cazacu, sursele autocratiei ruse
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7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
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Matei Cazacu
Aux sources de l'autocratie russeIn: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 24 N°1-2. Janvier-Juin 1983. pp. 7-41.
Abstract
Matei Cazacu, Sources of Russian autocracy. Rumanian and Hungarian influences. Fifteenth-sixteenth centuries.
The traditional sources of Muscovite autocracy in the fifteenth and sixteenth centuries have been submitted to various research
works that underlined the contributions of the political thought of Byzantium, of the Golden Horde and even of the Ottoman
Empire to the structure of the ideological equipment of the great princes and then of the Russian tsars.
In the present article we propose to study two other eventual sources of Russian ideology: the Hungarian political theory
elaborated at the Court of Mathias Corvin (1458-1490) on the one hand, and on the other hand, the traditions of princely courts of
Valachia and Moldavia in the fifteenth and sixteenth centuries.
We have chosen three Russian representatives of this period and have analyzed their works in order to determine the Hungarian
and Rumanian contributions. They are: Fedor Kuricyn, the anonymous author of The tale of the princes of Vladimir, and Ivan
Peresvetov.
Résumé
Matei Cazacu, Aux sources de l'autocratie russe. Les influences roumaines et hongroises, XVe-XVIe siècles.
Les sources traditionnelles de l'autocratie moscovite aux XVe-XVIe siècles ont fait l'objet de recherches diverses qui ont souligné
l'apport de la pensée politique de Byzance, de la Horde d'Or et même de l'Empire ottoman dans la structuration de l'arsenalidéologique des grands-princes, puis des tsars russes.
Le présent article se propose d'étudier deux autres sources possibles de l'idéologie russe, à savoir la théorie politique hongroise
élaborée à la Cour de Mathias Corvin (1458-1490), d'une part, et, d'autre part, les traditions des Cours princières de Valachie et
de Moldavie aux XVe-XVIe siècles.
On a choisi trois représentants russes de cette époque et analysé leurs oeuvres pour déceler l'apport hongrois et roumain :
Fedor Kuricyn, l'auteur anonyme du Récit sur les princes de Vladimir, et Ivan Peresvetov.
Citer ce document / Cite this document :Cazacu Matei. Aux sources de l'autocratie russe. In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 24 N°1-2. Janvier-Juin 1983.
pp. 7-41.
doi : 10.3406/cmr.1983.1965
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1983_num_24_1_1965
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ARTICLES
M
A
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E
I
С
A
Z
А
С
U
AUX SOURCES
DE L 'AUTOCRATIE RUSSE
Les
influences
roumaines
et hongroises, xve-xvie siècles
Les
dernières décennies du
XVe
siècle
et la
première moitié
du siècle
suivant constituent
une
période
extrêmement féconde
dans l'histoire des
idées
politiques en
Russie : il
s'agit
de
l'époque où se cristallisa l'idéologie
politique
de
l'autocrat
i oscovite, arme redoutable
qui permettra
aux
souverains
moscovites
de justifier
et
de
consolider la domination qu'ils
avaient réalisée par la
force sur l'ensemble
des pays
russes (1).
Les prétentions du grand-prince
de
Moscou découlaient
d'une conjoncture
internationale
particulièrement
favorable
à
l'affirmation
de
son rôle
de
leader
de
l'Orthodoxie,
à
l'extérieur, et
de
souverain
incontesté,
à
l'intérieur
de
son
pays. Trois moments nous semblent être décisifs pour ce
pro
cessus
sur le plan
international
: le concile
de
Florence
de
1439 qui
décréta
l'union des Eglises orthodoxe et
catholi
que2), la
chute de
Constantinople
(1453)
(3) et l'affaiblis
semente
la
domination
mongole sur la
Russie à
la
suite de
la
rencontre sur
l'Ugra
(1480) (4).
La chute ou
l'éclipsé
de ces deux puissances,
l'une
surtout spirituelle à
la
fin du Moyen Age - Byzance
-, l'autre
politique - la Horde d'Or -,
créa
un vide
du
pouvoir
que
les
princes moscovites Basile II (1425-1462), Ivan
111
(1462-1505)
et
Basile III (1505-1533) mirent à profit
pour
affirmer leur
autorité
sans partage,
d'abord
sur leurs
sujets
et,
dans
un
second temps,
sur
les autres principautés
russes. Ce
faisant,
les
grands-princes de Moscou entendaient assumer à leur
profit
le
prestigieux héritage politique
de
Kiev
; cela
en
attendant,
comme
le
fit Ivan IV
le
Terrible
(1547-1584), de se
substituer également aux souverains mongols de
Kazan' et
'Astrakhan1 .
Dans
leurs
efforts
pour légitimer
la
nouvelle situation
politique, Ivan III, Basile
III et
Ivan IV
bénéficièrent
de
l'appui
de
deux catégories
différentes
et même opposées
de
la
société
russe :
d'une
part, l'aile militante de l'Eglise
(ou "la
nouvelle Orthodoxie",
selon
l'expression d'Elie
Dénisoff)
(5),
d'autre
part,
fait
nouveau,
un
groupe
hérétique,
composé surtout de
laies,
plus connu sous
le
nom
de ju
da ïsant s.
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MATEI CAZACU
Le rôle
de la "nouvelle Orthodoxie"
dans
la définition du
pouvoir
et
de
l'autorité des grands-princes
de Moscou
et
de
leurs rapports avec l'Eglise est, aujourd'hui, bien connu,
grâce
aux
travaux
sur
l'abbé Joseph
Sanin
de
Volokolamsk
(losif Volockij) (U39-1515) et
ses
disciples (6).
Parmi ces
derniers,
les plus
célèbres furent le moine
Philothée (Filofej)
de Pskov, qui énonça la doctrine de
Moscou-Troisième Rome (7),
les
métropolites
Daniel (1522-1539)
et,
surtout, Macaire
(1542-
1563) (8). Leur doctrine pourrait se
résumer
dans l'élévation
de l'Eglise
au rôle
de
premier collaborateur et conseiller
du
grand-prince, dans sa
présence à ses
côtés
à tous
les
moments importants
de la
vie politique
du
pays.
Cette
Eglise,
solidement
ancrée
dans l'actualité politique et sociale
du
pays,
avait
besoin, pour
affermir son autorité,
d'un riche
temporel, résultat des donations princières
et privées.
Ces
prétentions
de
la
"nouvelle
Orthodoxie"
supposaient,
par
conséquent,
une politique active d'acquisition
de terres
comme
celles
défrichées
dans
le
nord
du
pays par les monastères
aux XlVe et
XVe
siècles,
mais
aussi
la confirmation de
ces
propriétés par les
grands-princes
et par les
princes
terr
itoriaux.
Sur
le plan externe,
les tenants
de
ce
mouvement
affi
rmaient l'effondrement (izruSenie)
de
la foi grecque
et
du
patriarcat
de
Constantinople,
tombé aux mains des
Infidèles,
et
proclamaient
la mission spéciale
de Moscou
- Troisième
Rome - parmi les peuples
chrétiens.
Cela
signifiait, à long
terme, une croisade anti-ottomane
et
une
politique
active d in
tervention
dans les
affaires
de
l'Europe
du
sud-est.
Or,
une partie
de
l'Eglise russe, fidèle aux idéaux
ascétiques
de
l'hésychasme byzantin,
ne
partageait pas ces
vues
ambitieuses.
Le
chef
de file de
ce
courant,
animé
par
les
moines d'Outre
-Volga
(zavolžskie
starcy),
fut Nil de
la
Sora (Sorskij) (1433-1508) (9). L' "ancienne Orthodoxie"
refu
sait à l'Eglise russe le
caractère d'Eglise autocéphale et
entendait
continuer
de
se soumettre à l'autorité
du
patriarcat
oecuménique.
Sur le
plan intérieur,
Nil Sorskij
et
ses
disciples
-
dont
le plus important
fut
Bassien (Vassian) Patrikeev (10) -
prônaient
la
séparation du
pouvoir
temporel
et
du
pouvoir
spirituel,
la
pauvreté évangélique des communautés
religieuses,
l'ascèse
et
la
méditation
individuelles,
l'interdiction
faite
aux moines de se mêler des affaires
du
siècle. Leur refus
d'acquérir
et
de posséder des biens leur a valu dans l hi
storiographie le
nom
de
non-acquéreurs (ou non-possédants),
opposé
aux acquéreurs (ou possédants) (stjažateli) qui s ap
plique
aux
partisans
de
Joseph
de Volokolamsk
(nommés
aussi
joséphiens).
Entre ces deux courants,
les
grands-princes de Moscou
n'ont jamais
pris position de manière
résolue. En effet,
le
programme des joséphiens leur convenait tant
sur
le plan
intérieur (dans la mesure où
il
justifiait
l'absolutisme
prin
cier)
que sur le plan
de
la politique
étrangère,
principalement
dans
leurs
rapports
avec
les
autres principautés
russes
et
surtout
avec la
Pologne-Lituanie.
Toutefois,
les
souverains
moscovites
convoitaient
les
grandes richesses
foncières
des
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AUX SOURCES DE
L'AUTOCRATIE RUSSE
monastères qu'ils auraient préféré distribuer à la nouvelle
noblesse
de
service.
Sur
ce dernier point, les thèses des
non-acquéreurs
coïncidaient avec la nécessité dans laquelle
se
trouvait
le
chef
de
l'Etat
de
s'assurer
la
fidélité
de
la
noblesse
sur
laquelle
reposait
sa
puissance
militaire.
C'est ici qu'intervient le
deuxième
facteur
dont nous
parlions plus
haut,
à savoir le groupe à dominante
laïque
des judaïsants
qui
soutenait, sur le plan
politique,
la non-
ingérence
de
l'Eglise dans la
conduite de
l'Etat
et
son
retour
à
la
pauvreté
évangélique. Point n'est
besoin d'entrer ici
dans
les détails,
peu
nombreux d'ailleurs, de
l'histoire
de
ce
groupe de libres penseurs à
Novgorod,
à Kiev
et
à Moscou
dans les trois dernières
décennies
du XVe siècle, histoire
qui ne finit pas avec la condamnation au bûcher
de
leurs
chefs en 1504. Disons tout
simplement que
leur nom leur venait
de
l'amalgame
fait
par leurs ennemis - l'archevêque
Gennadi
de
Novgorod
et Joseph
de
Volokolamsk
en
premier
lieu -,
entre leur penchant pour
la
littérature arabe
et
hébraïque
et
leur opposition aux dogmes de l'Eglise
(11).
Ce qui nous
intéresse au premier chef est
l'activité
politique et littéraire des judaïsants et
principalement de
leur chef et protecteur,
le
d'jak (secrétaire)
princier
Fedor
(Théodore)
Kuricyn. Nous
nous occuperons
ensuite de deux
autres auteurs, toujours des
laïcs, mais qui ne peuvent pas
être
considérés comme des judaïsants : l'auteur du Récit
sur
les princes de Vladimir (Skazanie о knjaz'jah Vladimirskih)
et, enfin, Ivan Peresvetov.
Dans
les pages qui
suivent,
nous
nous proposons
de relever
la dette
que ces
auteurs
ont con
tractée
envers
leurs
contemporains hongrois
et
roumains
dans
le domaine
de
l'idéologie
politique. Il
y a
là,
croyons-nous,
matière à réflexion sur les sources
de
l'autocratie russe,
sur
la circulation des idées dans l'Europe centrale
et
orientale
à l'époque de
Machiavel,
ď
Erasme et
de Guillaume
Budé,
et,
last
but not least, sur l'apport intellectuel
des
humanistes
hongrois et roumains
à
la
définition de l'autorité princière.
FEDOR KURICYN ET SON OEUVRE
Nous
commencerons
par Fedor Kuricyn (12). Le peu
de
choses que nous savons sur lui
permet
de penser qu'il
fut
pendant vingt
ans
environ
(de
1482 jusqu'à 150Л) l'homme
de confiance d'Ivan III dans le domaine de
la politique
étrangère.
Entre 1482 et 1483 il fut chargé par son
maître de
conduire une ambassade
en
Hongrie,
chez
le
roi
Mathias
Corvin,
afin
de
mettre
sur pied
une alliance dirigée
contre
la
Pologne
et
la Lituanie
(13). En même
temps,
Kuricyn
avait
la mission
de
recruter des spécialistes
allemands et
italiens
(des masteři) - architectes, fondeurs
de
canons, etc.
-,
néces
saires à la
réalisation
des
projets
militaires et civils
du
grand-prince
de Moscou
(14).
Lors
de
son séjour à Bude, Kuricyn commença à rédiger
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10
MATEI CAZACU
le Récit
sur
le voïévode Dracula (Skazanie o Drakule voevode)
qu'il compléta
par
la suite
en
Moldavie, où
il
séjourna de
1483
à
1485.
Le
récit fut
terminé
en
I486,
et en
1490 on
en
fit
une copie destinée à
la
bibliothèque
du
couvent Saint-Cyrille
de
Beloozero
qui
remplissait
la
fonction
de
dépôt
d'archives
et
de
bibliothèque
princière de
l'Etat
de
Moscou. Ce texte
représente une collection
d'anecdotes
(ou
épisodes)
ayant comme
héros
le prince roumain Vlad Tepes
surnommé
Dracula, qui
régna
en Valachie en
1Л48, de
Í456
à 1462
et en
1476.
Fedor
Kuricyn
rassembla
une partie de ces anecdotes à
la
Cour du
roi Mathias Corvin, Cour qui avait diffusé
un
texte
assez
différent,
en
latin
et en
allemand, dès 1463. Nous nous
sommes
occupé
ailleurs
des rapports existant
entre ces textes (15)
;
dans l'espace restreint
de cet
article, nous allons essayer
d'indiquer
quelques-unes
des idées
politiques contenues dans
le Récit
et
qui ont pénétré grâce à lui
en
Russie. Il nous
paraît,
en
effet,
indubitable
que
Fedor
Kuricyn
présenta
ce
récit à Ivan III avec l'intention
de
lui procurer une
lecture
édifiante,
mais aussi d'y
glisser des
préceptes
de
gouverne
ment
usceptibles d'être appliqués
à
la
Russie de son temps.
Une première idée,
neuve
et
très importante,
est l'égalité
de
tous
les sujets
devant la loi,
idée
qui constituait, aux
dires
de
Kuricyn, le principe suprême
de
gouvernement
de
Vlad Jepes :
"(Dracula
haïssait
tant
le mal
dans son pays
que
quiconque
commettait
un
méfait,
fût-ce vol, brigan
dage, mensonge ou injustice,
n'avait
aucune chance
de
rester
en
vie.
Nul,
fût-il
grand boyard,
prêtre,
moine
ou homme
du
commun, eût-il
de grandes
riches
ses,
e pouvait racheter sa vie." (16)
L'évolution du
système des punitions, de sa
phase simple
:
coupable
- victime,
à
la phase complexe,
moderne :
coupable -
victime -
justice, qui
est illustrée par
le
prince roumain, se
retrouve,
quelques
années
plus
tard, dans Le justicier
(Sudebnik)
de
1497,
à l'élaboration
duquel,
si
l'on en croit
L. V.
Čerepnin,
Fedor
Kuricyn
aurait participé de
manière
active
(17). En effet,
tous les spécialistes qui ont étudié
Le
justicier ont été frappés par sa grande sévérité par rapport
à
la législation
antérieure, sa
propension
à
punir
de
la
peine
capitale ou
de
la
mutilation
de
nombreux délits passibles,
auparavant,
seulement d'amendes. Ainsi,
le prince
et l'appar
eiludiciaire
princier ne tolèrent aucune
entente
privée
entre les
parties :
c'est
au
pouvoir central
de
juger et,
à
plus forte
raison,
de punir sévèrement tous
les coupables (18).
Or,
parmi ces coupables se
trouvaient aussi
bien des laïcs
et des clercs - réguliers ou séculiers -, ce qui implique une
soumission totale
de
l'Eglise au prince. On peut raisonnable
ment
enser
que
les mesures radicales prises par Vlad XePe§
envers ses
sujets
ont pu influencer
la
rédaction du Justicier
de
1497.
Notons
aussi
que
les
principes
appliqués
là
font
peut-être
écho aux efforts du
roi
Mathias Corvin pour mater les grands
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AUX SOURCES DE
L'AUTOCRATIE RUSSE 11
et qui, aux dires
de
Aurelio
Brandolino
Lippo, considérait
que la mission
de
la royauté
était
d'empêcher quiconque
de
commettre
aucune
injustice
contre autrui ou de se recruter
un
parti
dans
l'Etat".
[...1
"Chez nous",
ajoutait
le
roi,
"personne ne
peut trop se fier à son pouvoir ni
perdre
toute
confiance
en
raison de
sa
faiblesse... Nous mettons une borne
à
la fortune
de chacun afin que
personne ne
manque
du néces
saire,
ni
ne
possède trop."
(1§)
Une préoccupation
constante du
diplomate Kuricyn
reflétée
par
le
récit
russe sur
Dracula (et qui est absente
des versions
allemandes)
a
trait
au cérémonial d'accueil des ambassadeurs
étrangers à la
Cour
du
prince
roumain.
Elle est visible
dans
les épisodes
n° 1, 11
et notamment dans
le n° 12 que
nous
citons
en entier
:
"Dracula avait l'habitude
suivante
:
à partir
du
mo
ment où un ambassadeur venait
chez
lui, envoyé par
l'Empereur
[le
sultan ottoman] ou par le
roi
[de
Hongrie),
et
où il
n'était
pas vêtu avec distinction
et
si quelqu'un ne
savait
pas répondre
à ses
questions
tortueuses,
il
l'empalait
en
lui disant : -'Ce n'est
pas moi le responsable de ta mort, mais ton maître
ou
toi-même.
Ne
dis
point de mal de moi. Si ton maît
re,
sachant
que
tu es un homme peu
sensé
et
que
tu
es sans
savoir, t'a
envoyé chez
moi,
qui suis
un
souverain sensé, alors c'est ton seigneur
qui
t'a tué
;
mais si tu
as osé y venir
de
toi-même, sans t'être
instruit, alors tu
t'es
tué toi-même.'
Pour
un
tel
apocrisiaire [ambassadeur)
il
faisait
planter
un
pal plus haut
et
entièrement doré,
et
il le
fichait dessus. Et au maître de cet
ambassadeur
il
écrivait ceci
et
autres choses : -'Ne plus
envoyer en
ambassade à
un
souverain
un
homme à l'esprit faible
et
ignorant'."
Dans l'épisode n°
11, Vlad Tepes, après
avoir mis
à
l'épreuve un ambassadeur
de Mathias Corvin,
reçoit la
réponse
suivante qui
allait dans
le sens des vues du prince de
Valachie :
"Sire, si
j'ai
commis un
crime
qui
mérite
la
mort,
fais ce
que bon
te semble, car tu es un
juge
impartial
et ce n'est
point toi qui serais
coupable
de
ma
mort,
mais moi
seul."
On
notera que, dans
le récit
russe,
le prince roumain se
donne régulièrement le titre de "souverain"
(gosudar1) qui,
en
russe,
désigne un
prince
qui
a
la conscience
de
n'être le
vassal de personne. Or,
la
situation réelle de Vlad Jepes.,
tributaire des Turcs
et
vassal du roi de Hongrie, ressort très
clairement du ton
et
des
termes
qu'il employait
dans
sa cor
respondance
avec Ladislas
le Posthume (1444-1457)
et
Mathias
Corvin
:
dorninus
noster
graciosissimus"
(notre
seigneur
très
gracieux) (20) ; "domine, domine noster graciose "
(21).
Qui
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12
MATE I
CAZACU
plus est, Vlad Jepes
et
les princes
roumains n'ont jamais
porté le
titre
russe
de
gosudar1, mais seulement
celui de
ospodar1 ou gospodin1 qui
traduisait
le dominus (seigneur ;
domn)
latin
(22).
Le
terme
gosudar1
apparaît
uniquement
en
Russie, et
plus
précisément
après
1448 dans
le
titre
de
Ba
sile
II et d'Ivan III (23).
Toutefois,
les
princes
valaques
ont
porté
le titre de samoderžavnyj
gospodin1
(domn
singur stâpâ-
nitor) qui traduit le grec byzantin -x^oupix^ . La seule
exception
pour le
XVe
siècle est précisément constituée par
Vlad Tepes, qui
ne
s'est jamais
intitulé
autocrate (24).
Un autre épisode - le n° 1 - a trait aux ambassadeurs
turcs insolents
auxquels Vlad
XePe§
cloua
le turban sur
la
tête pour ne
pas
s'être
découverts devant
lui. Nous
avons
montré ailleurs comment cette anecdote a
influencé la
chronique
russe de Kazan' écrite
dans la
seconde moitié du XVIe siè
cle
(25).
L'auteur
de cette
chronique
composée
à
la
Courd'Ivan
le
Terrible
affirme
qu'en 1476
Ivan
III
aurait
puni
de façon
sanglante les ambassadeurs tatars venus lui
réclamer
impérativement
les arriérés
du tribut
(26).
Or,
l'on
sait par
ailleurs que le grand-prince de Moscou
renvoya les
Tatars
sains
et
saufs accompagnés, en plus, d'un ambassadeur russe
porteur de riches présents destinés au khan tatar (27).
La
démarche
de l'auteur de
la
chronique de
Kazan'
est
compréhensible : il s'agissait,
après l'occupation des
khanats
tatars
de
Kazan'
et d'Astrakhan'
par Ivan le Terrible,
de
gommer
du
passé
russe
les épisodes peu
glorieux
liés
aux
relations avec
les
anciens maîtres déchus. Il est probable
que le Récit
sur
le voiévode
Dracula
a
influencé
directement
cette
chronique,
tout comme
il
a
donné
naissance
à
une
autre
tradition qui attribuait,
en
plein XVIIe siècle,
cette
action
au
tsar
Ivan
le
Terrible
;
la
victime
étant,
selon
les
versions,
soit
un envoyé italien,
soit
un ambassadeur
français
(28).
Ces essais
de "ré-interprétation" de
l'histoire
russe sont
d'autant
plus explicables
que
le
cérémonial d'accueil
des
ambassadeurs
tatars à Moscou durant les XIIIe-XVe siècles
prescrivait l'adoption par le grand-prince et par ses bojare
d'une attitude
fort
humiliante : ils
devaient
écouter, debout,
la lecture
de
la lettre
du khan,
en
mettant
sous
les pieds
de
l'ambassadeur
une fourrure de
zibeline.
Après cette
lecture,
le prince devait toucher
la
terre
avec
son front
et
se
mettre
à
genoux
(29).
Un autre
épisode
du
Récit sur
le voiévode
Dracula -
le
n° 5 -
raconte
comment le prince roumain brûla
vifs
les
men
diants et les
infirmes
qu'il avait conviés
à
un
festin. Alors
que
les
récits
allemands
présentent
une
conclusion assez sim
pliste, le récit
russe, lui,
contient une explication attribuée
à Vlad
Jepes qui mérite d'être retenue
:
"Sachez [dit-il
à
sa suite) que j'ai
fait cela
d'abord
pour
qu'ils
ne
soient
plus un
fardeau
pour les
autres
et
que
personne ne
soit
plus pauvre dans mon pays,
et pour
que tous soient
riches.
Deuxièmement, je
les
ai
délivrés
afin
qu'aucun
d'entre
eux
ne
souffre
plus
en
ce
monde
de pauvreté
ou
de
n'importe
quelle
infirmité."
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
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AUX
SOURCES DE
L'AUTOCRATIE RUSSE 13
Dans cette
deuxième
justification du
massacre
des pauvres,
on a vu
la prétention
du prince roumain
d'interpréter les
Evangiles
mieux que l'Eglise
elle-même
: au lieu de leur
faire
l'aumône,
le
prince
tue
les miséreux
pour
leur
assurer
une
existence meilleure dans
l'au-delà
(30).
Une
telle
cruauté
annonce celle d'Ivan le
Terrible
qui
se
considérait seul res
ponsable
devant
Dieu
de ses
actions
(3D.
Cette
prétention du monarque absolu
de
se
passer
du
concours de
l'Eglise est
très
nette dans l'épisode n° 6
du
récit russe,
qui
met en scène deux moines
catholiques
venus
mendier
l'aumône
en
Valachie.
Dracula les
invite
chez
lui,
leur
montre
les gens empalés qui
se trouvaient sous
les fenê
tres de son palais
et
leur demande
s'ils
considèrent qu'il
avait bien fait
en agissant
de
la sorte.
Dans
les
versions allemandes du récit (l'édition
de
1488,
Nuremberg),
les
réponses
des
moines
ont
une
valeur
morale
:
le premier
affirma
: On dit tout le bien
de
vous et
aussi
que vous êtes un prince
très
pieux, choses dont je me fais
l'écho." Le
second,
au contraire, convaincu qu'il allait périr
de toute façon, lui dit
la vérité
:
"Vous
êtes le plus
grand
tyran
qu'on puisse
trouver au
monde et
je n'ai
rencontré
personne dire
du
bien de vous,
et
vous le savez
parfaitement
bien." Dracula récompensa la
sincérité du second
et
punit le
moine
hypocrite.
Dans le
récit russe,
qui
a été sûrement
remanié par
Kuricyn,
l'épisode prend une coloration politique
très nette :
la réponse
du premier
moine
représente, pourrait-on
dire,
la
réaction
de
l'Eglise
primitive
:
Non, Seigneur
[dit-il],
tu
as
mal agi, car tu punis
sans
merci.
Il
convient à
un
maître de se montrer
miséricordieux,
et
tous
ceux
que
tu as
empalés
sont
des martyrs."
En
revanche,
la réponse
du
deuxième
moine est conforme
à l'esprit des
temps
nouveaux :
"Tu
as
été
mis
par
Dieu
comme souverain pour punir
ceux
qui
font
le mal et récompenser
ceux
qui font le
bien. Et ceux-ci
ont
fait le
mal
et
ont
reçu
ce
qu'ils
méritaient."
Bien
entendu,
la
récompense
et l'admiration
du prince
vont au
moine
qui met la raison
d'Etat
et la justice du
sou
verain au-dessus des considérations
de
la morale
chrétienne,
tandis
que le
premier
ecclésiastique reçoit de la
part
de Vlad
Jepes
la réponse suivante
:
"Pourquoi as-tu quitté ton monastère
et
ta cellule
et
vas-tu par
les
Cours des grands
souverains,
étant
un
ignorant
? Tu viens de me dire que ces gens étaient
des martyrs ? Je veux également
faire
de toi
un
martyr
afin
que
tu
sois
martyr
à
leurs
côtés."
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
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14
MATEI
CAZACU
En
modifiant de la
sorte le sens
de
cet épisode, Fedor
Kuricyn a
voulu,
à notre avis, à la fois donner un
fondement
religieux
au pouvoir
absolu et
préciser son opinion
sur
l op
portunité
de
la
participation
de
l'Eglise
aux
affaires
de
l'Etat
russe.
On
peut
déduire
qu'il
n'y
était
pas
totalement
opposé, à condition qu'il s'agît d'hommes préparés à juger
les actions
du
souverain dans l'optique du bien public
incarné par le prince. Ce faisant, il
occupe
une position inter
médiaire entre
les
non-acquéreurs
-
représentés,
dans ce
cas,
principalement
par Vassian
Patrikeev
(32) - et Joseph
de
Volokolamsk.
Ce
point de
vue sera
repris par Ivan le Terrible
qui,
dans sa correspondance avec le prince
Kurbskij,
refuse
aux
ecclésiastiques
toute ingérence
dans la
conduite des
affaires de
l'Etat
(33).
On
peut, en définitive, faire
un
parallèle entre
la
pensée
de
Kuricyn et celle d'Ivan
IV,
dans la
mesure
où les
deux
auteurs
considéraient
le
souverain
seul
responsable
de
ses
actions devant
Dieu et ne
laissaient à l'Eglise que
la
possi
bilité
d'approuver les
décisions du prince (34).
Si, jusqu'ici, nous avons enregistré en Russie au XVIe siè
cle
une
attitude
favorable envers les
idées
contenues dans
le
Récit
sur
le
voïévode
Dracula,
on ne
peut pas passer
sous
silence un
ouvrage
qui semble les combattre
de manière très
violente.
Il s'agit
de L'illuminateur (Prosvetitel1 ) de Joseph
de
Volokolamsk,
qui contient,
dans
son septième chapitre,
écrit
peu
avant
1504, un
fragment concernant le
mauvais
prince :
"Le
tsar
est le
serviteur
de
Dieu
mis
par
lui
pour
punir
et
pardonner aux hommes. S'il se présente
un
tsar
qui
règne
sur
des hommes, mais obéit lui-même
à des
passions
mauvaises
et
au
péché,
à
la cupidité
et
à
la
colère, à
la malice et
à
l'injustice,
à
l'orgueil
et
à
la violence,
ou, qui pis est, à
l'incroyance et
à l'impiété, alors un tel
tsar
n'est plus un serviteur
de
Dieu, mais
du
diable, et il n'est plus un
tsar
mais
un
tyran (mučitel1, aussi
bourreau)."
[souligné
par
nous
|
(35).
On est
frappé
par
les rapports
entre
ce
texte
(qui
n'est
pas,
semble-t-il,
d'inspiration patristique)
et
le
récit
russe
sur
Vlad
Jepes, dont
le
sobriquet Dracula
permettait des jeux
de mots
sur
le diable,
et
l'épithète
mučitel'
: "tyran",
bour
reau" semble rappeler l'épisode des moines
catholiques. Les
autres
défauts du mauvais prince s'appliquent,
eux aussi,
assez
bien à Vlad Jepes,
tel
qu'il apparaît à travers le
récit russe
sur
Dracula.
C'était,
peut-être,
l'occasion
pour
Joseph de
Volokolamsk, adversaire
acharné des judaïsants
et
de
Fedor
Kuricyn, de
faire une allusion précise
à
un ouvrage
dû à
la
plume de
ce dernier et
que le
défenseur
de
la pri
mauté
du spirituel se devait de
réprouver avec vigueur (36).
Ces
constatations
nous
amènent
naturellement
à
une
autre
idée
politique
contenue
implicitement
dans
le
Récit
sur
le
voïévode
Dracula, à savoir l'autorité absolue que le prince
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
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AUX
SOURCES
DE
L'AUTOCRATIE RUSSE
15
roumain entendait exercer sur
l'ensemble
de
ses sujets.
Cette
autorité allait dans le sens
de
la monarchie absolue que le
roi Mathias Corvin (1458-1490) essayait,
à
la même époque,
d'instaurer
en
Hongrie.
On
retrouve cette
tendance
illustrée
par
tous
les
ouvrages
écrits
à
la
demande
du
roi de
Hongrie
ou à son sujet par
différents
humanistes italiens : Galeotto
Marzio da Narni, Filippo
Buonacorsi
(Callimachus Experiens),
Antonio
Bonfini,
Aurelio Brandolino
Lippo,
etc.
(37). Ce
dernier
mit
dans la bouche
de Mathias
Corvin la
phrase
suivante qui
traduit parfaitement sa conception
de l'autorité
absolue
du
monarque
:
"Le roi n'est plus le serviteur ni l'instrument
des
lois, mais il
préside à
la loi et
règne
sur
elle."
(38)
A la
même époque, Attila, le roi des Huns, fut promu
ancêtre
du
peuple hongrois et
modèle du
monarque autoritaire,
considéré
comme l'instrument
de
Dieu
destiné à
punir les
cou
pables
et
à
récompenser les justes (39). Il nous semble
très
probable
que
Fedor
Kuricyn
a
connu
et
apprécié
ces
idées
destinées à renforcer
l'autorité
du prince
en invoquant
l'origine divine de
la monarchie.
Même si l'épithète "par
la
grâce de
Dieu" apparaît dans
le titre des
grands-princes
de
Moscou
dès 1449 (40), c'est seulement après 1480 que l'idée
de
l'origine divine du
pouvoir
princier
se manifeste
de
ma
nière explicite
(41).
Sa première formulation précise date
de
1488, lorsque
le
grand-prince Ivan
III s'adressa de la sorte
à l'ambassadeur
impérial
:
"Nous
sommes
souverains
dans notre pays
dès
l'origine,
depuis nos premiers ancêtres,
et c'est
de
Dieu que
nous
recevons
notre
investiture,
nos
ancêtres
comme
nous-même s . ( 42 )
Or, ces
paroles
ont été prononcées par
Fedor
Kuricyn de
la part de
son maître, et
on peut penser qu'il n'était pas
étranger
à
leur énonciation.
A la
lumière
de tout ce
qui
vient d'être
dit
au sujet
des
idées
politiques contenues dans le Récit
sur le voiévode
Dra
cula, on peut accepter, avec une certaine réserve toutefois,
la
conclusion de D. W. Treadgold
qui voyait dans ce
texte
un
essai de Fedor Kuricyn (et du groupe des judaisants) pour
"bâtir une nouvelle idéologie de l'Etat autocratique"
(43).
Rappelons
enfin
que
cette
tendance
se
retrouve
également
dans un autre ouvrage
dû
au
même courant de
pensée
:
il
s'agit
de
la
version russe du traité de Pseudo-Aristote
ЯесгеШт
secretorum (Tajnaja
tajnyh,
en
russe), traduit de
l'hébreu en
russe au sein du mouvement des
judaïsants.
Comme il a été
prouvé
récemment,
le traducteur a enrichi
considérablement
la version russe
de
parties
entièrement
nouvelles qui
insistent
notamment
sur
le comportement du prince envers ses
sujets
et envers les
nobles, sur
le traitement réservé aux ambassad
eurs, ur le rôle
du
secrétaire princier, etc.
(44).
On peut
donc supposer que
Fedor
Kuricyn effectua
(ou participa
à)
la traduction
de
l'hébreu en russe, pour offrir
à
Ivan
III
une
oeuvre
d'Aristote
adressée
à
Alexandre sur
l'art
de
gouverner.
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
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16
MATEI CAZACU
La
caractéristique
fondamentale, tant du
Secretum
secre-
torum que du Récit
sur
le voîévode Dracula, est d'envisager
l'art
de
gouverner hors
de toute
influence
de
l'Eglise et
même
de toute
considération d'ordre religieux.
Gouverner
est une
science
laïque
et
le
prince,
dans
la
conception
de
nos
auteurs,
peut
se passer
du concours de
l'Eglise, en faisant appel
à
des
collaborateurs
dévoués et expérimentés. Il
y
a
là
une
conception totalement nouvelle dans la
littérature
russe du
Moyen
Age,
et il est permis d'attribuer
cette
conception au
secrétaire Fedor Kuricyn, chef
de
file
et
protecteur des ju-
daïsants, dont
l'activité cessa brusquement
après
1503, lorsque
fut condamné
le mouvement
auquel il appartenait.
II
L'ORIGINE
ROMAINE DE
LA
MONARCHIE
MOSCOVITE
Fedor
Kuricyn avait affirmé le
caractère
divin de
la
mo
narchie moscovite ; son origine fait l'objet d'un autre ouvrage
russe, postérieur
de
quatre
décennies
au Récit
sur le voïévode
Dracula,
le
Récit
sur
les princes
de
Vladimir (45).
Cette
oeuvre
entend prouver
l'origine romaine
de
la dynastie
de
Rurik qui serait descendue d'un parent d'Octavien Auguste
nommé Prus, qui
aurait
donné son nom à
la
Prusse, reçue
en
don de son auguste parent lors de
la
division de l'Empire
romain,
et
qui aurait été le berceau des Rurikides appelés
par les Novgorodiens au
IXè
siècle et devenus,
de
la sorte,
les
fondateurs
de
l'Etat
russe.
La deuxième partie
du
texte raconte l'envoi par l'empereur
byzantin
Constantin
IX Monomaque (1042-1055) de
la
couronne
et
des
autres
insignes impériaux au prince de Kiev Vladimir
Monomaque (1113-1125). Durant le règne
de
ces deux princes,
continue le récit, eut lieu le schisme entre l'Eglise
de
Constan
tinople et celle
de
Rome, schisme imputé au pape Formose,
qui "abandonna
la
vraie foi et tomba dans l'hérésie latine".
Un synode
des
patriarches
d'Orient
aurait
alors décidé d'éli
miner le
nom
du
pape dans
les prières de l'Eglise d'Orient
et
de
considérer les Latins comme hérétiques.
Enfin,
une troisième
partie,
ajoutée
plus tard
au récit,
constitue
une
généalogie
des
grands-princes
de
Lituanie,
qui
tend à
prouver
que
leur ancêtre
Gedimin avait, à l'inverse
des princes
russes,
une origine très modeste.
L'objectif
poli
tique
poursuivi par
l'auteur
de ce récit
visait
à rattacher
Moscou à
Rome
(par Prus, le parent
d'Octave
Auguste)
et
à
Constantinople
(par
Constantin
IX
Monomaque),
donc
une
illustration
de
la double hérédité des
princes
moscovites
:
descendance physique,
d'une part,
et descendance spirituelle,
de
l'autre. La
présence,
dans
le
texte,
de
l'humble généalogie
des princes de Lituanie devait, aux yeux du rédacteur, ap
puyer
les prétentions
moscovites à
la
domination de Kiev
et
des pays
russes occidentaux
occupés à ce
moment-là
par
la
Lituanie.
La date
de
la rédaction
de
ce
récit
composite
est
toujours
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
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AUX
SOURCES DE
L'AUTOCRATIE
RUSSE 17
discutée dans l'historiographie soviétique. Ainsi, certains
historiens
comme L.
V.
Cerepnin,
Ja.
S.
Lur'e
et
A. A. Zimin
le rattachaient au couronnement,
en
1498, du prince Dmitri j,
petit-fils d'Ivan
III.
Il n'est pas sans intérêt
de
rappeler
ici
que
la
mère
de
Dmitrij
était
la
princesse
Hélène
(Volo-
šanka
: la "Roumaine"), fille
d'Etienne
le
Grand
de Moldavie,
mariée à Ivan le
Jeune,
fils
d'Ivan
III,
en 1483 (46).
Une
autre
datation
a été proposée plus récemment par
A.
L.
Gol'dberg
-
entre
1517 et
1523
-
; elle se base
princi
palement sur
le
traité conclu
par Basile III
avec
l'Ordre
teutonique en
1520.
En
effet,
dans
le texte de
ce
traité on
retrouve les
noms
des mêmes
villes de Prusse que
celles qui
sont mentionnées dans le
Récit sur
les
princes de
Vladimir (47).
Enfin,
la
date généralement acceptée est celle qu'a avan
cée R.
P. Dmitrieva,
éditrice
du
texte (1955),
qui
a prouvé
avec des arguments convaincants
qu'il
fallait retenir
l an
née
1527
(48).
Quelle
que soit la date de
ce
texte
- entre 1498 et 1527 -,
il est vraisemblable
que
la
légende des origines
romaines
de
la
dynastie de Rurik était une imitation de plusieurs
ouvrages antérieurs, datant tous des dernières décennies du
XVe
siècle
(et peut-être
une réponse) : 1) la généalogie romaine
de
Mathias Corvin ; 2) la généalogie des grands-princes
de
Lituanie ;
3) la généalogie
romaine des Prussiens ;
4)
la
l
égende
de
Roman
et
Vlahata, les ancêtres des Roumains.
Rappelons la genèse
de
chacun d'entre eux :
L'ascendance romaine de Mathias
Corvin
a été avancée
par
l'historien italien
Antonio Bonfini
(1434-ca.
1502)
qui,
dans
son
ouvrage
Rerum
Ungaricarum
decades,
affirme
que
la
gens
Corvina
fut
ressuscitée à
la
suite d'un ordre divin
(49).
On sait, d'autre part, que
Bonfini
est venu
à Bude
en I486
et
que
sa chronique - qui s'arrête
à
l'année 1495 -, quoi
qu'elle
ait
été
imprimée seulement en 1543,
a
circulé en
manuscrit bien
avant
cette date.
La généalogie
des
grands-princes lituaniens commence
avec
Palémon,
un parent
de
l'empereur Néron, qui aurait
quitté Rome
en
même temps que
les
représentants des plus
importantes familles
de l'Empire
pour s'installer
en
Litua
nie
50). Ce
texte
date de
l'extrême fin
du XVe
ou du début
du XVIe
siècle.
L'origine
romaine
des Prussiens a
été
soutenue
par
l his
torien polonais
Jan Dlugosz (1415-1480)
qui affirme
que
leurs
ancêtres ont quitté l'Italie
lors
des guerres
civiles
qui
opposèrent
César
à Pompée. Arrivés
en
Prusse, ils auraient
construit leur capitale qu'ils nommèrent Romowe,
en
souvenir
de
la ville
de
Rome
(51).
Dlugosz
avait emprunté cette légende
à
la
Kronike von Pruzinlant de
Nicolas
de Jeroschin, ouvrage
rédigé entre
1331 et
1340-1341
(52).
L'histoire des frères Roman
et Vlahata,
ancêtres des Rou
mains, de
Maramures et
de Moldavie,
s'est
conservée
dans
la
chronique
dite
moldavo-russe intitulée Bref récit
sur
les
souverains de
Moldavie
depuis les débuts
du
pays de
Moldavie
en
l'an
6867
(1359).
Cette
chronique a
été
intercalée
dans
la
Chronique du monastère
de
la Résurrection ( Voskresenskaja
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
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18
MATEI
CAZACU
letopis1)
qui
date des années 1542-15Л4 (53), mais
aussi dans
une copie
de la
Nikonovskaja letopis1, rédigée entre 1555
et
1559.
Des
recherches plus récentes ont permis
de constater
que
l'ouvrage
figure également
dans
des
recueils
russes
de
généalogies
et
de
chronographies
diverses
(54).
La chronique moldavo-russe est
divisée en
deux parties :
la première retrace l'origine latine des
Roumains
de Maramu-
res, descendants des colons venus
de
Rome. La seconde partie
est une
compilation
et
un résumé
faits
d'après
la
chronique
de
Putna, mais
très pauvre
en
informations
(quatre en
tout)
sur
le règne
d'Etienne
le
Grand.
Le
dernier
événement consigné
est la
mort d'Etienne (placée
par erreur
en 1502 ) et
l avè
nement de
son
fils Bogdan III.
Que dit cette généalogie à
propos
des Roumains de Mara-
mures ?
"Deux
frères,
Roman
et Vlahata,
sont
partis
de
Venise
;
étant chrétiens, ils ont fui
la
persécution des héré
tiques
à
l1
encontre des chrétiens
et sont
venus à la
ville
nommée Rome ancienne
et
ont fondé
un
bourg
(grad"),
Roman,
qui portait leur nom. Et ils
y
vécu
rent,
eux
et leur race,
jusqu'à
ce
que le
pape
Formose
se fût
séparé
de l'orthodoxie
et eût embrassé la foi
latine.
Et
après
la
séparation
d'avec la
loi du
Christ,
les Latins
ont fondé une ville nouvelle,
la
Nouvelle
Rome,
et
ont invité les descendants
de
Roman (Roma-
novci) à adhérer à la foi latine. Mais les Romanovci
ont
refusé,
ont
mené
de grandes guerres
avec eux et
n'ont
pas
abandonné
la
foi
du
Christ.
Dès
lors
ils
furent sans cesse en guerre, jusqu'au
règne du roi
Vladislav
de
Hongrie. Le
roi
Vladislav
était
le neveu
du
frère
de
l'archevêque Savva des Serbes
et fut
baptisé par celui-ci, et il
gardait
la
foi du Christ
dans
le
secret
de son
coeur, quoique d'après sa
langue
et
la dignité royale
il
fût
catholique."
Les Tatars ayant attaqué
la
Transylvanie, Vladislav
demanda
de l'aide
au pape,
à l'Empereur
et
aux Romanovci.
Les
vieux
et les "nouveaux
Romains" (i.e.
les catholiques,
appelés Rimljane) sont venus apporter leur concours au roi
hongrois,
sans
pour
autant oublier
le
conflit
qui
les
opposait
entre
eux.
C'est pourquoi
les
nouveaux Romains écrivirent
en
cachette une lettre au roi
Vladislav lui
demandant d'envoyer
les anciens Romains en première
ligne contre
les Tatars afin
qu'ils
soient
tous
tués (55). Quant
à ceux
qui
resteraient
en
vie,
le
roi était
prié
de
les installer dans
son
pays afin
que
leurs femmes et leurs enfants,
restés
sans défense à Rome,
pussent être
forcés d'embrasser
le
catholicisme.
La
guerre
contre
les
Tatars
fut
gagnée
grâce
au courage
des anciens Romains,
et
le roi Vladislav leur "accorda des
privilèges...
et les
récompensa généreusement pour leur
bra
voure". Il
leur
montra également la lettre
des
nouveaux
Romains
et
réussit
à
les
convaincre
de
rester
dans
son
pays,
alléguant
que
leurs familles
restées à
Rome étaient
passées
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
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AUX SOURCES DE
L'AUTOCRATIE RUSSE 19
au catholicisme sous la
pression
des
nouveaux Romains
:
Et
eux
[
les
anciens Romains ont prêté
serment
au
roi
Vladislav
en
le
priant
de
ne
pas
les
obliger
d'adopter la
foi
latine,
de
leur
permettre
de
garder
la foi grecque chrétienne
et
de
leur accorder des terres
pour
y
vivre.
Et
le
roi Vladislav
les reçut
de
bonne
grâce et leur
accorda des
terres dans
le
Maramures
entre
les
rivières Mures
et
Tisa, à
l'endroit
nommé
Cris,
et
c'est ici que les Romains se sont installés
et
rassemblés. Et ils ont
vécu
ici et ont
pris
des
femmes
hongroises
passées
de la foi latine à
leur
foi
chrétienne,
et
ce jusqu'à ce jour."
Ici
se termine
la
première partie
de la
chronique
qui
continue
avec le
récit
du
passage
en
Moldavie
de
Dragos
("un homme
sage
et
vaillant issu d'entre
eux")
et
la
fondation
de l'Etat moldave
en
1359.
On a beaucoup épilogue
dans l'historiographie
roumaine
sur ce mythe étiologique (à comparer
à
celui
de
Rome même
dans
Tite-Live,
Ab utbe condita, l, 1)
qui
veut
expliquer
le
nom des Roumains (les Valaques, pour les étrangers)
et
leur
origine
latine par la légende des
deux frères
Roman et
Vlahata,
venus
de Venise
fonder l'ancienne
Rome.
Les
guerres
contre
les Tatars,
menées sous
la
conduite du roi Vladislav
(Ladislas)
de Hongrie, sont des événements du domaine de
la
réalité.
La mention du pape Formose
(891-896), qui
abandonne
l'orthodoxie,
est
une
allusion
à
la
rupture
de
l'Eglise
bulgare
avec
Rome
(870)
et
au
rôle
joué
par
Formose
en
tant
qu'évêque
de
Porto dans
ces événements
(56).
Quant au roi
Vladislav,
on a
vu en
lui la
synthèse
de
plusieurs personnages ayant porté
ce nom
: le roi Ladislas
1er
(1077-1095) qui,
sorti de
sa tombe, aurait combattu
les
Tatars
au milieu du XI Ve siècle (57), le
roi
Ladislas
IV le Couman
(1272-1290), le voïévode Ladislas
Kán de
Transylvanie
(1294-
1315)
(58),
et, enfin,
le voïévode transylvain André Lackfi
(1356-1359) qui
participa
aux luttes contre
les Tatars et
à la
création
de
la
Moldavie
comme marche hongroise à l'est
(59).
Les points forts
de
cet ouvrage nous semblent
être
au
nombre
de
deux : 1)
l'origine
latine (de Venise
et
de
Rome)
des Roumains
de
Maramureç
;
2)
la
ténacité
dont
ils
font
preuve -
eux
et
leurs
descendants
- pour défendre leur foi
orthodoxe appelée "vraie foi , foi
du Christ",
etc., contre
les
catholiques
présentés
systématiquement comme ennemis des
orthodoxes.
Le premier
élément nous confirme
l'origine
de
ce texte,
dans
lequel B.
P.
Hasdeu
et
N.
lorga ont
vu
un
fragment
d'une
chronique de
Maramures
du
XVe
siècle
(60). Une
version
de cette chronique,
aujourd'hui
perdue, a été
utilisée
au
XVIle siècle par les continuateurs de Grigore Ureche (v. 1590-
1647) sous le nom ď
"annales
hongroises" (
leatopisetul
cel
ungurescu), notamment par Simion Dascàlul
(flor.
1669).
L ac
cent
mis
sur
les
qualités
de
Dragos,
premier
voiévode
de
Moldavie
originaire
de Maramures,
nous
fait supposer qu'elle
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
http://slidepdf.com/reader/full/cazacu-sursele-autocratiei-ruse 15/36
20
MATE
CAZACU
a été
rédigée dans un milieu favorable
à
sa famille, les
Dràgose§ti.
Le deuxième
élément
- la défense opiniâtre
de
l'ortho
doxie
n'a
pas
été,
à
notre
avis,
assez
pris
en
considération.
Nous pensons qu'il est possible de voir
là un
écho de
la
résistance des orthodoxes à l'Union avec Rome, Union précédée
par
des
tentatives
de
catholicisation
forcée
qui marquèrent
l'histoire
de
ces
régions
depuis la seconde
moitié du XI
Ve
siècle.
Il est impossible de retracer ici toutes
les
pressions subies
par
les
Roumains
et
par
les
Ruthènes pour passer au catho
licisme ou pour accepter
l'Union
avec Rome avant l'acte
de
Brest
(1596)
et
celui de
1701
(pour
les Roumains
de
Transyl
vanie). Notons toutefois la solidarité des Roumains
de
Мага-
mures et
de Moldavie
avec la population orthodoxe,
principa
lement
de
Galicie,
durant
toute
cette
période.
En
effet,
à
partir du règne du roi Louis d'Anjou
en
Hongrie (1340-1382),
la croisade contre les "schismatiques"
et
les
païens
voisins
du royaume de saint Etienne
-
Roumains, Serbes, Bulgares,
Ruthènes et Lituaniens - prit une
grande
envergure.
Cette
offensive
politique s'accompagnait d'une
campagne de pressions
menée
notamment
par
les ordres franciscain et
dominicain
en
vue d'obtenir le passage au catholicisme des populations
orthodoxes
de
Hongrie. Les Roumains
et
les Ruthènes étaient
les premiers visés, car la virulence
des
autorités hongroises
à
leur égard
croissait
à
mesure
que
s'intensifiaient les luttes
de
la Valachie et
de
la
Moldavie
pour
conquérir leur i
ndépend nce
(61).
Dans
le
cas
du
Maramures,
après le
départ
du
voîévode
Bogdan et
de ses alliés pour
la
Moldavie,
d'où ils
chassèrent
les
princes installés
par les
Hongrois, Louis
le
Grand entendit
s'assurer
d'abord
la fidélité des clans roumains et notamment
du plus important de
tous,
à
savoir celui
des
descendants
de Dragos (Drâgosesti).
A la
fin du XI
Ve
siècle,
les
posses
sions des Drâgosesti atteignaient 300
villages
répartis
dans
plusieurs comtés, ce qui incita N. Iorga à parler
de
la
création, dans
le
Maramures, d'un nouvel
Etat roumain vassal
des Hongrois
(62).
Le
centre religieux de cet Etat roumain était le monastère
des
Archanges
de
Péri
(Kôrtvélyes
:
auj.
Hrušovo
en URSS)
qui
reçut,
en
1391,
par
une
charte
(y,^
»/-»»*<*
patriarcale),
la
stavropegie, c'est-à-dire
le privilège
de
dépendre directement
du
patriarcat
de
Constantinople (63). Cet acte fut accordé
par
le patriarche Antoine aux deux frères,
les voîévodes
Baie
(ou
Balija)
et
Drag,
comtes
de Satmar
et
de Maramur
es64), à la suite du pèlerinage que Drag fit à
Constanti
nople. 'higoumène Pachome recevait le
titre
d'exarque
patriarcal
pour
le "pays" soumis au
monastère,
à
savoir
Salaj,
Arva
(Ardud),
Ugocea, Bereg,
Ciceu,
Ungurasul
(Bálványos)
et
Bistra
(Bistrija), avec
autorité sur tous
les prêtres
de
la région et
droit de consacrer
les
églises au nom du patriar
che.
'acte
patriarcal précisait
que,
à
la
mort de
Pachome,
son
successeur
serait désigné par
les
deux
voîévodes
roumains
avec l'accord
des
moines. Une autre décision patriarcale
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
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AUX
SOURCES
DE
L'AUTOCRATIE
RUSSE
21
élevait un certain Syméon
au rang
d'exarque patriarcal
à
Halič
(65). Ce
faisant, le patriarche
Antoine entendait
réaf
firmer son autorité dans cette région, autorité
battue
en
brèche
par
le
roi de
Pologne
qui
venait
d'occuper
la
Galicie.
Dans la conception des
voîévodes
roumains,
l'higoumène
de Péri
devait
remplacer
les métropolites
de Halič
qui
se
trouvaient
en
butte aux pressions
catholiques
depuis
un bon
quart
de
siècle (66). Ces pressions ne cessèrent pas après
l'occupation
de la
Galicie par les rois
de Pologne
en 1386, et
entraînèrent une
grande
instabilité
de
cette chaire métropol
itaine (transférée
ensuite à Lvov)
qui
resta
sans titulaire
durant
la
plus grande partie du
XVe
siècle
et jusqu'en
1535.
On peut même se demander si l'intention première des deux
frères Baie
et
Dragos
n'était
pas
de créer
un
évêché couvrant
la
totalité
de
leurs
possessions,
évêché qui aurait
pu
prétendre
exercer
sa
domination
aussi
sur
la
Moldavie
"rebelle".
La
décadence
de la
puissance
des Dràgosesti au
XVe siè
cle, conjuguée
au passage au catholicisme de la
branche
de
Drag (magyarisée et
devenue Drágffy), priva la
stavropégie
de
Péri
de
son principal
soutien
politique et
économique.
L'Union
de
Florence
de
1439 porta un nouveau coup à l'autorité
de
l'higoumène
de
Péri,
pris
entre les évêques uniates
de
Halič - nous connaissons les noms de
Matei
(vers
1440-1457)
et
de
Macaire
de Serbie
(1457-vers 1475) (67) -,
et
les
prélats
catholiques. Si
on
ajoute
à
cela
l'existence
de
deux métropol
ites
e Moldavie
gagnés
à
l'Union, Damien
(1436-1447)
et
Joachim
(1447-1452), on comprendra la crise
qui secoua
l or
thodoxie
de
Maramures
dans
ces
années-là.
En
1479.
les
prêtresde Maramures
dépendaient
d'un
métropolite,
par
ailleurs
inconnu,
loanichie
de Belgrade
(
lowannychik
metropolitanus
Nandoralbensis), qui
obtint de
Mathias Corvin leur
exemption
de
toutes les taxes fiscales
envers la
couronne (68). En sui
vant
en
cela N.
lorga,
nous inclinons à penser que ce
métropolite avait
accepté lui aussi
l'union
avec
Rome
et
que
son intervention
en faveur
des
prêtres
de Maramures, n'était
pas
complètement désintéressée
(69).
Enfin, la création,
en 1491, d'un
évêché
ruthène
à
Munkács (Mukačevo),
non loin de Péri,
vraisemblablement
uniate lui
aussi,
a
eu comme
conséquence
un conflit d'autorité
entre
le
nouvel
évêque
et
l'higoumène
Hilaire
(llarie)
de
Péri.
Le
conflit
dura
de
1494
à
1498,
date
à
laquelle
le
roi
V la
dislav de
Hongrie confirma le diplôme patriarcal
de
1391
en
faveur
de
Péri
et
interdit à l' évêque
ruthène
d'empiéter sur
les droits
de
l'higoumène
Hilaire
(70).
Toutefois, le diplôme
royal prévoyait que l'higoumène serait tenu de témoigner
soumission et obéissance
à
l' évêque
de
Munkács
et
à l 'arche
vêque de
Transylvanie. Celui-ci serait,
selon l'avis de
N. lorga
et
de
P. P. Panaitescu (71), auquel nous nous ran
geons
nous aussi,
l'archevêque
catholique
de
Alba Iulia,
et
non
pas un hiérarque orthodoxe
roumain
(72).
Cette conclusion
nous semble se dégager
du fait
qu'aucun acte
de
la
chancell
erie
oyale
hongroise
(et,
ensuite,
de
la chancellerie
princière
de
Transylvanie)
ne
confère le
titre
d'archevêque
ou
de
métropolite aux hiérarques roumains
de
Transylvanie, même
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
http://slidepdf.com/reader/full/cazacu-sursele-autocratiei-ruse 17/36
22
MATE
CAZACU
si ces derniers
s'intitulaient
ainsi depuis le
XlVe siècle (73).
Cette observation est valable au XVIe siècle
encore
pour
la
chancellerie municipale
de
Cluj
(74) et
de
Hunedoara
(75).
Pour
la
question
qui
nous
intéresse
ici,
il
convient
de
retenir
que,
depuis
la
seconde moitié du
XlVe siècle, les
orthodoxes roumains
et
ruthènes
de
Hongrie
et
de
Pologne-
Lituanie
se
trouvèrent
en
butte aux pressions des autorités
locales laïques
et
ecclésiastiques
catholiques
désireuses
de
leur
faire
accepter le passage au catholicisme
latin.
La
rédaction
de
la première partie
de
la chronique moldavo-russe,
qui semble
refléter ces
tensions confessionnelles et politiques,
doit se situer au
milieu
du
XVe
siècle,
plus
probablement
entre
1440 et
1500. Elle est
l'expression
de
la résistance
des
Roumains
de
Maramures
aux tentatives
d'union avec
Rome,
d'où l'accent
mis
sur le
conflit
irréductible entre les anciens
et les
nouveaux
Romains,
c'est-à-dire
entre
les
Roumains
orthodoxes
et les Latins
catholiques.
Les
"anciens
Romains"
invoquaient également leur participation aux luttes contre
les Tatars et les privilèges
obtenus de
la
part du
roi Vla
dislav à
la
suite de faits d'armes glorieux : concession de
terres
et reconnaissance
de
la
libre pratique de
la
foi
ortho
doxe.
Nous
avons
ici,
en résumé, l'essentiel
des
revendications
de
la noblesse,
du
clergé et
de
la paysannerie roumains
de
Transylvanie depuis l'époque angevine jusqu'au XIXe siè
cle
(76). L'origine romaine
constitue,
aux yeux
de
l'auteur
de
la
chronique, comme des Roumains
en général, un sujet
de
fierté qui a toujours
frappé
les étrangers
(77).
En ce qui concerne la seconde partie (1359-1504/1517),
on
a
cru
qu'elle
dérivait
des
Annales
de
Putna I,
dont
elle
résume quelques
informations (78). Comme les Annales
de
Putna
ont été rédigées après 1526
(ou en
cette même
année),
P. P.
Panaitescu
a
affirmé que
cette année
était
également
celle
de la compilation de
la
chronique moldavo-russe
(79).
Cependant, une analyse approfondie des deux chroniques nous
paraît
infirmer cette affirmation
par trop tranchée, et nous
nous rangeons
à
l'opinion
de
I. Bogdan qui pensait
que
la
rédaction
définitive de
la chronique moldavo-russe pourrait
se
placer
au début du règne
de
Bogdan
III, par conséquent
entre 1504 et 1508
(80).
Cette
deuxième partie a
été
ajoutée
à
la
première
par
un
étranger,
qui
a
choisi
seulement
cinqépisodes
du
long
règne
d'Etienne
le Grand
:
la
conquête
du
pouvoir
et la
mort du prince (avec
la
date de 1502 au lieu
de
1504) ; la conquête
de
Kilia
en
1465 (avec la
date
erronée
de
1395) et sa perte, ainsi que celle
de
Cetatea Albâ
en
1484,
et la campagne
de Codrii
Cosminului
de
1497. De même, la
forme
russe Oleksandru
pour
Alexandre,
un
des fils
d'Etienne,
semble indiquer
l'origine étrangère du compilateur,
incapable
par ailleurs de relever
les
moments importants du règne
d'Etienne et
bien
informé
uniquement
en ce
qui concernait
sa descendance en
ligne
masculine (il indique
le
nom
de
quatre
des
fils
du
grand-prince).
Dans quelles conditions ce texte est-il arrivé
en
Russie ?
I.
Bogdan
et A.
Boldur croyaient
qu'il
avait
été
apporté sous
le règne d'Etienne le
Grand
par un ambassadeur russe,
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
http://slidepdf.com/reader/full/cazacu-sursele-autocratiei-ruse 18/36
AUX SOURCES
DE L'AUTOCRATIE RUSSE 23
peut-être
lors
du
mariage de
sa fille Hélène avec
Ivan le
Jeune en 1483 (81).
Pour
sa part, P. P. Panaitescu
penchait
plutôt
pour l'époque
de
Pierre
Rares
(1527-1538 et
1541-1546),
prince
dont
les
relations avec
Moscou
ont
été
assez
suivies
(82).
Nous
avouons
ne
pas suivre le
raisonnement
de nos
pré
décesseurs sur ce point précis.
En effet,
il
nous paraît
impensable
qu'Etienne
le Grand ait pu
envoyer
à Moscou
une chronique d'où étaient
absents
les événements principaux
de son règne
et
même la
mention
de son mariage
avec
Eudoxie
de
Kiev
(en
1463),
la mère de la princesse Hélène.
D'autre
part, l'envoi
de cette
chronique
sous
le règne
de Pierre
Rares
nous semble impossible, étant donné qu'on n'y trouve plus
d'informations
sur Bogdan
III (1504-1517),
sur
Stefanity
(1517-
1526) et sur
Rares lui-même.
Reste le début
du
règne
de
Bogdan III
qui
est l'hypothèse
la
plus
vraisemblable.
On sait
que
ce
prince moldave,
après
un
long conflit
avec
la
Pologne,
entra
en
relations
diploma
tiques
vec
Basile
III vers
1513-1514
et
joua
un
rôle
d'inter
médiaire
dans la
conclusion du traité de paix
polono-russe
de
1514 (83). C'est vers la même
conclusion que
penche
M.
E.
Byčkova, spécialiste des
généalogies
"romaines"
dans
l'Europe
orientale de la fin du
XVe
et
du
début du XVIe
siècle
(84).
' ajoutant aux généalogies prussienne, lituanienne
et
hongroise,
la
légende de Roman
et
Vlahata a donc pu donner
à
la
Cour moscovite l'idée de l'origine romaine de
la
dynastie
régnante,
idée destinée à
rehausser
le poids de
la Moscovie
dans les
relations
internationales
et
principalement
dans
ses
rapports
avec
l'Empire.
III
IVAN
PERESVETOV
Nous ignorons tout
de la
vie d'Ivan (IvaSko)
Peresvetov,
mercenaire et écrivain politique
russe de
la
première moitié
du XVIe siècle, à
part
ce qu'il nous
dit
lui-même
dans
ses
oeuvres : originaire
de
Lituanie, il
chercha
fortune
en
Hongrie
(où il resta
de
1530 à 1533),
en
Bohême (trois ans
aussi)
et,
ensuite,
en
Moldavie.
Là,
plus
précisément
à
Suceava,
il
passa cinq
mois au service du prince Pierre
Rares,
qu'il
quitta en
1538 pour se rendre à Moscou, à la Cour
d'Ivan
le Terrible.
Les
oeuvres de Peresvetov ont connu une édition
critique
seulement en 1956
(85), mais
elles furent étudiées
par V. Ržiga
(86),
W.
Philipp (87),
P. P. Panaitescu
(88),
Çt. Ciobanu
(89),
Cl.
Backvis (90),
A. A.
Zimin (91),
et, plus
récemment, par A. Danti (92),
D. Matuszewski (93),
ainsi
que
D. Svak
(94).
Parmi
les textes
écrits
par ce vieux soldat, le plus im
port nt
pour
notre propos est
la
Grande supplique (Bol'Saja
Celobitna
ja ) , rédigée
en
1549
et
présentée à Ivan le Terrible.
Dans
cette
oeuvre,
Peresvetov
reprend
et
systématise
les idées
contenues
dans
ses
autres écrits
qui lui sont
généralement
antérieurs (95).
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
http://slidepdf.com/reader/full/cazacu-sursele-autocratiei-ruse 19/36
24
MATE
CAZACU
Le point
de départ
et le
modèle de
notre
auteur
est
l'organisation
de
l'Empire ottoman. Connaissant directement
la
force des
Turcs
et ayant réfléchi à ce sujet,
Peresvetov
a
compris
que
la
supériorité
de
la puissance
militaire des
Ottomans
n'était
que
la
conséquence
logique
de
leur
système
politique.
Ce
système avait fait ses preuves
dans les
guerres
avec les Byzantins et avec les Slaves méridionaux, il avait
permis, à l'aube
du
XVle siècle, la création d'un vaste
Empire situé
à
cheval sur
trois continents.
Fort
de
son expé
rience militaire, Ivan
Peresvetov entendait
la faire
connaître
au tsar de Russie
en vue
de
la réalisation
de grandes campa
gnes
ontre
les Tatars
de
Kazan' et d'Astrakhan'.
L'importance exceptionnelle de l'oeuvre de Peresvetov
vient
de
ce
que
notre soldat présente
la plupart de ses
ob
serv tions comme le fruit
de ses conversations
avec le prince
moldave Pierre
Rares. L'auteur précise,
à
plusieurs reprises,
que
celles-ci
avaient
eu
lieu
en
présence
de
"docteurs
latins"
et
de
"sages philosophes
grecs"
qui
entouraient
en permanence
le prince roumain
(96). A la
fin de son exposé, Peresvetov
affirme que,
au cours des cinq mois passés à Suceava, il
avait pu
constater
personnellement la "grande sagesse"
de
Pierre Rares :
"et ces
paroles,
il
les
a tirées de
l'enseignement
de la
sagesse philosophique,
parce
que, ô souverain, le
prince Pierre lui-même
était
un
philosophe et
un
sage
docteur, et il
était
entouré
de nombreux
sages, philo
sophes et
docteurs"
(97).
Même
s'il
y a là
quelque exagération,
on
ne peut, toute
fois, écarter totalement
ce témoignage
qui
présente
la Cour
princière de
Suceava en
1538 sous
un
jour si favorable. Si
les "philosophes" peuvent
être considérés comme des théologiens
ou
des moines
orthodoxes (98), en
revanche
les
"docteurs
latins"
pourraient
désigner des Allemands
et
des Hongrois
de Moldavie sortis des universités d'Europe centrale
(99).
Selon le témoignage de Peresvetov,
la décadence
de
Byzance
et l'essor
de l'Empire
ottoman étaient les sujets
de
réflexion
favoris du
prince
de
Moldavie. A
cela
s'ajoutait
l'espoir
d'une
alliance
de
la
Moldavie
avec Moscou,
destinée
à
contrebalancer
la
pression
de
la
Pologne
qui,
à
cette
épo
que, était toujours
en
bons termes
avec les
Turcs.
Durant
son premier
règne
- de 1527 à 1538
-,
Rares essaya avec
opiniâtreté d'entrer
en
possession de
la
Pocutie, cette région
frontalière
habitée
en majorité par des Ruthènes orthodoxes et
par
des
Roumains qui lui étaient généralement favorables. De
là, étaient inévitables le
conflit
avec la
Pologne
et l'alliance
avec Moscou, l'ennemi héréditaire des Polono-Lituaniens
(100).
Notons une première considération de Pierre Rares enre
gistrée par
Peresvetov
:
Et
ainsi parle Pierre,
voîévode de Moldavie
: 'S'il
vient
à
quelqu'un
l'envie
de
connaître
la sagesse
impériale (la
sagesse nécessaire
à
un
empereur), de
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
http://slidepdf.com/reader/full/cazacu-sursele-autocratiei-ruse 20/36
AUX SOURCES
DE
L'AUTOCRATIE
RUSSE
25
bien
savoir
ce qui regarde
l'art
de la
guerre et
la
règle
de
vie
de
l'empereur, celui-là doit prendre La
prise de
Constantinople et la
lire
jusqu'au
bout
et il
y
trouvera
toute
l'aide
de
Dieu
(tout
ce
que Dieu
peut
lui fournir pour l'aider)1.
(101)
Cette leçon
"divine"
est d'abord une leçon de virtù,
d'énergie
et
d'efficacité, car Dieu
n'aime
pas ceux
qui
sont
"paresseux"
comme l'étaient
les
Grecs de
1453.
L'enseignement
divin
nous apprend,
ensuite, la
nécessité
de la "grande
vérité",
c'est-à-dire "en clair,
une leçon d'égalitarisme nive-
leur
et haineusement antinobiliaire" (102).
Pierre Rares reprochait aux Byzantins d'avoir flanché
(lenilisja) dans leur combat pour défendre
la
foi
chrétienne
contre
les Infidèles.
L'ironie
du sort fait que
maintenant,
ajoutait
le
prince,
les
Turcs prennent
les
enfants
des Serbes
et
des Grecs dès l'âge de sept
ans (le devširme),
leur ap
prennent le métier des armes
et les
obligent de la sorte à
défendre
les valeurs
de leurs maîtres.
La "paresse" que le prince doit combattre est le fait,
notamment, des
nobles
byzantins,
accusés
par
Pierre Rares
d'avoir agi
de
façon
égoïste,
d'avoir ruiné l'économie du
pays - et
principalement le commerce
-,
fait
régner l'injustice
et
levé des troupes opposées le
plus souvent
au pouvoir
im
périal.
Si on ajoute à cette liste
l'accusation
d'hérésie
(allusion à l'Union
de
Florence
de
1439),
on
aura épuisé
les
causes
de la
chute
de
Byzance
telles que
les
voyait
le prince
moldave
en
1538.
En revanche, une fois maître
de
Constantinople, Mahomet
II
avait
tout
de suite
mis
de
l'ordre dans les
affaires du nouvel
Etat, instituant
la
justice
et
réformant
l'économie et l'armée.
Mahomet
II présente
ainsi tous
les
traits d'un prince de la
Renaissance, soucieux d'affirmer son autorité sans
partage,
de
récompenser ses soldats et
de
punir les ennemis, bref
de
faire preuve
de
virtù. Cette virtù est donc la première qualité
d'un prince "terrible
et
sage"
(groznyj i
mudryj),
épithètes
qui sont comme une synthèse
de la
virtù
et
qui
s'appliquaient
à Ivan IV
(103).
Si la justice qui règne
dans un pays
est le reflet de la
groza
inspirée par
le
souverain,
la
préparation
continuelle
à
la guerre
et
la force de son
armée découlent principalement
de
sa sagesse. Il
faut
souligner
ici
avec force
que
Pierre
Rares, prince
chrétien et
désireux de secouer la
domination
ottomane, avait
la
lucidité
et
le
courage
de reconnaître
la
supériorité des Turcs sur le plan de l'organisation institu
tionnelle
et économique
du pays. Le parallèle entre
la
situation
de
Byzance en 1Д53 et
celle de la Russie
des années
30 du
XVle siècle, qui préoccupait
tant
le
prince moldave,
atteste
une
nouvelle fois
la qualité
de ses
informations dans
le
do
maine
politique. En
revanche, il
est
intéressant de
noter
que
Rares
ne
cite
pas
le
cas
de
la
Pologne
voisine qui présentait
les
mêmes
traits
d'affaiblissement
du
pouvoir monarchique
et
de
montée
de
la
toute-puissance
des
magnats
:
on
peut
supposer
que
la
Pologne
catholique
était
considérée comme un
ennemi
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
http://slidepdf.com/reader/full/cazacu-sursele-autocratiei-ruse 21/36
26 MATEI CAZACU
susceptible d'être
vaincu,
tandis que les
Turcs
semblaient,
à l'époque
de
Soliman le Magnifique, invincibles. Leur force
puisait
ses
racines,
entre autres, dans
l'unité de tous
autour
de
leur
foi,
ce
qui
était
loin
d'être
le
cas
des
Byzantins
ou des
Polonais.
Les conseils
de Pierre Rares à Ivan le Terrible représent
ent,
n
fait, le plus
clair
du programme de réformes préconisé
par Peres vetov pour
la
Russie. Le tsar devrait lever une
armée de
20.000
mercenaires, payés sur
le Trésor public,
équi
pés d'armes
à
feu et prêts en permanence
à défendre
les
frontières du pays,
notamment les
marches
face
à la Cri
mée (104). Suivent des conseils ayant
trait
à l'introduction
de
la
justice
dans
le
pays,
pour
la
mise au pas de
la
grande
noblesse russe, accusée elle
aussi
de
"paresse", ď "hérésie"
et ď
"infidélité"
envers son tsar et, enfin,
le
conseil
d'occu
per
e
khanat
tatar
de
Kazan'.
Plusieurs historiens se
sont demandé si ces
belles recom
mandations
ne
seraient pas,
en
fait, une
simple
figure
de
rhétorique imaginée
par Peresvetov pour
s'attirer
la bienveil
lance
'Ivan
IV
et,
donc,
ne
représenteraient
en rien les
véritables
idées de Pierre
Rares.
Essayons d'examiner cette
hypothèse en envisageant
trois
aspects du
récit
qui
n'ont
pas
attiré
suffisamment
l'attention
des spécialistes :
1. Le commerce
et
la
vie économique dans les Empires
byzantin
et
ottoman ;
2. Le voeu émis par Pierre Rares
de
voir les Russes
vrer
la
chrétienté
de la domination des "étrangers
infidèles"
;
3.
Les prières spéciales faites
par ce même prince devant
les grandes
icônes
de son
palais.
1. Le commerce
et
la vie économique dans les Empires byzantin
et ottoman
Le premier argument - et le
plus
important,
à
notre
avis - pour attribuer
à
Pierre
Rares
la
paternité de
ces con
seils se fonde
sur les
profondes
connaissances
que le prince
a des affaires commerciales des Grecs
et
des Turcs. Voici
en
quels
termes le prince roumain
décrit
le commerce des
Byzantins
avant
la
chute
de
Constantinople
:
"La
justice
des Grecs était partiale
et
leur commerce
malhonnête ; le marchand
ne
savait pas
établir
le prix
de ses
marchandises
:
d'abord il vendait
son
âme et
ensuite seulement il vendait
sa
marchandise."
(105)
Après
la
conquête
de la
ville impériale, Mahomet
II
"a introduit une grande justice
dans
son pays et a
réglementé
le
commerce
des
marchands qui peuvent
vendre et
acheter,
avec un seul mot, fût-ce
même
pour
mille
roubles
(i
kupiti
i
prodati
edinim
slovom,
hotja
na
tysjašču
rubiev)"
(106).
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
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AUX
SOURCES DE
L'AUTOCRATIE RUSSE 27
Parlant
de la déchéance des nobles
grecs dans
l'Empire
ottoman,
Rares,
précise
:
"Les
Grecs
et
les
Serbes
se
font engager
par les
Turcs
pour
paître
leurs moutons et
leurs
chameaux, et même
les
premiers
d'entre les
Grecs font
du commerce."
(107)
Ces renseignements d'ordre économique étonneraient s'ils
venaient
de la
bouche d'un autre
prince,
mais se justifient
parfaitement
dans
le
cas
de Pierre Rares
qui,
avant
d'accéder
au trône, avait été marchand de poisson
en
gros (108). On
sait, par ailleurs, que le prince moldave montra toujours de
l'intérêt pour les
affaires économiques
et
commerciales,
ce
qui ne peut
qu'accréditer
la thèse
qu'il est
bien l'auteur
des
conseils prodigués à Ivan IV.
2. Le
voeu
émis par
Pierre Rare? de voir
les Russes délivrer
la chrétienté
Sur le second point, le texte dit :
Et
ainsi parle le
voîévode de
Moldavie à
propos de
la foi chrétienne : 'Pour nos péchés il nous est arrivé
de
tomber dans l'esclavage
de
l'infidèle
étranger
(ou
'd'une autre nation1,
en
russe inoplemjannik) à cause
du grand forfait
(bezzakonie,
en
roumain littéralement
faradelege)
des Grecs, car
les
Grecs ont abandonné
la
lumière
pour
les ténèbres,
sont
totalement
tombés
dans l'hérésie, et ils ont
courroucé
Dieu
en
provoquant
sa
fureur
inextinguible. Donc l'infidèle
étranger,
le sultan Mahomet, l'Empereur turc, a connu la
puis
sance de
Dieu
(da poznal silu
Božiju) et il
a occupé
la ville
impériale
de Constantinople'..."
(109)
Cette idée de la chute sous
la domination
de
l'infidèle
appartenant
à
une autre race,
à
un peuple
étranger,
se re
trouve
exprimée
à
peu près dans les mêmes
termes
par
Pierre
Rares dans
l'acte de
1533, par
lequel
il devient ktitor et
protecteur
du
couvent
athonite de
Hilandar, la
laure des
Serbes
:
Et si le Seigneur
notre Dieu qui
est
exalté dans
la
Trinité, et la
très
pure Mère
de
Dieu nous
témoignent
de
la
bonté
et
ont pitié de nous afin de
nous sauver
des mains des
nations
étrangères,
nous
offrirons
non
seulement ce
qui
est écrit plus haut, mais bien
d au
tres
choses
encore."
(110)
Cette
quasi-identité dans la formulation nous semble
être
encore une preuve qui plaide en faveur
de
l'attribution du
texte
de Peresvetov
à Pierre Rares.
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
http://slidepdf.com/reader/full/cazacu-sursele-autocratiei-ruse 23/36
28
MATEI
CAZACU
3.
Les prières
faites devant
les icônes du
palais
Elles
sont
décrites ainsi :
"Et
j'ai
vu,
ô
souverain,
comment
Pierre,
le
voTévode
de
Moldavie,
restait
devant l'icône
de la
très pure
Mère
de
Dieu, notre Maîtresse,
et
priait les larmes
aux yeux pour que tu aies
de
longues années
de
santé
et pour
que le Seigneur
Dieu
accomplisse la sagesse
pour les
choses militaires qui
sont
innées
et données
par Dieu,
et
le
bonheur pour
l'augmentation de la
foi chrétienne
et
pour
la
réalisation
de la
justice dans
ton
Empire."
(111)
La
ferveur
religieuse
de
Pierre Rares,
exceptionnelle même
pour son
époque,
indépendamment de
toutes
ses
fondations
et
donations
pieuses,
ressort
de
toutes
les
lettres
que
le
prince
envoya à ses
voisins transylvains
et
polonais.
On y trouve
le style
direct
et imagé
du
voïévode, et,
à
l'occasion, il est
fait allusion à
l'habitude
qu'avait Rares de
prendre
à
témoin
les ambassadeurs
étrangers
et
de
prier
devant
une
icône.
Ainsi,
en 1533,
il
tint les paroles suivantes
destinées au roi
de Pologne
et qui
ont été reproduites par l'ambassadeur de
ce dernier.
Parlant
de
la
question
de la
Pocutie
et
du désir
de
paix
du
prince moldave après
la défaite
d'Obertyn (en
1531 )t
Rares
ajouta
:
"Regarde
cette icône de la
sainte Résurrection
devant
laquelle
j'ai
juré et
je
jure
que,
si
Sa
Majesté
le
Roi
ne
conclut pas [la paix] avec moi, jamais je
ne
ces
serai [de le combattre)
et
je me vengerai
jusqu'à
la mort." (112)
Ce
témoignage,
irréfutable,
confirme
l'authenticité, long
temps mise
en
doute, d'une charte du même prince datée de
(mars-3
septembre)
1546
et
destinée au
couvent
de Bistrija que
le prince venait
de
reconstruire
et
de
doter richement :
Et
je
leur ai fait
[.aux
moines] cette
aumône, car moi
aussi j
'
ai reçu leur charité lorsque
la colère de
Dieu
s'était
déclenchée
contre
moi
et
contre
mon pays
de
Moldavie,
et
l'Empereur de Constantinople, le
sultan
Soliman,
s'était
mis
en
route
avec toutes
ses forces,
dans notre pays,
pour
nos péchés et principalement
les miens. J'ai
vu
alors
que je
ne pourrais pas leur
résister et, abandonnant
mon
armée, j'ai
fui et
je
suis arrivé au
couvent
de Bistrija. Et entrant
dans
la
sainte église, je me
suis prosterné
devant
les
saintes
icônes
et j'ai beaucoup
pleuré ;
et
l'higoumène
et
toute la communauté
pleuraient également avec moi,
avec
des
larmes chaudes.
Et j'ai promis à
Dieu et
à
sa
très
pure Mère que,
si
je
retournais
de
nouveau
en tout
bien
et
vainqueur
sur mon
trône,
alors
je
renouvellerais
complètement
ce
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
http://slidepdf.com/reader/full/cazacu-sursele-autocratiei-ruse 24/36
AUX SOURCES
DE
L'AUTOCRATIE RUSSE
29
saint
monastère de
la
Dormition de
la
très
pure
Vierge,
et les
pères eux aussi
ont
multiplié
les prières à
Dieu,
faisant
des
laudes et l'office
des
matines
à
mon
intention."
(113)
Ces exemples suffiront, croyons-nous, pour attribuer défi
nitivement
à Pierre Rares les
conseils
à Ivan IV que
rapporte
Ivan
Peresvetov
dans
ses ouvrages
et
notamment
dans
la
Grande
supplique.
Les limites
de
cet article
ne
nous
permettent
pas
d'étendre
notre analyse aux autres
oeuvres de
Peresvetov, plus parti
culièrement au Récit
sur les
livres (Skazanie o knigah)
et
au
Récit
sur Mahomet
(Skazanie
o Magmete) qui contiennent
des renseignements sur le prétendu désir
de
Mahomet
II
de
connaître
les Ecritures saintes
en
vue d'une éventuelle
con
version
au christianisme. On
peut
rapprocher
ce
détail
des
passages
où Peresvetov rapporte que Pierre
accordait
une
grande attention à
la
lecture de l'histoire de la conquête
de
Constantinople par les Turcs (114).
De
plus, cet épisode,
qui s'inscrit dans
le
cadre
de
l'Hymne acatiste, est un
des
thèmes les
plus
répandus des fresques extérieures
des églises
moldaves érigées - ou peintes -
sous
le
règne de Rares,
et
probablement
sous son
influence
: Probota (1532), Saint-Georges
de
Suceava
(1534), Humor (1535), Moldovija (1537), Arbore
(1541), Voronet
(1547).
Ces
faits
confirment, une
fois de
plus,
l'authenticité du témoignage de Peresvetov
sur
la
personnalité
de
Pierre
Rares
(115).
Nous
nous
trouvons,
par
conséquent,
en
présence
d'un
véritable
"Miroir
du
prince",
ouvrage
destiné
à
initier
un
souverain dans l'art du
gouvernement. Son auteur
est
Pierre
Rares, qui
prend de
la
sorte
sa
place à
côté
de Neagoe
Basarab (prince
de
Valachie
de
1512 à 1521) comme penseur
politique
et
auteur
d'ouvrages
à
caractère
parénétique.
Au terme
de
notre enquête, plusieurs conclusions semblent
devoir s ' imposer :
1.
Les
trois
ouvrages
russes que
nous
avons étudiés
:
le
Récit
sur
le
voievode
Dracula, le Récit
sur
les
princes de
Vladimir
et
la Grande
supplique d'Ivan
Peresvetov, ont bénéf
icié,
à des degrés
divers,
de l'expérience
politique
roumaine
et hongroise
de la
seconde
moitié du
XVe siècle
et
du début
du
siècle
suivant ;
2.
Cette expérience allait
dans
la direction d'une
monarc
hie
bsolue, aussi bien dans
le
cas
de
Mathias Corvin en
Hongrie que de Vlad Tepes
en Valachie,
ou
d'Etienne
le
Grand
et
de Pierre Rares
en
Moldavie ;
3. L'idéologie politique hongroise
et
roumaine de cette
époque se
caractérise
par une laïcisation accentuée de l'autor
ité
rincière,
par
une
mise
à
l'écart
presque
totale
de
l'Eglise,
qu'elle
fût catholique
(en
Hongrie) ou orthodoxe
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
http://slidepdf.com/reader/full/cazacu-sursele-autocratiei-ruse 25/36
30 MATEI CAZACU
(en Moldavie
et en Valachie).
Ceci
n'excluait pas
la
religiosité
individuelle
des
princes, comme ce
fut
le
cas
pour Etienne
le Grand et
Pierre Rares ;
4.
Le
système
politique
ottoman
constitue
lui
aussi
une
source parmi d'autres, qu'il n'était pas question d'aborder
ici,
de cette idéologie que l'autocratie russe a connue par
l'intermédiaire
des
pays roumains au début
du
XVIe siècle.
En
dépit des
différences
confessionnelles,
un
prince
comme
Pierre Rares
n'hésitait pas
à recommander
à Ivan
le
Terrible
le modèle ottoman de gouvernement, modèle
caractérisé
par
la
même
propension à
l'absolutisme
monarchique.
Paris, CNRS,
1982.
1. Voici quelques ouvrages fondamentaux à ce sujet :
H. Schaeder, Moskau das dritte Rom. Studien zur Geschichte der
politischen
Theorien
in
der slavischen Welt, 2e
éd.,
Darmstadt,
1967
;
G.
Olšr,
"Gli
ultimi
Rurikidi e
le
basi
ideologiche délia
sovranità dello
stato russo",
Orientalia Christiana Periodica,
XII, 1946, pp. 322-373 ;
Ja.
S. Lur'e, Ideologičeskaja bor'ba
v russkoj publicistike konca XV-načala XVI veka (La
lutte
idéologique dans la littérature russe
de
la fin
du XVe-début
du
XVIe siècle), Moscou,
I960 ; W.
Philipp,
"Die
gedankliche
Begriindung
der Moskauer
Autokratie
bei
ihrer
Entstehung
(1458-1522)", Forschungen zur osteuropàischen Geschichte, XV,
1970,
pp.
59-118
;
Fr.-X.
Coquin,
"La philosophie
de
la
fonc
tion monarchique
en
Russie
au XVIe
siècle",
CMRS, XIV,
3,
1973, pp. 253-280.
2. De
la
riche bibliographie consacrée
à
ce
sujet, on
notera
quelques
ouvrages
intéressant
spécialement
la Russie
et
le
monde
orthodoxe : J. Gill, The Council of Florence,
Cambridge,
1959
; trad. fr.
Le
Concile de Florence,
Tournai-
New
York-Rome, 1964 ("Bibliothèque de théologie", série IV,
"Histoire de la théologie",
6), reste
la meilleure
synthèse
;
A. Ziegler,
Die Union
des
Konzils^von
Florenz in der
Russischen
Kirche, Wurtzbourg,
1939
; 1. Ševčenko,
"Intellectual
reper
cussions of the Council of Florence", Church History,
XXIV,
1955,
pp.
291-323
;
M.
Cherniavsky,
"The
reception
of
the
Council
of
Florence
in
Moscow ,
ibid.,
pp.
347-359
;
G. Alef,
"Muscovy and the
Council
of Florence",
Slavic Review,
XX,
1961, pp. 389-401.
3. Voir
l'article
récent de
I.
Ševčenko,
"Byzantium
and
the Eastern Slavs after 1453'\ Harvard Ukrainian Studies, II,
1978, pp. 5-25.
4. V. D.
Nazarov,
"Konec zolotoordynskogo iga"
(La
fin
du
joug de la Horde
d'Or),
Voprosy istorii, 10,
1980,
pp. 104-
120
avec
toute
la bibliographie
de la question.
5.
E.
Dénissoff, "Aux origines de l'Eglise russe autocé-
phale", Revue des
Etudes
slaves, XX1I1,
1947,
pp. 66-88.
6. H.-D. Dôpmann,
Der Einfluss
der Kirche auf die mosko-
witische
Staatsidee.
Staats-
und
Gesellschaftsdenken
bei
Josif
Volockij, Nil
Sorskij
und Vassian
Patrikeev,
Berlin, 1967.
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
http://slidepdf.com/reader/full/cazacu-sursele-autocratiei-ruse 26/36
AUX
SOURCES
DE L'AUTOCRATIE RUSSE 31
("Quellen und Untersuchungen zur Konfessionskunde der Ortho
doxie .) Voir aussi les ouvrages cités dans
la
note 1
; on
y
ajoutera Th.
Seebohm,
Ratio
und
Charisma. Ansàtze
und
Ausbildung
eines
philosophischen
und
wissenschaftlichen
Weltverstàndnisses
im
Moskauer Russland, Bonn,
1977
("Mainzer
philosophische
Forschungen",
17.)
7. H. Schaeder,
op.
cit.
;
V. I. Malinin, Starec Eleazarova
monastýr
ja Filofej
i
ego
poslanija
(Le starec Filofej
du
mo
nastère
d'ELeazar
et
ses
épîtres), Kiev, 1901
; réimpr.,
Londres, Gregg,
1971
;
F.
Kàmpfer, "Beobachtungen zu den
Sendschreiben
Filofejs", in Jahrbùcher fur Geschichte Osteuro-
pas,
XVII, 1970,
pp.
1-46
; A.
L.
Gol'dberg,
"Tri
'poslanija
Filofeja' .
Opyt tekstologičeskogo analiza"
(Trois 'épîtres
de
Filofej1.
Essai
d'analyse
des
textes), Trudy
otdela
drevne-
russkoj
literatury,
XXIX,
1974, pp.
68-97 ;
contra, F. Kàmpfer,
1
'Sendschreiben
Filofej1
oder 'Filofej-Zyklus' ?
Argumente
gegen die Ergebnisse
Alexander
Goldbergs", Canadian-American
Slavic Studies', XIII, 1-2, 1979,
pp.
126-138.
8. Pour
Daniel,
voir V. Žmakin,
"Mitropolit
Daniil i ego
očinenija"
(Le métropolite
Daniel et
ses
oeuvres),
Čteni
ja
v
Obščestve istorii
i
drevnostej
rossijskih pri Moskovskom
uni-
versitete, Moscou, 1-2,
1881
; pour le métropolite Macaire,
l'ouvrage
récent de D.
B. Miller,
"The Velikie Minei Chetii
and the Stepennaia
kniga of
Metropolitan
Makarii
and
the
origins
of
Russian national consciousness", Forschungen zur
osteuropáischen Geschichte, XXVI,
1979,
pp.
263-382.
9. F.
von
Lilienfeld,
Nil Sorskij und seine
Schriften.
Die
Krise
der
Tradition
im
Russland
Ivans
III,
Berlin,
1963
( Quel
lennd Untersuchungen
zur
Konfessionskunde der
Orthodoxie").
10. N. A.
Kazakova,
Vassian Patrikeev
i
ego
sočinenija
(Vassian
Patrikeev
et
ses
oeuvres), Moscou-Leningrad, I960
;
H.-D. Dôpmann, op. cit.,
pp.
118-133.
11.
Pour
les judaisants, voir
principalement
N. A.
Kaza
kova, Ja. S. Lur'e, Antifeodal'nye eretiCeskie dviženija na
Rusi XIV-načala
XVI
veka
(Les
mouvements hérétiques anti
féodaux
en
Russie
du XlVe au
début
du XVIe
siècle), Moscou-
Leningrad, 1955,
pp. 74-226,
256-526
; Ja.
S. Lur'e,
op. cit. ;
E. Hôsch,
Orthodoxie und
Hàresie im
alten Russland,
Wiesbaden,
1975 ("Schriften zur
Geistesgeschichte des ôstlichen
Europa",
7)
:
ouvrage
documentaire
accompagné
d'une
bibliographie
complète
de
la
question
;
Th. Seebohm,
op.
cit.,
pp.
90
sq.
;
J.
R. Howlett,
The heresy of the Judaisers and the
problem
of
the
Russian Reformation, Oxford,
1979, thèse
de doctorat.
12. F. Ilinskij, "D'jak Fedor Kuricyn"
(Le
d'jak
Fedor
Kuricyn), Russkij
arhiv,
1,
1895,
pp. 1-16 ; id., "Mitropoiit
Zosima
i
d'jak Fedor Vasilevič
Kuricyn" (Le métropolite
Zosima
et
le d'jak F. V.
Kuricyn),
Bogoslovskij
vestnik,
1905, pp. 212-235 ; A. A. Zimin, "D'jaceskij apparat v Rossii
vtoroj
poloviny XV - pervoj treti
XVI
v." (Le corps
des
djaki
en
Russie
dans la seconde
moitié du
XVe et
le
premier tiers
du XVIe
siècle),
IstoricTeskie
zapiski,
87,
1971,
pp. 247-248 ;
F. von
Lilienfeld,
"Ueber
einige Ziige des Fruhhumanismus
und
der
Renaissance
in
Russland
und
Deutschland
-
Johannes
Trithemius und
Fjodor
Kuricyn", Jahrbùcher fur frànkische
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
http://slidepdf.com/reader/full/cazacu-sursele-autocratiei-ruse 27/36
32 MATEI
CAZACU
Landesforschung, XXXVI,
1976, pp.
23-35 ;
Ead.,
"Die
'Háresie'
des
Fedor Kuricyn", Forschungen
zuř osteuropàischen Ge-
schichte,
XXIV, 1978,
pp. 39-64.
13-
P. Karge, "Die
ungarisch-russische
Allianz
von
1482-
1490", Deutsche Zeitschrift fur
Geschichtswissenschaft, VII,
1892, pp.
326-333.
14.
E.
Amburger, Die
Anwerbung auslàndischer
Fachkrâfte
fiir
die
Wirtschaft
Russlands vom 15. bis
19.
Jahrhundert,
Wiesbaden,
1968
("Osteuropastudien des Landes Hessen".
Reihe
I : Giessener
Abhandlungen
zur
Agrar-
und Wirtschafts-
forschung des
europàischen Ostens 42).
15- M. Cazacu,
A
propos
du
récit
russe
Skazanie о
Drakule voevode",
CMR5,
XV, 3-4,
1974,
pp. 279-296 ; id.,1 'Geschichte Dracole
Waide1.
Un incunable
imprimé
à Vienne
en 1463", Bibliothèque
de
l'Ecole des Chartes, CXXXIX, 1981,
pp.
209-243.
16 . Nous citerons d'après la traduction que nous avons
donnée du
texte
dans notre thèse
de
doctorat, Le thème
de
Dracula
(XVe-XVIlle
siècles).
Présentation,
édition critique,
traduction et
commentaire, Université de
Paris
l
(Panthéon-
Sorbonne), 1979, 518 p.. Ce passage : p. 473-
17 .
L.
V. Čerepnin,
Russkie féodal 'nye arhivy
(Les
archi
ves éodales russes), Moscou,
1951, II, pp. 310-314.
18 .
M. Szeftel, "Le
justicier
(Sudebnik) du
tsar
Ivan III
(1497)",
Revue historique du Droit français
et étranger, 1956,
pp. 531-568 ;
H.
W. Dewey, "The 1497 Sudebnik, Muscovite
Russia's
first
national law
code",
The
American and East
European
Review,
XV,
1956,
pp.
325-338
;
plus
récemment,
D. H. Kaiser, The growth of the law in Medieval Russia,
Princeton UP, 1980, pp.
77, 87, 90-93.
19 . I. Barta, I. Berend, P. Hanak,..., Histoire de
la
Hongrie des origines à nos
jours,
Roanne-Budapest,
1974,
p. 132 (contribution de
L. Makkai).
20. Lettre du 6 sept.
1456
chez
I.
Bogdan, in Relajiile
Jârii Românesti eu Brasovul si eu Jara Ungureascà
(Les
relations
de
la Valachie avec la ville
de Brasov
et
la Hon
grie), Bucarest, 1905,
pp.
316-317, n° 257.
21. Lettre du
11 févr. 1462 adressée
à
Mathias
Corvin,
in l.
Bogdan,
Vlad
Jepes
si
narajiunile
germane
si rusesti
asupra
lui
(Vlad
Jepes
et
les
narrations
allemande
et
russe
le
concernant),
Bucarest,
1896,
p.
76
;
M. Cazacu,
op.
cit.,
p.
251.
22.
D.
P.
Bogdan,
"Diplomatica slavo-românà" (La diplo
matie
slavo-roumaine),
in
Documente privind istoria României.
lntroducere (Documents concernant l'histoire
de
la
Roumanie.
Introduction), Bucarest, 1956, II, pp. 77-84 ; E. Vârtosu,
Titulatura domnilor si
asocierea
la domnie fn
Jara
Româneascà
si Moldova pânâ in secolul al XVI-lea (Le titre des
princes
et l'association au trône
en
Valachie et
en
Moldavie
jusqu'au
XVIe
siècle),
Bucarest, I960, pp.
197-215.
23. G. Stôkl,
"Die
Begriffe Reich, Herrschaft und Staat
bei
den Orthodoxen
Slawen",
Saeculum,
V,
1954,
pp.
115-116
;
rééd.
in
Der
Russische
Staat
im
Mittelalter
und
friiher
Neuzeit.
Ausgewàhlte
Aufsátze
aus Anlass
seines
65.
Geburtstages.
. .
,
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
http://slidepdf.com/reader/full/cazacu-sursele-autocratiei-ruse 28/36
AUX SOURCES
DE
L'AUTOCRATIE RUSSE
33
Wiesbaden, 1981,
pp. 85-86
("Quellen
und Studien zur
Ges-
chichte des ôstlichen Europa", Band XIII) ; J.
Raba, "The
authority
of the Muscovite ruler at the
dawn
of the modern
era",
Jahrbiicher
fur
Geschichte
Osteuropas,
XXIV, 1976,
pp.
321-344;
24 .
E.
Vârtosu, op. cit., pp.
197-215.
25 . M. Cazacu,
art. cit.,
pp.
294-295.
26 . Voir
la
traduction allemande procurée
par F.
Kàmpfer,
Historie vom
Zartum
Kasan
(Kasaner
Chronist).
Uebersetzt,
eingeleitet
und erklàrt von , Graz-
Vienne-Cologne,
1969.
Voir aussi l'étude
de
J. Pelensky, Russia and Kazan. Conquest
and
imperial ideology
(U38-1560's) , La
Haye-Paris, 1974.
27. B. Spuler,
Die
Goldene Horde. Die Mongolen in
Rus-
sland, 1223-1502, 2e éd., Wiesbaden, 1965, p. 179 ; M. Cazacu,
art. cit., pp. 294-295.
28. Ja.
S.
Lur'e,
Povést1
o
Drakule (Le
récit
de
Dracula),
Moscou-Leningrad,
1964,
p.
66
;
G.
Giraudo,
Drákula. Contri-
buti alla
storia délie
idee politiche
nell'
Europa
orientale alla
svolta del XV secolo, Venise, 1972, pp. 115-116
et
n. 39
(pp. 132-133).
(Collana Ca'Foscari. Facoltà
di
lingue e
lette-
rature
straniere,
Venezia. Seminario di storia, "Studi e ri-
cerche", 4.)
29. B. Spuler, op.
cit.,
p. 360 ; M. Cazacu, art. cit.,
p. 294
et
n. 62 (corriger le nom de
l'historien Dlugosz
par
celui
de Maciej
Stryjkowski
(1547-1582),
Kronika
Polska, Li-
tewska, Žmódska
i
wszystriéj Rusi,
Kônigsberg,
1582).
30. F.
von Lilienfeld, "Die
'Hàresie '... , art. cit.,
pp.
57-58.
31. B.
N0rretranders,
The
shaping
of
czardom
under
Ivan
Grozny], Londres,
1971,
pp. 44
sq.
32 . Voir
les
passages cités par
E.
Dénisoff, art. cit.,
p. 86 (d'après
la
Valaamskaja
beseda) :
"Ce
n'est
pas
avec
les
religieux que le Seigneur a ordonné aux
grands-princes
de
gouverner, mais avec ses
princes
apanages et
ses boiars" ;
"Le prince
qui
prend conseil des moines
s'adresse
à des
morts ; "Dieu refuse sa bénédiction aux affaires où les
moines
détiennent l'autorité qui revient aux
voïévodes du tsar.
Quant
aux religieux
qui l'ont
usurpée,
ils
ne
sont plus des amis
de Dieu,
mais
bien plutôt des provocateurs de
son courroux."
(Cf.
G.
N. Moiseeva,
Valaamskaja beseda
(La conversation
du
monastère
de
Valaam),
Moscou-Leningrad,
1958,
pp.
162
sq.
)
33. Cf. B. Norretranders, op. cit., pp. 23-24.
34. W. Vodoff,
"L'Eglise et
le pouvoir monarchique
en
Russie de 1503 à 1568", in Théorie
et
pratique
politiques
à
la Renaissance, Paris, 1977, pp. 75-87
("De
Pétrarque à Des
cartes ,
XXXIV).
35. Iosif Volockij,
Prosvetitel', Kazan, 1896, pp.
286-288 ;
voir la discussion
du passage chez M. Raeff,
An early theo-
retist of
absolutism: Joseph
of Volokolamsk",
The
American
Slavic
and East European Review, VIII, 2,
1949,
p. 86 ;
H.-D. Dôpmann, op. cit., pp. 73 sq.
;
F.-X. Coquin, art.
cit., p. 258, qui
traduit le méchant tsar
est un diable, alors
qu'il
faut
corriger
par
"un
serviteur
du diable".
36.
Cf. B.
N^rretranders,
op.
cit., p. 103.
Pour des com-
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
http://slidepdf.com/reader/full/cazacu-sursele-autocratiei-ruse 29/36
34 MATE I
CAZACU
paraisons
avec
la littérature grecque
et
byzantine, B. Rubin,1
Der
Fiirst der
Dâmonen.
Ein Beitrag zur Interpretation von
Prokops
Anekdota", Byzantinische
Zeitschrift,
XLIV,
1951
(Mélanges
F.
Dolger),
pp.
469-481
;
id.,
"Zuř Kaiserkritik
Ostroms", Studi
bizantini
e
neoellenici,
VII,
1953,
pp.
453-462.
37.
E.
Várady, La
letteratura
italiana e la sua influenza
in Ungheria, Rome,
1933-1934,
2 vols ; T. Kárdos, "Zentrali-
sierung und
Humanismus
in
Ungarn",
in La
Renaissance et
la
Réforme
en
Hongrie
et en Pologne, Budapest, 1963, pp.
397-
414
("Studia historica",
53) ; id., Studi
e ricerche umanistiche
italo-ungheresi, Debrecen, 1967
("Studia
romanica Universitatis
Debreceniensis", 3) ; J. Béranger, "Caractères originaux
de
l'humanisme
hongrois",
Journal
des Savants, oct.-déc. 1973,
pp. 257-288
;
I. N. Goleniščev-Kutuzov, 11 Rinascimento italiano
e
le
letterature slave
dei
secoli XV e
XVI.
A
cura di
Santé
Graciotti
e
Jitka
Kresálková,
Milan,
1973,
2
vols
(trad.
ital.
de
l'éd.
russe
de
1963
avec
d'importants
ajouts
bibliogra
phiques).
38.
De
comparatione reipublicae
et regni
(1489-1490),
ouvrage dédié
à Laurent de Médicis, cité
par L. Makkai,
Histoire
de
la Hongrie,
Roanne-Budapest,
1974, p. 131 ;
voir
aussi E. Mayer,
Un
umanista italiano délia
corte di
Mattia
Corvino
:
Aurelio
Brandolini Lippo,
Rome, 1938.
39. Ja.
S.
Lur'e,
Povesť
o Drakule, op.
cit.,
pp. 49-50 ;
G. Giraudo,
op.
cit., pp. 62 sq
;
I. N. GoleniSCev-Kutuzov,
op. cit.,
I,
pp. 181-182.
40. M. Cherniavsky, Khan or Basileus:
an
aspect of
Russian
mediaeval political theory",
Journal of the History
of
Ideas,
XX,
1959,
pp.
459-476;
rééd.
in
M.
Cherniavsky,
éd.,
The structure of Russian history. Interpretive essays,
New
York, 1970.
41. Ibid.,
pp. 472-473, analyse
de
la
lettre de l 'arche
vêqueVassian
de
Rostov à Ivan III, au moment
de
la "bataille"
sur l'Ugra.
42. Cité par
W.
Vodoff,
"Naissance
et essor du pouvoir
des tsars
de
Moscou (1547-1649)", Revue d'Histoire diploma
tique, juil.-déc.
1975, p. 3 (du tiré à part) ; Fr.-X. Coquin,
art.
cit.,
p.
254.
43. D. W. Treadgold,
The
West in
Russia
and China. Re
ligious and
secular
thought in modem
times;
I: Russia,
1472-
1917,
Cambridge,
1973, p. 11
; R.
Zguta, "The 'Aristotelevy
rata*
as
a
reflection
of
Judaizer
political
ideology",
Jahr-
bucher fur Geschichte
Osteuropas,
XXVI, 1978, pp. 7-8.
44. M. Grignaschi, "L'origine et les
métamorphoses du
Sirr-al-1 asrâr (Secretum secretorum)", Archives d'Histoire
doctrinale
et littéraire
du
Moyen
Age,
XLIII,
1976, pp. 67-78,
qui
résume les conclusions d'une communication inédite de
W.
Ryan (Londres). Notons
enfin
une dernière coïncidence :
le
Secretum
secretorum
(sous
le titre
De
regimine
principorum)
et
le
récit sur Dracula (la
version
allemande) furent
imprimés
par le
même
imprimeur, Martin Landsberg à
Leipzig dans la
dernière
décennie du
XVe siècle
: cf. Ja. S. Lur'e,
Povesť o
Drakule,
op.
cit.,
annexe
et
Gesamtkatalog
der
Wiegendrùcke,
II, 2490.
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
http://slidepdf.com/reader/full/cazacu-sursele-autocratiei-ruse 30/36
AUX SOURCES
DE L'AUTOCRATIE RUSSE 35
45. Edition
et
commentaire de R.
P.
Dmitrieva,
Skazanie
0 knjaz'jah Vladimirskih (L'histoire
des princes de Vladimir),
Moscou-Leningrad,
1955 ; trad, anglaise par J. A.
V.
Haney,
Moscow
-
Second
Constantinople,
Third
Rome
or
Second Kiev
(The tale of
the
princes
of
Vladimir)",
Canadian
Slavic
Studies,
III,
2, 1968, pp. 354-367.
46. Voir 1' enumeration des hypothèses
chez
M.
E.
Byčkova,
"ObSčie tradicii rodoslovnyh
legend
pravjaščih
domov
Vostočnojvropy"
(Les
traditions communes des légendes généalogiques
concernant les maisons princières
de
l'Europe
de
l'Est), in
B.
A. Rybakov,
éd., Kul'turnye
svjazi narodov Vostočnoj
Evropy v XVI v. (Les liens culturels entre
les peuples
de
l'Europe
de l'Est au XVle
siècle),
Moscou,
1976, pp.
292-303 ;
pour
le couronnement de 1498,
voir
la
thèse
de
G. Majeska,
"The
Moscow
coronation
of
1498 reconsidered", Jahrbûcher fur
Geschichte
Osteuropas,
XXVI, 1978,
pp. 353-361.
47.
A.
L.
Gol'dberg,
"Die Rezeption
staatspolitischer
Ideen
des
Moskauer Russland
im
westeuropàischen Schrifttum
des
16. und 17.
Jahrhunderts",
Zeitschrift fur Slawistik, XXI, 1976,
pp. 334-336.
48. Voir
en
dernier R. P.
Dmitrieva, O
tekstologičeskoj
zavisimosti meždu raznými vidami rasskaza o potomkah Avgusta
1 o darah Monomaha" (Sur
la
dépendance textologique entre
les
différentes
versions du
récit sur
les descendants d'Auguste
et
sur
les
cadeaux de
Constantin
Monomaque),
Trudy otdela
drevnerusskoj literatury, XXX,
1976, pp.
217-230,
qui
défend
le rôle primordial de l'évêque Spiridon-Savva
dans
l 'élabo
ration
de la
légende
de
l'origine
romaine
de la
dynastie
de
Rurik.
49«
A.
Bonfini, Rerum Ungaricum
decades, hrsg.
von
1. FÓ-
gel, B. Ivànyi,
L.
Juhász,
Leipzig-Budapest,
1940, III,
p.
206
; voir
la discussion
chez
A.
Armbruster, La
romanité
des Roumains. Histoire
d'une
idée, Bucarest, 1977,
pp.
61-64.
50. Texte
dans
Polnoe sobranie russkih
letopisej
(Collection
complète
des
chroniques
russes), Saint-Pétersbourg,
1907,
XVII, pp. 227-244
; cf. R.
P. Dmitrieva,
op. cit.,
pp.
179-
181, 201-205 ; M.
E.
Byčkova, "Otdel'nye momenty istorii
Litvy
v interpretacii russkih
geneaiogičeskih
istočnikov" (Moments
isolés
de
l'histoire
de la
Lituanie dans l'interprétation des
sources
généalogiques russes),
in
Pol'Sa
i
Rus'.
Certy
obSCnosti
i
svoeobrazija
v
istoriřeskom
razvitii
Rusi
i
Pol'si
v
Xll-
XIV vv. (La Pologne
et la Russie.
Traits communs
et
indivi
duels dans le
développement
historique de
la
Russie
et
de
la
Pologne
aux XH-XIVe ss.), Moscou, 1974, pp. 367-370 ;
id., Rodoslovnye knigi XVI-XVII vv., как istoričeskij
istocnik
(Les
livres
de
généalogies des XVI-XVIle
ss. en
tant
que
sources
historiques),
Moscou,
1975.
51.
J- Dlugosz,
Annales seu Cronicae incliti regni Poloniae,
éd. par J. Dabrowski, V. Semkowicz-Zdremba. ..,
Varsovie,
1964, l, pp. 215-216.
52.
Ibid.,
p. 394
(commentaires).
La
référence
est Nicolaus
von
Jeroschin,
Kronike
von Pruzinlant, in
Scriptores
rerum
Prussicarum,
Leipzig,
1861,
I,
III,
5.
53. Dernières
éditions :
P. P. Panaitescu, Cronicile slavo-
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
http://slidepdf.com/reader/full/cazacu-sursele-autocratiei-ruse 31/36
36
MATEI
CAZACU
románe
din sec. XV-XVI publicate
de Ion
Bogdan
(Les
chro
niques
slavo-roumaines des
XV-XVIe
ss. publiées
par Ion
Bogdan), éd. revue et complétée, Bucarest, 1959, pp. 152-161 ;
F. A. Grekul,
Slavjano-moldavskie
letopisi
XV-XVI vv.
(Les
chroniques
slavo-moldaves
des
XV-XVIe
ss.),
Moscou,
1976,
pp. 55-60. Pour
la
date
de la
Voskresenskaja
letopis1,
voir
S. A. Levina, O
vremeni sostavlenija i
sostavitele Voskre-
senskoj
letopisi
XVI
veka" (A propos
de la
date et
de
l'auteur
de la
Voskresenskaja letopis' du XVIe siècle), Trudy
otdela
drevnerusskoj
literatury, XI,
1955.
pp. 375-379. La chronique
moldavo-russe a été étudiée
notamment
par l. Bogdan, Vechile
cronici moldovenesti pana la
Ureche
(Les anciennes
chroniques
moldaves
jusqu'à
Ureche), Bucarest, 1891
;
A. I. Jacimirskij,
"Skazanie
v krátce o moldavskih
gospodarjah
v Voskresenskoj
etopisi"
(Bref récit
sur les
princes moldaves
dans
la
Voskre
senskaja
letopis'),
Izvestija otdelenija
russkogo jazyka
i
slovesnosti
imperatorskoj
Akademii
nauk,
VI,
1903,
pp.
88-
119 ; A. V. Boldur, "Cronica slavo-moldoveneascá din cuprinsul
letopisei
ruse
Voskresenski"
(La chronique slavo-moldave des
annales russes
du monastère de
la Résurrection), Studii,
5f
1963,
pp. 1105-1116.
54.
F.
A.
Grekul,
op. cit., pp. 11-13
(liste
complète des
manuscrits).
55. Un passage
de cette
lettre a intrigué tous les
spécia
listes. Il s'agit
de
l'adresse
qui sonne ainsi : "Velikomu
kralju
Vladislavu
zlatyj zátok rekše
Ougor'skomu".
P. P.
Pa-
naitescu
(Cronicile.
. . , op. cit., p. 159) traduit : "Marelui
crai Vladislav, numit tesàtura
de
aur,
al
Ungariei". A. l. Ja
cimirskij
'art.
cit.,
p.
100
et
n.
23)
croyait
qu'il
y
avait
là le souvenir des mines
d'or
du
pays
et
cite une cosmographie
traduite en vieux-russe
"s
rimskago
jazyka",
où
on
nous
dit
que
les
rois de Hongrie
s'intitulaient
les
"pères de
l'or"
(zlatyja otocy) "parce
qu'on exploite
beaucoup de mines
et
les
pièces d'or hongroises
vont
par tous
les pays".
Enfin,
I. Bogdan (Vechile cronici..., op. cit., pp. 63-64) pensait
qu'il s'agissait, dans
le
cas
de
"zlatyj zatok",
d'une
erreur
du
copiste
pour
"zlatyj zařatok",
donc que
le titre
du roi
était
écrit en lettres d'or. Pour nous,
cette
expression reste
toujours
mystérieuse.
Rappelons
toutefois ce qu'en dit
Simion
Dascalul,
un
des continuateurs de
la
chronique de Grigore
Ureche,
au même
passage
:
"Laslàu
craiul
ungurescu,
cari-i
zic filosof"
(Letopisetul
Jàrii Moldovei
/
Les
annales
de
la
Moldavie),
éd.
P. P. Panaitescu, Bucarest, 1955, p. 62.
Or,
Simion Dascalul utilisait des "annales hongroises" ("leatopisejul
cel ungurescu")
qui étaient apparentées
à cette
chronique
moldavo-russe
56. Voir D.
Onciul,
"Papa Formosus în tradi^ia noastrâ
istorica" (Le pape
Formose dans
notre
tradition
historique),
in Lui Titu Maiorescu omagiu, XV februarie MCM (Hommage à
Titu Maiorescu,
le 15
février
1900), Bucarest, 1900,
pp. 620-
631 ; rééd. in Scrieri
istorice
(Ecrits
historiques),
éd.
par
A.
Sacerdojeanu,
Bucarest,
1968, II,
pp. 5-18 ; I. Dujčev,
Uno
studio inedito
di
Mons.
G.
G.
Ciampini
sul
papa
Formoso",
Medioevo bi/.ant mo-slavo, Rome, 1965, I, pp. 149-181 ; id.,
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
http://slidepdf.com/reader/full/cazacu-sursele-autocratiei-ruse 32/36
AUX
SOURCES
DE L'AUTOCRATIE RUSSE 37
"Testimonianza
epigrafica
délia missione di
Formoso,
vescovo
di Porto, in
Bulgaria
(a. 866-7)", in
ibid.,
pp. 183-192.
57 .
D.
Onciul, "Dragos si Bogdan fundatorii principatuluioldovenesc" (Dragos
et
Bogdan, les fondateurs
de
la
prin
cipauté moldave), Convorbiri literare, XVIII, 1884 ; rééd.
in Scrieri
istorice,
op. cit., I, p. 93.
58 .
G.
Bràtianu, Tradijia
istoricâ
despre
'întemeierea
statelor
românesti
(La tradition
historique de
la fondation
des
Etats
roumains), Bucarest, 1945, pp. 158 sq.
; id.,
"In
jurul întemeierii statelor românesti. II. Contributii
la
istoria
întemeierii statelor românesti" (Autour
de
la fondation
des
Etats
roumains. II. Contributions à
l'histoire
de
la
fondation
des Etats roumains),
Ethos
(Paris), III, 1982,
pp.
64-65.
59. D. Onciul,
"Dragos...", art. cit., pp. 115-116.
60.
B.
P. Hasdeu, Negru Voda.
Un
seed si jumState
din
începuturile
statului
Jerei
Românesti.
1230-1380
(Le
prince
Negru. Un siècle et demi
d'histoire
des débuts de l'Etat
Valaque. 1230-1380), Bucarest, 1898, pp. CXXXIX-CXLII
;
N.
Iorga, Istoria
literaturii
românesti în secolul al XVIII-lea.
1688-1821 (Histoire de
la littérature
roumaine du XV
II
le
siècle.
1688-1821), Bucarest,
1928, II
; rééd. par B. Theodorescu,
Bucarest, 1969, p. 455.
61. Voir
notamment
S. Papacostea, "La fondation
de la
Valachie et
de
la
Moldavie
et
les
Roumains
de
Transylvanie :
une
nouvelle
source", Revue
roumaine
d'Histoire, XVII,
3,
1978,
pp. 389-408 ;
id.,
Triumful luptei pentru neatârnare :
tnte-
meierea Moldovei si
consolidarea
statelor feudaie românesti"
(Le
triomphe
de
la
lutte
pour
l'indépendance
:
la
fondation
de
la
Moldavie
et la consolidation
des
Etats
féodaux
roumains),
in *.'. Stoicescu, éd., Constituirea stateLor feudaie românesti
(La constitution des Etats féodaux roumains), Bucarest, 1980,
pp. 165-194
;
M. Holban,
Din
cronica relajiilor româno-ungare
în secolele XIII-XIV (Pages
de
la chronique des relations
roumano-hongroises aux XHI-XlVe ss.), Bucarest,
1981.
Parmi
les
ouvrages plus anciens, citons
G.
Brâtianu, "Les
rois
de
Hongrie
et
les principautés roumaines au XlVe siècle, Bulletin
de la Section
historique
de l'Académie roumaine,
XXVIII,
1947,
pp. 67-105.
62.
N.
lorga, Istoria
Românilor (Histoire
des Roumains)
;
III
:
Ctitorii
(Les
fondateurs), Bucarest,
1937,
p.
214.
Voir
aussi
l'ouvrage
fondamental de
R. Popa,
Jara Maramuresului
fn
veacul al
XIV-lea
l Le
pays du Maramures au XlVe
siècle),
Bucarest,
1970, pp.
248-256 (le domaine des Dràgosesti).
63.
F.
Miklosich, J.
Miiller,
Acta
Patriarchatus
Constan-
tinopolitani, Vienne, 1862, II,
pp. 156-157,
n°
CCCCXXVI ;
trad,
roumaine chez
E.
Hurmuzaki, N. lorga, Documente privi-
toare
la istoria
românilor ( Documents
concernant l'histoire
des Roumains), Bucarest, 1915, XIV, 1ère
partie.
64. A corriger dans ce sens
l'affirmation
récente selon
laquelle ils seraient des "Moldavian Orthodox
hospodars"
(J. Meyendorff, Byzantium and the rise of
Russia.
A study of
Byzant
mo-Russian relations in
the
fourteenth
century,
Cam
bridge,
1981,
p.
249).
Pour
la
famille,
voir
T.
Gostynski,
R.
Ciocan, "La famille
de Dragosh
en
Pologne", Иакаша,
Bucarest, VIII, 1945, pp. 141-144.
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
http://slidepdf.com/reader/full/cazacu-sursele-autocratiei-ruse 33/36
38 MATEI CAZACU
65.
F.
Miklosich, J. Muller, op.
cit.,
II, n° CCCCXXVII,
p. 157.
66. J.
Pelesz,
Geschichte der Union der
ruthenischen
Kirche
mit
Rom
von
den
ersten
Zeiten
bis
in
die
Gegenwart,
Vienne,
1878, I, pp. 471 sq.
;
A. Bunea, "Episcopi
de
Haliciu în
Transilvania si Ungaria" (Les évêques de
Halič en
Transyl
vanie
t en Hongrie), in
Přinos
lui
D.
A. Sturdza la împli-
nirea
celor
septezeci
de
ani (Hommage
à D.
A. Sturdza pour
ses
soixante-dix ans),
Bucarest,
1903, pp.
131-145 ; C. Mari-
nescu, "Infiinjarea
mitropoliilor
în
Tara
Româneascà si
Moldova"
(La
création
des
métropolies en Valachie et en
Moldavie),
in Memoriile
secjiunii
istorice (Mémoires
de
la
section d'histoire
de l'Académie roumaine),
III, II, pp.
255-
268 ;
A.
M. Ammann,
Abriss der
ostslawischen Kirchengeschichte,
Vienne, 1950,
pp.
106-110, 195-197 ; P.
P.
Panaitescu, Ince-
puturile
si
bîruinta
scrisului
în
limba
românà
(Les
débuts
et la victoire
de
l'écriture
en
langue roumaine), Bucarest,
1965, pp. 84 sq.
67.
A.
Bunea, art. cit.,
pp.
137-144 ;
0.
Halecki, From
Florence
to
Brest
(1439-1596), Rome,
1958, pp.
84
sq.
("Sacrum
Poloniae Millenium", V).
68. Cf. P. P. Panaitescu, Inceputurile. . . , op. cit., p. 87 ;
voir aussi
la
discussion
de
l'acte
chez
M. Pàcurariu, Incepu
turile
mitropoliei Transilvaniei
(Les
débuts
de
la
metropolie
de
Transylvanie), Bucarest,
1980,
pp.
67
sq.
69.
N. Iorga,
Scrisori
si inscriptii ardelene
si
maramu-
resene
(Lettres
et
inscriptions de
Transylvanie et
du Mara-
mures),
Bucarest,
1906,
I,
p.
XLIII.
70. Z. Pâclisanu, "Diploma din 14 mai 1494
a
regelui
ungar
Vladislav II (Le
diplôme du
14
mai
1494 du
roi de
Hongrie Vladislav II), Revista
istoricâ românà,
XIII, 1943,
pp. 101-105, publie l'original.
71.
N.
Iorga,
Scrisori..., op. cit., pp. XLIII-XLIV
;
P. P. Panaitescu, Inceputurile..., op. cit., pp. 92 sq.
72. M. Pàcurariu, Inceputurile...,
op.
cit., qui donne
la
bibliographie
de la
question.
73. Voir les
exemples
dans ibid., pp. 57-58, 73 sq.
74.
Ibid.,
pp. 82-88.
75. Cf.
ibid.,
p. 98, où l'auteur
affirme
que le terme de
métropolite
ne
se
trouve
pas
dans
les
actes
de
la
chancellerie
médiévale, car
"il
était
inconnu
dans
l'Eglise
occidentale".
Cette affirmation fait
fi
de tous
les
dictionnaires de la
latinité
médiévale - rappelons seulement
Du Gange, Niermeyer,
Bartal... D'ailleurs,
à la p. 67 de son
propre livre,
M. Pàcu
rariu cite
un
acte latin
de
1479 où
on
parle
de
"lowannych
metropolitanus Nandoralbensis"
76.
Cf.
D.
Prodán,
Supplex libellus
Valachorum, Bucarest,
1967, passim.
77.
Voir
à
ce
sujet le
livre
fondamental de A. Armbruster,
La romanité des Roumains. Histoire
d'une
idée, Bucarest, 1977.
78. I.
Bogdan,
Vechile cronici..., loc. cit. ; P. P.
Pa
naitescu
Cronicile.
. .
,
op.
cit.,
p.
153.
79.
Ibid.
80.
I.
Bogdan, Vechile
cronici...,
op. cit. ; rééd. in
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
http://slidepdf.com/reader/full/cazacu-sursele-autocratiei-ruse 34/36
AUX
SOURCES DE
L'AUTOCRATIE RUSSE 39
Scrieri
alèse (Oeuvres choisies), éd.
par G. Mihàilà, Bucarest,
1968, p. 317.
81. Voir I1 enumeration
chez
M. E.
Byčkova, "ObSčie
tra
dicii... ,
art.
cit.,
p.
296.
82. P.
P. Panaitescu,
Cronicile. . . , op. cit.,
pp. 153-154.
83. Grigore Ureche, Letopise^ul
Târii Moldovei,
op. cit.,
p. 132
;
G. Bezviconi, Contribuai la istoria relajiilor româno-
ruse /
din cele mai vechi
timpuri pânà la
mijlocul
secolului
al XIX-lea (Contributions à l'histoire
des
relations
roumano-
russes / depuis
les temps
les plus reculés jusqu'au milieu du
XIXe siècle),
Bucarest,
1962, p. 46.
84. M.
E.
Byčkova,
"ObSčie
tradicii... , art. cit., p. 298 :
"II
faut rappeler
qu'au
moment
de
la composition
de
la
légende
généalogique russe, la
chronique moldave était déjà
arrivée
à
Moscou
et
a pu
exercer
une
influence sur les
idées
de la
légende
russe."
85. A.
A.
Zimin, éd., Sočinenija I. Peresvetova (Les oeu
vres
d'I. Peresvetov),
Moscou-Leningrad,
1956.
86.
V.
Ržiga, "Ivan Peresvetov, publicist XVI veka"
(I. Peresvetov,
un
publicisté du XVIe
siècle),
in
Čteni ja
v
ObSčestve istorii
i drevnostej
rossijskih
pri Moskovskom
uni-
versitete, 1, 1908, pp. 1-84 ; id., "1.
S.
Peresvetov i
zapad-
naja kul'turno-istoriceskaja sreda"
(I.
S.
Peresvetov
et
le
milieu
culturel
et
historique occidental), Izvestija
otdelenija
russkogo
jazyka i slovesnosti
Akademii
nauk,
XVI, 1911,
pp.
169-174.
87. W. Philipp, "Ivan
Peresvetov und
seine Plane zu
einer
Erneuerung des
Moskauer
Staates",
Zeitschrift
fur
osteuro-
pàische Geschichte,
VIII,
1934, pp. 465-507
;
id.,
Ivan
Pe
resvetov und seine
Schriften
zur Erneuerung des
Moskauer
Reiches, Konigsberg-Berlin, 1935
("Osteuropàische
Forschungen",
N.
F., 20).
88.
P. P.
Panaitescu, "Petre Rares si
Moscova"
(P. Rares
et
Moscou), extrait de
In memoria lui Vasile Pârvan (A la
mémoire de V. Pârvan), Bucarest, 1934,
pp.
13-16.
89. St. Ciobanu,
"Domnitorul
Moldovei
Petre
Rares în
lit
eratura
rusa
veche"
(Le prince
de
Moldavie
P.
Rares
dans
la
littérature
vieux-russe),
Revista
istoricâ românà, XIV, 1944,
pp. 316-353.
90. C. Backvis, "Les
Slaves
devant la
'leçon1
turque à
l'aube
des
temps
modernes",
Revue
de
l'Université
de
Bruxell
es,
il,
1954-1955, pp.
137 sq.
91. A. A. Zimin,
l.
S. Peresvetov
i
ego sovremenniki
(l.
S. Peresvetov
et
ses contemporains), Moscou,
1958.
92. A. Danti, "Ivan Peresvetov :
osservazioni
e proposte",
Ricerche
slavistiche,
Xll,
1964,
pp. 3-64.
93.
D.
Matuszewski, Peresvetov: the
Ottoman
example and
the Muscovite
state,
Ph.
D.
dissertation, Un.
de
Washington,
1972.
94. D. Svak, К voprosu
ob ocenke
dejatei'nosti Ivana
Peresvetova" (A propos de l'appréciation
de
l'activité d'Ivan
Peresvetov), Studia Slavica Academiae scientiarum
Hungaricae,
XXIV, 1978,
pp.
55-80.
95. A. A. Zimin,
éd., Sočinenija...,
op. cit., pp. 170-184 ;
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
http://slidepdf.com/reader/full/cazacu-sursele-autocratiei-ruse 35/36
40
MATEI
CAZACU
trad,
roumaine St.
Ciobanu,
art. cit.,
pp.
342-352 ;
M. Holban,
éd., Calatori
straini
despre
tarile romane
(Voyageurs
étrangers
dans les pays roumains), Bucarest,
1968,
I,
pp.
452-463.
96.
A. A.
Zimin,
Sočinenija...,
op.
cit.,
pp.
171, 173, 177,178,
183.
97. Ibid., p. 183.
98. Fr. Dôlger, "Zur Bedeutung von уЛотсуас und
<p«.Xoa-o<pc« in byzantinischer Zeit", in Byzanz und die
europàische Staatenwelt. Ausgewàhlte Vortràge und Aufsàtze,
Darmstadt, 1976, pp. 197-209.
99. R.
Manolescu,
"Cultura
orà§eneasca
în Moldova în a
doua jumâtate
a
secolului al
XV-lea"
(La culture urbaine en
Moldavie
dans
la seconde
moitié
du
XVe siècle),
in M. Berza,
Cultura moldoveneascâ m timpul lui
Stefan cel Mare. Culegere
de
studii fngrijitâ (La culture moldave au temps d'Etienne
le
Grand. Recueil
d'études),
Bucarest,
1964,
pp.
79-81.
100.
I.
Nistor,
Die
moldauischen
Ansprûche auf
Pokutien,
Vienne,
1910,
in Archiv fur osterreichische Geschichte ;
P. P. Panaitescu, "Petre Rares si
Moscova",
art.
cit. ;
E. Volkl, Das
rumànische Fùrstentum Moldau
und die Ostslaven
im 15.
bis
17. Jahrhundert,
Wiesbaden, 1975 ("Verôffentlichun-
gen des Osteuropa-Institutes Munchen", Reihe : Geschichte,
Band 42).
101.
A. A.
Zimin, Sočinenija..., op. cit., p. 170.
102.
Cl.
Backvis, art. cit., p. 140.
103. Cf. M. Szeftel, "The
epithet groznyj
in
historical
perspective",
in Festschrift G.
Florovski,
The religious
world
of Russian culture, II, La Haye,
1975,
pp. 101-116. La con
clusion
est
que
les
termes
groznyj,
grozno
et groza,
"examined
in historical context prior to the
reign
of
Ivan IV and
outside
of his
personal characteristic,
do
not
convey any meaning
of
political terror
or
personal
cruelty.
What appears instead
is a high
idea
of
public authority
vested in the
ruler's
person..." (p. 106). On traduira donc groznyj
de
preference
par
"majestueux", "qui
inspire de la reverence".
104.
A. A. .Zimin,
Sočinenija. . . , op. cit., p. 175.
105.
Ibid.,
p. 179.
106.
Ibid.,
p. 180.
107.
Ibid.,
p. 176. Les remarques
de Rares,
sont confirmées
par tout ce
que
nous
savons
sur l'histoire économique
du
XVe
et du
début du
XVIe
siècle.
Cf.
N. Iorga,
Points
de vue
sur
l'histoire
du
commerce
de l'Orient à l'époque moderne,
Paris, 1925, pp. 4-25
; D.
A.
Zakythinos, Crise
monétaire
et crise économique
à
Byzance
du
XI
lie
au XVe siècle,
Athè
nes, 1948, principalement
pp.
117-143
(la
réaction
des
intel
lectuels). On notera les paroles du
cardinal
Bessarion
déplo
rant
la "mollesse
et l'inertie"
des Péloponnésiens
au milieu
du
XVe
siècle.
Les
termes
employés
sont (-охХоскСх
et
^З/VxkeÚcx. ;
H.
Inalcik,
The
Ottoman
Empire.
The classical age 1300-1600,
Londres,
1975
; N.
Beldiceanu, Recherches
sur
la ville
ottomane
au
XVe
siècle, Paris, 1973
;
E. Werner,
Die
Geburt einer
Grossmacht - Die
Osmanen (1300-1Л81).
Ein
Beitrag zur Genesis
des tùrkischen
Feudalismus,
Berlin,
1978(3),
surtout
pp.
300-
328.
("Forschungen zur mittelalteriichen
Geschichte",
Band
13).
7/23/2019 Cazacu, Sursele Autocratiei Ruse
http://slidepdf.com/reader/full/cazacu-sursele-autocratiei-ruse 36/36
AUX
SOURCES DE
L'AUTOCRATIE RUSSE 41
108. Voir dernièrement
L.
Simanschi,
éd.,
Petru Rares
(P. Rares),
Bucarest, 1978, pp. 48-53 (contribution de I.
To-
derascu).
109.
A. A.
Zimin,
Socinenija...,
op.
cit.,
p.
180.
110. K.
Nevostrujev,
"Tri hrisobulje
u
Hilandaru"
(Trois
chrysobules à Hilandar), Glasnik
srpskog učenog
društva
(Belgrade), XXV,
1869,
pp. 28Л-287 ; trad, roumaine
dans
Documente privind istoria , op. cit., Série A, Moldova, 1 :
1501-1550,
Bucarest, 1953, p. 357 (cité infra
D1R).
111. A. A. Zimin, Socinenija. . . , op. cit., p. 183 ;
les
au
tres exemples sont dans ibid.,
pp.
173, 176.
112.
E.
Hurmuzaki, I. Bogdan, op.
cit.,
Supplément, II,
1, Bucarest, 1893, pp. 72
sq.
N. Iorga, Scrisori de boieri.
Scrisori de
domni (Lettres
de
nobles.
Lettres de
princes),
Vâlenii
de
Munte,
1931,
p. 193,
n°
XXII.
113.
Original
de
l'acte
dans
le
volume
Moldavija
v
epohe
feodalizma (La Moldavie à l'époque
féodale),
Kichinev,
1961,
I, p.
53
;
une
copie
du
XIXe
siècle est dans
D1R, I, pp. 609-
610.
Voir L.
Simanschi, "Autenticitatea si datarea unor acte
publicate
în Documente privind istoria României"
(L'authent
icitét la datation
de
certains actes publiés dans DIR),
in
Anuarul
Institutului de
istorie
si
arheologie
'A. D. Xenopol1
din lasi,
196Д, I,
pp.
92-93.
11Л. A. A. Zimin, Socinenija..., op. cit., p. 170. Cf.
N. Iorga, Une source négligée de la
prise
de
Constantinople",
Bulletin
de
la Section
historique de l'Académie roumaine,
XIII, 1927 ;
B.
Unbegaun, "Les relations vieux-russes
de
la
prise
de
Constantinople",
Revue
des
Etudes
slaves,
IX,
1929,pp. 13-38
; rééd.
in
Selected
papers
on Russian
and Slavonic
philology, Oxford, 1969, pp.
1-26
(critique
les
thèses de
Iorga) ; A. Pertusi,
éd.,
La caduta di Constantinopoli ; I :
Le testimonianze
dei contemporanei, s.l., 1976, pp. 261-298.
Voir aussi plus haut, p. 27-
115. Voir là-dessus les considérations
d'O. Tafrali,
"Le
siège de Constantinople dans
les
fresques des églises de
Bukovině",
in Mélanges offerts
à Gustave Schlumberger. . .
,
Paris, 192Л,
pp.
456-461
;
S. Ulea, "L'origine et la signifi
cation idéologique
de
la peinture
extérieure
moldave"
(1),
Revue
roumaine d'Histoire, I, 1,
1963,
pp. 29-71 ; id., "Ori-
ginea si semnificatia
ideologicâ
a picturii exterioare moldo-
venesti"
(II),
Studii
si
cercetâri
de
istoria
artei. Séria
Artà
plasticà, XIX,
1, 1972, pp.
37-53.