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14-17 juin 2010
Atelier de conception et
de mise en œuvre des
programmes en direction
des adolescentes Ouagadougou – Burkina Faso
Population Council – Equilibres & Populations
Atelier de conception et de mise en œuvre de programmes en direction des adolescentes – juin 2010
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Sommaire
Présentation ...................................................................................................................................................................... 3
Participants ................................................................................................................................................................... 3
Objectifs de l’atelier ...................................................................................................................................................... 4
Attentes des participants .............................................................................................................................................. 4
Jour 1 : Mieux prendre en compte les jeunes filles laissées pour compte pour atteindre les Objectifs du Millénaire
pour le Développement. ................................................................................................................................................... 5
Session 1 : « Identifier les jeunes filles laissées pour compte et les placer au centre d’un dialogue sur les politiques
à adopter : aperçu des groupes cibles au Niger, au Burkina Faso et au Bénin. » ......................................................... 5
Session 2 : « Comment savoir quelles sont les jeunes filles touchées par les actions en cours et celles qui ne le sont
pas ? » ........................................................................................................................................................................... 6
Jour 2 : Renforcer les moyens d’action des jeunes filles : condition sine qua non pour que leur situation s’améliore et
que leurs droits se concrétisent. ....................................................................................................................................... 8
Session 1 : « Améliorer les compétences et les ressources » ....................................................................................... 8
Session 2 : « Compétences financières pour les adolescentes » .................................................................................. 9
Session 3 : « Les espaces sûrs » .................................................................................................................................... 9
Session 4 : « Éliminer le mariage précoce au Burkina Faso : un plan pour la protection, le renforcement et l’action
communautaire » ........................................................................................................................................................ 10
Jour 3 : La mobilisation communautaire : avec qui travailler dans la communauté et comment ? ............................... 11
Session 1 : « La participation » .................................................................................................................................... 11
Session 2 : « Déterminer les risques encourus par les filles » .................................................................................... 11
Table ronde avec les partenaires techniques et financiers ........................................................................................ 12
Jour 4 : Apprendre comment documenter les changements obtenus et leurs implications pour l’émergence d’un
cadre politique plus favorable. ....................................................................................................................................... 13
Session 1 : « Comment documenter les changements ? » ......................................................................................... 13
Session 2 : « Conversations sur les marchés ou comment parler de notre action de manière claire et concise » .... 13
Session 3 : « Le dividende ou bonus démographique ou fenêtre d’opportunité » ................................................... 13
Session 4 : « Suivi de l’atelier » ................................................................................................................................... 14
Atelier de conception et de mise en œuvre de programmes en direction des adolescentes – juin 2010
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Présentation
Participants
Niger :
Abdou SAHIROU, Swiss Contact
Dr Issa GADO SABO, ONG Lafia Matassa
Dr Housseini AMADOU, ONG Lafia Matassa
Dr Mele DJALO, ONG Lafia Matassa
Abdou RAZAK, ONG Lafia Matassa
Dr Asma YAROH, Ministère de la Santé
Issa SADOU, UNFPA
Burkina Faso :
Siaka TRAORÉ, UNFPA
Modeste IDO, ONG ASMADE
Caroline YAMÉOGO, ONG ASMADE, chargée de programmes
Juliette COMPAORÉ, ONG ASMADE, secrétaire exécutive
Raymond TIENDREBEOGO, ONG ASMADE
Gisèle KABORÉ, Population Council, responsable bureau Burkina Lydia SALOUCOU, IPC, directrice exécutive Clément ZOUMA, Ministère de l’Action Sociale et de la Solidarité nationale
Bénin : Nourou ADJIBADE, ONG CERADIS, directeur exécutif Pascal ATIKPA, ONG Ceradis Jonas SALIGA, ONG CERADIS
Laurent, ADJAHOUHOUE, ONG CERADIS
Mat LOWE, OOAS
Josephat AVOCE, OSV/Jordan
Dr Alexandrine DAZOGBO, UNFPA
Institut de Médecine tropicale d’Anvers
Sara VAN BELLE, chargée de l’évaluation réaliste
Dominique DUBOURG, démographe
E&P :
Aurélie DESRUMAUX, chargée de programmes (siège)
Aurélie GAL-REGNIEZ, chargée de programmes (siège)
Dominique POBEL, chargée de programmes (siège)
Rémi MINOUNGOU, assistant chargé de programmes (bureau Afrique de l’Ouest – Ouagadougou)
Claire TESSIER, responsable bureau Afrique de l’Ouest
Population Council :
Sarah ENGEBRETSEN, coordinatrice des recherches
Catherine MATERNOWSKA, consultante
Ghislaine OUEDRAOGO, consultante
Judith BRUCE, analyste politique
Atelier de conception et de mise en œuvre de programmes en direction des adolescentes – juin 2010
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Objectifs de l’atelier
Cet atelier a eu lieu dans le cadre du démarrage officiel du projet « Protéger les adolescentes ». Il a fait suite au pré-
atelier de deux jours qui a permis aux acteurs du projet de redéfinir ensemble les bases de sa mise en œuvre.
Animé par une équipe de Population Council, il a eu pour objectif de :
- Mieux comprendre les modalités d’intervention envers les jeunes filles marginalisées,
- Se familiariser avec les outils de collectes des données et de travail avec ces jeunes filles,
- Donner des perspectives à la mise en œuvre du projet en comprenant mieux les besoins des adolescentes
marginalisées.
La participation à cet atelier a été élargie (UNFPA, autres ONG) pour permettre aux différents acteurs travaillant sur la
thématique des jeunes filles marginalisées de se rencontrer, d’échanger et de s’accorder sur la mise en œuvre
d’actions concertées. Par la même, il a été l’occasion de (re)mobiliser les acteurs sur ce thème.
Rappel : les exercices que nous avons effectués sont des techniques de mise en œuvre du projet.
Attentes des participants
- Meilleure connaissance de la cible 10-14 ans, réduire la vulnérabilité de cette cible qui est la plus démunie,
- Comment toucher les filles vulnérables et particulièrement les adolescentes mariées, qui sont très difficiles à
atteindre à travers les projets classiques destinés aux jeunes (cf. Kpote Kiosque) ?
- Apprendre de nouvelles stratégies visant les adolescentes vulnérables : filles mariées, déscolarisées,
vendeuses de rue, filles domestiques…
- Connaître ce que font les autres pays en matière de programmes visant spécifiquement les filles touchées par
le mariage précoce,
- Comment réussir le passage à l’échelle d’un projet visant les jeunes filles vulnérables ? comment mobiliser
des ressources complémentaires nécessaires à ce passage à l’échelle ?
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Jour 1 : Mieux prendre en compte les jeunes filles laissées pour compte
pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement.
Session 1 : « Identifier les jeunes filles laissées pour compte et les placer au centre
d’un dialogue sur les politiques à adopter : aperçu des groupes cibles au Niger, au
Burkina Faso et au Bénin. »
Présentation Judith Bruce : Importance des termes employés : mariage précoce / mariage d’enfants. Le premier terme a moins de poids que le
second, le second ayant plus d’impact en termes de plaidoyer car il est plus choquant.
En général, les résultats d’études montrent que l’argent investi dans le domaine des femmes est plus efficace que
celui investi dans le domaine des hommes (ratio de 10). Un pourcentage très élevé de femmes deviennent cheffes de
famille en raison de la grande différence d’âge dans le mariage ou de la polygamie. Ne pas prendre en compte cette
spécificité de la sous-région revient d’une certaine manière à planifier la pauvreté.
Les filles pensent souvent qu’il y a des justifications à leur statut socio-économique faible, à l’inégalité. Elles
intériorisent cette différence dès l’enfance et elles l’intègrent véritablement à l’adolescence entre 10 et 14 ans.
Réduire la mortalité infantile et améliorer la santé maternelle : c’est lorsqu’elles sont jeunes et mères pour la première
fois que les filles sont les plus exposées au risque de mortalité maternelle. Il est stratégique de travailler avec des
filles mariées et des filles avec des enfants.
Parmi les jeunes filles de 10-24 ans, il y a plus de risques de lésions pendant l’acte sexuel. Par conséquent, les
risques de contamination à VIH sont plus élevés. Il est urgent d’investir dans les filles dans les pays où le taux
d’infection à VIH est élevé.
Qui sont les jeunes filles les plus vulnérables ? Le mariage précoce est fréquent au Burkina Faso, au Bénin et au Niger.
Il y a une corrélation très forte entre le mariage précoce et le taux d’analphabétisme.
Les catégories à risques sont déterminées selon le lieu de résidence des filles, la présence ou non des deux parents,
d’un seul parent ou d’aucun des deux parents.
Bénin : les filles urbaines sont les plus à risque population d’adolescentes très isolées qui risquent d’être
exploitées.
Burkina Faso : un grand nombre de filles en zone urbaine ne vivent pas avec leurs deux parents. 20 % des filles
isolées dans la région de Ouagadougou. Pourcentage préoccupant (chiffre clé à utiliser dans l’argumentaire de
plaidoyer).
Niger : taux élevé de filles rurales qui restent sans parents ou avec seulement la mère. Proportion importante
d’adolescentes très isolées qui risquent d’être exploitées.
C’est une des spécificités de l’Afrique de l’Ouest de voir ces taux concernant ces adolescentes marginalisées aussi
élevés.
Elément important : un nombre important d’adolescentes estiment qu’elles méritent d’être battues.
Au niveau des politiques :
Nous avons pu constater qu’il existe un vide au niveau des politiques pour les adolescents entre 10 et 14 ans.
Beaucoup de politiques sont mises en œuvre pour les enfants (comme les politiques de vaccination) et pour les
femmes sensées être ou devenir mères (gratuité des soins obstétricaux ou des consultations pré/ post natales). Ces
politiques sont visibles et à gains rapides. La relation entre les politiques destinées aux adolescents entre 10 et 14
ans et les résultats obtenus est plus complexe. Les résultats sont plus lents et moins visibles. Il y a donc peu de
programmes visant cette tranche d’âge pourtant vulnérable.
Les filles connaissent la puberté deux ans avant les garçons. C’est une des explications majeures des différences de
genre. Il est important d’avoir des stratégies spécifiques à l’âge de la puberté. Les politiques doivent devenir
beaucoup plus spécifiques et commencer à prendre en considération ces questions beaucoup plus tôt.
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Problèmes qui émergent avant l’âge de 12 ans : - Maturation sexuelle
- Consolidation des rôles liés au genre, y compris la violence à l’égard des femmes
- Changements au sein de la famille
- Responsabilité croissante vis-à-vis des tâches domestiques
- Participation moindre aux activités sociales → filles isolées/cachées
- Déscolarisation / sécurité des filles au sein de l’école
- Migration liée à l’emploi
- Représentations médiatiques de la femme
- Augmentation des besoins
- Pression de mariage : le mariage est perçu comment un moyen de gagner sa vie
Questions/ commentaires: Au Burkina Faso :
Le taux d’analphabétisme est très élevé chez les jeunes filles : 3 filles sur 4 dans le pays ne savent ni lire, ni écrire.
Les mariages précoces sont fréquents. Relation inverse entre le taux de scolarisation des filles âgées de 10-17 ans et
le pourcentage de ces filles qui sont mariées. Au moment de la puberté et au moment où on commence à parler de
mariage, le nombre de filles déscolarisées augmente sensiblement.
Nous avons remarqué que la période d’adolescence à partir de 12 ans est marquante : cela coïncide avec la fin de
l’école primaire et le passage du premier diplôme. Si la jeune fille n’obtient pas ce diplôme qui lui permet d’obtenir
l’accès à une école publique moins chère, elle risque de rester à la maison. C’est à ce moment que les discussions
sur le mariage commencent.
Bénin
Age moyen au 1er
rapport sexuel : 15,5 pour les garçons / 17 ans pour les filles (souvent en milieu scolaire et en
milieu urbain). La plupart ont leur premier rapport sexuel avant l’âge de 16 ans. Le niveau d’instruction est
caractéristique de la maternité précoce. Plus la fille est instruite, plus elle retarde le fait de tomber enceinte.
Aller contre les idées reçues : le mariage ne protège pas forcément. Les filles mariées ont moins de marge de
manœuvre pour se protéger que celles qui ne le sont pas. Ce qui implique d’avoir des stratégies particulières envers
ces dernières. Par ailleurs, il existe souvent une différence d’âge vraiment importante entre les jeunes filles et leurs
maris.
Session 2 : « Comment savoir quelles sont les jeunes filles touchées par les actions
en cours et celles qui ne le sont pas ? »
Atteindre les adolescentes qui ont les plus grands besoins : le cas du Burkina Faso.
Présentation d’un exercice de couverture : définition, intérêts, objectifs. Il permet de donner des informations sur les cibles effectivement touchées par les programmes et de constater si oui
ou non la population cible est réellement touchée. Ce n’est pas un outil d’évaluation mais de programmation.
Cet exercice implique les responsables de programme. Après l’exercice de couverture, les résultats aboutiront à des
changements programmatiques :
- Une meilleure utilisation des ressources,
- La capacité de mieux cibler les adolescents,
- De meilleurs résultats et un impact plus fort.
Nous pouvons nous référer à l’annexe B.3 du dossier « Comment faire un exercice de couverture ? » pour retrouver
l’ensemble des données essentielles à recueillir.
Un exercice en plénière nous a permis de nous mettre en situation afin de comprendre, en fonction des résultats de la
couverture sanitaire dans un pays, avec quelle cible il allait falloir travailler prioritairement.
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Conclusions - Bannir de notre vocabulaire le terme de « mariage précoce » et le remplacer par « mariage d’enfant » →
terme « choc » pour le plaidoyer, bien plus proche de la réalité. Est-ce un terme que vous êtes prêts à utiliser
dans votre plaidoyer ?
- Estime de soi : les programmes ont tendance à se focaliser sur des éléments mesurables alors que la
question de l’estime de soi que perd une jeune fille à cause de normes familiale et culturelle, quand elle arrive
à l’âge crucial de 10-12 ans, est difficilement mesurable.
Discussion :
Burkina Faso : Certaines réticences à parler de mariage d’enfants. Il serait plus acceptable de parler de mariage
précoce en raison du contexte rural et social.
Niger : « mariage précoce » est le vocable qui est utilisé le plus depuis des années. Dans toutes les langues
nationales, on parle déjà de mariage des enfants.
A retenir : - Les adolescentes ne sont pas un groupe homogène. La tranche d’âge des 10-14 ans n’est pas suffisamment
touchée par nos activités. Mais attention, le choix des cibles ne dépend pas que de la couverture, d’autres
facteurs interviennent.
- La plupart des filles sortent du circuit scolaire après le premier cycle, ce qui coïncide avec l’entrée en puberté,
âge de vulnérabilité. Le cumul de ces deux variables en fait une période d’extrême fragilité. Il doit y avoir des
actions spécifiques pour cibler cette période. Il existe une corrélation entre l’âge de sortie de l’école et l’âge
de la maternité.
- D’après les études, il est plus rentable d’investir dans les filles que dans les garçons (santé, éducation …). 30
à 50 % des femmes supportent seules leurs foyers.
- L’importance des chiffres/des données dans le plaidoyer.
- Importance de connaître le contexte et les capacités de l’adolescente à affronter des difficultés : présence des
parents, tutelle …
- Demander des études avec des projections.
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Jour 2 : Renforcer les moyens d’action des jeunes filles : condition sine
qua non pour que leur situation s’améliore et que leurs droits se
concrétisent.
Quelles sont les caractéristiques que nous pouvons changer pour les filles et celles que nous ne pouvons pas
changer ? Que souhaitons-nous changer chez les filles ?
Quelles sont les capacités, ressources et capitaux sur lesquels nous pouvons travailler avec les filles ? Sur quels
éléments doit-on s’appuyer pour développer un programme efficace ?
Sketch : Exemple d’argumentaire pour le plaidoyer ciblant un Ministre des Finances.
Le plaidoyer a été très convaincant. Cet exercice a montré qu’un plaidoyer se prépare avec des arguments chiffrés. Il
faut bien choisir les chiffres les plus pertinents pour ne pas noyer son auditeur d’informations confuses et attirer son
attention. Un argumentaire doit être pertinent et convaincant.
Exercice en groupe : Déterminer un groupe de filles et trois compétences que l’on souhaite développer avec ces filles.
Bénin :
Cibles : filles vendeuses, mariées
Compétences à développer : santé, vie sociale et vie économique.
Niger :
Cibles : filles de 10 à 14 ans risquant de devenir des domestiques. Renforcement des capacités des filles qui ont l’âge
d’aller à l’école et risquant d’abandonner.
Compétences à renforcer : compétences de vie, scolarisation et AGR.
Burkina Faso :
Cibles : les vendeuses ambulantes et de 10 à 15 ans.
Compétences à développer : Droits humains et vie courante, renforcement des capacités financières, alphabétisation
fonctionnelle.
Session 1 : « Améliorer les compétences et les ressources »
Déterminer les besoins des filles et ce qui est changeable en trois années de mise en œuvre de projet.
Importance d’aider la personne à construire son réseau social et pouvoir se comporter comme un individu dans la
communauté.
L’espace de la femme est souvent limité à l’espace domestique. Les garçons ont beaucoup plus de compétences que
les filles pour s’insérer dans l’espace public.
Souvent le concept de « protection » revient pour expliquer la limitation des possibilités des filles. Le réseau social
peut devenir une protection pour les filles. Les filles désocialisées sont plus exposées à la violation de leurs droits.
Pour favoriser l’efficacité de l’action, il faudrait intégrer la fille vulnérable dans un programme plus global. Amener la
jeune fille dans un système pour qu’elle puisse comprendre la société globale, son environnement, l’amener à
maîtriser les circuits de financements après avoir renforcé ses compétences. Du point de vue de la maîtrise de soi, il
est important que la jeune fille puisse connaître son statut sérologique et acquérir aussi les réflexes de protection. Du
point de vue de l’état civil, il est crucial de l’amener à comprendre et à intérioriser son statut de personne.
Opportunité offerte par les activités génératrices de revenus renforcer la possibilité de pouvoir négocier les
rapports sexuels.
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Exercice en groupe : Déterminer à partir de quel âge les jeunes filles doivent acquérir un certain nombre de compétences.
Cet exercice nous a montré que les jeunes filles doivent acquérir la majorité des compétences entre 10 et 14 ans.
Les études montrent que ce n’est pas parce que l’on donne les informations tôt que les relations sexuelles des jeunes
vont être plus précoces. Aucune étude ne montre une corrélation entre ces deux phénomènes.
Exercice en groupe:
Déterminer pour chaque catégorie de filles (domestiques, femmes avec un enfant, fille au marché qui a 16 ans) les
dépenses et les revenus.
Cet exercice nous a permis de déterminer les variables financières sur lesquelles les programmes en direction des
jeunes filles peuvent influer. Cela nous a amené à réfléchir sur les capacités financières des filles et sur les types
d’activités génératrices de revenus qu’elles seraient susceptibles de mettre en œuvre.
Session 2 : « Compétences financières pour les adolescentes »
Pourquoi une fille de 14 ans a-t-elle besoin de compétences financières ? Comment concilier travail et éducation ?
Question de l’âge des filles ? De l’école ? Des droits ?
Il est nécessaire de travailler dans un processus de renforcement des capacités financières des filles. Curriculum de
finance et éducation sont des éléments très importants pour définir les besoins et les sources de revenus. Avoir des
revenus est une protection contre la violence. Avoir des objectifs est très important pour les filles. Il est incontournable
quand on travaille avec les jeunes de travailler à la définition de leurs perspectives. Il importe de donner les moyens
aux filles d’aller vers les institutions.
Session 3 : « Les espaces sûrs »
Trois éléments clés de la structuration d’un espace sûr :
1) Un lieu physique de rencontre
2) Amis/ réseau social
3) Mentors (une femme obligatoirement). L’idée de mentor est de trouver auprès d’une personne de la
communauté (une femme) une protection et des conseils.
Présentation « La communauté U compound »
A travers cette présentation, nous avons pu comprendre davantage ce qu’est un espace sûr et comment acter
l’appropriation de cet espace pour les filles. Ici, par exemple, une affiche a été conçue pour définir les horaires
d’occupation d’une salle de classe par les filles.
Il est possible de trouver en ligne le guide « All in one » en santé de la reproduction (site de Population Council)
Film : 1000 jeunes filles (Burkina Faso)
Une des filles de la promotion de 1996 du Sourou est venue témoigner. Elle a travaillé dans le tissage puis dans la
teinture. Elle a pu bénéficier du Fonds d’appui aux activités génératrices des femmes du FNUAP, elle a eu un crédit et
a pu recommencer ses activités grâce à la teinture. On lui a appris comment transférer les compétences.
« Certaines filles de la 2ème
promotion après leur sortie m’ont approchée pour recevoir des conseils. Une voulait faire
la culture maraichère mais la formation du Sourou n’avait pas été adaptée. Je l’ai formée en teinture et en même
temps elle a continué la culture maraichère car elle avait déjà investi. »
Conclusion: Travailler avec les jeunes filles a pour but de définir avec elles un projet et d’essayer de leur donner des outils pour
qu’elles puissent le conduire. Nos cibles sont des mineurs et en Occident ce sont des cibles protégées. En Afrique,
elles ne sont pas protégées, elles sont livrées à elles-mêmes sans avoir les capacités de gérer cette situation.
L’essentiel des compétences doit s’acquérir à l’âge de 10 ans. Cela a été montré avec l’exercice de classement des
compétences. A partir de 12 à 14 ans, on essaie de donner des compétences complémentaires.
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Session 4 : « Éliminer le mariage précoce au Burkina Faso : un plan pour la
protection, le renforcement et l’action communautaire »
Nous avons appris que les communautés ne connaissaient pas l’âge légal au mariage. Il est nécessaire de faire du
plaidoyer au niveau national pour que les lois écrites soient connues de la population. Pour diminuer le taux de
fécondité, il faut que les femmes se marient plus tard (quand on se marie tôt, on a des enfants tôt). Si tout le monde
se mariait 2 à 3 ans plus tard, on éviterait à chaque femme 2 à 3 enfants avec pour conséquences :
La diminution de la croissance démographique
La diminution de la mortalité maternelle.
Présentation du cas de l’Egypte, documentaire - Projet Ishrak
Le projet consiste à créer des espaces sûrs pour les jeunes filles. Les filles sont très marginalisées par les normes
sociales. Elles ne portent pas de pantalon, ne se baladent jamais seules, leurs responsabilités sociales commencent
très tôt, elles ne peuvent pas donner leur avis, ni influer sur les prises de décisions.
Compte tenu de ce contexte, à travers ce projet, des moyens d’augmenter les compétences des filles ont été mis en
oeuvre. Alors que nous venons de voir qu’il était difficile de parler de certaines choses à des filles en raison du
contexte, nous constatons néanmoins, grâce à ce projet, qu’il est possible de trouver des moyens de contourner le
contexte.
Cet exemple nous a montré aussi l’importance de créer des « espaces sûrs » pour les filles.
La particularité de ce projet est qu’il ne touche pas spécifiquement les filles mais inclut également les garçons, les
parents des filles et les chefs de communauté. Il est important de penser à l’après : comment valoriser les capacités
des filles au sein de la communauté ?
Domaines d’intervention :
- Compétences de vie courante
- Communication, prise de décision, négociation → la fille peut avoir une voix dans les questions de mariage.
Auparavant, les filles n’avaient pas le droit de s’exprimer même si le sujet en question les concernait. Parfois,
elles ne peuvent même pas s’adresser à leurs parents, elles doivent passer par leurs frères.
- Santé de la reproduction
- Nutrition, hygiène, environnement
- Sport : jeux traditionnels et récréatifs
- (Re)Scolarisation des filles
- Formation des garçons : genre, droits humains, pour aider les garçons à mieux comprendre la situation des
jeunes filles et comprendre que les filles peuvent autant qu’eux contribuer à l’amélioration de la situation de la
communauté
- Formation en gestion et finance
Acteurs clés : promotrice, conseillère, niveau Bac, servent de lien entre filles/familles/projet Ishrak
Ce qui a permis d’avoir une évolution de la société et de la communauté la fréquence des séances organisées
avec les filles.
Impact : 92 % des filles ont réussi leur examen d’alphabétisation après avoir participé au programme.
Conclusion:
Pour travailler avec les adolescentes, il faut avoir une vision de ce que nous voulons faire. Exécuter pour exécuter ne
marche pas. S’il y existe aujourd’hui un projet Mariage précoce au Burkina Faso, il découle de qui a été observé après
le projet 1000 jeunes filles. En deux ans, des résultats palpables ont été observés, c’est pour cela que le Ministère et
l’UNICEF ont accepté d’étendre le projet. C’est le même processus avec les Kpote Kiosque.
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Jour 3 : La mobilisation communautaire : avec qui travailler dans la
communauté et comment ?
Comment ancrer les programmes dans les communautés ?
Session 1 : « La participation »
Exercice de stratégie de défense de ses biens :
- Quand on travaille ensemble on peut mieux protéger ce que l’on a
- Il est important de travailler sur la stratégie en amont
- Concertation/ consensus
- Répartition des rôles et connaissance de la force de chacun
- Chaque membre de la communauté participe à la défense des intérêts du groupe
Echelle de participation :
L’échelle de participation est un axe sur lequel se mesure le degré de participation des communautés aux projets
selon les stratégies utilisées par les opérateurs.
Où se situent les ONG sur l’échelle de la participation ? Chaque structure a pu déterminer sa position actuelle sur
l’échelle de participation des communautés dans la mise en œuvre des projets. Cela nous a permis de réfléchir sur
nos visions de la participation, sur ce que nous faisons et ce vers quoi nous souhaiterions tendre.
Exercice en groupe : Nous avons pu définir collectivement une liste de potentiels opposants au projet :
1) Parents / tuteurs
2) Leaders religieux et communautaires
3) Maris
4) Enseignants
5) Patrons
Session 2 : « Déterminer les risques encourus par les filles »
Présentation « Smart girls program »
La notion d’appropriation de l’espace est très importante.
Présentation de la cartographie sociale : Identifier les risques auxquels les filles sont exposées. C’est une
cartographie du risque qui permet de situer les problèmes et d’identifier les moyens de les résoudre. Il est possible de
faire une carte sociale dans tous les espaces géographiques que fréquentent les filles.
Exercice en groupe pays : dessiner le centre de sa ville. Ces cartes sont une perception de la réalité. Les auteurs de la carte n’ont pas tous la même perception de la réalité.
Ce qui est intéressant dans ces exercices est le processus. L’exercice est un support pour tenter de cerner les
perceptions de l’espace par les filles.
Présentation du journal intime : Le journal intime retrace les risques encourus par les filles selon les lieux fréquentés et les moments de la journée.
Différents facteurs interviennent comme la zone d’habitat, les déplacements et l’activité commerciale.
Un exercice en groupe pays a été fait pour comprendre ce qu’est le journal intime.
Tous ces outils sont assez simples à utiliser et vont permettre aux jeunes filles de participer pleinement à
l’exécution du projet. Ils vont permettre de monter dans l’échelle de participation.
Atelier de conception et de mise en œuvre de programmes en direction des adolescentes – juin 2010
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A retenir : Pour toucher ces filles, pour qu’elles fréquentent nos centres, il faut leur proposer quelque chose.
On ne peut pas se contenter de parler seulement de santé de la reproduction. Si les filles doivent se lever
plus tôt le matin pour accomplir leurs tâches ménagères avant d’aller au centre jeune, ce n’est pas pour
entendre seulement de la sensibilisation/prévention sur les IST. Il faut leur proposer aussi d’autres activités
plus concrètes (alphabétisation) intégrant les aspects de santé et droits sexuels et de la procréation.
Table ronde avec les partenaires techniques et financiers
A la fin de la journée, une table ronde a réuni les acteurs du projet, les associés, Population Council et divers PTF
(UE, AFD, Coopération néerlandaise, Coopération française, Direction de la Santé et de la Famille, Ministère de
l’Action Sociale, Direction régionale de la santé du Centre, Réseau des Parlementaires en Population et
Développement…) concernés par la thématique des jeunes filles marginalisées.
Les objectifs de cette table ronde étaient de :
- présenter aux PTF le projet et ses enjeux ;
- communiquer sur le projet et informer de son démarrage ;
- mobiliser les PTF et ouvrir le dialogue avec eux.
Cette table ronde a été très active. Les PTF présents ont montré leur intérêt pour le projet en posant de nombreuses
questions et en soulignant la pertinence des actions présentées. Un échange constructif a pu avoir lieu entre les PTF
et les acteurs du projet.
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Jour 4 : Apprendre comment documenter les changements obtenus et
leurs implications pour l’émergence d’un cadre politique plus favorable.
Session 1 : « Comment documenter les changements ? »
Comparaison avec l’accession au pouvoir de Barack Obama aux Etats-Unis.
Les changements chez la fille (portrait d’une fille mariée) :
Temps 1 : n’a ni ami(e) s, ni contact avec des femmes hors de la famille
Temps 2 : après avoir participé au programme, elle a 5 amies qu’elle voit chaque semaine
→ Changement visible
Nous avons pu définir par groupe pays les changements que nous attendons chez la jeune fille à travers la mise en
œuvre de notre projet. Cela nous a permis de définir davantage ce sur quoi nous voulons agir et vers quels
changements nous voulons aller. Quelles sont les capacités des filles que nous voulons renforcer ?
Cet exercice nous a permis d’affiner davantage notre projet.
Les principaux évènements de la vie d’une jeune fille :
Le mariage, le premier rapport sexuel, le début ou l’arrêt de la scolarité, les menstruations, les pratiques
traditionnelles comme l’excision, les coercitions, violences, sévices sexuels.
Pour atteindre les jeunes filles : prévoir l’accès à des lieux sûrs, (re) créer des réseaux sociaux.
Session 2 : « Conversations sur les marchés ou comment parler de notre action de
manière claire et concise »
Exercice en groupe : Comment présenter en 3 minutes et en quelques points clés les principaux éléments du
projet ? Objectif : convaincre n’importe quelle cible, dans n’importe quelle circonstance.
- Qui sont les filles vulnérables ?
- Comment travailler avec elles?
A travers cet exercice, nous avons vu qu’il est crucial et incontournable de pouvoir/savoir présenter de manière claire
et concise le projet, les cibles et les stratégies et de justifier par quelques chiffres clés notre intervention.
C’est un exercice de plaidoyer qui nous prépare à être prêts à n’importe quel moment.
A retenir :
- Rappeler les efforts en faveur de la cible qui sont déjà faits dans les programmes (ministères, bailleur de
fonds),
- Donner des chiffres clés, « choc », concernant la situation des filles vulnérables dans le pays,
- Donner un exemple « choc »
- Comment le projet peut-il contribuer aux objectifs déjà définis au niveau politique,
- Obtenir un rendez-vous rapidement pour diffuser les documents et d’autres chiffres.
Session 3 : « Le dividende ou bonus démographique ou fenêtre d’opportunité »
Définition du dividende démographique : situation d’un pays caractérisé par une population très jeune et qui
connaît une baisse de sa fécondité. Les actifs qui produisent des biens deviennent plus nombreux que les inactifs qui
en bénéficient. On peut en profiter pour développer le pays. Sans diminution de la fécondité il n’y a pas de dividende
démographique.
Atelier de conception et de mise en œuvre de programmes en direction des adolescentes – juin 2010
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Situation dans laquelle un pays produit plus de richesses dont ce pays a besoin pour assurer ses besoins socio-
économiques → fenêtre. Mais, attention, la fenêtre se referme (comme dans les sociétés occidentales par exemple
avec plus de personnes âgées, accroissement du nombre d’inactifs).
Il faut donc en profiter, dès que le taux de fécondité diminue, ce qui est le cas dans presque tous les pays africains –
sauf le Niger.
Comment profiter de cette fenêtre ?
Les gouvernements doivent être au courant et investir :
améliorer les infrastructures
Augmenter les investissements
Innovations technologiques (dans les champs par exemple, arrêter de creuser à la daba)
Renforcement des capacités institutionnelles
Si l’âge au mariage recule, la fécondité diminue. Si on recule l’âge au mariage de 5 ans : réduction de 15 à 20 % de la
croissance de la population. Il suffit de respecter la loi.
Réduire la fécondité en faisant en sorte que les femmes aient des enfants quand elles le veulent.
Questions/ commentaires :
- Il n’y a pas d’ordre établi, il faut coupler les programmes de planification familiale et les programmes
d’éducation.
- Pourquoi la Chine est la première puissance économique du monde alors même que ce pays est caractérisé
par sa forte population ? parce que les Chinois ont maîtrisé leur fécondité avec un enfant par femme. C’est ça
qui leur a permis de se développer. Attention tout de même à analyser le choix de la Chine avec précaution.
La politique de l’enfant unique a apporté son lot de discriminations envers les filles avec les dérives que l’on
connaît.
Session 4 : « Suivi de l’atelier »
Il y a une task force « jeunes filles » qui est menée par l’UNFPA, UNICEF et toutes les autres agences → il y aura des
fonds pour l’assistance technique et financière.
Il est important de ne pas perdre les compétences et la motivation acquises pendant l’atelier. Chaque pays est invité à
lancer un groupe de travail sur la thématique des jeunes filles vulnérables qui se réunit régulièrement. Chaque groupe
pays peut envoyer ses idées. Population council pourra être assistant technique. Avantage d’avoir un regroupement d’acteurs-clés sur la question de la fille de plus en plus d’intérêts des bailleurs
des fonds sur les actions ciblant les jeunes filles.
Formation de groupes de plaidoyer ou task-force :
- au Bénin : L’UNFPA est chargée de la convocation d’une réunion avec tous les membres de l’équipe
- Gisèle Kabore de Population Council pour le Burkina
- Lafia Matassa pour le Niger
Grandes orientations internationales à venir concernant les filles (Judith Bruce)
- Prochainement, grande campagne internationale avec des personnalités sur la question du mariage des
enfants
- USAID : engagement pour la santé des filles. L’UNFPA a défini les jeunes filles comme une priorité. Il est
probable que cela s’étende aux autres pays africains.
- La Banque mondiale a un projet sur les filles adolescentes (a eu lieu au Liberia et au Rwanda)
- Groupe thématique au Niger « Genre et droits humains ».
Conclusion générale de l’atelier : Les quatre jours de formation ont été intenses mais néanmoins nécessaires au bon démarrage du projet. Grâce à
l’ensemble des outils acquis, les associations sur le terrain seront plus efficaces pour atteindre les différents types de
filles vulnérables (nous avons vu que cette catégorie n’était pas homogène).
La participation a été très dynamique et les interventions très pertinentes, ce qui nous conduit à souligner l’intérêt
partagé par tous pour travailler avec les jeunes filles défavorisées.
De manière globale, l’évaluation a montré que cet atelier a été apprécié par les participants et leur a été utile.