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2017 n° hors-‐série
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Censure, auto-censure et résistance aux censures À propos des P’tits Suisses en culottes courtes
Il existe de nombreux sites et ne nombreux blogues – ceux-‐ci surtout sur tumblr –, qui
proposent aux internautes des images (le plus souvent des photographies) de garçons dont l’âge tourne autour de celui de la puberté. La censure que les administrateurs de telles plates-‐formes exercent répond à des critères
énigmatiques. Tellement mystérieux que l’on peut se demander si ce ne sont pas des robots analyseurs d’images avec algorithmes basés sur des objectifs commerciaux, qui effectuent la sélection des blogues à supprimer : tel blogue, aux images belles et chastes, disparaît de façon brutale sans explication, alors que tel autre, qui contient des images de médiocre valeur esthétique et à forte tonalité sexuelle restent en ligne.
Il y a peu de temps, un blogue à vocation essentiellement artistique Les Diagonales du temps a exposé, en une sorte de feuilleton à plus de 25 épisodes, des photos en couleurs « de petits Suisses » qui datent d’une époque révolue. Ces clichés ont été pris, en gros, durant la décennie qui court autour de 1980 et sans doute au cours de la décennie suivante. Aucun nu intégral parmi ces photos exposées de garçons impubères, mais des poses jugées très « suggestives » à cause surtout de la tenue vestimentaire des modèles : des shorts ultra-‐courts, qui ne sont plus de mode, l’inesthétique bermuda ayant remplacé jusqu’au slip de bain. Le caractère « daté » de ces photos contribue
d’ailleurs pour beaucoup à leur valeur documentaire : elles constituent un document sur l’époque qui les a vu naître, un document qui nous informe sur la psychologie du temps, celle des modèles comme celle du photographe. À la suite de ce qu’il décrit comme un flot de critiques assorties de menaces, l’auteur du
blogue Les Diagonales du temps, a décidé de supprimer toute la série de photos de « p’tits Suisses » qu’il avait mises en ligne. Cette attitude appelle naturellement une réflexion sur l’auto-‐censure. Une amorce de réflexion en vérité – car le sujet est vaste –, qui fait suite aux dialogues échangés sur ce blogue.
Les écrivains connaissent bien l’auto-‐censure. Même un diariste qui annonce faire le choix de « tout dire » sans rien cacher, pratique l’auto-‐censure, soit par précaution vis-‐à-‐vis de la censure officielle qui revêt différentes formes, soit pour rester dans le cadre de l’image qu’il souhaite que l’on garde de lui (laquelle peut être très négative, très noire, très subversive). Les politiciens quant à eux, sont tous, sans aucune exception, coutumiers de l’auto-‐censure,
par nécessité vitale : elle s’appelle chez eux la langue de bois.
Notre époque, qui prône le « politiquement correct » et punit ce qui ne l’est pas, pousse à l’auto-‐censure à un degré qui n’a été dépassé que sous l’inquisition. Il n’est plus une parole lancée sur la Toile, surtout sur les « réseaux sociaux », qui ne soit surveillée et aussitôt dénoncée si elle s’écarte du droit chemin. Les procès – on en a maints exemples – menacent même des propos qui pourraient tomber sous le coup des lois liberticides dont la République française est prodigue (le soin est laissé aux juges de trancher les cas limites...). On dit quelquefois que la liberté d’expression n’a jamais été aussi grande qu’aujourd’hui, depuis la démocratisation de l’accès à l’Internet. Oui, cela est vrai, surtout grâce au premier amendement de la Constitution des États-‐unis. Mais c’est là une vérité menacée, chaque jour en apporte la preuve.
Soulignons que plus un écrivain ou un artiste pratique l’auto-‐censure, plus la police de la pensée se trouve renforcée, plus la délation de l’expression « non conforme » se trouve confortée, récompensée. Police de la pensée et auto-‐censure s’inscrivent dans un cercle vicieux
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décrivant ce qu’en cybernétique on appelle un rétro-‐contrôle positif. Voilà pourquoi il importe, au niveau de chacun, de lutter, tant que faire se peut, contre ce mécanisme qui s’auto-‐amplifie : l’auto-‐censure. Cela ne veut pas dire qu’il faille commettre des imprudences : j’avoue que même pour ce numéro hors-‐série, j’ai dû exercer une auto-‐censure, mais du moins ai-‐je fait en sorte de la limiter le plus possible. La série d’image qui suit résulte du défi engendré dans ma discussion avec l’auteur
responsable des Diagonales du temps. Je ne reproduis ci-‐dessous que les deux premiers échanges entre nous pour montrer en quoi a consisté le défi.
Moi : Vous jouez dans le paradoxe, un peu comme Hollande qui nous explique tout ce qu’il a accompli de
formidable, et qui décide en conséquence de ne pas se représenter. Vous vous offusquez légitimement des commentaires indignés, puis vous décidez de vous plier aux injonctions des totalitaires et de supprimer des images qui font partie de l’histoire contemporaine. Je vous donne tort. Vous contribuez, en supprimant ces photos, à la lâcheté des temps, et vous risquez d’être obligé de supprimer tout le reste. Vous voulez un exemple ? Un seul : vous avez consacré un billet à l’artiste australien Donald Friend. Or, il est attaqué en Australie par ces mêmes totalitaires qui expliquent que Donald Friend étant pédophile, il faut brûler toutes ses œuvres :
http://www.abc.net.au/news/2016-11-28/donald-friend-our-favourite-paedophile/8053222 Je dois préciser que Donal Friend était considéré, jusqu’à présent, comme l’un des plus grands artistes
australiens du XXe siècle. Allez-vous céder encore et laisser des totalitaires décider de ce vers quoi il est convenable que vos goûts artistiques s’orientent ?
Réponse des Diagonales du temps à mon message : Et vous que faites vous? Vous avez un blog? Vous êtes éditeur? Si vous le voulez je vous envoie les photos des
petits suisses et vous les mettez en ligne. Ce que je déteste encore plus que les censeurs ce sont les donneurs de leçons qui reste le cul bien au chaud. Au lieu de critiquer sans rien savoir, agissez ou fermez votre gueule.
Il est juste d’ajouter que l’auteur des Diagonales du temps s’est très gentiment excusé pour sa réponse légèrement acrimonieuse et que nos échanges ont repris un ton courtois qui convient. Le reste peut être lu sur le blogue en question qui a comporté de nombreux commentaires intéressants : http://lesdiagonalesdutemps.over-‐blog.com/2016/12/les-‐petits-‐suisses-‐ont-‐tourne.html Je remercie le « tenancier » (puisqu’il aime ce mot) de ce blogue de m’avoir adressé une copie
des photos de manière que je puisse honorer ma parole écrite. J’ai dû faire une sélection, le nombre de photos étant important et leur qualité esthétique pas toujours à la hauteur. J’espère que mon initiative ne m’occasionnera pas de récriminations. Ce qui est certain, c’est que si ce bulletin hors-‐série et dans une large mesure spécial devait disparaître, ce serait le fait non d’une auto-‐censure, que je réprouve sur cette affaire, mais d’une censure directe.
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Quelques commentaires sur ces photos. Il n’est pas sûr que l’ensemble provienne du même photographe, l’emprunt et la reproduction d’images étant devenu une caractéristique comportementale des internautes.
Cette série de photos a reçu plusieurs types de critiques : certaines concernent la monotonie des poses, d’autres leur caractère très « suggestif ». Il est vrai que les shorts ultra-courts, l’écartement un peu provoquant des jambes, et la complicité décontractée des modèles avec leur photographe témoignent d’une intention « érotique » implicite. Cette intention est confirmée par le fait que les modèles ont accepté avec un plaisir évident de poser en slip de bains, et pour certains, nus dans la nature ou en salle de bains.
Une autre critique peut viser l’absence de recherche esthétique du photographe. Mais cette dernière critique me paraît injuste car la mise en valeur du corps des garçons est en soi une démarche esthétique. Certaines photos, en outre, témoignent d’une réelle mise en valeur du corps garçonnier dans un décor naturel étudié avec goût.
J’ai choisi de regrouper une sélection de ces photos par thèmes : poses très classiques, poses qui le sont moins, jeunes lecteurs (ceux-ci prouvent qu’on peut aimer lire et jouer à la balle au pied), poses en slip de bains, en plein air, nus, et enfin visages.
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Remercions tous ces garçons qui ont accepté de poser avec tant de gentillesse et de naturel pour le
plaisir des yeux, et remercions aussi le photographe qui a su mettre ses modèles en confiance.