biblio 4
DESCRIPTION
chansons du prolétariat révolutionnaireTRANSCRIPT
Chansons du prolétariat
révolutionnairePour en finir
avec le travail
La biblioteca di Omar Wisyam
Volume n. 4
Chansons du prolétariat révolutionnaire
Pour en finir avec le travail
Chansons du prolétariat révolutionnaire.
Per farla finita con il lavoro
Canzoni del proletariato rivoluzionario.
2
Chansons du prolétariat révolutionnaire
Indice delle canzoni:
01- L'Bon Dieu dans la merde (1892) (Anonyme)
02- La java des Bons-Enfants (1912) (Raymond Callemin detto “Raymond-La-Science”)
03- La Makhnovstchina (1919) (Anonyme - Folklore russe)
04- Les journées de mai (1937) (Anonyme - Folklore espagnol)
05- La vie s'écoule la vie s'enfuit (1961) (Anonyme belge / Raoul Vaneigem - Francis Lemonnier)
06- Il est cinq heures (Mai 1968) (Jacques Le Glou / J.Lanzman-J.Dutronc)
07- Chanson du CMDO (Mai 1968) "Conseil pour le Maintien Des Occupations"
(Alice Becker-Ho / Louis Aragon-Jacques Douai)
4
Chansons du prolétariat révolutionnaire
08- La mitraillette (1969) (Jacques Le Glou / Pierre Barouh-Francis Lai)
09- Les bureaucrates se ramassent à la pelle (1973) (Jacques Le Glou / J.Prevert-J.Kosma)
Appendice:
Chanson des barricades de Paris
La Commune n’est pas morte
5
Chansons du prolétariat révolutionnaire
L'Bon Dieu dans la merde
(Le Père Duchesne)
Anonyme - 1892
Le Père Duchesne est un personnage fictif, dénoncant abus et injustices. C'est également et surtout le nom d'un journal qui fit plusieurs fois son apparition durant l'histoire (il fut en l'occurence distribués aux armées en 1792).
Cette chanson apparaît comme un anonyme en 1892. Ravachol la chantait en montant sur la guillotine le 11 juillet 1892 dans la prison de Montbrison. L'éxécution interrompit Ravachol à la fin de l'avant-dernier couplet. On y retrouve, à travers la référence à au Père Duchesne et à Marat, l'évocation des revendications sociales des Enragés et des bras-nus de la Première Révolution Française. Les travailleurs qui se dressent contre la société de classes y désignent encore leurs ennemi, voués à la lanterne, sous les seules figures traditionnelles du propriétaire et du prêtre.
7
Chansons du prolétariat révolutionnaire
I Né en nonante-deux,
Nom de dieu ! Mon nom est Pèr' Duchesne.
Né en nonante-deux, Nom de dieu !
Mon nom est Pèr' Duchesne. Marat fut un soyeux,
Nom de dieu ! A qui lui porta haine,
Sang-dieu ! Je veux parler sans gêne,
Nom de dieu ! Je veux parler sans gêne.
II Coquins, filous, peureux,
Nom de dieu ! Vous m'appelez canaille. Dès que j'ouvre les yeux,
Nom de dieu ! Jusqu'au soir je travaille,
Sang-dieu ! Et je couch' sur la paille,
Nom de dieu ! Et je couch' sur la paille.
III
On nous promet les cieux, Nom de dieu ?
Pour toute récompense, Tandis que ces messieurs,
Nom de dieu ! S'arrondissent la panse,
8
Chansons du prolétariat révolutionnaire
Sang-dieu ! Nous crevons d'abstinence,
Nom de dieu ! Nous crevons d'abstinence.
IV
Pour mériter les cieux, Nom de dieu !
Voyez-vous ces bougresses, Au vicair' le moins vieux,
Nom de dieu ! S'en aller à confesse,
Sang-dieu ! Se fair' p'loter les fesses,
Nom de dieu ! Se fair' p'loter les fesses.
V
Quand ils t'appellent gueux, Nom de dieu !
Sus à leur équipage, Un pied sur le moyeu,
Nom de dieu ! Pour venger cet outrage,
Sang-dieu ! Crache-leur au visage,
Nom de dieu ! Crache-leur au visage.
VI Si tu veux être heureux,
Nom de dieu ! Pends ton propriétaire,
9
Chansons du prolétariat révolutionnaire
Coup' les curés en deux, Nom de dieu !
Fous les églises par terre, Sang-dieu !
Et l'bon dieu dans la merde, Nom de dieu !
Et l'bon dieu dans la merde.
VII Peuple trop oublieux,
Nom de dieu ! Si jamais tu te lèves,
Ne sois pas généreux, Nom de dieu !
Patrons, bourgeois et prêtres, Sang-dieu !
Méritent la lanterne, Nom de dieu !
Méritent la lanterne.
10
Chansons du prolétariat révolutionnaire
Strophes modernes
Si tu veux vivre mieux Nom de DieuPends ton parlementaire…
Et tous les fonctionnaires Nom de DieuQui renvoient aux frontières Sang DieuEt tous les fonctionnaires Nom de Dieu
Qui renvoient aux frontièresSi tu veux être heureux Nom de Dieu
Abolis les frontières…Coup’ les fascistes en deux Nom de Dieu
Apprends à vivre en frère Sang DieuSur une seule terre Nom de Dieu…
Compagnons levons-nous Nom de DieuContre la loi raciste…
Ensemble nous pouvons Nom de DieuFaire échec au fascisme Sang Dieu
11
Chansons du prolétariat révolutionnaire
La Java des Bons-Enfants
(Raymond Callemin detto “Raymond-La-Science” 1912)
(Francis Lemonnier – Guy Debord)
Chanson qui nous parle du massacre causé dans le personnel du commissariat de police de la rue des Bons-Enfants par la bombe anarchiste qui y explosa le 8 novembre 1892.
Chanson anarchiste datant des années soixante, attribuée à Raymond Callemin dit Raymond-la-Science (de la bande à Bonnot, guillotiné en 1913) mais, en réalité, de Guy Debord, pour les paroles, et de Marc Lemonnier, pour la musique. La réédition de 1999 (chez EMP), Pour en finir avec le travail, chansons du prolétariat révolutionnaire indique les noms des vrais auteurs.
Dans la rue des Bons-Enfants
On vend tout au plus offrant
Y avait un commissariat
Et maintenant il n'est plus là.
Une explosion fantastique
13
Chansons du prolétariat révolutionnaire
N'en a pas laissé une brique
On crut qu' c'était Fantômas
Mais c'était la lutte des classes.
Un poulet zélé vint vite
Y porter une marmite
Qu'était à renversement
Et la retourne, imprudemment.
Le brigadier, l'commissaire
Mêlés au poulet vulgaire
Partent en fragments épars
Qu'on ramasse sur un buvard.
Contrairement à c'qu'on croyait
Y en avait qui en avaient
L'étonnement est profond
On peut les voir jusqu'au plafond.
Voilà bien ce qu'il fallait
Pour faire la guerre aux palais
Sache que ta meilleure amie
14
Chansons du prolétariat révolutionnaire
Prolétaire, c'est la chimie.
Les socialos n'ont rien fait
Pour abréger les forfaits
D'infamie capitaliste
Mais heureusement vient l'anarchiste.
Il n'a pas de préjugés
Les curés seront mangés
Plus d'patries, plus d'colonies
Et tout le pouvoir, il le nie.
Encore quelques beaux efforts
Et disons qu'on se fait fort
De régler radicalement
L'problème social en suspens.
Dans la rue des Bons-Enfants
Viande à vendre au plus offrant
L'avenir radieux prend place
Et le vieux monde est à la casse.
15
Chansons du prolétariat révolutionnaire
La Makhnovstchina
Anonyme - Folklore russe 1919 Traduction de Etienne Roda-Gil en 1968
.
.
.
Makhnovtchina, Makhnovtchina, Tes drapeaux sont noirs dans le vent.
Ils sont noirs de notre peine, Ils sont rouges de notre sang. Ils sont noirs de notre peine, Ils sont rouges de notre sang.
Par les monts et par les plaines, Dans la neige et dans le vent,
A travers toute l'Ukraine, Se levaient nos partisans
Au printemps, les traités de Lénine Ont livré l'Ukraine aux Allemands.
A l'automne la Makhnovtchina Les avaient jetés au vent
Makhnovtchina, Makhnovtchina Tes drapeaux sont noirs dans le vent.
Ils sont noirs de notre peine Ils sont rouges de notre sang
L'armée blanche de Déquinine Est entrée en Ukraine en chantant, Mais bientôt la Makhnovtchina
L'a dispersé dans le vent. Makhnovtchina, Makhnovtchina,
Armée noire de nos partisans,
17
Chansons du prolétariat révolutionnaire
Qui voulaient chasser d'Ukraine A jamais tous les tyrans.
Makhnovtchina, Makhnovtchina Tes drapeaux sont noirs dans le vent.
Ils sont noirs de notre peine, Ils sont rouges de notre sang
18
Chansons du prolétariat révolutionnaire
Les journées de mai
La garde d'assaut marche
Boum badaboum badaboum bam bam
Au central téléphonique
Ay Carmela Ay Carmela
Défi aux prolétaires
Boum badaboum badaboum bam bam
Provocation stalinienne
Ay Carmela Ay Carmela
On ne peut laisser faire
Boum badaboum badaboum bam bam
Le sang coule dans la ville
Ay Carmela Ay Carmela
POUM et FAI et CNT
Boum badaboum badaboum bam bam
Avaient seuls pris Barcelone
Ay Carmela Ay Carmela
La République s'arme
Boum badaboum badaboum bam bam
Mais d'abord contre nous autres
Ay Carmela Ay Carmela
20
Chansons du prolétariat révolutionnaire
A Valence et à Moscou
Boum badaboum badaboum bam bam
Le même ordre nous condamne
Ay Carmela Ay Carmela
Ils ont juré d'abattre
Boum badaboum badaboum bam bam
L'autonomie ouvrière
Ay Carmela Ay Carmela
Pour la lutte finale
Boum badaboum badaboum bam bam
Que le front d'Aragon vienne
Ay Carmela Ay Carmela
Camarades ministres
Boum badaboum badaboum bam bam
Dernière heure pour comprendre
Ay Carmela Ay Carmela
Honte à ceux qui choisissent
Boum badaboum badaboum bam bam
21
Chansons du prolétariat révolutionnaire
El paso del Ebro
El paso del Ebro (parfois appelé El Ejército del Ebro ou ¡Ay, Carmela!) est un chant anarchiste de la Révolution espagnole, composé à l'origine en 1808 contre l'envahisseur français pendant la Guerre d'indépendance espagnole et réactualisé par les soldats républicains pendant la guerre civile.
El Ejército del Ebro
Rumba la rumba la rum bam bam !
Una noche el río pasó,
Ay Carmela, ay Carmela.
Y a las tropas invasoras
Rumba la rumba la rum bam bam !
Buena paliza les dió,
Ay Carmela, ay Carmela.
El furor de los traidores
Rumba la rumba la rum bam bam !
24
Chansons du prolétariat révolutionnaire
Lo descarga su aviación,
Ay Carmela, ay Carmela.
Pero nada pueden bombas
Rumba la rumba la rum bam bam !
Donde sobra corazón,
Ay Carmela, ay Carmela.
Contrataques muy rabiosos
Rumba la rumba la rum bam bam !
Deberemos resistir,
Ay Carmela, ay Carmela.
Pero igual que combatimos
Rumba la rumba la rum bam bam !
Prometemos combatir,
Ay Carmela, ay Carmela.
25
Chansons du prolétariat révolutionnaire
Traduction française
L'armée de l'ÈbreRum bala rum bala rum ba la !
Une nuit passa le fleuve
Ay Carmela, ay Carmela.
Et aux troupes d'envahisseurs
Rum bala rum bala rum ba la !
Elle donna une bonne raclée
Ay Carmela, ay Carmela.
La fureur des traîtres
Rum bala rum bala rum ba la !
Lui a envoyé l'aviation
Ay Carmela, ay Carmela.
Mais les bombes ne peuvent rien
Rum bala rum bala rum ba la !
Là où il reste du cœur
Ay Carmela, ay Carmela.
À des contre-attaques enragées
26
Chansons du prolétariat révolutionnaire
Rum bala rum bala rum ba la !
Nous devrons résister
Ay Carmela, ay Carmela.
Mais tout comme nous avons combattu
Rum bala rum bala rum ba la !
Nous promettons de combattre
Ay Carmela, ay Carmela.
L'armée de l'Èbre
Rum bala rum bala rum ba la !
L'armée de l'Èbre
Ay Carmela, ay Carmela.
27
Chansons du prolétariat révolutionnaire
La vie s'écoule, la vie s'enfuit(Francis Lemonnier - Raoul Vaneigem 1960-61)
La vie s'écoule, la vie s'enfuitLes jours défilent au pas de l'ennui.
Parti des rouges, parti des grisNos révolutions sont trahies.
Le travail tue, le travail paie,Le temps s'achète au supermarché.
Le temps payé ne revient plusLa jeunesse meurt de temps perdu.
Les yeux faits pour l'amour d'aimerSont le reflet d'un monde d'objet.
Sans le rêve et sans realitéAux images nous sommes condamnés.
Les fusillés, les affamésViennent vers nous du fond du passé.Rien n'a changé mais tout commence
Et va mûrir dans la violence.
Tremblez repères de curésNids de marchands, de policiers,
Au vent qui sème la tempêteSe récoltent les jours de fête.
29
Chansons du prolétariat révolutionnaire
Les fusils vers nous dirigésContre les chefs vont se retourner.
Plus de dirigeants, plus d'étatPour profiter de nos combats.
La vie s'écoule, la vie s'enfuitLes jours défilent au pas de l'ennui.
Parti des rouges, parti des grisNos révolutions sont trahies.
30
Chansons du prolétariat révolutionnaire
Il est cinq heures
Jacques Le Glou / J.Lanzman-J.Dutronc Mai 1968
Les 403 sont renversées, La grève sauvage est générale Les ports finissent de brûler, Les enragés ouvrent le bal
Il est 5 h, Paris s'éveille, Paris s'éveille Les blousons noirs sont à l'affut
Lance-pierrs contre lacrymogènes Les flics tombent morts aux coins des rues
Nos petites filles deviennent des reines Il est 5 h, Paris s'éveille, Paris s'éveille
La tour Eiffeil a chaud aux pieds, L'arc de triomphe est renversé
La place vendôme n'est que fumée, Le Panthéon s'est dissipé
Il est 5 h, Paris s'éveille, Paris s'éveille Les maquisards sont dans les gares,
A Notre Dame on tranche le lard Paris retrouve ses fêtards,
Ses flambeurs et ses communards Il est 5 h, Paris s'éveille, Paris s'éveille
Toutes les centrales sont investies, Les bureaucrates exterminés
Les flics sont sans merci Pendus à la tripaille des curés.
Il est 5 h, Paris s'éveille, Paris s'éveille
32
Chansons du prolétariat révolutionnaire
Le vieux monde va disparaitre, Après Paris le monde entier
Les ouvriers sans dieux, sans maîtres, Autogestionnent la cité Il est 5 h, Paris s'éveille,
Le nouveau monde s'éveille Il est 5 h,
Et n'auront jamais sommeil
33
Chansons du prolétariat révolutionnaire
Chanson du CMDO"Conseil pour le Maintien Des Occupations"
Alice Becker-Ho / Louis Aragon-Jacques Douai Mai 1968
«Au carrefour de la rue des Écoles et du boulevard Saint-Michel, un chanteur anonyme tient cercle. Il a affiché sur un mur le texte d’une chanson spécialement écrite sur les événements récents. “Des fusils par centaines, des canons par milliers” dit le refrain. Comme d’autres événements plus tragiques, tout cela finira-t-il par des chansons chantées à chaque carrefour ?»
France-Soir, 15 juin 1968.
Rue Gay-Lussac, les rebelles N'ont qu'les voitures à brûler.
Que vouliez vous donc, la belle, Qu'est ce donc que vous vouliez ?
Refrain : Des canons par centaines,
Des fusils par milliers, Des cons, des fusils,
Par centaines et par milliers Dites moi comment s'appelle Ce jeu-là que vous jouiez ? La règle en parait nouvelle, Quel jeu, quel jeu singulier !
35
Chansons du prolétariat révolutionnaire
Refrain La révolution, la belle,
Est le jeu que vous disiez. Elle se joue dans les ruelles, Elle se joue grâce aux pavés.
Refrain Le vieux monde et ses séquelles,
Nous voulons les balayer. Il s'agit d'être cruel,
Mort aux flics et aux curés. Refrain
Ils nous lancent comme grêle Grenades et gaz chlorés;
Nous ne trouvons que des pelles, Des couteaux pour nous armer.
Refrain Mes pauvres enfants dit-elle,
Mes jolis barricadiers, Mon coeur, mon coeur en chancelle
Je n'ai rien à vous donner. Refrain
Si j'ai foi dans ma querelle Je n'crains pas les policiers. Il faut qu'elle devienne celle
Des camarades ouvriers. Refrain
Le Gaullisme est un bordel, Personne n'en peut plus douter. Les bureaucrat's aux poubelles,
Sans eux on aurait gagné. Refrain
36
Chansons du prolétariat révolutionnaire
Rue Gay-Lussac, les rebelles N'ont qu'les voitures à brûler.
Que vouliez vous donc, la belle, Qu'est ce donc que vous vouliez ?
Refrain
37
Chansons du prolétariat révolutionnaire
En mai 1968, c’est une nouvelle époque qui s’ouvre pour la révolution, non seulement en France, mais dans le monde entier. Le courant le plus extrémiste, et le plus représentatif sans doute du nouveau mouvement prolétarien qui prend forme dès ce moment-là, est constitué par les Enragés de Nanterre, l’Internationale situationniste et d’autres travailleurs conseillistes, qui ensemble, dominent l’espèce de soviet de la Sorbonne et appellent à l’occupation de toutes les entreprises et à l’expropriation du capital privé et bureaucratique. Cette avant-garde, réunie dans le Conseil pour le maintien des occupations, se battra sur tous les terrains jusqu’au recul provisoire du mouvement. La Chanson du C.M.D.O., contrairement à la très grande majorité des chansons révolutionnaires, écrites plus ou moins longtemps après les événements qui les inspirent, date des jours qui suivent la bataille sur les barricades de la rue Gay-Lussac, et a été efectivement chantée par les groupes d’intervention du C.M.D.O. dans les combats de rue immédiatement ultérieurs, reproduite sur-le-champ et popularisée par ce baptême du feu. Dans cette chanson on voit apparaître le nouvel ennemi historique du prolétariat, les bureaucrates ; qui désormais seront évoqués dans presque toutes les chansons suivantes. Il est intéressant de noter que des historiens ont pu relever, au moins en ce qui concerne un des couplets, une nette parenté de cette chanson avec celle des spartakistes écrasés à Berlin, en janvier 1919, par les troupes du social-démocrate Noske (La Chanson de Büxenstein). Ce n’est pas sans émotion que peuvent l’entendre ceux qui se sont battus sur les barricades de rue Gay-Lussac.
38
Chansons du prolétariat révolutionnaire
La Mitraillette
Jacques Le Glou / Pierre Barouh-Francis Lai Musique : "La bicyclette" - 1969
Déjà la mère à la maison Nous criait vivez vos passions,
Par la fenêtre Et j'appelais tous les copains, Les petites filles des voisins
Pour aller tenir dans nos mains, La mitraillette
C'était celle d'un très vieux cousin Qu'avait rougi du stalinien,
Dans l'Espagne en fête Faut dire qu'les syndicats bordel,
Nous pourchassaient dans les ruelles, Rien qu'à nos têtes
On était déjà les rebelles Qui remplissions toutes les poubelles
Des idées anciennes et nouvelles, Sans mitraillettes
Curés, salauds, patrons pêle-mêle Vous n'aurez pas longtemps vie belle,
Viendra la fête Y aura le jeu du plus cruel
On empaillera le flic modèle Pour que plus tard on se rappelle,
Leur drôle de tête
42
Chansons du prolétariat révolutionnaire
Faut dire qu'on y mettra du coeur Les pétroleuses étaient nos soeurs,
Vienne la tempête Makhno Villa et Durruti Ont déjà su manier l'outil Qui fait revivre la poésie,
La mitraillette On en r'filera même à Bonnot
Pour qu'il revienne dans son auto, Trancher des têtes
Et l'on verra cette société Spectaculaire assassinée
Par les soviets du monde entier, A coups de mitraillettes
43
Chansons du prolétariat révolutionnaire
Les bureaucrates se ramassent à la pelle
Jacques Le Glou / J.Prevert-J.Kosma- 1973
Oh, je voudrais tant que tout ça devienne Des jours heureux, et la misère finie.
Mais maintenant nous sommes des rebelles, Et l'on peut voir, dans le monde, aujourd'hui :
Les bureaucrates se ramassent à la pelle, Tu vois, ça pourrait foutrement bien changer,
Les bureaucrates se ramassent à la pelle, Leurs syndicats et leurs partis aussi.
Et la grève sauvage les emporte, Avec le pouvoir qui les suit. Tu vois, il faut s'organiser
Pour ne plus jamais travailler. C'est une pratique qui nous rassemble,
J'les assassine En Argentine.
Nous survisons tous deux ensemble, Tu les fous en l'air
Sur le port d'Anvers. Mais le crime rapproche ceux qui baisent,
Tout doucement, en faisant du bruit. Et le temps ne saurait effacer Le pas des amants tous unis.
45
Chansons du prolétariat révolutionnaire
Tu vois, il faut s'organiser Pour ne plus jamais travailler…
46
Chansons du prolétariat révolutionnaire
Chanson des barricades de Paris (Sur une chanson de la Fronde : Six vendeuses de poisson…)
Chanson inédite écrite en mai 68
Des situs et Enragés,Sur un vieil air, ont chantéNos barricades dernières.
Laire la, laire lanlaire,Laire la, laire lanla.
Alors qu’ensemble, ils buvaient,L’un à l’autre se disaient :
Parlons un peu d’nos affaires.
Laire la…
Un camarad’ de BruxellesDisait que René Riesel
Nous était fort nécessaire.
Laire la…
Pour le peuple colérer,Fut en prison emmené ;
Mais il n’y demeura guère.
Laire la…
50
Chansons du prolétariat révolutionnaire
Les étudiants attroupésSaisissaient tous des pavés,Pris d’une fureur guerrière.
Laire la…
Les C.R.S., effrayésDe se voir si bien traités,
En tombaient le cul par terre.
Laire la…
En sept autres jours de jeuOn porta partout le feu
Qui avait pris à Nanterre.
Laire la…
Vers Gay-Lussac le quartier,Fortement barricadé,
Fut aux mains des libertaires.
Laire la…
Pompidou, qui voyageait,Revint, et dit qu’il cédait
À nos universitaires.
Laire la…
51
Chansons du prolétariat révolutionnaire
Mais dans la Sorbonne à nous,On cassa et changea tout
En l’ouvrant aux prolétaires .
Laire la…
C’est là qu’il y eut ce bonComité d’occupation ,
Entre tous si exemplaire,
Laire la…
Appelant les ouvriersD’usin’s à les enlever
À tous leurs propriétaires.
Laire la…
Il fut si bien justifiéQu’un mouvement spontanéEmporta la France entière.
Laire la…
La grève sauvage a prisUn tel tour que chacun vit
L’aube révolutionnaire.
Laire la…
52
Chansons du prolétariat révolutionnaire
Le Capital aux aboisNe tenait plus, cette fois,
Qu’à ses derniers mercenaires :
Laire la…
Les syndicats staliniens,Socialistes ou chrétiens,
Et d’incertains militaires.
Laire la…
Ce que l’on a fait iciSera fait en tout pays,
De Russie en Angleterre.
Laire la…
Puis Mustapha KhayatiÀ son tout parla, et dit
Qu’une chose était fort claire :
Laire la…
Les bureaucrates rivauxGauchistes sont à vau-l’eau,
Du maoïsme à la FER.
Laire la…
53
Chansons du prolétariat révolutionnaire
On sait qu’ils n’ont rien compris,Ni oublié ni appris,
Tous criaillant en arrière.
Laire la…
Le camarade ViénetDit qu’il n’y eut rien qu’il n’ait
Annoncé à sa manière :
Laire la…
Sa notule a exposéLes moyens pour renverserLa phrase spectaculaire.
Laire la…
Et depuis, Sébastiani,Sur tous les murs de Paris,Écrivait ce qu’il faut faire.
Laire la…
Sur bon nombre de tableauxOn voit tracés les plus beaux
Mots d’ordre de la colère.
Laire la, laire lanlaire,Laire la, laire lanla.
54
Chansons du prolétariat révolutionnaire
La Commune n'est pas morte (Sur l’air de la chanson d’Eugène Pottier)
Juin 1968
Aux barricad’s de Gay-Lussac,Les Enragés en tête,
Nous avons déclenché l’attaque :Ah, foutre-dieu, quelle fête !On jouissait dans les pavés
En voyant le vieux monde flamber.
Refrain :Tout ça a prouvé, Carmela,
Qu’ la Commune n’est pas morte (bis).
Pour s’éclairer, les combattantsFoutaient l’ feu aux bagnoles :
Une allumette, et en avant,Poésie du pétrole.
Et fallait voir les C.R.S.Se faire griller les fesses !
Au refrain
Les blousons noirs politisésOnt saisi la Sorbonne.
Pour contester et pour briser,
56
Chansons du prolétariat révolutionnaire
Ils ne craignaient personne.La théorie s’ réalisant,
On a pillé les commerçants.
Au refrain
Ce que tu produis t’appartient,Y a qu’ les patrons qui volent.
Te faire payer au magasin,C’est se foutr’ de ta fiole.
En attendant d’ s’autogérerOn f’ra la critiqu’ du pavé.
Au refrain
Tous les partis, les syndicats,Et leur bureaucratie,
Oppriment le prolétariat,Autant qu’ la bourgeoisie.Contre l’État et ses alliés,
Formons des conseils ouvriers.
Au refrain
Le Conseil pour l’occupationCrachait sur les trotskistes,Les maoïst’s et autres cons,
Exploiteurs de grévistes.À la prochain’ ça va saigner
Pour les enn’mis d’ la liberté.
57
Chansons du prolétariat révolutionnaire
Au refrain
Maintenant que les insurgésRetourn’nt à la survie,
À l’ennui, au travail forcé,Aux idéologies,
Nous sèmerons pour le plaisirD’autres fleurs de mai à cueillir.
Final :
Tout ça pour prouver, Carmela,Qu’ la Commune n’est pas morte (bis).
58