artcotedazur n°19
DESCRIPTION
Artcotedazur Arts and Culture on the French Riviera. Theaters, Gallery, Exposition, Entertainment, Photos. The most beautiful aspect of the "Cote d'Azur". Design, Architect...TRANSCRIPT
DOSSIER Rencontre de
Brassaï avec Matisse
Jean-Pierre Fouchy Il vient de signer un ouvrage sur l’exil des polonais en Riviera. Nous l'avons rencontré
Gilles Miquelis
Une sorte de « Strip-tease » communautaire, le récit pictural qui donne à voir ce qu’il a dérobé au quotidien
ARTISTE LITTÉRATURE PEINTRE
La Verrerie de BiotC’est dans une sorte de ballet, depuis 1956, que les visiteurs français et étrangers assistent à la confection des pièces, soufflées sous leurs yeux.
METIERS D'ART
Supplément culturel deS petiteS AfficheS deS AlpeS mAritimeS
Art Côte d’AzurSupplément culturel des Petites Affiches des Alpes Maritimes Numéro 3598 du 22 mars 2012. BimestrielISSN 1962- 3584
Place du Palais17 rue Alexandre Mari06300 NICE Ont collaboré à ce supplément culturel :
RédacteursAlain AmielRodolphe CosimiOlivier MarroHarry KampianneAurélie MignoneCéline Merrichelli
Directeur de la publication & Direction ArtistiqueFrançois-Xavier Ciais
Conception graphiqueMaïa Beyrouti
GraphisteMaïa BeyroutiCaroline Germain
Photographes Jean Charles DusanterBertrand OrnanoIsabelle Chanal
Photo de CouvertureGalerie Internationale du Verre à la Verrerie de Biot © Bertrand Ornanopour Art Côte d’Azur
Rédactrice en chef Elsa ComiotTél : 04 93 80 72 72Fax : 04 93 80 73 [email protected] Responsable PublicitéAnne AgullesTél : 04 93 80 72 [email protected]
AbonnementTéléchargez le bulletin d'abonnement sur :www.artcotedazur.frou par tél : 04 93 80 72 72
Art Côte d’Azur Art Côte d’Azur est imprimé par les Ets Ciais Imprimeurs/Créateurs « ImprimeurVert », sur un papier 100% recyclé.
La rédaction décline toute responsabilité quant aux opinions formulées dans les articles, celles-ci n’engagent que leur auteur. Tous droits de reproduction et de traductions réservés pour tous supports et tous pays.
« Ce qui est vraiment bon, c’est de se battre avec persuasion, embrasser la vie et vivre avec passion, perdre avec classe et vaincre en osant, parce que le monde appartient à celui qui ose ET LA VIE C’EST BEAUCOUP TROP pour être insignifiant ! »« ...j’ai cessé de revivre le passé et de me préoccuper de l’avenir. Aujourd’hui, je vis au présent, là où toute la vie se passe. »« ...j’ai compris que ma tête pouvait me tromper et me décevoir.Mais si je la mets au service de mon cœur, elle de-vient un allié très précieux. »«La célébrité vous donne l’impression que tout le monde vous connaît, mais en réalité, vous ne connaissez personne. »Toutes ces citations sont de Sir Charles Spencer Chaplin Jr.Alors que la majorité des gens hurlent et conspuent de nos jours pour être entendu, c’est un Talent que la plupart de nous devrions apprendre, comment faire rire, émouvoir ou passer un message sans dire un mot.
A la gloire de notre filmographie française, ou le muet renait de ces origines hollywoodiennes, il nous paraissait enrichissant pour nos âmes d’enfants de faire un détour par Evian, et offrir un clin d’œil au Grand Charlot, où une exposition magnifique lui est dédiée.Chers lecteurs, nous défendons dans Art Côte d’Azur l’ensemble des expressions artistiques et culturelles, parce que nous croyons à la force des artistes, à celle de leurs œuvres, et à la multitude d’interprétation qu’ils engendrent. Ils sont de ceux qui ont encore cette façon d’oser, cette fraîcheur, cette passion et cette manière de nous projeter dans le présent par leurs réalisations, que le tout un chacun a peut-être omis d’exprimer du fait de son éducation, ou de sa pudeur.Cela fait forcément appel à nos sentiments.Alors, embarquez-vous sur nos lignes printanières, laissez-vous porter par les mots, découvrez la ri-chesse artistique de notre région, et profitez de la Vie en ouvrant votre cœur et vos sens, respirez fort, tour-nez les pages, il fait beau, ce n’est que du bonheur. Le printemps est arrivé.
edito
ours
Fort de notre expérience, de notre succès aux élec-tions municipales de Nice en 1994 à l’occasion de laquelle nous avons atteint notre objectif de 0% de voix, nous décidons de présenter Jean Mas aux pro-chaines élections présidentielles 2012.Dans cette perspective, une vaste campagne sollici-tant l’investiture est enclenchée !
Proposition centrale à horizon 2020Rapetisser l’espèce humaine à une taille uniforme de 25 cm pour un Gain d’Espace Vitale Puissance 4 (GEV - P4) par blocage du génome de croissance.
Ligne programmatique Notre Parti, celui de l’art, est parti de rien, de ce « rien qu’un Peu ! ». Qui peut le rien peut le plus, aussi, nous avons l’ambition de vous faire partager ce qui nous conduit à prendre parti.
• Notre première proposition vise, comme avant-propos, à libérer l’art de tous les mots, de lui redonner une certaine autonomie qui entre deux maux permettra de choisir le moindre. En effet l’art reste captif de plusieurs centaines de mots, de noms propres (Arthaud, Arthus…).et figurés (art/ichaud, art/illerie, art/iculé…).
• Notre première mission sera un travail d’Arti-san : il consistera à recenser tous les Arts, lézard qui déterminera la limite phonétique de notre re-cherche. Si dans certaines circonstances le lard peut avoir le goût de l’art, il appartiendra à notre comité de trancher pour dans un souci d’éthique préserver ce qui doit l’être.
• Cette démarche aura pour but essentiel de libérer les Gens de l’Art : Art/Gent. L’argent ne coulera plus à flot mais sera mis à niveau pour un bon équilibre. Pour ce faire, nous n’hésite-rons pas à essarter de jour comme de nuit.
Nous allons tout changer ! C’est notre volonté. Le changement au rythme souhaitable d’un tous les deux jours, soit un jour sur deux. Nous changerons l’argent en or, les bas de laine en bas de coton. Après les bas, les hauts seront en soie car l’image de soi est bien celle qui accompagnera notre changement.
Cent jours : c’est le temps qu’il nous faudra pour mettre en oeuvre notre programme, car sans jour rien ne peut se faire.
On le fera, je «mens gage» devant le peuple de France
www.jeanmas.comPerformance d’art d’attitude Mars 2012Jean Mas (mythologie individuelle) Artiste de l’Ecole de Nice
« Le Parti de l’Art » Jean Mas
François-Xavier CIAIS
EN VILLE
© I Chanal
© J Berthet
© B Ornano
© Roy Export S.A.S, courtesy Musée de l’Élysée, Lausanne
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HORS LES MURS EVIAN, EXPO CHARLIE CHAPLIN
10
HORS LES MURS MARSEILLE, LE MAC & GALERIE PORTE AVION
14
DRAGUIGNAN EXPO FRANKA SÉVERIN
16
NICE
GALERIE/LIBRAIRIE
JACQuES ET LAuRE MATARASSO
20
BIOT
LA VERRERIE ET LE MÉTIER
DE SOuFFLEuR DE VERRE
24 GRASSE LE MÉTIER DE NEz ET L’ECOLE DE PARFuMERIE (GRASSE INSTITuTE OF PERFuMERy)
La vie des arts
© B Moninot photo A Morin
© B Ornano
© B Ornano
© I Chanal
© J Berthet
© B Ornano
© Roy Export S.A.S, courtesy Musée de l’Élysée, Lausanne
26 RENCONTRE BRASSAï & MATISSE
30 PORTRAIT BERNARD MONINOT AU MUSéE COCTEAU
32 LA VIE THÉâTRALE
4 THéâTRES
34 CHORÉGRAPHE INTERNATIONALE
.
PASCALE AUTRAND
38 PORTRAIT ET LIVRE
JEAN-PIERRE FOUCHy
40 ARTISTE PEINTRE
GILLES MIqUELIS
42 ARTISTE SCuLPTEuR
RICHARD MAS
45 GALERIE MAUD BARRAL
© P Autrand
6 E N V I L L E h O R s l e s m u R s e v i A n
De l’apprentissage à Charlot le vagabond
Nulle envie d’esquisser sa biographie mais de comprendre ce qu’allait devenir Charlie Spencer Chaplin, l’enfant/poulbot des faubourgs londoniens. Il a été biberonné au lait du music-hall, mis sous perfusion scénique dès son plus jeune âge. C’est quasiment un Gavroche de la balle. Son père alcoolo pousse la chansonnette et sa mère actrice accumule les panouilles. Le décor est donc plan-té, à charge pour ce gamin engagé dans la troupe de l’humoriste Fred Karno de ne pas s’en tenir qu’à des numéros de surdoué. Ce qu’il a assimilé depuis longtemps lorsque Max Sennett, le big boss de la Keystone Films, l’engage en 1914 dans sa firme. A 25 ans, c’est déjà un pro même s’il se plaît à dire dans son autobiographie L’Histoire de ma vie (1964) : « Nous sommes tous des amateurs, on ne vit jamais assez longtemps pour être autre chose. » La ges-tuelle est mature, le regard est vif, le corps est libéré. Le vagabond claudiquant aux mimiques espiègles a pris forme. Il le sait, il le sent, Charlot est né.
les femmes et le succès
Les jolies femmes ont régalé l’existence de ce clochard céleste. Des actrices pour la plupart. Le Charlot à la moustache frétillante s’emparait du rire comme d’une arme de séduction. Ses succès attisaient les regards du beau sexe. Les tabloïds de l’époque s’en donnaient à cœur joie et Edna Purviance, qui fut sa maîtresse, avait déjà ouvert le bal, au point de partager 35 films avec lui dont Le Kid (1921) et L’Opinion publique (1923). La jeune star Mildred Harris demanda, après deux ans d’union, le divorce pour «cruauté mentale». Sa deuxième femme, la sulfureuse Lita Grey l’accusa de perversion et lui extorqua la moitié de ses gains. Seule la beauté malicieuse et pétillante d’une Paulette Goddard lui redonna du baume au cœur, disons le temps d’un mariage et de deux chefs d’œuvre : Les Lumières de la ville (1931) et Les Temps Modernes (1936). Puis il y eut la toute fraîche Oona O’Neill, fille du drama-turge américain Eugene O’Neill, à peine 17 ans. Lui en a 53. une amourette ? Non l’amour de sa vie et la mère de ses huit enfants.
le pantomime humaniste
Il n’a rien du militant, de l’enragé prêt à prendre les armes. Les seules armes qu’il connaisse sont l’humour « qui renforce, selon lui, notre instinct de survie et sauvegarde notre santé d’esprit » et le langage du corps par qui le rire arrive. En adoptant l’image
Loin de nous l’insulte tant ce célèbre vagabond humaniste a réussi à mettre le Palais Lumière d’Evian sous Les Feux de la Rampe, titre de l’une de ses plus belles tragi-comédies sur le monde du cirque. L’éternité a parqué ce génie au Panthéon des grands «zinzins» d’Hollywood.
QUEL «CHARLOT» CE CHARLIE CHAPLIN !
Charles Chaplin pose dans le costume de Charlot (vers 1915) From the Archives of the Roy Export Company Establishment, courtesy Musée de l’Élysée, Lausanne
Charles Chaplin, sur le tournage des Temps modernes (Modern Times) (1936)© Roy Export Company Establishment, courtesy Musée de l’Élysée, Lausanne
Charles Chaplin boxe avec Mack Swain, arbitrés par Kid McCoy (1923-1925)© Roy Export Company Establishment, courtesy Musée de l’Élysée, Lausanne
7 h O R s l e s m u R s e v i A n E N V I L L E
du va-nu-pied toujours looser, il se sait le défenseur des pe-tites gens. Il se fait le protec-teur des plus faibles (Le Kid), le révélateur des injustices, de la misère et du dysfonction-nement social (Les Lumières de la ville), le grain de sable contre la machine et son em-prise sur l’homme (Les Temps Modernes). Charlot intègre sa vision critique du monde dans le ballet comique de sa ges-tuelle. Il l’affuble d’une poésie malicieuse. Le Dictateur sym-bolise à lui seul cette alchi-mie lorsqu’Adénoid Hynkel, interprété par Charlie Chaplin, parodie Hitler jouant avec le globe terrestre. De cette charge contre la montée du na-zisme naît une émo-tion universelle. Car derrière Charlot, le vagabond dandy un brin taquin, il y a Monsieur Chaplin, l’humaniste.
Du muet au parlant
Le cinéma parle. Charlot reste muet, préférant la pantomime aux élucubrations de ses confrères. Comment continuer à faire exister son personnage contre cette nouvelle forme cinématographique ? Il trouve le contre-pied dans le laïus na-sillard et suraigu du discours d’ouverture des Lumières de la ville ou l’abondance d’effets sonores qu’il utilisera encore dans Les Temps Modernes. Il s’agit en effet de son dernier film muet dans lequel Charlot éructe en chanson un charabia fran-co-italien complètement improvisé. Le vagabond sautillant s’efface-ra progressivement au profit d’une élocution chorégraphiée et mise en bouche avec la plus grande attention. Ce qu’il réussit à mer-veille dans Le Dictateur, son premier film parlant où la puissance charismatique de la pantomime combinée à l’éloquence du barbier
juif livrant un message de paix et d’amour à la terre entière, font mouche. Hollywood et son public découvrent alors un autre homme. un auteur dont l’impact des mots et des gestes ne font qu’un.
l’exil et la suisse
L’Amérique répressive, marquée par le maccarthysme, ne supporte plus les frasques sentimentales et les prises de position «antiso-ciales» de ce saltimbanque. Trop procommuniste, trop internationa-liste et en plus de mœurs douteuses pour l’Attorney General qui dé-cide de ne pas lui renouveler son visa américain alors qu’il se trouve à Londres en 1952 pour la première des Feux de la rampe. Monsieur Chaplin a dépassé les bornes de la bienséance américaine. Il sent le souffre de la décadence. Les médias en ont fait un libertin insa-tiable. Le «chaud lapin» ne plaît plus aux élites alors que le public l’aime. Son exil à Corsier-sur-Vevey en Suisse n’en fait pas pour au-tant un martyr. Il est soutenu par la princesse Margaret, l’écrivain Graham Greene, le premier ministre Winston Churchill et le gracile Jean Cocteau. Cet accueil triomphal le dope au point de ridiculiser la paranoïa de la politique américaine pendant la guerre froide dans un Roi à New york. Loin de toute compromission, Charlot restera toujours «indésirable» et aimé.
Charles Chaplin pendant le tournage du Dictateur (The
Great Dictator) (1939-1940)© Roy Export Company Establishment,
courtesy Musée de l’Élysée, Lausanne Charles Chaplin, Charlot Boxeur (The Champion) (1915) From the Archives of the Roy Export Company Establishment, courtesy Musée de l’Élysée, Lausanne
A gauche : Charles Chaplin et Buster Keaton, Les Feux de la Rampe (Limelight) (1952) © Roy Export S.A.S, courtesy Musée de l’Élysée, Lausanne
A droite : Charles Chaplin, Le Pèlerin (The Pilgrim) (1922) © Roy Export S.A.S, courtesy Musée de l’Élysée, Lausanne
En bas : Charles Chaplin et Jackie Coogan, Le Kid (The Kid) (1921) © Roy Export S.A.S, courtesy Musée de l’Élysée, Lausanne
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CHARLIE CHAPLIN À EVIAN
le Palais lumière nous invite à parcourir sur le ton de la promenade l’univers de Charlot : un monde de poésie et d’humanisme derrière le-quel se cache un grand monsieur.
L’atmosphère de cette exposition peut paraître un brin trop resserrée, riquiqui comme diraient les enfants tous éberlués devant les pitreries facétieuses du petit clo-do sautillant en chapeau melon et savates de clown. Il est vrai que le parcours est truffé d’extraits de films, de photos, de coupures de presse, d’archives personnelles de la fa-mille Chaplin. Il y a là des pépites relatant les débuts de Charlot et l’évolution de son registre comique, des inédits quant à son intimité, des making of sur certains de ses tournages, des séquences coupées au mon-tage… Nous sommes dans l’abondance, et cela ne nuit en aucun cas à l’enchantement chaplinesque que le Palais Lumière nous a concocté. Premier contact avec le visiteur. Charlot se fait masser comme une pâte à crêpe que l’on malaxe dans tous les sens. Tout y est : souplesse des mouvements, comique de si-tuation et de répétition, mimiques expres-sives, sens aigu de l’absurde. Charlot fait son cinéma, et nous intégrons en un clin d’œil son univers. L’as de la pantomime et de l’improvisation se profile parmi les affiches, les coulisses d’un tournage, la chorégraphie charismatique du muet ; il devient tour à tour acteur, scénariste, réa-lisateur mais aussi séducteur, humaniste et révolté. Plus de 200 œuvres jalonnent cette
visite intimement liée à la figure mythique du vagabond mélancolique. Mais derrière le masque, il y a l’homme, le citoyen confronté aux réalités sociales et politiques de son époque. Il y a le rire mais aussi les larmes. Toute l’exposition est construite sur un en-semble de thématiques permettant d’accé-der à l’évolution d’un héros marginal à la silhouette et à la gestuelle inscrites comme un label d’authenticité dans la quasi-totalité de son répertoire. Même dans ses derniers films, monsieur Chaplin n’oublie pas Char-lot. Il sait d’où il vient. Les tours de cochons et les courses poursuites du burlesque ne se sont jamais complètement effacés de son ci-néma, même si celui-ci s’est mis à parler. De toute façon pouvait-il rester muet, lui devenu une star internationale ? L’alternance entre les photographies de plateau et les extraits de films permet de nous éclairer sur l’intel-ligence et la manière dont il se soumet aux contraintes du cinéma parlant. Il gazouille, chantonne un charabia franco-italien à mou-rir de rire, se racle la gorge tout en frétillant de la moustache avec cet air de nous dire «Je parlerais quand je veux !». Nous découvrons un homme libre dont il paiera le prix fort du-rant son exil en Suisse. Mais rien n’est réel-lement tragique pour Charlot Chaplin. Vous êtes là devant une image, une photo, une séquence de film, vous éclatez de rire pareil à cet enfant qui est à côté de vous et qui pourrait être le vôtre. C’est ce qui s’appelle être sans âge et universel. Exposition « Charlie Chaplin, images d’un
mythe », du 16 décembre 2011 au 20 mai
2012 au Palais Lumière, Quai Albert Bres-
son à Evian.
Renseignements : 04 50 83 15 90.
REPÈRES BIOGRAPHIQUES
1889 Charlot naît dans la banlieue
pauvre de Londres
1908 Il est engagé dans la troupe de
l’humoriste Fred Karno
1913/14 Il réalise 35 courts-métrages pour
la Keystone Films Company à Hollywood
1917/18 Il fonde son propre studio
à Hollywood
1919 Co-fondateur avec D.W.Griffith,
Douglas Fairbanks et Mary Pickford de la united Artists Film Corporation
1921Il part à New york et en Europe pour
présenter Le Kid
1943 Il épouse Oona O’Neill avec laquelle
il aura huit enfants
1947 Chaplin est assigné à comparaître
devant le comité des activités anti-américaines
1952A Londres, il apprend que son
visa de retour sur le sol américain lui est refusé
1964Parution de son autobiographie :
L’Histoire de ma vie
1972Retour à Hollywood pour recevoir un
Oscar d’honneur
1977 Charlie Chaplin meurt à Corsier-sur-
Vevey en Suisse le 25 décembre
hK
Charles Chaplin pendant le tournage de LaRuée vers l’or (The Gold Rush) avec sonassistant Eddie Sutherland (à gauche), Truckee, California (avril 1924) © Roy Export Company Establish-ment, courtesy Musée de l’Élysée, Lausanne
Charles Chaplin, Charlot veut se marier (A Jitney Elopement) (1915) From the Archives of the Roy Export Company Establishment, courtesy Musée de l’Élysée, Lausanne
E N V I L L E h O R s l e s m u R s e v i A n
Porte Sarrazine - 06250 Mougins Ouvert du mardi au dimancheEntrée libre Tel : 04 93 75 85 67 [email protected]
11 février - 3 juin 2012
Je me souviens...Sarah Caron
Porte Sarrazine - 06250 Mougins Ouvert du mardi au dimancheEntrée libre Tel : 04 93 75 85 67 [email protected]
11 février - 3 juin 2012
Je me souviens...Sarah Caron
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La Galerie Porte Avion est un lieu expérimental d’Art Contemporain créé en 1987 par trois artistes mar-seillais : Jean-Jacques Leberre, Marc Roudier et Jean Arnaud. De 1988 à 1993, pour sa première implanta-tion, Porte Avion s’installe dans le quartier de la Plaine, un local de 300 m2 comprenant des ateliers d’artistes et salles d’expositions. La Galerie y organise des ex-pos d’artistes internationaux (Ben, John M. Armleder, Sylvie Fleury, etc.) et d’artistes locaux à qui elle offre souvent leur première exposition personnelle.
“Dès le début, nous nous sommes intéressés à des artistes ayant un regard critique ou décalé sur la pratique artistique et sur la société en général, nous sommes également très attachés aux artistes ayant un lien fort avec le verbe, dit ou écrit. Nous travaillons par exemple avec Paul Armand Gette, Béatrice Cussol, Laurence Denimal ou Florence Louise Petetin, qui sont également écrivains, Sylvain Ciavaldini qui utilise le texte dans ses dessins ainsi qu’Anne James Chaton qui est également poète et performer.
Nous avons aussi édité plusieurs revues et coédité plusieurs ouvrages, nous continuons à produire l’Agence Immobile, multiple sous forme de revue, tirée à 30 exemplaires, numé-rotée, signée et personnalisée par l’artiste (18 numéros parus).”
A partir de 1993, un loft de 150 m2 en étage permet-tra de privilégier les expositions expérimentales, les installations, les soirées vidéo, etc. De 1999 à 2007, la galerie s’installe dans le quartier du Vieux Port où elle s’attache à soutenir un pool d’ar-tistes émergents (Sylvain Ciavaldini, Katia Bourdarel, Antonio Gagliardi, Marie Bovo, Wilson Trouvé, Lau-rence Denimal, John Deneuve, Béatrice Cussol) tout en amorçant une collaboration durable avec Paul Armand Gette (cinq expositions, production d’œuvres, édi-tions) et un partenariat éditorial avec le Musée d’Art Contemporain, les Ateliers d’Artistes et le C.I.R.V.A.Depuis l’automne 2007, la galerie s’est installée dans des locaux de 150 m2, boulevard de la Libération, à proximité de la Friche de la Belle de Mai et participe de nouveau aux Salons internationaux d’Art Contem-porain.Jean-Jacques Leberre, qui a pris les rênes de Porte-Avion en 2002, est également Président de “Marseille Expos”, une association qui regroupe 25 structures de production et de diffusion d’Arts Visuels et organise depuis quatre ans, le Printemps de L’Art Contempo-rain.Cet été, les Galeries Lafayette, ouvrent une galerie de 250 m2 dans leur magasin. Elles ont confié sa pro-grammation aux membres de Marseille Expos.
E N V I L L E hORs les muRs mARse ille
Galerie Porte Avion
11h O R s l e s m u R s m A R s e i l l e E N V I L L E
Inauguré en 1994, le MAC a reçu le label « Mu-sée de France » en 2003. Ses collections per-manentes présentent des ensembles représen-
tatifs de l’art de la seconde moitié du XXe siècle qui s’articulent autour de différentes tendances, comme les nouveaux réalistes avec Arman, César, Klein, Tin-guely, les Affichistes avec des œuvres de Dufrêne, Hains, Villeglé, Fluxus, la Figuration Narrative, l’Arte Povera, le Land Art, Support-Surface..., enrichis en 2007 par des acquisitions des collections nationales (50 pièces en transfert de propriété).La jeune création est présente aussi par des œuvres pour l’essentiel inédites rendant compte de l’émer-gence de nouveaux talents ou des dernières ten-dances contemporaines.
les projets
“Au mois de mai, dans le cadre du Printemps de l’Art Contemporain à Marseille, nous accueille-rons une rétrospective du «0m» de Paul Armand Gette, un pan de son tra-vail peu montré en France. Cette exposition durera jusqu’au début du mois de septembre.Pour 2013, nous sommes partenaires d’un atelier de l’Euroméditerranée, avec la maison de l’Avocat, Acto-ral et les éditions Al Dante autour d’un projet d’Anne James Chaton.”
Artistes représentés
Alain Andrade, Damien Aspe, Georges Autard, Christophe Boursault, Anne James Chaton, Sylvain Ciavaldini, Béatrice Cussol, Laurence Denimal, Antonio Gagliardi, Paul-Armand Gette, Laurent Le Forban, Florence Louise Petetin, Serge III Oldenbourg, Wil-son Trouvé.
Galerie Porte Avion
96 boulevard de la Libération
13004 Marseille
04 91 33 52 00
www.galerieporteavion.org
pages de gauche, de gauche à droite et de haut en bas :
Béatrice Cussol, sans titre, encre et collage sur papier, 60 X 80 – 2010
Exposition Anne James Chaton, novembre 2010
Anne James ChatonUn monde merveilleuxconsigne n° 9 - sérigraphie sur papier japon, 21 x 21 cm – 2010
Paul Armand Gette, 0m, le maré-graphe, Marseille, photographie couleur, 2011
sylvain Ciavaldini, Les grandes oreilles, techniques mixtes sur papier, 100 X 150 cm 2006
Musée d’Art Contemporain de MarseilleExposition “The Mediterranean approach”
AA
12 E n V i l l E h o r s l e s m u r s m a r s e i l l e
Du 14 février au 20 mai, l’exposition “The Mediterranean ap-proach” explore la culture contemporaine en Méditerranée. Une exposition qui vient de loin : après Venise en juin 2011 pendant la 54ème édition de la Biennale, Marseille est la deuxième étape de l’exposition qui se poursuivra à Sao Paulo en septembre 2012. Proposée par Thierry Ollat, Directeur du musée et Adelina von Fürstenberg, Présidente d’ART for The World, une OnG qui s’est donnée pour mission de favoriser, grâce au langage universel de l’art contemporain et du cinéma, un dialogue constructif et pé-renne entre les peuples de divers horizons culturels, et de placer l’éducation et l’art au cœur des droits humains.l’exposition accueille les œuvres d’artistes originaires de la région Méditerranéenne ou y œuvrant : Ghada Amer (Egypte), Ziad Antar (liban), Faouzi Bensaïdi (Maroc), Jacques Berthet (Suisse), Marie Bovo (Espagne), David Casini (italie), Hüseyin Karabey (Turquie), Ange leccia (France), Adrian Paci (Albanie), Maria Papadimitriou (Grèce), Khalil Rabah (Palestine), Zineb Sedira (Algérie), Gal Weins-tein (israël), Peter Wüthrich (Suisse).A travers le regard des artistes participants (photographies, vi-déos, installations), l’exposition s’attache à mettre en lumière les différences, tout comme les similitudes, qui tissent les identités profondes des peuples méditerranéens. Point de rencontre de trois continents, l’Afrique, l’Asie et l’Europe, la Méditerranée est bien plus qu’une géographie. Cadre vivant de références à un en-semble de modèles complexes, carrefour à la fois de peuples et de cultures, elle est le lieu de naissance de grandes civilisations et la porte ouverte entre l’Occident et l’Orient.
les routes qui traversent la Méditerranée, autrefois domaine des marchands, des voyageurs et des conquérants, sont devenues aujourd’hui, pour les artistes de cette région, les routes vers la connaissance et la créativité. l’exposition explore la plupart des thèmes centraux de notre époque : le désir de liberté et de démocratie, les migrations, les questions d’environnement, de santé, ainsi que la liberté d’ex-pression, de pensée et de religion, une problématique centrée plus sur le social que sur le géopolitique ou le philosophique. Une œuvre superbe, celle d’Ange leccia, au cœur du sujet. il a filmé la mer Méditerranée en plan fixe à partir d’une perspective perpendiculaire. Projetées à la verticale sur le mur, les vagues per-dent leur aspect familier, avec un effet de dépaysement qui ma-gnifie leur beauté. Elles deviennent magiques, fluorescentes, se répétant à l’infini en boucle. Une œuvre hypnotisante.Si le rythme initial des expositions s’est un peu ralenti, le Musée présente actuellement une exposition importante par an ainsi que des expositions à thème.On peut regretter les différences creusées entre les deux côtés de la Méditerranée au cours des derniers siècles et que les architec-tures de sable ou de pierres, les couleurs, la lumière ne soient pas assez présentes.
Oliviers, 2006-2010, Photo-graphies n/b. Jacques Berthet (Suisse). Etudes d’oliviers autour de la Méditerranée
marie Bovo, Cours 12 mars 2009. Tirage ilfochrome marouflé sur aluminium et encadré Courtesy the Artist et Kamel Mennour
marie Bovo, Cour intérieure, les cours intérieures du quartier Belzunce de Mar-seille filmées à différents moments
maria Papadimitriou, BateauApparatus, 2011installation, verre de Murano, métal, boisCourtesy ART for The World [mac] musée d’art contempo-rain, Marseille photo Vincent Ecochard, Service des musées
The Angels of Venice, 2011, Photographies. Peter Wuethrich (Suisse) a demandé à des passants de porter un livre ouvert sur le dos, les transformant en anges.
aa
Exposition “The Mediterranean approach” du 17 février au 20 mai 2012Musée d’Art Contemporain de Marseille69 avenue de Haifa, 13008 MarseilleRenseignements : 04 91 25 01 07 www.lesartistescontemporains.com/macmarseille
TPI CHARLES NÈGRE27, boulevard DubouchageNice - France - entrée libretous les jours de 10h à 18h sauf le lundi+33 (0)4 97 13 42 20www.tpi-nice.org
25 FÉVRIER / 3 JUIN 2012
BRASSAÏ PHOTOGRAPHE
SA RENCONTRE AVEC MATISSELEGS GILBERTE BRASSAÏ
MUSÉE MATISSE 164, avenue des Arènes de CimiezNice - France - entrée libretous les jours de 10h à 18h sauf le mardi+33 (0)4 93 81 08 08www.musee-matisse-nice.org
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220x230 ART COTE_Mise en page 1 07/02/12 11:11 Page1
TPI CHARLES NÈGRE27, boulevard DubouchageNice - France - entrée libretous les jours de 10h à 18h sauf le lundi+33 (0)4 97 13 42 20www.tpi-nice.org
25 FÉVRIER / 3 JUIN 2012
BRASSAÏ PHOTOGRAPHE
SA RENCONTRE AVEC MATISSELEGS GILBERTE BRASSAÏ
MUSÉE MATISSE 164, avenue des Arènes de CimiezNice - France - entrée libretous les jours de 10h à 18h sauf le mardi+33 (0)4 93 81 08 08www.musee-matisse-nice.org
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14 E n V i l l E d r a g u i g n a n
Pour vous, tout est parti du dessin ?
Oui, j'adorais le dessin, la peinture mais j'avais toujours des mauvaises notes. Ma maîtresse agissait à l'ancienne alors que j'ai-mais quant à moi explorer sans arrêt. Je me faisais donc à l'idée que je n'étais pas douée pour l'art. J'ai donc laissé cela de côté. Mais un jour, ma petite fille m'a involontairement redonné l'envie d'essayer. Alors qu'elle se tenait face à moi, sa chevelure blonde ma-gnifique m'a vraiment décidée. l'envie de la dessiner était trop forte.
C'est ce qui vous a décidé à reprendre
l'art de façon assidue ?
Je me suis inscrite à l'Université de Co-penhague pour apprendre et pratiquer l'art, pendant deux ans. C'est là que j'ai commencé à peindre et me suis très vite enthousiasmée pour le portrait. J'adore l'être humain et il était donc naturel que je m'oriente vers le portrait. Ca a continué bien des années... J'ai appris à maîtriser les choses, c'est important. Maîtriser la surface de la toile, savoir où placer les couleurs, respecter les proportions, l'in-tensité... Toutes ces choses m'ont tou-jours fascinée.
Vos voyages ne vous ont pas empêché de
vous adonner à la peinture...
En arrivant en Afrique du Sud, je me suis inscrite dans un centre artistique et son directeur, peintre lui aussi, était purement dans l'abstraction. Je n'en avais jamais fait auparavant. il m'a alors montré ce qu'il fai-sait et lorsqu'il m'a demandé ce je pensais de son travail, je lui ai répondu honnête-ment que je ne comprenais pas. Petit à petit pourtant, je me suis mis à l'abstrait.
Pendant une quinzaine d'année cepen-dant, j'étais vraiment spécialisée dans la pratique du portrait.
Quelles sont les techniques que
vous utilisez ?
Au début, je travaillais plutôt l'huile mais comme j'étais allergique à la térébenthine, je suis passée à l'acrylique rapidement et fi-nalement, cela m'a bien arrangé parce qu'en voyageant, l'acrylique sèche vite et c'est plus pratique. Comme quoi !
Les portraits ont été le point de départ
mais vous vous êtes sentie attirée par
autre chose...
D'abord, j'ai réalisé des portraits d'après des modèles que je trouvais dans des centres d'art. Puis, j'ai réalisé sur commande. Je me suis arrêtée d'en faire un beau jour parce que tout ce que je réalisais autre que les portraits, personne ne le regardait. J'étais connue comme portraitiste à Johannesburg. C'était un peu réducteur. J'ai quitté le portrait pour cette raison mais je m'y remets progressi-vement car il n'y a rien de plus intéressant que l'expression du visage d'une personne. C'est le summum, en tout cas pour moi ! J'ai un portrait qui fait 5,50 m de haut et 3,20 m de large. il va d'ailleurs être exposé à Draguignan. D'après les musées à Paris, c'est le plus grand portrait qui existe.
Franka SeverinDes mines aux pinceauxPour l'artiste Franka Severin, peindre participe à une nécessité vitale. Jetant sa vie sur la toile avec ce besoin total d'indépendance, elle nous révèle, lors de cette rencontre, son histoire...
15d r a g u i g n a n E n V i l l E
rC
Pourquoi ce besoin d'espace, ce besoin
de monumental ?
J'ai besoin d'espace pour l'art. Car je vis de-dans... Quand j'étais petite, ma famille était pauvre, et nous allions même aller manger dans les bois. Alors, ce besoin provient peut-être de là. Une compensation...
dans quoi puisez-vous votre inspiration ?
il y a eu une période de portrait mais je me suis lancée dans ce que je voulais en fonction de ce que je ressentais au quotidien. l'inspi-ration arrive dès que l'on se lève le matin, les sensations que chaque jour apporte... Je vois une toile, je me jette dedans, j'invente mon environnement et c'est là, la beauté de l'art.
une artiste en liberté ?
Comme je ne vivais pas de l'argent de ma peinture, je faisais ce que je voulais, c'était un avantage. Par contre, un artiste n'est lancé véritablement que lorsqu'il est repré-senté par une galerie ou un lieu réputé. Je n'étais pas capable de créer à la demande, faire des toiles pour faire des toiles. J'ai re-fusé cela pour donner priorité à moi-même, à ce que je voulais créer. Faire de la façon dont je l'entendais pour créer tel ou tel su-jet, c'était ce qu'il y avait de plus important.
Ce système de galeries ne me convenait pas. Je peins comme on écrit un livre, comme on envoie une lettre d'amour. C'est spontané, c'est ma façon de m'exprimer...
Pourtant, vous avez un
nombre impressionnant de toiles...
Je dois avoir 200, 300 tableaux un peu par-tout. Encore une fois, comme je ne vivais pas de ma peinture, je n'avais pas le besoin d'exposer réellement. Autrement dit, j'ai at-tendu longtemps pour cette exposition de Draguignan. Trouver un endroit quelque part où je trouvais que cela allait être l'idéal pour mes peintures.
Quels sont les thèmes que l'on retrouve
dans vos oeuvres ?
il n'y a pas un thème en particulier... Je dirai la nature mais surtout l'être humain. J'aime les paysages grandioses, portraits de mi-neurs, reproduction de mines, de terrils, je peins aussi les ghettos, la lutte des noirs car l’apartheid est pour moi un sujet sensible. Très étonnamment, au début, vous ne vou-
liez travailler qu'avec une seule galerie ?
Oui. C'était une dame qui avait beaucoup de moyens, qu'elle vende ou pas, elle prenait l'artiste. Elle m'avait demandé si je ne vou-lais pas exposer régulièrement et exposer chez elle. C'était à Johannesburg, la Karen Mc Kerron Gallery. il y a eu d'autres galeries depuis naturellement, dont une, toujours à Johannesburg, qui m'a demandé si je ne pouvais pas faire voyager l'exposition de Draguignan. J'y pense...
Cette exposition à dra-
guignan s'annonce sous
les meilleurs auspices ?
Oui. C'est une exposition monographique qui est organisée à l'initiative et sur l’invitation de la mai-rie de Draguignan à la Chapelle de l'Observance et qui va me permettre de donner à voir des grandes toiles. Je pars avec 150 oeuvres mais on ne va pas tout exposer. Selon la luminosité, les liens entre chaque toile, cela me per-
mettra de faire le choix du meilleur accro-chage. A Draguignan, mes peintures seront "heureuses". Je ne suis pas du genre à cher-cher un lieu luxueux mais plus un lieu adapté.
Que représente pour vous cette vie nour-
rie d'art au quotidien ?
la vie d'artiste est quelque chose de très personnel, on ne ressent pas les choses de la même façon et on a donc pas les mêmes besoins. la vie d'artiste, c'est pour moi cela : mettre tout le reste de côté. C'est avoir réussi à me créer un environnement que je me suis conçu toute seule et je continue.
La peinture... un message ?
il y a beaucoup de choses que l'on aimerait dire à son public. Qu'est-ce qu'une belle peinture ? Qu'est-ce qu'une bonne pein-ture ? Ce n'est certainement pas celle qui est la plus chère. C'est celle que l'on aime. Je crois que c'est le message idéal...
Exposition
Franka Severin, ainsi soit-elle, de la mine
aux pinceaux
5 mai -13 juillet 2012
Chapelle de l'Observance
Place de l’Observance à Draguignan
04 94 84 54 31
photos © isabelle Chanal
E n V i l l E n i C e16
A 20 ans, à Paris, il rencontre des per-sonnages mythiques de l'histoire de la littérature, notamment les Surréa-
listes qu'il a contribués à faire connaître en étant un des premiers à les exposer dans la vitrine de la librairie de son père. Ainsi, avant guerre, il connaît Breton, Aragon, Eluard, Péret, René Char, etc.
"Le premier à nous rendre visite fut Ara-
gon, jeune homme beau et distingué,
véritable bibliophile recherchant tous les
textes de poètes connus et inconnus des
XVIe et XVIIe siècles. Suivirent ensuite An-
dré Breton, Benjamin Péret, Tristan Tzara,
Paul Eluard et peu après, René Char. En
1936, j’avais 20 ans, ils en avaient 40 et
plus. Contents d’avoir un jeune admira-
teur, ils m’avaient adopté.
À part Aragon et Tzara qui avaient de
l’argent, les autres avaient toujours be-
soin de vendre quelque chose. C’est moi
qui conseillais à mon père d’acheter tel ou
tel livre ou manuscrit. C’est à cette époque
que j’ai commencé ma collection dadaïste
et surréaliste."
C'est ainsi qu'avec de faibles moyens fi-nanciers mais avec un goût très sûr, il a eu la possibilité de constituer une collection exceptionnelle de leurs œuvres, collec-tion reconnue par le succès international de ses ventes publiques de 1993, 1995 et 2000.Ces rencontres "inopinées" avec le gratin des écrivains et des peintres (anecdotes
R e n c o n t r e s i n o p i n é e s
Jeune homme de quatre-vingt-quinze ans (il joue toujours au tennis), Jacques Matarasso a eu une vie extraordinaire dont la première partie (1916-1950) est contée dans le livre Jacques Matarasso – Mémoires – Rencontres inopinées qui vient de paraître.
Jacques Matarasso
Au hasard des rencontres avec les artistes et les clients, elle aura l'op-portunité de créer sa propre gale-
rie où elle exposera des estampes et des sculptures contemporaines. Une riche pé-riode où elle se lie d'amitié et travaille avec Claude Serre, un dessinateur hors pair, créateur d'un univers graphique exception-nel où l'absurde côtoie un humour parti-culièrement décapant. Elle organisera des expositions avec Claude Belleudy, Arman, Robert Pérot…
Toujours au gré des rencontres, elle part travailler dans un magasin d’antiquités, rive droite cette fois, nouvel apprentissage dans un tout autre monde : meubles et bibelots des XViiie et XiXe siècles, français et anglais.Mais nice lui manque et son père lui pro-pose de venir travailler avec lui, Madeleine, sa mère, prenant sa retraite.
De retour à nice, laure apprend auprès de son père le métier de libraire. Elle s'entend parfaitement avec lui et leurs goûts sont très proches (il est arrivé souvent que sans le sa-voir, ils fassent le même choix d'estampes).
Laure Matarasso Fille de Jacques Matarasso, laure a été plongée dès l'enfance dans le milieu des livres et des arts. Montée à la capitale pour faire ses études en langues Orientales et à l'Ecole du louvre, elle se retrouve très vite au travail chez un diffuseur d'estampes également encadreur.
Laure Matarasso est membre du Syndicat
de la Librairie ancienne et Moderne, de la
Chambre Syndicale de l'estampe, du des-
sin et du Tableau, membre de la Compa-
gnie nationale des experts, spécialisés en
livres, antiquités, tableaux et curiosités.
découvrez le catalogue de ses éditions
sur www.laure-matarasso.com
© B Ornano
© B Ornano
n i C e E n V i l l E 17
savoureuses et inédites sur Aragon, Eluard, Péret, Michaud, Cendrars, léau-taud, etc.) vont se poursuivre jusqu'à la guerre qui l'oblige à se réfugier à nice où il crée sa propre librairie rue Alberti. Son premier client, un jeune homme de dix-sept ans qui lui achète cinq petits volumes du « Théâtre de Regnard » (1655-1709) : “Très surpris qu’un jeune garçon
m’achète ces livres, peu de gens ayant
entendu parler de cet auteur dramatique,
nous avons bavardé et il m’a dit que ses
parents l’envoyaient à Nice à la Faculté de
Droit alors qu’une seule chose au monde
le passionnait : le théâtre. Et ce premier
client n’était autre que Gérard Philippe qui
allait devenir une gloire mondiale. Nous
nous sommes revus toutes les semaines,
parfois accompagnés de sa mère qui m’a
acheté d’autres livres et collections”.
Jacques avait commencé à faire de l'édition dès 1980, et laure va l'aider à développer cette activité qu'elle apprécie particulière-ment : contact avec les auteurs, choix des textes, choix des caractères, de la mise en page, des illustrations, etc. Un souvenir amusant avec Annie Proszynska, amie de longue date et excellente artiste graveur qui aimait les romans policiers de Boileau et narcejac. Cette amie réussit à les convaincre de faire leur premier et seul livre de bibliophilie avec un texte inédit “le tueur de Carnaval” accompagné de gra-vures originales. En 1993, quand elle prit la succession de la librairie, le premier livre qu’elle éditera sera "Songe noir" de Marie-Agnès Cou-rouble, illustré par des gravures de Gérard Morot-Sir qu'elle fera réaliser par ses amis artisans-artistes : Baviéra pour les gravures et Woda pour la typographie.Autre anecdote : pour l’édition du livre “ Gardurinn-Jardin” de l’écrivain islandais Si-gurdur Palsson, elle fit appel à l’imprimerie nationale qui, seule, possédait la police de caractères, mais une ou deux lettres avaient un problème qui pouvait changer
la signification du mot. il fallut faire des recherches acharnées et la chasse a duré pendant des mois jusqu'à ce qu'ils trou-vent en Angleterre un fondeur possédant la bonne police. l'imprimerie nationale a dû acheter la matrice pour fondre le caractère. Enfin l'ouvrage paraît, superbe avec son texte en islandais (traduit en français) et les peintures de Bernard Alligand enrichies de terres et de lave d'islande.
A la librairie, laure continue d’enrichir sa collection d'estampes originales, la plus importante de la région, un choix très fin. Elle présente aussi de petites sculptures et bronzes d'artistes.Entre les éditions originales, les livres de bibliophilie et les œuvres d'art, la librairie est un lieu de synergie où passent de nom-breux artistes et écrivains : expositions, signatures se succèdent, ainsi que les per-formances de Jean Mas (Cages à Mouches, Bulles, Crèche ou les Gros Mots, écrits sur le trottoir devant la librairie). la clientèle a beaucoup changé au cours des années et le métier évolue au gré des technologies nouvelles, internet bien sûr,
Dédicace de Prévert à Jacques Matarasso, extrait du livre Jacques Matarasso – Rencontres inopinées
© B Ornano
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les ventes aux enchères se sont multi-pliées, les livres précieux ne circulent plus comme avant, il faut donc s’adapter… Mais malgré tout, l’odeur du papier et le plaisir de “fouiller” dans les rayons reste irrempla-çable et une clientèle fidèle existe toujours.laure est dynamique, intéressée par des mondes très différents pourvu qu’elle y trouve de la qualité, que ce soit dans le travail d’un artiste ou dans l'écriture d’un poète. C'est un métier passionnant et enrichissant au quotidien où les clients deviennent rapidement des amis, passant quelquefois juste pour dire bonjour !Elle a toujours de nombreux projets en cours, c’est un travail très prenant entre la
recherche de livres, la visite des ateliers d’artistes, l’organisation des expositions, les éditions.Et elle a même le temps de dan-ser ! Fan de Jazz, elle danse (très bien) la salsa, le tango argentin, le rock…
galerie-librairie Laure
Matarasso
2 rue longchamp06000 nice08 77 63 10 52
Sa rencontre en 1941 avec Armand Fra-din, un camarade d'école de Bruxelles, va le faire entrer de plein pied dans la résis-tance. Sa librairie servira de boîte à lettres aux réseaux et il échappera par miracle plusieurs fois à la Gestapo. il sera détenu à l’hôtel Excelsior où étaient parqués les Juifs et les résistants. Tous les jours, à 17 h l’hô-tel était vidé de ses occupants qui étaient emmenés à la gare toute proche puis em-barqués dans les trains en direction de Drancy puis Auschwitz : “La vie ne tenait
qu’à un fil à cette époque où les nazis se
croyaient les maîtres du monde”.
Pendant la guerre, il voit tous les jours Pré-vert, venu travailler aux dialogues des “Vi-siteurs du soir” (tournés aux Studios de la
Victorine) et se lie d’amitié avec René Char qui offrira à Madeleine un foulard en toile de parachute qui va se couvrir de signatures prestigieuses (la couver-ture du livre).Henri Goetz, un ami très cher, inventeur de la gra-vure au carborundum, viendra souvent le soir chez lui écouter Radio londres. En réponse à un courrier de Jacques, parti se réfugier dans le pays basque, il lui écrira une lettre émouvante et très humoristique (publiée in extenso).
Après guerre, Jacques Matarasso ajoute à son activité de libraire celle de vendeur d'estampes de Renoir, Cézanne, Berthe Morisot, Bonnard, etc. (à l’époque, peu chères),
spécialité pour laquelle il se passionne. Dans les années 50, par son amitié avec Arman, Venet, Gilli, Raysse, il sera au cœur de l'effervescence artistique qui a fait naître ce qu'on a appelé plus tard l'Ecole de nice. Premières expos, premiers achats.Sa librairie-galerie, tenue maintenant par sa fille
laure, est devenue au fil des ans le lieu incontournable des bibliophiles du monde entier mais au delà, des intellectuels et des artistes.
Jacques Matarasso
Mémoires – Rencontres inopinées
coécrit avec Alain AmielEditions laure Matarasso
aa
Jacques Matarasso, Picasso, Madeleine Matarasso, Vallauris, 1950, extrait du livre Jacques Matarasso – Rencontres inopinées
Jean Mas écrivant des gros mots sur le trottoir
livre islandais de Sigurdur Palsson
Gardurinn Jardin, illustré par Bernard
Alligand
livre “Jacques Matarasso – Rencontres inopinées”, coécrit avec Alain Amiel, éditions laure Matarasso.
DU 19 AU 22 AVRIL 2012 GRIMALDI FORUM MONACO
J E A N - C H R I S T O P H E M A I L L O T
JEROEN VERBRUGGEN KILL BAMBI
JEAN-CHRISTOPHE MAILLOTALTRO CANTO 1
MARIE CHOUINARDbODY_rEMIX/Acte 1
côted’azur
P A R T E N A I R E O F F I C I E L
RESERVATIONS - 00377 99 99 30 00 - BALLETSDEMONTECARLO.COM
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DU 19 AU 22 AVRIL 2012 GRIMALDI FORUM MONACO
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20 e n v i l l e b i o t
La Verrerie de Biot et le métier de souffleur de verreA la verrerie de Biot, l’atelier de production ne désemplit pas. C’est dans une sorte de ballet, depuis 1956, que les visiteurs français et étrangers assistent à la confec-tion des pièces, soufflées sous leurs yeux. le verre bullé, c’est l’histoire d’un dé-faut maîtrisé, devenu qualité. Chaque verrier réalise toutes les pièces et maîtrise la technique du verre bullé. elle consiste à saupoudrer du bicarbonate de soude entre 2 couches de verre chaud pour créer ces bulles caractéristiques, véritable marque de fabrique de la verrerie de Biot.
Le rayonnement de la Verrerie de biot, une histoire d’artistes
« le Festival de Cannes a joué un grand rôle dans le développe-
ment de la verrerie. Dans les années 1960, quand on venait au
Festival de Cannes, on passait un mois sur la Côte d’Azur. les
artistes nous ont découverts et nous ont amenés sur leurs tables
dans le monde entier », nous explique Anne lechaczynski, Prési-
dente de la verrerie de Biot. « nous avons compris que le tourisme
était très important pour nous. Mes parents ont acheté l’entreprise
en 1973. il n’y avait alors que la verrerie. Depuis, on a créé la Gale-
rie internationale du verre, la boutique et le restaurant-bar ». Face
au potentiel touristique, la verrerie de Biot s’est donc dévelop-
pée autour d’un véritable concept marketing. Son frère, Serge
lechaczynski, aujourd’hui Directeur Général de la verrerie de
Biot, a développé depuis 1975 des expositions thématiques dans
la verrerie. la Galerie internationale du verre, construite en 1990,
revend des sculptures en verre achetées dans le monde entier.
le concept, c’est aussi de proposer aux artistes de travailler les
œuvres qui seront présentées au public, autour d’un thème défini.
lancées il y a 22 ans, les expositions annuelles qui révèlent ces
œuvres sont un vrai succès. l’inauguration de la prochaine expo-
sition est prévue pour le 7 juillet 2012. Au sein de la verrerie de
Biot, on trouve également l’ecomusée du
verre de Biot. l’objectif est de mettre
en valeur et faire connaître la tra-
dition verrière. Cela passe par
la sauvegarde d’un savoir-faire
(la technique du verre soufflé
et bullé), la conservation de
pièces anciennes, d’outils, de
verreries artistiques et la com-
munication de la technique du
soufflage du verre bullé.
Oeuvres exposées dans la Galerie internationale du verre © Bertrand Ornano Ci-dessus : Marc, souffleur de verre depuis 38 ans © Bertrand Ornano
Dans la bulle : Anne lechaczynski, Présidente de la verrerie de Biot © Bertrand Ornano
21
La Verrerie de biot, labellisée Entreprise
du Patrimoine Vivant
Ce label fédère l’excellence des savoir-faire français. Cette distinction
d’État est une marque de reconnaissance du ministère de l’Économie, des
Finances et de l’industrie, mise en place pour distinguer des entreprises
françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence. la procé-
dure d’attribution du label ePv est menée par des experts. le label est remis
en cause tous les 5 ans. Obtenu en 2006 pour la verrerie de Biot, la demande
de renouvellement a été formulée. Pour cela, l’entreprise doit prouver ses
actions sur la formation, sur la création de nouveaux modèles, sur l’aspect
artisanal de l’activité, etc. l’obtention du label entreprise du Patrimoine vi-
vant, c’est aussi une image positive véhiculée pour l’entreprise au travers
des actions de communication. le label est par exemple représenté sur un
stand au Salon parisien Maison & Objet : tous les labellisés y sont valorisés.
C’est le salon où se font les modes et les tendances, dans le monde de la
décoration, de l’art de la table et de la maison. il faut savoir qu’à la verrerie
de Biot, 70% de la production est réalisée sur place par les 7 verriers, 30% est
sous-traitée en italie, auprès d’une entreprise qui maîtrise la technique du
verre bullé, avec qui la verrerie de Biot travaille depuis 30 ans.
Le métier de souffleur de verre
la décision de se former aux métiers du verre se prend tôt, vers 17 ans. la
formation des verriers se fait en région parisienne. A l’école nationale du
verre, au sein du lycée Jean Monnet à Yzeure (Allier), sont proposés
un CAP Arts et techniques du verre, ou encore un DMA (diplôme
des métiers d’art) de même niveau que le BTS. les verriers se
forment et réalisent des stages pratiques à la verrerie de Biot.
il faut compter 3 années de formation avant que le verrier
commence véritablement à produire et 10 ans pour savoir
réaliser toutes les pièces. « il y a un gros problème culturel
en France : on donne une mauvaise image des CAP et des
métiers de la main. […] il faudrait revaloriser cela dans
l’éducation nationale au même niveau que les autres for-
mations, dans la sémantique. C’est très symbolique. […]
Aujourd’hui, on envoie en CAP ceux qui sont en échec
scolaire, des jeunes frustrés, c’est contre-productif », re-
vendique Anne lechaczynski.
les métiers de l’artisanat d’art, ce doit être avant
tout de la passion. il faut gravir 7 grades
successifs avant de devenir maître-verrier,
soit environ 12 années d’expérience. C’est
aussi le tour de main et la capacité à réali-
ser les pièces les plus complexes qui déter-
mineront le statut de maître-verrier.
Travail du verre © Bertrand Ornano
les maîtres-verriers de la verrerie de Biot travaillent
aujourd’hui avec 2 fours de fusion électriques. nous
avons notamment suivi Marc, lors de la confection
de verres à pieds de couleur « rose des sables ».
Cette couleur est réalisée avec de l’oxyde de manga-
nèse. Marc fait ce métier depuis 38 ans. il crée entre
7 et 8 verres à pied par heure. Pour pouvoir tra-
vailler la matière, elle doit être à environ 800°C.
Quand la pièce est terminée, elle est mise dans
un four qui s’appelle l’arche et elle y refroi-
dit pendant 6h. Déposée aux alentours de
500°C sur tapis roulant, la pièce refroi-
dit au fur et à mesure. il faut compter
ce temps-là pour pouvoir prendre la
pièce en main.
b i o t e n v i l l e
22 e n v i l l e b i o t
CM
La Verrerie de Biot : une marque déposée
Au Moyen Age, l’édification d’une verrerie ou d’une cristallerie dans une ville ou un village était
déterminée par le combustible et les matières premières. Aussi prenaient-elles le nom de la ville
ou du village dans lequel elles s’implantaient, comme ce fut le cas dans notre région des verreries
de Saint-Paul-en-Forêt et de Bagnols-en-Forêt, de la verrerie de Cannes-la-Bocca. Puis la tradition
est restée : la verrerie d’Albi, la verrerie de viannes, la cristallerie d’Arques, Saint-louis, Baccarat ou
encore la verrerie de Biot.
la verrerie de Biot a été à l’origine d’un véritable courant en faveur de l’Art du verre et de nombreux
ateliers se sont créés ici ou là : « l’ecole de Biot » était née.
Comme toute entreprise commerciale, la verrerie de Biot a protégé son nom en déposant des marques dont
« la verrerie de Biot » et « Biot » : tous les produits de la verrerie de Biot sont signés « Biot ».
« Biot et « la verrerie de Biot » sont des marques déposées, marques qui ont fait l’objet d’un enregistrement au-
près de l’administration et qui regroupent les produits fabriqués ou vendus sous la marque. elles constituent
des biens précieux dans la mesure où elles représentent un capital de notoriété.
Aujourd’hui, la marque « Biot » est devenue une « marque notoire », à savoir que la marque « Biot » est
affranchie de la règle de la spécialité et se voit reconnaître une protection pour tous les articles, toutes
les classes, au niveau international.
Des projets de développement
les prochains projets concrets
pour la verrerie de Biot
concernent principalement le
web, avec le développement du
e-commerce et l’export, avec une
clientèle étrangère à 40% pour
la verrerie de Biot. Anne lechac-
zynski fait partie du Comité Mis-
tral, délégation régionale du Club
des exportateurs de France. Cela per-
met de faire connaître, lors de voyages
à l’étranger, les savoir-faire d’acteurs locaux
renommés sur des secteurs d’activités comme
la gastronomie, la parfumerie, les métiers du verre,
etc. le prochain voyage se fera à Shanghai en novembre, faisant
suite à la visite de la 1ère dame chinoise, Mme Jintao, pendant le
G20 qui s’est déroulé à Cannes. « en France, on estime encore
que tout le monde est concurrent. Je pense qu’on est complémen-
taire », conclut la Présidente de la verrerie de Biot.
Oeuvre exposée dans la Galerie internationale du verre © photo Bertrand Ornano
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La Verrerie de Biot - Chemin des Combes à Biot04 93 65 03 00 - www.verreriebiot.com
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E n V i l l E g r a s s e24
Tout a commencé lorsque la dernière école de parfumerie grassoise a quitté la région en 1997. le départ de l’école Givaudan-Roure,
fondée par le parfumeur Jean Carles, a laissé un vide. la création en 2002 du Grasse institute of Perfu-mery (GiP), sous l’égide du Syndicat des Parfumeurs PRODAROM, y remédie en proposant un centre de formation professionnel international. « Tous les niveaux d’études sont acceptés et les étudiants ne sont pas forcément scientifiques. la formation se fait en anglais, avec une priorité d’ouverture vers les étrangers et 42 nationalités représentées depuis 10 ans », explique le directeur pédagogique, M. Alain Ferro.
Dans mon parfum : de la mémoire et de l’esprit créatifAvant de créer, il faut découvrir et savoir recon-naître les matières premières qui entrent dans la composition d’un parfum. Qu’elles soient naturelles ou chimiques, elles doivent être mémorisées. les sensations provoquées chez chaque étudiant sont mises en commun. les références culturelles jouent beaucoup. Par exemple, l’huile essentielle de can-nelle évoquera la tarte aux pommes pour un euro-péen ou un américain. Pour un indien, elle pourra évoquer l’agarbatti, le tabac à mâcher. les interve-nants professionnels guident les étudiants dans cet apprentissage. Pendant les 3 premiers mois de for-
mation, ils apprendront à reconnaître 500 matières premières qui constituent la base en parfumerie. les mois suivants, les étudiants apprennent les ac-cords. ils reconstituent une odeur que l’on trouve dans la nature, comme celle de la rose ou du jas-min. ils créent aussi des odeurs évocatrices pour les sens, comme une odeur marine pour les parfums masculins. les mois d’été sont dédiés aux stages, généra-lement réalisés en laboratoire de parfumerie. De
La formation internationale à Grasse, berceau mondial de la parfumerie
En 2012, le centre de formation professionnel Grasse institute of Perfumery fête ses 10 ans. Focus sur cette formation au service des entreprises du parfum, des arômes alimentaires et de la cosmétique.
© Isabelle Chanal
Han-Paul Bodifée, Président de PRODAROM © Bertrand Ornano
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septembre à décembre, les étudiants concluent par une phase de création. il s’agit de comprendre, ana-lyser et reproduire les parfums à succès, mais aussi de créer « en situation réelle » et en groupe. Un brief est remis chaque année par le parrain de la promo-tion. En 2012, il s’agit de la société Argeville. l’an dernier, la thématique était celle de la nature dans le luxe, à décliner en parfum et ligne cosmétique, sans oublier l’approche marketing.A l’issue de l’année de formation, un jury consti-tué par le parrain délivre un prix au projet retenu et les étudiants réalisent une présentation officielle devant une soixantaine d’industriels. la formation conclue, la plupart des étudiants réalisent un stage, avant de s’insérer durablement sur le marché du travail.
Avoir du NezBonne nouvelle : « 95% des gens ont un odorat à peu près égal. On croit souvent que l’on est parfumeur parce qu’on a un don, c’est faux. On le développe. il existe de rares contre-indications, comme l’anos-mie, c’est-à-dire l’absence totale ou partielle d’odo-rat (environ 5% de la population touchée) », explique Alain Ferro. Pour intégrer le Grasse institute of Per-fumery, des tests olfactifs et de créativité sont réali-sés. le futur étudiant doit pouvoir s’exprimer sur un parfum. Cela permet de déterminer la cohérence de l’approche par rapport à l’odeur… Et de trouver le prochain nez ? « Ce statut n’existe pas réellement : normalement tout parfumeur est un nez. Après il y a les nez connus et les inconnus », nous éclaire M. Ferro. Au niveau des reconnaissances, on préfère parler de junior parfumeur (5 premières années), parfumeur (10 ans) et senior parfumeur (au-delà de 15 ans et aussi en fonction des « résultats » : c’est ce que le client achète qui fait la notoriété du par-fumeur). Quant au statut de « maître-parfumeur », il s’agit d’une terminologie créée et utilisée par la so-ciété suisse Firmenich, n°2 mondial derrière Givau-
dan et leader mondial sur la parfumerie alcoolique. issus de la première promotion du Grasse institute of Perfumery, on peut citer 2 parfumeurs qui se font un nom : Jérôme Epinette aujourd’hui à new-York, parfumeur pour la maison grassoise Robertet et Delphine Jelk, chez Drom Fragrances à Paris, qui a travaillé pour des grands noms comme Sonia Rykiel et Guerlain.
Métiers de la parfumerie et réglementation européenneles réglementations chimiques européennes, comme REACH (règlement sur l’enregistrement, l’évaluation, l’autorisation et les restrictions des substances chimiques) font évoluer les métiers de la parfumerie. Pour l’évaluation, si un produit natu-rel contient une molécule qui, testée seule, s’avère dangereuse (allergisante), le produit naturel est classé de la même manière. Par exemple, l’huile es-sentielle de lavande utilisée depuis 200 ans est au-jourd’hui classée allergisante à cause du linalol. les entreprises adaptent les formules en fonction des risques liés. les parfumeurs réagissent un peu plus mal. Artistes avant tout, c’est une part de créativité qui leur est retirée.De plus, certains lobbies européens souhaiteraient obtenir l’ouverture des formules. Rappelons qu’un parfum n’est pas brevetable, car le législateur a tou-jours considéré que le parfum ne faisait que repro-duire les odeurs qui étaient déjà dans la nature. En cela, il n’y a pas réellement d’innovation. M. Bodi-fée, Président de PRODAROM, nous explique : « on ne peut pas demander aux industriels de dévoiler leurs formules, sans leur donner le moyen de se protéger de la contrefaçon. nous souhaitons proté-ger nos produits et notre savoir-faire ».
Grasse Institute of Perfumery
48 avenue Riou Blanquet à Grasse
04 92 42 34 90
Au Grasse institute of Per-fumery, ils sont chaque année 12 étudiants par promotion. Parmi eux, ilana. Cette lyonnaise de 22 ans de formation littéraire et commerciale a toujours voulu se former à la parfumerie. Ce qui l’intéresse, c’est le produit « en construction », pour travailler au plus près des matières premières. Consciente que la mobi-lité est essentielle, elle envisage toutes les des-tinations pour son avenir professionnel.
en chiffres
Parfumerie et arômes : 70 entreprises localement (3 600 salariés)130 entreprises au natio-nal (7 000 salariés)Près de 100 matières pre-mières entrent dans 90% des parfums
GiP : 70 demandes par an pour 12 candidats retenusCoût de formation au GiP : 11 800 euros l’année
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© Isabelle Chanal
© Isabelle Chanal
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Brassaï dans le secret d’un grand photographe !
Tandis que le musée Matisse dévoile les affinités artistiques entre le peintre et le photographe, le Théâtre de la Photographie et de l’Image dévoile un panorama à 360° de l’œuvre de Brassaï.
Ce double événement rend hommage jusqu’au 3 juin au legs Brassaï, consenti à la ville de Nice au profit du Musée Ma-tisse en 2011. Marie-thérèse Pulvénis de séligny, Conser-
vatrice en Chef du Musée Matisse explique « s’étant souvenu de sa rencontre avec Matisse à vence, Gilberte Brassaï a souhaité faire un legs à notre Musée. Cette donation incluant une série d’œuvres té-moignant des liens de son époux avec Matisse, nous avons sollicité que celle-ci soit intégrée à notre fond et que l’autre partie soit mise à la disposition du théâtre de la Photographie et de l’image ». C’est ainsi que naquit cette exposition qui s’étend sur deux lieux, forts de deux projets complémentaires.
exposition Brassaï au théâtre de la Photographie et de l’image © photo Bertrand Ornano
Brassaï : Nice, quai des États-Unis, sans date. Photothèque du centre de documentation, Musée Matisse, Nice © estate Brassaï – rMN
exposition Brassaï au théâtre de la Photographie et de l’image © photo Bertrand Ornano
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Matisse, Brassaï : Regards croisésau Musée Matisse, l’exposition se concentre sur ces deux créateurs, les révélant dans l’intimité, au cœur de leur époque et en pointant leurs préoccupations communes. ainsi une partie du legs sert-elle à tisser les liens qui rapprochèrent ces deux hommes que 20 ans séparaient et qui se rencontrèrent à Paris et sur la Côte de 1931 à 1946.
les photos qui témoignent de ces rares moments sont à l’honneur telle la série prise par Brassaï dans l’atelier de Matisse à la villa alésia. C’est à la demande de Matisse que Brassaï couvrit le travail du peintre soucieux d’archiver son travail. On le voit étape par étape réaliser une peinture d’après modèle mais aussi un dessin. « Matisse explique à Brassaï le bien fondé de laisser faire la main et pour le lui prouver, il dessine les yeux bandés à main levée un visage ». l’autre partie de l’exposition entrechoque les œuvres afin que le visiteur puisse saisir les connexions qui existent entre Matisse et Brassaï. le thème du nu féminin est largement abordé via l’œuvre protéiforme de Brassaï qui inclut, hors ses photographies, 5 dessins de nus, un livre illustré de la série transmutations ainsi qu’une sculpture « la vénus blanche iii ». Car si Brassaï hésita sans cesse entre la photo et d’autres formes d’ex-pression, il mit souvent au cœur de ses exercices le corps féminin. « Partant de ses photos de nus, il retravailla les négatifs sur plaque de verre, redessinant dans la gélatine d’autres formes tel un peintre.
il accoucha également d’une sculpture en marbre aux formes rondes, très matissiennes. Matisse chercha lui aussi à extraire la quintessence de ces courbes travaillant des parties dans la globalité du corps, les formes sont fossilisées comme une empreinte. »
la mer est une autre thématique qui confronte l’œil de Brassaï autour des formes graphiques de l’écume et les découpes de Matisse. Brassaï était fasciné par la mer qui avait la faculté de façonner des galets, de changer des formes dures en forme douces. Matisse s’inspirera lui du mouvement des vagues pour imaginer les papiers gouachés découpés que Brassaï découvrira en 1945 sur les murs de son atelier à vence. les deux artistes partagent cet amour de la nature et de son énergie qui doit générer une poésie nouvelle, une autre interprétation du monde. enfin, le Musée Matisse explore leur relation avec le monde de la créa-tion qui s’entrecroise au travers des revues d’art comme le Minotaure où Brassaï et Matisse partagent des pages, l’un avec ses photos, l’autre avec ses dessins, mais aussi via les artistes qu’ils fréquentent : Que-neau, Miller, Prévert, Max Jacob, reverdy, dalí, léger, le Corbusier, Bre-ton, eluard et bien sûr Picasso.
Brassaï : Nice, quai des États-Unis, sans date. Photothèque du centre de documentation, Musée Matisse, Nice © estate Brassaï – rMN
Brassaï : Matisse dessinant un nu dans son atelier de la rue des Plantes. villa d’alésia, Paris, 1939. Collection particulière © estate Brassaï – rMN
sarah Moon - turkish delight © théâtre de la Photographie et de l'image
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Le théâtre de la photographie et de l’image s’est penché, voca-tion oblige, sur l’œuvre photographique autour de 140 tirages originaux réalisés par l’auteur, dont 37 photos issues du legs et prêtées par le Musée Matisse. « Ces deux expositions étant complémentaires, j’en ai profité pour faire ce que je voulais faire depuis longtemps : Un hommage à Brassaï », explique Marie-France Bouhours, directrice du théâtre de la Photo-graphie et de l’image (tPi). On y découvrira ainsi l’étonnante pluralité créative du photographe, au fil de salles thématiques : la production de Brassaï en riviera, le Paris de Nuit, le Paris secret, la série des 12 trans-mutations ainsi que celle des graffitis. « C’est une phase importante à laquelle Brassaï consacra plus de 30 années pour suivre l’évolution de ces entailles faites dans les murs et les arbres de la capitale ».agnès de Gouvion saint-Cyr, qui cofonda le Festival Photographique d’arles et devint dès 1973 une proche de Brassaï et de son épouse puis l’exécuteur testamentaire du legs Brassaï, évoque avec nous le parcours du photographe.
Comment est né cet impressionnant legs ?Gilberte Brassaï avait demandé à ce qu’on inventorie toute l’œuvre de son époux. Un tiers de ce fond, hormis une partie dont elle fit don au Centre Georges Pompidou, devait faire l’objet d’un legs à sept musées dont le musée Matisse à Nice. J’ai fait la sélection en fonction de ce qui pouvait être spécifique à chacune de ces institutions. J’avais orienté la ville de Nice lors d’une entrevue préalable avec Muriel Marland-Militello
et Marie-France Bouhours vers un corpus dédié à la riviera et la série transmutations. C’est un travail autour du corps qui fait sens avec sa relation avec Matisse qui s’est lui même inspiré des courbes féminines.
Brassaï fréquenta assidûment la riviera, ce legs en témoigne. Y avait-il un pied à terre ?Brassaï est mort à Beaulieu où il avait une demeure. avant, ses pa-rents avaient eux-même une petit maison à eze. il est venu pour la première fois en 1931 afin de photographier les plantes exotiques au jardin botanique de Monaco suite à une discussion avec dalí que cette série illustre pour la revue le Minotaure. il reviendra souvent pour des commandes de magazines, faisant toujours preuve d’une grande éco-nomie de moyen. après un reportage sur les chèvres dans le var, il lui reste une plaque. il s’en servira à Cannes pour photographier l’homme au parasol blanc.
il y fit d’autres rencontres marquantes ? a chaque fois qu’il descendait dans le midi, il allait voir Matisse. Mais leur première rencontre se fit à Paris, à Montparnasse puis à la villa alésia. Quand Matisse ne peut pas le payer, Brassaï écrit à sa copine de Harper's Bazaar pour vendre le reportage. sa première rencontre à Nice avec Matisse est ratée. il se présente à l’appartement sur le cours saleya, mais Matisse n’est pas là. il le photographiera plus tard à la villa « le rêve » à vence. il venait également voir Picasso qui fut un remarquable soutien. il le payait rubis sur l’ongle et l’invitait souvent à sa table. Car Brassaï a connu des périodes difficiles, il avoue avoir parfois grappillé des légumes sur le marché saleya.
Connut-il le succès de son vivant ?il connut des fortunes diverses. « Paris de nuit » est exposé à londres en 1932, puis publié avec une préface de Paul Morand. avant la guerre, Brassaï profita du succès des surréalistes dont il fut proche et pu vendre ses photos grâce à la galerie la Pléiade où il exposa en 1937. avec la guerre, les films se faisaient rares et chers. en plus, Brassaï refusait de se soumettre à la censure allemande. C’est à ce moment-là que Picasso lui demanda de photographier son œuvre sculptée et l’aida à exposer ses dessins. Mais ce n’est que dans les années 60, après avoir exposé à New York, que Brassaï se libéra de ses doutes et de ses soucis finan-ciers. Gilberte a commencé à bien vendre ses œuvres. Pour l’anecdote, elle fit une belle affaire en 1997 grâce au film « le titanic ». a un mo-ment du récit, léonardo di Caprio montre à sa jeune et tendre des des-sins qu’il a faits. James Cameron s’en attribua l’exécution, mais Gilberte avait reconnu les dessins de son époux. son avocat finit par obtenir un petit pourcentage sur des recettes qui atteignirent un chiffre record.
Brassaï : Voyage autour de ma chambre
Brassaï : Filets, Cannes. © Collection Musée Matisse, Nice Marie-France Bouhours, directrice du théâtre de la Photographie et de l’image et agnès de
Gouvion saint-Cyr, responsable du legs Gilberte Brassaï © Bertrand Ornano
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revenons aux débuts de la carrière de Brassaï, il s’oriente vers les beaux-arts puis abandonne cette voie. pourquoi ? Brassaï étudiera à Budapest le dessin et la peinture. il souhaite aller à Paris, mais, ayant servi dans l’armée austro-hongroise, on lui conseille plutôt Berlin où il est reçu à l’académie des beaux-arts. ses études l’ennuient prodigieusement et il préfère déambuler dans les rues où il puise son inspiration et croque les silhouettes de femmes. Fasciné par leurs formes, il affine sa technique du nu. son meilleur ami peintre étant parti pour la France, quand les interdictions sont levées, Brassaï le rejoint à Paris en 1924.
Comment un hongrois qui ne parle pas français arrive-t-il à s’intégrer au milieu intellectuel parisien ? a Montparnasse, il rencontre la faune artistique, dalí, desnos, Queneau, plus tard Miller mais il ne parle pas un mot de français. Quand il rencontre les mau-vais garçons de la place d'italie et les prostituées, il ne communique qu’avec les mains. très vite, il décide d’ap-prendre 10 mots par jours qu’il pioche
dans les menus des restaurants ou dans la rue. dans son carnet, le même jour se côtoient « Blanc manger » et « Putain ». Cette méthode surréaliste lui permettra de parler rapidement un français impeccable puis d’écrire dans une très belle langue.
C’est à paris qu’il contracte le virus de la photo ?il travaille d’abord comme journaliste, rédige pour des revues alle-mandes et hongroises des articles divers et variés, sur le pasteur des girls des folies bergères, un reportage sur le match de rugby oppo-sant la France à la roumanie pendant les JO à Paris. afin d’illustrer ses articles, il fait appel à ses amis, puis crée la première agence de photographie avant de se lancer dans l’aventure. sa formation durera un jour et quelques heures, il regardera Kertesz travailler. Une amie lui prête un appareil, lui explique les rudiments. il ne lui en faut pas plus pour entreprendre son « Paris de nuit ». il commence par photogra-phier les paysages, puis les oiseaux de nuit qu’il croise. Pour ces séries nocturnes, il ne s’est jamais servi de flash. il s’éclairait avec les phares
de voitures et les lumières de la ville. les allumeurs de réverbères étaient devenus ses copains (rires). il photographiait sur pied, avec un matériel lourd et beaucoup d’ingéniosité. son pause mètre, c’était ses cigarettes. Pour un long temps de pause il fumait une boyard, pour un temps plus court, une gauloise bleue.
Quel rôle joua henry Miller ? Miller et Brassaï se sont liés rapidement. Quand Miller arrive à Paris, il vient de divorcer, il est en peine d’inspiration. Brassaï ressent cette souffrance du créateur. ils déambulent ensemble de Montparnasse à Clichy, rencontrent une faune décalée. autour de ces figures de la folie ordinaire, naît une vraie communion de pensée. Quand Miller part pour les etats-Unis, c’est un déchirement pour Brassaï et les deux amis conti-
nueront à s’écrire pendant 40 ans. J’ai réussi à recomposer cette correspondance qui contient des pages bouleversantes et devrait prochainement faire l’objet d’un livre.
avec les transmutations on peut penser aux expé-rimentations de Man ray. Les deux photographes se connaissaient-ils ? ils ne partageaient pas la même conception de leur discipline. Brassaï n’aime pas les manipulations de Man ray. Pour lui le surréel, c’est le réel autrement. les graffitis existent en tant que tel, c’est juste le regard qu’il pose qui leur confère une autre réalité. dans les transmutations, il agit comme un sculpteur qui met les mains dans la matière. Ce n’est pas une expérience aléatoire il sait très bien ce qu’il veut faire. les 12 transmuta-tions visibles sont le dernier état de sa recherche. il part d’une photo de nu, la modifie sur plaque de verre, la photographie à
nouveau et repart du négatif pour la retra-vailler. au final, il y a sept interventions, c’est un véritable « work in progress »Brassaï écrit, photographie, filme, des-sine, sculpte. Peut-on dire qu’il fut un pionnier de l’artiste multimédia, du cross over ? Brassaï était un créatif hyperactif. « Je ne suis pas l’artiste d’un seul médium ». il l’écrit sans arrêt et le prouve. il a tout fait, même des tapisseries issues des photos de Graffitis, réalisé des décors pour Pré-vert et Cocteau, tourné en 1956 un film très drôle sur les animaux du zoo de vin-cennes montré à Cannes. il a beaucoup ré-fléchi et écrit sur l’acte de photographier.
on a découvert tardivement son passage à la couleur, Brassaï nous réserve-t-il encore des surprises ?Pendant longtemps on a ignoré son travail sur la couleur qui com-mence en 1957 et se poursuit outre-atlantique. Brassaï attendra que son œuvre ait triomphé au MoMa pour s’aventurer aux Usa, sur une carte blanche du magazine Holiday. sa vie fut si intense, qu’on n’a pas encore mesuré l’ampleur de sa production. il y a plusieurs Brassaï. Celui qui couvrit pendant longtemps, pour faire bouillir la marmite, les grands salons de la coiffure, celui qui écrivit sur lewis Carroll et Proust. lors d’une exposition, j’ai fait découvrir le Brassaï surréaliste, le complice de dalí, celui follement drôle qui amena des pommes de terre germées à Breton qui lui avait demandé un travail sur les sculptures involontaires. J’en apprends tous les jours en compulsant ses archives et ses nombreux écrits qui n’ont jamais été classés mais il reste encore tant de choses à découvrir sur cet artiste qui, en deçà de son activité débordante, resta finalement un homme très secret.
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Brassaï : la fête foraine, place saint-Jacques, s.d. Collection estate Brassaï © estate Brassaï – rMN
exposition Brassaï au théâtre de la Photographie et de l’image © Bertrand Ornano
Brassaï : Graffiti, le roi soleil, v. 1945-1950 Collection estate Brassaï © estate Brassaï – rMN
30 l A V i E D E S A R T S e x p o
«Moninot et Sabrier sont les premiers artistes que nous sou-haitions inviter dans l’espace du musée dédié aux artistes contemporains » commente Célia Bernasconi, Conserva-
teur du Musée Cocteau. Un musée qui, est-il besoin de le rappeler, a ouvert ses portes en novembre dernier et représente la plus importante collection au monde d’œuvres de Cocteau. la plupart de ces pièces issues de la donation Severin Wunderman étant des dessins, le musée s’est doté d’un espace d’exposition de 275 m2
dont la vocation est de présenter les créateurs actuels qui renou-vellent la pratique de la discipline.
« Montrer ce qu’est le dessin aujourd’hui » le premier à avoir inauguré ce cycle est Jean Sabrier (dont l’expo-sition est visible jusqu’au 7 mai). Un artiste qui entretenait un lien direct avec Cocteau, les deux artistes partageant un goût commun pour Paolo Ucello, un peintre italien de la renaissance qui initia une forme de géométrie inconnue en développant les notions de perspectives. Cocteau se fit d’ailleurs appeler « Jean l’oiseleur » en hommage à cet artiste du quattrocento qui orna d’une myriade d’oiseaux les murs de sa demeure. Jean Sabrier reprend dans son travail le concept d’objets mis en perspective offrant un regard
nouveau sur la peinture ancienne. Plus de 37 000 visiteurs ont déjà visité cette exposition confirme Célia Bernasconi. « le musée Cocteau propose un tarif ouvrant l’accès à la collection Wunder-man, un autre incluant en plus l’accès à l’espace contemporain. la plupart prennent cette option. les objets de Sabrier qui per-mettent de voir des structures géométriques en relief sont très appréciés de tous les publics »
Bernard Moninot : un cabinet de travail humanistela pertinence de cet espace devrait encore s’enrichir avec son prochain invité : Bernard Moninot né en 1949 à le Fay (Saône-et-loire). De fin juin à fin novembre, le public du Musée Cocteau pourra découvrir cet artiste atypique qui vit et travaille au Pré Saint Gervais et à Château Chalon mais qui se fit rare sur nos rivages. Bernard Moninot exposa en 1979 à la Fondation Maeght puis en 1987 à la galerie Sapone. Depuis les années 1970, il pratique le dessin et la gravure. il enseigne aujourd’hui à l’École nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris et expose de par le monde une œuvre singulière dont la poésie graphique est induite par des installations qui tiennent du laboratoire scientifique et du fameux « studiolo » des princes de la Renaissance, où étaient conser-vés les instruments d’observation, de mesure de l’espace et du temps. Tel un découvreur, Moninot n’a eu de cesse depuis les années 80 d’expérimenter le dessin sur différents supports puis dans l’espace cherchant à s’émanciper de son geste originel pour laisser l’œuvre se construire dans l’espace à partir d’une énergie autre que la sienne.
“L’art des solutions imaginaires“ Pour le musée Cocteau il a conçu une exposition in situ dont le projet repose sur la projection en 3D de son atelier dans l’es-pace via des installations qui n’ont recours qu’à des techniques douces : la lumière naturelle, les ombres portées, les jeux de transparence. Constitués d’ombres, ces dessins dans l’espace qui changent en fonction de la journée et du déplacement des visi-teurs, nécessitent une savante réflexion en amont. Ainsi Moninot s’est-il attaché à recueillir, observer et étudier des éléments du monde vivant, dans le but de faire apparaitre des phénomènes invisibles tels que le vent, ou le silence via des installations dont
Musée Cocteau Artistes sans papiersSi vous voulez savoir ce qu’est devenue l’une des formes les plus archaïques d’expression, direction le Musée Cocteau qui, après Jean Sabrier, accueillera Bernard Moninot, deux artistes contemporains qui dessinent sans papiers.
Verre-ouvert, 2009 Sérigraphie sur verre tirage unique Silent-Listen, 2010. Dessin dans l’espace, vue de l’installation galerie Andata-Ritorno 305 x 500 x 400 cm
la finalité n’est pas tant leur plasticité que leur faculté à générer une certaine poétique de l’éphémère, à révéler l’invisible tel une Camera Obscura ou une plaque sensible. L’une de ses expériences les plus emblématiques lui sera « souf-flée » durant son sommeil. Une démarche qui le lie avec Cocteau qui puisa dans le subconscient la trame de ses œuvres. Célia Ber-nasconi développe : « En 2009, Bernard Moninot rêve qu’il visite l’atelier d’un artiste inconnu dont l’œuvre est une sculpture de silence. Cet atelier est entièrement vide. A son réveil, il décide de donner une forme à cette idée poétique et de réaliser l’impos-sible. » Dès lors l’artiste tracera sur des carnets à dessin des com-binaisons de formes pour capturer le son et le silence. Ces croquis ensuite transposés dans l’espace, donneront naissance à trois ins-tallations. « Objets de silence » présente des sonogrammes où le mot « silence » est mis en relief avec de la corde à piano et enfer-mées dans des vases en verre. « Silent-Listen » qui est un dessin dans l’espace d’objets (cymbales, bandes magnétiques, diapasons etc.) dont les ombres portées envahissent les murs. Enfin, avec « Antichambre » il crée une œuvre suspendue, qui tourne sur elle-même tel un satellite et dont la révolution dans l’espace provoque l’apparition, la déformation et la disparition des ombres et des
reflets qu’elle génère. Entamée en août 1999, « La mémoire du vent » est elle composée de dessins miniatures, tracés par le vent selon une ingénieuse mécanique imaginée par l’artiste « J’avais fabriqué un appareil capteur très simple qui reçoit dans des boîtes de Pétri préalablement obscurcies par du noir de fumée, le tracé que compose, au gré du vent, la pointe aiguë de végétaux : herbes, feuilles, fleurs, épines… ». A Menton, ces dessins du vent seront recueillis par l’artiste dans l’un des jardins de la ville, proche du Musée Cocteau.L’œuvre de Bernard Moninot est aussi fascinante qu’inclassable. « Le plus juste serait de dire qu’elle est de l’ordre du dessin : mais un dessin élargi (au sens où Novalis avait pu parler de « poésie élargie »), se déployant en objets spatiaux sur ou par des ma-tériaux de tracement et d’inscription absolument originaux… », explique Jean-Christophe Bailly qui signe une monographie (édi-tions André Dimanche) à l’occasion de cette exposition « Bernard Moninot, Dessins dans l’espace ».
Exposition « Bernard Moninot, Dessins dans l’espace » du 7 juin à
fin novembre 2012 Musée Cocteau
2 quai Monléon à Menton. 04 89 81 52 50
Bernard MoninotSilent-Listen, 2010Acrylique sur Trevira et papier marouflé sur toile 216 x 173 cm
Silent-Listen, 2010Acrylique sur Trevira et papier marouflé sur toile 200 x 150 cm
Studiolo, 2006 Dessin d’ombres portées, 200 x 300 cm
Photos:© Bernard Moninot© André Morin photographe
ci-dessus, de g à d :
Silent-Listen, 2010 Dessin dans l’espace, vue de l’installation galerie Andata-Ritorno 305 x 500 x 400 cm
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Allons aux
Théâtres
Mettre en lumière les talents de demain, les jeunes pousses de l’humour, les virtuoses du chant et de la musique, du rire et du clown… ils sont nombreux à avoir bénéficié d’un coup de pouce de la part de leurs pairs, de passionnés…
Historique Théâtre des Oiseaux !
Le « petit Olympia du sud » comme on l’appelle dans le vieux Nice. Une salle de spectacle où une cinquantaine de spectateurs se pressent chaque week-end même l’été ! l’idée de ce théâtre
chaleureux, on la doit à Noëlle Perna, plus connue sous le nom de Mado la Niçoise, rôle qui l’a conduite sous les feux de la rampe. la comédienne se souvient : « en 1961, mes parents font l’acquisition d’une vieille cave à vin ‘la Cave Marc’ et créent un bar restaurant... entre spécialités méditerranéennes et soirées guitare. les oiseaux sont en liberté, nous sommes ‘Chez tony Mika’ ». Mais les temps changent et le lieu aussi, devenu un vrai bar de quartier où l’on se retrouve pour s’échanger les nouvelles et se raconter les derniers ra-gots. eux, ce sont les artisans, les commerçants, les gens du marché, les joueurs de cartes, la jeunesse du quartier et puis la vraie Mado ! « On y boit plus qu’on y mange ! » s’amuse l’artiste. en 1988, ce qui était devenu « l’Hermitage» est rebaptisé « le Bar des Oiseaux ». On y fait des cafés philo, on y écoute du jazz, il devient le rendez-vous des artistes plasticiens, musiciens et comédiens. Puis en 1999, une salle ouvre ses portes juste à côté : le «théâtre des Oiseaux». Généreuse, haute en couleurs, marraine de cœur, Noëlle Perna a pour volonté de mettre sur scène de jeunes talents locaux. et la liste est longue ! anthony Joubert, Fabrice abraham, Manuel Pratt ou encore lau-rent Barat, rien que pour cette saison…
L’élan du nouveau Théâtre de la Cité
Le théâtre est le berceau même de la création, de l’échange, du partage.
Béatrice Boily dit : « C’est l’amour qui pousse, qui donne des élans au cœur et des idées en tête ».
rue Paganini à Nice, c’est le théâtre qui donne l’ardeur à une équipe et inversement. Meyer
Cohen a travaillé pendant 16 ans à lancer le théâtre de la Cité. le lieu ouvre ses portes à des compagnies porteuses d’idées, de textes, de rêves… il offre la possibilité de résidences, de travail, distribue conseils et encouragements. 200 places, en plein cœur de Nice ! Cette ancienne salle de cinéma a d’abord accueilli des soirées dansantes et des concerts avant de trouver sa vocation théâtrale fin 1994.
depuis octobre 2010, la Compagnie Miranda régit ce théâtre rénové : façade embellie, nouvelle terrasse pour accueillir le public qui aime s’y attarder, salon de lecture et… clim ! détail qui a toute son im-portance sous le feu des projecteurs ! Un véritable lieu de vie, qui s’attache à former le spectateur de demain, en allant à sa rencontre dans les écoles, en présentant des filières professionnelles et en invi-tant des jeunes sur scène. thierry surace, le directeur artistique pro-pose une programmation éclectique pour petits et grands, du Cri du Chœur (spectacle chorale drôle à souhaits) au spectacle d’alexandre astier (auteur de la série télévisée Kaamelott), afin que chacun y trouve son bonheur.
le théâtre de la Cité © le théâtre de la Cité 50 places au théâtre des Oiseaux © théâtre des Oiseaux
et si c'était là que tout commençait... Bus en 1977 © théâtre de la Marguerite
6 rue de l'Abbaye à Nice04 93 80 21 93www.bardesoiseaux.com/le-theatre.html
3 rue Paganini à Nice04 93 16 82 63
www.theatredelacite.fr
33t h é â t r e l a v i e d e s a r t s
des passionnés que l’on retrouve souvent à la tête de salles de quartier devenues grandes. Ces théâtres de proximité qui sont-ils ? Bien sûr la liste n’est pas exhaustive, mais la rédaction vous donne un petit aperçu de ces lieux de vie. Portraits…
AM
Théâtre de La Marguerite… Un beau partage !
En 1977, il y avait des théâtreux passionnés autour du festival universitaire international de Nancy : Ged Marlon, un papa et une maman, louis et Monette Candela, deux autres comédiens
Michel et Grégoire, et puis Fabienne Candela. en 1977, il y avait ce mini-bus de 35 places, un Berliet strader, avec deux estrades, qui servait de scène, de cuisine, de couchettes et de transport en tour-née. « N’importe quoi dont deux » ce spectacle écrit entre antibes et Font romeu (dans les Pyrénées Orientales) et une traversée de l’europe. « a l’époque c’était plus facile, on s’arrêtait sur les places des villages pour jouer » explique Fabienne. a leur retour, le premier Bœuf théâtre voit le jour dans la cité des remparts, ce festival placé sous le signe du rire est aujourd’hui le plus vieux de France ! Bœuf car il s’agissait d’improvisation entre sketches et musique… la volonté est inchangée, 35 ans après, les comédiens se et vous donnent ren-dez-vous pour partager (édition anniversaire en septembre 2012) !
en reprenant le flambeau de sa mère, Fa-bienne Candela prend les clés et la direc-tion du théâtre de la Marguerite. l’autre temps fort de la programmation, c’est le Femin’arte (en mars), une semaine au fé-minin, théâtre, photos, reportage, littéra-ture, café-théâtre et humour le tout pro-posé par des femmes artistes. avant de déménager vers le théâtre du tribunal (ancien tribunal de commerce d’antibes), vous pourrez aller applaudir Benjamin leblanc, Marc Fraize, alexandra Jussiau, Jeff ou encore sébastien Fouillade.
La Comédia et sa convivialité !
D’abord il y eut José Martins, peintre et chanteur. il y a 18 ans, la Comédia c’était les visiteurs du soir, le café-théâtre recevait surtout des humoristes. Puis adam Guffez et san-
dy léonard lui donnent son nom actuel. sandy, artiste peintre, offre même une nouvelle beauté aux lieux réalisant les fresques aux murs. des amis comédiens, artistes du show-biz ont, quant à eux, offert les masques. en 2006, alain demaret et sa femme Nathalie repren-nent les rennes, en gardant l’esprit café-théâtre, café-concert. alain est aussi comédien, il est tombé dedans quand il était petit : « Je devais avoir une dizaine d’années et je montais des théâtres dans la grange de mes grands-parents, je faisais des scènes avec des bottes de paille. C’est un peu la même chose avec la chanson j’ai commencé tôt ». Originaire de lorraine, il commence à naviguer à 20 ans, formé par Claude Catulle, à Mougins (troupe Passé-présent), il se profes-sionnalise. il y apprend les rudiments de la mise en scène. a la fois derrière la régie, sur scène, en coulisses, à l’administratif, alain est un homme et acteur aux multiples facettes très apprécié des comé-diens pour sa patience, son écoute, son calme, sa psychanalyse des personnages... d’ailleurs une troupe professionnelle voit le jour, la troupe de la Comédia tout simplement. des amis, des comédiens qui croisent le chemin de ce couple de gérants atypiques. Pousser la porte de la Comédia, c’est boire un verre entre amis, autour de spec-tacles : rires, convivialité et bonne humeur garantis !
la salle du café-théâtre scène sur Mer © théâtre de la Marguerite théâtre la Comédia © isabelle Chanal
et si c'était là que tout commençait... Bus en 1977 © théâtre de la Marguerite
Nathalie et alain demaret, couple de gérants atypique du théâtre la Comédia © isabelle Chanal
31 rue Sade à Antibes04 93 34 11 21
www.theatredelamarguerite.fr
14 route de Valbonne au Cannet04 92 18 04 18www.lacomediatheatre.fr
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Pascale AutRandChorégraphe internationale De Tokyo à new-York, de londres à Milan, Pascale Autrand dévore le monde en puisant dans ce qui l'entoure et en transmettant sa passion à travers ses créations. rencontre avec cette chorégraphe multiple qui crée d'un bout à l'autre du monde...
Vous avez commencé la danse de façon assez étonnante...J'ai commencé la danse assez jeune. Ma mère m'avait inscrite dans une école de quartier à Marseille, car j'avais été touchée par une maladie qui m'empêchait de marcher convenablement. J'ai démarré la danse comme rééducation. J'ai continué parce que cette discipline de l'art me plaisait tout autant qu'elle m'aidait à me reconstruire.
Des rencontres ont-elles été décisives ?J'ai rencontré roland Petit et Zizi Jeanmaire à l'Opéra de Marseille. Ces deux Grands m'ont beaucoup influencée. A neuf ans, je dansais sou-vent avec roland Petit et suis partie pour ma première tournée des "Forains" et "la symphonie fantastique". il m'a ensuite conseillé de re-joindre la scène artistique parisienne. Ce que j'ai fait. J'ai travaillé avec Claire Motte, Claudette Scouarnec, Dominique Franchetti, des poin-tures de la danse ! et j'ai obtenu ma médaille d'or de Conservatoire.
Paris a t-il été une belle aventure ?Oui mais pas facile. Avec mon caractère un peu sauvage et n'étant pas en phase avec l'académisme, j'ai opté pour une carrière pluridis-ciplinaire. la rencontre de Zizi Jeanmaire m'avait marquée. Comme elle, je passais des pointes au cabaret, du cabaret aux pointes.... J'ai travaillé un an au Paradis latin. Malgré le fait que je n'avais pas vrai-ment la taille requise (rires), Molly Molloy, chorégraphe internationale, m'avait quand même demandé de danser comme soliste, un tango sur pointe. Je dansais dans la compagnie des "Jeunes espoirs de la danse"
de Claudette Scouarnec. Cela me permettait d'interpréter le répertoire classique, Giselle, le pas de quatre, le lac des Cygnes... et le lende-main, je me retrouvais à faire mon tango sur pointe au Paradis latin. Mais, je suis toujours restée fidèle au classique.
Qu'est-ce qui a fait que de danseuse, vous avez évolué vers la chorégraphie ?Au début de mon apprentissage, je n'étais pas en admiration devant des interprètes, des étoiles, mais bien plus devant les chorégraphes. Sans chorégraphe, rien ne pouvait exister. J'ai toujours eu cette envie de chorégraphier, créer par le geste ou l'expression corporelle plus qu'avec la parole ou les mots. J'ai ouvert mon premier atelier choré-graphique en 1992 à Milan. A cette époque, j'enseignais la danse clas-sique au M.A.S., le Music Art and Show. Susanna Beltrami, alors direc-
Des Sens Dansent © Pascale Autrand
Pascale Autrand à l'ellison Ballet © Pascale Autrand
35D a n s E l A v i e D e S A r T S
Ballet
trice artistique et professeur/chorégraphe contemporaine de la Scala m'avait aussi engagée avec Brian Power, soliste de Béjart, pour l'une de ses créations et m'avait ouvert les portes de ce que je fais aujourd'hui. le contemporain fut une révélation. en interprétant sa chorégraphie sur le thème du film "On achève bien les chevaux", j'y ai découvert l'amour de la création et j'ai commencé à créer.
Et puis, il y a eu une pose dans votre parcours...J'ai eu besoin d'arrêter la danse quelques temps, l'envie d'avoir des enfants. la création de Susanna Beltrami avait aussi changé ma vision des choses. Après une telle chorégraphie, je me demandais si je pour-rais danser un jour quelque chose d'aussi fort.
La passion vous a-t-elle vite rattrapée ?Oui. J'ai repris la danse dans le sud de la France. A la mort de mes grands-parents, j'ai eu envie de leur consacrer une chorégraphie sur la chanson de "l'hymne à l'amour" de Piaf. les gens ont beaucoup apprécié ce travail. la ville de Fréjus m'a été d'une aide précieuse car créer sur la Côte n'est pas toujours chose facile. il n'y a pas beaucoup de lieux où répéter, danser, jouer. Françoise Cauwel et elie Brun m'ont ouvert les portes du Théâtre romain, de la villa Aurélienne...
C'est avec courage que vous avez créé une structure de danse...J'ai monté ma compagnie de formation au spectacle. Je n'avais pas encore mon diplôme d'état et pendant quatre ans, j'ai travaillé bénévo-lement, assurant un emploi au quotidien dans un bureau pour vivre. Malheureusement, la compagnie a du s'arrêter. C'est le parcours du combattant, d'autant plus lorsqu'on n'est pas subventionnés... On ne trouve pas non plus toujours des danseurs qui se lancent dans des projets sans avoir de sécurité économique. Je le comprends car j'ai été danseuse aussi, mais la passion devrait l'emporter...
Pourquoi pensez-vous avoir cet irrépressible besoin de voyager ?On n'est pas prophète en son pays... J'ai toujours eu en France du mal à trouver où danser, à trouver des danseurs. Par contre, auprès d'edward ellison de l'ellison Ballet of new York, j'ai eu la chance d'aller enseigner aux etats-Unis. en l'espace de huit jours, mes projets ont pris forme et je me suis retrouvée à répéter dans des salles dignes de ce nom, avec une dizaine de danseurs d'un niveau époustouflant.
il y a là-bas une autre façon de voir les choses ?Tout à fait. C'est une autre culture. là-bas, on ne vous demande pas ce que vous avez fait mais ce que vous avez à proposer. C'est toute la différence pour un artiste. l'échec n'existe pas. il s'agit tout au plus d'une tentative que l'on n’a pas réussie.
avez-vous imaginé vous installer aux Etats-Unis puisque les portes vous sont ouvertes ?Oui mais je reste attachée à la France. il y a ici tant à dire, à faire, tant de talents, tant de possibilités. Aux etats-Unis, ce qui va dans le sens de mon langage, c'est la méthode de travail. le danseur classique est poussé au delà de ses propres limites. en France, on a tendance à vou-loir intellectualiser la danse, c'est très bien je l'accorde, mais ça doit être un complément de formation, malheureusement, ça n'est plus un problème d'organisation et de diplômes, les danseurs et danseuses français passent moins de temps dans leurs chaussons que nos cama-rades russes, américains et asiatiques. Ceci n'est pas une généralité, l'Opéra de Paris n'ayant rien à envier aux écoles étrangères.
Des Sens Dansent © Pascale Autrand
Pascale Autrand à l'ellison Ballet © Pascale Autrand
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Vous avez mis en place une alliance qui vient favoriser les échanges.J'ai envie de transmettre par le biais d'une alliance avec les etats-Unis, cette manière de travailler. Cette alliance avec l'ellison Ballet est très importante car edward ellison est tout de même l'un des meilleurs professeurs de classique de new York. il y a une énergie chez lui qui me rappelle celle de mes maîtres, Maîtres Brieux, Mayer, vaussard... qui ne transmettaient pas seulement un technique de danse classique durant les cours, mais qui amenaient la scène avec eux dans une salle de danse. Un enseignement rigoureux, magique et passionnant.
Comment se concrétise cette alliance ?le but est un échange culturel et chorégraphique entre la France et les etats-Unis. Mon intention est de regrouper une dizaine de danseurs et danseuses sur la Côte d'Azur, entre 16 et 19 ans. les emmener à la scène en France et aux etats-Unis au sein de l'ellison Ballet, durant des stages, de les préparer et de les présenter à de grands concours internationaux. Si un partenaire venait à rejoindre ce projet, l'alliance se matérialiserait par une salle de danse. Cet été, j'emmène avec moi mon assistante Anne elisabeth Dubois qui termine son cursus à l'ecole Supérieure de Danse de Cannes rosella Hightower et trois danseurs et danseuses de 16 ans pour suivre le summer intensive à new-York et danser ma création "Des Sens Dansent" avec nos élèves new-yorkais.
Quelle est votre source d'inspiration ?Je suis attirée par la peinture. il y a plein de choses au quotidien qui nous amènent à créer. les émotions ressenties bonnes ou mauvaises.... le chorégraphe est quelqu'un qui ressent ce qui l'entoure et qui a ce besoin de les retraduire à travers un geste, un mouvement, sans avoir forcément besoin de la parole. Chorégraphier, c'est dire les choses au-trement sans expliquer ce que cela veut dire. C'est faire ressentir. Ca rejoint pour moi de près la peinture. Sans voix, c'est une communica-tion qui ressemble à la danse.
La danse, c'est de l'art mais c'est aussi un métier...Je suis pluridisciplinaire oui, mais pour être moins poétique, il s'agit aussi de vivre de mon métier. Je prépare des danseurs à des concours importants à lausanne, Berlin, londres, Paris, Tokyo, Milan. Former
des danseurs, les amener au plus haut, les accompagner. Je trouvais les concours au début de ma carrière trop commerciaux mais il est vrai que c'est nécessaire pour se confronter aux autres. et il faut s'y préparer.
Comment vous sentez-vous le plus ? Danseuse, chorégraphe, professeur, coach...lorsque j'étais danseuse, je ne pensais pas trouver autant de plaisir qu'une fois sur scène. Aujourd'hui, je suis chorégraphe, je n'ai jamais eu autant de plaisir de voir des danseurs évoluer sur mes chorégra-phies. Quant à enseigner, c'est la même chose, voir quelqu'un qui se développe, qui arrive à se dépasser, à réussir, c'est un accomplisse-ment. Je ne sais pas aujourd'hui si je pourrais être chorégraphe si je n'enseignais pas non plus. Chaque danseur a son propre langage et j'apprends d'eux chaque jour. C'est émouvant, fusionnel.
Le voyage est-il nécessaire pour le danseur. Est-ce une façon de s'ouvrir soi-même ?Absolument. Je crois que c'est nécessaire tout d'abord pour l'humanité, pour l'être humain, danseur ou pas. l'important pour se construire est d'avoir plusieurs vocabulaires, une multitude d'émotions, plusieurs couleurs... On en revient à la palette justement.
Un mot pour les jeunes danseurs...Aujourd'hui, tout est possible pour partager la danse. Cette passion est à la portée de main de tous. ne pas l'empoigner reviendrait à perdre une belle occasion de dévorer le monde...
rC
ChorégRaphe
Pascale Autrand à l'ellison Ballet © Pascale Autrand
Thursday April 5th
Friday April 6th
Saturday April 7th
Sunday April 8th
Events coming soon
Nice: + 33 (0)4 8306 6230 / New York: +1 (347) 332 6907 / Montreal: +1 (514) 907 9321 / Mexico: +52 (555) 351 2744 / [email protected] / www.artemonaco.com
Tickets at
5 - 8 April
www.grimaldiforum.com
&
18:00 to 22:00
11:00 to 18:0018:00 to 21:00
12:00 to 20:00
12:00 to 19:00
(Private Opening)
Open to PublicPrivate Reception
www.fnac.com
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Jean-Pierre Fouchy “À la recherche du temps perdu”
il vient de signer une « Polka à nice », un ouvrage sur l’exil des polonais en riviera. C’est lors de l’une de ses dédicaces au Musée Chagall que nous avons rencontré Jean-Pierre Fouchy, expert en chiffres mais aussi en lettres !
il y avait foule ce samedi là au Musée Chagall pour assister à la
présentation du dernier livre de J-P Fouchy. Une foule dans laquelle
on comptait bon nombre de ressortissants polonais et pas des
moindres ! Un ancien conseiller de lech Walesa faisait la queue pour
faire signer le livre fraîchement édité par les éditions incognito. elancé,
du haut de son mètre quatre-vingt douze, un nœud papillon vissé à
son col, la cinquantaine sportive et distinguée, J-P Fouchy a répondu
à nos questions avant de se produire avec une récitante polonaise,
Dorothée Aimé, dans une scénette présentant sur fond de diaporama
un extrait de son ouvrage.
Le musée Chagall semblait tout indiqué pour le lancement
d’Une Polka à nice.
Oui, à plus d’un titre ! Cimiez fut l’une des scènes de cette migration
slave. Ce n’est pas un hasard si on érigea en 2010, aux abords de son
monastère la statue du Pape Jean Paul ii. la comtesse polonaise Delfina
Potocka, véritable Don Juan en jupons qui introduisit Chopin à Paris,
y séjourna dans une villa où se trouve aujourd'hui l’école Stanislas…
le terrain de l'Olivetto face à l’ancien conservatoire fut à cette époque
occupé par l’un de ses amants, le comte Zygmunt Krasinski, grand
poète polonais et son épouse la comtesse elisa Branicka, mécènes de
compositeurs romantiques dont Wagner. C’est bien plus tard que je
fis moi-même mes premiers pas sur ce site qui accueillit en 1973 le
musée Chagall. A l’origine, je suis d’une famille bourguignonne expa-
triée. Mon arrière arrière-grand-père participa à la conquête de l’Algérie
avant de gagner la Tunisie. Quand nous avons débarqué à nice en
1958 je n’avais que quelques mois. Mes parents s’installèrent avenue
du docteur Bergounier, à deux pas de l’emplacement du futur musée
qui n’était alors qu’un terrain vague où j’allais jouer avec les enfants
du quartier.
Vous êtes directeur adjoint de la communication à la banque
Populaire Côte d’azur, écrivain et engagé auprès d’associa-
tions culturelles. Quel est votre parcours ?
J’ai fait mes études au lycée Masséna, dont je suis encore membre du
conseil d’administration des anciens élèves, puis suivi un cursus de
marketing à la faculté de sciences économiques en travaillant paral-
lèlement comme professeur de tennis. ensuite j’ai gagné Paris où j’ai
œuvré en tant que conseiller en études de marché tout en donnant des
cours à la faculté de droit et à celle de valrose. Quand je suis revenu
m’établir définitivement à nice, j’ai postulé à la Banque Populaire Côte
d’Azur. Après y avoir occupé plusieurs postes, j’ai intégré le dépar-
tement de la communication. Dans ma carrière, j’ai toujours été en
relation avec l’extérieur et avec le monde de l’art. De 2000 à 2006, j’ai
été ainsi administrateur des amis du MAMAC, puis membre du conseil
d’administration du conseil du public du Tnn.
De gauche à droite la villa de Delfina Potocka, aujourd’hui l’institut Stanislas de nice. © JP Fouchy / éditions incognito
Delfina Potocka nice devant le régina, la statue de la reine victoria, les trois belles dames à ses pieds représentent ses trois lieux de villégiature sur la Côte d’Azur :
Grasse, nice et Menton. louis Mauber (Paris 1875-nice 1949) © JP Fouchy / éditions incognito
, 39L i t t é r at U r E l A v i e D e S A r T S
Comment êtes-vous venu à l’écriture ?
J’ai développé l’écriture en sciences économiques, une matière où l’his-
toire est très importante, puis en faisant des recherches sur ma propre
famille, qui sera l’objet de mon prochain ouvrage.
Votre premier livre ranimait aussi une séquence historique peu connue…en 2008 avec « et nice devient le port de la Savoie » (editions Alandis),
je reconstituais au travers de onze histoires le parcours qui vit nice
tomber en 1388 dans l’escarcelle du comte de Savoie. là aussi le pro-
pos rigoureusement historique fut mis en dialogue. C’est sur ce même
principe que j’ai construit « Une Polka à nice »
Pourquoi vous être intéressé à cette immigration polonaise ?
Toutes les populations étrangères qui passèrent par nice furent étu-
diées sauf celle polonaise. le concept narratif vise à rendre cette fas-
tidieuse enquête, accessible à tous. il s’agit un niçois qui reçoit une
amie polonaise sur la côte. Au travers de leurs discussions, alors qu’ils
visitent des lieux et monuments niçois, se révèle tout ce patrimoine
méconnu qui relie la Pologne à la riviera. Ce parcours à deux voix est
agrémenté des photos prises en Pologne par mes soins. On y redé-
couvre des têtes connues, des cinéastes polonais invités à Cannes, des
figures politiques comme Poniatowski, ex ministre d’état, qui résida à
Grasse, mais « Une Polka à nice » couvre essentiellement le XiXe et le
début du XXe siècle, alors que cette diaspora nommée « la Polonia » vit
bon nombre de familles issues de l’élite immigrer chez nous. Beaucoup
y sont restés, d’autres ont gagné les etats-Unis.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre prochain projet ?
il s’agit d’un travail qui se situe là encore entre archives et fictions et
qui porte cette fois sur un de mes aïeuls, oublié de l’histoire. C’est en
fouillant dans mon passé que j’ai découvert un lointain parent, Phi-
lippe Fouchy, graveur du roi qui inventa pour louis Xiv, l’imprimerie
moderne, la forme des lettres actuelles, les procédés de gravures et
encres durables. Dans ma famille, on connaissait mieux son fils : Jean-
Paul Fouchy. Académicien de 1731 à 1788 et secrétaire perpétuel de
1744 à 1776, il écrivit les éloges de ses collègues et fréquenta voltaire,
rousseau, Diderot, les grands du siècle qui préparèrent les esprits à la
révolution. employé par louis Xv, puis par louis Xvi, Jean-Paul Fouchy
devint Académicien car il calcula l’équation de temps moyen qui per-
met de réaliser les cadrans solaires. Mes études communiquées lors de
colloques au CnrS aboutirent en 2010 à un manuscrit en passe d’être
publié et qui ranime cette période charnière où les grands esprits du
siècle des lumières remirent en cause la religion et le pouvoir établi.
Jean-Pierre Fouchy, êtes-vous vraiment de ce siècle ?
l’humanité n’évoluant pas aussi vite qu’on le souhaiterait, on retrouve
dans cette enquête beaucoup de sujets qui nourrissent le débat actuel
comme la fiscalité directe et indirecte, la recherche fondamentale face
à celle privée qui a vu le CnrS descendre dans la rue. en fait, la plupart
des problématiques qui agitaient nos parents font encore la une des
tabloïds. A cette époque, la langue était bien plus belle ! C’est la seule
différence.
oM Jean-Pierre Fouchy et son éditrice Sophie Taam © Bertrand Ornano
Gilles MiquelisL’œuvre de Gilles Miquelis est à la croisée du documentaire, du voyeurisme et du naturalisme. Une sorte de « Strip-tease » communautaire, le récit pictural d’un contemplatif qui donne à voir ce qu’il a dérobé au quotidien, à l’instant x où l’ordinaire se confond avec l’extraordinaire !
La nouvelle peinture figurative aura donc enfanté à Nice de jeunes talents promet-teurs. Gilles Miquelis fait partie de cette
génération qui, avec Gregory Forstner, en-volé pour New-York et Axel Pahlavi, pour Ber-lin, donnèrent un coup de jeune à la toile de maître, chacun empruntant un sillon différent. Pour Gilles, qui partagea avec Axel une exposi-tion à la Villa Tamaris (La Seyne-sur-Mer), puis à Londres, ce sera la comédie humaine vu des coulisses. Un spectacle de l’intime dérobée, un quotidien recadré à la manière d’Edward Hop-per (1882/1967), un peintre qui dans l’ouest américain proposa un nouveau regard sur un monde en pleine mutation industrielle. Et si à force d’être familier l’ordinaire devenait extraordinaire ! C’est tout le propos de Gilles qui convoque dans ces toiles, des baigneuses décomplexées, des ronds de cuirs en RTT/VTT, des beaufs avachis, des chiens enragés, des ménagères très libérées… Bref si Monsieur de Fursac habillait l’homme, Miquelis, lui, le dés-habille, le croque à nu et à cru. A lui, les bas morceaux et « le sot l’y laisse » ! Et pourtant on lui donnerait volontiers le bon dieu sans confes-sion. Visage d’ange, sorti d’un casting de jeune premier de la nouvelle vague, faux airs de Sami Frey, élégant, sobre ! Son coup de pinceau lui ressemble. Méfions-nous de l’eau qui dort !
Vices privés et vertus publiques
Né à Nice en 1976 en pleine jacquerie punk, au moment où le classement X permet à la bour-geoisie de s’encanailler dans l’obscurité autour de films aux titres si suggestifs qu’ils auraient pu être ceux de ses toiles, si l’artiste n’avait eu d’autres visées. « Le sexe, la nudité, ce n’est pas une fin en soi. C’est la façon la plus ef-ficace que j’ai trouvé de traiter l’humain sans vernis protecteur, tel qu’il est, tel que nous sommes tous en privé, loin des regards ! » Car c’est bien de regards qu’il s’agit dans la peinture de Miquelis, « la technique suit » explique ce dernier qui se souvient de celui tendre et cruel de Reiser qu’il classe dans son panthéon aux côtés de celui d’Hopper ou de David Hockney, deux peintres du backstage de l’American way of life. Au sortir du lycée, Gilles, qui taquine le crayon prenant pour modèles « Des photos de star-lettes de Cinémonde et des héros de la revue Strange », s’expatrie, après un passage à la Villa Thiole et à Montpellier pour y faire ses Beaux-Arts. « La peinture, c’était pas l’orien-tation de la Villa Arson. A Montpellier on était quatre à peindre sur 200. Bref, on considérait alors le dessin comme un outil, alors que c’est l’arme absolue ! »
L A V i E D E S A R T S a r t i s t e p e i n t r e 40
Oeuvres de Gilles Miquelis © jch dusanter
“C’est arrivé près de chez vous !”Cette passion, il la tient de son père, scaphandrier de profession qui peignait des aquarelles et s’adonna à la BD mais aussi de pioches plus improbables « … des illustrations à la gouache des revues des sixties, des affiches de films des années 50, des couvertures racoleuses des tabloïds à sensation comme « Détective ». Une low culture qui aiguise sa libido et lui ouvrira bientôt la voie d’un itinéraire bis dans sa quête plastique.
Fenêtre sur cours
« J’observe, je ne peint rien qui ne soit volé à la réalité. Mais je ne le fais pas pour choquer juste pour documenter ». La mariée, clope au bec et presque mise à nue, c’est une de ses copines, le jour de ses noces. « C’est assez grossier, mais quand j’ai fait des croquis de prostituées, j’ai demandé à mon épouse qui était enceinte de m’accompagner en voiture pour les photographier en douce ». Scandale, outrage ? Non an-thropologie ! Et Lautrec, Goya ou Egon Schiele s’y prenaient-ils plus ha-bilement ? L’artiste travaille d’après nature mais aussi d’après photos.
Puis il dessine sur rhodoïd et charge à l’huile parfois sur la toile, par-fois sur d’immenses calques. Fenêtres opaques, glaces sans tain ? Un exercice initié en 2003 et présenté à la galerie Norbert Pastor dont l’artiste fit partie avant de rejoindre la galerie RDF puis Sintitulo à Mougins. Les galeries passent mais les séries s’enchaînent, le peintre épiant par les planches disjointes, la province qui fait relâche le di-manche et vaque à ses occupations dans les jardinets, arrière-cours, terrains vagues, campings, plages etc. Parfois on isole le sujet comme un freak sous formol, on le capture en smala, ou en duo scabreux ca-nidé/femme ! « Les chiens, je m’en sens comme une présence mascu-line dominante, ce sont aussi des gardiens ». Des chiens de berger qui rameutent le corpus social qui s’égare, qui barrent le passage à l’intrus ? Des cerbères qui, livrés à eux-mêmes se sautent à la gorge comme dans son œuvre extraite du guide « ici Nice » et proposée à l’exposition éponyme au chantier Sang Neuf. « Ma peinture est une critique de la société actuelle. Manet, Van Gogh faisaient le même travail en leur temps. C’est le sujet qui m’intéresse, la peinture sublime l’intention, l’enrichit ! ». Ainsi les coulisses deviennent l’avant-scène, les « girls from next door », héroïnes malgré elles d’une peinture de mœurs à forte valeur cinématographique. Le 7ème art est d’ailleurs l’une des autres références du peintre, du cinéma italien (« Affreux, sales et méchants ») à celui de Bertrand Blier qui titille la condition humaine via la scène belge qui s’en fit le chantre inspiré, de « C’est arrivé près de chez vous » à la série documentaire « Strip-tease ». Et le théâtre de l’absurde n’est jamais loin : « L’humour, c’est dur à trai-ter en peinture, mais c’est un défi qui me plaît. Picasso dans le genre, reste le maître absolu. il m’a inspiré dans ce sens ». il est vrai que le grotesque selon l’angle où l’on piège peut être un puissant révélateur ! Alors, pendant que la population enfle, fait craquer les coutures, le vernis, Miquelis joue les « Peeping Tom », ses pinceaux fouillant le ventre des tribus modernes avec cette férocité mêlée d’empathie qui ne semble jamais vouloir se contenter du jugement des hommes.
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OM
l A v i e D e S A r T S a r t i s t E s C U L P t E U r42
Richard Mas L'inclassable sculpteurDifficile de classer ce talentueux sculpteur dans une quelconque catégorie de l'art tant son oeuvre est riche de diversité et d'inspiration. Au détour de son jardin qui est devenu le lieu d'exposition de ses grandes sculptures, il nous reçoit dans son atelier...
Quand l'art est-il apparu dans votre vie ? J'avais un frère qui était peintre. nous travaillions ensemble souvent pour réali-ser ses châssis. J'avais à peu près seize, dix-sept ans. ensuite, il y a eu une période d'arrêt car il fallait que je travaille pour vivre. la question de l'alimentaire se po-sait. J'avais une formation d'horticulteur paysagiste, ce qui m'a permis de travailler sur la Côte d'Azur.
Vous êtes retourné en ardèche dont vous êtes originaire...Oui et je me suis marié, j'ai fondé une fa-mille dans la Drôme. en parallèle, je com-mençais à créer des sculptures. J'ai débuté tout d'abord avec des blocs de pierre. Je les taillais directement mais j'ai aban-donné au bout d'un an car c'était quelque chose de très difficile.
Par quoi avez-vous commencé la tech-nique de sculpture ?J'ai appris le modelage et j'ai eu envie de créer des pièces de plus grande dimension que ce que j'avais pu faire jusqu'alors. la rencontre avec un fondeur m'a sérieuse-ment aidé à apprendre comment procéder. en fait, ce fondeur venait tout juste de monter sa fonderie et avait besoin de gens motivés pour l'aider dans son ouvrage. Pendant quelques temps, j'ai travaillé avec lui et c'est comme cela que j'ai appris la technique, la ciselure, la patine. De fil en aiguille, pendant quinze ans, j'ai continué la fonderie et c'est ce qui allait me servir dans mes créations.
La fonderie a laissé place à une autre recherche ?J'ai laissé de côté la fonderie au bout d'un moment, mais je continuais à revenir vers elle lorsque j'avais des pièces à réaliser. Par contre, je me suis orienté vers un ma-tériau plus adapté à ce que j'avais envie de faire : la résine polyester car elle apporte davantage de liberté et de diversité dans la couleur. Ce sont des choses aujourd'hui que je peux réaliser à mon atelier de villeneuve-loubet, même si la place com-mence parfois à manquer.
Quel a été le point de départ de votre carrière ?J'ai travaillé à Monaco dès le départ. Cela se passait à l'Hôtel Palm Beach trois années de suite. la Principauté de Monaco a été une belle aventure et correspond à une période décisive il y a une vingtaine d'années. Ac-compagnée de mon épouse, qui est deve-nue mon agent, nous avons vécu le démar-rage "professionnel" là-bas. Merveilleux.
Vous vous êtes récemment installés sur la Côte d'azur, un choix tout aussi décisif ?Cela fait deux ans et demi que nous nous sommes installés ici. Sur la Côte d'Azur, il y a un temps de rêve et il y a surtout des potentialités artistiques incroyables, une émulation importante. là où nous étions avant, c'était, il faut le dire... le désert. nous étions obligés d'aller à Paris, à lyon pour montrer les oeuvres. Très contrai-gnant... le temps passant, les enfants ont grandis et nous avons franchi le pas pour la Côte d'Azur. l'accueil a été formidable. nous ne regrettons pas ce choix.
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Quelle formation artistique avez-vous suivi ?Je suis autodidacte en fait. Mais je pense avoir pas mal de volonté. la pièce qui m'a fait connaître a été "la Poire", une résul-tante de ma formation d'horticulteur. On est loin des beaux-arts (rires). Mis à part l'apprentissage de la fonderie, j'ai pris un cours un jour. Pour l'anecdote, c'était avec un artiste qui, une après-midi, m'avait ex-pliqué ce qu'étaient les proportions que l'on trouvait sur un visage et m'avait ap-pris le modelage en l'espace d'une heure ou deux. Ca m'a suffit pour accrocher.
Comment considérez-vous votre par-cours jusqu'à présent ?J'ai eu beaucoup de difficulté au tout début car je ne savais pas toujours quel matériau utiliser pour telle ou telle sculpture. il suffi-sait que je demande à celui qui savait pour me permettre d'avancer. J'ai, disons, pris tous les mauvais chemins, donc ça a été dur et long au départ mais tous ces che-mins, finalement, m'ont permis de me for-ger et de trouver le bon ! Après, on se crée ses filets... pour ne plus tomber (rires). J'ai eu souvent des moments de découra-gement, c'est même permanent. Ce n'est jamais gagné.
Quelles ont été vos influences, vos références ?l'artiste qui m'a le plus "soufflé" fut Dubuf-fet. Je ne me suis pas inspiré de lui direc-tement mais sa façon d'oser, oser changer de vie pour devenir artiste, m'a beau-coup touché. César aussi est un géant, nous nous étions d'ailleurs rencontrés et il m'avait soutenu dans ma démarche. Arman est aussi une référence pour moi. Qu'ils compressent, qu'ils accumulent... j'aime ces gens-là qui ont osé ! Dans mon travail, j'ose. il y a alors parfois des choses qui ne passent pas du tout aux yeux du public mais j'ose tout de même. C'est mon moteur.
Quels sont vos thèmes de prédilec-tion ?C'est très diversifié. les thèmes sont la famille et la nature. l'inspiration première est celle d'appréhender l'art figuratif autre-ment. J'ai eu plusieurs périodes. "la poire en string" a été le véritable détonateur. J'ai eu des périodes où je travaillais davantage les instruments de musique, les cartes à jouer, les animaux, les fruits et légumes, mais toujours de façon détournée, humo-ristique.
C'est sous cet angle que vous abor-dez vos oeuvres ?Je réalise constamment mes oeuvres avec ce clin d'œil humoristique même si mon art reste très sérieux. Ce sont des clins d'œil à la vie, c'est comme le dit ma femme, un hymne à la vie. J'ai une passion pour la nature et là encore, ma femme soutient que je suis comme un enfant qui s'intéresse à tout.
il y a une certaine provocation ?Oui, au bon sens du terme. Je pense que l'œuvre doit être stimulée à tout prix. J'aime provoquer des grincements. C'est ma volonté d'artiste et c'est difficile sou-vent de faire passer cela. Je m'y attache et continue coûte que coûte.
Votre œuvre est très diversifiée et pourtant on reconnaît votre "patte"...l'éclectisme est devenu avec le temps une force. Ce qui était d'abord un barrage par rapport à beaucoup de galeries est devenu aujourd'hui un tremplin. Aujourd'hui, elles jouent davantage en ma faveur, les ama-teurs aiment trouver eux-mêmes le lien d'une pièce à l'autre. Cette liberté dans la création, je l'ai payée très cher au début, mais je suis resté dans ma voie, c'est ma force. Je me suis battu pour ne pas me laisser enfermer dans ce carcan. J'ai tou-jours voulu faire ce que je voulais, ce que je ressentais. Je pense que c'est cela qui est essentiel chez un artiste.
Vos projets d'expositions à venir...Plusieurs pièces, et pas des moindres, seront présentes lors du prochain grand salon d'art contemporain de Monaco (ndlr Salon ArtMonaco, du 5 au 8 avril 2012) un retour aux sources...
rC
De gauche à droite et de haut en bas : richard Mas au milieu de personnages en résine Trognon de pomme en bronze Chien en resine Chien Femme en bronze Femme contrebasse Tomate en céramique Moutons en résine Cochon en résine© Bertrand Ornano
ème
édition
Salon d’Art Actuel14 au 22 AVRIL 20122ème ETAGE PALAIS DES EXPOSITIONS - 10H / 19HESPLANADE MARECHAL DE LATTRE DE TASSIGNY - NICE
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Galerie Maud Barral Une autre expérience de l’art !
elle soufflera sa première bougie en juin, la Galerie Maud Barral a ouvert en même temps que la manifestation « l’Art Contemporain et la Côte d’Azur ». Coïncidence ? Ce nouvel espace niçois semble doué pour jeter des passerelles entre les genres et les générations !
AA sa tête Maud Barral, une jeune ga-
leriste avec un joli pedigree : 15 ans
d’exercice à la galerie Ferrero, aux
côtés de Jean Ferrero, son fondateur puis de
Guillaume Aral, son actuel propriétaire. Au-
tant dire qu’elle fut à bonne école avant de se
jeter dans le grand bain. « Je cultivais le projet
d’ouvrir mais les choses se sont précipitées
quand on m’a proposé ce vaste espace idéa-
lement situé » 250 m2 avec mezzanines, sis
de plain pied sur le port de nice, cela ne se
trouve pas sous le sabot d’un cheval. Maud
craque pour cet ancien hangar à bateaux par-
ticipant ainsi au mini tsunami qui vit, dans le
premier semestre 2011, huit lieux d’art ouvrir
leurs portes à nice.
Une nouvelle galerie pour une nouvelle
clientèle ?
Mais se lancer dans l‘aventure au cœur de la
crise et dans une ville où les acheteurs se font
plus discrets qu’à Paris, londres ou Bruxelles
fut un autre défi. « l’ACCA (ndlr l’Art Contem-
porain et la Côte d’Azur) a redonné un regain
médiatique à notre rivage. C’est vrai aussi
qu’une nouvelle génération de clients est
apparue, de jeunes notables ou des visiteurs
qui fonctionnent au coup de cœur. la crise
favorise ce type d’achat. Dans une période où
tout est sombre, ceux qui ont les moyens ont
envie de se faire plaisir. Sans compter qu’avec
l’insécurité boursière, l’art devient une valeur
refuge ! ». Aussi pour répondre à ce potentiel
mais aussi parce que c’est dans sa nature,
Maud n’a pas souhaité s’imposer une ligne di-
rectrice mais jouer la fertilisation croisée entre
les pratiques, origines et générations en mê-
lant par exemple des jeunes artistes avec des
créateurs dont la cote rassure. « Faire un lien
entre l’ancienne et la nouvelle génération, Guy
Pieters s’est construit sur ce modèle. D’autre
part, j’aime la diversité, seule me séduit l’idée
de l’artiste les mains dans la matière. Je fais
mes repérages dans les salons, les ateliers et
chez des amis collectionneurs. C’est ainsi que
j’ai découvert Thomas Fougeirol cité par la
revue « Art press » comme l’un des artistes im-
portants du siècle. C’est un quarantenaire qui
vit entre Paris et new York dont les œuvres
ont intégré le Musée d’art Moderne de Paris et
la Fondation lvMH l’été dernier.
Décloisonner
Mais il n’y a que des cimaises dans cet espace
que l’on embrasse d’un seul regard « J’ai ima-
giné ce lieu à la manière d’un loft de collec-
tionneur. Mixer les genres, les disciplines fut
aussi un postulat, d’autant qu’une dynamique
a vu ces dernières années les différentes
formes d’art se nourrir l’une, l’autre. » Ainsi
toiles, photos, sculptures, installations, objets
et mobiliers d’art se partagent l’espace dans
une scénographie qui laisse aux visiteurs
toute latitude pour flâner, pour découvrir les
pièces sous des angles différents et imaginer
comment elles pourraient s’intégrer dans leur
intérieur. les œuvres « accrochées » n’occu-
pent que 50 % de l’offre, la sculpture se taillant
la part belle. la faune de richard Orlinski (l’un
des dix artistes français les plus vendus)
côtoient des colères d’Arman, les composi-
tions stylistiques de Cipre, des installations
de l’artiste génois Pier Georgio Colombara,
influencé par l’Arte povera, des travaux de
l’ex acteur de Calibre 33 Gilbert Pedinielli, les
figures exacerbées de louis Dollé, les objets
surdimensionnés de P. Perrin, les céramiques
de Kiki Giuliana (Saint-Paul) et les pièces de
raphaël Scorbiac, dernier artiste à avoir re-
joint la galerie.
Défendre les artistes de demain
Car l’autre credo de Maud, qui regrette que
l’on ait trop tiré sur l’élastique de l’ecole de
nice au lieu de préparer la relève, c’est de
soutenir les talents en devenir ou plus confir-
més tel Jacques Pelissier. Un artiste niçois qui
présente les photographies de ses sculptures
en pâte à modeler dont un étonnant portrait
de Keith richard. « la moitié de mes artistes
travaillent en région comme eve Petruschi et
François-Xavier Orsini, diplômés de la villa Ar-
son. les autres viennent de l’hexagone ou de
l’étranger ». Ainsi la première exposition de la
galerie fut-elle consacrée à laurence Aëgerter,
Tableau de Fred Allard © Bertrand Ornano
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Salon d’Art Actuel14 au 22 AVRIL 20122ème ETAGE PALAIS DES EXPOSITIONS - 10H / 19HESPLANADE MARECHAL DE LATTRE DE TASSIGNY - NICE
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ter, découverte lors de son exposition en 2010 au MAMAC. « Laurence est née à
Marseille mais se définit comme une artiste franco hollandaise. Depuis qu’elle a 19
ans elle vit à Amsterdam où elle fit ses Beaux-arts. A l’automne 2011, nous avons
exposé deux séries de photos et un ensemble de ses tapisseries ». Pour « Les visi-
teurs », Laurence a fait des repérages au musée puis s’est approprié les lieux en
rajoutant des personnages comme le garçon au tee-shirt Bruce Lee ou des objets
tel ce jambon suspendu qui masque le regard de « la femme au chapeau noir » de
Van Dongen. Il n’y a aucun montage informatique. Tout est organisé in situ puis
photographié ». La prochaine exposition dévoilera en mai les toiles en technique
mixte de Fred Allard, un jeune plasticien niçois qui s’inspire de la mode et du Tag
et tisse un lien entre le travail des affichistes, le Pop art et le Street art. « Le thème
sera la femme via l’image de Kate Moss qui est une icône actuelle en même temps
qu’une femme aux milles facettes. »
Même si l’accrochage y change régulièrement, on peut s’étonner que la galerie ne
programme que deux expositions par an. Mais Maud préfère soutenir ses artistes
en privilégiant un travail de fond dans et hors ses murs. Une démarche trop rare et
qui participa selon la galeriste à créer « un ventre mou de près de 20 ans » après
l’école de Nice. « Par ailleurs, grâce à mon carnet d’adresse je peux compter sur
des fidèles. Mais la bonne surprise c’est que j’ai aussi une belle clientèle de pas-
sage. Le port est un quartier arty qui compte beaucoup d’antiquaires, d’ateliers et
quelques belles galeries comme le Dojo, celle d’Antoine Hierro ou mes voisins, la
galerie des Docks ».
Une nouvelle expérience à suivre qui vient enrichir une offre niçoise qui gagnera
toujours à s’étoffer pour attirer les collectionneurs.OM
Maud Barral accoudée à une sculpture de Stéphane Cipre © Bertrand Ornano
Tableau de Laurence Aegerter © Bertrand Ornano
Tableau de Jacques Pelissier © Bertrand Ornano
Sculpture de Stéphane Cipre © Bertrand Ornano
port vauban7 au 23 avrIL 2012 10H30 - 19H30
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Galerie Maud Barral16 quai des Docks - 06300 NICE04 93 07 84 25www.galerie-maud-barral.com
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