cadranul solar de la otranto

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  • 7/25/2019 Cadranul Solar de La Otranto

    1/17

  • 7/25/2019 Cadranul Solar de La Otranto

    2/17

    ANDR

    JACOB

    LE

    CADRAN

    SOLAIRE

    BYZANTIN

    DE TAURISANO EN

    TERRE DOTRANTE

    Dans

    une publication rcente

    consacre

    l glise de Santa Maria

    del

    la

    trada

    Taurisano, localit

    sise

    dans le diocse d Ugento,

    A.

    Laporta

    a

    signal la

    prsence, sur

    le

    mur mridional

    du

    sanctuaire, d un cadran

    solaire

    portant

    une

    inscription

    en

    caractres

    grecs1.

    Comme

    il

    s agit

    sans

    doute du seul objet de ce genre conserv en Italie, o les exemplaires

    latins

    d poque

    mdivale sont au demeurant assez

    rares,

    il ne

    nous a pas

    paru superflu de le dcrire ici en dtail et de rechercher les

    modles

    dont

    il s inspire.

    L glise Santa Maria della

    Strada,

    construite en

    style

    roman tardif2,

    n a jamais fait

    l objet

    d une

    tude approfondie. Bien

    que l architecture

    religieuse

    du Salento

    soit

    assez riche en monuments similaires, il est

    malais,

    en l absence de toute documentation historique

    contemporaine,

    de

    la

    dater

    avec prcision

    cause

    de

    la

    persistance

    exceptionnelle

    des

    formes

    romanes

    dans la rgion,

    o

    ce

    style

    tait

    encore en vigueur

    l aube du Quattrocento.

    D aprs une

    tradition

    locale rapporte par

    la Visi

    teastorale

    de 1711,

    l glise

    aurait

    t

    difie aux

    alentours

    de

    1250,

    mais

    l vque

    d Ugento

    De

    Rossi fait aussi remarquer que

    l inscription

    du

    port

    ail qui avait inspir cette

    opinion

    n tait plus gure visible de son temps3.

    vrai dire, on ne voit pas trs bien

    quel

    endroit

    du

    portail

    la ddicace

    en question aurait

    pu

    se trouver, puisque

    le

    linteau, o elle est grave

    dans la

    plupart

    des

    cas,

    est constitu

    par une Annonciation

    sculpte4;

    quant au tympan, qui est

    aujourd hui

    compltement dpouill, il tait

    probablement

    peint

    l origine,

    comme celui

    du

    portail

    central de

    Sainte-

    1

    A. Laporta,

    Storia

    ed

    arte, dans

    La

    chiesa di Maria Santissima della

    Strada

    in

    Taurisano.

    Storia, arte,

    interventi ed

    opere per il

    recupero,

    Galatina, 1984,

    p. 11.

    2

    Ibid.,

    p.

    8-11

    et pi.

    [1]

    p. 16, et [9].

    3Supponitur ex

    traditione

    istam ecclesiam

    fuisse aedificatam de

    anno 1250

    circiter ex antiqua inscriptione parum

    hodie

    apparenti in frontspitio ecclesiae in

    quo

    adest

    imago

    Annunciationis

    B. V.

    litteris

    grecis expressa angelica

    salutatione

    {ibid., p. 14, d aprs une transcription de S.

    Palese).

    4

    Ibid., pi. [2];

    ci-dessous, fig.

    3.

    MEFRM -

    97

    -

    1985

    -

    1,

    p.

    7-22.

  • 7/25/2019 Cadranul Solar de La Otranto

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    Illustration non autorise la diffusion

    ANDR JACOB

    Fig.

    1 -

    Taurisano,

    Santa

    Maria della Strada : Vue

    partielle du mur sud

    (Photographie L. D.-A.).

    Catherine Galatina5.

    Il

    y a

    donc

    beaucoup

    parier

    que la prtendue

    date

    de 1250 provient

    d une

    interprtation errone de certaines lettres de

    l inscription

    qui accompagne la scne de l Annonciation. En attendant

    que

    les historiens de l art examinent plus

    attentivement

    l glise

    de Tauri

    sano, nous nous contenterons,

    pour notre

    part, d enregistrer les

    avis

    exprims

    jusqu prsent sur la

    date

    de la construction, que les

    auteurs

    situent

    le plus souvent

    au

    XIVe sicle ou la fin du sicle prcdent6.

    Le cadran

    solaire

    est encastr

    une hauteur

    de

    6,35

    m environ dans

    le

    mur

    sud

    de l difice,

    non

    loin

    de son

    extrmit

    orientale7.

    Form d un

    5

    A.

    Putignani,

    //

    tempio di S.

    Caterina

    in Galatina, 2e d., Galatina, 1968, p. 25.

    6

    Voir,

    par exemple, C.

    De

    Giorgi,

    La

    provincia

    di

    Lecce.

    Bozzetti di

    viaggio,

    II,

    Lecce, 1888, p. 146; Laporta,

    Storia

    ed arte, op. cit., p. 9. Un

    avis discordant est

    celui de Lenormant,

    qui date

    la faade

    de l glise

    du

    XIe

    sicle: voir F.

    Lenormant,

    Notes archologiques sur

    la

    Terre d Otrante. Seconde partie, dans Gazette

    archologi

    que,, 1881-1882,

    p. 122; Idem,

    Archaeological

    Notes on the

    Terra

    d Otranto, dans

    The Academy, 21, January- June

    1882,

    p. 457.

    7 Fig. 1. Vue d ensemble de

    la paroi

    mridionale dans La chiesa di Maria San

    tissima

    della

    Strada, op.

    cit.,

    pi.

    [9].

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    Illustration non autorise la diffusion

    Illustration non autorise la diffusion

    LE

    CADRAN

    SOLAIRE BYZANTIN DE TAURISANO EN TERRE D OTRANTE

    Fig. 2 - Taurisano, Santa Maria della Strada : Cadran solaire

    (Photographie L. D.-A.).

    Fig. 3 - Taurisano, Santa Maria della Strada :

    Bas-relief

    de l Annonciation

    (Photographie

    L.

    D.-A.).

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    5/17

    10

    ANDR JACOB

    unique bloc de pierre, il se prsente

    sous

    la

    forme

    d un cercle en saillie

    dispos

    dans un plan vertical8 et

    dont

    le diamtre mesure 59cm; il est

    muni d un style

    mtallique

    moderne9, perpendiculaire au disque.

    Il

    est

    assez

    endommag,

    en

    particulier

    dans

    sa

    moiti

    suprieure,

    vraisembla

    blement

    our

    avoir servi de cible des projectiles

    divers

    au cours de son

    histoire.

    Le

    demi-cercle

    infrieur, qui reoit l ombre du style, est divis en

    six parties

    gales

    le rayon vertical est

    prolong

    vers le

    haut

    et se termine

    en croix.

    Il saute aux yeux

    que

    les caractres

    gravs

    sur

    le

    cadran solaire

    de

    Santa Maria della Strada sont l uvre de

    deux

    lapicides

    diffrents.

    Les

    six lettres

    isoles

    places

    l extrmit des rayons sont plus

    petites et tra

    ces

    avec moins de soin

    que

    le reste de l inscription et doivent tre consi

    dres

    comme

    des

    ajouts.

    La

    premire

    partie de l inscription primitive est constitue par la

    fo

    rmule

    bien

    connue () () 10,

    dont

    les quatre groupes de

    lettres, entours de points,

    sont placs

    aux extrmits de la croix, de part

    et d autre du montant :

    C XC

    NI KA

    On

    notera

    la

    forme du

    tilde, qui est trs proche

    du tilde pigraphique

    latin

    renflement

    central.

    La

    formule

    IC

    XC

    est

    connue

    de

    l pi-

    graphie byzantine

    du

    Salento depuis

    le

    Xe sicle: elle est atteste, par

    exemple, dans les inscriptions Inv. 52 et 55

    du Muse

    provincial de

    Lec

    ce11

    et, un

    peu plus

    tard (premire

    moiti du

    XIe sicle?),

    Santa Maria

    della

    Grotta, prs de Presicce12. la

    fin du XIIIe

    sicle,

    on

    la rencontre

    sur le plat

    antrieur de la reliure du Car oliruhensis

    Etonensis 613 et,

    plus

    8 Fig. 2; La chiesa. .

    op.

    cit.,

    pi.

    [3].

    9

    On notera,

    la

    base

    du gnomon,

    les

    traces

    d une

    obturation

    rcente

    en

    ciment.

    10 Sur

    cette

    formule, voir surtout A. Frolow, IC

    XC

    , dans Byzantinoslavi-

    ca,

    17, 1956, p.

    98-113.

    11 P. Rugo, Le

    iscrizioni dei sec.

    VI-VII-VHI esistenti in

    Italia,

    IV:

    /

    ducati di

    Spoleto

    e Benevento, Cittadella, 1978,

    pi.

    119 et 116, p. 167 et 166.

    12

    Cf. C. D. Fonseca,

    A.

    R.

    Bruno, V. Ingrosso et A. Marotta, Gli insediamenti

    rupestri medioevali nel

    Basso

    Salento, Galatina, 1979

    {Universit di

    Lecce. Facolt

    di

    lettere e filosofia. Istituto di storia medioevale e moderna. Saggi e ricerche, 5),

    p. 170.

    13 K.

    Preisendanz,

    Die Handschriften des

    Klosters

    Ettenheim-

    Mnster.

    Neudruck

    mit

    bibliographischen

    Nachtrgen,

    Wiesbaden,

    1973

    {Die

    Handschriften

    der

    badi

    schen Landesbibliothek in

    Karlsruhe,

    9), p. 9.

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    6/17

    LE

    CADRAN

    SOLAIRE

    BYZANTIN

    DE TAURISANO EN TERRE

    D OTRANTE

    1 1

    tard, sur

    le

    feuillet de parchemin

    qui

    a servi de reliure au Parisinus

    gr. 323, manuscrit bilingue de la Liturgie chrysostomienne excut

    pour

    Nicolas Orsini,

    comte de Noia (1331-1399), dans les annes

    1360-137014.

    Deux moules

    pain

    eucharistique,

    conservs

    Brindisi

    et

    Ugento

    et

    datant peu prs de la mme poque, la

    connaissent

    galement15. Dans

    tous ces

    exemples, les

    deux

    syllabes du

    verbe

    sont

    dotes

    de

    tildes,

    comme Taurisano.

    La seconde

    ligne

    du

    registre suprieur

    contient

    l inscription

    propre

    ment

    ite, divise en

    deux

    parties entoures de points. Elle se laisse

    reconstruire

    sans

    peine

    et n est

    gure

    originale puisqu il s agit

    de la

    sim

    ple rubrique

    Les heures

    du jour

    Ai

    [] [ ] []

    Est-il possible

    de

    dater,

    ft-ce de

    manire

    approximative, l alphabet

    utilis

    par le premier graveur?

    Des

    rares lettres disponibles

    pour

    l analy

    se

    alographique,

    quelques-unes paraissent assez typiques

    du

    XIVe sicle

    salentin : ce sont l alpha, le kappa, le mu, le khi et l omga. Le kappa au

    trait infrieur droit bris et

    le mu

    aux trois jambages d gale hauteur16

    se

    trouvent dans

    la ddicace

    grave

    de la chapelle de la

    Thotokos Cavalli

    no

    an.

    1 309-1

    3

    10)

    17;

    l alpha potence et

    le

    kappa sont prsents dans

    les

    ddicaces peintes

    de Saint-Michel-Archange,

    prs

    de

    Copertino

    (an.

    1314/15)18, et de

    Saint-

    Jean-1 vangliste San Cesario

    (an. 1329)19;

    le khi

    aux

    traits

    concaves

    est

    attest

    dans

    la premire

    partie de l inscrip-

    14 Paris,

    gr. 323,

    f

    2r

    (les

    tildes

    sont

    de forme

    latine). Sur ce ms., voir

    A.

    Jacob,

    La traduction de

    la Liturgie de

    saint

    Jean Chrysostome

    par

    Lon

    Toscan.

    dition cr i

    tique dans Orientalia

    christiana

    periodica,

    32,

    1966, p. 120-121; le filigrane, form

    de

    deux

    cls

    disposes

    paralllement

    et

    surmontes

    d une croix de Lorraine,

    est

    assez proche du

    n 2698

    (an.

    1362,

    1363-64) du rpertoire

    de V. A.

    Mosin et

    S. M.

    Traljic,

    Filigranes des XIIIe et

    XIVe

    ss.,

    Zagreb,

    1957 (Acadmie

    yougoslave des

    sciences et des beaux-arts).

    15

    Voir

    R.

    Jurlaro,

    Tre

    stampi eucaristici inediti

    a

    Brindisi

    (Contributo per

    la

    storia della

    liturgia eucaristica e

    greca in Italia), dans

    Bollettino della

    Badia

    greca

    di

    Grottaf

    errata,

    N.S.,

    15 (1961), p. 80-82 et fig. 3; Idem, Nuovi stampi

    eucaristici

    dal

    Salento

    (Contributo

    per

    la storia della

    liturgia

    eucaristica e greca in

    Italia),

    ibid.,

    N.S.,

    17

    (1963),

    p. 155 et

    fig.

    9.

    16 II

    est

    uni ici l ta qui le

    prcde.

    17

    A.

    Jacob, Inscriptions

    byzantines

    dates de la province de Lecce (Carpignano,

    Cavallino,

    San

    Cesario),

    dans

    Rendiconti

    della

    Classe

    di scienze morali, storiche

    e

    filologiche dell Accademia nazionale dei Lincei,

    Serie

    Vili,

    37,

    1982, p. 53 et pi. Ila.

    18 A. Jacob, Une ddicace

    de

    sanctuaire indite

    la

    Masseria Li Monaci, prs de

    Copertino en Terre d Otrante, dans Mlanges de l cole franaise de Rome. Moyen

    ge-Temps

    modernes,

    94,

    1982,

    p.

    705,

    fig.

    1.

    19 Jacob, Inscriptions byzantines,

    op. cit.,

    p. 56 et pi. IVa.

  • 7/25/2019 Cadranul Solar de La Otranto

    7/17

    Illustration non autorise la diffusion

    1

    2 ANDR JACOB

    xlf.pnvnpH.oeuffiaxic

    lOC.flVIAJftMHKV.nBNOl

    OlKHlk.TOPHTIAB OV.VI-

    cvpior.mcrAcoY.

    Fig.

    4

    -

    Cpie

    de

    l inscription du

    groupe de l Annonciation

    (XIXe

    sicle).

    tion grave d Andrano

    (an.

    1 372/73) 20; quant l omga, on le

    rencontre,

    moins bien trac, dans la

    seconde

    partie de l inscription d Andrano21 et

    dans la ddicace grave de la

    tour

    de Carpignano

    (an.

    1 378/79)

    22.

    Le bas-relief de

    l Annonciation

    qui orne le portail de l glise23 est

    indubitablement

    contemporain du cadran

    solaire.

    la fin du sicle der

    nier

    Lenormant

    en

    a

    presque entirement dchiffr

    l inscription24. Une

    20

    Rugo, Le iscrizioni, op. cit.,

    pi.

    125, p. 170; A. Jacob, Une fondation d hpital

    Andrano en

    Terre d Otrante (Inscription

    byzantine

    du Muse provincial de Lecce),

    dans Mlanges de l cole franaise de Rome. Moyen

    ge-Temps

    modernes,

    93,

    1981,

    p. 685, fig. A.

    21 Rugo, Le iscrizioni,

    op. cit.,

    pi. 126, p. 171; Jacob, Une fondation,

    op. cit.,

    p. 686, fig. B.

    22 Rugo, Le iscrizioni,

    op. cit.,

    pi.

    121, p. 168; Jacob,

    Inscriptions

    byzantines,

    op.

    cit., p.

    59

    et pi.

    IV

    b.

    23

    Fig.

    3.

    24 Lenormant,

    Notes

    archologiques.

    Seconde

    partie,

    op. cit.,

    p. 122.

  • 7/25/2019 Cadranul Solar de La Otranto

    8/17

    LE CADRAN

    SOLAIRE

    BYZANTIN

    DE TAURISANO EN TERRE D OTRANTE 1 3

    curieuse

    copie

    excute pour

    l rudit local

    S.

    Castromediano (181

    1-1

    895)

    25

    permet

    de

    confirmer

    et de

    complter

    la

    lecture

    de Lenormant26. L ins

    cription s est fort dtriore

    depuis. Aujourd hui,

    la rponse de la Vierge

    -

    ()

    (Le

    1,38)

    - a

    dispa

    ruans laisser de

    traces27.

    Le reste,

    que

    nous avons lu grand-peine,

    comprend

    le titre de

    la scne

    ( )28, le nom de l ange

    (

    )29

    et la salutation anglique (

    = Le 1,28)

    30.

    Le

    texte

    n est

    pas accentu, l orthographe

    est peu correcte et le trac des lettres moins soign

    que

    sur le cadran

    solaire, mais l alphabet

    est

    fort proche, encore que, par certains dtails, il

    s apparente

    peut-tre plus l inscription d Andrano de

    1372/73

    : son

    alpha

    ressemble

    beaucoup celui du premier lapicide d Andrano, son

    kappa

    celui

    du second31.

    En

    dfinitive, il ne nous

    semble

    pas

    trop

    hasardeux

    d affirmer que

    l inscription primitive

    du

    cadran

    solaire de Taurisano

    a

    peu de chances

    de remonter la seconde moiti du XIIIe

    sicle. Il

    ne fait pas de doute,

    notre

    avis, qu elle soit du XIVe

    sicle,

    mais il est

    impossible,

    dans

    l tat

    actuel

    des connaissances,

    de prciser davantage. Personnellement,

    nous

    serions

    plutt

    port

    exclure les

    deux

    ou trois

    premires

    dcennies du

    sicle,

    ainsi

    que les

    deux

    dernires,

    et

    restreindre

    ainsi la fourchette

    une

    cinquantaine d annes. Ce

    n est l, toutefois,

    qu un sentiment subject

    if

    ue l historien de

    l art pourra ventuellement

    confirmer

    ou infirmer.

    Passons maintenant aux lettres ajoutes dans

    un

    second temps aux

    extrmits

    des rayons du demi-cercle infrieur. En partant de la

    gauche,

    nous rencontrons successivement les lettres suivantes :

    25

    Sur

    Castromediano, voir la notice

    de

    L.

    Agnello, dans

    Dizionario

    biografico

    degli

    Italiani, 22, Rome, 1979,

    p.

    245-248.

    Nous sommes reconnaissant M. A. La

    porta

    directeur

    de

    la

    Bibliothque provinciale de

    Lecce, d avoir

    mis

    notre

    dispos

    ition une photocopie de

    cette

    pice,

    qui

    est actuellement conserve dans

    les

    archi

    vesrives de la famille Gorgoni

    Cavallino di Lecce.

    26 Fig. 4. Le dessinateur anonyme,

    qui

    ignore tout du grec, a reproduit le texte

    tant bien que mal en

    partant de la

    gauche et sans

    se

    soucier

    le moins du

    monde de

    l ordre logique.

    27

    Sa place tait

    sans doute

    droite

    du nimbe de la Vierge.

    28 la hauteur de la main

    gauche

    de l ange.

    29

    Sur le

    chapiteau

    gauche

    de

    l ange.

    Les

    trois

    premires lettres ne sont plus

    sres; Lenormant a lu ici

    ,

    avec l alpha uni au gamma.

    30 Entre les deux

    figures

    et sur le

    chapiteau

    droite de

    la

    Vierge.

    Les

    mots

    (crit

    en toutes lettres)

    pourraient

    tre

    d une

    autre main.

    31

    Cf.

    Jacob,

    Une

    fondation,

    op. cit., p. 685-686, fig.

    A

    et .

  • 7/25/2019 Cadranul Solar de La Otranto

    9/17

    14 ANDR JACOB

    nTC NBK

    Les deux

    premires

    lettres sont quelque peu abmes, mais ne posent

    aucun

    problme

    de lecture. On distingue

    encore

    parfaitement

    le

    contour

    du

    pi vid par la chute d un clat de pierre, de mme

    que

    la tige et la

    barre du

    tau,

    lettre

    dont la position est

    anormale

    si

    on

    la

    compare

    celle

    de C, et B.

    De prime abord, ces lettres, qui ne peuvent tre interprtes comme

    des

    chiffres, ont une apparence

    fort

    hermtique, et c est en vain

    qu on

    chercherait Byzance la

    cl

    du mystre. Pour trouver la solution, il

    suff

    it,

    en

    revanche,

    de

    penser

    la situation

    culturelle

    toute

    particulire

    du

    Salento mridional la fin du moyen ge, quand la prdominance du

    grec

    y

    est de plus en plus menace

    par l italien,

    tandis que la

    liturgie

    byzantine

    subit

    l influence

    sans cesse

    croissante du

    culte latin.

    Le cadran solaire de Santa Maria della Strada

    illustre

    merveille ces

    mutations

    du cadre

    linguistique et rituel

    de

    la rgion puisque

    les

    six let

    tres qui lui ont

    t adjointes

    ne sont

    rien d autre

    que les initiales

    des

    heu

    res canoniales

    latines transcrites

    en caractres

    grecs :

    : Prima. : Tertia. C : Sexta. : Nona. : Vespera,

    Completo-

    rium.

    Dater ces initiales est bien sr tche dsespre. Le seul indice, par

    ailleurs tnu, qui nous

    inviterait

    ne

    pas

    les reporter

    trop

    loin de l in

    scription originale

    est offert

    par le kappa, dont

    le dessin, malgr l aspect

    plus

    trapu

    de la lettre, ne

    s carte pas

    beaucoup de celui du kappa de

    . Il est

    clair

    qu elles remontent l poque

    o

    l alphabet grec servait

    la

    transcription des

    textes

    en

    volgare

    salentin,

    ce

    qui ne nous

    avance

    gure

    pour

    les dater, car les premiers documents de ce genre sont du

    milieu du Trecento et les derniers du dbut du XVIe sicle32. Le nom de

    Taurisano apparat dans les

    Registres

    angevins partir de 126933, mais

    on

    ignore

    tout de la consistance de sa communaut hellnophone

    et

    de sa

    romanisation progressive. Le seul

    tmoin

    d une prsence grecque Tauri

    sano

    st

    l glise

    de

    Santa Maria

    della Strada,

    qui,

    de

    toute

    vidence,

    tait

    destine

    la clbration

    du culte

    byzantin. L insertion

    des

    heures cano

    niales de l glise latine

    sur son cadran

    solaire

    trahit-elle le passage

    du

    sanctuaire

    au

    rite occidental ou ne reflte-t-elle qu un stade avanc

    d ita-

    32

    Pour

    un tat de

    la

    question, voir M. T.

    Romanello,

    L affermazione del

    volgare

    nel

    Salento, dans

    Archivio

    storico

    per

    le

    province

    napoletane,

    96, 1978,

    p. 31-36.

    33 R. Filangieri, / Registri della cancelleria angioina, IV (1266-1270), Naples,

    1952,

    nos 383,

    388

    et 405, p.

    60,

    61 et 63.

  • 7/25/2019 Cadranul Solar de La Otranto

    10/17

    LE CADRAN

    SOLAIRE BYZANTIN DE TAURISANO EN TERRE D OTRANTE 1 5

    lianisation locale? Rien ne

    permet pour

    l instant de trancher la question,

    sur

    laquelle nous

    reviendrons

    la

    fin

    de

    cette note, aprs une

    brve

    enqute sur les modles

    possibles

    du cadran de Taurisano.

    Les

    cadrans

    solaires

    du moyen ge sont

    pratiquement

    tous du type

    qui

    vient d tre

    dcrit34. Ils se prsentent

    le

    plus souvent

    sous

    la

    forme

    d un cercle ou d un demi-cercle et sont en

    gnral

    fixs la paroi

    mri

    dionale

    de l glise; le style est perpendiculaire

    la table du

    cadran et

    les

    heures

    que

    son ombre

    indique

    sont

    de

    dure

    ingale,

    non

    seulement

    dans

    le courant de

    l anne,

    mais

    mme

    dans

    l espace

    d une journe. Foncire

    mentnexacts, ces

    cadrans

    servent surtout signaler de

    manire

    rudi-

    mentaire les

    heures

    de l office diurne

    et

    c est la

    raison pour

    laquelle on

    les

    qualifie

    de canoniaux.

    En

    fin de

    compte, leur fonction, symbolique et

    relle la

    fois,

    est autant de rappeler

    l homme

    le devoir de la prire

    que de marquer

    le

    cours du

    temps.

    On trouve des

    cadrans

    mdivaux dans toute

    l Europe,

    dans le

    monde

    byzantin

    et jusqu en

    Armnie35. Leur

    patrie

    d lection

    est l Angleterre,

    qui

    en

    a

    conserv

    une

    centaine d exemplaires36.

    C est

    de

    l,

    selon

    certains

    auteurs,

    qu ils

    se

    seraient

    rpandus

    sur le

    continent la

    suite

    des

    mission-

    34

    Parmi l abondante

    bibliographie des

    cadrans mdivaux, nous

    avons

    surtout

    mis profit

    pour

    rdiger

    ces

    lignes

    les ouvrages

    suivants : E.

    Zinner,

    Die ltesten

    Rderuhren und modernen Sonnenuhren.

    Forschungen

    ber den

    Ursprung

    der

    mo

    dernen Wissenschaft,

    Bamberg, 1939 (28. Bericht der naturforschenden Gesell

    schaft); Idem, Alte

    Sonnenuhren an

    europischen Gebuden,

    Wiesbaden,

    1964 (Boe-

    thius. Texte und

    Abhandlungen

    zur Geschichte der exakten

    Wissenschaften, 3);

    R.

    J. J.

    Rohr,

    Les

    cadrans

    solaires

    anciens

    d Alsace,

    Colmar,

    1971

    (Collection

    Richess

    es

    e l Alsace); Idem, Die Sonnenuhr.

    Geschichte,

    Theorie, Funktion, Munich, 1982.

    35 Voir

    les

    cadrans d poque mdivale dans le

    catalogue

    dress par

    Zinner,

    Alte

    Sonnenuhren,

    op. cit.,

    p. 28-220,

    qui va

    du moyen

    ge

    1800.

    36

    Voir

    Zinner,

    Die ltesten Rderuhren, op. cit., p. 7-9; Idem, Alte Sonnenuhren,

    op. cit.,

    p. 3-4.

    La

    bibliographie

    anglaise

    cite par Zinner ne

    nous

    a

    pas

    t accessi

    bleD. H.

    Haigh, Yorkshire

    Dials, dans The Yorkshire

    Archaeological

    and Topogra

    phical

    ournal, 17-18, 1877,

    p. 134-222;

    Mrs.

    Alfred

    Gatty, The Book of Sun-Dials,

    4e

    d., Londres, 1900; E. Hrne, Primitive Sun Dials,

    or Scratch

    Dials.

    Containing

    a

    List

    of

    those

    in Somerset,

    Taunton,

    1917; Idem,

    Schratch

    Dials : their description

    and

    history, Londres, 1929;

    A.R.Green,

    Sundials, Incised Dials

    or

    Mass-ClocL, Lond

    res,

    1926.

  • 7/25/2019 Cadranul Solar de La Otranto

    11/17

    1 6 ANDR JACOB

    naires irlandais et anglo-saxons37. S il est vrai qu ils se

    font

    de plus en

    plus rares au fur et

    mesure qu on

    descend

    vers l Europe

    du Sud

    et

    du

    Sud-Est38,

    on

    notera

    cependant

    que

    le cadran armnien de Zvartnots est

    contemporain

    des

    plus

    anciens

    cadrans

    anglais (VIIe

    sicle),

    ce

    qui

    exclut

    videmment la possibilit

    d une

    influence

    insulaire.

    Aucune tude

    systmatique

    n a encore

    t

    consacre aux cadrans

    solaires du bassin mditerranen,

    dont

    seuls

    quelques exemplaires ont t

    signals jusqu ici

    au hasard des publications les plus

    disparates. C est

    sur

    la

    base

    de

    cette documentation un

    peu

    mince

    qu il nous

    faut essayer

    de

    dterminer si la tradition

    byzantine

    se distingue par l un ou

    l autre

    dtail

    de la tradition

    occidentale

    - de l italienne en particulier - et, en cas de

    rponse positive, de

    montrer

    auquel

    des

    deux groupes se rattache

    le

    cadran

    solaire

    de

    Taurisano.

    Le plus ancien cadran byzantin datable est celui de l glise de la Dor-

    mition

    Skripou, construite en 873/4

    39.

    Il est form d un demi-cercle,

    qu on

    a divis en

    onze

    parties; une bande semi-circulaire

    entoure

    la part

    ie ourbe du cadran et

    renferme

    les chiffres des dix

    premires

    heures du

    jour, gravs

    dans le prolongement

    des rayons.

    De mme

    forme que

    le

    pr

    cdent

    l exemplaire

    du

    Muse

    de Thbes40, de

    date

    incertaine, comprend

    douze quartiers,

    l intrieur

    desquels

    sont

    nots

    les

    chiffres

    des douze

    heures. Le monastre de Saint-Georges, prs d Arvanitochri en Bithynie

    (auj. Arnavutky, au sud de Katirli) tait pourvu d un cadran solaire, que

    Gdon

    assigne

    au

    XIIe

    sicle41

    et

    qui

    est

    pour

    ainsi

    dire

    identique

    celui

    de Thbes42.

    En

    Armnie, la

    division

    en douze

    heures

    est

    galement

    la norme43.

    L un

    des

    tmoins

    les plus

    vnrables est sans

    conteste le

    cadran

    de

    Zvart-

    37

    Cf.

    Rohr,

    Les

    cadrans solaires, op. cit., p.

    53.

    38

    Zinner,

    Die ltesten

    Rderuhren,

    op.

    cit., p. 14.

    39

    Fig.

    5.

    Il est galement

    reproduit

    dans J . Strzygowski,

    Inedita

    der

    Architektur

    und

    Plastik

    aus

    der

    Zeit

    Basilios

    I

    (867-886),

    dans

    Byzantinische

    Zeitschrift,

    3,

    1894,

    (p. 16),

    pl.

    III, 7 (dessin), et dans

    A.

    Grabar,

    Sculptures byzantines de

    Constantinople

    (IVe-Xe sicle),

    Paris, 1963, {Bibliothque archologique et historique de l Institut

    franais d archologie d Istanbul, 17), pl. XXXIX,

    1.

    40

    Dessin dans

    Strzygowski, Inedita,

    op. cit.,

    pl.

    111,8.

    41

    M. I.

    Gdon,

    , Constantinople, 1892,

    p. 29-30.

    42

    Fig. 6.

    43

    Nous nous contentons ici de quelques exemples

    facilement

    reprables et qui

    suffisent notre propos; Zinner, Alte Sonnenuhren, op.

    cit.,

    p. 2, signale des

    cadrans Thalin et Geghard. Une recherche systmatique ne manquerait certa

    inement pas

    d enrichir

    cette

    documentation.

  • 7/25/2019 Cadranul Solar de La Otranto

    12/17

    Illustration non autorise la diffusion

    LE

    CADRAN

    SOLAIRE

    BYZANTIN

    DE TAURISANO EN TERRE

    D OTRANTE 17

    0.

    Fig. 5 -

    Skripou, glise de la Dormition

    : Cadran solaire (Photographie M. C. F.)

    Fig.

    6

    -

    Arvanitochri

    : Cadran solaire

    du monastre

    de

    Saint-Georges

    (d aprs

    Gdon).

    nots (VIIe sicle)44, cercle de pierre sur la moiti suprieure duquel est

    grave

    l inscription

    suivante45 :

    44 Sur

    Zvartnots,

    voir C. H.

    Mnatsakanjan,

    Zvartnots. Pamjatnik armjanskogo

    zodcestva VI-VH vekov,

    Moscou,

    1971; le

    cadran

    solaire

    y

    est reproduit la p. 96,

    fig.

    16.

    45

    Fig.

    7.

    MEFRM 1985 1.

  • 7/25/2019 Cadranul Solar de La Otranto

    13/17

    18

    ANDR

    JACOB

    iih

    tun. (k)p

    uipj

    un Lpa ji

    Fig. 7 - Zvartnots : Cadran solaire (d aprs

    Mnatsakanjan).

    Tout

    saint

    priera

    le Seigneur

    au

    moment

    convenable

    (Ps 31,6).

    Par

    rapport la

    superficie

    du demi-cercle

    infrieur,

    la table divise

    en onze

    par

    les rayons

    est

    plutt

    exigu; dans

    le

    prolongement

    des douze

    rayons

    -

    y

    compris

    les

    deux

    rayons

    horizontaux

    qui constituent le

    bord

    suprieur

    -,

    et

    en dehors du

    cadran proprement dit,

    les

    heures sont

    d abord soulignes d un motif ornemental

    fait

    d un cercle noyau cen

    tral,

    puis marques

    par

    les

    chiffres eux-mmes. Le cadran

    en

    demi-cercle

    de

    l antique basilique

    d Ererouk46,

    qui

    n est peut-tre

    pas primitif,

    est gra

    v

    directement

    sur

    la

    paroi

    l instar

    des

    scratch

    dials

    et

    divis

    en

    onze

    parties.

    Au

    monastre de Ketcharis,

    le

    cadran

    solaire du

    gawit

    (XIIe/XIIIe

    sicle)

    est du mme type que

    ceux

    de

    Thbes et

    d Arvanitochri47.

    46 P. Paboudjian,

    A.

    Alpago-Novello et

    D.

    K.

    Kouymjian,

    Ererouk, Milan, 1977

    (Documenti di architettura armena, 9),

    fig.

    13, p. 37.

    Les

    rayons sont prolongs au-

    del

    du

    demi-cercle;

    on ne

    distingue pas

    de

    chiffres

    sur la

    photographie.

    47 M. Hasratian

    et A. Alpago-Novello,

    Ketcharis, Milan,

    1982 (Documenti di

    architettura

    armena,

    11),

    fig.

    7,

    p.

    18, et

    fig.

    1,

    p. 7

    (vue

    d ensemble);

    Architettura

    medievale armena.

    Roma

    -

    Palazzo

    Venezia,

    10-30 giugno

    1968,

    fig.

    189.

  • 7/25/2019 Cadranul Solar de La Otranto

    14/17

    LE CADRAN SOLAIRE BYZANTIN DE TAURISANO EN TERRE D OTRANTE

    1 9

    Comme on le voit,

    s il est

    permis de gnraliser partir de ces

    quel

    ques

    exemples, les cadrans byzantins

    et armniens,

    qui

    affectent

    la

    forme

    du demi-cercle, ont conserv la division romaine du jour en douze heures,

    dont

    ils

    notent

    gnralement

    tous

    les

    chiffres.

    L emplacement

    de

    ces

    chif

    fres sur

    le

    cadran

    permet

    de distinguer deux types.

    Les

    uns, en effet, les

    situent

    dans le

    prolongement

    exact

    des

    rayons

    et

    ne sont diviss ds

    lors

    qu en

    onze parties, la moiti gauche

    du

    bord suprieur constituant

    le pre

    mier

    rayon48.

    Les

    autres -

    plus

    rcents? -

    comportent douze parties,

    l intrieur

    desquelles sont

    gravs

    les

    douze chiffres.

    Si les

    cadrans

    occidentaux ne se

    distinguent pas spcialement

    de

    ceux

    du

    monde byzantin par leur forme, qui est

    indiffremment circulai

    reu semi-circulaire,

    ils

    offrent, en

    revanche,

    une grande

    varit

    de

    sub

    divisions

    de

    la

    table.

    La

    division

    en

    huit parties,

    typiquement

    nordique,

    se

    rencontre

    surtout

    en Angleterre

    - o

    on trouve

    aussi des

    cadrans quat

    re, seize et dix intervalles - et quelquefois

    en

    Allemagne49. Quant aux

    cadrans

    de douze heures d inspiration

    mditerranenne,

    ils sont attests

    dans toute

    l Europe ds le VIIe sicle, de

    mme

    que

    leur

    version

    simplif

    ie,ui ne comporte

    que

    six divisions50. C est, la fin

    du

    moyen ge, le

    type le plus rpandu.

    Le

    souci de faire ressortir les

    heures

    canoniales, en particulier

    tierce,

    sexte et none, apparat dans les plus anciens

    cadrans

    occidentaux, comme

    celui de Bewcastle (vers 675),

    o

    les troisime, sixime

    et neuvime

    lignes

    sont

    renforces

    par

    un petit

    trait

    transversal51.

    Plus

    tard,

    certaines

    d en

    tre

    lles

    sont parfois dsignes par leurs

    initiales.

    C est

    ainsi que les

    deux

    cadrans

    successifs

    de

    la collgiale

    de Hameln en Basse-Saxe,

    rigs aprs

    1250, utilisent

    les lettres

    et

    V

    pour souligner

    la place de

    none et

    vpres52.

    En Italie, les

    cadrans

    mdivaux signals jusqu ici ne dpassent gure

    la

    douzaine, notre connaissance

    du moins,

    et sont

    souvent

    insuffisam

    ment

    crits. Ils se

    prsentent

    aussi bien sous forme circulaire (cathdral

    ese

    Gnes et Cefal,

    abbaye

    d Acquafredda, sur

    les

    bords

    du lac de

    48

    Ce

    systme, on

    l avouera, est pour

    le moins

    curieux.

    la

    difficult pratique

    de diviser

    correctement

    un

    demi-cercle en

    onze

    parties

    gales, s ajoute l incohren

    e

    e

    considrer comme

    premire

    heure ce qui

    constitue

    normalement l heure

    zro.

    49

    Zinner,

    Die ltesten Rderuhren,

    op.

    cit., p. 8-11.

    50

    Ibid., p. 7-8,

    9-10, 11-12.

    51

    Ibid., p. 7

    et pi. 20,

    fig. 39.

    52

    Ibid., p. 11 et

    pi. 20,

    fig. 37-38.

  • 7/25/2019 Cadranul Solar de La Otranto

    15/17

    20

    ANDR JACOB

    Cme) que

    semi-circulaire (Aoste, Pomposa, Spolte, Santa

    Maria a

    Pi di

    Chienti, prs de Macerata). Le cadran de Pomposa est divis en quatre et

    constitue ce titre une exception pour l Italie53, tandis

    que

    les

    exemplair

    es

    Acquafredda,

    dat

    de

    119354,

    et

    de

    Santa Maria

    a

    Pi

    di

    Chienti55

    comportent

    douze

    parties. Le cadran conserv au

    muse

    de Spolte,

    compte six parties, comme

    celui

    de

    Taurisano, mais

    seule la ligne

    vertical

    e midi y est

    grave56,

    de simples marques de

    plomb

    remplaant les

    autres rayons. L usage de noter les initiales des heures liturgiques est

    attest l glise monastique de Santa Maria a Pi

    di Chienti,

    dont le

    cadran, qui

    remonte au XIIe sicle,

    porte

    les lettres (tierce), S (sexte) et

    (none)57.

    Deux cadrans solaires apuliens d poque romane (XIIIe

    sicle)

    doi

    vent

    tre

    signals pour

    finir.

    Il

    s agit des

    cadrans

    des

    cathdrales

    de

    Mol-

    fetta (Duomo

    Vecchio)

    et Ruvo,

    qui sont

    forms

    d un

    demi-cercle

    divis

    en

    douze58.

    Celui de Molfetta est orn

    d une tte d homme

    en

    bas-relief,

    qui tient

    en

    bouche le gnomon59.

    Au terme de

    ce rapide

    inventaire

    des types

    de

    cadran

    solaire

    au

    moyen ge, il ne fait pas de

    doute

    que la

    division en

    six parties du cadran

    de

    Santa Maria

    della Strada, jointe

    sa

    forme

    de

    disque

    et

    l absence

    de

    chiffres, le rattache la tradition occidentale. La croix forme dans le

    prolongement de la ligne verticale est

    sans

    doute aussi

    d inspiration

    iden-

    53 Zinner, Alte Sonnenuhren,

    op. cit., p. 158.

    54 D.

    Sant Ambrogio,

    Una meridiana del XII secolo,

    dans

    Archivio

    storico

    lom

    bardo Serie

    quarta, 3,

    1905,

    p. 213-214;

    J. L.

    Benoit, Un cadran

    solaire

    monastique

    du

    XIIe sicle,

    dans

    Le cosmos.

    Revue

    des sciences et de

    leurs

    applications, 59, 1908,

    p.

    435-437,

    2

    fig.

    55

    G. Avarucci, Epigrafi medievali nella chiesa di S. Maria a Pie di Chienti, dans

    Annali della Facolt di lettere e filosofia dell Universit di

    Macerata,

    8, 1975, p.

    104-

    105 et

    pi.

    XI, 1 (nous remercions vivement M. le Prof.

    A. Campana, qui

    nous

    a aima

    blement

    signal

    cette publication).

    56

    Zinner,

    Alte Sonnenuhren,

    op. cit., p.

    186.

    57 Avarucci, Epigrafi

    medievali,

    op.

    cit.,

    pi.

    XI, 1.

    58 F.

    Azzarita, Quadranti solari in

    Puglia,

    dans Miscellanea di

    studi pugliesi,

    1

    Fasano, 1984, p. 64-65; Idem,

    Quadranti solari.

    Mostra fotografica documentaria dal

    22

    al 31 marzo 1985, Bari,

    p.

    14

    (notre

    gratitude

    va

    l auteur,

    qui

    nous

    a fait

    connatre

    l existence de

    ces deux

    tmoins

    mdivaux

    de la Terre de Bari).

    59

    Azzarita, Quadranti. in

    Puglia,

    pi. 5, et Quadranti. Mostra, pi. 18.

  • 7/25/2019 Cadranul Solar de La Otranto

    16/17

    LE

    CADRAN SOLAIRE

    BYZANTIN

    DE TAURISANO EN TERRE DOTRANTE

    2 1

    tique. Bien

    qu on

    n en

    connaisse pas

    d autres exemples en Italie,

    on

    note

    raue le mme

    motif

    est dj grav

    sur

    le cadran de

    l glise Saint-Michel

    Fulda, la ralisation duquel Raban

    Maur

    n est peut-tre

    pas

    tran

    ger60.

    C est

    videmment

    la

    prsence

    de

    la croix

    qui

    a

    entran

    l insertion

    sur

    le

    cadran de la

    formule

    typiquement byzantine IC XC

    .

    Fig. 8

    -

    Fulda,

    Saint-Michel : Cadran solaire

    (dessin

    d aprs Zinner).

    Les heures du

    jour dont parle

    le titre du

    cadran visent-elles

    les

    douze

    heures

    solaires

    ou les heures

    liturgiques?

    Dans

    l glise

    byzantine,

    le

    mot

    heures,

    l inverse

    de l usage latin, ne dsigne

    normalement

    que

    les

    petites

    heures

    de

    l office61, ce

    qui,

    entre

    autres, exclut les

    vpres

    ;

    par

    ailleurs, le cadran six parties n est pas des plus aptes mettre en relief

    la

    place

    de

    deux

    des petites

    heures, tierce et

    none, qui n y

    sont

    marques

    par

    aucune ligne. la lumire de ces observations,

    la premire

    solution

    apparat

    donc

    comme la plus

    vraisemblable.

    Il

    faut cependant

    ajouter

    ici,

    pour

    terminer, que c est probablement

    la

    relative ambigut

    du titre qui

    a provoqu

    plus tard,

    l poque de l ita-

    lianisation

    du

    village, l adjonction au cadran

    des initiales

    des heures

    canoniales latines. La place

    errone

    de

    tierce,

    de

    none et

    surtout de

    sex-

    te62

    montre

    que

    le

    second lapicide

    a

    recherch

    davantage

    la

    symtrie

    que

    60 Zinner,

    Die ltesten Rderuhren, op. cit., p. 10-11 et pi. 9,

    fig.

    14-15.

    61 L. Clugnet, Dictionnaire

    grec-franais

    des noms liturgiques en usage dans

    l glise

    grecque,

    Paris, 1895,

    p. 170,

    s.

    . . Pour l usage

    occidental du mot, voir

    Ch. Du Cange, Glossarium mediae et infimae latinitatis, d. L. Favre, IV, Niort,

    1885, p.

    232

    (Horae

    canonicae).

    62

    On

    notera

    cependant

    qu la fin du

    moyen ge

    none

    a

    t

    avance jusqu

    prendre

    la

    place de

    sexte

    midi

    voir

    ce

    propos, G. Bilfinger,

    Die

    mittelalterl

    ichenren und

    die

    modernen Stunden. Ein

    Beitrag

    zur Kulturgeschichte, Stuttgart,

    1892, p. 59-78.

  • 7/25/2019 Cadranul Solar de La Otranto

    17/17

    22

    ANDR

    JACOB

    l exactitude.

    Comme il n existe aucun autre exemple de cadran dot des

    six lettres

    en question, on peut

    penser qu elles

    ne sont dans

    le

    cas prsent

    que l interprtation latinisante du titre original. Si

    cette

    exgse n est pas

    trop tire

    par

    les

    cheveux,

    on

    serait

    assez

    tent

    de

    croire

    qu elles symboli

    sentn quelque

    sorte

    le passage

    dfinitif de

    Santa Maria

    della Strada

    la

    liturgie

    latine, qui

    a d

    survenir

    bien

    avant

    le dbut

    du

    XVIe sicle puis-

    qu

    cette date l glise

    n tait

    certainement

    plus

    affecte au rite byzant

    in63.

    Fonds

    national

    de la recherche scientifique Andr

    Jacob

    Louvain

    63 Laporta, Storia ed arte,

    op. cit.,

    p. 12.

    cette

    poque, il

    y

    avait

    encore des

    groupes hellnophones dans les environs immdiats de Taurisano,

    ainsi qu en

    tmoigne le rcit du gographe dominicain Landre Alberti, dont le voyage en Ter

    re Otrante date de 1525 : Pigliando il uiaggio da

    Monte Sardo

    et caminando due

    miglia

    si

    scorge Gagliano et dopo sette

    per la uia che se

    passa ad

    Usento,

    si

    ueggio-

    no moite Ville, et Contrade habitate da Greci,

    chi

    osseruano i costumi et Cerimonie

    Greche, insieme co l fauelare, et ne l uestire, et ne gli uffici

    diuini,

    auenga che

    anche

    parlano

    Italiano.

    Mi ricordo che quindi passando de l mese di

    Nouembre,

    intesi da loro, che

    celebrauano la festa di .s. Philippo Apostolo, la qual celebra la

    Chiesa Romana,

    il

    primo

    giorno

    di

    Maggio. Credo

    che

    detti

    Greci

    siano

    usciti

    da

    quelli Greci ch erano

    quiui

    posti

    per guardia et presidio

    di questi

    paesi ne tempi

    che gli Imperadori

    di

    Constantinopoli

    teneuano

    la signoria

    di essi

    (L. Alberti, De-

    scrittione di tutta

    Italia,

    Bologne,

    1550, f. 213r)