at u t - le bel ordinaire · été 2012 – hiver 2013 phase 2 initiée dès la rentrée, la...

15
Du côté des Abattoirs, les travaux avancent p. 4  ; la rencontre avec Boris Raux débouche sur des chroniques olfactives p. 6 ; la langue béarnaise passe littéralement à table grâce à de tout jeunes talents et à l’intervention du graphiste Patrice Chaminade p. 10  ; les étudiants de l’École supérieure d’art des Pyrénées investissent le quartier du Hédas à Pau p. 15, encouragés par Sébastien Vonier et Jocelyn Cottencin p. 20. On est allé fouiller dans les collections du fonds d’art contemporain p. 24. Au fait, connaissez-vous les éditions du Bel Ordinaire p. 26 ? Et savez- vous comment faire appel à leur offre d’action culturelle p. 23  ? Sinon, que faire ? Quoi voir ? Tout est résumé au dos de ce numéro p. 28. LA PAROLE EST AU BEL ORDINAIRE LE B† NUMÉR† 1 JOURNAL DU BEL ORDINAIRE, ESPACE D’ART CONTEMPORAIN / SEPTEMBRE – DÉCEMBRE 2012 EN BONUS EN ARCHE UFO LOGOS PIERRE GRANGÉ-PRADÉRAS GRATUIT

Upload: others

Post on 07-Jul-2020

0 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: at U t - Le Bel Ordinaire · été 2012 – hiver 2013 PhAsE 2 INItIéE Dès la rentrée, la deuxième phase des travaux se poursuit durant une année avec pour le Bel OrdinaireA

Du côté des Abattoirs, les travaux avancent p. 4 ; la ren contre

avec Boris Raux débouche sur des chroniques olfactives p. 6 ; la

langue béarnaise passe littéralement à table grâce à de tout jeunes

talents et à l’intervention du graphiste Patrice Chaminade p. 10 ; les étudiants de l’École supérieure d’art des Pyrénées

investissent le quartier du Hédas à Pau p. 15, encouragés par

Sébastien Vonier et Jocelyn Cottencin p. 20. On est allé fouiller

dans les collections du fonds d’art contemporain p. 24. Au fait,

connaissez-vous les éditions du Bel Ordinaire p. 26 ? Et savez-

vous comment faire appel à leur offre d’action culturelle

p. 23 ? Sinon, que faire ? Quoi voir ? Tout est résumé au dos de ce

numéro p. 28.

la parole est au Bel ordinaire

le B† nuMÉr† 1journal du Bel ordinaire, espace d’art contemporain / septemBre – décemBre 2012

EN

Bo

NU

Se

n a

rc

he

uf

o l

og

os

Pie

rr

e G

ra

nG

é-P

ra

ra

s

gratUit

Page 2: at U t - Le Bel Ordinaire · été 2012 – hiver 2013 PhAsE 2 INItIéE Dès la rentrée, la deuxième phase des travaux se poursuit durant une année avec pour le Bel OrdinaireA

LE BEL ORDINAIRE

espace d’art contemporain

Les Abattoirs

Allée Montesquieu

64 140 Billère

05 59 72 25 85

[email protected]

Comité éditorial

Hélène Lérou-Pourqué, Thierry

Ambrosini, Florence de Mecquenem,

Claire Lambert

Interviews et reportages

Catherine Bordenave, David Doucet,

Claire Lambert, Fabrice Richard

Photographies

Pas banal (pp. 4, 5, 12, 13, 15, 16, 18, 19),

Boris Raux (p. 6 à 9), Dominique

Guilhammassé (pp. 11, 17, 18), Valérie

Toulet (p. 18), Jocelyn Cottencin

(p. 20 à 22), Luke Laissac (p. 23),

Mathieu Thomassin (p. 23)

Images de prévisualisation

Simon Delotter (p. 5)

Conception graphique

Pas banal

Impression

Imprimerie Ménard (Labège)

papier 100 % recyclé

ORDINAIREmAIs pAs bANAl

Vous Venez d’ouVrir le BO numéro, premier journal du Bel ordinaire, espace d’art contemporain de la commu-nauté d’agglomération Pau-Pyrénées.

Pourquoi un journal pour le Bel Ordinaire ? Parce que nous souhaitons partager avec vous la partie souvent invisible des actions menées par cet équipement cultu-rel et artistique de notre territoire. En effet, si vous avez pu, depuis 2009, découvrir des œuvres et installations artistiques dans l’espace public, in situ ou à travers nos éditions, vous n’avez pas tous eu l’occasion de rencontrer les artistes accueillis en résidence, de participer à des ateliers ou de connaître la genèse des projets. Et comme, pour le Bel Ordinaire, le partage est une valeur fondatrice, autant que celle de la culture pour tous, il nous a semblé juste de vous proposer ce nouveau format.

Nous espérons que ce BO numéro permettra de renforcer les liens déjà tissés avec vous, mais aussi de nourrir les réflexions quant à la place de l’art et de la culture dans notre société. Des nourritures terrestres qu’il fait bon de mettre au menu quotidien !

Et j’espère que le BO numéro du Bel Ordinaire saura vous en proposer suffisamment pour que vous souhaitiez le recevoir 1 chez vous !

Martine Lignières-Cassou Présidente de la communauté d’agglomération Pau-PyrénéesDéputée-maire de Pau

1. Pour recevoir

le Journal du Bel

Ordinaire, rien de

plus simple !

Adressez un email à

belordinaire@gmail.

com avec comme

objet : « abonnement

bo numéro ».

Nous espérons que ce BO numéro permettra de renforcer les liens déjà tissés avec vous, mais aussi de nourrir les réflexions quant à la place de l’art et de la culture dans notre société.

ÉDITO / 3

Page 3: at U t - Le Bel Ordinaire · été 2012 – hiver 2013 PhAsE 2 INItIéE Dès la rentrée, la deuxième phase des travaux se poursuit durant une année avec pour le Bel OrdinaireA

1

A

BC

23

5

4

hiver 2011 – été 2012

PhAsE 1 AChEvéECommencée en décembre 2011, la première phase des

travaux s’est terminée en août dernier.

Côté Bel Ordinaire, l’espace d’art contemporain se dote

de nouveaux bureaux et de cinq logements pour les artistes

accueillis en résidence de création.

Côté Route du son, le centre de musique actuel dispose

aujourd’hui d’espaces administratifs, d’un centre de

ressources et d’une salle pour le catering (accueil et

restauration des musiciens).

été 2012 – hiver 2013

PhAsE 2 INItIéE Dès la rentrée, la deuxième phase des travaux se poursuit

durant une année avec pour le Bel Ordinaire :

– l’aménagement des espaces d’exposition :

la grande galerie (410 m2) et la petite galerie (87 m2)

– l’aménagement de l’espace pédagogique, accueil

et documentation (180 m2)

– l’aménagement d’ateliers de fabrique (1 000 m2)

printemps 2014

LE futuR sItE Bel Ordinaire : (1) ateliers de fabrication,

(2) espaces d’exposition, (3) espace pédagogique

(4) résidence d’artistes, (5) administration

Route du son : (A) studios de répétition,

(B) salle de concerts, (C) administration

Par endroits, les

bardages de bois

resteront apparents.

ci-contre et

page précédente

Le chantier des

nouveaux bureaux

et de la résidence

d’artistes au premier

semestre 2012.Durant les travaux, l’activité

du Bel Ordinaire continue avec

des propositions hors site

sur Le siTe des anciens abattoirs, la communauté d’agglomération a l’ambition de développer un espace cultu-rel et artistique de référence, remplissant les fonctions de pôle ressource pour l’art contemporain et les musiques ac-tuelles sur un vaste territoire pyrénéen.Le chantier de réhabilitation, réalisé sur deux phases pour garder la route du son en activité pendant les travaux, permettra de rénover et adapter l’ensemble des espaces en rez-de-chaussée. Les interventions de réhabilitation consistent essentiellement en une mise aux normes et une optimisation des espaces de travail et d’expositions. Les architectes, Virginie sautou et Patricia Lejeune, ont été particulièrement attentives à préserver des éléments du patrimoine industriel du site : aussi, vous pourrez découvrir ou retrouver d’anciennes faïences, une machine à froid, des rails à viande.

pho

tos

de c

ha

nti

er ©

Pa

s ba

na

l

© S

imo

n D

elo

tter

Et la Route du Son reste ouverte !ÇA VA

CHANGER lE bEl ORDINAIRE

ACTuAL I TÉ Du CHAnT IeR / 54 / ACTuAL I TÉ Du CHAnT IeR

Page 4: at U t - Le Bel Ordinaire · été 2012 – hiver 2013 PhAsE 2 INItIéE Dès la rentrée, la deuxième phase des travaux se poursuit durant une année avec pour le Bel OrdinaireA

pho

tos

des

œu

vre

s ©

Bo

ris

Rau

x

Depuis 2004, au fil de vos travaux vous élaborez ce que vous nommez une « chronique olfactive de la société ». Qu’est-ce qui vous a amené à développer cette démarche ?

D’abord, la curiosité liée à l’univers olfactif et le fait qu’il soit peu exploré en art contemporain. Cela soulève des questions : pourquoi cette absence de trace dans l’histoire de l’art ? Que peut offrir ce médium ?Notre univers olfactif est un formidable point d’en-trée sur notre société. Il est tellement significatif dans notre quotidien, sur notre façon d’être, nos rapports aux autres et finalement nous-mêmes. C’est un questionnement global à la fois simple et complexe pour essayer de mieux nous com-prendre. Je tente de ne pas être, malgré ce médium un peu particulier, enfermé dans le carcan d’une seule et même problématique. C’est peut-être un péché de jeunesse, mais il me semble plus intéressant d’es-sayer d’aborder la vie et l’art sous un spectre global et contextuel. C’est ce qu’induit d’accepter et de pen-ser la complexité. C’est, probablement, dans cette approche pondérée que se trouve la vraie radicalité. Elle induit d’accepter une part de flou, d’indétermi-né, de non limité et de mouvant. C’est dans ce sens que la nature même des odeurs m’intéresse : cette matière invisible, vaporeuse et volubile entre en résonance avec cette nouvelle manière de penser.

De ce travail d’intégration continu, étape par étape, strate par strate, est née l’idée de chronique. Au tout début, j’ai commencé à questionner notre environnement immédiat sur les pas de Michel Blazy, une forme d’appart art, qui, par rapport au land art, nous fait voyager via notre quotidien : une construction paysagère à partir du placard. Néanmoins, c’est en Richard Serra et Dan Flavin que je trouve de vrais pères et probablement en Félix Gonzales-Torres, un frère.Sauf que cela prend forcément des chemins dif-férents puisque j’ai commencé comme cela : à me balader dans les rayons des grandes surfaces.

Votre terrain de jeu, c’est le supermarché ? Entre autres : c’est un point de convergence de la population. Et puis il faut bien allez voir où sont « les gens »… Nous sommes dans une société mar-chande, commerciale, c’est un fait. C’est probable-ment le seul et véritable point de ralliement actuel. Il y aurait peut-être la mort, mais de toute façon les deux sont très liés. Si on pense la terre comme un système global, alors notre com-portement est inévitablement cannibale. Peut-il en être autre-ment ? C’est une vaste question et personnellement, j’aime bien la viande.Les gens de ma génération avons grandi dans ce capitalis-me dominant post chute du mur. La marque, le logo, les histoires fictives dictées par le marketing, même si nous n’en sommes pas dupes, nous constituent. C’est peut-être sous-jacent, voire même inconscient, mais l’influence est inévitable, scientifiquement prouvée. Après, dangereusement ou pas, c’est le point de vue de chacun.Les producteurs de biens de consommation cher-chent à essayer de nous comprendre sociologique-ment, à nous parquer, à nous classer. Ils dépensent

tant d’énergie à ça, que ce serait dommage de ne pas en exploiter les logiques et les résultats. C’est un effet miroir déformant, mais il y a toujours nous devant le miroir. Tout mon travail se résume à une volonté de comprendre ces vecteurs de transforma-tion entre un nous individuel et son image sociale. Au fil de cette exploration, il y a des pièces qui se mettent en place et en forme : la partie sera longue, mais c’est pas mal comme passe-temps !

Comment ce traduit cet intérêt pour l’univers olfactif dans vos pièces ?

La plupart du temps, j’utilise des matériaux olfactifs, c’est très rare que l’odeur ne soit pas présente. Je tra-vaille avec des odeurs brutes. Je ne les fabrique pas, je les recompose en associant différentes odeurs existantes. Je n’ai pas encore ressenti la nécessité de collaborer avec des nez ou des laboratoires, mais je pense le faire dans les années futures.Ce qui m’intéresse dans les odeurs c’est de pouvoir être dans l’abstraction, c’est davantage un travail in-tellectuel que plastique car j’utilise les odeurs et les

produits par rapport à ce qu’ils nous renvoient sociologiquement plus qu’en terme de matière brute même si les enjeux formels de ce médium sont grands…Je me positionne comme un sculp-teur, c’est paradoxal et intéressant de manier une matière invisible.

Où trouve-t-on des odeurs en art ?Si on évacue le champ des parfums, la première occurrence c’est Marcel Duchamp avec Air de Paris, qui est en fait une histoire de gazeux, de fumeux. Je me souviens de certains de ses écrits sur la pein-ture où il fustige les peintres. Selon lui, ils étaient

CHRONIquE

OlfACtIVE épisode 1

Boris rAux, PLAsTicien, infiltre le champ de l’art à travers un outil plastique peu usité : l’odeur. de-puis huit ans, il a fait des rayons cosmétiques et produits ménagers son espace à jouer. Après avoir recouvert un escalier de Savon de Marseille (2004), collectionné et mis en scène tous les gels douche du marché dans la série des Épithé­liums (2008), réalisé un Tour du monde avec 80 déodorants ushuaïa (2008), tiré les Portraits olfactifs (2009) des ha-bitants d’une cité à partir de leur parfums, crèmes et autres produits de toilette, il présente en septembre 2012 à Biza nos une sculpture réalisée avec plus de 300 kg de lessive !

ci-dessus

Épithéliums,

gels douches,

shampooings

et verres, 2008.

page précédente

Dans ma réserve, collection des

gels douche et

shampooings

disponibles sur le

marché français,

2008.

Ce qui m’intéresse dans les odeurs c’est de pouvoir

être dans l’abstraction, c’est davantage un travail intellectuel

que plastique

œuvre visible

Du 28 septembre

au 14 DÉcembre

BORIS R Aux / RÉS IDenCe De CRÉ AT IOn / 76 / RÉS IDenCe De CRÉ AT IOn / BOR IS R Aux

Page 5: at U t - Le Bel Ordinaire · été 2012 – hiver 2013 PhAsE 2 INItIéE Dès la rentrée, la deuxième phase des travaux se poursuit durant une année avec pour le Bel OrdinaireA

pho

tos

des

œu

vre

s ©

Bo

ris

Rau

x

tous drogués à la térébenthine, c’était pour cela que nombre d’entre eux s’enfermaient dans le faire, sans d’autres raisons apparentes. Là encore, une histoire d’odeurs.Il y a Joseph Beuys évidemment qui a ressenti l’odeur et l’a acceptée. Je pense que l’odeur n’était pas fortuite dans son œuvre, mais ce n’était pas forcément volontaire. Du moins, ce n’était pas son point de départ. Ernesto Neto a beaucoup tra-vaillé en introduisant des épices dans ses sculptures. À travers cela, il a cherché une intrusion dans la corporalité, on rentre dans la sculpture, elle devient intrusive. Sinon, c’est une approche assez confidentielle et nouvelle, c’est en partie pour cela que c’est intéressant à explorer.

Vous êtes accueilli en résidence au Bel Ordinaire pour intervenir sur la commune de Bizanos. Quel est le projet que vous portez ?

Cela fait partie de mes travaux très contextuels qui ne sortent pas directement de mes recherches en atelier. Je me suis intéressé à l’histoire de Biza-nos dont le passé est lié à l’eau, à la présence des lavandières. J’ai construit ce projet comme une fic-tion en m’interrogeant sur le sort des lavandières aujourd’hui. Qui seraient-elles ? Elles en auraient très certainement marre de frotter, de récurer et rêveraient d’évasion. Au mois de septembre, devant le centre culturel Daniel Balavoine, une sculpture sera spécialement créée pour permettre à notre lavandière de prendre le large, de s’évader de son quotidien. Réalisée dans un bloc de 300 kilos de lessive, cette œuvre pren-dra la forme d’un canoë kayak posé sur une voiture prête à partir.

La poudre à laver mélangée dans un peu d’eau de-vient, après séchage, dure comme la pierre en son cœur, mais prend en surface l’aspect cotonneux d’une neige fraichement tombée. La construction de cette sculpture sera l’occasion de ressentir l’histoire de Bizanos, mais surtout l’occa-

sion de débattre autour des enjeux du développement durable, de prendre conscience de nos gestes quotidiens et de leurs impacts. Entre arche de Noé et galère, cette œuvre est vouée à une lente mais inexorable dilution. À moins que cha-que Bizanosien vienne avec son godet et que ce projet artistique finisse à la machine !

C’est une des premières pièces que vous réalisez in situ, comment appréhendez-vous cette dimension de l’espace public ?

Quand on construit une pièce dans l’espace public, il ne faut pas nier le public. Il faut réussir à toucher les gens, les potentiels visiteurs. Je m’intéresse à l’histoire de la ville, à ses caractéristiques propres pour que la pièce ait un ancrage local, un écho par-ticulier pour la population avoisinante.Il y a aussi des questions techniques liées à la pé-rennité de l’œuvre, mais ce sont des paramètres techniques, un facteur limitant mais pas influant sur l’œuvre en tant que telle.

Un autre outil auquel vous avez recours est l’humour, à la fois dans les pièces que vous avez réalisées et aussi dans la manière dont vous en parlez. C’est une façon de porter un regard amusé sur le monde ? De désacraliser le rapport à l’œuvre ? Une manière de toucher plus de gens ?

Oui, c’est exactement cela. L’humour est culturel. Chez moi, c’est naturel, c’est ma façon de voir les choses, de les retranscrire. Même critique je reste

portraits olfactifs

obtenus in situ

à partir de tous les

produits corporels

utilisés quoti-

diennement par

chacun. De gauche à

droite : Jimmy, J-J b,

Jérôme, maxime

(depuis 2009).

un éternel optimiste, la flamme n’a jamais brûlé autant avant de s’éteindre : autant en profiter.Nous sommes tellement contradictoires et para-doxaux que nous sommes obligés d’en rire. L’auto-dérision a quelque chose de salvateur : non ? C’est quand même plus agréable de faire les choses sé-rieusement sans se prendre au sérieux. Et puis cela reste de l’art !

Vous avez développé un projet annexe avec le Bel Ordinaire, qu’en est-il ?

Comme le Bel Ordinaire diffuse largement ses édi-tions en France, je me suis dit que ce serait dom-mage de ne pas en profiter, ne serait-ce que pour économiser les timbres ! J’ai édité spécialement un marque-page. C’est un objet qui n’est pas assez considéré à sa juste valeur : c’est quand même grâce à lui que l’on ne perd pas le fil de l’histoire.Je reprends le principe du ticket de Jackpot. Si vous grattez l’œuvre, le support laissera échapper une odeur très particulière, même normalisée, qui fait écho avec un des acteurs économique incontour-nables dans le Béarn : l’industrie pétrochimique et gazière. « Crac Boum Hue »

Propos recueillis par Claire Lambert en juin 2012

J’ai construit ce projet comme une fiction en m’interrogeant sur le

sort des lavandières aujourd’hui. Qui seraient-elles ? Elles en

auraient très certainement marre de frotter, de récurer et rêveraient

d’évasion.

vERNIssAgE DE L’œuvRE

vendredi 28 septembre 2012 à 19 h,

espace Daniel Balavoine, Bizanos

vIsItEs COmmENtéEs

ateliers pour les scolaires en présence

de l’artiste, du 1er au 5 octobre 2012

résidenced’artiste

www.borisraux.comEn savoir plus

BORIS R Aux / RÉS IDenCe De CRÉ AT IOn / 98 / RÉS IDenCe De CRÉ AT IOn / BOR IS R Aux

© P

as

ban

al

Page 6: at U t - Le Bel Ordinaire · été 2012 – hiver 2013 PhAsE 2 INItIéE Dès la rentrée, la deuxième phase des travaux se poursuit durant une année avec pour le Bel OrdinaireA

De Janvier

à avril 2012

sOIf DE lANGuE

Associer L’ArT conTemPorAin et le béarnais, certains pensaient que la sauce n’allait pas pren-dre. mais comme dit le proverbe « N’i a pas que las mon­tanhas qui ne s’encontran pas », traduisez : il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas ! c’est donc ensemble que la direction des affaires culturelles de la communauté d’Agglomération Pau-Pyrénées, le Bel ordinaire et l’inÒc Aquitània ont imaginé ce projet. Avec Set de Lenga, le Bel ordinaire a souhaité participer d’une nouvelle manière à la reconnaissance et à la diffu-sion de la langue occitane auprès d’un large public par le biais d’une proposition graphique et artistique s’appuyant sur une sélection de proverbes béarnais.

set de lenga est

une proposition

du Bel Ordinaire et

de la direction des

affaires culturelles

de la CDA

Pau-Pyrénées en

partenariat avec

l’InÒc Aquitània et

le CAP’ÒC.

Avec les classes

grande section et

moyenne section

de maternelle à

Billère, l’escòla

calandreta paulina

à Pau, la calandreta

Titouan Lamazou

à Mazères-Lezons,

lo Collègi Calandreta

de Gasconha à Pau,

l’école bilingue

publique à Lagor, la

6e A du collège Simin

Palay à Lescar, les

3e SeGPA du collège

Jeanne d’Albret

à Pau, la classe de

2de du lycée Louis

Barthou à Pau.

référence au contexte local (Qu’a lo cap au ras deu bonet / Il a la tête près du béret), mais aussi à un champ plus universel (Se n’ès pas polit, sias aunèste / Si tu n’es pas poli, sois hon-nête). L’expérience empirique des an-ciens a ainsi façonné, par l’humour et les traits d’esprit, le tempérament des habitants de ce territoire et l’âme des Béarnais.

En cuisine Du 30 janvier au 10 février 2012, des ateliers de pratiques artistiques ont été proposés gratuitement aux éta-blissements scolaires de l’agglo et du département. 195 élèves y ont parti-cipé, issus des écoles primaires, col-lèges et lycée de Pau, Billère, Lagor, Lescar et Mazères-Lezons. Ces ate-liers animés par Patrice Chaminade et Claire Lambert, médiatrice cultu-relle au Bel Ordinaire, proposaient de mener un travail d’illustration à par-tir d’une quarantaine de proverbes béarnais, empreints de références à la culture locale ou à la portée plus uni-verselle, mais toujours teintés d’un humour qui fait joyeusement chanter cette langue historique.

À LIRE

– Dictionnaire bilingue des proverbes gascons,

André Hourcade, Éd. diverses.

– Les inscriptions et les décorations de l’habitat

rural ossalois, Jean-Pierre Dugène, 1986.

À éCOutER

Les proverbes lus en occitan sur le site

de l’InÒc Aquitania : www.in-oc.org

Une forme de restitution de ce tra-vail a été l’exposition Set de Lenga, genèse d’un projet graphique, qui a été proposée dans le péristyle de la mairie de Pau, du 12 au 27 avril 2012. Celle-ci rendait compte des étapes de réalisations du projet. Les visiteurs ont découvert des planches montrant une sélection de dessins, la collection des douze proverbes choisis et impri-més en sets de table, des enregistre-ments sonores et des photos retra-çant le travail mené en ateliers.

À table Douze de ces réalisations (une à deux par classe participante) ont été choi-sies par l’artiste-intervenant pour réaliser des sets de table distribués dans une cinquantaine de restau-rants de Pau et de l’agglomération au mois d’avril 2012. 53 établissements de Pau et des en-virons se sont engagés à la mise en valeurs des 12 sets de tables, édités à 36 000 exemplaires. Les restaura-teurs se sont inscrits dans une dy-namique territoriale offrant ainsi à la culture un nouvel espace de dif-fusion.

Aussi, pendant une semaine, le public a été invité à découvrir cette collec-tion de sets de table en papier. À travers cette proposition linguisti-que, artistique et graphique, la langue occitane s’est invitée à la table des palois, comme à celle des visiteurs de notre région, pour une occasion unique et originale de découvrir un aspect du patrimoine local.

Catherine BordenaveClaire Lambert

ci-dessus

vue de l’exposition.

Les proverbes ont

inspiré plus de 400

illustrations, parmi

lesquelles douze ont

été sélectionnées.

sEt DE lENGA

Dépoussiérer les expressions béarnaises anciennesL’utilisation de la langue occitane est un support culturel très riche car elle est le reflet d’une façon de penser propre à ses locuteurs. Rivarol disait que le langage est la peinture de nos idées. Les efforts nécessaires pour travailler une autre langue sont les prémices de l’altérité. Au travers des citations, des prover-bes, la langue occitane est ainsi por-teuse d’une sagesse populaire faisant

projet graphique et linguistique

© D

om

iniq

ue

Gu

ilh

am

ma

ssé

10 / RÉS IDenCe De CRÉ AT IOn RÉS IDenCe De CRÉ AT IOn / 11

Page 7: at U t - Le Bel Ordinaire · été 2012 – hiver 2013 PhAsE 2 INItIéE Dès la rentrée, la deuxième phase des travaux se poursuit durant une année avec pour le Bel OrdinaireA

CuIsINE GRApHIquEPATrice chAminAde doit sa formation ini-tiale à l’École supérieure des arts appliqués duperré à Paris où il a étudié le graphisme au début des années 90. il en a gardé une sensibilité aux enjeux sociaux du design qui in-fluence de façon déterminante son positionnement artisti-que. en tant que graphiste, sa production est marquée par un fort penchant pour l’usage de la typographie sous ses différents aspects, et par une attirance toute particulière pour la culture visuelle populaire dont il détourne l’énergie au bénéfice de nouveaux messages. de 2001 à 2011, il a en-seigné la typographie à l’École supérieure des arts et de la communication de Pau.

occitane, hérité de mon vécu provençal. Toutefois, la question de la mondialisation et de l’uniformisation des cultures me semble aujourd’hui un enjeu de so-ciété crucial, tant philosophique que politique. Sans y prendre part soi-même, il me semble qu’on peut être attaché à la diversité culturelle, quelle qu’elle soit. Il en est des communautés humaines comme des écosystèmes naturels : elles sont fragiles et pré-cieuses pour l’avenir. Tout comme la biodiversité constitue un réservoir génétique irremplaçable, la coexistence des langues est le gage de la préser-vation indirecte de sagesses et de connaissances variées. En nous coupant de ce vivier, il me semble que nous courons le risque de nous priver de tout un héritage d’observations et d’inventions légué par les générations passées. C’est cet héritage qui fait tout l’intérêt et le sel des proverbes sur lesquels ont planché les enfants.Incidemment, ce projet a été pour moi l’occasion de rencontrer différents acteurs qui font vivre la langue occitane en Béarn. Or je dois dire que nous avons été accueillis partout à bras ouverts par des personnes d’une grande curiosité, en phase avec le monde ac-tuel, à l’opposé des a priori que certains pourraient concevoir au sujet des milieux occitanistes. À se demander si, à tout âge, la pratique quotidienne du bilinguisme n’aurait pas pour effet naturel d’appor-ter souplesse et fraîcheur à la pensée. En remettant la langue béarnaise au goût du jour grâce à ces sets de table, nous n’avons fait que témoigner de la réelle vitalité de cette culture.

En quoi a consisté votre intervention précisément ?

Après avoir défini un cadre pédagogique et avoir accompagné les jeunes lors d’ateliers en classe, j’ai procédé à un délicat exercice de sélection, qui m’a contraint au passage à laisser de côté de nombreu-ses œuvres dignes d’intérêt (heureusement pré-sentées dans l’exposition à la mairie). Il me restait alors à retraiter graphiquement ces dessins afin de les adapter aux contraintes techniques d’une impression en aplats – condition d’une bonne tenue plastique des sets – puis à les mettre en page en vis-à-vis des proverbes. Afin de donner à ces derniers un lé-ger « accent » méridional, tout en leur garantissant une vibration visuelle

ci-dessous

un crapaud à

plumes, issu de

l’expression « Il a

autant d’argent

qu’un crapaud a

de plumes ».

à gauche

Illustration du

proverbe « Il a le

cœur poilu »,

c’est à dire qu’il

est courageux.

ci-dessous

Illustration du

proverbe « Il pleut

toujours sur les

mouillés ».

ci-contre

Le caractère

conçu pour

les sets.

Pourquoi avoir choisi de travailler sur Set de lenga ?

Le projet présentait, c’est vrai, un cahier des charges qui en faisait une résidence de création atypique, susceptible de rebuter certains artistes attachés à leur indépendance. Pour ma part, la pratique du graphisme m’ayant depuis longtemps habitué à travailler en fonction de contextes particuliers, de demandes extérieures, je préfère voir dans la contrainte un ressort créatif et une source d’inspi-ration potentielle. Je n’ai pas non plus de réticence à moduler mon langage visuel en fonction des de-mandes extérieures, à m’adapter à des situations et à des publics variés.Ici, l’idée de m’immiscer dans le paysage urbain par le biais de sets de table en papier m’a particulière-ment séduit. Une de mes préoccupations perma-nentes a toujours été en effet de diffuser mon travail de la façon la plus large possible, sans m’en tenir aux circuits spécifiques – parfois élitistes – de l’art contemporain. À la pièce unique je préfère l’édition en série (affiche, livre…) pour aller à la rencontre des gens, comme en témoigne d’ailleurs le journal gratuit publié en début d’année 1 avec le soutien du centre d’art image / imatge à Orthez. Pour ce faire, j’aime recourir à un vocabulaire graphique simple et familier de tous, qui puise sa source dans une culture urbaine et vernaculaire.

Êtes-vous un familier ou un militant de la cause régionaliste ?

A priori, pas vraiment. Et l’occitanisme n’a jamais été non plus un thème dans mon travail. Tout au plus dois-je concéder un penchant pour l’histoire ri-che et mouvementée de la littérature et de la poésie

1. P. Chaminade,

inventaire avant

travaux, journal

de l’exposition

éponyme, image /

imatge, Orthez,

février 2012

PATR ICe CHAMInADe / RÉS IDenCe De CRÉ AT IOn / 1312 / RÉS IDenCe De CRÉ AT IOn / PATR ICe CHAMInADe

pho

tos

des

atel

iers

© P

as

ban

al

© C

lair

e L

am

bert

Page 8: at U t - Le Bel Ordinaire · été 2012 – hiver 2013 PhAsE 2 INItIéE Dès la rentrée, la deuxième phase des travaux se poursuit durant une année avec pour le Bel OrdinaireA

Tout comme la biodiversité constitue un réservoir génétique

irremplaçable, la coexistence des langues est le gage de la

préservation indirecte de sagesses et de connaissances variées.

en avril

et mai 2012

© P

as

ban

al

2. Obey the Giant,

Birkhäuser, 2001,

publié en France

sous le titre la loi

du plus fort,

Pyramid, 2002.

suffisante pour coexister avec la présence des des-sins, j’ai conçu un alphabet original de lettres ca-pitales avec de nombreuses variantes. Celui-ci est une interprétation modernisée, géométrisée, des anciens lettrages gravés sur les linteaux de porte de la vallée d’Ossau et alentours. Il a en effet existé dans la région une tradition artisanale d’inscriptions dans la pierre, dont les vestiges témoignent encore du rapport très libre et spontané que les béarnais entretenaient jadis avec le modèle alphabétique. Ici, l’aspect visuel général de l’inscription comptait plus que la stricte orthodoxie épigraphique : l’approche de la lettre était encore très souple, antérieure à la ri-gidité du modèle typographique qui s’est imposé de-puis jusque dans le tréfonds des vallées. Les lettres se combinent par paires, s’interpénètrent, tout en s’adaptant à l’espace disponible. Un vivier de formes pour le typographe, que la temporalité privilégiée de cette résidence me permettait d’explorer.

On sent dans votre travail une attirance pour la démarche scientifique, l’ethnologie…

Ces dernières années ont vu émerger un débat sur les évolutions possibles du métier de graphiste. De par sa maîtrise des interactions entre les mots et les images, sa « manie » incorrigible d’organiser les informations, ce dernier est potentiellement en bonne position pour prendre une part plus active à la genèse des contenus qu’il manipule. À présent, de plus en plus de graphistes affirment leur volonté d’être les auteurs de leurs propres pu-blications. Une tendance qui s’explique peut-être par la frustration ressentie face à la conception désuète ou à la teneur inepte des messages qui leur sont souvent confiés. En 2001, l’historien et critique du design Rick Poynor suggérait à la jeune génération de « graphistes-auteurs » de s’identifier à la figure du journaliste 2. Pour ma part, je serais effectivement davantage attiré par une rencontre avec le monde de la recherche – en particulier de l’ethnologie, des visual studies anglo-saxonnes, trop peu développées chez nous. Dès que l’occa-sion se présente, j’essaie de dépasser le cadre de la commande et de m’interroger sur les origines historiques et les implications culturelles des si-gnes et des codes que je manipule sans toujours les comprendre de prime abord. Quels sont les usages du graphisme ? Comprend-on vraiment à quels be-soins profonds, à quels cahiers des charges muets celui-ci obéit ? Le temps passant, il devient de plus en plus nécessaire pour moi de prendre du recul par rapport à cette pratique palpitante mais parfois aussi paradoxalement « aveuglante », et d’étayer mon design sur une recherche plus théorique ou un fondement historique. Par souci d’éthique pro-fessionnelle ? Je l’espère.

Propos recueillis par Claire Lambert en juin 2012

ci-dessus

Les sets édités

et placés en

embuscade sur

les tables des

restaurants

participant à

l’opération en

avril 2012.

une proposition

du Bel Ordinaire

en partenariat avec

l’eSA des Pyrénées –

site Pau, et la mission

Ville d’art et histoire

de la Ville de Pau.

Installation réalisée

avec le soutien des

services de la Ville

de Pau.

ci-dessus

Alexandra Menaut

achevant sa fresque

à la craie sur le mur

du lavoir.

art, graphisme & espace publicHÉDAS

Tension ? Vous avez dit tension ?Samuel Bernou, Guillaume Bordena-ve et Ivan Rodriguez sont partis d’un constat : Le Hédas est un quartier ri-che d’une histoire singulière mâtinée de croyances et légendes urbaines. Au corpus d’histoires préexistant, le trio a décidé d’y ajouter la sienne. Prenant résolument le parti de la fiction, leur Histoire du Hédas pro-pose une redécouverte jubilatoire du quartier sur un ton décalé. Disposées sur les quatre ponts surplombants le quartier (rue Samonzet, rue Serviez, rue des Cordeliers et rue Bordenave d’Abère), des plaques informatives détournées présentent leur propre histoire du Hédas déclinée sur qua-tre périodes chronologiques allant de 1 500 à nos jours. Faisant tour à tour

considÉrÉ jusqu’Au xVii e siècle comme la limite septentrionale de la ville de Pau, le quartier du hédas a longtemps joui d’une mauvaise réputation. Tour à tour perçu comme un ruisseau, un ravin ou un égout, ce quartier a cristallisé des réalités antagonistes : ses hauteurs étaient le siège de demeures bourgeoises tandis que son lit regroupait des habitations plus modestes entre maison du bourreau et autres boucheries. ce passé a forgé un quartier aux identités patrimoniale et paysagère singulières au sein de la ville. une spécificité interrogée par onze jeunes artistes de l’École supérieure d’art des Pyrénées – site de Pau (esA) à travers sept installations éphémères investissant la rue du hédas, de la place d’espagne au château de Pau.

© P

as

ban

al

© P

as

ban

al

14 / RÉS IDenCe De CRÉ AT IOn / PATR ICe CHAMInADe HÉDAS / ART e T eSPACe PuBL IC / 15

Page 9: at U t - Le Bel Ordinaire · été 2012 – hiver 2013 PhAsE 2 INItIéE Dès la rentrée, la deuxième phase des travaux se poursuit durant une année avec pour le Bel OrdinaireA

appel à l’imagerie des blasons en in-ventant des armoiries à des maisons devenues autant de clans au sein du quartier, écrivant une histoire de la rivière et son évolution rue des Cor-deliers, jouant aux apprentis natu-ralistes amateurs de faune, flore ou minéraux rue Serviez ou délivrant de précieux conseils aux visiteurs tel un guide touristi-que face à la place d’Espagne, leur in-tervention à l’hu-mour sous-jacent se veut comme un lien entre les hau-teurs de la ville et le quartier. Un signal envers le passant incitant ce dernier à regarder et dé-couvrir un Hédas par trop souvent oublié.À côté de certaines de ces tensions historiques fictives coexiste une ins-tallation où la tension devient davan-tage palpable voire inquiétante. Sous tension, pensée par Mathilde Klug, Léa Botella et David Duhau, présente un passage piéton étrangement placé entre deux murs de pierre encadrant cette partie de la rue du Hédas. Visible de nuit grâce à deux lanternes le sur-plombant, cette mystérieuse portion habituellement très sombre se voit ici investie par un mobilier urbain in-congru. Renvoyant à la mauvaise ré-

putation historique du quartier ainsi qu’à l’ancestrale peur du noir, cette installation théâtrale agit comme une ponctuation qui incite le passant à s’avancer davantage dans le Hédas en y apportant une présence à la fois rassurante et dérangeante. De présence, il est aussi question

dans l’intervention Gestuelle minérale réalisée à la craie par Alexandra Me-naut. Empruntant à la technique du graffiti, la jeune ar-tiste réalise deux fresques murales éphémères soumi-

ses aux aléas climatiques. L’une d’en-tre-elles présente une myriade d’yeux scrutateurs qui évoquent la jungle fantastique, à la fois angoissante et oppressante que peut représenter le Hédas par endroits. Clin d’œil à Mu-rakami et au street art du sud-afri-cain Robin Rhode notamment, cette intervention incite littéralement le passant à apporter un regard neuf sur le quartier. Gestuelle minérale est composée d’un second volet nettement plus apaisant et rafraîchissant en forme de fresque aux accents aquatiques apposée sur le mur du lavoir du Hé-das. Alexandra Menaut s’intéresse à l’organisation et à la désignation des

flux de pensée et cette seconde partie de son intervention trouve en ce lieu toute sa place.

Histoire d’eauAncien ruisseau, le Hédas est en effet intimement lié à l’eau, à l’écoulement. Cette idée de mouvement, de flux est très présente dans les œuvres crées pour ce projet. En témoigne l’instal-lation de Siham Achari Berrada in-titulée Baraka. Cette étudiante ma-rocaine en cinquième année à l’ESA s’intéresse à la biculture : française et arabe. Véritable œuvre prophylac-tique, Baraka souhaite apporter la chance (baraka en arabe) à ce quar-tier, lui offrir un avenir lumineux. L’intervention de l’artiste prend ap-pui sur une clôture en bois séparant la rue d’un carré de verdure étagé tel un jardin suspendu. En forme d’ac-cordéon, cette installation bicolore rouge et verte évoquant les couleurs du drapeau du Maroc, mais égale-ment celles du Pays Basque, permet au promeneur de lire le mot baraka en français et en arabe selon son sens de circulation dans la rue du Hédas. Référence à l’art cinétique, c’est la circulation du spectateur qui permet d’appréhender l’œuvre dans sa glo-balité.Le mouvement est également de mise dans Ici m’aime de Charline Humbert. Invitant le visiteur à une

Sept installations par onze jeunes artistes qui nous font

partager leurs perceptions d’un Hédas à l’aune des frictions, des relations, des oppositions et des

dialogues qui le régissent.

ci-dessus

baraka, Siham

Achari-Berrada.

à gauche

sous tension

David Duhau,

Mathilde Klug,

Léa Botella.

à droite

ici m’aime,

Charline Humbert.

© D

om

iniq

ue

Gu

ilh

am

ma

ssé

© P

asb

an

al

16 / ART e T eSPACe PuBL IC / HÉDAS HÉDAS / ART e T eSPACe PuBL IC / 17

Page 10: at U t - Le Bel Ordinaire · été 2012 – hiver 2013 PhAsE 2 INItIéE Dès la rentrée, la deuxième phase des travaux se poursuit durant une année avec pour le Bel OrdinaireA

ci-contre

un des panneau

d’interprétation sur

l’Histoire du Hédas

par Samuel Bernou,

Guillaume Bordenave

et Ivan Rodriguez.

déambulation ludique et participa-tive, la jeune artiste utilise le prin-cipe de l’anamorphose en forme de parcours visuel où poésie et jeu de mot se rejoignent. C’est ainsi que sui-vant la découverte de grands cercles concentriques, véritable pictogram-me représentant les ondes créées à la surface de l’eau après le jet d’une pierre, en descendant l’escalier de la place Bosquet, le visiteur arrive sur la place d’Espagne avec un « monter au créneau » qui apparaît alors sur les marches. Une intervention qui incite au déplacement et aux allers-retours afin de découvrir le quartier. Après l’est, c’est à l’extrémité ouest du Hédas que Charline convie le spec-tateur, plus exactement sous le pont de la rue Bordenave d’Abère. Sous le tunnel qui mène à la maison de l’enfance, apparaît ainsi une seconde anamorphose qui là aussi joue sur les mots : « être à l’ouest » indiquant à la fois l’expression populaire et la posi-tion géographique du visiteur en ce lieu. En rebroussant chemin, ce sont de multiples flèches qui prennent forme comme autant d’injonctions à s’enfoncer au cœur du Hédas.

1, 2, 3… soleil !Après le tunnel, au bout de la rue du Hédas se trouve la Maison de l’enfan-ce Daran. Fréquentée par 43 enfants âgés de 3 à 11 ans, l’extérieur de ce bâ-

timent destiné à un jeune public est apparu assez froid et gris aux yeux de Lan Lan Su. La jeune étudiante chinoise a donc décidé d’y appor-ter de la couleur. Son intervention En jeu, transforme la petite place fai-sant face au bâtiment en véritable jeu de l’oie grandeur nature. Constitué de cercles et de cases qui se décli-nent en cinq couleurs vives, ce jeu, qui rappelle les travaux de Paul Cox, propose aux enfants d’inventer leurs propres règles et de l’utiliser à leur guise. Ludiques et rafraîchissants, ces grands aplats de couleurs géo-métriques fonctionnent également comme de forts signaux visuels en direction des passants qui circulent sur le pont surplombant ce lieu très discret. De là-haut, le château n’est plus le seul objet de tous les regards, la Maison de l’enfance prend du relief par la couleur. Refléter la face joyeuse et festive de ce quartier est également le parti pris de Camille Grand. Cette ad-miratrice du travail graphique du franco-allemand Malte Martin, a nommé son installation Présence. En s’appropriant le muret de la place du fronton, elle tente de prolonger les moments de vie de cet espace qui devient lieu d’échange et de partage temporaire lors de soirées festives, repas partagés ou jeux occasionnels. Durant ces instants furtifs, ce muret

de 16 mètres de long perd sa fonction de séparation pour devenir un banc public où règne partage, échange et convivialité. C’est ce dont témoignent les images de jambes placées sur un trompe l’œil représentant le muret qu’il recouvre. Des jambes semblant se balancer dans le vide évoquent la présence des personnes qui se sont assises sur ce muret. Témoignage de moments de vie passés, cette œuvre, par l’évocation de différentes tempo-ralités, se propose d’écrire un avenir pour ce muret en le désignant comme espace de repos propice à l’échange et aux rencontres. C’est ainsi que se referme notre déam-bulation dans le quartier. Une prome-nade où art et graphisme investissent l’espace public afin de faire découvrir le Hédas sous un autre jour.Vraiment classe ce Hédas.

David Doucet

AvEC LEs œuvREs DE

Siham Achari Berrada, Samuel

Bernou, Guillaume Bordenave, Léa

Botella, David Duhau, Camille Grand,

Charline Humbert, Mathilde Klug,

Alexandra Menaut, Yvan Rodriguez,

Lan Lan Su.

DIRECtION ARtIstIquE

Jocelyn Cottencin

et Sébastien Vonier. ci-contre

en jeu, Lan Lan Su.

ci-contre

présence,

Camille Grand.

ci-contre

Vue du plan

d’orientation réalisé

par Samuel Bernou,

Guillaume Bordenave

et Ivan Rodriguez.

© D

om

iniq

ue

Gu

ilh

am

ma

ssé

© V

alé

rie

To

ule

t

© P

as

ban

al

© P

asb

an

al

HÉDAS / ART e T eSPACe PuBL IC / 1918 / ART e T eSPACe PuBL IC / HÉDAS

Page 11: at U t - Le Bel Ordinaire · été 2012 – hiver 2013 PhAsE 2 INItIéE Dès la rentrée, la deuxième phase des travaux se poursuit durant une année avec pour le Bel OrdinaireA

Quelle est la genèse du projet du Hédas ?Au départ, il y a la volonté de Sébastien Vonier, en-seignant à l’ESA des Pyrénées, de proposer aux étu-diants de travailler dans des conditions réelles sur un projet dans l’espace public. Comme depuis 2009, le Bel Ordinaire développe des projets artistiques dans l’espace public, Sébastien s’est tourné naturel-lement vers ce partenaire. À ce moment là, Florence de Mecquenem, la directrice du Bel Ordinaire, était en discussion avec Caroline Cousin de la mission Ville d’art et d’histoire, qui souhaitait développer des parcours art contemporain et patrimoine. Le rapprochement fut simple et rapide ! Pour ce qui est de mon intervention en tant qu’artiste invité, je crois que Florence a spontanément évoqué avec Sébastien l’idée de me proposer cette expérience. Je connais bien l’ESA pour y avoir réalisé plusieurs workshops et surtout, j’ai participé aux premières résidences du Bel Ordinaire en 2009. L’installation que j’avais conçue pour la place de la mairie de Billè-re a été ensuite montrée à l’initiative d’Odile Biec, la directrice de l’ESA, dans la cour de l’école. J’avais ensuite proposé une performance avec un groupe d’étudiants en centre ville. Tous ces éléments sont constitutifs d’un réseau, de différentes histoires qui ont contribué à la mise en place de ce contexte de travail. Le choix du quartier du Hédas est lié au travail de restructuration du centre-ville de Pau. Au moment de la conception du projet, était en cours une étude sur le devenir et mutations possibles de cette partie de la ville. Le projet s’est monté de cette manière. Le déclen-cheur d’une action culturelle dans l’espace public est parfois un problème d’urbanisme, social ou ar-chitectural. Ici le quartier est mal connu des palois, en « retrait » de la ville. C’est ce qui a contribué à l’émergence de cette proposition. La discussion s’est enclenchée rapidement sur le contexte de

D’un point de vue personnel, connaissiez-vous le quartier du Hédas ? Si oui, en aviez-vous une perception particulière ?

Lors de ma résidence au Bel Ordinaire en 2009, j’avais effectué des visites régulières à Pau pour définir une zone d’intervention pour mon projet. À un moment donné, au cours d’un repérage je me suis retrouvé dans le quartier du Hédas sans savoir comment j’y étais entré.Souvent dans les projets que je développe pour l’espace public, un de mes premiers mode de com-préhension, c’est la marche et le déplacement dans l’environnement et le contexte, c’est se saisir des particularités pour pouvoir travailler avec ou en contre-point. Dans ce cas précis, je me souviens très bien être arrivé « en bas » sans savoir comment. Il y a presque cette notion de ville souterraine, de ville sous la ville. Quelques jours plus tard, j’ai voulu y retourner et j’ai dû chercher pour en retrouver les accès, les passages pour se rendre au Hédas étant peu nombreux. C’est une anecdote, mais c’est un quartier très étrange dans son raccordement à la ville haute. Le contexte était très porteur pour les étudiants parce qu’effectivement l’accès et l’identification de cette zone urbaine ne sont pas très simples. Le quar-tier en lui-même est très riche avec de nombreux aspects paradoxaux : difficile d’accès et en même temps fréquenté par les palois avec la présence de bars, des zones en friche qui côtoient de belles mai-sons. Plein de paradoxes.

Vous parliez de projets dans l’espace public. Est-ce que ce projet possède une résonance particulière par rapport à d’autres aspects de votre travail ?

La question de l’espace public est pour moi un des lieux possibles et privilégiés. Les contraintes qui s’y

activent deviennent un support. C’est probablement, mais aussi paradoxalement un des endroits les plus expérimentaux pour le champ de l’art à l’heure ac-tuelle. C’est un espace de friction avant tout, c’est ce qui me motive beaucoup dans le fait de développer et de saisir certaines opportunités pour développer des projets dans cet espace. Il y a aussi la question de la commande publique, ce que l’on appelle les 1 %, mais qui se trouve dans un cadre plus défini. Les projets que j’ai pu développer avec le Bel Ordi-naire sont pour moi très satisfaisants notamment par la possibilité d’infiltrer des espaces dédiés à d’autres fonc-tions (une place, une rue, etc.). L’idée que les gens tombent par hasard sur quelque chose qui se met sur leur chemin sans y être préparés, de voir si un dialogue s’engage ou non.J’aime aussi la mythologie qui peut se développer par rapport à ces projets. Il y a quelques années, j’ai fait une intervention à la craie qui de-vait être éphémère dans la ville de Rennes. Une phrase inscrite sur 14 mètres de long avec une sorte de motif assez décoratif qui tran-chait avec son contenu. Finalement cette phrase-là est restée en place trois ans et s’est inscrite dans le paysage, j’ai décidé de l’enlever après qu’un tag à caractère raciste y ait été apposé. Cette phrase s’est vraiment inscrite dans le tissu urbain, alors qu’elle avait été conçue pour être éphémère. Il y a encore des gens qui me parlent de cette pièce en me disant qu’il faudrait la refaire ou qui m’en parlent comme si elle avait disparu il y a une semaine alors que ça fait maintenant trois ans. J’aime cette idée

J’aime cette idée que quelque chose peut s’inscrire dans une sorte de mythologie urbaine, disparaître et continuer à exister. Ça a activé quelque chose, ça a actionné une fiction, un récit qui continue à être déployé.

travail possible pour des étudiants. Cela nous est apparu, à Sébastien et moi-même, comme une ex-périence assez inédite et très motivante de proposer aux étudiants une inscription dans le réel, de leur permettre de penser, de développer et de réaliser concrètement un projet à l’échelle d’un quartier. La question de l’espace public est très complexe, croise différents types d’interlocuteurs. Elle pose des contraintes avec lesquelles il faut jouer. Com-ment ces contraintes peuvent-elles devenir un mo-teur ? Comment affirmer et tenir un projet dans les conditions de l’espace public ? Quel est le contexte ? Comment pouvons-nous travailler avec ? Toutes ces questions sont très stimulantes à mettre en œuvre, ainsi que le fait de définir un espace de travail qui permette aux étudiants d’appréhender toutes les strates d’un projet comme celui-ci. C’est-à-dire de partir d’un geste artistique pour aboutir à sa réali-sation en passant par toutes les phases qui sont la transmission du projet à différents interlocuteurs aux sensibilités différentes : les responsables tech-niques, les interlocuteurs du champ culturel, du champ social… etc.

rencontre avec

JOCElYN COttENCIN

APrès une douBLe formATion en art et architecture, l’artiste rennais s’intéresse à différents domaines des arts dits appliqués – notamment le design, l’architecture, le gra-phisme. considérant la typographie comme un matériau graphique et plastique, jocelyn cottencin l’expérimente à travers différentes formes : la performance, l’interven-tion dans l’espace public, l’installation, le dessin, le livre, l’espace scénique. fondateur de LieuxcommunsTm en 2001, plateforme de travail autour du graphisme et de l’art im-primé, jocelyn cottencin intervient dans différentes écoles françaises et étrangères, il enseigne depuis 2006 à l’École européenne supérieure d’art de Bretagne – site de Lorient.

ci-dessus

la consommation

d’oxygène est

différente d’un

individu à l’autre,

2004, Rennes.

pho

tos

des

œu

vre

s ©

Jo

cely

n C

ott

enci

n

www.jocelyncottencin.comEn savoir plus

© P

as

ban

al

ci-dessus

i can’t believe

the news today,

2009, Billère.

JOCeLYn COT TenCIn / ART e T eSPACe PuBL IC / 2120 / ART e T eSPACe PuBL IC / JOCeLYn COT TenCIn

Page 12: at U t - Le Bel Ordinaire · été 2012 – hiver 2013 PhAsE 2 INItIéE Dès la rentrée, la deuxième phase des travaux se poursuit durant une année avec pour le Bel OrdinaireA

ci-contre

billboard,

installation évolutive

dans l’espace public.

Coproduction

de la plate-forme

artistique Au bout

du plongeoir, 2011.

que quelque chose peut s’inscrire dans une sorte de mythologie urbaine, disparaître et continuer à exister. Cette phrase a activé quelque chose, elle a actionné une fiction, un récit qui continue à être déployé.

Est-ce que vous avez des projets en cours ou futurs qui rejoindraient ces questions-là ?

En ce moment, je fais un projet pour une structure culturelle qui s’appelle Au bout du plongeoir (près de Rennes) dans un lieu en périphérie de ville dans une vieille bâtisse située à proximité d’une zone ru-rale assez importante entourée par la ville. J’ai ins-tallé un grand panneau d’affichage où je viens toutes les trois semaines y mettre une affiche, un mot, une phrase, un dessin qui prend le format de l’affiche. Le projet s’appelle Billboard et se déroule sur un an. Cette prairie où est installé Billboard, est une sorte d’archétype du potentiel de la zone à construire. Le panneau d’affichage est aussi l’élément symbolique de la communication, de l’évènement qui va se pro-duire. Les matériaux utilisés sont souvent des mots, qui font écho à mon contexte de travail et aussi à des références personnelles. J’ai enclenché sur ce projet des collaborations ponctuelles avec l’artiste Mathieu Renard, et notamment une performance que nous avons réalisée pour l’ouverture de la Bien-nale de Rennes.Je travaille actuellement sur un projet pour la ma-nifestation Estuaire à Nantes. C’est une installation lumineuse qui fait apparaître des séquences qui convoquent le paysage ou l’abstraction, ponctuées par l’apparition de phrases. Ce travail met en rela-tion des éléments opposés, le divertissement et des phrases plus graves. Cette idée de mettre en relation des forces contraires m’intéresse. Estuaire est un contexte de travail assez idéal et le dialogue engagé avec le commissaire du projet David Moinard a été important dans le développement de cette pièce. Dernièrement je viens de réaliser un multiple pour une exposition au BBB à Toulouse, une pile de pos-ter posé à même le sol de la galerie, fait pour être emporté par le visiteur. Le format de l’affiche m’inté-resse comme mode d’intervention. Récemment j’ai proposé à un centre d’art d’exposer dans le réseau de l’affichage public.Détourner ou utiliser les réseaux qui préexistent est aussi un espace possible.

Propos recueillis par David Doucet, mai 2012

Le BeL ordinAire est un lieu de curiosité et de découverte pour tous les publics. Pour donner les moyens à tous d’appréhender les différents univers contemporains, des rendez-vous autour des expositions, des résidences de création et des œuvres installées dans l’espace public sont imaginés. Visites guidées, étapes de création, ren-contres thématiques, ateliers sont autant d’outils et d’ac-tions pour permettre à chacun de comprendre le sens de la création contemporaine et son inscription dans le monde d’aujourd’hui.

Cette démarche vous intéresse ? Pour prendre rendez-vous, contactez Claire Lambert au 06 84 77 46 53 ou par email [email protected] C’est toujours le premier pas le plus difficile !

RENDEz-VOus…

AVEC VOus !

POuR tOus

Visites guidées des expositions. Pour chaque ex-position, un médiateur est présent pour répondre aux questions du public et sur simple demande des visites guidées sont organisées (à partir de 6 personnes).

Étapes de résidence de création. Les résidences artistiques peuvent être ponctuées d’un ou de plusieurs temps publics où nous vous invitons à découvrir la dé-marche d’un artiste et à venir échanger à propos de son processus de création lors d’une étape intermédiaire ou finale de travail. Ces rencontres plus informelles vous proposent de participer à un moment convivial basé sur l’échange et la rencontre.

Ateliers de pratiques artistiques en lien avec la pro-grammation. L’occasion de découvrir autrement l’univers d’un plasticien en étant soi-même dans une dynamique de création. Ces ateliers sont gratuits et sont animés par un intervenant professionnel et encadrés par une médiatrice culturelle chargée des publics.

POuR LE jEuNE PuBLIC

Depuis six ans, le Bel Ordinaire impulse des actions auprès du jeune public et s’engage aux côtés des ensei-gnants et des animateurs pour faciliter la relation des plus jeunes avec l’art et avec les artistes contemporains. Il est important que les enfants et élèves soient sensibilisés à l’art, décliné sous toutes ses formes, qu’ils voient une exposition et que cela devienne une pratique simple et d’habituelle.

Des dispositifs conçus spécifiquement pour les scolaires et centres d’animation et de loisirs :Accueil des classes en visite guidée, conçues, ima-ginées et adaptées en fonction des différents niveaux scolaires.Proposition de parcours pédagogiques pour les en-seignants pour préparer la visite en amont ou poursuivre le travail en classe, en partenariat avec le centre départe-mental de documentation pédagogique (CDDP).Élaboration d’outils de médiation ludiques pour les plus petits (à partir de 3 ans).Organisation d’ateliers thématiques.

ci-dessus

Visite guidée du

parcours Ouvrez

l’œil, avec les

affiches inédites de

Vincent Perrottet,

Ana Rocha di

Mambro et Sonnez

sans frapper, 2010.

© M

ath

ieu

Th

om

ass

in

© L

uk

e L

ais

sac

22 / ART e T eSPACe PuBL IC / JOCeLYn COT TenCIn ACT IOn CuLTuReLLe / 23

Page 13: at U t - Le Bel Ordinaire · été 2012 – hiver 2013 PhAsE 2 INItIéE Dès la rentrée, la deuxième phase des travaux se poursuit durant une année avec pour le Bel OrdinaireA

Artistes confirmés et émergents Constituée depuis 2007, la collection a été élaborée autour des notions de la lettre, du mot et de la narration en partenariat avec les acteurs de l’art contemporain du territoire notam-ment le Musée des Beaux-Arts de Pau, l’École supérieure d’art des Py-rénées, le centre d’art image / imatge et l’association accès(s). Le Fonds a une double finalité : il permet de présenter des œuvres, souvent des multiples, d’artistes em-blématiques de la création contem-poraine avec de grands noms qui y sont représentés tels Jean-Luc Ver-na, Tony Soulié, Hervé Di Rosa, Joël Hubaut, Marc Desgrandchamps, Erik Dietman, Olivier Mosset, Boris Achour, Djamel Tatah… Le Fonds permet également de gar-der la mémoire des expositions em-blématiques qui ont eu lieu à Pau et ses environs, maintenant ainsi un

fOND(u)sD’ARt CONtEmpORAIN

riche de Près de 150 œuVres faisant appel à différentes techniques : sérigraphie, photo graphie, dessin, le fonds d’art contemporain de la communauté d’Agglomération Pau-Pyrénées va s’inviter cette année dans différents lieux.

lien avec des créateurs que la popu-lation a pu rencontrer et dont elle a pu apprécier les œuvres. C’est ainsi le cas de France Cadet, Henri Cueco, Heidi Wood, Jean-Paul Labro, docu-mentation céline duval, David Coste, Vincent Perrottet…

La tournée des classes La Communauté d’Agglomération Pau-Pyrénées souhaite que cette collection puisse être mise en va-leur et présentée à un large public. Pour ce faire, l’agglo met en place via le Bel Ordinaire un partenariat avec le Centre Départemental de Docu-mentation Pédagogique (CDDP 64). Il doit permettre de toucher les éta-blissements scolaires du territoire et de sensibiliser les élèves à la réalité de la création contemporaine.

Et la suite ? L’agglo souhaitant valoriser ce Fonds auprès de tous, d’autres ac-tions vont être menées dans ce sens. La collection, composée d’œuvres en deux dimensions faciles à manipu-ler, a l’avantage d’être très facilement mobile. Elle peut ainsi aisément être montrée dans des lieux qui ne sont pas a priori dédiés aux expositions et rencontrer de nouveaux publics éloignés de la culture, remplissant ainsi une véritable mission de ser-vice public. L’aventure commence dans les éco-les !!! Affaire à suivre…

Fabrice Richard

à gauche

autour de nous,

Sabine Delcour.

ci-dessus

manifestastion,

Henri Cueco.

ci-dessus

los angeles,

Heidi Wood,

2004-2005.

à gauche

l’architecte,

documentation

Céline Duval.

La collection a l’avantage d’être très

facilement mobile. Elle peut ainsi

aisément être montrée dans des lieux qui

ne sont pas a priori dédiés aux expositions

et rencontrer de nouveaux publics.

Thousands of possibilities.Get yours.

Garçon,

Djamel Tatah.

ACT IOn CuLTuReLLe / 2524 / ACT IOn CuLTuReLLe

Page 14: at U t - Le Bel Ordinaire · été 2012 – hiver 2013 PhAsE 2 INItIéE Dès la rentrée, la deuxième phase des travaux se poursuit durant une année avec pour le Bel OrdinaireA

PuBLICAtIONs OffERtEs

Le pas de la porte Cécile Cuny – 2007

Processus artistique à quatre temps pour des expériences à vivre, à parta-ger et à restituer. Ce travail comprend des temps de collectes, d’écritures, de réalisations et d’interventions spontanées dans l’espace public, à l’intention d’habitants et passants ainsi qu’un temps de restitution par l’édition.

Du jardin invisible à la clairière en ville François Andes – 2006 / 2008

François Andes, plasticien, intervient aussi bien dans les domaines de la sculpture, du design que des arts appliqués. L’artiste a imaginé sur le site des anciens abattoirs, en tenant compte des spécificités de cette fri-che, une petite clairière en ville inté-grant les notions de parcours et de désenclavement. L’ouvrage présente une vision onirique du projet.

Le BeL ordinAire a développé ces dernières années une activité éditoriale. ces éditions sont liées prin-cipalement aux artistes accueillis en résidence. elles tentent de donner plus de lisibilité à leur production et de rendre compte du programme artistique mené dans l’espace public. Toutes ces éditions sont consultables au Bel ordinaire, une partie est offerte, l’autre est en vente au public.

PersianeÀ peau d’écran – 2008

Persiane est un dispositif qui s’im-prègne d’une ville pour en restituer un portrait sous forme d’installation. En 2007 et 2008, Simona da Pozzo et Claire Ubéda ont investi des espa-ces, créé des contextes et noué des relations autour de Persiane qui est également le résultat de réseaux In-ternet correspondant à des situations mises en place chez les habitants d’un même immeuble, place de la Libéra-tion à Pau. En mars 2008, à l’intérieur d’une caravane orange, l’installation sonore a mis en relation des habita-tions et une place publique.

SnookerUne exposition des étudiants de l’École supérieure des arts et de la communication (Pau) – 2009

Cette exposition présente des ins-tallations, vidéos, photographies, écritures et sculptures. Sont rejoués, entre autres, la poésie des objets par le biais du détournement et du dé-calage, des regards sur le monde et

berges du Gave de Pau. La carte qui témoigne de cette expérience vous permettra d’en découvrir les étapes et les sources.

PuBLICAtIONs À vENDRE

DEHORS / OUTDOOR Installations artistiques dans l’espace publicDepuis trois ans, plus d’une dizaine de projets se sont déployés dans l’espace public. En conclusion de ces résidences de création, le Bel Ordinaire édite un catalogue collec-tif. C’est pour nous l’occasion d’of-frir la possibilité de découvrir plus en avant le travail de recherche et de création des artistes accueillis, ainsi que notre démarche : investir l’espace public, c’est proposer au passants de rencontrer des formes inattendues au coin de la rue. L’idée étant de permettre à chacun de dé-couvrir des créations, sans avoir de démarche particulière à effectuer. C’est également pour nous une autre manière d’inviter les artistes à pour-

la société à travers la mise en œu-vre de symboles forts, les questions du geste et de la matière dans leurs rapports à la précarité, la fragilité et la complexité de l’existence, des rappels au corps, à l’histoire, à la mé-moire ou encore au pouvoir, avec des pointes de perspectives critiques et de rugosité.Avec les pièces de Charlotte Agricole, edwige

Armand, Patxi Bergé, Vincent Cadilhon, Yann

Casla, Margot Cirou, Bastien Cosoon,

Anne-Cécile Danvin, Quentin Hourdebaigt,

Audrey Leroy, Tommy Lorente, nobuyoshi

Takagi et Denis Trauchessec.

en partenariat avec le Frac-Collection

Aquitaine.

Mutatis_MutandisSymphonie pour un gave en lit mineur – Mathieu Immer – 2008

Une carte à déplier, le long du Gave de Pau, fil conducteur de ce projet de Mathieu Immer. Musicien contrebas-siste et producteur phonographique, s’intéressant aux sons en général, de ceux des instruments à ceux du quotidien, Mathieu Immer propose avec Mutatis_Mutandis une explo-rations des paysages sonores des

suivre leur travail de recherche et de création : au cœur du quotidien de chacun, en accord avec les énergies du territoire et en discussion avec les habitants.Français-anglais. 96 p., ill. couleur.

Éd. Communauté d’agglomération

Pau-Pyrénées – 10 euros

Dehors / Outdoor # 1Victoria Klotz, Jocelyn Cottencin,

Séverine Hubard, Julien Celdran –

2009

Dehors / Outdoor # 2Claire Dantzer, Brigitte Perroto et

Augustin Gimel, studio Medium –

2010

Dehors / Outdoor # 3Julie Morel, Christophe Clottes,

le studio Change is good – 2011

COmmENt LEs RECEvOIR ?

Rien de plus simple !

Pour les publications gratuites, envoyez-nous un

email à [email protected] en nous précisant

le nom de l’édition souhaitée et la quantité. nous vous

les ferons parvenir dans la limite des stocks disponibles

à l’adresse de votre choix.

Pour les publications payantes, envoyez-nous le

titre du livre ainsi qu’un chèque à l’ordre du Trésor

public, à l’adresse : Bel Ordinaire, espace d’art

contemporain, allée Montesquieu 64 140 Billère.

Frais de port offerts.

lEs ÉDItIONsDu b†

26 / ÉD IT IOn ÉDIT IOn / 27

Page 15: at U t - Le Bel Ordinaire · été 2012 – hiver 2013 PhAsE 2 INItIéE Dès la rentrée, la deuxième phase des travaux se poursuit durant une année avec pour le Bel OrdinaireA

b†CONtACtEZ-NOus

Direction

Florence de Mecquenem

05 59 72 25 87

Direction technique

Bruno Cornet – 05 59 72 25 86

[email protected]

Chargée de communication

et de l’action culturelle

Claire Lambert – 05 59 72 25 88

[email protected]

Adresse postale

Les Abattoirs, allée Montesquieu

64 140 Billère

SePteMBre / DÉCeMBre 2012

AR T e T eSPACe PuBL IC

Ἐν ἀρχῇ UFO Λόγος / En arché UFO logos Une œuvre de Pierre Grangé-Praderas. Médiathèque de Lons. Œuvre visible jusqu’au 27 octobre 2012, accès libre.

AR T e T eSPACe PuBL IC

Vernissage de La grande dilution de Boris Raux

espace Daniel Balavoine à Bizanos, vendredi 28 septembre, 19 h. Œuvre visible jusqu’au 14 décembre 2012, accès libre.

V IDÉO-C InÉMA

Ping Pong Vidéo – Crossing Borders / À la frontière de # 3

Carte blanche à l’agence du court métrage. Médiathèque André Labarrère à Pau, mardi 9 octobre, 19 h, accès libre.

V IDÉO-C InÉMA

Ping Pong Vidéo – Documentaire Carte blanche à Noëlle Pujol. Médiathèque André Labarrère à Pau, mardi 6 novembre 2012, 19 h, accès libre.

GR APHISMe

Journée d’étude : Écritures numériques et espace public

Dans le cadre de la 4e édition d’Ouvrez l’œil. Une proposition de l’eSA des Pyrénées. Médiathèque André Labarrère à Pau, mercredi 14 novembre, 9 h-12 h et 14 h-18 h.

Animation interactive : Gravity, 2roqs studio

Médiathèque André Labarrère à Pau, mercredi 14 novembre, 18 h 30, accès libre.

V IDÉO-C InÉMA

Ping Pong Vidéo – Because we are visual Olivia rochette et Gerard Jan-Claes.Médiathèque André Labarrère à Pau, mardi 4 décembre 2012, 19 h, accès libre.

V IDÉO-C IneMA

Ping Pong Vidéo – Carte blanche à Georgette Power

Médiathèque André Labarrère à Pau, mardi 8 janvier 2013, 19 h, accès libre.