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Chansons du prolétariat révolutionnaire Pour en finir avec le travail La biblioteca di Omar Wisyam Volume n. 4

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chansons du prolétariat révolutionnaire

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Chansons du prolétariat

révolutionnairePour en finir

avec le travail

La biblioteca di Omar Wisyam

Volume n. 4

Chansons du prolétariat révolutionnaire

Pour en finir avec le travail

Chansons du prolétariat révolutionnaire.

Per farla finita con il lavoro

Canzoni del proletariato rivoluzionario.

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

Indice delle canzoni:

01- L'Bon Dieu dans la merde (1892) (Anonyme)

02- La java des Bons-Enfants (1912) (Raymond Callemin detto “Raymond-La-Science”)

03- La Makhnovstchina (1919) (Anonyme - Folklore russe)

04- Les journées de mai (1937) (Anonyme - Folklore espagnol)

05- La vie s'écoule la vie s'enfuit (1961) (Anonyme belge / Raoul Vaneigem - Francis Lemonnier)

06- Il est cinq heures (Mai 1968) (Jacques Le Glou / J.Lanzman-J.Dutronc)

07- Chanson du CMDO (Mai 1968) "Conseil pour le Maintien Des Occupations"

(Alice Becker-Ho / Louis Aragon-Jacques Douai)

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

08- La mitraillette (1969) (Jacques Le Glou / Pierre Barouh-Francis Lai)

09- Les bureaucrates se ramassent à la pelle (1973) (Jacques Le Glou / J.Prevert-J.Kosma)

Appendice:

Chanson des barricades de Paris

La Commune n’est pas morte

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

L'Bon Dieu dans la merde

(Le Père Duchesne)

Anonyme - 1892

Le Père Duchesne est un personnage fictif, dénoncant abus et injustices. C'est également et surtout le nom d'un journal qui fit plusieurs fois son apparition durant l'histoire (il fut en l'occurence distribués aux armées en 1792).

Cette chanson apparaît comme un anonyme en 1892. Ravachol la chantait en montant sur la guillotine le 11 juillet 1892 dans la prison de Montbrison. L'éxécution interrompit Ravachol à la fin de l'avant-dernier couplet. On y retrouve, à travers la référence à au Père Duchesne et à Marat, l'évocation des revendications sociales des Enragés et des bras-nus de la Première Révolution Française. Les travailleurs qui se dressent contre la société de classes y désignent encore leurs ennemi, voués à la lanterne, sous les seules figures traditionnelles du propriétaire et du prêtre.

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

I Né en nonante-deux,

Nom de dieu ! Mon nom est Pèr' Duchesne.

Né en nonante-deux, Nom de dieu !

Mon nom est Pèr' Duchesne. Marat fut un soyeux,

Nom de dieu ! A qui lui porta haine,

Sang-dieu ! Je veux parler sans gêne,

Nom de dieu ! Je veux parler sans gêne.

II Coquins, filous, peureux,

Nom de dieu ! Vous m'appelez canaille. Dès que j'ouvre les yeux,

Nom de dieu ! Jusqu'au soir je travaille,

Sang-dieu ! Et je couch' sur la paille,

Nom de dieu ! Et je couch' sur la paille.

III

On nous promet les cieux, Nom de dieu ?

Pour toute récompense, Tandis que ces messieurs,

Nom de dieu ! S'arrondissent la panse,

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

Sang-dieu ! Nous crevons d'abstinence,

Nom de dieu ! Nous crevons d'abstinence.

IV

Pour mériter les cieux, Nom de dieu !

Voyez-vous ces bougresses, Au vicair' le moins vieux,

Nom de dieu ! S'en aller à confesse,

Sang-dieu ! Se fair' p'loter les fesses,

Nom de dieu ! Se fair' p'loter les fesses.

V

Quand ils t'appellent gueux, Nom de dieu !

Sus à leur équipage, Un pied sur le moyeu,

Nom de dieu ! Pour venger cet outrage,

Sang-dieu ! Crache-leur au visage,

Nom de dieu ! Crache-leur au visage.

VI Si tu veux être heureux,

Nom de dieu ! Pends ton propriétaire,

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

Coup' les curés en deux, Nom de dieu !

Fous les églises par terre, Sang-dieu !

Et l'bon dieu dans la merde, Nom de dieu !

Et l'bon dieu dans la merde.

VII Peuple trop oublieux,

Nom de dieu ! Si jamais tu te lèves,

Ne sois pas généreux, Nom de dieu !

Patrons, bourgeois et prêtres, Sang-dieu !

Méritent la lanterne, Nom de dieu !

Méritent la lanterne.

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

Strophes modernes

Si tu veux vivre mieux Nom de DieuPends ton parlementaire…

Et tous les fonctionnaires Nom de DieuQui renvoient aux frontières Sang DieuEt tous les fonctionnaires Nom de Dieu

Qui renvoient aux frontièresSi tu veux être heureux Nom de Dieu

Abolis les frontières…Coup’ les fascistes en deux Nom de Dieu

Apprends à vivre en frère Sang DieuSur une seule terre Nom de Dieu…

Compagnons levons-nous Nom de DieuContre la loi raciste…

Ensemble nous pouvons Nom de DieuFaire échec au fascisme Sang Dieu

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

Gare à vous les ministres Nom de Dieu…

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

La Java des Bons-Enfants

(Raymond Callemin detto “Raymond-La-Science” 1912)

(Francis Lemonnier – Guy Debord)

Chanson qui nous parle du massacre causé dans le personnel du commissariat de police de la rue des Bons-Enfants par la bombe anarchiste qui y explosa le 8 novembre 1892.

Chanson anarchiste datant des années soixante, attribuée à Raymond Callemin dit Raymond-la-Science (de la bande à Bonnot, guillotiné en 1913) mais, en réalité, de Guy Debord, pour les paroles, et de Marc Lemonnier, pour la musique. La réédition de 1999 (chez EMP), Pour en finir avec le travail, chansons du prolétariat révolutionnaire indique les noms des vrais auteurs.

Dans la rue des Bons-Enfants

On vend tout au plus offrant

Y avait un commissariat

Et maintenant il n'est plus là.

Une explosion fantastique

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

N'en a pas laissé une brique

On crut qu' c'était Fantômas

Mais c'était la lutte des classes.

Un poulet zélé vint vite

Y porter une marmite

Qu'était à renversement

Et la retourne, imprudemment.

Le brigadier, l'commissaire

Mêlés au poulet vulgaire

Partent en fragments épars

Qu'on ramasse sur un buvard.

Contrairement à c'qu'on croyait

Y en avait qui en avaient

L'étonnement est profond

On peut les voir jusqu'au plafond.

Voilà bien ce qu'il fallait

Pour faire la guerre aux palais

Sache que ta meilleure amie

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

Prolétaire, c'est la chimie.

Les socialos n'ont rien fait

Pour abréger les forfaits

D'infamie capitaliste

Mais heureusement vient l'anarchiste.

Il n'a pas de préjugés

Les curés seront mangés

Plus d'patries, plus d'colonies

Et tout le pouvoir, il le nie.

Encore quelques beaux efforts

Et disons qu'on se fait fort

De régler radicalement

L'problème social en suspens.

Dans la rue des Bons-Enfants

Viande à vendre au plus offrant

L'avenir radieux prend place

Et le vieux monde est à la casse.

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

La Makhnovstchina

Anonyme - Folklore russe 1919 Traduction de Etienne Roda-Gil en 1968

.

.

.

Makhnovtchina, Makhnovtchina, Tes drapeaux sont noirs dans le vent.

Ils sont noirs de notre peine, Ils sont rouges de notre sang. Ils sont noirs de notre peine, Ils sont rouges de notre sang.

Par les monts et par les plaines, Dans la neige et dans le vent,

A travers toute l'Ukraine, Se levaient nos partisans

Au printemps, les traités de Lénine Ont livré l'Ukraine aux Allemands.

A l'automne la Makhnovtchina Les avaient jetés au vent

Makhnovtchina, Makhnovtchina Tes drapeaux sont noirs dans le vent.

Ils sont noirs de notre peine Ils sont rouges de notre sang

L'armée blanche de Déquinine Est entrée en Ukraine en chantant, Mais bientôt la Makhnovtchina

L'a dispersé dans le vent. Makhnovtchina, Makhnovtchina,

Armée noire de nos partisans,

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

Qui voulaient chasser d'Ukraine A jamais tous les tyrans.

Makhnovtchina, Makhnovtchina Tes drapeaux sont noirs dans le vent.

Ils sont noirs de notre peine, Ils sont rouges de notre sang

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

Les journées de mai

La garde d'assaut marche

Boum badaboum badaboum bam bam

Au central téléphonique

Ay Carmela Ay Carmela

Défi aux prolétaires

Boum badaboum badaboum bam bam

Provocation stalinienne

Ay Carmela Ay Carmela

On ne peut laisser faire

Boum badaboum badaboum bam bam

Le sang coule dans la ville

Ay Carmela Ay Carmela

POUM et FAI et CNT

Boum badaboum badaboum bam bam

Avaient seuls pris Barcelone

Ay Carmela Ay Carmela

La République s'arme

Boum badaboum badaboum bam bam

Mais d'abord contre nous autres

Ay Carmela Ay Carmela

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

A Valence et à Moscou

Boum badaboum badaboum bam bam

Le même ordre nous condamne

Ay Carmela Ay Carmela

Ils ont juré d'abattre

Boum badaboum badaboum bam bam

L'autonomie ouvrière

Ay Carmela Ay Carmela

Pour la lutte finale

Boum badaboum badaboum bam bam

Que le front d'Aragon vienne

Ay Carmela Ay Carmela

Camarades ministres

Boum badaboum badaboum bam bam

Dernière heure pour comprendre

Ay Carmela Ay Carmela

Honte à ceux qui choisissent

Boum badaboum badaboum bam bam

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

El paso del Ebro

El paso del Ebro (parfois appelé El Ejército del Ebro ou ¡Ay, Carmela!) est un chant anarchiste de la Révolution espagnole, composé à l'origine en 1808 contre l'envahisseur français pendant la Guerre d'indépendance espagnole et réactualisé par les soldats républicains pendant la guerre civile.

El Ejército del Ebro

Rumba la rumba la rum bam bam !

Una noche el río pasó,

Ay Carmela, ay Carmela.

Y a las tropas invasoras

Rumba la rumba la rum bam bam !

Buena paliza les dió,

Ay Carmela, ay Carmela.

El furor de los traidores

Rumba la rumba la rum bam bam !

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

Lo descarga su aviación,

Ay Carmela, ay Carmela.

Pero nada pueden bombas

Rumba la rumba la rum bam bam !

Donde sobra corazón,

Ay Carmela, ay Carmela.

Contrataques muy rabiosos

Rumba la rumba la rum bam bam !

Deberemos resistir,

Ay Carmela, ay Carmela.

Pero igual que combatimos

Rumba la rumba la rum bam bam !

Prometemos combatir,

Ay Carmela, ay Carmela.

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

Traduction française

L'armée de l'ÈbreRum bala rum bala rum ba la !

Une nuit passa le fleuve

Ay Carmela, ay Carmela.

Et aux troupes d'envahisseurs

Rum bala rum bala rum ba la !

Elle donna une bonne raclée

Ay Carmela, ay Carmela.

La fureur des traîtres

Rum bala rum bala rum ba la !

Lui a envoyé l'aviation

Ay Carmela, ay Carmela.

Mais les bombes ne peuvent rien

Rum bala rum bala rum ba la !

Là où il reste du cœur

Ay Carmela, ay Carmela.

À des contre-attaques enragées

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

Rum bala rum bala rum ba la !

Nous devrons résister

Ay Carmela, ay Carmela.

Mais tout comme nous avons combattu

Rum bala rum bala rum ba la !

Nous promettons de combattre

Ay Carmela, ay Carmela.

L'armée de l'Èbre

Rum bala rum bala rum ba la !

L'armée de l'Èbre

Ay Carmela, ay Carmela.

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

La vie s'écoule, la vie s'enfuit(Francis Lemonnier - Raoul Vaneigem 1960-61)

La vie s'écoule, la vie s'enfuitLes jours défilent au pas de l'ennui.

Parti des rouges, parti des grisNos révolutions sont trahies.

Le travail tue, le travail paie,Le temps s'achète au supermarché.

Le temps payé ne revient plusLa jeunesse meurt de temps perdu.

Les yeux faits pour l'amour d'aimerSont le reflet d'un monde d'objet.

Sans le rêve et sans realitéAux images nous sommes condamnés.

Les fusillés, les affamésViennent vers nous du fond du passé.Rien n'a changé mais tout commence

Et va mûrir dans la violence.

Tremblez repères de curésNids de marchands, de policiers,

Au vent qui sème la tempêteSe récoltent les jours de fête.

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

Les fusils vers nous dirigésContre les chefs vont se retourner.

Plus de dirigeants, plus d'étatPour profiter de nos combats.

La vie s'écoule, la vie s'enfuitLes jours défilent au pas de l'ennui.

Parti des rouges, parti des grisNos révolutions sont trahies.

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

Il est cinq heures

Jacques Le Glou / J.Lanzman-J.Dutronc Mai 1968

Les 403 sont renversées, La grève sauvage est générale Les ports finissent de brûler, Les enragés ouvrent le bal

Il est 5 h, Paris s'éveille, Paris s'éveille Les blousons noirs sont à l'affut

Lance-pierrs contre lacrymogènes Les flics tombent morts aux coins des rues

Nos petites filles deviennent des reines Il est 5 h, Paris s'éveille, Paris s'éveille

La tour Eiffeil a chaud aux pieds, L'arc de triomphe est renversé

La place vendôme n'est que fumée, Le Panthéon s'est dissipé

Il est 5 h, Paris s'éveille, Paris s'éveille Les maquisards sont dans les gares,

A Notre Dame on tranche le lard Paris retrouve ses fêtards,

Ses flambeurs et ses communards Il est 5 h, Paris s'éveille, Paris s'éveille

Toutes les centrales sont investies, Les bureaucrates exterminés

Les flics sont sans merci Pendus à la tripaille des curés.

Il est 5 h, Paris s'éveille, Paris s'éveille

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

Le vieux monde va disparaitre, Après Paris le monde entier

Les ouvriers sans dieux, sans maîtres, Autogestionnent la cité Il est 5 h, Paris s'éveille,

Le nouveau monde s'éveille Il est 5 h,

Et n'auront jamais sommeil

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

Chanson du CMDO"Conseil pour le Maintien Des Occupations"

Alice Becker-Ho / Louis Aragon-Jacques Douai Mai 1968

«Au carrefour de la rue des Écoles et du boulevard Saint-Michel, un chanteur anonyme tient cercle. Il a affiché sur un mur le texte d’une chanson spécialement écrite sur les événements récents. “Des fusils par centaines, des canons par milliers” dit le refrain. Comme d’autres événements plus tragiques, tout cela finira-t-il par des chansons chantées à chaque carrefour ?»

France-Soir, 15 juin 1968.

Rue Gay-Lussac, les rebelles N'ont qu'les voitures à brûler.

Que vouliez vous donc, la belle, Qu'est ce donc que vous vouliez ?

Refrain : Des canons par centaines,

Des fusils par milliers, Des cons, des fusils,

Par centaines et par milliers Dites moi comment s'appelle Ce jeu-là que vous jouiez ? La règle en parait nouvelle, Quel jeu, quel jeu singulier !

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

Refrain La révolution, la belle,

Est le jeu que vous disiez. Elle se joue dans les ruelles, Elle se joue grâce aux pavés.

Refrain Le vieux monde et ses séquelles,

Nous voulons les balayer. Il s'agit d'être cruel,

Mort aux flics et aux curés. Refrain

Ils nous lancent comme grêle Grenades et gaz chlorés;

Nous ne trouvons que des pelles, Des couteaux pour nous armer.

Refrain Mes pauvres enfants dit-elle,

Mes jolis barricadiers, Mon coeur, mon coeur en chancelle

Je n'ai rien à vous donner. Refrain

Si j'ai foi dans ma querelle Je n'crains pas les policiers. Il faut qu'elle devienne celle

Des camarades ouvriers. Refrain

Le Gaullisme est un bordel, Personne n'en peut plus douter. Les bureaucrat's aux poubelles,

Sans eux on aurait gagné. Refrain

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

Rue Gay-Lussac, les rebelles N'ont qu'les voitures à brûler.

Que vouliez vous donc, la belle, Qu'est ce donc que vous vouliez ?

Refrain

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

En mai 1968, c’est une nouvelle époque qui s’ouvre pour la révolution, non seulement en France, mais dans le monde entier. Le courant le plus extrémiste, et le plus représentatif sans doute du nouveau mouvement prolétarien qui prend forme dès ce moment-là, est constitué par les Enragés de Nanterre, l’Internationale situationniste et d’autres travailleurs conseillistes, qui ensemble, dominent l’espèce de soviet de la Sorbonne et appellent à l’occupation de toutes les entreprises et à l’expropriation du capital privé et bureaucratique. Cette avant-garde, réunie dans le Conseil pour le maintien des occupations, se battra sur tous les terrains jusqu’au recul provisoire du mouvement. La Chanson du C.M.D.O., contrairement à la très grande majorité des chansons révolutionnaires, écrites plus ou moins longtemps après les événements qui les inspirent, date des jours qui suivent la bataille sur les barricades de la rue Gay-Lussac, et a été efectivement chantée par les groupes d’intervention du C.M.D.O. dans les combats de rue immédiatement ultérieurs, reproduite sur-le-champ et popularisée par ce baptême du feu. Dans cette chanson on voit apparaître le nouvel ennemi historique du prolétariat, les bureaucrates ; qui désormais seront évoqués dans presque toutes les chansons suivantes. Il est intéressant de noter que des historiens ont pu relever, au moins en ce qui concerne un des couplets, une nette parenté de cette chanson avec celle des spartakistes écrasés à Berlin, en janvier 1919, par les troupes du social-démocrate Noske (La Chanson de Büxenstein). Ce n’est pas sans émotion que peuvent l’entendre ceux qui se sont battus sur les barricades de rue Gay-Lussac.

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

La Mitraillette

Jacques Le Glou / Pierre Barouh-Francis Lai Musique : "La bicyclette" - 1969

Déjà la mère à la maison Nous criait vivez vos passions,

Par la fenêtre Et j'appelais tous les copains, Les petites filles des voisins

Pour aller tenir dans nos mains, La mitraillette

C'était celle d'un très vieux cousin Qu'avait rougi du stalinien,

Dans l'Espagne en fête Faut dire qu'les syndicats bordel,

Nous pourchassaient dans les ruelles, Rien qu'à nos têtes

On était déjà les rebelles Qui remplissions toutes les poubelles

Des idées anciennes et nouvelles, Sans mitraillettes

Curés, salauds, patrons pêle-mêle Vous n'aurez pas longtemps vie belle,

Viendra la fête Y aura le jeu du plus cruel

On empaillera le flic modèle Pour que plus tard on se rappelle,

Leur drôle de tête

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

Faut dire qu'on y mettra du coeur Les pétroleuses étaient nos soeurs,

Vienne la tempête Makhno Villa et Durruti Ont déjà su manier l'outil Qui fait revivre la poésie,

La mitraillette On en r'filera même à Bonnot

Pour qu'il revienne dans son auto, Trancher des têtes

Et l'on verra cette société Spectaculaire assassinée

Par les soviets du monde entier, A coups de mitraillettes

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

Les bureaucrates se ramassent à la pelle

Jacques Le Glou / J.Prevert-J.Kosma- 1973

Oh, je voudrais tant que tout ça devienne Des jours heureux, et la misère finie.

Mais maintenant nous sommes des rebelles, Et l'on peut voir, dans le monde, aujourd'hui :

Les bureaucrates se ramassent à la pelle, Tu vois, ça pourrait foutrement bien changer,

Les bureaucrates se ramassent à la pelle, Leurs syndicats et leurs partis aussi.

Et la grève sauvage les emporte, Avec le pouvoir qui les suit. Tu vois, il faut s'organiser

Pour ne plus jamais travailler. C'est une pratique qui nous rassemble,

J'les assassine En Argentine.

Nous survisons tous deux ensemble, Tu les fous en l'air

Sur le port d'Anvers. Mais le crime rapproche ceux qui baisent,

Tout doucement, en faisant du bruit. Et le temps ne saurait effacer Le pas des amants tous unis.

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

Tu vois, il faut s'organiser Pour ne plus jamais travailler…

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Appendice

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

Chanson des barricades de Paris (Sur une chanson de la Fronde : Six vendeuses de poisson…)

Chanson inédite écrite en mai 68

Des situs et Enragés,Sur un vieil air, ont chantéNos barricades dernières.

Laire la, laire lanlaire,Laire la, laire lanla.

Alors qu’ensemble, ils buvaient,L’un à l’autre se disaient :

Parlons un peu d’nos affaires.

Laire la…

Un camarad’ de BruxellesDisait que René Riesel

Nous était fort nécessaire.

Laire la…

Pour le peuple colérer,Fut en prison emmené ;

Mais il n’y demeura guère.

Laire la…

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

Les étudiants attroupésSaisissaient tous des pavés,Pris d’une fureur guerrière.

Laire la…

Les C.R.S., effrayésDe se voir si bien traités,

En tombaient le cul par terre.

Laire la…

En sept autres jours de jeuOn porta partout le feu

Qui avait pris à Nanterre.

Laire la…

Vers Gay-Lussac le quartier,Fortement barricadé,

Fut aux mains des libertaires.

Laire la…

Pompidou, qui voyageait,Revint, et dit qu’il cédait

À nos universitaires.

Laire la…

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

Mais dans la Sorbonne à nous,On cassa et changea tout

En l’ouvrant aux prolétaires .

Laire la…

C’est là qu’il y eut ce bonComité d’occupation ,

Entre tous si exemplaire,

Laire la…

Appelant les ouvriersD’usin’s à les enlever

À tous leurs propriétaires.

Laire la…

Il fut si bien justifiéQu’un mouvement spontanéEmporta la France entière.

Laire la…

La grève sauvage a prisUn tel tour que chacun vit

L’aube révolutionnaire.

Laire la…

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

Le Capital aux aboisNe tenait plus, cette fois,

Qu’à ses derniers mercenaires :

Laire la…

Les syndicats staliniens,Socialistes ou chrétiens,

Et d’incertains militaires.

Laire la…

Ce que l’on a fait iciSera fait en tout pays,

De Russie en Angleterre.

Laire la…

Puis Mustapha KhayatiÀ son tout parla, et dit

Qu’une chose était fort claire :

Laire la…

Les bureaucrates rivauxGauchistes sont à vau-l’eau,

Du maoïsme à la FER.

Laire la…

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

On sait qu’ils n’ont rien compris,Ni oublié ni appris,

Tous criaillant en arrière.

Laire la…

Le camarade ViénetDit qu’il n’y eut rien qu’il n’ait

Annoncé à sa manière :

Laire la…

Sa notule a exposéLes moyens pour renverserLa phrase spectaculaire.

Laire la…

Et depuis, Sébastiani,Sur tous les murs de Paris,Écrivait ce qu’il faut faire.

Laire la…

Sur bon nombre de tableauxOn voit tracés les plus beaux

Mots d’ordre de la colère.

Laire la, laire lanlaire,Laire la, laire lanla.

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

La Commune n'est pas morte (Sur l’air de la chanson d’Eugène Pottier)

Juin 1968

Aux barricad’s de Gay-Lussac,Les Enragés en tête,

Nous avons déclenché l’attaque :Ah, foutre-dieu, quelle fête !On jouissait dans les pavés

En voyant le vieux monde flamber.

Refrain :Tout ça a prouvé, Carmela,

Qu’ la Commune n’est pas morte (bis).

Pour s’éclairer, les combattantsFoutaient l’ feu aux bagnoles :

Une allumette, et en avant,Poésie du pétrole.

Et fallait voir les C.R.S.Se faire griller les fesses !

Au refrain

Les blousons noirs politisésOnt saisi la Sorbonne.

Pour contester et pour briser,

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

Ils ne craignaient personne.La théorie s’ réalisant,

On a pillé les commerçants.

Au refrain

Ce que tu produis t’appartient,Y a qu’ les patrons qui volent.

Te faire payer au magasin,C’est se foutr’ de ta fiole.

En attendant d’ s’autogérerOn f’ra la critiqu’ du pavé.

Au refrain

Tous les partis, les syndicats,Et leur bureaucratie,

Oppriment le prolétariat,Autant qu’ la bourgeoisie.Contre l’État et ses alliés,

Formons des conseils ouvriers.

Au refrain

Le Conseil pour l’occupationCrachait sur les trotskistes,Les maoïst’s et autres cons,

Exploiteurs de grévistes.À la prochain’ ça va saigner

Pour les enn’mis d’ la liberté.

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Chansons du prolétariat révolutionnaire

Au refrain

Maintenant que les insurgésRetourn’nt à la survie,

À l’ennui, au travail forcé,Aux idéologies,

Nous sèmerons pour le plaisirD’autres fleurs de mai à cueillir.

Final :

Tout ça pour prouver, Carmela,Qu’ la Commune n’est pas morte (bis).

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