bertrand prévost-l’Élégance animale. esthétique et zoologie selon adolf portmann

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Bertrand Prévost

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  • Images Re-vues6 (2009)Devenir-animal

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    Bertrand Prvost

    Llgance animale. Esthtique etzoologie selon Adolf Portmann................................................................................................................................................................................................................................................................................................

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    Rfrence lectroniqueBertrand Prvost, Llgance animale. Esthtique et zoologie selon Adolf Portmann, Images Re-vues [En ligne],6|2009, mis en ligne le 01 juin 2009, consult le 22 novembre 2014. URL: http://imagesrevues.revues.org/379

    diteur :http://imagesrevues.revues.orghttp://www.revues.org

    Document accessible en ligne sur :http://imagesrevues.revues.org/379Document gnr automatiquement le 22 novembre 2014.Tous droits rservs

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    Bertrand Prvost

    Llgance animale. Esthtique et zoologieselon Adolf Portmann

    1 La question des animaux artistes est sans doute une bien mauvaise manire de poser leproblme dune esthtique animale. Se demander si certains animaux font de lart sile chant des oiseaux est comparable lart vocal humain, si les chimpanzs sont capables depeinture, etc. cest envisager le problme en des termes exclusivement potiques, autrementdit dans des conditions qui sont dj spcifiquement humaines et qui faussent ncessairementle point de vue ( commencer, bien videmment, par la question de lintentionnalit). Pire,peut-tre: cest une manire qui pche par sa profonde abstraction, car toujours on en vient comparer un statut abstrait et gnral de lanimalit un statut tout aussi universel et idaldhumanit. Bref, une faon de ne pas regarder.Fig. 1.

    A. Portmann, Die Tiergestalt, Ble, F. Reinhardt, 2e d.1960.2 Commenons donc par regarder, par regarder des animaux. Demble nous sommes frapps

    par la profonde expressivit dun monde parcourus de signes intenses : cris, couleurs,mouvements, formes, motifs Mieux: comment ne pas tre saisi par llgance souverainequi affecte trs souvent les formes animales? La prcision des zbrures, veinures, marbrureset autres taches qui ornent le pelage de nombreux mammifres; les couleurs clatantes de lalivre des poissons tropicaux et des perroquets; les dessins stupfiants de rgularit sur lescoquillages; la dlicatesse et la minutie des motifs bandes, rubans, ocelles sur les ailesdes papillons ; les plumes et leurs extraordinaires qualits : non seulement les couleurs etles motifs, mais encore tous les effets de brillance, de matit, de velout, dirisation Cettelgance ne sarrte pas aux formes locales mais caractrise encore la configuration gnraledes animaux: pensons aux crtes, aux crinires, aux queues, toutes les formes dappendice,aux ailerons La sret, lexactitude et la finesse de toutes ces formes font fatalement signedu ct non pas tant de nos arts plastiques (la peinture par exemple) que du domaine immensede lornementation et de la parure. Et ce nest sans doute pas un hasard si Jacques Derridaouvre son essai sur les animaux par une dialectique de la nudit et du vtement1.

    3 Une lgance animale? le terme est choisi dessein. Il a quelque chose du paradoxe puisquilcontrevient manifestement lune des oppositions canoniques de notre civilisation, en prtantaux animaux et leur naturalit un trait dartificialit qui revient, pense-t-on, nous

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    seuls tres humains. Dans les annes cinquante du sicle pass, un zoologiste suisse qui avaittoute la rigueur du biologiste autant que la profondeur du philosophe a voulu prendre cettelgance au srieux: il sagit dAdolf Portmann2. Il revient ce savant gnial et un peu oubli,du moins presque totalement mconnu en France, davoir considr les formes animales enposant la question, extrmement dlicate, de leur sens geste qui ne revenait pas moins donner quelques jalons fondamentaux pour une sorte de smiotique naturelle ou desthtiquenaturaliste: quel est le sens des formes vivantes3? Ce nest pas exactement aux formes animaleselles-mmes que Portmann prtait toute son attention que sur leur extraordinaire natureexpressive, que sur ce qui, dans ces formes, les transfigure en de vritables apparences. Toutesles explications fonctionnalistes, finalistes ou utilitaristes toutes dinspiration darwinienne achoppent sur cette irrductibilit expressive. Le mtabolisme, la reproduction (par ledimorphisme sexuel, les parades nuptiales), le camouflage, en un mot, toutes les fonctionsqui contribuent la conservation de lespce, ne peuvent rendre tout fait compte deces formes animales, discrtes ou extravagantes. Les couleurs barioles du plumage desperroquets, pour ne prendre que cet exemple, ne souffrent aucune explication biologiquedans les termes dune utilit pour lespce. Elles paraissent totalement gratuites. A supposermme quune justification fonctionnelle vienne localement rendre compte dun motif ou duneforme, toujours elle butera devant la prodigalit morphologique et chromatique, la richessedinvention voire le dlire des formes animales. Au-del de la critique sans cesse ritredun darwinisme utilitariste, le geste portmannien tait et demeure toujours extrmementpolmique au regard des dveloppements modernes et contemporains de la biologie. Cettedernire, en effet, na eu de cesse de marquer son dsintrt pour la forme animale. Tandisque le lent mouvement historique des sciences du vivant sest dploy du macroscopique aumicroscopique, en descendant toujours plus en profondeur dans la matire vivante (du corps la cellule, au chromosome, au gne4), le regard de Portmann portait cette ncessit detenir en gard la dimension macroscopique, en tant que dimension problmatique en soi. Labiologie ne ferme certes pas totalement les yeux sur les formes vivantes, mais cest le plussouvent dans un simple souci taxinomique: les formes nont de sens qu tre identifies pourtre classes, elles ne sont quun prtexte pour tre ranges dans des cases et non regardespour elles-mmes. Ce nest pas en donnant un nom un objet de collection, en classifiantlanimal que lon rend compte de la richesse des phnomnes, qui pour elle-mme se trouvede fait relgue au second plan5. Les dveloppements contemporains de la morphogense, cettescience qui emprunte tant la physique qu la biologie et quaux mathmatiques, ne changentpourtant pas vritablement la donne6: parce que son point de vue se focalise sur les conditionsphysiques du dveloppement des formes (quels dynamismes sont luvre dans les taches dulopard, les plis du cerveau, les stries des empreintes digitales, etc.? ), la morphogense nesten fin de compte que le nouvel avatar dun mcanisme qui rate prcisment le dynamismedont il croit rendre compte.

    4 Si Portmann visait bien une morphologie, qui dailleurs serait loin de ngliger les apports de lamorphogense, ce nest quen tant quil plaait le dynamisme dans la forme mme, et nondans son seul dveloppement ou sa croissance: autrement dit dans le mouvement dapparitionde la forme, dune forme conue davantage comme vnement perceptif que comme tat dechoses. Telle est bien la pierre angulaire du diffrend avec la biologie: articuler esthtique etbiologie, en ce que cette articulation supposait de prime abord daccorder une pleine ralit lexpressivit des formes animales comme phnomnes sensibles. Science naturelle desapparences, biologie de la prsentation: cest donc en zoologiste, mieux, en biologiste, quePortmann introduisait la question de lapparence dans le monde animal.

    5 On entend dj les critiques: tous ces phnomnes esthtiques ne seraient pas rels et objectifs,mais nauraient dexistence que dans la tte du zoologiste esthte, ou du collectionneur decoquillages et de papillons... Introduire llgance (soit un rgime symbolique) dans le rgneanimal (soit un rgime naturel), relverait tout simplement dune esthtisation proprementculturelle. Mais toute la force de Portmann tient prcisment balayer dun revers de main cetargument subjectiviste, et confrer une ralit objective ces apparences sensibles. Aucuneesthtisation du monde animal, aucune vision anthropocentrique des formes naturelles : ce

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    nest pas pour lhomme que se dessinent les marbrures sur la coquille des mollusques, cenest pas pour lil humain que se colorent les plumes des perroquets. Autant dire quil nesagit en rien de savoir si ces formes sont belles.

    6 Lobjectivit de ces formes tient leur nature expressive. Le point de vue nest en riencelui dune anthropologie ou dune psychologie mme si la question de lintrt historique,culturel et anthropologique, donc, port aux formes naturelles a tout son sens (on pense bienvidemment au dveloppement des Kunstundwunderkammern, laube de la modernit), maisbien dune histoire naturelle, voire dune philosophie de la nature. La leon du philosopheanglais Whitehead naura jamais eu autant de sens: Pour la philosophie naturelle, toute choseperue est dans la nature. Nous ne pouvons pas faire le difficile. Pour nous, la lueur rougedu crpuscule est autant une partie de la nature que les molcules ou les ondes lectriquespar lesquelles les hommes de science expliqueraient le phnomne 7. Autrement dit, lesapparences animales, en tant quexpressives, sont bien des faits de nature et ne renvoientpas simplement un changement dans notre (ou une) perception subjective. De mmeque Whitehead critiquait toute thorie des additions psychiques lobjet connu dans laperception8, il sera revenu Portmann den finir avec lide dune forme ajoute au corpsde lanimal, dune apparence additionne un mtabolisme.

    7 En se contentant dune plate description taxinomique manire, justement, de ne pas vraimentdcrire les formes qui se prsentent elle la biologie laisse de ct autant la singularitde ces formes que leur variabilit. Cest peut-tre sur ce point que se rvle la limite duneinterprtation dinspiration plus ou moins phnomnologique de la pense portmanienne9. Lethme de lapparition, la question dune apparence gratuite sy prtaient assez logiquement.Laccent sera donc mis sur une donation premire, sur un surgissement originaire quiexcde toute fonctionnalit10. Mais lintrt de Portmann nest pourtant pas davoir ajoutau dossier de la sempiternelle question mtaphysique pourquoi quelque chose plutt querien? question de lorigine et de ce qui passerait pour son nigme . Son intrt se porteau contraire vers une autre question, trs proche dans sa formulation, mais toute diffrente enralit: pourquoi ceci plutt que cela? , en loccurrence: pourquoi cette forme-ci pluttque cette forme-l? Il est certes vrai de dire que toutes les fleurs servent la reproduction deleur espce, mais cette affirmation est incapable dexpliquer pourquoi une fleur donne devraitavoir cette forme plutt que celle- l11 . Cest une logique de la distinction formelle que visaitPortmann, ce quil nommait encore un plan structural par opposition une seule fonctionstructurale12 . Constamment, on le voit insister sur lautonomie relative , sur la valeurparticulire des figures13 . Soit lexemple classique des cornes: On ne voit dans les cornesquun moyen de dfense ou un signe distinctif des sexes (ce qui est dailleurs exact), mais onoublie que cela ne suffit pas pour expliquer la complexit des formes animales14 . Autrementdit, lunit synthtique de la fonction nexplique pas pourquoi la nature se serait embarrassedune pluralit de formes. Ou encore, propos des couleurs vives de certains gastropodesqui seraient de simples avertissements pour dventuels prdateurs signalant quils ne sontpas bons tre consomms, Portmann remarque trs justement que ce quil y a de pluscaractristique, savoir prcisment la diversit des motifs et la loi morphologique stricte dechaque espce individuelle, nest pas expliqu; on explique seulement ce qui leur est commun tous, cest--dire laspect frappant15 . En un mot, la dimension mtaphysique, bien relle,de la pense portmanienne, porte moins sur lorigine gnreuse et gratuite des apparencesanimales encore une faon, peut-tre plus subtile que le simple fontionnalisme, de ramenerlabondance la tyrannie de lUn. Ce qui importe au contraire, cest de penser pour elles-mmes la richesse, la profusion, la variabilit de ces phnomnes, non dune manire abstraiteet gnrale, mais du point de vue dune souveraine diffrenciation des formes, du point de vuede leur singularit.

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    Fig. 2

    A. Portmann, Die Tiergestalt, Ble, F. Reinhardt, 2e d.1960.8 La question demeure toujours pourtant de savoir si la gratuit de cette lgance animale a un

    sens: la-fonctionnalit des formes animales est-elle encore une fonction, ou bien doit-ellesinterprter comme une pure dpense, un excs originaire, un luxe sans fin? Cette dernirelecture trouverait son exemple chez Roger Caillois et ses armes thoriques chez GeorgesBataille. Quand Caillois considre les dveloppements morphologiques inous chez certainsinsectes, cest une sorte dabsurdit naturelle qui vient donner leur principe gntique:

    A quoi riment les superstructures dconcertantes qui ombragent ces homoptres comme autantde parasols torturs? Il est douteux quelles possdent la moindre valeur protectrice. () Cesappendices ramifis et encombrants, sils voquent parfois quelque chose, ne ressemblent rienet, en tout cas, ne servent qu gner considrablement le vol de linsecte. Ce sont de puresexcroissances ornementales ariennes, qui bifurquent limproviste, de faon saugrenue etabsurde, tout en conservant un souci vident dquilibre et de symtrie16 .

    9 Portmann dpasse cette interprtation dans les termes dune totale absence de significationou dune pure dpense. Le zoologue nignorait pas que la thorie de lvolution pouvaitrendre compte de certains cas extrmes en invoquant lhypothse dune luxuriance ou dunehypertlie penss comme autant dexcs dune nature trop prodigue. Mais ce concept(dexcs) na de sens que si lon part dune simple autoconservation prise comme norme:seulement dans ces conditions lon peut parler de luxe, de prodigalit, dhypertlie, en tantque la moyenne serait la conservation17 . Le zoologue suisse ne mne ici rien dautre quunecritique en rgle de la dialectique et de ses fausses contradictions: la diffrence ne soppose la norme que tant que lon tient la norme en estime, que tant quon lui prte une ralit.En loccurrence, il ny a excs dans la forme animale que si lon part du prsuppos noncritiqu dune fonction premire de conservation.

    10 Le tour de force de Portmann est au contraire davoir rinsr les apparences animales dansla vie animale mme, indpendamment de toute fonction de conservation. Llgance desanimaux nest pas extrieure la vie, sa ralit objective ly inscrit bien au contraire en soncur. En un mot, paratre est une fonction vitale18 . Lorganisme a aussi apparatre,[] il doit se prsenter dans sa spcificit19 . Portmann aura d en passer par linvention dunconcept fondamental: celui dautoprsentation ou de prsentation de soi (Selbstdarstellung).Le souci quil a toujours manifest pour respecter la singularit des formes animales nestpas que dordre pistmologique. Cest dans les apparences mmes quil convient dsormaisdinscrire cette singularit. Ce qui se cherche dans lapparence, cest la singularit, au sensdune distinction spcifique et individuelle. Se distinguer doit tre entendu comme unefonction organique part entire:

    Tous les tres dous de relation au monde possdent aussi le caractre de lautoprsentation,qui a t le plus souvent mconnu jusquici. Les parties ncessaires la relation au monde sont

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    chaque fois faonnes selon une particularit typique du groupe, une singularit qui se manifestedans de nombreuses structures et de nombreux modes de comportement dont la spcificit nepeut tre explique uniquement partir des fonctions de la simple conservation de lindividu etde lespce20 .

    11 Il est tout fait significatif que le zoologue suisse ait conu lautoprsentation dans les termesdune hraldique naturelle:

    les motifs signaltiques prsentent une caractristique importante: ils ne peuvent se confondreavec dautres, un peu comme les bannires et les blasons dautrefois. Dailleurs la sciencehraldique son apoge offre bien des traits communs avec les rgles auxquelles ces formationssignaltiques sont assujetties. [] Ces ensembles signaltiques nous font songer des drapeaux,surtout les coiffures de certains vertbrs, un vol de canards, laspect de certains pluvierslimicoles ou la livre des poissons familiers des rcifs de coraux21.

    12 Un drapeau, un blason, une bannire ne sont pas autre chose que la mise en forme stabilisedune prsentation de soi, la formule plastique de lexpression dune individualit. Cetteformule opratoire dune distinction spcifique et individuelle nest pas un donn, elleest toujours produire. Couleurs, motifs, livres, plumes, poils, cailles doivent ainsi treenvisags littralement comme les organes de lapparatre des phanres dont laphanrologie , entendue comme science des apparences, tudiera les rgularits. Le rlefondamental de lopposition intrieur/extrieur, qui fait que dans un organisme, plus une formeest extrieure et plus sa valeur de prsentation est importante (do le trs grand intrt quePortmann portait tous les animaux transparents) ; lapparition dune symtrie structurelleet locale (dans les motifs et les couleurs) ; lintensification des bords et des extrmits(notamment par le marquage du ple caudal et/ou cphalique)...: Portmann naura eu de cessede faire le relev prcis et lanalyse des innombrables caractres par lesquels les animaux seprsentent ( commencer dans louvrage magistral que constitue La forme animale).

    13 Intgrer lapparence dans la vie mme? Ds lors, la question qui se pose est bien de savoirde quelle vie on parle. Une vie qui ne se rduit plus une lutte pour la sur-vie (le strugglefor life darwinien), pas plus quau fonctionnement dun organisme (le mtabolisme). Lesfonctions de conservation, crit magnifiquement Portmann, sont au service de quelque chosequi est conserver, et qui est davantage que la simple somme des oprations de conservation22

    . Ce que le zoologue suisse dcouvrait ici nest rien dautre quune vitalit plus profonde que lavie elle-mme, ds lors quon la conoit comme simple survie. Cest en ce sens quil retrouvaitla pierre angulaire de la critique que Friedrich Nietzsche avait adresse un darwinismetroit. Cest que Nietzsche avait parfaitement su distinguer entre la conservation de soi etllargissement de la puissance: la premire tant lexpression dun tat de dtresse, lesecond le signe de la prpondrance, de la croissance, du dveloppement et de la puissance23

    . Chez Portmann comme chez Nietzsche, ce nest videmment pas le principe dune volutiondes espces qui est en cause, mais bien plutt le principe gntique de cette volution mme:le struggle for life comme critre de slection naturelle.

    Pour ce qui est de la fameuse lutte pour la Vie, elle me semble provisoirement affirme pluttque dmontre. Elle se prsente, mais comme exception; laspect gnral de la vie nest pointlindigence, la famine, tout au contraire la richesse, lopulence, labsurde prodigalit mme, oil y a lutte, cest pour la puissance24

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    Fig. 3

    A. Portmann, Die Tiergestalt, Ble, F. Reinhardt, 2e d.1960.14 Si cette vie suprieure exprime par llgance animale doit sopposer toute survie, dans le

    rapport au milieu naturel comme aux autres espces, elle doit encore se dmarquer de toute idede mtabolisme, de tout fonctionnement organique. Le mtabolisme peut bien servir la surviede lindividu, mais, aussi important cela soit-il, nous devons garder lesprit que lindividunest pas l pour le bien de son mtabolisme mais plutt que le mtabolisme sert lexistenceindividuelle manifeste25 . Les parures animales ne sont pas des phnomnes accessoires,qui viendraient aprs les fonctions vitales de nutrition, de digestion, de respirationEn ce sens prcis, elles ne sont pas des ornements, si lon souscrit la thorie classiqueet idaliste de lornement comme supplment, adjonction, parergon toujours secondaire parrapport luvre (ergon)26. Portmann en venait ainsi avancer lhypothse gniale selonlaquelle le mtabolisme naurait pour fonction globale que de servir lapparence, que de fairevivre lautoprsentation:

    Et si [les caractres de lautoprsentation] taient lessentiel? Si les tres vivants ntaient pasl afin que soit pratiqu le mtabolisme, mais pratiquaient le mtabolisme afin que la particularitqui se ralise dans le rapport au monde et lautoprsentation ait pendant un certain temps unedure [Bestand] dans le monde?27

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    Fig. 4

    A. Portmann, Die Tiergestalt, Ble, F. Reinhardt, 2e d.1960.15 Nous reviendrons sur la formulation prcise de cette hypothse, mais pour linstant, insistons

    sur la caractrisation de cette vitalit esthtique, de cette richesse inorganique propre lautoprsentation des formes vivantes. Il faut presque endosser des lunettes de philologueet lire les pages de Portmann au ras du texte. Celui-ci na en effet de cesse dinsister surlchelle sur laquelle il faut se placer pour comprendre de quoi il retourne dans la profusionet la complexit des formes animales. Nous devons rechercher pour les phanres un horizonplus large susceptible de les intgrer 28 ; dans linterprtation de la vie animale, nousne devons pas partir dun ensemble de fonctions lmentaires conservatrices, mais nousdevons plutt, ds le dbut, rechercher un systme de rfrence plus vaste qui permetteune juste insertion des phnomnes phanrologiques galement pour les plus bas niveauxvolutifs29; lautoprsentation permet une amplification remarquable de lide biologiquede fonction30; cest une prmisse indispensable pour toute affirmation scientifique valideque la reconnaissance de la vastitude et de la grandeur de llment vital dans toutes sesmanifestations31 , etc.32. Ce ne sont pas l des mtaphores: toutes ces expressions ne relventpas dune simple question de logique, et encore moins de rhtorique. Ce nest pas seulement dupoint de vue de la pense que doit sentendre le dpassement dun point de vue fonctionnalisteet mtabolique. Un horizon plus grand , une dimension plus vaste , un lmentplus ample : tout cela signale quelque chose comme une dimension sinon spatiale, dumoins toujours extensive des apparences animales. Mieux, ces dernires obligent prcisment penser ce quest une dimension , un horizon , un lment , dans leur rapport quelque chose qui stend.

    16 Cette extension des apparences animales nest que le corollaire de leur souveraine expressivit.Lexpression de llgance animale nest pas celle dun sujet ou dun objet: elle est promueau rang dun plan ou dune dimension irrductiblement autonome. Cest lefficace propredes apparences animales que doprer un vritable changement dchelle, en faisant passerla forme de son milieu dexpression fonctionnel, individuel ou thologique (le territoire,lenvironnement, llment) une pure Expression.

    Les motifs de la crevette transparente Periclimenes et les dessins multiformes desopisthobranches ne sont pas des ornements qui seraient surimposs une forme fonctionnelle.Ils sont tout aussi peu des ornements que ne le sont les aplats de couleur et les lignesrigoureuses de Piet Mondrian ou les hiroglyphes nigmatiques des dernires uvres de PaulKlee. Ce sont des laborations dans lesquelles un tre plasmatique de structure submicroscopiquespcifique se prsente selon sa particularit dans un ordre de grandeur plus lev. Cet ordre degrandeur plus lev est le royaume o les organismes laborent, selon des lois particulires, desconfigurations destines apparatre, le domaine dans lequel a lieu, en correspondance aveccette autoprsentation optique, la merveille de la vision en images33 .

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    17 Cet ordre de grandeur plus lev nomme prcisment ce pur plan expressif, cetteExpression qui nest plus fonctionnelle, territoriale ou mme lmentaire34, mais cosmique oumondaine. Seul le monde, seul le cosmos peut donner lchelle de cet horizon plus vaste quene cesse dinvoquer Portmann pour comprendre les formes animales. Cest par leurs parures(cosmtique) que les animaux stendent aux dimensions au monde (cosmique). Llganceanimale est le vhicule dun devenir-monde comme champ de lapparatre. On ne stonnerapas de voir le zoologue suisse fonder un tel champ sur la lumire:

    Dans un horizon largi, le non-fonctionnel peut galement trouver place ; il appartient audomaine lumineux : cest une apparence dans la lumire. Ltude physique des particuleset des processus lmentaires nous rappelle que ce domaine lumineux, o les choses peuventtout simplement apparatre au sens originaire du mot, pose aussi constamment des questionsnouvelles au physicien35.

    18 O llgance animale a-t-elle lieu, o les apparences sinscrivent-elles sinon sur ce plancosmique de lumire? Nanmoins, invoquer le monde ou le cosmos comme champ expressifsuppose davoir bien saisi ce quil en est de la visibilit de ces apparences. Si elles sontexpressives, souverainement expressives, cest quelles portent en elles le paradoxe de nepas tre faites pour tre vues, quand bien mme elles seraient extrmement visibles. Elles nevisent pas une rception sensitive ou perceptive; elles ne sont pas adresses ou destines:apparences sans destinataire [unadressierte Erscheinungen] dit admirablement Portmann.

    Nous regardons en spectateurs trangers le spectacle des formes et des couleurs des tresvivants, le spectacle de configurations qui dpassent ce qui serait ncessaire la pure et simpleconservation de la vie. Il y a l dinnombrables envois optiques qui sont envoys dans le vide,sans tre destins arriver. Cest une autoprsentation qui nest rapporte aucun sens rcepteuret qui, tout simplement, apparat36 .

    19 La constitution dun plan expressif de lumire faisait en effet courir le risque dunecontradiction : comment justifier lautoprsentation, soit un phnomne perceptif et visuelchez les animaux qui ne voient pas ou dont le degr de distinction formelle et chromatiqueest quasi nul? Si les mollusques sont presque aveugles, qui ou pour qui sont destins lesadmirables dessins sur leur coquille? Cette question de ladresse ou de la destination ne prenden ralit son sens que dans le cadre dune perception subjective qui perdrait en expressivitce quelle gagnerait en intentionnalit. Il faut au contraire affirmer avec Portmann que lescouleurs magnifiques du plumage des perroquets, les motifs sur les coquillages, la couleurdes anmones de mer, toutes ces formes sont apparaissantes mais ne constituent en rien unspectacle, du moins saffranchissent-elles de tout spectateur. Elles ne sont pour personne. Ilny a qu considrer le fait quelles ont d exister avant lmergence du premier il, ettaient dj des exemples dautoprsentation37 . Llgance animale nest donc a-subjectiveque dans la mesure o elle demeure fondamentalement de lordre de limperceptible:

    Nous contemplons des figures qui, pour notre il, prsentent tout fait des caractresstructuraux de la sphre optique, mais qui, dans la vie normale, napparaissent certainement jamais aucun il spectateur selon un rle ncessaire la vie. Nous devons donc rechercher pour lesphanres un horizon plus large susceptible de les intgrer. Il y a de lapparence vritable dans unchamp qui est plus vaste que celui du jeu mutuel des caractres morphologiques et des organessensoriels des animaux suprieurs38 .

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    fig. 5

    Portmann, Die Tiergestalt, Ble, F. Reinhardt, 2e d.1960.20 Les apparences animales offrent bien un sentendum, un -sentir, mais qui dpasse en droit

    les limites sensitives ou perceptives propres chaque espce ou chaque individu. Telle estpeut-tre la limite de la trs belle thse dveloppe rcemment par Jean- Christophe Baillyselon laquelle les animaux assistent au monde39 . Les hommes nont pas lexclusivit duregard quils posent sur le monde. Mieux: nous voyons les animaux, mais les animaux, euxaussi, nous voient. En sorte quune trange communaut commence de natre, fonde sur lesens de la vue. Aussi profonde que soit lexprience si finement dcrite par Bailly, elle dpendtoujours dune limite perceptive qui fait la belle part, quoiquon en dise, aux animaux ditssuprieurs . Cest quil faut llargir au-del ou en de de tout seuil perceptif connu ouattest40. En sorte que la question deviendrait: que signifie d tre vu par des animauxqui ne voient pas, ou qui possdent une perception visuelle tellement diffrente de celle desmammifres et des autres animaux optiquement dvelopps quelle perd ses qualitspropres de vision? Que signifie dtre regard par un mollusque, une fourmi voire unebactrie?

    Notes

    1 Cf. J. Derrida, Lanimal que donc je suis, Paris, Gallile, 2006, p. 19-20.2 Adolf Portmann est n en 1897 et mort en 1982. Il tait Professeur lUniversit de Ble.3 Cest presque le titre exact dune confrence de Portmann, Was bedeutet uns die lebendige Gestalt , Neue Sammlung, Gttinger Blatter fr Kultur und Erziehung, 6, Jahrgang, Heft 1, Januar/Februar1966, p. 1-7.4 Voir le classique F. Jacob, La logique du vivant, Paris, Gallimard, 1969.5 A Portmann, Aufbruch der Lebensforschung, Franckfort, Suhrkamp Verlag, 1965 (trad. it., Le formeviventi, Milan, Adelphi, 1969, p. 27).6 Voir par exemple V. Fleury, Des pieds et des mains. Gense des formes de la nature, Paris, Flammarion,2003, et bien videmment louvrage magistral de Darcy Thompson, Forme et croissance, trad. D.Teyssi, Paris, Le Seuil, 1994.7 A. N. Whitehead, Le concept de nature, Paris, Vrin, 2006, p. 66.8 Ibid., p. 67.9 Rappelons que cest dans une revue franaise de phnomnologie que lon peut trouver une traductionainsi quun ensemble de commentaires sur luvre portmanienne : Etudes phnomnologiques, n 23-24,1996 (La nature).10 Cf. J. Dewitte, La donation premire de lapparence. De lanti-utilitarisme dans le monde animalselon A. Portmann , in Ce que donner veut dire, Paris, La Dcouverte, 1993, p. 29 et passim. JacquesDewitte fait explicitement rfrence au jaillissement immotiv du monde selon Maurice Merleau-Ponty.11 A. Portmann, Neue Wege der Biologie, Munich, Piper, 1961 (trad. angl., New Paths in Biology,Harper and Row, New York, 1964, p. 152).12 Ibid. (trad. cit., p. 152).13 Id., La vie et ses formes (Prface), Paris, Bordas, 1968, p. 13 (nous soulignons).

  • Llgance animale. Esthtique et zoologie selon Adolf Portmann 11

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    14 Id., Die Tiergestalt, Ble, F. Reinhardt, 2e d. 1960 (trad. fr. G. Remy, La forme animale, Paris,Payot, 1962, p. 83 (nous soulignons)).15 Id., An den Grenzen des Wissens, Wien, Dsseldorf, Econ, 1974, p. 136-137, cit par R. A. Stamm, Lintriorit, dimension fondamentale de la vie , in Animalit et humanit. Autour dAdolf Portmann Revue europenne des sciences sociales, tome XXXVII, n 115, 1999, p. 62.16 R. Caillois, Le mimtisme animal, Paris, Hachette, 1963, p. 90-93 (nous soulignons).17 A. Portmann, Aufbruch der Lebensforschung, op. cit. (Le forme viventi, trad. cit., p. 69).18 Id., La vie et ses formes, op. cit., p. 15.19 Id., Selbstdarstellung als Motiv der lebendigen Formbildung , in Geist und Werk. Ausder Werkstatt unserer Autoren. Zum 75, Geburtstag von Dr. Daniel Brody, Rhein Verlag, Zurich,1958 ( Lautoprsentation, motif de llaboration des formes vivantes , trad. J. Dewitte, Etudesphnomnologiques, n 23-24, 1996, p. 150).20 Ibid., trad. cit., p. 158.21 Id., Die Tiergestalt, op. cit. (La forme animale, trad. cit., p. 114).22 Id., Selbstdarstellung als Motiv der lebendigen Formbildung , art. cit. ( Lautoprsentation, motifde llaboration des formes vivantes , trad. cit., p. 157).23 F. Nietzsche, Le Gai savoir, V, 349, in uvres, trad. H. Albert, Paris, Robert Laffont, 1993, p.214-215.24 Id., Le Crpuscule des idoles, Flneries dun inactuel , 14, op. cit., p. 998.25 A. Portmann, Neue Wege der Biologie, op. cit. (New Paths in Biology, trad. cit., p. 152).26 Cf. J. Derrida, Parergon , in La vrit en peinture, Paris, Flammarion, 1978, p. 19-168.27 A. Portmann, Selbstdarstellung als Motiv der lebendigen Formbildung , art. cit. ( Lautoprsentation, motif de llaboration des formes vivantes , trad. cit., p. 157).28 Ibid. (trad. cit., p. 154). Jacques Dewitte, dans les notes de sa traduction fait trs justement remarquerla rcurrence de ces expressions : un horizon plus vaste , un horizon largi , mais sans lanalyserpour elle-mme ; cf. loc. cit., n 20.29 Id., Aufbruch der Lebensforschung, op. cit (Le forme viventi, trad. cit., p. 70, nous soulignons).30 Ibid. (trad. cit., p. 72, nous soulignons).31 Ibid. (trad. cit., p. 73, nous soulignons).32 Voir encore Id., Neue Wege der Biologie, op. cit. (New Paths in Biology, trad. cit., p. 154) : les phnomnes eux-mmes doivent tre vus comme des liens dans une chane plus vaste, la chane delautoprsentation .33 Id., Selbstdarstellung als Motiv der lebendigen Formbildung , art. cit. ( Lautoprsentation, motifde llaboration des formes vivantes , trad. cit., p. 164, nous soulignons).34 Elmentaire au sens des quatre lments : les poissons vivent dans leau, les oiseaux dans lair,les mammifres sur terre, etc.35 A. Portmann, Selbstdarstellung als Motiv der lebendigen Formbildung , art. cit. ( Lautoprsentation, motif de llaboration des formes vivantes , trad. cit., p. 162). La confrenceEranos de Portmann de 1956 tait toute entire consacre ce thme de la lumire. Cf. Id., Aufbruch derLebensforschung, op. cit. (LeForme viventi, trad. cit., p. 45-73).36 Id., Selbstdarstellung als Motiv der lebendigen Formbildung , art. cit. ( Lautoprsentation, motifde llaboration des formes vivantes , trad. cit., p. 161). Passage presque identique dans id., DieTiergestalt, op. citLa forme animale, trad. cit., p. 217. Voir galement id., Neue Wege der Biologie, op.cit. (New Paths in Biology, trad. cit., p. 154) : Quand on parle dapparences, on tient pour vident quildoit y avoir un spectateur qui elles apparaissent. Ce nest pas seulement une consquence invitablede notre langage mais encore de la condition humaine en gnral. On ne peut parler du monde, de laconscience, de rponses internes, ou dapparences, sans devenir nous-mmes et notre propre expriencela prsupposition de toute proposition que nous faisons. Bref, nous ne pouvons imaginer des apparencesqui sexcluent dun il voyant .37 Ibid. (trad. cit., p. 154). Voir galement id., La vie des formes, op. cit., p. 13 : pour autant que laslection des formes et des motifs par lil, gnrateur dimages, joue un rle primordial, il nempcheque la phase initiale de la cration des motifs a lieu avant toute possibilit de slection visuelle ! .38 Id., Selbstdarstellung als Motiv der lebendigen Formbildung , art. cit. ( Lautoprsentation, motifde llaboration des formes vivantes , trad. cit., p. 154, nous soulignons).39 J. C. Bailly, Le versant animal, Paris, Bayard, 2007, p. 35.40 Cest pour des raisons thologiques et non perceptives que J. C. Bailly envisage la possibilit dunnon-regard avec certains animaux : Et sil va de soi que la vision du bison diffre de celle du crotalequi diffre de celle de la chouette, comme il va de soi qu lintrieur dune mme classe danimaux

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    les rapaces nocturnes par exemple la vision change dune espce lautre (et dun individu lautre),il nen reste pas moins que tous ont des yeux, que tous voient. La possibilit daller au fond l non plusnest pas la mme, dtonnants contacts sont possibles, et avec des animaux parfois trs petits ou trssinguliers, comme laxolotl, tandis quavec dautres les cercles deffroi ou dagressivit sont si serrsquil nest gure possible de les franchir (Le versant animal, op. cit., p. 56).

    Pour citer cet article

    Rfrence lectronique

    Bertrand Prvost, Llgance animale. Esthtique et zoologie selon Adolf Portmann, Images Re-vues [En ligne], 6|2009, mis en ligne le 01 juin 2009, consult le 22 novembre 2014. URL: http://imagesrevues.revues.org/379

    propos de l'auteur

    Bertrand PrvostBertrand Prvost est matre de confrences en esthtique et histoire de l'art l'Universit Michel deMontaigne - Bordeaux 3, est l'auteur de La peinture en actes. Gestes et manires dans l'Italie de laRenaissance (Actes Sud, 2007). Il est en outre le traducteur (en collaboration) du De pictura d'Alberti(La peinture, Le Seuil, 2004).

    Droits d'auteur

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    Rsum

    Quelle ralit accorder aux apparences animales? Taches, zbrures, plumes irises, couleurschatoyantes, formes extravagantes: cette lgance existe-t-elle ailleurs que dans lespritdu naturaliste? Il revient Adolf Portmann (1897-1982), zoologue suisse, davoir pris cesquestions au srieux. Cest cette pense de lesthtique non pas du monde animal, mais dans lemonde animal que nous essayons ici dexposer: pense tout la fois biologique car il sagitbien dinscrire les apparences animales dans la vie animale mme (paratre est une fonctionvitale) et mtaphysique car la vie ainsi pense dpasse toute ide de survie (fonction deconservation) comme de mtabolisme (fonctionnement organique).

    Entres d'index

    Mots-cls :biologie, esthtique, thologieKeywords :aesthetic, biology, etology