bertholon

11
  Bertholon, Lucien. M. le Dr Bertholon,... |Origines européennes de la langue berbère. Extrait des 'Comptes rendus de l'Association française pour l'avancement des sciences', Congrès de Cherbourg, 1905 (4 août). 1906. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n° 78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisatio n commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fournitur e de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenair es. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothè que municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisat eur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisati on. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

Upload: macamar

Post on 18-Jul-2015

23 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: bertholon

5/16/2018 bertholon - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/bertholon 1/10

 

Bertholon, Lucien. M. le Dr Bertholon,... |Origines européennes de la langue berbère. Extrait des 'Comptes rendus de l'Association française pour l'avancement des sciences',

Congrès de Cherbourg, 1905 (4 août). 1906.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la

BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 :

*La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source.

*La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits

élaborés ou de fourniture de service.

Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 

2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques.

3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit :

*des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans

l'autorisation préalable du titulaire des droits.

*des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque

municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation.

4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle.

5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur

de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays.

6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non

respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978.

7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

Page 2: bertholon

5/16/2018 bertholon - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/bertholon 2/10

le J3r BBRTHOLON

HT O'\  ûiSéX àTunis.

^ORIGINES EUROPÉENNES. »

DE LA

1"Í: .S~)

DELA

^^m Langue berbère

t

^B; Extrait des Comptesrendus de JB

^H| l'Association Française pour l'Avancement des Sciences.

^HCONGRÈS DE CHERBOURG – 1905

Hb? PARIS 1

B^U^^ SECRÉTARIAT DE L'ASSOCIATION .fl^HglK. (Hôteldes Societéssavantes) 'fl

^B_ as' RUE SERPENTE fl

Page 3: bertholon

5/16/2018 bertholon - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/bertholon 3/10

^K~1)f BERTHOLON. ORIGINES EUROPEENNES DE LA LANGUE BEKBÈRE

617

~0~

B M. le Dr BEETHOLOU j/[ J^

^B àTunis. f

H£' l-^n PR'^nfeS EUROPÉENNES DE LA LANGUE BERBÈRE [496]

^H-s^ – Séance du 4 août –

HS En 1898, au Congrès de Nantes, j'ai exposé les données historiques et

M. les traditions prouvant l'existence d'une immigration longtemps prolongéeHK de peuplades d'Europe en Afrique.

HM Cette colonisation est d'ailleurs méconnue par les auteurs. Ils ne font^k commencer l'histoire de l'Afrique du Nord qu'avec la fondation de Car-

thage. Elle a été cependant assez puissante pour imposer aux populationsde ce pays une langue européenne.

Époque archaïque. Les origines de ce langage importé paraissent re-monter aux temps les plus archaïques. L'onomastique locale permet de se

rendre compte du développement de ces premières tribus européennes.Elles appliquaient les mêmes termes à la dénomination de leurs mon-

tagnes et des cours d'eau, des deux côtés de la Méditerranée.Les Africains nommaient Dyris ou Douris leurs montagnes et spéciale-

ment le massif de l'Atlas. Les noms antiques d' Adorantes, d'Aàyr-machi-

des, modernes de Dyr (Kef), Dira (Aumale), cap Adar (Tunisie), etc., ensont des exemples.

En Europe: 1° les vocables dor et tor désignaient également des mon-

tagnes et aussi les cours d'eau. On a plusieurs monts Dore. On trouve lesnoms de îbramina (Basses-Alpes), Turi (Ligures), Tauros (Sicile), Tazwoeis

(Tarente), laurivà (Ligures), d'où l'orino, Turin. Dans les Alpes 2a-

raretasia, reproduit le nom des Atarantes d'Hérodote

L2° Ger était aussi un terme pour désigner les montagnes et les coursd'eau. En Afrique, nous avons 1° les noms des monts Garas, Garaphi

~r (Ptol), Gwrubi (Corippe), Gyr (Balbus), Gora (Tunisie), Gozwaya(Bougie,Cherchell), Gourin (divers), etc. Comme forme redoublée de ce terme,Girr/ins (l'tolémée), Gilgilis (Djijelli), Guergour; 2° des rivières Ighar-ghar (Oued), Gara (Tunisie), Gha?'\s (Sahara), E^ere (Sahara), etc. En

Page 4: bertholon

5/16/2018 bertholon - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/bertholon 4/10

ANTHROPOLOGIE

France, les noms formés- avec ger, gar, sont fort communs; citons

Garumna, Liger (Loire), Ligerula (Loiret), Ingera (Indre), Vigera (Voire),et de nos jours Gard, Gardon, Gartempe, Gers, Giers, Guiers, le Jura.,etc. Comme exemples de forme redoublée Guergour, Guergair (en

Bretagne), etc.3°Le vocable Sa?-,assimilé à- Sar, Sarati (sansc.) couler; sara, saras

(eau) est d'un emploi fréquent. M. de Jubainville relève les noms de Sara

(Sarre, affluent de la Moselle), Sara (Serre, affluent de l'Oise), Saraonicus

(Rhony, Gard), Sorius (SeriQ,Lombardie), Isara (Isère, Oise), Isara (Isar,affluent du Danube), Yser (département du Nord). En Libye nous avonsAs-Sara (Ptol), Asar, Issar(Ysser), Si-Saris, Isariren, Asi-Sa1'ath,Au-Sere,Sufa-Sar. Le terme berbère %al&(thala), source, peut être rapproché de

sara, étant donnée la prononciation de th. Les Beni-Menacer appellent leruisseau 6aria (tharia) Le préfixe As, Is, qui précède certains de ces nomsest une racine ayant le sens de rapide

i" Ar, probablement dérivé du précédent par chute de la sifflante ini-

tiale, a donné 1° en Europe, les noms de Arar (Saône), .Ariminium (Li-gurie), Arva (Arve, vers Genève), Aramus (Aren, Bouches-du-Rhône);Araris (Aar, affluent du Rhin), etc. 2° en Libye, Ardalio (vers Haïdra),Armoniacum (vers Tabarca), Armua, Armascla (Oued), Ara&v.

Ces quelques termes toponymiques indiquent bien une parenté de

langage entre les peuples établis autrefois au nord et au sud de la Médi-terranée.

s';

La langue libyenne. Cesaffinités se dessinent d'une façon beaucoupplus certaine, quand on analyse ce qui reste de 'l'ancien libyen. Cefonds

se compose 1° de termes explicables par le grec 2° de termes inconnusdans cette langue.

Les termes non grecs paraissent se rattacher aux dialectes thaco-phry-giens.rUn certain nombre semblent explicables par les*langues de l'Asie

Mineure, d'autres par le celtique, rameau cimmérien.

Influences phrygiennes. 1° Voici comme exemples quelques termes

explicables par les dialectes phrygiens Baltos, roi, en libyen, peut être

assimilé au féminin Bateia, la reine en mysien. Ce terme peut aussi êtrerapproché du mot grec BSç,roi. -– ©àeç (Hérodote), répond au phrygienBioç,loup il a le sens de chacal; ëacraiptov(Hérodote), s'explique parle thrace ëacro-âpa,vêtement en peau de renard, par le lydien DionysiosBassareus, qui protégeait contre tles renards il signifie renard. Les

Page 5: bertholon

5/16/2018 bertholon - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/bertholon 5/10

Dr BERTHOLON. ORIGINES EUROPÉENNES DE LA LANGUE BERBÈRE

Coptes emploient encore le mot basqr. Bure dans l'onomastique libyenne(Tubursicum Bure, Thimida Bure, etc.), répond au'thrace para passage,assimilable au grec 7tdpoç.– Sua, nom antique de Chaouach, villageremarquable par lé nombre de ses sépultures mégalithiques et creusées

dans le roc reproduit le carien coûœsignifiant tombeau, etc.Dans le berbère moderne, paille se dit aloum = ëXujAoç(plirygien) roi,

Agélià.= yslà. (carien) silo, seraf  = <np<k(thrace), etc.Voici d'autres termes plus particulièrement conservés dans les langues

celtiques, issues du thrace mas (libyen) = mas, mac, fils Souvoç,colline,d'où l'ethnique Abenni = Benn, penn, montagne ma^alia, mapalia,,habitations magalos, jj.éfapov"(grec), grande chambre; abrid (pas-sage) abrid, migration, etc.

Outre les mots particuliers aux divers dialectes issus du thrace, l'in-fluence de cette langue se reconnaît

2° Par de nombreux noms théophores, formés a) les uns avec Men

(divinité lunaire). Ex. Meraangé, Menephese, Menmx, Menegere, etc.

b) les autres avec Bagaios (divinité suprême). Ex. Bocchus, Bogud, Boxus,Bocchar, Bacuates, Bacates, Bocchuris, etc. En* berbère Dieu se disait

Bakou.

3° Par l'abondance de noms de tribus, d'individus (dans les inscriptions)

en forme de participes40 Par la recherche des finales en as, – es, – is;

S0 Par l'emploi de l'article préfixé, comme erL phrygien. Cette forme

persiste dans le berbère contemporain.Les inscriptions du Corpus et l'onomastique libyenne fournissent de très

nombreux exemples de l'article préfixé. Voici quelques noms de villes à

titre d'exemples 77»agaste= àyaa-n), l'admirable; 2%«gora àyopâ, le

marché 2%elepte=

Xctttj,la

petite Tïpasa=

Traça,l'importanteTïbu-

buci = 6ou6ot7!C7|,le pâturage des bœufs Ifobursicum Bure xb Supmxbv

itopbv(forme neutre locale), le marché aux peaux de beeufs Z'tsburnica

xopvixv],la prostituée, etc.

Ces noms, comme d'ailleurs ceux de la plupart des villes du nord* de

l'Afrique s'interprètent au moyen du grec. Cette abondance de termes

helléniques s'explique par le fait que le phrygien etle grec étaient, d'aprèsles travaux des linguistes et plus spécialement de Fick deux languessœurs.

Le libyen est antérieur au punique. De plus, ce dialecte hellénique ne

date ni de l'époque romaine, ni de l'époque byzantine. Il est antérieur à

l'occupation phénicienne. En effet, les Phéniciens ont conservé,plusieurs

appellations grecques existantes, en les faisant précéder du nom de leur

Page 6: bertholon

5/16/2018 bertholon - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/bertholon 6/10

ANTHROPOLOGIE

langue signifiant cap, montagne, etc. Ainsi, axoovsignifie cap. Les Phéni-ciens trouvant un cap portant ce nom, le firent précéder de rus, ayant lamême signification. Les Romains nous ont conservé la transcription dunom ainsi composé avec la prononciation locale Rusiicurum (Anon. Ra-

venne) les Berbères prononcent encore aujourd'hui akerou, cap. Unautre cap portait, comme une montagne de Sicile, le nom de êxvojxoç,dan-

gereux. Les Phéniciens, en firent rus ecnomos, prononcé Rusucnoma, etc.Cette superposition de noms suffit pour affirmer l'antériorité de l'élément

hellénique par rapport au phénicien.

Le libyenà l'époque punique. D'ailleurs, dès l'époque punique, les

indigènes pénètrent dans la vie locale de Carthage. Par croisements inces-

sants, les Phéniciens dès le m0 siècle, sont devenus des Berbères. Avecl'évolution du type physique coïncide une transformation ethnique. Lesanciens rites égypto-phéniciens sont abandonnés. Un développement in-

dustriel, artistique et religieux d'influence hellénique de pi us enplus accuséese substitue au fonds primitif, comme les fouilles permettent de le recon-naître. Le grec se généralise à côté du phénicien. Déjà, vers 480, le Car-

thaginois Charon écrivait en grec des chroniques éthiopiques, libyques etcrétoises. D'autres auteurs, tels que Proclès, Silenus, Jarbitas, et même le

grand Annibal composaient des ouvrages en langue grecque. Massinissa,Micipsa, Juba If étaient héllénisants. Ils s'entouraient d'artistes et de litté-rateurs grecs pour rectifier leur jargon libyen, moins correct que l'attique.

Le libyen à l'époque romaine. A l'époque romaine, le latin eut à

lutter, plus contre l'hellénisme que contre le punique. Quand, grâce auxefforts du gouvernement et à son caractère de langue officielle, il se fut

généralisé, les influences locales le modifièrent d'une façon régulière. 11se

forma un latin particulier, dit latin d'Afrique. Celui-ci diffère du latinrégulier surtout par l'hellénisme de son vocabulaire et de sa grammaire.Chaque terme latin arriva peu à peu à avoir son doublet hellénique, plusou moins latinisé, et ce doublet fut employé de préférence au mot clas-

sique. Ainsi, au lieu de dire ardor, l'Africain disait cauma de amabilis,eucharis de careo, aporior de exlraneus, allophylus, etc. Les mots latins

perdaient leur sens classique pour adopter celui de l'expression grecquecorrespondante. Ainsi, audio, entendre, était employé avec le sens d'écou-ter, parce que le grec àxouw

possèdeces deux

significationssuscito,

signi-fiait réveiller, parce que èysipa), veut dire, soit exciter, soit éveiller, etc.Desmots nouveaux étaient forgés avec des termes latins, au moyen desuffixeshelléniques ou correspondant à des suffixes helléniques; tels quecertains mots en enlia, anlia, tio, – for, men, – menluin,icus, etc.

Page 7: bertholon

5/16/2018 bertholon - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/bertholon 7/10

Dr BERTHOLON. ORIGINES EUROPÉENNES DE LA LANGUE BERBÈRE

Les auteurs indigènes, comme Apulée, Fronton, Lactance, Jules l'Afri-

cain, Cornutus, Tertullien, s'exprimaient plus aisément en grec, leur

langue maternelle, qu'en latin. Apuléele déclare dans ses métamorphoses.L'empereur Septime Sévère, très instruit en grec et en punique, prononçait

mal le latin. II fut même obligé de renvoyer sa famille en Afrique parce-qu'il rougissait de sa façon dé parler le latin. Pour que son fils pût réussir

auprès des Africains, la mère de Fulgence ne lui laissa aborder les études

latines, que lorsqu'il eut connu à fond la langue grecque. Si on feuillettele Corpus (t. vin), on remarque que 32 0/0 des surnoms africains sont

helléniques, plus ou moins altérés. A côté de ces preuves de la diffusion

du grec, on peut rappeler que les écrits populaires, appelés tabuléedevotio-nis ou execrationis, publiés par le P. Delattre sont la plupart en langue

grecque.A l'époque vandale, Genséric, nous apprend V. de Vita, dut,avoir des

interprètes de langue grecque, en même temps que de'langue latine ou

punique pour entrer en relations avec les chefs de sa conquête.

Le libyen à l'invasion a1'abe. La langue-des conquérants phrygienss'était «donc conservée jusqu'à l'arrivée des Arabes. A cette période de

transition, elle existait encore, mais le langage populaire avait suppriméles flexions des déclinaisons et aussi des verbes. Une

inscriptiontrouvée à

Cuicul, un fragment de Coran berbère, écrit par Ibn Tarif, au vme siècle,nous renseignent sur ce langage.

1

Le berbère moderne issu du libyen. – A partir de l'occupation arabe, la

langue indigène s'altère de plus en plus. L'obligation de lire le Coran,dans le texte primitif  rend l'arabe de plus en plus commun. Le phénomèned'altération du latin, par le libyen que nous avons analysé, se reproduit!Maiscette dégradation qui sefaisait aux dépens dulatin, se poursuit actuel-lement au détriment du berbère. Les termes 'berbères purs se voient

remplacés par des doublets arabes, et tombent en désuétude. La pronon-ciation de ce dialecte hellénique par des tribus d'autre origine amène desdéformations susceptibles de rendre beaucoup de termes méconnaissables.La connaissance des habitudes phonétiques berbères permet cependant de

retrouver au milieu de ces dialectes déformés de nombreuses traces de

l'ancien libyen.On reconnaît que ces restes sont archaïques, car beaucoup de, termes se

rapprochent plus des formes du sanscrit que de celles dû grec classique.Les mots ayant survécu se rapprocheraient plus des dialectes éolien oudorien que de l'ionien ou de l'attique. Comme nous en avons donné quel-

Page 8: bertholon

5/16/2018 bertholon - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/bertholon 8/10

ANTHROPOLOGIE

ques exemples à propos du'libyen, il y a des termes inconnus en grec,mais se rapprochant de mots thraco-phrygiens ou des dialectes du nord.En résumé,1le berbère a les mêmes caractéristiques que le libyen.

Alphabet. L'alphabet grec est le seul qui puisse figurer exactement laprononciation du berbère. Ce langage contient, en effet, les sons très spé-ciaux du x, du y, du 8, du 9.

Aetfmif. – Quant à la grammaire, on trouve quelques réminiscencesde la grammaire grecque conservées comme à l'état fossile, dans ce langageà syntaxe simplifiée, comparable à celle des nègres parlant le français.

Comme en'libyen, l'article est préfixé au subtantif. Pour le masculin, ilse prononce a et i,

correspondantau

grec6. On dit

agroum

= 6Yépuv,"le vieillard; akioun = 6 xôov,le chien; aleyou = ô Xdyoç,la parole, etc.

*L'article est ta au féminin en berbère comme en libyen. Il correspond*au grec f], t-tj;.Ex. tanaout = vaîiç, navire; tanouni=voj/], coutume, etc.

L'article pluriel masculin est i = oï féminin,'tô.

Substantif. Dès la fin de l'époque romaine, les substantifs du parlerlibyen vulgaire, avaient cessé de se décliner. La plupart des mots étaientdevenus invariables, comme ceux des langues romanes en se fixant sur le

nominatif.On peut ainsi reconnaître les diverses déclinaisons qui ont déterminé la

terminaison de divers substantifs berbères.

1° Quelques féminins sont terminés en a parce qu'ils proviennent de la

première déclinaison grecque. Ex. ya = yz (dorien), terre ma = (a2,mère; defa = 8tya, soif; lama – Tt,u.â(dorien), valeur, etc.

20 Quelques féminins sont terminés en i. Ils correspondent à des fémi-

nins grecs en t\. Ex. ougegi = &y<»t<éloignement, direction noumi =vo[a-Î],coutume; ziri = uE^pioç(féminisé), lune, etc.

3° Certains masculins se terminent en ous, parce qu'ils pro^ iennenl desubstantifs grecs de la seconde conjuguaison, terminés en oç.Ex. akkous =

"Tï°?i vase; kadous = xdcSoç.mesure pour les liquides; oullous = oppôç,lait caillé, etc.

Quelques-uns de ces substantifs ont changé leur finale os eu oui. Cet final les a rendus féminins, par assimilation. Ex. oudout =z ôâoq,route;

rekaout = pœxoç,débris, pourriture faraout ^apoç,abreuvoir, trou, etc.Enfin, comme pour l'italien moderne, le s final est tombé. Ex. ouzou

auffoç*chaleur goro = yûpoç,cercle; aliou =z ^wç, soleil, ei,c.

4°La troisième déclinaison grecque se retrouve dans quelques substan-tifs berbères tels que imar = ^«p, jour, temps; lar (contrefort) =. XôEp,

Page 9: bertholon

5/16/2018 bertholon - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/bertholon 9/10

D1 BERTHOLONr ORIGINES EUROPÉENNES DE LA LANGUE BERBÈRE

rocher; tigres (chat-tigre) = Tiyptç,,tigre; daïmoua == o<xï|ia>v,démon;kanoun = xavûv. code erkis –

àxpiç,Sauterelle, etc.

Verbe. – Les verbes berbères ont perdu'les flexions' si nombreuses. du

grec classique. Sous l'influence du sémitisme, les indigènes ont peû à peu,adopté un des temps les ,plus usités du verbe, pour en- faire un radical

verbal: Ce thème radical verbal ne s'est pas toujours fixé sur le même

temps. Ce sont cependant l'aoriste et l'impératif  surtout qui ont fourni le

plus souvent ces radicaux verbaux.

Voici un exemple destiné à faire comprendre cette formation-Les Touareg ont pour exprimer agir, le terme ag, tiré de l'impératif oLye.

La même population pour s'éloigner, emploie le mot esigeg, tiré de

l'aoriste èEïjyays.Voici quelques exemples de formations verbales sur les divers temps

1° Verbes berbères provenant d'un indicatif  grec en <oEdou = 7^00),réjouir; aneyou = àvày^w, avoir besoin; faou==cpiaj,

bril ler.Verbes berbères provenant d'un indicatif  grec en \uIli –

slfjl, être; imi = ^C, dire.Verbes berbères provenant d'un indicatif  grec en jjiai

Elkem = èp/^ai, venir; loyisem •==Xoyi'Ço[j.ai,énumérer senahclïâm= auvay^ojAai,froisser

2° Verbes berbères provenant de l'aoriste

Edesa = êS-^aa,cacher; eOessa= é9iQ<ia,boire; enn = ^v, parler;

3° Verbes berbères formés sur l'impératif Ennefli = àvaœXàs,exciter; efenez1= àçaviÇc,réduire; amel = 6[*lXs,

parler; senedefez = (TuvôSaijii'Çs,égaliser

4" Verbes berbères formés sur l'infinitif Aqqen = ây^èiv, serrer; eden (brouter) =<18eiv, manger; feren'=

çspecv,porter.

'Enfin, dans la conjugaison berbère actuelle, on trouve des traces de la

conjugaison' européenne, fort simplifiée. L'impératif  sert de racine auverbe. un peu comme clans le grec. Ex. ag et œys.Les participes présentssont en an = wv. Ex. erezan = ôpùpumv,creusant; amclan = [asXcov,soignant.

«CONCLUSIONS*

Cet exposé, dont on trouvera les détails dans la Revue Tunisienne desannées 1903, 1904, 1905, permet les conclusions suivantes

Page 10: bertholon

5/16/2018 bertholon - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/bertholon 10/10

ANTHROPOLOGIE

1°Dèsles temps les plus archaïques, les populations du nord de l'Afriqueont parlé une langue européenne;

20Cette langue a été introduite dans le pays par une série d'immigrationsantérieures à la colonisation phénicienne. Ces migrations provenaient, les

dernières surtout, des bords de la mer Egée3° Cette langue offre de grandes affinités avec les dialectes thraco-phry-

giens, et par suite avec la langue grecque;

4° Parlée à l'époque punique, répandue même à Carthage, elle a luttécontre le latin à l'époque romaine. Le latin d'Afrique a été, par suite,hellénisé dans son vocabulaire, dans ses formations verbales, dans sa

grammaire

5° L'invasion arabe a déterminé une dégradation régulière de cette•langue. Les termes sémitiques se substituent de jour en'jour aux mots'berbères d'origine européenne. Néanmoins, dans la langue nouvelle,quise forme sous cette influence, on reconnaît de nombreux mots, de nom-

«breusesdésinences, beaucoup de restes grammaticaux qui se sont, pourainsi dire, fossilisés, et rappellent encore les origines helléniques du parlerdu nord de l'Afrique.* /^oïj?"\ 

IMPRIMERIE CHAIX, KUE BERGCRr, 20, PARIS. 6150 7-06.