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Bertholon, Lucien. M. le Dr Bertholon,... |Origines européennes de la langue berbère. Extrait des 'Comptes rendus de l'Association française pour l'avancement des sciences',
Congrès de Cherbourg, 1905 (4 août). 1906.
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le J3r BBRTHOLON
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^HCONGRÈS DE CHERBOURG – 1905
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^K~1)f BERTHOLON. ORIGINES EUROPEENNES DE LA LANGUE BEKBÈRE
617
~0~
B M. le Dr BEETHOLOU j/[ J^
^B àTunis. f
H£' l-^n PR'^nfeS EUROPÉENNES DE LA LANGUE BERBÈRE [496]
^H-s^ – Séance du 4 août –
HS En 1898, au Congrès de Nantes, j'ai exposé les données historiques et
M. les traditions prouvant l'existence d'une immigration longtemps prolongéeHK de peuplades d'Europe en Afrique.
HM Cette colonisation est d'ailleurs méconnue par les auteurs. Ils ne font^k commencer l'histoire de l'Afrique du Nord qu'avec la fondation de Car-
thage. Elle a été cependant assez puissante pour imposer aux populationsde ce pays une langue européenne.
Époque archaïque. Les origines de ce langage importé paraissent re-monter aux temps les plus archaïques. L'onomastique locale permet de se
rendre compte du développement de ces premières tribus européennes.Elles appliquaient les mêmes termes à la dénomination de leurs mon-
tagnes et des cours d'eau, des deux côtés de la Méditerranée.Les Africains nommaient Dyris ou Douris leurs montagnes et spéciale-
ment le massif de l'Atlas. Les noms antiques d' Adorantes, d'Aàyr-machi-
des, modernes de Dyr (Kef), Dira (Aumale), cap Adar (Tunisie), etc., ensont des exemples.
En Europe: 1° les vocables dor et tor désignaient également des mon-
tagnes et aussi les cours d'eau. On a plusieurs monts Dore. On trouve lesnoms de îbramina (Basses-Alpes), Turi (Ligures), Tauros (Sicile), Tazwoeis
(Tarente), laurivà (Ligures), d'où l'orino, Turin. Dans les Alpes 2a-
raretasia, reproduit le nom des Atarantes d'Hérodote
L2° Ger était aussi un terme pour désigner les montagnes et les coursd'eau. En Afrique, nous avons 1° les noms des monts Garas, Garaphi
~r (Ptol), Gwrubi (Corippe), Gyr (Balbus), Gora (Tunisie), Gozwaya(Bougie,Cherchell), Gourin (divers), etc. Comme forme redoublée de ce terme,Girr/ins (l'tolémée), Gilgilis (Djijelli), Guergour; 2° des rivières Ighar-ghar (Oued), Gara (Tunisie), Gha?'\s (Sahara), E^ere (Sahara), etc. En
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ANTHROPOLOGIE
France, les noms formés- avec ger, gar, sont fort communs; citons
Garumna, Liger (Loire), Ligerula (Loiret), Ingera (Indre), Vigera (Voire),et de nos jours Gard, Gardon, Gartempe, Gers, Giers, Guiers, le Jura.,etc. Comme exemples de forme redoublée Guergour, Guergair (en
Bretagne), etc.3°Le vocable Sa?-,assimilé à- Sar, Sarati (sansc.) couler; sara, saras
(eau) est d'un emploi fréquent. M. de Jubainville relève les noms de Sara
(Sarre, affluent de la Moselle), Sara (Serre, affluent de l'Oise), Saraonicus
(Rhony, Gard), Sorius (SeriQ,Lombardie), Isara (Isère, Oise), Isara (Isar,affluent du Danube), Yser (département du Nord). En Libye nous avonsAs-Sara (Ptol), Asar, Issar(Ysser), Si-Saris, Isariren, Asi-Sa1'ath,Au-Sere,Sufa-Sar. Le terme berbère %al&(thala), source, peut être rapproché de
sara, étant donnée la prononciation de th. Les Beni-Menacer appellent leruisseau 6aria (tharia) Le préfixe As, Is, qui précède certains de ces nomsest une racine ayant le sens de rapide
i" Ar, probablement dérivé du précédent par chute de la sifflante ini-
tiale, a donné 1° en Europe, les noms de Arar (Saône), .Ariminium (Li-gurie), Arva (Arve, vers Genève), Aramus (Aren, Bouches-du-Rhône);Araris (Aar, affluent du Rhin), etc. 2° en Libye, Ardalio (vers Haïdra),Armoniacum (vers Tabarca), Armua, Armascla (Oued), Ara&v.
Ces quelques termes toponymiques indiquent bien une parenté de
langage entre les peuples établis autrefois au nord et au sud de la Médi-terranée.
s';
La langue libyenne. Cesaffinités se dessinent d'une façon beaucoupplus certaine, quand on analyse ce qui reste de 'l'ancien libyen. Cefonds
se compose 1° de termes explicables par le grec 2° de termes inconnusdans cette langue.
Les termes non grecs paraissent se rattacher aux dialectes thaco-phry-giens.rUn certain nombre semblent explicables par les*langues de l'Asie
Mineure, d'autres par le celtique, rameau cimmérien.
Influences phrygiennes. 1° Voici comme exemples quelques termes
explicables par les dialectes phrygiens Baltos, roi, en libyen, peut être
assimilé au féminin Bateia, la reine en mysien. Ce terme peut aussi êtrerapproché du mot grec BSç,roi. -– ©àeç (Hérodote), répond au phrygienBioç,loup il a le sens de chacal; ëacraiptov(Hérodote), s'explique parle thrace ëacro-âpa,vêtement en peau de renard, par le lydien DionysiosBassareus, qui protégeait contre tles renards il signifie renard. Les
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Dr BERTHOLON. ORIGINES EUROPÉENNES DE LA LANGUE BERBÈRE
Coptes emploient encore le mot basqr. Bure dans l'onomastique libyenne(Tubursicum Bure, Thimida Bure, etc.), répond au'thrace para passage,assimilable au grec 7tdpoç.– Sua, nom antique de Chaouach, villageremarquable par lé nombre de ses sépultures mégalithiques et creusées
dans le roc reproduit le carien coûœsignifiant tombeau, etc.Dans le berbère moderne, paille se dit aloum = ëXujAoç(plirygien) roi,
Agélià.= yslà. (carien) silo, seraf = <np<k(thrace), etc.Voici d'autres termes plus particulièrement conservés dans les langues
celtiques, issues du thrace mas (libyen) = mas, mac, fils Souvoç,colline,d'où l'ethnique Abenni = Benn, penn, montagne ma^alia, mapalia,,habitations magalos, jj.éfapov"(grec), grande chambre; abrid (pas-sage) abrid, migration, etc.
Outre les mots particuliers aux divers dialectes issus du thrace, l'in-fluence de cette langue se reconnaît
2° Par de nombreux noms théophores, formés a) les uns avec Men
(divinité lunaire). Ex. Meraangé, Menephese, Menmx, Menegere, etc.
b) les autres avec Bagaios (divinité suprême). Ex. Bocchus, Bogud, Boxus,Bocchar, Bacuates, Bacates, Bocchuris, etc. En* berbère Dieu se disait
Bakou.
3° Par l'abondance de noms de tribus, d'individus (dans les inscriptions)
en forme de participes40 Par la recherche des finales en as, – es, – is;
S0 Par l'emploi de l'article préfixé, comme erL phrygien. Cette forme
persiste dans le berbère contemporain.Les inscriptions du Corpus et l'onomastique libyenne fournissent de très
nombreux exemples de l'article préfixé. Voici quelques noms de villes à
titre d'exemples 77»agaste= àyaa-n), l'admirable; 2%«gora àyopâ, le
marché 2%elepte=
Xctttj,la
petite Tïpasa=
Traça,l'importanteTïbu-
buci = 6ou6ot7!C7|,le pâturage des bœufs Ifobursicum Bure xb Supmxbv
itopbv(forme neutre locale), le marché aux peaux de beeufs Z'tsburnica
xopvixv],la prostituée, etc.
Ces noms, comme d'ailleurs ceux de la plupart des villes du nord* de
l'Afrique s'interprètent au moyen du grec. Cette abondance de termes
helléniques s'explique par le fait que le phrygien etle grec étaient, d'aprèsles travaux des linguistes et plus spécialement de Fick deux languessœurs.
Le libyen est antérieur au punique. De plus, ce dialecte hellénique ne
date ni de l'époque romaine, ni de l'époque byzantine. Il est antérieur à
l'occupation phénicienne. En effet, les Phéniciens ont conservé,plusieurs
appellations grecques existantes, en les faisant précéder du nom de leur
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ANTHROPOLOGIE
langue signifiant cap, montagne, etc. Ainsi, axoovsignifie cap. Les Phéni-ciens trouvant un cap portant ce nom, le firent précéder de rus, ayant lamême signification. Les Romains nous ont conservé la transcription dunom ainsi composé avec la prononciation locale Rusiicurum (Anon. Ra-
venne) les Berbères prononcent encore aujourd'hui akerou, cap. Unautre cap portait, comme une montagne de Sicile, le nom de êxvojxoç,dan-
gereux. Les Phéniciens, en firent rus ecnomos, prononcé Rusucnoma, etc.Cette superposition de noms suffit pour affirmer l'antériorité de l'élément
hellénique par rapport au phénicien.
Le libyenà l'époque punique. D'ailleurs, dès l'époque punique, les
indigènes pénètrent dans la vie locale de Carthage. Par croisements inces-
sants, les Phéniciens dès le m0 siècle, sont devenus des Berbères. Avecl'évolution du type physique coïncide une transformation ethnique. Lesanciens rites égypto-phéniciens sont abandonnés. Un développement in-
dustriel, artistique et religieux d'influence hellénique de pi us enplus accuséese substitue au fonds primitif, comme les fouilles permettent de le recon-naître. Le grec se généralise à côté du phénicien. Déjà, vers 480, le Car-
thaginois Charon écrivait en grec des chroniques éthiopiques, libyques etcrétoises. D'autres auteurs, tels que Proclès, Silenus, Jarbitas, et même le
grand Annibal composaient des ouvrages en langue grecque. Massinissa,Micipsa, Juba If étaient héllénisants. Ils s'entouraient d'artistes et de litté-rateurs grecs pour rectifier leur jargon libyen, moins correct que l'attique.
Le libyen à l'époque romaine. A l'époque romaine, le latin eut à
lutter, plus contre l'hellénisme que contre le punique. Quand, grâce auxefforts du gouvernement et à son caractère de langue officielle, il se fut
généralisé, les influences locales le modifièrent d'une façon régulière. 11se
forma un latin particulier, dit latin d'Afrique. Celui-ci diffère du latinrégulier surtout par l'hellénisme de son vocabulaire et de sa grammaire.Chaque terme latin arriva peu à peu à avoir son doublet hellénique, plusou moins latinisé, et ce doublet fut employé de préférence au mot clas-
sique. Ainsi, au lieu de dire ardor, l'Africain disait cauma de amabilis,eucharis de careo, aporior de exlraneus, allophylus, etc. Les mots latins
perdaient leur sens classique pour adopter celui de l'expression grecquecorrespondante. Ainsi, audio, entendre, était employé avec le sens d'écou-ter, parce que le grec àxouw
possèdeces deux
significationssuscito,
signi-fiait réveiller, parce que èysipa), veut dire, soit exciter, soit éveiller, etc.Desmots nouveaux étaient forgés avec des termes latins, au moyen desuffixeshelléniques ou correspondant à des suffixes helléniques; tels quecertains mots en enlia, anlia, tio, – for, men, – menluin,icus, etc.
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Dr BERTHOLON. ORIGINES EUROPÉENNES DE LA LANGUE BERBÈRE
Les auteurs indigènes, comme Apulée, Fronton, Lactance, Jules l'Afri-
cain, Cornutus, Tertullien, s'exprimaient plus aisément en grec, leur
langue maternelle, qu'en latin. Apuléele déclare dans ses métamorphoses.L'empereur Septime Sévère, très instruit en grec et en punique, prononçait
mal le latin. II fut même obligé de renvoyer sa famille en Afrique parce-qu'il rougissait de sa façon dé parler le latin. Pour que son fils pût réussir
auprès des Africains, la mère de Fulgence ne lui laissa aborder les études
latines, que lorsqu'il eut connu à fond la langue grecque. Si on feuillettele Corpus (t. vin), on remarque que 32 0/0 des surnoms africains sont
helléniques, plus ou moins altérés. A côté de ces preuves de la diffusion
du grec, on peut rappeler que les écrits populaires, appelés tabuléedevotio-nis ou execrationis, publiés par le P. Delattre sont la plupart en langue
grecque.A l'époque vandale, Genséric, nous apprend V. de Vita, dut,avoir des
interprètes de langue grecque, en même temps que de'langue latine ou
punique pour entrer en relations avec les chefs de sa conquête.
Le libyen à l'invasion a1'abe. La langue-des conquérants phrygienss'était «donc conservée jusqu'à l'arrivée des Arabes. A cette période de
transition, elle existait encore, mais le langage populaire avait suppriméles flexions des déclinaisons et aussi des verbes. Une
inscriptiontrouvée à
Cuicul, un fragment de Coran berbère, écrit par Ibn Tarif, au vme siècle,nous renseignent sur ce langage.
1
Le berbère moderne issu du libyen. – A partir de l'occupation arabe, la
langue indigène s'altère de plus en plus. L'obligation de lire le Coran,dans le texte primitif rend l'arabe de plus en plus commun. Le phénomèned'altération du latin, par le libyen que nous avons analysé, se reproduit!Maiscette dégradation qui sefaisait aux dépens dulatin, se poursuit actuel-lement au détriment du berbère. Les termes 'berbères purs se voient
remplacés par des doublets arabes, et tombent en désuétude. La pronon-ciation de ce dialecte hellénique par des tribus d'autre origine amène desdéformations susceptibles de rendre beaucoup de termes méconnaissables.La connaissance des habitudes phonétiques berbères permet cependant de
retrouver au milieu de ces dialectes déformés de nombreuses traces de
l'ancien libyen.On reconnaît que ces restes sont archaïques, car beaucoup de, termes se
rapprochent plus des formes du sanscrit que de celles dû grec classique.Les mots ayant survécu se rapprocheraient plus des dialectes éolien oudorien que de l'ionien ou de l'attique. Comme nous en avons donné quel-
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ANTHROPOLOGIE
ques exemples à propos du'libyen, il y a des termes inconnus en grec,mais se rapprochant de mots thraco-phrygiens ou des dialectes du nord.En résumé,1le berbère a les mêmes caractéristiques que le libyen.
Alphabet. L'alphabet grec est le seul qui puisse figurer exactement laprononciation du berbère. Ce langage contient, en effet, les sons très spé-ciaux du x, du y, du 8, du 9.
Aetfmif. – Quant à la grammaire, on trouve quelques réminiscencesde la grammaire grecque conservées comme à l'état fossile, dans ce langageà syntaxe simplifiée, comparable à celle des nègres parlant le français.
Comme en'libyen, l'article est préfixé au subtantif. Pour le masculin, ilse prononce a et i,
correspondantau
grec6. On dit
agroum
= 6Yépuv,"le vieillard; akioun = 6 xôov,le chien; aleyou = ô Xdyoç,la parole, etc.
*L'article est ta au féminin en berbère comme en libyen. Il correspond*au grec f], t-tj;.Ex. tanaout = vaîiç, navire; tanouni=voj/], coutume, etc.
L'article pluriel masculin est i = oï féminin,'tô.
Substantif. Dès la fin de l'époque romaine, les substantifs du parlerlibyen vulgaire, avaient cessé de se décliner. La plupart des mots étaientdevenus invariables, comme ceux des langues romanes en se fixant sur le
nominatif.On peut ainsi reconnaître les diverses déclinaisons qui ont déterminé la
terminaison de divers substantifs berbères.
1° Quelques féminins sont terminés en a parce qu'ils proviennent de la
première déclinaison grecque. Ex. ya = yz (dorien), terre ma = (a2,mère; defa = 8tya, soif; lama – Tt,u.â(dorien), valeur, etc.
20 Quelques féminins sont terminés en i. Ils correspondent à des fémi-
nins grecs en t\. Ex. ougegi = &y<»t<éloignement, direction noumi =vo[a-Î],coutume; ziri = uE^pioç(féminisé), lune, etc.
3° Certains masculins se terminent en ous, parce qu'ils pro^ iennenl desubstantifs grecs de la seconde conjuguaison, terminés en oç.Ex. akkous =
"Tï°?i vase; kadous = xdcSoç.mesure pour les liquides; oullous = oppôç,lait caillé, etc.
Quelques-uns de ces substantifs ont changé leur finale os eu oui. Cet final les a rendus féminins, par assimilation. Ex. oudout =z ôâoq,route;
rekaout = pœxoç,débris, pourriture faraout ^apoç,abreuvoir, trou, etc.Enfin, comme pour l'italien moderne, le s final est tombé. Ex. ouzou
auffoç*chaleur goro = yûpoç,cercle; aliou =z ^wç, soleil, ei,c.
4°La troisième déclinaison grecque se retrouve dans quelques substan-tifs berbères tels que imar = ^«p, jour, temps; lar (contrefort) =. XôEp,
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D1 BERTHOLONr ORIGINES EUROPÉENNES DE LA LANGUE BERBÈRE
rocher; tigres (chat-tigre) = Tiyptç,,tigre; daïmoua == o<xï|ia>v,démon;kanoun = xavûv. code erkis –
àxpiç,Sauterelle, etc.
Verbe. – Les verbes berbères ont perdu'les flexions' si nombreuses. du
grec classique. Sous l'influence du sémitisme, les indigènes ont peû à peu,adopté un des temps les ,plus usités du verbe, pour en- faire un radical
verbal: Ce thème radical verbal ne s'est pas toujours fixé sur le même
temps. Ce sont cependant l'aoriste et l'impératif surtout qui ont fourni le
plus souvent ces radicaux verbaux.
Voici un exemple destiné à faire comprendre cette formation-Les Touareg ont pour exprimer agir, le terme ag, tiré de l'impératif oLye.
La même population pour s'éloigner, emploie le mot esigeg, tiré de
l'aoriste èEïjyays.Voici quelques exemples de formations verbales sur les divers temps
1° Verbes berbères provenant d'un indicatif grec en <oEdou = 7^00),réjouir; aneyou = àvày^w, avoir besoin; faou==cpiaj,
bril ler.Verbes berbères provenant d'un indicatif grec en \uIli –
slfjl, être; imi = ^C, dire.Verbes berbères provenant d'un indicatif grec en jjiai
Elkem = èp/^ai, venir; loyisem •==Xoyi'Ço[j.ai,énumérer senahclïâm= auvay^ojAai,froisser
2° Verbes berbères provenant de l'aoriste
Edesa = êS-^aa,cacher; eOessa= é9iQ<ia,boire; enn = ^v, parler;
3° Verbes berbères formés sur l'impératif Ennefli = àvaœXàs,exciter; efenez1= àçaviÇc,réduire; amel = 6[*lXs,
parler; senedefez = (TuvôSaijii'Çs,égaliser
4" Verbes berbères formés sur l'infinitif Aqqen = ây^èiv, serrer; eden (brouter) =<18eiv, manger; feren'=
çspecv,porter.
'Enfin, dans la conjugaison berbère actuelle, on trouve des traces de la
conjugaison' européenne, fort simplifiée. L'impératif sert de racine auverbe. un peu comme clans le grec. Ex. ag et œys.Les participes présentssont en an = wv. Ex. erezan = ôpùpumv,creusant; amclan = [asXcov,soignant.
«CONCLUSIONS*
Cet exposé, dont on trouvera les détails dans la Revue Tunisienne desannées 1903, 1904, 1905, permet les conclusions suivantes
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ANTHROPOLOGIE
1°Dèsles temps les plus archaïques, les populations du nord de l'Afriqueont parlé une langue européenne;
20Cette langue a été introduite dans le pays par une série d'immigrationsantérieures à la colonisation phénicienne. Ces migrations provenaient, les
dernières surtout, des bords de la mer Egée3° Cette langue offre de grandes affinités avec les dialectes thraco-phry-
giens, et par suite avec la langue grecque;
4° Parlée à l'époque punique, répandue même à Carthage, elle a luttécontre le latin à l'époque romaine. Le latin d'Afrique a été, par suite,hellénisé dans son vocabulaire, dans ses formations verbales, dans sa
grammaire
5° L'invasion arabe a déterminé une dégradation régulière de cette•langue. Les termes sémitiques se substituent de jour en'jour aux mots'berbères d'origine européenne. Néanmoins, dans la langue nouvelle,quise forme sous cette influence, on reconnaît de nombreux mots, de nom-
«breusesdésinences, beaucoup de restes grammaticaux qui se sont, pourainsi dire, fossilisés, et rappellent encore les origines helléniques du parlerdu nord de l'Afrique.* /^oïj?"\
IMPRIMERIE CHAIX, KUE BERGCRr, 20, PARIS. 6150 7-06.