burundi - world food programme · 2017-07-05 · francs burundais (13.000.000.000 fbu) et certains...

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1 La Phase 3 de la classification IPC correspond à une situation de crise alimentaire aigüe et crise des moyens d’existence BULLETIN Burundi Mai 2013 - 1 En bref La dernière analyse IPC (Integrated Food Security Phase Classification) réalisée après les récoltes de la saison 2013A classe les Zones de Moyens d’Existence (ZME) de Dépression de l’Est et des Plateaux Humides en phase 3 1 d’insécurité alimentaire aigüe. Les résultats de l’actuel suivi de la sécurité alimentaire (FSMS) estiment la proportion des ménages avec une consommation pauvre à marginale à 46%. Elle était de 49% en avril de l’année 2012, soit une légère amélioration avec surtout la diminution des ménages avec une consommation alimentaire pauvre de moitié (10 à 5%). Cependant, pour cette période de soudure, ce sont surtout les Plateaux Humides, la Dépression du Nord et la Haute Altitude qui sont les plus touchés avec respectivement 64%, 62% et 56% des ménages en insécurité alimentaire. Sur le marché, le prix des céréales et des légumineuses a particulièrement augmenté en période de soudure avec un effet limitatif de l’accès à l’alimentation des ménages dont le niveau de stocks des légumineuses avait été estimé à une durée moyenne de 2 mois par la dernière évaluation des récoltes (CFSAM 2013A) menée en février 2013. La dépréciation de la monnaie burundaise continue à être un facteur limitatif aux importations alimentaires malgré les efforts du Gouvernement à renoncer temporairement aux taxes sur les importations alimentaires de base ainsi que les efforts de stabilisation du taux de change par le renflouement en devises fortes à partir de mars 2013. Malgré les cas d’aléas climatiques enregistrés par endroits, les fortes précipitations des premières et deuxième saison culturales 2013 auront permis l’amélioration des disponibilités des tubercules et légumes verts moins sensibles à l’excès des pluies. Lutter contre la faim dans le monde Burundi Système de Suivi de la Sécurité Alimentaire - FSMS BULLETIN Mai 2013 Pourcentage de ménages avec une consommation alimentaire pauvre à marginale – Avril 2013 Source: PAM, FSMS Avril 2013 Source: PAM, FSMS Avril 2013 18% 19% 15% 11% 6% 10% 5% 5% 40% 41% 35% 34% 29% 39% 38% 41% 43% 41% 50% 55% 65% 51% 57% 54% 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100% Acceptable Marginale Pauvre Evolution des groupes de consommation alimentaire au cours du temps

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Page 1: Burundi - World Food Programme · 2017-07-05 · francs burundais (13.000.000.000 FBU) et certains partenaires techniques et financiers qui ont déjà manifesté l’intérêt notamment

1 La Phase 3 de la classification IPC correspond à une situation de crise alimentaire aigüe et crise des moyens d’existence

BULLETIN Burundi Mai 2013 - 1

En bref La dernière analyse IPC (Integrated Food Security Phase Classification) réalisée après les récoltes de la

saison 2013A classe les Zones de Moyens d’Existence (ZME) de Dépression de l’Est et des Plateaux Humides en phase 31 d’insécurité alimentaire aigüe.

Les résultats de l’actuel suivi de la sécurité alimentaire (FSMS) estiment la proportion des ménages avec une consommation pauvre à marginale à 46%. Elle était de 49% en avril de l’année 2012, soit une légère amélioration avec surtout la diminution des ménages avec une consommation alimentaire pauvre de moitié (10 à 5%). Cependant, pour cette période de soudure, ce sont surtout les Plateaux Humides, la Dépression du Nord et la Haute Altitude qui sont les plus touchés avec respectivement 64%, 62% et

56% des ménages en insécurité alimentaire.

Sur le marché, le prix des céréales et des légumineuses a particulièrement augmenté en période de soudure avec un effet limitatif de l’accès à l’alimentation des ménages dont le niveau de stocks des légumineuses avait été estimé à une durée moyenne de 2 mois par la dernière évaluation des récoltes (CFSAM 2013A) menée en février 2013.

La dépréciation de la monnaie burundaise continue à être un facteur limitatif aux importations alimentaires malgré les efforts du Gouvernement à renoncer temporairement aux taxes sur les importations alimentaires de base ainsi que les efforts de stabilisation du taux de change par le renflouement en devises fortes à partir de mars 2013.

Malgré les cas d’aléas climatiques enregistrés par endroits, les fortes précipitations des premières et deuxième saison culturales 2013 auront permis l’amélioration des disponibilités des tubercules et légumes verts moins sensibles à l’excès des pluies.

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Burundi Système de Suivi de la Sécurité Alimentaire - FSMS

BULLETIN Mai 2013

Pourcentage de ménages avec une consommation alimentaire pauvre à

marginale – Avril 2013

Source: PAM, FSMS Avril 2013

Source: PAM, FSMS Avril 2013

18% 19% 15% 11% 6% 10% 5% 5%

40% 41% 35%

34%

29%

39% 38% 41%

43% 41% 50% 55%

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40%

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100%

Acceptable

Marginale

Pauvre

Evolution des groupes de consommation alimentaire au cours du temps

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BULLETIN Burundi Mai 2013 - 2

Conditions pluviométriques et perspectives de récolte de la saison 2013A

Le début de la saison culturale 2013B2 a été caractérisée par une pluviométrie proche de la normale en général, avec une tendance déficitaire sur la partie Est et Nord-Est du pays, comme indiqué par les prévisions météorologiques de l’IGEBU3 et de l’IGAD. Cette situation a permis le bon démarrage des semis.

Cependant, dès la fin du mois de mars et tout au long du mois d’avril, plusieurs localités du pays, dont notamment les communes de Buhinyuza (province de Muyinga), Muhanga (Kanyanza), Rugombo, Buganda, Murwi et Bukinanyana (Cibitoke), ont été frappées par des périodes successives de pluies diluviennes accompagnées de vents violents et de grêles causant des pertes significatives des cultures

installées notamment la patate douce, le haricot, le manioc, le riz, le maïs. Ces fortes précipitationsont provoqué d’une part, des inondations et l’engorgement des sols avec comme conséquence l’asphyxie des jeunes plantules issues des semis tardifs et d’autre part, des pertes en terres suite aux éboulements et érosion. Bien que préjudiciables à la production des légumineuses et tubercules, les fortes précipitations de la période ont été bénéfiques pour certaines tubercules (patate douce, colocase et manioc) et bananes moins sensibles à l’excès pluviométrique!

Conditions économiques

Après une dévaluation de la monnaie nationale de plus de 25% entre février 2012 et 2013, la situation s’est stabilisée depuis le mois de mars 2013 suite à la mise à disposition des devises par la Banque Mondiale (+/- 25 Mio de US$) et l’UE (+/- 18 Mio €) pour la vente par la Banque Centrale. Cependant, malgré cette stabilisation, la paupérisation de la population se poursuit avec l’érosion du pouvoir d’achat des ménages liée à la faible productivité et à l’augmentation continuelle des prix des denrées alimentaires et sans augmentation significative des rémunérations du travail.

Cette dépréciation est d’autant préjudiciable que la balance commerciale du Burundi est fortement déséquilibrée avec des importations commerciales représentant 720Mio USD contre 120Mio USD d’exportations (rapport annuel BRB, 2012).

L’évolution des termes de l’échange montre que le salaire mensuel d’un domestique4 équivaut à moins de la moitié de la valeur d’un sac de 50 kg de haricot depuis janvier 2012 et atteignant même les niveaux les plus bas (+/- un tiers d’un sac de 50kg) en avril, mai, décembre 2012 et avril 2013.

2 La saison agricole A s’étend de septembre à janvier, la saison B de février à juin, et la saison C de juillet à septembre. 3 Institut Géographique du Burundi (IGEBU), note d’information sur la prévision saisonnière, mars-mai 2013. 4 Travail relativement plus accessible pour les jeunes touchés par l’exode rural en quête d’emplois dans les centres urbains.

Source: WFP, CFSVA 2008

Evolution du taux de change $/BIF

Source 1: BNR, 2013 / 2: Suivi prix PAM/ISTEEBU, 2013

Evolution des termes de l’échange 2012-2013

Source: PAM, Commune Muhanga, Avril2013

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BULLETIN Burundi Mai 2013 - 3

Disponibilité alimentaire

Malgré un déficit alimentaire encore important, la production par habitant de la saison A est passée de 244 kg EC en 2012 à 399 kg EC en 2013 soit plus de 60% d’augmentation

Production agricole

Les résultats provisoires de l’enquête agricole (ENAB) 2013 A5 estiment la production globale de la saison A 2013 (céréales, légumineuses, bananes, tubercules, racines et oléagineux) à 621.517 tonnes équivalent céréale (TEC)6, soit en moyenne 399 kg d’équivalent céréale par ménage agricole contre 244 kg pour la saison 2012A. Cette production est composée de 15% de céréales, 13% de légumineuses, 44% de tubercules, 17% de bananes et 12% d’oléagineux. Cette moyenne correspond à 123 jours de consommation alimentaire par personne.

Par ailleurs, le bilan alimentaire post-récolte de l’évaluation conjointe des récoltes 2013 A fait état d’un déficit global

estimé à 376.285 TEC au niveau national.

Le faible niveau de productivité enregistrée peut s’expliquer par une série de facteurs dont les aléas climatiques et le faible accès aux intrants et à l’encadrement ;

Suite aux aléas climatiques et la dégénérescence des semences, les cultures de céréales (maïs) et de légumineuses (haricot) sont de plus en plus délaissées car jugées non rentables au profit des cultures de tubercules et de racines moins sensibles aux perturbations climatiques et dont les rendements sont quantitativement plus importants. Néanmoins, la culture du riz prend de plus en plus d’importance (notamment dans la région du Moso), étant donné que ce produit entre progressivement dans les habitudes alimentaires et constitue en même temps une source importante de revenus dans les zones rizicoles. Dans certaines zones, le haricot nain est progressivement remplacé par le haricot volubile plus résistant, plus productif et exigeant en espace.

L’ENAB 2011-2012 estime à 31,4% la proportion des ménages agricoles qui ont utilisé des engrais chimiques, à 6,9% celle qui a utilisé des produits phytosanitaires, à 13,8% celle adhérant à une organisation professionnelle et à 9,1% la proportion de ménages ayant bénéficié d’encadrement agricole durant la saison 2013A. Cependant le Gouvernement a lancé une nouvelle approche de libéralisation de la commercialisation des intrants agricoles (fertilisants) « Programme National de Subvention des Engrais au Burundi (PNSEB)» qui devrait les rendre davantage plus accessibles aux agriculteurs et ce en temps utile et en quantité suffisante7.

Élevage et pêche

Malgré les efforts de repeuplement du cheptel, le niveau de l’élevage reste faible alors que l’association agriculture-élevage est un facteur-clé à l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans le pays; L’augmentation du cheptel aurait des effets positifs sur la production agricole et sur l’augmentation des revenus ainsi que la consommation alimentaire. Malheureusement l’ENAB 2011-2012 a montré que plus de 30% des ménages du pays

ne disposait d’aucun animal d’élevage.

L’activité de pêche est beaucoup plus développée dans la zone littorale du Lac Tanganyika et autour des lacs du Nord (provinces kirundo et commune Giteranyi de Muyinga). L’introduction de la pisciculture, depuis plus de 20 ans, n’a malheureusement toujours pas connu un grand essor.

Importations alimentaires

Le déficit de production alimentaire estimé à plus de 30% par les différents rapports est à combler par des importations alimentaires commerciales qui malheureusement se heurtent à une faible capacité d’importation en raison du faible pouvoir d’achat et du taux de change de la monnaie peu favorable ; Ainsi les importations de certaines denrées de base ont été soumises à un régime de détaxation depuis mai 2012 mais devant prendre fin avec juin 2013.

Stocks

Les stocks alimentaires dans le pays sont essentiellement les réserves alimentaires des ménages ainsi que des stocks constitués par des commerçants en attente des opportunités d’écoulement (approvisionnement à la récolte et vente à l’épuisement des stocks dans les ménages). Sur initiatives de quelques ONGs, certaines localités du pays ont bénéficié des programmes d’instauration des greniers communautaires pour adoucir les périodes de soudure.

5 Enquête Nationale Agricole du Burundi (ENAB), 2012-2013, Saison A, Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage. 6 Un équivalent céréale (EC) est calculé par la formule suivante : Eq. céréale du produit X (kg) = [(nombre Cal/kg du produit X)/ (nombre

Cal/kg céréale)] * Quantité du produit à convertir (kg).

7 Cette approche, qui prendra effet avec la prochaine campagne 2014 A, implique le Gouvernement, les institutions financières, les

commerçants et les agriculteurs. Pour financer l’ensemble des opérations de vente, le Gouvernement du Burundi a mis en place un Fonds

Commun pour les Fertilisants et Amendements (FCFA) qui est en train d’être alimenté par le Gouvernement à hauteur de treize m illiards de

francs burundais (13.000.000.000 FBU) et certains partenaires techniques et financiers qui ont déjà manifesté l’ intérêt notamment les Pays-Bas, la GIZ, la CTB, la Banque Mondiale et la Coopération Japonaise. Dans ce système, le producteur utilisera des bons prépayés acquis auprès

des branches des institutions financières de proximité et à présenter chez les commerçants privés.

Source: ENAB 2012

Source: ENAB 2012

Source: ENAB 2012

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BULLETIN Burundi Mai 2013 - 4

Accès à la nourriture

L’accès à l’alimentation des ménages ruraux est conditionné par leur niveau de production agricole ainsi que des revenus issus généralement de la production agricole et des opportunités de travail

Evolution des prix sur les marchés

Globalement les prix des denrées de base sont restés élevés mais la comparaison entre les prix d’avril 2012 et avril 2013 montre une diminution des prix des tubercules manioc (-

19%) et patate (-22%) et du riz (-23%) alors que le prix du haricot et du maïs a légèrement augmenté de 5%. Si la diminution des prix des tubercules peut s’expliquer par l’augmentation de la production locale en raison du régime pluviométrique favorable, la diminution du prix du riz comparé à avril 2012 ne pourrait s’expliquer par l’entrée en vigueur de la mesure de taxation des denrées alimentaires importées qui a pris effet à partir de mai 2012 et qui arrivera à échéance fin juin 2013.

Activités de subsistance et source de revenus

L’agriculture vivrière et la vente de main d’œuvre agricole

(citées respectivement à 97% et 48%) sont parmi les deux principales activités pécuniaires. Il faut souligner que 19,5% des ménages n’ont fait mention que d’une seule activité rendant le ménage concerné à risque.

C’est essentiellement le père (25% des cas) et ensuite la mère (15%) qui travaille comme journalier agricole. Le salaire obtenu varie de 600 à 1500 FBu pour une journée de travail avec repas, ce qui équivaut au mieux à environ 1kg de haricot.

En l’absence des opportunités locales certains actifs des zones rurales sont obligés de faire recours aux migrations plus ou moins prolongées; Ainsi 15% des ménages (plus de 17% pour les Plateaux Secs de l’Est et la Dépression de l’Est et plus de 25% pour la Dépression du Nord et le Buragane8), un membre a migré au cours des 6 derniers mois, principalement pour chercher du travail dans une autre région.

Consommation alimentaire

L’analyse du score de consommation alimentaire (SCA)9

montre que la proportion des ménages avec une consommation pauvre à marginale s’élève à 46% au

niveau national et a plus de 50% dans les ZME des « Plateaux Humides », « Dépression du Nord » et « Haute Altitude ».

Comparée à avril 2012, la proportion des ménages avec une consommation pauvre à marginale a légèrement diminué de 49 à 46% et surtout celle avec une consommation pauvre qui a diminué de moitié passant de 10 à 5% au niveau global.

Au niveau des ZME, la Dépression de l’Est, qui a été classée en Phase 3 de l’IPC en avril 2013, ne présente que 37% de ménages en insécurité alimentaire, soit 12% de moins par rapport à Avril 2012. La Dépression du Nord

reste en situation très critique avec 14% de ménages avec une consommation alimentaire pauvre et 49% avec une consommation marginale. Cette situation est similaire à

celle d’octobre 2012, justifiée par le fait que de nombreux ménages pratiquent la vente anticipée des récoltes, ce qui ne leur permet pas d’établir des stocks alimentaires. La situation des plateaux humides est principalement liée à la pression démographique importante qui limite l’accès à la terre. Par ailleurs, les ménages de cette ZME, comptent d’avantage sur la vente de main d’œuvre pour subvenir à leurs besoins. Or les offres d’emploi sont limitées et le salaire journalier reste très bas.

8 Les migrations s’observent depuis la Dépression du Nord vers le Rwanda et le Buragane, la Dépression et Plateaux Secs de l’Est vers la

Tanzanie

9Le score de consommation alimentaire (SCA) est un indicateur proxy de l’insécurité alimentaire. Il est admis qu’une consommation alimentaire

acceptable (SCA>35) équivaut à un état de sécurité alimentaire tandis qu’une consommation alimentaire marginale (21>SCA≤35) ou pauvre

(SCA≤21) correspond respectivement à un état d’insécurité alimentaire modéré ou sévère.

Source: ENAB 2012

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

1600

1800

Fbu

Patate douce Maïs grainSorgho grain Haricot sec ordinaireManioc farine Riz local

Source: suivi des prix PAM, 2013

Evolution des prix des denrées alimentaires

14 5 9 3 3 3 5

49

36

51 55

28 34 16

31 41

38

64 44 36

69 63 84

66 54

0102030405060708090

100

%

Acceptable

Marginale

Pauvre

Pourcentage de ménage par groupes de consommation alimentaire par ZME – Avril 2013

Source : PAM, FSMS Avril 2013

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BULLETIN Burundi Mai 2013 - 5

Il est constaté que les ménages dirigés par un homme ont en moyenne une meilleure consommation alimentaire (SCA=40 pour les hommes; SCA=36 pour les femmes), de même quand le chef de ménage est instruit (SCA=41 pour instruit; SCA=38 pour non instruit).

Au niveau de la fréquence des repas durant la période de l’enquête, 14% des ménages n’ont consommé qu’un seul repas par jour et ils sont plus de 20% dans les ZME de Crête Congo Nil et Dépression du Nord. En période

normale seulement moins de la moitié 6% estiment toujours consommer un seul repas.

Les repas sont essentiellement composés de féculents (tous les jours), souvent accompagnés d’huile et de légumes verts, parfois de légumineuses et rarement de viande/poisson, de lait et de sucre. Le repas est fréquemment composé de manioc/patate douce-haricot-lengalenga. La rareté des protéines animales fait passer le haricot comme substitut parfait procurant des protéines d’origine végétale.

La viande est consommée dans l’Imbo et CCN, alors que le lait est consommé dans la haute altitude (Bututsi).

Lorsque le chef de ménage est une femme plutôt qu’un homme, la fréquence de consommation semble diminuer pour l’huile (3 jours contre 5), de la viande (0 contre 1) et les légumineuses pour certaines régions. Cette situation pourrait entre autre s’expliquer par le fait que ces ménages sont monoparentaux donc plus vulnérables et accédant difficilement a la diversité alimentaire.

Dépenses des ménages

Au niveau national, la consommation alimentation équivaut à 78% des dépenses du budget global des ménages. Dans la Dépression du Nord (85%), le Buragane (84%) et la Dépression de l’Est (82%) ces parts sont les plus élevés. Des dépenses alimentaires supérieures à 60% est un critère de forte vulnérabilité des ménages car ils n’ont dès lors que très peu de ressources pour subvenir aux autres types de dépenses (santé, éducation,…).

Par ailleurs, parmi les sources d’alimentations, 53% des ménages dépendent des marchés, mais ils sont de plus de 60% dans les ZME Crête Congo Nil (66%) et

Haute Altitude (61%).

La dépendance aux marchés est également un critère de vulnérabilité dans un contexte d’inflation économique.

Il faut noter que les dépenses affectées à la consommation des boissons alcoolisées et non alcoolisées ont été considérées dans les dépenses non alimentaires (budget global). Les dépenses mensuelles

pour la consommation d’alcool varient de 5000 Fbu (plaine de l’Imbo) à 58.000 Fbu (Haute altitude). Ces dépenses augmentent avec l’amélioration de la consommation alimentaire.

A la question de savoir qui gère le budget du ménage, dans 54% des cas, la gestion est assurée par l’homme, dans 29% des cas par la femme et dans 17% des cas par les deux conjoints. Les femmes sont associées dans la gestion du

budget du ménage dans 46% des cas et dans plus de 50% des cas dans les zones de Haute Altitude et Plaine de l’Imbo.

Par contre, les achats alimentaires sont faits par la femme dans 59% des cas, par l’homme dans 15% des cas et par les deux conjoints dans 26 % des cas. Ce sont dans la Dépression du Nord (34%) et le Buragane (20%) que les hommes sont les plus impliqués dans les achats alimentaires.

85 84

72 78 78 82

77 76 78

68 68 60 61 64 64 66 67

63

0

20

40

60

80

100

%

Valeur (%) de la consommation alimentaire totale par rapport auxdépenses globales% achat dans les dépenses globales

Source: PAM, FSMS Avril 2013

7 7 7 7 7 7 7 7 7

4 4 3 2 4 4 4 3 3 0 2 1 1

1 2 3 3 2 3

5 4

4 5 5

5 5 4

6

4 4 5

5 5 3

3 4 0

1 1 1

2 1 1

1 1

0

5

10

15

20

25

30

nb

re d

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e Sucre

Fruits

Légumes

MatièresgrassesLait

Viande

Légumineuses

Feculent

Moyenne des jours de consommation par GCA

Source: PAM, FSMS Avril 2013

Dépenses alimentaires des ménages par ZME par rapport aux dépenses totales

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BULLETIN Burundi Mai 2013 - 6

Chocs externes subit par les ménages

Les chocs subis par les ménages sont principalement liés aux aléas climatiques: 52% des ménages enquêtés ont été touchés par l'érosion et ce principalement dans les Plateaux sec de l'est, le

Buragane, la Haute Altitude, les Plateaux Humides; 23,5% par le déficit hydrique, principalement dans la Dépression de l'Est (52%) et la Dépression du Nord (31%); et 16% par les inondations notamment dans la Dépression de l'Est (26,5%) et Plateaux Secs de l'Est (24%). Cependant, l'inflation des prix des denrées alimentaires est citée par 20% des ménages en général et plus spécifiquement dans la zone Crête Congo Nil (47%) et dans la plaine de l'Imbo (32%).

Stratégies d’adaptation à la consommation et à la survie

Comparée aux périodes antérieures, l’indice réduit de stratégies

d’adaptation à la consommation (CSI)10

a fortement diminué (20 en

avril 2012 à 9 en avril 2013) ce qui signifie en général que les ménages ont eu moins recours aux mécanismes d’adaptation et que par conséquence, la situation s’est améliorée par rapport aux périodes antérieures de suivi. Cependant, il semble que dans la logique des ménages certains mécanismes d’adaptation ne sont plus considérés comme tels puisqu’ils sont petit à petit entré dans le comportement habituel du ménage (ex. sauter un repas, réduire la ration, consommer moins chers,…).

Toute chose restant égale, les ménages de la Dépression du Nord ont le plus fait recours aux mécanismes comparée aux autres ZME avec un CSI de 15 contre la moyenne nationale de 9.

Dans la Dépression du Nord et dans l'Imbo, les ménages dirigés par une femme utilise beaucoup plus de stratégies alimentaires de survie

que les ménages dirigés par un homme.

Au niveau des autres stratégies de survie non liée à la consommation alimentaire directe, l’enquête a noté que l’emprunt d’argent souvent sous la forme d’usure était la plus pratiquée surtout dans la plaine de l’Imbo (59% des ménages), dans la CCN (54%) dans les Plateaux Humides (49%) et la Haute Altitude (43%). La migration saisonnière est aussi citée dans plus de 20% des ménages de la Dépression du Nord

10 Le CSI (coping strategy index) est un indicateur du PAM qui fait référence à 12 mécanismes. Cependant, afin de faciliter les comparaisons, le

PAM utilise à présent un indice réduit aux 5 mécanismes suivant : consommer des aliments moins appréciés/moins chers, emprunter de la nourriture ou dépendre de l’aide d’amis/parents, limiter la taille des portions au repas, limiter la consommation des adultes au profit de celle

des jeunes enfants, réduire le nombre de repas par jour.

Source: PAM, FSMS, Avril 2013

6.6

11.3

13.6

13.8

15.9

16.4

19.7

23.5

51.8

0 10 20 30 40 50 60

Inflation prix transport

insectes et maladies plantes

Autres

Grele

maladie humaine

inondation

Inflation alimentaire

Deficit hydrique

Erosion

Principaux chocs subit par les ménages au cours des six derniers mois (%)

Source: PAM, FSMS Avril 2013

Indice de stratégie d’adaptation par ZME

0

5

10

15

20Chef ménage masculin Chef ménage féminin

19 22 21

17 16 13 15

20 16

9

0

10

20

30Evolution du CSI dans le temps

27 26

43 48

28 35

59 54

42

0

10

20

30

40

50

60

70

Dep.Nord

Buragane HauteAlt.

Plat.Hum.

Plat. SE Dep. Est Imbo Crete CN National

Vente des biens productifs

Emprunter de l'argent

Retirer les enfants de l'école

Vente de parcelle/maison

Vente des biens ménagers

Migration saisonnière

Source: PAM, FSMS Avril 2013

Pourcentage de ménages utilisant d’autres stratégies de survie par ZME

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BULLETIN Burundi Mai 2013 - 7

Santé et nutrition Dans plus de la moitié des provinces du pays, le taux de retard de croissance est supérieur à 50%

Situation nutritionnelle

Avec un enfant sur deux victime de la malnutrition chronique, la situation nutritionnelle est l’une des préoccupations majeures et au plus haut niveau du pays. Dans plus de la moitié des provinces du pays, le taux de retard de croissance est supérieur à 50% et jusqu’à 71% dans la province de Ngozi (EDS 2010)11. Cependant, la dernière

enquête parcellaire menée par l’UNICEF (2012)12, constate toutefois

une légère diminution de ces taux dans les provinces de l’Est du pays

sauf à Cankuzo; A Ruyigi, le retard de croissance est passé de 64.4% à 59.8%, à Rutana, de 65.2% à 58.10%, à Makamba de 62.2% à 51.10%.

Par contre le taux de malnutrition aigüe globale n’a pas diminué avec des taux de 6,9% à Makamba à 8,3% à Rutana et 8,7% à Cankuzo (UNICEF 2012).

Concernant le soin des enfants de moins de 5 ans, le suivi a montré que dans 50% des cas c’est la mère seule qui prend soin des enfants et dans 40% des cas, ce sont les deux parents. Près de 60% des personnes s’occupant des enfants ont reçu une éducation scolaire. Parmi eux, 72% ont un niveau primaire, 25% ont suivi des cours

d'alphabétisation et 2,5% un niveau secondaire.

Situation sanitaire

On note une grande prévalence de la mortalité due aux infections respiratoires et les maladies liées au manque d’eau potable et d’assainissement. En effet, la pneumonie engendre la plus grande proportion de décès (19,3%) suivi par les maladies des mains sales (diarrhée 15,2%)11. Il faut également citer l’épidémie de choléra qui sévit actuellement dans la plaine de l’Imbo.

D’après cette enquête, environ 23% des ménages déclarent consommer de l’eau non potable (rivière, lac et source non aménagée). Ils sont estimés autour de 30% dans la Dépression du Nord et Plateaux Secs de l’Est. Environ 21.5% des ménages conservent l’eau de boisson dans des récipients non couverts. Dans la Dépression du Nord, seuls 69% ont accès à une source aménagée ou borne fontaine, 31% utilisent l’eau des lacs ou les sources non aménagées.

A peine 12% des ménages enquêtés ont accès à une latrine améliorée13 (31% dans le Buragane, 23% et 21% dans la

dépression de l’Est).

11 MSPLS, Enquête Démographique et de Santé, Rapport final, 2012 12 UNICEF, Enquête nutritionnelle et de mortalité rétrospective dans les provinces de Cankuzo, Makamba, Rutana et Ruyigi, octobre-novembre

2012. 13 Une latrine améliorée est une chambre fermée composée d’une fosse profonde, une dalle nettoyable et un couvercle.

Source: UNICEF, SITAN 2012

4 5 5 15 8 4 11

3 1

20

13 22

18 24

13 3 17 17

55

49

68 75

64

64

34

62 64

14

38

5 7 6 18

45

11 13

0102030405060708090

100% Branchement prive

Puit ou forage

Borne fontaine

source amenagee

source non amenagee

Lac

Riviere

Source d’approvisionnement des ménages pour l’eau de consommation

Source: PAM, FSMS, Avril 2013

Taux de malnutrition chronique chez les enfants de moins de 5 ans

Buj.Rural 59.8

B.Mairie 27.9

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BULLETIN Burundi Mai 2013 - 8

Conclusions La considération des résultats du dernier système de suivi (FSMS) fait état d’une situation de la sécurité alimentaire assez mitigée avec un niveau de consommation alimentaire encore problématique même si dans l’ensemble la proportion des ménages avec une consommation alimentaire à pauvre à marginale a légèrement diminué entre avril 2012 et avril 2013 passant de 49% à 46% même si elle était diminuée à 43% en octobre 2012. Le progrès réside principalement dans le maintien à 5% du nombre de ménages avec une consommation pauvre (contre 18% en 2009).

Au niveau des Zones de Moyens d’Existence (ZME), l’analyse IPC d’avril 2013 avait classé les zones des Plateaux

Humides, la Dépression de l’Est, la commune de Kabarore et quelques villages ruraux intégrés en phase de crise alimentaire aigüe et de crise de moyen d’existence (phase 3) et le reste du pays en phase de stress (phase 2).

Les résultats de l’analyse FSMS mettent en évidence qu’en période de soudure, les ménages les plus à risque d’insécurité alimentaire (caractérisé par une consommation alimentaire pauvre à marginale) se situent dans les Plateaux Humides (64%) mais également dans la Dépression du Nord (62%) et la Haute Altitude (56%). Toutefois en cette période de soudure, il n’y a que la Plaine de l’Imbo qui comprend une proportion de ménages avec une consommation pauvre à marginale de moins de 20%. La Dépression de l’Est ne comprend que 37% de ménages dans cette situation contre 49% en 2012.

Le niveau de production estimé pour la saison 2013A par le rapport provisoire de l’ENAB 2012-2013, de 399 kg EC/ménage ne représenterait que 123 jours de consommation, justifiant de plus une situation de la sécurité alimentaire encore problématique surtout dans un contexte d’une agriculture essentiellement d’autosubsistance.

Les dépenses alimentaires des ménages sont très importantes, 78% en moyenne, et plus de 80% pour les

Dépression du Nord, le Buragane et la Dépression de l’Est. Et plus de 50% des denrées alimentaires sont achetées sur les marchés. Cela démontre la forte vulnérabilité des ménages quant à la sécurité alimentaire.

Or, le recours aux mécanismes d’adaptation à la consommation alimentaire en cas de crise est, quant à lui, plutôt rassurant avec le niveau de CSI qui a diminué par rapport aux FSMS antérieurs. Cependant, ce dernier pourrait cacher une autre réalité au niveau du ménage dont la récurrence de l’utilisation d’un mécanisme qui finit par lui faire perdre cette considération (par exemple la diminution du nombre de repas consommé par jour).

Les récoltes de la saison 2013B attendues à partir de mi-juin 2013 pourraient significativement améliorer la situation de la consommation alimentaire même si elle sera tout de même limitée dans la zone des Plateaux humides où la production par tête est la plus faible dans le pays alors que certaines localités ont même subi des dégâts en champs suite aux aléas climatiques.

Cadre intégré de la classification de la sécurité alimentaire (IPC) – Janvier-Juin

2013

Source: FAO, IPC Avril 2013

Pourcentage de ménages avec une consommation alimentaire pauvre à

marginale – Avril 2013

Source: PAM, FSMS Avril 2013

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BULLETIN Burundi Mai 2013 - 9

Perspectives et recommandations Un certain nombre d’éléments conjoncturels méritent un suivi rigoureux et réguliers ; les prix des denrées alimentaires sur le marché, les effets de l’échéance de la mesure de détaxation des denrées alimentaires importées prévue fin juin 2013, le taux de change de la monnaie burundaise, le mouvement transfrontalier des vivres, la pluviométrie…

En plus des interventions ponctuelles de réponse à l’insécurité alimentaire, la zone des Plateaux Humides mérite des interventions structurelles pouvant répondre aux problèmes de pression démographique et de faible productivité agricole car en effet, le moindre choc qui subvient dans la zone conduit à une insécurité alimentaire plus que proportionnelle.

Par ailleurs, il faut porter un suivi régulier au processus de réintégration des retournés et dont la phase de démarrage est cruciale particulièrement dans la zone de la Dépression de l’Est qui compte la plus forte proportion.

Pour plus d’informations:

Jean Mahwane [email protected] et Anne-Michèle Paridaens [email protected]

Pour recevoir plus d’informations sur le PAM au Burundi, veuillez contacter:

M. Bienvenu Djossa, Directeur et Représentant du PAM au Burundi

[email protected]

Tel. + 257 – 22223072 / 22225671

www.wfp.org/fr

Information de base sur le suivi de la sécurité alimentaire au Burundi

Le système de suivi de la sécurité alimentaire est à sa 22ème édition depuis 2005 et le suivi actuel fait référence à l’analyse globale de la sécurité alimentaire et la vulnérabilité de 2008 (AGSAV) en collectant des données sur environ 950 ménages-repères tirés des 5.500 ménages (échantillon de base) pour faire le point sur la tendance des indicateurs-clés de la sécurité alimentaire. La collecte d’information pour le suivi alimentaire FSMS est menée deux fois par an, en avril et en octobre

durant les périodes de soudure. Le suivi est conduit en alternance avec l’évaluation conjointe des récoltes et approvisionnements alimentaires/CFSAM qui a lieu durant les périodes de récoltes (Janvier et Juin). La présente analyse a porté sur 950 ménages enquêtés (dont une partie des ménages a été renouvelé afin d’assurer un taux de réponse suffisant) avec un taux de réponse de 100%.

32 techniciens des DPAEs formés aux notions de base de la sécurité alimentaire et à la technique de collecte des données à l’aide des smartphones/androïds ont collecté les données pendant deux semaines avant de les transférer à la section VAM pour le traitement et l’analyse.

Echantillons des ménages enquêtés