beaumarcahispierre augustin carondeiilicenta
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Introduction
Cet document vise à présenter le plus grande et le plus complex de l’écrivain Pierre-
Augustin Caron de Beaumarchais, le valet Figaro.
Figaro est l’un des personnages principaux de la trilogie « le Barbier de Séville »,
« Le mariage de Figaro » et la moins connue « Mère coupable ».
Dans la trilogie évoqué il y a trois Figaro, assez différents. Dans Le Barbier de
Séville c’est le valet typique de la comédie, plein d’esprit, qui se moque des sots, ridiculisant
sans cesse la bêtise ; dans Le Mariage de Figaro, il y a l’ingénieux habile, moins gai, qui
lutte pour son propre bonheur et se révolte contre le sort, étant à la fois jeune et vieux- jeune
comme un fiancé un peu tardif, mais toujours étincelant d’esprit, et vieux parce qu’à la fin
de la pièce il est triste en méditant au destin ; dernièrement, dans la Mère coupable, Figaro
est sensible et moralisateur.
Ici nous proposons d’étudier seulement le nouveau valet de Le Mariage de Figaro, la
comédie de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais.
Pour presenter le personnage de Figaro, nous avons besoin de connaître l’homme qui
l’a crée. Ainsi, nous donner un aperçu de la bibliographie de l’auteur avec toutes les étapes
de sa vie aventureuse, avec des réussites et des échecs.
L’un des grand personnages du siècle des Lumièrs, Pierre-Augustin Caron de
Beaumarchais était : un dramaturge, horloger, inventeur, musicien, diplomate, fugitif,
espion, éditeur, marchand d’armes, satiriste, financier et révolutionnaire.
Beaumarchais, a été caractérisée par une vitalité peu commune. Il mena de front les
affaires et la literature, au cours d’une carrière fertile en intrigues et en proces.
Nous faisons aussi une étude de la trilogie de Beaumarchais, en particullier sur la
comédie Le Mariage de Figaro. Dans sa comédie, introduit un nouveau type de
valet :intelligent, cultivé, révolutionaire et libre.
Figaro présente au public un visage neuf et un renouvellement de l’emploi du valet ;
il est le successeur de Scapin, Sganarelle et Arlequins, des êtres habiles qui se mettent au
service de leurs maîtres. Mais il est différent de le personnage traditionnel du valet de
comédie : son destin n’est pas de servir, il s’est émancipé, libéré.
I. Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (1732-1799) : Bibliographie
1. Homme d’affaire et de théâtre
L’un des grand personnages du siècle des Lumièrs, Pierre-Augustin
Caron de Beaumarchais est « l’homme qui a révolutionné une partie de l’histoire de la
littérature, en transformant l’écrivain en industriel et en gestionnaire », dit l’auteur Sainte-
Beuve.1
Son nom apparaît avec des écrivain célèbre dans le VIIIe siècle, comme : Cayotte,
Diderot, Laclos, Rousseau, Bernadin de Saint-Pierre et Sade.
Il est considéré aujourd’hui comme l’un des dramaturges français les plus importants,
ayant su renouveler en profondeur l’écriture dramatique et l’art du théâtre. Avec Molière, il
est l’auteur de comédies le plus joué en France et dans le monde.
Son chef-d’oeuvre, Le Mariage de Figaro, est traduit dans de nombreuses langues,
adapté par Mozart à l’opéra. Au-delà de l’inventivité de la pièce, on constate que
Beaumarchais s’est inspiré de sa propre existence romanesque pour écrire sa brillante
comédie.
A la fin du XVIIIe siècle le théâtre garde toute sa vogue et la production est très
abondante, mais de qualité mediocre. Seul Beaumarchais affirme, dans la satire des mœurs,
avec une vigoureuse originalité.2
Beaumarchais a traversé le siècle, et son oeuvre reflète aussi les préoccupations
politiques de son temps. Le dramaturge a connu plusieurs régimes politiques et sa carrière
personnelle d’homme d’affaires a fait qu’il a été impliqué dans la vie économique et
politique du XVIIIe siècle.3
La vie de Beaumarchais est comme un roman d’aventure, riche en aventures
audacieuses, dignes d’admiration et d’autres pas si honorables. Nous pouvons remarquer la
multiplicité des activités que lui a exercées durant son existence.
1 www.fischedeslecture.com, link consulté le 24 juin, 20122 Jean Pierre Beaumarchais, Daniel Conty, Alain Rey, Dictionaire des Littérature de langue française. Auteurs A- D, Paris, Ed. Bordas, 1999, p.205.3 www. alalettre.com, link consulté le 13 juin, 2012
Il était : un dramaturge, horloger, inventeur, musicien, diplomate, fugitif, espion, éditeur,
marchand d’armes, satiriste, financier et révolutionnaire.
Beaumarchais, a été caractérisée par une vitalité peu commune. Il mena de front les
affaires et la literature, au cours d’une carrière fertile en intrigues et en proces.
Les Philosophes du VIIIe siècle regardèrent Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais
avec méfiance. Il apparut bientôt comme leur chef de file.
2. La jeunesse et les aventures (1732-1774)
Né dans une famille aisée en 1732, sous le règne de Louis XV, Pierre-Augustin
Caron de Beaumarchais est fils d’un horloger cultivé, qui favorise l’éducation intellectuelle
de son fils. D’autant plus que l’enfant est le seul garçon qui survit au milieu de cinq soeurs.
Comme Chérubin dans le Mariage, il grandit ainsi dans un climat féminin. Comme les
enfants de sa classe sociale, il est mis en pension à dix ans à Alfort, non loin de Paris, et
rentre en 1745 chez son père comme apprenti horloger. Il était un garçon exceptionellement
précoce et vif, perspicace, sagace, passionné de musique et imprégné d’une forte volonté de
la hausse dans le monde. 4
L’adolescent est doué, il lit beaucoup, notamment les auteurs alors à la mode comme
l’anglais Richardson, mais aussi Voltaire et Molière. Il développe notamment des dons pour
la musique et pour les séductions amoureuses. C’est pourquoi on peut retrouver dans le
personnage de Chérubin le souvenir d’un adolescent libertin, sans cesse en quête
d’amourettes faciles « Caron fils », comme on le désigne alors, se distingue surtout par sa
grande intelligence et ses talents d’inventeur : en 1753, il imagine un système d’horlogerie
qui permet de renforcer la précision des montres tout en réduisant leur taille. Mais, premiers
déboires : un autre horloger parisien, Lepaute, lui vole l’idée ce qui donne lieu à des
polémiques dans les journaux. Caron présente son invention en 1754 devant l’Académie des
sciences en écrivant un Mémoire pour justifier de son invention.
Reconnu comme le seul inventeur de ce système, Caron bénéficie d’une certaine
renommée, ce qui lui permet d’obtenir de prestigieuses commandes, celles de madame de
4 www.theatrehistory.com , link consulté le 24 juin, 2012
Pompadour, favorite de Louis XV, ainsi que de la famille royale. À 22 ans, Caron jouit déjà
d’une certaine aura dans Paris et gagne beaucoup d’argent.
3. La noblesse et les lettres
Cet éternel amoureux qu’est le jeune Caron rencontre en 1755 Madame Francquet
dont le mari est « Contrôleur de la bouche », c’est-à-dire qu’il surveille et organise ce que
mange le roi. Enrichi, Caron achète au mari de sa maîtresse cette charge et devient le garant
de « la viande de sa majesté ».
En 1757, il épouse madame Francquet, devenue veuve. Ce mariage lui permet de
prendre le nom de Beaumarchais, terre qui appartient à sa nouvelle épouse. Mais à peine
marié, Beaumarchais se retrouve veuf. S’ensuit un interminable procès avec la famille de
son épouse, début de nombreux procès qui jalonneront sa vie.
Les années 1758-1763, Beaumarchais gravite dans le monde des affaires et l’on
pourrait appliquer une des répliques de Suzanne à ce que fut alors sa vie : « de l’intrigue et
de l’argent, te voilà dans ta sphère ! » Beaumarchais fréquente le milieu des financiers, il
rencontre le banquier Lenormand d’Etioles (époux officiel de madame de Pompadour), puis
Pâris-Duverney, un autre très riche financier.
C’est en 1761 qu’il achète la charge de « secrétaire du roi », qui l’anoblit. Ces
charges sont purement honorifiques, et Beaumarchais n’exerce pas vraiment la fonction de
secrétaire, mais louvoie dans les affaires. Il acquiert d’autres charges, plus ou moins
glorieuses, mais qui lui confèrent une assise sociale et financière. C’est durant cette période
qu’il écrit ses premières pièces qui sont des parades, des divertissements de société et des
farces.
En 1763, il compose sa première pièce d’envergure, Eugénie, un drame larmoyant,
genre que le public de l’époque apprécie. La pièce sera crée en 1767 au Théâtre-Français
(ancien nom de la Comédie-Française), avec un certain succès. 5
Beaumarchais poursuit ses activités dans les sphères du négoce. Il se rend en
Espagne, traite des affaires pour Pâris-Duverney, épouse une riche veuve, Madame Lévêque,
qui meurt en 1770, laissant Beaumarchais dans la gêne. Malgré l’achat de charges, des
5 L. de Loménie, Beaumarchais et son temps,Paris, Michel Lévy, 1856, p.195
mariages avantageux et des premiers succès littéraires, au seuil de ses quarante ans,
Beaumarchais vit toujours dans une certaine instabilité sentimentale et matérielle.
Il voyage fréquente les salons, anime la Société du Tempe. Entre temps, il, se cultive,
lit Richardson, nos grands écrivains du XVIe et du XVIIIe siècle, ainsi que leurs maître
antiques. Une vocation le pousse vers le théâtre : la mode est aux spectacles larmoyants et il
se réclame de Diderot.6
4. Les premières tentatives dramatiques
Ses activités variées, qui lui valent une sulfureuse réputation d’aventurier, sont aussi
l’occasion de production de textes où, pour défendre ses positions, il fait parfois appel à son
art consommé du théâtre (Mémoires contre Goëzman, 1773-1774, où il met en question le
simulacre de justice auquel il est confronté dans une affaire).
Il mène parallèlement une carrière d’auteur dramatique qui lui vaudra un succès
retentissant. Après des parades, courtes pièces paillardes à la mode, au parler populaire,
composées de 1757 à 1763 (Colin et Colette, Jean-Bête à la foire, etc.) il écrit en 1767 un
mélodrame moralisant, Eugénie ou la Vertu du désespoir, dont la préface, Essai sur le genre
dramatique sérieux, développe des théories qui doivent beaucoup à Diderot et à Sedaine ;
ceux-ci sont encore ses modèles pour un drame bourgeois, les Deux Amis ou le Négociant de
Lyon, qui, monté en 1770, connaît l’échec. Dans son Essai sur le genre dramatique sérieux
(1767) il révèle un souci d’édification et d’attendrissement, et il témoigne une hostilité
résolue au théâtre classique.7
Ses deux première pièces illustrent ces idées : dans Eugénie (1767), il développe
hardiment des thèses féministes ; dans Les Deux Amis (1770), il est justifié par un premier
jugement mais condamné en appel sur rapport du conseiller Goëzman. Il publie contre ce
dernier quatre Mémoires pleins de mauvais foi, mais aussi de gaieté et de véhémence. A la
suite de cette affaire, Beaumarchais est déchu de ses droits civiques, mais il a conquis la
célébrité.8
6 Jean Pierre Beaumarchais, Daniel Conty, Alain Rey, Dictionaire des Littérature de langue française” Auteurs A- D, Paris, Ed. Bordas, 1999, p.2057 http://www.franceinfo.us, link consulté le 12 juin, 20128 P-G. Castex, P. Surer, G. Becker, Histoire de la littérature française , Paris, 1988, Ed. Hachette, p. 489.
5. Le succès
Depuis la fin des années 1750, Beaumarchais a connu un certain nombre de procès
pour faire valoir ses droits. À la mort de son protecteur, Pâris-Duverney, Beaumarchais doit
encore se battre pour obtenir justice. On peut comprendre la thématique judiciaire du
Mariage de Figaro à travers cette expérience personnelle, constante de toute une vie.
À mesure qu’il vieillit, Beaumarchais a pu observer les moeurs de ses
contemporains, et, progressivement, ses productions littéraires en témoignent.
En 1772, il imagine un opéra-comique, genre alors en vogue qui mêle théâtre et
chansons. C’est Le Barbier de Séville. Mais l’ouvrage est refusé par le Théâtre Italien où se
jouent les opéras comiques. Sans se décourager et certain de la valeur de son oeuvre,
Beaumarchais transforme son opéra comique en comédie et la propose à la Comédie-
Française qui la reçoit. Nouveaux déboires, nouveaux retards. 9
Beaumarchais est emprisonné pour une dispute autour d’une jeune actrice, Mlle
Ménard. La pièce, dont la première est fixée au 17 février 1773 (cent ans jour pour jour
après la mort de Molière), est ajournée. Le procès avec La Blache, héritier de Pâris-
Duverney est perdu. Beaumarchais dénonce la corruption du juge Goëzman qui a accepté
des cadeaux (autrement dit des pots-de-vin) pendant l’instruction du procès. C’est le début
d’une longue et complexe bataille judiciaire qui va durer plusieurs années. Pour gagner son
procès, Beaumarchais écrit une série de Mémoires à consulter (quatre en totalité) qui font
grand bruit. L’affaire devient politique et Voltaire se rallie à la cause de Beaumarchais
contre la corruption des juges. Beaumarchais finit par « triompher ». Dans les années 1770,
outre ses procès, Beaumarchais fait office d’agent secret, missionné par le roi pour
empêcher l’impression de libelles contre la Du Barry ou contre la stérilité du jeune Louis
XVI qui n’a pas encore d’enfants. Voyages en Angleterre, vie romanesque.10
Plus tard il est agent secret pour Louis XVI, notamment en livrant des armes aux
Américains à partir de 1775.
6. La gloire de l’auteur comique (1775- 1784)
9 P-G. Castex, P. Surer, G. Becker, Histoire de la littérature française , Paris, 1988, Ed. Hachette, p.495.10 Maurice Lever, Beaumarchais : Une Biographie,Paris, Farrar, Straus et Giroux, 2009, p. 338
Le 28 janvier 1775, la première du Barbier de Séville est un échec. Beaumarchais
réduit la pièce à quatre actes et la publie avec une Lettre modérée sur la chute du Barbier de
Séville.
Le Barbier de Séville devait ajouter à la popularité du pamphlétaire, la gloire de
l’auteur comique. La pièce, longtemps interdite à cause des démêlés judiciaires de son
auteur, fut triomphalement accueillie dans sa version définitive en quatre actes (février
1775).11
Parallèlement à ses activités d’espion, de négociant et plus généralement d’homme
d’affaires, Beaumarchais s’intéresse à la condition des auteurs et s’indigne que ces derniers
ne soient pas considérés à leur juste valeur. Il entreprend également l’édition des œuvres
complètes de Voltaire, qui sont imprimées de 1783 à 1790, à Kiel pour échapper à la censure
française.
En juillet 1777, il fonde la Société des Auteurs, ancêtre de la SACEM et de la SACD
qui verse aux auteurs des droits sur leurs oeuvres. Pendant ces tractations, il traite également
avec les Américains des alliances, vend des armes. L’année 1778 voit enfin son triomphe
dans le procès La Blache qui dure depuis près de dix ans.
À 46 ans, Beaumarchais achève la rédaction du Mariage de Figaro. La pièce est lue
une première fois à la Comédie-Française en 1781, elle est accueillie favorablement.12
Le mariage de Figaro, qui est la suit du Barbier de Séville fut entrepris dès 1775,
achevé en 1778. Le roi la trouvant détestable , elle doit passer six fois devant la censure.
Elle ait connu une première représentation privée en 1783. Comme pour Tartuffe , la
curiosité du public était avivée par l’attente, et le succès fu éclatant.
Une autre représentation, qui a lieu le 27 avril 1784, est un véritable événement : les
duchesses comme les laquais ont fait la queue pour obtenir des billets, la salle est comble,
des spectatrices s’évanouissent, toute la cour et la ville entière font un énorme succès à la
pièce, succès de scandale savamment orchestré par l’auteur lui-même. Mécontent, Louis
XVI fait emprisonner Beaumarchais à Saint-Lazare, mais doit le libérer sous la pression de
l’opinion publique. 13
11 www.academie-en-ligne.fr, link consulté le 13 juin, 201212 http : // www.franceinfo.us/, link consulté le 12 juin, 2012
En 1785, la pièce est reprise avec un très grand succès et la reine, Marie-
Antoinette, joue le rôle de Rosine du Barbier de Séville, dans son domaine de Trianon.
Le succès du Mariage de Figaro dépasse les frontières : en 1786, Mozart s’empare
de la pièce de Beaumarchais et crée Les Noces de Figaro à Vienne. Fort de son succès,
Beaumarchais compose l’opéra oriental Tarare, sur une musique de Salieri, le rival de
Mozart. À la veille de la Révolution, Beaumarchais est un dramaturge célèbre, il a
d’importantes responsabilités et une expérience assez grande des procès, des déboires et des
revers de fortune.
Beaumarchais est homme de son temps et subit comme les artistes de sa génération
les déflagrations de la Révolution française.
7. La déchéance 1790-1799
L’attitude de Beaumarchais dans les années 1790 est ambiguë.
En 1791, il tente de procurer des fusils à la France révolutionnaire, mais l’affaire
échoue. Il est d’ailleurs bientôt considéré comme suspect en raison du luxe de sa maison
parisienne, puis comme émigré, à cause de ses nombreux voyages. Il est emprisonné à
l’Abbage, sous la Terreur. Il échappe de peu a la guillotine et se fait, discret pendant
plusieurs années. . La verve de Beaumarchais s’épuise. La dernière pièce, « La Mère
coupable » (1792), marque un retour aux formules du drame bourgeois larmoyant et
moralisateur ; elle contient un caractère vigoureusement dessiné celui de Bégearss, nouveau
Tartuffé ; mais elle déçoit en représentant affadis et vieillis, les personnages des deux
comédies précédentes. Il compose enfin un livret d’opéra « Tarare », dont le succès est
médiocre.14
Cependant la Révolution, qu’il avait contribue à préparer dans l’opinion, voit en lui
un suspect. En France d’anciens ennemis complotent contre lui. Accusé d’être accapareur
d’armes, sous la Convension, il émigre en Hollande, vit pauvrement à Hambourg jusqu’en
1796.
13 Jean Pierre Beaumarchais, Daniel Conty, Alain Rey, Dictionaire des Littérature de langue française” Auteurs A- D, Paris, Ed. Bordas, 1999, p. 20614 P-G. Castex, P. Surer, G. Becker, Histoire de la littérature française ,Paris, Ed. Hachette, 1988, p. 496.
Il revient en France en 1796, mais les dernières années de sa vie, sous le Directoire,
sont peu prospères.
Il connaît de derniers triomphes au théâtre, notamment lors d’une reprise de La Mère
coupable en 1797. Les derniers écrits de Beaumarchais se tournent vers Voltaire et l’esprit
des Lumières auquel il rend un dernier hommage.
Beaumarchais meurt à soixante-sept ans à Paris, le 18 mai 1799, d’un accident
vasculaire cérébral dans une pauvreté relative.15
II. L’oiginalité de Beaumarchais
Les grands titres de gloire de Beaumarchais sont, avec ses « Mémoires contre
Goëzman », « Le Barbier de Séville » et « Le Mariage de Figaro ». Ces comedies furent en
leur temps des dates historiques, par l’âpreté de la satire ; elle restent aujourd’hui des dates
littéraires, grâce à la verve comique de leur auteur.
1. Le génie satirique :
Le succès considérable des deux comédies de Beaumarchais eut pour raison
principale leur actualité aiguë. Il y avait déjà dans le Barbier de Séville de quoi intéresser
une opinion publique où la fermentation était vive. Beaumarchais avait placé dans la bouche
de Figaro des déclarations assez insolentes à l’égard des puisants : Aux vertus qu’on exige
d’un domestique, votre Excellence connaît elle beaucoup de maîtres qui fussent dignes
d’être valets ? Mais la satire se fait plus virulente dans le Mariage de Figaro ; le terrible
monologue de Figaro à l’acte V annonce l’assaut prochain contre la noblesse ; et la victoire
finale du couple de valets prefigure la victoire du Fiers État.
Ainsi s’explique l’importance historique des comédies de Beaumarchais. Leur auteur
a contribue à entretenir l’effervescence dans la bourgeoisie et dans le peuple. Sans doute
trouvait-il un public déja préparé à enteindre ses leçons, et Le mariage de Figaro n’est- il
pas à proprement parler un acte politique; mais si l’on tient compte des circonstances qui ont
15 www.fichesdelecture.com, link consulté le 12 juin, 2012
accompagné sa genèse et sa publication, on doit y voir le document littéraire le plus
significatif sur l’état de l’opinion française à la veille de 1789.16
2. Le génie comique
Beaumarchais, en outre, possède un sense profond du comique et
marque fortement ses pièces de sa personnalté. Sans doute prend- il son bien où il le trouve :
le sujet du « Barbier de Séville » n’est certes pas neuf et a déjà été immortalisé dans
« L’École des Femmes », « Le Mariage de Figaro » contient des situations empruntées à
Sedain ou à l’obscur Rochou de Chabannes. Sans doute encoreutilise- t- il des procédés qui
font songer à Molière à Regnard ou à la comédie italienne. Il douvient toute fois de ne pas
exagérer ces dettes. L’ habilité que déploie Beaumarchais à nouer et à dénouer les fils d’une
intrigue rappelle, plus encore que la technique du théâtre italien, la diplomatie dont il fit
preuve dans de délicates négociations.
La peinture des moeurs et des caractères rejoint la tradition de Molière , mais les
chemins empruntés sont nouveaux et l’observation est neuve, car la société à la fin du
XVIIIe siècle ne ressemble pas à la société sous Louis XIV. Enfin, la gaieté et le
mouvement de son théâtre lui appartiennent en propre : alors que Regnard force le rire par
les moyens traditionnels de la farce, Beaumarchais l’entretient par le jaillissement continuel
de son esprit.17
La manière de Beaumarchais lui est si personnelle que sa postérité dans le théâtre
comique contemporain semble à peu près nulle. Il est de ceux qu’on ne saurait imiter, et sans
dout est- ce l’hommage le plus flatteur que l’on puisse rendre à l’originalité de son génie.
Tout son art vient du fait qu’il s’inspire de son époque et devient un peintre très
précis de la société dans laquelle il vit. Beaumarchais critique particulièrement la noblesse
et l’excès du pouvoir qu’elle exercese.
Voltaire dit que Beaumarchais :
16 . E. Lintilhac, Beaumarchais et ses œuvres, Paris, ed. Hachette, 1887, p. 31617 Ovidiu Drimba, Istoria literaturii universale, Bucuresti, Ed. Saeculum, 1997, p. 42.
réunit tout, la plaisanterie, le sérieux, la raison, la gaieté, la force, le touchant, tous
les genres d’éloquence; et il n’en recherche aucun, et il confond tous ses
adversaires, et il donne des leçons à ses juges. 18
En ce qui concerne les genre littéraires, c’ est surtout la comédie qui continue à s’épanouir
au XVIIIe siècle.
Le plus grand auteur comique du le XVIIIe siècle est Beaumarchais, avec Le
Barbier de Séville , et Le Mariage de Figaro étant des comedies de mœurs en même temps
que des pièces politiques à thèse.19
III. La trilogie de Beaumarchais
Les deux comedies Le Barbier de Seville (1775) et Le Mariage de
Figaro(1785) et le drame La mere coupable (1792) forment la trilogie de Beaumarchais.
Ces troix pièces de théâtre entretiennent des liens étroits et se présentent comme une
longue pièce en trois actes. Le retour des personnages principaux et la suite chronologique
justifient l’unité de ces trois pièces. Le Comte, la Comtesse et Figaro forment un trio,
présent dans tous ces troi pièces de Beaumarchais.
A l’origine, une trilogie réunit trois tragédies sur le même sujet. Nous avons
l’exemple de l’ Orestie d’Eschyle, qui décline le malheur de la famille des Atrides.
Par extension, on désigne par trilogie l'ensemble de trois pièces de théâtre dont les
sujets se font suite. Aussi, les trois pièces de Beaumarchais correspondent-elles à cette
définition.
L'action du Barbier de Séville se passe en 1765, celle du Mariage de Figaro en 1768,
et celle de La Mère Coupable en 1790. Nous suivons les trois protagonistes à des âges
différents dans des situations différentes.
18 Aurelia Tisan, Carmen Ciorta, Littérature Française pour les classes de lycée, Craiova, Ed. AIUS, 1995, p.
21.
19 Aura Brais, Dictionar de Literatura romana si universala. Autori. Opere. Personaje pentru elevi , Bucuresti,
Ed. Coresi, 2000, p. 28
Si nous prenons pour thématique dominante des trois pièces le couple le Comte /la
Comtesse, on remarque que le Comte parvient à épouser la Comtesse dans la première, le
couple souffre de dysharmonie dans la deuxième et après avoir expié ses erreurs dans la
troisième, le couple se réunit.
Si l'on prend la relation maître /valet comme thématique dominante des trois pièces,
on peut constater que dans la première le Comte et Figaro sont complices, antagonistes dans
la deuxième et à nouveau complices dans la troisième
Dans ces deux lectures thématiques possibles la boucle est bouclée : il y a unité
interne entre les pièces et le Comte dans la dernière scène de "La Mère coupable" scelle
symboliquement les pièces entre elles : " Rosine ! ( c'est le nom que votre époux vous rend)"
Enfin, dans la préface de La Mère coupable, Beaumarchais confère à ses trois pièces
une unité organique : Mes deux pièces espagnoles ne furent faites que pour préparer le
drame.
Le Barbier de Séville et Le Mariage de Figaro sont donc deux étapes préparatoires à
la compréhension de La Mère coupable.
Beaumarchais lui-même impose,aussi l’ appellation de triade pour l'ensemble des ses
trois pièces.
Une triade se définit comme un groupe de trois personnes ou comme l'ensemble des
trois parties de l'ode pindarique : la strophe, l'antistrophe et l'épode.
La présence dans chacune des pièces du Comte, de la Comtesse et de Figaro justifie
que l'on appelle triade. 20
Aussi , les trois âges d'un même personnage, font-ils de cet ensemble une triade au
sens stricte du terme. Les deux autres personnages peuvent être déclinés comme suit : pour
Figaro la folie dans la première ( il a 27 ans), la gaieté raisonnable dans la deuxième ( il 30
ans) et la sagesse dans la troisième (il a 50 ans), et la Comtesse est présenté comme la
jeunne fille amoureuse dans la première, comme la femme délaissée dans la deuxième et
comme la femme coupable et repentie dans la troisième pièce de Beaumarchais.
Les deux premières pièces sont des comédies symétriques qui peuvent rappeler la
strophe et l'antistrophe de l'ode, le drame qui clôt le "cycle" du trio le Comte, la Comtesse,
Figaro tenant lieu d'épode.
20 J.-P de Beaumarchais, La trilogie Barbier /Mariage/Mère coupable, Paris, Garnier, 1980, p. 343
En effet la préface de "La Mère coupable" insiste sur le sens qu'il faut donner à
l'ensemble de ses pièces :
Après avoir bien ri, le premier jour, au Barbier de Séville, de la turbulente
jeunesse du comte Almaviva, laquelle est à peu près celle de tous les
hommes;
Après avoir, le second jour, gaiement considéré, dans La Folle Journée, les
fautes de son âge viril, et qui sont trop souvent les nôtres ;
Par le tableau de sa vieillesse, et voyant La Mère coupable, venez vous
convaincre avec nous que tout homme qui n'est pas né un épouvantable
méchant finit toujours par être bon quand l'âge des passions s'éloigne, et
surtout quand il a goûté le bonheur si doux d'être père !...21
Le but essentiel de la préface de La Mère coupable est d'établir la parenté entre les
trois pièces. Deux comédies et un drame cela peut surprendre puisque dans toute trilogie il y
a une unité de genre . Beaumarchais parle de connexion intime entre les trois pièces et
précise.
Le drame, à chaque fois évité par le jeu des caractères des personnages dans les deux
premières pièces, éclate enfin.
L'étude des titres nous éclaire sur les véritables intentions de Beaumarchais:
L'autre Tartuffe est un clin d'œil à la comédie moliéresque et désigne l'intrigue principale
du drame à savoir démasquer l'hypocrite Bégears , secrétaire du Comte, qui a fait venir la
famille Almaviva à Paris dans l'intention d'épouser Florestine, la fille naturelle du Comte
pour pouvoir hériter de tous leurs biens.
La Mère coupable met l'accent sur la liaison que la Comtesse a entretenu avec
Chérubin dans l'espace temps qui sépare la deuxième pièce de la troisième ( 20 ans) et sur la
difficile relation entre Léon, le fils de l'adultère, et le Comte.
Les Epoux infidèles réunit sous la bannière de l'adultère le Comte et la Comtesse
mais, ce n'est pas le manquement aux devoirs de la fidélité qui est le propre de la pièce et de
plus, comme le précise l'auteur, vingt ans après, les passions sont usées
21 Pierre,Larthomas, La Mère Coupable, Folio Classique,Paris, Ed. Gallimard, 1999, p.11.
En fait, l'objet de ce drame est de confondre l'hypocrite qui déchirant le cœur du père
et de la mère [veut] effrayer les jeunes gens (Léon et Florestine) les arracher l'un à l'autre, en
leur faisant croire à chacun qu'ils sont enfants du même père. 22
Le Mariage de Figaro (1784) est une comédie comme Le Barbier de Séville (1773)
et un drame, comme La Mère coupable (1792).
Ces trois pièces décrivent les trois âges de la vie en relatant l’histoire de la famille
Almaviva. Almaviva est un grand aristocrate espagnol. Il est à la fois grand corregidor
d’Andalousie (mot espagnol qui signifie “correcteur”; titre que porte le premier magistrat),
comte et bientôt ambassadeur à Londres. Almaviva (mot espagnol qui signifie “âme vive”)
est un homme riche et puissant, parfois brutal et souvent autoritaire.
Dans Le Barbier de Séville, la première partie de cette trilogie, le vieux tuteur
Bartholo souhaite épouser sa pupille Rosine. Mais Rosine aime le Comte Almaviva. Avec la
complicité du barbier Figaro, Rosine épousera finalement le comte. Dans la deuxième partie,
Figaro est devenu le valet du comte et s’apprête à épouser la belle Suzanne. C’est alors que
le comte, loin d’être reconnaissant envers Figaro, se met en tête de faire des avances à
Suzanne. Celle-ci, avec l’aide de la comtesse Rosine, joue un tour au comte qui reconnaît
son erreur. Le mariage aura bien lieu. Dans La Mère Coupable (1792), la comtesse aura un
enfant de Chérubin (Léon). Le comte aussi aura un enfant naturel (Florestine). 23
Dans cette troisième partie, la comtesse est une femme coupable et repentie. Figaro,
quant à lui, a 50 ans et s’est assagi. Avec Suzanne, il tente d’aider les époux et leurs enfants
illégitimes.
Notons que les deux premières pièces se déroulent en Espagne (à Séville, en
Andalousie pour Le Barbier de Séville et près de Séville pour Le Mariage de Figaro) pour
cause de censure. Beaumarchais a dû faire de nombreuses concessions avant que ses pièces
ne soient finalement autorisées. Par contre, la troisième partie ayant été écrite durant la
Révolution, plus rien n’empêchait Beaumarchais de situer l’action en France. La Mère
Coupable se déroule donc à Paris en 1790.
22 http://elisabeth.kennel.perso.neuf.fr, link consulté le 27 mai, 201223 René Pomeau, La trilogie Barbier/Mariage/Mère coupable,Paris, Garnier-Flammarion, 1965, p. 205
Précisons enfin que des trois pièces, c’est Le Mariage de Figaro qui a le plus
provoqué l’ire des censeurs et qui paradoxalement a connu le plus grand succès.24
IV. Le Mariage de Figaro ou La Folle Journée
1. Création et réception du Mariage de Figaro
Le Mariage de Figaro ou La Folle Journée (1784) est un comedie en cinq actes et
en prose. Elle fait suite au Barbier de Séville et montre les vains effort du comte Almaviva
pour empêcher Figaro d’espouser Suzanne.25
Le dramaturge a choisi la première scène française, la plus célèbre, la
Comédie-Française, pour donner plus de retentissement à son oeuvre. Il en mesure les
implications idéologiques et sait très bien que les refus de la censure indiquent que la pièce
est une bombe à retardement qui peut avoir des conséquences dans l’esprit du public.
Comme l’exige la pratique théâtrale de l’époque, la pièce est d’abord lue par les
comédiens, puis elle est mise en répétition.
Les rôles de la pièce sont distribués en fonction des emplois, c’est-à-dire des types de
personnages auxquels chaque acteur est rattaché.
En effet, quand un acteur est engagé à la Comédie-Française, c’est pour jouer tel ou
tel type de personnage qu’il interprétera durant toute sa carrière.
Ainsi, si à vingt ans on vous engage pour jouer les « jeunes premières » des
comédies, à soixante ans, vous jouerez encore ce même type de personnages. Ces codes font
partie de la tradition et de la convention théâtrale.
C’est Beaumarchais lui-même qui assure la « direction d’acteurs », c’est-à-dire qu’il
montre aux acteurs les placements sur la scène et la manière dont ils doivent prononcer les
répliques. Ce détail est important car il prouve que Beaumarchais n’est pas seulement le
dramaturge qui écrit sa pièce, mais un véritable homme de théâtre, aussi à l’aise dans les
mots que sur les planches1.
24 Laffont- Bompiani, Dictionnaire Universel des lettres , Paris, Societé d’edition de dictionnaires et enciclopedies, 1961, p. 539.25 Nouvelle Edition, Le Petit Larousse En Couleurs , 17 rue du Montparnasse 75298, Paris, Cedex 06, 1995.
Il a également surveillé de près les costumes et les décors, afin que l’harmonie de
l’ensemble soit parfaite. Selon les témoignages de l’époque, la pièce est un véritable
triomphe. On admire le jeu des acteurs, bousculade le rythme incroyable de la pièce et la
puissante théâtralité qui s’en dégage.
Lors de la première, on assiste à des scènes de folie : autour du théâtre, dans la salle,
c’est une cohue incroyable. À cet régard, on peut considérer que la première de la pièce est
un véritable événement littéraire et théâtral.
Malgré quelques déboires au moment de la publication de la pièce (Beaumarchais
sera emprisonné pendant un court moment en mars 1785), le succès de la pièce est
considérable : à la Comédie-Française on compte 720 représentations de sa création à la fin
du XIXe siècle, ce qui représente un chiffre imposant.26
Jusqu’à aujourd’hui, les jugements élogieux sur la pièce de Beaumarchais signalent
au lecteur/spectateur la présence d’un chef-d’oeuvre.
2. L’acharnement contre Le Mariage de Figaro
L’acharnement contre Mariage de Figaro est l'une des dernières grandes
affaires de censure sous l'Ancien Régime. La pièce de Beaumarchais représente clairement
un danger pour l’aristocratie et le royaume. Contrairement à La Colonie de Marivaux qui ne
bouleverse pas l’ordre établi, la comédie de Beaumarchais se termine par la victoire des
serviteurs et des femmes sur la noblesse.
La version que l’on peut lire aujourd’hui est pourtant bien moins révolutionnaire que
l’originale écrite par l’auteur. En effet, la pièce était au départ bien plus virulente et fut
censurée de nombreuses fois. La plus célèbre preuve de censure est simplement le fait que la
pièce se passe en Espagne et non plus en France, comme initialement prévu.
Beaumarchais termine la rédaction du Mariage de Figaro en 1778, mais va devoir le
remanier pendant des années pour échapper à la censure. En 1781, Beaumarchais présente la
pièce à la Comédie-Française. Elle est accepté par les acteurs, mais doit encore passer la
censure.
Tout semble se dérouler pour le mieux et un premier censeur l'accepte.
Malheureusement, Louis XVI est alerté ; Louis XVI, après avoir entendu la pièce en lecture 26 Jean Meyer, Le Mariage de Figaro, mise en scène et commentaire, Paris, Seuil, 1953, p.50
s’en méfie : il comprend que le message qu’elle contient est dangereux pour le système
aristocratique et il demande à entendre la comédie, et, choqué, la fait interdire. Un second
censeur confirme l'interdiction. Louis XVI, d’après Mme Campan dans La Cour de Marie-
Antoinette, après avoir vu le monologue de Figaro en 1781 au, dans lequel Beaumarchais
attaque diverses parties de l’administration il se leva avec vivacité et dit :
C’est détestable, cela ne sera jamais joué; il faudrait détruire la Bastille pour que la
représentation de cette pièce ne fut pas une inconséquence dangereuse. Cet homme déjoue
tout ce qu’il faut respecter dans un gouvernement...27
Quand on sut dans Paris que la pièce était interdite, le public se passionna aussitôt et
voulut savoir pourquoi le roi l'avait interdite. Beaumarchais reçu nombre d’invitations pour
faire la lecture de sa comédie dans les salons. Les lectures privées rendirent la pièce
sympathique à une audience de plus en plus large ; Beaumarchais profita de cet élan de
sympathie pour demander que la censure examinât de nouveau sa pièce. Mais elle demeura
encore interdite.
Le censeur Suard était un de ceux qui s'étaient le plus violemment opposés à la
représentation de Figaro. En fait, M. Suard servait de paravent au frère du roi, le comte de
Provence.
Les deux hommes étaient unis dans leur haine de Beaumarchais. Ils écrivirent, parfois
anonymement, des articles venimeux contre la pièce, sans grand succès, puisqu’elle gagna la
sympathie d’un public ravi de braver les interdits et curieux des raisons d’un tel
acharnement. Beaumarchais commit cependant une erreur lorsqu’il écrivit une violente
réplique à un article paru dans le Journal de Paris. Croyant l’article rédigé par M. Suard, il
s’emporta, fatigué de ses attaques incessantes et injustifiées. En fait, l’article avait été écrit
par le comte de Provence. Le comte alla se plaindre au roi ; il lui fit croire que Beaumarchais
osait attaquer directement une altesse royale. De plus, dans cet article, Beaumarchais fait
allusion aux “lions et aux tigres” qu’il a dû convaincre pour faire jouer le Mariage de
Figaro. Le roi se sentit visé par l’allusion au lion (symbole de royauté). Louis XVI, blessé,
ordonna que le bourgeois fût arrêté et conduit, non pas à la Bastille, trop noble pour lui, mais
dans une maison de correction, à Saint-Lazare.
27 René Pomeau, La trilogie Barbier/Mariage/Mère coupable,Paris, Garnier-Flammarion, 1965, p. 208
3. Le succès du Mariage de Figaro
Le succès du Mariage de Figaro peut s’expliquer bien sûr par la qualité de la pièce. Il
s’explique aussi par l’habileté et l’acharnement de Beaumarchais à ce qu’elle ne soit pas
enterrée par la censure. Tout d’abord, l’auteur a fait beaucoup de concessions et a remanier
sa pièce pendant plusieurs années. Ensuite, il a sut attirer la curiosité et la sympathie du
public. Enfin, il disposait d’appuis très hauts placés et profita de querelles entre les grands
du royaume pour faire avancer ses intérêts. En 1782, par exemple, la Cour est divisée entre
plusieurs factions : le comte d'Artois, futur Charles X (1824-1830), souhaite que le Mariage
de Figaro soit joué pour bafouer l'autorité de son frère, Louis XVI.
La pièce obtient l’autorisation d’être jouée sur la scène des Menus Plaisirs. Mais le roi
intervient pour l’interdire. Il provoque la fronde d’une partie de la noblesse. Celle-ci va
jusqu'à défier le roi et tente de faire jouer Mariage de Figaro lors d’une fête organisée en
l’honneur du comte d'Artois au domaine privé de Gennevilliers. Beaumarchais hésite et
préfère que la comédie reçoive d’abord l’accord de la censure. Sage décision : Le Mariage
de Figaro est alors représenté sans scandale et une partie des grands du royaume assiste aux
représentations. Louis XVI est devenu célèbre pour son manque de caractère et ses
hésitations. Doit-il définitivement interdire la comédie ou doit-il la laisser jouer librement ?
En 1783, il hésite à autoriser la pièce qui devra repasser devant trois nouveaux censeurs.28
En 1784, le censeur, Breteuil, accompagné d'académiciens, de courtisans et de dames
de la Cour autorisent la représentation de la comédie. La première a lieu le 27 avril C’est en
1785 que Beaumarchais commet une erreur comme nous l’avons vu précédemment. Il est
emprisonné le 8 mars par le roi pour son insolence et à la suite d’un complot du comte de
Provence. Le roi, toujours aussi versatile, change d’avis au bout de cinq jours et fait libérer
Beaumarchais. L’édition du Mariage est autorisée au mois d’avril. Beaumarchais ne
désarme pas et obtient l’autorisation de jouer la pièce le 18 août devant tous les ministres. La
victoire de l’auteur est d’autant plus totale que leBarbier de Séville est repris le lendemain à
la Cour avec le comte d'Artois dans celui de Figaro et la reine Marie-Antoinette dans le rôle
de Rosine! Un camouflet de plus pour le pauvre Louis XVI, qui après tout, préfèrerait passer
son temps à fabriquer et à réparer des serrures.
28 Jean-Pierre de Beaumarchais, Dictionnaire des oeuvres littéraires de langue française, article Le Mariage de Figaro , Paris, Ed. Bordas, 1999, p. 136
Avant le lever du jour, ce 27 avril 1784, les spectateurs se précipitent vers le théâtre,
créant une file d’attente jamais vue ! Lors de la représentation, le public ovationne les
répliques, longuement ; les femmes s’évanouissent, d’autres pleurent ; des hommes
pâlissent, d’autres s’échauffent. Le lendemain, tout Paris, abasourdi de tant d’audace, se
prépare aux nouvelles représentations ( en 1784 ), pendant que dans les pensées, les cœurs
et les esprits, germe la petite graine d’espoir pour une récolte que chacun sent quasi
imminente .
La première représentation du Mariage a lieu le 27 avril 1784 au nouveau théâtre de
la Montagne Sainte-Geneviève, avec la troupe de la Comédie-Française. C’est un succès
sans précédant. La foule assiège le théâtre ; Beaumarchais assiste à la représentation, caché
dans une loge grillagée.fut une des plus mémorables de l’histoire du théâtre français : queues
interminables, salle comble scandale, tout la cour et toute la ville étaient là.29
.Le théâtre vient d’être entièrement restauré et la pièce de Beaumarchais bénéficie
donc de cet attrait supplémentaire.
Notons que Le Mariage de Figaro est un véritable thermomètre de l’atmosphère
démocratique d’un pays : la pièce a été de nouveau interdite sous l'Empire (1804-1814) et la
Restauration (1814-1830), et même sous l'Occupation, entre 1940 et 1944.
Visiblement, certains régimes se sentent menacés par une petite comédie frivole et
insolente. S’exprimant à la suite de la sortie du Barbier de Séville, Beaumarchais, désabusé,
résume en quelques mots tout ce qu’il a dû endurer pendant des années :
Les ouvrages de théâtre, Monsieur, sont comme les enfants des
femmes. Conçus avec volupté, menés à terme avec fatigue, enfantés avec
douleur et vivant rarement assez pour payer les parents de leurs soins, ils
coûtent plus de chagrins qu'ils ne donnent de plaisirs.30
Le succès fut triomphal, soixante- sept répresentations dans l’année, chiffre énorme
pour l’époque.
La pièce fut éditée en 1785 avec une longue préface dans laquelle Beaumarchais
affirme que la première loi de l’art dramatique est d’amuser en instruisant ; il éxplique qu’il
29 Violaine Geraud, Le Mariage de Figaro, Paris, Ed. Bordas,2003, p.6630 http://www.bac-de-francais.8k.com, link consuté le 25 mai
a tente de ramener au théâtre l’ancienne et franche gaieté, en l’alliant avec le ton léger de
notre plaisanterie actuelle et analyse les caractère et les situations pour démontrer que son
œuvre est morale. L’œvre de Beaumarchais est une œvre didactique qui a le rôle de corriger
les homme..
L’auteur précise le rôle moral de sa pièce :
J'ai pensé , je pense encore, qu'on n'obtient ni grand pathétique, ni profonde
moralité, ni bon et vrai comique, au théâtre, sans des situations fortes et qui naissent
toujours d'une disconvenance sociale dans le sujet qu'on veut traiter.
Si les tableaux de la comédie sont tirés de nos mœurs [les] sujets de la société,
Beaumarchais précise que son rôle d’auteur de comédie est d’être peintre des vices.
Dans le cas des vices et le rôle de l’home de théâtre il dit :
Les vices, les abus, voilà ce qui ne change point mais se déguise en
mille formes sous le masque des moeurs dominants : leur arracher ce masque
et les montrer à découvert, telle est la noble tâche de l'homme qui se voue au
théâtre : soit qu'il moralise en riant, soit qu'il pleure en moralisant.31
Le grand mérite de la comédie est de [...] corriger sans blesser, au contraire de la
satire qui est fait pour blesser.
Tant de précisions sur l'enjeu moral de la comédie insistent sur la nécessité de lire Le
mariage de Figaro non comme une comédie légère mais comme une comédie grave qui
pose des problèmes de société importants : la comédie devient un espace de la parole libre
loin de toute censure et de toute retenue où sont mis à nu << une foule d'abus qui désolent la
société >> et si le rire domine c'est que comme Figaro, Beaumarchais << se presse de rire de
tout, de peur d'être obligé d'en pleurer >>.
Quant à l’intrigue, Beaumarchais en a donné dans son programme de Mariage de
Figaro un pertinant résumé : « Figaro, devenu concierge du château d’Aguas- Frescas,
propriété du comte Almaviva, a emprunté dix mille francs à Marceline, femme de charge du
même château, et lui a fait son billet de les rendre dans un terme ou de l’épouser à défaut de
paiement.
Cependant très amoureaux de Suzanne, jeune camériste de la comtesse, il va se
marier avec elle ; car le comte, épris lui- même de Suyanne, a favorisé ce mariage dans
31 http://www.dissertationsgratuites.com, link consulté le 14 juin
l’espoir qu’une dot promise par lui à la fiancée, va lui faire obtenir d’elle en secret la séance
du droit du seigneur auquel, en se mariant, il a pourtant renoncé dans les mains de ses
vassaux. Cette petite intrigue domestique est conduite pour le comte par le peu scrupuleux
Basile maître de musique du château (acte I).
Mais la jeune et honnête Suzanne croit devoir avertir sa maîtresse et son fiancé des
intentions du comte : d’où naît une union entre la comtesse, Suzanne et Figaro, pour fair
avorter les desseines de Monseigneur. Un petit page, aimé de tout le monde au château, par
sa vivacité et son étourderie perpétuelle, dérange plus dţune fois, sans le vouloir, le comte
dans sa marche, autant qu’il en est dérangé lui- même...Le comte, enfin, s’apercevant qu’il
est joué, sans deviner comment on s’y prend, se résont à se venger en favorisant les
prétention de Marceline. Ainsi, désespéré de ne pouvoir faire sa maîtresse de la jeune, il
va faire épouser la vieille à Figaro, que tout cela désole. Mais, à l’instant qu’il croit s’être
vengé...en condamnant Figaro à épouser Marceline dans le jour ou à lui rendre ses dix mille
francs, ce qui est impossible à ce dernier, ou apprend que Marceline est la mère inconnue de
Figaro.
Pendant ce temps, la comtesse, qui n’a pas renoncé à l’espoir de ramener son époux
en le suprenant en faute, est confondue avec Suzanne que celle- ci feindra d’accorder un
rendez- vous au comte et que l’epouse s’y trouvera en place de la maîtresse. Mais un
incident imprévu vient instruire Figaro du rendez- vous donné par sa fiancée. Furieux de se
croire trompé, il va se cacher au lieu indiqué pour surprendre Suzanne et le comte. Au
milieu de ses fureurs, il est agréablement surpris lui- même en apprenant que tout cela n’est
qu’un jeu entre la comtesse et sa camériste pour abuser le comte ; il finit par entrer de bonne
grâce dans la plaisanterie ; Almaviva, convaincu d’infidélité par sa femme, se jette à genoux,
lui demande un pardon qu’elle lui accorde en riant, et Figaro épouse Suzanne. » 32
La pièce se clôt sur une série de couplets, qui tirent, la morale de l’histoire.
L’intrigue, bien qu’empruntée à de nombreuses sources (Lesage, Sedaine, Scarron) rend un
son nouveau, dû à l’originalité et à la vivacité des personnages.
Pour bien comprendre les enjeux idéologiques du Mariage de Figaro, il convient de situer la
pièce à la fois dans l’histoire des idées au XVIIIe siècle et celle de la politique. Cela est
32www. etudes-litteraires.com, link consulté le 24 juin, 2012
d’autant plus important que la pièce est généralement considérée comme l’un des signes
avant-coureurs de la Révolution française. 33
4. Étude du titre/ visée de l’auteur
Pour refermer ce premier volet qui contextualise l’oeuvre et la situe dans l’histoire
littéraire, arrêtons nous au titre : Le Mariage de Figaro, ou La folle journée.
Ce titre a fait couler beaucoup d’encre et a été réutilisé à de nombreuses reprises. Un
célèbre festival de musique à Nantes s’intitule « La Folle journée », en hommage au rythme
intrépide de la comédie de Beaumarchais.
L’oeuvre comporte un titre et un sous-titre qui créent d’emblée un « horizon
d’attente » chez le spectateur, c’est-à-dire qu’il suscite déjà en nous des idées et des
perspectives sur la pièce.
Le titre de la pièce nous renvoie d’abord à l’univers de la comédie. Le mariage est en
effet l’un des principaux enjeux des pièces comiques.
Dans les comédies de Molière ou de Marivaux, qui précèdent celles de
Beaumarchais, l’intrigue est le plus souvent matrimoniale : des enfants s’opposent aux
parents dans leur désir, mais tout finit par s’arranger et le mariage est célébré.
En choisissant pour premier mot du titre le terme mariage , Beaumarchais se situe
donc dans le sillage de la comédie traditionnelle, comédie de moeurs qui s’achève de
manière heureuse par des noces. Mais il fournit une précision essentielle dans son titre, qui
attire l’attention vers le personnage principal de la pièce, Figaro. Ce dernier apparaît déjà
dans Le Barbier de Séville où il joue un rôle important. Il revient à nouveau dans La Mère
coupable.
Centrée autour du personnage de Figaro, l’action donne a priori la vedette à ce
personnage. Or quand on lit attentivement la pièce, on s’aperçoit que Beaumarchais ne
centre pas toute l’attention sur ce personnage, mais qu’ils sont plusieurs à occuper une
première place. C’est pourquoi le premier élément du titre renvoie autant à l’événement qui
se prépare – le mariage – qu’au personnage directement concerné, Figaro.
33 http : // www. academie-en-ligne.fr, consulté le 25 mai, 2012
Si la première partie du titre est éloquente, le sous-titre ne l’est pas moins : la folle
journée. Cet élément qui vient expliquer, compléter et préciser le titre principal peut
s’interpréter à plusieurs niveaux.
D’abord, le soustitre indique un moment hors du commun, marqué par la folie, c’est-
à-dire des événements incroyables qui peuvent surgir à n’importe quel moment. Ce qui est
intéressant, c’est que Beaumarchais fournit une indication temporelle précise : une journée.
L’action débute en effet le matin et s’achève la nuit tombée. Mais il s’agit d’une journée
particulière, puisqu’elle est qualifiée de folle. Ce qualificatif indique à la fois la possibilité
de surprises, de renversements, d’éléments inattendus. Mais elle fournit aussi une indication
de rythme : on imagine qu’une folle journée doit être animée voire agitée, très rythmée. 34
Enfin, on rappellera qu’au XVIIIe siècle, la folie est un genre théâtral (encore en
vogue au XIXe siècle) qui désigne une pièce pleine de rebondissements et de quiproquos.
Le titre de la comédie de Beaumarchais fonctionne comme un véritable panneau
publicitaire : il est attractif, suggère l’idée d’une pièce où le public ne va pas s’ennuyer.
5. L’héritage du drame bourgeois dans Le Mariage de Figaro
Beaumarchais a été très influencé par les idées de Diderot sur le théâtre.
L’invention théâtrale du XVIIIe siècle, c’est le drame. Denis Diderot en pose les
fondements esthétiques et moraux dans deux ouvrages importants : Le Fils naturel et Le
Paradoxe du comédien. Il prône un genre mixte écrit en prose, qui s’enracine dans la vie
quotidienne et met en scène les problèmes du monde contemporain. Il s’agit pour Diderot
(puis pour Beaumarchais) d’offrir une alternative à la tragédie et à la comédie qui sont les
deux grands genres institutionnalisés par la Comédie-Française, garante du bon goût. Ainsi,
à partir des années 1770, on joue des pièces mixtes, où l’on rit et où l’on pleure, et où le
public découvre des situations quotidiennes et des décors qui lui sont familiers (boutique
d’un commerçant, salon d’un riche bourgeois, etc.). Cette innovation a des conséquences à
plusieurs niveaux, concrets et abstraits. En 1759, le Comte de Lauragais supprime les bancs
qui se trouvaient sur scène. En effet, jusqu’à cette date, le public aisé pouvait assister au
spectacle assis sur la scène, ce qui entravait considérablement l’illusion théâtrale.
34 Ion Zamfirescu, Istoria universala a teatrului, vol.IV, Craiova, Ed.Aius, 2004, p.74
En supprimant le public de la scène, on crée une plus grande vérité dans le jeu et
dans les décors. En effet, on s’attache désormais à créer des décors réalistes et on modifie
les perspectives (plancher légèrement incliné) pour que le public ait vraiment l’illusion
d’assister à une scène de la vie. À côté de ces éléments visuels, le drame bourgeois accorde
une grande importance au jeu des acteurs qu’il renouvelle en profondeur.
Diderot et Beaumarchais considèrent que l’acteur doit faire passer des émotions les
plus vraies possibles au public, et pour cela il doit recourir à une pantomime expressive : la
pantomime désigne le jeu scénique sans parole. On trouve de nombreux passages de
pantomime dans Le Mariage de Figaro, ce qui signale l’influence du drame bourgeois sur la
dramaturgie de Beaumarchais. On parle alors de tableau dramatique, non plus seulement
d’actes ou de scènes. Les tableaux sont inspirés des scènes de genre qu’on trouve dans la
peinture. La pantomime (c’està-dire le jeu muet des personnages) prend une place
importante dans l’esthétique du tableau. On retrouve dans Le Mariage de Figaro de
nombreux passages où le jeu crée un tableau, notamment à l’acte III lors de la scène du
procès.
L’innovation du drame bourgeois est importante car le théâtre de Beaumarchais
s’inspire de ce mélange de pathétique et de comique.
On retrouve ainsi dans Le Mariage de Figaro des situations connues de la vie
matérielle : procès, mariage, jeux, etc. Il s’agit à la fois de distraire et d’émouvoir le public,
afin qu’il puisse tirer un enseignement moral du spectacle auquel il assiste. On voit bien que
certaines pages du Mariage de Figaro répondent à ce projet.35
6. L’intérêt majeur de la pièce
Il reste à montrer comment cette primauté constitue non seulement l’intérêt majeur
de cette comédie mais encore de quelle façon, celle-là subordonne les autres caractéristiques
de la pièce. Les exemples serait nombreux si une liste complète devait en être dressée, je
35Stavroula Kefallonitis, Connaissances d’une œuvre. Beaumarchais- Le marriage de Figaro, Paris, ed Bréal,
1999, pag.23.
n’en choisirais que deux mais significatives et pouvant se passer d’analyse et de
commentaire.
Le comique de situation est assuré par le fait même qu’un valet puisse occuper une
place aussi envahissante dans l’esprit de son maître, mais en plus, un comique de mot est
sans cesse observé par Beaumarchais qui joue sur la révérence qu’à priori, un serviteur
devrait à son seigneur, voici une phrase dans le monologue de Figaro, Acte I, scène III, une
phrase qui suscite régulièrement l’hilarité par l’exagération, la disproportion même qu’elle
présente : faire à Londres en même temps les affaires de votre maître et celle de votre valet,
représenter à la fois le Roi et moi dans une cours étrangère, c’est trop de la moitié, c’est
trop , on relira aussi toute la fin de l’acte III, scène 5 où se trouve entre autre la fameuse
réplique : Y-a-t’il beaucoup de seigneurs qui puissent en dire autant ? , réplique dont
Beaumarchais se justifie d’ailleurs dans sa préface ; quant au comique de situation, il
apparaît particulièrement dans les nombreuses scènes ou Figaro dévoile par ses apartés sont
véritable jeu au spectateur et ment effrontément au comte dans le but avoué de le tromper et
de saper ses positions. 36
De la prééminence de Figaro découle donc une grande partie du comique, mais il est
nécessaire toutefois d’apporter quelques nuances car le comique existe en dehors de Figaro,
ou du moins, il existe dès que le propre intérêt de celui-ci n’est plus représenté.
Ainsi en est-il de Chérubin qui entraîne non seulement la sympathie du lecteur mais
encore son rire, à la suite des situations invraisemblables dans lesquelles il se met, de la
fièvre qui le possède et des attitudes apeurées ou gracieuses qu’il adopte.
Brid’oison et la justice avec ses tics, pleine de virgules, de bégaiements, etc sont
couverts de ridicule et par là-même déclenche un comique dont Figaro n’a que faire. Mais
encore une fois, ce ne sont que des aspects secondaires de l’intrigue principale qui
apparaissent pour délasser l’auditoire et varier les situations. Le fait même que Figaro puisse
atteindre à l’originalité qu’on lui a reconnue entraîne toutes les autres et les englobe à
l’exception de quels intermèdes qui rompent la monotonie mais non le rire. 37.
7. Le Mariage de Figaro : entre tradition et renouveau
36 WWW. theatrehistory.com, consulté, le 25 juin37 J-P. Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, Paris, Gallimard, cool.Folio/ théâtre, 1996
a. L’héritage
On retrouve dans le Mariage de Figaro, le goût de se moquer de l'actualité : la
vénalité des charges lors du procès de Figaro, le sort des femmes ( III, 16 ), la censure, la
condition des écrivains ( monologue V, scène 3 ).
On peut même voir une illusion à la propre actualité de l'auteur lorsqu'il est fait
allusion à la « retraite économique » dans un « château fort », phrase qui peut se lire comme
une allusion à l'emprisonnement de Beaumarchais en 1773.
Le couple maître – valet est un ressort de l'intrigue, c'est aussi le thème du valet qui
aide son jeune maître à lutter contre l'autorité des anciens pour rétablir une harmonie brisée.
On voit aussi une évolution des relations maître / valet tendues entre fidélité et désirs
d'émancipation. Dans le premier volet de la trilogie, Figaro est un adjuvant du Compte : il
l'aide à conquérir Rosine, la future comtesse. Dans la deuxième pièce, ils deviennent rivaux :
le compte convoite la fiancée de Figaro, obligeant celui-ci à le tromper, à intriguer contre
lui. L'émancipation du valet se fait au détriment de l'autorité du maître.
On lit l'influence des fabliaux et farces mais aussi celle de Molière. Nombre des
pièces de Molière s'organisent autour d'un valet au service d'un jeune maître dont il sert les
intérêts.
On retrouve aussi la servante à l'œil aiguisé avec Dorine dans Tartuffe qui comprend
avant les autres les manipulations, et Suzanne chez Beaumarchais, servante vive, habile et
intelligente.
b. Le renouveau
Les personnages – types sont renouvelés au 18e siècle. Le rôle des valets grossiers
décline au profit du valet intriguant. On retrouve bien le vieux barbon autoritaire, jaloux,
méfiant, mais aussi rusé et intelligent.
Le Comte incarne au début de la trilogie le jeune premier amoureux, mais son
personnage devient plus problématique en vieillissant.
Figaro héritier des valets fourbes et ingénieux de la commedia dell'arte ne se réduit
cependant pas à ce type. Au début du Barbier, il liber et établi comme barbier, et entre de
son plein gré au service du compte dont il va chercher à s'affranchir.
Beaumarchais introduit une nouvelle caractéristique dans sa dramaturgie ; la tension
entre le caractères et la condition : « Je veux que la situation de tous les personnages soit en
opposition constante avec leurs désirs et le caractère que je leur ai donné ». 38
Figaro montre cette dualité qui dénonce le décalage entre ses talents et le peu de
reconnaissance sociale qu'il a obtenu.
Les unités de temps et lieu sont mises à mal : la pièce est un enchevêtrement de
situations et de rebondissements, qu'il faut faire tenir dans une unité temporelle classique de
24 heures. La pièce commence le matin des noces de Figaro et Suzanne et elle se termine
une fois la nuit tombée. L'espace est sans cesse éclaté, démultiplié en cachettes, comme le
cabinet de toilette de la Comtesse ( II ) où se cachent Suzanne, Chérubin, ou les pavillons de
l'acte V, abritent les rendez-vous secrets.
Nous pouvons remarquer une nouvelle conception de l'intrigue : la pièce est
construite autour de trois intrigues. La rivalité entre Figaro et le comte pour la possession de
Suzanne, Marceline et ses projets de Mariage avec Figaro, l'idylle entre la comtesse et
Chérubin. Viennent ensuite se greffer des intrigues secondaires : mariage Bartholo /
Marceline, aventures amoureuses de Fanchette avec la comte et chérubin. Les personnages
sont tantôt alliés tantôt rivaux. Les alliances entre personnages sont instables. Les situations
ne cessent de s'inverser tout au long de la pièce.
Nous pouvons remarquer, aussi le mélange des genres dans la pièce. Diderot refusait
le mélange des genres, mais Beaumarchais le pratique dans Le Mariage de Figaro, où il joue
sur divers registres : le sérieux, le pathétique et même parfois le tragique.
On trouve différentes formes de comique : le comique de farce ( gifles ), le comique
de situation et comique de mœurs ( satire sociale ). On trouve aussi le pathétique
( reconnaissance entre Marceline et Figaro III, 16 ). On touche aussi à la tragédie quand
Figaro évoque la mort possible de Chérubin sur un champ de bataille. De même, l'acte II
voit se juxtaposer le comique et le pathétique ( irruption du Comte à la scène 10 ).
Beaumarchais pratique aussi le mélange des genres dans la trilogie. On passe d'une
intrigue conventionnelle de la comédie dans le Barbier de Séville au drame dans La Mère
Coupable. Chaque pièce, en quelque sorte opère un remaniement des genres, chaque journée
est une étape dans l'histoire des personnages. « Turbulente jeunesse » du comte et les «
38 Paul-Lauraent Assoun, Marie- Anne Barbéris, Jean-Pierre de Beaumarchais (et al.), Analyses et réflexions sur Beaumarchais- Le Mariage de Figaro, Paris, Marketing, 1985
fautes de l'âge virile » dans Le Mariage de Figaro, puis « tableau de la vieillesse » dans La
La Mère Coupable selon Beaumarchais ( Préface de La Mère Coupable ).
Dans cet ensemble, Le Mariage de Figaro est le pivot entre comédie et drame, et la
pièce elle-même est comédie et drame, rire mêlé aux larmes.
V. Figaro, le nouveau valet
1. Le portrait de Figaro dans Le Mariage de Figaro
Depuis Molière, le public des comédies s’était habitué à ne voir dans le valet que le
serviteur de son maître, c’est-à-dire celui qui se démène pour le compte de quelqu’un
d’autre, qui socialement lui est supérieur. Il s’agit d’un peu plus que d’une évidence, car
avec le Mariage de Figaro, Beaumarchais inverse les perspectives et les habitudes, le titre
lui-même indique déjà qu’il s’agit de Figaro et de lui seul, il montre bien que les autres
personnages ne seront pris en considération que dans la mesure où ils ont un rapport avec
Figaro et surtout qu’ils servent ou entravent ses intérêts, en l’occurrence son mariage.
Il est nécessaire de rappeler que ce type de valet n’était pas inconnu du public, que le
Barbier de Séville était encore dans toutes les mémoires et que la censure par ses
interdictions – cette pièce, vous le savez, dut attendre 4 ans l’autorisation de paraître – la
censure donc organisait autour de l’oeuvre une publicité qui ne pouvait que profiter à la
production précédente de l’auteur.39
Mais ces considérations extérieures n’intéressent que fort peu l’examen de la pièce et
de son originalité. Aussi convient-il de s’attacher à montrer que le problème posé en soulève
bien d’autres qui en dépendent peut-être mais qui aussi peuvent renforcer ou infirmer un
jugement du genre : « l’originalité majeure du Mariage de Figaro vient du fait qu’au lieu de
servir son maître, le valet se dépense dans son propre intérêt, signe des temps ». 40
Figaro est l’un des personnages principaux de la trilogie « le Barbier de Séville »,
« Le mariage de Figaro » et la moins connue « Mère coupable ».
Dans la trilogie évoqué il y a trois Figaro, assez différents. Dans Le Baarbier de
Séville c’est le valet typique de la comédie, plein d’esprit, qui se moque des sots, ridiculisant
sans cesse la bêtise ; dans Le Mariage de Figaro, il y a l’ingénieux habile, moins gai, qui
39 www.sur-la-toile.com, link consulté le 27 juin, 201240 M. Corvin , La dramaturgie de Beaumarchais : le personnage de Figaro, Emission de radio, Cf audiosup
lutte pour son propre bonheur et se révolte contre le sort, étant à la fois jeune et vieux- jeune
comme un fiancé un peu tardif, mais toujours étincelant d’esprit, et vieux parce qu’à la fin
de la pièce il est triste en méditant au destin ; dernièrement, dans la Mère coupable, Figaro
est sensible et moralisateur. En fin de compte, Figaro a un caractère symbolique, sourtout
dans les deux comédies : il est devenu un personnage mythique, le prototype de l’homme
simple, gai, sympathique, défavorisé par le sort, qui triomphe par son intelligence.41
Dans Le Mariage de Figaro, il est un personnage complexe et séduisant.
Figaro est le personnage éponyme de la pièce de Beaumarchais. Il fait de nouveau
apparition dans l’ oeuvre de Beaumarchais.
Voici comment Beaumarchais présente son personnage au début de la pièce :
L’ on ne peut trop recommander à l’ acteur qui jouera ce rôle de
bien se pénetrer dans son esprit comme l’ a fait M. Dazincourt. S’ il y voyait
autre que la raison assaisonnée de gaieté et de saillies, surtout s’ il y mettait
la moindre charge, il avilirait le rôle que le premier comique du théatre, (…),
a jugé devoir honorer le talent de tout comedien qui saurait en saisir les
nuances multipliée et pourrait s’ élever à son entière conception ». Cela met
en relief la complexité et l’ importance du personnage de Figaro ausi bien du
point de vue de l’ aspect théatral que de l’intrigue car l’ acteur doit
pouvoir pénetrer dans le personnage complexe qu’ est Figaro mais il doit
aussi pouvoir jouer le comique des son personnage. 42
Il est le serviteur d’un grand seigneur, le Comte Almaviva. Mais il a été bien autre
chose que valet : garçon apothicaire, écrivain, barbier, etc. Ce qui fait qu’il est en rupture
avec le personnage traditionnel du valet de comédie : son destin n’est pas de servir, il s’est
émancipé, libéré. Et il a la langue bien pendue. Il montre du doigt les erreurs et les
arrogances de son maître. Il pointe les injustices, les hasards du sort qui font naître certains
nobles et riches, et d’autres pauvres et fils de rien.
Il y a donc une vive critique sociale chez cet aventurier insouciant qui naît à la
frontière de deux mondes, quand l’Ancien Régime est sur le point de s’écrouler mais que 41 Diana Carmen Rînciog, Le théâtre français aux XVIIe et XVIIIe siècles, Bucuresti, Politehnica Press, 2011, p.149 42 Jean-Pierre de Beaumarchais Dictionnaire des oeuvres littéraires de langue française, article « Le Mariage de Figaro » par, Paris, Ed. Bordas, 1995, p. 461
personne ne s’en doute vraiment… et que pourtant tout un frémissement intellectuel prépare
la Révolution.
Figaro, personnage libre et bavard, est donc comme un témoin de son temps, un
révélateur des cataclysmes qui s’ébauchent. Il ne juge pas vraiment, mais donne une image
lucide de l’état des choses et des rapports sociaux qu’il traverse avec ironie. En même
temps, Figaro est un personnage aux mille langages… Il chante et compose des poèmes, des
ariettes, il est tantôt polémiste, tantôt amoureux, parle à tout le monde… C’est un bavard qui
est à l’écoute… Quelle meilleure enseigne pour un journal !
On peut reconnaître dans le personnage de Figaro certains modèles traditionnels. Il a
les traits typiques du valet de comédie : c’est un homme du peuple, rusé et plein de
ressources, intéressé par l’intrigue et l’argent: << De l’intrigue et de l’argent, te voilà dans ta
sphère>>. Cette formule caractérise bien le personnage de la comédie. Figaro en a aussi le
dynamisme : il est toujours en mouvement. Il arpente la pièce pour la mesurer, fait mine de
donner des coups de bâton à Bazile, il court après Suzanne, l’embrasse.
Type de valet, Figaro est intelligent et habile, cultivé, ennemi aristocratique mœurs et
porte-parole des idées et des attitudes autour de la révolution bourgeoise en vigueur de 1789.
Par le biais de Figaro, Beaumarchais exprimer quelques-unes des principales attitudes de
«troisième état».43
Figaro est présenté comme un personnage dominant tant par ses qualités que par son
rôle. C'est << l'homme le plus dégourdi de sa nation[....] il incarne le feu et l'esprit.... Il ne
ruse avec son seigneur que pour garantir ce qu'il aime et sauver sa propriété >>. De plus, la
sagesse et la gaieté en font le parangon du valet émancipé , il est << de la sagesse
assaisonnée de gaieté et de saillies >>.
2. Figaro dans l’oppinion de les autres personnages
Figaro apparaît d'abord comme un personnage comique aux multiples qualités aux
dires de la gente féminine : Marceline le considère comme un jeune homme gai et bon
"Jamais fâché ; toujours de belle humeur ; [...] sémillant, généreux, généreux."(I,4),
séduisant, c'est "Le beau, le gai, l'aimable Figaro" (I,4) et épicurien " Donnant le présent à la
43 www. bac-facile.fr, consulté le 24 juin, 2012
joie et s'inquiétant de l'avenir tout aussi peu que du passé" ( I,4); Suzanne nous présente un
fiancé malicieux et ingénieux, "De l'intrigue et de l'argent, te voilà dans ta sphère."(I,1),
particulièrement gai "J'aime ta joie parce-qu'elle est folle" la Comtesse voit en lui l'élément
indispensable pour rappeler le Comte à l'ordre "... lui seul peut nous [...] aider... il a tant
d'assurance." ( II,1)
En revanche, le regard des personnages masculins ne voit que ses défauts. Pour
Bartholo, Figaro est un personnage de la parole débridée, "Un bavard enragé" et " le plus
fier insolent" (I,3). Le Comte considère son valet comme un menteur (II,20), toujours
intéressé par l'argent et sournois "Cent fois je t'ai vu marcher à la fortune et jamais aller
droit" (III,5), un insolent qui se trouve partout où on ne l'attend pas et qui brouille les pistes
au point que le comte ne sait plus où il en est « Le fil m'échappe »(III,4)
Pour parachever le portrait de Figaro, il suffit de lire son auto-portrait dans son
monologue (V,3). Il se peint tel « Un jeune homme ardent au plaisir, ayant tous les goûts
pour jouir... ambitieux par vanité, laborieux par nécessité, mais paresseux avec délices !
orateur selon le danger, poète par délassement, amoureux par folles bouffées »
Amoureux, il n'hésite pas à dire et à redire son amour pour Suzanne : « Il n'y a que mon
amour pour Suzon qui soit une vérité de bon aloi » et il ajoute " En fait d'amour [...] trop
n'est pas même assez. »( IV/1)44
Son amour est tel que sa jalousie éclate lorsqu'il croit que Suzanne a donné rendez-vous
au Comte sous les marronniers et sa colère est sans limite ( lui qui venait de confier à sa
mère que la jalousie « n'est qu'un sot enfant de l'orgueil » et que « si Suzanne doit me
tromper un jour, je le lui pardonne d'avance »( IV,13). Figaro devient alors un personnage
très sérieux qui porte un regard cynique sur le monde qui l'entoure, remettant en cause les
fondements mêmes de la société(théâtre de société)et se posant des questions existentielles
qui préfigurent le héros romantique du début du XIXème siècle. A la question "Quel est le
moi dont je m'occupe" il répond "un assemblage informe de parties inconnues ; puis un
chétif être imbécile ; un petit animal folâtre". Le bilan amer qui clôt ce monologue « J'ai tout
vu, tout fait, tout usé. Puis l'illusion s'est détruite et trop désabusé...Désabusé ! ...
Désabusé ! » a des accents de déréliction.
44 www.sur-la-toile.com, link consulé le 24 juin, 2012
Personnage sensible, Figaro cache mal son émotion et, sans fausse pudeur, apprenant
que Marceline est sa mère, il laisse éclater l'intensité de sa joie "Je les ( les larmes) retenais
bêtement ! Va te promener la honte ! Je veux rire et pleurer en même temps."(III,19)
Même si tout ce que Figaro avait prévu "n'est pourtant pas arrivé" (IV,1), même si Figaro
est obligé de constater que "le hasard a fait mieux que nous tous... : ainsi va le monde ; on
travaille, on projette, on arrange d'un côté ; la fortune accomplit de l'autre..." (IV,1), il n'en
demeure pas moins vrai que le hasard a été provoqué et qu'il n'a servi que les valets et la
sagesse et non les projets du Comte. "Le Mariage de Figaro", c'est le triomphe des humbles
sur les puissants, c'est la victoire du bon sens et de la morale, c'est la faillite de la suprématie
du pouvoir de l'argent, de la noblesse . 45
Dans sa préface, Beaumarchais, disait de Figaro qu'il était "de la sagesse assaisonnée
de gaieté" et de fait il n'est pas un personnage excessif mais au contraire un personnage
nuancé qui use de deux armes pour combattre le Comte : la parole, le rire et la ruse.( théâtre
de société).
3. L’originalité de Figaro
On a cru beaucoup de temps que le nom du personnage est inspiré de l’origine de
l’auteur-<< fils de Caron >>. L’étude des manuscrits ne soutint pas cette explication, ce qui
n’empêche que Figaro représente la quintessence de l’esprit français, le nom du personnage
devenant substantif commun et symbolisant le barbier éternel du monde.
Figaro présente au public un visage neuf et un renouvellement de l’emploi du valet ;
il est le successeur de Scapin, Sganarelle et Arlequins, des êtres habiles qui se mettent au
service de leurs maîtres. Mais, à la différance de ses prédécesseurs, Figaro se distingue par
le fait que, dès sa première apparition, il a une histoire, une vie antérieure. Le rang social
reste sans doute le même mais les fonctions attachées à la condition du valet ont évolué et
surtout les comportement et l’indépendance s’affermissent.
Cette originalité, donc, est difficilement contestable, mais dans quelle mesure peut-
on la qualifier de majeure ? Peut-on dire qu’elle englobe toutes autres, au point d’en être la
plus importante ? C’est ce qu’il faut maintenant analyser en gardent bien présent à l’esprit,
45 Ion Zamfirescu, Istoria universala a teatrului, vol IV, Craiova, Ed.Aius, 2004, p.73
qu’il n’est possible d’y répondre qu’après avoir appliqué cette originalité au niveau du
propre intérêt de Figaro et aussi à celui d’Almaviva. Le comte œuvre-t-il pour le bonheur de
Figaro ? Ce n’est qu’après avoir répondu à cette double interrogation qu’il sera possible de
préciser en quoi et comment il s’agit bien d’originalité majeure de la pièce et que d’elle
découlent les autres formes d’intérêt de la comédie.46
La trame narrative du Mariage de Figaro, où si l’on préfère l’intrigue, est fort
simple, au dessous des rebondissements et des entortillements de la même situation qui,
c’est un procédé constant, est retournée au moins une fois :
Figaro, valet du Comte Almaviva, aime Suzanne, camériste de la comtesse, et doit
l’épouser le soir même.
Le Comte qui, magnanime, avait supprimé le droit de cuissage sur ses terres en
hommages à sa propre épouse, voudrait bien le faire revivre discrètement sur la personne de
Suzanne. Opposition de Figaro qui ne peut se déclarer ouvertement et qui doit biaiser pour
ne pas heurter de front son maître. Il met la Comtesse dans la confidence et après une série
de quiproquos et de méprises, le mariage est célébré sans qu’Almaviva ait pu exercer son
droit. Tout on le voit aurait pu tourner autour de Suzanne, l’éclairage aurait pu être dirigé sur
elle.
En fin le dramaturge met Figaro au centre exact de l’intrigue, ce qui lui permet de
varier à l’infini les situations et de les déplacer sans cesse puisque le valet n’est intéressé
qu’indirectement à l’affaire en tant que futur. Habilité qui entraîne une première
conséquence, celle de l’intérêt propre de Figaro : il ne se défend pas lui-même, il défend
Suzanne.
On pourrait objecter que cela revient au même, on ne le pense pas puisqu’il s’agit de
sauvegarder un bien ou au mieux un honneur et un lien, deuxième conséquence, Figaro sera
partout présent et pourra jouer le beau rôle, celui du protecteur qui obligatoirement se
dépense et se démène bien plus que le protégé : les situations peuvent varier à l’infini, il n’y
aura nulle invraisemblance à ce que l’ancien barbier y soit toujours présent ou presque,
même lorsque la comtesse à l’acte IV << qui n’a pas renoncé à l’espoir de ramener son
infidèle époux en le surprenant en faute et convenu avec Suzanne que celle-ci feindrait
d’accorder un rendez-vous dans le jardin au Comte et que l’épouse s’y trouverait en place de
46 http://lettresexperts.net, link consulté le 24 juin, 2012
la maîtresse >> , elles doivent toutes deux tenir compte de Figaro, de ses réactions et de sa
spontanéité même s’il ne doit être au courant de rien. 47
Le Comte jouera sans le vouloir les dupes mais se faisant, il sert Figaro et pousse à la
réalisation de ses desseins.
Autrement dit, on peut inverser les termes posés précédemment et dire d’Almaviva
que quoi qu’il fasse, il rend service à son valet, c’est pourquoi nous pouvons parler tout à
l’heure d’un renouvellement de la comédie traditionnelle, de celle mettant sur scène un
maître tout à ses affaires et un valet tout à celles de son maître et c’est pourquoi aussi on
signale cette identité de vue, à savoir Suzanne que se partagent les deux hommes.
C’est ainsi que même lorsque le Comte poursuit sa proie et veut – nuisant à Figaro
sur le plan moral – réaliser ses desseins, il contribue en fait, sur le strict plan scénique et
théâtral à la position de Figaro comme pivot d’une part et de l’autre il lui est subordonné
puisque toutes ses actions et tous ses plans doivent inclure un facteur, ne fusse que pour
l’éviter, celui des réactions du valet dont on veut palier les suites.
Mais qu’en est-il par rapport aux deux autres protagonistes importants : la Comtesse
et la principale intéressée, Suzanne ? Pendant tout le début de la pièce, c’est Figaro qui
semble mener l’action, ce sont ses initiatives et ses stratagèmes que l’on applique et que l’on
suit rigoureusement. 48
Devant la faillite de ces embrouillaminis et l’imbroglio auquel on arrive, la comtesse,
utilisant la situation telle qu’elle se présente, impose à Suzanne le fameux rendez-vous sous
les marronniers et lui propose un travesti, il y a là une perte de prestige pour Figaro et une
absence de l’intrigue qui le relègue au second plan.
Mais est-il concerné par cette substitution de la comtesse à Suzanne ? Nullement
puisqu’il faut pour celle-là ramener son infidèle époux : intrigue advantis quoique tributaire
de la première, qui découle de la première et en est la conséquence immédiate. Figaro ne
peut être concerné par le sursaut dépité de la Comtesse, son rôle sera le même que celui de
son maître : la dupe ; il n’empêche que c’est encore par et pour lui que se développe cette
action qui le dépasse : si le Comte est convaincu de mauvaise foi, la cause du serviteur est
entendue et gagnée.49
47 Ion Zamfirescu, Istoria universala a teatrului, vol.IV, Craiova, Ed. Aius, 2004, p.7448 http://www.bac-de-francais.8k.com, link consulté le 13 juin, 201249 http://bac-de-francais.8k.com, link consulté le 13 juin, 2012
On le voit, Figaro et ses intérêts demeurent le moteur principal de l’intrigue et de
l’action : tout vient de lui et tout lui profite.
4. Le statut de Figaro: Dans quelle mesure Figaro est-il un valet?
Figaro s’inscrive dans la lignée de Sganarelle, d’Arlequin et de Scapin. Si dans Le
Barbier de Séville il est le valet de comedie, dans Le Mariage de Figaro il est libéré de son
statut trop strictement théâtral et accède au statut de personnage, statut qu’il gardera dans La
Mère coupable.
Lorsqu’il rencontre le Comte Almaviva (I,2), son ancien maître qui l’a émancipé en
lui procurant un emploi indépendant, on apprond qu’il a exercé divers états: serviteur du
Comte Almaviva, garçon apothicaire dans les haras d’Andalousie, écrivain, dramaturge,
enfin barbier. Cesi divers états, ainsi que les voyages et tribulations qu’il évoque dans Le
Mariage de Figaro, en front presque un picaro, personnage romanesque (et non d’origine
théâtrale). Ce passé romanesque lui confère une eépaisseur et une personalité, ce qui diffère
fondamentalement des personnages de la tradition issue de la comedia del l’arte, qui
correspondaient plutôt à des rôles, malgré leur récurrance d’une pièce à l’autre. 50
A la différence de “Barbier de Séville”, Figaro est dans “Le Mariage de Figaro” le
valet du Comte, et n’envisage pas de quitter cette fonction; au contraire, il désire épouser
Suzanne, camériste de la Comtesse : au couple des maîtres ferait pendant celui des
serviteurs.
Etant au service du Comte, il doit lui obéir, même s’il réplique parfois : s’il use
encore de l’insolence qu’il avait dans “Le Barbier de Séville”, ce n’est pas directement
envers son maître ; et il doit user de l’intrigue pour contrevenir à l’abus que fait le Compte
de sa position de maître et de “grand corregidor d’Andalouise” (de juge), alors que la
nécessité était moins presante dans “Le Barbier de Séville”.
Il diffère cependant du jardinier, Antonio, de fonction inférieure et porté a la boisson
(ce qui l’infériorise encore). Il diffère aussi de Bazile, recruté par le Compte comme maître à
chanter et comme “secrétaire amoureux” envers Suzanne (entremetteur), mais qui reste en
situation de “libéral”.
50 www.sur-la-toile.com, link consulté le 13 juin, 2012
Le référent sociologique du statut de Figaro est bien celui d’un valet, attaché à la
personne du Comte, ayant le devoir de servir. Mais la rivalité avec le Comte au sujet de
Suzanne lui vaut la méfiance de son maître, qui se trouve dans une situation complexe.
Le Comte en effet, en voulant rétablir le “droit du seigneur” pour Suzanne, alors
qu’il l’avait officiellement annulé, se trouve empêtré : il ne peut officiellement rétablir ce
droit (ce serait rendre public l’arbitraire de son << bon désir >>, et revenir sur sa parole
publique), il doit corrompre Suzanne par des pressions psychologiques et par une promesse
financière (ou l’argument d’argent ne relève pas de l’éthique nobiliaire), il doit enfin rester
avec sa femme, ne serait-ce que pour des raisons de convenance publique.
En bref, il ne peut jouer le rôle de maître absolu, tenu à la fois par sa parole et par
les obligations de son statut (de noble, d’homme marié). Si Figaro semble affaibli par
rapport au “Barbier de Séville”, le comte, son rivale, ne l’est pas moins, puisqu’il est
soumis, dans l’exercise de sa maîtrise, à la contrainte du respect de sa parole antérieure: par
rapport à la comtesse et au devoir de fidélité, par rapport à son comte et à l’abolition du
“droit du segneur”, par rapport à Suzanne qu’il doit séduire (la force ne suffit pas), et par
rapport à Figaro, son valet, dont il se méfie puisqu’il est son rival.
Ainsi, la capacité à intriguer, nécessaire au valet comme au Comte, apparaî pour
chacun d’eux comme le seul moyen de parvenir à ses fins dans un réseau de contraintes qui
enserre chacun d’eux.
5. La vie de Figaro et son échec
La vie de Figaro est une succession d’aventures. Ce monologue retace la vie de
Figaro de manière précise. Ses origines inconnues semblent responsables de ses malheurs
car volé par des brigands : or quand origines inconnues ou appartenance à une mauvaise
famille, l’ascension sociale apparaît fortement compromise.
Sur le plan social et professionnel, sa vie est parsemée d’embûches et de frustration :
il a des etudes de chimie, pharmacie et chirurgie, mai il n’est pas que vétérinaire. Il est
censuré lorsqu’il écrit une pièce de théâtre.
L’ecriture d’un texte traitant du produit net l’emmène droit à la prison , son honnêteté,
paradoxalement, le pousse en prison. Il abandonne définitivement « l’espérance et la liberté
». Son désir de carrière honnête semble définitivement repoussé.51
La vie quotidienne de Figaro n’aura été que déceptions et rabaissement. La vie
personnelle de Figaro n’apparaît guère plus épanouie. La seule satisfaction réside dans un
mariage qui, lui aussi, lui semble fortement compromis en ce point de la pièce.
Il est privé de la connaissance de ses parents : d’une éventuelle ascension sociale,
mais en plus de l’amour de ses pairs.
L’ironie jalonne ce monologue : « il n’y a que les petits hommes qui redoutent les
petits écrits », « parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie ! ».
Ce ton convient parfaitement à aux torts qu’a causé la vie à Figaro en retour de ses
nombreuses espérances. L’autodérision mariée à son humour sont ses armes pour combattre
ses échecs : « las d’attrister des bêtes malades […] me fusse-je mis une pierre au cou ! »
Une autodérision saine et bienfaitrice : a chaque échec, Figaro rebondit pour s’enfoncer
encore plus mais son ton d’autodérision lui permet de ne pas succomber à la dépression.
6. Le nouveau Figaro: un personnage à part entière
En effet, Figaro devient dans “Le Mariage de Figaro” un personnage à part entière,
rival du Comte. Maître et valet (sur le plan social) s’affrontent par l’intrigue, le maître étant
entravé par les obligations de son statut, le valet ne disposant que de ce moyen.
Si la << légèreté > >du rôle s’efface pour la densité du personnage, cette dernière
relève de procédés théâtraux mais aussi d’origine romanesque. Cela est enfin dû au ton
même de la pièce, qui n’est pas seulement une comédie.
Les procédés théâtraux ont déjà été évoqués : Figaro est impliqué par l’intrigue.
Suzanne (et la Comtesse) vont même prendre en main celle-ci, et user du changement
d’identité que le théâtre de marivaux avait rendu populaire dans les intrigues sentimentales.
Il est à noter aussi que le véritable antagoniste de Figaro n’est plus seulement Bazile (issi
assez marginal), mais Bartholo, docteur et ancien maître, instrument du comte (sans être
pourtant au service de ce dernier).
La référence à “Le Barbier de Séville” est nette, et se superpose àl’intrigue de
“Mariage de Figaro” un règle ment de comptes entre Bartholo et Figaro. Plus encore, la
51 http://www.dissertationsgratuites.com, consulté le 13 juin, 2012
référence à “Le Barbier de Séville” confère à Figaro une densit à qui dépasse le “rôle” de
valet de comédie : les références et la cohérence sont respectées : ainsi le monologue de
l’acte V, scène 3, fait-il écho (en plus amer), au dialogue du “Barbier de Séville”, acte I,
scène 2. Figaro garde aussi, d’une pièce à l’autre, son sens du “mot d’esprit”, et sa tendance
à l’excès dans l’intrigue : Suzanne le lui rappelle dès la première scène : “ De l’intrigue et de
l’argent; te voilà dans ta sphère”. 52
Les procèdès d’origine romanesques transposès sur la scène, conferent aussi une
densitè de “personnage” à Figaro. Outre la rècurrence du personnage, par son nom, des traits
de “caractère”, une labilitè dans le discours, il acquiert un passé. La scène de
reconnaissance, quelque artifice qu’elle présente (en dénouant l’obstacle du jugement), est
intéressante à plus d’un titre. Le Figaro de “Barbier de Séville” était d’autant plus libre qu’il
n’avait pas de filiation. Il s’en découvre une dans “Mariage de Figaro”, fils de Marceline et
Bartolo, enlevé très jeune, comme dans nombre de romans de la seconde moitié du XVIIe
diècle, identifié par “une spatule” au bras droit. Certes le procédé de la reconnaissance avait
déjà été transposé au théâtre par Molière, mais sans les effusions que manifestent Marceline,
et surtout Figaro. Molière ne s’est servi de ce procédé que pour dénouer, avec un artifice
transposé au théâtre, une intrigue touchant à sa fin.53Moli
7. Que reste-t-il de la liberté du personnage du Barbier de Séville?
Par son statut de valet, Figaro paraît moins libre qu’il ne l’etait dans “Le Barbier de
Séville”; mais le Comte manque aussi de liberté et ne peut exercer sa puissance qu’à
couvert.
Figaro reste cependant libre de ses mouvements, voire d’organiser œux d’autrui. Il
se trouve aussi bien chez la comtesse qu’à l’extériur, on le voit en tous les lieux de la scène,
et en tous les lieux mentionnés au dehors de la scène. Il feint même sa présence dans le
cabinet de la comtesse (l’un des seuls lieux où il ne soit pas allé), sans que cela suprenne.
Mais il ne participe pas au jeu de “cache-cache” avec le fauteuil de la comtesse, ni au jeu de
52 Diana Carme Ranciog, Le théâtre français aux XIIe siècle et XVIIIe siècle, Bucuresti, Politehnica Press, 2011, p.15053 Lemouner-Delpy (Marie-Françoine), Nouvelle étude thématique sur Le Mariage de Figaro de Beaumarchais
,Paris, Ed. Sedes, 1987, p. 237
déguisement de l’acte V (dans “Le barbier de Séville, Figaro ne se déguise pas non plus,
alors qu’il déguise le comte).
Sa liberté de parole reste cependant entière, puisqu’il utilise toute la gamme des
discours employés dans la pièce : joyeux, insolent, critique, ému, à double entente ou à
simple entente, mensonger ou “véridique”.54
Son haileté à improviser ne se d ément pas (lorsqu’Antonio révèle au comte que le
page a sauté par la fenêtre du cabinet de la comtesse), mais sa virtuosité se retourne contre
lui: lorsque le comte le sonde. Même s’il contribue nettement à l’intrigue, il ne la maîtrise
pas totalement, abusé par le stratagème de Suzanne et de la comtesse, qui intervertissent
leurs rôles a son insu.
Car ce qui entrave le plus la liberté de figaro est bien son implication dans l’intrigue:
sa “possession” de Suzanne est remise en cause par le désir du comte, et par le risque du
mariage avec Marceline (son passé le rattape).
8. Le porte parole de Beaumarchais
Beaumarchais a utilisé Figaro comme un miroir de sa propre vie aventureuse et
picaresque, mais aussi comme écho de toutes ses préoccupations morales et
philosophiques. Admirateur de Voltaire et d'autres philosophes des Lumières, le créateur
de Figaro est un homme grave sous des dehors légers ; et Figaro est parfois le porte-
parole de ses réflexions les plus profondes.
Figaro dans le Mariage est aussi un personnage qui veut faire une satire de sa société
contemporaine et refleter ainsi les opinions et l’ experience personelle de son créateur.
Voila quelques élements de la satire :
(V,3) : Noblesse, fortune, un rang, des places tout cela rend si fier ; critique l’ancien
régime.
(III, 5) : Mais feindre d" ignorer ce qu"on sait, de savoir ce qu"on ignore (…) ; voilà toute
la politique ou je meure. , critique de la politique
(V, 3) : « Un envoyé de je ne sais où se plaint que j" offense dans mes vers , critique de la
censure
54 http://lettresexperts.net, link consulté le 13 juin, 2012
Tous ces élements de satire reflètent ce que Beaumarchais a du endurer pour que
cette pièce soit joué. Mais on retrouve des élements de l’ expérience personnelle de
Beaumarchais dans le monologue de l’ Acte V scène trois, car l ‘ expérience de Figaro s’
apparente à celle de Beaumarchais.55
Dans son monologue Figaro, est un véritable critique du l’epoque de Beaumarchais.
Il revendique la reconnaissance du mérite personnel contre les pricilèges des seigneurs. Il
commence par se comparer aux seigneurs, comme si le rempart de l’aristocratie était
fragile : << Et si je veux mieux qu’elle ? Y a-t-il beaucoup de seigneurs qui puissent en dire
autant ? >> De plus, la menace : << crainte d’en faire un mauvais valet >> met à mal la
domination sociale des seigneurs : le Comte reste le maître parce que Figaro le veut bien.
Il poursuit en pointant le dysfonctionnement d’une société toute entière : on n’est
jamais employé à sa vraie valeur : << Médiocre et rampant, et l’on arrive à tout >>. Pour
réussir, l’esprit n’est d’aucun secours.
VI. La relation maître-valet
1. Maître et valets sur la scène de l’histoire :
Le valet fourbe et rusé du VIIe siècle s’impose comme un type constitué aux
comportements et procédés stéréotypes, comme le Scapin de Molière. Les valet de Molière
doivent beaucoup à la tradition théâtrale. Ils emprutent leurs caractéristiques comme:
vantardise, cuardise, cupidité, ivrognerie, luxure, sens de l’intrigue, irrespect et insolence
aux esclaves astucieux et entreprenant de la comédie latine (Liban et Léonidas dans
l’Asinaria de Plaute), au gracioso espagnol burlesque (Arlequin, Brighella).
La relation maître-valet est une convention du théâtre de comédie, utilisée par
Molière, Marivaux, Beaumarchais, jusqu'à Brecht. Don Juan, Le mariage de Figaro, Le jeu
de l'amour et du hasard, sont des pièces caractéristiques présentant le couple maître-valet.
Le valet est un personnage indispensable à la comédie (idée d'infériorité sociale). Tandis que
dans la tragédie, les valets sont appelés des confidents.
55 www.bac-de-francais.8k.com, consulté le 13 juin
La relation avec le maître est une relation de familiarité. Le valet sert de confident,
pour le maître c'est une espèce de double, de miroir, avec qui la discussion n'aura pas de
conséquence. 56
Le maître rabroue le valet (de coups), du fait de la familiarité qui existe entre eux, et
malgré celle-ci. Cette relation n'est pas ressentie comme un problème de classes sociales au
XVIIe siècle. Elle le sera à partir du XVIIIe siècle.
2. Le changement de position du valet (XVIIIe siècle)
Dès la fin du XVIIe siècle, on assiste à la naissance d’un nouveau type de valet : les
fourberies ne leur suffisent plus, ils commencent à penser à une libération. Ils deviennent les
rivaux de leurs maîtres (par exemple : Crispin rival de son maître, de Lesage, 1707). Ils
deviennent capables de prendre leur place )par exemple : le Joueur, de Regnard).
La distance qui sépare maîtres et valets décroît dans le premier tiers du XVIIIe siècle,
l’epoque est incertaine (désordre politique) et se prête à toutes sortes d’aventures.
Le valet supporte de plus en plus difficilement de rester dans l’ombre de son maître. Il ne
le respecte plus. Il rêve de justice. Cela aboutira aux conquêtes de la Révolution et à la
destruction d’un certain ordre hiérarchique.
Au XVIIIe siècle, le valet change de position (réflexion de chacun sur les défauts
humains, sur la hiérarchisation de la société, problème des classes sociales).Exemple de l'Île
des Esclaves de Marivaux, les valets ont de véritables revendications sociales, ils veulent
être reconnus, sur un plan moraliste, pas politique, ils ne veulent pas devenir maîtres.
Dans la comédie de Marivaux les valets, comme Arlequin et Lisette ne jouent pas les
premières rôles. L’itinéraire amoureux des maîtres fait le sujet de la pièce.
56 André Blanc, Francis Freundlich et Philippe Petiet, Étude sur maîtres et valets dans la comédie française du XVIIIe siècle, Ellipses, 1999. p. 210
Les valets ont un rôle secondaire, bien que, sans eux, bien des comédies ne seraient
guères comiques.
Dans le théâtre de Marivaux, l’investigation psychologique et la rhétorique amoureuse
sont essentielles. Marivaux a puisé cependant dans la tradition théâtrale antique, espagnole
et moliéresque et ses valets sont bien réprésentatifs de leur époque. 57
3. Figaro et sa relation avec son maître
Dans Le Barbier de Séville de Beaumarchais, au départ Figaro est indépendant
d'Almaviva au service duquel il revient pour l'aider à conquérir Rosine. Le jeune Almaviva,
aidé par Figaro, épouse Rosine à la barbe de Bartholo. Figaro revendique une place pour les
valets. Il est l'égal du maître, sinon supérieur . Un maître ne serait pas capable d'être valet.
Dans Le Mariage de Figaro de Beaumarchais, c'est la première fois qu'un valet
devient le personnage principal d'une pièce. Le Comte souhaite séduire Suzanne (il pense
pouvoir faire ce qu'il veut de ses servants).58
Mais avec l'ingéniosité de celle-ci, un Figaro rajeuni réussira à obtenir la main de
celle qu'il aime. Dans un décor de château en Espagne, Beaumarchais en profite pour passer
la société en revue.
La relation duelle entre le maître et le valet est posée,( mais aussi entre le mari et
l'épouse) est la conséquence de cette disconvenance et << [...] une lutte assez vive entre
l'abus de la puissance, l'oubli des principes....et le feu, l'esprit, les ressources que l'infériorité
piquée... peut opposer à cette attaque [...] >> va générer le jeu des intrigues dans la
comédie.
Figaro et le Comte étaient complices dans Le Barbier de Séville pour faire échouer le
maroage entre Rosine et Bartholo et, ici, ils sont rivaux par rapport à Suzanne. Cette relation
de compétition permet de les mettre tous les deux sur le même plan : Figaro a pour lui,
l’amour de Suzanne. Le Comte, lui, a la supériorité de sa situation sociale. L’intrigue de la
pièce est sur un jeu de quiproquo; chaqun se demande ce que savent les autres. Les
personnages utilisent des mots à double sens, ils se livrent à des enquêtes: ils prêchent le
57 www.bacdefrancais.net, consulté le 26 juin, 201258 André Blanc, Francis Freundlich et Philippe Petiet, Étude sur maîtres et valets dans la comédie française du
XVIIIe siècle, Ellipses, 1999, p. 245
faux pour savoir le vrai. Le spectateur sait tout, il est complice des personnages. Le Comte
essaie de savoir ce que sait Figaro mais ce dernier est très rusé.
Les rapports entre le Comte et Figaro sont compliqués, d’une part, par le fait que les
deux hommes désirent la même femme: Suzanne-ce qui donne lieu à des affrontements entre
le maître et le valet, et d’autre part, par le fait que Figaro n’est pas tout à fait comme les
autres valets puisqu’il est instruit et porte un regard critique sur la société.
Le valet est plus mature. Il défend ces droits d’ amoureux et d’homme instruit et intelligent.
Il traite le Comte, son rival, comme un égal, il réponde à la menace par la menace ; il
s’impose par le courage, le sentiment de fiérté personnelle, par la détermination à faire face
à la préjuges, des fiertés et des privilèges.59
La confrontation entre Figaro et le Comte désigne un sens politique. Ainsi est
clairement posé le problème de "la disconvenance sociale" qui se traduit par l'abus de la
puissance du Comte : la suprématie sociale lui donne tous les droits et il en oublie les
principes moraux ( la fidélité conjugale) et sociaux (le respect de quiconque).
Le conflit dramatique naît alors d'une contradiction entre trois notions différentes : la
condition sociale, les caractères, les sentiments.60
Figaro revendique la liberté de pensée, de parole, l’écrit, et il proteste contre
l’inégalité sociale. Il se moque de diverse institutions représentant la noblesse, la justice,
l’autorité et la diplomatie.
Le valet défie son maître, il conspire contre le Compte avec Suzanne et la Comtesse.
Il utilise son intelligence et sa ruse pour faire un plan de combatre son rival. Le Comte finit
par être vaincu par son propre serviteur et ses plans sur suzanne sont divulgués. Le valet
s’est avéré difficile à battre.
59 Ion Zamfirescu, panorama dramaturgiei universale,Editura Enciclopedica Romana, Bucuresti, 1973, pp.319-32060 http://www.bac-de-francais.8k.com, consulté le 13 juin
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES :
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3. Beaumarchais, Mémoires, ....
4. Beaumarchais, Lettre modérée sur la chute et la critique du Barbier de
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OEUVRES CRITIQUES :
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Craiova, Editura Aius, 1995
2. P-G. Castex, P. Surer, G. Becker, Histoire de la littérature française Ed. Hachette,
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7. Sainte-Beuve, Causeries du lundi, tome VI, 1852
8. Pierre,Larthomas, La Mère Coupable, Folio Classique,Paris, Ed. Gallimard, 1999
9. Pierre,Larthomas, Le Mariage de figaro, Folioe, Paris, Ed. Gallimard, 1984
10.Lemouner-Delpy (Marie-Françoine), Nouvelle étude thématique sur Le Mariage de
Figaro de Beaumarchais,Paris, Ed. Sedes,1987
11. Geraud (Violaine), Le Mariage de Figaro,Paris, Ed. Bordas,2003
Dictionaires :
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d’edition de dictionnaires et enciclopedies, Paris, 1961
2. « Dictionar de Literatura romana si universala. Autori. Opere. Personaje
pentru elevi. », de Aura Brais, Ed. Coresi, Bucuresti, 2000
3. « Le Petit Larousse En Couleurs », Nouvelle Edition, 17 rue du
Montparnasse 75298, Paris Cedex 06, 1995.
4 Beaumarchais, Jean-Pierre Dictionnaire des oeuvres littéraires de langue
française, article « Le Mariage de Figaro » par de, Paris, éd. Bordas, 1995
5. Jean Pierre Beaumarchais, Daniel Conty, Alain Rey, Dictionaire des
Littérature de langue française” Auteurs A- D, Paris, Ed. Bordas, 1999,
http://www.bac-de-francais.8k.comhttps://www.mtholyoke.eduhttp://www.sur-la-toile.com http://lettresexperts.nethttp://www.dissertationsgratuites.com
www.theatrehistory.comwww.fichesdelecture.com
« La dramaturgie de Beaumarchais : le personnage de Figaro » (M. Corvin)Emission de radio, Cf audiosup