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Grand-Duché de Luxembourg Ministère d'État Bulletin de documentation SOMMAIRE La visite d'Etat de Leurs Altesses Royales le Grand-Duc et la Grande-Duchesse au Danemark 1 La célébration de la Journée de Commémoration Nationale 4 L'ouverture de la session parlementaire 1988-1989 5 La 53e Foire Internationale de Luxembourg 8 L'inauguration de l'Ambassade de Luxembourg en Espagne.... 13 Remise des Médailles d'Or Jean Monnet à Lausanne 16 Inauguration de l'exposition commémorant le centenaire de la naissance de Jean Monnet 19 Visite à Luxembourg de Monsieur George Vassiliou, Prési- dent de la République de Chypre 22 Visite officielle à Luxembourg de Monsieur Franz Vranitzky, Chancelier Fédéral de la République d'Autriche 24 Visite officielle à Luxembourg de Monsieur Manfred Wörner, Secrétaire général de l'OTAN 25 Mission économique luxembourgeoise en Grande-Bretagne... 26 Europa 1992 - neue Dimensionen der Zusammenarbeit in der Saar-Lor-Lux-Region 28 Service Information et Presse Luxembourg - 10, boulevard Roosevelt

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Page 1: Bulletin de documentation - gouvernement...Grand-Duché de Luxembourg Ministère d'État Bulletin de documentation SOMMAIRE La visite d'Etat de Leurs Altesses Royales le Grand-Duc

Grand-Duché de LuxembourgMinistère d'État

Bulletindedocumentation

SOMMAIRELa visite d'Etat de Leurs Altesses Royales le Grand-Duc

et la Grande-Duchesse au Danemark 1La célébration de la Journée de Commémoration Nationale 4L'ouverture de la session parlementaire 1988-1989 5La 53e Foire Internationale de Luxembourg 8L'inauguration de l'Ambassade de Luxembourg en Espagne.... 13Remise des Médailles d'Or Jean Monnet à Lausanne 16Inauguration de l'exposition commémorant le centenaire de la

naissance de Jean Monnet 19Visite à Luxembourg de Monsieur George Vassiliou, Prési-

dent de la République de Chypre 22Visite officielle à Luxembourg de Monsieur Franz Vranitzky,

Chancelier Fédéral de la République d'Autriche 24Visite officielle à Luxembourg de Monsieur Manfred Wörner,

Secrétaire général de l'OTAN 25Mission économique luxembourgeoise en Grande-Bretagne... 26Europa 1992 - neue Dimensionen der Zusammenarbeit in der

Saar-Lor-Lux-Region 28

Service Information et PresseLuxembourg - 10, boulevard Roosevelt

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La visite d'Etat de Leurs Altesses Royales leGrand-Duc et la Grande-Duchesse au Danemark

Répondant à l'invitation de Sa Majesté la Reine deDanemark, Leurs Altesses Royales le Grand-Duc et laGrande-Duchesse s sont rendues en visite d'Etat auDanemark du 19 au 21 octobre 1988.

Dans la matinée du 19 octobre, Leurs Altesses Royalesprirent congé des personnalités présentes à l'aéroportdu Findel à l'occasion de la cérémonie de départ, àsavoir: Monsieur Léon Bollendorff, Président de laChambre des Députés, Monsieur Jacques Santer, Pré-sident du Gouvernement, Monsieur Benny Berg, Mi-nistre de la Sécurité Sociale, Monsieur Jean-ClaudeJuncker, Ministre du Travail, Monsieur MarcelSchlechter, Ministre des Transports, Monsieur MarcFischbach, Ministre de la Force Publique, MonsieurJohny Lahure, Secrétaire d'Etat à l'Economie, Mon-sieur Robert Goebbels, Secrétaire d'Etat aux AffairesEtrangères, Monsieur Georges Thorn, Président duConseil d'Etat, Monsieur Prosper Jacques, Présidentde la Cour supérieure de Justice, Monsieur CamilleWampach, Procureur Général d'Etat, Madame LydieWurth-Polfer, Bourgmestre de la Ville de Luxembourg,le Colonel Armand Brück, Commandant de l'Armée,Monsieur Gilbert Meyer, Directeur de l'Aéroport,Monsieur Jo Meyers, Echevin de la Commune de Nie-deranven.

La suite officielle de Leurs Altesses Royales le Grand-Duc et la Grande-Duchesse se composait notammentde Monsieur Jacques F. Poos, Vice-Président du Gou-vernement, Ministre des Affaires Etrangères, du Com-merce Extérieur et de la Coopération, et de MadamePoos, de Monsieur Roger Hastert, Maréchal de la Cour,Monsieur Adrien Meisch, Ambassadeur du Luxem-bourg, Madame Félix Meyers, Dame d'Honneur hono-raire, le Colonel honoraire Germain Frantz, Chambel-lan, Monsieur Jacques Loesch, Chambellan, MonsieurJean-Jacques Kasel, Directeur des Affaires politiqueset culturelles au Ministère des Affaires Etrangères,Monsieur André Claude, directeur du Service Informa-tion et Presse du Gouvernement, Monsieur JacquesReuter, Chef du Protocole au Ministère des AffairesEtrangères, Monsieur Ronald Mayer, directeur des re-lations économiques internationales et de la coopéra-tion au Ministère des Affaires Etrangères, le Lieute-nant-Colonel Egide Thein, Aide de Camp, le Lieute-nant-Colonel Léandre Mignon, Aide de Camp et Mon-sieur Claude May, Commissaire de la Cour.

Son Altesse Royale le Grand-Duc passa en revue undétachement de l'Armée et, après l'exécution de l'hym-ne national, Leurs Altesses Royales le Grand-Duc et laGrande-Duchesse montèrent à bord de l'avion spécialde la Luxair à destination de Copenhague.

A leur arrivée à l'aéroport de Copenhague, Leurs Altes-ses Royales furent accueillies par Sa Majesté la Reinede Danemark et Son Altesse Royale le Prince Consortainsi que les membres de la Maison Royale. Le Grand-

Duc et la Reine passèrent en revue le détachementd'honneur de la Garde Royale et après l'exécution deshymnes nationaux les Souverains luxembourgeoisfurent présentés aux personnalités danoises venues lesaccueillir à l'aéroport, à savoir: Son Altesse Royale laPrincesse Benedikte et Son Altesse le Prince Richardzu Sayn-Wittgenstein-Berleburg, Monsieur Poul Schlü-ter, Premier Ministre, Monsieur Uffe Ellemann-Jensen,Ministre des Affaires Etrangères, Monsieur H. P. Clau-sen, Ministre des Transports et de la Communication,l'Amiral S.E. Thiede, Chef de la Défense, MonsieurBent Nebelong, Président du conseil Municipal de laVille de Copenhague, Monsieur Egon Weidekamp,Maire de la Ville de Copenhague, Monsieur G. A.Lustrup, Préfet, Monsieur I. B. Boye, Directeur Géné-ral de la Police, Monsieur P. V. Eefsen, Préfet de Police,Monsieur G. F. K. Harhoff, Ambassadeur, MadameMarie-Louise Harhoff, Madame Suzanne Rubow, Con-seiller; Chargé d'Affaires a.i., Madame Marianne Boel,Dame d'Honneur, la Comtesse Grevinde Trampe, Da-me d'Honneur, Monsieur Niels Eilschou Holm, Cham-bellan, Chef de la Maison Civile, Monsieur Ulf Gabel-Jorgesen, Chambellan, Maître des Cérémonies, Mon-sieur H. Fogh-Andersen, Chambellan, Chef du Secré-tariat, le Colonel H. W. Gram, Chambellan, Chef de laMaison Militaire, Monsieur C. E. von Freisleben,Chambellan, chef du Secrétariat, le Capitaine de Vais-seau S. A. Kundby Nielsen, Chef de la Maison Navale,le Capitaine de Frégate P. Brockow, ADC, le Comman-dant L. Kock Nielsen, ADC, le Commandant E. H.Clausen, ADC, le Capitaine de Frégate H. Badstue,ADC, le Commandant P. Blokdal-Pedersen, ADC,Monsieur Adrien Meisch, Ambassadeur de Luxem-bourg et Madame Meisch, Monsieur Pierre-Louis Lo-renz, Secrétaire de Légation 1er en rang, Monsieur OleOlsen, Consul honoraire.

Accompagnées de Sa Majesté la Reine et de Son Al-tesse Royale le Prince Consort, Leurs Altesses Royalesse rendirent ensuite au Château de Fredensborg pourun déjeuner intime. De son côté, Monsieur Jacques F.Poos, Ministre des Affaires Etrangères, était l'hôte deMonsieur Uffe Ellemann-Jensen, Ministre des Affairesétrangères. En début d'après-midi les deux ministresdes affaires étrangères ont eu des entretiens politiques.

Dans l'après-midi Leurs Altesses Royales le Grand-Ducet la Grande-Duchesse, accompagnés de Sa Majestéla Reine, se sont rendus au Centre National de Re-cherche "Riso". Les hôtes y furent reçus par MonsieurHans Werdelin, Président du Conseil d'administration,et Monsieur Bjerrum Möller, Administrateur général.Plus tard dans l'après-midi Leurs Altesses Royales visi-tèrent à Roskilde le Musée des Nefs des Vikings en pré-sence de Monsieur Henrik Christiansen, Bourgmestrede Roskilde, et Monsieur Jan Skamby Madsen, direc-teur du musée.

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Dans la soirée un dîner fur offert en l'honneur de LeursAltesses Royales le Grand-Duc et la Grande-Duchesseau Château de Fredensborg par Sa Majesté la Reineet Son Altesse Royale le Prince Consort. A cette occa-sion des discours furent prononcés par Sa Majesté laReine et par Son Altesse Royale le Grand-Duc. Nousreproduisons ci-après le texte du discours de Son Altes-se Royale le Grand-Duc.

Discours de Son Altesse Royale leGrand-Duc

Majesté,

La Grande-Duchesse et moi sommes profondémenttouchés par les chaleureuses paroles que vous venezde prononcer.

Nous y voyons l'expression et la confirmation del'accueil cordial que vous et vos concitoyens nous avezréservé depuis notre arrivée sur le sol danois.

Soyez certaine, Majesté, que nous sommes heureux etfiers d'être pour quelques jours vos hôtes et de pou-voir ainsi apprendre à mieux connaître votre beau pays.

Puis-je ajouter que pour la Grande-Duchesse et pourmoi-même cette visite a en plus une dimension tout àfait personnelle, et cela en raison des liens de parenté etd'affection qui existent entre nos deux familles.

Majesté,

Les ressemblances entre le Danemark et le Luxem-bourg sont multiples. Façonnés par les mêmes vicissi-tudes au cours de leur longue et parfois déchirantehistoire, les épreuves subies par nos deux pays les ontimprégnés d'un inaltérable attachement à la liberté,à la démocratie, à l'égalité et à la justice sociale. Cesprincipes solennellement consacrés dans nos constitu-tions et fermement ancrés dans nos institutions con-stituent les bases solides de l'identité nationale de nosEtats.

Ce n'est donc pas un hasard, si le Danemark et le Lu-xembourg se retrouvent à présent côte à côte pour dé-fendre des intérêts et des objectifs communs. Soucieuxde préserver leur souveraineté dans la liberté, nos paysont en effet dès la fin de la 2e guerre mondiale scelléleur destin au sein de l'Alliance Atlantique.

Aujourd'hui encore, le Luxembourg adhère sans réser-ve à la doctrine de cette Alliance qui a fait son succès,depuis bientôt quarante années. Le caractère dissua-sif de ses forces et sa disponibilité constante au dialoguenous paraissent en effet rester, pour l'avenir, des condi-tions nécessaires pour la réalisation de nos objectifsdans le domaine du désarmement.

Nonobstant la modestie de nos moyens, je me réjouisdu fait que la composante luxembourgeoise de l'AlliedMobile Force participe régulièrement, avec les payspartenaires, à des exercices d'entraînement sur le soldanois.

Sur le plan économique, mon pays s'est décidé réso-lument au moment de sa reconstruction, en faveur del'intégration européenne.

Quant au Danemark, même s'il a joint la CommunautéEuropéenne plus tard, je me plais à relever que voici12 mois à peine, les dossiers européens se trouvaientdans ses mains habiles et expérimentées. Sans le granddévouement de M. le Premier Ministre, de M. le Minis-tre des Affaires Etrangères et de leurs collaborateurs,la voie pour les décisions importantes intervenues audébut de cette année n'aurait pas été ouverte.

Le fait que l'adhésion du Danemark à la Communautéfasse à présent l'objet d'un consensus des grandes famil-les politiques de votre pays, constitue certainement unrenforcement notable de la politique poursuivie par lesDouze.

Quoi de plus naturel. Le Luxembourg et le Danemarkne peuvent en effet réaliser leur sécurité, comme leurprospérité économique que dans un espace élargi quiva au-delà de leurs frontières. La grande ambitiond'une Europe intégrée répond à cette nécessité. Vousdevinez dès lors notre fervent attachement au déve-loppement de cette Communauté dont nous héber-geons depuis sa création un certain nombre d'institu-tions.

Notre profession de foi pour l'Europe n'est cependantni aveugle, ni inconditionnelle. Aussi les péripéties dumoment m'obligent-elles à préciser les réflexions quiinspirent l'action du Gouvernement luxembourgeoisau regard de certaines échéances européennes.

Le processus vers l'union de nos peuples n'a de chanced'aboutir que dans le respect de leurs libertés propreset dans la préservation et la reconnaissance de leursintérêts communs.

La démocratie, notre bien le plus précieux, trouve sabase dans des principes et les règles destinés à respecterl'individualité et à garantir la diversité, même dans sesexpressions minoritaires. En conséquence la Commu-nauté européenne ne saurait se réduire à la loi de laseule majorité. Elle doit nécessairement respecter ledroit à l'existence et à l'expression de tous ses membresen tenant compte des particularités et des capacitésde chaque pays.

Voilà les conditions nécessaires pour que le processusd'intégration engagé, ilyaplusde36 ans à Luxembourg,demeure une source d'espoir pour tous les pays de notreCommunauté.

Sur le plan des relations économiques et commercialesentre le Danemark et le Luxembourg, notre apparte-nance commune à la Communauté a permis une pro-gression rapide de nos échanges. Depuis quelques an-nées nos capitales sont reliées par une ligne aérienne di-recte. Des liens importants se sont tissés entre la placefinancière luxembourgeoise et le réseau bancairedanois.

Aussi sommes-nous heureux de pouvoir accueillir cheznous un nombre croissant de Vos sujets. Beaucoupd'eux travaillent au siège des institutions européennes,alors que d'autres ont un emploi dans le secteur bancai-re.

Nous nous réjouissons de ce développement qui se tra-duit également par un rapprochement culturel entre

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nos deux pays. Grâce à une meilleure connaissance denotre héritage culturel commun, l'Europe commenceen effet à porter sur elle-même un regard nouveau dé-passant par là les innombrables marathons agricoleset les harassantes querelles budgétaires.

Majesté,

Je formule ce soir le voeu que nos liens anciens etnouveaux puissent se développer encore davantage etcela dans le plus grand intérêt de nos deux pays ainsique dans l'intérêt de l'Europe.

Je lève mon verre en l'honneur de Sa Majesté la Reine,de Son Altesse Royale le Prince Consort, de la FamilleRoyale et au bonheur du peuple danois.

La deuxième journée de la visite d'Etat au Danemarkdébuta par un dépôt de fleurs au Mémorial Park de Min-delunden à Copenhague par Leurs Altesses Royales leGrand-Duc et la Grande-Duchesse. A leur arrivée àMindelunden, Leurs Altesses Royales furent accueilliespar Monsieur Torben Rechendorff, Ministre des affairesecclésiastiques. Le Grand-Duc, accompagné du Lieute-nant-Colonel J.D. Thomsen, chef adjoint de la Régionmilitaire VI, passa en revue un détachement d'honneur.Après le dépôt de fleurs, les représentants des AnciensCombattants et de la Résistance furent présentés àLeurs Altesses Royales le Grand-Duc et la Grande-Duchesse.

Du Château d'Amalienborg, Leurs Altesses Royalesle Grand-Duc et la Grande-Duchesse, accompagnésde Sa Majesté la Reine et de Son Altesse Royale lePrince Consort, se rendirent en carosse à l'Hôtel deVille de Copenhague. Le Cortège fut escorté par unescadron du Régiment des Hussards de la Garde. De-vant l'Hôtel de Ville les hôtes furent accueillis parMonsieur Bernt Nebelong, Président du Conseil Muni-cipal, et Monsieur Egon Weidekamp, Maire de la Villede Copenhague. Des discours furent prononcés lorsde la réception à l'Hôtel de Ville par Monsieur BerntNebelong, Président du Conseil Municipal, et par SonAltesse Royale le Grand-Duc. Nous reproduisons ci-après le texte du discours de Son Altesse Royale leGrand-Duc.

Discours de Son Altesse Royale leGrand-Duc

HerrOverborgmester,

On behalf of the Grand Duchess and myself, I wouldlike to express our gratitude for your kind and warmwords of welcome.

We are particulary happy to have the opportunity tobe in the presence of Her Majesty, your guests in thishistoric building, the heart of Copenhagen.

For many centuries, both the Cities of Copenhagenand Luxembourg have been at the crossroads of tradeand business, but unfortunately also of conflicting na-tional interests and ambitions.

But I would rather not linger on things that happenedin the past, or compare - as interesting as it may be -the history of our respective cities.

Today my main purpose is to tell you how much weappreciate the fact, that - since Denmark joined theEuropean Community - our bilateral relations havebeen developing steadly and strongly.

I am pleased to state that the ever growing DanishCommunity in Luxembourg has largely contributed toa better understanding between our two nations.

At present more than 1.400 Danish citizens are livingin the Grand Duchy of Luxembourg. Most of themare working at the European institutions which havetheir seat in our capital.

We feel honoured to host your compatriotes and toshare with them not only their pragmatic optimismebut also their honest and uncomplicated philosophyoflife.

For us their presence is an important contribution to thedevelopment of a true community of European nationswe are striving to achieve. Today, about thirty percentof Luxembourg's residents have come from abroad.

Nevertheless we have been happy enough not only toensure our prosperity, but also to preserve our nationalidentity.

I wanted to share with you this experience, which, inmy view, proves that the free circulation and establish-ment of citizens of the European Community is in thebest interest of our countries, preserving nonethelessour national identity.

May this become an European experience for us all.

Herr Overborgmester,Your Majesty,Excellencies,Ladies and Gentlemen,

The Grand Duchess and myself will cherish the memo-ries and the impressions we have encountered duringour visit to your beautiful city.

Let me convey to you all and to the people of Copen-hagen our sincere feelings of friendship and gratitudefor the kind hospitality we met here.

Après le déjeuner au "Jagtslottet Eremitagen", le pro-gramme prévoyait la visite de la manufacture de por-celaine "Royal Copenhagen". Leurs Altesses Royalesle Grand-Duc et la Grande-Duchesse se rendirent en-suite à la Bourse de Copenhague où eut lieu une ré-ception offerte par le Ministre des Affaires Etrangèresluxembourgeois en présence de nombreuses personna-lités danoises du monde du commerce et de l'industrie.

Dans la soirée un dîner fut offert en l'honneur de SaMajesté la Reine et de Son Altesse Royale le Prince

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Consort par Leurs Altesses Royales le Grand-Duc etla Grande-Duchesse au Château Kronborg. Avant le dî-ner, un concert par l'organiste luxembourgeois CarloHommel eut lieu à la chapelle du château.

Dans la matinée du 21 octobre, après avoir rendu visiteà Sa Majesté la Reine Ingrid à Kancellihuset, le Grand-

Duc et la Grande-Duchesse se rendirent à l'aéroportmilitaire de Vaerlose où eut lieu la cérémonie de dé-part. Après avoir pris congé de Sa Majesté la Reineet de Son Altesse Royale le Prince Consort, le Grand-Duc et la Grande-Duchesse montèrent à bord de l'avionspécial qui décolla peu après à destination de Luxem-bourg.

La célébration de la Journée de CommémorationNationale à Luxembourg

Le 9 octobre 1988 a été célébrée à Luxembourg la Jour-née de Commémoration Nationale. A cette occasionle Gouvernement a publié une proclamation dont nous

reproduisons ci-après le texte en français et en luxem-bourgeois.

PROCLAMATION DU GOUVERNEMENT ÀL'OCCASION DE LA JOURNÉE DE COMMÉMO-RATION NATIONALE

Les cérémonies du dimanche 9 octobre 1988 sont appe-lées à ranimer le souvenir des événements qui ontdurement frappés notre pays pendant les années som-bres de la deuxième guerre mondiale.

Les générations actuelles s'inclinent devant leurs aînésvictimes civiles et militaires qui ont payé de leur vie lecombat pour la liberté contre le nazisme. Elles n'ou-blient pas le courage des résistants et les souffrancesendurées par les prisonniers politiques, les déportéset les enrôlés de force.

C'est pendant ces années de détresse que notre paysa eu l'occasion d'affirmer son identité. Grâce à l'atti-tude combative de la population la survie politiquede notre Etat apu être garantie. Notre gratitude s'adresseà toutes les personnes qui ont pris le risque de s'oppo-ser à la force pour faire triompher le droit.

Luxembourg, le 9 octobre 1988

Les Membres du Gouvernement

Jacques SANTERJacques F. POOSBenny BERGRobert KRIEPSFernand BODENJean SPAUTZJean-Claude JUNCKERMarcel SCHLECHTERMarc FISCHBACHJohny LAHURERené STEICHENRobert GOEBBELS

PROKLAMATIOUN VUN DER REGÉIRUNGFIR DEN NATIONALE COMMÉMORATIOUNS-DAG

Eis Commémoratiouns-Feier vum9. Oktober 1988, solld'Erënnerung un all dat waakrech halen, wat an deenendäischtere Jore vum Zweete Weltkrich iwer eist Landeragebrach war.

Déi Generatioune vun haut vernäipe sech vrun denZivil- a Militair-Affer, déi hirt Liewe fir d'Fräiheet ageint den Nazismus gin hun. Si loossen de Courage vunde Resistenz-Leit an d'Leed vun de politische Prison-néier, den Deportéierten an Zwangsrekrutéierten netan de Vergiess geroden.

Just an dëse battere Joeren hat eist Land d'Gelëenheet,fir séng Identiteit ënner Bewäis ze stellen. D'Garantie,datt eise Staat politesch könnt iwerliewen, hu mir demFräiheets-Geescht vun der Populatioun aus deene Joe-ren ze verdanken. Dofir och haut eise Merci un all déi,déi sech géint d'Gewalt gewiert hun, fir datt d'Rechtséng Plaz soll behalen.

Lëtzebuerg, den 9. Oktober 1988

d'Mêmbre vun der Regéirung

Jacques SANTERJacques F. POOSBenny BERGRobert KRIEPSFernand BODENJean SPAUTZJean-Claude JUNCKERMarcel SCHLECHTERMarc FISCHBACHJohny LAHURERené STEICHENRobert GOEBBELS

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Les cérémonies de la Journée de Commémoration Na-tionale débutèrent à Luxembourg par un service reli-gieux célébré par l'archevêque de Luxembourg, Mon-seigneur Jean Hengen, en la cathédrale de Luxembourg,en présence de Son Altesse Royale le Grand-Duc ainsique de nombreuses personnalités. L'encadrementmusical du service religieux était assuré par la maîtrisede la cathédrale, sous la direction de Monsieur l'AbbéRené Ponchelet, avec aux orgues Monsieur Carlo Ho-mel. Après le service religieux, une cérémonie s'estdéroulée devant le Monument National de la SolidaritéLuxembourgeoise en présence de Son Altesse Royalele Grand-Duc ainsi que des membres du Corps diplo-matique, des autorités du pays, du Comité de la Flamme,du Conseil National de la Résistance, des délégationset porte-drapeau des associations des Anciens Com-battants, des groupements de la Résistance et des En-rôlés de Force. Le Grand-Duc, accompagné de Mon-sieur Jacques Santer, Président du Gouvernement, et deMonsieur Marc Fischbach, Ministre de la Force Publi-que, passa en revue un détachement de l'Armée avantde déposer une couronne de fleurs devant le monumentet de ranimer la Flamme du Souvenir. Une deuxièmecérémonie s'est déroulée devant le Monument du Sou-venir (Gëlle Fra) à la Place de la Constitution où des

couronnes de fleurs furent déposées par Monsieur MarcFischbach, Ministre de la Force Publique, et par Mada-me Lydie Wurth-Polfer, bourgmestre de la Ville de Lu-xembourg. Une autre cérémonie eut lieu devant laCroix de Hinzert au cimetière Notre-Dame à Luxem-bourg. Après la bénédiction de la Tombe par le VicaireGénéral Mathias Schütz, des fleurs y furent déposéespar Monsieur Léon Bollendorff, Président de la Cham-bre des Députés, par Monsieur Jacques Santer, Prési-dent du Gouvernement, et Monsieur Robert Krieps,Ministre de la Justice, par Madame Lydie Wurth-Polfer,Bourgmestre, et Monsieur Pierre Frieden, Echevin de laVille de Luxembourg, ainsi que par les représentantsdu Conseil National de la Résistance, des Mouvementsde la Résistance et des associations patriotiques. Versmidi, une dernière cérémonie eut lieu devant le Monu-ment de la Déportation Civile et Militaire à la gare deHollerich, où des couronnes de fleurs furent déposéespar Monsieur Johny Lahure, Secrétaire d'Etat à l'Econo-mie, au nom du gouvernement, par Monsieur PierreFrieden, Madame Anne Brasseur et Monsieur Jean-Paul Rippinger, Echevins, au nom de la Municipalitéde Luxembourg, et par Monsieur Jos. Weirich, prési-dent de la Fédération des Victimes du Nazisme Enrô-lées de Force.

L'ouverture de la session parlementaire1988-1989

La séance d'ouverture de la session ordinaire 1988-1989de la Chambre des Députés a eu lieu le 11 octobre1988, conformément à l'article 72 de la Constitutionet à l'article 1er du règlement de la Chambre des Dé-putés.

La séance débuta sous la présidence du doyen d'âge,Monsieur Jean-Pierre Urwald, avec comme secrétairesles plus jeunes députés, Monsieur Michel Wolter etMonsieur Alex Bodry. En vertu des pouvoirs qui luifurent conférés par Son Altesse Royale le Grand-Duc,Monsieur Jacques Santer, Président du Gouvernement,Ministre d'Etat, déclara close la session ordinaire de1987-1988 qui avait été ouverte le 13 octobre 1987, etdéclara ouverte la session ordinaire 1988-1989.

Après le discours du doyen d'âge, la Chambre procé-da à l'élection de son bureau, dont voici la composition:Monsieur Léon Bollendorff, président; Monsieur RenéHengel, Monsieur Carlo Meintz et Monsieur EdouardJuncker, vice-présidents; Monsieur Maurice Thoss,Monsieur Pol Wagener, Monsieur Ben Fayot, MonsieurFrançois Colling et Madame Colette Flesch, membresdu bureau; Monsieur Guillaume Wagener, Greffier, etMonsieur Pierre Dillenburg, greffier adjoint.

Voici le texte de l'allocution prononcée par MonsieurLéon Bollendorff, Président de la Chambre des Dépu-tés, à l'occasion de l'ouverture de la session parlemen-taire 1988-1989.

Allocution de M. Léon BollendorffPrésident élu

Mesdames, Messieurs, chers collègues,

Voilà que nous entamons, pleins d'entrain et d'ardeurjel'espère, la dernière session de la présente législature.C'est pour moi un honneur de pouvoir la présider grâceà la confiance que vous venez de me témoigner une foisde plus, pour la dixième fois. Croyez que je suis pleine-ment conscient de la responsabilité qui m'incombe ain-si.

Aussi, essaierai-je, avec votre collaboration, de menerla barque à bon port, avec le vent en poupe pour progres-ser dans la bonne direction mais en évitant, autant quepossible, les fortes vagues, qui produisent beaucoupd'écume et de bruit, mais s'écrasent et s'aplanissentaussitôt, après les sursauts de saltimbanques, pour dis-paraître sans traces durables dans l'infini des eaux.

Non, nous voulons, une fois de plus, faire du bon tra-vail et laisser de notre activité au sein de l'institutionparlementaire une trace visible par ses dimensions etdurable par sa profondeur.

Vos paroles, Monsieur le Doyen d'âge, nous ont en-gagés dans le même sens. Merci de tout coeur, cher

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Monsieur Urwald, de nous avoir prodigué vos précieuxconseils. En bon "pater familias" vous venez de vousacquitter pour la 1 lème fois - et c'est un fait remarqua-ble - avec une rare assurance et beaucoup de bon sensde votre vénérable fonction de Doyen d'âge, dans laquel-le vous êtes assisté efficacement par nos deux plus jeu-nes collègues.

Il n'y a aucun doute qu'au cours de la session qui vient des'achever, la Chambre des Députés - une Constituante,il me plait de vous le rappeler - a fait du bon travaillégislatif. Je l'ai souligné et précisé lors d'une récenteconférence de presse. D'autres projets de loi importantsdevront être examinés, discutés et évacués au cours dela session 88/89 qui, en raison des élections législativeset européennes fixées au 18 juin prochain, s'achèveraplus tôt que d'habitude. Au cours des quelques moisqui nous séparent de la campagne électorale propre-ment dite, d'importantes réformes restent à réaliserdans les secteurs scolaire, social, de la santé et de la pro-tection de l'environnement, pour ne mentionner queceux-là! Nous n'avons donc pas de temps à perdre!

1989 sera une année marquée par d'importants anniver-saires sur le plan national, parmi lesquels je ne citeraique le centcinquantenaire de l'indépendance du payset les 25 ans de règne de S. A. R. le Grand-Duc, événe-ment qui sera marqué - en novembre 1989 - par uneséance solennelle dans cette enceinte.

Sur le plan international, le Luxembourg continue àassumer avec fierté et engagement son rôle de membreà part entière des grandes organisations dont il fait par-tie.

Au niveau européen, il reste fidèle à son enthousias-me de la première heure et envisage avec une prudenteconfiance l'horizon 1992.

Cet esprit de communauté doit également prévaloir àl'intérieur du pays. En partageant les responsabilités eten assurant une collaboration constructive entre l'exe-cutif et le législatif, en échangeant nos idées, en travail-lant ensemble, majorité et opposition, sans exclure per-sonne et en incluant chacun, nous construirons un ave-nir digne de ceux qui nous ont préparé la voie et con-forme aux aspirations de ceux auxquels nous seronsappelés à passer un jour le flambeau.

Le moment est venu de prendre davantage consciencedes défis auxquels doit faire face le pays. L'avalanche dedrogues qui se déverse sur le monde et qui empoisonnesurtout les jeunes ne s'arrête pas à nos frontières, nid'ailleurs la progression d'une maladie - le Sida - qui,de calamité risque de devenir, à l'échelle mondiale, unvéritable fléau.

L'hécatombe qui a ensanglanté nos routes au cours desderniers mois - enlevant un trop grand nombre de con-citoyens dans la fleur d'âge - nous incite à renforcer defaçon draconienne la lutte contre l'alcool au volant etles excès de vitesse démesurés qui en résultent tropsouvent. Le pire, c'est que les conducteurs irresponsa-bles, enfreignant les règles les plus élémentaires du codede la route, constituent en plus une grave menace pourles autres usagers de la voie publique. Woody Allenvient de dire avec beaucoup de pertinence: "L'intelli-

gence au volant, c'est de lever le pied avant de devenirune triste statistique!"

Il me paraît inutile de vous rappeler la misère qui con-tinue àprédominerdans de nombreuses parties du mon-de - et même chez nous, bien que dans une moindremesure - et qui nous incite à continuer le dialogue entrele Nord et le Sud, entre les pays nantis et ceux en voiede développement.

La paix mondiale a connu récemment - et heureuse-ment - une évolution qui nous incite à de grands espoirset à un renforcement des contacts entre l'Ouest et l'Est.Les conflits, les oppressions, la guerre froide continuentnéanmoins à sévir en de trop nombreux endroits. Nouscommémorerons en décembre prochain, ici même, le40e anniversaire de la Déclaration Universelle desDroits de l'Homme. Si des progrès sensibles ont puêtre réalisés depuis 1948 en matière de respect des droitset libertés fondamentaux, il subsiste dans le monded'aujourd'hui une contradiction si flagrante entre la nor-me et la réalité, entre les principes et la pratique, qu'ellerévolte tout homme conscient et responsable.

Nous, les parlementaires, par la nature même de notrefonction, pouvons jouer un rôle important et effectifdans la protection et la promotion des droits de l'hom-me. Nos collègues qui représentent la Chambre dansles institutions parlementaires internationales le saventet s'y appliquent avec beaucoup d'engagement. Et cequi est vrai au plan international, l'est à plus forteraison à l'intérieur de nos frontières où le bien-être dechacun, dans la liberté et le respect de ses droits, doitêtre notre souci majeur. Nous devons toujours êtreprêts à défendre notre liberté et à oeuvrer ensemble envue de créer pour tous de nouvelles possibilités pour unevie digne d'être vécue.

Tout en assumant notre mission sous cet angle de vue,nous ne devons jamais oublier que notre plus grandeforce vient non pas de ce que nous prétendons être, maisde ce que nous sommes. Pour pouvoir remplir notretâche, en conformité avec son importance et sa variété,il est indispensable que la Chambre, ses membres, sonGreffe, ses groupes parlementaires soient mis en mesu-re de travailler dans des conditions appropriées, répon-dant aux critères élémentaires d'une institution et d'uneadministration de notre époque. Le progrès ne doit pass'arrêter à nos portes! Deux pas décisifs viennent d'êtrefaits dans la bonne direction: - Le Gouvernement a dé-cidé de faire procéder, au cours d'une première étape,à la transformation du complexe Rost, ensuite de l'im-meuble Printz et d'une partie de l'Hôtel de la Chambredes Députés. Croyez-moi, Monsieur le Président duGouvernement, vous m'en voyez ravi ! Je suis convaincuque les autres députés partagent ma satisfaction. En-tamons l'oeuvre sans délai!- D'autre part, le Greffe etles groupes politiques ont été dotés au cours des derniersmois d'un équipement informatique qui ne pourra tou-tefois fonctionner efficacement que si les députés, lesadministrations gouvernementales et les secrétariatsdes groupes parlementaires suivent scrupuleusementles recommandations que je viens de leur adresser. Dansce contexte, il est d'importance aussi que les questionsparlementaires - dont le nombre ne fait qu'augmenter -soient formulées avec précision et concision et remises

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au Greffe -tout comme les réponses gouvernementalesy relatives - sur support informatique.

Sans cette discipline, sans cette collaboration, nous nousheurterons à de sérieuses difficultés qui ne feront que re-tarder inutilement la publication des textes et discours.

Chers collègues, l'institution parlementaire ne peutfonctionner sans heurts et faire du travail efficace que sielle en a les moyens et que si elle est bien compriseet soutenue par toutes celles et tous ceux que la choseconcerne.

Mesdames, messieurs, chers collègues, je termine enrépétant: mettons-nous à la tâche immédiatement!

A l'issue de la séance d'ouverture, la Chambre a procé-dé au renouvellement des commissions parlementairespermanentes et d'une commission spéciale. Voici lacomposition de ces commissions:

BureauPrésident: Léon Bollendorff (CSV)Vice-Pésidents: René Hengel (LSAP), Carlo Meintz (DP),Edouard Juncker (CSV)Membres: Maurice Thoss (LSAP), Pol Wagener (CSV), BenFayot (LSAP), François Colling (CSV), Colette Flesch (DP)Greffier: Guillaume WagenerGreffier adjoint: Pierre Dillenburg

Commission de TravailPrésident: Léon Bollendorff (CSV)François Colling (CSV), Maurice Thoss (LSAP), ColetteFlesch (DP)

Commission des ComptesPrésident: Nicolas Birtz (LSAP)Vice-Présidents: Alphonse Theis (CSV), René Hübsch (DP)CSV: Jean Goedert, Marie-Josée Jacobs, Ernest Petry, LucienWeilerLSAP: Mathias Greisch, Jean Regenwetter, Georges WohlfartDP: Anne Brasseur, Henri GrcthenNI: Aloyse Bisdorff

Commission des PétitionsPrésident: Anne Brasseur (DP)Vice-Présidents: Jean-Pierre Urwald (CSV), Mathias Greisch(LSAP)CSV: Jean-Pierre Dichter, Pierre Frieden, Ernest Pctry, PolWagenerLSAP: René Hengel, Camille Weiler, André ZirvesDP: Robert Gitzingcr, Charles GoercnsNI: Guy Bock

Commission des Affaires étrangèresPrésident: Willy Dondelinger (LSAP)Vice-Présidents: Viviane Reding (CSV), Colette Flesch (DP)CSV: René Burger, François Colling, Astrid Lulling, GeorgesMargueLSAP: Robert Angel, Roger Linster, Aly SchrocderDP: Emile Krieps, Carlo MeintzNI: René Urbany

Commission des Affaires communales et de l'Aménagementdu TerritoirePrésident: Georges Margue (CSV)Vice-Présidents: Nicolas Eickmann (LSAP), Carlo Meintz(DP)

CSV: Jean-Pierre Dichter, Pierre Frieden, Edouard Juncker,Astrid LullingLSAP: Jean Asselborn, Nicolas Birtz, Jos. BrebsomDP: Jacques-Yves Henckes, René HübschNI: Jup Weber

Commission de la Force publiquePrésident : Edouard Juncker (CSV)Vice-Présidents: Emile Krieps (DP), André Zirves (LSAP)CSV: Willy Bourg, Jean-Pierre Glesener, Alphonse Theis, PolWagenerLSAP: Nicolas Birtz, René Hengel, Camille WeilerDP: René Hübsch, René KonenNI: Guy Bock

Commission de la Fonction publiquePrésident: Edouard Juncker (CSV)Vice-Présidents: René Hengel (LSAP), René Hübsch (DP)CSV: Pierre Frieden, Roger Lenert, Alphonse Theis, PolWagenerLSAP: Willy Dondelinger, Roger Linster, André ZirvesDP: René Konen, Carlo MeintzNI: Guy Bock

Commission juridiquePrésident: Lydie Err (LSAP)Vice-Présidents: Georges Margue (CSV), Jean-Paul Rippin-ger(DP)CSV: Pierre Frieden, Astrid Lulling, René Putzeys, LucienWeilerLSAP: Jean Asselborn, Alex Bodry, Maurice ThossDP: Colette Flesch, Jacques-Yves HenckesNI: Aloyse Bisdorff

Commission des Institutions et de la Révision constitution-nellePrésident: Georges Margue (CSV)Vice-Présidents: Alex Bodry (LSAP), Colette Flesch (DP)CSV: François Colling, Astrid Lulling, Lucien Weiler, MichelWolterLSAP: Ben Fayot, Lydie Err, Maurice ThossDP: Anne Brasseur, Jean-Paul RippingerNI: René Urbany

Commission des Finances et du BudgetPrésident: Fernand Rau (CSV)Vice-Présidents: Maurice Thoss (LSAP), Colette Flesch (DP)CSV: François Colling, Camille Dimmer, Pol Wagener,Michel WolterLSAP: Alex Bodry, Willy Dondelinger, René KollwelterDP: Charles Goerens, René KonenNI: Aloyse Bisdorff

Commission de l'Economie et des Classes moyennesPrésident: Maurice Thoss (LSAP)Vice-Présidents: Fernand Rau (CSV), René Mart (DP)CSV: François Colling, Camille Dimmer, Jean Goedert, Jean-Pierre UrwaldLSAP: Nicolas Eickmann, Ben Fayot, Aly SchroederDP: Henri Grethen, Paul HelmingerNI: Guy Bock

Commission des Transports, des Travaux publics et del'EnergiePrésident: Jos. Brebsom (LSAP)Vice-Présidents: Jean Goedert (CSV), Josy Barthel (DP)CSV: Jean-Pierre Glesener, Edouard Juncker, AlphonseTheis, J.-P. UrwaldLSAP: Henri Ackermann, Mathias Greisch, Camille WeilerDP: Henri Grethen, René KonenNI: Jup Weber

Commission de l'EnvironnementPrésident: René Kollwelter (LSAP)

Vice-Présidents: Camille Dimmer (CSV), Robert Gitzinger(DP)

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CSV: Willy Bourg, Jean-Pierre Dichter, Pierre Frieden,Nicolas Majerus,LSAP: Nicolas Eickmann, Lydie Err, Jos. ScheuerDP: Josy Barthel, René MartNI: Jup Weber

Commission de l'Education, de la Culture, des Sports et dela JeunessePrésidents: Erna Hennicot-Schoepges (CSV), Roger Linster(LSAP)Vice-Présidents: René Burger (CSV), Carlo Meintz (DP)CSV: Jean-Pierre Dichter, Pierre Frieden, Roger LenertLSAP: Henri Ackermann, Ben Fayot, Jos. ScheuerDP: Anne Brasseur, René HübschNI: Guy Bock

Commission du Travail, de la Sécurité sociale, de la Santé etde la FamillePrésidents: Nicolas Majerus (CSV), Jean Regenwetter(LSAP)Vice-Présidents: Robert Angel (LSAP), Henri Grethen (DP)CSV: Jean Goedert, Marie-Josée Jacobs, René Putzeys,Viviane RedingLSAP: Jean Asselborn, René HengelDP: Jacques-Yves Henckes, Emile KriepsNI: René Urbany

Commission des Communications et de l'InformatiquePrésident: François Colling (CSV)Vice-Présidents: Robert Angel (LSAP), Paul Helminger (DP)CSV: Willy Bourg, Erna Hennicot-Schoepges, VivianeReding, Michel WolterLSAP: Ben Fayot, Roger Linster, Jos. ScheuerDP: Josy Barthel, René MartNI: Aloyse Bisdorff

Commission de l'Agriculture, de la Viticulture et du Tou-rismePrésident: Astrid Lulling (CSV)Vice-Présidents: Aly Schroeder (LSAP), Charles Goerens(DP)CSV: Jean-Pierre Dichter, Roger Lenert, Ernest Petry,Lucien WeilerLSAP: Jos. Scheuer, Camille Weiler, Georges Wohlfart

DP: Robert Gitzinger. René KonenNI : Jup Weber

Commission de la Recherche et de l'InnovationPrésidents: Erna Hennicot-Schoepges (CSV), Ben Fayot(LSAP)Vice-Président: Jean-Paul Rippinger (DP)CSV: François Colling, Camille Dimmer, Fernand Rau,Michel WolterLSAP: René Kollweiter, Roger Linster, Maurice ThossDP: Josy Barthel, Paul HelmingerNI: Aloyse Bisdorff

Légende:CSV: Chrëschtlech Sozial Vollekspartei (Parti Chrétien So-cial)LSAP: Lëtzebuergesch Sozialistesch Arbeiterpartei (PartiOuvrier Socialiste Luxembourgeois (POSL)DP: Demokratesch Partei (Parti Démocratique)NI: Non-inscrit

Au cours de la séance publique du 22 novembre 1988,le Groupe chrétien social a informé le président de laChambre qu'il proposait de remplacer Madame AstridLulling dans toutes les commissions parlementaires.Etant donné que Madame Lulling était membre de cinqcommissions, il en résulte les changements suivants:

- Commission des Affaires Etrangères: M. René Put-zeys- Commission des Affaires communales et del'Aménagement du Territoire: M. Alphonse Theis- Commissionjuridique: M. Pol Wagener- Commission des Institutions et de la Révision consti-tutionnelle: M. Pierre Frieden- Commission de l'Agriculture, de la Viticulture et duTourisme: M. Camille Dimmer. (Nouveau président:M. Jean-Pierre Dichter).

L'ouverture de la 53e Foire Internationalede Luxembourg

L'inauguration de la 53e Foire Internationale de Lu-xembourg a eu lieu le 8 octobre 1988 en présence deLeurs Altesses Royales le Grand-Duc Héritier et laGrande-Duchesse Héritière. Environ 1550 exposantsde 40 pays ont participé à cette foire d'automne.

Lors de la cérémonie d'ouverture des allocutions furentprononcées par Monsieur Claude Pescatore, présidentdu conseil d'administration de la Société des FoiresInternationales de Luxembourg, Monsieur RobertGoebbels, Secrétaire d'Etat au Ministère de l'Economieet aux Classes Moyennes, et Madame Lydie Wurth-Polfer, bourgmestre de la ville de Luxembourg.

Nous reproduisons ci-après le texte du discours de Mon-sieur Robert Goebbels, Secrétaire d'Etat au Ministèrede l'Economie et aux Classes Moyennes.

DISCOURS DE MONSIEUR ROBERT GOEBBELS,SECRETAIRE D'ETAT AU MINISTÈRE DE L'ECO-NOMIE ET AUX CLASSES MOYENNES

Une foire est la vitrine d'un marché. A cet égard laFoire Internationale de Luxembourg constitue non seu-lement la vitrine du marché luxembourgeois, mais apréfiguré depuis des années le grand marché intérieur

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que la Communauté Européenne entend réaliser pour1993.

Depuis les 150 ans que l'Etat luxembourgeois existedans sa forme actuelle, notre pays a toujours misé surl'ouverture vers l'extérieur, Zollverein, Union Econo-mique Belgo-Luxembourgeoise, Benelux, CECA,Communauté Européenne.

A en juger d'après le niveau de vie de notre population,cette ouverture sur les marchés plus importants nousa bien profité.

A vrai dire, les différentes étapes de notre développe-ment économique - exploitation du minerai de fer; dé-veloppement de la sidérurgie; chemins de fer; diversi-fication industrielle; audiovisuel; institutions euro-péennes; place bancaire; - se sont faites grâce à desapports en capitaux et en savoir-faire de l'étranger.

L'ouverture sur l'extérieur, nous la pratiquons depuistoujours. La libre circulation des personnes, des biens,des services et des capitaux, nous la vivons depuis desdécennies. Ou plutôt, nous en vivons!

Un pays, ,ui accueille sur son territoire une popula-tion résidente composée à plus de 25% d'hommes et defemmes venant de plus de 50 nationalités différentes,et dont l'économie fonctionne grâce au travail d'unepopulation active enrichie par plus d'un tiers de non-luxembourgeois, un tel pays préfigure déjà aujourd'huil'Europe de demain.

Un pays comme le nôtre, imbriqué au coeur de l'Euro-pe, ne peut finalement que tirer profit de l'abolitiondes barrières entravant l'actuel "Marché Commun"et la transformation de cette communauté économiqueimparfaite en véritable marché unique.

De toute façon, nous exportons déjà aujourd'hui plusde 90% de notre production industrielle. Toute réduc-tion des tracasseries administratives, tout délestage desprotectionnismes cachés ne peut donc qu'avantagernos entreprises déjà présentes sur les marchés limitro-phes et bien au-delà.

Car un nombre important d'entreprises traditionnellesluxembourgeoises vont de succès en succès sur les mar-chés étrangers. Ils ont comme trait commun un dyna-misme exemplaire des équipes dirigeantes, caractérisépar une politique d'investissement de productivité etd'extension, des efforts de recherche et de développe-ment supérieurs à la moyenne de l'industrie, :t celatant dans des produits que dans des procédés de fa-brication nouveaux.

Prenez par exemple une société comme Céramétal deMarner, ,ui a investi près d'un milliard de francs en 4ans, :n créant 4 unités de production nouvelles. Céramé-tal emploi 20 personnes au service R & D et a investil'année dernière plus de 100 millions dans ce domaineessentiel. Résultat: avec un taux d'exportation de 98%,Céramétal couvre les marchés de plus de 50 pays dif-férents.

Un autre exemple1 La Céodeux de Lintgen, iui enmoins de 10 ans a doublé, voire triplé ses investisse-

ments, son emploi, son chiffre d'affaires, tout en occu-pant actuellement 15 personnes au service de R & Det qui, :n exportant 99% de sa production, ;st présentdans 45 pays différents.

Ou encore une autre fierté nationale, Villeroy & Boch,qui a su tripler son chiffre d'affaires depuis le débutdes années 80 grâce à une politique constante d'investis-sement et de recherche. Villeroy & Boch, (ui exporte90% de sa production, ît cela des Etats-Unis jusqu'enAustralie, m passant par l'Europe, le Moyen Orient etle Japon, vient de se lancer dans un nouveau program-me d'investissement de 600 millions de francs.

Ces entreprises ne sont bien sûr pas les seules à s'êtredébrouillées de façon exemplaire sur les marchés del'exportation. J'aurais aussi bien pu parler des sociétésHydrolux, Euro-Composites, Laborlux, du groupe"Famaplast-Granulux", des Ateliers Reichert, et j 'enpasse, et des meilleurs, dont certaines sociétés multi-nationales établies au Luxembourg avec à leur tête desdirigeants luxembourgeois, où encore une société com-me Cogel, qui vient d'inaugurer à Capellen la chaînede fabrication de "cannelonis" surgelés la plus puissanted'Europe.

Toutes ces entreprises luxembourgeoises, et bien d'au-tres desservent déjà aujourd'hui non seulement l'Euro-pe, mais bel et bien le monde.

Quant à notre marché national, son ouverture est pré-sentement telle, que nous importons plus de 90% de ceque nous consommons. Que ce soit l'industrie, la ban-que, l'assurance, l'audiovisuel, le commerce, l'artisanat,nous connaissons leur dépendance par rapport à l'exté-rieur et nous assumons la concurrence dans tous cessecteurs.

Si je ne prends comme exemple que le secteur desclasses moyennes, force est de constater qu'un nombreimportant de commerces du pays sont des succursalesou des créations de commerçants allemands, belges,français, italiens, portugais et autres. Cela vaut encoreplus pour le secteur de la restauration.

L'artisanat, et surtout les quelques 1500 entreprises lu-xembourgeoises du secteur du bâtiment, se voient dé-jà concurrencés par plus de 800 entreprises artisanalesdes régions frontalières opérant régulièrement dansnotre pays. Architectes, ingénieurs, experts-compta-bles, tous connaissent depuis belle lurette la saine con-currence étrangère. 17% des médecins pratiquant auLuxembourg sont de nationalité non luxembourgeoise,à Luxembourg-Ville le nombre de médecins étrangersavoisine même 30%.

Loin de nous en sentir menacés dans notre identiténationale, comme certains esprits sinistres veulent lefaire croire, nous devons nous réjouir de cet apportconstant de richesses intellectuelles et matérielles. Enfait, le degré d'aisance de notre peuple dépend directe-ment de notre ouverture sur l'extérieur, et cela non-obstant du fait que nous sommes de toute façon rede-vables des universités étrangères pour la formation denos élites.

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Le livre blanc de la Commission des Communautés Eu-ropéennes, la bataille pour une Europe sans frontièresne nous concernent-ils donc pas?

Bien au contraire!

Même si parmi les Douze notre pays est déjà actuelle-ment celui qui vit le plus à l'heure du "véritable espaceéconomique européen", il serait extrêmement dange-reux pour nous d'avaler les yeux fermés les potionsmagiques brassées par la Commission de Bruxelles pourl'horizon 1992.

Le Gouvernement, même s'il souscrit entièrement auxfinalités de l'exercice décidé au sommet de Milan dejuin 1985 et renforcé par l'Acte Unique achevé sousprésidence luxembourgeoise en décembre 1985, veuten tout cas en discuter les modalités.

Il fut un temps où notre pays se plaisait à jouer l'élèvemodèle de la classe européenne. Cette attitude qui futlongtemps la nôtre n'a pas toujours été honorée, loins'en faut.

Dans une Communauté où d'autres Etats ont inventéla notion du "juste retour", le Luxembourg se doit deveiller également à ses propres intérêts et de discuterle bien-fondé des propositions d'une Commission cer-tainement pas infaillible.

A cet égard le Président Santer a justement mis enévidence, lors de la récente réunion des Ministres desFinances en Crète qu'une harmonisation, voire une uni-formisation des fiscalités indirectes n'est pas une "condi-tio sine qua non" de la réalisation du Marché intérieur,et que le défaut inhérent à la proposition de la Commis-sion en matière de fiscalité indirecte réside dans le faitqu'elle néglige le processus de détermination, de mêmeque les composantes du prix "hors taxes" d'une mar-chandise et d'un service.

Or, comme l'a souligné le Président du Gouvernement,les éléments autres que les taxes sont de loin détermi-nants du point de vue de la concurrence et de 1 organi-sation des flux commerciaux. Et comme on ne pourracertainement pas harmoniser, voire unifier tous les élé-ments déterminant le coût d'un produit ou d'un service -conditions de travail et de rémunération de la main-d'oeuvre, prestations et charges sociales, impôts indi-rects, prix de l'énergie, des matières premières etc -,l'on devra de toute façon faire jouer les forces du marchéen réalisant l'Europe sans frontières.

Il en est ainsi dans un autre grand marché intérieur,qui est souvent cité en exemple à cette Europe impar-faite, à savoir les Etats-Unis d'Amérique.

Paranthèse à méditer: Ce n'est pas seulement l'imposi-tion indirecte qui varie aux U.S.A. d'un Etat à l'autre.Il en est de même de la couverture sociale. A cet égardil est intéressant de noter que l'Etat garantissant la meil-leure protection sociale est également celui avec le tauxde chômage le plus bas, à savoir le Massachusetts.

Les différents Etats de l'Union connaissent des tauxd'imposition indirectes allant de 0 à 9%, soit une four-

chette beaucoup plus large que celle que la Commissionpropose d'introduire pour la T.V.A.

Il est vrai que la différence du taux de TVA en vigueurdans les Etats américains ayant une frontière communene dépasse généralement pas 5 points, ce qui sembleêtre le "seuil de divergence tolerable" ayant inspiré lesauteurs du livre blanc de la Commission. Cette limita-tion de la marge de TVA entre deux Etats voisins n'apas été imposée par un décret fédéral, mais par le jeudu marché.

Malgré des différences de taux de cet ordre il n'y a pasde contrôles frontaliers entre les divers Etats de l'Unionaméricaine, tout comme d'ailleurs des niveaux d'impo-sitions indirectes divergeants n'ont pas empêché lesEtats du Benelux d'abolir pratiquement tout contrôleaux frontières intérieures des 3 pays.

De toute façon, la TVA est un impôt neutre dans leséchanges internationaux, puisque tout exportateura in-térêt à récupérer la TVA nationale grevant les produitsqu'il vend à l'extérieur, tandis que l'importateur doits'acquitter de la TVA nationale.

Selon la Commission, une harmonisation des fiscalitésindirectes serait nécessaire pour permettre l'abolitionde tout contrôle aux frontières intérieures de la Com-munauté. C'est une idée louable en soi, qui trouve no-tre approbation, car aussi longtemps que les citoyenseuropéens devront encore s'arrêter aux frontières inté-rieures de la Communauté, personne ne croira réelle-ment à l'idée européenne.

Mais le système actuel de la détaxation à l'exportationet de l'imposition à l'importation est-il vraiment unobstacle essentiel au dépérissement définitif des fron-tières intérieures de la Communauté?

L'exemple du Benelux ne montre-t-il pas qu'un systèmede report de paiement de la TVA peut fonctionner sanscontrôles aux frontières?

L'abolition effective de tout contrôle aux frontières in-térieures de la Communauté ne risque-t-elle pasd'achopper plutôt aux craintes frileuses de certainsEtats membres souhaitant un contrôle policieraux fron-tières intérieures, en prétextant de lutter contre le ter-rorisme, la criminalité et le trafic de drogues ?

Je ne nie pas que les observations et critiques que jeviens d'énoncer procèdent de la défense d'intérêts lu-xembourgeois. Un Gouvernement qui n'en ferait pas demême, faillirait à sa mission. D'ailleurs aucun Gouver-nement des Douze ne se prive de la défense de sesintérêts nationaux à la table du Conseil.

Toute victoire de l'Europe ne peut donc être que le fruitde compromis globaux et équilibrés.

Ainsi il ne saurait être question que le Luxembourgaccepte par exemple une abolition des seules frontièresfiscales, sans qu'il soit assuré qu'en même temps lescontrôles policiers et autres disparaissent aux frontièresintérieures de la Communauté. La perspective d'uneEurope réellement sans frontières pourrait nous inciterà faire certaines concessions, mais il est inacceptable

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que chaque Etat communautaire puisse choisir "à lacarte" les contrôles qu'il entend maintenir à ses fron-tières. Une telle approche n'est sûrement pas compa-tible avec la création d'un véritable espace économi-que européen unifié.

En revanche l'attitude luxembourgeoise est d'autantplus fondée que, -je l'ai démontré plus haut, - l'exempledu Benelux a montré qu'on peut déplacer les frontièresfiscales vers l'intérieur des pays respectifs, en assurantainsi une parfaite libre circulation des biens.

Notre attitude critique vis-à-vis des propositions fisca-les de la Commission ne relève pas non plus du "com-plexe de Martelange", comme l'a affirmé un esprit cha-grin. (Encore que selon le Conseil Economique et So-cial quelques 1.100 emplois seraient menacés dans lesecteur commercial suite à une harmonisation de laTVA et à une uniformisation des accises, ce qui ne se-rait certes pas négligeable pour notre économie natio-nale).

Mais force est de constater que le commerce frontalierspécialisé en quelques produits chocs, tel qu'il se pra-tique à Martelange et ailleurs régressera de toute façon.Tout comme la mise en service de l'autoroute versThionville a asséché ce genre de commerce à Frisange,l'ouverture prochaine de la nouvelle autoroute versBruxelles amputera Martelange d'une partie importan-te de sa clientèle. Et il est prévisible que l'achèvementde l'autoroute vers Trêves affectera également ce com-merce spécialisé à notre frontière avec 1 Allemagne.

Une restructuration de ce commerce transfrontaliernous sera donc inévitablement imposée, et cela indé-pendemment de la réalisation du marché intérieur.

Mais les véritables problèmes que les propositions fis-cales de la Commission posent à tout Etat membre,et pas seulement au Luxembourg, sont les suivants,:

1) Pourquoi harmoniser la TVA entre les Douze, vu quela fiscalité des entreprises constitue un tout et qu'onne saurait limiter l'aspect concurrence à ce seul impôt?

2) Comment le faire sans trop de bouleversementspolitiques et sociaux, vu la disparité des taux de TVAen Europe et l'impact très divergeant de la part de laTVA dans les recettes fiscales des Etats communau-taires, (qui va de 14% au Royaume Uni à 41,7% enFrance)?

J'eus déjà l'occasion de relever à la tribune de la Fédé-ration des Jeunes Dirigeants d'Entreprises que la struc-ture fiscale de tout pays repose sur un consensus socialqu'on ne saurait mettre en cause à la légère. La fiscali-té est en effet un instrument important de politiqueéconomique et sociale auquel aucun Etat ne sauraitrenoncer sans perdre son indépendance.

Dans notre pays, les divers Gouvernements qui se sontsuccédé depuis le début de ce siècle, ont toujours veilléà un rendement prioritaire de la fiscalité directe, carcelle-ci est socialement plus équitable.

Même si un certain rééquilibrage des fiscalités directe etindirecte était à la rigueur envisageable, il se poserait

néanmoins le problème du coût social d'une telle mesu-re. Le Statec a pu calculer que les propositions de laCommission en matière d'accises et de TVA entraîne-raient une hausse mécanique de notre indice des prixde 4,6% dans l'hypothèse la plus favorable, et de +7,5%,soit le déclenchement de trois tranches indicières, dansl'hypothèse la plus défavorable.

Une telle explosion brutale de nos prix à la consom-mation relancerait l'inflation actuellement maîtrisée etaffecterait gravement la compétitivité de nos entrepri-ses.

Il est vrai que certains milieux préconisent déjà de gelertoute adaptation des revenus aux hausses des prix en-gendrées par une éventuelle harmonisation de la fisca-lité indirecte au niveau européen.

Ce serait le moyen le plus sûr de provoquer l'abandonde l'adhésion déjà vacillante des Luxembourgeois àl'idée européenne. De surcroît il s'agirait d'une injusti-ce sociale inqualifiable que de faire payer au seul sala-riat une telle adaptation imposée de notre systèmefiscal.

Il est d'ailleurs exclu que le Gouvernement, tel qu'ilest composé actuellement, se rende complice d'une telleamputation du pouvoir d'achat de notre population.

Force est donc de constater que les réserves du Gou-vernement luxembourgeois face aux propositionsd'harmonisation fiscale de la Commission ne sont pasbassement épicier comme d'aucuns voudraient le fairecroire.

Au contraire, nous avons un dossier valable que nousallons plaider avec sérieux, et comme l'a montréla récente réunion informelle de Crète, nous ne sommespas les seuls à avoir des objections à formuler. Selonle Président Delors lui-même le vrai débat ne fait quecommencer.

Les paroles critiques que je viens de formuler à l'en-contre de certaines propositions contenues dans le livreblanc de la Commission ne doivent pas faire croire que leGouvernement entend se dissocier de ce nouvel élanqu'à pris la Communauté Européenne à l'initiative duPrésident Delors.

Non, nous voulons le marché intérieur, nous voulonsl'Europe sans frontières, mais évidemment pas à n'im-porte quel prix.

D'ailleurs tout en discutant certaines modalités del'achèvement du marché unique, le Gouvernements'emploie activement à préparer tous les acteurs écono-miques de notre pays aux échéances européennes. Il acommencé à créer des conditions économiques et fisca-les générales plus favorables pour nos industriels etprestataires de services devant affronter la concurrenceeuropéenne.

A en croire les instituts nationaux et internationauxspécialisés, la situation économique, financière et socia-le de notre pays est une des plus avantageuses de laCommunauté. Croissance appréciable, inflation prochede zéro, chômage très faible, qui avec l,4%de la popula-

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tion active est largement inférieur à la moyenne del'OCDE, création supplémentaire d'emplois dans tousles secteurs (plus de 11.000 emplois additionnels en 4ans), finances publiques en équilibre, endettement del'Etat insignifiant, balance des paiements largementexcédentaire, on hésite presque à aligner tous cessignes de santé de notre économie.

Le bâtiment va; la relance dans ce secteur essentiel denotre économie ayant pleinement réussi. L'industrie si-dérurgique, que d'aucuns taxaient de "crépusculaire",enregistre des records de productivité et profite pleine-ment de la bonne conjoncture sidérurgique actuelle.La palette productive du pays s'est enrichie d'une qua-rantaine d'entreprises nouvelles.

La place bancaire se renforce, (11 banques supplémen-taires depuis le début de l'année), notamment par l'ar-rivée des premières banques britanniques et néerlan-daises. Ceci indique que la place financière de Luxem-bourg commence à être pleinement intégrée dans lastratégie de redéploiement des banques européennesdésireuses de se positionner pour 1993.

Le secteur des fonds d'investissement, en pleine expan-sion grâce à la nouvelle législation qui a rapidementintégré la directive communautaire, contribue à sontour à la diversification et au développement de notreplace. Certaines velléités fiscales de la Commission enmatière d'imposition de l'épargne, que le Luxembourgrécuse énergiquement, n'ont donc nullement affectéla confiance des milieux financiers dans les perspecti-ves du Luxembourg à l'horizon de la libération des mou-vements de capitaux.

Le secteur des assurances est en plein essor et quel-ques 70 sociétés de réassurances se sont installées de-puis 1984 dans notre pays.

Mais en économie rien n'est jamais définitif et touteautosatisfaction serait prélude à stagnation et recul.

C'est la raison pour laquelle le Gouvernement n'entendpas se reposer sur ses lauriers. Les instruments sont enplace (nouvelle loi-cadre d'expansion économique, lé-gislation sur recherche-développement, nouvelle loi-cadre pour l'agriculture, nouveau plan quinquennalpour le secteur touristique) ou le seront incessamment(prolongation loi-cadre classes moyennes, nouvelle lé-gislation d'établissement, statut pour architectes et in-génieurs etc.). Des tables rondes sectorielles donne-ront, je l'espère, de nouvelles impulsions au Gouverne-ment et aux opérateurs économiques.

Certaines initiatives nouvelles sont déjà en cours. Dansla foulée du redéploiement international de la CLT etdu succès que rencontre le satellite Astra de la S.E.S.,qui, nous le souhaitons tous, sera opérationnel à la finde l'année, le Gouvernement entend développer le sec-teur audiovisuel. La législation proposée accordera unstatut fiscal intéressant aux sociétés de production. Lamême approche se retrouve dans le projet encourageantle capital à risque. Un autre projet prévoit une amélio-ration de l'environnement fiscal des sociétés de négoceinternational.

Nous avons commencé à promouvoir le Luxembourgcomme centre de distribution.

Le Ministre Boden et moi-même, nous essayons actuel-lement de mettre sur pied une société qui devra pro-mouvoir le tourisme de congrès.

Avant la fin de ce mois le projet de loi portant créationd'un registre maritime luxembourgeois sera soumis àl'approbation parlementaire. Le Sénat français, dans unrapport remarqué, qualifie l'ouverture d'un tel registreluxembourgeois "pleine d'intérêt" et estime ^ue celui-ci "pourrait constituer un palliatif efficace pour sauve-garder des emplois et des navires" pour la marine mar-chande européenne.

En tout cas ce registre maritimeJuxembourgeois pour-rait devenir un complément prometteur à notre secteurde services.

La diversification industrielle n est pas négligée. Outreles innovations fiscales citées en faveur du développe-ment d'activités nouvelles par de petites et moyennesentreprises, le Gouvernement, par le truchement de laSNCI et en coopération avec l'ARBED, a contribué àla création d'Investar, société commune de finance-ment, afin de soutenir les efforts de redéploiement in-dustriel du secteur sidérurgique.

Le secteur des classes moyennes a reçu une attentionparticulière de la part de ce Gouvernement. Outre lesnombreuses réformes législatives, il faut mentionnerque les aides en faveur de ce secteur vital de notreéconomie n'ont jamais été aussi importantes.

La compétitivité des entreprises a été renforcée, no-tamment par le maintien de charges sociales à desniveaux sensiblement plus bas .me dans les pays voisins.Mais c'est surtout la charge fiscale qui a été réduite avecchaque budget de ce Gouvernement. Le projet de bud-get pour 1989 prévoit d'ailleurs une nouvelle réductiondu taux de l'impôt sur les collectivités, iui passera à35%, soit un des taux les plus bas d'Europe. Certainesfacilités fiscales nouvelles sont prévues notammentpour les PME/fonds spécial de prévoyance, bonificationpour investissements, amortissement spécial).

Les réductions fiscales opérées depuis 1984 dépassenten valeur 4% de notre P.I.B., ce _jui est sans équivalenten Europe.

En relevant ces données objectives je n'entends nulle-ment faire croire jue le Luxembourg est le meilleurdes pays dans le meilleur des mondes.

Non, la vie est un éternel combat, et beaucoup reste àfaire, notamment dans le domaine de l'éducation, de laformation, bref, des ressources humaines.

L'histoire a maintes fois prouvé que l'efficacité de touteaction économique dépend des hommes et non desstructures.

A cet égard nous devons combattre sans complaisancestoutes les velléités qui visent à dresser les Luxembour-geois contre nos citoyens de nationalité étrangère.

Nous pouvons assurément être fiers d'être des Luxem-bourgeois, mais nous devons abhorrer tout chauvinismeet tout racisme.

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Nous avons besoin des étrangers .jui vivent et travaillentavec nous. Loin de constituer une menace pour notreidentité nationale, ils contribuent non seulement à notrerichesse matérielle, mais surtout à notre richesse cul-turelle et humaine.

En nous lançant les yeux ouverts et sans complexedans l'aventure européenne, :n saluant le dynamismenouveau insufflé à tous les acteurs économiques duvieux continent par la perspective du marché unique,nous devons en même temps affirmer avec force ju au-cune société humaine ne peut être réduite à l'état demarché.

Le marché intérieur ne peut pas être une fin en soi.Comme Fa dit Jacques Poos à la tribune du MouvementEuropéen, tout "espace économique ne pourra avancersur la voie de l'intégration que s'il coïncide avec unespace social".

Le grand marché doit en conséquence fournir aux peu-ples d Europe une base économique favorisant l'éclo-

sion d'une société plus juste, plus sociale, plus solidaire,respectueuse de l'environnement naturel et vivant enpaix.

Altesses Royales,

Ayant eu la chance de pouvoir Vous accompagner àplusieurs reprises lors de missions économiques àl'étranger, j'ai pu juger à sa juste mesure Votre engage-ment personnel en faveur du développement économi-que de notre pays. Votre chère épouse et Vous-même,Monseigneur, Vous êtes non seulement des Ambassa-deurs de charme nous ouvrant maintes portes à l'étran-ger, mais par Votre connaissance des dossiers et desproblèmes économiques Vous êtes un atout majeurdans nos missions. Le jour où Vous succéderez à votrePère, qui a combattu pour l'indépendance politiquede notre pays, Vous pourrez Vous targuer d'avoir bienservi l'indépendance économique de Votre pays. Soyez-en bien sincèrement remerciés.

L'ouverture de l'Ambassade du Grand-Duché deLuxembourg en Espagne

Le 14 novembre 1988 a eu lieu à Madrid l'inaugurationde l'ambassade du Grand-Duché de Luxembourg enEspagne en présence de Monsieur Jacques F. Poos,Vice-Président du Gouvernement, Ministre des Affai-res étrangères.

A l'occasion de son séjour en Espagne, Monsieur Poosa été reçu en audience par Sa Majesté le Roi d'Espagne.Il a eu des entretiens avec Monsieur Felipe Gonzales,Président du Gouvernement espagnol, et avec Mon-sieur Francisco Fernandez Ordonnez, Ministre espag-nol des Affaires étrangères, suivies d'une réunionde travail avec Monsieur Pedro Solbes, Secrétaired Etat espagnol aux Affaires européennes.

Monsieur Poos était accompagné d'une importantedélégation de représentants des milieux économiqueet financier luxembourgeois. Relevons que c'est Mon-sieur Ronald Mayer, précédemment directeur des re-lations économiques internationales au Ministère desAffaires étrangères, qui assume les fonctions d'Ambas-sadeur du Grand-Duché de Luxembourg en Espagne.

A l'occasion d'un déjeuner offert par Monsieur JacquesF. Poos, Ministre des Affaires étrangères, en l'honneurdes personnalités espagnoles à l'Hôtel Villa Magna, leMinistre luxembourgeois des Affaires étrangères a pro-noncé le discours suivant.

Dans chaque capitale des Douze les Ambassades for-ment une petite entité de cette grande famille que con-stitue l'Europe communautaire.

Jusqu'à présent il manquait un membre de cette fa-mille.

A partir d'aujourd'hui, l'entité madrilène est complète.Je ne saurais assez exprimer mes remerciements à tousceux qui ont bien voulu honorer de leur présence cetteoccasion.

Malgré l'empreinte de nouvelles techniques de commu-nication et de nouvelles formes de coopération, les Am-bassades restent indispensables et contribuent effica-cement à rendre le tissu de nos relations politiques,économiques, sociales et culturelles toujours plus ser-rées.

Nos Ambassades respectives dans les deux capitalespeuvent d'ailleurs oeuvrer dans des conditions optima-les: aucun problème ne ternit nos relations et les deuxpays sont liés par des sentiments de cordialité et d'ami-tié depuis longtemps. Il s'agit de relations exemplairesqui ne font que refléter les liens si étroits qui unissentsi heureusement nos deux maisons souveraines.

La pérennité de nos relations est amplement démontréepar le fait que l'Ambassade d'Espagne au Luxembourga pu avoir enseigne jusqu'il y deux ans en plein centrede la Ville de Luxembourg, dans une des vieilles ruesportant le nom de Philippe II, Roi d'Espagne et Duc deLuxembourg.

La rue Philippe II continuera à témoigner d'une époquedont les souvenirs culturels ponctuent encore aujourd'

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hui la physionomie de la capitale. A ne citer que laCathédrale, le Palais grand-ducal, les nombreuses mai-sons bourgeoises et les jolies guérites qui surplombentles bastions de la forteresse et qu'on continue à appelerles "tourelles espagnoles".

Les relations bilatérales hispano-luxembourgeoises ontconnu les dernières années un spectaculaire essor donttémoigne notamment la régularité des réunions entreresponsables politiques de nos deux pays. Le moteurprincipal en est notre foi en des objectifs communs:en une Europe toujours plus forte, plus dynamique etplus solidaire, une Europe sachant trouver l'unité etnon l'uniformité, une Europe riche par la diversité deses cultures et de ses traditions.

L'Espagne est aujourd'hui un des piliers de l'Europeet un partenaire de mon pays au sein de la CEE et del'OTAN. Le Luxembourg a toujours plaidé en faveurde ces adhésions et encouragé l'insertion de l'Espagnedans ces enceintes qui réunissent des partenaires con-vaincus des vertus de la démocratie, du bien-être socialet animés par un même désir de liberté.

En ce même jour l'Espagne joint sa signature à celledes Etats alliés et amis qui se rassemblent au sein del'Union de l'Europe Occidentale. Nous saluons cet actede grande portée politique car nous sommes convain-cus que l'appartenance de l'Espagne est indispensableau renforcement du pilier européen de notre conceptde défense commune.

L'Espagne, bien que jeune membre de la Communau-té, y joue un rôle des plus marquants. Ainsi le complexetissu des relations extérieures de la CEE s'est enrichid'une dimension nouvelle. Si aujourd'hui la voix del'Europe est entendue sur le continent latino-américain,le mérite en revient en grande partie à l'Espagne.

Ici comme ailleurs dans la Communauté nous appré-cions la perspicacité, le dynamisme et surtout la dispo-sition à rechercher le compromis des représentantsespagnols. Mes meilleurs voeux vous accompagnentà l'orée de la Présidence espagnole qui s'est d'ores etdéjà fixée des objectifs qui ne manqueront pas de trou-ver le ferme appui de mon gouvernement. Le Luxem-bourg sait que l'Espagne se déchargera de cette lourdetâche avec élan et efficacité.

Je m'en voudrais de ne pas saluer aussi avec tous mesrespects le Président du Sénat. C'est un honneur toutparticulier pour moi d'être entouré par les plus hautsreprésentants des institutions qui incarnent la force etla vitalité de la démocratie et qui sont des garantsauthentiques de la souveraineté nationale placée sousle signe de l'équité, de la liberté et de la justice sociale.

Les remerciements les plus chaleureux vont en plusaux représentants des milieux politiques, diplomati-ques et économiques qui ont bien voulu partager cemoment privilégié avec moi.

Je me permets de lever mon verre à l'amitié hispano-luxembourgeoise, à notre patrie commune, l'Europeet au bonheur personnel d'un chacun d'entre vous.

Lors d'une réception offerte dans la soirée à l'occasionde l'ouverture de l'Ambassade à Madrid, MonsieurJacques F. Poos, Ministre des Affaires étrangères, aprononcé un discours dont nous reproduisons ci-aprèsle texte.

Ce soir je suis dans l'heureuse position de pouvoir in-voquer deux raisons de satisfaction1

- d'une part l'inauguration de l'Ambassade du Grand-Duché de Luxembourg à Madrid et d'autre part

- la présence d'une forte délégation économique quim'a accompagné dans la capitale espagnole.

L'Ambassade et la mission économique servent en faitla même cause; le resserrement des liens entre nosdeux pays que ce soit au niveau politique, social, écono-mique ou culturel.

Aucun nuage n'assombrit les relations hispano-luxem-bourgeoises.

Ceci n'est point un phénomène récent, mais remonte audébut du 16e siècle lorsque Charles Quint - qui d'ail-leurs à sa naissance reçut comme premier titre d'hon-neur celui de Duc de Luxembourg - et après lui la ligneespagnole de la Maison d'Autriche, héritèrent des Bour-guignons ce qu'on appela à l'époque les Pays-Bas. Ceterritoire correspond aujourd'hui aux trois pays du Be-nelux.

La ville de Luxembourg sise au carrefour de la Franceet de l'Allemagne avait dès le Haut Moyen-Age voca-tion à devenir place forte. A l'orée des temps moderneselle était devenue citadelle inexpugnable. Deux sièclesplus tard rien ne sut mieux définir sa valeur stratégiqueque la référence à un autre bastion qui lui contrôlaitl'entrée en Mer Méditerranée: Gilbraltar. Luxembourgdevint le Gibraltar du Nord, un terme -je vous assure -qui dans nos parages est parfaitement neutre et nesuscite aucune controverse.

L'ancienne place forte, la cathédrale, le Palais Grand-Ducal qui caractérisent toujours la silhouette de la ville,témoignent de la présence espagnole au XVIe et XVIIesiècles.

Fortes de ce passé mémorable, nos relations bilatéralesont connu ces dix dernières années un intense dévelop-pement dont les visites d'Etat respectives et les régu-liers contacts entre hauts responsables politiques denos deux pays sont l'expression.

L'entrée de l'Espagne dans la Communauté européenneet l'OTAN a fait de nos deux pays des partenaires detous lesjours. Nous nous réjouissons de la participationde l'Espagne dans ces enceintes. Par ailleurs nous pou-vons dire, en toute objectivité, que nous avons toujoursété un ardent avocat de l'entrée de votre pays dansl'Union de l'Europe Occidentale.

J'aimerais donc saluer la signature aujourd'hui mêmepar votre pays de l'Acte d'adhésion à l'Union de l'Eu-rope Occidentale, qui constitue certainement un pasen avant dans la construction de l'Union Européenne

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et permettra de renforcer la contribution européenne ausein de l'Alliance.

Berceau de la Communauté en 1952, la Ville de Luxem-bourg est une des capitales et héberge des institutionsaussi renommées - pour n'en citer que quelques-unes -que la Cour de Justice, le Secrétariat du ParlementEuropéen, la Banque Européenne d'Investissement, laCour des Comptes et le Conseil des Ministres pendantune partie de l'année.

Peut-être moins connue est l'économie dynamique etextrêmement diversifiée du Grand-Duché de Luxem-bourg qui ne se résume point en une place financièreinternationale.

Il est vrai que dans le domaine des services le Luxem-bourg s'est toujours fait l'avocat de la libre prestationprônée aujourd'hui par la Commission de Bruxelles.Le succès de sa place financière, démontre qu'il est pos-sible d'affronter la concurrence à l'échelle mondiale,tout en assurant un contrôle efficace qui permet d'éviterles abus.

Pendant les quinze dernières années, le Luxembourga su attirer quelque 130 banques et a réussi à drainer en-viron 10% de l'Euromarché. Le champ des activitésfinancières s'élargit et se diversifie constamment. Ainsidepuis 1984. des efforts - couronnés de succès - ont étéentrepris en direction de compagnies d'assurance et deréassurance.

Mais nous ne voyons pas le rôle de notre économies'arrêter là: Le Luxembourg est plus qu'une place fi-nancière.

Les autorités de mon pays ont investi de grands effortsdans la diversification, à l'instar de ce qui se fait dansvotre pays.

Nous avons évidemment le regard tourné vers la date-clef de 1992 à laquelle devra se réaliser le projet ambi-tieux pour l'Europe, de la création du marché unique.Ce véritable Marché Commun sans entraves renforcerales liens économiques entre tous les pays partenaireségalement entre l'Espagne et le Luxembourg.

Pour l'Espagne, 1992 est un objectif mobilisateur parexcellence:

- En premier lieu cette date marque la célébration ducinq-centième anniversaire de la découverte de l'Amé-rique par Christophe Colomb. Cet événement inauguraune ère nouvelle pour l'Europe entière. L'apport parl'Espagne de son capital de relations privilégiées avecl'Amérique Centrale et Latine a conféré une dimen-sion nouvelle au tissu des relations extérieures nouépar la Communauté.

- Ensuite à Seville, la ville dont était partie la flotillede Colomb pour la conquête des Amériques, le passé etl'avenir se rencontreront en 1992. L'exposition univer-selle sera l'occasion d'un grand rendez-vous des tech-nologies de pointe orientées vers le futur. Le Luxem-bourg y aura sa place et compte contribuer au succèsde cet événement.

- Enfin 1992 sera l'année du rendez-vous de lajeunessedu monde entier aux Jeux Olympiques de Barcelone.

Pour la Communauté Economique Européenne, l'an-née 1992 avec l'instauration du marché intérieur pré-sente une double face: En même temps qu'elle consti-tue une grande chance pour l'expansion et la diversifi-cation de l'économie européenne, elle lance un défià la compétitivité de nos entreprises tant en Europeque sur les marchés extérieurs.

Dans ce contexte j'aimerais souligner que l'évolutiondes économies de nos pays présente certains pointscommuns. Nous cherchons tous les deux à développerdes secteurs d'avenir pour sortir de structures trop long-temps axées sur les industries traditionnelles.

Au Luxembourg, nous avons entrepris un effort dediversification considérable. Notre économie a été eneffet pendant des décennies caractérisée par une fortedépendance à l'égard du secteur de l'acier. La crisesidérurgique a rendu nécessaire une complète réorien-tation de la politique îconomique de mon pays.

Ainsi qu'il me soit permis de citer deux ordres degrandeur: En 1960, 80% de nos exportations de biensprovenaient du seul secteur sidérurgique, aujourd'huice pourcentage 3st tombé à moins de cinquante.

En réponse aux difficultés structurelles dans ce secteur,un plan d'assainissement financé en partie par un effortde solidarité nationale a été élaboré.

Aujourd'hui, la sidérurgie luxembourgeoise est une desplus performantes du monde, sa productivité égalantcelle du Japon.

Parallèlement, le Gouvernement a mené une politiquede diversification industrielle et économique 4ui a portéses fruits: des groupes internationaux prestigieux ontinvesti au Luxembourg où ils produisent pour des mar-chés extérieurs.

La situation géographique centrale de mon pays a étéun facteur déterminant dans le choix de ces entreprises.Mais ces succès ont également été facilités par la gran-de stabilité politique et sociale qui y régnent.

Par ailleurs, même si le Luxembourg est un pays à hautssalaires, un niveau de productivité des plus élevés y vade pair avec un coût salarial global compétitif en raisonde charges sociales relativement modérées.

L'existence d'un grand marché rendra indispensableune coopération plus poussée des entreprises euro-péennes notamment par une utilisation accrue des ré-seaux commerciaux respectifs. Les entreprises de nosdeux pays sont ouvertes à toutes les formules de colla-boration et c'est à dessein qu'une importante missionéconomique a été associée à l'ouverture de notre Am-bassade. Cette mission fait suite à celle que vient deconduire S.A.R. le Grand-Duc Héritier il y a exactementun an en cette même ville de Madrid et dans d'autrescentres industriels. Je suis persuadé que des contactsprometteurs se noueront également entre entreprisesespagnoles et luxembourgeoises.

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Permettez-moi d'évoquer un secteur d'avenir, qui àmon avis pourrait se prêter à une coopération fructueu-se entre nos deux pays. Comme vous le savez, le Lu-xembourg a toujours su garder une position privilégiéeet jouer un rôle pionnier dans le domaine audio-visuel.Le satellite ASTRA qui sera mis en orbite au débutdu mois prochain diffusera 16 programmes de télé-vision et couvrira pratiquement l'Europe entière.

C'est avec grand intérêt que nous constatons que l'Es-pagne a décidé également de renforcer sa présence dansl'espace audio-visuel européen.

Nos deux pays contribueront ainsi conjointement audéveloppement de la radiodiffusion transfrontalière enEurope.

La mise en commun de l'expérience acquise de nosradiodiffuseurs respectifs pourrait constituer le pointde départ d'une collaboration à l'échelle européenne.

Si le Luxembourg s'est toujours trouvé en premièreligne pour demander l'achèvement du marché intérieur,c'est qu'il préfigure en quelque sorte sur son territoirece que sera l'Europe de 1992. Ceci n'a rien d'étonnantsi l'on sait que mon pays exporte quatre-vingt-dix pourcent de ce qu'il produit et importe la quasi-totalité dece qu'il consomme. La situation économique de monpays est un exemple probant de ce que l'ouverture dumarché national à la concurrence ne peut être que bé-néfique.

L'objectif du Grand Marché requiert cependant de tousles pays de la Communauté des efforts d'adaptationparticuliers. Ainsi, le Luxembourg s^ prépare-t-il acti-vement par la mise in place de tables rondes secto-rielles pour mobiliser toutes les énergies. De m2m^,le Gouvernement a-t-il réduit considérablement la pres-sion fiscale, y compris celle sur les sociétés.

Mais si la Communauté veut réussirle pari de l'ouvertureen 1993, elle doit également créer les conditions d'unrapprochement des économies de ses Etats membres.

Dans ce contexte, j'aimerais relever l'appui que le Lu-xembourg a toujours apporté au renforcement de lacohésion de la Communauté et en particulier au dou-blement des fonds structurels. Il s'agit là en effet à nosyeux d'une condition de réussite du marché intérieur.

Dans cette même optique, le Luxembourg apprécie lesdémarches entreprises en vue de créer l'Europe sociale.Nous savons que nous partageons avec la future Prési-dence espagnole cette conception d'une Europe socialequi pourra assurer à tous ses citoyens un niveau de vieconvenable.

Notre propre expérience avec le dialogue tripartite en-tre employeurs, salariés et gouvernement nous faitdire que c'est un garant de la paix sociale indispensa-ble à la construction de l'Europe.

Permettez-moi de terminer sur un air d'évasion en sou-lignant les attraits de mon pays peu connus en Espagne:Ses paysages pittoresques, sa bonne gastronomie et lecalme que l'on peut encore y respirer et qui font de luiun pôle touristique.

S'il est vrai que mes compatriotes ont plutôt tendanceà venir en Espagne pour passer leurs vacances, les rela-tions aériennes excellentes qui pourront sans doute en-core être élargies autoriseraient certes une découvertedu Luxembourg par vos citoyens.

Je vous invite donc à venir visiter vous-mêmes ces lieuxen partie témoins de votre propre civilisation. En lan-çant cette invitation je me serais efforcé de rééquilibrerquelque peu la balance touristique qui penche déses-pérément du côté espagnol.

Remise des Médailles d'Or Jean Monnetà Lausanne

Le 4 novembre 1988 a eu lieu à Lausanne, à l'initiativede l'Université de Lausanne, de la Fondation JohannWolfgang von Goethe, de la Fondation Jean Monnetpour l'Europe et du Centre de Recherches Européen-nes, la remise des Médailles d'Or Jean Monnet, décer-nées cette année-ci à trois récipiciendaires, à savoirle Grand-Duché de Luxembourg, l'Université de Bolog-na et Monsieur Jacques Delors, Président de la Com-mission des Communautés Européennes.

A cette cérémonie, organisée dans le cadre de la célé-bration du centenaire de la naissance de Jean Monnetet qui se déroulerait en présence de nombreuses person-nalités, le Luxembourg était représenté par MonsieurJacques Santer, Président du Gouvernement, et Mon-

sieur Jacques F. Poos, Vice-Président du Gouverne-ment.

Après l'allocution de bienvenue de Monsieur PierreDucrey, Recteur de l'Université de Lausanne, et la lau-datio des récipiciendaires par Monsieur Alain Poher,Président du Sénat français et Président du Jury, desdiscours furent prononcés par Monsieur JacquesSanter, Président du Gouvernement, Monsieur JacquesDelors, Président de la Commission des Communautéseuropéennes et Monsieur Fabio Roversi-Monaco, Rec-teur de l'Université de Bologna. Nous reproduisons ci-après le texte du discours de Monsieur Jacques Santer,Président du Gouvernement.

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Monsieur le Conseiller fédéral,Messieurs les Conseillers d'Etat du Canton de Vaud,Monsieur le Syndic de Lausanne,Monsieur le Recteur,Monsieur le Président de la Fondation Johann Wolf-gang von Goethe,Monsieur le Président de la Fondation Jean Monnetpour l'Europe,Excellences,Mesdames et Messieurs,

C'est un privilège et un honneur exceptionnels que depouvoir exprimer aux hautes personnalités académi-ques qui ont créé le Prix Jean Monnet ainsi qu'àMonsieur Alain Poher, Président du Sénat français etPrésident du Jury européen de même qu'aux distinguésmembres de son Comité, les plus vifs remerciementset la gratitude du peuple luxembourgeois qui se voitassocié à cette occasion à deux autres récipiciendairesprestigieux: l'Université de Bologne qui vient de fêterson 900e anniversaire, et le Président de la Commissioneuropéenne, Monsieur Jacques Delors.

La remise du Prix Jean Monnet nous remplit de fiertéet prend pour mes compatriotes et moi-même un reliefparticulier en raison de la date même où se tient cettecérémonie solennelle en effet, c'est dans exactementcinq jours, le 9 novembre, que l'Europe entière commé-morera le 100e anniversaire de celui qui a été élevé parles 12 Chefs d'Etat et de Gouvernement à la dignitéde "citoyen d'honneur de l'Europe".

Comment ne pas évoquer devant un auditoire où sontréunis tant d'éminentes personnalités du monde poli-tique, culturel et scientifique et plus particulièrementau bord des rives du Lac Léman cette épopée - carc'en fut une, en dépit de son échec tragique - la Sociétédes Nations: Première tentative généreuse et coura-geuse visant à assoir les relations entre les peuples etEtats sur de nouvelles bases, au lendemain de la Pre-mière Guerre Mondiale?

De 1920 à 1923, Jean Monnet s'est en effet trouvé direc-tement associé à cette entreprise en tant que secrétairegénéral adjoint de la S.D.N. Il en connut les espoirs,mais il en perçut également rapidement les faiblesseset les limites. Les causes de l'échec de la Société desNations sont multiples et complexes.

Dans sa réponse lors de la cérémonie, où il lui fut con-féré le titre de "docteur honoris causa" de l'Universitéde Lausanne, qui nous accueille aujourd'hui, Jean Mon-net commente ainsi le bilan de ses années genevoises,je le cite;

"La leçon que l'échec de la Société des Nations m'aapprise c'est que pour établir une action communed'une manière durable entre différents pays, il fautqu'ils donnent quelque chose d'eux-mêmes et créentune forme d'action commune qui ne soit pas une simplecoopération.

Ce quelque chose est une partie des souverainetés na-tionales graduellement fusionnées au sein d'institutionscommunes."

Toute l'oeuvre, toute la méthode de Jean Monnet sontcontenues dans ces quelques phrases précises, dénuées

d'emphase, mais si riches de sens, caractéristique dustyle et de la pensée de l'homme dont nous honoronsla mémoire aujourd'hui.

Il fallut une autre guerre encore plus atroce pour per-mettre enfin au message de Jean Monnet, partagé parun petit nombre de fidèles amis, d'être entendu. Cemessage a été compris à sa juste valeur et dans toutesa profondeur par ce groupe de personnalités excep-tionnelles qui présidaient aux destinées de l'Europe del'après-guerre, groupe au sein duquel je mentionnerai -vous m'en excuserez, fierté nationale oblige - le Luxem-bourgeois Joseph Bech, dont les chemins s'étaient dé-jà croisés avec ceux de Monnet du temps de la S.D.N.

D'abord de manière prudente, tant l'approche était in-novatrice et les enjeux énormes, puis avec convictionet enthousiasme, mon pays s'est engagé dans cetteformidable aventure lancée un 9 mai 1950 dans lesalon de l'Horloge du Quai d'Orsay par l'éminent hom-me d'Etat français et le grand Européen, Robert Schu-man, dont nous nous plaisons par ailleurs à releverl'origine luxembourgeoise.

Le Luxembourg, modeste par sa taille comme par lenombre de ses habitants qui a subi tous les contrecoupsde l'affrontement séculaire entre la France et l'Alle-magne, a pu mesurer au cours de ses 150 ans d'indé-pendance les potentialités de son insertion dans desensembles économiques plus larges. Sa réponse au pro-jet de constitution d'une communauté économique ducharbon et de l'acier ne pouvait dès lors qu'être posi-tive.

La vocation européenne du Luxembourg a été miseen lumière dès les débuts par l'installation dans notrecapitale de la Haute Autorité de la CECA présidéepar Jean Monnet. Je ne résiste pas au plaisir de citerces quelques phrases extraites de ses Mémoires qui tra-duisent bien l'atmosphère qui régnait à l'aube du 24juillet 1952, au terme d'une nuit de discussions diffi-ciles sur la question du siège des institutions de la CE-CA.

"Alors on entendit la voix de Bech qui semblait jusque-là somnoler:" Je propose que le travail commence aussi-tôt à Luxembourg, cela nous donnera le temps de réflé-chir à la suite." Tout le monde fut soulagé et c'est ainsique la CECA eut son siège "précaire" dans une petiteville qui est devenue un carrefour de l'Europe".

La décision était tombée le 24 juillet, le 10 août la Hau-te Autorité commençait ses travaux à Luxembourg sousla conduite dynamique de son président. On se souvientencore à Luxembourg des lumières qui souvent res-taient allumées tard dans la nuit, place de Metz, oùMonnet et ses collaborateurs dévoués jetaient les fon-dations solides de la construction européenne.

Jean Monnet restera à Luxembourg jusqu'au momentoù il quittera la présidence de la Haute Autorité enjuin 1955 pour se consacrer entièrement à son actionau sein du Comité d'action pour les Etats-Unis d'Euro-pe qu'il allait créer la même année. Tout au long de sonséjour dans sa résidence luxembourgeoise, au Bricher-haf, à deux pas du Centre européen du Kirchberg, cethomme aux profondes racines rurales apprécierales longues marches à travers les champs et les

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forêts qui sa vie durant lui ont permis de se ressourceret de fortifier sa concentration d'esprit unique.

C'est la vie et l'oeuvre de cet homme, ainsi que lesliens multiples qu'il entretint avec le Luxembourg, quisont au centre des multiples célébrations prévues dansmon pays dans les jours et les semaines à venir.

Aujourd'hui encore cette oeuvre nous interpelle et nousforce à sortir des chemins battus et à dégager les axesdu progrès de la construction européenne.

Pour scruter l'avenir, reportons-nous aux origines ettout d'abord à cette déclaration du 9 mai 1950, si heu-reusement inspirée par Jean Monnet, qui contient cettephrase désormais célèbre:

"L'Europe ne se fera pas d'un seul coup, ni dans une con-struction d'ensemble: elle se fera par des réalisationsconcrètes créant d'abord une solidarité de fait".

Près de 40 ans plus tard, cette formule continue à nousmontrer la voie, la voie d'une progression pragmatiqueet graduelle vers l'objectif que nous nous sommes fixés,notamment dans l'Acte Unique négocié à Luxembourg,à savoir la réalisation d'une Union européenne.

Sur le chantier européen des fondations solides ont étéétablies et les pierres angulaires ont été mises en place.Au cours des 3 décennies d'histoire communautaire,une architecture s'est nettement dessinée dans certainssecteurs, clairement ébauchée dans d'autres.

A présent les 12 architectes se rassemblent pour dis-cuter de la poursuite de l'entreprise: il faut consolidercertaines pièces, redresser des pans de murs qui s'avè-rent mal construits, décider de l'ordre des priorités etdu rythme des travaux à effectuer.

Faut-il s'étonner que des vues diverses s'expriment à cestade crucial? Je reste pour ma part convaincu que cetteconstruction ne pourra se maintenir et prospérer quedans la mesure où elle continue à correspondre auxaspirations profondes de tous ses habitants et que dèslors elle prend en compte la diversité de leurs apportset de leurs besoins.

C'est cette synthèse que nous devons rechercher, c'estelle la clé du succès futur de notre entreprise commune.

Permettez-moi de citer dans ce contexte ces quelquesphrases prononcées récemment par S.A.R. le Grand-Duc Jean:

"Le processus vers l'union de nos peuples n'a de chanced'aboutir que dans le respect de leurs libertés propreset dans la reconnaissance et la préservation de leursintérêts communs.

La démocratie, notre bien le plus précieux, trouve sabase dans des principes et les règles destinés à respecterl'individualité et garantir la diversité, même dans sesexpressions minoritaires. En conséquence la Commu-nauté Européenne ne saurait se réduire à la loi de la seu-le majorité. Elle doit nécessairement respecter le droità l'existence et à l'expression de tous ses membres entenant compte des particularités et des capacités dechaque pays." (fin de citation)

Sur le chantier européen beaucoup reste à faire: toutesles énergies sont actuellement mobilisées pour la réali-sation de cet objectif central que représente l'achève-ment du grand Marché Intérieur Européen.

Déjà dans les esprits germent et foisonnent les idéesqui marqueront les débats politiques des prochainesannées:

- la réalisation d'une véritable Union Economique etMonétaire,- l'approfondissement de la dimension sociale de notreCommunauté.-la création d'une Europe des nouvelles technologieset de la communication,- l'émergence d'une Europe de la culture,- Le renforcement du rôle de l'Europe dans le monde,à travers la politique européenne de sécurité, voilà lesailes nouvelles du bâtiment que nous sommes en trainde construire ensemble.

Devant l'ampleur des tâches qui nous attendent faut-ilcéder au découragement, voire au doute?

Certes non, si nous prenons à coeur le message de cetinfatiguable artisan de l'Europe dont le souvenir est sivivant à travers cette cérémonie émouvante, pour la-quelle je voudrais remercier toutes les personnalitéseminentes qui y ont pris part. Ecoutons encore ces pa-roles de Jean Monnet qui tracent la voie à suivre etpar lesquelles je voudrais terminer mon allocution:

"Vous m'avez demandé "Est-ce que les Etats-Unis d'Eu-rope ne sont pas une utopie?" Je pense que dans toutegrande entreprise humaine, pour qu'elle puisse réussir,il y a toujours une part de rêve.

Mais le rêve, s'il dure, devient un jour une réalité, parcequ'alors les hommes s'attachent à surmonter les diffi-cultés nécessaires à sa réalisation.

Graduellement le rêve s'efface et sa réalisation apparaît.C'est notre cas, c'est le cas de l'unité de l'Europe."

A l'orée du 21e siècle, cette unité de l'Europe demeurenotre première ambition.

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Inauguration de l'exposition commémorant lecentenaire de la naissance de Jean Monnet

Le 5 octobre 1988 a eu lieu au Théâtre Municipal deLuxembourg l'inauguration de l'exposition organiséeà l'occasion du centenaire de Jean Monnet par le gou-vernement luxembourgeois en collaboration avec lesservices de la Commission des Communautés euro-péennes à Luxembourg, la Fondation Jean Monnet pourl'Europe à Lausanne et le Cercle Philatélique Europhil.A cette occasion des discours furent prononcés parMonsieur Jacques F. Poos Vice-Président du Gouverne-ment, Ministre des Affaires Etrangères, Monsieur leProfesseur Henri Rieben, Président de la FondationJean Monnet pour l'Europe et Monsieur Oege Weys,Président du Cercle Philatélique Europhil. Nous re-produisons ci-après le texte du discours de MonsieurJacques F. Poos, Vice-Président du Gouvernement,Ministre des Affaires Etrangères.

Le 9 novembre 1888 est né un homme qu'ajuste titrenous considérons comme l'un des pères de l'Europeet dont le 100e anniversaire est commémoré ces jours-ci à travers toute l'Europe.

Jean Monnet a laissé un héritage qui ne peut laisser leLuxembourg indifférent.

L'exposition que nous allons inaugurer sous peu vouspermettra d'en mesurer à.la fois la richesse et la diver-sité.

Hier à Lausanne au cours d'une cérémonie à la foissolennelle et émouvante, le Prix Jean Monnet 1988 aété remis au Grand-Duché de Luxembourg, tout com-me à l'Université de Bologne - la plus ancienne et laplus illustre des universités européennes - qui fête cetteannée son 900e anniversaire - ainsi qu au Président dela Commission Jacques Delors.

A propos de la remise au Luxembourg de la médailled'or Jean Monnet, je m'en voudrais de ne pas vous don-ner lecture du télégramme que je viens de reeevoirde la part du Ministre Fédéral des Affaires Etrangères,Monsieur Hans-Dietrich Genscher:

"Sehr geehrter Herr Außenminister,

Zur Verleihung des Jean-Monnet-Preises an das Groß-herzogtum Luxemburg übersende ich Ihnen meineherzlichen Glückwünsche.

Damit ehrt die Johann Wolfgang von Goethe-Stiftungeinen Mitgliedstaat der Europäischen Gemeinschaft,dem diese Auszeichnung in hohem Maße gebührt.

Als Gastland zahlreicher Institutionen der Gemein-schaft, als Geburtsstätte der Einheitlichen Europäi-schen Akte, die der Europäische Rat im Jahre 1985unter Luxemburger Vorsitz verabschiedete, und als en-gagierter und verläßlicher Partner europäischer Integra-tion hat das Großherzogtum Luxemburg große undbleibende Verdienste um die europäische Einigung er-worben.

IhrHans-Dietrich GenscherBundesminister des Auswärtigender Bundesrepublik Deutschland"

Dans sa "laudatio" des trois récipiendaires, MonsieurAlain Poher, Président du Sénat français, a présentéJean Monnet comme

- homme d'action- homme de conviction- homme de vision

Permettez-moi, Mesdames, Messieurs, de m'attarderquelque peu sur cette 3e dimension; Jean Monnet"1 homme de vision".

Il faut distinguer entre hommes ordinaires et visionnai-res:

L'homme ordinaire perçoit l'histoire à l'aune de sa pro-pre espérance de vie.

Le visionnaire, le bâtisseur, par contre, regarde au-delàde sa vie et parfois même au delà de son siècle.

Mais il y a deux sortes de visionnaires:

Les visionnaires qui se trompent et les visionnaires quigagnent leur pari.

Avec un recul suffisant de l'histoire, je crois que nouspouvons constater aujourd'hui que Jean Monnet agagné ses trois paris:

- le pari de la paix,- le pari des institutions communautaires, et- le pari de la prospérité économique.

1. La Paix

Reconcilier la France et l'Allemagne, réunir les indus-tries de base de la guerre et empêcher le réarmement,construire la paix sur une base objective: tels étaientses objectifs.

Dès 1943, en pleine guerre, Monnet dessine les con-tours de l'Europe à bâtir:

"II n'y aura pas de paix en Europe", écrit-il à Alger,"si les Etats se reconstituent sur une base de souverai-neté nationale, avec ce que cela entraîne de politiquesde prestige et de protection économique... Les paysd'Europe sont trop étroits pour assurer à leurs peuplesla prospérité que les conditions modernes rendent pos-sible et par conséquent nécessaire... Leur prospéritéet les développements sociaux indispensables sont im-possibles, à moins que les Etats d'Europe ne se formenten une Fédération ou une "entité européenne" qui enfasse une unité économique commune".

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"Faire l'Europe, c'est faire la paix" a encore écrit JeanMonnet.

Eh bien, c'est fait!

Aujourd'hui aucune guerre ne pourrait plus partir duterritoire européen.

2. Les institutions

Notre Communauté n'est pas uniquement un grandespace économique.

L'Europe des Douze est une communauté de droitbasée sur des institutions communes.

Jean Monnet, visionnaire, avait bien compris l'impor-tance qu'il fallait attacher au domaine institutionnel:"la vie des institutions", a-t-il écrit, "est plus longue quecelle des hommes".

La véritable innovation institutionnelle du Traité de laCECA était la supra-nationalité, en d'autres mots, letransfert de souveraineté des parlements nationaux àdes institutions communes.

Ainsi la Haute Autorité, dont Jean Monnet était le pre-mier président, préfïgure-t-elle le premier gouverne-ment à l'échelle européenne. La Cour de Justice Euro-péenne était la première juridiction dont les arrêts sontdirectement exécutoires sur le territoire des Etats mem-bres.

Le véritable fait nouveau était d'apporter la preuve quede tels transferts de souveraineté étaient non seulementpossibles mais nécessaires.

Le débat qui se poursuit aujourd'hui démontre qu'ilest infiniment plus facile d'abandonner certains attri-buts de souveraineté nationale dans le domaine desdouanes comme dans ceux de la monnaie et de lafiscalité. Mais Jean Monnet a vu juste en soulignantque pour faire l'Europe, il est indispensable que lesEtats "donnent quelque chose d'eux-mêmes".

"L'avenir de l'Europe dépend de sa volonté d'orga-niser une union de nations dans laquelle chacune doitêtre d'accord de sacrifier une partie de son indépendan-ce économique, politique et militaire pour le bien de lacommunauté dans son ensemble".

Depuis cette époque troublée, depuis surtout la fameusedéclaration de Robert Schuman du 9 mai 1950, si heu-reusement inspirée par Jean Monnet, à l'Acte UniqueEuropéen et à l'achèvement du grand marché intérieuraujourd'hui, que de chemin parcouru!

Aujourd'hui, un nouveau débat est lancé sur l'avenirde la construction européenne. Je suis convaincu que cedébat, nous devons l'aborder de manière mesurée etpragmatique, sans a priori dogmatique, sans non plusperdre de vue l'objectif que nous nous sommes fixésdans l'Acte Unique de Luxembourg: celui de trans-former l'ensemble des relations entre Etats membresen une Union européenne. Partie prenante dès la pre-mière heure de la construction européenne, le Luxem-bourg ne peut que souscrire à cet objectif, même si les

voies et moyens les plusaptes à l'atteindre restent l'objetd'une discussion importante que nous devons mener.

Puissent les responsables d'aujourd'hui méditer cetteleçon de modestie déjà contenue dans le discours queJean Monnet a prononcé en octobre 1957 devant le"Cotton Board" à Harrogate: "Les Etats-Unis d'Europedoivent être assez souples parce que des Républiquescomme l'Allemagne, la France ou l'Italie, ou des monar-chies comme la Belgique, la Hollande et le Luxem-bourg, vivent harmonieusement ensemble, - ou il n'yaura pas d'Etats-Unis d'Europe".

3. La prospérité économique

Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, l'ob-jectif était de relever le défi de la reconstruction éco-nomique de l'Europe et de faire bénéficier les consom-mateurs et les travailleurs des fruits de la croissance.

Les moyens préconisés par Jean Monnet étaient aussidivers qu'originaux:

-mettre fin aux cloisonnements et libérerainsi les forcesdu grand marché;

- abolir les discriminations et les inégalités;

- discipliner les prix et la concurrence;

- financer par des moyens communautaires l'investis-sement productif dans les secteurs de base;

- affirmer le rôle d'une Europe reconstruite face auxdéfis américain, russe et japonais.

Là encore, l'on peut constater, avec le recul de l'histoire,que les entreprises européennes - celles relevant de laCECA, mais également toutes les autres - ont faitl'apprentissage de la concurrence à l'échelle européen-ne, cela sans heurts notables et sans catastrophes.

Le résultat a été un accroissement des échanges et unessor prodigieux de la production.

La pari gagné a été bénéfique pour les travailleurs. Audébut des années 1950 les salaires ont fortement pro-gressé et la construction de logements sociaux a étérelancée, grâce aux fonds de la CECA.

D'une manière générale le niveau général de la vies'est amélioré dans tous les Etats membres. Le prin-cipe de P"harmonisation dans le progrès", inscrit dansle Préambule du Traité, a été appliqué à la lettre.

De cette harmonisation dans le progrès, mon pays, leLuxembourg, a bénéficié peut-être plus que d'autres...

C'est une raison, aujourd'hui, d'être reconnaissant àJean Monnet.

En tant que premier président de la Haute Autoritéil a établi à partir de Luxembourg les fondations de laconstruction européenne. Ces fondations tiennent soli-dement depuis plus de 30 ans.

Ecoutons encore ces quelques phrases extraites de sesMémoires qui témoignent bien de l'atmosphère qui

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caractérisait cette période des commencements del'Europe communautaire:

"Les cérémonies achevées, tous les visiteurs reprirentle train. Nous restions seuls pour commencer uneoeuvre qui n'avait pas de précédent. Les lumières de lapetite ville s'éteignirent tôt, comme à l'habitude. Seulesles fenêtres de l'immeuble de la place de Metz restèrentéclairées fort avant dans la nuit. C'était une autre habi-tude qui s'instaurait, celle des pionniers de l'Europequi ne connaîtraient plus de repos".

Et quelques pages plus loin, Monnet, parlant de Luxem-bourg, écrit:

"Ces allées et venues en nombre incalculable firenten quelques mois de Luxembourg le centre d'une vieinternationale, intense, si bien que nous pouvions jouirà la fois de l'isolement dans une petite principauté cer-née par les magnifiques forêts de sapins et d'un contactincessant avec tous les points de l'Europe" (fin de ci-tation).

Comme vpus constaterez en parcourant le plateaude Kirchberg, ce rôle de Luxembourg comme sièged'institutions européennes s'est grandement amplifiédepuis cette époque et il est appelé à se développerencore dans les années à venir.

Monsieur le Professeur Rieben, Cher maître,

Cet homme dontje viens d'évoquer brièvement l'oeuvreet de citer les écrits, vous lui avez consacré une largepart de vos travaux scientifiques et de votre vie même.En tant que président de la Fondation Jean Monnetpour l'Europe, vous avez accompli, inspiré et rendu pos-sible un magnifique travail d'étude et de recherche nonseulement sur la personne de Jean Monnet, mais éga-lement sur le processus d'intégration européenne.

Et j e suis fier de pouvoir faire auj ourd'hui publiquementétat de la grande dette intellectuelle que je dois à votreenseignement si riche à l'Université de Lausanne.

Je sais par ailleurs que vos attaches avec le Luxem-bourg sont multiples et anciennes...

Il m'est permis aujourd'hui - et j e ne m'en priverai point -de rendre hommage à vos qualités de Professeur d'Uni-versité, de militant européen et d'ami du Luxembourg.

Déjà les travaux préparatoires de votre propre thèsede doctorat vous ont mis en contact avec la réalitéluxembourgeoise. Votre thèse porte le titre évocateur"Des Ententes de Maîtres de Forges au Plan Schuman".En analysant ce qu'on peut appeler la préhistoire de laCECA, vous avez été confronté avec l'Entente Inter-nationale de l'Acier (l'AIEA). Dans la mise au pointet l'animation de l'AIEA un grand Luxembourgeois ajoué un rôle capital: Emile Mayrisch. Il avait comprisqu'un petit pays qui héberge une grande industrie abesoin plus que les autres de l'ouverture des frontièreset de la solidarité internationale. L'on sent à traversvos écrits que vous avez été passionné par le person-nage d'Emile Mayrisch.

Ensuite, comme jeune Professeur à l'Université deLausanne et titulaire de la chaire d'économie nationaleà l'Ecole des HEC, vous avez été le premier enseignantà parler de l'intégration européenne: Des centainesd'étudiants luxembourgeois ont suivi cet enseigne-ment. Vous leur avez communiqué votre foi en l'Europe.

Il n'est pas exagéré en effet de vous qualifier de mili-tant européen. Déjà à la fin des années 1950 vouslancez le "Centre de Recherches Européennes" del'Université de Lausanne qui, depuis, a édité plus de150 de ses renommés "cahiers rouges". Puis vous fûtesle premier secrétaire administratif du "Comité d'Actionpour les Etats-Unis d'Europe" créé par Jean Monnet.Enfin, il vous revenait de présider la "Fondation JeanMonnet" dont vous conservez les archives à la fermede Dorigny, cet havre de paix et de réflexion installéen plein campus de l'Université de Lausanne.

Votre troisième passion, Monsieur le Professeur, étaitla sidérurgie. En suivant l'aventure industrielle luxem-bourgeoise vous avez été frappé par une expériencespirituelle: Colpach. Colpach que vous avez qualifiéde "petit noyau de la future Europe" a été entre les deuxguerres le point de rencontre des intellectuels, écrivainset penseurs de France, d Allemagne et d'autres nationsdu vieux continent.

Dans la "Bataille de l'Acier" vous avez relaté la lutte desurvie de la sidérurgie européenne devant les redouta-bles concurrents des pays neufs.

Enfin il faut rappeler, cher Monsieur Rieben, qu'en1950 vous avez mis vous-même les mains à la pâtelorsque le Gouvernement luxembourgeois vous avaitappelé pour rendre un arbitrage dans un difficile con-flit social. Grâce au résultat de cet arbitrage - le fameux"franc Rieben" - la menace d'une grève a pu être écartée.Cela ajustement évité à la sidérurgie luxembourgeoised'être entraînée dans un conflit qui, au début des an-nées 1960, a eu des conséquences néfastes dans d'autrespays notamment en Belgique. On peut même expliquerle fait que la sidérurgie luxembourgeoise était la premiè-re à résoudre sa difficile restructuration par le dénoue-ment heureux du conflit de 1960? En tout cas, c'est decette époque que date le début de la concertation socialeau Luxembourg, concertation qui a abouti à la fin desannées 1970 à la tripartite et au "modèle luxembour-geois".

C'est en vous rendant à Luxembourg pour préparervotre arbitrage que vous vous êtes lié d'amitié avec lesreprésentants du Gouvernement de l'époque, MonsieurPierre Werner, Ministre d'Etat et Monsieur Paul El-vinger, Ministre de l'Economie, mon ancien "patron".Il y avait encore, autour de la table les syndicalistesAntoine Krier, Antoine Weiss et Léon Wagner qui luireprésentait les syndicats chrétiens. L'ARBED était di-rigée par Monsieur Félix Chômé. Avec toutes ces per-sonnalités vous n'avez cessé de garder un contact nour-ri.

Aujourd'hui, il m'est un réel plaisir de vous accueillirici à Luxembourg, de même que votre collaborateurDr. Martin Nathusius. L'appui concret et efficace de laFondation Jean Monnet pour l'Europe que vous prési-dez, nous a été fort précieux, pour ne pas dire indis-

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pensable, dans l'organisation de cette exposition, dé-diée au bien-nommé "citoyen d'honneur de l'Europe"et nous vous en remercions.

Ces remerciements s'adressent également aux servicesde la Commission à Luxembourg ainsi qu'au Directeurdu Bureau de presse et d'information de la Commissionà Luxembourg.

L'exposition de publications se rapportant à la vie etl'oeuvre de Jean Monnet a été rendue possible grâce àl'obligeante collaboration du Directeur de la Bibliothè-que nationale, M. Jules Christophory.

L'organisation par les bons soins de M. Oege Weys etde ses collègues de l'exposition philatélique Europhilex1988 consacrée à Jean Monnet et à l'Europe montre

à l'évidence, si besoin il y avait, qu'aujourd'hui l'idéeeuropéenne a largement dépassé le cercle restreint deshommes politiques, des hauts fonctionnaires et des di-plomates au sein duquel les Communautés européen-nes ont pris forme dans les années 50 pour devenir uneréalité de tous les jours.

Monsieur le Professeur Rieben, vous avez décrit Lu-xembourg comme "un des plus intéressants laboratoirespolitiques et économiques de l'intégration européen-ne".

Le Gouvernement luxembourgeois est donc particuliè-rement honoré que vous soyiez revenu travailler dansce laboratoire pour nous parler d'un grand européendont à travers la fondation Monnet que vous présidez,vous êtes en quelque sorte le dépositaire spirituel.

Visite à Luxembourg de Monsieur GeorgeVassiliou, Président de la République de Chypre

Le 15 novembre 1988, Monsieur George Vassiliou, Pré-sident de la République de Chypre, accompagné deMonsieur Jacovou, Ministre chypriote des Affairesétrangères, a effectué une visite de travail à Luxem-bourg. Lors de son séjour à Luxembourg, MonsieurVassiliou a été reçu en audience par Son Altesse Royalele Grand-Duc au Palais grand-ducal et il a eu des entre-tiens à la Chambre des Députés ainsi qu'une entrevueavec Monsieur Jacques Santer, Président du Gouverne-ment. Pour sa part, le Ministre des Affaires étrangèresde la République de Chypre a eu des entretiens avecMonsieur Robert Goebbels, Secrétaire d'Etat aux Af-faires étrangères. Dans la soirée un dîner fur offert enl'honneur des hôtes chypriotes par Monsieur JacquesSanter, Président du Gouvernement. A cette occasiondes discours furent prononcés par Monsieur JacquesSanter, Président du Gouvernement, et par MonsieurGeorge Vassiliou, Président de la République de Chy-pre. Nous reproduisons ci-après le texte de ces discours.

Discours de Monsieur JacquesSanter, Président du Gouvernement

Monsieur le Président,Excellences,Mesdames, Messieurs,

Permettez-moi tout d'abord de vous souhaiter, au nomdu Gouvernement luxembourgeois, une chaleureusebienvenue dans notre pays. C'est pour moi un grandhonneur et une grande joie de pouvoir vous accueilliraujourd'hui à Luxembourg. Votre visite au Grand-Du-ché est la preuve des liens d'amitié qui unissent nosdeux pays.

Les entretiens que nous avons eus au cours de la jour-née au sujet de questions internationales et bilatéralesont montré que nos deux pays partagent une philo-

sophie commune concernant les relations entre Etatssur la base de la défense de la démocratie et selonle principe de la coopération entre nations. Nous avonségalement pu constater qu'il existe des possibilitésd'étendre la coopération entre nos deux pays et de dé-velopper notamment des liens plus serrés sur le planéconomique.

Nos deux pays se sont déjà engagés dans leurs relationsbilatérales par la signature de deux accords, l'un rela-tif aux transports aériens et l'autre au tourisme. Cesdeux accords vont sans doute contribuer à renforcerla connaissance mutuelle entre nos peuples en garantis-sant un échange plus fréquent des visites entre nosconcitoyens. Je me félicite de ce que notre compagnied'aviation nationale a commencé depuis quelque tempsà desservir votre pays, donnant ainsi la possibilité à mescompatriotes d'apprécier les charmes de votre île.

Certes, l'histoire récente de votre pays a connu ses diffi-cultés. Les événements qui ont mené à l'invasion et à ladivision de votre patrie ont été une époque particuliè-rement douloureuse. Jusqu'à ce jour le Luxembourg atoujours apprécié les efforts du Gouvernement de Chy-pre, seul représentant légitime de la République, danssa quête pour maintenir l'indépendance, la souveraine-té, l'intégrité territoriale et l'unité de la République deChypre. Aussi espérons-nous que les contacts qui ontété établis entre les deux communautés vont permettreun jour de revenir à une situation plus satisfaisante;ce sera un pas dans la direction de surmonter la divi-sion actuelle. Je ne doute pas que vous, Monsieur lePrésident, arriviez à contribuer à une juste solution dece problème douloureux.

Nonobstant cet état de fait, la Communauté Européen-ne a continué et approfondi sa coopération avec laRépublique de Chypre. Il y a un an, ici à Luxembourg,

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le protocole organisant l'Union douanière entre Chypreet la Communauté a été signé. Notre association datede 15 ans et notre accord d'association, complété pardes protocoles financiers, a permis à nos relations com-merciales de se développer en dépit de la compétitioncroissante entre les producteurs agricoles méditerra-néens. Ainsi la communauté a été et sera, comme ilconvient, votre premier partenaire commercial.

A une époque où l'Europe des Douze travaille au ren-forcement de ses liens intérieurs en vue de l'achève-ment du grand Marché Unique à l'horizon 1992, notreétroite collaboration gagne encore en importance. L'in-tention des Douze n'est certainement pas de former -comme d'aucuns le craignent - une forteresse Europequi élèverait des barrières à l'égard des autres nations,mais de conférer une plus grande cohésion à l'idée euro-péenne en libérant le commerce intercommunautairede toutes entraves. Par ailleurs, l'Europe restera unemaison ouverte à la coopération avec les autres pays etje suis convaincu que la République de Chypre demeu-rera l'un de ses partenaires privilégiés. En effet, enquelques années l'union douanière entre Chypre etla Communauté devra être parfaite. Et, en attendantla coopération aura pris son plein essor, notammententre les entreprises de votre pays et de la Commu-nauté.

Ce n'est que par l'intensification de nos échanges quenous nous pouvons assurer ces avantages mutuels qui,en fin de compte, pourront seuls contribuer à amé-liorer le niveau de vie de nos peuples.

Je puis vous assurer, Monsieur le Président, que leLuxembourg, de par sa nature, est particulièrementsensible aux intérêts des petits pays face aux nouvellesréalités qui vont être créées jusqu en 1992 et que voustrouverez en nous un ami fidèle éî attentif à vos inté-rêts.

Monsieur le Président,Excellences,Mesdames et Messieurs,

Je vous prie de bien vouloir lever vos verres avec moi etde boire à-la santé du Président de la République deChypre, M. Vassiliou ainsi qu'à l'amitié entre le peuplechypriote et luxembourgeois.

Discours de Monsieur GeorgeVassiliou, Président de la République

de ChypreMonsieur le Premier Ministre,

Je vous remercie de l'occasion que vous m'avez offertede visiter votre beau pays, dont les traces de l'histoireillustre n'échappent pas à l'attention du visiteur.

Je vous remercie également de cette occasion qui m'apermis de vous rencontrer, ainsi que d'éminentes per-sonnalités de votre pays, pour avoir avec vous unéchange de vues sur les rapports bilatéraux qui existententre nos deux pays et sur les événements d'impor-tance majeure -iui se développent et sont en train defaçonner l'avenir de l'Europe.

Les similitudes et les points communs qui existent entrenos deux pays sont nombreux.

Nous sommes en effet deux petits pays, membres de lafamille européenne, et qui partagent des idéaux et desprincipes communs: ceux de la démocratie et du res-pect des droits de l'homme, qui sont les piliers de lacivilisation européenne.

Bien qu'il soit ce qu'on appelle un petit pays, le Lu-xembourg a su en outre vivre et s'exprimer librement, àégalité avec ses partenaires.

Il joue un rôle très constructif dans l'évolution des évé-nements en Europe, dois-je rappeler que c'est sous saprésidence,en décembre 1985,que s'estpriseladécisiondu Marché Unique.

C'est à Luxembourg que Robert Schuman est né.

C'est ici que Gaston Thorn et Pierre Werner ont oeuvréà la réussite de vos ambitions politiques.

Le Luxembourg a également atteint un niveau de dé-veloppement économique des plus remarquables etoffre à son peuple un niveau de vie très élevé.

Je me réjouis tout particulièrement du fait que nosrapports bilatéraux ne cessent de s accroître, à la satis-faction de nos deux pays.

Nous apprécions les contacts établis par nos Ministresdes Affaires Etrangères et les visites qu'Us se sont ren-dues.

Monsieur le Premier Ministre, avec votre pays, nousavons récemment signé un accord dans le domaine dutourisme, ainsi qu'un autre dans le domaine des trans-ports aériens.

Nous nous en réjouissons et nous sommes prêts à éten-dre cette coopération dans d'autres domaines.

Pour cela, ainsi que pour votre compréhension des rap-ports de Chypre avec la Communauté EconomiqueEuropéenne, nous vous sommes reconnaissants.

Nous apprécions également le soutien que votre gou-vernement ne cesse de manifester à l'égard des efforts•que nous déployons pour trouver une solution au pro-blème cypriote-, solution qui soit conforme aux princi-pes de l'indépendance, de l'intégrité et de l'unité deChypre.

Dans ce cadre, nous avons accepté la proposition duSecrétaire Général des Nations Unies d'un dialogueavec le chef de la communauté cypriote turque.

Ainsi qu'il m'a été donné de le souligner à plusieursreprises, je crois que le problème cypriote peut êtrerésolu et peut l'être vite.

Nous avons accepté le principe d'un système fédéralà deux régions, dont nous croyons qu'il peut garantirle développement et la prospérité de l'ensemble de lapopulation de l'île, sans que l'indépendance ni l'unitéde l'Etat en soient affectées.

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Notre combat vise à préserver le caractère démogra-phique de l'île, ce qui suppose le départ de tous lescolons anatoliens.

Notre but est d'assurer un avenir pacifique, à un paysdémilitarisé, et où les libertés fondamentales de circula-tion, d'établissement et de propriété, ainsi que les droitsde l'homme, soient reconnus et respectés.

J'espère et je souhaite que l'année 89 marque la findu drame du peuple cypriote.

J'espère et je souhaite que l'Europe contribue à l'abou-tissement de ces efforts de paix, ce qui serait à l'avantagede tous les pays concernés et particulièrement de laTurquie, qui se tourne vers l'Europe et se doit dès lorsd'en respecter les principes fondamentaux.

Monsieur le Premier Ministre, bien que les dimensionsgéographiques et démographiques du Grand-Duché deLuxembourg soient limitées, il a prouvé qu'il est en me-sure de jouer un rôle constructif et d'être un membreactif et dynamique de la communauté internationale.

Il a prouvé qu'il est un partenaire prépondérant du suc-cès de la famille européenne.

Le Luxembourg possède en réalité les qualités dontnous aimerions que notre pays dispose, sa situationétant comparable à bien des égards.

Le Luxembourg est un modèle sur lequel nous aime-rions calquer notre évolution internationale.

Car l'avenir de Chypre est tout entier tourné versl'Europe.

En 1972, nous avons signé un Accord d'Associationavec la Communauté Economique Européenne.

En 1987, avec la signature du protocole correspondant,ici à. Luxembourg, nous avons entamé la seconde étapede l'Union Douanière entre Chypre et la Communauté.

Notre but est de nous rapprocher plus encore de l'Eu-rope, avec laquelle nous partageons tant de choses, quece soit d'un point de vue historique, culturel ou decivilisation.

Notre but est de pouvoir nous intégrer à l'Europe etd'y appartenir en tant que membre à part entière.

Monsieur le Premier Ministre, je suis certain que mavisite à Luxembourg, notre premier contact personnelet les entretiens, qui nous ont permis de mieux nousconnaître et de nous estimer mutuellement-, je suiscertain que tout cela contribuera à améliorer encore lesrapports qu'entretiennent nos pays.

Nous aurions grand honneur, le peuple cypriote et moi,que vous nous accordiez la joie de venir à Chypre afinque nous puissions vous rendre l'accueil chaleureuxque vous m'avez réservé.

Permettez-moi enfin, en levant mon verre à votre santéet à l'avenir prospère du peuple luxembourgeois, de sa-luer au travers de votre personne Leurs Altesses leGrand-Duc et la Grande-Duchesse de Luxembourg,dont le sens du devoir n'est pas étranger à votre succès.

Visite à Luxembourg de Monsieur Franz Vranitzky,Chancelier fédéral de la République d'Autriche

Répondant à l'invitation de Monsieur Jacques Santer,Président du Gouvernement, Monsieur Franz Vranitz-ky, Chancelier fédéral de la République d'Autriche, aeffectué une visite officielle à Luxembourg les 13 et 14octobre 1988. Le Chancelier fédéral et Madame Vranitz-ky furent accueillis le 13 octobre en début d'après-midià leur descente d'avion à l'aéroport du Findel par Mon-sieur Jacques Santer, Président du Gouvernement.Dans l'après-midi, le Chancelier fédéral a eu des entre-tiens avec Monsieur Jacques Santer, Président du Gou-vernement, et Monsieur Jacques F. Poos, Vice-Prési-dent du Gouvernement, Ministre des Affaires Etrangè-res. Le programme prévoyait ensuite un dépôt de fleursdevant le Monument National de la Solidarité Luxem-bourgeoise, une visite de la Corniche et une conférencede presse à la Maison Cassai.Les personnalités autrichiennes suivantes accompag-naient le Chancelierfédéral; Botschafter Mag. Dr. ErichM. Schmit, Leiter der politischen Sektion des Bundes-ministeriums für Auswärtige Angelegenheiten; Ober-rat Dkfm. Ulrich Stacher, Leiter der Sektion Koordi-nationsangelegenheiten des Bundeskanzleramtes; Mi-nisterialrat Mag. Hans Nigisch, Leiter der Protokoll-abteilung des Bundeskanzleramtes, Gesandter Dr. Eva

Nowotny, Aussenpolitischer Berater des Bundeskanz-lers; Mag. Gerhard Praschak, Wirtschaftspolitischer Be-rater des Bundeskanzlers.

Dans la soirée un dîner fut offert en l'honneur de Mon-sieur le Chancelier fédéral et Madame Vranitzky parMonsieur Jacques Santer, Président du Gouvernement,au Cercle Municipal. Au cours de la deuxième journéede sa visite officielle à Luxembourg, le Chancelier fé-déral fut reçu en audience par Son Altesse Royale leGrand-Duc au Palais grand-ducal et il a eu une entre-vue avec Monsieur Léon Bollendorff, Président de laChambre des Députés ainsi qu'avec des membres duBureau de la Chambre et de la Commission des Affai-res Etrangères. Le Chancelier fédéral a eu ensuite desentretiens avec Monsieur Marcel Mart, Président de laCour des Comptes des Communautés européennes.Le programme prévoyait encore une visite des installa-tions de la Société Européenne des Satellites à Betz-dorf et, après un déjeuner offert par le Gouvernement,une visite de la Basilique, de la crypte de St. Willi-brord et du musée de l'abbaye à Echternach suivied'une réception offerte par la municipalité de la villed Echternach au Dënzelt.

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Visite officielle à Luxembourg de MonsieurManfred Wörner, Secrétaire général de l'OTAN

Le 25 novembre 1988, Monsieur Manfred Wörner, Se-crétaire général de l'OTAN, a effectué une visite offi-cielle à Luxembourg. Lors de son séjour à Luxembourg,Monsieur Wörner a été reçu en audience par Son Altes-se Royale le Grand-Duc au Palais grand-ducal. Il a dé-posé des fleurs au Monument du Souvenir et il eu desentretiens avec Monsieur Jacques Santer, Président duGouvernement, Monsieur Jacques F. Poos, Vice-Pré-sident du Gouvernement, Ministre des Affaires étrangè-res, et Monsieur Marc Fischbach, Ministre de la ForcePublique. Lors d'un déjeuner offert en l'honneur duSecrétaire général de l'OTAN, Monsieur Jacques San-ter, Président du Gouvernement, a prononcé le dis-cours suivant;

Discours de Monsieur JacquesSanter, Président du Gouvernement

Monsieur le Secrétaire Général,

Le Luxembourg se réjouit de vous accueillir aujourd'hui à l'occasion de votre première visite en qualité deSecrétaire Général de l'Organisation du Traité de l'At-lantique Nord.

Je suis heureux de vous souhaiter une très cordialebienvenue à vous-même ainsi qu'à votre épouse.

Monsieur le Secrétaire Général,

Depuis votre entrée en fonction en juillet dernier, lescirconstances vous ont permis de faire état de vos gran-des qualités humaines et de vos capacités profession-nelles. Votre carrière, votre expérience de la vie poli-tique, votre profonde connaissance des questions de sé-curité vous ont permis d'assumer les lourdes responsa-bilités de votre charge, dans laquelle vous succédezà une lignée de prestigieuses personnalités - dont votreimmédiat prédécesseur, je parle de l'éminent hommed'Etat et Secrétaire Général que fut Lord Carrington.

L'ordre du jour de vos conversations à Luxembourgénonce tous les problèmes majeurs qui se posent àl'Alliance comme par exemple l'élaboration d'un con-cept global de maîtrise des armements, le mandat pourles négociations sur la stabilité conventionnelle, et enfinla répartition des rôles, risques et responsabilités entrealliés.

Ce sont là autant de questions que notre organisationdevra affronter, à un moment où les relations Est-Ouestse placent sous le signe d'une réévaluation fondamenta-le. Ace sujet, permettez-moi de faire les observationssuivantes:

Une partie plus ou moins importante de nos opinionspubliques semble estimer que l'amorce d'une démocra-tisation en Union Soviétique suffit pour écarter défini-tivement tout risque d'agression et toute menace.

Notre politique ne doit pas s'inspirer uniquement de dé-veloppements politiques de caractère conjoncturel maisêtre conçue pour le long terme. En plus, nous ne de-vrons jamais oublier que notre Alliance est avant toutune communauté de valeurs.

Toutefois, le changement ébauché en URSS nous per-met d'espérer - ce dont nous devons nous féliciter - quenous pourrons asseoir notre sécurité sur des bases plusstables, et à des niveaux d'armements plus bas qu àl'heure actuelle. Il faut donc nous atteler à présent àcette tâche consistant à négocier des réductions, àasseoir de nouveaux équilibres et gagner par là une sé-curité accrue.

Ma deuxième remarque porte sur une autre réflexionsouvent répandue consistant à affirmer que l'initiativeen matière de désarmement revient au seul M. Gor-batchev, l'OTAN restant à la traîne. L'immobilismeaurait en quelque sorte changé de camp. Pour ma part,je considère une telle critique comme absolument injus-te. Car comment pourrait-on prétendre que l'initiativeappartient au nouveau Président soviétique Gorbat-chev alors qu'en réalité il ne fait que reprendre à soncompte des concepts s'inspirant de ceux de l'OTAN?Ramenons donc les jugements à une plus juste mesureet reconnaissons le rôle effectif de l'OTAN, sans pourautant mettre en doute les bonnes intentions de M.Gorbatchev, dont les initiatives tant sur le plan intérieurque vers l'extérieur méritent toute notre attention.

Ma troisième remarque concerne le pilier européen.Qui dit pilier pense appui. L'apport de l'UEO à notresécurité collective doit s'entendre comme une contribu-tion enrichissante, renforçant la défense de l'Europe,et donc la défense atlantique dans son ensemble. Envous inspirant de votre expérience d'ancien ministrede la Défense, vous êtes particulièrement qualifié pourapprécier et la portée, et l'importance de la relanceactuellement en cours de l'Organisation du Traité deBruxelles modifié.

Certes, le cadre de ce toast ne se prête pas' à des ré-flexions techniques sur tous les dossiers qui encom-brent nos bureaux. Mais je m'en voudrais de ne pasciter un de vos derniers discours, tenu au Portugal il ya à peine quatre jours. Je cite: "la dimension humaineaura toujours une place prépondérante dans notre poli-tique à l'égard de l'Europe de l'Est et de l'Union so-viétique... Si nous devons vivre en meilleure harmonieles uns avec les autres au-delà de la ligne de partageEst - Ouest .... une transparence accrue, une liberté etune participation plus grandes de l'individu, des échan-ges plus nombreux de personnes, d'idées et d'informa-tions entre l'Est et l'Ouest sont d'une importance fon-damentale". C'est là un avis que mes compatriotes par-tagent sans réserve.

Ma conclusion sera optimiste. Je vous l'emprunteraien vous citant à nouveau. "Je vois dans l'avenir plus de

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possibilités que de risques", avez-vous dit récemmentà Washington.

A nous, Monsieur le Secrétaire Général, d'exploiterces possibilités, en donnant à la doctrine Harmel uneapplication dynamique mais non exempte de viligance.A la tête de l'Alliance vous jouerez, j 'en suis sûr, unrôle particulièrement important dans ce sens.

Mesdames, Messieurs,

Puis-je vous prier de lever votre verre et de boire avecmoi

- à la paix et à la liberté dont l'Alliance Atlantiquereste le meilleur garant,

- à votre santé, Monsieur le Secrétaire Général et àcelle de votre épouse, ainsi qu'au succès de votre mis-sion à la tête de l'OTAN.

Luxembourg: a crossroad in the middle of theinternal market

Une mission économique luxembourgeoise conduitepar Son Altesse Royale le Grand-Duc Héritier, Prési-dent du "Board of economic Development", et parMonsieur Robert Goebbels, Secrétaire d'Etat aux Af-faires Etrangères, à l'Economie et aux Classes Moyen-nes, s'est rendue au Royaume-Uni du 7 au 10 novembre1988. La délégation a été l'hôte des Chambres de Com-merce de Manchester, Birmingham et Londres. Al'occasion d'une conférence organisée à Manchester surle thème; Luxembourg: ä crossroad in the middle ofthe internal market", des discours furent prononcés parSon Altesse Royale le Grand-Duc Héritier, ainsi quepar Monsieur Robert Goebbels, Secrétaire d'Etat auxAffaires Etrangères, Monsieur Henri Ahlborn, Direc-teur de la Chambre de Commerce luxembourgeoiseet Monsieur Scott Cormack, Président de la Chambrede Commerce et de l'Industrie de Manchester. Nousreproduisons ci-après le texte du discours de MonsieurRobert Goebbels, Secrétaire d'Etat aux Affaires Etran-gères.

Let me first of all thank the distinguished representati-ves of the Manchester Chamber of Commerce and In-dustry for their kind hospitality.

Given our common membership in the European Com-munity, the United Kingdom and Luxembourg are byno means alien to each other. In fact Britain has beenover centuries our closest ally and protector. The lastbattle where soldiers from Britain and from Lu-xembourg did not fight on the same side, goes backto 1346 where our King was defeated by the Britisharchers. His name was John the Blind, so he had ob-viously some excuses to be on the wrong side.

But since these ancient times, our relations have beenthe very best. Especially during World War II whenBritain gave shelter to thousands of Luxembourgers,who had to flee from the Nazi invasion, including ourRoyal Family. Many Luxembourgers fought togetherwith British and Allied soldiers for the liberation of Eu-rope and of my country.

Today we are proud to be able to give some hospita-lity to a large number of British citizens, working eitherfor the EEC or British companies established in mycountry.

The importance of the United Kingdom for the Luxem-bourg economy is a significant one. In fact the UK isone of our major trading partners.

No country is as dependent upon foreign markets asLuxembourg: Hence, holding on to the principles offree trade is just vital for us. Therefore we are firmlycommitted to international cooperation and economicintegration.

This is particularly true within the EEC. The CommonMarket, and the free flow of goods inside it, is one ofthe fundamental aspects of our political and economicallife.

The creation of a single market by 1992 will reinforcethe cooperation and the economic integration of ourtwo countries. The stake is to make Europe a real Com-mon Market, free of all shackles, with a large and openmarket of some 320 millions consumers.

Some may experience fear to open borders to interna-tional competition. But if in the short term, this maycreate some difficulties, in the long run it will bringdevelopment and prosperity to all our countries.

Luxembourg already illustrates this phenomenon. Mycountry exports about 90%of its production and importsabout the same share of what it consumes. On its terri-tory, Luxembourg anticipates somehow what Europewill be like in 1992.

In fact, my country can be viewed as the pioneer of to-morrow's single market. The 1992 conditions have, in-deed, been more or less realised in my country for manyyears.

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The Benelux countries have been for years ahead ofwhat the Commission in Brussels is proposing to theCommunity in the field of traffic and transit of goods.Crossing a border within the Benelux is far more rapidthan elsewhere in Europe and customs red tape has beenreduced to a minimum.

In the services sector, Luxembourg has always advo-cated that very freedom the Brussels Commission is nowpreaching. Here again Luxembourg anticipates 1992,as total freedom of capital movement has been an un-touchable principle with us for decades.

Luxembourg also offers a number of advantages I wouldlike to underline here.

Political stability, economic growth and social harmonyhelp to create a favorable business climat. There havebeen no major labor conflicts in the past 40 years. Thisis a considerable asset which reassures businessmen,foreign investors and bankers alike.

The Luxembourg economy has known considerablegrowth rates since the early eighties and this in spiteof the steel crisis.

In response to structural difficulties in this sector, areorganisation plan was elaborated.

This deep and painful restructuring has been done incomplete agreement between employers, unions andGovernment, which made it possible to defuse politi-cal conflicts and social unrest.

Luxembourg Governments have no tendancy to get tooclosely involved in business matters. We don't mix upthe State's role with the responsabilities of business-men. The Government contents itself with creating afavourable investment climat.

Being aware of the dangers of an economy focused ona single branche of industry, Luxembourg has triedsince the 70ies to break its dependency on steel byfavouring the establishment of new industrial invest-ment.

The policy of industrial and economic diversificationundertaken by the Government is one of the politicaloptions which finds national consensus.

Companies as prestigious as Good-Year, Dupont deNemours, General Motors, Electrolux, General Elec-tric - Fanuc or Computerland have invested in Luxem-bourg.

All these companies came to Luxembourg because ofour central location on the continent. They are desser-ving from Luxembourg the markets of Benelux, theFederal Republic of Germany and France.

The forthcoming internal market will bring even morecompetition and will force each company to be presentin these large markets and to be able to serve theircustomers.

For a UK company it would be of great interest to havea general agent based in Luxembourg or, even better.

a distribution center or a production line enabling thiscompany to serve more directly the continental markets.

Luxembourg is in the middle of everything. Our natio-nal airport is not congested, but still it offers direct airlinks with all the economic capitals of Europe. London,Paris, Francfurt, Geneva, Zurich, Brussels and Amster-dam are within one hour's flight from Luxembourg.

An excellent railroad and highway network links Lu-bourg to our neighbour states. It takes a 2 hours car-drive from Luxembourg to Brussels, Bonn, 3 hours toParis and Amsterdam.

In this respect, Luxembourg fulfills all the conditionsnecessary for the set-up of an efficient distribution cen-ter.

Warehouse operations can be handled in any part of theterritory under the conditions of a free trade zone, mini-mal formalities are required with respect to customs.

Modern communications and telecommunications areanother Luxembourg speciality.

The ASTRA - satellite is an example of Luxembourg'spioneering role in the field of telecommunications.This medium-powered satellite is owned by a private-ly held company which has received a concession fromthe State.

The satellite will broadcast 16 television programmesand will cover nearly all of Europe from Scandinavia toItaly. We do hope that British investors will continue toview this new project with interest.

At any rate, Luxembourg will thus strengthen her po-sition in the European communications industry, a po-sition which was succesfully started over 50 years agoby "Radio-Télévision-Luxembourg" known in Britainas "The station of the stars", today RTL remains thelargest privately-owned broadcasting company in Eu-rope and it beams out Radio and TV programmes allover the continent.

At present, we work on the creation of a new legal fra-mework designed to further enhance the role of Lu-xembourg as an audiovisual centre by giving supportsto new ventures in that field.

This and further diversification in the field of serviceswill strenghten our national economy.

But with the growing success of our financial sector -more than 130 international banks operate from Luxem-bourg-City, several hundred investment funds and morethan 7.000 holding companies have been created in Lu-xembourg - we fear a new monolithic structure of oureconomy.

Therefore the Government tries to encourage new in-dustrial investments in order to further diversify oureconomy. To encourage such investments we put ahost of aids at the disposal of businessmen. Let me justgive you the outlines as you can find the details in thebrochures or through your questions.

There are three main categories of aids to speak of:

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First of all, we offer industrial sites ready for construc-tion and equipped with the necessary infrastructure atfavourable conditions. Several industrial buildings ofrecent construction can be occupied immediately.

Investments in infrastructure, buildings and equip-ments benefit from a financial assistance that can go toup to 25% of their value. This assistance is usually gi-ven under the form of a capital subsidy. Direct aid canbenefit from a 50% augmentation in the European De-velopment Pole, an attractive industrial zone which hasrecently been created by Luxembourg, Belgium andFrance.

Apart from our efficient banking sector which financesinvestments and roll-over funds, the "National Creditand Investment Company" contributes to the financingof industrial investments and exports by:

- equipment credits over a 10 year period at a fixedrate of 4,5% per annum;- middle and long term loans at favourable interestrates;- export credits.

In matter of tax rebates I want to stress that the taxon companies'earnings in Luxembourg is amongst thelowest on the Continent. It will have been broughtdown to 35% in 1989.

However, tax on the income of a new company is consi-derably reduced by:

- a 25% exemption of profits made during the first eightyears of exploitation.

- a fiscal credit of 14%'of the value of investment inequipment.

These two measures are coupled.

Combined with a flexible use of depreciation regula-tions, the fiscal advantages guarantee a high yield on

invested capital. Repatriation of capital and profit ofcourse is free.

The Grand Duchy has concluded many agreements al-lowing to avoid double taxation, also with the UK.

More generally, we are trying to encourage venturecapital by granting tax advantages - again, by meansof a new legislation yet under discussion. We considerthese evolutions fundamental for further economicperformances.

But apart from these direct advantages for all foreigninvestors, I would like to stress some typically Luxem-bourgian specificities.

We are a small country and, thus, needs open to theoutside world. Apart from our national language allLuxembourgians speak French and German, most ofthem English. Thus a company which serves Europe'smarket from Luxembourg can do this with a polyglotpersonnel which constitutes a considerable advantage.

Moreower the country's dimensions are reflected inits administration. In Luxembourg the administrationstill is on an human scale, access to persons of respon-sability is direct and not bureaucratic. Try to phonea French, German or British Minister. I'm in the phonebook and just like my colleagues from Finance andEconomy, I'm personnally at the disposal of every fo-reign investor and every industrialist who has establi-shed himself in my country.

I'm convinced that the UK of today and especially itsdynamic companies preparing the 1992 single market,will be sensitive to the specificities and advantages thatLuxembourg presents. My speech doesn't pretend to beexhaustive but wishes only to kindle your curiosity. Bycoming to Luxembourg you can form your own opinion.I would only be too happy to receive you there.

Europa 1992 - neue Dimensionen derZusammenarbeit in der Saar-Lor-Lux Region

A l'occasion du 125e anniversaire de la Chambre deCommerce et de l'Industrie de la Sarre, Monsieur Jac-ques Santer, Président du Gouvernement, a prononcéle 25 novembre 1988 à Sarrebruck un discours sur lethème: Europa 1992 - neue Dimensionen der Zusam-menarbeit in der Saar-Lor-Lux Region. Le même thèmea été traité par Monsieur Santer à la tribune du "Ar-beitskreis Wirtschaft der Carl Duisberg GesellschaftSaarland" le 20 octobre 1988 également à Sarrebruck.

Herr Präsident,Sehr geehrter Herr Bundeskanzler,geehrter Herr Ministerpräsident,

Werte Ehrengäste,Meine sehr verehrten Damen und Herren,

Zuerst möchte ich Ihnen herzlich danken für die Ein-ladung, die Sie dem Ministerpräsidenten des Nach-barlandes zukommen ließen.

In dieser symbolhaften Geste habe ich, einerseits, denAusdruck der freundschaftlichen nachbarlichen Be-ziehungen empfunden die seit jeher das Saarland undLuxemburg pflegen, andererseits aber auch den Willen,über den 125. Jahrestag, den Sie heute begehen, dieseüberregionalen, grenzüberschreitenden Beziehungen

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auszuweiten, gerade in einem Augenblick, wo Europadabei ist, sich für den europäischen Binnenmarkt zurüsten.

Ja, meine Damen und Herren, in jedem der zwölf Mit-gliedstaaten werden schon jetzt verstärkte Maßnahmengetroffen, die der nationalen Wirtschaft helfen sollen,den Schock der Abschaffung aller Schranken für deninternen Warenverkehr besser zu verkraften. Auch dieIndustrie, und die Privatwirtschaft im allgemeinen, be-reiten sich ernsthaft auf den Binnenmarkt vor. Außer-gewöhnlich ist es aber, wenn eine grenzenüberschrei-tende Region das Bewußtsein hat, daß gemeinsameInteressen es auch erfordern, die Herausforderung von1992 zusammen und über nationale Grenzen hinaus an-zugehen.

Ähnliche Haltungen werden sich nach dem bekanntenStichdatum wohl auch bald anderswo entwickeln.Einstweilen gehören die Initiativen im Sarr-Lor-LuxRaum jedoch noch zu den Ausnahmen in Europa.

Uns beschäftigt heute abend vor allem die Frage, wiediese Großregion, der sowohl das Saarland wie auchLuxemburg angehören, sich im großen Binnenmarktwirtschaftlich entwickeln wird, und in welchem Maßesie an dem erhofften Aufschwung teilhaben kann. Wel-che gemeinsamen Erwartungen dürfen wir hegen, undwie sollen wir uns am besten, gegebenenfalls in grenz-überschreitender Zusammenarbeit, auf 1992 vorberei-ten?

Bemerkenswert ist, daß diese Region im Herzen Euro-pas liegt, und die deutsch-französische Sprachgrenzescheinbar ohne größere Schwierigkeiten überwindet.Beides kommt nicht ganz von ungefähr. Im Laufe dereuropäischen Geschichte ist es immer wieder vorge-kommen, daß weite Teile dieser Großregion um Moselund Saar, westlich des Rheins, in verschiedener Zusam-mensetzung und ohne große Rücksicht auf sprachlicheund kulturelle Eigenart, demselben Herrscher unter-stellt waren. Immer wieder wurde sie zum Zankapfelzwischen Deutschen und Franzosen, und nicht seltenbot sie die Bühne für Streit und Kriege, die ihren Ur-sprung fast immer außerhalb der Region selbst hatten.

Es ist denn auch wohl nicht unbedingt nur Zufall, daßhier die Wiege eines Mannes stand, der sich für denFrieden und die deutsch-französische Wiederverständi-gung stark gemacht hat, darüber hinaus aber zum poli-tischen Vater Europas geworden ist. Robert SCHU-MAN ist ein Kind der Großregion gewesen. Er wurdein Luxemburg geboren, sein Vater war Lothringer undhatte damals die deutsche Staatsangehörigkeit. Die lu-xemburgische Mutter stammte aus dem belgischenGrenzgebiet. SCHUMAN absolvierte sein Studium inDeutschland, bevor er französischer Abgeordneter, undspäter gar Président du Conseil der vierten Republikwurde. Die Person Robert SCHUMAN ist deshalb füruns interessant, weil sie ein Musterbeispiel dafür ist,daß die Großregion nicht nur geographisch gesehenim Herzen Europas liegt, dort wo Frankreich, Deutsch-land und die Beneluxstaaten aufeinandertreffen. Sie istauch historisch und kulturell der Kern um den sichdie Gemeinschaft aufbaut, und aus dem sie entstand.

Die Saar-Lor-Lux Region hat in der rezenten Vergan-genheit eine schwere wirtschaftliche Krise durchstehenmüssen. Sowohl an der Saar als in Lothringen und Lu-xemburg fußte der wirtschaftliche Wohlstand auf derbis in die frühen siebziger Jahre florierenden Stahlin-dustrie. Seit 1975 aber ist die Quelle uneres relativenReichtums zum Sorgenkind geworden. Die drei Regio-nen wurden schwer getroffen. Die Folgen davon sindnoch nicht alle behoben. Die Stahlkrise ist maßgeblichfür die hohe Arbeitslosigkeit in der Großregion verant-wortlich.

Die Krise hat selbst die Beziehungen zwischen Luxem-burg und Saar belastet, als es der Arbedgruppe nichtgelang, die Tochter Saarstahl erfolgreich zu sanieren.Die augenblicklich stark verbesserte Konjunktur imStahlbereich läßt unsere Betriebe wieder optimistischerin die Zukunft schauen. Aber die Schaffung zusätzlicherArbeitsplätze können wir uns von diesem Wirtschafts-zweig in nächster Zukunft nicht erwarten.

Neue Arbeitsplätze können wir durch eine weiterge-hende Integration unserer Grenzregionen erstellen.Obwohl zahlreiche menschliche und wirtschaftlicheVerbindungen zwischen unseren Ländern bestehen,wurde diese Integration der Region dadurch erschwert,daß selbst in der EG die nationalen Grenzen ein realesHindernis darstellen.

Hüben oder drüben bestimmen andere Regeln, undauch das Überqueren der Grenzen ist immer noch, be-sonders wenn es sich nicht nur um Personen, sondernum Güter oder Dienstleistungen handelt, mit Forma-litäten und Zeitaufwand verbunden.

Aber nicht nur das soll ab 1. Januar 1993 anders sein.Das Prinzip des Binnenmarktes für Güter will, daß fort-an in der Europäischen Gemeinschaft nicht mehr dieRegeln des Absatzstaates entscheidend sind, sonderndiejenigen des Herkunftstaates.

Für die Betriebe bedeutet das stärkere Konkurrenz,aber auch eigene neue Perspektiven. Die Unterschie-de zwischen den nationalen Märkten werden verwischt.Den Regionen kommt damitgrößere Bedeutung zu, unddas besonders in ihrer grenzüberschreitenden Dimen-sion. Die Großregion könnte in Zukunft nicht mehr einMosaik aus vier verschiedenen Absatzgebieten darstel-len, die jedes einzeln anzugehen sind, sondern viel-leicht einen regionalen Markt, den ein Betrieb mit einereinzigen, zweisprachigen Verkaufsstrategie erobernkann. Saarländische Produkte zum Beispiel, die bishernur für Deutschland bestimmt waren, könnten bald imnahen Lothringen oder Luxemburg ebensogut abge-setzt werden. Hauptsächlich im wirtschaftlichen Be-reich wird der Binnenmarkt der Integration der Groß-region einen neuen Anstoß verleihen.

Damit der Saar-Lor-Lux Raum vollen Nutzen aus die-sen neuen Möglichkeiten, und aus dem damit verbun-denen konjunkturellen Aufschwung in Europa ziehenkann, muß der Binnenmarkt möglichst optimal vorbe-reitet werden. Das gilt vor allem für die Betriebe, diesich bewußt sein müssen, daß 1993 neue Konkurrentenmit wettbewerbsfähigen Produkten, die bisher nichtauf dem nationalen Markt zugelassen waren, auf-

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tauchen können. Umgekehrt gilt es auch, von den eige-nen neuen Möglichkeiten im Ausland Gebrauch zumachen. In einer Grenzregion sind diese selbst fürKlein- und Mittelbetriebe gegeben. Auch kleine Firmenkönnen künftig die gesamte Großregion als potentiell-les Absatzgebiet ansehen.

Aber nicht nur die Privatwirtschaft, auch die Politikersind gefordert. In Bezug auf die Großregion gilt es zumBeispiel, die grenzüberschreitende Nutzung der be-stehenden Infrastrukturen zu fördern und die Schaffungneuer Infrastrukturen zu koordinieren. So kann zumBeispiel der internationale Flughafen in Luxemburgvon den anderen Regionen als Bestandteil ihres eigenenVerkehrsystems angesehen werden, und die regionalenFlughäfen können komplementär dazu genutzt werden.Wichtig ist auch die Optimierung der Zugverbindun-gen, wie die Studie über die Schaffung der Transcity-linie, mit regelmäßigen Zugverbindungen zwischenden wichtigsten Städten, beweist.

Wenn ich von Verkehrswegen spreche, komme ichwohl nicht daran vorbei, ein Wort über die AutobahnSaarbrücken-Luxemburg zu sagen. Die ursprünglichvorgesehene Route dieser Straße auf dem Territoriumdes Großherzogtums ist wegen umweltpolitischerBedenken verworfen worden.

Heute kann ich Ihnen die erfreuliche Botschaft über-mitteln, daß der Ministerrat Luxemburgs in seiner Sit-zung vom kommenden Freitag, - nach gründlicher Ab-

wägung der ökologischen und wirtschaftlichen Argu-mente sich entscheiden wird, den endgültigen Planungs-anschluß für diese Autobahn Saarbrücken-Luxemburgfestzulegen. Somit können, sehr geehrter Herr Minis-terpräsident, die weiteren Arbeiten termingerecht fort-gesetzt werden. Nach den Verbindungen nach Thion-ville (Diedenhofen) und nach Arlon wird eben auchdiejenige nach Trier fertiggestellt werden. Luxemburgleistet also auch seinen Beitrag zu dem Autobahnnetzder Großregion, das zu dem dichtesten in Europa zählt.

Es tut sich also vieles im Bereich Saar-Lor-Lux. InErwartung von 1992 kommt der Großregion noch stär-kere Bedeutung zu. Wird das Herz Europas auch wirt-schaftlich der zentrale Punkt des Binnenmarktes wer-den? Das ist die Frage. Ich glaube wir können mit Zu-versicht an die neuen Herausforderungen herangehen.

Schließlich werden besonders Grenzregionen durch diewirtschaftlichen Schranken in ihrer Entwicklung ge-hemmt. Wenn die Schranken fallen, werden für unsmehr als für alle anderen neue Möglichkeiten einergemeinsamen dynamischen Entwicklung geschaffen.

Dies möchte ich Ihnen, meine Damen und Herren,liebe Ehrengäste, zu bedenken geben an Ihrem 125.Jahrestag. Dadurch, glaube ich, wird dies nicht ein Er-innerungstag bleiben an Gründererfahrungen, son-dern vielmehr beitragen zu einer Aufbruchsstimmungfür unsere Großregion Saar-Lor-Lux in das 21. Jahr-hundert.

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