’ai l’impression que, si je suis ici, aujourd’hui,c’estparcequeledestinenadécidéainsi,queladettedeJamien’étaitqu’unecoïncidence,lemaillond’unechaînequiaboutissaitàquelquechosequej’ignoreencore.Jerepousseaussitôtcetteidéefarfelue.Onn’estpasdansunesérietélé,etjenecroispasaudestin.Si
j’ai bien appris quelque chose au cours de ces deux dernières années, c’est qu’on est les seulsresponsablesdenotrevie.Lebarman lève le regarddansmadirectionetpose leverrequ’ilvientd’essuyer. J’ai l’impression
qu’ilestunpeuplusgrandqueRyder.Sescheveuxsontcoiffésavecuneraiesurlecôté,etlabeautédeson visage est totalement insolente et naturelle à la fois. Il a un torse admirablement musclé, et desmanchesretrousséesjusqu’auxcoudessoulignentsesbraspuissants.Cemecestàtomberparterre,etilenestconscient.—Qu’est-cequiteferaitplaisir,mabelle?demande-t-il.Misàpartmoi,bienévidemment.Jesourismalgrémoi.—JechercheRyder.—Ilestdanssonbureau,répond-ilavecunmouvementdetêteversuncouloir,àgaucheducomptoir.
Maissacheque,moiaussi,jepeuxtedonnertoutcedonttuasbesoin.Beauetculotté:lecocktailexplosif.Jepose lesmainssur lebaretmepenchevers lui jusqu’àcequemonvisagenesoitqu’àquelques
millimètresdusien.
—Tuvienstoutjustedelefaire,murmuré-je.Merci.Jem’avancedanslecouloiretm’arrêtedevantlaporteferméeaufond.Voilà,onyest.Résolue, je tends lamainvers la poignée etm’interrompspour faire undernier point surmonplan
d’attaque.Aprèsréflexion,jedécidedenepasmerabaisseràsonniveau.Ryderestunebruteépaissequimanquedefinesseetdemanières,maispasmoi.Jefrappetroisfoisàlaporte.Rien.Bon…Après trois autres coups, j’attends quelques secondes puis je décide d’entrer. On ne fait pas de
manièresdanslesaffaires,aprèstout.Àtraverslesstoresbaissés,lesmêmesquedanslasalle,lesrayonsdusoleiléclairentfaiblementla
pièce.Rydersetientdeboutderrièreunbureau,latêtebaisséesurunepilededocumentspresqueaussihautequela lampeposéeàcôté.Il lèveleregardsurmoietmefixedesesyeuxbleusperçants. Ilestsurprisdemevoir,maislecacherapidement.—Jen’aipasdit:«Entrez»,observe-t-il.—Tun’avaisqu’àfermeràclésitunevoulaispasêtredérangé.—Qu’est-cequetuveux?Sontonestbienmoinsdétenduetamicalqueladernièrefois,cependantlesimplesondesavoixfait
s’accélérerlesbattementsdemoncœur.Ilestencoreplusbeauquedansmessouvenirs.Etilestdangereuxaussi.Trèsdangereux.Nel’oubliepas.J’effacelesplisimaginairesdemarobeetinspire.—Finirnotrediscussiondeladernièrefois.Ilcontournesonbureauetseperchesurleborddecelui-ciencroisantlesbras.Ilporteunevestenoire
etunechemiseblanchesouslaquellejedevinefacilementsontorsefortetmusclé.Sonjeannoir,quantàlui,souligneprécisémentchacundescontoursvirilsdelapartiebassedesoncorps.Waouh,ilest…—J’attends.Commeuneadoprisesurlefait,jemeredresseetcligneplusieursfoisdesyeuxpourmeremettreles
idéesenplace. Jevoudrais legiflerpoureffacer son sourireespiègle,mais jepréfèreconcentrermesforcessurleplusurgent:nepasrougiretl’imaginernu.—Jevoudraisqu’onparledemonfrère.—Àmoinsquetun’aies10000ballescachéesquelquepartsoustarobe,lesujetestclos.Ilaccompagnesesmotsd’unregardlangoureux,etjeserrelespoings.—T’esvraimentinsupportable!—Merciducompliment.—LadettedeJamie…,continué-jepréférantrevenirausujetquim’inquiète.Ilaperduunpariouun
combat?Ryderpenchelatêtesurlecôté.—Tuportesunmouchard?—Hein?Jen’aimêmepasletempsd’assimilerlaquestionqueRydermesaisitlepoignetetm’attireverslui,
entresesjambes.—Est-cequetuportes…Ilposelesmainssurmatailleetlesfaitremonterlelongdemescôtes,justeendessousdemapoitrine,
avantdelesglisserdélicatementdansmondos,jusqu’àmesreins,etenfindenouveausurmataille.
—…unmouchard?Je n’arrive même plus à respirer et je réprime un gémissement en sentant une chaleur intense se
répandreentremescuisses.—N…non.—OK,parfait,dit-il,lesmainstoujourssurmoi.Onn’estjamaistropprudent.—Ahouais?Etquit’adonnéceprécieuxconseil?Undetesprofsdefacoutonderniercompagnon
decellule?—Aucundesdeux,tigresse.C’estlaviequim’aapprisàmeméfier.—D’ailleurs,elleestvraimentbelle,tavie.T’enrichirsurleserreursdespauvresgenscommemon
frère…—Contrairementàtonfrère,quiprendcequineluiappartientpas,j’aigagnéchaquecentimequeje
possède.—Parcequec’estvraiquetuneveuxpasnousprendrenotremaison?Rienqued’ypenser,jesenslacolèremonterenmoi.—Oui, c’est vrai. Je ne veux pas prendre tamaison, réplique-t-il en faisant légèrement glisser les
paumes vers mes reins. Jamie a voulu jouer et il a perdu. Il aurait dû t’expliquer tout ça avant det’envoyericipourplaidersacause.—Jamienesaitpasquejesuisici.J’ignoreoùilest,enplus.—Tupensesvraimentmefairegoberça?—Iln’yarienàgoberparcequec’est lavérité, toutsimplement, réponds-jeenécartantunpeules
jambesetencherchantuninstantmonéquilibre.Mescuisseseffleurentlessiennes,etunfrissonmetraverseaussitôt.LevisagedeRyderprenduneexpressionpensive,etiltapotelesdoigtssurlebasdemondos.—Unpariresteunpari,etildoithonorersadette.Çarépondàmaquestiondetoutàl’heure.AumoinsjesaisqueJamienes’estpasfaitdéfoncersurle
ring.— J’aurais peut-êtremieux fait d’aller voir la police au lieu de venir ici. Je suis persuadée qu’ils
serontintéressésd’apprendrecommenttuconstruistonpetitempire.—Ilslesaventdéjà.LesoiroùJamieafilésanspayer,ilyavaitplusieursflicsdansl’assemblée.Ils
viennentvoirlescombats,parfois.—Génial!Tuconnaisdonctoutettoutlemonde.—Non,pastout.Ilsemetalorsàcaresser lapeausensibledemeshanchesavecsespouces.Sontoucherest légeret
intenseenmême temps. Jedevrais luidired’arrêter.Oui, jedevraisvraiment le faire, saufque jen’yarrivepasparcequejen’enaipasenvie.—Jeneconnaistoujourspastonnom,conclut-il.—Donne-moiuneseulebonneraisondetedirecommentjem’appelle.—Poursavoirquelnomjemurmureraitoutàl’heure,quandjeseraiseul,dansmonlit.—Jedoutequetuteretrouvessouventseul,danstonlit,m’esclaffé-je.—Tupourraisveniretvérifierpartoi-même,propose-t-il,unpetitsourireencoin.Surcesmots,unevibrationnaîtauplusprofonddemoietsefraieuncheminjusqu’à…Hein?Jusqu’àma cuisse gauche ?Une nouvelle vibration court surma peau, et je comprends alors qu’il
s’agitduportabledeRyder,quidoitêtredanssapoche.Gardant une main sur ma taille, il sort son téléphone de son jean et décroche. J’entends une voix
étoufféeémanerducombinéettournelégèrementlatêteverslebureaudeRyder.Ilyrègneunvraichaos.Commentilfaitpours’yretrouver,seulDieulesait!Ilyaunrelevébancaireàcôtédelapiledecequisembleêtredesfactures,etplusieursdizainesdeticketsdecaissesontéparpilléssurunegrandepartiedela surface. Posé dans un autre coin du bureau en désordre, il y a un cahier ouvert, et je parviens àdiscernerunelistedenomscouvranttouteunepage.Àcôtédechaquenom,ilyaplusieurssymboles–desplusetdesmoins–,etmacuriositévireàl’appréhension.S’agit-ildelalistedescombattantsoudesparieurs?Certainsd’entreeuxontpleindepetitsmoinsalignésderrièreleurnom,cequinedoitpasêtrebonsigne.—QuelfilsdeputeceBrightfield!s’exclameRyder.Bon,apporte-moitouslespapiersiciettâchede
nepastefairechoperavec.Lecomptables’estfaitcoffrer,évitedefinircommelui,OK?Lavoixàl’autreboutdufilmarmonnequelquechosed’incompréhensible,etRyderpousseunsoupir
avantderépondre:— Tu n’es pas expert-comptable que je sache ? Voilà, on est bien d’accord. Il n’y a rien à faire.
Rapporte-moilesdossiersauplusvite,etc’esttout.Ilraccrocheetrangesonportabledanssapocheenrefermantlesjambesautourdesmiennes.Iltourne
ensuitelatêteetpassenerveusementlamaindanssescheveuxavantdeleverlesyeuxauciel.—Toutvabien?demandé-je.—Non,pastrop.—Jesuissûrequetesamisdelapolicepourrontt’aider.—Jen’airienàvoirdanscettehistoire.C’estmoncomptablequiamerdédanssafacturation.—Tuveuxdirequetunetrafiquespastescomptes?m’étonné-je.—Ehbien,non,figure-toi!Ilyadesrèglesquetoutlemondedoitsuivre,mêmemoi.(Ilselève,et
sontorsem’effleurelapoitrinedanslemouvement.)Bienévidemment,jepréfèredeloinêtreceluiquifixelesrègles,mais,queveux-tu,onnepeutpastoutavoirdanslavie.Sesdoigtsenserrentmespoignets,etjedéglutisavecpeine,sentantlachaleurdesoncorpsenvelopper
lemien.Putain,Cass!Ressaisis-toi!Àcontrecœur,jefaisunpasenarrière,etRydermelâchelesmains.— Je peuxm’occuper de ta compta, proposé-je sur un coup de tête en croisant son regard. J’ai un
diplômeencomptabilitéet je faisais lacomptadugaragedemonpère.Leschiffresn’ontaucunsecretpourmoi,etjesuisunepersonnedeconfiance.Enplus,tun’aurasmêmepasàmeverserdesalaire.MontravailrembourseraladettedeJamie.—Commec’esttouchant!Lagrandesœurquivoleàlarescoussedesonp’titfrère.—Iln’apas10000balles,Ryder.Etilesthorsdequestionquetuprennesmamaison.Ilcroiselesbrasetsembleréfléchirquelquesinstants.—Pourquoiest-cequetufaisça?demande-t-il.Pourquoituleprotèges?—Parcequec’estmonfrèreetquejesuisloyaleenversmafamille.—«Loyale»enverslestiens,vraiment?Danscecas,oùétais-tuquandils’estembarquédanscette
aventure?Pourquoitun’asrienfaitpourl’enempêcher?—J’étais…(Jemarqueunepauseenréfléchissantcommentformulermaréponse.)J’étaisailleurs.—Enprison?Enquelquesorte,oui.Ilplaisante,maisçanemefaitpasrire.—J’étaisenEurope.—Unvoyageautourdumonde?
—Non.—Pourpercerdanslemannequinat?—Encoremoins,rétorqué-jeenriant.—Pourvendretoncorpsentouteimpunitéalors?Tusais,inutiled’alleràl’autreboutdelaterrepour
lefaire:laprostitutionestlégaledansplusieursÉtatsd’Amérique.—Oui,jesais.Etpourrépondreàtaquestion:non.—Etpourquoituesrevenue?Jeplisselesyeuxetsoupireavecexaspération.—J’avaisbesoindechangement,d’unnouveaudépart,quoi.—Maiscen’estpaspourcetteraisonquetuespartievivreenEurope?—Qu’est-cequeçaaàvoiravecJamie?demandé-je,lesdeuxmainssurleshanches.— Si les rôles étaient inversés, est-ce que ton frère ferait la même chose pour toi ? Est-ce qu’il
reviendraitauxÉtats-Unispoursauvertapeau?Jecroispas,non.Et,situveuxmonavis,c’estvraimentpasjusteenverstoi.—Lavien’estpastoujoursjuste.Ryderretournederrièresonbureauenenlevantsavesteavantdes’installerdanssonfauteuil.Ilpose
ensuitelescoudessurlebureauetappuielementondanssesmains.Letissudesachemiseestassezfin,etjedistinguelefameuxtatouagesoussamanche.Ondiraitqu’ilrecouvrel’intégralitédesonbrasdroit.RyderCole,l’hommeauxdeuxfacettes:hommed’affaireslejouretbadboylanuit.—Tuesvraimentsûredetoi?s’enquiert-ilenfin.—Celaveut-ildirequetuacceptesmaproposition?Ilcroiselesmainsderrièresatêteenselaissantallercontreledossierdesonfauteuil.—Toutdépendsitumedonnestonnomoupas.—Cassie, jem’appelleCassie, réponds-jeprécipitamment en contournant lebureau.Alors,marché
conclu?Jeluitendslamaindroite,et,àmongrandsoulagement,ill’accepte.Sapoigneestferme,maisjesuis
surpriseparlasouplessedesapaume.—Demainmatin,9heures.Etnesoispasenretard.Tutravaillerasici,danslebureau.—Avectoi?—Çateposeunproblème?—Non,non,bredouillé-je.Je regarde autour demoi. La pièce est assez spacieuse, néanmoins il n’y a qu’un bureau et qu’une
chaise.Ilyaégalementpleindecartonsquiencombrentlesolsansparlerdesdocumentssurlebureau.—J’ai justepeurque lebureaune soitpasassezgrandpournousdeux,cequipourrait rapidement
nuireànoscapacitésdetravail,ajouté-je.Rydertournesonfauteuilversmoi,satêteàlahauteurdemonbassin.—Net’enfaispas,jemedébrouilletrèsbienmêmedanslesendroitslesplus…étriqués,commente-t-
ilavantdeleverlesyeuxversmonvisage.Lesourirequ’ilm’adressefaitimmédiatementgrimpermatempératurecorporelledequelquesdegrés.TravailleravecRyderColeprometd’êtretrèsintéressant.
6
Cassie
—Nan!T’espassérieux?gloussé-je.—Si,répond-ilenhochantlatête.CashRyanGardner,pourvousservir.—Tuauraisdûbosserdanslacomptaavecunnompareil,dis-jeenriant.—Mêmepasenrêve!J’aipasenviedecompterlepognon.Jepréfèrenettementpayerquelqu’unpour
qu’illefassepourmoi.—C’estpasbête.J’enregistre lebilancomptablesur l’ordiportableaumêmemomentoùCashposeunebière,quine
pouvaitpasmieuxtomber,devantmoi.Çayest,jeviensdeterminermapremièresemaineentantquecomptabled’Altitude,etjedoisavouer
que je suis plutôt satisfaite. Ryder me paie 20 dollars de l’heure, ce qui veut dire que je pourrairembourserladettedeJamied’iciàtroismoisenviron.Enfin,troismoissionnecomptepaslesintérêts.Aumoins,jepeuxboireàl’œil.JesourisàCashenlevantmabièreversluiavantd’avalerquelquesgorgées.Enplusd’êtrelebarman
d’Altitude,ilestégalementl’undesassociésdeRyderdanscebar.Etj’aitrèsvitecomprisqu’iln’étaitpasderrièrelecomptoirpourrien.Toujourssouriantetcharmeur,ilseliefacilementd’amitiéetpoussesubtilementàlaconsommation.Etpuis,soyonshonnêtes,ilesttrèsagréableàregarder.C’estd’ailleurslaraisonpourlaquellejepréfèretravaillerinstalléedansuncoindubarplutôtquedanslebureau.Bon,OK,cen’estpasl’uniqueraison.Delàoùjesuis,jepeuxégalementreluquerRyderquipasselaplupartdesontempsdanslasalle.Mabièreentrelesmains,jetournelégèrementlatêteendirectiondeRyderetdeJackson–unautre
associéduclub–,quiétudientdesschémaséparpilléssurlatable.Jacksonestarchitecte,etc’estluiquia dessiné les plans du nouveau bar que Ryder, Cash, lui et un autre mec, Parker, comptent ouvrirprochainement.Parkerestlequatrièmeassociéd’Altitudeet,sij’aibiencompris,iltravailleàNewYorkmaisdevraitbientôtrevenirvivreàAtlanta.Quoiqu’ilensoit,aujourd’huiestmonjourdechance,carcesmessieurstournentledosaubar,cequi
signifiequejepeuxmaterleursfessesmuscléesetleurslonguesjambessolidesentouteimpunité.IlvadesoiquejepréfèrecellesdeRyder.Lesféesquisesontpenchéessursonberceaul’ontdotédelaplusbellepairede…—T’asfaim?medemandeCash.Jereportemonattentionsurlui.—Non,pasvraiment.—T’es sûre ?Parceque j’aurais juré apercevoirunpetit filetdebaveaucoinde tabouche il y a
quelquesinstants.Jelèvelesyeuxauciel.—Tun’esqu’untroglodyte!—Houla!s’exclame-t-ilenlevantlesmainsensignedereddition.J’ignorecequeçaveutdire,mais
siçapeutmevaloirlemêmeregardquetuviensdelancerauxdeuxzigotos,là-bas,jesuispreneur.—Netefaispasd’illusions,réponds-je,unlégersourireencoin.«Troglodyte»estletermeofficiel
pourl’hommedescavernes.À cet instant, Jackson s’approche de nous, les plans roulés sous son bras. Il s’installe au bar, à
quelquestabouretsdemoi.Ducoindel’œil,j’aperçoisRyder,devantlaported’entrée,sontéléphoneàl’oreille.CashposeunverredevantJacksonetyverseunoudeuxdoigtsdewhisky.—Merci,dit Jackson.Prépares-enunpourRyderaussi, jepensequ’ilvaenavoirbesoin.Unedes
serveusesvientdel’appelerpourleprévenirqu’ellenepourrapasvenirbossercesoir.—Quiça?l’interrogeCash.— Je sais pas, réplique Jackson avant de boire une petite gorgée.Moi, je ne suis que l’architecte.
C’estRyderquigèrelepersonnel.Sur cesmots, Jackson se tourne versmoi et lève un sourcil sceptique en regardantmon ordi et la
montagnededocumentsàcôté.—J’ignorecequetufais,maisjenet’enviepasdutout,marmonne-t-il.Çafaitbeaucoupdedossiers,
toutça.—ElleremplaceBrightfieldquis’estfaitserrerparlesflics,l’informeCashavantmêmequej’aiele
tempsd’ouvrirlabouchepourrépondre.—Euh…excuse-moi,mais jepensequesaquestions’adressaitàmoi,annoncé-jeendescendantde
montabouretetenfusillantCashd’unregardfaussementcourroucé.JemedirigeversJacksonetluitendslamain.—Cassie,enchantée.—Ravidefairetaconnaissance,Cassie,mesalueJackson,toutsourires.Toutepersonnequiarriveà
clouerlebecàCashestlabienvenueici.Jepensequ’onvabiens’entendre.—Sympapourmoi,pesteCash,toutenprenantleverredeJacksonetenlevidantdesoncontenu.—Bon,bah ilne te resteplusqu’àm’enservirunautre,monpote,déclareJacksonavecunepetite
mouecontrariée.Jeregagnemaplaceetnepeuxm’empêcherdesourire.Çafaitlongtempsquejenemesuispassentie
aussi bien, aussi à l’aise, avec un groupe de personnes. J’aime bien la dynamique qu’il y a dans larelationquasifraternelleentreRyder,CashetJackson,etquiapportecepetitjenesaisquoiàl’endroit.RyderprétendnepascomprendrepourquoijeveuxpayerlespotscassésdeJamie,maisjesaisqu’au
fonddeluiilenconnaîtparfaitementlaraison:ilestaumoinsaussiloyalenverssesamisquejenelesuisenversmonfrère,et,àmaplace,jesuispersuadéequ’ilauraitréagicommemoi.Tiens,enparlantduloup…Lessourcilsfroncés,Ryders’avanceversnous,et,unefoisn’estpascoutume,jeluijetteunregarden
coin,lescilsbaissés.J’adoresonstyle:chemiseblancherentréedansunjeannoirtaillebasseetvestequimetenvaleurses
largesépaules.Samâchoireestombréed’unebarbenaissante,etsescheveuxsontenbataille,commes’ilnelesavaitmêmepasbrosséscematin,ausautdulit.Nonpasquejesacheàquoiilressembleausautdulit.Çanem’intéressemêmepas.Pasdutout.—Onestàcourtdepersonnelpourcesoir,annonceRyderenacceptantleverredewhiskyqueluitend
Cash.Tuvasdoncdevoirmettrelesbouchéesdoubles.C’estlemomentdesortirtonWonderbra,mec.CashsesertunverreàsontourettrinqueavecRyder.—Pasdesouci!Onmedittoutletempsquejesuisàcroquerensous-vêtement.(Ilsetourneversmoi
etmefaitunclind’œil.)Etmêmesanssous-vêtement,ajoute-t-il.Surtoutsanssous-vêtement.—Merci pour l’info, marmonné-je en feignant l’indignation. Et surtout merci de m’avoir gâché le
week-endaveccetteimage.—Arrêtededistrairenosemployés,Cash,l’enjointRyderenportantleregardsurmabièreàmoitié
vide.Tupicolespendantlesheuresdetravail?—Jetesignalequ’ilest17heurespassées,répliqué-jeenprenantmonverrepourboireunegorgée
d’une lenteur délibérée avant de le poser devantmoi. Je ne suis plus ton employée techniquement, dumoinspasjusqu’àlundimatin.Ryderhausseunsourcilets’approchedemoi.Ils’installesurletabouretàcôtédumien.—Tantque tu esdansmonclub…(Savoixestbasse etprofonde, et je sens commedes étincelles
courirsurmapeau.)avecmesdossiersdecompta,tum’appartiens,tigresse.Ilprendmonverre,etnosdoigtssetouchent.Sansromprelecontactvisuel, il tourneleverredanssamain,desorteàmettreses lèvresaumême
endroitquemoi,et levided’untraitavantde lereposersur lecomptoir.Pourmoi,c’estcommesionvenaitdes’embrasser.Saufquecen’estpasdutoutlecasetqueçam’emmerdequecenelesoitpas.Qu’est-cequim’arrive?—Quinousalâchésauderniermoment?demandeCash.—Rachel,ditRyderenportantsonattentionsurlui.Apparemment,elleachopéunegastroouuntruc
danslegenre.—OnpeutappelerTrishouKatieàlarescousse,non?proposeCash.—KatieremplacedéjàTrishparcequecelle-ciaprisquelquesjoursdecongé.—Onapasmalde résas,cesoir.Çavaêtrechaudde toutgéreravecunepersonneenmoinspour
s’occuperdestables.Ryderlèvesonverredewhiskyverslui.—Merci,Cash,toujoursaussidouépourtrouverlesmotsqu’ilfautquandilnelefautpas.—Heureusementquejepeuxtoujourscomptersurmonphysique,rétorque-t-ilensouriant,cequifait
apparaîtredeuxfossettessursesjoues.Jacksonmecontemplequelquesinstants,l’airpensif.—Tuasdesprojetspourcesoir,Cassie?m’interroge-t-il.Çatediraitdetefairequelquesbilletsen
plus?Ryderseretourneversluiensecouantlatête.—Depuisquandtut’occupesdesembauches?—Oh,çanecoûteriendeluidemander!Enplus,elleestcomptable,ellen’auraaucunmalàcalculer
rapidementlemontantdelamonnaieàrendreauclient.—Ellenefaitpaslescalculsdetête,rétorqueRyder.Ellesesertdel’ordipourça.—«Elle»estjustelà,lesmecs,lancé-je.Mercidelatraiteravecunpeuplusderespect.Ryderglousseavantdedéclarer:—TUnefaispaslescalculsdanstatête.TUtesersdel’ordipourça.Jerabatsfermementl’écrandel’ordinateurportable.—Vérifionsça.—OK,puisquetusemblessisûredetoi.Iltapotesurquelquestouchesdesontéléphone.—Centcinquante-deuxplustrente-septplusquatre-vingt-quatre?—Deuxcentsoixante-treize,réponds-jedutacautac.Iltapotedenouveausursonclavier.—Retirecettesommeàcinqcents.—Deuxcentvingt-sept.
—Divisépartreize?—Tuveuxcombiendedécimales?—Autantquetuveux.—Dix-septvirgulequatrecentsoixante-deux,annoncé-jeengratifiantRyderd’unsouriremielleux.—QuetousceuxquisontpourqueCassieremplaceRachelcesoirlèventlamain!s’exclameCashen
levantlasienne.Jacksonfaitdemême,mais,bienévidemment,Ryderrestestoïque.— Ta petite démonstration est impressionnante, vraiment, m’assure-t-il, mais nos serveuses sont
plus…réputéespourleurphysiquequepourleurscapacitésencalculmental.—Jetedemandepardon?Aussitôt, jesouhaitepouvoirreprendre lesmotsque jeviensdeprononcer. Ilestvraiqueceque je
porteaujourd’hui–unvieuxpantalonbaggyquitraînaitdansmonarmoireetunhauttoutsimplequi,toutàcoup,ressembleplusàunsacàpatatesqu’autrechose–nejouepasenmafaveur,bienaucontraire,même.—Ilauraitputeledireautrement,maisiln’apastoutàfaittort,déclareCashd’untonconfus.Nele
prendspaspour toi,c’est justequelesclientsont tendanceàdépenserplusquandlaserveuseest…tusais,quoi.—Oui,exactement,acquiesceRyderenhochantlatête.Jebaisse lesyeuxsurmonhautetmonpantalon.OK, ilsnesontpassexy,mais j’aiaussibeaucoup
d’autresvêtementschezmoi.Bon,pastantqueçaenréalité,çafaitdeuxansquejen’aipratiquementrienacheté,maislemomentestvenuderemédieràcela.Ilyaunpetitcentrecommercialsurlechemindelamaison. Je ne verrai pas la couleur de l’argent que je gagnerai ce soir,mais je peuxquandmêmemepermettre une petite virée shopping. Il me reste encore assez de liquide. Règle numéro un lorsqu’ondécidedefuirsonanciennevie:prévoirassezdefricpourpouvoirlefaire.—Vousouvrezàquelleheure,cesoir?Jem’adresseexprèsàCashetremarquequeRyderplisselesyeuxd’unairnarquois.—Vingtheures,répondCash.—OK,jevousdisdoncà20heures,déclaré-jeenrassemblantmesaffairesavantdemelaisserglisser
demontabouret.Ah,etjustepourinfo,ilestfortprobablequevousnemereconnaissiezpasétantdonnéquejevaisdevoirprocéderàunrelookingextrêmeafindeservirdesverresselonvoscritères.Pourinfo,jeserailaserveusebombassequi,enplusdeslalomerentrelestables,excelleencalculmental.(JeleuradressemonplusjolisourireetmepencheversRyder.)Et,contrairementàCash,jen’auraipasbesoindeWonderbrapourmefaireremarquer,luichuchoté-jeàl’oreilleavantdetournerlestalons.
7
Cassie
Petitàpetit, jemerendscompteàquelpointmavieavecSebastianàLondresétait incroyablementennuyeuse.Jeneconnaissaispersonnelà-baset jen’ai jamaiseu l’occasiondemefairedesamis,unefoissurplace.J’aipeinéàobtenirunvisadetravailquinem’ajamaisservietjesuisrapidementtombée–ou,plutôt,Sebastianm’aenfermée–dansuneroutinequis’estrapidementtransforméeenenfer.Ensomme,j’aimismaviesur«Pause»pendantdeuxanset,cesoir,j’aienfinappuyésurlatouche
«Lecture».Jamaisjen’auraiscruquetravaillerpouvaitêtreaussidivertissantetrelaxantàlafois.Jen’aimême
pas l’impressiondebosser, jem’amuse, comme lesclientsautourdemoi.Enfin, je revis et ça faitdubien.Je suis arrivée àAltitude un peu avant 20 heures, et, comme il n’y avait pas encore beaucoup de
monde,Jacksonm’aproposédememontrerlescuisines.—Tupourrasprendreunepausepourmanger,m’a-t-ilinforméeenmetendantl’assiettedefritesqu’il
étaitentraindepicorer.Mais,siRydertedemandequelquechose,jenet’airiendit.Unefois le tourdescuisinesterminé,Cashm’aexpliquécommentfonctionnait lacaisseainsiquele
lecteurde cartebancaire,nepouvant s’empêcherd’admirermondécolleté toutes les cinq secondes. Ilfautdirequelepetithautnoirquej’aidégottémetmapoitrineenvaleursanspourautanttropenmontrer.Jeneplaisantaispasquandj’aiditàRyderquejen’auraispasbesoindeWonderbra.—Pourquoitunet’habillespascommeçatouslesjours?m’ademandéCashens’adressantsurtoutà
messeinspendantquej’attendaisqu’ilmepréparequatreshotsdetequilapourmespremiersclients.— Parce que les hommes oublieraient très vite qu’en plus d’avoir une belle paire de nibards j’ai
égalementuncerveau.Etpuisjenevoudraispasêtreunedistractionsusceptibledetedétournerdetontravail,ai-jeréponduencoinçantlespoucesdanslespassantsdemonnouveaujeanmoulant.—Oh,jen’auraisriencontreça!arétorquéCash.—Moisi,asignifiéRyder,apparaissantdenullepartderrièremoi.Il arborait une expression indéchiffrable,mais n’a pas pu s’empêcher dem’examiner de la tête aux
pieds.—TucomptesservirlesclientsoutupréfèrespasserlasoiréeàflirteravecCash?s’est-ilenquisen
s’accoudantaubar.—Dis-moi:çat’arrivederigolerparfois?ai-jemarmonnéendisposantlesshotssurmonplateau.—Oui,cependant,onn’estpaslàpourrigoler,tigresse,maispourbosser.—Danscecas, tâchedenepasmatermonderrièrependantque jesers lesclientsparcequecene
seraitpastrèspro,l’ai-jeinforméenpivotantsurmesnouveauxtalonsaiguillesavantdemedirigerversundesboxoccupés.Sebastianétaittrèsjaloux.Bienévidemment,ilrefusaitdel’admettre,maissaréactionparlaitd’elle-
mêmequandunautrehommeavaitlemalheurdeposerleregardsurmoi.Lepire,c’estqu’ils’enprenaittoujoursàmoi,commesic’étaitmafautesil’épiciermesouriaitquandjepassaisàlacaisseouquele
mecassisàcôtédemoidanslemétromeregardaitàladérobée.«Cen’estpasquejemanquedeconfianceenmoi,disait-ilavecsonaccentbritanniquequejetrouvais
incroyablementsexyàl’époque.Cesontceshommesquionttropconfianceeneux.»Rapidement,ilacommencéàremettreenquestionlafaçonquej’avaisdem’habiller,surtoutlorsqueje
portaisune robeouune jupe. Il voulait à toutprixmecouvrir les épaules, lesbras, les jambes…Mecacheraumondeentier.Jesecouelatêteenessayantdechassercessouvenirs.Sebastiann’estpaslà,etilesthorsdequestion
qu’ilmegâchecettesoirée.Ilestdésormaisminuitpassé,etlebarestpleinàcraquer.LapistededanseestnoiredemondeetlamusiqueplusforteetentraînantesibienquelesgenssetrémoussentégalementautourdeleurstablesetdanslecarréVIP.L’alcoolcouleàflots,etquandunclientestsatisfaitetéméchéilnelésinepassurlespourboires.Siçacontinuecommeça,jepourrairembourserladettedeJamieplusvitequeprévu.—Commentas-tu réussi à teglisserdansce jean?medemandeunclientpendantque j’attendsma
nouvellecommandeaubar.—Enyinsérantlajambedroite,puislagauche,répliqué-je.—Jeseraisravidet’aideràl’enleverplustard.—Jepensequed’icilàtunetiendrasplusdebout.—C’estpasgrave!Unjean,ças’enlèveaussienpositionallongée,tusais.Jenepeuxm’empêcherd’éclaterderire.Ilaclairementuncoupdanslenez,maisilestmignonetça
faittoujoursdubienàl’egodesefairedraguer.Merci,maisjepréfèrequecesoitRyderquis’encharge.Hein?Çasortd’oùça?Jenel’aitoutdemêmepaspenséàhautevoix…Si?Jeprendsmonplateauetm’apprêteàfendrelafoulecompactepourrejoindrelatableàservirquand
j’entendsRyderm’appeler.Jemeretourneversl’autreextrémitédubaretcroisesonregard.Ilposesonverredewhiskyetmefaitsigned’approcherenremuantsonindex.Sanstropréfléchir,jem’exécuteetj’entameunvéritableparcoursducombattant–sansrenverserune
seulegouttedesboissonssurmonplateau–,avantd’arriveràsahauteur.Ilaretirésavesteetroulélesmanches de sa chemise blanche au-dessus des coudes.Mon attention est immédiatement attirée par letatouageauxcouleursvivesquisoulignedavantagelemuscledesonavant-bras.Tropsexy.—Oui,monsieurCole?—Enfintumemontresunpeuderespect.—Jenem’yhabitueraispastropsij’étaistoi.—Jeferaismieuxdeprofiterdel’instantprésentalors.Ilaccompagnesadéclarationd’unsourirequifaitbattreunpeuplusfortmoncœur.—Tuvoulaisquelquechoseoutum’asappeléejustepourmedistrairedemontravail?demandé-jeen
reportantmonpoidssurunejambed’unemanièrequej’espèrenonchalante.—Alorscommeçajetedistrais?Ilsepencheversmoi,etsonparfum,unmélangedecèdreetdecitron,mesubmerge.Ilsentdivinement
bon.—Neteflattepas,murmuré-je.—Ettoi,faisplusattentionauxcommandes,rétorque-t-ilenprenanttroisolivespiquéesdansuncure-
dentdansleboldel’autrecôtéducomptoiravantd’enplongerunedanschaqueMartinisurmonplateau.Jeleregardefaireavantderencontrerdenouveausonregard.—Tuvois,c’estpourtantpasdur,déclare-t-il.—Oui,c’estvrai.Celadit, je suisbeaucoupplus réactivequand il s’agitde releverdesdéfisplus
dursqueça.Jebaisselentementlesyeuxsursontorse,sonventreetsonentrejambe.Quandjerelèvelatêtevers
lui,ilm’observetelunchasseurauxaguets.—Tujouesaveclefeu,tigresse.—Çatombebien,j’aimebienvivredangereusement.—Tuesbien conscienteque, si tu t’engagesdans cettevoie, il n’y aurapasde retour en arrière ?
m’avertit-il,sonregardbleupleindemalice.Jemepenchealorsverslui,jusqu’àcequemeslèvressoientàquelquesmillimètresdessiennes.—Jefinistoujourstoutcequej’entreprends,monsieurCole.Sansattendre,jemeretourneetmediriged’unpasassuréverslatablequiacommandélesMartini.Je
sensson regard jauger l’ondulationdemeshanchesquand jem’éloigne,etmoncœurvaprobablementbondirdemapoitrined’unmomentàl’autre,maisjesuisbiendécidéeàn’enrienlaisserparaître.Ons’estembarquésdansuneguerredesnerfssansmerci.J’ensortiraiperdante,j’ensuisparfaitement
consciente,mais,étrangement,cen’estpaspourmedéplaireétantdonnéquej’ensuiségalementl’enjeuprincipal.
8
Ryder
Cassiedisparaît,engloutieparlafoule,laissantuntasd’imagesérotiquesdanserdansmatête.Sans trop demal, je l’imagine à genoux, entre mes jambes, arrondir ses lèvres douces et chaudes
autour de mon gland et m’absorber sur toute ma longueur pendant que j’enfouis mes doigts dans sesbouclesblondes.Jemevoisprendresesseinsparfaitsencoupeettitillersespointessensiblesdesdoigtsavantdeluisaisirunemainetdelaguiderentresescuissespourqu’onfrôle,ensemble,sa…—Allô,laTerreappelleRyder.JemetourneversCashetluijetteunregardconfus.—Quoi?—Tucomptesfinirtonwhisky?Parcequesinon…Toutenparlant,ilprendmonverrepresquevideetl’avaled’unetraite.—Hé,tunem’asmêmepaslaisséletempsderépondre!—T’estroplentàladétente,mec,rétorque-t-il.D’ailleurs,tudevraispasseràlavitessesupérieuresi
tuneveuxpasqu’elletefileentrelesdoigts.—Me«fileentrelesdoigts»?Quiça?Cashpartd’ungrandéclatderire.—Nefaispasl’innocent,Ryder!Tusaistrèsbiendequoi,enfin,dequijeparle.Tuétaisentrainde
luifairepleindetrucscochonsdanstatête,c’étaitévident.Vas-y,fonce,qu’est-cequetuattends?Elleestbelle,sympaetintelligente.Unpeutropintelligentepourtoi,situveuxmonavis.—T’as fumé lamoquette ou quoi ? répliqué-je, légèrement sur la défensive. J’étais juste en train
d’expliquerànotrenouvelleemployéecommentfairecorrectementsonboulot.—Oui,enl’imaginanttoutenue.—N’importequoi,marmonné-jeensecouant la tête.Jepenseque tuprojettes tonmanqued’activité
sexuellesurmoi.—Ah,pasdutout!Pourtagouverne,j’aibaiséavecKatiedanssavoituretoutàl’heure,avantson
service.Mescouillessontdoncvides,alorsquejesoupçonnelestiennesd’êtrepleinesàcraquerdepuisunpetitmoment.—Katie?NotreserveuseKatie?—Ouais,répondCashenhaussantlesépaules.Maist’inquiète,notrerelationestpurementsexuelle.
Commeelleeststresséeàcausedesescours–elleestétudianteenmédecine–,jel’aideàdécompresser.—Quec’estnobledetapart!dis-jeavecironie.—Bahoui, jefaisdumieuxquejepeuxpourmaintenirnotrepersonnelautop.Enparlantdeça, je
veuxque tusachesque jene tenterai rienavecCassie.En revanche, jenepeuxpasendireautantdesautresmecs.Il fait un signe de la tête en direction de la foule, et je suis son regard. J’aperçois immédiatement
Cassiequis’estfaitalpaguerparungroupedeclientset,àencroirelestroiscoupesdeMartinitoujourspleinessur sonplateau,ellen’apasencoreservi sa table.Undeshommespasseunbrasautourdesa
taille,etellerigoleensecouantlatêteavantd’esquiverlepetitgrouped’unmouvementhabileetdesedirigerverslatable.Sanssurprise,touslesmecsàcôtédesquelsellepassebraquentleursregardssursesfesses.Je hoche pensivement la tête. Leur réaction est compréhensible. Le derrière de Cassie est tout
bonnementparfait.Ses jambesaussi, longueset fines.Jepeuxpratiquement lessentirnouéesautourdemoncoupendantque…—Cassie estune femme très attirante,déclaré-je, interrompantmes rêveries fantasques. Je suis sûr
qu’elleal’habitudedesefairedraguer.—Ah!s’exclameCash.Tulatrouvesdoncattirante.—Oui,toutcommejetrouveKatieattiranteaussi.Cebarpossèdecertainsstandards.Situregardes
autourdetoi,tuverrasquetouteslesnanasprésentesicisont,ellesaussi,plusattiranteslesunesquelesautres.—Amen!proclameCashenmeresservantunverredewhisky.C’estlamaisonquirégale.—Turemercieraslespropriosdemapart,dis-jeavantdevidermonverreculsec.Et,sinon,çafait
longtempsquetucouchesavecKatie?—«Coucher»n’estpeut-êtrepasletermequej’emploierais,annonceunevoixfémininederrièremoi.L’instantd’après,Katieapparaîtàmescôtésetposesonplateauvidesurlecomptoir.Petite etmince, elle a le teint clair et des cheveux noirs coupés au carré. Elle n’a jamais travaillé
commeserveuseavantqu’on l’embauche,maisellearapidementappris lesficellesdumétier.Elleestmêmenotremeilleure serveuse.Toujours souriante, ellegère le serviceavecuneefficacitéadmirable.Ellenesetrompejamaisdanssescommandesetsaitcomments’yprendreaveclesclientséméchéset/outropentreprenants.Jenedoutepasqu’elleseraunmédecinhorspair;elleaimelecontacthumainetaaussiuneffetrassurantsurlesgens.«Soisbelleetsouris,maisnetelaissepasfaire»,voilàleconseilqu’elledonneauxautresserveusesetquifaitquetoutmarchecommesurdesroulettesauclub.—«Coucher», reprend-elleensepenchantversmoi,çafait tropsérieux.Onnefaitquebaiser.Et
Cashm’aassuréqueçaneposaitaucunproblèmeconcernantleboulot.—Oui,tantqueçanedevientpasmonproblème,déclaré-je.—Tun’asrienàcraindre,merassureKatieenfaisantungestedelamain.C’estjustequelescoursde
chimieorganique sont unvéritable enfer, etCashm’aide àme changer les idées entre deux révisions,c’esttout.—Tonprochainpartieldanscettematière,c’estenoctobre,non?s’enquiertCash.—Ouais,maisçava,lescourscommencentdoucementàrentrerdansmatête,jeneteprometsdonc
rien.—OK,entoutcastusaisoùmetrouversi jamaistuasbesoin.Çaseraitdommagequetuperdesta
bourse.—Mercidet’inquiéterautantpourmoietmabourse.Ettesboursesaussi,jesuppose,s’esclaffeKatie.
TumepréparestroiswhiskysCocaetunevodkatonic,s’ilteplaît?—Tiens,Katie,qu’est-cequetupensesdeCassie?l’interrogeCashenmettantlesglaçonsdansles
quatreverresqu’ilaalignésdevantlui.—C’estcellequiremplaceRachel?Elleal’aircooletelleapprendvite.Pourquoi?Elleaussi,tu
veuxl’aideràsechangerlesidées?—Non, c’estpaspourmoique jedemande,maispourunpote,dit-il enposant lesboissons sur le
plateauavantdemedesignerdelatête.—Lâche-moilagrappe,Cash.—Alors,commeça,Cassiet’atapédansl’œil,observeKatieavecunlargesourire.
—Mêlez-vousdevosaffaires.—Jecroisqu’onatouchéunecordesensible,Cash.—Jecroisquetuasraison,Katie.Àcesmots,Cashs’éloigneversl’autreextrémitédubarpourservirunclient.—Allez,fonce,fais-toiplaisir,m’encourageKatie.—Merci,maisjenemerappellepast’avoirdemandétonavis.—Ellet’attire,avoue-le.—Beaucoupdefemmesm’attirent,Katie.—Uneenparticulier?Jemeredresseetcroiselesbras.— Je possède ce bar et j’ai une réputation dans cette ville. Je peux sauter n’importe quelle nana
présenteicicesoirquandjeveuxetoùjeveux.—Oui,tupeux,maisonsaittouslesdeuxquetunevaspaslefaire.J’ouvrelabouchepourrépondre,maisKatiesoulèvesonplateauets’enva.Bon,OK,ellen’apas toutà fait tort.Oui, jesuisattiréparCassie. J’aimeraisbien l’entraînerdans
monbureau,l’installersurlatablepourfairedescendresonjeanlelongdesesjambesettracerduboutde l’index le contour de sa petite culotte avant d’insinuer deux doigts sous la fine étoffe. Et, oui,j’aimeraisaussim’agenouillerentresescuissesetlalécherencoreetencore,enfouirmalangueenelle,jusqu’àcequ’ellehurledeplaisiretjouissecommeellen’ajamaisjoui.Siellepouvaitaussicriermonnomentredeuxspasmes,çaseraitlatotale.Unefoisque j’aiquelquechoseen tête,c’est trèsdifficiledemefairechangerdedirection.Jesais
donccequimeresteàfaire.
9
Cassie
J’ignorecombiendetempsilmefautpouratteindrelatablequiacommandélestroisMartini.Ilfautdirequeleparcoursestseméd’embûchesmasculines.Jeposeunverredevantchacunedestroisfillesattablées.—Merci,meditl’uned’ellesavecunsourirechaleureux.Elleesttrèsmignonne,dotéed’unebeauténaturelle.Lescheveuxtirésenunesimplequeue-de-cheval,
elleestvêtued’untee-shirtblancetd’unevesteencuirnoiredemotard.—Souhaitez-vousouvriruneardoise?leurdemandé-je.—Non,tupeuxtoutmettresurcelledeJackson,répond-elle.C’estmonfrère,etpuisilmedoitbien
ça.Jerepensetoutdesuiteàladiscussionquej’aieueavecRyder,quelquesjoursplustôt.Jamieaurait-il
vraimentfaitpourmoicequejesuisentraindefairepourlui?Entoutcas,lasœurdeJacksonsemblepersuadéeque son frère réglera sonaddition,qu’ellepeut compter sur lui lesyeux fermés.OK,payerquelquesverresetrembourser10000ballesnesontpastoutàfaitlamêmechose,mais,pourtoutcequitoucheàlafamille,jemedisquequandonaimeonnecomptepas.Dumoins,j’essaiedem’enpersuader,parcequeJamienem’ajamaispayéneserait-cequ’uncoupàboire.—CashfaitlesmeilleursMartiniquisoient,déclarelasœurdeJacksonaprèsavoirsirotéunepetite
gorgéeenregardantunedesescopines.Maisjamaisdelaviejeneleluiavoueraiparce…—Parceque…?ditCashenapparaissantàcôtédemoi,unebièreàlamain?Tuaspeurdegonfler
monego?Ouautrechosepeut-être?Ils’assiedàleurtable,etlasœurdeJacksonrouledesyeuxavantdemangerl’olivedesoncocktail.—Dis,t’aspasunbaràgérer?—J’aiprisunepause,j’aidoncunpeudetempsàvousconsacrer,mesdemoiselles.—Boncourage,lesfilles,gloussé-jeenfaisantunclind’œilàlasœurdeJackson.— Je vois que la nouvelle t’a rapidement cerné,Cash ! s’exclame-t-elle enme tendant lamain. Je
m’appelleShelby.—Cassie,enchantée.—EtvoiciAvery,poursuit-elleendésignantunejoliebrunettequiporteuneminijupe,etRuby.Je reste bloquée quelques secondes sur les cheveux roux flamboyants de Ruby. Comme ses deux
copines,elleaussiestravissante.—Coucou,lessalué-jed’unpetitsignedelamain.—Tuascommencéquandici?m’interrogeShelby.—Cassieremplaceuneserveuse,luiexpliqueCash.Àlabase,elles’occupedeschiffres.Elleestune
comptabletoutcequ’ilyadeplusordinairelejour,mais,unefoislanuittombée,ellesemétamorphoseenserveuseultrasexy.—Unpeucommeunesuper-héroïne,plaisanteShelby.—D’ailleurs,Cassie,situasbesoind’unacolyte,fais-le-moisavoir,ditCash.
—Pourquoi?Tuconnaisquelqu’unqueçaintéresserait?Cashouvrelabouchepuislareferme,etShelbyéclatederire.Ellemereprendlamainpourlaserrer
légèrement,etcegesteaffectueuxm’emplitimmédiatementd’unsentimentdebonheur.—Jepensequ’onvatrèsbiens’entendre,Cassie.AveryetRubyopinentdelatêteensouriant,etjesensmoncœurgonflerdansmapoitrine.Jen’aipas
beaucoupdecopines.Non,enfait,jen’enaiplusaucune,pourêtretoutàfaitexacte.J’ai rencontréSebastian ici,àAtlanta,etçaavraimentété lecoupde foudreentrenous.Dumoins,
c’estcequejepensaisàl’époque.Dèsquej’avaisunmomentdelibre,jelepassaisaveclui.Entremontravaildanslegaragedepapaetlessortiesenamoureux,j’aitrèsvitedélaissémesamies,l’erreurànesurtoutpascommettreparceque,çayest,onaunpetitcopain.Cependant,j’aibienapprislaleçon.—Cassie!Jeretiensmonsouffle.Ryder.C’estpartipourledeuxièmeround.Rienqu’àentendresavoix,monestomacsecontracte.—Tuasdécidéderendretontablierpendantquej’avaislatêtetournée?demandeRyderenseplaçant
àcôtédemoi.—Voyons,Ryder, tu saisquec’est impossibleétantdonnéque ta têteest tournéedansmadirection
depuis tout à l’heure, tu l’aurais donc su tout de suite, rétorqué-je après avoir effleuré ma lèvresupérieureduboutdelalangue.Avantqu’ilaitletempsderiposter,Shelbydéclare:—Çava,Ryder,onétaitentraindefaireconnaissance.—Danscecas,marmonne-t-ilenplongeantsonregarddanslemien, ilseraitpeut-êtretempsquetu
ailles prendre « connaissance » des commandes des autres clients afin qu’on puisse gagner un peud’argentparcequejedoutequeJacksonacceptedepayerunetournéegénérale.—Tiens,Cassie,ditShelbyensortantunbilletde100dollarsdesapochette.C’estmoiquioffrecette
tournée,ettupeuxgarderlamonnaie.Jefaisuncalculrapide.Mêmeencomptantlepourboire,ilyenauraitpour40dollarsaumaximum.—Shelby,c’estbeaucouptrop!—Non,non,c’estbon.Tubossesaveccestyrans,tuméritesamplementchaquedollar.Avecunsourired’autosatisfaction,j’agitelebilletdevantlevisagedeRyderavantdeleglisserdans
lapocheavantdemonjean.Ilbaisselesyeuxsurmamain,etjen’attendspasqu’ilrelèveleregardsurmoi.Jesourisàmesnouvellescopines,puismeretourneetmefraieunchemindanslafoule.J’aipresque
atteintunboxoccupéparplusieursbeauxmecsaussijoyeuxquebruyants,lorsquejesensunemainsurmataille.—Dansmonbureau,toutdesuite,chuchoteRyderaucreuxdemonoreille,sonsoufflechaud.— Je pensais que tu voulais que je m’occupe des clients, protesté-je, inondée par une décharge
d’adrénaline.—Cassie,quijouetropaveclefeufinitpars’ybrûler.Jebrûledéjà.Ilmeprendparlepoignetetm’entraîneverssonbureau.Apparemment,j’aiperduledeuxièmeround.
Etlecombat,aussi.Maisça,jelesavaisdéjà.
10
Cassie
Ryderouvrelaportedesonbureauets’effacepourmelaisserentrer.Ilfaitsombredanslapièce,lalumièredelaruepénètrefaiblementparlesstoresvénitiens.Jem’avanceverslebureauetmeretourneavantdem’appuyercontreleborddelatable,posantles
deuxmainsàplatdessus.—Mesclientsvonts’impatienter,murmuré-jetandisqueRyderfermelaporteets’approchedemoi.—Net’enfaispaspoureux,rétorque-t-ilencouvrantmesmainsdessiennes.Jebaisselesyeuxsurnosmainspuisrelèveleregardverslui.Moncouragemenacedangereusement
dem’abandonner,etjesensmoncœurbattredansmagorge.—Ilfaudraitsavoircequetuveux,balbutié-je.C’estpastoiquim’asditqu’onétaiticipourbosser?—Si,mais,aucasoùtul’auraisoublié,jesuislepatron,donctudoisfairetoutcequejeveux…(Ilse
pencheversmoietm’effleurelecoudeseslèvres.)quandjeleveux.—Et,là,tu…tuveuxquoi?bafouillé-je.— Je veux… (Ses lèvres se posent surma gorge.) que… (Elles glissent lentement plus bas.) tu la
boucles.—Tusaisparlerauxfilles,toi.Ilseredresseetplantesonregarddanslemien.—Jesaisaussifairepleind’autrestrucsauxfilles.Bontédivine!Ilprendmesseinsencoupeetdéposeunemyriadedebaisers,légerscommeuneplume,lelongdemon
décolleté.Puisseslèvrescaressentmonbrasdénudéetmonépaule.Brusquement,j’éprouvelebesoindeletoucher,d’enfouirlesdoigtsdanssachevelureébouriffée,mais,lorsquej’essaiedebougerlesmains,ilm’enempêcheennouantlesdoigtsautourdemespoignets.Soudainement,ilécraseseslèvressurlesmiennes.Jelesouvreaussitôt,etnoslanguesentamentune
sortededansefrénétique.Ilpressesoncorpsfermecontrelemien,etjesenslaligneduredesonérectionsedresserentremesjambes,quej’écarteinstinctivement.Ilprendensuitemalèvreinférieureentresesdents et la mordille jusqu’à me faire presque mal, ce qui fait courir une onde de chaleur entre mescuisses.Lorsqu’ilmecaresseletétonàtraversletissufindemonhautetletitillelentemententresesdoigts,
j’ail’impressiondem’embrasertoutentière.Jemerendsalorscomptequ’unedemesmainsestlibreetjeplantelesdoigtsdanslemuscledesonépaule.Jefaisglissermapaumeverslesboutonsdesachemiseetj’entreprends,tantbienquemal,delesdéfaireunàun.Jenepeuxm’empêcherdepromenermesdoigtstremblantslelongdesontorsenuetmusclé,jusqu’àsescôtes.Brusquement,ilsaisitmamainbaladeuseetlaporteàlafermetureÉclairdemonjean.—Enlève-moiça,marmonne-t-ilcontremeslèvres.—Pourquoi?—Parceque.Àmoinsquetunepréfèresquej’arrête.
Ilestfououquoi?Ilnepeutpasarrêter,pasmaintenant.Jesecouelatête,etunsourirenarquoisapparaîtsurseslèvres.Il libèremon autremain, et je défais la fermeture Éclair avant de faire descendre le jean surmes
cuisses d’un geste maladroit. Je pose une main sur la bosse imposante que forme son érection et lacaresseduboutdesdoigtsavantdesaisirlaglissièredesabraguettepourlafairecoulisser.—Pastouche,dit-ilenécartantmamain.Honneurauxdames.L’instant d’après, ilme prend par la taille,me soulève etme pose sur son bureau. Ilme retire un
escarpinetlelaissetomberparterreavantdefairepareilavecl’autre,puisilfaitlentementdescendremonjeanlelongd’unejambeendéposantunbaisersurchaqueparcelledepeaudévoilée.Quand j’entends mon jean rejoindre les escarpins au sol dans un léger bruissement de tissu, toute
pensée rationnelleme déserte. Jeme fiche des clients qui attendent, des pourboires et de la dette deJamie.Toutcequejeveuxàprésent,c’estfondresousletoucherdeRyder.Ilentrelacesesdoigtsauxmiensetguidenosmainsentremes jambes. Jemecambreensentantnos
indexeffleurermonintimité.—Tuaimesça,tigresse?—Mmmh…—Moiaussi,rétorque-t-ilenaugmentantlapressionsurnosdoigts.Desonautremain,iltiresurledécolletédemonhaut,libérantainsiundemesseins.Ilfaitglisserses
lèvres le longdemagorgeavantde les refermerautourdemon téton tendu. Il lecaressedesa languechaude,etjecontractemonvagin,frémissanted’anticipation.Nosdoigts glissent surmon sexe, taquinantmonclitoris, et je commence àhaleter, despetits bruits
implorantsfranchissantlabarrièredemeslèvres.Lesangbouillonneàmestempes,etlefaitqueRydersembleprendresonpiedautantquemoinefaitqu’accroîtremonplaisir.Jefermelesyeuxafindelaissermesautressensprendreledessus.Jeveuxm’enivrerdel’odeurdesa
peau,m’enflammersousseslèvres,quiemprisonnentlapointedemonsein,etmelaisserbercerparlebruitdubureauquibougeetdesobjetsquiremuentdessus,enrythmeparfaitavecnoscorpsfiévreux.Jamais jenemeseraiscruecapabledemetoucher,commeça,devantquiquecesoit,encoremoins
devantmonpatron.MaisRyderestuncasàpartentière.Lanotiondelanormalitéperdtoutsonsensaveclui.—Je…jenevaispasdurerlongtempssitucontinuescommeça,soufflé-jeenpassantunemaindans
sescheveux.Ilabandonnemonseinpourtracerunsillonhumidedesalanguejusqu’àmonnombril.—Toutvientàpoint…,chuchote-t-ilens’agenouillantentremesjambes.Ilposeleslèvressurmonpubis,puisàlajointuredemesdeuxcuisses.—…àceluiquisaitattendre,conclut-ilenm’écartantdavantagelesjambes.Il tire le tissudemapetiteculottesur lecôtéetmecaresse lesexedesa langueens’accordantaux
mouvementsdemesdoigts.DouxJésus!Çafaisaitlongtempsqu’onnem’avaitpasfaitça.Jegémisetrejettelatêteenarrièretandisqu’uneondedechaleurintensesepropagedansmonventre.
J’ail’impressionquedufeucourtdansmesveinesetmesterminaisonsnerveuses.Cethommedéclencheunetornadeenmoi,unetornadequinecessedes’amplifier,qui…Hein?Quiretombesubitement?J’ouvrelesyeux.Ryderesttoujoursàgenoux,entremescuisses,maisilnemelècheplus.Perturbée, je scrute son expression dans la faible lumière diffusée par l’éclairage extérieur. Il a un
visaged’ange;pourtant,unsourirepresquedémoniaqueétireseslèvres.Jemeredressesurlescoudes.—Nebougepas.Tuestrèsimpatiente,disdonc,mefait-ilremarquer.Puisileffleurel’étoffehumidedemaculotte,etjeréprimeunfrisson.—Àquoiest-cequetujoues?demandé-je.Enfait,jenesaismêmepassij’aiformulémoninterrogationàvoixhauteousijemesuisjusteposéla
questiondansmatête.Étantdonnémonétatactuel,jemesensincapabled’alignerdesmotspourfaireunephrase.—À rien, répond-il, dissipant le doute qui s’est immiscé dansmon esprit embrumé.C’estmoi qui
décide,c’esttout.Ildéposeunlégerbaisersurledosdemamain,quiesttoujourssousmapetiteculotte.—Danstesrêves,protesté-jemêmesimoncorpsnesemblepasdutoutd’accordaveclepeuderaison
quimereste.Auplusprofonddemoi,j’aienviedecapitulersanslamoindrerésistanceetdem’enremettreàlui.
Aprèstout,d’unecertainefaçon,ceseraitenaccordaveclalignedeconduitequej’aiadoptées’agissantde Ryder. Je bosse gratuitement pour lui. Je suis déjà à samerci. Cette réflexion éveille enmoi uneétincellederébellion.Jesuispeut-êtredéjààsamerci,maisçaneveutpasdirequejedoisluirendreleschosesfaciles.Paradoxalement,mamissions’annoncetrèsdifficile,parceque,bon,ilestcanonetquejesuisàmoitiénuesursonbureau.Commes’ilavaitludansmespensées,Ryderretiremamaindemaculotteetlaporteàsabouche.Il
aspiremonindexhumideentreseslèvresetlelècheavidement.—Dis-le,murmure-t-il.Dis-lequec’estmoiquidécide.Oui,oui,oui,c’esttoiquidécidesdetout.Ilenroulelalangueautourdemondoigt,etjeressensunlégerspasmed’excitation.Résiste,Cassie.Résisteencoreuntoutpetitpeu.—Non.Jamaisdelavie.—Dis-le.Illibèremondoigtetm’embrasseungenou.Mesjambesencotonpendentlelongdubureau,etlecontactdeseslèvresdescendantsurmonmollet
mefaitfrissonner.—Tuenveuxplus,Cassie.Jelesens.Salangueexperteglissedansleplidemonaine,d’uncôté,puisdel’autre,lelongdel’étoffedema
culotte.Jevaisexplosers’ilcontinuedemetourmentercommeça.—Ettuaurascequetuveuxdumomentquetusuismesrèglesàlalettre,poursuit-il.Quand je suis partie de Londres, je me suis fait la promesse solennelle de ne plus jamais laisser
quiconquemedictermaconduite.Mavie,mesrègles.Maislà,avecRyder,cettepromessen’aplusaucunsens.Cethommeébranlemesrésolutionsd’unsimplecoupdelangue.Oh,etpuismerde!—Oui…,marmonné-je.—Oui,quoi?Ilinsinuedeuxdoigtslégèrementenmoi,etmoncœurmanqueunbattement.—Oui,c’esttoiquidécides…,espècedeconnard.—Enfin,nousyvoilà.C’estçaquej’appréciecheztoi,tigresse:tunepratiquespaslalanguedebois.
Maisréfléchisunpeu:sij’étaisvraimentunconnard,est-cequejeferaisça…Il accompagne ses paroles d’une caresse le long de l’intérieur demes cuisses avant de passer les
poucessousl’élastiquedemaculotteetdetirerdoucement.Ilmel’enlèveetlajetteausol,puisplongelalangueenmoietsemetàdécriredescerclesautourdemonclitoris.Quandilposeleboutdesalanguedessuset lepresse, j’enfonce lesdoigtsdanssoncuircheveluetme laisseallerauxprémicesdemonorgasme.—MonDieu,Ryder…S’ilteplaît…Ilémetungrognementetcommenceàmetravaillersansrelâche.Salangueglisseentrelesreplisde
monsexe,etlorsqu’ilprendmonclitorisentreleslèvresetlesuceavidementj’émetsungémissementencambrantinstinctivementleshanchescontresonvisage.Oh,monDieu,monDieu,monDieu,monDieu!Je perçois un nouveau grommellement, et Ryder accélère le rythme de sa langue jusqu’à ce qu’un
puissant spasmem’arrache un cri. Aussitôt, il me couvre la bouche d’unemain, etma jouissance estréduiteausilence,cequinefaitqu’intensifiermonexcitation.Jemordssapaumetandisquelesondesdeplaisirsecouentinlassablementmoncorps.La respirationhaletante, je retombesur lebureau. Jene sensplusmes jambes. J’ai l’impressionde
flottersurunnuage,d’avoirfondu,dem’êtretotalementliquéfiée.Putain,qu’est-cequivientdesepasser?Laquestionsurgitdansmonesprit.Jelachasse.Toutcequejesais,c’estquej’aibesoindeplus.Tout
desuite.Ryder se redresse et embrasseun coindemabouche, puis l’autre et j’enprofite pour lui saisir les
hanchesetl’attirerversmoi.J’écartelespansdesachemiseetsoulignedelalanguelescontoursbiendessinésdesespectorauxavantdem’aventurerplusbas,verssesmusclesenV.Unsimplecoupd’œilvers eux suffirait à faire jouir bien des femmes. J’attrape la fermeture à glissière de son jean, biendécidéeàallerauboutdeschosescettefoiset…—Hé,Ryder?LavoixdeJacksonpercebrutalementlabulledanslaquelleRyderetmoinoussommesenfermés.J’entendsuncoupsurlaportepuiscettedernièrequigrincelégèrementetdespasquirésonnentsurle
soldubureau.Toutmeparaîtsedéroulerauralenti,commeunrêvequivireaucauchemar.J’imagine que c’est également le bureau de Jackson, mais, merde, il n’aurait pas pu attendre la
permissiond’entrer?!—Ouais,uneseconde,mec,ditRyderenenfonçantlespansdesachemisedanssonjeand’ungeste
brusque.Ilsebaisseetramassemonjeanavantdemelejeter.Aussitôt,jesorsdematorpeuretdescendsdela
table pour pouvoir l’enfiler. Je bataille avec la deuxième jambe du satané vêtement et j’essaie de leremonterensautillantàcloche-pied.Matechniqueserévèleundésastreparcequejeperdsl’équilibreettombesurunepiledeboîtescontenantdesdocumentscomptables.Leseffetsnégatifsdel’orgasme,ilfautcroire.—Laisse-nousjustequelquessecondes,marmonneRyder.—Oh,merde,pardon!s’exclameJacksonentournantlatêtedansladirectionopposée.Jesavaispas
que…Euh,jereviendraiplustard.Àcesmots,ilseretournepourquitterlebureau,etj’enprofitepourmereleverrapidement,attraper
mes escarpins et foncer vers la porte sans même regarder Ryder ou Jackson que je contournemaladroitement.Merde,qu’est-cequej’aifait?Maisqu’est-cequej’aifait?C’estmonpatron!C’estunequestionquivasansdoutedemeureràjamaissansréponse.Je remets de l’ordre dans ma tenue et reprends mon service comme si de rien n’était. Je sers les
clients,j’encaisseleursconsommationsetéviteRydercommelapeste.Etvoilàcommentjemesuiscrééunproblèmedeplusàrésoudre.
11
Cassie
J’ouvrelesyeuxet…Qu’est-cequim’apris,hier,putain?Jem’étiredanslelitenrepensantàcequis’estpassélaveille.Pressantleslèvresl’unecontrel’autre,
jerepenseauxbaisersdeRyderetàsalangueenmoidelafaçonlaplusintimequisoit.D’instinct, jeremonteledrapjusquesouslementon,commesicelapouvaitempêcherlessouvenirsd’affluerdansmonesprit.Lesoleilfiltreàtraverslesrideaux,baignantmachambred’unelumièredorée.Lajournées’annonce
belleetchaude.Qu’est-cequefaitRyderencemoment?J’inspireprofondémentetjelaissemamaindescendrelentementlelongdemonventreetglissersous
l’élastiquedemonpyjamaetsousma…Non!Jenedoispaspenseràluietencoremoinsmecaresserenlefaisant.Jeretiremamainetmefrotteles
yeuxpouressayerd’yvoirunpeuplusclair.Maistoutceàquoijepense,c’estcequiauraitpusepassersiJacksonn’avaitpasfaitirruptiondanslebureau.Mmmh…Enyréfléchissantàdeuxfois,cen’estpasplusmalqu’ilsoitvenuàcemomentprécis.Cen’estpas
bien,cequ’onafait,avecRyder.Enfinsi,d’unpointdevuestrictementphysique,maisc’esttout.RyderColeestlebookmakerdemonfrère.Ilnepeutdoncriensepasserentrenous.Etpuis,quandje
lui ai proposé de travailler pour lui, le but de ma démarche était de dépêtrer Jamie d’une situationépineuse, pas de m’empêtrer davantage avec lui. Ce qui m’amène au troisième point de monraisonnement :Ryderestmonpatron. Ilpeutmevirer sansproblème,et, si jamais il le faisait, jen’aiaucuneidéedelamanièredontjepourraisrembourserladettedemonfrère.D’unautrecôté, Jacksonaurait toutdemêmepuavoir ladélicatessedesepointerunpeuplus tard.
Ryderetmoi…Disonsquenotrerapprochementphysiqueétaitaussibénéfiquequ’inévitable.Cemecestgaulécommeundieugrec,etlasensationdesalanguesensuelleettaquinesurmapeau,enmoi…Jen’aipasdemotspourladécrire.Alors,oui,jepréféreraisnettementfairecommesiriennes’étaitpassé,maisRyderetmoisommesdes
adultesresponsables,etilfaudradonccreverl’abcèstôtoutard.Tard,sipossible.Bienévidemment,plusjem’efforcedenepaspenseràRyder,plusdesimagesérotiquesdéfilentdans
matête.RyderColeestunfestinpourlesyeuxetlessens.Etilsaitexactementcommentprendreunefemmeen
main. Surtout s’il est question d’ymettre les doigts. Son torsemusclé, ses abdos bien dessinés et sesbicepssaillants…Oh,etpuiszut!Jem’arque légèrement contre lematelas en effleurant les pointes demes seins durcies sous la fine
étoffedemontee-shirt.Mmmh,çafaitdubien.Jecaressemes tétonsdansundouxmouvementcirculaireet ferme lesyeuxpourme replongerdans
l’ambiancedubureaudeRyder.Avecuneacuitésurprenante,jepeuxencoresentirsalangueléchermonindex,sesdoigtsexplorermonintimité…Jefaisglisserunemainjusqu’àmonpubisetpressemonclitorisenfléencoreetencoretoutentitillant
undemestétons.Je revois clairement la têtedeRyder entremes cuisses, sens sesbaisers enflammermapeau. Ilme
dévoredesyeux,unsouriremalicieuxauxlèvresavantdeplongerlalangueenmoi.Oui…Marespirations’accélère,etunefinepelliculedesueurcouvremonfront.Çayest…Oui,oui,jejouissurlalanguedeRyder…aurythmed’unemusiquelatine.Quoi?J’ouvrebrusquement lesyeuxetmeredressedansle litavantderegarderautourdemoi.D’oùvient
cettemusique?Jeregardemonsacàmain,parterre,dansuncoindelachambre.Montéléphoneportable.Jeviensderecevoiruntexto.L’espritencoreengourdiparleplaisirquejeviensdemedonner,jelèvelesbrasau-dessusdelatête
etm’étireunenouvellefoisenglissantlesjambeshorsdulitpourmelever.Quipeutbienm’envoyerunSMSaussi tôt?PasJamie,c’estsûr.Ryder,peut-être?Non…Pourme
direquoi?Quoiqu’ilensoit,j’espèrevraimentquecen’estpasluiparcequejenesauraipasquoiluirépondre.Untrucdugenre:«Désolée,jen’étaispasmaîtredemoncorpshier,maist’inquiète,çanesereproduiraplus»?«Çanesereproduiraplus»…Maisbiensûr…Uneautrechosequej’aiappriselorsdemonséjouràLondres:siquelquechosearriveunefois,ilya
deforteschancespourqu’ellesereproduise.Jefouilledansmonsacetensorsmonportable.Ouf,c’estSavannah!J’appuiesurlapetiteenveloppesurl’écran.
J’aiunrdvchezuncoiffeurpasloindecheztoià15heures.Unbrunchavant,çatedit?Jesourisentapotantlaréponse.
Etcomment!Envoie-moil’adresse.Fautjustequejem’habille.Quelquessecondesaprès,lemessagedeSavannahs’affichesurmonécran.
Génial!Jeparsdelasalledesport.OnseretrouveauSunriseCafé.Techangepas,tenuedécontractéeexigée!
Jebaisselesyeuxsurcequejeporteetréprimeungloussement.
Jesuisencoreenpyjama,jeviensdemeréveiller.
Saréponsenesefaitpasattendre.
Sérieux?!Maisilestdéjàmidi!Jetlagou…?
Jeregardel’heuresurmontéléphone.C’estvrai,ilestdéjà12h03.Enmêmetemps,aprèslasoirée
quej’aivécuehier,j’aibienméritémagrassemat.
Paietonbrunchettuaurastouslesdétailscroustillants!—Attends,donc,sij’aibiencompris,tubossesgratuitementpourlui?s’étonneSavannah.Noussommesinstalléesàunetableàcôtédelabaievitrée,ànotreplaceattitrée.Chaquefoisqu’elle
revenait àAtlantapendant lesvacancesuniversitaires etqu’on sevoyait, leSunriseCafé était un peucommenotreQG.Elleplantesafourchettedansunedemi-tranchedebacongrillée,puisdansunmorceaudepaintoasté
ettrempeletoutdansunecoupelledejusd’orange.Jenepeuxm’empêcherdesourireenlavoyantfaire.Jen’aijamaiscomprispourquoielleaimaittantmangersonbrunchdecettefaçonpeuhabituelle.Depuisquejelaconnais,ellecommandetoujourslamêmechosequandonvientici.Contrairementàseshabitsetàsonsacdesport–toussignésparungrandcouturier–,sonpalais,lui,n’estpasaussiraffiné.Loindelà,même.Ilyadeshabitudesquineseperdentpasmanifestement.J’aiexpliquéàSavannahpourquoijemesuisréveilléeaussitardetlaraisonpourlaquellejetravaille
àAltitude. Je lui ai pratiquement tout raconté, sauf cequi s’estpassé entreRyder etmoi.ConnaissantSavannah,ellem’auraitsansdoutefélicitéepourmoncomportementdedébauchée,mais,étantdonnéquej’ignorecommentvontsedéroulerleschosesdemainavecRyder–etsij’aiencoreuntravailauclub–,jepréfèreneriendirepourlemoment.—Ouietnon,réponds-jeàsaquestion.Lesalairequejesuiscenséegagnersertàrembourserladette
deJamie.Leserveurapparaîtànotretableetmeressertducafémêmesimatasseestencoreàmoitiépleine.Le
Sunrise est pratiquement désert, il nous accorde sans doute une attention particulière pour ne pass’endormirderrièrelecomptoir.Depuishier,maperceptiondumétierdeserveuracomplètementchangé.C’estunboulotbienplusdifficilequ’onn’atendanceàlecroire.Sefaufilerentrelestablesenportantunplateauremplideverresetprendredescommandesavecunemusiquequinoielavoixduclient,cen’estpasdetoutrepos.Sansparlerdemesescarpinsquim’ontfaitunmaldechien.Heureusementquej’aipulesenlever.Enfin,queRydermelesaenlevésplutôt,avantde…—EtSebastian,ilestaucourantdeça?demandeSavannah.Je réprime un frisson en entendant son nom, et le souvenir de Ryder entre mes jambes s’évapore
aussitôtdemonesprit.Jepiquemafourchettedansunmorceaud’omeletteetleporteàmaboucheavantdelemâcher.Longtemps.—Euh…non,marmonné-jeenavalant.Savannahselaisseallercontreledossierdesachaiseetboitunegorgéedecaféenm’observantpar-
dessusleborddesatasse.—Bon,allez,crachelemorceau,dit-elleenreposantsoncafésurlatable.—Hein?Commentça?—Cassie, tu oublies que je suis avocate. Je flaire lemensonge à des lieues à la ronde, c’estmon
boulot.Enplus,jeteconnaisbien,jesensqu’ilyauntrucquetunemedispas.Elleavaleuneautrebouchéedesonplatenm’adressantunregardquiappuiedavantagesespropos.Personnenesaitcequis’estpasséavecSebastian.Jamienem’amêmepasdemandédesesnouvelles
quand je l’ai eu au téléphone, et j’ai juste dit à ma mère que j’étais venue pour récupérer quelques
affairesàlamaison,sanstroprentrerdanslesdétails.Je regarde Savannah,mameilleure amie, celle à qui je racontais absolument tout à une époque. Je
déglutispéniblementenmepréparantàlâcherlabombe.—C’estfiniavecSebastian,jel’aiquitté.C’estlapremièrefoisquejeledisàvoixhaute.—Oh,Cass…Ellecouvremamaindelasienneetlaserrefortavantd’ajouter:—Maisc’estplusunbreakouc’estvraimentfinidechezfini?—Finidechezfini.Enfait,maintenantque je l’aiavouéàquelqu’un,que j’ai retranscritmespenséesenparoles, jeme
senspluslégère,commesionm’avaitôtéunénormepoids.—Qu’est-cequis’estpassé?Jetourneleregardversl’extérieurenjouantavecl’ansedematasse.LeSunriseaunepetitecourarrièreavecdestablesenbois.Laterrassedalléedebriqueestentourée
d’uneherbeverteet rase. Iln’yapersonne, il fait tropchaudpour s’asseoirdehors, et laquiétudedel’endroit m’apaise. Il me donne l’illusion d’une certaine intimité, d’une tranquillité qui peut,malheureusement,êtrechambouléeàtoutmoment,toutcommeunevie.Mavie.—Çanecollaitplusentrenous,réponds-je.—Pourquoiest-cequetunem’aspasappelée?Jehausselesépaules,résignée.—Jesaispas…J’aidécidédetoutplaquericipourlesuivreàLondressuruncoupdetête.Jedevais
doncassumermonchoixetmesproblèmestouteseule,commeunegrande.—Non,Cassie,non, répliqueSavannahensecouant la têteeten faisantdansersesbouclesblondes
autourdesonvisage.Tun’espas touteseule, jesuis là.Lesamis,çasertaussiàaiderà traverser lesmomentsdifficiles.—Oui,maisjemesentaiscoupableenverstoi.Onn’aplustropgardécontact,etc’estprincipalement
ma faute. Je nemevoyais pas t’appeler, après un an de silence radio et dire : «Coucou, c’estmoi !Écoute,bon,onnes’estpasparlédepuisunmoment,mais,bon,j’aiungrosproblèmeetj’auraisbesoindetonaide.»Savannahéclatederire.—Tuviensderésumerlamajoritédesappelsquejereçoisdemesclients.—Justement,raisondepluspournepast’appeler.Jenevoulaispasêtrecommeundetesclientsque
tudoistirerd’affaire.—Cassie, déclareSavannahen croisant lesbras sur la table, la différence entre toi etmes clients,
c’estquetoi,primo,tuesmonamieet,deuxio,tuestoutàfaitcapabledet’occuperdetoi-même.TutesouviensdelafoisoùNatalieBurcht’avolétoncahierdechimieàlafindel’annéeetl’arenduàlaprofcommesic’étaitlesien?—Punaise,j’avaiscomplètementoubliécettehistoire!—Ehbien,pasmoi.Natalieétaitmapartenairedelabo,etc’étaitunevéritablecatastropheenchimie,
ellenepigeaitrien.Mais,étrangement,elleaeuunApoursoncahier.—Etmoi,j’aidûmeretaperleboulotdetouteuneannéeenseulementdeuxsemainespournepasêtre
recalée.—Oui,ettuasrefaituncahiernickel,merappelleSavannahenpointantsafourchetteversmoi.—C’estvrai.EtNatalies’estfaitchoper.—Laconnaissant,ellen’apasdûallerloindanslavie.Jepariequ’elleaatterridansuneprisonpour
femmes, qu’elle triche aux cartes et qu’elle essaie d’arnaquer ses codétenues dès qu’une occasion seprésente.—Jecroispas,non,gloussé-je.Jepensemêmequ’elleestmariéeetmèredetroisenfants,etqu’elle
habiteàHogMountain.—Oh, c’est pratiquement lamême chose ! observe Savannah avec un petit geste dédaigneux de la
main.Toutçapourdirequetusaistedémerderquandillefaut.—Oui,maislàiln’estpasquestionderefaireuncahierdechimie,maisdereconstruiremavie.—Tuvasyarriver, jen’endoutepasuneseconde.Tuesunefemmepleinederessources.Regarde,
Jamieafaitunebêtise,tuvolesàsonsecours.TuasmêmeréussiànégocieravecRyderColepourtonfrangin.Leserveurréapparaîtànotretableetnousressertducafé.—OnnenégociepasavecRyderCole.Et,siquelqu’unadéjàessayédelefaire,jedoutequ’ilsoit
encoredecemondepourentémoigner.J’écarquillelesyeux,etmêmeleserveurluiadresseunregardinterdit.—Çava,c’étaituneblague!s’exclame-t-elle.Leserveuresquisseverselleunsourireforcéets’enva.—Jepensequetuluiasfaitpeur,dis-je.—Jeluilaisseraiungrospourboire.Jepousseunlégersoupir.Lefaitd’avoiravouélavéritéàSavannahaquelquepeudénouélatension
quinemequittepasdepuisuncertaintemps.OK,elleignorelesvéritablesraisonsquim’ontpousséeàquitterSebastian,maisjenesuispasencoreprêtepourenparler.—Je suisdésoléedeneplus t’avoirdonnédenouvelles,marmonné-je enpassant lamaindansma
queue-de-cheval.—Moiaussi, j’aides tortsdanscettehistoire.Cesdernièresannées, j’aiaccordé laprioritéàmon
travail.—Etmoi,àSebastian.—Maisj’auraisdût’appeler,selamenteSavannah.Mameilleureamies’estbarréevivresurunautre
continentavecunmecqu’elleconnaissaitdepuissixmoisàpeine,etjen’aimêmepaseuleréflexedevenir aux nouvelles, au moins pour savoir si tu as eu droit à ton « et ils vécurent heureux et eurentbeaucoupd’enfants»,dontrêvetoutefemmequiserespecte.—Ehbien,non!Commetuaspuleconstater,monhistoiren’apasconnudefinheureuse.—C’estpasgrave,rétorque-t-elled’untonrésolu.Ilesttempsd’enécrireuneautre:LaFabuleuse
NouvelleVied’unecélibataireàAtlanta.Etj’aidéjàmapetiteidéepourlepremierchapitre…Troisheuresplustard,jemeregardedanslaglacedusalondecoiffureetpeineàmereconnaître.Aurevoir,Cassieauxlongscheveuxblonds,etbonjour,nouvelleCassiebruneavecunecoupeaucarré
etunefrangesurlecôtéqui,selonlacoiffeuse,est«trèsstyléetmetenvaleurlespommettes».Savannaha réussiàconvaincreWillow, la fillede l’accueildusalondecoiffure,demecaserdans
l’agendapourquejepuissemefairecoifferenmêmetempsqu’elle.—Oh,monDieu, Cassie ! s’exclame Savannah en venant se placer derrièremoi et alors que nos
regardssecroisentdanslemiroir.Ondiraituntop-modèle!Je lui souris et regarde de nouveaumon reflet. Pour la première fois dema vie, jeme sens libre,
adulte.Je tourne légèrement la têteàgauchepuisàdroite,etpasseunemaindansmescheveuxcourts.C’est vrai que cette coupemeva super bien. J’ai toujours eu les cheveux longs et blondsmême s’ilsn’étaientpas«assezblonds»àencroireSebastian.J’aimêmedûmelesteindreenplusclairpourlui
faireplaisir.«Oui,c’estbeaucoupmieuxcommeça,turessemblesàunange.Monange»,medisait-ilaprèschaque
coloration.Jesuisnéeblonde,maiscebrunchocolatmecorrespondplus.Etjenesuispasunange,encoremoins
celui deSebastian, je n’ai jamais prétendu en être un. Je suis…moi, tout simplement. Ilm’a fallu dutempspourlecomprendre,maiscommeondit:mieuxvauttardquejamais.Soudain,Savannahsaisitunepleinepoignéedecheveuxdansmanuqueettiredessus.—Hé!Qu’est-cequetufais?!—Jevoulaisvérifieruntruc,répond-elleenrelâchantsaprise.Elle se penche alors vers moi, ses boucles blondes mettant davantage en valeur ma nouvelle
coloration,et,toujoursenmeregardantdanslerefletdumiroir,mechuchote:—C’est parfait, ils sont courtsmais longs juste ce qu’il faut pour qu’on puisse les agripper dans
certainessituations,situvoiscequejeveuxdire.— Ça aussi, c’est censé figurer dans La Fabuleuse Nouvelle Vie d’une célibataire à Atlanta ?
m’esclaffé-je.—Jel’espèrepourtoi,macocotte.Jefinisdenettoyerlacuisineetregardel’horlogesurlemur.Ilest20heures,etjesuisdéjàcrevée.Je
secouelatêteenfermantlaportedelacuisineàdoubletour.Jemesuislevéeàmidietj’aidéjàdumalàgarderlesyeuxouverts.J’éteinslalumièreetdécidedemontermecoucher–top,lanouvellevied’unecélibataireàAtlanta,
surtoutpourunsamedisoir–,quandlasonneriedutéléphonefixeretentit.—Allô?—Salut,mapuce.Enfin,onestsurlemêmefuseauhoraire!Jesourisenentendantlavoixjoyeusedemamère.—Oui,çafaisaitlongtemps.—D’habitude,quandjet’appelle,tut’apprêtesàalleraulitalorsquemoi,jen’aimêmepasdîné.Jeréprimeungloussementpendantquejemontel’escalierpourrejoindremachambre.—Ehbien,jenesaispassituasdéjàmangé,entoutcasmoi,jevaismecoucher.—Déjà?Commeonestsamedisoir,j’étaispersuadéequetuallaisfairelabringueavectonfrèreet
qu’ilallaitfrimerdevantsesamisavecsaglobe-trotteusedesœur.Jamie.Jemefigesurleseuildemachambre.Ellen’estdoncpasaucourantdesdernièresfrasquesdesoncasse-coudefils.Çanedevraitpasme
surprendreplusqueça.Quandoncontracteunelourdedettedejeuauprèsd’unbookmaker,cen’estpassamèrequ’onappelleenpremier.Onnel’appellemêmepasdutoutafindenepass’attirerdavantaged’ennuis.—Alors,vousrattrapezletempsperdu,mesenfants?demande-t-elle.—Ouais,ouais,c’estsuperdeseretrouver,réponds-jeavecunemouecoupable.Jedétestementiràmamère.«Silesrôlesétaientinversés,est-cequetonfrèreferaitlamêmechosepourtoi?»LaquestiondeRydermetaraudedepuisl’instantoùilaeulemalheurdemelaposer.Biensûrqu’ilferaitlamêmechosepourmoi!Ilmentiraitànotremèrepourmeprotégeretbosserait
entantqueserveurpourépongermadette.Bon,illeferaitsurtoutparcequ’ilpourraitconsommeràl’œil,maislàn’estpaslaquestion.Oui,ilferaittoutçapourmoi,saufqu’iln’yseraitpascontraintparceque
jamaisjeneplaceraisJamiedansunetelleposition.J’aimemonfrère,maisforcem’estdereconnaîtrequ’ilestvraimenttrès,trèscon.—Jesuistellementcontentedevoussavoirensemble.Tuastoujourseuunebonneinfluencesurlui.Tu
sais, j’étaisvraiment inquièteaprèsqu’il s’est faitarrêterpourconduiteenétatd’ivresse,audébutdel’année.J’imaginequ’iladûteracontercettehistoire.Jerouledesyeuxexaspérésetj’articule:—Bah,non.Jamienemeditplusrien.Et,ladernièrefoisqu’ilm’aappelée,étonnammentc’étaitpournerienme
dire.—C’esttellementdurpourmoid’êtreloindevous,poursuitmamère.Jenepeuxplusm’occuperde
vouscommeavant.—Net’enfaispaspournous,maman.Toietpapaavezfaitdubontravailavecnous.Jamierestera
toujoursJamie,maismoi,jesaisparfaitementprendresoindemoi.Jerentredansmachambreetcontemplemonrefletdanslemiroirfixéau-dessusdemacommode.Je
sourismalgrémoienpassantunemaindansmescheveux.— Je n’en doute pas, ma chérie. Et sinon c’est bon ? Tu as trouvé les affaires que tu es venue
chercher ? J’espère que ton frère ne les a pas stockées dans le garage quand tu es partie vivre enAngleterre.—Non,non,c’estbon.J’enprofitepourfaireunpeudetri.Quandj’aiappelémamère,lasemainedernière,j’aiprétextéquejerentraisàAtlantapourrécupérer
quelquessouvenirsd’enfancequimetenaientàcœur.Jen’aipaseulecouragedeluidirelavérité:quejerentraispourrécupérermavie.Ma mère me soutiendrait dans ces moments compliqués, je le sais ; néanmoins, je ne veux pas
l’inquiéterinutilement.Elleadéjàtellementsouffertaveclamortdepapa,et,apparemment,Jamieluiadonnédescheveuxblancsdernièrement.Jepréfèrenepasenrajouterunecouche.Commejel’aidit,jen’aimepasluimentir,maisjelefaisdanslebutdeluiépargnerdessouffrancesinutiles.Quelquepart,cettesituationm’arrangeunpeu.Jecommenceàpeineàsortirlatêtedel’eau,maisje
veuxyallerdoucement,prendreletempsd’apprécierchaquepetitplaisirquem’offrelavie.Manouvellevie.—DommagequeSebastiann’aitpaspuveniravec toi,ditmamère. Il auraitpu t’aider,parceque,
connaissanttonfrère,ilnedoitpastropmettrelamainàlapâte.—T’inquiète,jemedébrouilletrèsbientouteseule.Enfait,çamefaitdubiend’avoirunpeudetemps
àmoi.Tiens,j’aimêmetrouvéunjobtemporairedecomptable.—Bravo,mapuce!Tul’astrouvécomment?Euh…—UnamideJamiecherchaitunremplaçantprovisoire.Techniquement,cen’estpasunmensonge.—Jesuisfièredetoi,Cassie.Çanefaitmêmepasunesemainequetuesrentréeettut’esdéjàdégotté
unpetitboulot.Sansparlerd’unpatronquifaitdescunniscommepersonne.Horrifiéedepenseràçaalorsquejesuisautéléphoneavecmamère,jeposeunemainsurmonfront,
luttantlaborieusementcontrelesourirequimenacedesetransformerenfourire.—Çatefaitunpeud’argentdepochepourtonséjourici,enchaînemamère.J’espèrequeJamien’en
profitepastrop.Jehausselessourcilsdevantl’ironiedelasituation.
—Non,non,pastrop.—Tuvasytravaillerpendantcombiendetemps?—Jenesaispas,çadépenddeleursbesoins.—Je suis sûrequ’ilsnepourrontplus sepasserde toi.Tout lemondeabesoind’une jeune femme
belle,intelligenteetdrôledanssonéquipe.—Tellemère,tellefille.—Exactement.Jepapoteavecmamèreencorequelquesminutesavantdeluisouhaiterunebonnenuitetderaccrocher.Jemeglissedanslelitetrabatsledrapsurmoi,puistourneleregardverslafenêtrequidonnesurle
jardin. J’ai laissé lesvolets et les rideauxouverts, etd’où je suis jevois la lunebaigner la cimedesarbresd’unedoucelumièreargentée.Malgrécespectaclereposant,jen’arrivepasàtrouverlesommeil.«Onn’estpaslàpourrigoler,maispourbosser»,m’aditRyderlaveille,avantnotrerapprochement
danssonbureau.Pourquoi ai-je de plus en plus l’impression que tout est ma faute, alors qu’il est au moins aussi
coupablequemoi?Jusqu’àpreuveducontraire,ilfautêtredeuxetpleinementconsentantspourfairecequ’onafait.Néanmoins,jepensequemonboulotestsurlasellette.C’estRyderlepatron,commeilmel’asibienfaitcomprendrehier.«Tuesunedistraction,Cassandra».Sebastianmeledisaitsanscesselorsqu’il travaillaitdepuis lamaison.Audébut, je trouvaisçatrès
flatteur. J’avais lepouvoiret lesmoyensdecapter sonattention justeparmaprésence. Ilmedésirait,j’étaislecentredesonattention.Souvent,ils’accordaitdelonguespausesetvenaitmerejoindreausalonpour«profiterd’unmaxde
tempsavecmoi».Mais, rapidement,cegested’affectionestdevenudifficileàsupporter. Ilnevoulaitpaspasserdutempsavecmoi,ilvoulaitsurtoutmecontrôler,maîtriserchaqueaspectdemavie.La situation avecRyder est différente,mais tourne quandmême àmon désavantage.Ryder estmon
patronet,d’unecertainefaçon,ilmecontrôle,montravaildépenddelui.Siluiaussiestimequejesuisune«distraction»,s’ilmeconsidèrecommeunefaiblessedanssacervelledemacho,undangerpoursonbusiness,jenevaispasrestertrèslongtempsàAltitude.Je soupire, brusquement indignée par la décision qu’il risque de prendre àmon sujet. J’en ai plus
qu’assezdeshommesquiessaientdemegâcherlaviepartouslesmoyenspossiblesetimaginables.Jedisstop!SiRydercomptevraimentmevirerouannulernotreaccordàcausedecequis’estpasséhier,ilaintérêtàyréfléchiràdeuxfoisparcequejenevaispasmelaisserfaire.Cen’est pasmoi qui l’ai poussé sur sonbureau avant de lui retirer son jeanpour faire plus ample
connaissanceavecsonentrejambe.Non,mais!Tuvasvoirdequelboisjemechauffe,RyderCole!
12
Ryder
Lapetiteclochettesuspendueau-dessusdelaported’entréedelalibrairieretentitenmêmetempsquejepasseleseuildel’espace,désormaisvide,suivideJackson.Pendantplusdetrenteans,lalibrairieOgdenaétél’undeslieuxemblématiquesduquartierdeFive
LittlePoints.C’était legenrede librairieoù l’onaimaitprendre le tempsde flâner etoù l’onpouvaittrouverdetout:desouvragesdansleuréditionoriginale,desexemplairesraresauxbest-sellersrécents.L’endroit avait même survécu à l’avènement du livre numérique, mais les propriétaires ont fini parvendre, animés par l’appât du gain. Heureusement pour nous, l’agent immobilier qui s’est occupé del’estimationdubienestuneconnaissancedeJacksonetilnousatoutdesuitemissurlecoup.Laquestionnes’estmêmepasposée–unlocald’unesurfacededeuxcentquatre-vingtsmètrescarrésdedeuxétagesreliésparunvieilescalierencolimaçon,avecd’énormesbaiesvitréesquioccupenttoutelalargeurdesmurs,situéàl’anglededeuxruespassantes–,onaimmédiatementfaituneoffrepourracheterl’endroit.Ilnenousresteplusqu’àenfairelenouveaubaràcocktailsleplusbranchéduquartier.—Onpourraitl’appelerleFitzgerald,déclareJacksonendéroulantunplansurlecomptoiraufondde
lasalle.C’estmonécrivainpréféré.Jacksonestsansdoute lemec leplus intelligentque jeconnaisse,mais jene l’ai jamaisvu tenirun
livredanslesmains.—Cite-moiunseuldesesouvrages,hormisGatsbylemagnifique,etj’yréfléchiraisérieusement.—Jemesouviensplusdutitreexact.Quelquechoseavecdestaureauxetdesmatadors.—Ahoui,biensûr!Mortdansl’après-midi,deHemingway.—T’eslibraire,toi,maintenant?s’enquiertJackson,visiblementoffusqué.— Non, mais je traînais souvent ici après le lycée, réponds-je en regardant les étagères vides
encastréesdanslesmursautourdemoi.J’ailuL’Attrape-cœursenunjour,danslecoinlà-bas.—Putain,Ryder!Nemedispasquetuétaisundecespauvresbinoclardsaulycée.—Non.Lananaquibossaiticiétaitsuperbonne,etc’estellequim’arecommandélelivre.D’ailleurs,
jemerappellequ’onenabiendiscutéaprès,ensebécotantdansl’arrière-boutique.Jacksonhochelentementlatêtepuisdit:—JemedemandesiCassiel’alu,elleaussi.L’imagedeCassie,lescuissesécartéesdechaquecôtédematête,s’imposeaussitôtàmonesprit,etje
réprimeunsourirepournepasalimenterlesmoqueriesdeJacksonmêmesijesaisquejen’yéchapperaipas.—Jesuiscensélesavoir?demandé-je,l’airdétaché.— Pourquoi pas ? Vous avez appris à vous connaître assez bien durant ces derniers jours, surtout
avant-hiersoir,danslebureau.Etvoilà,çavaêtremafête,jelesens!—Oui,et,enparlantdeça,sachequetontimingétaittrèsmalchoisi.QuandjepensequeCassieétaitsurlepointdes’occuperdemaqueue,tenduecommeunarcdansmon
jean,lorsquecetabrutiafaitirruptiondanslebureau…Putaindemerde!—Tiens,jenet’aitoujourspasremerciépourça.Merci,mec,vraiment,marmonné-jeenluidécochant
unsolidecoupdepoingdansl’épaule.— Tu as toujours un excellent crochet du droit, commente-t-il en frottant l’endroit où je viens de
lefrapper.—Çayest,onpeutseremettreautravailetcesserdeparlerdemespetitesaffaires?—Onestpartenaires,monpote,répliqueJackson,vraisemblablementbiendécidéànepaschangerde
sujet.Tespetitesaffairesmeconcernentaussi,surtoutlorsqu’ilestquestiondel’unedenosemployées.—Iln’yariendesérieuxentrenous,Jack,assuré-je.Tupeuxdormirsurtesdeuxoreillescettenuit.—OK,tantmieux.Ducoup,çanetedérangepassij’aiunrencardavecellecesoir?Quoi?!—Quoi?!C’estprévudepuisquand,ça?—Depuisjamais,s’esclaffe-t-il,fierdelui.Jeteconnais,Cole,tutemetssurladéfensivechaquefois
qu’onparled’unenanaqui teplaîtvraiment.Tu réagissaispareilpourCaroline, je t’aigrilléunmoisavantquevousvousmettiezensemble.—Ouais,etregardeoùçam’amené,rétorqué-jeavantdeluitournerledos.Enmedirigeantversl’avantdelasalle,jelongeunedesimposantesbibliothèquesencastréesdansle
muretpassel’indexsuruneétagèrepoussiéreuseavantd’essuyerlasaletéavecmonpouce.—Qu’est-cequetupensesdecettebibliothèque?luidemandé-je.Ilmerejointetlacontemplepensivementquelquessecondesavantderépondre:—Jel’airetiréedesplans,mais,toutcomptefait,onpeutlagarderetéquiperlesétagèresdebarres
delumièreLED.—Oui,etlaisserlesétagèresdubasvidespourquelesclientspuissentyposerleursverresouleurs
affaires.—Ouais,pascon.L’unedesrèglesd’orenarchitecture,c’estquelaformesuivelafonction,saufque,
ici,c’estlecontraire.Jeleregarde,amusé.Jackson,l’architecteaccompli,reprendledessus.—Waouh, tu es donc prêt à bafouer le principe sacro-saint du fonctionnalisme pour le club ? le
taquiné-je.J’espèrequ’onnevapasteretirertonaccréditationàcausedeça.Çava?Pastropstresséàl’idéedesortirdurang?Jem’engagedansl’escalierencolimaçon,etJacksonm’emboîtelepas.—Non,et,mêmesiçaarrivait, j’aiunpotequianonpasunemaisdeuxchambresd’amisdansson
penthouseetquim’aiderasûrementàmeremettresurpiedetàtrouverunenouvellevoieprofessionnelle,annonce-t-ilenmedonnantunetapedansledos.Ons’appuiesurlarambardeenboisdelamezzanine,etjeplongeleregardàtraverslabaievitrée.La
rue est calme.Enmême temps, ça n’a rien d’étonnant pour un dimanche après-midi.Les gens doiventtoujoursêtreentraindedormirouderécupérerdeleurssoiréesdelaveille.Cettenuit, ilétait3h30lorsqu’onaenfinferméAltitude.Celadit,jenemeplainspas;aucontraire,çaveutdirequelesaffairesmarchenttrèsbien.—Mêmepasenrêve,mec, répliqué-je.AprèsqueCarolineadéménagé, jemesuis jurédeneplus
jamaisvivreavecquiquecesoit.Jet’aimecommeunfrère,maistudevrastrouveruneautresolution.—Tantpispourtoi,tunesaispascequeturates.Onrestesilencieuxquelquesinstantsàcontemplerlarue,puisJacksonmedemande:—Tuasdesesnouvelles?
Jesuisduregardungrouped’adosgothiquesquisepassentunecigarettesurlaquelleilstirentàtourde rôleavantdeportermonattentionsuruncouplequipromènesonchien.Celui-ci s’arrêtedevant laportedelalibrairie,renifleetpoursuitsonchemin.—Non.Àmonavis,elledoitêtretropoccupéeàtrompersonnouveaumec.—Shelbynel’ajamaisaimée.—Normal!Enplusd’êtreplusintelligentequenoustousréunis,elleestégalement trèsdouéepour
cernerlesgens.—Enrevanche,poursuitJackson,elletrouveCassietrèscool.—Cassieestcool.Elleestcool,intelligenteetbonne,surtout.Enrevanche,ellecachequelquechose.—Sonfrangin?—Oui,aussi,maisilyaautrechose.Enplus,ellemejurequ’ellen’aaucuneidéedel’endroitoùse
trouveJamie.—Tulacrois?Unepartiedemois’enfichecomplètement,desavoirsiellemementoupas.Toutcequejeveux,c’est
finircequ’onacommencévendredisoir.Onnepeutpaslaissercetteaffaireensuspens.Çafaitdéjàdeuxjoursquejepensesanscesseàsoncorpsderêve,àsesgémissementsextasiés,àla
moiteursucréedesonsexe…Moncerveauestprêtàluiaccorderlebénéficedudouteletempsquemaqueuefassecequ’elleaàfaire.Néanmoins,ilyauntrucquimechiffonne,etjen’arrivepasàpasseroutreàl’impressionqu’ellecachequelquechose.«Jesuisunepersonnedeconfiance»,m’a-t-elleditquandellem’aconvaincudel’embaucher.Jepeuxluifaireconfianceaveclacomptad’Altitude,maisçaneveutpaspourautantdirequ’ellejoue
francjeuavecmoietquec’estquelqu’und’intègre.Jemesuisdéjàfaitavoirunefois,etcommeondit:«Trompe-moiunefois,honteàtoi.Trompe-moideuxfois,honteàmoi.»— Je ne sais pas, dis-je en tournant la tête vers mon pote. Elle m’a expliqué qu’elle est revenue
d’Europeyapaslongtempsetqu’ellen’étaitpasaucourantdesfrasquesdesonfrère.—Qu’est-cequ’ellefaisaitlà-bas?—Ça,ellen’apasvoulumeledire.Jemeretourneetm’adosseàlarambarde.Ilfaitassezchaudaujourd’hui,etjeporteuntee-shirtqui,ducoup,necouvrepaslestatouagesdemon
brasdroit. J’enaipasmal, jemesuis fait faire laplupartpendantque je sortaisavecCaroline,mais,Dieusoitloué,j’aieulaprésenced’espritdenepasmefairetatouersonprénom.Untatouage,c’estpourtoujours, comme le véritable amour, celui avecungrandA.Caroline n’était pas la bonne, et je pensemêmequ’unepartiedemoil’atoujourssu.—J’ai eumadosede cachotteries, reprends-je en soupirant.Les secrets et lesmensonges finissent
toujoursparprovoquerunretourdeflamme.—C’estvrai.D’ailleurs,çaavaitl’airtrès…«enflammé»entreCassieettoiquandjesuisarrivé.J’éclatederire.Tun’imaginesmêmepasàquelpoint,monpote.—Ouais,onpeutdireça.—Tiens,aufait,avantquej’oublie, il fautabsolumentqu’onpasseà laquincailleriequandonaura
terminéici.—Pourquoiça?— Pour acheter une poignée de porte avec une serrure, répond Jackson. Quand je vois ton visage
s’illuminer commeun sapindeNoël chaque foisqu’onparledeCassie, jepenseque ça éviterapleind’autresincidentsdecegenreàl’avenir.
13
Cassie
Bon, ce serait mentir que de dire que je n’ai pas apprécié ce qui s’est passé vendredi, mais jen’accepterai pas d’être punie pour cet écart de conduite dont tu es également responsable. Montravail est irréprochable, la dette de Jamie diminue lentement mais sûrement, et le fait que tu metrouves irrésistible, cen’estpasmonproblème.Tun’aspasdemotif valablepourmevirer, et si tudécidestoutdemêmedelefairejenevaispasterendrelatâchefacile,ça,tupeuxenêtresûr.Pour la centième fois, je révise le discours que j’ai préparé pour Ryder hier soir, pendant que
j’éminçaisdeslégumespourmefaireunesalade.Peut-êtrequelefaitdemanieruncouteaucommeunefolle à lier – ces pauvres tomates et concombres ne m’ont rien fait, après tout – me donnait plusd’assuranceparcequelàjesensmonaplombvacilleràvitessegrandV.Ilyauntrucquibloquedansmondiscours.C’estprésomptueuxdemapartdepenserqu’ilmetrouve
«irrésistible»,maisRyderesttrèsarrogant,doncjemedisque,sijelesuisaussi,ilmerespecteraunpeuplus.Etnemefoutrapasàlaporte.JepénètredansAltitudeaveclepeudecouragequimereste.Cettefois-ci, jemesuishabilléepour
l’occasion,j’aioptépourunerobe-chemiseblanche,sobreetchicàlafois,dansl’espoirdemettretoutesleschancesdemoncôté;néanmoins,maintenantquejesuisdansleclub,àquelquesmètresdubureaudeRyder,jepensequemeschancessontminces.Trèsminces.L’ambiance du bar n’est pas étrangère à ma crise de panique. C’est bizarre de le voir vide après
l’avoirvublindédemonde,vendredisoir.Certes,ilestencoretrèstôt.Maislesdiscussionsjoyeusesdesclients semêlant à unemusique entraînante, le rythme soutenu et euphorisant que j’ai su garder pourservirlesboissons,l’ambianceengénéral…,toutçam’aénormémentplu.Enfait,j’adorebosserici.Çafaitdesannéesquejenemesuispasautantamusée.Entravaillant,quiplusest.C’est encore une raison pour laquelleRyder ne peut pasme virer juste comme ça.En plus d’aider
Jamie à rembourser sa dette, j’aime venir ici, ça me donne la motivation dont j’ai besoin pour mereconstruire,l’envied’avancer.Vendredisoir,lefaitdepasserdetableentable,dediscuteraveclesclients,defairelaconnaissance
deShelbyetdesescopinesouencoredeplaisanteravecCashm’adonné l’impressionde fairepartied’ungroupe.Jen’étaisplusseuleetrenferméesurmoi-même.Cette réflexion me remonte le moral, cependant celui-ci retombe presque aussitôt quand je vois
l’expressionqu’afficheCashquisurgitdescuisinesenportantdeuxgrossacsdeglaçons.—Ryderveuttevoir,m’annonce-t-il.—Bonjouràtoiaussi,Cash.Sansmêmeleverleregardversmoi,ilposelessacssurlecomptoiravantd’enouvrirun,puisl’autre.OK…—Ilt’aditpourquoi?luidemandé-jequandilseretournepourverserlesglaçonsdanslegrosbac
prévuàceteffetdansunbruitassourdissant.—Hein?fait-ilendaignantenfinmeregarder.
—Est-cequeRydert’aditpourquoiilvoulaitmevoir?—Non,répond-ilavantdebâiller.Levoyantfaire,l’impressionquej’aidel’ennuyersetransformeenunecertitude.—Tunevaspastarderàlesavoirdetoutefaçon,ajoute-t-il.—Merci,Cash.Vraiment,mercibeaucoup!JemedirigeverslecouloirmenantaubureaudeRyder,àgauchedubar.J’yvaisàreculons,unetortue
atteindraitlaporteavantmoi.Latâches’annoncebeaucoupplusdifficilequeprévu.—Qu’est-cequet’asfaitàtescheveux?s’enquiertCash.Jetournelatêteverslui.Jemesuishabituéetellementviteàmanouvellecoupequej’aioubliéque
personneaubarnel’avaitencorevue.—Çanesevoitdoncpas?répliqué-je.—Bah,ilssontpluscourts,marmonne-t-ilenbâillantdenouveau.Etplusfoncés,non?—Tut’esenquillécombiendeshotsceweek-end?—Désolé,jesuishyperlentaudémarrageleslundismatin.Bref,Rydert’attend.Jehochelatête.C’estvraiqu’iln’apasl’airdanssonassiette.Peut-êtrequ’ilestvraimentfatiguéet
grincheuxparcequ’iln’aimepaslesdébutsdesemaine.Oupeut-êtrequ’ilconnaîtlaraisonpourlaquelleRyderveutmevoir,maispréfèrenerienmedire.Jeprendsuneprofondeinspirationetm’avanceverslaporteferméedubureau.Jefrappedeuxoutrois
foisavecfermetéavantd’ouvrirlaporte.—Tuvoulaismevoir?demandé-je,lamainsurlapoignée.Tiens,lapoignéeaétéchangéeetlaporteadésormaisuneserrure.Est-ceRyderquienaeul’idée?
OuJacksonpeut-être?Entoutcas,jepensequ’onvaentendreparlerdecettehistoireencorelongtemps.Uneidéedérangeanteprendalorsformedansmonesprit.Etsijem’étaisfaittoutunfilmpourrien?Peut-êtrequejenesuispaslaseuleàbénéficierdutraitementdefaveursigné«RyderCole».Ilestbeauetcélibataire,et,decequej’aipuvoirvendredi,ilalacoteauprèsdelagentféminine.Ilal’embarrasduchoix,aucunefemmesained’espritnerefuseraitunpetitcouprapideavecRyderCole,sursonbureau.Jecrispelesdoigtssurlapoignéeenl’imaginantentrainde…satisfaireuneautrefemmesurcemême
bureauoùilm’afaitvoirdesétoiles.Pourquoiest-cequeçametoucheautant?Cen’estpasmonmec,nimêmeunplancul.Jem’enfiche,s’ilsetaped’autresnanas;c’estsondroit.Ahouais,tut’enfichesvraiment?Bon,làn’estpaslaquestion.Pourl’instant,toutcequim’importe,c’estdegardermontravail.Iln’a
pasledroitdemevireràcausedecequis’estpassévendredi,surtoutsijenesuisqu’unsimplenomsursontableaudechasse.C’estsonproblème,paslemien,etj’enaiplusqu’assezd’êtreblâméepourlesproblèmesdesautres.JeredresselapoitrineetrelèvelementonaumêmemomentoùRyderm’aperçoit.Sonbureauestquasi
impeccable.Merciquid’avoirmisdel’ordredanslefouillisquirégnaitdessus?Merci,Cassie.Bref…Ilmefaitsigned’entrer,etjem’exécuteendétaillantduregardlesvêtementsqu’ilporteaujourd’hui:
unjeannoiretunechemiseblanchequi luivacommeungant.Sesmanchesnesontpasrelevées,maisboutonnées,etjedistinguesesfameuxtatouagessousletissud’uneblancheurpresqueéclatante.Ryderselèveetprendunechaiseposéedanslecoindubureau,àcôtéduportemanteau.—Assieds-toi,dit-ilenl’installantdevantlebureau,enfacedesonfauteuil.—Non,merci.Jepréfèreresterdebout.Je croise les bras, essayant de renvoyer une image plus assurée de moi-même qu’elle ne l’est en
réalité.Cemecmetrouble,et le faitderevoir lebureausur lequelona…ila…Non,cen’estpas le
momentdepenseràça.—OK,commetuveux.—Exactement.Ducalme,Cassie.Il reprend place derrière son bureau et se laisse aller contre le dossier de son fauteuil, les jambes
légèrementécartées.—Bon,concernantvendredisoir…—Écoute,lecoupé-je,jelereconnais:jenesuispasentièrementinnocentedanscettehistoire,mais
jenesuispasl’uniqueresponsable,nonplus.Jen’airiendemandé,etc’est…—C’estquileresponsablealors,selontoi?—Ehbien,vuquec’étaitunpeutonidée,annoncé-jeenm’avançantavantdeposerlespaumesàplat
surlebureau,jedirais…:toi.Affaireclassée:onpasseàautrechose.—Enfaitnon!Àvraidire,c’étaitl’idéedeJackson.Tupeuxleremercier,lui,etCashaussi.OK, je suis déroutée par cette information à laquelle je nem’attendais pas du tout.Donc, tout cela
n’était qu’un jeu, un pari ? Ils ont dû faire une partie d’Action ouVérité, et Ryder a sûrement choisi«action».Etdel’action,ilenaeu.Del’action…etunemultitudederéactions.MonDieu!Jenesaispass’ilm’aditçapourmedéstabiliser,entoutcasçamarche.Pasdepanique.Jedoisjuste
entrerdanssonjeu.Et«remercier»JacksonetCashaprès.—Ah,OK!Cesontdonceuxquit’ontconvaincudelefaire?—Non,pas«convaincu»,maisj’avoueque,quandilsm’enontparlé,jemesuisdit:«Pourquoipas,
aprèstout?»«Pourquoipas,aprèstout»?!Jevoisrouge.—C’estbizarre,parcequetesproposcontredisentquelquepeularéactiondetaqueue,vendredisoir.Ryderhausselessourcilsetpasseunemaindanssescheveux.Iltournelatêtesurlecôtéet,lorsqu’il
croisedenouveaumonregard,unsourireamuséjouesurseslèvres.—Jepensequ’ilyaunlégermalentendu,déclare-t-ilenselevantavantdecontournerlebureaupour
venirseplaceràcôtédemoi.Tuparlesdequoi,toi?JemetourneversRyderengardantunepaumesur lebureau,et ilsepencheversmoienposantune
main en face de lamienne, frôlantmes doigts des siens. À ce simple contact, je ressens comme despapillonsdansleventre.S’ilnefaitpasallusionàcequis’estpasséentrenous,alors…Merde!—Devendredisoir,bafouillé-je.—Moiaussi.TuespartieavantqueCashaitputefilertespourboires.Àcesmots,ilsorttroisbilletsde100dollarsdesapocheetleslèvedevantmonvisage.—Tuaseudusuccès,tigresse,ajoute-t-il.Oups!—Je…jepensaisquecetargentserviraitégalementàrembourserladettedeJamie.—Oui,c’estcequiétaitprévu,mais,commetunousasrapportépasmaldefric,JacksonetCashont
plaidétacause.Etc’estvraiquetulesméritesamplement.—Oh!fais-jeenmemordantlalèvreinférieureavantdebaisserlatête.Merci,c’estgentil.—C’estlamoindredeschoses,réplique-t-il.Jerelèvelesyeuxverslui,submergéeparunsentimentdeculpabilité.
Onatendanceàdirequelesgensauphysiqueavantageuxserévèlentsouventdescons,parcequ’ilssontbeauxetdoncautomatiquement inaccessiblesetnombrilistes.EtRydern’estpas justebeau, il estmagnifique avec ses cheveux foncés, qui font ressortir ses yeux d’un bleu intense, sa mâchoire biendéfinie…Sil’onajouteàtoutcelaquelquesmuscles,destatouagesetuneréputationassezparticulière,onpourraitpenserqu’iln’yapasuneoncedebontéenlui.Jem’en veux vraiment. Il n’est pas blanc comme neige,mais il n’est pas non plus la brute que je
m’entêteàvoirenlui.—Merci,murmuré-jeentendantlamainpourprendrelesbillets.Maisillesrangedanslapochedesachemiseavantquejepuisselesattraper.—Enfait,dit-il,jenesuisplustropsûrdemadécision.Jen’appréciepastroptonattitude,cematin.Voilà qui me force à revoir mon jugement le concernant. Quelle brute, décidément ! Néanmoins,
j’essaiedeprendresurmoi.Allez,tupeuxlefaire…—Excuse-moi,Ryder.Mercibeaucoupdetagénérosité.—Redismonnom,etpeut-êtrequejereverraimadécision.Savoixcalmeetrésoluemefaitpresquevaciller.Jem’avance,denouveau,surunterrainglissantetdangereux.—Ryder,chuchoté-je,unpetitsourireencoin.Jen’ypeuxrien,ilfautcroirequemeslèvres–etmeshormones–n’enfontqu’àleurtête.—Encoreunefois.Je sens alors samain sur lamienne qui est toujours posée sur le bureau.D’une lenteur que je sais
délibérée,ilfaitremontersapaumechaudelelongdemonbras,jusqu’àmonépauleetmoncou.Jefermelesyeuxetréprimeunfrissonaucontactdesesdoigtsquicaressentmanuque.Non,Cassie,tusaiscommentçavafinir!Oui,jelesais,etjustementj’espèrequecettefois-cionirajusqu’aubout.Ryderenfouitlesdoigtsdansmescheveuxetplaquesonautremainsurmesfesses,mepressantainsi
contre lui. Nos corps sont désormais serrés l’un contre l’autre, et je presse une paume sur son torseferme. J’arrive à sentir les battements de son cœur sous mes doigts, telle une bombe sur le pointd’exploser.Nosregardssontcommeaimantés,etjerefused’êtrelapremièreàdétournerlesyeux.Pascettefois.—Ryder…Lorsqu’ilpresseseslèvrescontrelesmiennes,jesensmesdernièresdéfensestomber.Etvoilà:jeviensofficiellementdeglissersurleterrainglissantetdangereux.Tantpis.Rydersetournedesorteàs’appuyercontrelebureauenm’attirantaveclui.Puisilouvrelabouche,et
notre baiser se fait plus pressant, plus torride. Quand il prend une demes fesses à pleinemain, unemoiteurchaudeinondeaussitôtmonentrejambe.—J’aimebeaucouptanouvellecoupe,marmonne-t-ilenm’agrippantlescheveuxetenmetirantlatête
enarrièrepouravoirunmeilleuraccèsàmoncou.—Merci,soufflé-je.Laplupartdesmecspréfèrentlescheveuxlongs.Jevaisdevenirfolles’ilnecessepasimmédiatementcequ’ilfait,maisjerisqueaussidedevenirfolle
s’ilarrêtedememalaxerlafesseouqu’ilretireleslèvresdemagorge.—Ilfautcroirequejesuisdifférentdesautres,susurre-t-ilcontremapoitrine.Comme il s’approchedangereusementdemes seins, j’entreprendsdedéboutonner sachemise. Jene
veux surtout pas être à la traîne.Après avoir défait deux boutons, j’écarte les pans de sa chemise etremarquedeuxtatouagessursesépaules:unpetitpapillonsurladroiteetuneabeilleenpleinvolsur
l’autre.Jefaiscourirmesdoigtsdessus,puisglissermesmainssursontorseafindedéfairelesboutonsrestants,lorsquejesensquelquechosesousmapaume,danslapochedesachemise.Ahoui,c’estvrai!SiRydervoulaitmevoir,c’étaitpourça,àlabase.—Déduis-ledeladette,dis-jeentapotantlesbilletspar-dessusletissu.—Moncœur!Çarisqued’êtrecompliqué.Ilfaitremonterlapaumelelongdemondosavantdem’attirerdavantagecontrelui.—Non,idiot,monpourboire.—Tupeuxlegarder,tuleméritesvraiment.Ilposeleslèvressurlacourbedemonsein,justeau-dessusdeladentelledemonsoutien-gorge,etje
sensmestétonssetendredouloureusement.—N…non,çaneferaitqueralentirleremboursementdeladette.—Tusais,murmure-t-ilenseredressantetenrencontrantmonregard,jesuissûrqu’onpeuts’arranger
autrementpourleremboursementdeladette.Pendantqu’ilparle,ilenfoncelesdoigtsdanslachairdemafesse,et,l’espaced’uneseconde,jeme
raidissurplaceavantdelerepousserbrusquement.J’oseespérerqu’ilplaisante,mêmesijesaisque,dèsqueçatoucheausexe,unhommeneplaisante
jamais.Ets’ilalemoyend’exercerunquelconquepouvoirsurlafemmeilleferasanshésiterparcequ’ilestsonpatronousonmecouencoresonmari.Ilauratoujoursunebonneexcusepourfairecequ’ilveut.Jenesupportepascesmecsquisecroienttoutpermis.Lepire,c’estquelaplupartcachentbienleurjeu,eton s’enaperçoit lorsqu’il est trop tard. Jen’ai riencontre l’idéedepasserquelquesbonsmomentsavecRyder,maishorsdequestionquejelefassepourépongerladettedemonpetitfrère.Jemesenshumiliéeettrahie.Quelenculé!—C’étaitdoncça,tonidée,depuisledébut?!m’exclamé-jeenremettantmarobeenplace.Quejeme
prostituepourpayercettedette?Etçaauraitdurécombiendetemps,ça,hein?J’aidumalàassimilerlesmotsquisortentdemabouche.Jefaisplusieurspasenarrière,choquéepar
lerevirementdesituation.Ryder écarquille les yeux et se redresse, les pans de sa chemise écartés et la large bosse de son
érectionvisibleà traversson jean. Ils’avanceversmoi, l’airperdu. Ilvaprobablementessayerdeserattraper.—Cassie,je…—Non,jeneveuxrienentendre.Jepivotesurmestalonsetmedirigeverslaporte.Jedoissortird’ici.Toutdesuite.Àpeineai-jeattrapélapoignéequeRyderarrivederrièremoiettournelaclédanslaserrure.Ilpose
ensuite une main sur ma taille, je sens la chaleur émaner de son corps, mais refuse de la laisserm’envelopper,delaissersonodeurvirilemetroubler.—Jerigolais,Cassie.Jemeretournepourluifairefaceetplaqueledoscontrelaporte.— Oui, bien sûr. En revanche, si j’avais accepté, tu aurais probablement entériné notre nouvel
arrangementenmepelotantlesfessesoulesseins.Ilhausseunsourcilamuséetsepencheversmoi.—J’avoue,çaauraitétéunefaçonsympadescellernotreaccord.J’aidûmalentendre.Non,iln’apasditça.
Piquéeauvifetincapabledememaîtriser,jelegifle.Leclaquementrésonnedanslebureau,etonseregardequelquesinstantsensilenceavantqu’ilportela
mainàsajoue.Magiflen’étaitpasforte,maisassezpoureffacersonsourireirritant.J’ai l’impression qu’il a du mal à prendre conscience de ce qui vient de se passer. Moi aussi,
d’ailleurs.Jenesuispasquelqu’undeviolent,maispourm’êtredéjàtrouvéeconfrontéeàunesituationdeviolencejesaisque,quandtuporteslepremiercoup,tuvasprobablementrecevoirledeuxièmetrèsrapidement.Cependant,Rydernebougepas.Enfait,ilnesemblemêmepascontrarié.Unsourireréapparaîtsurson
visage,etj’aienviedehurler.Non, mieux vaut garder mon énergie pour le boulot qui m’attend étant donné que je ne suis
apparemmentpasvirée.Jemeretourne,tournelaclédanslaserrurepourouvrirlaporte,et,cettefois,Rydernefaitrienpour
m’enempêcher.Jetraverselecouloirquimèneverslasalle,lesjambesencoreflageolantes.Heureusement,j’aiunepiledefacturesàentrerdansletableaucomptable.Jenepouvaispasdemander
mieuxpourmechangerlesidées.Voilàpourquoij’adorelesmathsetleschiffres:toutestlogique.Lesrèglesnechangentpasdanstelleoutellesituation,etiln’yapasd’exception.Siseulementlaviepouvaitêtreaussisimple…
14
Cassie
Ilestbientôt17heures,etmêmesilesévénementsdumatinnecessentdemerevenirenmémoirejen’aipasprisderetarddansmontravail.Cash se penche par-dessus mon épaule pour vérifier une facture de l’un des fournisseurs d’alcool
lorsqueRydersurgitdescuisines.—Mieuxvaut pour toi que tout soit en ordre au niveau des commandes,Cash, dit-il.Cassie a une
sacréedroiteetellen’hésiterapasàt’enfoutreunesitulacontraries.Jenelèvemêmepaslatêtedel’écrandel’ordinateur.—De quoi est-ce qu’il parle ? m’interroge Cash quand Ryder disparaît dans le couloir menant à
sonbureau.—Derien!Ilracontedesconneries.—Çasentlaquerelled’amoureux,ça.—Là,c’esttoiquiracontesdesconneries,répliqué-je,sentantlerougememonterauxjoues.—RydernepassejamaisautantdetempsavecJacksonoumoidanssonbureau.Après,ilfautdireque
nous,c’estuniquementpourparlerboulot.—Ettucroisquemoi,c’étaitpourfairequoi?—Jepréfèrenepasprononcermesdoutesàvoixhaute.Beurk,rienqued’ypenser…Ilaccompagnesesproposd’unemouededégoût,etjesecouelatête.—T’esvraimentungaminparfois,Cash.—C’estceluiquileditquil’est!s’exclame-t-ilenmefaisantunclind’œilavantd’allerencuisine.Lasemaines’annoncelongueetdifficile.Bienévidemment,j’aivujuste.EntreRyderquichercheàrétablirlecontactetCashquinecessedeme
taquineràcesujet,lesjoursquisuivent,j’ail’impressiond’êtreretournéeaucollège.Vendredi midi, je suis installée à ma place habituelle au bar, en train de mettre à jour le tableau
comptablequand,soudain,Shelbys’assiedsurletabouretàcôtédemoi.—Coucou,j’avaisunrendez-vousavecunclientdanslecoinetjemesuisditquej’enprofiteraispour
saluermongrandfrère,déclare-t-elleenposantsonsacsurlecomptoir.J’étaistellementabsorbéeparleboulotquejenel’aimêmepasentenduearriver.D’après cequem’aditCash,Shelby est récemmentpasséed’assistante à responsablemarketingde
l’équipedefootballdesFalconsd’Atlanta.Etellen’aquevingt-quatreans.Moi,àsonâge,jevenaisdefermer legaragefamilial,quimarchaitencore trèsbienpourtant,malgré ledécèsdemonpère,afindesuivreSebastianàLondresparcequelabanquepourlaquelleiltravaillaitvoulaitqu’ilrevienneausiègesocial.Àchacunsesprioritéscommeondit,qu’ellessoientjudicieusesoupas.—Jen’aipasvuJacksonaujourd’hui.—Tantpispour luialors,çamelaisseplusde tempspourpapoteravec toi, rétorqueShelbyenme
donnantunlégercoupd’épaule.Jevalidetotalementtanouvellecoupedecheveux.
—Merci.—Jepensequejenesuispaslaseule.Elledésigned’unmouvementdetêtelavitrequiséparelescuisinesdelasalle,derrièrelecomptoir,et
jesuissonregardavantdecroiserceluideRyder.— Il n’arrête pas de te reluquer depuis que je suis arrivée, marmonne Shelby en prenant un air
conspirateur.—Ouais,maisjepensequeçan’arienàvoiravecmanouvellecoiffure.—T’asraison,c’estunmec.Ildoitprobablementmatertesnibards.J’explosederire,etjem’aperçoisquec’estlapremièrefoisdelasemaine.—Çam’étonnequandmême,enchaîneShelby,étantdonnéqu’illesadéjàvusdeplusprès.Jem’arrêtepourl’observeruninstant,priseaudépourvu.—Lesnouvellesvontviteàcequejevois,marmonné-je.—Ouais,iln’yapasdesecretsdansnotregroupe.Alorsraconte!Qu’est-cequisepasseexactement
entrevous?Bonnequestion.—Plusrien.Enfin,rien…Jenesaispas.Bon,ons’estunpeutournésautour,etpuisilm’afaitune
propositionindécenteetjel’aigiflé.Voilà,voilà.—TuasgifléRyder?s’étonneShelbyensouriant.—Oui, mais c’est parce qu’il était tellement… (Je ferme les yeux en crispant les paupières pour
trouverlebonmot.)arrogant.—DuRydertoutcraché,observeShelby.—Peut-être,maisjen’auraispasdûlegifler.Enplus,ilm’aassuréqu’ilplaisantait.—Oui,sansdoute.Néanmoins,jesaisquecesmecsontsouventdesplaisanteriesd’ungoûtdouteux.
Etc’estrelou,parfois,surtoutlorsquetun’espasenpositiondeforce.Jeveuxdire:c’esttonpatron,etilasamainsoustontee-shirtet…—Sousmarobe,lacorrigé-jeavantdecouvrirlabouchedemamain.—Oh là là, la vérité est bien plus croustillante que les potins ! s’extasie Shelby en se frottant les
paumes.Jesuissurlepointdepoursuivre,lorsqu’uneassietteavecunburger,quisembleêtresortietoutdroit
d’unepub,garniedeplusieursaccompagnementsapparaîtdevantmoi,àcôtédemonordi.Jemetourneverslapersonnequimel’aservie.Biensûr!Quid’autre?!—Jen’aipascommandédeburger,dis-jefroidement.—Jesais,répliqueRyderavecunsourirepenaud.Jel’aipréparépourtoicommetun’astoujourspas
pristapause-déjeuner.—Merci,maisjen’aipasfaim.—Cassie,marmonne-t-ilenselaissanttombersurletabouretàmagauche,jesuissincèrementdésolé
pourcequejet’aidit.Monbutn’étaitpasdeteblesser,vraiment.—Mmmhmmmh.Ilpousseunsoupirenpassantunemaindanssescheveuxd’ungestenerveux.Commelesmanchesde
sachemisesontretroussées,jenepeuxm’empêcherdejeteruncoupd’œilàsestatouages:unoiseauetdes fleurs rouges et orangequi forment une sorte de labyrinthe complexe autour de son avant-bras. Jedétourne le regard et retiens ma respiration pour ne pas me laisser submerger par son odeur, que jereconnaîtraisentremille.—Tuveuxoupas?s’enquiert-ilenfaisantunsigneendirectionduburger.
Unequestiontrèssimple,maisquipeutseréféreràtellementdechoses:ceboulot,notreaccordpourrembourserladettedeJamie,sesexcuses…Lui.—Jem’enfiche,dis-jeenfixantletableausurl’écrandemonordietenfaisantminedenepasvoir
monpatron,delebannirdemonchampdevision.—Ryder,jesaisqueçanet’arrivepratiquementjamais,intervientShelby,maisilfaudraitpourtantque
tuapprennesàaccepterunrefus.—Ellen’apasrefuséleburger,sedéfend-il.—T’esvraimentconoutulefaisexprès?demande-t-elle.Sansdireunmot,Ryderreprendl’assiettepuisretourneencuisine,etjelesuisduregard.Ilestsansdoutel’hommeleplusinsolentdelagalaxietoutentière,maisilestégalementl’hommele
plussexyquej’aiejamaisrencontré.Jelaissemonregardvoguersursondoslargeavantdebaisserlesyeux sur ses fesses fermesparfaitementmouléesdans son jean.Sadémarchene fait que renforcer sonauravirileetsensuelle,etje…—Bon,etsinon?lanceShelby.Misàparttetoucherenpensantàlui,qu’est-cequetuasprévud’autre
pourdemain?Jeglousse,vaguementirritéecontremoi-mêmeetlavoieques’entêtentàprendremespensées.—J’aiunemontagnedelessiveàrattraperetjedoisaussifairedescourses.Jen’aiplusdenettoyant
pourlasalledebains.—Toutunprogramme,disdonc!Jepensequeçavaêtredifficiledeteconvaincre,maisquedirais-tu
d’uneviréeshoppingaveclesfillesetmoi?Dévaliser lesboutiquesducentre-villeavecShelby,AveryetRubymefait toutdesuite revoirmon
planningdusamedi.Mince,jeregrettedenepasavoirgardéles300dollarsdepourboire!Cependant,ilme reste toujours un peu d’argent sur le compte que j’ai ouvert ici, et puis qui dit nouvelle coupe decheveuxditnouvellegarde-robe,forcément.—Avecplaisir,dis-je.—Génial !Tiens, voicima carte.Y a aussimonportable dessus.Envoie-moi unmessage afin que
j’enregistretonnuméroetjet’appelledemainmatin.Elleglissedesontabouretetpasselabandoulièredesonsacsursonépaule.—Enfin,quandjedismatin,jeveuxplusdiremidi,ajoute-t-elleens’accoudantaubar.J’aiunerègle
concernantlessamedismatin:jelesignore,c’estmieuxpourtoutlemonde.Il estmidi passé lorsque Shelbym’appelle pourme donner le lieu du rendez-vous, et, deux heures
après,jerejoinslesfillesdanslequartierdeVirginiaHighland.Lajournéeestmagnifiqueetilfaittrèschaud,maiscelanenousempêchepasdefaireletourdetouteslesboutiquesduquartier,sansexception.Onavaitprévud’alleraucentrecommercial;cependant,onarapidementtoutesconvenuqueceseraitdugâchisparuntempspareil.Nous sommes dans un magasin de chaussures, en train de siroter les citronnades qu’Avery nous a
offertespournousdésaltérermaisaussi«pourfairelepleindevitamineC»envuedelasuitedenotreséancedeshopping,lorsquej’entendslavoixdeRuby:—Vousenpensezquoi,lesfilles?Jemeretourneetj’étudielapaired’escarpinsrougesvernisqu’ellebranditdevantelle.—J’adore,déclareAvery.—Moiaussi,ditShelby.—Jepensequejesuisamoureuse,minaudé-jeàmontour.—Tiens,essaie-lesalors.
Àcesmots,ellemelestend,etjelesprends,confuse.— Je ne voudrais surtout pas gâcher ce qui pourrait être le début d’une grande histoire d’amour,
ajoute-t-elle.AveryetShelbyéchangentunregardentenduavantdepartirdansunfourire.—Bah,quoi?s’enquiertRuby,l’airvexé.—Cen’estpastoiqui, lasemainedernière,asfaillifrapperunenanaparcequ’elleapris,souston
nez,ladernièrepairedesandalesàtapointurequetuvoulaisabsolument?luifaitremarquerAvery.Rubytournelatête,faisantainsibougersacrinièreroussecoifféeenqueue-de-cheval.—Pourmadéfense,elleportaitdessandalesorthopédiquesavecdeschaussettes!Clairement,cette
femmenesaitnidiscernerniapprécierlesbonneschosesdelavie.Shelbyrouledesyeux.—MonDieu, on croirait entendre Jackson la fois où il a vu qu’un de ses potes s’était acheté une
Maserati!Ill’atestéeetm’aaffirméaprèsquelavoiturelepréférait,lui.—IlestbienconscientqueCars,c’estundessinaniméetquelesvoitures,çaneparlepas?demande
Ruby.Enplus,iln’apasdequoiêtrejaloux,ilrouleenPorsche!—Ah,tuconnaisnosgarçons!selamenteShelbyensecouantlatête.—Rienn’est jamais assezbienpour eux. Ilsveulent toujours cequ’ilsn’ontpas, conclutAveryen
examinantunepaired’escarpinsàimpriméléopardsurunedesétagères.—Oucequ’ilsnepeuventpasavoir,ajouteShelby.Surtoutcequ’ilsnepeuventpasavoir.—Pourtant,ilsn’ontpastropdequoiseplaindre,observeRuby.Personneneleurrefuserien,àces
trois-là!Shelbyenfiledesescarpinsenpeaudeserpentnoireets’avanceverslemiroirpours’yregarder.—Jacksonatoujoursétécommeça,marmonne-t-elleenétudiantleschaussuressoustouslesangles.
Chaque fois qu’il fait une connerie, et, croyez-moi, il en fait un tas, il suffit d’un sourire pour qu’ilretournelasituationensafaveur,c’esthallucinant.Çamarchaitavecnotremère,lesprofsàl’école,lababy-sitter…Avectoutlemonde,quoi.—VousvousrappelezlafoisoùCashsortaitaveccettenanaetqu’ilaflashésursacolocataireaussi?
ditAvery.—Ohouiiii ! s’exclameRubyavantde sepencherversmoi.Un soir, il était en traindepeloter la
colocatairedansundesboxàAltitude,commeça,devanttoutlemonde,quandl’autrenanaestarrivée.—Meeerde,soufflé-je.Iladûpasserunsalequartd’heure!—Détrompe-toi,trèschère,répliqueRubyensecouantlatête.—Ilajouédesoncharmeethop!Ilestrentréchezluiaveclesdeuxnanas,révèleAvery.—UneautresoiréeordinaireàAltitude,oùcesmessieursyrepoussentleslimitesetoùpersonnene
leurrésiste,annonceShelbyensedirigeantversunprésentoirderobes.—IlsauraientdûappelerlebarSexyBastard,çacolleraitplusàl’espritdel’endroit,leurdis-je.Lesfillespouffentenchœur.—Pasbête,observeShelby.Jepensequ’ilsn’onttoujourspastrouvéleconceptdeleurnouveauclub.
Tupourraisleursoumettretonidée.Je souriset regardeRubyessayerunepairedespartiates,dont lacouleurmetenvaleur sesmollets
hâlésetbiendessinés.—C’est fou, quandmême, râle-t-elle. Je ne sais pas comment ils font, on dirait qu’ils exercent un
pouvoirdesuggestionsurlesfemmes.—Non,ilssontultracanon,toutsimplement,grommelleAvery.—Entoutcas,enchaîneRuby,ilssavents’yprendreaveclesfemmes.Jen’oublieraijamaislafoisoù
Ryderaréussiàembobinerunepolicière.Jel’aivuenpleineactionetjen’encroyaispasmesyeux.Ilvenait tout justede récupérer lebusinessde l’entrepôt, et lananaestvenue fouiner,biendécidéeà lecoffrer.Ryderaréussiàlafairesortir,et,aprèsquelquesminutes,elledonnaitl’impressionden’attendrequ’unechose:quecesoitluiquiluipasselesmenottes.—ConnaissantRyder,glousseAvery,ill’acertainementfait.Àmontour,j’essaielesescarpinsrougesetmedirigeverslemiroir,unemainsurlahanche.—ÇafaitcombiendetempsqueRyders’occupedescombatsclandestins?demandé-jeenpivotantsur
lestalonsaiguilles.—Deuxans,répondAvery.Ilarachetél’affairequandilaarrêtédecombattre.—Ilparticipaitàdescombatsclandestinsavant?Quoique, ça ne m’étonne même pas. Ça explique son attitude, sa forme physique et son esprit de
compétition,souventmalplacé.Troisrobesàlamain,Shelbyseplaceàmahauteur.—Ilnefaisaitpasqueparticiper,déclare-t-elleenplaçantchaquerobedevantellepuisdevantmoi.
Ilrégnaitenmaîtresurlering.Iln’apasperduunseulcombat.—Pourquoiilaarrêtéalors?—Àcaused’unefemme,m’informeRuby.—RyderColearenoncéauxcombatsàcaused’unefemme?répété-je,surprise.Cettefemmedevaitsansdoutebeaucoupcompterpourlui.Renoncerauxjoiesdelavied’unchampion
defreefightpours’établiretmenerunevierangée,jemedemandece…—Oui,poursacopine,enfinsonex,annonceShelbyenmettantl’accentsurlemot«ex».—Quandilsontrompuetqu’elleadéménagédesonappart,ilareprislebusinessets’estjetédansle
travailpouressayerdel’oublier,brodeRuby.Çal’aoccupéetçaluiapermisd’évacuersacolèresansavoiràseservirdesespoings.RyderColes’étaitengagédansunerelationsérieuse.Tellementsérieusequ’ilavaitemménagéavecsa
copine.Ilétait tellementamoureuxdecettefemmequ’ilarenoncéauxcombatspourelle.Ou,plutôt,àcaused’elle.RyderColem’apparaîtsoudainsousunautrejour.Jecroyaisl’avoircernéetl’avoircataloguédansla
catégoriedesbrutes,mais,là,j’ail’impressiond’avoircherchéàfaireentrerunemauvaisepiècedansunpuzzle.Pourtant,jen’arrivetoutsimplementpasàutiliserlesmots«Ryder»et«vulnérable»dansuneseuleetmêmephrase.—Etc’étaitdusérieux,entreeux?demandé-jeàmesnouvellescopines.—Ryderpensaitqueoui,marmonneShelby.Elleunpeumoinsétantdonnélenombredemecsqu’elle
s’esttapéspendantqu’ilsétaientensemble.RyderCole,cocu!Jelaisselepuzzleseremettreenplacetoutseuldansmatête.Touts’expliqueàprésent.Voilàpourquoi
il veut toujours avoir le derniermot et tout contrôler. Ça a son charme, je l’admets,mais c’est aussipénible, surtout quand il est présomptueux à endevenir insupportable, ce qui est le cas, la plupart dutemps.—Celle-là,ditShelbyenmetendantunedestroisrobesqu’elletientdanslamain.Jepensequ’elleest
faitepourtoi.J’examine levêtementqu’elleme tend : unepetite robenoire àbretelles avecune fermetureÉclair
doréeàl’avant.Legenrederobequ’onmetdansleseulbutdeselafaireenlever.—J’aimebeaucoup,maisjenesaispasàquelleoccasionjepourraislaporter.ElleesttrophabilléepourfairedelacomptaauclubouencorematerdessériessurNetflix,lesoir,
dansmonlit.Dieu,quemavieesttristecesdernierstemps!—Tupeuxlaportercesoir,àl’entrepôt,parcequetuviensassisterauxcombatsavecnous,annonce
Shelbyavecunsouriremalicieux.—Ahbon?—Saufsituasdéjàunrencardavecunbellâtre,metaquineShelby.—Pasdutout.—Avecunpetitchauvebedonnant?—Encoremoins,gloussé-je.—Avectonpetitcopainalors,lepèredetesenfants,celuiquipartagetavie?—Non,nonetnon.Enfait,jesorsàpeined’unerelation.Waouh,j’aipaseutantdemalqueçaàledire,cettefois!C’estsortitoutseul.—Super,tun’asdoncaucuneexcuse,m’informeShelby.C’estréglé.—Maisjen’aipasétéinvitée,ildoitsansdouteyavoirunelisteou…—Tuserasavecnous,m’aviseAvery.Etnous,onestau-dessusdelaliste.—OK,celadit,Ryderrisquedenepasêtrecontentenmevoyantdébarquer.Onestunpeuenfroid.—Ons’enfichedeRyder,protesteShelby.Ilestparfaitpourunpetitflirt,maisriendeplus.Pense
plutôtauxautresbeauxgossesquiserontprésents.—ConsidèreRyder comme ta première crêpe : toujours ratéemais nécessaire, observeRuby.Elle
absorbelagraisseafinquelesautrescrêpessoientréussies.Averylaconsidèred’unairétonné.—TuveuxdirequeCassieadelagraisse?Rubyselèveetluidonneunepetitetapesurlesfesses.—Non, bien sûr que non ! répond-elle. Justement, elle n’a pas du tout besoin de s’abstenir pour
consommersansmodérationlescrêpesquisuiventlapremière.On rigole toutes,puis jemedirigevers la cabined’essayagepourenfiler la robeetvoir cequeça
donneavecleschaussuresrougesquej’aitoujoursauxpieds.JesuisentrainderemonterlafermetureÉclairquandj’entendsmonportablesonnerdansmonsac.Je
sorsletéléphoneetregardel’écran.Appelmasqué.C’estbizarre,pratiquementpersonnen’amonnouveaunuméro.Personne,sauf…Jamie.MonDieu,oui,c’estsûrementluiquim’appelledepuisunecelluledeprisondansunevillepauméeau
milieudenullepartoudepuislecoffred’unevoiturequisedirigeversleMexiqueou…Stop!Jedécrocheàlatroisièmesonnerie,lavoixchargéed’appréhension.—Bonjour,monamour,mesalueunevoixgraveàl’accentanglais.Non…C’estimpossible…Sebastian.Magorgeseserre,etjeraccrocheavantdejeterletéléphonedansmonsac.Jeremontelerestedela
fermetured’unemaintremblante.Lesangbourdonnedansmestempes,et j’ai l’impressionquetoute laboutiquepeutentendrelesbattementsdemoncœur.Jesuispartagéeentre lechocet lapanique,etdescentainesdequestionsaffluentàmoncerveau.Commenta-t-ileumonnouveaunuméro?Pourquoiest-cequ’ilm’appelle?
Oùest-il?Letéléphonesonnedenouveau.Commeparalysée,jel’observe,osantàpeinerespirer.—Montre-nouslarobe,Cass!s’exclameShelbydel’autrecôtédelaporte.J’entendsAveryetRubyrireetchahuter,etjerepenseauxheuresinsouciantesquejeviensdepasser.
Unenouvellefois,touts’écrouledouloureusementautourdemoi.J’espéraisvraimentqueSebastianpasseraitàautrechose.Loindesyeux,loinducœur.Évidemment,
aufonddemoi, jesavaispertinemmentqueçanerisqueraitpasd’arriver,maisonpeut toujoursrêver,non?Ilsaitpourquoijesuispartie,iln’estpasstupide.Ilneveutpeut-êtrepasl’admettre;celadit,ilenestconscient.Letéléphoneportablefaitentendrelepetit«bip»quiindiqueunmessagevocalsurmonrépondeur,et
jetressaille.Jen’aipasenviedeluiparler;néanmoins,sanssurprise,luisembleavoirdeschosesàmedire,etcen’estpasunraccrochageaunezquival’enempêcher.Sebastianesttrèsobstiné.C’estuntraitdecaractèrequej’admiraischezluietgrâceauquelilaréussi
à faireunebrillantecarrièredebanquier. Ilne reculedevant rien.Jamaisunhommenem’avait fait lacour comme lui : il était toujours plein de petites attentions pourmoi, et ça faisait très plaisir d’êtrechoyée et cajolée par quelqu’un d’aussi prévenant et galant. Mais tout cela, les cadeaux, les dînersromantiques,faisaitpartied’unjeudiaboliquequ’ilavaitinstauréafindeprendrelecontrôlesurmavie.Derrièrelemasqueduprincecharmantsecachaitunmanipulateurjalouxetdominateur.Jemelaissetombersurletabouretderrièremoietj’appuielatêtecontrelemurenfermantlesyeux
parceque,quandonappréhendequelquechose,c’est cequ’on fait.On ferme lesyeuxetonessaiedemettredeladistance,debloquerlasourcedenotrepeurparceque,sionnelavoitpas,ellen’existepas.Seulementvoilà:rienn’estjamaisaussisimple,etlasourcedemapeurestbienréelle.Ellem’amêmelaisséunputaindemessagesurmonrépondeur.Poussantunprofondsoupir,jesaisismonsacetsorsleportable.Jesuistentéeparl’idéed’ignorerson
message,maisjen’yarrivepas.Commenta-t-ilobtenumonnuméro,merde?!J’appuiesurlatouche«Écouterlemessage»etjeportel’appareilàmonoreille.«Ilsemblequ’onaitétécoupés,monamour.Queldommage,surtoutaprèstoutcetemps.Jen’aipas
cessé de penser à toi depuis que tu es partie.Mon cœur s’emballe dansma poitrine chaque fois quej’entendsunbruitdans lecouloirde l’immeubleouquemontéléphonesonne.Cassie,machérie, ilesttempsquetureviennesàlaraisonetmereviennestoutcourt.Jecommenceàmelanguirdetoi.Jamaisjenerenonceraiàtoi,ànous.Jesuisprêtàmebattrejusqu’àlamortpourtoi,tumeconnais.Allez,jetedisàtrèsbientôt,mabeauté.»Écœurée,j’effacelemessage.Mamèrem’adit une foisque la colère et lapeur sontdeux sentiments indissociables.Sionest en
colère,c’estsurtoutparcequ’onapeurdequelquechose.Selonelle,notrefureur,notrerage,nousdonnel’illusiondemaîtriserlasituationafindesurmonternotrecrainte.Chez moi, c’est l’effet inverse qui se produit. La nuance de menace qui perçait dans la voix de
Sebastianmefaitpeur,cequimemetencolère.J’aipeurdeluietdecedontilestcapablepourparveniràsesfins,maisjesuiségalementexaspéréeparlapaniquequ’ilsusciteenmoi.J’ensuislàdemespenséeslorsquej’entendsShelbys’impatienter.— Cassie, si tu ne ramènes pas tes jolies petites fesses rapidement, je viens te chercher, je te
préviens!Jedéglutis,essayantderavalerlaboulequis’estforméedansmagorge,etmelèveavantd’ouvrirla
portepoursortirdanslecouloir.Shelbysetientdebout,sur leseuildelacabined’essayageenfacedelamienne.Elleporteunedes
robes– lanoire avecundécolletéplongeant et lebas à effetdrapé–,qu’elle a sélectionnéesdans laboutique.—MonDieu,Cassie,tuessubliiime!s’extasie-t-elleenmevoyant.Jemecomposeunsourire,etellefroncelessourcils.—Çava?Tuestoutepâle.Tuasvuunfantômeouquoi?Jenel’aipasvu,maisilm’aappelée.J’élargismonsourireenespérantqu’ilréussiraàdélogerunepartiedecetteanxiétéquimeronge.—Non, non, c’est juste que je n’ai plus l’habitude de porter ce genre de vêtements, balbutié-je en
tirantmachinalementlebasdelarobe.—On dirait qu’elle n’attendait que toi, réplique-t-elle enme prenant par lamain pourm’entraîner
devantlegrandmiroiràtriplevolet.Waouh!Ellen’apastort.Larobeépouselesformesqu’ilfaut.Mapoitrineal’airfermesanspourautantêtre
compressée,maiscequifaitincontestablementsoncharme,c’estsondosnu.Jemetournesurlecôtépourmieuxadmirerlesfinesbretellesencroixauniveaudemesomoplates,
quiretiennentlevêtementsurmesépaules.AveryetRubyapparaissentalorsderrièremoi.—Parfaite,observeAvery.TuvasmettretouslesmecsKO,cesoir.—Oui,j’avoue,elleestpastropmal,marmonné-jeenmetournantdel’autrecôté,lesmainssurles
hanches.—Pasmaldutout,tuveuxdire,mecorrigeShelbyencroisantmonregarddanslaglaceetenposant
lespaumessurmesépaules.—Ryderrisqued’avoirlasurprisedesavie,s’esclaffeRuby.—Ohouais!s’écrieAvery.J’aihâtedevoirsatête.JesaisislatirettedelafermetureÉclairavantdelabaisserlégèrementpourdévoilerdavantagemon
beaudécolletéenesquissantunepetitemouecoquine.—Moi,j’aiplutôthâtedevoirlaréactiondesonentrejambe.Shelbyéclatederire.—J’aimetafaçondepenser,déclare-t-elle.Lepauvrehommen’estpasauboutdesespeines!Jeme retourne, etmon regard seporte surmonsac,posépar terre, à côtédu tabouret. Jen’aiplus
entendumon iPhonesonneret j’essaiedemeconvaincrequec’estunebonnechose. Jedoispenserauprésent,pasaupassé.Décidéeàreprendrelesrênesdemavieetàneplusjamaisleslâcher,jeredresselapoitrineetconfie
àShelbyenpassantunbrasautourdesonépaule:—Lorsqu’ilaaffaireàunefemmedéterminée,aucunhommen’estauboutdesespeines.
15
Cassie
Talonsaiguillespourcesdames,costardschicsetboutonsdemanchettepourcesmessieurs,unebonnedosedesangetunpaquetdefric:unmélangeintéressantquiapristoutsonsenslorsquej’aipénétrédansl’entrepôt.Lessoirsdecombatssontàlafoisplusraffinésetsauvagesquejenelepensais.Uneodeur,unmélangedesueuretdeparfum,mechatouillelesnarines,etlamusiquejouéeparleDJ
pulseautourdemoi.—Quelleviolence!s’exclameSavannahquimetientparlebras.Jehochelatête,leregardrivésurlesdeuxhommesenpleincombat.Voilàcequis’appelles’enmettre
pleinlagueule.—J’adore!s’exclamemonamie,toutsourires.Je lui aiproposédevenir avecnousparceque je savaisqu’elle allait toutde suitebien s’entendre
aveclesfillesetpuisjevoulaisqu’ellepartagecetteexpérienceavecmoi.Jemesuisditaussiquec’étaitplussimpledeluimontrerplutôtquedeluifaireundébrieflorsdenotrebrunchdominical.Aprèstout,uneimagevautmillemots.Ilestdéjàminuitpassé,maislafoules’étoffeetl’ambiancedevientdeplusenplusélectrifiante.Jedéplacemonpoidsd’unpiedsurl’autreetbaisselesyeuxsurmesnouveauxescarpinsrougesetma
petite robenoire, les deuxderniers arrivants dansmagarde-robe.Et, à en croire la façondontRyderm’observe,jepensequec’estdeloinlemeilleurachatquej’aiepufaire.Onn’apasencoreeul’occasiondeseparlerdepuisquejesuisarrivée.Ilétaitàl’entrée,enpleine
discussion avec unmec, quand on a débarqué, avec les filles. Comme àmon habitude, mon premierréflexeaétédedétaillercequ’ilportait:unechemiseblancheetuncostumesemblableàceluiqu’ilavaitlesoiroùils’estinvitéchezmoi.C’étaitilyaquelquessemainesàpeine,etpourtantj’ail’impressionqueçafaituneéternité.—Tuesladernièrepersonnequejem’attendaisàvoiricicesoir,a-t-ildéclaréquandjesuisentrée
dansl’entrepôt,derrièrelesfilles.—Cachetajoie,surtout,ai-jerétorquéenroulantdesyeux.—Netirepasdeconclusionshâtives,tigresse.Est-cequeçaveutdirequetumepardonnespource
quejet’aidit,l’autrejour?Jeluiaiadressémonplusjolisourireavantderépondre:—Netirepasdeconclusionshâtives,patron.Lepardon,çasemérite.—Confuciusadit:«Lesageal’humilitédereconnaîtresestorts.»—Waouh,mercipourcettepenséeprofonde!l’ai-jetaquiné.—Imaginealorslaprofondeurdemespenséesobscènesquandils’agitdetoi,m’a-t-ilmurmuré.Àcesmots, ilm’aattrapé lamainennouant sesdoigtsauxmiensetaplissé lesyeux,commepour
mieuxm’observer.Soncontactetsonregardpénétrantm’ontfaitfrissonner.—Nouvellerobe?a-t-ildemandéenreculantd’unpassansmelâcherlamain.—Tuestrèsobservateur,décidément.
Ilm’aensuiteattiréeverslui,etj’aidûlutterdetoutesmesforcespournepasposerunepaumecontresontorsemusclé.—Ettul’enlèvescommentsilafermetureÉclairsecoince?s’est-ilenquis.Saproximitéafaillimepriverdemafacultéderepartie.Mêmeavecmestalonsaiguilles,ilmedépassepresqued’unetête.—Enlapassantpar-dessuslatête.Ou,alors,jedemandedel’aideàmoncavalierdelasoirée.J’aiprofitédesonsilencepourretirermamaindelasienneetallerrejoindreSavannahprèsduring.
J’aieul’impressiond’avoirjouéaveclefeu,maissansmebrûler.Un coup retentissant assené par un des combattants à l’autre bout me fait brusquement revenir à
l’instantprésent.Forcem’estdereconnaîtrequeRyderafaitdutrèsbonboulotici,ilgèresonbusinessd’unemainde
maîtreetilestparfaitementdanssonélément.Toujoursenretrait,ilestpourtantsurtouslesfronts.Jelesaisparcequejenepeuxm’empêcherdelechercherduregardchaquefoisquel’occasionseprésente.Cettefois,jel’aperçoistoutdesuite.Ilsedéplaced’invitéeninvité,discutantavectoutlemondeet
gardanttoujoursunœilsurleringetsurmoi.Surtoutsurmoi.Unebarbenaissanteassombritsamâchoireetluidonnel’airplusviril.Tout ce qu’il fait est calculé, ça crève les yeux, lesmiens dumoins. Il rôde autour demoi, tel un
chasseurguettantsaproie.Ilpensequec’estluiquicontrôletoutetsembleoublierquesijesuislà,danscetteposition,c’estparcequej’enaienvie.C’estmoiquiluilaisseuneoccasiondem’attraper.Jereportemonattentionsur lering.Lesyeuxdans lesyeux, lesdeuxcombattantsse tournentautour,
agitantleurspoingsdevanteuxparpetitsmouvements.Jerepenseàmonfrèreetremercielecielqu’ilnese soit pas essayé lui-même au combat. S’il avait également pu éviter de parier, ça aurait été parfait.Avecdessi…Celadit,jecomprendsl’attraitdudanger,dudéfendu,qu’iladûressentir,latensionquimonteaufildessecondes.Lespectaclequ’offrentcesdeuxhommes,quinereculentdevantriendanslebutdegagner,estpalpitant toutcommelesencouragements frénétiquesdupublic,quiapplauditchaquecoupportéavecenthousiasme.L’énergieetledynamismeicisontincroyablementcontagieux.—Alors,tuaspariésurqui?medemandel’hommeàcôtédemoi.Je le contemple à la dérobée quelques instants. Il est pasmal, vêtu d’une chemise impeccablement
repasséeetd’unjeanquiluivaàravir.—Jenepariepas,jenesuispascegenredefilles,répliqué-jeensecouantlatête.—Etquelgenredefilleses-tualors?s’enquit-ilenserapprochantdavantage.Jem’humidifieleslèvresavantdesourire.—Legenrequiasoif.—Jevaisarrangerçatoutdesuite,déclare-t-ilennousregardanttouràtour,Savannahetmoi.Deux
bières?—Minute papillon. Je n’ai pas dit que j’étais le genre de filles à se faire offrir un verre par un
inconnu, rétorqué-je enmedirigeantvers lebar.Surmontédedaisd’oùpendentdes rideauxnoirsquirappellentunpeuceuxd’unthéâtre,ilestinstalléàcôtédel’entrée.Jemeretourneetlorsquejevoisl’hommenoussuivre,derrièreSavannah,j’ajoute:—Enrevanche,jen’airiencontrepayeruncoupàunétranger.—Unebièrepourmoietdesbodyshotspourvous?hasardel’individu.—Ilestpeut-êtredéjàtard,maisiln’esttoujourspassitardqueça,moncoco,rétorqueSavannah.Envoyantlebardeplusprès,jemedisquelesemployésdeRyderdoiventleconstruireetledémonter
aprèschaquesoirdecombat.Forcément, il fautfaire leschosesbien,faireplaisirauxinvités,maisnejamais laisser de trace derrière. On se glisse discrètement dans un univers parallèle, le temps d’une
soirée,etonenressorttoutaussisecrètement.Jemefraieunchemindanslafoulejusqu’aucomptoiretmepenchepar-dessusenlevantunbraspour
attirerl’attentiondubarmanquiestàl’autreboutdubar.Bienévidemment,ilnemecalculepas.Génial,çacommencebien!—Simêmeunefemmeaussibellequetoin’arrivepasàcapterl’attentiondubarman,ilneresteplus
aucunespoirpourcemonde,constateunevoixmasculinederrièremoi.Jeluijetteuncoupd’œilpar-dessusmonépaule.Monnouvelinterlocuteurestgrandetbeau.Sescheveuxblondsluiarriventauxépaulesetencadrent
sonvisagebienmodelé.—Jepensesurtoutqu’ilaoubliéquelebaravaitdeuxcôtés.Tusaissiffler?—Onfaitcommesionvoulaitembrasserquelqu’unenfaisantun«O»avecleslèvres?—Oui,dumoinsc’estcommeçaquejefais,moi.Ilcoincequelques-unesdesesmèchesderrièresonoreille.—Jepaieraischerpourvoirça,commente-t-il.Jeconsidèresaréponsecommeundéfi.Jeposeunemainsursonbicepsetmepenchedavantagepar-
dessuslebarenmehissantsurlapointedespieds.Jesifflealorsàl’intentiondubarman,mais,sanstropdesurprise,celui-cim’ignoretoujours.Ilyatropdebrouhahaautourdenouspourqu’ilpuissediscernermonsifflementàpeineaudible.Lebarmanse fichepeut-êtrepasmaldemoi,maispasRyderquim’observe, lesbrascroiséset les
jambeslégèrementécartées,unpeuplusloin.Ilsaitquejesaisqu’ilmeregarde,qu’ilmedésireetqu’ilestcontrariédemevoirflirteravecunmecquimetientdésormaisparlataille.Cependant,jenepensepasqu’il soit jaloux.Après tout, il nemepossèdepas.Dumoins, pas encore, pas comme je le veux.Sebastian est le seul à penser qu’on peut posséder une personne en l’apprivoisant et en l’enfermantcommeunanimaldansunecage,laprivantdetouteliberté.Ryder,lui,cequ’ilveut,c’estmefairecéderàlatentation,voirsijepeuxrésisteràl’inévitable.Ehbien,vas-y,Cole!Qu’est-cequetuattends?J’aihâtedevoircommenttuvast’yprendre.
16
Ryder
CassieMcEntireades fessesd’enfer :parfaitement rondes, fermesetdessinées.Et,peu importecequ’elle porte, son derrière est toujours à son avantage. J’ai envie de le toucher, de le caresser, de lemalaxer,delemordre,desentirsesfessierssecontractersousmesdoigts.Cequim’embête,c’estquejenesuispasleseul.Jeregardelamainduminetquisembletoutdroitsortid’unboysbandglisseràquelquescentimètres
desfessesdeCassieetserrelesdents.Plusrienn’ad’importanceàcetinstant,nilesdeuxgarsquisontentraindeserouerdecoupsderrière
moini lesbénéficesqu’onaencaissés sur lesparis, rien.Toutcequim’intéressedésormais, c’estdedécouvrirdequellecouleurestlapetiteculottedeCassieetsielleiraitbien–unefoisrouléeenbouleetjetéeausol–aveclacouleurdelamoquettedemachambre.Jerepenseàcequis’estpassédansmonbureau,àcequejeluiaidit,plustôtdanslasemaine.J’ai
vraimentétéconetmaladroit,maisc’étaituneblague,jenevoulaispaslablesser.Toutcequejevoulais,c’étaitenfinlaprendresurmonbureau,meglisserenelleetmenoyerdanssachaleur.Jemesuistoutdesuiteexcusé,maisellen’arienvouluentendre,chosequejepeuxcomprendre.Jeveuxrevenirdanssesbonnesgrâces,etellem’abienfaitcomprendrequejedevraisramerpourça.Son prétendant, Boucles Blondes, n’est qu’un pion sur son échiquier. Elle joue à un jeu cruel et
dangereux,etj’adoreça.J’adore les regardspleinsdesous-entendusqu’elleme lance, lamanièredontellesesertde l’autre
zigotopourmefairecomprendrequ’elleplaîtauxhommesetquejenesuispasleseulàvouloirm’attirersesfaveurs,çamerendfoudedésir.Néanmoins,j’aibeauappréciercepetitjeutordu,celui-cinepeutpasdureréternellement.L’undenousvadevoircapituler,sesoumettreàlavolontédel’autre.Etcommejel’aiditpleindefois:jegagnetoujours.BouclesBlondestentevainementd’attirerl’attentiondubarmanetnemevoitpasm’approcherd’eux.Ça,c’estunegraveerreurdetapart,monpote.Jem’accoudeaubar,del’autrecôtédeCassie,aumêmemomentoùelletournelatêteversmoi.Elle
esquisseunpetitsourireencoin,etjeluireplacedélicatementunemèchedecheveuxderrièrel’oreille.—Ilesttempsdepartir,tigresse,luimurmuré-je.—Ahbon?s’étonne-t-elleenpenchantlatêtesurlecôté.Etquienadécidéainsi?—Tonpatron.—Jenesuispastonemployée.Dumoinspascesoir.—Peut-être,maistuesquandmêmeàmoi,chuchoté-jeenpromenantlesdoigtslelongdesonbras,
jusqu’àsamain.Outuleserasbientôt.Je glisse ensuite lamain sous le basde sa robepour caresser la peau sensible de l’intérieur de sa
cuisse,etelleinspireenseredressantlégèrementetenplissantlesyeux.—Hé,mec,jepeuxt’aider?s’enquiertBouclesBlondes.Ilm’examinedehautenbas,etjecomprendsalorsqu’ilnesaitpasquijesuis.Ilignorequejepeuxle
dégagerd’icid’unsimpleclaquementdedoigts.Erreurnumérodeux,monvieux.Mais,enbonjoueur,jetelaisseunedernièrechance.Ilyaencorequelquesannées,unetelleattitudem’auraitfaitsortirdemesgonds,etj’auraisrégléle
problèmeavecluisurlering.Celadit,j’aichangédepuis,jesuisunhommed’affairesrespectable,jenepeuxplusmepermettreuntelécartdeconduite.—Relax,mec,dis-jeenretirantdiscrètement lamaindesousla jupedeCassieavantdenouermes
doigtsauxsiens.Onallaitpartir,c’esttout.—Tuconnaiscetype?luidemandeBouclesBlondes.—Oui,jetravaillepourlui.—Etonvafairepleind’heuressupcettenuit,assuré-je.—Écoute,mec,elleestavecmoi,annoncelegarsenattrapantCassieparl’autrebras.Erreurnumérotrois,l’ami,etcelle-là,jenepeuxpaslalaisserpasser.JesaisislamaindeBouclesBlondesetlaretiredubrasdeCassie,puismeplaceentreeux.—Écoute,mec,jeteconseilledelâcherl’affaire,OK?Enplus,mateseschaussures.Ilsepenchesurlecôtéetfaitcequejeluidisavantdemejeterunregardperplexe.—Lerouge,expliqué-jeenposantunemainsursonépaule,çanevapastropaveclescheveuxblonds.
Heureusement pour moi les miens sont foncés. Du coup, ses jambes nouées autour de ma tête, sesmagnifiquesescarpinsauxpieds, ferontune trèsbelle image,dansmachambre, surmon lit.Tu saisis,mec?Jeluisouris,etBouclesBlondesreculed’unpas.Ça,c’estfait.JemeretourneversCassiequihausseunsourcil,commepourmedéfierdeprouvercequej’avance.
EllefaitunaurevoirrapidedelamainàBouclesBlondes,puisjepresselapaumedanslebasdesondospourlaguiderverslasortie.Sesfessessexy,monnouveaupéchémignon,sontàquelquesmillimètresdemamain,etjedoisfaire
appelà toutes les ressourcesdemavolontépournepas l’entraînerdansuncoin sombrede l’entrepôtavantdetomberàgenouxdevantelle,deluireleversarobejusqu’àlatailleetd’insinuermalangueenelletoutenprenantsesfessesàpleinesmains.Pourquoimepriver,nouspriver,decepetitplaisirtoutdesuite?Jel’imaginedéjàpousserdespetitscriscontrelemuretplantersesdoigtsdansmoncuircheveluavant
deposerunecuissesurmonépaule.Jesenslasaveurenivrantedesonsexecontremalangue.J’entendssarespirationhaletantependantqu’ellejouitjusqu’àenperdreraison.Àlaréflexion,jepréfèreattendrequ’onsoitchezmoi.Jenesaispascequim’arrive.J’aitropenvied’elle.Jeveuxm’enfoncerentièrementenellependant
qu’elle criemonnomencore et encore. Je veuxqu’elleme chevauchependant que j’admire ses seinstressauter à chaque mouvement, leurs pointes durcies réclamant mon attention. Et, comme je suis ungentleman,jeneleslaisseraipaslanguirlongtemps.Jemeredresseraietsaisiraiuntétonentremesdoigtsetl’autreentremeslèvres.Jelestitilleraisansrelâche,jusqu’àcequ’ellen’enpuisseplus,maisjenem’arrêteraipaspourautant.Je vais emprisonner son corps sous lemien, nos souffles courts et nos sueursmêlées, et je vais la
baisercommesimavieendépendait.Toutcequejesouhaite,c’estquenoscorpssefondentl’undansl’autre,qu’onfinisseenfincequ’onacommencé.Cassiepassedevantmoiets’avanceverslaporteenondulantdeshanchessursestalonsvertigineux.
Sarobebougelégèrementàchacundesespas,mettantàmalmonsang-froid.Jepensequejen’aijamaisbandéaussidurdemavie.
J’inspireprofondément,nepouvantm’empêcherdepenseràtoutesleschosesquejevaisluifaire,unefoischezmoi.D’ailleurs,jepourraisretournersonpetitjeucontreelle,lafairedésirerunpeu.Lafairemesupplier.Après tout, il n’y a rien de plus beau et stimulant qu’une ravissante femme nue dans mon lit, me
demandantgentimentdelafairegrimperauxrideaux.
17
Cassie
J’ignorecommentetdepuiscombiendetempsonaatterrisurlebalcondupenthousedeRyder.Lavuedoitêtremagnifique,avecleslumièresdelavillescintillantdanslanuit,etsijen’étaispastropoccupéeàembrasserRyderj’yaccorderaissansdouteplusd’attention.Toutcequejesais,c’estqu’unebellelunebrillanteestsuspenduedanslecielnoir,au-dessusdenos
têtes,quejesuisadosséecontrelabalustradequiprotègelebalconetquenoslanguesnecessentdesechercheretdesetourmenterdansuneurgencecroissante.Je sens lesmuscles du dos deRyder se contracter sousmes doigts, et il étouffemon petit cri d’un
baiserlorsqu’ilprendmesseinsencoupeavantdepincermestétonspar-dessusmarobe.Ilmemordillelalèvreinférieureenroulantlespointessensiblesdemesseinsentresesdoigts,etjesuiscommeportéeparlahouledenotrepropretempête,cellequenoscorpssontentraindefairenaître,autrenteetunièmeétageduparadisterrestre.Latempêten’estpasprèsdes’apaiser,etpeuimporte.Lefaitqu’onsoittoujourshabillésrelèvedumiracle.Jeporteencoremesescarpins,maisjen’arrive
pasàdéterminers’ilsmefontmalauxpiedsoupas.Lapressionentremesjambesesttellequelesautrespartiesdemoncorpssemblentengourdies.Ryder rompt le baiser et approche les mains de la fermeture Éclair de ma robe. Je tressaille
d’anticipationquandilcommenceàlafaireglisserlentementtoutensemantunemyriadedebaiserssurmapeauexposée.Illibèremesseinsetprenduntétondanslabouchepourlesuceretlemordilleravantdefairedemêmeavecl’autre.Jefermelesyeux,incapablederetenirlegémissementquimontedansmagorge,etjeplaquemapaume
sur son érection avant de la caresser en essayant d’imaginer ce que je ressentirai une fois qu’il seraenmoi.—Situveuxlesavoir,susurre-t-ilcontremapeau,commes’ilavaitludansmespensées,tudevrasme
ledemandergentiment,tigresse.—Jesuistoujoursgentille,voyons,fais-jeremarquerenaccentuantlapressiondemescaresses.Ilsoufflesurlapointedemonseinhumidepuistracedescerclesautouràl’aidedesalangueavantde
l’engloutiravidement.—Etc’estparcequetuesgentillequetuavaisprévuderentreravecleblondinetà2balles?—Jamaisjeneseraisrentréeaveclui,répliqué-jeenenfouissantunemaindanslacheveluredeRyder,
dontleslèvreschaudesdescendentsurmonventre.Jesavaisquej’allaisfinirlasoiréeavectoi.— Mmmh, pour mieux commencer ta nuit, je parie, déclare-t-il entre deux baisers. Je préfère te
prévenirtoutdesuite:ellerisqued’êtretrèsmouvementée.À cesmots, il se redresse brusquement etme prend par la taille pourme retourner, dos à lui. Les
lumières d’Atlanta brillent parmilliers à l’horizon. Il doit être 3 heures dumatin, et un vaste silencerègnesurlaville.Ryderposelespaumessurmesépaulesetlesfaitglisserlelongdemesbraspourrefermermesdoigts
surlabalustradedubalcon.Jesensmoncœurbattreàgrandscoupsetj’ail’impressionqu’ilvajaillirhorsdemapoitrinequandilattiremeshanchesverslui.Ilglisseensuiteunemainversl’intérieurdemacuissepourm’inciteràécarterlesjambes,cequejefaisaussitôt.— Il y a une chose que j’apprécie plus que tout dans cet appartement en cet instant, annonce-t-il
derrièremoiens’agenouillantavantderelevermarobeau-dessusdemesfesses.—C’est…quoi?soufflé-je,ensentantmonventresecontracterdeplaisir.Jem’agrippe à la balustrade. Jeme sens forte et faible à la fois. Je tremble d’appréhension, et, en
mêmetemps,unevaguedechaleurm’envahit.—Lavue,répond-ilenfaisantglissermapetiteculotte le longdemes jambes jusqu’ausol.Elleen
vautvraimentlapeine.Il plante les doigts dans la chair demes fesses, sespouces écartantmes replis intimes.Dèsque sa
langueeffleuremonsexe, je renverse la têteenarrièreetpousseunsoupirsonorequi résonnedans lanuit.Rydersemetàmelécheravecfougue,etj’onduledeshanchesaurythmedescaressesbrûlantesdesa
langue, qui travaille en tandem avec ses pouces. Puis il retire les doigts et pressemon clitoris de lapointedelalangueavantdeletitilleretdesoufflerdessustouràtour.Quandilcommenceàlelécherenpetits cercles, je suis comme traversée par une puissante décharge électrique. Je cambre le dos enpenchantlatêteenavantetmemordslalèvreinférieure.Ilmetravaillesansrelâche,et,rapidement,sescoupsdelangueexpertsnemesuffisentplus.J’aienvie
deplus.J’aibesoindeplus.Jesuisunbâtondedynamitedontilvientd’allumerlamèche.Ryder a dû sentir mon besoin, parce qu’il se redresse et me retourne brusquement vers lui avant
d’écraserleslèvressurlesmiennes.Legoûtdemonplaisirenvahitmabouche,etjeprendssonvisageentremesmainspourapprofondirlebaiser.Soudain,ilmesoulèveenmeprenantparlesfesses,etjenouelesjambesautourdeseshanches,lebas
demarobeàmoitiéouverteremontantdavantagesurmataille.J’enfouis la têtedanssoncou,et ilmeporteàl’intérieurdel’appartementéclairéparlesseulsrayonsdelune.Enfin.Jesenssonérectionentremescuissesfrottercontremonsexeetsuisprised’unbesoinaussiurgentque
violent.—Libèretaqueue,marmonné-jeendéboutonnantsachemise.—Lesfillesgentillesneparlentpascommeça,d’habitude,observeRyderenmeplaquantcontre le
murdecequisembleêtresachambre,alorsqu’undemespiedsbutecontreunecommode,àcôtédenous.—Peut-êtrequej’enaimarred’êtreunefillegentille,rétorqué-jeenm’arquantverslui.—Peut-êtrequetuferaismieuxdelerester,marmonne-t-ilenenfonçantlesdoigtsdansmesfesses.Tu
sais…afind’éviterd’éventuellesreprésailles.—Ryder,puis-jesortirtaqueue?—Tuasoubliéquelquechose,meréprimande-t-il.—S’ilteplaît…Sesdoigtsserapprochentdeplusenplusdemonsexe,maispasassezviteàmongoût.—Ryder,s’ilteplaît,est-cequejepeuxlasortir?S’il…te…plaît.Ilsentmondésespoir,c’estobligé.—Ouvreletiroirduhautdelacommode,mechuchote-t-ilàl’oreille.Dépêche-toi.J’obéis et je tire sur la poignée du tiroir, puis tâtonne dedans d’unemain tremblante. J’en sors un
préservatifetj’appuieledoscontrelemurafind’ouvrirlabraguettedeRyderetdebaissersonpantalonetsonboxer.Jedéchirel’emballageetdéroulelepréservatiflelongdesonsexerigide.
Nosregardssecroisent,ilmesoulèveleshanchesetmepénètred’unvifcoupdereins.Jecontiensuncrideplaisir,etRydercommenceàalleretvenirenmoiens’enfonçantchaquefoisun
peuplus. Je resserre les jambesautourde lui,contractant lesparoisdemonvaginautourdesonsexe.Voilàcedont jerêvaisdepuisnotrepremière«discussion»danssonbureau: lesentircontremoi,enmoi.—Putain,c’esttropbon!halète-t-il.Trop,tropbon.—Oui…Net’arrêtepas.J’appuielatêtecontrelemur.Mesyeuxsesonthabituésàlapénombre,etjeleregarde,j’étudieles
expressions qui paraissent sur son visage. Nos corps se meuvent en rythme, et j’ai l’impression desombrerdansunabîmedesensualité.—Tuaimesmeregarderentraindetebaiser?demande-t-il.—Oui,soufflé-je,sentantsonglandtoucherunpointsensibleauplusprofonddemoi.—Çatombebien,parcequemoi,j’aimeteregarderjouir.Ilaccélère lacadencedesescoupsde reinset,alorsque jenem’yattendspasdu tout,mesoulève
davantagecontrelemurpourentrerencoreplusenmoi.Dieu.Tout-puissant.—Cassie,dit-ild’unevoixrauqueàmonoreilleenfrottantsonpelviscontrelemien.Monnomn’ajamaisétéprononcéd’unemanièreaussisexy.Jel’attirecontremoipourcouvrirsoncoudebaisersetmordillerlacourbedesesépaulesmusclées,
maisilnem’enlaissepasle temps.Brusquement, ilm’attrapepar lescheveuxetmeramènela têteenarrièrepourm’embrasseravectantdepassionquej’enailesoufflecoupé.Sabarbenaissantemepicotelesjoues,etjemenoieenlui,oubliantcomplètementlemondeextérieur.Monorgasmecommenceàmonterparvagues,etsapuissancem’arracheuncri.J’enfoncelesongles
danslesépaulesdeRyderetjelaisselibrecoursàmajouissancependantqu’ilplongeenmoi,encoreetencore.Ryder,Ryder,Rydeeeeer!J’ignoresi jehurlesonnomàvoixhauteoudansmatête,néanmoinsunechoseestsûredésormais:
rienqued’entendresonprénommeferarougirpendantunlongmoment.
18
Cassie
J’aiencore rêvédeLondrescettenuit. Jenemesouviensplusdequoiexactement,mais jesaisqueRyderétaitavecmoi;onétaitheureux,ensemble.EtSebastiann’estpasvenutoutgâcher,pourunefois.J’ouvrelesyeuxetjeclignedespaupièresdanslesoleilquim’aveugle.Lesrideauxdelaporte-fenêtre
sont grands ouverts, laissant apercevoir le balcon, où ma petite culotte doit être en train de bronzertranquillement.SansbougerafindenepasréveillerRyder,jebalaielapièceduregard.Voicidoncàquoiressemble
sachambre.Ladécorationestclassiqueetminimale,maisdebongoût.Lamoquettebleuciels’accordebienaveclesmeublesetlesmursblancs.Doucement, jemerecroquevillesurlelit, tirantsuruncoindudrap.Lesoleilperçaitdéjàl’horizon
quandons’estcouchés,nusetvidésdetouteénergie.Ladernièrechosequejemerappelle,avantd’avoirsombrédansunsommeilprofond,c’estlecorpschauddeRyder,sontorsecontremondosetunedesesmainsposéecontremoncœur.Jen’aipasbeaucoupdormi,néanmoinsjenesuispasdutoutfatiguée,aucontraire.Jemesenssuper
bien, légèrecommeuneplume,commesi jevenaisde renaître.Cetétat, je ledoisà lapartiedesexeépoustouflantedecettenuit.Ça faitunmomentque jen’aipas ressentiautantdeplaisir,de sensationsintenses,pendantuncoït.C’estcommesionm’avaitôtéunvoilededevantlesyeuxetquejevoyaisenfinlaréalitédelachose.D’ailleurs,j’espèresincèrementqu’onaural’occasionderecommencer.Toutdesuite,pourquoipas,tiens.Jerepoussemafrangesurlecôté,enespérantquemonmaquillage,oudumoinscequienreste,n’apas
tropsouffertcettenuitetquejeneressemblepasàunpanda,etmeretourneversRyderentendantlamainpourluidonnerunepetitetapesursesbellesfessesbienfermes.Saufquemapaumen’atterritpassursonderrière,maissurlematelas.Rydern’estpaslà,etjeconstatequ’ilamêmeprisletempsdetapotersonoreillerpourleregonfler
avantdepartir.Jemeredresse,laissantledrapretomberàlahauteurdemataille.—Ryder?Rien.—Yaquelqu’un?Bon…Jefroncelessourcils.Lelendemaind’uncoupd’unsoir,cen’estpasplutôtàlapersonnequinevitpas
dans«l’endroitducrime»disonsdequitterleslieuxsurlapointedespieds,latêtebaissée?Lafameusemarchedelahonte,c’estàl’invité(e)delafaire,pasl’inverse.Peut-êtrequ’ilestautravail.Undimanchematin?Laisse-moirire.OK,àlamessealors?Ryder?Dansuneéglise?Sérieux?Ilnemeresteplusqu’unechoseàfaire.Ellerisqued’êtrepérilleuse:lamarchedelahonteavecmes
escarpinsrouges.Jeme lève en soupirant et j’enroule le drap autour demoi avant de jeter un regard circulaire à la
chambre,àlarecherchedemesaffaires.J’aperçoismapochetteenpremieretj’ensorsmonportable.Ouf, pas d’appels manqués venant d’un appel masqué, juste deux textos, un de Shelby et un de
Savannah. Je les lis et ne peux réprimer un sourire.Ces filles sont vraiment dingues.Ellesm’ont vuequitterl’entrepôtavecRyderlaveilleettenaientàmedonnerquelquespetitsconseilsdedernièreminute.Troptard.Nonpasquej’enaieeubesoin.Soudain,unepenséemoinsdrôlemetraversel’esprit.Jen’aitoujoursaucunenouvelledeJamie.IlnerépondniàmesappelsniàmesSMS.Pourquoin’ai-je
paseuunepetitesœuràlaplace?Jesuispersuadéequeçaaurait…Mon attention est alors attirée par ma robe, parfaitement pliée, sur la commode en face du lit. Je
m’avanceverslemeubleetremarquequ’ilyaquelquechose,unboutdepapier,surlevêtement.Jevoiségalementmesescarpins,posésaupieddelacommode.Waouh,RyderasoitdesTOCsoitunsensdurangementquejenedésapprouvepasdutout!Jeprendslafeuilleetladéplie.
Jem’entraîneàlasalledesport,enbas,boutonBdel’ascenseur.Viensjouirduspectacleet/oujouirtoutcourt,tigresse.
R.
Unsoulagementimmenses’emparedemoi.Enplus,ilyaquelquechosedetrèsintimedanssonmot,unelégèretéetuneconfiancesurprenantes.C’estcommesinotrerelation,oucequ’ilyaentrenous,avaitpasséuncapetqu’elleallaitenpasserencorepleind’autres.J’aihâtedeleretrouver,delevoir,maisj’appréhendeégalement,maintenantqueleschosessont…cequ’ellessont.Qu’est-cequ’ellessont,d’ailleurs?Iln’yaqu’unemanièredelesavoir.OnpeutdirequeRyderColesaitsedéfendresurunring,etillefaitavecunetelleéléganceetvirilité
quejeleconsidèreunlongmoment,lesyeuxécarquillés.Ilesquivehabilementlescoupsdesonentraîneur,et,chaquefoisqu’ilsebaisseouqu’ildécocheune
droiteàl’autrehomme,sesmusclesjouentsoussapeauhumidedesueur.Ilesttoutsimplementsplendide.Auboutdequelquesminutes,jemerendscomptequejemetienstoujourssurleseuildel’entréedela
salledesport.Jerefermelentementlaportederrièremoi,nevoulantpasfairedebruitetinterrompreouperturberl’entraînementdeRyder.Lasalledesportestassezgrandeetbienéquipée:desmachines,unsacdefrappeetunringaumilieu,
biensûr.Jeremarqueaussiqu’iln’yapersonned’autrehormisnoustrois.Le regard rivé sur Ryder, je m’adosse contre le mur. Je me demande s’il sait que je suis là. Son
entraîneur et lui portent des gants. L’homme fait un pas en arrière, et Ryder l’imite, les poings levésdevant levisage. Ils se tournentautourensautillant,puis l’entraîneurplaceunenouvelledroite.Ryderpareagilementlecoupavantdeluiadministreruncoupdanslescôtespuislatête.—Putain,Ryder!s’exclamel’hommeensouriantetensefrottant lacagethoracique.Tucherchesà
impressionnerquelqu’unouquoi?Oui,ilsaitquejesuislà.Ilséchangentencorequelquescoups,etl’entraîneurseretireensaluantRyder.J’attendsquel’homme
quittelasallepourm’avancerversleringetmonterdessus,piedsnus.Ilenlèvesesgants,etjeremarquequ’ils’estprotégélespoingsenenroulantunesortedebandeélastiqueblancheautour.—C’estmontee-shirt,ça,non?s’enquit-ilenmereluquant.Forcément, jenepouvaispasvenir icivêtuedemarobe.Auxgrandsmauxlesgrandsremèdes.J’ai
doncpiquéundesestee-shirtsetunbasdesurvêtementquiestencoretropgrand,malgrélesourletsquej’aifaits.—Net’enfaispas,dis-je,j’enprendraileplusgrandsoin.Il s’approche de moi et passe un bras autour de ma taille pour m’attirer vers lui.Machinalement,
j’inspiresonodeur,unmélangeenivrantdesueuretdedéodorant.—Peut-êtrequ’ilseraitmieuxquetul’enlèves,propose-t-il.—Quelqu’unestd’humeurexhibitionnisteaujourd’hui,ondirait,fais-jeremarquer.—Non.J’airéservélasallependantencoreuneheure.Voilàquichangetout.Jepresselesmainscontresontorsemuscléethumide,etlèvelesyeuxpourcroisersonregard.—Danscecas,murmuré-je,j’enlèverailetee-shirtàconditionquetum’apprennesquelquesrudiments
delaboxe.—Tuenvisagesunchangementdecarrière?metaquine-t-il.—Onnesaitjamaiscequipeutarriver.Lesecteurdelacomptabilitéestassezprécairecesderniers
temps.—OK.Ilfaitquelquespasenarrièreetdit:—Essaiedememettreuncoup.—Un«coup»?Uncoupcomment?—Commeça.Ilaccompagnesaréponsed’unmouvementdebrasversmoi,lepoingserré.Jel’imite,maisilsecoue
latêteetsaisitmonpoignet.Illesecoueetjedesserrelepoing.—Sinon, tu risques de te casser le pouce, tigresse, explique-t-il enme repliant les doigts avec le
pouceàl’extérieur.Voilà.Maintenant,écartelesjambes.—Mmhmmh,ça,c’estaprèslaleçondeboxe.Ilpartd’unpetitrireets’agenouilledevantmoi.—Oui,aussi,maissituveuxquejet’apprenneàfrappercorrectementtuasintérêtàm’écouter.Enparlant,ilplaquelesmainssurl’intérieurdemescuisses,meforçantàécarterlesjambes.Puisil
mesaisitunechevilleetpoussemonpiedlégèrementversl’arrière.—C’estmieux,commente-t-ilenseredressant.Maintenantquetuaslabonneposition,avantdeporter
lecoupdis-toiquetonénergievientdetesjambes,pasdetesbras.Ilseplacederrièremoietm’attrapeparleshanches.—Surlecôté…,marmonne-t-ilenmetournant.Ettufrappesavectoutlehautducorps.Allez.J’envoieuncoupdepoingdansl’air.Rydervientsereplacerdevantmoi.—Tucognesavectesjointures,pasavectesdoigts,commente-t-ilencouvrantmonpoingdesapaume.
Sinon,c’estpaslenezdumecquetuvaspétermaistamain.Je hoche la tête et me remets en position pendant que Ryder lève une main devant son visage. Je
décocheuncoupdepoingdanssapaume,puisunautreetunautreencore.—Pasmal,tigresse.Çayest,tusaistedéfendremêmesijenesaispascommenttut’yprendraissi
quelqu’unfaisaitça…
Avantquej’aie le tempsdecomprendrecequisepasse, ilm’empoignepar lebras toutenbloquantmonmolletdroitpourmefaireperdrel’équilibre.Jetombeàlarenverse,etilmerattrape,amortissantmachute.Waouh!Ils’installeàcalifourchonsurmoi,ungenoudechaquecôtédemeshanches.—J’aigagné,annonce-t-ilfièrement.—Turéserveslemêmetraitementàtoustesinvités?—Non,justeàceux…ouplutôtàcellesquej’aimebienvoirnues.—Intéressant…Etcombiend’invitéesas-tueuesaucoursdecesdouzederniersmois?Ilmegratified’unsourirequimefaitfondrecommeneigeausoleilavantderépondre:—J’aiarrêtédecompterparcequejen’aiplusdeplacesurmontableaudechasse.—Ahouais?lancé-jeenfeignantl’indignationetenluiassenantuncoupdepoingdansl’épaule.Aumoinsilaladécencedefairesemblantd’avoirmal.—Bon,OK,j’exagèreunpeu.Entoutcas,jemefaisrégulièrementtesteretjesuisenparfaitesanté.
Tun’asdoncpasdesouciàtefaire.—Qu’est-cequetuattendsalors?Jepensaisquetuvoulaisquej’enlèvemontee-shirt.Illèvemesdeuxmainsau-dessusdematêtepuisfaitglisserlessienneslelongdemesbras,demes
épaules,jusqu’àmonvisage.Ilmecaresselesjouesduboutdespoucesavantderecouvrirmoncorpsdusien.Quandseslèvress’égarentsurmagorge,jepousseleshanchesversluietpressemonpelviscontresonérection,quisembleneréclamerqu’unechose:qu’ons’occuped’elle.Ryderseredressesuruncoude,etj’enprofitepourexplorersontorseavecmeslèvres,savourantle
goûtdesasueur.Ilglisseunemainsousletee-shirtettitillelapointed’unseinentresesdoigtsavantdefairepareilavecl’autre.Unfrissondeplaisirmeparcourttoutentière.Néanmoins,jedécidedeprendreleschosesenmain.Enfin,enbouchesurtout.Jelerepoussesurlecôtéetm’assiedsàcalifourchonsurlui.Heureusement,ilnefaitrienpourm’en
empêcher.Jel’embrassedanslecouetfaisglisserleslèvressursontorse,lelongdesonventre,jusqu’àsaceinturedesurvêtement.J’insinuelesdoigtssousl’élastiqueduvêtementetlefaisdescendresursescuisses.Jeprendsensuitesonsexedanslamainetlecaressedoucement.—Oh,putain!souffle-t-il.Il saisit le tee-shirt et fait passer le vêtement au-dessus de ma tête d’un geste impatient avant de
parcourirmondosdehautenbasavecsesmains. Je reculeunpeuplussur luietmepencheavantdeléchertoutelalongueurdesonsexeduboutdelalangue.Rydergémitetplongeunemaindansmescheveux.Lorsquejeleprendsentièrementdansmabouche,il
secambreversmoi.—Ahoui!J’entameunmouvementdeva-et-vientavecmatêteenenroulantlalangueautourdesongland.Jesens
unedeuxièmemaindansmescheveuxetj’entendslavoixrauquedeRyder.—Moiaussi,jeveuxtegoûter.Jemeredresse,et ilmesaisitpar la taille,meforçantàmeretournersur lui. Il tiresurmonbasde
survêtement,et je lèveune jambe,puis l’autre,afinqu’ilme le retire.Puis il rapprochesonvisagedemonsexependantquej’attrapelesienpourenprendrel’extrémitédansmabouche.Salangues’acharneimmédiatementsurmonclitoris,etjecommenceàondulerdeshanchesenpoussant
depetitsgémissements.Sentantdéjàlesprémicesdemonorgasme,j’accélèrelemouvementdematête.Unechaleurintenseinondelecreuxdemescuisses,etjefermelesyeux,suçantRydersansrelâche.Soudain, il insinue sa langue enmoi,m’explorant, et presse, enmême temps, sonpubis contremon
visage.Sonmouvementmedéconcentre, et je sens que je suis en train de perdre tousmesmoyens auprofitd’unorgasmeaussi intenseque foudroyant.Celadit, jen’arrêtepasde le sucer jusqu’àcequ’iléjaculeaufonddemagorge.PendantqueRyderseremetdesesémotions,jemetournedenouveauetm’allongecontreluienposant
latêtesursonépaule.Jecaresseseslèvresduboutdesdoigts,et ildéposeunlégerbaisersurchacund’entreeux.—Putain, j’adore le goût de ta chatte !marmonne-t-il, rompant le silencequi s’est installé dans la
salle.—C’estcommeçaquetufinistesentraînementsd’habitude?susurré-jecontresapeaulisseetchaude.—Non,s’esclaffe-t-il,maisjen’auraisriencontre.Unpeuplustarddanslamatinée,jecoursdanstouslessensdansmamaison,ungrossacaccrochéà
monépaule,endressantunelistementaledetouteslesaffairesquejedoisemporter.Avantquejepartedechezlui,Ryderm’aproposédevenirfaireducampingaulacLanieraveclui,
Cash et Jackson. Comme il voyait que j’hésitais, il a rapidement précisé que Shelby, Avery et Rubyseraientégalementdelapartie,etcetteaffirmationasuffiàmeconvaincre.—Çavaêtremarrant,a-t-ilditensurgissantde lasalledebains,uneserviettenouéeautourdeses
hanchesétroitesetentièrementenveloppédansunnuagedevapeur.Onvaypasser lanuitetsécher leboulotdemainmatin.Katies’occuperadubarennotreabsence.Jesavaisqu’ilétaitentraindemeparler,maisj’étaissurtoutconcentréesursespectorauxd’acier,ses
abdosentablettedechocolatetlabosseimpressionnantequeformaitsonérectionsouslaserviette.Ils’estavancéverslelit,oùjem’étaisallongéeenl’attendant,ets’estinstalléàcôtédemoi,soutenant
satêtedelamain.—J’espèrequetun’asriendeprévuparcequejevoudraisvraimentquetuviennesavecnous,a-t-il
répétécommejeneluidonnaistoujourspasmaréponse.—Non,c’estbon,j’airiendeprévu.Jesuisentièrementlibreetdisponible.—Mmmh,lesdeuxqualitéslesplusimportanteschezunefemme,a-t-ildéclaré.—T’esvraimentunconnarddesfois,tulesais?ai-jerétorquéengrimpantsurlui.—Oui,maistum’appréciesquandmême.Jesoupire,repoussantlesouvenirdenotreénièmepartiedejambesenl’airdansuncoindematête
afindefinirdemepréparer.Jen’aipasbeaucoupdetemps.Ryderm’adéposéeilyaunedemi-heure,avantderetournerenville
pourfairequelquescoursespuispassermerécupérer.Lelacestàenvironuneheuredechezmoi,etjeneveuxpasperdredetempsinutilement.J’aipratiquementtout,saufleplusimportant:unsacdecouchageetunmaillotdebain.Ehoui,pasfacilederetrouversesmarques,etsesaffaires,dansunendroitqu’onaquittéilyadeuxans.J’ouvretouslestiroirsdelacuisine,àlarecherchedejenesaisquoi,etjetombesuruntubedecrème
solaire. Jepréfèrenepas savoir pourquoi Jamie l’a rangé là, avec lespiles et les lampes torches. Jehausse lesépaulesenprenant le tubeetune lampe torche,puis les jettedansmonsacen traversant lacuisine,quandj’aperçoisducoindel’œil,àtraverslafenêtre,quelquechosesurleperrondelamaison.Unbouquetdefleursdansunvase.Waouh,jenem’attendaispasdutoutàça!Soussesairsdebadboy,Ryderestunvéritablegentleman.
Lebouquetestravissant:unmélangederosesetdepivoinesauxcouleursflamboyantes–durougevifpourlesroses,duorangeetduroseéclatantspourlespivoines.C’estadorable.ÇamefaitplaisirdesavoirqueRyderapenséàmoienachetantlesprovisionspourle
camping.JesorssousleporcheetramasselebouquetencherchantRyderduregard.C’estétrange,iln’estpas
là.Ilestpeut-êtreretournéàlavoiture.Entoutcas,jedoisvraimentmedépêcher.Jeveuxprofiteràfonddecettejournéeetdemesnouveauxamis.EtdeRyder.SurtoutdeRyder.Toutcommelebouquet,levaseestmagnifiqueaussi.Enverre,ilestornéd’unreliefcrénelé.Jedoute
qu’il ait acheté le bouquet dans le supermarché. Il a dû s’arrêter chez un fleuriste. Qui a dit que lagalanterieétaitpasséedemode?Jeremarqueuneenveloppeaccrochéeàl’unedestiges.Jelaprendsetmedirigeversl’escalierpour
finirdemepréparer.Jemanqueunemarchedejustessequandjevoislenominscritsurlacarte.
Cassandra
Iln’yaqu’unepersonnequim’appellecommeça,etcen’estpasRyder.Jeravalepéniblementmasaliveenouvrantl’enveloppeetlislemessageàl’intérieur.
Monamour,PuisquelamontagneneveutpasveniràMahomet,ilfautdoncqueMahometailletrouverla montagne. Tu es cette montagne, Cassandra, et moi, Mahomet. Comme lui, je nereculeraidevantrienpourtereconquérir.Tunem’encroispeut-êtrepascapable,maistusaisquejenerenoncejamais.Jamais.Àtoipourtoujours,
S.Deslarmesdefrustrationmepiquentlesyeux,etjepousseuncridedésespoirendéchirantlemessage
enmillemorceaux,mais çanem’apaisepaspourautant.LesmotsdeSébastian sontgravésdansmonesprit.«Jenereculeraidevantrien…»Le fait qu’il pense que son bouquetme fera changer d’avis, que je vais retourner auprès de lui et
reprendrenotreviemisérablenefaitquerenforcermacolèreetmadéterminationànepluscéderà lapeurqu’ilm’inspire.Jesecouelatêteetj’essuiemeslarmes.J’imaginel’expressiondufleuristequiarédigélemessage.Il
adûcroirequeSebastiann’étaitpastoutseuldanssatête.Entoutcas,moi,j’ensuispersuadée.Enrevanche,ilsaitaussioùjesuis.Çanedevraitpasmesurprendre.Quandilavuquej’avaisquitté
notreappartement,iladûrapidementcomprendrecequecelasignifiait.Ilconnaîtmonadresseici,ilestmêmevenuàlamaisonunefois,ilyadeuxansetdemi,pourfaireunbarbecueavecmonfrèreetmoi.Quellehorreur!J’aimisdeladistanceentrenous–unocéanentier,quiplusest–,maisapparemmentçanesuffitpas.
Jepensais,àtort,êtreensécuritéchezmoi,dansmapropremaison.Sebastiann’estpeut-êtrepaslà,maisilacontaminé,violémonintimitéavecsoncadeauempoisonné.Pleinededégoût,jeretournedanslacuisineetm’arrêtesurlepasdelaportepourétudierlebouquet
posésurleplandetravail.Jelevoissousunautrejourdésormais.Lesfleurssontserréesl’unecontrel’autre,etlevasesemblebientroppetitpourelles.Lebouquetestcommenotrerelation:épineuxetsansintérêt.Je prends le vasepour aller le jeter dans la benne à ordures qui se situedans le jardin.Les fleurs
s’éparpillent dans la poubelle tandis que le vase atterrit au fond avec un bruit sourd. J’aurais préféréqu’ilsebriseenmilleéclats,maistantpis!Onnepeutpastoutavoirdanslavie,etSebastiandevraitsefaireàcetteidée.
19
Cassie
Ryderconduitsavoiturecommeilfaitl’amour:avecpassion,détermination,sachantexactementquoifaireaubonmoment.Ilpasseunevitesseetappuiesurl’accélérateurens’engageantsurl’autoroute.J’essaie de ne pas penser à Sebastian en me concentrant sur le bel homme viril à côté de moi.
Aujourd’hui, il porte un jean et un tee-shirt, et – roulement de tambour – des claquettes ! C’est lapremièrefoisquejelevoisentenuedécontractée.Saufquandilestentenued’Adam,quirestedeloinmapréférée,biensûr.J’admire lepaysagequidéfileàvivealluresousmesyeux,monespritsemblantmalgré toutvouloir
retourner vers Sebastian et le bouquet de fleurs. Je décide alors d’inventer un petit jeu. Chaque foisqu’une image de Sebastian s’impose àmoi, je la remplace aussitôt par une image deRyder avec uneserviettedebainnouéeautourdeshanchesoudeRyder torsenu,enbasde survêtement,ouencoredeRyder avec son jean baissé et moi entre ses jambes, ou dans ses bras. J’adore ce jeu et je constaterapidementquej’ysuisplutôtdouée.Toutlemondeestdéjàlàquandnousarrivonsàdestination.— Je suis trop contente que tu sois venue, me dit Shelby en m’attirant dans ses bras lorsque je
descendsdelavoiture.Elle me présente Parker, le quatrième associé d’Altitude. Grand, baraqué, le crâne rasé, je me
demande s’il fait partie desmarines,maisma supposition se révèle totalement erronée. Ilm’expliquequ’ilvientderentreràAtlanta,aprèsavoirpassésixmoisàNewYorkpourleboulot.Ilbossedanslafinance,danslamêmebanquequeSebastianmaisdansunservicedifférent.Uneautreimagedecedernierapparaîtdevantmesyeux,etjeladélogedemonespritenmerepassantlefilmdemesébatsavecRyder,danssasalledesport.Voilàquiestmieux.Lajournéesedéroulecommedansunrêve.Onmange,onboit,ondiscuteetonchahute,puisJackson
sortunballondefootballdesonsacetproposedefaireunepartiefillescontregarçons.Jepensequejen’aijamaisautantridemavie.Le match touche à sa fin. Les garçons mènent au score, et c’est nous qui avons la balle en notre
possession.—Jevais faireunepasseàCassiepourqu’ellesorte laballeen touche,murmureShelbyalorsque
noussommestoutesregroupéesdansuncoinduterrainimprovisé.Elleestrapide,maisParkerl’estaussi,çavaêtredifficiledelesemer.—J’aiuneidée,souffleRuby.Onfaitcommet’asdit,ettumelaissesgérerlereste.Onsemetenposition,Shelbymefaitunepasse,etjecommenceàcourirverslazonedetouche.Parker
m’apratiquementrattrapéelorsqueRubysurgitàmadroite.—Hé,Park!hurle-t-elleenlevantsontee-shirt,dévoilantainsisonsoutien-gorgepush-upendentelle.Son idée fait mouche : Parker s’arrête net en tournant la tête vers elle, et j’arrive à inscrire le
touchdownenfranchissantlaligneimaginaired’en-butadverseavecleballondanslesmains.Jelejetteausolet tombeàgenouxdansl’herbeenlevantlesbrasensignedevictoire.Lesfillesaccourentvers
moietsejettentsurmoiencriantàtue-tête.Quandonserelèveenfin,oncontinuedecrierensautillantdanstouslessens.—Bon, çava, on a compris,marmonne Jackson,visiblement trèsdéçude s’être fait battrepardes
nanas.Vousavezgagné.Paslapeined’enfairetoutunplat.— En fait, si, lui lance Shelby. Parce que… « ON EST LES CHAMPIONNES, ON EST LES
CHAMPIONNES,ONEST,ONEST,ONESTLESCHAMPIONNES»!On se joint à elle en tapantdans lesmains avantdeprendre laglacièred’assautpour savourerune
bièrefraîchebienméritée.Plustard,dansl’après-midi,lesgarçonspréparentdeshamburgersaubarbecue,etons’installetousen
cercle pour manger. Rapidement, la conversation tourne autour de la dernière conquête de Cash, unechoristequ’ilarencontréeàAltitude,vendredisoir.—Elleavraimentunevoixincroyable,déclare-t-il.—Tuluiasdonnélela?s’enquiertAvery.—Non,jeluiaidonnéquelquechosedebienplusintéressant,répond-il,unsourirebadinauxlèvres.Lesfillesroulentdesyeuxpendantquelesgarçonssetapentdanslamainenrigolant;aprèsquoion
changedesujet.Commetoutecettejournée,lerestedurepassepassedanslajoieetlabonnehumeur.Lesoleilbrillehautdanslecield’unbleusansnuages,ilfaitunechaleurépouvantable,etquandRyder
meproposed’allersebaignerentêteàtêtej’acceptesansmefaireprier.J’enfilemonmaillotdebain,etil m’amène jusqu’à un grand rocher au bord du lac, assez loin du campement, à l’abri des regardsindiscrets.Je pousse un soupir d’aise enm’immergeant dans l’eau fraîche du bassin, avant de grimper sur le
rocheretdem’asseoiràcôtédeRyder,lachaleurdusoleilréchauffantrapidementmapeauhumide.Trèsvite, jeme livreàquelquesconfidencesàproposdemesparents : ledécèsdemonpèreet le
déménagementdemamèreenFloride,etluimeparledesatoutepremièrebagarre,aulycée,quandilaprisladéfensedeMarvinLutwak,un«grosbébéàsamôman».—Jen’exagèrepas,explique-t-iltandisquejerigole.Enplus,ilétaitgros,petitethyperchiant.Etil
pleurait tout le temps, pour tout et n’importe quoi. Un jour, il s’est mis à chialer pendant le coursd’éducationphysiqueparcequ’ilaétéchoisiendernierquandila fallufairedeuxéquipes.Et, la foisd’après,aucourssuivant,ilapleuréparcequ’iln’apasaiméqueleprofdemandeàl’unedeséquipesdelechoisirenpremierpourdésamorcerunpeusontraumatisme.Jerisdeplusbelle.—OK,jecomprendsmieuxpourquoipersonnenepouvaitleblairer,lepauvre.—Ah,tuvois!Moinonplus,jenel’aimaispas,maisjetrouvequecen’étaitpasnonplusuneraison
valabledes’enprendreconstammentàlui.Ilétaitlesouffre-douleurdeplusieursgaminsàl’écolejusteparce qu’il était con. (Ilmarque un temps d’arrêt.) Je le croisais souvent dans le quartier en train depousser sa grand-mère en fauteuil roulant, reprend-il. Il avait aussi une petite sœur, de deux ans sacadette,quiallaitdanslemêmelycéequenous.ElleetsescopinesvénéraientMarvin,elleslesuivaientpartout.—Oui,ilavaitdespersonnesquil’aimaientetpourquiilétaitimportant,murmuré-je.—Exactement.Unjour,après lescours,PatrickMason, legars lepluspopulairedubahut,acoincé
Marvindansunecourderrière le lycée.Mespotes,quiétaientaussi lespotesdeMason,ontremarquéqu’il sepassaitquelquechoseet sesontprécipitésvers lacourpourassisterà labagarre,et je lesaisuivis.MasonexigeaitqueMarvinluidonne5dollars,sinon,ilallaitluirefairelatêteaucarré.(Ryderlève les yeux au ciel en inspirant.) Jamais je n’oublierai la peur que j’ai lue sur son visage. Il étaitterrifié.Etc’estlàoùj’aicomprisque,touslesmatins,ilserendaitaulycéeavecuneénormebouleau
ventre,sansjamaissavoircequelajournéeluiréservait.Toutçaparcequ’iln’étaitpasdanslecoup.Jeramènelesgenouxsousmonmenton.—Ques’est-ilpasséensuite?demandé-jed’unepetitevoix.—Marvin a commencé à pleurer en disant à Patrick qu’il n’avait pas d’argent sur lui, il amême
retournésespochespour luimontrerqu’ilnementaitpas.Patrick luiaalorsdonnéplusieursgiflesendisantqu’iln’étaitqu’unemauviette,qu’ilneservaitàrienetqu’ilfiniraitparsetapersapropresœuretéventuellement ses copines, parce qu’il répugnait les autres filles du bahut et que jamais personne nevoudraitdelui.LavoixdeRydervibred’émotion,lesouvenirqu’ilévoqueestencorevif.—Ilyavaitpasmaldemondequis’étaitrassembléautourd’eux,etpersonnenefaisaitrien,poursuit-
il.Àunmoment,j’aiditàPatrickdelâcherMarvinétantdonnéque,detoutefaçon,iln’avaitpasd’argentàluifiler.Patricks’estretournéversmoietm’aditdememêlerdemesaffairesetdefermermagueuleparcequ’ilnem’avaitpasdemandémonavis.Jeluiairéponduquec’étaittantmieuxpourluiparceque,s’ilmel’avaitdemandé,jeluiauraisditquecen’étaitqu’unlâchequines’enprenaitqu’auxplusfaiblespourexister.Çaneluiapaspluparcequ’ils’estjetésurmoi,lepoingenl’air.Maisj’aiétéplusrapidequeluiet,avantqu’ilaiteuletempsdemecogner,jeluiaifoutumonpoingdanslafigure.Ilesttombéparterrecommeunemerde.Jecouvrelabouchedemamain.—MonDieu!Engros,tontoutpremiercombats’estsoldéparunKO.Ilhochelatête.—Aprèsça,PatrickMasonnes’enestplusjamaisprisàMarvin.Pluspersonnenel’aembêtédepuis,
enfait.Etmoi,j’aicommencéàprendredescoursdeboxe.Ils’allongesurlerocher,sesmuscless’étirantsoussapeauferme,etjeregardelesdernièresgouttes
d’eaucoulersursontorseetsonventremusclé.—Jemesuisbattuencoreplusieursfoisaprèsçaaucollège,continue-t-il.Maisjen’aijamaispensé
enfairemonmétier.Etpuisj’aicomprisquejepouvaisvraimentbiengagnermavie.—Àconditionquetusoistrèsbon.—Oui,etjustementjelesuis.Enfin,jel’étais.—Çatemanque,lescombats?demandé-jeenm’allongeantàcôtédeluietencaressantaveclangueur
sontorsedehautenbas.—Non,plusmaintenant.L’argentque jemesuis faitet la réputationque j’aiacquisem’ontapporté
bienplusquelesentimentdequiétudequimesaisissaitchaquefoisquej’envoyaisunmecautapis.J’aiouvertmonpremierbarpendantque je combattais encore et je croyaisqu’il était devenupopulaire etbranchéàcausedequij’étaisetdecequejefaisais.—Quelesgensvenaientparcequ’ilsétaientanimésparunecuriositémorbideenquelquesorte?—Ouais.Cela dit, après j’ai ouvert deux autres bars, puisAltitude, et là on va en ouvrir un autre
encore.J’airaccrochélesgantsentre-temps,maistouscesendroitsnedésemplissentpaspourautant,aucontraire.Jemedisquej’aiquandmêmeréussiàfaireuntrucbiendansmavie,monterplusieursaffairesquiroulent,quejenesuispasqu’unsimpleabrutisanscervellequiaimelabagarre.—Tupensaisvraimentçadetoi?Ilenrouleunemèchedemescheveuxautourdesondoigt.—C’estcequ’ondisaitsouventdemoi.Et,oui,çam’arrivaitdelepenseraussi.(Iltournelatêteet
ferme les yeux.) Parfois, j’ai l’impression que c’était dans une autre vie, tout ça, marmonne-t-il. Jem’entraînais tous les jours comme un dingue. Je refusais d’admettre les limites demon corps. J’étaistellementcrevéparleprogrammequejem’infligeaisquejen’aimêmepasremarquécequisejouaitchez
moipendantcetemps.Jepouvaisanticiperetparerchaquecoupdemonadversairesurlering,maisjen’aipasétéfoutudevoirlaréalité,latrahison,quiétaitsousmonnezdepuisledébutpratiquement.Aprèstoutcequelesfillesm’ontracontépendantnotreviréeshopping, jesaisqu’ilfaitréférenceà
sonex-copine.—Mais, depuis que j’ai ouvert les yeux, j’aime bien ce que je vois devant moi, plaisante-t-il en
croisantmonregard.Jeluirépondsparunsourireavantdemelovercontrelui,etilpasseunbrasautourdemataille.Un
silenceagréableetreposantnousenveloppe.Jefermelesyeuxetm’imprègneduparfumdelanaturequiflotteautourdemoiensavourantlachaleurdusoleilsurmapeau.J’aidûm’endormirparceque,lorsquej’ouvrelesyeux,j’aitellementchaudquejetranspiredansmon
maillotdebain.Endouceur, jemedégagede l’étreintedeRyderetglisse sur le rocheravantdem’installerdans la
partiepeuprofondedulac,à l’ombredelaroche.Jemepassedel’eausurlanuqueet levisage,puism’adosse contre le rocher et commence à jouer avec le sabledans le fond en repensant à tout cequeRyderm’adit.S’iln’avaitpasprisladéfensedeMarvin,cejour-là,ilneseseraitprobablementjamaislancédans
lescombatsclandestins,cequisignifiequ’iln’auraitjamaisrachetél’affaireetqueJamien’auraitdoncjamaiscroisésonchemin.Etqueluietmoi,onneseseraitjamaisrencontrés.Moncœurseserreimmédiatementàcettepensée.— Merci, Marvin Lutwak, où que tu sois, chuchoté-je en regardant le ciel bleu. Si je suis là
aujourd’hui,c’estunpeugrâceàtoi.D’unautrecôté,sij’envisageleschosessouscetangle,jedevraiségalementremercierSebastiande
m’avoir forcée à quitter Londres pour revenir à Atlanta. Certes, sans ça non plus, je n’aurais jamaisrencontréRyder.J’éprouveuntasdesentimentsquisontinévitablespourSebastian,maislagratituden’enfaitsûrementpaspartie.Vatefairefoutre,Sebastian,c’esttoutcequej’aiàtedire.Ryders’estconfiéàmoi,etjevoudraistantfairedemême,luidirepourquoijesuisrevenue,luiparler
de Sebastian,mais quelque chosem’en empêche. J’ai surtout envie d’oublier tout ça, de tirer un traitdessusetdepasseràautrechose.Etpuisjeneveuxpasaccablermonentourageavecmesproblèmes.J’aipeurqu’ilsnemeregardentplusdelamêmefaçons’ilsapprenaientlavérité.Ilsrisqueraientdenepas comprendre certains choix que j’ai faits, d’autant plus que ces derniers se sont révéléscatastrophiques.Réprimantunsoupir,jeposelatêtecontrelarocheetfermelesyeux,bercéeparledouxclapotisdes
vaguelettes. J’ai dû m’assoupir une nouvelle fois parce que je sursaute légèrement lorsque je sensquelquechosedechaudtournerautourdemonmamelon.LalangueexpertedeRyder.Jesourisetj’enfouisunemaindanssescheveuxavantd’ouvrirlesyeuxetdecroisersonregard.Ses
yeuxsontd’unbleudouxetintenseàlafois.IlrepousseletriangledemonBikini,etseslèvressemettentàexplorerchaqueparcelledemonsein
dénudée. Je me cambre contre lui tout en moulant son sexe dans ma paume quand, brusquement, ilm’attrapeparlatailleetmeportehorsdel’eauavantdemeposersurledrapdebainqu’iladûétendresurlerocheravantdemerejoindre.Chacundéshabille l’autreen toutehâte, etmesmains tremblent très fort, tellement j’ai enviede lui,
besoindelesentirenmoi.—Ryder…
Ilémetungrognementetseretourned’ungestemaîtrisédesortequejemeretrouvesurlui.Sansperdredetemps,jemeredressesurlesgenouxetsaisislabasedesavergeavantdeleguiderenmoi.L’intensitédessensationsquidéferlentenmoiquandilm’emplitentièrementestindescriptible.Jemepencheversluienondulantdeshanches,sentantmonclitorisfrôlersapeauchaude.Noslèvres
setouchentavantdes’unirdansunbaiserfougueuxquipourraitdéclencherunincendie.Ons’embrassesansdiscontinuer,puisRyderposelesmainssurmesépaulesetmeforceàmeredresser.—Jeveuxteregarderpendantquetumechevauches,dit-ild’unevoixenrouée.Jecommenceàalleretvenirsurlui,ledosdroit,lapoitrineenavant,conscientedupouvoirqu’ilvient
demedonnersurlui.—Commeça?chuchoté-je.—Oui,putain,c’estparfait…Tuesparfaite.Ilseredresse,etjepasselesjambesautourdesataille.Ilnichelatêteentremesseins,etjelesens
s’enfouirplusprofondémentenmoi.Noscorpss’accordentenrythme,et,danscetteposition,lafrictiondenossexesesttoutsimplementdélicieusementdévorante.—Ohoui!…Oui!soufflé-je.Ilm’attrapeparlataille,m’immobilisesurluietaccélèresesassauts.J’arrivequandmêmeàarquer
les hanches contre lui, et une vague brûlantemonte enmoi avant de s’amplifier pour, finalement,mesubmergerentièrement.—Cassie…J’appuielefrontcontrelesien,etnosregardssecroisent.Ils’emparealorsdemaboucheenunbaiser
vorace,etjejouisavecforce,unplaisirintenseserépercutantdanstouteslesextrémitésdemoncorps.MonorgasmeprovoqueceluideRyder,etilselaissetomberenarrièreenm’entraînantaveclui.Aprèsavoirreprisnosesprits,onrestelonguementallongésetenlacés.Le soleil est presque couché, teintant le ciel de différentes nuances de rose et d’orange, quand on
retourneaucampement.Oninstallelestentesavantquelesgarspréparentunfeudebois.Puisaveclesfillesons’occupedes
bièresetonembrochelesmarshmallowssurdesbaguettes.—Jet’auraisbienproposédepartagermatentecettenuit,ditShelbyàunmoment,maisjepenseque
Ryderadûmedevancer.Sonvisages’éclaired’unlargesourire,etelleajoute:—Etquelquechosemeditquetunevaspasfermerl’œildelanuit.Jeregardepar-dessusmonépauleendirectiondeRyderquiesten traindedéplierunecouvertureà
côtédufeuavantdes’installerdessus,lesbrasenarrière.Ilestencoreplusbeauàlalueurdesflammesquiformentcommeunhaloautourdelui.Ilrespirelaforceetlavirilité.J’aidûobserversestatouagesdescentainesdefoisdéjà,maisjamaisjenepourraimelasserdelescontempler.—Quelquechosemeditquetuasraison,répliqué-jeenreportantmonattentionsurShelby.—Çafaitunbailquejen’aipasvuRyderaussidétendu,révèle-t-elle.—Tusaiscequ’ondit:lanatureauneffetapaisantsurl’humain.—Peut-être,mais,là,çan’arienàvoiraveclanature.C’estgrâceàtoi,Cassie;onesttousd’accord
là-dessus.Nechangerienparcequ’onaimebienvoirRydercommeça.Ellesepencheversmoi,etjetendsmachinalementl’oreille.—Etlui,ilt’aimevraimentbien,mechuchote-t-elleavantderetourneràsesmarshmallows.Rapidement,onseretrouvetousautourdufeu.JesuisassiseentrelesjambesdeRyder,ledospressé
contresontorse,attiréedanslachaleurdesoncorpsrobuste.Jesenslesbattementsdesoncœurrésonnerenmoietjepousseunpetitsoupirdecontentement.
Cash qui a apporté sa guitare pousse la chansonnette. Il nous interprète plusieurs chansons de sonpropre répertoirequi traitent toutesdumêmesujet : lui, le sexeet l’équipedebaseballd’Atlanta.Seschansonssontàsetordrederire,etilestloind’êtrenulenchant.—J’ignoraisquetusavaisjouerdelaguitare,déclaré-jeentredeuxchansons.—Cesdoigtssaventfairepleind’autreschoses,sevante-t-ilenlesagitantversmoi.— Oui, bah garde tes talents de magicien pour quelqu’un d’autre, rétorque Ryder en m’attirant
davantagecontrelui.—L’hommeaudoigtémagique,s’exclameAvery.Unsurnomquitevacommeun…gant!Onéclatetousderire,puisCashnouschanteuneautrechanson.Jepassetoutelasoirée–etlanuit–,danslesbrasdeRyder,serréecontrelui.Jamaisjenemesuis
sentie autant en sécurité. Tousmes problèmes se sont envolés, et j’ai l’impression qu’il ne peut rienm’arriver sans son étreinte, avec lui. J’ai atteint le nirvana et je souhaiterais qu’il puisse dureréternellement.Siseulementçapouvaitêtrevrai…
20
Cassie
Mêmesi j’aipassé lesderniers joursplussouventnuequ’habillée,mardisoir, jeconstatequejenepeux plus repousser la corvée de lessive. Je fourre un tas de vêtements dans le lave-linge avant deretournerdanslacuisinepourm’occuperdelavaisselle.Endescendantl’escalier,jemefaislaréflexionquelamaisoncommenceàressembleràundépotoir.Maiscen’estpasvraimentmafaute.Hier,quandonestrentrésducamping,Ryderm’aconvaincuederesterchezluipourlanuit.Enmême
temps,ilfautdirequesonargumentn’étaitpasdutoutconvaincant,maissonpouvoirdepersuasion,lui,l’étaitenrevanche.—Ilesttard,a-t-ilmarmonnécontrelapeaudemonventreaprèsm’avoirfaituncunniquiafaillime
fairetournerdel’œil.Heureusementquej’étaisdéjàallongéesurl’élégantcanapéencuirdanssonsalon.—Tunevaspasprendrelevolantàcetteheure,a-t-ilajoutéenseredressantsurmoidesorteàposer
satêteentremesseins.J’aitournéleregardverssagrandebaievitréepourcontemplerlesderniersrayonsdusoleilcouchant
enpassantunemaindanssachevelure.—Iln’estmêmepas18heures,papy,mesuis-jeesclaffée.Enplus,mavoituren’estpaslà.Displutôt
quetuneveuxpasmeraccompagnerpourteretrouvercoincédanslesembouteillages.—Jedétestelesembouteillages.Etpuisj’aimebienquandtueslà.Sarévélationm’acoupélesouffle,etj’aifailliluirépondrequemoiaussi,j’aimaisbienêtrechezlui,
maisjemesuisraviséeauderniermoment.Cequisepasseentrenousesttropbeaupourêtrevrai,etjeneveuxpasparlertropviteettoutgâcher.Unefoisdans lacuisine, j’allume la radioetcommenceàcharger le lave-vaisselle. Iln’ya riende
mieuxquelamusiquepourluttercontrelasolitude.Avant,quandonvivaitencoretouslesquatreici,lacuisine était la pièce principale de la maison : on y faisait à manger, on y recevait, on y vivaitpratiquement.Touslessoirs,enrentrantdutravail,monpèrepréparaitledînerpendantquejefaisaismesdevoirs,installéesuruncoindelatable,etquemamère«veillaitaubondéroulementdesopérations»,commeelleavaitl’habitudedeledire.Mesparentsprofitaientdecesinstantspourdiscuterdesujetsqui,àl’époque,mesemblaienttropcompliquésoualorspasassezintéressantspourunegaminedemonâge.Notremaisonétaittoujoursanimée,etcetteexaltationm’aénormémentmanquéquandj’aidéménagéà
Londres. L’appartement dans lequel je vivais avec Sebastian était confortable et lumineux, mais étaitrapidement devenu un endroit étouffant et sinistre, dans lequel un quelconque avenir me semblaitinacceptable.Jerincelavaisselledevantl’évierondulantetenmimantunplay-backsurlesparolesdelachanson
Respect,d’ArethaFranklin,lorsquej’entendsunbruit.Jem’arrêtenetettournelatêteverslaporte:lapoignéebouge.Quelqu’unessaiedepénétrerchezmoi.Jecoupel’eauetbaisselesondelaradio.Lesangbatviolemmentàmestempes.Siçasetrouve,c’est
justemonimaginationquimejouedestours.«Clic,clic,clic».Non,quelqu’unessaievraimentdes’introduirechezmoi.Iln’yapasd’autreexplication.Unepersonne
normale–unvisiteur–auraitsonnéoufrappéà laporte.L’intrusdoitcroirequ’iln’yapersonneà lamaison.Oualors…Ilsaitquejesuislàetquejerefuseraideluiouvrirlaporte.UnepartiedemoimeditqueçanepeutpasêtreSebastiantandisquel’autreestpersuadéequec’est
lui.Enfant,ilchassaitsouventlefaisanavecsonpèreetsononcledanslacampagne.Ilaunœildelynx,desréflexesvifscommel’éclairetunepatienceàtouteépreuve.Ilsaittraqueretgardersaproiebienenvueenattendant lemomentopportunpourattaquer. Ilparvientmêmeà l’inciter àun fauxespoir, à luifaire croire, l’espace d’un instant, qu’il lui laissera la vie sauve avant d’appuyer sur la détente pourl’abattre.Jerefused’êtresaproie.C’estterminé,toutça.Jemebaisseetpasserapidementenrevuemesoptions,
quisonttrèslimitées.Lescouteauxsontrangéssurleursupportenboissurlecomptoirenfacedemoi.Sebastianrisqueraitdemevoirparlafenêtresijemeredressaispourenprendreun.Jefouilledans leplacardsous l’évier.Jemerappellequemamèreyrangeait lesproduits répulsifs
contrelesinsectes,maisilsn’ysontplus.Jamieadûlesfoutreautrepart.Et,biensûr, j’ai laissémonportableaupremier.Onsecouedenouveaulaporte,etj’étouffeunpetitcri.Pasdepanique!Lanouvelleporteestrobuste,j’aiencoreunpeudetempsdevantmoipourtrouver
unesolution.D’ailleurs,jedevraisremercierRyderetsavisitesurprise,lesoiroùl’ons’estrencontrés.Sansluijen’auraisjamaiseuàchangerdeporte,cequiarenforcéd’autantlasécuritédelamaison.Bref,j’yreviendraiuneautrefois.Pourlemoment…Une terrible penséemevient alors à l’esprit. Sebastian est-il au courant pourRyder ?M’a-t-il vue
partiraveclui,dimancheaprès-midi?Mesurveille-t-ildéjàdepuisplusieursjours?Etsic’étaitluiquiavaitdéposé,enpersonne,lebouquetdefleurssurleperrondemamaison?Ildittoujoursqu’onn’estjamaissibienserviqueparsoi-même.Non,ilnem’aurapas,jenevaispasmelaisserfairesansmebattre.Je rampe jusqu’à l’undes placards et l’ouvre lentement pour prendre la plus grossepoêle qui soit.
Toutes les autres portes sont verrouillées, et, aupire, je n’aurai qu’à courir jusqu’àma chambrepourrécupérermontéléphoneetappeleràl’aide,maismieuxvautêtreparécontretouteéventualitésanspourautantimaginerunscénariocatastrophe.Jen’entendsplusaucunbruitderrièrelaporteetmedemandesic’estunebonnechoseoupas.L’intrus
vasansdouteessayerdeforceruneautreporte,celledelasalleàmangerprobablement,attenanteàlacuisine.Jecrapahutejusqu’auseuilquiséparelesdeuxpièces.Lesrideauxsonttirésdevantlesportes-fenêtres,etjevoisunesilhouetteapparaîtrederrière.Unfrissonmeparcourtl’échine.Àladifférencedelaportedanslacuisine,celle-ciestenverre,etle
verrouestquasiinexistant.Jen’aiplustroplechoixàprésent.D’ungestevif,jemeredresseetmepositionnesurlecôtédela
porte en brandissantma poêle comme une batte de baseball. J’entends le cliquetis du verrou puis lapoignéetourner,unefois,deuxfois…J’inspireprofondément,tousmessensenéveil.Laportes’ouvreetl’intruspénètredanslamaison.Jen’attendsmêmepasqu’ilsurgissedederrièrele
rideauetporteuncoupdepoêleendirectiondesatête.Unbruitsourdrésonnedanslamaison,etjeme
prépareàassenerunautrecouplorsque…—Putaaain!!criel’inconnu.Saufquecen’estpasuninconnu.Cen’estpasSebastiannonplus.C’estmonfrère.—Jamie?!—Cassie,t’esoufouquoi?T’asfaillimepéterlenez,bordel!—Jepensaisquec’étaitquelqu’und’autre,rétorqué-jeenallumantlalumièreavantdeposerlapoêle
surlatableàmanger.Jedétaillemonfrèreduregard.Ilporteunjeandélavé,untee-shirtjauneetunsweat-shirtàcapuche
noir. Ses cheveux sont longs et décoiffés, et son menton est couvert d’une barbe de plusieurs jours.Étrangement,jesuisrassuréedeconstaterqu’iln’apaschangédepuisladernièrefoisquejel’aivu,ilyadeuxans.—Qu’est-cequetufaisici?demandé-je.— Je vis ici, pardi, répond-il en se frottant le bras. Putain, Cass, heureusement que j’ai de bons
réflexessinonjepensequejet’auraisembrouilléegrave!— Pardon ? ! m’exclamé-je, ayant du mal à contenir la rage qui monte en moi. « Tu m’aurais
embrouillée grave » ? Tum’as fait une peur bleue ! Je pensais que quelqu’un voulait entrer dans lamaison!—T’aschangélaserruredelaportedelacuisine?Maclénemarcheplus.—Ehbien,figure-toique,quandonadéfoncél’ancienneporte,jemesuisditqu’ilfallaitquandmême
quejelaremplace.—Onadéfoncélaporte?s’étonne-t-ilensedirigeantverslacuisineavantd’allumerla lumièreet
d’ouvrirlefrigo.—Oui.Ontecherchait,toiet10000balles,soitditenpassant.Ilprendunyaourtetrefermelaportedufrigo.—Jeterembourseraipourlaporte,déclare-t-ilenprenantunepetitecuillèredansl’undestiroirs.—Etcomment!EtRyder,tucomptesluiremboursertadetteaussi?—Ouais.—Quandça?—ÉcouteCass,leprendspasmal,maisçateregardepas.C’estmonproblème,monpognon,mon…—C’esttonproblème,çaoui,lecoupé-je,maisc’estlepognondeRyder,pasletien.—Attends,tuprendssonparti,sérieusement?T’escenséeêtredemoncôté.—Jenesuisducôtédepersonne.Et,pourtoninformation,pendantquetuétaisjenesaisoùentrain
defairejenesaisquoi,j’airéussiànégocieravecluipourqu’ilneprennepaslamaisonettelaisseunechancederemboursercequetuluidois.Jamiemeregardeavecdesyeuxdemerlanfrit,etj’aienviedeluitordrelecou.—Jenet’airiendemandé.Jepeuxmedémerdertoutseul,merci.—Oui,jevoisça.Tut’yprendstrèsbien,d’ailleurs.Putain,Jamie,ilesttempsquetugrandissesun
peu!Tunerésoudrasrienenfuyanttesproblèmes,ilsseronttoujourslààtonretour.C’estl’hôpitalquisefoutunpeudelacharité,tunetrouvespas,Cassie?Moiaussi, j’ai fuimesproblèmes.Etqu’est-cequeçam’aapporté?Desmessagesvocauxqui font
froiddansledosetuncadeauempoisonnédevantmaporte.Jamieposesonpotdeyaourtsurlecomptoirenpoussantunsoupir.—Sitoutvabien,jepourrairemboursermadetted’iciàquelquesjours,annonce-t-il.—TudoisparleràRyder.Tusais,ilpeutsemontrerraisonnable,quandilveut.—Oui,surtoutsisoninterlocuteuraunepairedenichonsetdesjambesbiengalbées,ironise-t-il.Jene
peuxpasallerlevoir,pasmaintenant.Ilsecouelatêteetécarquillelesyeuxavantdelesleversurmoi.J’étouffeunpetitrireagacéparcequejeconnaistrèsbienceregard,c’estducentpourcentJamie.Je
saisexactementcequ’ilvamedemander.—Tunevaspasluidirequejesuislà,n’est-cepas?Bingo.—Jenel’aipasencoredécidé,rétorqué-jeencroisantlesbras.Ilprendunairdechienbattuetposelesmainssurmesavant-bras.— Cass, je te jure que je vais le rembourser bientôt, et on pourra oublier cette histoire ridicule.
Promis.Jefermelesyeux.—Bon,OK, je ne lui dirai pas que tu es revenu.Et j’espère vraiment que tu nememènes pas en
bateau.—Merci, frangine, marmonne-t-il en me serrant dans ses bras avant de se tourner pour quitter la
cuisine.—Hep,hep,hep!Tun’oubliespasquelquechose?Ilseretourneversmoi,etj’esquisseunsignedetêteendirectiondupotdeyaourtvideaveclacuillère
àl’intérieur.—Ahnon,c’estbon,j’aifini!—Danscecas,jettelepotdanslapoubelleetmetslacuillèredanslelave-vaisselle.J’enairaslebol
detoujoursdevoirnettoyeraprèstoi,ausensproprecommeaufiguré.
21
Cassie
Depuisquej’airevuJamie,jesuisnerveusechaquefoisquejemetrouvedevantRyder,cequiesttrèssouvent le cas vu que je bosse pour lui. J’ai juste omis de lui dire la vérité concernantmon frère etpourtantj’ail’impressiondeluimentirsanscesse.JeneluiaiégalementtoujourspasparlédeSebastian,mais,là,c’estencoreuneautrehistoire.Bien
qu’àsamanièreJamieessaied’arranger leschoses,derésoudresonproblème.Sebastian, lui,estmonproblème, un fardeau que j’aimoi-même accepté. Je devraismettre Ryder au courant de la situation,cependant j’estimequeriennem’yoblige.Pasencore.Onn’estpasencouple.Onnefaitquecoucherensemble.Toutcelaestdéjàassezcompliquécommeça,inutiled’enrajouterunecouche.Concernantmonfrère,j’aiprislabonnedécision,dumoinsj’essaiedem’enconvaincre.Lafamille,
c’estsacréetçapasseavanttout.ÇafaitdéjàtroisjoursqueJamieestrevenuetcen’estqu’hierqu’ils’estrenducomptequejepartaisdelamaisonlematinetquejerentraisendébutdesoirée.Jamiedanstoutesasplendeur.—Dis,tuvasoùtouslesjours,commeça?T’asunboulotouquoi?m’a-t-ildemandéhiersoirquand
jesuisrentrée.—Jen’appelleraispasçaunboulotétantdonnéque,normalement,onterémunèrepourtontravail,ai-
jerépliquéenposantlessacsdecoursessurleplandetravaildelacuisine.Jem’occupegracieusementdelacomptad’Altitude.—Attends,çafaitpartiedudealquetuaspasséavecRyder?—Bravo,Sherlock!ai-jedéclaréenrangeantlesproduitssurgelésdanslecongélateur.L’airpensif–unairquin’augureriendebonquandils’affichesursonvisage–,Jamieapliélessacs
decoursesavantdebriserlesilence.—Alorsçaveutdirequeje luidoismoinsde10000ballesàprésent.Tuasrembourséunepartie,
donc…Non?J’étais à deux doigts de l’étrangler, mais j’ai préféré quitter la cuisine avant de commettre
l’irréparable.Jamieestcommeilest,maisilrestequandmêmemonfrère.Etc’estmonrôledegrandesœurdele
protéger. Ilpeutsemblerégoïsteet stupideparfois–OK,souvent–,mais iln’estpascommeça, ilneferaitpasdemalàunemouche.Iln’aquevingt-deuxans,l’âgeingrat,etcen’estsûrementpasladernièrefoisqu’ilsemetdanslepétrin.Enrevanche,c’estladernièrefoisquejel’aideàensortir.J’aimeJamie,maisjecommenceaussiàapprécierRyder…Correction:àbienl’aimer,memurmureunepetitevoixdanslatête.Quoiqu’ilensoit,jeneveuxplusservirdetamponentremonfrèreetlui,cependantjedoisessayer
d’arrangerleschoses.C’estpourquoi,vendrediaprèsletravail,jedécidedeparleràRyderpouressayerdeleconvaincred’effacerladettedemonpetitfrère.Jesuisassisesurleborddesonbureau,lesjambescroisées,et,pourunefois, jeregrettedenepas
porterquelquechosedeplussexyqu’unjeanetuntee-shirt.Montrerunpeudedécolletén’auraitpasété
de trop.Normalement, je suis contre l’idéed’userdemescharmespourobtenir ceque jeveux,mais,danscecasprécis,l’enjeuestbientropimportant.—Cassie,jenepeuxpasfaireça,répond-il.—Tunepeuxpasoutuneveuxpas?C’esttoi,lepatron;tupeuxfairecequetuveux.Enplus,j’ai
déjàrembourséenviron3000dollars.C’estquandmêmepasmal…—C’estmêmepasuntiersdecequ’ilmedoit,rétorque-t-ilenfaisantroulerlachaiseversmoiavant
deposerlesmainssurmacuisse.Sansparlerdesintérêts.—Jesais,jesais,soufflé-jeendécroisantlesjambes,leforçantainsiàretirersesmains.Nesachantplusquelargumentavancerpourleconvaincre,jetournelatêteetcroiselesbras.—Cassie,çan’a rienàvoiravec tonfrèrenimêmeavec l’argent,mais jenepeuxpasannulerune
dettejustecommeça,cen’estpascommeçaqu’ongèreunbusiness.—Un«business»,m’esclaffé-je.Unbusinessillégal,oui.Ryderseredressesursachaiseetfroncelessourcils.—D’oùest-cequeçasort,ça?—Çaquoi?Ilyaunepointed’agressivitédansmavoix.Cetteconversationprendunetournureinconfortable,etmonagacementsemueenfureur.Lepire,c’est
quejenesaispasàquienvouloirleplus:àRyderparcequ’ilrefused’annulerladetteouàJamieparcequ’iln’arrivepasàl’honorer.Non, toutcompte fait, c’estàmoique j’enveux leplus.Commentai-jepucroireque j’arriveraisà
trouverunesolutionquicontenterait tout lemonde?Çam’apprendraàvouloirà toutprixrésoudrelesproblèmesdesautres.J’aiessayédefairepareilavecSebastian,saufque,danssoncas,j’étaislasourcedesonproblème,etsasolution.L’histoireentreRyderetJamieestdifférente,certes,maislafinrisqued’êtrelamême:c’estmoiqui
vais encore trinquer. Je dois me fourrer dans le crâne une bonne fois pour toutes qu’on ne peut paschangerlesgens.JedoisarrêterdejouerauBonSamaritain.—D’où vient cette soudaine inquiétude concernant la dette de ton frère ?m’interroge Ryder, l’air
grave.—Iln’atoujourspasl’argent,etjecommenceàcroirequ’ilnel’aurajamais.— Il n’a « toujours » pas l’argent ? répète-t-il en penchant la tête sur le côté. Tu as eu de ses
nouvelles?Merde.Merde,merde,merde!—Non.Mais,leconnaissant,jenesaispascommentilcompterassemblerautantdefric.—Tuessûredenepassavoiroùilest?LavoixdeRyderesttellementposée,égale,queçanefaitqu’ajouteràmonirritation.—Jen’enaiaucuneidée.Toutcommej’ignorepourquoituesaussibuté.—Jenesuispasbuté,Cassie.Jeveuxjusterécupérercequim’appartient.—OK.Ducoup, je suis supposée travaillergracieusementpour toi jusqu’àceque tu récupères ton
fichupognon?Illèvelesmainsdevantlui,commepoursignifierquecen’estpassonproblème.—Jetesignalequec’étaittonidée,paslamienne.—Oui,bahjecommenceàcroirequec’étaitunetrèsmauvaiseidée.Jemelaisseglisserdubureauavantdelecontourneretpasseunemaindansmescheveux.Pourquoi
est-cequejelesaicoupés,bordel?J’auraisbienaimépouvoirpassermafrustrationsurmaqueue-de-cheval.
—Tuneveuxplustravaillerici?demandeRyder.—Cequejeveux,c’estquetuannulesladettedemonfrère.—C’estimpossible,Cassie.Jenepeuxpaslefaire,pasmêmepourtoi.Jem’appuiedesdeuxmainssurlebureauetleregardedanslesyeux.—Pourquoi?—Parcequ’iln’estpasquestiondeJamieoudetoi,répond-ilenselevant.Ilestquestiondemoi.—Biensûr,ilesttoujoursquestiondetoi,marmonné-jeenlevantlesyeuxauciel.—Jevais t’expliquerquelquechose,Cassie,dit-ilsuruntonunpeuplusfroid,mais toujoursposé.
Dans le monde des combats clandestins, tu ne sais jamais à quoi t’attendre. Tous les combats, sansexception,ontuneissueincertaine.Tupeuxensortirvainqueur,maistupeuxégalementteréveillerdansunlitd’hôpital.Laseulechosequiterestetoujoursetquetupeuxprotéger,quetutedoisdeprotéger,c’esttaréputation.Etjenecomptepasmettrelamienneàmalparcequetonfrèren’arrivepasàassumersaconnerie.—Maisçaresteraentrenous.—Jetecrois,jesuismêmecertainquetuestrèsfortepourgarderlessecrets.Ilmarqueuntempsd’arrêt,etjesuispersuadéequesadéclarationcomporteundoublesens.—En revanche, enchaîne-t-il, je n’ai pas du tout confiance en ton frère. Tôt ou tard, il ouvrira sa
bouche,et,defilenaiguille,onfiniraparcroirequej’effacelesdettesdetouslesmecsquiontunesœurcanon.—Jevois.Enconclusion,tupeuxmebaiser,maistunepeuxpasmefaireunefaveur.Ryderesquisseunpetitsourirecontritetvientseplacerdevantmoi.—C’étaitça,tonplan?Meséduire,coucheravecmoietfaireensortequejet’appréciedansl’espoir
quej’oublieladette?Jesuistellementdéçue,tellementencolère,quejerépondssansmêmeréfléchir:—Franchement,jeregrettedet’avoirrencontréettoutcequis’estpasséentrenousdepuis.—Enfinunechosesurlaquelleonestd’accord,réplique-t-il.Aïe!Çapique.Ilsedirigeverslaporteetl’ouvreenmesignifiantdequitterlebureaud’ungestedelamain.Jem’avanceverslasortie,etmonregardseposesursestatouages,plusprécisémentsurunesirènequi
alesyeuxfermésetlesbraslevés,etquisemblesenoyermêmesielledoitsavoirnager.Commeelle,moiaussi,j’ail’impressiondemenoyerdansl’océandemesémotions,lentementetirrémédiablement.SansmêmeadresserunregardàRyder,jesorsdubureauetdécidederentrerchezmoi.J’aipresqueatteintlamaisonlorsquejereçoisunappeldeSavannah.Elleaunrencarddemainetelle
aquittésonbureauplustôtpourpartirenexpéditiondanssondressingafindedégotterlatenueparfaite,ellemeproposedevenirluiprêtermain-forte.JenemesuistoujourspasremisedemadisputeavecRyderquandj’arrivedevantchezelle.Cedrame,
parcequec’enestvraimentun,repasseenboucledansmonesprit.J’étaispersuadéed’avoirditcequ’ilfallait,mais,avecdurecul,jecroissurtoutquej’aiditpleindechosesquejenepensaispas.—Jetepréviens,jenesuispasdetrèsbonnehumeur,annoncé-jequandSavannahm’ouvrelaporte.—C’estpasgrave, aumoins je saisque tunememénageraspas enmedisantque tout ceque j’ai
choisimevaàravir.Ellecommandeunepizzaetouvreunebouteilledevin,etjeluiraconterapidementcequis’estpassé.
Quandlelivreurarrive,onvadanslachambreàcoucheravecnotredîner,etjem’installeparterre,surletapis,àcôtédelapetitetablebasse,devantlabaievitrée.J’ai l’impressiondefaireunsautdanslepassé.C’estcommeaubonvieuxtemps, lorsqueSavannah
rentraitde l’université,pendant lesvacances, etqu’on s’enfermaitdans sachambreou lamiennepourpapoter,rireetseraconternosvies.Aprèsplusieurstenuesessayées,jepensequ’ontientenfinlabonne:unerobeeffetbandagecouleur
corail.—Celle-là est bien, dis-je, une part de pizza dans lamain. La couleurmet en valeur tes cheveux
blonds.—Tucrois?marmonne-t-elleenrelevantsacrinièreetenseregardantdanslaglace.Ellenefaitpas
troprobedécontractée,àporterenjournéeplutôt?—Onestenétéetilfaitjourtard,çapassenickel.—Pasfaux.Quelespritpragmatique!Tuferaisunesuperavocate.Iln’estpastroptardpourretourner
àl’universitéetreprendredesétudesdedroit.—Voyons,Savannah,pourquoiferais-jeunechosepareillealorsquejepeuxbossergratuitementdans
unclubhuppéjusqu’àlafindemesjours?m’indigné-jed’unairfaussementsolennel.Savannahenlèvelarobeetlaremetsurlecintre,puisenfileuntee-shirtetunshort.—Tusais,déclare-t-elleenremplissantdenouveaunosverresdevin,cen’estpascommesiRyder
pouvaitteforceràrestertravaillerpourlui.Tun’aspasdecontrat,tupeuxtebarreràtoutmoment.—Etneplusjamaislerevoir?Àpeineai-jeprononcécesparolesquejememordslalangue.D’unautrecôté,cetteidéem’esttout
simplementinsupportable.—Çateferaitchierdeneplusjamaislerevoir?demandemonamie.—Oui…Non.Peut-être.Jesaispas.Arrgh!Jeme laisse tomber sur le tapis et j’inspire profondément avant de poser les deuxmains surmon
ventre.—AvecRyder…,commencé-jeavantdemetaire,essayantdetrouverlesmotsjustespourexpliquer
ce que je ressens. Avec lui, c’était censé être une passade, une simple aventure post-séparation. Ons’amuseunpeuethop,onpasseàautrechose.—Mmhmmh!Jetournelatêteetpasseunemaindanslespoilsdouxdutapis.—Mais,murmuré-je,lagorgesoudainementserrée,notrepetitjeuaprisdesproportionsdémesurées.
J’étais tellement fâchée après lui cet après-midi, mais pas qu’à cause de cette fichue dette. Notrediscussions’estrapidementenvenimée,etçam’aagacée.Çam’arenduetristeaussi.—Oui,c’estcequiarrivequandilyadessentimentsenjeu,cequiestlecasici…Jemetrompe?
observeSavannahd’unevoixdouce.—Non,murmuré-jetrèsbas,leregardrivésurleventilateurquitourneauplafond.—IlestaucourantpourSebastian?—Non.J’auraisdûluienparlerdèsledébut,maisjen’arrivaispasàm’yrésoudre.Quandjepenseà
lui,ànotremariage,j’aiunenauséequimesoulèvel’estomac.«Notremariage.»Toutcommej’aiessayéd’extirperSebastiandemonesprit,demonexistence,j’aivoulufairedemême
avecl’idéequ’onétaitaussilégalementunisparleslienssacrésdumariage.J’ai prévu d’entamer une procédure de divorce à la fin de l’été, une fois que j’aurai repris mes
marquesici, trouvéuntravailettoutletralala.Jeneveuxpasdesonargentnidel’appartement.Jeneveux rien qui me rappelle ma vie avec lui. Je veux juste reprendre la mienne en main et tournerdéfinitivementlapage.
J’étaispersuadéequeçan’allaitpasêtresidifficilequeçaderedémarreràzéroetdemereconstruireétapepar étape,mais c’était avant que j’apprenneque j’ai failli perdremamaison et que j’offremontempsetmestalentsdecomptableaubookmakerdemonfrère.JepariemêmequeleschosesauraientétéplussimplessiRydern’avaitétéquelebookmakerdeJamie.MaisRyderColeestbienplusqueça.Ilestl’hommequiachamboulémesprojets,mavie.Celuidont
jesuispromptementtombée…souslecharme.Mêmeplusquesouslecharme.—Cassie,tun’asrienàtereprocher.Tuastoutàfaitledroitdegarderdeschosespourtoi.Tusais,
quand jedéfendsunclient, j’ai justeenviedesavoirceque j’aibesoindesavoir,point.Pasmoinsetdéfinitivementpasplus.Jenepeuxm’empêcherderire.—C’estbien,saufqueRydern’estpasmonavocat,luisignalé-je.—Peut-être,maiscen’estpasnonplustonmec.—Maisc’estplusqu’unami,surenchéris-je.—Ouais…Etplusqu’unsimpleplancul.Jesoupire.—Cequej’essaiedetefairecomprendre,poursuit-elle,c’estquesitunesaismêmepascequ’ilest
pour toiniquelle est lanaturedevotre relation, comment savoir ceque tupeuxouceque tudois luiconfieràproposdetavie?Ilt’ademandésituétaismariée?Jefais«non»delatête.—Noussommesdoncdevantuncasd’omissiondelavérité,cequiestnettementmoinsgravequele
mensongeenlui-même.Affaireclassée,votrehonneur,déclare-t-elleenfaisanttintersonverrecontrelemien.J’avale pensivement une gorgée de vin. J’apprécie qu’elle veuille me remonter le moral et me
déculpabiliser,saufqueçanemarchepas.Pasdutout.
22
Cassie
Jeleremarquedeloin,assissousleporchedemamaison.La nuit est noire et chaude, mais je distingue sans peine sa stature, la largeur de ses épaules, ses
puissantesjambesécartées.RyderCole,leroidelanuit.Littéralement.L’espaced’une seconde, j’ai envie de faire semblant denepas le voir : de remonter l’allée dema
maison,demonterlesmarches,d’ouvrirlaporteetdelarefermerderrièremoisansunregardverslui.J’aienviedeprétendrequ’iln’existepas,qu’onnes’estpasrencontrésetqu’ilnes’estdoncjamaisrienpasséentrenous.Mais,surtout,jesaisquej’essaiedemementiràmoi-même.Toutcequejeveux,c’estsavoirs’ilpensaitvraimentcequ’ilm’aditavantquejequittesonbureau.Dèsqu’ilmevoitarriver,Ryderselèveets’avanceversmoi.Parsachemiseentrouverte,j’aperçois
son torse ferme.Sescheveuxsontébouriffés, il adûsepasser lamaindedansunecentainede foisaumoins.L’attirancequej’éprouvepourluiesttellementmagnétiquequej’aienviedeluisauteraucouetdenouerlesjambesautourdeseshanches,commejel’aifaithier,quandilm’aprisesauvagementcontrelemurdesoncouloir.Aulieudeça,jelèvelesyeuxverslui,etonsecontemplequelquesinstantsensilence.Je lutte de toutesmes forces pour ne pas succomber à son odeur envoûtante et à la chaleur de son
corps,quim’enveloppent,pournepasmedressersurlapointedespiedsetl’embrasser.Jemesenssiprochedelui,mais,enmêmetemps,ilyacommeunlargefosséentrenous.—Jesuisdésolé,dit-ilenposantlesmainssurmesépaules.Aucontactdesesdoigtssurmapeau,uneondedechaleur irradiemoncorpsentierethop, le fossé
entre nous est brusquement comblé. Jemeurs d’envie deme jeter sur lui, d’oublier tout, d’effacer latotalité denotredernièrediscussion. Jeveux l’attirer dans lamaison, dansmachambre, dansmon lit.Maisma raison reprend rapidement ses droits. J’ai trop souvent été roulée dans la farine des faussesexcuses.Ilestfaciledeseconvaincredecequel’onveutentendre,néanmoinsçaneveutpasdirequec’estvrai.—Tunedevraispasêtreaubar?mecontenté-jededemander.JedoutequeCashsurviveunvendredi
soiràAltitudesanstoi.—JacksonetParkergèrentlasituation.Pourlemoment,j’aiplusimportantàfaire.Ilfautqu’onrègle
ça.Ilsoulignesesderniersmotsparungestedudoigtdeluiàmoi.Je déglutis péniblement, et il couvre la distance qui nous sépare, son torsem’effleurant la poitrine.
Décontenancée,jeramèneunemèchedecheveuxderrièremonoreillepournepasletoucher,nepasfaireglissermesmainslelongdesoncou,vers…—Tuesdésolédequoi?demandé-jed’unepetitevoix.Ilprendmesmainsdanslessiennes,etjeréprimeunfrisson.—De t’avoir dit que,moi aussi, je regrettais de t’avoir rencontrée. Peut-être que toi, tu le penses
vraiment,mais pasmoi. Je n’ai pas arrêté de ressasser notre dispute depuis que tu es partie demonbureauetvoilà…Jen’auraisjamaisdûtedireça.Je…Il s’interrompt puis tourne la tête sur le côté, comme pour chercher sesmots, et j’étudie ses traits
tendusetsafortemâchoire.—J’aiététellementdéçuparlepassé,etilm’estdifficiledefaireconfianceauxgens.Maistoi,tuas
réussiàpercerlacarapacequejemesuisforgéesansmêmequejem’enrendecompte,etçam’amissurladéfensive.J’airéagicommeunconnard.Tun’aspasméritélamanièredontjet’aitraitée,etjem’enveuxterriblement.Nosregardssecroisentdenouveau,etmoncœurmanqueunbattement.Il est sincère, je le vois dans ses yeux. Il n’essaie pas dem’abreuver de belles paroles, il regrette
vraimentcequis’estpassé.C’estnouveaupourmoi,sibienquejenesaismêmepascommentjedoisréagir.—Moiaussi,jesuisdésolée.Jenepensaispascequej’aiditnonplus.J’étaisfrustréeparrapportà
JamieetàSe…Jesuissurlepointdedire«Sebastian»,maislemomentestvraimentmalchoisipourlefaireentrer
dansl’équationdéjàassezcompliquéecommeça.—…sesconneries,lâché-jeàlaplace.—D’ailleurs, en parlant de lui… j’ai bien réfléchi et je pense que tu ne devrais plus bosser pour
remboursersadette.Unaffreuxdoutes’immisceenmoi.—TuneveuxplusquejebosseàAltitude?—Non,jeveuxdirequetonfrèredoitprendresesresponsabilités.Enplus,tufaisdutrèsbontravail,
tudevraisgardertonsalairepourtoi.Jefaisunpasenarrière.Aumêmemoment,lemoteurd’unevoiturerésonneauloin,maisjen’yprête
pasattention.SiRyderneveutplusquejerembourseladettedeJamie,çasignifieque…—Ryder,ilesthorsdequestionquetuprennesmamaison.Ilfaitunpasversmoietmecaresselescheveux.—Relax,jenevaispasteprendretamaison.J’estimejustequetunedevraisplusrembourserladette
deJamieavectonsalaire.Cen’estpasàtoidelefaire.DerrièreRyder,j’aperçoislespharesd’unvéhiculequiserapproche.Tiens,c’estuneToyotaCorolla,
commenotre…Ohnon!Merde!Lavoituresegaredevantlamaison,laportièreducôtéconducteurs’ouvre,etJamieensort.Jamaislà
quandillefaut,enrevanchequandilnelefautpas…Ilfautcroirequ’enplusd’arriveràflairerledangermonpetitfrèreaimeaussis’yexposer.Rydernousregardetouràtour,etjefermelesyeux.Putain!—Jecroyaisque tun’avaispasdesesnouvelles,que tunesavaispasoù il était, commenteRyder
d’unevoixgraveetbasse.Jen’arrivemêmeplusàréfléchir,encoremoinsàparler.Jamieclaquelaportièredelavoitureets’avanceversnous.Ryderportetoutesonattentionverslui,et
monestomacse torddans l’attentedecequivasuivre.JemedemandesiRydervaretirer lesexcusesqu’ilvientdemeprésenteret,surtout,s’ilvaplaquerJamieausol.—Neluienveuxpas,mec,ditJamieenfaisantglissersonsacàdosdesonépaule.Ellen’arienà
voirdans toutça, toutestmafaute.C’estmoiqui luiaidemandédeneriendire,ellevoulait justemeprotéger.Rydercroiselesbrasetécartelesjambesenfusillantmonfrèreduregard.—Oui,bahças’arrêtemaintenant,réplique-t-il.Ellenepourrapasteprotégeréternellement.Oùest-
cequetuétaispassé?—Oh,àdroiteàgauche!Maisjesuislà,prêtàassumermesresponsabilités.—Très bien,marmonneRyder avec un sourire condescendant. J’espère que tu n’es pas revenu les
pochesvides.Jem’interposeentreeuxet,unemainsurletorsedeRyder,jetourneleregardverslui.—Iln’apasencorel’argent.Écoute,jevaiscontinueràbosseràAltitudepourpayerprogressivement
ladette,etdèsqu’ilauraréunilasommemanquanteilterembourseralereste.Jesuissûrequ’illeferabientôt.(Jemetourneensuiteversmonfrère.)N’est-cepas,Jamie?Jehausselessourcilsenprenantunairmenaçant,commelefaisaitmamèrechaquefoisqu’onfaisait
unebêtiseetqu’onétaitàdeuxdoigtsdesefairegronder.Jamienerépondpas.Ilouvresonsacàdosetensortunsacdecongélationpleindebillets.—Tiens,dit-ilàl’adressedeRyder.Huitmilledollars.Çanecouvrepaslatotalitédeladette,jesais,
maistuaurasleresterapidement.Jem’attendaisàtout,saufàça.Ryderouvrelesaceteffleurelesbilletsdesdoigts.—N’oubliepasquetudoiségalement3000ballesàtasœur,annonce-t-il.Elleatravaillédurpourte
sortirdelamerde.—Jesais,jelarembourserai.Avecintérêts,biensûr.Surcesmots,ilsedirigeverslamaison.—Jamie!m’exclamé-jeenluiemboîtantlepas.D’oùsortcetargent?Ilseretourneetrépond:—Jet’aiditquejelerembourserairapidement.—Çanerépondpasàmaquestion.MonDieu,faitesqu’iln’aitpascontractéuneautredettepourremboursercelle-ci!—Relax,Cass,toutvabien,jegèrelasituation.(Ilmontelesmarchesetouvrelaportedelamaison
avantdesetournerversmoi.)Et,àcequejevois,ajoute-t-ilavecunsourireencoin,toiaussi,tut’ensorspasmal.Je regarde la porte se refermer derrière lui puis rejoinsRyder qui est toujours planté aumilieu de
l’allée,lapochettecontenantl’argentcaléesouslebras.—Excuse-moidenerient’avoirditconcernantJamie,murmuré-je.Jesuisvraimentdésolée,Ryder.—Ilestrentrédepuiscombiendetemps?Lesjouesbrûlantes,jebaisselatêteetconsidèrelapointedemespieds.—Plusieursjours.—Donc,tum’asmenti.Sonaccusationmefait tressaillir,et je lèvela têtepourcroisersonregard.Plusieursexpressionsse
succèdentsursonvisage:delacolère,delaconfusion,maisaussidelapeine.—Comprends-moi, Ryder. Je ne savais pas quoi faire. Je craignais ta réaction etma réaction par
rapportàtaréactionet…—Est-cequetuasconfianceenmoi?Jehochelatêteenrépondant:—Maisj’aidéjàdonnémaconfianceàquelqu’unquinelaméritaitpasetj’enaichèrementpayéle
prixaprès.— Cassie, il faut qu’on apprenne à se faire confiance si on veut que ça marche. Donc, fini les
mensonges,lesrétentionsd’informationsettoutça.OK?Cequ’ilvientdemedirenefaitquerenforcermonsentimentdeculpabilité.Jedoisluienparler,lui
diretout.—Oui,d’accord,répliqué-jeàlaplace.—Bien.Ilm’attirecontreluietm’embrasseàmefaireperdrehaleine.Jenoueaussitôtlesbrasautourdeson
couavantdefaireglisserlesmainslelongdesesbras,puisdelesremonterverssontorse.Cethommeagit surmoi commeune drogue puissante : ilme fait oublier tousmes soucis, et j’en suis rapidementdevenuedépendante.JedécidedechasserSebastiandemespensées,maispourdeboncettefois.Ilappartientaupassé,je
neluilaissepluslechoix.On s’embrasse encore et encore, puis Ryder se redresse, mettant ainsi fin au baiser, et je ressens
commeunvidesoudainenmoi.—Jedoisretournerauclub,annonce-t-il.J’aipromisàJacksonquej’allaisl’aideràfermer.Maindanslamain,onsedirigeverssavoiture,quiestgaréeunpeuplusloindanslarue.Ils’installe
auvolantetposelesaccontenantl’argentsurlesiègepassageravantderefermerlaportière.—Jesuisconscientquetuassimplementvouluprotégertonfrère,dit-ilenbaissantsavitre.Maisje
neveuxplusqu’ilyaitdemensongesentrenous.Promets-le-moi,Cassie.Laculpabilité,tapieenmoi,déferledenouveau.Jenepeuxpasvivrecommeça,jedoisluiparlerde
Sebastian. Je le veux, je le veux vraiment,mais je ne parviensmême pas à ouvrir la bouche, je suisincapablederéfléchir.Paroùcommencer,commentluiannoncerquejesuismariée?Aufait,unedernièrepetitechose:j’aiunmariàLondres,maisc’estfini,jenel’aimeplus,tun’as
pasdesouciàtefaire.Non,àlaréflexion,jepréfèregardercetteinformationpourmoi.Sebastianafaillim’achever,etRyder
m’aredonnédesailes,ilm’afaitmesentirdenouveauenvietelunphénixquirenaîtdesescendres.Jemepencheparlavitreouverteetl’embrassetendrement.—C’estpromis,susurré-jecontreseslèvreschaudes.Jeneluimentiraiplusjamais,maisçanem’obligepaspourautantàluiavouertoutelavérité.Jeme
consoleenmedisantqu’ilnes’agitqued’unmensonge–ledernier–paromission.Cen’estpassigravequeça…Si?
23
Cassie
Dimanche soir, les Braves d’Atlanta, l’équipe de la ligue majeure de baseball, jouent un matchretransmisàlatéléetdonc,bienévidemment,diffusésurl’écrangéantd’Altitude.Le bar est bondé de supporteurs qui encouragent leur équipe à tue-tête, et c’est pour cette raison
qu’avec Shelby, Avery, Ruby et Savannah, on a préféré se retirer dans le bureau de Ryder pour queSavannahnousdonneuncompte-rendudétaillédesonrencarddelaveilleavecuncertainPaul,unavocatbrillantmaispastrèssûrdeluiapparemment.Installéesautourdubureau,cinqverresetunebouteilledewhiskyàmoitiévideentrenous,onéclate
toutesderire,absorbéesparlerécitdeSavannah.—Enplus,iln’arienavalédelasoirée,raconte-t-elle.Riendechezrien.Nilesarancini,mêmesi
c’estluiquiatenuàlescommander,nilasalade,nilefiletdetruiteoudesaumonoudejenesaisquelputaindepoisson.R-i-e-n.(Ellelaissetomberlatêtesurlebureauensaisissantsonverrevideavantdemeletendre.)Unautre,Cass,marmonne-t-elle.J’attrapelabouteilledewhisky,unHighlandParkdejenesaispascombiend’annéesd’âgequivaut
une petite fortune et que Shelby a prise dans la cachette secrète – enfin, connue de mon amie,vraisemblablement–deRyderetdeJackson.— Tu n’es pas la seule bonne chose dont Ryder profite sans modération dans ce bureau, a-t-elle
déclaréenmedonnantunetapesurlesfessesaprèsavoirsortilabouteilledel’undestiroirs.JesourisetressersSavannahavantdemeresservirmoi-même.J’avaleunegorgéeduliquideambré,et
jesensunelégèrechaleursediffuserdansmoncorps.J’aimeraisbienresterpapoteraveclesfilles,mais,commelebaraétéprisd’assautàcausedumatch
de baseball, Cash m’a demandé de l’aider pour le service ce soir. J’ai accepté en soumettant uneconditionàRyder:pouvoirprendreunepauseàl’arrivéedeSavannah.—Lebar serapleinàcraquer.Çayest :maintenantque tucouchesavec lepatron, tu tecrois tout
permis?a-t-ilrépliqué,l’airfaussementcontrariéenmeposantlesmainssurlesfessesetenm’attirantcontrelui.Onétaitdansuncoinsombredubar,àlavuedetouset,enmêmetemps,enveloppésdansnotrepetit
coconsensuel.—Bahoui,c’estlaseuleetuniqueraisonpourlaquellejecoucheavectoi,ai-jemarmonnéenglissant
lespaumessoussontee-shirtpourlespressercontresesabdosenbéton.Çaetparcequetuasunequeueparfaitequimefaitjouirchaquefois.J’aiglisséunemainverssonentrejambe,etilmel’asaisiebrusquementenmechuchotantàl’oreille:—Gardetonénergiepourplustard,tigresse.Tuenaurasbienbesoinétantdonnéqueturentresavec
moi.Unfrissond’anticipationmeparcourtàcesouvenir,etjeboisuneautregorgéedewhisky.JeflottesurunpetitnuagedepuisqueRyderetmoiavonsréglénotredifférend.Et,cerisesurlegâteau,
l’argentquejegagnevadésormaisdirectementdansmapoche.
Comme je fais du bon boulot, Ryder a insisté pour que je reprenne officiellement la comptabilitéd’Altitude.D’ailleurs, jevaisdevoirbientôtallereffectuerundépôtà labanqueparceque,comme jetravailleexceptionnellementensallecesoir, j’aidéjàunesacrée liassedepourboiresdansmapoche.LessupporteursdesBravessemontrentextrêmementgénéreuxquandleuréquipeestentêtedumatch.— Il est vraiment chelou, ce Paul, commente Shelby. Pourquoi est-ce qu’il a commandé toute cette
bouffe?—Aucune idée,marmonneSavannahenhaussant lesépaules.Maisc’estpas tout !Quandona fini,
enfin…quandmoi,j’aifinidemanger,ilm’aproposédecommanderundessert.—C’estpeut-êtreungrand timide, et il avait le trac, raisonneAvery, assise sur leborddubureau,
exactementaumêmeendroitoùRyderm’a…Jesecouelégèrementlatêteensentantlerougememonterauxjoues.—Non,ilsetrouvequ’ilétait«malade»etn’avait«pasbeaucoupd’appétit»,rétorqueSavannah.Il
afiniparmel’avouerpendantqu’onattendaitlevoiturier,àlasortieduresto.—Pourquoin’a-t-ilpasannulélerencard,alors?s’étonneRubyenfronçantlessourcils.—C’estlaquestionà1million,ça,ditSavannahenbaissantlesyeuxsursonverre.C’estdommage
parcequ’ilestvraimentmignonetintelligent.—Peut-êtrequ’ilvoulaitteregardermanger,proposé-je.Çasetrouve,c’estunfétichistedelafemme
quimange.—Oublieceguignol,luiintimeShelby.Jesuissûreque,quelquepartsurcetteterre,ilyaunmecpour
toiqui,enplus,kiffelesarancini.—Leproblème,vois-tu,annonceSavannah,c’estquej’aihorreurdesarancini.Onpartd’unfourire,puisjeregardemamontre.—Bon,jedoisyretourner,lesfilles,annoncé-jeenmelevantaprèsavoirvidémonverre.—Déjà?s’indigneShelby.Onn’amêmepaseuletempsdefouillerdanslebureau!—Pourquoiest-cequetuveuxfouillerdanslebureau?demandé-je,amusée.— Comme ça, pour trouver des trucs intéressants, des lettres d’amour, un journal intime, des
menottes…QuelquechosequidétourneraitenfinlescomméragesdetoietdeRyder.— Je suis outrée, Shelby, vraiment outrée que nos ébats ne t’intéressent plus et ne suffisent plus à
alimentervosconversations,lataquiné-jeavantdeleursoufflerunbaiserdelamain.Jetraverselecouloiret,quandj’arrivedanslasalle,jenevoispasRyder.Ildoitsûrementêtreavec
un client ou un fournisseur quelque part. En revanche, le bar n’a pas désempli, et j’ai du pain sur laplanche.J’attrapemonplateauet jemedirigeversunboxoùsont installéscinqclients,mêmesi la tableest
prévuepourquatre.Jeprendsleurcommande–troisHeineken,unwhiskyCocaetun7&7.—Tuvoudraspastejoindreànousaprès?s’enquiertundesclientsavantquejeretourneaubar.—Iln’yamêmeplusdeplacepourunchatdanslebox,plaisanté-je.Désolée,lesmecs!Jepenseque
çanevapasêtrepossible.—OnpeutdemanderàJoeydedégager,rétorque-t-ilenpointantundesesamisdudoigt.—Hé!Pourquoiçaseraitàmoidepartir?s’offusqueledénomméJoey.Enplus,c’estmoiquivousai
proposédevenirvoirlematchici.— Bon, fais-je en riant, je vous laisse voir tout ça entre vous pendant que je vais chercher vos
boissons.J’essaiedemefrayeruncheminjusqu’aubaret,quandj’yarriveenfin,jerécitelacommandeàCash
quis’activederrièrelecomptoir.Jeposelesboissonsqu’ilpréparesurleplateaulorsquej’entendsunevoixmasculine,sonoreetfamilière.
—Excusez-moi,pourrais-jeavoirunbourbonsansglace,lemeilleurquevousayez,s’ilvousplaît.Non…Non…Non,non,non!—Çaarrivede suite ! s’exclameCash avant deposer les trois bières sur le comptoir devantmoi.
Voilà,Cass,c’estbon.Non,c’estpasbon,rienn’estbon!Jerestelongtempsfigée.Toutsemblesedéroulerauralentiautourdemoi,commesimoncerveauavait
dumalàintégrerlesinformations.Çanepeutpasêtrelui,ilestdel’autrecôtédel’océan,bonsang!Mais, au fonddemoi, jen’ai aucundoute.Cettevoix, l’accent et lapolitesseavec laquelle il s’est
adresséàCash…J’oseunregardducoindel’œilversl’hommequisetientàcôtédemoi,moncœurbattantlachamade.Si,c’estbienlui.Sebastian.Jemeretiensaubarpourgarderl’équilibre.J’ail’impressionqu’unraz-de-maréevientdemeheurter
depleinfouet.J’ignorecommentj’arriveàresteraussicalme.Moncœurbatdansmapoitrinecommeuntambour,etun frissonglacémeparcourtde la têteauxpieds. Jedois fairebonne figuredevant tout lemonde.Qu’est-cequ’ilfoutlà?Commentilm’atrouvée?Ilfautquejeréfléchisseviteàunplanpourlefaire
sortird’iciavant…—Bonsoir,Cass,me salue-t-il, ce quime donne instantanément la chair de poule.En plus d’avoir
raccourcitescheveux,tuaségalementraccourcitonprénom.Charmant.—Qu’est-cequetufaislà?demandé-jedansunmurmure.—Jevoulaistefairelasurprise,monamour.Tunerépondaispasàmesappels.Jen’aimêmepaseu
unmessagederemerciementpourlesfleurs.Ducoup,j’aidécidédevenirici.(Ils’approchedemoi,etjemeraidisaussitôt.)Enplus,enchaîne-t-ilprèsdemonoreille,j’airemarquéquetun’aspasdormicheztoicesderniersjours,cequin’afaitqu’accroîtremoninquiétude.(Ilfaitglisserundoigtlelongdemonbras,etjemeretiensdehurler.)Tusaiscommentjesuislorsqu’ilestquestiondemafemme,conclut-il,unsouriremalsainauxlèvres.Jeluisaisislepoignetetleserretrèsfort,essayantd’évacuerneserait-cequ’unepetitepartiedela
colère quimonte enmoi. Je le détaille du regard, ses cheveux noirs, ses yeuxmarron…C’est un belhomme,jenepeuxpasdirelecontraire,maisc’estégalementunhommetrèsdangereux,lemalincarné.Rapidement,jel’attireverslasortieenpriantsilencieusementpourqueCashnenousvoiepasetque
Rydernesurgissepasdenullepart,commeilsaitsibienlefaire.Sebastianm’avolédeuxannéesdemavie,maisças’arrêtelà,cesoir,maintenant.—Tu n’as rien à faire ici ! tonné-je une fois qu’on est dans la rue, à quelquesmètres de l’entrée
d’Altitude.Va-t’en,Sebastian.—Voyons,Cassie,nesoispasridicule.Jen’irainullepartsanstoi.Qu’est-cequit’aprisdepartirde
Londressansmoi?Iltendlamainpourmecaresserlevisage,etj’esquisseunemouededégoût.—Commentas-tusuquejetravaillaisici?l’interrogé-je,exaspérée.Tum’espionnesouquoi?Sebastianritbrièvement,etjeréprimeunnouveaufrisson.—Noussommesmariés,Cassie.Jen’aipasbesoindet’espionnerpourtevoir.Tum’appartiens.—Non,c’estfini toutça.Je t’aiquitté,Sebastian,et jesuisrevenuevivreici,àAtlanta.Je…jene
t’aimeplus.—Cesse donc de raconter n’importe quoi,Cassandra. Je sais que tum’aimes encore.Moi, je n’ai
jamaiscessédet’aimer,endépitdetoncomportementdegaminequifaituncaprice.Je croise les bras autour de moi, comme pour me protéger, pour réprimer mon tremblement. Non
seulement mon passé m’a rattrapée, mais il est également en train de m’engloutir à une vitessedésarmante.Jesuisretournéeàlacasedépartdel’échiquiermaléfiquedeSebastian.Noussommesdésormaistoutseulsdanslarue.Ilestenpositiondeforceetillesait.Ilpeutmemettre
KOenmoinsde tempsqu’iln’enfautpour ledire,etaprès…quisaitcequ’ilaen tête.Celadit,unepetitevoixsefaitentendreaufonddemoi,lamêmequim’aaidéeàprendreladécisiondefuir,demelibérerdesesgriffes.—Tuneme fais plus peur, Sebastian. Je vois clair dans ton jeu, tu as réussi à dissimuler ta vraie
natureauxyeuxdetous,maismoi,jesaiscequetuesvraiment.—Ahoui?chuchote-t-il.Jeravalelaboulecoincéedansmagorge.—Quisuis-jevraiment,madouceCassandra?—Unmenteur,lancé-jeententantenvainderefoulerleslarmesquiperlentàmesyeux.Untyran,un
lâche!Jeveuxquetut’enaillesetquetumeficheslapaix!—C’estimpossible,Cassie.Tuesàmoi,onestliésàjamais.—OK,commetuveux.Jevaisappelerlapolice,danscecas.Il ne prendra pasmamenace au sérieux.Mêmemoi, je n’y crois pas. Il nem’a rien fait. Rien qui
justifierait l’intervention des forces de l’ordre, du moins. J’aurais dû les appeler quand j’en avaisl’occasion,toutescesfois,àLondres,lorsqu’il…—Etquevas-tuleurdire?Quetonmariestvenuteretrouverparcequetuespartiesanslaisserde
tracesetqu’ilétaitmortd’inquiétude?Ilpartd’unpetitrireironiqueetsepenchedavantageversmoi.—Taplaceestàmescôtés,Cassandra,annonce-t-ilenm’attrapantbrusquementlebras.Rappelle-toi,
madouce:pourlemeilleuretpourlepire.Commentai-jepuêtreaussibête?JamaisjenepourraiéchapperàSebastian.Jamais.Je suis sur le point de m’effondrer quand j’entends la porte d’Altitude s’ouvrir, et une folle lueur
d’espoir s’insinueenmoi.Nousnesommesplusseuls,onvanousvoir,mais lapersonnequiapparaîtn’estpascellequejevoulais,c’est-à-direuninconnuquiarriveàpointnommé,mabouéedesauvetageenquelquesorte.Non,çanedevaitpassepassercommeça.Non…—Cassie?m’interpelleRyderendescendantlesmarches.Toutvabien?
24
Ryder
Quandj’enaienfinfiniaveclefournisseur,jeparsàlarecherchedeCassiemaisnelavoisnullepart.Ellen’estpasensallenidansmonbureau.—TucherchesCassie?m’interrogeKatieenplaçantdesverressursonplateau.Jel’aivuesortiravec
untype,etellen’avaitpasl’airdanssonassiette.Unmauvaispressentimentmesaisit,etjemedirigeverslasortie.JepousselaporteetvoisimmédiatementCassie.—Cassie?l’interpellé-jeenm’approchantd’elleetdumecquisemblel’importuner.Toutvabien?Décocheruncoupdepoingmevientnaturellement,commemarcherouencorerespirer,et ilestvrai
quemonself-controlfrôlesouventlerouge,maisjenesuispasunepersonneviolente.Chaquebagarreoucombatquej’aipulivrerétaitdanslebutdemedéfendresurleringoudeprotégerquelqu’un.Quandjecogne,jecognepourdevrai,etçafaittrèsmal.Celadit,commej’arriveàbienmaîtrisercettepulsion,appelons-laainsi,jen’hésitepasàuserdemacarrurepourintimiderquelqu’un,surtoutlorsquecelui-cis’enprendàundemesproches.Cequimesembleêtrelecasencemoment.Cassietournelatêteversmoi,etuneinquiétudeétrangepassedanssesyeux.Jeremarquedestracesdelarmessursesjouesetdétaillerapidementlegarsduregard.Ildoitfaireà
peu près ma taille et il est assez maigrichon. Il n’a aucune chance contre moi surtout quand je voiscommentilretientCassieparlebras.Voilàunechosequejenepeuxabsolumentpastolérer.Jel’attrapeparlecoldesachemise.Pourl’instant.—Cassie,cemect’embête?demandé-jesansquitterl’individudesyeux.Cetenfoirédoitvraimentêtrebêteousuicidaire,parcequ’ilnelarelâchepas,etunsouriresatisfait
apparaîtsurseslèvresfines.—Non, non,Ryder, tout va bien, balbutie-t-elle hâtivement en tirant sur lamanchedema chemise.
Ilétaitsurlepointdepartir,net’inquiètepas.— Je ne suis pas inquiet, rétorqué-je sans bouger.C’est plutôt lui qui devrait s’inquiéter s’il ne te
lâchepasdanslasecondequisuit.—Ryder,jet’ensupplie…Elleposelamainsurmonavant-bras.—Jesaiscommentgérerlasituation,poursuit-elle.Jevaisbien,promis.Jetournemonattentionverselle.Ellesemblepaniquée,maispaspourlesraisonsquej’imagine,parce
quesesyeuxsontécarquilléscommeceuxd’unenfantprisenflagrantdélitdevoldebiscuits.Quelquechosenetournepasrond.—Tuleconnais?l’interrogé-je.Elle détourne le regard en poussant un soupir et en secouant légèrement la tête : lamême réaction
qu’avaitCarolinelorsquejeluiposaisunequestionàlaquelleellenevoulaitpasrépondre.Jelâchelegars,etsonsourirenefaitques’élargir.—Quiestcethomme,Cassie?
—Jepeuxtoutt’expliquer,Ryder.Je…—Iln’yarienàexpliquer,l’interromptl’hommeavecunaccentanglais.Ilseredresseenremettantlecoldesachemiseenplaceavantdemetendresamain,fineetpresque
osseuse,etd’énoncer:—JesuisSebastianWalsh,lemarideCassie.«LemarideCassie.»Mari.Mari.Mari.Cemotrésonneenmoicommeuncridansunepiècevide,etmoncerveaupeine–serefuse–àtraiter
cetteinformation.Unehorriblesensationdemalaisemegagnesibienquemonsoufflesebloquedansmagorge.—Tuesmariée?réussis-jeàarticuleràl’adressedeCassie.Elleopinesansmêmeleverlesyeuxsurmoi.—C’estdoncpourçaquetuétaisenAngleterre,marmonné-jeenassemblantlespiècesdumystère.—Oui,etc’estd’ailleurspourlamêmeraisonqu’ellevayretourner,annonceSebastian,enregardant
Cassieavecunsourirearrogantquejemeursd’envied’effacerdesatronchedecake.—Vraiment!lâché-je.C’estplusuneobservationqu’unequestion.Jeprendsuneprofondeinspirationpourm’imprégnerdel’airchargédessenteursd’étéetdumagnolia
aucoinde larue.J’adorecetteodeurapaisanteetvivifianteà lafois.JemedemandesiCassieetsontrouducdemaripeuventlasentir,euxaussi?Jepourraisleurposerlaquestion,maisàquoibon?Aprèstout,vivredansl’ignoranceasesattraits.Cassiedoitensavoirunrayonsurcesujet,d’ailleurs.—Oui, sa vie est là-bas, àmes côtés, déclare-t-il en resserrant la poigne autour de sonbras et en
l’attirantverslui.—Arrête,Sebastian,gémit-elleenessayantdeselibérerdesonemprise.Jerefusedememêlerdesaffairesquinemeconcernentpas,surtoutlorsqu’ilestquestiond’undeces
mariagespassionnels,unpeulouchessurlesbords,etj’enveuxénormémentàCassiedem’avoircachéunechosepareille,dem’avoirvendudurêve.Celadit,jenepeuxpasnonplusrestersansrienfairealorsqu’ellenevaclairementpasbienetqu’elleveutquesonmarilarelâche.—Bon,allez,lâche-la,mec,marmonné-je.—Pardon?—T’essourdouquoi?J’aidit:lâche-la!—Tuvaspeut-êtrem’apprendrecommenttouchermafemme?proteste-t-il.—Non.Sijedoist’apprendrequelquechose,ceseralecontraire.Comme il ne bouge toujours pas, je serre les poings etmemets en position de combat en écartant
légèrementlesjambes,manaturereprenantledessus.—Etjedoutequetuappréciesmaméthode,ajouté-je.Sebastianplisselesyeuxetmescrutequelquesinstants.Ilnesembleniagiténinerveux,maisjepeux
pratiquement entendre les rouages tourner dans sa tête. Il est en train de passer ses options en revue.Heureusement pour lui, il choisit la bonne, parce qu’il desserre son emprise sur Cassie. Elle retireaussitôtsonbras.—C’estbien,etmaintenantdégagedemapropriété,luilancé-jeenposantunemaindanslebasdudos
deCassiepourlaguiderversl’escaliermenantauclub.—Tunepossèdespasletrottoir,quejesache,réplique-t-il.—Tuseraissurprisd’apprendretoutcequejepossède,commenté-jepar-dessusmonépaule.Cassiemontelesmarchesetouvrelaporte,etunflotdeconversationsanimées,deriresetdemusique
nousfrappe.Jelasuisàl’intérieuravantdepasserdevantelle.Jeneveuxpluslavoirniécoutersesexcusesbidon.Jesuisfurieuxcontreelle,maisencorepluscontre
moi.Elles’estjouéedemoialorsquejem’étaisjuréquecelanem’arriveraitplusjamais.—Ryder,attends!Je ne réponds pas. Je ne saismême pas où je vais,mais, dumoment que c’est loin d’elle, çame
convient.—Ryder!Ellem’agrippeparlebras,etjemeretournemalgrémoi.—Jesuisvraiment,vraimentdésoléequetuaiesdûvoirça…Lui.—C’étaitquoi,ça,dehors,exactement?nepuis-jem’empêcherdel’interroger,espérantobtenirune
explicationquipourraitmesatisfaire.—C’est…compliqué.—C’estvraimenttonmari?—C’est…(Ellefermelesyeuxenrejetantlatêteenarrière.)Écoute,c’estlongàexpliquer,allons…—Non,laquestionquejet’aiposéeestonnepeutplussimple.Es-tumariéeàceSebastianWalsh?Elle regardeautourd’elle,commesiellecherchaitdésespérément la réponsealorsqu’on laconnaît
touslesdeux.—Oui,murmure-t-elleenfin.Maistunecomprendspas,il…—Non,jet’arrêtetoutdesuite.Jecomprendstoutàfait.C’estclaircommedel’eauderoche.Tues
mariée,tunemel’aspasditettut’esfaitprendre.C’estfini,Cassie,jeneveuxplusjamaisterevoir.Surce…Jetournelestalonsetfendslafouleautourdemoipourm’échapper.Jenesaismêmepascequejesuis
entraindefuir:elleoulacolèrequimerongeetmenacenonseulementdem’emporter,moi,maistoutleclubaussi.Commentai-jepuêtreaussicon,aussiaveugle?Jemesuisbêtementlaisséattirerdanslemêmepiège
émotionnelqu’avecCaroline. JepensaisqueCassiem’aimaitbienetqu’onpouvaitconstruirequelquechose,quenotrehistoiremenaitquelquepart.Tuparles!J’aibaisséunpeutropmagarde,etpourlapremièrefoisdetoutemaviejemesuisprisuncoupde
poingenpleinefigure.Ausensfigurécertes,maisquim’atoutdemêmeenvoyéautapis.
25
Cassie
Inutilededirequejen’aipasfermél’œildelanuit.J’aiencoredumalàmeremettreducontrecoupdesévénementsdramatiquesdelaveille.Quand j’ai vu Sebastian, accoudé au bar, j’ai cru que j’allais mourir sur place. Il est comme une
mauvaise herbe qui envahirait l’allée de ma nouvelle vie : tenace, et dont on ne peut jamais sedébarrasser.J’auraisdûgérerlasituationdifféremment,mais,surlecoup,partirloindeluim’asemblélameilleure
solution. La seule solution. Je reconnais que, secrètement, j’espérais quemon départ inopiné allait lefairesouffrir,pasautantqu’ilm’afaitsouffrir,maisquandmême.Enrevanche,jenem’attendaispasàcequ’ilmesuiveàAtlantaetmetombedessuscommeill’afait.Commentpeut-ilcroirequej’accepteraisderetournervivreaveclui?Qu’est-cequisepassedanssapauvretête?Maiscen’estpasSebastianquim’inquièteleplusencemoment,c’estRyder.Ryder…Jeroulehorsdulit.L’aube rosit lentement ma chambre, et je descends au rez-de-chaussée. La maison est calme. Son
silencen’estrompuqueparleschantsdesoiseauxdanslejardin.Jem’installedanslefauteuilbalançoireà l’arrière de la maison, mon endroit préféré, celui qui m’apaise toujours, sauf que, cette fois, monagitationesttellequ’ellerefusedecéderplaceàlaquiétude.Pourquoin’ai-jepasdit lavérité àRyder ?Pourquoine lui ai-jepasparlédeSebastian? Il aurait
sûrementcomprissansformerunquelconquejugement.Onauraitmêmeputrouverunesolutionensemble.Toutauraitpusepasserautrementsijen’avaispasétéaussistupideetirresponsable.Hier,aprèsqu’ilaétéengloutiparlafoule,j’aicherchéRyderpartout,danstoutleclub,maisiln’était
nullepart,nidanssonbureaunidanslacuisine.—Vousn’avezpasvuRyder,lesfilles?ai-jedemandéàmesamies,qui,entre-temps,avaientvidéla
bouteilledewhisky.—Si,dansmesfantasmes,abafouilléAvery,provoquantunfouriregénéral.Àuneheureprès,moiaussi,j’auraiséclatéderireavecelles,maistoutavaitchangé.Parmafaute.Quelquesheuresplustard,quandj’arriveautravail–parcequeoui,jetravailletoujoursàAltitude–,
personnenesaitoùestRyder.Oupersonneneveutmeledire.—Allez,Cash,marmonné-jeenmepenchantpar-dessuslecomptoir.Jesuissûrequetuaseudeses
nouvellesdepuishier.Ilsecouelatête.—Tuasessayédel’appeler?medemande-t-ilenessuyantunverreàvin.Quellequestion!—Oui,biensûr.J’aidûl’appelerunecentainedefois,aumoins.SansparlerdunombredeSMSquejeluiaienvoyés.
CommeCashnerépliquepas,jehausselesépaulesetmeconcentresurlesfacturesquim’attendent.Lesheurespassentavecune lenteurexaspérante,et je suis surpiloteautomatique.Plusieurs fois,au
coursdelajournée,jetentedejoindreRyderavecletéléphoneduclubetmêmeenappelmasqué,mais,sansgrandesurprise,ilnerépondàaucundesappels.Si seulement ilme laissait une chance de lui expliquer la vérité ! Jamais je ne pourrai oublier son
expressionlorsqueSebastianluiaditqu’ilétaitmonmari.Jen’imaginemêmepascequ’iladûressentir,jem’enveuxterriblement,maisildoityavoirunmoyend’arrangerleschoses.C’estobligé…Moncerveautourneetretournelesmêmespenséesquandjerentreàlamaison.Jamiem’alaisséunmotpourmeprévenirqu’ilétaitdesortieetqu’ilm’avaitgardéunepartdepizza
aufrigo.C’estgentil–etétonnant–desapart,mais jen’aipasfaim.Jesuiscrevée;celadit, jen’aimêmepassommeil.Jeposemonsacsurlatabledelasalleàmangeretsorsmontéléphone.Pourlaénièmefois,jevérifie
quetouteslessonneriesetnotificationsdemonportablesontactivées.Elleslesont.J’aireçuquelquestextos,maisaucunn’estdeRyder.Dansungestededéfaite,jeregardeparlaporte-fenêtre,avantdesaisirbrusquementmonsacetlesclésdelavoiturequisontaccrochéesàl’entrée.Quinetenterienn’arien.Jemontedanslavoitureetroulejusqu’àchezRyder.C’estlatentativedeladernièrechancepourlui
parler,luiexpliquerlasituation.Unefoisdevantsaporte,jel’appellecommeunebargesursoninterphone,sanssuccès.Jesuisprêteà
rebroussercheminquandunjeunecouple,brasdessusbrasdessous,surgitdel’immeuble.L’hommemetient laporte, et j’entredans lehall. Jepénètredans l’ascenseuretm’apprêteàappuyer sur leboutoncorrespondantàsonétageavantdechangerd’avisauderniermomentetdepresserleboutonB.Doucement, jepousselaportedelasalledesport.Celle-ciestsombre,et iln’yapersonne,hormis
Ryderquicognesurlesacdefrappeinstallédanslecoin,sescoupsrésonnantàtraverstoutelapièce.Moninstinctnem’adoncpastrompée.Ledostourné,ilestpiedsnus,vêtud’unpantalondesurvêtementetd’undébardeurnoirs.Ilnemevoit
pas,maisjesuispersuadéequ’ilsentmaprésence.J’observesesépauleslarges,et lesmusclesdesesbrasauxlignesparfaitesquijouentsoussapeauàchaquemouvement.Ilneportepasdegants,maissespoingssontenroulésdebandagesblancs.Ilfrappelesacsanss’arrêter,etjemedemandecommentilfaitpournepasavoirmal.Peut-êtrequ’ilcombatlemalparlemal,toutsimplement.J’inspireprofondément.Ilestlà,jesuislà.Onestlà.J’ai toutpréparédansma têteet répétéenvoiture,saufque, là,monespritsemblefaireunblocage.
Commententamerladiscussiondansunesituationpareille?—Qu’est-cequetuveux?medemandeRydersansmêmemeregarder,enponctuantsaquestionparun
coupdanslesac.Commeàsonhabitude,ilprendleschosesenmain,et,pourunefois,çam’arrangegrandement.—Ilfautqu’onparle,murmuré-je.—Onn’aplusrienàsedire.Tonmaris’estmontréparfaitementclair.«Bim»Unautrecoupretentitdanslasalle.—Ryder,l’imploré-jeenavançantverslui,laisse-moit’expliquerleschoses,s’ilteplaît.—Enlèveteschaussures,gronde-t-il.—Hein?—Enlèvetesputainsdechaussures,Cassie.C’estécritsurlaporte.Tunepeuxpastoujoursfairece
quetuveux.
Jetressailleàcesmotsetmepenchepourdétacherleslanièresdemessandales.—Ah,pardon,j’aipasfaitattention!—Évidemment,tunefaisattentionàrien,marmonneRyderdanssabarbe.Saremarquemebriselecœur,maisjenerenoncepas.Jefaisencorequelquespasversluietposela
mainsursonbras.Dèsquejeletouche,jereçoiscommeunedéchargeélectriquedanstoutlecorps,quifaitresurgirdesflotsdesouvenirsinsupportablesencetinstant.—Ryder, jesuisvraiment,vraimentdésolée,répété-jeenespérantqu’ildécèle lasincéritédansma
voix.Ildégagesonbrasetdonneunlégercoupdanslesac.—Tuesdésoléedequoi?Saquestionmeramèneàladiscussionqu’onaeuedevantmamaison,ilyaquelquesjours,saufque
lesrôlessontinversés.Etquelasituationestbienplusgrave.Etquec’estentièrementmafaute.—Jesuisdésoléedenepast’avoirparlédeSebastian.—Tuesdésoléedenepasm’enavoirparléoudet’êtrefaitchoper?—J’auraisdûtedirequej’étais…mariée,mais,jesaispas,j’arrivaispasàtrouverlesmots…—C’estpourtantpas sicompliquéqueça, raille-t-il.Tuauraispudireun trucdustyle :«Au fait,
Ryder,tun’espasleseulmecavecquijecouche.Jecoucheaussiavecmonmari.»—Non!m’exclamé-jeennouantlesbrasautourdemoi.C’estfaux.Monestomacsetordrienqu’àcetteidée.Çafaitlongtempsquejen’aipascouchéavecSebastian.Les
derniersmois,cen’étaitmêmepasunacteconsentipourmapart.—Jenel’avaispasvudepuisplusd’unmoisavanthier,continué-je,souhaitantàtoutprixbloquerces
horriblessouvenirs.Ryderglousse.—Etpourquoiest-cequejetecroirais?—Parcequec’estlavérité.—Danslamesureoùtum’asdéjàmentiavant,j’aidumalàavalerça.—Çan’arienàvoir.Oui, je t’aimentiausujetdeJamie,maispasconcernantSebastian.J’ai juste
préférénerientedireàsonsujet.—C’estcensémeréconforter?rétorque-t-ild’untonincrédule.—Non,j’essaiejustedemettreleschosesenperspectiveafinquetulesregardesàtraversmesyeux.Àcesmots,Ryderseredresseetimmobiliselesacdefrappeentresesmainsavantdesetournervers
moi.Nosregardssecroisent,etjesensmagorgeseserrer.Sonexpressionesttellementdureetrésignéeàlafois,etunnerftressautedanssamâchoirecrispée.—Commentréagirais-tusijetedisaisquej’avaisunefemmeouunepetiteamie?Que,chaquefois
quejesuisavectoi,jepenseàelleenréalité?J’avalemasaliveavecdifficulté,etRyderfaitunpasversmoi.—Que,chaquefoisqu’onbaise,elleestlà,dansmatête,enchaîne-t-il.Unelarmeroulesurmajoue.—Ryder,je…—Que,m’interrompt-ilsèchement,chaquefoisquejet’embrasse,cesontseslèvresquej’imagine;
chaquefoisquejetelèche,cesontsesjambesquisontécartéesau-dessusdematête.Quejecomparetoujourstout,toncorps,tavoix,tesexpressions,tonallure,tout,àelle.Quejepenseàellesanscesse.Commenttesentirais-tuenapprenantça,Cassie?Ilplongesonregardsombredanslemien.Jamaisjenemesuissentieaussipetiteetimpuissantequ’en
cemoment.
—Jeseraisdévastée,chuchoté-je.—Lavoilà,taputaindeperspective!déclare-t-ilenseretournantdenouveauavantdeporterunautre
coupprécisdanslesac.—Ryder,jet’ensupplie…Leslarmescoulentdésormaissurmonvisagesansquejechercheàlesretenir,etjem’approchedelui,
éprouvantunirrésistiblebesoindeletoucher,dehumersonodeur.—Laisse-moiunechancede tout t’expliquer,susurré-jeenpressant lesmainscontre lesmusclesde
sondosavantdedéposerunbaiserentresesomoplates.C’esttoiquejeveux,toietpersonned’autre.Jelesensseraidirsousmesdoigts.—Fiche-moilapaix,Cassie.—Ryder…—Va-t’en.Savoixestàpeineaudible.—Jesaisquej’aidéconnéetquejet’aiblessé,murmuré-jecontresontee-shirthumideenresserrant
lesbrasautourdesataille,maistudoism’écouter,savoirpourquoij’ai…—Non,m’interrompt-ilenselibérantdemonétreinte.Jeneveuxriensavoir.RetourneenAngleterre
avectonmari,oùvouspourrezlibrementjoueraujeuduchatetdelasouris.Jerefused’êtremêléàvoshistoires.Ilfrappedeuxcoupsviolentsdanslesac,quiretentissenttelsdescoupsdefeudanslasalle.—Ryder,jetejurequ’iln’yaplusrienentreSebastianetmoi.Notremariageestterminé.—SebastianWalshnesemblepasêtredetonavis,pourtant,ironise-t-il.—Onnepartagepluslemêmeavissurrien.C’estl’unedesraisonspourlesquellesjel’aiquitté.—Tuasentaméuneprocédurededivorce?Jememordslalèvreinférieure.—Non,jevoulaisattendreunpeuavantdelefairepourqu’ils’habitueàlasituationetqu’ilnesoit
plusfâchéoucontrarié.—Biensûr,tuveuxluiépargnertoutesouffrance.(Ildonneplusieurscoupssuccessifsdanslesac.)En
revanche,ajoute-t-il,moi,tutefichespasmaldesavoircequejeressens.—Non,tutetrompes!C’estcequim’importeleplus.Toietriend’autre.C’estpourçaquejesuis
là…Mesparolesseperdentdansl’immensitédelasalle.Ryderdemeuresilencieux.Ilcontournelesacdefrappeensautillantetenalternantlesdroitesetles
gauches,commesijen’étaispaslà.Inutiled’insister:ilneveutclairementplusrienavoiraffaireavecmoi,etjenepeuxmêmepasluien
vouloirdemerejeter.Jen’aiquecequejemérite.Ressentant un vide énorme enmoi, je remetsmes sandales etme dirige vers la porte. Je tourne la
poignéequandj’entendsderrièremoi:—Tusais:sijesuisintervenuhier,c’estparcequejepensaisquetuavaisbesoind’aide.Jefermelesyeuxquelquesinstantspuislesrouvreenmeretournantverslui.— J’avais commeunmauvais pressentiment et je voulais te protéger, ajoute-t-il en s’avançant vers
moi,lesbrascroisés.—Jesais…—Jetiensàtoi,Cassie,etjepensaisquec’étaitréciproque.—Çal’est,Ryder,çal’estvraiment,lâché-jed’unevoixétranglée.Jeregrettelamanièredontj’aigéré
lasituation,j’auraisdûm’yprendreautrement,maisjenesuispashabituéeàl’idéequ’ons’occupede
moiouqu’onm’aide.J’aitoujoursdûmeprotégerseule.—Teprotégerdequoi?—Delui,répliqué-jesansmêmeréfléchir.Aussitôt,lesbattementsdemoncœurs’accélèrentfollement.Çayest,jel’aidit.—Commentça,delui?Jehausse les épaules et passeunemaindansmes cheveux, laissant retomberma frangedevantmes
yeux.J’oseunregardversRyderpuistournerapidementlatête.C’esttropdur.Beaucouptropdur.— Pourquoi dis-tu que tu devais te protéger de lui ? demande-t-il d’une voix calme, presque
rassurante.— Sebastian peut être parfois un peu… (Je marque une pause pour tenter de trouver un terme
approprié.)caractériel,disons.Jem’obligeàsoutenirsonregard.—«Caractériel»?répèteRyderenfronçantlessourcils.C’est-à-dire?—Ilsemetsouventencolère.—Encolère…Ilcrie?—Non,pasvraimentparcequelesvoisinsl’entendraientsûrement,etDieusaitcequ’ilspourraient
penserdelui,rétorqué-jeavecunbrind’ironie.Pireencore:ilspourraientdécouvrirlavérité.—Etc’estquoi,lavérité?Jesecouelatête,mavisionbrouilléeparunnouveauflotdelarmes.—Ilt’afrappée?Je détourne les yeux et regarde fixement lemur. On reste silencieux quelques instants. À quoi bon
éviterl’inévitable?Sijeveuxvraimentavancer,queRydercomprenneetmepardonne,jenepeuxpasgarderçaéternellementenmoi.—Parfois…,murmuré-jesansleregarder.Parfois,c’était…autrechose.Cetaveum’estextrêmementdifficile,maismeprocureaussiungrandsoulagement.—Jevaisletuer,annonceRyderd’unevoixétonnammentposée.Jevaisledéfoncer.J’essuiemeslarmesetjeprendssesmainsdanslesmiennes.—Non,Ryder,tunevasrienfaire.C’estexactementlaréactionqu’ilcherche:ilveutquelemonde
entiersoitencolère,commelui,etj’enaiplusqu’assezdesespetitsjeuxpsychologiquespervers.—IlesttoujoursàAtlanta?—Aucuneidée.Jenel’aipasrevudepuishiersoir.Jenesavaismêmepasqu’ilétaitlàavantqu’ilse
pointeauclub.—Sijeletrouve,jevaisluidémonterlatronche.—Iln’envautpaslapeine.Iladorepousserlaprovocation.Lameilleurefaçondeluttercontrelui,
c’estdefairecommes’iln’existaitpas,toutsimplement.Bon,cen’estpeut-êtrepas lameilleure,maisc’est laseuleque j’ai trouvée.Ellem’avalupasmal
d’ecchymoses,maisj’aifaitcequ’ilfallaitpoursurvivre.—Jeveuxjustequ’ilsortedemavie,dis-jeenpoussantunsoupir.Etsi,pourça,jedoisl’ignorer,lui
ettoutcequ’ilm’afaitendurer,ainsisoit-il.Dumoins,tantquejen’aipastrouvéunavocatpourréglerledivorce.—Jepeuxpasserquelquescoupsdefil,situveux,proposeRyderendégageantlafrangedemesyeux.
Voirsionpeutaccélérerleschosesconcernantlapaperassepourledivorce.—TuconnaisdesavocatsspécialisésdansledivorceàLondres?—Jeconnaispasmaldemonde,tigresse.Biensûr.C’estRyderCole,aprèstout.
Unlégersouriresedessinesurmeslèvres,etjerenverselatêteenarrière,monespritenfinlibéréd’unpoidsquim’aentravéependanttroplongtemps.—Merci,chuchoté-je.Ryderm’attireverslui,etjeposelefrontcontresontorseenfermantlesyeux,cherchantàretenirce
momentpourl’éternité.C’estcommeunretourauxsourcesetçafaitdubien.—Ilneteferaplusjamaismal,Cassie,prometRyder.Jesaisquetuesplusquecapabledetedéfendre
touteseule,maistun’asplusàlefaireparcequejesuislà.Jesuislàetjenetelâcheraijamais.J’opine, saisied’unesoudaine fatigue,maisquin’estpasphysique.Elleestmoraleet émotionnelle.
Elleestlourde;néanmoins,jel’oubliepresqueinstantanémentmaintenantquejesuisenfinàmaplace,blottiedanslesbrasdeRyder.
26
Cassie
J’ouvrelesyeuxetconstatequelespremiersrayonsdesoleilentrentparlabaievitréedelachambre,dontlesrideauxsontgrandsouverts.Àmoitiéendormie,jeroulesurlecôtépourmeretrouverfaceàfaceavecRyder.Ilresserresonétreinteautourdemoi,etjemefondscontresoncorpspuissant.—Salut,toi,murmure-t-il,lesyeuxfermés.Jesourisetpasseunemainsursonvisage,puisluieffleureleslèvresdemonindex.Quandildépose
desbaisersdansmapaumeetauboutdechacundemesdoigts,unechaleursoudaineenvahitmonventre.Jepousseleshanchesversluietsenssonérectionmatinalepresséecontremescuisses.Noussommestouslesdeuxnussouslesdraps,etjemesensàlafoisvulnérableetconfiante.S’ilest
toujoursfaciledefairetomberlabarrièredesvêtementsquinoussépare,ilm’aétéunpeuplusdifficiledefranchirlabarrièreinvisiblequej’aidresséeautourdemoietmonsecrethumiliant.Mais,aprèsnotrediscussiondelaveille,jen’éprouveaucunregretdel’avoirfait;aucontraire,j’auraisdûlefaireplustôt.Jehume l’odeurde sapeauenessayantd’imagineràquoion ressemble,vusd’enhaut,dans son lit
gigantesque,collésl’unàl’autre,nosmembresentrelacésdépassantdesdrapsfroissésautourdenous.Ryder passe son bras tatoué autour demes épaules etme caresse légèrement le dos dans un geste
réconfortantettendre.—J’aimemeréveilleràtescôtés,chuchote-t-il.—Çatombebienparcequemoiaussi, répliqué-jeenfaisant lentementglissermespaumesversses
fesses.—Tupourraispasserlasemaineici…Tusais,aucasoù…—Aucasoùquoi?Jesaiscequ’ilvamedire,etmoncœurseserre.Ilouvrealorslesyeuxenprenantuneexpressioninquièteetplongesonregarddanslemien.—OnignoretoujoursoùestSebastian.Iln’aplusessayédeme joindredepuisdimanchesoir. J’espèrequ’ilaenfincompris lemessageet
que,cettefois,iltourneraenfin,luiaussi,lapagedutristechapitredenotremariage.Jesoupireetj’embrasselefrontdeRyder.—Peut-être,susurré-jecontresapeau,maisonsaitdéjàaveccertitudequ’ilneserapasàAltitude,où
jevaispasser toutela journéeàtescôtés.Jedois justefaireuncrochetparchezmoipourmechangeravant.—Tupeuxlaissertavoitureici,etonferaundétourparcheztoienallantauboulot.—Merci,c’estgentil,maisj’aiprévudevoirShelbyaprèsletravail.Il se redressesuruncoude,et jenepeux résisterà l’enviededessiner lesmusclesdeson torsedu
doigt.J’adoresoncorps.—OK,danscecas,jevaistesuivreavecmacaisseetattendrequeturécupèrestesaffairescheztoi.
Jeneveuxpasquetuyaillesseule.
Jen’aimepaslevoirinquiet,maisiln’apastoutàfaittort.ConnaissantJamie,iladûdécouchertoutleweek-end,cequisignifiequelamaisonestvide.Celadit,Sebastianarégimaviebientroplongtemps,etjerefusequ’ilfasselamêmechoseaveccelledeRyder.Jemesuisenfinlibéréedesonempriseetjeveuxqueçaresteainsi.Jen’aipluspeurdelui.Savraienatureainsiquenotresecretpesantsontenfinexposésaugrandjour.Onfaitmoinslemalinmaintenant,connard.—Toutirabien,net’enfaispas,lerassuré-jeenpassantunemaindanssescheveux.Ilouvrelabouchepourprotester,maisjemepenchesurluietl’embrasseavidement.Jeneveuxplus
parlerdeSebastian,surtoutquandonpeutfaired’autreschosesbienplusintéressantes.Comme s’il avait lu dansmespensées,Ryder approfondit le baiser.Nos langues semêlent presque
furieusement,etjelaisseéchapperungémissementlorsquesesmainsserefermentsurmesseins.—MonsieurCole,bafouillé-jeavantdemordillersalèvreinférieure,nousallonsarriverenretardau
travailsivouscontinuezcommeça.—Undesnombreuxavantagesquandonest lepatron, rétorque-t-il enplaquant lespaumes surmes
fesses,c’estque,quellequesoitl’heureàlaquelleonarrive,onn’estjamaisenretard.Et,commetuesavecmoi,tupeuxégalementjouirdeceprivilège,tigresse.—Trèsbien,maisjepréfèrejouiravectoiavant.—Çavadesoi,lâche-t-ilenroulantsurmoi.J’écarte les jambes, et il me pénètre lentement. Je m’arque aussitôt sous lui, submergée par des
sensationsàlafoisfamilièresetnouvelles.Jamaisjenemelasseraidel’admirer,deletoucher,desesmains,desoncorps…,delui.D’uneseulemain,ilmesaisitlespoignetsetm’immobiliselesbrasau-dessusdelatêtepuiss’enfonce
pleinementenmoi,avantd’entamerunmouvementdeva-et-vient.Jenouelesjambesautourdesataille,essayantd’alleràsarencontreàchacunedesespoussées.Moncorps,emprisonnésouslesien,s’enfoncedans lematelas, je suis à samerci,mais jene crains rien, je suis en sécurité. Il neme fera jamais lemoindremal,ilm’écouteetnecherchequ’àattisermonplaisiravanttout.Jerenverselatêteenarrièresurl’oreillerpourluisignifierquejem’abandonneentièrementàlui,etil
merelâchelespoignetspourm’attraperparlataille.L’instantd’après,jesuisàquatrepattes,etRyders’introduitenmoipar-derrière.Imprimantàseshanchesunmouvementrégulier,iltitilletouràtourlespointesdemesseinsentresesdoigts,etjesensdéjàl’orgasmemonterenmoi.Sansarrêtersesassauts,ilsepenchesurmoi,etjesenssonfront,qu’ilappuiecontremondos,etles
battementsaccélérésdesoncœurquiserépercutentenmoi.—On va pas aller au club aujourd’hui, je pense, déclare-t-il d’une voix rauque.On a pasmal de
boulotquinousattendici.—Mebaiser,c’estdu travailpour toi?balbutié-je, l’air faussementvexé,enmeredressantsur les
genoux,ledoscontresontorse.—Pasdutout,tigresse,mechuchote-t-ilàl’oreilleenpassantunbrasautourdemataille.Tebaiser,
c’estleparadis.Quand jesenssesdoigtsseposersurmonclitoris, je laisse tomber la têtecontresonépaule,et les
premières convulsions de l’orgasme s’emparent de mon corps. Ryder accélère le mouvement de seshanchesetdesesdoigtset…—J’aibesoindetoi,l’entends-jedire.Sonaveu,combinéàcequ’ilestentraindemefaire,provoqueunesensationinéditeaufonddemon
être,etjejouisavecviolence,commejamaisauparavant.
Ilm’aurafalluvingt-sixanspourdécouvrirlesbienfaitsduyoga.Je me demande si c’est parce que j’étais un garçon manqué pendant une bonne partie de mon
adolescenceouparceque j’aicommencéàbosserassez tôtdans legaragedemonpère.Quoiqu’ilensoit,jeneregrettepasdem’êtrelaisséconvaincreparShelby.Aprèslecours,ondécidededégusterunsmoothiebienméritéavantderentrer.—C’estmoiquirégale,pourfêtertondépucelagespirituel,déclareShelby.—Millemercis,gentedame,m’esclaffé-jeenluitenantlaportedubaràjus.Elleesquisseunerévérenceexagérée,etonprendplacedanslafiled’attente.—Alors,tuenaspenséquoi?s’enquiertShelby.Çat’aplu?—Oui.Jamaisjen’auraiscruquemesmusclesétaientaussitendus.—Enmêmetemps,tuastraversépasmald’épreuvesdernièrement…J’opine.Commetoutsesaitrapidementdansnotrepetitgroupe,avantlecoursdeyogaShelbym’ademandéce
quis’estpasséavecRyder,dimanchesoir.Ducoup,jel’aimiseaucourantdeladisputeavecSebastian,quiaétélagouttequiafaitdéborderlevaseetm’apousséeàquitterLondres.DeuxjoursavantquejedécidedequitterSebastian,celui-cim’afaituneréflexionsurlamanièredont
j’avaispliésestee-shirts,qui,selonlui,n’était«paslabonne»,avantdem’envoyervalsercontrelemurdenotrechambreàcoucher.Heureusementquej’aieuleréflexed’amortirlecoupavecmesmainstouteninclinant la tête sur le côté. Jem’en suis tirée avec quelques bleus facilement camouflables sous desvêtementsetunpeudemaquillage,exactementcommeSebastianlevoulait.Teluncriminel,ilnetenaitpasàlaisserdesindicessusceptiblesderévélersonvraivisageauxyeuxdumonde.Chaquefois,c’étaitlamêmechose:sescoupsetsesagissementsétaienttoujoursbiencalculés,jusqu’aumoindredétail.Assisesursontapisd’exercice,Shelbyaécoutémonrécit,bouchebée.—Jenesaispasquoitedire,Cassie.C’esthorrible,a-t-ellejustecommentéavantdemeprendredans
sesbras.Jenepeuxpasm’empêcherdepenserqueleschosesauraientétédifférentessij’avaiseuneserait-ce
qu’uneseuleamiecommeelleàLondres,mais,biensûr,Sebastianafaitensortequemonuniverssoitcomplètementcoupédumondeextérieur.Aprèslecours,j’aivutroisappelsenabsenceenprovenanced’unnumérobloquésurmonportable.
C’étaitlui,j’ensuiscertaine.L’iconedelamessagerievocaleétaitaffiché,maisj’aipréférél’ignoreretrangerletéléphonedansmonsac.Lafileavanceencore,etjelèvelatêtepourétudierlacartedesjussuspendueau-dessusducomptoir
quandj’aperçoisunesilhouettefamilièredevantnous,entraindepassercommande.—Qu’est-cequeCashfoutici?demandé-jeàShelby.—Hein?Oùça?—Là,devant,dis-jeenledésignantdudoigt.Enplus,ilacommandéuntrucunpeutropvertàmon
goût.Beurk!Aumêmemoment,ilseretourneetsouritennousvoyant.—Quellebonnesurprisedevousvoirici,lesfilles!noussalue-t-ilens’avançantavantd’aspirersur
sapaille.—Qu’est-cequetufaislà,Cash?luidemandeShelby.—J’aientendudirequ’ilyavaituntrèsbonstudiodeyoganonloind’icietj’aivoulutesteruncours.—Habillécommeça?fais-jeremarquerendétaillantsonjeanetsontee-shirt.—Quoi?Tusais,chacunfaitcommeillesent,Cassie.Devantsa réponseaussi inattenduequ’étrange,Shelbyetmoiéchangeonsunregardsceptique.Notre
tourarriveenfin,etCashsortdubarpournousattendredevantpendantqu’onpassenotrecommande:unsmoothiefraise/noixdecocopourShelbyetunmyrtille/bananepourmoi.Boissonàlamain,onrejointCashsurletrottoiretonsedirigetousensembleversleparkingd’unpas
lent.Ilfaitencorejourmêmesilesoleilcommencedéjààsecoucherdeplusenplustôt.L’étévabientôt
cédersaplaceàl’automne,cequin’estpaspourmedéplaire:lechangementdecouleurdesfeuillesdanslesarbres,l’airfraisetvifchargéd’odeursdepin,labuéequisortdemabouche,lesbarbecuesdanslejardin,sansoublierlecoupd’envoidelasaisondefootball…J’aihâte!En Angleterre, je voyais les saisons défiler l’une après l’autre, depuis ma fenêtre, comme une
prisonnière qui rêvait de briser les barreaux de sa cellule, en ressentant un soulagementmêlé à de lafrustration.Letempss’égrenaitàsonrythmeau-dehorsalorsque,dansmonappartement,c’étaitcommes’il s’était arrêté.Mais tout cela appartient au passé désormais et, si j’ai bien appris quelque chosedepuisquejesuisrevenue,c’estqu’ilfautprofiteraumaximumdumomentprésent.Onmarchetranquillementdanslarueensirotantnossmoothiesetenbavardantdetoutetderien.—Tiens,j’aiuneidée,déclareCash.Onpourraitouvrirunbaràjus,maisalcoolisés.Vousvoyezle
genre,desboissonscommecellesqu’onboitlà,maisrelevéesavecquelquesgouttesd’alcool.—Comme…unetequilasunrise,parexemple,proposeShelby.—Ouunepiñacolada,proposé-jeenessayantdegardermonsérieux.—Jesais!s’exclameShelby.Unbloodymary!—Ha,ha,trèsdrôle,lesfilles!observeCashensecouantlatête.Jesaisqueçaexistedéjà,maismoi,
je peux faire quelque chose d’encoremieux, un nouveau concept de cocktails avec des fruits frais dequalité,sélectionnésavecsoin.—Pour semettreminable tout en respectant la règledescinq fruits et légumespar jour?demande
Shelby.—Exactement,répondCashfièrement.Onarrivedevantlestudiodeyoga,oùShelbyagarésavoiture,etjem’arrêtenetenvoyantJackson
devantlaporte.—OK,queCashveuilles’essayerauyogadanslebutdepécho,çanem’étonnepasplusqueça,dit
Shelby avant de se retourner vers son frère. Mais toi, tu ne ferais pas du yoga même si ta vie endépendait.Qu’est-cequisepasse?—Relax, frangine, réplique-t-il en lui faisant la bise avant dem’en faire une aussi. Je passais par
hasard.Heureusementqu’iln’apasditque, lui aussi,voulait semettreauyoga, car j’aurais eudumalà le
croireétantdonnéqu’ilestvêtud’uncostumegrisetd’unechemiseblanche.Etque,commeCash,iln’apasdesacdesport.Cashetluiéchangentunregardentendu,etjefroncelessourcils.—Hé,jevousaivus!leursignalé-je.—Quoidonc?s’étonneCash.— Y a quelque chose qui cloche dans tout ça, lancé-je à Shelby en la prenant par la main pour
l’entraînerversleparkingàl’arrièredel’immeuble.Au détour du bâtiment, j’aperçois Ryder, nonchalamment appuyé contre le capot de la voiture de
Shelby.—Attends,laisse-moideviner,annoncé-jeenpenchantlégèrementlatêtesurlecôté.Tueslàpourle
coursdeyogaaussi,n’est-cepas?—Onvoulaitjustes’assurerquetoutallaitbien,déclare-t-ilensouriant.Il est magnifique dans son tee-shirt blanc et son jean noir. Comme un mannequin d’une pub pour
parfum.Jerouledesyeux,mêmesijesuisextrêmementtouchéeparleurdémarche.—C’esttropchou,minaudé-je.Toutvatrèsbien,vraiment.—C’estsupersympadevotrepartdevouloirprotégerCassie,maisjenesaispascommentjedoisle
prendre,marmonneShelby.Seriez-vousentrainderemettreenquestionmestechniquesd’autodéfense?—Ouais,sérieux,fais-jeenesquissantunepetitemoueetenpassantunbrasautourdesépaulesdemon
amie.Nousaussi,onsaitsebattred’abord.Toutenparlant,jelèvel’autrebrasetcontractemonbiceps.— Impressionnant, observe Ryder en s’avançant vers nous. (Il dépose un baiser sur mon muscle
toujourstendu)Maisimaginequ’onfasseça…Avantmêmequej’aieletempsderéagir,Rydermesoulèved’ungestefluideetmepassepar-dessus
sonépaule.Jepousseunpetitcridesurpriseengigotantautantquepossibleetmefélicited’avoiroptépourunpantacourtaulieudushortquejevoulaismettreàlabase.—Alors, ilssontpassésoù, tesbiceps, tigresse?medemandeRyderenmeportantverssavoiture
commesijenepesaisrien.J’essaiedemedébattreencoreunpeu,maisjefinisrapidementparéclaterderire.—OK,OK,c’estbon,tuasgagné.—Jegagnetoujours,murmure-t-ilenmereposantdevantlaportièreducôtépassagerdesavoiture.Il prend ensuite doucement mon visage entre ses mains et m’embrasse tendrement sous les vivats
enthousiastesdenosamis.—Ilsvontfinirparcroirequetum’aimesbien,susurré-jecontreseslèvreschaudes.—Ilsn’aurontpastort,réplique-t-ilenmefaisantunclind’œil.Ilm’ouvrelaportièreavantdem’embrasseruneautrefois.Arborantunsourirejusqu’auxoreilles,jem’installedanslevéhicule,etRyderprendplaceauvolant
avantdedémarrer.OnsalueShelby,CashetJacksondelamainetonquitteleparkingpourrentrerchezlui.
27
Cassie
Le lendemainaprès-midi, jem’apprêteàprendremapause-déjeuner lorsqueRyderarriveversmoi,suivid’unhommetrèsgrand.Immense,même.—JeteprésenteGunner,déclareRyder.Gunner,voiciCassie.—Enchantée,marmonné-jeenserrantlamainqu’ilmetend.Ilrépondd’unsimplehochementdetête.Pastrèsbavard,legars,ondirait.—Gunnerestl’undemesmeilleurscombattants,m’expliqueRyder.Ils’occupesouventaussidetout
cequitoucheàlasécuritédel’entrepôtquandilnecombatpas.IladesrelationsauFBId’AtlantaetpeutdoncnousaideràsavoiroùestSebastianetquelniveauderisqueilreprésentepourtoi.—«Niveauderisque»?répété-je,surprise.C’estpasunterroristequandmême.—Ilteterrorise,mecontreditRyder.Çafaitdeluiunterroriste.—Ilnefautpasnonplusexagérer,marmonné-je,gênéededevoirendiscuterdevantunétranger.Gênéepartoutecettehistoireplutôt,etparleremue-ménagequ’elleestentraindecréerparcequej’ai
lamentablementéchouéàgérerleschosestouteseule.EnvivantavecSebastian,j’airapidementdûapprendreàtoujoursmetenirsurlequi-vivetoutenme
réfugiantdansundéniprofond. Ilpouvait sepasserplusieurs jours,voire semaines, sansqu’il lève lamainsurmoi,et,chaquefois,jemeberçaisd’illusionsjusqu’aumomentoùjefaisaisquelquechosequiavaitledond’éveillerlepireenlui.Comme,parexemple,lafoisoùilm’aassenéunegiflemagistraleavant de m’enfermer dans la penderie pendant toute une nuit parce que je n’avais pas décroché letéléphoneàtempsquandilm’avaitappeléedesonbureau.«Maintenant,tuvascomprendrecequeçafaitd’êtreignoré»,m’avait-ilditavantderefermerlaporte
delapenderie.Une autre fois, il m’a frappée fort sur la tête parce que j’ai utilisé son ordinateur portable sans
permission. L’ironie dans tout ça, c’est que c’était mon propre ordinateur, celui que j’avais rapportéd’Atlanta.Unsoir,ilestentrédansunecolèrenoireparcequej’avais«mistropdetempsàfairelescourses».Il
m’aviolemmentplaquéecontrelemurdelacuisinealorsquejetenaisencorelessacsdanslesmains.Ilm’aditqu’ilallaitmepriverdesortiesijerecommençaisavantdedécocheruncoupdepoingdanslemur,àquelquesmillimètresdematête,ylaissantunjolitrou.Quandilm’arelâchéeetquej’airéussiàmeremettre,tantbienquemal,duchoc,j’airangélescoursesavantdecachertouslesobjetspointusoucoupants.Cettenuit-là,jen’aipasfermél’œil,revivantlascèneducoupdepoingsecondeparseconde.Le lendemain,pourcamoufler le troudans lemur,Sebastianaaccrochéunephotodenouspar-dessus,souriantsetenlacés,quandonétaitpartisenweek-endenamoureuxpourlapremièrefois.Onn’aplusjamaisparlédecequis’estpassé.C’esttellementplussimpled’accumulerlesproblèmesenlesenfermantdansuncoindelatêteetde
prétendrequetoutvabienalorsqu’enréalitériennevaplus.Saufquepratiquerlapolitiquedel’autruche
n’estpasunesolution.SurtoutpaspourunhommecommeSebastian.Ilnes’estpeut-êtrepasmanifestédepuisdimanche,maisiln’apasditsonderniermot:pourpreuvelesmessagessurmontéléphone,quej’aidécidéd’écouterhiersoir,pendantqueRyderprenaitsadouche.J’essaieencoredecomprendrelesraisonsexactesquim’ontpousséeàlefaire:l’inquiétude,l’exaspération,unmélangedesdeux?Entoutcas,jenepouvaispasrepoussercetteépreuveéternellement.Assisesur le litdeRyder, j’aipressé l’iconede lamessagerievocaleavantdeporter lecombinéà
monoreille.«Cassie,jepensequ’ondevraitdiscuterdecequis’estpassédimanche,monamour.Jenesaispasce
quit’estarrivé,jenetereconnaisplus,etnousdevonsremédieràça.Tudoisréparerteserreurs.Jusqu’àcequelamortnoussépare,nel’oubliejamais.»—C’étaitqui?J’ailégèrementsursautéenentendantlavoixdeRyder.J’étaistellementabsorbéeparmespenséesque
jen’aimêmepasremarquéquel’eaudeladouchenecoulaitplus.—J’écoutais justeunmessagevocal, ai-jeessayédenoyer lepoissonenme tournantvers luiavec
unsourire.—Dequi?a-t-ildemandéenvenants’asseoiràcôtédemoi.Ilconnaissaitdéjàlaréponse.Jel’aiimmédiatementcomprisauregardqu’ilm’alancé.Ducoup,je
mesuisjustecontentéedehocherlatête.—Qu’est-cequ’iladit?—Des conneries, ai-je répondu. Je n’aimêmepas écouté ses autresmessages, ça n’envaut pas la
peine.—Les«autres»messages?a-t-ilrépété,surpris.Combient’ena-t-illaissé?—Trois.—Pourquoitunem’asriendit,bonsang?Ilaposéunemainsurmacuisse,etjel’airecouvertedelamienneavantdeluicaresserlebras,traçant
dudoigtlecontourd’undesesnombreuxtatouages:unnaviredeguerreavecplusieurscanonssortantdesesflancs.—Jenevoulaispasquetutefassesdusouciinutilement.Toutlemondes’inquiètepourmoi,cequine
faitquedonnerdel’importanceàSebastian,etc’estprécisémentcequ’ilveut.Ilveutmefairepeur, ilveutquetoutesnosconversationstournentautourdelui.Il…Poussantunsoupir,j’aiprislamaindeRyderavantdel’embrasseretdelaportercontremoncœur.—Ilnem’aimepas,ai-jepoursuivi.Toutcelan’estqu’unjeupourlui,etmoi,jerefused’yjouer.—Tuasraison,maiscen’estpasnonplusquelquechoseàprendreàlalégère,afaitvaloirRyder.Il
fautqu’onsoitpréparésaucasoùsonjeumorbidesetransformeenréalité.—Jesais…Jesais.—Cassie,ditRyderd’unevoixdouceetrassurante,brisantlefildemesréflexions.Ondoitsavoirà
quionaaffaire.Jecligneplusieursfoisdespaupières,regardanttouràtourRyderetGunner.—PlusGunnerensaitsurSebastian,plusilluiserafaciledeleretrouveretdevoircequ’ilmijote,
n’est-cepas,Gun?Gunneracquiesceenprenantplacesurletabouretàcôtédemoi.Rydermesourit,puism’embrasseles
cheveuxetsedirigeverssonbureau.Jeleregardes’éloignerquelquesinstantsavantdemeprécipiterderrièrelui.—Tuessûrquec’estvraimentnécessaire?l’interrogé-jeenlerattrapantdanslecouloir.
MonestomacsetordàlasimpleidéededevoirrelaterlabiographiedeSebastian,dediscuterdeseshabitudes ou encore de ses préférences alimentaires, de toutes ces choses qu’une épouse est censéesavoirparcequ’elleaimeetconnaîtbiensonmari,pasparcequ’elleabesoind’ungardeducorpspourlaprotégerdelui.—Jel’ignore,maisondoitfairequelquechose.ReconnaisqueSebastianalecerveauunpeudérangé
quandmême.Mieuxvautprévenirqueguérir.LeregardrassurantdeRydermedétendunpeu.—Est-cequejedoisluiparlerdes……violencesphysiquesquej’aisubies?Les mots restent coincés dans ma gorge. Je suis une victime de violences conjugales, j’en suis
consciente,maisjenesuispasencoreprêteàl’avoueràhautevoix.—…detout?terminé-jed’unevoixtremblante.—Non.Tuluidistoutcequi,selontoi,peutaiderGunneràcernerlepersonnage,répondRyder.Ilfaut
faire sortir Sebastian définitivement de ta vie,mais, pour ça, il faut le trouver avant. Tu ne peux pasengageruneprocédurededivorcecontreunfantôme.(Ilm’adressealorsundesessouriresirrésistiblesetm’attirecontrelui.)Etpuisjeteveuxpourmoitoutseul.—Merci,chuchoté-jeendéposantquelquespetitsbaiserssursabarbenaissante.—Dequoi?—Deveillersurmoicommetulefais.Ilmerépondparunautresourireetdisparaîtdanslebureau.Leslèvresserréesdansunemouerésolue,jeretourneauprèsdeGunneret,pendantl’heurequisuit,je
luifournistouteslesinformationsquej’estimeimportantesetpertinentesconcernantSebastian.Etmêmeunefoisqu’ilestparti,chaquefoisquej’aiquelquechosequimereviententête,jeluienvoieunSMS.Monpasséestlourdetdouloureux,mais,s’ilpeutm’aideràallerdel’avant,jedoissurmonterl’échecdecesdeuxdernièresannées.MêmesijepassetoutelasemainechezRyder,jepensequandmêmesouventàmonfrère.Çafaitun
petitmomentquejenel’aipasvuet,àencroirelesquelquestextosqu’ilm’aenvoyés–j’aidûinsisterpourqu’ilmedonne signedevie–, ilpart souventenvadrouilleavec sesamis.Pourune fois, çamerassure parce que ça signifie qu’il n’est pas souvent à lamaison et que Sebastian n’est pas entré encontactavecluidanslebutdeluisoutirerdesinformationsàmonsujet.Gunner,lui,estdevenuunpeucommemonombre,sibienquej’oubliequ’ilestlà,desfois.Ilneparle
pasbeaucoup–d’ailleurssesrépliquesnedépassent jamais lamonosyllabe–et ilse tient toujoursenretrait:leprofiltyped’ungardeducorps.Masemainedetravailvenantdes’achever,jesiroteunebière,installéeaucomptoiravecRyder.Le
happyhourbatsonplein,etonregardelesclientssesuccéder.—Jevaispeut-êtreavoirbesoindeGunnersurlering,cesoir,m’informeRyderàunmoment.Jesuispeut-êtreenweek-end,maisluinel’estpasparceque,cesoir,c’estsoiréedecombat.—JepensaisquetuallaistoutmisersurCrutcher,observeCashendécapsulantunebouteilledebière.—Ouais,maisapparemmentilaunecôtecassée,rétorqueRyder.C’estmonmeilleurboxeur,maisil
estencorejeune,ildoits’endurcirdavantage.—Toientoutcas,c’estpasunepetitecôtebriséederiendutoutquit’empêchaitdemontersurlering,
déclareCashensourianttoutensecouantlatête.—C’estclair,glousseRyder.—Unecôtecassée,çaguéritrelativementvited’habitude,enplus,dis-je.
—Çasentlevécu,ça,annonceCash.HormisRyderetShelby,personnen’estaucourantdesviolencesphysiquesqueSebastianaexercées
surmoi.Cashl’adoncditsurletondelaplaisanterie,saufque,malheureusement,cen’enestpasune.—Jeteverraisbiensurunring,enchaîne-t-ilenpréparantplusieursshotsdewhisky.Tuespetite,mais
quelquechosemeditquetuescoriace.—Elleauntrèsboncrochetdudroit,entoutcas,commenteRyder.—Tuessaiesdemerecruter?plaisanté-jeàsonadresse.—Ohouais,mec,putain,tudevrais!Lescombatsentrenanas,c’estunesuperbonneidée!s’exclame
CashentoquantsonverrecontreceluideRyderavantd’allerservirunclient.—Rassure-moi,ilsaitqueçaexistedéjà?demandé-jeàRyderenhaussantunsourcilsceptique.—JepréfèrenepassavoircequisepasseexactementdanslatêtedeCashGarner.Prête?—Tuparsdéjààl’entrepôt?—Ouais.TyleratrouvéunmecquipourraitremplacerCrutchsicelui-cisedésisteauderniermoment,
etj’aimeraisvoircommentilsedébrouillesurlering.Jebaisseleregardsurcequejeporte:unhautàbretelles,unjeanetdesclaquettes.Cen’estpasla
tenueidéalepourassisteràdescombatsclandestins,surtoutpasaveclegenredepublicBCBGqu’attirel’événement.—Jepensequejevaispasserparchezmoipourmechanger,répliqué-je.—Ah!lanceRyderenconsultantsamontre.OK,jevaisprévenirTyquej’auraiunpeuderetard.—Non,non,jevaism’arranger,net’enfaispaspourmoi.ÉtantdonnéqueRyderainsistépourdevenirmonchauffeurpersonnel,etqu’ilfinittoujoursparobtenir
cequ’ilveut,hier j’aidéposémavoiturechezmoiet j’enaiprofitépour récupérerquelquesaffaires.D’ailleurs,commentai-jepuoublierdeprendreunerobepourcesoir?—Si,tigresse,murmure-t-ilenglissantlesdoigtsdansmescheveux.Jepréfèreresteravectoi.Jesaispourquoiils’obstineàrefuserdemelaisserseule.Gunnernousarévéléhierquesoncontact
avaitréussiàtracerlesignalGPSduportabledeSebastianetquecelui-ciseraittoujoursàAtlanta.Jecomprends l’inquiétude de Ryder, mais je sais aussi à quel point la soirée de combat de ce soir estimportantepourlui.OnnepeutpasorganisernosviesautourdeSebastian.Jel’aifaitpendantdeuxans,etçanem’avaluquedesennuisetunallersimpletrès,trèscherpourAtlanta.JeprendslamaindeRyderetdéposeunbaiseràl’intérieurdesonpoignet.—Non,dis-jed’untonrésolu.Tuasduboulotettunepeuxpastepermettred’êtreenretardcettefois.
JevaisdemanderàGunnerqu’ilmedéposechezmoienallantàl’entrepôt,çaneserapasunproblèmepour lui, j’en suis sûre. Je vaisme changer vite fait et te rejoindre avecmavoiture, qu’on retourneradéposerchezmoidemain,situveux.Onnevapaslelaissernouspourrirlavie,OK?Ilsembleréfléchirquelquesinstants.—Tul’asgaréeoù,tacaisse?—Dansmon garage, qui est fermé à double tour, tenté-je de le rassurer. Il ne peut rienm’arriver.
Commejet’aidit,jemechangevitefaitetj’arrive.—Bon,marmonne-t-il en se levant avant de se pencher versmoi. En revanche, je te conseille de
mettrequelquechosequejepourrait’enleverfacilementenrentrant.IlfaitdéjànuitquandGunnermedéposedevantchezmoi.Lamaisonestplongéedansl’obscurité,ce
quisignifiequeJamien’estpaslà.Aumoins,iln’apasprislavoiture,carjelavoisàtraverslapetitefenêtredel’ouvertureautomatiquedugarage.Gunnertendlebraspourouvrirsaportière.
—Nevousdérangezpas,Gunner,déclaré-jeendescendant–ensautant,plutôt–desongrospick-up.Mercidem’avoirdéposée.Etbonnechancesivousmontezsurleringcesoir,mêmesi,bon,vousn’enavezpasvraimentbesoin,jepense.Ilhochelatête,etjevoisunbrefsouriresurseslèvres.Jeremontel’alléedelamaisonetdéverrouillelaporteavantd’entrer,puisj’allumelalumièreetje
salueGunnerdelamain.Ildémarreavantdequitterlaruedansunvacarmepresqueinfernal,etjesecouelatêteensouriant.Lesmecsetlesbagnoles,j’tejure!Jerefermelaporteetmonteaupremierenréfléchissantàcequejepourraisbienmettrepourcesoir.
Jen’aipasbeaucoupdevêtementsàlabase,maisj’espèretrouverquelquechosequiferal’affairedansmonplacard.Je pénètre dansma chambre et j’actionne l’interrupteur avant deme diriger versmon armoire. Si,
toutefois,jenetrouvaisrien,jepourraiséventuellementpasserchezShelbypourluiemprunteruntrucouencorefaireundétourparlecentrecommercialpour…J’ouvrelesportesdemonplacard,etmonsangseglacedansmesveines.Sebastian.Là.Dansmonplacard.Jemeretournepourm’enfuir,maisilestplusrapidequemoi.Brutalement,ilenrouleunbrasautourde
matailleetl’autreautourdemoncou,puisresserresonemprise.Jeveuxhurler,crier,maisjen’yarrivepas.Jecommencemêmeàavoirdumalàrespirer.J’essaiedemedébattre,envain.Mes jambesflageolent,mesbras retombent le longdemoncorps,mavisionsebrouillepuis…plus
rien.
28
Cassie
J’ouvrelesyeuxetjebatsplusieursfoisdespaupières,totalementdésorientée.Pourquoiest-cequej’aiunbâillonenfoncéentreleslèvres?Sebastian…Dansmonplacard.Jesuisallongéedansunespaceconfiné. J’observe lemuret leplafond,blancset inconnus. Jeveux
retirerletissuqu’ilm’afourrédanslabouche,maisjen’yarrivepas,j’ailesmainsliéesdansledos.J’essaiedemetournersurlecôtépourmeredressersurlecoude,maislacorderugueusemefaitmalauxpoignets.Jenepeuxmêmepasétendrelesjambes.MonDieu,jesuisdansunebaignoire!Jeremarqueunsavonemballéposésurlerebord.Onestprobablementdansunmotel.La lumière dans la salle de bains est aveuglante, et je ferme les yeux pour essayer de calmer les
battementsfrénétiquesdemoncœur.OùestSebastian?Tantbienquemal,jetendsl’oreillepourpercevoirlemoindrebruitprovenantdelachambre.Rien.C’estlesilencetotal.Monsangpulsesourdementàmestempes,etjedéglutisavecdifficulté.Pasétonnant,cetattardéafailli
m’étrangler.Combien de temps suis-je restée inconsciente ? Est-ce que quelqu’un a remarqué mon absence à
l’entrepôt?J’aiditàRyderquejeferaisvite,maisildoitêtretellementoccupéàgérerlesboxeurs,lepublic,les
parieurs…Ilneverramêmepasquejenesuispaslà.Pasdepanique…C’estfou, leschosesarriventvraiment lorsqu’ons’yattendlemoins.Jamaisjen’auraispuimaginer
queSebastianallaits’introduirechezmoipoursurgirdemonplacardetm’enlever.C’estunpeuextrême,mêmepourunpersonnagecommelui.Jemesuisfaitkidnapperparmonmarietmevoilà,ligotéedansunebaignoire,Dieusaitoù.J’auraisdûaccepterqueRyderm’accompagne.J’auraisdûlaisserGunnerm’escorterjusqu’àlamaison.Oui, j’auraisdû faireun tasdechosesautrement,maiscen’estpas lemomentde larmoyer. Jedois
gardermoncalme,coûtequecoûte.J’en suis là demes pensées quand j’entends la porte de la salle de bains s’ouvrir et des pas lents
résonnersurlecarrelage.Jedoutequecesoientlessecours.—Tuesréveillée,monamour,observeSebastianensepenchantsurmoi.Ilporteunechemiseblancheboutonnéejusqu’aucoletsoigneusementglisséesouslaceinturedeson
pantalonàpinces.Ilestbiencoifféetamislesboutonsdemanchettequ’ils’étaitoffertspoursondernieranniversaire.Ilatoutdemêmepenséàsefairebeauavantdekidnappersafemme.Normal,quoi.Iltientunsacenplastiquedanslesmains.Jemedemandecequ’ilcontient,mais,d’unautrecôté,je
préfèrenepaslesavoir.Sebastianmesaisitparlesépaulesetmeredresseenpositionassise.Jeramènelesgenouxversmoi.Tiens,jesuispiedsnus.Jetressaillequandjecroisesonregard.Ilmedétailleunlongmomentavantd’enroulerunemèchede
mescheveuxautourdesondoigt.Sonpouceeffleuremajoue,etunenauséeviolentemesoulèveaussitôtl’estomac.—Cettecouleurnetevapasdutout,marmonne-t-ilensecouant la tête, l’airdésolé.Sansparlerdu
maquillage.Jeneportepasdemaquillage,espècedecinglé.Jebaisselatête,maisilmetundoigtsousmonmentonpourm’obligeràleverlesyeux.Poussantunsoupir,ilplongeunemaindanslesacetenressortunkitdecolorationBlondClairainsi
qu’unpaquetdelingettesdémaquillantes.—Maisonvatoutdesuitearrangertoutça,continue-t-ilenpoursuivantsonrésonnement,toutentirant
unelingettedupaquet.Tuvasvoir,toutredeviendrarapidementcommeavant.Il commence à me nettoyer le visage en me frottant le front, les yeux et les joues avec force, et
j’esquisse une moue de douleur malgré moi. Il n’a toujours pas compris que je ne portais pas demaquillage?!Enmêmetemps,ilnesemblepascomprendregrand-chosedernièrement,donc…—Peuimportetonapparence,Cassandra,peuimportecequetufais,peuimporteoùtuvasetavecqui,
tuserastoujoursàmoi.Heureusementquejesuislàpourremettreunpeudebonsensdanstacervelle.Ilmeretirelebâillonetpasselalingettesurmeslèvresavantdem’embrasser.J’aienvied’éclateren
sanglots,devomir,deprendrelesjambesàmoncou,maisjesuiscoincée.Acculéedansuncoin,commeunanimalapeuré.Jepourraishurleràlamort,mais,sipersonnenem’entend,j’aipeurdelaréactiondeSebastian.Je
doisplutôtessayerdegagnerdutemps,deleraisonner.—Sebastian,balbutié-je,tudoismelaisserpartir,s’ilteplaît.Ilm’adresseunsourirequimecoupelesouffle,maispasdanslebonsensduterme.Jenereconnaisplusl’hommequisetientdevantmoi.Cen’estplusceluidontjesuistombéefollement
amoureuseetque j’ai épousé suruncoupde tête.La lueurquibrilledans sesyeuxnoisetten’estplusmalicieuse, comme naguère. Elle est malsaine, sinistre. Elle exprime nombre de secrets sombres.Sebastiancacheundoublevisage,uneautrepersonnalité.Brusquement,ilplaqueunemainautourdemoncouetfouilledenouveaudanslesacpourensortirun
largetee-shirtnoiretunegrandepairedeciseaux.—Jenebougeraispassij’étaistoi,mabeauté.Ilmerelâcheetsaisit lebasdemontee-shirtavantd’ydonneruncoupdeciseaux,puisunautre,et
encoreunautre.J’ignorecequiestpire, lasensationdemétalfroidglissantsurmapeauoule«clac-clac»del’outildemalheur.—Pourquoiest-cequetumefaisça?lancé-jeenessayantdegardermonsang-froidetdecontrôlerma
respiration.Netelaissepasabattre,netelaissepasabattre,pasmaintenant.—Cesvêtements sontde trèsmauvaisgoût, répond-ilde façondétachée.Ceque je t’ai trouvéà la
pharmacien’estpastrèsstylé,jetel’accorde,maisçaferal’affaire.Il donne un dernier coup de ciseaux, et les pans du haut retombent de chaque côté de mon corps,
exposantmonsoutien-gorgeàsavue.Inspire,expire,inspire…Ilposelesciseauxsurlereborddelabaignoireetm’observequelquesinstants,l’airpensif.
—Tuasunesibellesilhouette,murmure-t-il.Jepourraistecontemplerpendantdesheures.—Peut-être,mais,mêmecommeça,tunemeverraispas,Sebastian.Ilfaitclaquerlalangueensignededésapprobation.—Cen’estpastrèsgentil,cequetuviensdedire,Cassandra.J’aitoujours,toujoursveillésurtoi.—C’estfaux!soufflé-jeensentantunevagued’indignationmonterenmoi.Tun’aspascessédeme
fairedumal,dem’humilier!Jenet’aimeplus,Sebastian.C’estfini.Notremariageestterminé.(Jemeredresseautantquejepeux.)Tunereprésentesplusrienpourmoi,continué-jedeplusbelle,etdèsquejetrouveraiunmoyendesortird’icij’iraivoirlesflics,ettupasseraslerestedetaputaindemisérablevieenprison.Ilglousse.—Ma«putaindemisérablevie»,commetuledissicrûment,estauprèsdetoi,Cassandra.Ilsepenchealorsversmoietplongeunemaindansmescheveuxpourmerenverserlatêteenarrière
d’ungestebrusque.—Jamaistunepartirasd’ici,passansmoientoutcas.Son ton est menaçant et résolu si bien que je sens le peu de courage qui me reste m’abandonner
aussitôt,etjefondsenlarmes.Sebastianinspirebruyammentparlenezet,l’instantd’après,jereçoisunegifle enpleinvisage. Il s’approche ensuite demoi et attirema tête contre son épaule enmecaressantdoucementlescheveux.L’odeurnauséabondedesoneaudeColognemanquedem’étouffer.J’ail’impressiond’entendredescoupsauloin,maiscedoitêtrelaclaquequirésonneencoredansma
tête,etjefermelesyeux,acceptantmondestinavecfatalité.Soudain,quelqu’unm’appelle,criemonnom.—Cassie!MonDieu,dites-moiquejenerêvepas!Ryder,c’estRyder!—Cassie,réponds-moi!Tueslà?hurle-t-ilendonnantdescoupssurlaportedelachambre.Sebastianseredresseet,avantquej’aieletempsdedirequoiquecesoit,mecouvrelabouchedesa
main.Jetentedebougerlatêtedanstouslessensetparviensàécarterleslèvres.Jeluimordslamainentrelepouceetl’index,etprofitedel’effetdesurprisepourmedégager.—Jesuislà!!Àl’aide!Jesuislà!!hurlé-jedetoutesmesforces.—Ferme-la!tonneSebastianenm’assenantunedeuxièmegifledureversdel’autremain.Cependant,contrairementàlapremière,celle-cimefaitl’effetd’unseaud’eaufroideetmeramèneà
laréalité.Çanemarcheplus,l’intimidationphysique.Jehurledeplusbelleetj’entendsqu’onforcelaportedelachambre.—Lâche-la,espècedefilsdepute!SebastianserelèveaumomentoùRydersurgitdanslasalledebainsavantdesejetersurlui,telun
fauvebondissanthorsdesacage,etdelefairebasculersurlecôté.Lesciseauxtombentsurlesoldansun bruit métallique, et je regarde la tête de Sebastian cogner contre la cuvette des toilettes, puis ils’écrouleparterre.—Çava?Tun’asrien?medemandeRyderens’accroupissantdevantmoietenmelibérantlesmains.Jehochelatête,etilm’aideàmerelever.—Allez,viens,dit-ilenmefaisantpasserdevantlui.J’aipresquefranchilepasdelaportelorsquej’entendsRydercrieravantdemarmonnerunchapelet
dejurons.Jemeretourneetmeraidissurplace.Ryderestagrippéaulavabo:Sebastianluiaenfoncélesciseauxdanslemollet!Etcecinglé,àquatre
pattesdésormais,afficheunsourirediaboliqueentenanttoujourslabranchedel’outildanslamain.—Nerestepaslà,Cassie!Cours,va-t’en,m’intimeRyder.Jevaism’occuperdelui.Sesparolesseperdentdans le tourbillondecolèrequidéferlesubitementenmoi. Je regarde tourà
tour la flaque du sang de Ryder, qui s’agrandit lentement mais sûrement sur le carrelage blanc, etl’expression triomphantedeSebastian.Puisunemontéed’adrénalineme fait bondir enavant, lepoinglevé,pouceàl’extérieur,commemel’aapprisRyder.JevisejusteparcequeSebastianreçoitlecoupenpleinefigureettombesurlecôté,dusangjaillissantdesonnez.—Alors, ça faitmal, hein ? demandé-je avant de le frapper une deuxième fois.Oui, je sais, c’est
désagréable.Brusquement,ils’allongeàplatventreetmesaisitleschevilles,mefaisantainsiperdrel’équilibre.Je
n’aipas le tempsdeme rattraper au rebordde labaignoire et jem’écroulepar terre,maisme relèveaussitôt avant de glisser sur lamare du sang deRyder. Je tombe de nouveau au sol puisme retournerapidementversSebastianpourm’éloignerdeluienrampant.Ilattrapeunedemeschevillesd’unemainetlesciseauxplantésdanslemolletdeRyderdel’autre.Jesecoueénergiquementlajambepouressayerdeme libérer, mais rien n’y fait. Sebastian profite demon désarroi enme blessant le pied avec lesciseauxavantdesehissersurmoi.Unevivedouleurmetraversetoutentière,etjecrieàtue-tête.— Puisque tu refuses que je le tue, grommelle-t-il en s’installant à califourchon sur moi, je vais
m’occuperdetoidéjà.D’unefaçonoud’uneautre,tum’appartiendraspourtoujours.—Plutôtmourir!soufflé-jeentrelesdents,sentantmoncorpssecrispersouslesien.—Justement,lâche-t-ilenbrandissantlesciseauxau-dessusdesatête.Jefermelesyeux,mepréparantaupire,lorsque,soudain,jemesenslibéréedupoidssurmoi.J’ouvre
lesyeuxet jeconstatequeRyderaplaquéSebastiancontre lemuren l’attrapantpar lagorge. Il saisitalorssonautremain, le forçantà laisser tomber lesciseauxavantde lui tordre lebrasderrière ledossansménagement.—Siquelqu’undoitmouririci,c’estniellenimoi,déclareRyder.—Fous-nous la paix, geint Sebastian en donnant un coup de pied dans la jambe blessée deRyder.
C’estmafemme.—Nel’appelleplusjamaiscommeça,rétorqueRyderenluienvoyantsonpoingdanslafigure,cequi
lefaitvaciller.Illuibalanceunautrecrochetdudroitavantdelerelâcher,etSebastianglisseparterre,latêtesurle
côté, les yeux grands ouverts. Il est encore en vie, je le vois à sa poitrine qui se soulève et retombelentementaurythmedesarespiration,etjepousseunsoupirdesoulagementenentendantapprocherlessirènesdepolice.C’estfini,cettefois;c’estvraimentterminé.Ilnemeferaplusjamaisdemal.Je me relève péniblement, le regard rivé sur Ryder. On est tous les deux dans un sale état, nos
vêtementstachésdesang,monhautdécoupépendantsurmoncorps,maisonestenvie.Onestenvie.—Allons-nous-enavantqu’ilreprenneconscience,murmureRyderenpassantunbrasautourdemes
épaules.Jenouelesbrasautourdesataille,etonsedirigeverslasortiedelachambreenboitanttouslesdeux.
Comme nos blessures respectives sont du côté opposé, on se sert de béquille l’un pour l’autre, et iladoptelerythmequejeluiimposemalgrémoi.Onestenvie.Jesourislégèrementàcetteréflexion.Onéchangeunregardentendu,etilhochelatête.—Tulisdansmespensées,dis-je.
—Danscecas,commenceàpenseràdeschosessalaces,tigresse,parcequej’auraisbienbesoind’unpeudedistraction.Jelaisseéchapperunrirebrefmaisfranc,etilm’embrasselescheveuxavantdesortirdansl’airdoux
delanuit.Onestenvie.
29
Cassie
Lecentremédicald’Atlantaestpleinlorsquenousyarrivons.—Etonditquel’attentepourentrerdansuneboîteestlongue,plaisantel’infirmièrequis’occupede
notre inscription.C’estmalheureusement cheznousqu’onpeine leplus à trouveruneplace, surtoutunvendredisoir.Rapidement,onemmèneRyderdansunboxetmoidansunautre.Undocteurvientm’examineravantdemesuturerl’incisionaupied;et,pendanttoutel’intervention,je
n’arrivetoujourspasàassimilercequis’estpassé.Onmeprescritdesantidouleursetonmedonnedesbéquilles.Ledocteurm’informequej’enauraiprobablementbesoinpendantunesemaine,letempsquelaplaieserefermecomplètement.Dèsqu’onmelaissesortir,jeparsretrouverRyder.J’écarte le rideau de son box et je le trouve en sous-vêtement, à plat ventre sur la table d’examen
pendantqu’unmédecinrecoudlablessuredesonmollet.Jemesensàlafoisrassuréeeteffrayéeàsavue.—Salut,toi,murmuré-jeenm’avançantverslui.Çava?—Oui,mieux,maintenantquetueslà,maisrepose-moilaquestionquandjeneseraiplussousl’effet
del’anesthésie.—Quoi?RyderColes’estfaitanesthésierpourquelquespetitspointsdesuture?Ungrandmythequi
s’effondre.—Oui,maisonvaomettrecepetitdétailenfaisantnotredépositionauxflics.J’aiuneréputationà
tenir,tigresse.— Voilà, monsieur Cole, c’est fini, annonce le docteur en se levant de son tabouret. Vous devrez
changerlepansementdanslecourantdelasemaineprochaine,mais,commevousêtesenbonnesantéeten excellente condition physique, la plaie cicatrisera rapidement. J’espère que vous passerez tout demêmeunebonnefindesemaine.Sur cesmots, elle s’en va et je réprime un petit rire.Après ce que l’on vient de vivre, je ne vois
vraimentpascequipourraitêtrepire.D’ailleurs,iln’yapasqueleweek-endquiserabon.Lerestedemavie,denosvies,seraencoremeilleur,parfait,maintenantqueSebastianestderrièrelesbarreaux.Enfin.Les policiers viennent rapidement prendre nos dépositions, et jem’assieds sur le bord de la table
d’examendeRyder.Il apparaît que Ryder a quand même remarqué mon absence. Il a tout de suite eu un mauvais
pressentimentet ademandéàGunnerdevérifier le signalGPSduportabledeSebastianainsique lestransactionssursacartedecrédit.GunneravuqueSebastianavaitréservéunechambredansleNightLightInn,maisapréférécreuserd’autrespistesjusqu’àcequeJamieappelleRyderpourluisignalerquequelqu’unétaitentrépareffractioncheznousetquemachambreétaitsensdessusdessous.Pendant qu’on était dans la salle d’attente, j’ai passé un coup de fil àmon frère pour le remercier
d’avoireulebonréflexeenprévenant immédiatementRyder,ceàquoi ilaréponduqu’onsesoutenait
toujoursentrefrèreetsœur.Unefoisquelespoliciersonttouteslesinformationsdontilsontbesoin,ilsquittentlebox,etRyderse
décalesurlatabled’examenenmefaisantsignedem’allongeràcôtédelui.Jemelovecontrelui,ledosplaquécontresapoitrine,etfermelesyeuxenexpirantprofondément.Ilpresseleslèvrescontrelecreuxdemanuque,ettouslesévénementsdelasoirée,quejerevisinlassablementdepuisqu’onestarrivésici,s’envolentaussitôt.Peu importe qu’on soit aux urgences, les élancements de douleur de mon pied, ce à quoi je dois
ressemblerencemoment,jemefichedetout.DumomentquejesenslachaleurducorpsdeRydercontrelemienet la forcedesesbrasautourdemoi, lemondepeut s’écroulerautourdenous, jen’enaiquefaire.—J’aifailliteperdrecesoir,murmureRyderàmonoreille.Immédiatement,deslarmessemettentàcoulersurmesjoues.Maisjenepleurepasdetristessenide
joie.Cesontdeslarmesdesoulagement.Jesuisenvie.Onestenvie.Maladroitement,jemetourneversRyderetprendssonvisageentrelesmains.—Jesuisdésolée,Ryder.Tun’imaginesmêmepasàquelpoint.—Pourquoi?medemande-t-ild’unevoixdouceenmecaressantlescheveux.—Tuesblesséetc’estmafaute…Tuauraisputefairetueràcausedemoi,parcequej’aifuimes
responsabilitésaulieudelesaffronterquandillefallait.—Tu ne pouvais pas savoir que Sebastian irait aussi loin, déclare-t-il. Et tu avais raison : on ne
pouvait plus continuer à vivre comme ça, dans l’attente constante de son prochainmouvement. Jemeferaispoignarderencorecentfoiss’illefallaitpourtesauverdesgriffesdecemalade.Jet’aime,Cassie.Jeplongeleregarddanslesienetmesenscommeaspiréeparlebleu,profondetintense,desesyeux.«Jet’aime.»VenantdelabouchedeSebastian,cestroispetitsmotssonnaientfaux,etjenelecroyaispasdutout.
Pour lui, c’était un outil demanipulation, de simples lettres alignées en paroles qui n’avaient aucunesignification entre ses lèvres.Mais le fait de les entendre de Ryder, c’est comme s’il venait de leurdonnerunetoutenouvellesignification,dem’ouvrirlesportesd’unautremonde.Cethommeformidablequej’aienfacedemoi,quin’apashésitéàrisquersaviepourmoi,m’aime
pourcequejesuisd’unamoursincère.—Moiaussi,jet’aime,chuchoté-jeenl’embrassantaucoindeslèvres,puissurlajoueetdanslecou.
Tum’assauvélavie,Ryder.Situn’étaispasarrivé,je…Unebouleseformedansmagorge,etjeneparvienspasàfinirmaphrase.—Chuuut,c’estfini,Cassie.Ilresserresonétreinte,etjepresselefrontcontresonépaule.—Etmoiaussi,jetedoisdesremerciements,enchaîne-t-il.Tum’aségalementsauvélavie,cesoir.
Personnen’ajamaisprismadéfenseavecautantdehargne.Tuluiasquandmêmepétélenez.— C’est normal, j’ai appris comment expédier un crochet du meilleur boxeur qui soit. Un mec
extraordinairequiatoujoursraisonetquigagnetoujours,aussi.—Cettefois,onagagné.Ensemble,toietmoi.Jehochelatête,apaiséeparsescaressesdansledos.—Toctoc!s’exclamesoudainunevoixquiressembleétrangementàcelledeShelby,del’autrecôté
durideauquitientlieudeporte.—Ryder?s’enquiertCashenpassantlatêtedansl’entrebâillement.Cass?Vousêteslà?Jemeredressesurlatabled’examenetcroiseleregarddeCashquimesouritavantdeseretourner.
—C’estbon,ilssontlà,annonce-t-il.L’instant d’après, Shelby,Avery,Ruby, Savannah, Jackson et Parker pénètrent, l’un derrière l’autre,
danslebox.—C’estvachementpetitici,faitremarquerAvery.—Enmêmetemps,onestauxurgences,tun’espascensérecevoirdesvisiteurs.ParkerfaitungestedelamainendirectiondeRyderenajoutant:—Lapreuve,jepensequ’ilnenousauraitpasaccueillisenslips’ilavaitsuqu’onallaitdébarquer.Onparttousd’unpetitrire.— Vous n’imaginez même pas à quel point je suis contente de vous voir tous, dis-je en essayant
d’attrapermesbéquilles.—Non,non,non,protesteSavannah.Tunebougespas.Elledonneunlégercoupd’épauleàCashpourpasseravantdemeserrerdanssesbras.—Comment êtes-vous entrés ? les interroge Ryder en se redressant en position assise à son tour.
Parkeraraison:lesvisiteursnesontpasautorisésici.—GrâceàCash,répondRuby.Ilconnaîtunedesinfirmières,ilacouchéavecelle.—C’estfaux,rétorqueCash.Ellen’estpasinfirmière,elleestmédecin.— Bref, même sans elle on ne comptait pas partir d’ici sans vous avoir vus, assure Shelby en
s’approchantdemoiavantdem’embrassersurlajoue.—Mais,plussérieusement,vousallezbien?demandeJacksonennousdétaillantdelatêteauxpieds.Ryderetmoiéchangeonsunregardcomplice,etlesourirequ’ilm’adresseveutdirequ’unefoisencore
ilpenselamêmechosequemoi:onn’apeut-êtrepasl’airenbonneformeavecnospansementsetnosbandagesainsiquelestachesdesangséchésurlapeauetmesvêtements,maisons’enfoutparcequ’ons’aime.Ons’aime.Ons’aimeetonestenvie.—Ouais,çava,répliqueRyder.—Çavamêmetrèsbien,ajouté-je.Ryderpassesonbrastatouéautourdematailleetposeunbaisersurmatempe.Jemelaisseallercontreluietsenssoncœurbattrecontremonoreille.Monendroitpréféré,monrefuge,celuiquim’apaisetoujours,c’est luidésormais:RyderCole,mon
amour,monangegardien.
OriginairedeGéorgie,EveJagger seconsidèrecommeunevraie filleduSud.Mèrededeuxenfants,elleestaussiuneépousecombléequin’hésitepasàsolliciterl’aidedesonmarilorsqu’ilestquestiond’effectuerdesrecherchespoursesscènesérotiques.Elleveilletoujoursàcequesespersonnagessoientcomplexesetémotionnellementforts,etseshérossexyetvirilsàsouhait.Eve adore échanger sur les réseaux sociaux. N’hésitez pas à la contacter, à vous abonner à sa pageFacebook : https://www.facebook.com/evejaggerbooks et à la suivre sur Twitter :https://twitter.com/evejwrites
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Titreoriginal:HardCopyright©2015EveJagger
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L’œuvreprésentesurlefichierquevousvenezd’acquérirestprotégéeparledroitd’auteur.Toutecopie
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Bragelonne–Milady
60-62,rued’Hauteville–75010Paris
E-mail:[email protected]:www.milady.fr
CouvertureTitreDédicace1.Ryder2.Ryder3.Cassie4.Cassie5.Cassie6.Cassie7.Cassie8.Ryder9.Cassie10.Cassie11.Cassie12.Ryder13.Cassie14.Cassie15.Cassie16.Ryder17.Cassie18.Cassie19.Cassie20.Cassie21.Cassie22.Cassie23.Cassie24.Ryder25.Cassie26.Cassie27.Cassie28.Cassie29.CassieBiographieMentionslégales