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1 AVERTISSEMENT Ce texte a été téléchargé depuis le site http://leproscenium.com Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (la SACD par exemple pour la France). Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues, même a posteriori. Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraine des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation. Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs. Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

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AVERTISSEMENT

Ce texte a été téléchargé depuis le site

http://leproscenium.com

Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (la SACD par

exemple pour la France).

Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et

vérifie que les autorisations ont été obtenues, même a posteriori. Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit

s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraine des sanctions

(financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation.

Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs.

Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

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UNE COMEDIE EN DEUX ACTES D’ ALAIN RAVOLET

THEATRE

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Le synopsis

Une Maison de Retraite un peu spéciale où le petit personnel est un peu trop présent au goût de Rose et Odette, deux pensionnaires complètement loufoques. Il y a également Momo qui s’est retrouvé là par hasard parmi tous ces vieux ; il a tendance à faire des bêtises. La Directrice est heureuse de laisser sa place mais voilà, la personne qui doit la remplacer est douteuse car un dangereux criminel s’est évadé ; la confusion règne jusqu’à la fin. Malgré de multiples rebondissements, tout finira bien par s’arranger.

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LES PERSONNAGES

Ginette : c’est la plus ancienne des femmes de service ; elle est chargée de former une petite nouvelle.

Corinne : la nouvelle femme de service ; elle est plutôt stupide et ne comprend pas tout.

Momo : on ne sait pas trop ce qu’il fait là car il est bien plus jeune que les autres pensionnaires. Il fait des bêtises et répète souvent les mêmes mots.

Rose : une grosse personnalité, elle a la salle manie de vouloir étrangler les personnes qui la dérangent.

Odette : une personnalité plus fragile que Rose, elle a été un temps amoureuse d’un Capitaine des Pompiers et ne l’a pas oublié. La simple prononciation du mot « pompier » l’a fait pleurer. Elle a tendance à vouloir tout bruler quand elle est en colère.

Le Nouveau Directeur : il s’efforcera tout au long de la pièce de prouver qu’il n’est pas ce tueur évadé. (ce personnage peut également interpréter celui de Momo).

La Directrice : débordée par les évènements, elle finira par baisser les bras devant tant de difficultés.

La Durée : 1 h 45 environ

Le Décor

Une pièce de détente pour les résidents avec plusieurs canapés, petites tables de salon. Il faut prévoir des rideaux.

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ACTE 1

Scène 1

Ginette – Corinne – Momo – La Directrice

Deux femmes de ménages arrivent sur une musique entraînante. Le balai d’un côté, de l’autre pendant un petit moment. L’une d’elle, la plus jeune glisse et tombe, la musique s’arrête. La conversation débute.

GINETTE : on voit bien que tu débutes dans l’métier.

CORINNE : c’est pas d’ma faute, j’ai glissé….

GINETTE : sur une peau de banane ?

CORINNE : non, c’est quelqu’un qui a renversé sa tisane, rien de bien méchant, ça va sécher.

GINETTE : à ta place, j’aurais déjà reniflé.

CORINNE : pourquoi faire ?

GINETTE : tu aurais su si c’était de la menthe ou de la verveine (en riant).

CORINNE : quel intérêt ?

GINETTE : j’en vois au moins un et pas des moindres.

CORINNE : ça fait parti de la formation ?

GINETTE : j’dirais que ce n’est pas du superflu……..

CORINNE : tu es gentille GINETTE mais, je ne me suis pas fait mal, que ce soit menthe ou verveine, j’vois pas trop l’intérêt.

GINETTE : il faut vraiment te mettre le nez dedans pour que tu comprennes…… enfin, si j’ose m’exprimer ainsi.

CORINNE : mais dans quoi à la fin ?

GINETTE : toi, à voir comment tu réagis, ça n’a pas dû être facile de te mettre au monde.

CORINNE glisse à nouveau et se relève en colère. Elle renifle et cette fois elle a compris.

CORINNE : tu ne pouvais pas me dire que c’était de la pisse …ba…et de vieux en plus.

GINETTE : mais, j’essaie depuis le début.

CORINNE : non, du me fait croire que c’est de la tisane… C’est pas sympa.

GINETTE : j’ai voulu que tu te rendes compte par toi-même.

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CORINNE : et bien, c’est fait….. je vais virer cette blouse même si c’est contraire au règlement (CORINNE est sexy, elle a une jupe très courte).

GINETTE : Le cours peut maintenant commencer.

CORINNE : je t’écoute.

GINETTE : allez, fait pas cette tête là, c’est pas mortel, comme tu dis, ça va sécher.

CORINNE : tu aurais pu me prévenir avant.

GINETTE : peut-être mais maintenant, tu seras plus attentive...

CORINNE : et plus parfumée merci………

GINETTE : tu es ici dans un établissement spécial où les gens n’ont pas toute leur tête.

CORINNE : mais apparemment, s’ils n’ont plus la tête et si j’en crois ce que je sens, le reste a plutôt tendance à bien fonctionner.

GINETTE : pas de problème avec les bouillies et tisanes ont obtient des records…. il faut être vigilant.

CORINNE : je saurai maintenant.

GINETTE : ici, il ne faut jamais quitter le sol des yeux. La moindre imprudence et hop, c’est la douche.

CORINNE : j’croyais qu’on leur mettait des trucs gros comme ça entre les jambes.

GINETTE : ce n’est pas toujours possible.

CORINNE : pourquoi, ils sont si serrés des genoux ?

GINETTE : ce n’est pas le pire, on arrive toujours à débloquer mais, ce sont les allergies.

CORINNE : les allergies…

GINETTE : qu’est-ce qu’on est embêtée avec ça…. On est embêtée, tu n’peux pas savoir.

CORINNE : ben, ça fait quoi ?

GINETTE : le père Martinet, tu vois qui c’est ?

CORINNE : oui, même qu’il est un peu bizarre le pépé.

GINETTE : et bien, ses choses de la vie avec l’allergie, elles ont triplé de volume. C’est pour cela qu’il se promène cul nu.

CORINNE : je croyais qu’il avait perdu la raison.

GINETTE : non….enfin…..pas plus qu’avant.

CORINNE : le pauvre…

GINETTE : ne croit pas ça, il a cru retrouver ses vingt ans, je te parle pas de la panique dans la basse-cour.

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CORINNE : non…. Tout de même pas à son âge.

GINETTE : je peux même te dire que les premiers jours, ça longeait les murs.

CORINNE : à ce point là !!!

GINETTE : un conseil ma coco, abandonne ce genre de jupe, c’est trop risqué.

CORINNE : je voudrais bien voir ça !!! Qu’il approche avec ses choses de la vie…. J’vais pas mettre longtemps à les dégonfler.

GINETTE : tient, voilà MOMO, tu viendrais de te faire jeter du resto que ça ne m’étonnerait pas.

MOMO : (il a un pantalon trop grand, trop court, les lunettes à double foyers dont un verre cassé, avec béret bien enfoncé) pas méchant MOMO.

CORINNE : je t’ai vu taper sur la tête des petits vieux quand ils buvaient leur café. Tu les fais tousser, c’est pas drôle pour eux.

GINETTE : et pour nous non plus, ça en balance partout, tu nous casses les pieds MOMO.

MOMO : pas méchant MOMO…. Dicapé …mais pas méchant.

GINETTE : peut être mais, c’est pas toi qui nettoie….

MOMO fait le pitre et tombe.

GINETTE : allez hop en plein dedans…. Passe-lui la serpillère, il sera au moins utile à quelque chose.

MOMO : pas fait mal MOMO…. Bou…..c’est pas la ROSE.

GINETTE : si c’était du Chanel, ça se saurait. Tu vois, lui, pas besoin de formation, il a compris tout de suite. Allez frotte mon gars, frotte….

CORINNE : je croyais qu’on avait pas le droit de faire travailler les pensionnaires.

GINETTE : mais là, il paie sa faute, c’est un travail d’intérêt général, c’est pas pareil.

MOMO : Général…. MOMO Général…(il fait le garde à vous).

GINETTE : rêve pas mon gars…. Fais d’abord tes classes avant, on verra ensuite.

CORINNE : quand MOMO sera Général, les poules auront des dents.

GINETTE : en parlant de ça, j’ai quand même retrouvé le dentier de la mère Poulard hier…..

CORINNE : c’était temps, ça fait une semaine qu’elle fait un vrai cul de poule, elle est pas gracieuse la Mémé.

MOMO : c’est MOMO qu’a caché dentier dans vase à fleurs….dicapé MOMO …mais pas méchant.

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GINETTE : ha encore toi…. Je vais devoir allonger la peine. Tu fatigues MOMO, tu vas finir par te faire virer et retourner chez ton Père.

MOMO : (fâché) pas Papa… pas Papa… Pappapapa…. rester ici MOMO…pas méchant MOMO….

GINETTE : c’est toi qui vois….

CORINNE : GINETTE, comment tu l’as retrouvé ce dentier ?

GINETTE : en jetant les fleurs fanées dans le compost, j’ai vu ce machin qui brillait, j’ai dit qu’est-ce que c’est que ça.

CORINNE : dans le compost avec les vers et toutes les saloperies, c’est dégueulasse….(elle fait la grimace).

GINETTE : ah ben attend, j’l’ai quand même passé sous le robinet avant de lui redonner. Ici on respecte l’hygiène, faut pas déconner, un Etablissement comme le nôtre.

CORINNE : tu m’diras, les petites bêtes ont dû bouffer toutes les impuretés, c’est peut être pas si mal. (elle fait la grimace).

MOMO : pas méchant MOMO….

CORINNE : dicapé… mais pas méchant…. Il va nous dire ça pendant combien de temps.

GINETTE : il connaît vingt mots de vocabulaire, t’étonnes pas si les mêmes reviennent souvent. LA DIRECTRICE arrive, GINETTE reprend le balai et la serpillière à MOMO. Mais qu’est-ce tu fais avec ce balai MOMO…. T’es vraiment infernal (elle fait mine de le disputer).

LA DIRECTRICE : non laissez GINETTE, aujourd’hui, c’est mon dernier jour, demain je ne serai plus là, un nouveau Directeur prendra ma place. Je veux que cette dernière journée soit cool.

GINETTE : bon ben dans ce cas, MOMO prend l’torchon et va astiquer les meubles au lieu de rester là à ne rien faire.

LA DIRECTRICE : ah demain, quel bonheur pour moi. Adieu veaux, vaches et

couvée de petits vieux cochons, Perrette s’en va s’excuser à son mari pour l’avoir

trop longtemps négligé.

CORINNE : l’heure de la retraite a sonné ?

LA DIRECTRICE : (outrée) vous m’faites marcher, j’ suis peut-être plus jeune

que vous.

GINETTE : allons CORINNE un peu de respect tout de même.

CORINNE : le costume sombre ça vieillit tellement.

LA DIRECTRICE : vous voulez peut-être que je m’habille avec une jupe ras le

bonbon.

MOMO : (MOMO saute sur place) bonbon….aime bonbon Directrice…

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ho…bonbon pour MOMO…. Pas méchant MOMO.

LA DIRECTRICE : dicapé mais pas méchant…. Qu’est-ce que je vais être

heureuse de ne plus entendre ça toute la journée.

GINETTE : ne faite pas attention Madame LA DIRECTRICE, il ne comprend

pas ce qu’il dit.

LA DIRECTRICE : j’en suis fort aise mais vous, vous comprenez pourquoi je

me protège. J’ai toujours préféré paraître vingt ans de plus plutôt que m’exposer

au pire.

CORINNE : je m’excuse Madame LA DIRECTRICE.

LA DIRECTRICE : je peux vous l’avouez maintenant puisque je suis sur le

départ, je ne suis pas mariée. J’ai menti.

GINETTE : pour être tranquille…. CORINNE ne me croit pas, elle manque

d’expérience.

LA DIRECTRICE : la première année, j’avais dit la vérité, j’avais tous les vieux

beaux collés aux fesses, j’ai cru que j’allais devoir démissionner.

GINETTE : ah tu vois CORINNE……il faut nous écouter.

LA DIRECTRICE : un conseil CORINNE, ne restez pas comme ça, mettez la

blouse.

CORINNE : elle est toute mouillée.

LA DIRECTRICE : vous lui avez expliqué GINETTE de ne jamais quitter le sol

des yeux ?

GINETTE : ne vous inquiétez pas Mad….Mademoiselle, elle a compris.

LA DIRECTRICE : Bon ben CORINNE, mieux vaut une blouse mouillée que

pas du tout ; soyez vigilante plusieurs personnes se sont plaintes ces derniers

temps. (Corinne remet la blouse mouillée en faisant la grimace) Je dois partir, je

vous laisse, à plus tard.

MOMO : (MOMO suit LA DIRECTRICE) directrice bonbon….bonbon pour

MOMO…. Pas méchant MOMO.

GINETTE : pas méchant mais pas trop travailleur non plus. Viens par ici

l’artiste, t’as pas fini d’astiquer.

LA DIRECTRICE : ne profitez pas que je parte pour exagérer GINETTE, c’est

tout de même contraire au règlement intérieur.

GINETTE : je sais ce qui est bon pour lui ; il est dicapé c’est sur….mais peut

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quand même être utile. (LA DIRECTRICE part, MOMO reprend sa place avec son

chiffon).

MOMO : pas travail….pas droit….. méchante GINETTE, pas gentille avec

MOMO.….

GINETTE : je serai gentille quand tu ne feras plus de bêtises…non…. MOMO

revient….. ba…il est parti avec le chiffon le bougre.

CORINNE : nos vieilles dames ne vont pas tarder à arriver.

GINETTE : oui, c’est vrai et nous ne sommes pas très en avance.

Scène 2

Ginette – Corinne – Le Nouveau Directeur – Odette – Momo – Rose

Un individu bizarre pénètre dans la pièce.

L’HOMME : chut….. chut…… (il se balade un peu partout dans la pièce ; les

deux le regarde avec insistance).

CORINNE : tu connais ce « Gugusse » GINETTE ?

GINETTE : jamais vu.

CORINNE : il ne m’inspire rien de bon, il n’a pas l’air bien cathodique.

GINETTE : tu sais ici, il paraisse bizarre le premier jour et ensuite on s’habitue.

L’homme : chut….. chut…..

CORINNE : (rieuse) du parle d’une conversation chut….chut….

L’HOMME : chut….. chut…..

CORINNE : tu vois GINETTE, on ne se connaît pas mais on arrive déjà à

échanger. Finalement, on se marre bien ici.

L’HOMME : chut…. Chut…..(plus fort et menaçant… il regarde CORINNE

méchamment, elle est acculée près d’un fauteuil, elle est courbée en arrière, elle

a un peu peur puis, il part).

CORINNE : celui-ci par contre me fait peur…. Il a une drôle de tête ce type là.

GINETTE : qu’est-ce qu’il fait qu’est-ce qu’il a, qui c’est celui là..

CORINNE : oui, je connais la chanson mais, il ne m’inspire rien de bon.

GINETTE : t’en fais pas, je suis là. Ce qui m’étonne le plus c’est son âge. Ici,

les plus jeunes ont soixante dix ans, à part MOMO bien sur.

GINETTE : s’il commence à nous mettre des petits jeunes, il va y avoir une

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jolie pagaille. Un lupanar de décatis à vous en donner la nausée…du jamais vu.

CORINNE : Tient voilà Madame ODETTE (elle a de grosses lunettes, elle ne

voit pas bien).

ODETTE : c’est vous les filles, j’suis dans l’salon ?

CORINNE : c’est bien ça Madame ODETTE. Vous n’êtes donc pas avec

Madame LA ROSE votre canne blanche.

ODETTE : elle va arriver, elle avait une petite affaire à régler.

GINETTE : je pensais qu’elle était coincée dans les embouteillages. Avec cette

cohue devant les tisanes ça n’aurait pas été surprenant.

CORINNE : ils veulent tous être servis les premiers ces cinglés…comme si la

journée ne suffisait pas.

ODETTE : A la vache, le père Martinet est passé par là, il en a encore foutu

partout le dégueulasse.

GINETTE : vous avez le nez fin Madame ODETTE.

ODETTE : Voyez-vous GINETTE, ce n’est pas toujours un avantage.

CORINNE : MOMO a tout nettoyé, ça va passer.

ODETTE : il est là aussi l’énergumène…. La prochaine fois qu’il me tape sur la

tête, j’le dis à ROSE.

GINETTE : il est parti, je l’ai grondé Madame ODETTE….. s’il recommence

vous me prévenez.

ODETTE : que voulez-vous, il s’ennuie ici avec tous ces vieux.

CORINNE : ce n’est pas une raison pour les étouffer.

ODETTE : (elle rit) faudrait pas qu’il fasse ça avec ROSE…

GINETTE : alors là non….

CORINNE : c’est la dame qui étrangle tout le monde ?

ODETTE : c’est un peu son problème mais, nous sommes les meilleures

amies. Moi, je ne risque rien…. Au contraire, elle me défend.

GINETTE : en ce moment, elle ne serait pas en train de vous défendre par

hasard ?

ODETTE : euh….oui…. pourquoi vous dites ça…. Enfin…oui c’est possible….

GINETTE : Madame ROSE, faut pas l’embêter…. Elle a vite fait de faire justice

elle-même.

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ODETTE : remarquez, nous avons tous un petit quelque-chose… moi c’est le

feu.

CORINNE : le feu !!!

ODETTE : quand je suis en colère, je ne peux pas m’empêcher d’allumer

n’importe quoi. Vous voyez le journal qui est là et bien, je pourrais très bien y

mettre le feu si j’étais en colère……

CORINNE : (CORINNE se dépêche de l’enlever) mais, c’est vachement

dangereux.

ODETTE : non mais là, je suis calme, ne vous inquiétez pas, tout va bien je

n’ai aucune raison de foutre le bordel.

GINETTE : En plus….bonjour les ennuis…. c’est Paris Match avec la photo de

Carla Bruni, là, y aurait outrage.

CORINNE : n’empêche que c’est grave…des réactions pareilles.

ODETTE : je sais…. Mon mari le savait aussi, c’est lui qui conjurait

généralement l’incendie mais, pas toujours.

CORINNE : il avait parfois recours aux pompiers…

GINETTE : (ODETTE pleure) j’avais oublié de te dire CORINNE, avec Madame

ODETTE il ne faut pas prononcer le mot…… le mot…..(elle ne peut pas le

prononcer). Enfin, ce mot là.

CORINNE : mais lequel ?

GINETTE : ben…celui que tu viens de dire….

CORINNE : j’me rappelle plus (GINETTE mime le pompier éteignant un

incendie avec son tuyau, elle fait mine de hisser l’échelle).

GINETTE : non…tu vois pas…..c’est pas toi qu’on appelait la surdouée à

l’école ?

CORINNE : ah ben non, j’étais nulle.

GINETTE : là, tu m’étonnes…….. alors, tu n’as toujours pas trouvé le mot

(GINETTE lui reprend le journal et fait semblant de le piétiner et de verser un

seau d’eau dessus).

CORINNE : j’y suis maintenant….

GINETTE : attention il ne faut pas le dire…..

Au même moment MOMO revient, il joue au camion de pompiers pour

ennuyer ODETTE.

MOMO : pin pon….pin pon…..(il tourne autour d’ODETTE comme s’il

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conduisait un camion…. ODETTE pleure).

GINETTE : fiche le camp vilain garnement… tu fais de la peine à Madame

ODETTE. Il le fait exprès le monstre.

MOMO : pas méchant MOMO….. dicapé mais pas méchant…..(il repart).

CORINNE : mais, pourquoi elle pleure Madame ODETTE ?

GINETTE : je vais t’expliquer…. Asseyez-vous Madame ODETTE….

CORINNE : Je suis curieuse de savoir (Quand ODETTE est assise, GINETTE

éloigne CORINNE pour lui expliquer).

GINETTE : Quand madame ODETTE était plus jeune, elle a eu une liaison

avec un….un….

CORINNE : militaire…..

GINETTE : non… alors là, c’est pas possible……tu m’ fais marcher….

ODETTE : j’vous entends les filles, j’suis aveugle mais, pas sourde. C’était un

capitaine des pompiers, il était magnifique (elle pleure) qu’est-ce que j’ai pu

l’aimer.

CORINNE : ha…. C’était ça le mot : pompier. (ODETTE pleure encore plus).

GINETTE : mais c’est pas vrai…. Je t’avais dit de ne pas le prononcer.

CORINNE : je n’ai pas fait attention Madame ODETTE, je ne dirai plus ça. Si y

a l’feu un jour, j’appellerai quelqu’un d’autre.

GINETTE : ben grosse maligne, qu’est-ce que tu veux appeler ?

CORINNE : Albert, mon p’tit copain….

GINETTE : et tu crois que ça va suffire….

CORINNE : ben évidemment, il est pompier (en haussant les épaules)…. Ah

mince, je l’ai encore dit… je suis impardonnable….ne pleurez pas Madame

ODETTE voilà Madame La ROSE qui arrive.

ROSE : ODETTE qui pleure… c’est encore l’autre, le dicapé qu’est venu faire

sonner les sirènes.

GINETTE : c’est vrai qu’il est pénible en ce moment.

ROSE : qu’il fasse attention….. je vais finir par m’en occuper.

GINETTE : il ne faut pas faire ça Madame ROSE….

ROSE : j’vais m’gêner… d’ailleurs chère ODETTE, je n’ai qu’une chose à vous

dire : mission accomplie.

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GINETTE : de quoi parlez-vous Madame ROSE….

ROSE : oh rien, c’est un p’tit bonhomme qui s’est permis de choper les seins

de ma pauvre ODETTE … enfin ce qu’il en reste …en la surprenant par derrière.

CORINNE : mais…. Ils ne pensent donc qu’à ça ?

ROSE : normalement, celui-ci devrait dorénavant moins y penser…

CORINNE : je préfère ça….

ROSE : ces vieux pervers seraient beaux encore…. On pourrait ne pas y prêter

attention mais, au contraire, ils sont moches…. Mais moches, je me demande

comment Dieu peut-être si mauvais parfois.

GINETTE : vous n’avez tout de même pas serré trop fort.

ROSE : pensez-vous, je n’ai pas forcé le talent, j’aurais pu faire beaucoup

mieux… il est juste un peu sonné, rien de grave.

ODETTE : oh merci ma ROSE… merci…. Sans toi, je ne sais pas jusqu’où il

aurait pu aller.

CORINNE : tout de même à cet âge là, ils sont quand même bien calmés.

GINETTE : c’était avant ma Coco, maintenant, ils commandent du Viagra sur

internet.

CORINNE : du viagra !!! oh… oh….(scandalisée). C’est quoi ce truc ?

GINETTE : un médicament contre l’impuissance, et ce n’est pas bon pour notre

Etablissement….depuis quelques temps, à cause de ça, tous les mois y en a un

qui calanche…. Faut qu’ils arrêtent.

ODETTE : pour notre sécurité les filles, je vous demande de confisquer ces

pilules au plus vite.

GINETTE : Promis Madame ODETTE, quand on en verra traîner sur les tables

de nuit on les prendra.

CORINNE : moi j’veux bien mais…..pour quoi faire ?

GINETTE : pourquoi faire …. Pourquoi faire…..pour les donner à Albert c’te

question.

CORINNE : à Albert ?

GINETTE : j’ai dit ça pour rire ma Coco…..à l’âge qu’il a, il n’en a surement pas

besoin.

CORINNE : j’ai eu peur, c’est un peu jeune pour mourir. J’l’aime mon Albert.

ROSE : c’est la petite nouvelle ? Elle est en formation !!!

GINETTE : oui c’est ça Madame ROSE…. Pourquoi vous demandez cela ?

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ROSE : oh pour rien….. je ne sais pas pourquoi mais, je pensais subitement

que ce ne devait pas toujours être facile, la formation.

GINETTE : à qui le dites-vous Madame ROSE…. A qui le dites-vous !!!

CORINNE : ben GINETTE, tu vois pas que c’est à toi qu’elle cause Madame

La ROSE.

ROSE : mon prénom c’est ROSE, pas La ROSE si vous le voulez bien !!!

CORINNE : alors pourquoi Madame ODETTE a dit hier « tient, voilà la

ROSE » ?

GINETTE : vous avez raison, ce n’est pas toujours facile la formation. On va

devoir vous laisser et continuer un peu plus loin. A tout à l’heure.

Les deux vieilles femmes se retrouvent seules.

ROSE : elle est belle la petite mais, qu’est-ce qu’elle est con.

ODETTE : et c’est pas ici que ça va s’arranger. Qu’avons-nous fait au Bon

Dieu pour avoir cet âge là… je n’en peux plus….

Scène 3

Odette – Rose – La Directrice – Momo – Ginette – Corinne

LA DIRECTRICE revient en colère.

LA DIRECTRICE : j’ai besoin de vous parler Madame Trémière….

L’étrangleuse…..

ROSE : ah, c’est à cause de l’autre….j’ai fait mon devoir Madame LA

DIRECTRICE.

LA DIRECTRICE : un drôle de devoir, il a fallu embarquer ce pauvre Monsieur

Dugenou et on ne sait pas si on le reverra vivant.

ODETTE : du bon travail ma bonne ROSE.

LA DIRECTRICE : oui et en plus le jour où je dois partir….merci encore, pour

le service rendu…vous êtes infernales toutes les deux.

ROSE : Madame LA DIRECTRICE, sachez que les faibles femmes que nous

sommes ne doivent plus être de nos jours tâtées comme de vulgaires bestiaux.

Du respect s’il vous plait … ouh…non de Dieu.

ODETTE : parfaitement, du respect.

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LA DIRECTRICE : vous avez de la chance que je parte car je vous collais au

placard pour deux jours illico presto.

ODETTE : moi le placard je m’en fous, je suis aveugle alors vous pensez….ah

ben oui, j’oubliais, pour ROSE c’est pas pareil.

LA DIRECTRICE : vous n’acceptez pas les autres, et ils se plaignent, il faut

bien que je prenne des sanctions.

ODETTE et ROSE : non, ce sont les autres qui ne nous acceptent pas.

LA DIRECTRICE : non, c’est vous… effrontées, vous n’arrêtez pas de….de…

ROSE : les emmerder…. C’est ce que vous vouliez dire pas vrai ?

LA DIRECTRICE : oui, parfaitement, et je pèse mes mots, vous les emmerdez.

ODETTE : c’est pas gentil ce que vous dites.

LA DIRECTRICE : pourquoi le nier alors, que systématiquement vous planquez

leur jeu de cartes. Vous savez bien qu’ils y sont très attachés.

ROSE : ils m’énervent avec ça entre les mains…..je ne supporte pas.

LA DIRECTRICE : bon, au début ils ont trouvé ça drôle, ils ont d’ailleurs

beaucoup ri mais, maintenant les nerfs lâchent, comprenez-les.

ODETTE : aucun sens de l’humour.

LA DIRECTRICE : et puis, cette manie de leur serrer le cou sans raison.

ROSE : si je fais ça, c’est pour leur bien, pour les réveiller un peu. Vous les

avez vu, ils sont là et bu et bu….engoncés dans leur siège jusqu’aux deux

oreilles.

LA DIRECTRICE : et alors….

ROSE : ben alors, je ne supporte pas non plus…. Un peu de dignité tout de

même, on peut être vieux et assis correctement, ce n’est pas trop demandé.

LA DIRECTRICE : ils peuvent quand même se relaxer, ce n’est pas interdit.

ROSE : vous avez vu maintenant, quand j’arrive ça prend une autre allure vous

ne trouvez pas ?

LA DIRECTRICE : vous les traumatisez et moi avec….

ROSE : je le fais aussi pour vous, au nom de notre Etablissement.

ODETTE : Parfaitement, ROSE à raison…. Au nom de notre Etablissement….

Vous devriez remercier cette brave ROSE qui se donne tant de mal… vous êtes

une ingrate voilà tout.

LA DIRECTRICE : je préfère partir plutôt que d’entendre ces sottises. Je vais

bien vous pistonner auprès du nouveau Directeur.

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17

ODETTE et ROSE : il est arrivé ?

LA DIRECTRICE : ça ne saurait tarder…. A tout à l’heure et soyez sages pour

une fois.

MOMO revient et arrive tout doucement derrière ODETTE ; il lui bouche les yeux.

MOMO : qui c’est…. Qui c’est…. Qui c’est qui c’est qui c’est….

ROSE : tu bouches les yeux d’une aveugle mon pauvre MOMO.

MOMO : pas méchant MOMO…. Dicapé mais pas méchant (il tente de faire la même chose avec ROSE).

ROSE : ah ne me touche pas avec tes mains sales garnement….. tout le monde t’as reconnu avec tes gros sabots….fais attention MOMO, si un jour j’arrive à t’attraper je vais te malaxer le cou d’une telle façon que tu vas pouvoir épouser une femme girafe.….(elle fait signe de l’étrangler).

ODETTE : et tu l’auras pas volé…..quel emmerdeur celui-là.

MOMO : pin pon pin pon…..

ROSE : et ben ça y est, il fait encore pleurer ODETTE…. C’est pas possible (MOMO se retire en conduisant son camion). Les femmes de ménage reviennent.

GINETTE : faut pas pleurer Madame ODETTE, c’est du passé….

CORINNE : elle y pense encore ?

ODETTE : c’est vrai que j’y pense encore. Si vous saviez comme il était gentil avec moi…. Un amour. Il me prenait dans ses bras, j’étais bien, il sentait bon….

ROSE : arrête avec ça ODETTE…. C’était quand même pas un légionnaire.

ODETTE : peu importe, un jour il est arrivé avec son calendrier ridicule… j’étais seule.

CORINNE : et alors, qu’est-ce qui c’est passé ?

ROSE : à votre avis la p’tite nouvelle ? un peu d’imagination, ils étaient seuls tous les deux….(ROSE fait tourner son doigt près de sa tête) non….vous ne voyez vraiment pas…..

CORINNE : ha ben moi, je n’sais pas…..j’n’y étais pas.

ODETTE : Ben… J’lui ai donné dix francs pour son calendrier.(GINETTE et ROSE sont surprises, ils ne s’attendaient pas à cette réponse).

CORINNE : et c’est tout…..

ODETTE : pourquoi… vous donnez combien ?

GINETTE : c’est pas ça Madame ODETTE, on s’attendait à quelque chose de plus croustillant.

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ROSE : soyez patientes, écoutez la suite. Il avait certainement une autre idée derrière la tête.

ODETTE : pour sur… les pompiers ont dans leur cœur, le feu qu’ils maîtrisent en dehors… (sur l’air des gens du Nord).

Les trois ensembles : les gens du Nord……..(sur l’air des gens du Nord).

ODETTE : ha non, lui habitait Montcuq dans le Lot, ça n’a rien à voir.

GINETTE : si je comprends bien, ce fut le grand amour. Il vous a emmenée au septième ciel.

ODETTE : ah ça, vous l’avez dit GINETTE, le grand amour…Il m’a laissé là, nue, allongée sur le sofa, le corps endolori par tant de piloris.

ROSE : oh rage…oh désespoir ! oh vieillesse ennemie…

GINETTE : n’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie…

CORINNE : mais qu’est-ce que vous racontez là, qu’est-ce que ça veut dire tout ça ?

GINETTE : laisse CORINNE, on révise nos classiques…. Finalement, vous ne l’avez jamais revu votre amoureux.

CORINNE : même en remettant le feu.

ODETTE : jamais (elle se remet à sangloter).

CORINNE : Le cœur de Madame ODETTE ne va pas résister. Je crois qu’il vaut mieux parler d’un autre sujet.

GINETTE : nous avons autre chose à faire, tu oublies notre formation….

CORINNE : parler avec les pensionnaires, ça en fait partie.

GINETTE : puisque tu le dis, c’est sans doute vrai…. Bon d’accord mais, pas longtemps…. Pour faire plaisir.

CORINNE : peut-être que Madame ODETTE est tombée enceinte après ça !!!

GINETTE : écoute CORINNE…c’est quand même pas systématique.

ROSE : vous tombez enceinte vous à chaque fois que vous faites l’amour ? C’est une question ?

CORINNE : je ne sais pas Madame La ROSE, avec Albert, nous ne sommes pas encore mariés (ROSE et GINETTE la regardent, ODETTE se met à rire).

GINETTE : après deux ans de fréquentation, tu veux dire que tous les deux, vous n’avez pas encore consommé ?

CORINNE : ah ben si mais, seulement le dimanche avec mes parents…. Avec Albert, on est très famille

ROSE : CORINNE confond le passage à table, avec le passage à la casserole….c’est pas pareil.

GINETTE : avec elle, on a parfois des surprises.

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19

CORINNE : on parlait de quoi au fait…..cette formation me fatigue la tête, c’est trop d’un coup.

ROSE : c’est fou comme CORINNE me rappelle ma belle fille….. enfin je voulais dire, au niveau du QI. MOMO arrive. Tient voilà encore l’autre….l’abruti.

GINETTE : qu’est-ce que tu veux MOMO ?

MOMO : nouveau Directeur arrivé……pas méchant MOMO….

GINETTE : toi, à voir la tête que tu fais….t’en as encore fait une…..il est où ?

MOMO : MOMO renfermé Directeur….hi hi (il sort les clefs de sa poche en riant) Pas méchant MOMO…dicapé mais, pas méchant.

ODETTE : il est vraiment infernal celui-là, il faudra un jour l’enfermer.

GINETTE : le problème Madame ODETTE, c’est qu’il l’est déjà.

ODETTE : j’veux dire, à double tours.

GINETTE : Bon, je crois que le nouveau directeur a déjà besoin de nous, il faut partir CORINNE…. A tout à l’heure Mesdames….

MOMO, GINETTE et CORINNE partent… MOMO est fier de lui.

ODETTE : ils sont partis ?

ROSE : oui, nous sommes enfin tranquilles.

ODETTE : dit-moi ROSE, pourquoi tu ne m’as jamais parlé de ta belle fille.

ROSE : parce qu’elle n’est pas intéressante, elle ne peut pas me voir en peinture.

ODETTE : mais pourquoi ?

ROSE : tout ça parce que nous avons eu quelques mots et, notamment une fois.

ODETTE : te connaissant, ça ne devait pas être bien grave !!!

ROSE : mon petit fils est un vrai monstre, il m’agace, mais il m’agace… un jour j’ai dû l’abandonner dans un square tellement il était désagréable.

ODETTE : j’te comprends, j’en aurais fait autant…moi aussi, les mômes me fatiguent… et, c’est seulement pour ça que ta belle fille ne t’aime pas ?

ROSE : elle est très susceptible. Soi-disant qu’elle était inquiète parce qu’on n’avait pas retrouvé le gamin au bout de deux jours. En voilà un drame….je savais bien qu’il reviendrait ; il a voulu souffler un peu… à son âge.

ODETTE : ben évidemment….

ROSE : surtout qu’il venait d’avoir six ans mais, il en fait bien dix, il est grand, fort avec une très grosse tête. C’est bien simple, Il met déjà le chapeau de son père.

ODETTE : et ton fils supporte une femme aussi exigeante ?

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ROSE : je lui avais dit de ne pas se marier avec une pauvre. Tu sais, la pauvreté c’est contagieux et elle n’est pas que dans le porte-monnaie.

ODETTE : tu veux dire qu’elle est bête ?

ROSE : à manger du foin ma pauvre ODETTE. J’avais prévenu mon fils qu’il serait malheureux avec cette pauvre fille.

ODETTE : mais qu’est-ce qu’elle fait dans la vie ?

ROSE : rien…. Absolument rien, elle doit être fonctionnaire ou des conneries comme ça.

ODETTE : et ton fils ?

ROSE : il ne fait rien non plus mais lui, ce n’est pas de sa faute, il est « dicapé » comme dirait MOMO.

ODETTE : et c’est grave….

ROSE : par inadvertance quand il était bébé, je l’ai échappé en faisant coucou à la voisine. Il faisait chaud, la fenêtre était ouverte.

ODETTE : mon dieu le pauvre….il est passé par la fenêtre…..

ROSE : oui…mais, rassures-toi, y avait plein d’arbustes en bas …. Résultat, une jambe de travers et un bras tordu mais… rien d’autres, en pleine forme le gamin.

ODETTE : tu as dû avoir beaucoup de chagrin.

ROSE : oui énormément surtout que j’avais fait en sorte lorsqu’il faisait les dents de le calmer un peu (elle fait les gestes de serrer le cou). Maintenant qu’il était sage, je commençais à l’aimer.

ODETTE : le mien, sa spécialité, c’était de dévaler les escaliers…..pas besoin de le pousser très fort…. Il roulait comme une balle….

ROSE : et il ne s’est jamais rien cassé ?

ODETTE : jamais…. Mais qu’est-ce que ça l’avait rendu sage !!!

ROSE : c’est quand même plus agréable quand ça la bouclent.

ODETTE : finalement après cette mésaventure vous n’avez pas remis le couvert.

ROSE : détrompes-toi au moment de la défenestration, j’avais le gros ventre.

ODETTE : et il est normal celui là…heu….je veux dire il n’a pas de problème ?

ROSE : à vrai dire, je n’en sais rien car, quand il est né, des gens bien habillés sont venus le chercher. Mon mari était d’accord et puis, on en avait déjà un…alors…j’ai accepté.

ODETTE : tu l’as jamais revu ?

ROSE : non jamais, c’est dommage parce qu’il avait une belle tache de vin sur l’épaule droite. On aurait dit un tatouage. C’est plutôt rare chez le nourrisson, je l’aurais bien gardé. Enfin, on ne peut pas tout garder.

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ODETTE : comme tu dis ROSE, c’est comme ma chienne, trois fois dans l’année elle revenait avec toute une ribambelle au derrière, il fallait bien s’en séparer. On ne le fait pas de gaieté de cœur tout de même.

Scène 4

Corinne – Ginette – Rose – Odette – La Directrice – L’Homme

CORINNE et GINETTE reviennent.

CORINNE : C’est bon, on a libéré le nouveau Directeur…..

ROSE : mais pour quoi faire !!! Nous étions bien tranquilles.

GINETTE : j’espère qu’on ne vous dérange pas ?

ODETTE : ben si…. J’aime bien parler avec ma ROSE.

CORINNE : j’croyais que c’était « La ROSE » le prénom de Madame Trémière…(elle réfléchit) on peut dire les deux alors !!!

GINETTE : ne répondez pas Madame ROSE, ce serait trop compliqué.

ROSE : oui, vous avez raison, c’est sans doute mieux et, j’me connais, je peux craquer d’un coup.

ODETTE : déjà qu’on a du mal à communiquer avec les autres. Ils sont comme la petite nouvelle, ils disent souvent n’importe quoi.

CORINNE : pourquoi vous me reprochez ça ? justement, j’aime pas dire n’importe quoi, surtout avec les prénoms. Certains le prennent mal.

ROSE : l’autre jour, j’ai demandé l’heure à une vieille dame et ….surprise, elle m’a répondu son code bancaire…voyez le niveau.

CORINNE : ha ça, je lui déconseille, il ne faut surtout jamais le révéler… ils le disent à la télé….moi, je l’ai noté sur mon bras droit, c’est pratique. (elle soulève sa manche).

GINETTE : pratique !!! ben comment tu fais pour te laver sans l’effacer ?

CORINNE : ben….. c’est pas difficile…..j’lave que l’bras gauche. (tous la regardent).

GINETTE : heureusement que tu ne l’as pas noté sur les deux bras.

CORINNE : j’suis quand même pas si bête.

ROSE : mon mari aussi était crédule. Lui, sa passion, c’était le journal télévisé. La rubrique accident le fascinait. Il disait qu’il comptait les « dégommés du jour ». Chérie, aujourd’hui grave accident, 10 de moins. Et le lendemain s’était pareil. Il s’amusait à battre des records.

ODETTE : il était un peu con ?

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ROSE : c’est vrai, et largement par rapport à ce qu’il était intelligent.

GINETTE : je pense au tsunami ça n’a pas du être facile de comptabiliser les morts ?

ROSE : son cœur n’a pas résisté… c’était trop d’un coup ; il s’est éteint tout doucement avant de me dire : je te laisse ma chérie, avec toi, j’ai fait ce que j’ai pu.

CORINNE : pourquoi il a dit ça ?

ROSE : les autres disaient qu’il avait bien du mérite à vivre avec moi. Il lui faisait croire que je n’étais….comment dire…. Pas comme tout le monde.

CORINNE : ben moi j’trouve pas ? vous êtes plutôt commune.

GINETTE : un peu de délicatesse CORINNE !!!

CORINNE : ben quoi, c’est vrai….. hein… Madame ODETTE ? (ROSE s’énerve, GINETTE éloigne CORINNE).

ODETTE : ben le mien au contraire était formidable, après lui, rien n’a plus été comme avant, j’ai dû me mettre à la cuisine, au ménage, c’était pas marrant.

CORINNE : et il est mort ?

GINETTE : en général, quand on parle au passé, c’est souvent le cas.

CORINNE : de quoi il est mort Madame ODETTE ?

GINETTE : mais ce que tu es curieuse…….

ODETTE : il a été asphyxié par la fumée ; on venait de se disputer…. Ensuite, je me suis retrouvée seule…. Heureusement que j’avais un bon voisin.

CORINNE : il faisait la cuisine au moins ? moi, je déteste ça.

ODETTE : non mais, le reste oui……

GINETTE : ho….vous voulez dire que…. Enfin qu’il….

ODETTE : oui mes amies et pas qu’un peu… parfois même ça m’irritait les yeux.

ROSE : les yeux !!!

ODETTE : oui, les yeux mais, pas que ça…

GINETTE : je comprends, quand c’est trop … c’est trop.

ODETTE : tous les jours, matin et soir c’était épuisant.

GINETTE : vous arriviez à supporter… moi je n’aurais pas pu !!!

ODETTE : oui mais, je peux vous le dire maintenant, je faisais semblant. Autant vous dire qu’il n’y avait pas de toile d’araignée.

GINETTE : ah ça, j’imagine….

ODETTE : il avait de l’énergie le bougre et ça brillait et ça glissait. Fallait avoir la santé pour le suivre.

ROSE : ça devait être énervant à la fin ?

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ODETTE : pas du tout…. Chez sa femme, il faisait pareil et elle ne s’en plaignait pas non plus.

CORINNE : mais…. Il faisait quoi ? Je ne comprends rien.

GINETTE : c’est normal CORINNE, tu n’as pas encore consommé.

ROSE : mais ODETTE, comment faisait-il pour tenir la cadence ?

ODETTE : le pinard…

ROSE : et rien d’autre ?

ODETTE : si parfois, il connaissait Virenque.

GINETTE : je comprends mieux.

ODETTE : il avait pourtant une forme époustouflante mais, un jour, à force de frotter, d’astiquer, le cœur a lâché.

CORINNE : j’espère que ça ne nous arrivera pas…. Hein GINETTE ?

GINETTE : d’après ce que tu m’as dit, soit tranquille, tu ne risques rien…..

ROSE : je m’excuse de te demander ça ODETTE mais…. Quand l’cœur a lâché, c’était avec toi ou avec la voisine ?

ODETTE : ni l’une ni l’autre, il était seul.

ROSE : comment ça …..seul !!!

ODETTE : ben oui… seul. Qu’est que vous croyez on n’allait tout de même pas toujours être avec lui.

GINETTE : je ne comprends plus rien.

ODETTE : c’est pourtant facile à comprendre. C’était un fou du ménage, il ne pensait qu’à ça, fallait que ça brille, que ça glisse sinon, c’était la gueule assurée. Il n’était pas marrant mais, avoir une maison propre sans rien faire, c’était tout de même appréciable.

GINETTE : ah…. Vous m’excuserez Madame ODETTE mais, j’avais pensé à quelque chose de glissant aussi mais… enfin à … ou plutôt….

CORINNE : moi j’avais compris tout de suite qu’il s’agissait du ménage, il fallait me demander.

ODETTE : je vois où vous voulez en venir mais… non. Lui c’était la balayette avec toute sa collection de produits chimiques. J’en ai encore l’odeur dans le nez, j’m’demande bien si ce n’est pas ça qui m’a rendu aveugle.

CORINNE : écoute GINETTE c’est sans doute le nouveau Directeur qui arrive…..

GINETTE : on a plus le temps de partir, il faut se cacher (elles vont se planquer derrière un fauteuil).

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Scène 5

L’homme – Rose – Odette – La Directrice –

La porte s’ouvre énergiquement, les deux vieilles dames s’exclament en même temps.

ROSE et ODETTE : MONSIEUR LE DIRECTEUR !!!!!!!

Le nouveau Directeur : chut…… chut…..je suis votre nouveau Directeur…. Je passe incognito.

La scène dure un peu. L’homme circule dans la pièce l’air bizarre. Les filles essaient de ne pas se faire remarquer.

ODETTE : mais, qu’est-ce qu’il fait ?

ROSE : il tourne……

ODETTE : mais pour quoi faire grand Dieu ?

ROSE : dites donc jeune homme… vous allez tourner longtemps comme ça ?

Le nouveau Directeur : chut….chut….personne ne doit savoir !!!

ROSE : mais, savoir quoi ?

Le nouveau Directeur : qui je suis avant que je ne prenne mes fonctions officiellement ce soir. Je veux tout savoir, tout connaître sur cet établissement jusqu’au moindre détail, Chut… quelqu’un arrive je me cache et si on vous le demande…. Surtout, vous n’avez rien vu. (LA DIRECTRICE arrive).

LA DIRECTRICE : Bon… je vous informe Madame Trémière que Monsieur Dugenou va mieux.

ODETTE : ah zut…..

LA DIRECTRICE : heureusement pour vous car sinon, c’était encore….

ROSE et ODETTE : le placard !!!

LA DIRECTRICE : oui mais, cette fois, pour la vie.

ODETTE : vous êtes une méchante femme…..ROSE fait tout ceci sans même que vous lui demandiez…..et uniquement pour la renommée de notre Etablissement.

LA DIRECTRICE : arrêtez votre cinéma je vous en supplie d’ailleurs, je ne suis pas venu pour ça. Je dois vous avertir qu’un dangereux maniaque s’est échappé du bâtiment d’en face et qu’il est très dangereux. (GINETTE et CORINNE se sauvent en courant) Je vais bien les pistonner ces deux là…..Vous n’avez rien vu par hasard.

ODETTE : ah si…. J’ai vu….

ROSE : rien du tout…. Pas même une ombre.

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LA DIRECTRICE : Madame Dejeux, dites-moi ce que vous avez vu ?

ODETTE : non rien….. c’est à cause de mes yeux…..vous voyez par exemple, vous êtes en face de moi…. Et bien, je ne vous vois pas.

LA DIRECTRICE : alors, comment savez-vous que je suis en face de vous ?

ODETTE : c’est à cause de l’odeur…

LA DIRECTRICE : comment ça de l’odeur ?

ODETTE : votre parfum c’est une horreur.

LA DIRECTRICE : vous rigolez …c’est du Chanel. Et puis, mêlez-vous de ce qui vous regarde une bonne fois pour toute. Mon Dieu que vous êtes fatiguantes….. mais fatiguantes.

ROSE : ODETTE à raison, vous ne pouvez pas rester avec ça ; il fallait bien que quelqu’un vous le dise.

LA DIRECTRICE : (elle se met à pleurer) : assez…assez…j’en ai assez de vous entendre. Si je me ruine en parfums, c’est à cause de vous….toute cette puanteur, cette odeur de pisse, de médicament, de tisane qui s’imprègne chaque jour dans mes vêtements, je n’en peux plus, je jette l’éponge. Cette vie n’est pas faite pour moi.

ROSE : c’était donc pour ça tout ce parfum….à votre place, je prendrais

quelque chose…. comment dirais-je de beaucoup plus neutre vous voyez…. De

plus naturel, de moins entêtant….quelque chose qui se marierait avec tout sans

en offenser le naseau…… essayez l’eucalyptus.

LA DIRECTRICE : l’eucalyptus !!!

ROSE : non….je déconne….c’était pour rire, une blague allez Madame ne

vous mettez pas dans un état pareil. Allons, allons, une grande fille comme vous.

Ce n’est pas si grave, d’ailleurs, la plupart ont du coton dans le nez et c’est peut-

être mieux ainsi. Vous serez bientôt remplacée ; l’autre directeur aura peut-être

l’odorat moins développé.

LA DIRECTRICE : Assez….je n’ai que faire de vos consolations. (ROSE

s’approche de LA DIRECTRICE) Ah non, ne me touchez pas. Vous savez

comment on vous appelle ici « les allumeuses-étrangleuses » c’est pour ça que

les autres vous évitent. Quant au nouveau Directeur je ne sais pas le nez qu’il

aura mais il lui faudra du courage pour vous supporter tous….

ODETTE : Vous l’avez déjà rencontré ?

ROSE : non… Mais, à ce que l’on m’a dit, ce n’est pas un foudre de guerre

vous allez bien vous amuser avec lui et j’en suis très heureuse. C’est un homme

sans personnalité incapable de prendre une décision

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L’homme gémit dans sa cachette sans pouvoir répondre.

ODETTE : mais de qui tenez-vous cela ?

LA DIRECTRICE : ma tante à une petite nièce en maison de retraite qui l’a

bien connu et je peux vous le dire, c’est une purge Hi hi hi……….

L’homme gémit encore.

ROSE : oui, je vois, votre tante à une petite nièce en maison de

retraite…alors….dans votre famille, si j’ai bien compris, vous commencez par la

fin.

LA DIRECTRICE : oui merci, c’est drôle, je vous laisse rectifier. Riez, riez

maintenant car avec l’autre abruti vous n’en aurez peut-être pas toujours

l’occasion. Bientôt ce sera mon tour de rire.

L’homme gémit encore.

ODETTE : vous voyez ROSE, un homme qui tourne en rond sans raison…. Il

ne peut pas être normal. C’est bien ce que je pensais.

L’homme gémit encore.

LA DIRECTRICE : ah, nous y voilà, je le savais, vous avez vu quelque chose.

Parlez, je vous en conjure. C’est une question de vie ou de mort.

ODETTE : Inutile de nier, oui, c’est vrai, on a vu …….enfin ROSE a vu moi je

suis aveugle. Madame LA DIRECTRICE, vous êtes en face de moi.

LA DIRECTRICE : oui, je sais, vous ne me voyez pas, passons. Vous avez vu

quoi….ce que ça m’énerve.

ODETTE : un bonhomme rentré furtivement dans la pièce.

ROSE : mais, il en est ressorti aussitôt.

LA DIRECTRICE : vous ne pouviez pas le dire plutôt. Et si c’était le dangereux

maniaque pervers?

ODETTE : et si c’était le nouveau directeur ?

LA DIRECTRICE : à quoi ressemblait ce bonhomme comme vous dites

ROSE : à rien…….. mais, alors vraiment…. Aucune allure….pas de

personnalité… l’œil vide…

L’homme gémit encore.

LA DIRECTRICE : pas de doute, c’est le nouveau directeur.

L’homme gémit encore.

ODETTE : de toute façon s’il s’agissait du maniaque, il nous aurait déjà

violées, ils le font tous.

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LA DIRECTRICE : ne soyez pas prétentieuse Madame Dejeux……….

ROSE : ODETTE a raison, quand ils ont le sexe en tête ou plutôt entre les

jambes, ils sautent sur tout ce qui bouge c’est bien connu.

LA DIRECTRICE : heu…..pas forcément.

ODETTE : mais si

LA DIRECTRICE : mais non,

ODETTE : mais si…..

LA DIRECTRICE : Mais non, J’ai un copain flic qui me disait que parfois, ils

s’approprient un personnage pour mieux mettre leur victime en confiance. C’est

comme un jeu pour eux…Avec ce genre de monstre, il faut faire très attention.

ROSE : qu’il vienne, il sera bien reçu. Il s’approche et quick……..

LA DIRECTRICE : Ah non Madame Trémière………attendez que je sois partie,

laissez ça à l’autre….et puis, pas de justice soi-même.

ROSE : moi, je l’ai toujours faite moi-même…..

LA DIRECTRICE : oui, mais, c’est peut-être un peu ça que l’on vous reproche

vous ne croyez pas…….bon, je dois prévenir les autres, n’hésitez pas à m’aviser

si vous avez une autre information.

LA DIRECTRICE s’éloigne, l’homme reste caché ; les vieilles dames se

regardent dubitatives.

Scène 6

Rose – Odette – Le Nouveau Directeur

ODETTE : hep…ROSE, qu’est ce qu’il fait….

ROSE : Ben….je n’sais pas…..je ne vois rien…..il s’est peut-être endormi.

ODETTE : endormi, tu crois……..

ROSE : de toute façon, il n’a pas pu se volatiliser…Attend, …..il redresse la

tête mais, vraiment pas vite. A cette allure, il ne va pas se coincer une cervicale j’

te le jure.

ODETTE : et le reste

ROSE : Pour l’instant, je ne vois que la tête

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ODETTE : et si c’était le maniaque ?

ROSE : tu as peur ODETTE.

ODETTE : tu sais moi, j’ai toujours eu besoin de préliminaire. Avec ce genre de

type, j’n’sais pas s’il s’attarde à ce genre de chose.

ROSE : ça y est, il s’est à nouveau planqué.

ODETTE : ROSE, il faut faire quelque chose. On ne peut pas rester comme ça

dans l’incertitude.

ROSE : tu as raison. Faut qu’il arrête son cirque le connard.

ODETTE : allez ROSE…..secoue le un peu.

ROSE : ROSE se relève : dites donc jeune homme, ça va durer longtemps

votre jeu du j’m cache, j’m cache pas. Si c’est le canapé qui vous intéresse,

emmenez-le il nous f’ra pas défaut !!!

L’homme se lève d’un coup et recommence à tourner dans la pièce.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : Chut…….je dois tout savoir, tout connaître, je

m’imprègne de l’odeur des choses, des murs c’est simple à comprendre non.

ROSE : Oui sans doute, mais, nous…..c’est déjà fait, on est déjà bien

imprégnée.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : quand je dis imprégné, c’est une métaphore.

ODETTE : une méta quoi….

LE NOUVEAU DIRECTEUR : phore, une allégorie, un sens figuré, une image.

ODETTE : ah……d’accord. (l’air pensif) je n’y avais pas songé.

ROSE : il veut dire ODETTE que …….. mais, qu’est que vous voulez dire à la

fin avec vos métaphores ?

LE NOUVEAU DIRECTEUR : en effet, qu’est-ce que j’ai voulu dire par

là…..excusez moi, j’ai parfois quelques trous de mémoire. Mais, rien de grave….

Seulement parfois, je ne me rappelle plus ce que j’ai dit cinq minutes avant. Ça

va beaucoup mieux maintenant, je me soigne car, pendant des années, j’avais du

mal à retenir mon prénom. Quant j’étais petit, on me disait, comment tu t’appelles

mon garçon …alors là facile : X…..l’autre disait, c’est ton nom X. oui mais ton

prénom ?

ODETTE : c’est votre nom X ?

LE NOUVEAU DIRECTEUR : oui tout à fait je m’appelle Monsieur X…

ROSE : vous voulez dire X comme Y…Z

LE NOUVEAU DIRECTEUR : non X comme…..comme…..X c’est facile ne

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cherchez pas la complication.

ODETTE : vous voyez, mon nom à moi c’est Dejeux….. bon c’est facile aussi

mais alors là X ….chapeau….dire qu’il y a des gens avec des noms….grand

comme ça et que l’on peut s’appeler tout simplement X et votre père s’appelle X

aussi…..

LE NOUVEAU DIRECTEUR : non…..mon père, je ne l’ai pas connu, mes

parents ne m’ont pas reconnu à la naissance…….c’est pour cela que

l’administration depuis la nuit des temps marquait une lettre à la place du nom.

ODETTE : et bien moi, ma chienne, quand elle se barrait, elle revenait souvent

avec des X plein la brioche.

ROSE : enfin ODETTE, un peu de correction….c’est homme a été privé de

parents et tu dis n’importe quoi…..c’est pitoyable.

ODETTE : c’que je voulais dire c’est que quand ma chienne……

LE NOUVEAU DIRECTEUR : (haussant le ton prenant l’allure d’un fou) Je me

fous de vos chiens, de vos X et tout le st Frusquin, moi, je suis ici pour faire mon

travail de Directeur. Je m’appelle X point final. Vous m’emmerdez à la fin.

Un grand silence de doute s’installe entre les deux femmes.

ODETTE balbutie pendant que l’homme l’a regarde méchamment.

ODETTE : et……et…votre prénom c’est comment ?

LE NOUVEAU DIRECTEUR : l’homme fouille dans la poche de son veston et

en sort un calepin : Vous voyez, vous m’avez troublé avec vos chiens, j’ai encore

oublié : Xenophon….mon prénom est Xénophon.

ROSE : Monsieur Xénophon X…….. X pour le prénom et X pour le nom mais

alors, ça fait XX.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : ben oui XX et alors ?

ROSE : et bien moi, c’est plutôt XXL.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : je ne vois pas le rapport.

ROSE : heu….c’est normal y en a pas. Ce que je voulais dire c’est que le

prénom de mon deuxième fils commençait aussi par un X le pauvre, c’est

troublant. Bien sûr j’avais trouvé ça con depuis le début mais, mon mari voulait

tellement avoir un souvenir de son arrière grand père. J’ai fini par accepté après

tout, c’ n’était pas mon affaire, et en plus on ne le gardait pas alors…. y en a bien

qui s’appelle Edmond…. C’n’est pas mieux (en dansant à la de Funès). Edmond

Edmond Edmond.

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ODETTE : ROSE, c’était tout de même un peu salaud de le prénommer

comme ça……regardez ce pauvre Monsieur X comme il est embarrassé avec un

boulet pareil. Jamais je n’oserais vous appeler par votre prénom.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : Madame Dejeux, vous n’aurez pas à le faire.

Mon nom est ……..ça y est, je ne me souviens plus de quoi on parlait, c’est

assommant vous savez.

ROSE : bof…..cà n’a pas de conséquence……pour être Directeur ici, faut pas

sortir de St Cyr……et puis, vous savez les p’tits vieux d’ici, ils connaissent le

chemin par cœur. Vous n’aurez pas de mal à retrouver votre bureau ils y sont tout

le temps fourrés. Toujours à se plaindre, ils n’ont que ça à faire alors vous

pensez, ça les occupe.

ODETTE : attention, quelqu’un arrive encore….ne restez pas là Monsieur X..

LA DIRECTRICE pénètre dans la pièce.

Scène 7

Odette – Rose – La Directrice – Le Nouveau Directeur

LA DIRECTRICE : bon, j’ai rencontré l’homme que vous m’avez décrit Madame

Trémière, c’est bien votre nouveau Directeur.

Les deux femmes se regardent un peu effrayées car l’autre est caché dans la

pièce.

ROSE : mais, comment pouvez-vous en être certaine ?

LA DIRECTRICE : je lui ai demandé s’il connaissait ma tante et il m’a dit oui.

ROSE : ouf vous m’avez fait peur.

LA DIRECTRICE : Pourquoi faites-vous cette tête….. que se passe t’il ?

Les femmes font des gestes désespérés en essayant de faire comprendre à

LA DIRECTRICE que le fou est caché derrière un canapé. LA DIRECTRICE tente

d’apercevoir ce personnage. Mais, au bout d’un certain temps, elle s’aperçoit qu’il

n’y a rien.

LA DIRECTRICE : Ben alors, qu’est ce que vous voulez dire. Il n’y a rien du

tout dans cette pièce.

ROSE fait le tour également : alors là, je n’y comprends rien…… y a pas cinq

minutes, on parlait encore avec lui.

LA DIRECTRICE : écoutez Madame Dejeux, Mme Trémière, si c’est une

plaisanterie, elle est de très mauvais goût. Des gens risquent de se faire trancher

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la gorge et vous, ça vous amuse.

ODETTE : mais pas du tout, c’est la vérité. Croix de bois, croix de fer si je

mens je vais en enfer.

LA DIRECTRICE : Ne craigniez rien, depuis longtemps, l’enfer vous est déjà

réservé. Une question, est-ce vous qui piquez le papier dans les toilettes des

vieux pour les mettre dans des situations ridicules ? C’est une question, j’attends

….

ODETTE : ah ça non, c’n’est pas nous.

LA DIRECTRICE : comment expliquez-vous que l’on est retrouvé un carton

entier rempli de rouleaux dans votre chambre. Après ça, Comment puis-je croire à

ce que vous me dites vous n’êtes que des menteuses allumeuses étrangleuses.

ROSE : je ne tolère pas que l’on vienne fouiller ma chambre sans mon

consentement. Il y a violation de domicile. Je me plaindrai à notre nouveau

Directeur.

LA DIRECTRICE : OK, vous lui expliquerez également par quel miracle, le

pantalon du père Dingot, trente six jeux cartes et un carton entier de papier H se

sont retrouvés chez vous et je ne parle pas de la dizaine de chaussures pied droit

se trouvant là aussi. Avez-vous, je ne sais pas, la moindre explication. Tout est

arrivé là à votre insu et par le pur fruit du hasard, c’est bien cela.

ROSE : Oui, c’est bien cela ou alors, il s’agit d’une machination, quelqu’un veut

notre perte, ce n’est pas possible autrement.

LA DIRECTRICE : en attendant je perds mon temps avec vous. Et finalement,

je préfère que vous m’ayez menti car si ce n’était pas le cas vous auriez été au

contact d’un très dangereux personnage. Bon, je vous laisse.

ODETTE : non attendez Madame LA DIRECTRICE,……vous êtes sûre qu’il

est si dangereux.

LA DIRECTRICE : sûre et certaine, avant d’être enfermé dans le bâtiment d’en

face, il était tueur en série. On lui dénombre pas moins de quatorze crimes et viols

et pas que des petites jeunes.

ODETTE : tout de même pas des vieilles comme nous ?

LA DIRECTRICE : bou………quand ils sont aveuglés par l’instinct d’animal en

rut, que tout est remonté au niveau de la gorge, les yeux gonflés, exorbités, rien

ne peut les arrêter. Y a du sang partout, des morceaux partout C’est horrible. Je

m’en vais, je repasserai tout à l’heure.

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Pendant que LA DIRECTRICE s’éloigne, les deux vieilles dames font le tour de

la pièce, regarde sous le canapé et ne trouve rien. Puis, elle se retrouve près d’un

rideau et l’homme sort d’un coup. Elles sursautent et vont se rasseoir effrayées.

ODETTE : s’il vous plait, épargnez nous, tenez, je vous donne……elle

cherche….elle fouille…..mon dentier, y a deux dents en or dessus allez…. Prenez

le c’est de bon cœur. Allez…….. prenez-le !!!

LE NOUVEAU DIRECTEUR : mais Madame….je ne suis pas un tueur, ni un

voleur, c’est votre Directrice qui fait erreur. Regardez-moi, ai-je l’air d’un

dangereux maniaque (l’homme les fixe méchamment). Il hausse le ton :

Répondez non de Dieu, j’vous ai posé une question.

ODETTE : vous savez, moi, sans mes lunettes je suis aveugle. Voyez par

exemple, vous êtes en face de moi.

ROSE : oui, c’est bon ODETTE, on connaît. Ça devient lassant d’autant plus

que l’Monsieur n’est pas encore bien imprégné.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : et vous Madame, ai-je l’air d’un tueur ?

Répondez

ROSE : A bien vous regarder……..(la femme tourne autour de l’homme) de

face non….alors là, pas du tout, j’dirais plutôt brindezingue mais de profil, je

n’peux pas dire……j’ai un doute, je peux vous regardez de nouveau.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : j’vous en prie Madame faites :

ROSE : C’est ce que j’disais, j’ai un doute…..et quand c’est comme ça, on ne

peut pas se permettre d’être affirmatif…dommage qu’ ODETTE soit aveugle…

LE NOUVEAU DIRECTEUR : l’homme se met à sangloter. Je suis bouleversé,

je suis le plus gentil des hommes et voilà, j’ai une tête de brindezingue d’un côté

et de l’autre, un dangereux maniaque qui fait peur aux petites vieilles.

ODETTE : non Monsieur X, c’n’est pas ça, ROSE a dit avoir un doute…..

LE NOUVEAU DIRECTEUR : vous ….la femme aux chiens, je n’vous ai rien

demandé. Quand on n’est pas capable de donner son avis, on la ferme.

ROSE : Ne vous mettez pas dans un état pareil ; ODETTE, répétait seulement

la phrase que j’disais, quand j’disais avoir un doute et que quand on a un doute je

n’pouvais pas être certaine de ce j’que disais.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : j’ai bien compris mais, excusez moi, elle me

porte sur les nerfs, j’ai parfois envie de ……

ROSE : de l’égorger ?

LE NOUVEAU DIRECTEUR : Oui tout à fait, de l’égorger, de la découper en

petits morceaux que je répandrais dans toute la pièce.

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ROSE : alors là, plus de doute, vous êtes le dangereux maniaque…

LE NOUVEAU DIRECTEUR : mais pas du tout, là aussi, c’est une métaphore,

je n’ai aucune envie de faire du mal à cette pauvre vieille sans défense. Regardez

là, elle est déjà statufiée, liquéfiée, on dirait une momie.

ROSE : vous commencez à me faire chier avec vos métaphores. A croire qu’il

y en a partout. Avant que vous arriviez y en avait pas alors, c’est bien vous qui les

avez amenées.

ODETTE : monsieur X, je ne voudrais pas vous offenser mais, me traiter de

pauvre vieille, c’n’est pas gentil. Déjà, que l’on a du mal à se supporter tel que l’on

est, alors, si vous en remettez une couche je le dis et le répète, c’est pas gentil.

Vous me faites de la peine.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : madame machin, j’ne suis pas là pour être gentil,

je suis votre nouveau directeur.

ODETTE : non, vous êtes le maniaque, il n’y a qu’à vous regarder……

Puisqu’elle est aveugle, l’homme la regarde stupéfait il fait le geste de

l’étrangler.

ROSE : puisque vous êtes un dangereux personnage, on ne badine plus,

veuillez reculer jeune homme de quelques pas et nous dire vos intentions. Et

n’approchez plus sinon je peux pousser une grande gueulante, ils me connaissent

ici.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : mais, vous n’en aurez pas l’occasion, je vous le

dis et le répète depuis le début, je suis votre nouveau directeur.

ROSE : alors, puisqu’il en est ainsi, carte d’identité, passeport, permis de

conduire s’il vous plait. Fini les métaphores, on ne rigole plus.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : l’homme fouille dans sa sacoche, ROSE aperçoit

un grand couteau. Voici ma carte d’identité, voyez, je m’appelle bien Monsieur X

et je suis né à XIVRAY ET MARVOISIN dans la Meuse.

ROSE : non, c’n’est pas possible……

LE NOUVEAU DIRECTEUR : je vous l’ai dit, je suis né à …….ça y est j’ai

encore un trou de mémoire…

ROSE : Xivray et Marvoisin

LE NOUVEAU DIRECTEUR : oui c’est cela mais, j’ai été adopté par des gens

qui habitent Xamontarupt dans la Meuse. Regardez, j’y habite depuis toujours.

ODETTE : Dites donc Monsieur X vous les collectionnez…..

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LE NOUVEAU DIRECTEUR : quoi donc ?

ODETTE : ben les X……..

LE NOUVEAU DIRECTEUR : et alors….

ODETTE : parce que moi c’est plutôt les virgules !!!

LE NOUVEAU DIRECTEUR : vous la vieille, camembert…..

L’homme se met à trembler et sort son grand couteau de sa serviette, les

femmes se relèvent d’un coup.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : ne craignez rien, je fais de l’hypoglycémie, un

petit morceau de saucisson et ça repart.

ROSE : j’ai cru un instant que vous alliez égorger ma pauvre ODETTE.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : mais pas du tout, je suis là pour vous aider, je

suis votre nouveau Directeur ôtez-vous cette idée de la tête que je suis un tueur.

Allez, vous prendrez bien un petit morceau de saucisson.

ODETTE : bien volontiers, ça m’rappelle quand on piqueniquait avec mon

défunt mari. Y m’disait toujours, tu vois ODETTE, c’est toujours ça qu’les boches

n’auront pas.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : ah non, pas question d’en donner à l’autre….

ROSE : allez

LE NOUVEAU DIRECTEUR : bon, c’est bien pour vous faire plaisir. Mais, ça

me coûte.

Du coup débute une ambiance festive. L’homme sort également une bouteille

de vin blanc.

ROSE : vous voyez Monsieur X, ça, c’est la vraie vie. J’aime cette ambiance,

ce n’est pas comme avec ces culs coincés d’à côté qui n’ont aucun sens de

l’humour.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : je m’excuse mais, je n’ai pas de verre à vous

offrir….

ROSE : pas grave, un instant, je vais en chercher d’autres dans ma chambre.

ODETTE rattrape ROSE par le gilet et lui fait comprendre en murmurant qu’elle

ne veut pas se retrouver seule avec l’inconnu. La scène peut durer un peu, ROSE

peut faire comprendre par des gestes qu’elle a peur de se faire égorger, violer.

ROSE : Ah oui, c’est inutile, nos chambres sont fermées à cette heure.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : fermez à cette heure !!!

ROSE : oui, des bêtises, j’vous raconterez. On boira au goulot comme en 14 ;

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à la guerre comme à la guerre et tant pis pour les métaphores, je suis vaccinée.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : je peux m’asseoir près de vous madame ….Oh

là là, que je me sens bien ; je peux vous le confier maintenant, ça fait des années

que je n’ai pas connu pareil bonheur. Dire qu’on m’avait dit avant de venir ici que

je n’aurais à faire qu’à des débiles mentaux !!!

ROSE : mais, les gens disent n’importe quoi !!! C’n’est pas parce qu’on a

parfois des choses qui se mélangent dans la tête que l’on doit être considéré

comme débile, un peu de nuance tout de même.

ODETTE : et puis, ce n’est pas forcément de grandes choses qui font le plus

plaisir. Voyez par exemple, votre saucisson est dur comme du chien…..

ROSE : non ODETTE pas le chien…..pas le chien.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : non laissez Mme Trémière, je commence à

m’habituer. C’est surtout au début, ça m’a énervé, j’ai peut-être été un peu dur

avec elle. Excusez moi Madame Machin d’avoir été sévère avec vous mais, de

penser à tous ces chiots adorables, si fragiles et puis étranglés, ça m’a

bouleversé.

ODETTE : non, pas étranglés du tout, c’est mon mari qui les aspergeait….

ROSE : ODETTE………………. ODETTE……

ODETTE : qui les aspergeait….les aspergeait ……les aspergeait de

parfum……du chanel en plus…..ah non, on les aimait nos chiens.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : j’aime mieux ça, je n’sais pas pourquoi mais

j’imaginais le pire alors, j’ai vu rouge. J’aime tellement les animaux.

ODETTE : ah pas du tout……qu’est-ce qu’on était heureux avec tous ces

chiens. Y en avait partout, et ça jappait, et ça léchait, c’est bien simple y avait

même plus à faire la vaisselle.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : je suis confus…..alors faisons la paix, buvez un

petit coup de blanc, ça vous fera du bien.

ODETTE : c’n’est pas de refus mon commandant.

ROSE : ah….zut alors, encore de la visite.

Scène 8

Odette – Rose – La Directrice

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L’homme est reparti se cacher et LA DIRECTRICE surprend les femmes au

casse-croute.

Elle est surprise et les femmes prennent une attitude de gamines en faute.

LA DIRECTRICE : vous me direz encore que ce n’est pas vous qui avez

dévalisé le restaurant.

ROSE et ODETTE : en même temps : ce n’est pas nous.

LA DIRECTRICE : Je m’en doutais, c’est tombé là, comme par enchantement,

voyez donc. Juste une petite faim et hop, sans passer commande, se retrouve sur

la table pain, vin, saucisson et couteau à trancher ça m’est déjà arrivé quelquefois

mais, pas souvent.

ROSE : ah vous voyez, ce n’est pas si exceptionnel !!!

LA DIRECTRICE : mais non, c’était une image, une métaphore. Rien de la

sorte ne peut arriver, vous vous moquez de qui ? Puisque vous êtes une fois de

plus victimes, il faudra bien démasquer le vrai coupable, je dirai donc à votre

nouveau directeur de porter plainte contre X.

Les deux femmes se regardent.

ODETTE : ah non, il ne voudra jamais….

ROSE : non jamais, ce n’est pas possible. Contre Y à la rigueur, si vous y

tenez mais, pas contre X certainement pas.

LA DIRECTRICE : il fera bien comme il voudra et vous aussi, moi, je tire ma

révérence. Je rends mon tablier.

ODETTE : Non, pas maintenant, attendez un peu, nous avons à peine fait

connaissance.

LA DIRECTRICE : Moi, faire connaissance, je n’en ai nul désir, je pense bien

vous connaître et je peux dire haut et fort sans risquer d’être contrariée, que plus

empoisonneuses que vous tu meurs.

ROSE : Vous avez toujours des mots désagréables. On était bien là, tous les

trois à saucissonner et patatras, plus d’ambiance et retour des métaphores. Je le

dis, et le répète, c’n’est pas bien…..voilà tout.

LA DIRECTRICE : vous avez dit trois……….

ODETTE : mais non, ROSE a du me compter deux fois. Tout le monde peut se

tromper, ça ne vous arrive jamais ?

LA DIRECTRICE : Soyons honnête, si parfois ça m’arrive, mais je fais gaffe. Je

suis LA DIRECTRICE, je dois être vigilante. Imaginez par exemple, que le

maniaque, je m’en fiche. Allez hop, admettons, il fait ce qu’il veut, j’m suis

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trompée, je l’ai confondu avec le nouveau directeur. Il étrangle, il viole, il découpe

en petits morceaux. Vous imaginez le travail au moment de la visite du docteur

principal en train de piétiner toutes ses brebis égarées. La, vous comprenez, il

ne s’agit pas de je m’suis trompé j’ai compté ma voisine deux fois. Le travail de

Directrice, c’est du sérieux, du lourd.

ODETTE : Pour nous c’est plus facile, c’est sûr !!!

LA DIRECTRICE : ça n’a rien à voir….. Bon, vous, vous faites toujours n'importe quoi d'accord… On est habitué‚, C'est chiant…voir même très chiant mais ça ne prête pas à… conséquence. A la limite, c'est parfois drôle allez, rions un peu. Quand j'ai vu ce pauvre vieux père Dingot sortir des toilettes le pantalon à la main en sautillant comme un kangourou pour réclamer du papier, je peux vous le dire maintenant, vous ne le répèterez pas, ça m'a fait rire. (Les trois se mettent à se bidonner ; LA DIRECTRICE reprend un air sévère) Mais, le travail de directrice, ce n'est pas ça, il faut faire attention à ce que ce genre d'incident n'arrive pas. C'est pourquoi, je suis obligée de sévir.

ROSE : mais, tout de même le placard, c’est un peu dur !!!

LA DIRECTRICE : désolée, c’est tout ce que nous offre l’administration. Heu, je m’excuse de vous demander cela mais, il ne vous reste pas un p’tit morceau de saucisson par hasard. Avec tous ces bouleversements, je n’ai rien mangé depuis deux jours.

ODETTE : mais si bien sûr…..

LA DIRECTRICE : vous imaginez si le nouveau directeur me voyait festoyer avec mes patients. Déjà qu’au naturel, il a une tête d’ahuri alors, en état de choc je ne vous en parle pas.

ROSE : j’vous conseille aussi un petit coup blanc… vous verrez, il est épatant.

LA DIRECTRICE : mais !!! vous buvez à la bouteille. C’est contraire à toutes les règles d’hygiène. Vous risquez toutes sortes de maladies. On ne vous a pas prévenu ?

ODETTE : vous croyez ? Personne ne nous a rien dit.

LA DIRECTRICE : mais bien sûr, si ça se trouve, vous avez déjà attrapez la tuberculose ou le choléra !!!

ROSE : Ah là là, vous passez un bon moment et hop…il faut toujours qu’il y ait quelque chose qui vous empoisonne la vie !!!

LA DIRECTRICE : là encore, c’est mon rôle de directrice de vous aviser mais moi, je suis habituée d’être empoisonnée, c’est mon métier.

ODETTE : mais alors, c’est grave, à cause de l’autre, j’ai peut-être attrapé la maladie de Creutzfeld-Jacob. Tu vois, je tremble déjà.

ROSE : ODETTE ne commence pas à paniquer.

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ODETTE : je me disais bien aussi, qu’il était trop poli pour être honnête.

LA DIRECTRICE : mais de qui parlez-vous enfin ?

ODETTE : ben, du tueur en série, du maniaque, c’est lui qui nous a donné tout ça.

LA DIRECTRICE échappe le saucisson. Sort un petit sac plastique de sa poche et recrache ce qu’elle commençait de manger.

LA DIRECTRICE : vous me dites seulement maintenant que le tueur est dans cette pièce et que nous sommes là bien tranquilles à saucissonner pendant que lui nous observe. Ou est-il le scélérat ?

ODETTE : il est derrière le rideau….. Allez voir Madame LA DIRECTRICE.

LA DIRECTRICE : mais, pourquoi moi… je suis encore jeune, désirable, tandis que vous, vous avez déjà fait l’essentiel ; c’est à vous d’y aller. Allez Madame Trémière un peu de courage.

ODETTE : ah, si je n’étais pas aveugle, voilà longtemps que je l’aurais délogé le métaphore.

ROSE : J’ai une idée, ODETTE, essaie les chiens.

ODETTE : comment ça les chiens….

ROSE : ben oui les chiens….(ROSE fait le geste d’étrangler des chiots).

ODETTE : J’ai compris ROSE. Là, Madame LA DIRECTRICE, pas besoin de bouger, il va sortir tout de suite.

LA DIRECTRICE : faites vite madame Dejeux, j’ai autre chose à faire.

ODETTE : Allez j’y vais…..

ROSE : dépêches-toi ODETTE, madame LA DIRECTRICE à autre chose à faire. Vous n’vous rendez pas compte, tous ces vieux à surveiller. Ça commence à l’énerver c’est normal.

ODETTE : allez, c’est parti : quand ma chienne nous faisait des chiens, mon mari les aspergeait d’éther pour les exterminer tous. Paf, prend ça dans les dents.

LA DIRECTRICE : quelle horreur !!!

ODETTE : (tout doucement) non mais, ça va le faire bouger, vous allez voir.

Tous sont dans l’attente d’un signe mais rien ne bouge.

ROSE : allez ODETTE, encore une couche….

ODETTE : ça me gène….

ROSE : allez dépêche-toi enfin.

ODETTE : ensuite, il les jetait contre le mur pour les achever. On faisait ça devant la chienne pour l’entendre gémir et ça nous faisait rire. Paf prends encore ça dans les dents.

LA DIRECTRICE : Mais, vous êtes dingue, c’est horrible…

ODETTE : Alors là, pas de doute, vous allez le voir rappliquer mais, protégez-

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moi parce qu’il va être furieux. Cà peut cogner.

Tous écoutent mais, toujours rien. LA DIRECTRICE et ROSE s’avancent dans la pièce. ROSE ouvre le rideau un grand coup. Mais rien, ils cherchent à nouveau mais sans rien trouver. LA DIRECTRICE commence à s’agacer.

LA DIRECTRICE : ça y est, vous m’avez encore roulée dans la farine. Décidément, vous êtes incorrigibles, je m’en vais avant que je fasse un malheur.

RIDEAU

ACTE 2

Scène 1

Rose – Odette – Le Nouveau Directeur – Ginette - Corinne

Ginette fait le tour de la pièce, regarde partout et invite Corinne à entrer.

GINETTE : viens Corinne, j’ai fait le tour, il n’y a personne.

CORINNE : (en retrait derrière la porte ouverte) tu es certaine ?

GINETTE : ne soit pas si peureuse (elle se décide à pénétrer dans la pièce) tout à l’heure, tu n’aurais pas dû te sauver….

CORINNE : quand la Directrice a dit qu’un tueur circulait dans l’Etablissement, j’ai paniqué.

GINETTE : résultat, la Directrice va nous pistonner auprès du Nouveau Directeur et ce n’est pas bon pour nous.

CORINNE : déjà ce matin, je te l’ai dit, je trouvais ce bonhomme louche.

GINETTE : mais, pas plus que les autres…. En tous les cas, l’annonce de la présence d’un tueur a déclenché une sacrée panique, ça court dans tous les sens.

GINETTE : même la Mère LULU comme par miracle, c’est remise à marcher.

CORINNE : c’est comme avec Notre Dame de Lourdes !!!

GINETTE : sauf qu’ ici, on a pas besoin d’elle… juste l’apparition d’un loup-garou et hop ça cavale.

CORINNE : ce qui me désole, c’est que j’ ne sais pas comment on va faire

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pour les arrêter.

GINETTE : a qui le dis-tu !!!

CORINNE : ben …. A toi…..(surprise haussant les épaules)

GINETTE : (agacée) Ben évidemment que c’est à moi puisque nous ne sommes que toutes les deux.

CORINNE : ben, pourquoi tu me le demandes alors ? Tu fais exprès de m’embrouiller…. Et c’est comme ça depuis le début.

ROSE et ODETTE reviennent.

ROSE : et bien les filles, faudra peut-être bien aller faire la circulation. C’est la panique générale…..j’ai failli me faire renverser.

GINETTE : par contre Madame ROSE, vous paraissez bien détendue. Vous n’avez pas peur ?

ROSE : du nouveau Directeur ?

ODETTE : moi, je dirai plutôt de l’égorgeur, y a qu’à voir la tête qu’il a.

CORINNE : ben…. J’croyais que vous étiez aveugle Madame Odette ?

ODETTE : ça ne m’empêche pas de ressentir les choses…. Et cet homme là ne me plait pas.

CORINNE : moi non plus.

ROSE : et bien moi, je ne sais pas pourquoi mais, cet homme m’attire.

CORINNE : attention Madame La Rose, c’est peut-être pour mieux vous égorger… soyez méfiante.

ROSE : mon prénom c’est Rose, pas La Rose…. Attention……ça fait déjà deux fois que j’essaie de la prévenir la petite nouvelle…. Attention……

GINETTE : en tous les cas, pour l’instant on ne sait toujours pas si c’est notre Nouveau Directeur ou l’évadé d’en face.

ROSE : moi je dis que c’est notre nouveau patron et j’ajouterais qu’il est plutôt sympathique.

ODETTE : sympathique ce tueur…….

ROSE : mais ma parole, tu es jalouse !!!

ODETTE : moi jalouse…. D’un homme qui m’a contaminé, regarde comme je tremble, je deviens folle comme une vache.

CORINNE : parce que les vaches sont folles….Ha…C’est pour ça qu’elles courent partout…..tu savais ça GINETTE ?

GINETTE : ne t’inquiète pas … tant qu’elles donnent du lait on s’en balance un peu.

CORINNE : c’est vrai qu’elle tremble Madame Odette.

ODETTE : méfies-toi LA ROSE, méfies-toi, t’es en train de basculer et c’est pas bon ni pour la tête, ni pour le cœur. J’ai connu ça aussi alors, j’te préviens

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encore une fois méfies-toi…

CORINNE : pourquoi vous ne dites rien à Madame Odette qui vous appelle La Rose.

GINETTE : laisse Corinne, c’est trop compliqué pour toi….t’as pas eu ton bac ?

CORINNE : tu penses…j’ai raté l’entrée en sixième.

GINETTE : alors là…. Ça me surprend…. Mais comment se fait-il ?

CORINNE : je ne comprends rien, tu vois….je ne sais même pas c’ que ça veut dire « basculer ».

GINETTE : ça veut dire passer d’un état à un autre.

CORINNE : comme partir à l’Etranger en quelque sorte !!! (tous sont sidérés par la réponse).

GINETTE : mais, je ne parle pas d’un état comme d’un pays …..Madame Odette met en garde son amie qu’elle peut tomber amoureuse.

CORINNE : tu vois j’comprends jamais rien.

GINETTE : mais si mais, il faut t’expliquer longtemps. Madame Odette parle de passer de l’état d’ami à celui d’amoureux… tu piges maintenant ?

CORINNE : oui..oui.. je sais….. ça lui est arrivée avec son Capitaine des Pompiers….. (Ginette lui fait les gros yeux) ah mince…. J’l’ai encore dit. (Odette est en pleure).

ROSE : allez vient ma DEDETTE…. Dans mes bras, ne pleure plus c’est du passé.

ODETTE : oui mais j’l’aimais tellement…..(avec une voix pleine de sanglots).

GINETTE : bon ben j’crois que nous allons poursuivre la formation ailleurs.

ROSE : c’est surement mieux…je n’osais pas vous l’demander.(faisant circuler ses doigts comme pour vouloir étrangler les filles).

CORINNE : ben, faut pas vous gêner avec nous….….. (un fauteuil bouge, l’homme est couché dessous) HA….. (cri de panique) HA…….. les filles partent en courant ; ROSE et ODETTE sont toujours enlacées, elles n’ont rien entendu.

ROSE : allez ma DEDETTE, calmes-toi, je suis là.(elles sont toujours enlacées. Monsieur X tape sur l’épaule de Rose qui sursaute).

LE NOUVEAU DIRECTEUR : excusez-moi, je m’étais endormi sous votre canapé à cette heure ci, ça m’arrive parfois. Continuez, ne vous gênez pas pour moi, je suis un homme ouvert. J’accepte toutes les races, les couleurs, les pensées, les religions, les sexualités.

ROSE : Monsieur X, vous vous méprenez, ODETTE et moi nous ne sommes que des amies.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : oui, je le vois bien et moi je suis le tueur !!!

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ODETTE : votre sexualité à vous c’est de violer et d’égorger ; tout le monde le sait. Vous ne pouvez pas nous comprendre.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : ça y est, vous êtes à nouveau désagréable, ne vous mettez pas dans un état pareil, vous tremblez comme la vache folle. Vous allez finir par calancher si vous continuez.

ROSE : Monsieur X un peu de retenue tout de même, vous êtes en présence d’une pauvre femme vieille, malheureuse, malade, déçue par amour et aveugle.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : oui en effet, ça fait beaucoup. Je retire calanché.

ROSE : Monsieur X, la vache folle aussi.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : pas question, c’est elle qui a commencé. Je suis votre nouveau Directeur, je ne peux pas commencer à mollir. Je serai à l’écoute certes mais, je serai ferme et intransigeant. Surtout devant des vieux entêtés, méchants, moches et décrépis.

ROSE : ODETTE, qu’est-ce-que tu cherches ?

ODETTE : mon briquet, il m’agace ce type là….j’vais tout faire bruler…..

ODETTE s’empare d’un journal et menace de l’allumer.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : confisqué le briquet.

ROSE : laissez moi Monsieur X ne vous mêlez pas de nos affaires, ce n’est pas du chiqué, elle va le faire. C’est un combat de femme qui se règle entre femme, je m’en occupe.

ODETTE : puisque tu t’es rangée du côté des violeurs égorgeurs, fiche-moi la paix.

ROSE : calmes-toi ODETTE, j’n’ai pas fini de le lire…..attend un peu, rend-le moi….tu étais bien contente de saucissonner avec lui tout à l’heure…..

LE NOUVEAU DIRECTEUR : Madame Trémière, je m’excuse de vous le dire mais, c’est maladroit…..

ODETTE : parlons-en du saucissonnage, depuis, je suis malade….j’ai une fièvre de cheval et je tremble comme la vache et le prisonnier, je ne sais même pas si je serais capable d’allumer ce torchon.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : j’vous l’avais dit Madame Trémière, c’était maladroit….

ROSE : vous allez la fermer l’directeur de mes deux….c’est quand même vous qui l’avez mis dans cet état avec vos mots à la con.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : c’est justement pour ça….que c’était maladroit de lui rappeler.

ROSE : mais……..jamais vous la fermez ….(l’air agacé).

ODETTE : ça y est ROSE, tu me préféres à nouveau….je retrouve mon amie de deux mois (dit-elle en se blottissant dans ses bras tout en jetant le briquet et le

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journal).

ROSE : mais bien sûr…….comment as-tu pu douter un seul instant.

L’homme ramasse l’ensemble et fait des signes de reconnaissance comme quoi il s’était trompé, ROSE avait bien rusé en faisant semblant d’être contre lui.

ODETTE subitement repousse ROSE.

ODETTE : et si c’était une ruse de ta part ?

ROSE : c’n’est pas fini ta comédie ODETTE, nous sommes les meilleures amies du monde.

ODETTE : petite précision : nous étions…..jusqu’à l’arrivée de ce monstre. Comment peux-tu tomber amoureuse d’un type pareil ?

ROSE : mais ODETTE, tu me mets dans une situation honteuse et ridicule à la fin, j’n’suis pas amoureuse.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : laissez la dire madame Trémière, ça m’intéresse.

ODETTE : rien à dire de plus. Elle bascule.

ROSE : ODETTE prétend que je suis amoureuse de vous mais, ce n’est pas le cas, j’éprouve seulement une sensation bizarre quand vous êtes près de moi c’est comme si je vous connaissais depuis longtemps. Je devrais avoir peur et au contraire, curieusement, vous me rassurez.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : comme si……nous étions de la famille par exemple.

ROSE : oui, c’est un peu ça. J’aimerais tellement que vous ne soyez pas ce tueur tant décrié.

ODETTE : et vous la croyez Monsieur X ?

LE NOUVEAU DIRECTEUR : oui, quand Madame Trémière me regarde avec son air de…… chien battu, je succombe à son charme, elle est sincère.

ODETTE : vous ne voyez donc pas qu’elle vous aime d’amour, ce n’est pas de l’affection….je sens les choses…..

ROSE : tu ne sens que des bêtises, tu es beaucoup trop imprégnée ma pauvre ODETTE.

ODETTE : c’est faux ROSE, les aveugles ont les autres sens multipliés…et je le dis et le répète, tu aimes cet homme.

ROSE : même s’il en était ainsi madame machin, je suis gay, du moins, jusqu’à présent.

ODETTE : nous aussi, avant que vous arriviez nous l’étions, maintenant, voyez le résultat.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : mais, je ne veux pas être la cause….ça y est,

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j’ai encore oublié de quoi nous parlions.

ROSE : vous disiez, je suis gai !!!

LE NOUVEAU DIRECTEUR : j’ai dit cela !!!! (l’homme cherche ce qu’il a voulu dire) c’est sans doute parce que je dois prendre mes fonctions bientôt et que ça m’excite. A moins que j’aie voulu dire gay (levant le petit doigt) alors là, ça change tout.

Les deux femmes se regardent en essayant de comprendre ce curieux personnage.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : oui en effet, ça change tout. Si je suis gai c’est plutôt un atout pour séduire les femmes, mais, si je suis gay alors là plus question. Macache houaïlou. A moins que je ne cumule les deux ; c’est encore une autre solution. Dans ce cas, ça rendrait la situation inconfortable car d’un côté j’attire et de l’autre je repousse. Mais, si j’attire plus que je ne repousse, j’ai donc toute mes chances avec les femmes mais il est possible aussi que je repousse plus que je n’attire alors là je redeviens gay c’est inextricable.

ODETTE : ça y est, c’est fini……allez, encore un p’tit peu pour faire plaisir……. Non, vous êtes sûr, c’est bien fini….Autant vous dire qu’on à rien compris ROSE et moi. C’est ce qu’on vous apprend dans les grandes écoles. Et bien si c’est ça, faut distribuer des boussoles tout de suite à tous les petits vieux car, dans quinze jours personne ne retrouve plus les chambres.

ROSE : ODETTE à raison, avec les gens d’ici, vous devez vous exprimez simplement. Pas question d’enchainer des mots, vous verrez. Demandez aux femmes de service, ici c’est dodo – popo – roro – gato – supo - panpan cucul. Une phrase et tout s’écroule, déprime générale, suicide collectif. Ne faites jamais ça surtout on pourrait vous le reprocher.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : Madame machin, vous pensez cela aussi ?

ODETTE : ah, tout à fait, le mieux serait encore le langage des signes mais, bon, c’est déjà fléché faut pas exagérer non plus.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : vos conseils me vont droit au cœur. Je suis heureux de ne plus être considéré comme un tueur, à force d’être traité de la sorte, je commençais à douter de moi-même.

ROSE : ça me rappelle mon voisin. Un jour la police vient le chercher parce que quelqu’un avait été étranglé devant chez lui. Pendant deux jours et deux nuits ils l’ont interrogé…..c’est vous l’assassin…..c’est vous l’assassin……avec le bottin et tout ……..l’autre dit ben non, c’est pas moi…..alors c’est qui……on n’en a pas d’autres ça ne peut être que vous…..mais, je ne sais pas qui sait sinon je le dirais……c’est vous…..non c’est pas moi…..c’est vous…non…c’est vous…et bing et bing….le gars ne savait plus ou il en était............

LE NOUVEAU DIRECTEUR et ODETTE : alors…………

ROSE : il a fini par dire oui pensant que c’était lui. J’ai été le voir en prison, il m’a raconté son histoire.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : mais c’était peut-être lui ?

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ROSE : mais non……….

Les deux regardèrent ROSE inquiets.

ODETTE : ROSE, tu…. Ne….. nous…. Dis pas tout.

ROSE : ben oui, en passant devant la maison du voisin, le gamin m’insultait alors, j’m’suis emportée….voilà tout…ah….ça arrive.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : mais, c’est dégueulasse….l’autre est en prison à votre place.

ROSE : je sais mais, quand je suis venue à la Police pour dire que c’était moi ils m’ont dit…..

LE NOUVEAU DIRECTEUR : Je suis curieux de le savoir, qu’est-ce qu’ils vous ont dit :

ROSE : trop tard on en a déjà un….qu’est-ce-que vous vouliez que je fasse. J’ai insisté mais rien à faire.

ODETTE : là, c’est sûr, c’est un cas de force majeure. Quand la police ne vous croit pas ….c’ est le pot de fer contre le pot de terre c’n’est même pas la peine d’essayer de les convaincre, vous n’y arriverez pas. Moi, J’ai déjà essayé…..(un moment de silence, l’homme regarde ODETTE un peu hébété) Mais, pour moi, ça ne change rien concernant Monsieur X, faute de preuve, vous êtes toujours une menace d’ailleurs, je reste sur mes gardes n’approchez pas trop près.

LE NOUVEAU DIRECTEUR : et vous madame Trémière vous pensez la même chose ?

ROSE : du côté brindezingue, je serais tentée de vous croire. Mais, de l’autre…..je vous l’ai déjà dit, j’ai toujours ce doute ; c’est énervant mais, j’ai ce doute…..et puis, la Directrice nous a embrouillées car soi-disant elle aurait parlé avec le nouveau directeur alors…..comprenez-nous…

LE NOUVEAU DIRECTEUR : vous ne pouviez pas le dire plus tôt, je fonce…….il y a maldonne sur la personne, je crains le pire.

Scène 2

Rose – Odette – Momo – Ginette – Corinne –

ROSE : tu vois ODETTE ce n’est pas le tueur….

ODETTE : tu es trop confiante ma ROSE, restons sur nos gardes.

Ginette, Corinne reviennent.

GINETTE : la Directrice nous envoie….

ODETTE : pour quoi faire….. on était bien toutes les deux.

Momo arrive avec un tube de rouge à lèvres, il se tartine la figure et embrasse

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Rose qui ne s’y attend pas puis Odette pour se lancer sur Corinne.

MOMO : pas méchant Momo, dicapé….mais pas méchant (Ginette l’attrape par le bras et commande Corinne ; Rose se déplace).

GINETTE : allez Corinne passe lui l’éponge sur le visage pour enlever tout ça pendant que je le tiens.

CORINNE : mais, elle est pleine de….. de ….. (elle se bouche le nez).

MOMO : c’est pas grave, ça lui apprendra à faire le zouave (Rose s’approche pour l’étrangler).

ROSE : laissez-le moi……j’vais l’finir……(Momo se débat et se sauve).

MOMO : pas méchant Momo…..

ODETTE : fiche le camp…. Espèce de Dicapé…..

MOMO : pin pon pin pon….

CORINNE : c’est pas vrai, il va encore faire pleurer Madame ODETTE.

ODETTE : mon briquet…..MON BRIQUET…. Il a piqué mon briquet.

GINETTE : mais qui ça ?

ODETTE : ben le tueur… l’égorgeur…..

CORINNE : Madame Odette n’a pas pleuré cette fois ci pourtant, Momo conduisait encore le camion de…..

GINETTE : stop……tout va bien, il est parti, vous pouvez reprendre votre conversation.

CORINNE : alors, on les laisse ?

GINETTE : on peut faire une petite pause… on ne vous dérange pas ?

ROSE : si………..énormément…….

GINETTE : bon ben pas longtemps alors….

CORINNE : puisque qu’on reste, je peux poser une question ?

GINETTE : une toute petite alors…….

CORINNE : j’aimerais bien savoir pourquoi Madame Odette, aime tellement le feu.

ODETTE : je vais te le dire ma petite puisque tu t’intéresses à moi. L’hiver, il faisait si froid dans notre vieille demeure que ma mère allait de ci de là chercher quelques morceaux de bois. Je nous revois maman et moi ainsi enlacées regarder la flamme qui nous réchaufferait.

CORINNE : que c’est beau !!!

GINETTE : C’est là que votre amour du feu a commencé…..

ODETTE : (elle fouille dans sa poche) MON BRIQUET…. MON BRIQUET….il a piqué mon briquet.

GINETTE : j’vais en récupérer un…. Ne criez pas.

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ODETTE : je m’excuse mais, je ne peux pas m’en passer, sans lui, je me sens désemparée ; c’est comme un Bergé sans son chien.

CORINNE : un militaire sans son fusil…. Un feu sans………..

GINETTE : stop…. Continuez plutôt votre histoire Madame Odette.

ODETTE : je veux bien mais ne m’interrompez pas à chaque instant.

CORINNE : promis……

ODETTE : on parlait de quoi déjà…

CORINNE : la passion du feu…..

ODETTE : ah oui c’est ça…. Ma mère me voyait tellement heureuse qu’elle en allumait partout. Les voisins gueulaient mais rien n’y faisait. Jusqu’au jour ou elle n’a pas pu sortir de la maison embrasée.

CORINNE : je suis désolée …..

ODETTE : j’ai dit de ne pas m’interrompre.

CORINNE : oui mais là, c’est pas pareil, on dit ça « je suis désolée » ou « mes condoléances » quand un malheur arrive.

ODETTE : mais ça fait plus de soixante dix ans, je n’ai pas besoin de vos condoléances, y a prescription.

ROSE : allez continue …. Qu’est-ce-que c’est pénible.

ODETTE : et bien, vous me croirez si vous voulez mais la police a toujours cru que c’était moi. J’ai pourtant toujours dit non…il fallait les voir, alors dit nous que c’est toi…. Dit nous que c’est toi…..pendant des heures…. Après vingt quatre heures, y a répétition. Je ne savais plus où j’en étais. Quand je suis sorti, j’avais même oublié que ma mère était morte.

GINETTE : et finalement, vous n’y étiez pour rien !!!

ODETTE : ecoutez… je me suis longtemps posée la question…..parfois encore je me remémore la scène…. Ma mère faisait un feu dans la cheminée, elle était placée là ; moi, j’étais un peu plus loin vers l’escalier, j’en faisais un autre. Comment pouvais-je savoir lequel avait provoqué l’incendie ; c’est terrible de ne pas savoir.

ROSE : tu l’as dit, terrible…moi, le feu me fait peur, c’est plutôt d’étrangler qui me titille.

CORINNE : depuis longtemps ?

ROSE : ba….toute gamine déjà. Ils nous rabâchent les oreilles à chaque journal télévisé avec le jeu du foulard comme si ça n’avait jamais existé. J’avais inventé ça depuis longtemps.

CORINNE : finalement, on n’invente rien …

ROSE : moi, pas de foulard, à même les mains, rien d’autre. Au début je

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serrais doucement puis progressivement, en prenant de la force je m’améliorais. Jusqu’au jour ou une mauviette est passée de l’autre côté.

GINETTE : et il est mort ?

ROSE : non, pas la première fois….

GINETTE : parce que vous avez remis ça ?

ROSE : ben, c’est lui qui me l’a demandé ; soi-disant qu’il avait ressenti des choses agréables au fond de son pantalon…..j’ai fait ça pour lui faire plaisir.

CORINNE : ça c’est vrai parce c’est arrivé à Albert quand il était petit.

GINETTE : comment ça….

CORINNE : ben dans la cours de récréation, y a un gamin qui lui a serré le cou très très fort.

GINETTE : et il a ressenti des choses agréables.

CORINNE : oui mais, il s’est fait engueuler par sa mère parce qu’il avait le short tout mouillé.

ROSE : ben moi, c’est l’instituteur qui m’a engueulée…. Vous voulez faire plaisir et hop tout le monde vous déteste et en avant chez les sœurs.

ODETTE : tient, c’est drôle…. Toi aussi ma ROSE tu as rejoint la pieuse famille comme l’on dit.

ROSE : je suis arrivée chez les sœurs de la Mérité en juin 1940.

ODETTE : non….. c’est pas possible…..

ROSE : mais si…..

ODETTE : c’est incroyable….j’y étais aussi……on m’appelait la P’tite Dette…

ROSE : comment ça la « P’tite Dette »…c’est toi. Moi c’était « La Piquante », A ben ça alors, c’est invraisemblable, je ne t’aurais jamais reconnue !!!

ODETTE : c’est vrai qu’on a tendance à changer en plus de soixante dix ans.

CORINNE : le monde est vraiment petit….

GINETTE : oui…et contrairement à notre Etablissement qui lui est plutôt grand…. Il faut partir ma COCO….au boulot….. la journée n’est pas finie.

ROSE : vous partez….

GINETTE : pourquoi, vous voulez qu’on reste ?

ODETTE : surtout pas…. Nous avons plein de choses à nous raconter. (Les deux filles partent).

ROSE : que je suis contente ma « P’tite Dette », tu te rappelle : Claque, claque tes mains. Elles ont chaud, elles sont bien - Frotte, frotte ton front - Il rougit comme un lampion - tape, tape tes joues -Mais pas comme un petit fou -Dring, dring ton nez -C'est pour bien le réchauffer - Gratte, gratte ton menton - Barbichette, barbichon.

ODETTE : ta voix me rappelait quelqu’un mais jamais je n’aurais imaginé qu’il

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s’agissait de ma meilleure amie « La Piquante ».

ROSE : oh que je suis heureuse …… tu te souviens du curé avec sa

gymnastique …….

ODETTE : Mesdemoiselles, allez hop avant la prière, toutes sur le dos, les

jambes en l’air…….soufflez, soufflez et on écarte…..pas trop vite……le plus large

possible…ça pouvait durer quinze minutes…..je n’ai jamais compris ce que ça

nous apportait ?

ROSE : Ma p’tite Dette enfin, tu es naïve, tu n’as rien vu, aujourd’hui, je pourrais comprendre mais, à cette époque.

ODETTE : Non…..ne m’dis pas que……

ROSE : mais si…..

ODETTE : non, c’est impossible, c’était un curé béni par Dieu, le chouchou des

bonnes sœurs …… n’empêche qu’on s’amusait bien, Je me demande si on

pourrait encore le refaire.

ROSE : on essaie

ODETTE : Oh là là… ROSE, que je suis heureuse….je retrouve mes dix

ans….allez on y va

Les deux femmes se mettent sur le dos, les jupes tombent…..LA DIRECTRICE

arrive mais elles ne la voient pas.

ROSE : qu’est-ce qu’on est bien tout de même, de nouveau ensemble, les jupes retroussées comme au bon vieux temps.

ODETTE : tu imagines, si on nous voyait dans cette position.

ROSE : On nous prendrait pour des folles, c’est sûr.

Scène 3

Odette – Rose – La Directrice

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LA DIRECTRICE tousse pour se faire remarquer mais les femmes s’amusent à gigoter comme des gamines. LA DIRECTRICE tousse encore plus fort ; les

femmes se relèvent péniblement confuses essayant de trouver une explication.

ROSE : on avait un peu chaud au pied et froid à la tête alors, on s’est dit peut-être

qu’en se mettant à l’envers, on inverserait la situation.

LA DIRECTRICE : et alors…..

ODETTE : c’est concluant…..le plancher chauffant c’est bien mais…….seulement

pour les pieds.

ROSE : ODETTE, tu as pris des couleurs, regardez comme elle a bonne mine. On

croirait qu’elle est en bonne santé.

LA DIRECTRICE : en effet ça m’a l’air efficace. En fait, c’est une sorte de yoga où vous faites tomber l’énergie là ou vous en avez le plus besoin.

ODETTE : ah oui, avoir toute sa tête c’est quand même primordial. Vous devriez

essayer…

LA DIRECTRICE : c’est un conseil ?

ROSE : ben oui …

LA DIRECTRICE : et bien, vous pouvez le gardez !!!! vous imaginez une directrice

d’établissement aussi prestigieux que le nôtre s’afficher dans une position aussi

ridicule. Ça n’va pas la tête.

ODETTE : ben si justement, depuis ….je me sens comme une jeune fille…allez

tiens, des ailes viennent de pousser pchi..pchi.. je suis prête à décoller.

ROSE : je vous assure, ça vous ferait du bien. Vous avez une peau de déterrée,

vous êtes malade, ce n’est pas possible autrement.

LA DIRECTRICE : vous déconnez……

ROSE : ben je trouve que vous avez le teint jaune, ce n’est pas normal à votre

âge. Pour avoir une couleur comme ça il faut au minimum….Je dis bien, au

minimum, une soixantaine d’années, pas moins sinon, c’est de la copie, aucune

valeur.

LA DIRECTRICE : avec tous ces évènements, j’ai du vieillir prématurément.

ODETTE : Au fait, ou est LE NOUVEAU DIRECTEUR ?

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LA DIRECTRICE : j’ai tout arrangé, j’ai dirigé la grande majorité des

pensionnaires dans la grande pièce. Ça n’a pas été facile car il fallait aller à

contre sens des flèches ; certains se sont égarés mais la plupart sont en sécurité,

enfermés avec LE NOUVEAU DIRECTEUR.

Les deux femmes se regardent et se grattent la tête.

ROSE : allez allongez-vous cinq minutes…..ça peut vous être utile, nous avons

quelque chose à vous dire.

LA DIRECTRICE : qu’est ce que vous me faites faire.

ODETTE : vous êtes bien détendue ? Alors, les jambes en l’air et on écarte,

doucement…le plus large possible.

LA DIRECTRICE : oh là là oui, c’est épatant.

ROSE : bon….(elle tousse)…..allez, j’y vais : le nôtre enfin je veux dire l’homme

qui était avec nous est parti les rejoindre……

Les deux femmes s’attendent à une réaction mais rien.

LA DIRECTRICE : ah, que c’est bien…….. je ne pense plus à rien. Tous ces vieux, je m’en fous…..mais alors je m’en fous……

ROSE : bon ….il faudrait peut-être mieux arrêter maintenant avant que quelqu’un

n’arrive.

LA DIRECTRICE : bou…..je m’en fous….

L’homme rentre dans la pièce, il voit LA DIRECTRICE les jambes en l’air, par

pudeur, il se sauve.

ROSE : Madame, madame, il est là.

LA DIRECTRICE : bou….je m’en….(elle se relève d’un coup) ça y est, j’ai encore

marché dans la combine, vous êtes infernales.

ROSE : mais, je vous jure madame LA DIRECTRICE, LE NOUVEAU DIRECTEUR

était là y a pas deux minutes.

ODETTE : non ROSE, il ne faut pas dire « LE NOUVEAU DIRECTEUR » mais,

l’ancien « violeur-égorgeur ».

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LA DIRECTRICE : oh mais, c’est épatant votre truc……….je le referai……j’n’aurais pas pensé me sentir aussi bien après ça. Vous voyez,

comme d’habitude vous ne me dites que des bêtises et bouf………….ça passe,

aucune réaction désagréable. Rien, clean, zen, pénard, tranquille comme

Baptiste c’est tout-à-fait étonnant.

ROSE : alors, qu’ils sont peut-être tous en train de se faire égorger.

Si la suite de ce texte vous intéresse, contactez-moi :

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