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Bulletin d'information n°70 édité par le C.E.R. tél 05-61-13-04-16 E-Mail : e C.E.R.C.L ADAMA BU Editoriaux Voyage du C.E.R.C.L.E. en ALBANIE Club lecture « Le Luth d’ébène » de pa nayiotis agapitos Club lecture « La Nuit des morts » de José Angel Manas Assemblée Générale du C.E.R.C.L.E. Ciné-Club « Stella » de Michael Ca- coyannis Conférence « Le rayonnement de By- zance » par Jean Sotiropoulos Club lecture « Les cavaliers » d’Aristophane Fête de Noël Editoriaux Avec ce premier l’an 2016 je veux, tout d haiter à chacune et chac leure année possible. Q exempte de soucis, de c morales ou physiques q tent », bousculent ou en 1 .C.L.E. Franco-hellénique C/ Goethe Institut 4 bis, rue C elagarto@club-internet.fr Site Internet : http://cercle.tou L.E. FRANCO-HELLENIQU ANTIOS AGATHOPOULOS LE ULLETIN d’information Sommaire Page 1 Si nous parlions cuisine E Page 4 Le florilège antique : l’ Acan a- Page8 Ma Mère disait…. Page9 Traductions et textes à tradu Page 11 Compositions des élèves des de grec Page 12 L’Autan des mûres sauvages Page 12 In memoriam : Le génocide arméniens Page 13 Ciné-Club « Alp » de Yorgos thimos Page 14 Agenda du C.E.R.C.L.E. bulletin de d’abord, sou- cun la meil- Qu’elle soit ces difficultés qui « chahu- ntravent nos vies. En cette fin 2015, dé de la Présidence du CER STAMATIS KAMPOURA gement ! Et, pourtant ces présidence m’ont beaucou personnel. Imaginer, mon prendre à taper à toutes Clémence Isaure -31000 Toulouse ulouse.free.fr/ Février 2016 N°70 UE S Page 15 nthe Page 16 Page 17 uire Page 17 s cours Page 18 s Page 19 e des Page 19 s lan- Page 20 Page 20 ébut 2016 le flambeau RCLE a été confié à A, à mon grand soula- s quelques années de up apporté sur le plan nter des projets, ap- les portes pour leur

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  • Bulletin d'information n°70 édité par le C.E.R.C.L.E. Francotél 05-61-13-04-16 E-Mail : elagarto@club

    C.E.R.C.L.E. FRANCO

    ADAMANTIOS AGATHOPOULOS

    BULLETIN

    Editoriaux Voyage du C.E.R.C.L.E. en ALBANIEClub lecture « Le Luth d’ébène » de pa-nayiotis agapitos Club lecture « La Nuit des morts » de José Angel Manas

    Assemblée Générale du C.E.R.C.L.E.

    Ciné-Club « Stella » de Michael Ca-coyannis Conférence « Le rayonnement de By-zance » par Jean Sotiropoulos Club lecture « Les cavaliers » d’Aristophane Fête de Noël

    Editoriaux Avec ce premier bulletin de

    l’an 2016 je veux, tout d’abord, sohaiter à chacune et chacun la meileure année possible. Qu’elle soit exempte de soucis, de ces difficultés morales ou physiques qui «tent », bousculent ou en

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    édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique C/ Goethe Institut 4 bis, rue Clémence Isaure [email protected] Site Internet : http://cercle.toulouse.free.fr/

    C.E.R.C.L.E. FRANCO-HELLENIQUE

    ADAMANTIOS AGATHOPOULOS

    LE

    BULLETIN d’information

    Sommaire

    Page 1 Si nous parlions cuisine E.R.C.L.E. en ALBANIE Page 4 Le florilège antique : l’ Acanthe

    a- Page8 Ma Mère disait….

    Page9 Traductions et textes à traduire

    Page 11 Compositions des élèves des cours de grec

    Page 12 L’Autan des mûres sauvages

    Page 12 In memoriam : Le génocidearméniens

    Page 13 Ciné-Club « Alp » de Yorgos thimos

    Page 14 Agenda du C.E.R.C.L.E.

    Avec ce premier bulletin de

    l’an 2016 je veux, tout d’abord, sou-cun la meil-

    Qu’elle soit exempte de soucis, de ces difficultés morales ou physiques qui « chahu-

    ntravent nos

    vies.

    En cette fin 2015, début 2016 le flambeau de la Présidence du CERCLE a été confié à STAMATIS KAMPOURA, à mon grand soulgement ! Et, pourtant ces quelques années de présidence m’ont beaucoup apporté sur le plan personnel. Imaginer, monter des projets, aprendre à taper à toutes les portes pour leur

    hellénique C/ Goethe Institut 4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse http://cercle.toulouse.free.fr/

    Février 2016 N°70

    HELLENIQUE

    ADAMANTIOS AGATHOPOULOS

    Page 15 : l’ Acanthe Page 16

    Page 17

    Traductions et textes à traduire Page 17

    Compositions des élèves des cours Page 18

    L’Autan des mûres sauvages Page 19

    : Le génocide des Page 19

    Yorgos lan- Page 20

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    En cette fin 2015, début 2016 le flambeau de la Présidence du CERCLE a été confié à

    POURA, à mon grand soula-tant ces quelques années de

    présidence m’ont beaucoup apporté sur le plan ner, monter des projets, ap-

    prendre à taper à toutes les portes pour leur

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    Bulletin d'information n°70 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique C/ Goethe Institut 4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-13-04-16 E-Mail : [email protected] Site Internet : http://cercle.toulouse.free.fr/

    réussite…je ne me savais pas capable de cela ! Et je le fus parce que j’étais portée par le CERCLE.

    Je crois profondément aux valeurs d’ouverture culturelle, d’échangespromus par le CERCLE. Musique, cinéma, conférences et voyages. Que soient ici, une fois de plus remer-ciés Line et Nicolas Familiadès. Voyages qui, outre la possibilité d’admirer de visu les sites nous ont fait approcher d’autres Histoires, en Italie, en Turquie, en Libye, en Albanie…

    Tout au long de ma présidence je me suis appuyée sur la Conseil d’Administration essayant d’avoir une direction la plus démocratique pos-sible. Et j’ai été très entourée par les secrétaires, Jean, Lydie, André, les trésoriers, Luc puis Irène, et selon les activités par tous les autres, Christos pour la fête nationale, Andréas pour la Pâques, Pierre pour le bulletin, et toutes les petites mains pour le loto et Jean et Cécile Sotiropoulos tou-jours présents au Forum des langues !

    Au fil des ans j’ai souvent alerté sur le be-soin de nous renouveler….voilà ! Je passe le re-lais à STAMATIS qui partage ce souci et travail-lera à ce que le CERCLE devienne un pôle at-tractif pour les « jeunes ».

    Ayant fait l’expérience de l’importance af-fective et effective d’un entourage solide nous resterons pour l’aider, le seconder.

    Je vous remercie à tous et que les vents soient favorables au CERCLE !

    Je souhaite pour en finir avec ces édito-riaux qui furent une de mes charges la plus re-doutée donner ces deux poèmes de Ritsos, sim-plement parce que je les aime et pour les parta-ger

    GHISLAINE MAGOGA

    Extrait de Dix-huit petites chansons de la patrie amère

    Peuple

    « Un petit peuple qui lutte sans les sabres ni

    les balles

    pour le pain du monde entier, pour la lumière

    et la chanson.

    Il retient dans sa gorge lamentations et ova-

    tions

    Et, s’il se risque à les chanter, les pierres se

    fendent »

    « Λαός »

    Μικρὸς λαὸς καὶ πολεμᾶ δίχως σπαθιὰ καὶ

    βόλια

    Γιὰ ὅλου τοῦ κόσμου, τὸ ψωμί τό φῶς καί, τό

    τραγούδι.

    Κάτω ἀπ’τὴ γλώσσα του κρατεῖ τούς βόγγους

    καί τά ζήτω

    Κι ἂν κάνει πὼς τὰ τραγουδεῖ ραγίζουν τά

    λιθάρια.. »

    Extrait de La marche de l’océan

    « Et il y a les mâts qui s’obstinent

    à mesurer les étoiles

    avec le secours du souvenir paisible

    -une gerbe de mouettes dans la sérénité de

    l’aube »

    Τὸ εμβατήριο τού ωκεανού

    «Κ’ εἶναι τὰ κατὰρτια πού ἐπιμένουνε

    νά μετρήσουν τ’ἄστρα

    μὲ τή βοήθεια τῆς ἤρεμης ἀνάμνησης

    _μιὰ ἀνθοδέσμη γλάρων στήν αυγινή εὐδία »

    Καινούριο ξεκίνηµα

    Ο Ιανουάριος αποτελεί τη στιγµή που αφήνουµε πίσω µας το παλιό έτος και κοιτάµε προς το µέλλον.

    Ανέκαθεν παροµοίαζα την

    Πρωτοχρονιά µε µια καθαρή λευκή σελίδα στην οποία σταδιακά γράφονται όλα αυτά που θα σηµατοδοτήσουν το εκάστοτε έτος. Παρότι πολλά

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    Bulletin d'information n°70 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique C/ Goethe Institut 4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-13-04-16 E-Mail : [email protected] Site Internet : http://cercle.toulouse.free.fr/

    πράγµατα συνεχίζονται ακριβώς όπως πριν, ο µήνας αυτός θεωρείται συχνά σαν ένα καινούριο ξεκίνηµα που µας δίνει δύναµη και διάθεση να δηµιουργήσουµε και να υλοποιήσουµε τους στόχους µας µε τον καλύτερο δυνατό τρόπο.

    Η ανάθεση της προεδρίας του Γαλλο-Ελληνικού Συνδέσµου, τον περασµένο Νοέµβριο, αποτελεί µια ιδιαίτερα τιµητική αλλά και συνάµα υπεύθυνη υπόθεση. Τιµητική, καθώς άνθρωποι που πιστεύουν σε εµένα µε επέλεξαν για να µου παραδώσουν τα ηνία του συλλόγου µας. Τους ευχαριστώ θερµά και τους διαβεβαιώνω ότι θα καταβάλω κάθε δυνατή προσπάθεια για να φανώ αντάξιος της εµπιστοσύνης τους και να µην απογοητεύσω τις προσδοκίες τους. Υπεύθυνη, καθότι ενυπάρχει, άµεσα ή έµµεσα, η προσδοκία ανανέωσης ενός συλλόγου που ψάχνει µια δεύτερη νεότητα, επιθυµεί να φέρει κοντά του τις νεώτερες γενιές, να απαριθµήσει νέα µέλη, να ενισχύσει τις υπάρχουσες δραστηριότητές του και να αναπτύξει καινούριες, να διασφαλίσει τη συνέχειά του χαράζοντας νέες προοπτικές.

    Τα πρώτα βήµατα γίνονται ήδη.

    Η Πρωτοχρονιάτικη γιορτή που πραγµατοποιήσαµε το Σάββατο 16 Ιανουαρίου στέφθηκε µε επιτυχία. Φέτος µας τίµησαν περισσότεροι από 80 συµµετέχοντες. Φαγητό, ποτό, χορός και κέφι συνέβαλαν στο να περάσουµε όλοι µαζί µια αξέχαστη βραδιά, πάντα µε την ορχήστρα του Νικόλα Σύρου να µας διασκεδάζει.

    Επιτυγχάνουµε εκ νέου τη σύσφιξη των σχέσεών µας µε το Γενικό Προξενείο της Ελλάδας στη Μασσαλία. Με χαρά και τιµή υποδεχόµαστε τον ίδιο τον Γενικό Πρόξενο, Κύριο Στυλιανό Γαβριήλ, την Τετάρτη 10 Φεβρουαρίου στο Goethe Institut.

    Εµπλουτίζουµε την ταινιοθήκη του συλλόγου αυξάνοντας σηµαντικά τον αριθµό προβολών. Προτείνουµε πλέον σύγχρονες αλλά και κλασσικές ελληνικές ταινίες, κωµωδίες ή δράµατα, σε µια προσπάθεια να ικανοποιήσουµε τους σινεφίλ κάθε ηλικίας.

    ∆ίνουµε έµφαση στις διαλέξεις προσπαθώντας να προσεγγίσουµε νέους οµιλητές και να συνεχίσουµε

    να παρουσιάζουµε θέµατα, όπως το ελληνικό θέατρο και η µυθολογία, τα οποία ενδιαφέρουν ένα ευρύ κοινό.

    Ετοιµαζόµαστε και φέτος να γιορτάσουµε, την Εθνική Γιορτή της 25ης Μαρτίου, σε συνεργασία µε τη ∆ηµαρχία της Τουλούζης. Θέτουµε υποψηφιότητα για την Ευρωπαϊκή Εβδοµάδα. Γιορτάζουµε όλοι µαζί το ορθόδοξο Πάσχα την Πρωτοµαγιά. ∆ίνουµε το παρόν στο Φόρουµ Γλωσσών στο Καπιτόλ. Λειτουργούµε για µια ακόµα χρονιά, ως εξεταστικό κέντρο για την Πιστοποίηση Επάρκειας της Ελληνοµάθειας του Κέντρου Ελληνικής Γλώσσας στη Θεσσαλονίκη, υπό την αιγίδα του Ελληνικού Υπουργείου Παιδείας. ∆ιοργανώνουµε επταήµερη εκδροµή στα ∆ωδεκάνησα. Τέλος, όπως διαπιστώνετε, Αγαπητοί Φίλοι, εγκαινιάζουµε δίγλωσσο editorial, για τους Έλληνες και ελληνόφωνους αναγνώστες µας.

    Κλείνοντας, θα ήθελα να ευχηθώ, το 2016 να είναι µια γόνιµη και αποτελεσµατική χρονιά που θα φέρει ειρήνη και ηρεµία στον πολυτάραχο πλανήτη µας, προσωπική ευτυχία και επαγγελµατική ευηµερία στον καθένα από εµάς, πάντα µε Υγεία. Η βοήθεια όλων σας µου είναι απαραίτητη.

    Nouveau départ

    Janvier est le moment où nous laissons derrière nous l’année passée et où nous fixons le regard vers l’avenir. J’ai toujours comparé le Nouvel An à une feuille vierge sur laquelle seront progressivement écrits tous les événements qui marqueront l’année à venir. Bien que beaucoup de choses continuent à se faire exactement comme avant, ce mois-ci est souvent considéré comme un nouveau départ qui nous donne le courage et l’envie de créer et d’atteindre nos buts de la meilleure façon possible.

    La présidence du CERCLE Franco-Hellénique, qui m’a été confiée en novembre dernier, est non seulement un honneur mais aussi une responsabilité. Un honneur, puisque des gens qui croient en moi m’ont choisi pour me confier les rênes de notre association. Je les remercie

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    Bulletin d'information n°70 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique C/ Goethe Institut 4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-13-04-16 E-Mail : [email protected] Site Internet : http://cercle.toulouse.free.fr/

    chaleureusement et promets de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour être à la hauteur de leur confiance et ne pas décevoir leurs attentes. Une responsabilité puisque, directement ou indirectement, l’attente de renouveler une association qui cherche un second souffle, souhaite s’approcher des nouvelles générations, compter de nouveaux adhérents, renforcer ses activités existantes et en proposer d’autres, assurer sa continuité en traçant de nouvelles perspectives est bel et bien présente.

    Les premiers pas sont déjà faits.

    La fête du Nouvel An que nous avons organisée le samedi 16 janvier fut une réussite. Cette année nous étions plus de 80 participants. Nous avons bien mangé, bien bu, bien dansé dans la bonne humeur, ce qui a contribué à ce que nous passions tous ensemble une soirée inoubliable, toujours en compagnie de l’orchestre de Nicolas Syros qui a animé toute la soirée.

    Nous travaillons à resserrer de nouveau nos liens avec le Consulat Général de Grèce à Marseille. Nous aurons le plaisir et l’honneur de recevoir Monsieur le Consul Général en personne, M. Stylianos Gavriil, le mercredi 10 février au Goethe Institut.

    Nous enrichissons le catalogue de la cinémathèque de notre association et augmentons le nombre de projections. Nous proposons dorénavant divers films grecs, tant modernes que classiques, des comédies et des drames, afin de satisfaire les cinéphiles de tous âges.

    Nous mettons l’accent sur les conférences en tentant de nous orienter vers de nouveaux conférenciers afin de traiter des sujets passionnants, comme le théâtre grec et la mythologie qui intéressent un large public.

    Nous nous apprêtons encore cette année à célébrer la Fête Nationale du 25 mars, en collaboration avec la Mairie de Toulouse. Nous comptons participer à la Semaine de l’Europe. Nous fêterons tous ensemble la Pâque orthodoxe le 1er mai. Nous serons présents au

    Forum des Langues, Place du Capitole. Nous sommes, pour cette année encore, centre d’examen pour obtenir le Certificat de Connaissance de la Langue Grecque, sous la tutelle du Centre de la Langue Grecque à Thessalonique, lui-même sous l’égide du Ministère de l’Education Nationale Grec. Nous organisons un voyage de sept jours dans le Dodécanèse. Enfin, comme vous le constatez, Chers Amis, nous inaugurons un éditorial bilingue pour nos lecteurs grecs et hellénophones.

    Pour finir, j’aimerais souhaiter que 2016 soit une année fertile et profitable qui apportera la paix et le calme à notre planète bien agitée. Je souhaite à chacun de nous également bonheur personnel et réussite professionnelle et surtout une bonne santé à tout le monde. Je compte sur votre aide pour mener à bien mon mandat.

    STAMATIOS KAMPOURAS

    Voyage du C.E.R.LE. en Al-

    banie et F.Y.R.O.M

    7 au 15 mai 2015

    Une capitale multicolore

    De dimension comparable à Toulouse (770000 h), Tirana a une allure de « petite capi-tale ». C’est sa place centrale, la place Skander-berg, qui donne corps à son statut. Elle est cons-

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    truite sur un plan rectangulaire avec de larges perspectives. Depuis la mosquée d’Ethem Bey entourée de verdure et l’une des premières cons-tructions de la ville (1793), jusqu’au musée histo-rique national orné d’une majestueuse frise de pur style réalisme socialiste (1981), en passant par des pavillons aux couleurs pastel évoquant l’Italie, cette diversité des bâtiments qui la bor-dent n’empêche pas une harmonie certaine.

    Mais, à peu de distance, des tours mo-dernes, toutes fraiches ou encore en construc-tion, prouvent que Tirana est dorénavant aussi une ville du 21ème siècle.

    Cette « modernisation » que l’on sent ga-lopante peut laisser pantois. Ainsi la nouvelle ca-thédrale orthodoxe, lourde bâtisse de béton, de verre et de dorures qui ne déparerait pas à Las Vegas est accompagnée d’un clocher à l’allure de fusée Soyouz de 46 m de haut. Inauguré en 2012, l’édifice est déjà submergé par un building voisin à la silhouette tourmentée, le surplombant de plusieurs dizaines de mètres...

    Grâce à une campagne conduite par un maire peintre (de 2000 à 2011) beaucoup d’immeubles de Tirana se sont couverts de cou-leurs. Réputée avant cette date pour sa grisaille, la ville a pris des tons chatoyants et même par-fois criards. Mais, lorsque l’on parcourt des quar-tiers restés « dans leur jus » on ne peut qu’approuver l’édile-artiste et encourager l’audace picturale de ses concitoyens.

    Guerre et paix

    A une quarantaine de km au nord de la capitale, à 600m d’altitude et à flanc de mon-tagne : Kruja et sa citadelle.

    Si Tirana est de construction récente (début 17ème siècle), les origines de Kruja re-montent au 3ème siècle avant JC. C’est ici que se trouve le cœur historique de l’Albanie. Skander-

    berg, héros historique (1405-1468), en fit la capi-tale du premier état albanais. Sous sa conduite et même après sa mort, Kruja résista aux armées ottomanes qui ne prirent la ville qu’en 1478. Skanderberg est évidemment cher aux albanais qui en font le premier père de la patrie, ils lui ont aussi emprunté son emblème, l’aigle bicéphale, pour en faire leur drapeau national.

    Marcher dans les ruelles de Kruja, pa-vées de calcaire lisse et gris, herbues, longées de hauts murs de pierre percés d’ancestrales portes de bois n’autorisant pas le moindre aperçu. Mar-cher, ou plutôt, grimper. La pente laisse ainsi voir les terrasses, au-dessus de chaque maison, ombragées de l’incontournable treille de vigne. Treille productrice de fraîcheur et de calme mais aussi de la précieuse chaleur du raki, boisson emblématique du pays.

    Autre lieu de calme offert à notre visite : le « tekke » de Kruja, composé de deux édifices fraichement repeints, havre de calme blotti sous des oliviers séculaires. Les albanais sont en majo-rité musulmans, avec de fortes minorités ortho-doxe et catholique, mais il s’agit plutôt d’un atta-chement aux traditions. Les religions ne sont pas un fondement identitaire en Albanie, ni un sujet d’oppositions, à la différence des pays voisins des Balkans.

    Une religion exprime cet esprit : le bek-tashisme. Née en Turquie au 13ème siècle, cette confrérie musulmane a son siège en Albanie de-puis le milieu du 19ème siècle. Etrangère à tout prosélytisme, accueillante aux adeptes des autres religions, elle se caractérise par l’ouverture à tous, en permanence, de ses lieux de culte qui sont avant tout des lieux de rencontre : les tekkes, où l’on peut prier, méditer, converser... avec qui est là et disposé à partager un moment.

    Kruja, pour les touristes que nous sommes, c’est aussi -disent les guides- le plus beau marché de souvenirs du pays. Mi-chemin entre authenticité et étalage commercial, mais n’est-ce pas là l’Albanie d’aujourd’hui.

    Modernisme et traditions

    Grand port sur l’Adriatique et seconde agglomération du pays, Durrës est, en quelques images, un condensé de l’Albanie en transition.

    A l’entrée de la ville, la grosse mercedes n’a d’autre choix que d’avancer au pas tranquille du véhicule qui la précède : une carriole attelée d’un cheval placide. Sur un grand mur blanc une inscription à la peinture noire : MAFIA ALBA-NIA, avec une voiture de police garée juste au-dessous. Au théâtre antique un impressionnant dispositif sonore ultramoderne est en cours

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    d’installation pour le meeting d’une candidate aux prochaines élections municipales ; nous y découvrirons aussi de très belles mosaïques du début du christianisme. Les statues monumen-tales de résistants armes à la main, de style très « réalisme socialiste », ponctuent le nouveau front de mer qui a dorénavant pris une allure très « réalisme spéculatif ».

    Au long de la promenade en ville, les singularités de l’Albanie de tous les jours : les ré-servoirs d’eau, cylindres en zinc perchés sur quatre pattes métalliques grêles et rouillées qui surplombent toutes les maisons et assurent un approvisionnement de secours en cas de nécessi-té ; les fils électriques tendus d’un mur à un autre, reliés en écheveaux inextricables ; les tresses d’ail et les nounours en peluche accro-chés aux échafaudages, talismans indispensables à la bonne conduite de tout chantier de cons-truction...

    A Durrës, comme dans les autres cités que nous parcourrons, même les petites, l’omniprésence du commerce autour du dieu au-tomobile. Chaque morceau de voiture a son commerce spécialisé : pneus, jantes, optiques, pare-chocs... soigneusement empilés en grand nombre au long des avenues, sans compter la multitude d’aires de lavage composées d’une ter-rasse et d’un tuyau d’arrosage. Quant aux sta-tions-services, elles sont innombrables et la va-riété des marques de carburant l’est tout autant.

    Ô temps ! Suspends ton vol...

    En direction du lac d’Ohrid, escale à El-

    basan, promenade dans sa citadelle et visite de l’église orthodoxe Sainte-Marie. Long moment passé devant sa magnifique iconostase.

    L’arrivée sur les rives du lac d’Ohrid est particulièrement belle. Le temps gris ajoute une touche supplémentaire à la douce mélancolie dé-gagée par ces lieux dont on comprend qu’ils ont été plus animés. Le lac est vaste et entouré de moyenne montagne, il n’est pas sans évoquer le lac du Bourget et des canots aux couleurs pas-

    sées nous invitent à une promenade nostal-gique... et vous heures propices ! Suspendez votre cours...

    En direction d’Ohrid, passage de fron-tière, à l’ancienne, vers l’Ancienne République Yougoslave de Macédoine (FYROM). Pas de trafic, et pourtant beaucoup de temps pris par des formalités sans doute très balkaniques... En fait nous apprendrons, le lendemain de cette es-capade en « Macédoine », qu’un attentat avait eu lieu la veille dans ce pays, attentat qui réveilla un moment la crainte de nouveaux embrasements dans cette région si sensible.

    Ohrid, jolie station très touristique qui a donné son nom au grand lac, évoque Annecy, pour rester dans la comparaison avec nos lacs savoyards. Outre le charme du lieu, beaucoup de beaux monuments : amphithéâtre romain, mo-saïques, très belle cathédrale byzantine, monas-tère Saint Naum...

    Petite chronique des villes de pierre

    Berat, la « ville aux mille fenêtres » et Gjirokaster, la citadelle ottomane, sont classées au patrimoine de l’Unesco.

    Depuis la rivière, presque à sec à ce moment de l’année, la vue est superbe sur Berat, amphithéâtre de maisons étagées, aux murs blancs percés de multiples fenêtres identiques et coiffées de tuiles pourpres aux pentes douces.

    Gjirokaster, toute de pierres, murs et toits, décrite par Ismaïl Kadaré qui y naquit, est une cité d’histoire et d’histoires. Outre le grand écrivain, Gjirokaster est aussi la ville natale d’Enver Hoxja. Conformément à la réputation de la cité riche de légendes, notre ami Louis, par-ti en solitaire à la recherche d’une voie encore inexplorée, ajouta à l’histoire locale la disparition –heureusement momentanée- d’un janissaire py-rénéen repenti.

    Albanie, pays de citadelles et pays cita-delle. Polikseni, dite Poli, notre charmante guide, nous donna une idée de cette situation pendant les années 1980. Le pays, fermé sur lui-même, déterminé à vivre en autarcie, conduisit ses habi-tants à des conditions de vie difficiles : faire la queue pour acheter du lait, travail bénévole des lycéens et étudiants dans l’agriculture, longues périodes de mobilisations militaires. Le commu-nisme à l’albanaise se résumait ainsi : les parents travaillaient tous les jours, seul le dimanche après-midi permettait le repos, et les grands pa-rents élevaient les enfants. « Moi aussi j’ai pensé que j’avais la chance de vivre en Albanie » nous explique Poli, « nous n’avions aucune information de l’étranger.

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    Bulletin d'information n°70 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique C/ Goethe Institut 4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-13-04-16 E-Mail : [email protected] Site Internet : http://cercle.toulouse.free.fr/

    Au cour de mes études de français, l’écrivain le plus récent que j’ai étudié, c’est Emile Zola ».

    Avant le tournant des années 1980 et dans sa première période, le communisme alba-nais a voulu sortir le pays de sa misère et de son arriération. Au long des routes restent des car-casses d’usines aujourd’hui abandonnées. Mais reste aussi la petite propriété vivrière qui s’était installée à côté des kolkhozes. Une maison avec une terrasse, ombragée de son incontournable treille, un jardinet devant et, derrière, un petit champ tout en longueur, de quoi nourrir la vache et la chèvre. Ces animaux complétant au-jourd’hui leur repas sur la bordure des routes, surveillés par un grand-père ou une grand-mère.

    La Méditerranée, d’hier et d’aujourd’hui

    Appolonia, colonie grecque corin-thienne fondée en 600 av JC et ralliée à Rome fut abandonnée suite à des tremblements de terre au 4ème siècle. Le site ne fut réoccupé -en partie seulement- qu’au 12ème siècle. Ce long abandon a permis la découverte d’un remar-quable matériel archéologique exposé dans un beau musée.

    Butrint, vaste site où se retrouvent les traces et les vestiges de toutes les influences qui ont constitué l’Albanie, depuis l’âge du fer jus-qu’à la fin de l’empire ottoman. La Grèce bien sûr ; la frontière d’aujourd’hui est à quelques ki-lomètres et Corfou à portée de regard. C’est Enée, dit-on, qui donna lors de son entrée en Epire, le nom de βυθροτος à ce lieu. On y voit des murs d’énormes pierres soigneusement join-tées qui évoquent Mycène, tout comme d’ailleurs « une porte du Lion ». Arpenter les vestiges de Butrint, c’est remonter le cours de l’histoire, grecque, romaine, byzantine, vénitienne... dans un site enchanteur et ombragé, offrant maintes perspectives sur la mer et le lac.

    Saranda, ville chère à Poli qui est ici chez elle, est le haut lieu du tourisme en Albanie. Une baie magnifique, tout particulièrement au lever du jour. A quelques brasses au large, Cor-fou.

    Le retour vers Tirana s’effectue par la « Riviera albanaise », cousine de la Riviera fran-çaise ou des côtes ligure ou amalfitaine et, pour l’instant, encore largement sauvage. Chers amis albanais, tirez les leçons de vos voisins méditer-ranéens, attelez-vous à un développement qui préserve la beauté de ces lieux.

    Le Kanun

    Dans une grande partie de l’Albanie, no-tamment dans les montagnes du Nord, les règles de vie ont, pendant des siècles, été fixées et codi-fiées de façon précise et détaillée dans un droit coutumier : le Kanun. Code civil et pénal en vi-gueur depuis le 15ème siècle, le Kanun régit la famille et le mariage, la maison, les bestiaux et les propriétés. Il règle aussi tout ce qui touche à l’honneur, à la parole et au serment... Ses obliga-tions imprègnent encore la société albanaise con-temporaine.

    Ci-dessous quelques extraits significatifs puisés dans une édition scientifique en langue française que nous a très gentiment offert notre guide Poli.

    Le Kanun définit les devoirs réciproques des époux, dans le cadre d’une société patriarcale où la femme est un élément de propriété de l’homme qui a seul pouvoir en toute chose. « La femme n’a pas de droit ni sur les enfants, ni dans la maison » (article 34). « Devoirs du mari envers la femme.

    Le mari a le devoir : a) de procurer à sa femme le vêtement, la chaussure et tout ce qui est nécessaire à sa vie. b) De préserver l’honneur de son épouse et de ne lui donner aucun sujet de plainte quant à ses besoins ». « Devoirs de la femme envers le mari.

    La femme a le devoir : a) de préserver l’honneur de son époux ; b) De le servir sans ré-serves. c) De demeurer sous son autorité. d) De satisfaire au devoir conjugal. e) D’élever et d’éduquer les enfants dans l’honneur. f) D’entretenir vêtements et chaussures. g) De ne pas se mêler des fiançailles de ses fils et de ses filles ». (Article 13).

    De nombreux articles sont consacrés à

    l’hospitalité : « La maison de l’Albanais est à Dieu et à l’hôte ». (Article 96). « Selon le Kanun, on pardonne l’offense faite au père, au frère, au cousin, mais jamais celle faite à l’hôte » (Article 97).

    Sont aussi réglés les intérêts communs, par exemple l’irrigation, vitale pour cette région : « Le bief, celui des champs comme celui des moulins, est d’utilité publique. Il lui faut sans faute un passage et le Kanun fait un devoir, où qu’il coule, de le supporter, que la sujétion soit légère ou lourde »... « Pour une maison, on n’assèche pas un village. Le bien commun l’emporte sur un mal particulier ». (Article 71).

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    Quant aux règles de la « vendetta » -le prix du sang- nombreuses et complexes, elles se résument, notamment, dans l’article 125 : « Dans le Kanun ancien des montagnes de l’Albanie, l’assassin seul tombait dans le sang, c’est-à-dire celui qui avait porté, dégainé et déchargé son fu-sil ou une autre arme contre quelqu’un ». [ ...] « Le Kanun moderne implique tous les hommes de la maison jusqu’aux enfants au berceau, ainsi que les cousins et les neveux, même s’ils vivent de leur côté ».

    JEAN-LOUIS BUTOUR

    Club lecture du 18 Juin 2015 .Le Luth d'ébène (έβενο λαούτο)

    Panagiotis Agapitos (Παναγιώτης Αγαπητός)

    La présentation de Cécile Sotiropoulos nous renseigne sur l'auteur : né à Athènes en 1959, chercheur universitaire et écrivain grec spécialiste de l'histoire, de la littérature et de la culture de Byzance. Panagiotis Agapitos a fait ses études en histoire byzantine et musicologie à Munich et Boston et a obtenu un doctorat à l'Université d'Harvard (en 1990).

    Il est professeur de littérature byzantine à l'Université de Nicosie (Chypre) depuis 1992.

    Il a écrit des romans historiques ayant pour cadre l'Empire byzantin. Le Luth d'ébène a été traduit du grec par Constantin Kaïtéris, et publié en 2013.

    Un cadre historique

    On est plongé en 832, au cœur de l'em-pire byzantin, à Césarée, ville frontalière située en Cappadoce, entre Constantinople et Bagdad.

    Une cité à la limite des mondes musulmans et chrétiens, entre culture arabe et byzantine. La ci-té bouillonne d'activités et d'intrigues de toutes sortes : politiques, sentimentales, commerciales...

    Le roman est doté d'une liste impres-sionnante de personnages, cités au début du ro-man, d'une carte de la ville où se déroule l'in-trigue, un glossaire qui nous éclaire sur les noms et les fonctions des titres, ce qui donne, une sa-voureuse couleur exotique :

    aplikton, amnéroumis, higoumène, cata-phracter, drongaire, logothète...

    L'intrigue

    Découpée en 23 chapitres, qui permet-tent de changer d'atmosphère et de personnages et de se fondre dans l'ambiance inquiétante de cette cité.

    Paisible en surface, la ville est en réalité un chaudron en ébullition. Des silhouettes furtives se glissent le long de ruelles obscures, les ru-meurs d'une guerre proche commencent à circu-ler.

    Non loin des ruines et des limites de la vieille ville, on ourdit des complots pour assou-vir les désirs lubriques de certains.

    Léon, ambassadeur, « protospataire » premier porte-glaive de l'Empereur de Byzance, arrive dans cette ville fortifiée en mission diplo-matique.

    Une arrivée terrifiante : au pied de l'échafaud qui plante le décor, « trois hommes à demi-nus étaient

    empalés sur des pieux pointus érigés sur les larges

    planches d'une estrade en bois. Leurs bras écartés avaient

    été liés à des montants horizontaux formant une croix

    avec les pieux ; leur tête maintenue en arrière par une

    corde. Membres tordus et visages déformés étaient figés

    dans la lumière livide du soleil. »

    Dans la cité, règne une confusion mani-

    feste. Le stratège Nikophoros, commandant mi-litaire de la ville délaisse ses affaires, trop préoc-cupé par la santé défaillante de sa fille et ébranlé par la mort prématurée de son fils. Quand la fille du juge disparaît et est retrouvée quelques jours plus tard, morte et atrocement mutilée, c'est toute la ville qui laisse apparaître sa violence : disparitions et meurtres sauvages de jeunes femmes semblent être légions, et c'est à Léon que le stratège confie alors l'enquête. Le diplo-

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    mate endosse alors le costume de détective et se met en quête des meurtriers.

    Ruelles sombres, militaires violents, moines patibulaires avides et dépravés, com-plots... Les péripéties s'enchainent jusqu'au dé-nouement.

    Le personnage principal, Léon, céliba-taire fasciné par les romans d'amour, s'adonne à la musique sur son luth d'ébène. C'est un per-sonnage riche, réunissant les cultures occiden-tales et orientales. Il connaît le monde arabe, en parle la langue, en savoure la poésie et pratique une musique que lui a apprise le frère du calife de Bagdad avec qui il s'est lié d'amitié.

    On retrouve, dans ce personnage, dans cette ville frontière, les deux cultures qui entre-mêlent Byzance et Bagdad, la chrétienté et l'islam dans une harmonie pacifique. Les rumeurs de guerre restent sous la forme de menace que re-tiennent en bride les tenants éclairés de la cul-ture, de la musique, et de la poésie.

    Ce livre mêle les genres : roman histo-rique, roman policier, contes merveilleux où les personnages changent de genre ou de fonction : Léon se déguise en conteur ambulant, un jeune homme se révèle être une jeune femme sédui-sante, hauts fonctionnaires à double face : le jour aux affaires, la nuit au stupre, moines s'associant à la pègre lubrique ; roman d'apprentissage pour le jeune compagnon de Léon, le « silentiaire » responsable du maintien de l'ordre pendant les audiences, Photios qui découvre la vie et se ré-vèle être d'une riche étoffe : son oraison funèbre de la fille du juge, émeut l'auditoire et donne la mesure de son talent.

    On a remarqué également la richesse des dialogues qui rappellent les échanges de théâtre.

    L’auteur excelle dans la technique narra-tive en enchevêtrant les intrigues, et témoigne aussi dans ses descriptions d'un talent de peintre ; elles ont la précision des enluminures persanes : le labyrinthe des petites boutiques, les échoppes aux monceaux multicolores, des odeurs de friture dans les quartiers hauts en cou-leurs. On relira avec plaisir les pages 55 et sui-vantes à ce sujet.

    C'est en musicologue qu'il décrit le luth, pièce rare : « la coque arrondie et le manche fait d'une ébène exceptionnelle, … la table de résonance en pin blond, avec un chevalet en ébène dont le bas avait la forme d'un serpent à deux têtes … une rosace d'ivoire ciselée, … ses entrelacs d'ivoire recouvrant une ouverture ronde qui donnait au son une meilleure résonance. ». La des-cription de la musique qui s'en élève associe les sons et les décors floraux : voir la page 52.

    Ce roman a été apprécié par tous, mal-gré certaines réserves.

    Le lecteur se perd dans la multitude des personnages. Les nombreuses circonvolutions de l'intrigue, bien qu'elles décrivent avec réalisme les différentes composantes de la ville, estom-pent la vision historique que le lecteur attendait. On attendait aussi davantage d'éléments sur les missions diplomatiques entre Bagdad et Byzance qui étaient si nombreuses au IXe siècle.

    Cette danse des masques de person-nages est dominée par la quête policière ; le lec-teur est plus orienté vers les événements et les sentiments des personnages, oubliant ce moment particulièrement riche de l'Empire Byzantin de l'époque héroïque de Théophile, où les deux empires s'affrontent dans des problèmes de re-construction et de redéfinition de leur identité politique et culturelle, après une période de crises sévères. Période de recherche intellec-tuelle, d'expérimentation littéraire, et qui portait un grand intérêt pour la civilisation arabe, l'archi-tecture, l'artisanat d'art. Richesse née de la coexistence des chrétiens et des musulmans sur la frontière de ces mondes ; et qui résonne au-jourd'hui comme un rêve de paix féconde et qui semble s'éloigner de plus en plus.

    MAX ET BERNADETTE COLLET

    Club lecture du 7 octobre 2015

    La nuit des morts

    José Àngel Mañas (édition Anacharsis, 2015, Toulouse)

    Dans cette frise flamboyante qui aurait pu être écrite par un dramaturge Grec, l'auteur brosse une grande fresque historique et fantas-tique qui évoque le destin d'Alexandre. Les pre-mières lignes nous mènent en l'an 323 av. J-C. Alexandre agonise dans son lit, face aux jardins suspendus de Babylone.

    À sa demande son devin Aristandre convoque les mânes de ceux qui l'ont accompa-gné dans son invraisemblable entreprise. Lente-ment, l'un après l'autre, les fantômes arrivent boire le sang chaud du sacrifice, et se confron-tent à Alexandre, auquel ils font remonter, cruels ou joyeux, le fleuve intense de son aventure.

    Ainsi commence cette nuit des morts, point d'ancrage d'une fresque épique que l'auteur

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    Bulletin d'information n°70 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique C/ Goethe Institut 4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-13-04-16 E-Mail : [email protected] Site Internet : http://cercle.toulouse.free.fr/

    nous fait revivre, nous menant de Macédoine jusqu'en Inde, traversant Suze, l'empire Perse Achéménide, les déserts d'Egypte. Emportés par les péripéties de la conquête effrénée qui semble ne jamais devoir finir, Macédoniens, Perses, Egyptiens, un temps amis, le lendemain ennemis implacables, se mêlent et se séparent tour à tour, au gré de leur attachement à Alexandre ou du re-gret de leur terre d'origine.

    L'auteur fait preuve d'un grand soin dans sa documentation. Ce qui donne au lecteur l’impression de suivre Alexandre et ses hommes de très près. L'intérêt réside dans l'analyse très fine du personnage d'Alexandre. Le conquérant est présenté comme une personne impulsive, ex-cessive dans ses actes et dans ses ambitions.

    L'auteur laisse voir les crimes du héros, ses actes déments, les saouleries dionysiaques, le déchaînement des passions de celui qui possède le pouvoir absolu ; en même temps que sa géné-rosité, sa grandeur d'âme, son endurance excep-tionnelle, ses actes héroïques - si on excepte ses coups de folie sous l'emprise du vin - qui lui va-lent le respect de ses ennemis. Dans ses senti-ments chevaleresques, Alexandre est capable de traiter avec un respect tendre et délicat la mère, la femme, les filles de Darius. Un être humain dans toutes ses contradictions, placé par le destin dans des circonstances extraordinaires.

    On a senti l'écrivain sollicité par le charme de son sujet. Ce charme réside dans la valeur humaine, universelle de l'histoire d'Alexandre.

    On trouve dans ce roman cette richesse de coloris, ce plaisir fait d'admiration et d'inquié-tude que suggère le roman historique : il en a en effet tous les ingrédients : batailles terribles, conspirations trahies et expiées par les plus cruels supplices, coups d'épée, morts et blessés qui jonchent la terre.

    Les villes sont décrites avec minutie, ainsi que les fleuves, les montagnes, les plaines ; l'armée Perse, chamarrée d'or et d'argent, les sables immenses de l'Egypte brûlée par le soleil, les déserts de la Sogdiane, les steppes glacées de Scythie, l'Inde et ses troupeaux d'éléphants.

    On a remarqué les pages magnifiques sur les crues de Nil, véritable dieu créateur de la prospérité égyptienne « En un rien de temps, le Nil rouge inondait le pays tout entier... laissant au sol une épaisse couche de limon fertile qui se labou-rait sans effort et sur lequel tout poussait rapide-ment. » (p.239-240).

    Une épopée qui relate une conquête non dans le but de piller les pays parcourus, mais

    d'installer un pouvoir nouveau en laissant en place les structures de fonctionnement.

    Et on ne peut oublier la relation entre Alexandre et son cheval Bucéphale, lequel meurt au terme des conquêtes.

    Le lecteur peut se trouver un peu perdu au milieu de si nombreux personnages qui jalon-nent le parcours du conquérant, des intrigues qui foisonnent autour d'Alexandre, des innom-brables batailles dans des contrées dont le nom aujourd'hui est oublié mais qui sonnent comme dans des rêves lointains. Mais l'auteur a pris soin de construire son ouvrage d'une façon originale. Trois livres, ayant chacun quatre chapitres, cons-titués de six parties. Et toutes les troisièmes par-ties évoquent un des prédécesseurs d'Alexandre : son père Philippe ou son maitre Aristote.

    Il signifie par là qu'Alexandre continue leur œuvre, qu'il ne fait qu'étendre l'hellénisme jusqu'aux confins de la civilisation de l'Ouest, se servant des phalanges que son père avait créées, se conformant aux préceptes d'Aristote, même s'il lui affirme son indépendance, prenant comme modèle la splendeur de Darius, rêvant de s'asseoir sur son trône.

    « Mets ta vertu au service de tes sujets et tu seras

    l'orgueil des Grecs : les terres que tu conquerras t'accueil-

    leront les bras ouverts et ton nom résonnera à travers les

    siècles à venir comme celui de Solon lui-même. (Lettre

    d'Aristote p. 68)

    Quant à ses troupes, surtout les fidèles Macédoniens qui l'ont suivi jusqu'au bout du monde, leur fierté de servir ce maître infatigable et de donner à ce monde leur civilisation rejoint les thèmes éternels du patriotisme, déjà chantés au VIIe siècle par le poète Tyrtée dont Jean Soti-ropoulos a récité les premiers vers.

    Le voici en entier, dans la traduction que Jean nous a transmise.

    Il est beau pour l'homme brave de tomber au

    premier rang en combattant pour sa patrie. Mais aban-

    donner sa ville et ses riches campagnes, s'en aller mendier

    et errer avec sa mère, son vieux père, ses petits enfants et

    son épouse légitime, ce sont là les maux les plus grands.

    Le malheureux sera un objet de haine pour tous ceux à

    qui, succombant sous le besoin et la cruelle pauvreté, il ira

    demander asile. Il déshonore sa race, il souille sa beauté;

    partout opprobre et lâcheté marchent à sa suite. Pour un

    homme errant ainsi, il n'y a point de jeunesse et il ne doit

    attendre aucun respect. Combattons avec courage pour

    notre terre, mourons pour nos enfants, sans épargner nos

    forces, ô jeunes gens ; combattez, serrés les uns contre les

    autres, et qu'aucun de vous ne donne l'exemple de la fuite

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    Bulletin d'information n°70 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique C/ Goethe Institut 4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-13-04-16 E-Mail : [email protected] Site Internet : http://cercle.toulouse.free.fr/

    honteuse et de la crainte. Excitez dans vos cœurs un

    grand et généreux courage et ne songez point trop à la vie

    quand vous serez aux prises avec les ennemis. Quant aux

    vieillards, dont les genoux ne sont plus flexibles, ne fuyez

    pas en les abandonnant. Il serait honteux de voir tomber

    aux premiers rangs et en avant les jeunes gens du vieux

    soldat à la tête chauve et au menton tout blanc, exhalant

    dans la poussière une âme généreuse, et tenant dans ses

    mains les organes sanglants de la virilité (triste spectacle

    et dont la vue excite l'indignation). Mais, tout sied aux

    jeunes gens; tant que le guerrier a la noble fleur de la jeu-

    nesse, il est pour les hommes, après sa mort, un objet

    d'admiration et, pour les femmes, durant sa vie, un objet

    d'amour ; il est beau encore tombé au premier rang.

    Tyrtée fut le premier qui, après Callinus et Archiloque, dans le septième siècle avant notre ère, cultiva le genre de poésie qu'on appelle l’élégie, ancienne, et dont les accents, voisins de l'épopée, quoique préludant à la muse lyrique, étaient surtout consacrés aux grands intérêts de la patrie.

    Aristote avait écrit à son élève Alexandre : « Ta gloire, déjà garantie chez les géné-rations futures défiera dans le livre de la postérité celle d'Achille en personne. » Le prix en a été non seulement qu'il n'a plus jamais gouté aux fruits de la terre qui l'a vu naître, mais aussi que ses restes reposent en un lieu perdu pour la postérité.

    « Les dieux ne voient pas d'un bon œil qu'un mortel, si roi soit-il, se glorifie de la sorte » lettre de Parménion à Aristote (p. 287).

    Après sa mort, un empire scindé en mille pièces. Conquérant ? Prédateur ? Tyran ? Surhomme ?

    Personnage mythique et prestigieux, beaucoup ont voulu l'égaler, sans pouvoir jamais le dépasser.

    BERNADETTE ET MAX COLLET

    XXIIIe Assemblée Générale du C.E.R.C.L.E

    Adamantios Agathopoulos Samedi 7 Novembre 2015

    L’assistance n’était pas très fournie dans les salons de l’Hôtel Mercure Saint Georges le 7 novembre 2015 pour participer à l’Assemblée Générale annuelle du CERCLE Fran-co-Hellénique Adamantios Agathopoulos. Heu-

    reusement les nombreux adhérents qui n’avaient pas pu se déplacer pour cette réunion avaient eu le soin de faire parvenir nombre de procurations de telle sorte que le quorum a pu être facilement atteint avec seulement une trentaine de présents. Dans son rapport moral, notre Présidente, Ghi-slaine Magoga a regretté la baisse des effectifs en dépit des efforts faits pour promouvoir des ac-tivités en direction des jeunes comme le cours de danses grecques. Après le rapport sur les di-verses activités du CERCLE au cours de l’année passée, exposé par notre secrétaire, Jean Coiffier, ce fut au tour d’Irène Torrès, notre trésorière, de faire le point sur la situation financière de l’Association en notant que le résultat d’exploitation légèrement négatif de l’année écoulée contrebalançait le bilan positif de l’année précédente. L’Assemblée Générale a ensuite ap-prouvé à l’unanimité l’entrée au Conseil d’administration du CERCLE de deux nouveaux administrateurs : Stamatios Kampouras qui as-sure avec efficacité l’enseignement du grec mo-derne au sein de notre association ainsi que François Larroque, élève assidu de nos cours. A l’issue de cette réunion quelque peu formelle, Line Familiadès, chaleureusement félicitée pour la réussite du voyage en Albanie, a présenté le projet de voyage de printemps vers les îles du sud du Dodécanèse (Rhodes, Symi, Cos). Tout le monde s’est enfin retrouvé autour des tables dressées pour un repas convivial servi avec beaucoup de prévenance par le personnel de l’hôtel Mercure.

    JEAN COIFFIER

    Le Conseil d’administration tient à re-mercier chaleureusement tous les membres du C.E.R.C.L.E. et tout particulièrement ceux qui, ne pouvant parfois pas ou plus participer aux ac-tivités, manifestent leur attachement par des contributions de soutien.

    Que toutes et tous soient ici remerciés.

    « Stella femme libre » au Ci-

    né-Club du CERCLE

    C’est avec une certaine nostalgie que de nombreux amis de la Grèce sont venus assister le 9 décembre 2015 au Goethe Institut à la pro-jection du film de Michael Cacoyannis « Stella » présenté à Cannes en 1955 qui à fait heureuse-ment l’objet d’une récente édition en DVD sous-titrée en français. Ce film, qui marque une

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    certaine renaissance du cinéma grec, rassemble en effet un exceptionnel bouquet de talents : tout d’abord le réalisateur Michael Cacoyannis (disparu en 2011) qui signait là son second film, l’actrice de théâtre, Mélina Mercouri, dans son premier rôle au cinéma, ainsi que la musique de Manos Hadjidakis avec ses airs interprétés par Vassilis Tsitsanis au bouzouki ainsi que par la chanteuse Sophia Vembo.

    Par la force de caractère de ses person-nages et leur soif d’absolu ce film évoque les thèmes de la tragédie grecque où la passion et la mécanique implacable du destin sont les moteurs principaux de l’action. Le titre « Stella femme libre » qui fut aussi donné à ce film lors de sa sortie est tout à fait emblématique de cette jeune femme qui, dans une société encore très tradi-tionnelle et machiste s’arroge le droit de choisir ses amants ou de refuser, quelles qu’en soient les conséquences, de sacrifier sa liberté sur l’autel du mariage. Il n’est pas étonnant que ce film, qui re-çut à sa sortie un accueil assez chaleureux de la part du public grec, ait été fustigé par la critique liée à l’establishment de l’époque. Tragédie de gens simples des quartiers populaires d’Athènes, partageant entre eux le goût des plaisirs simples comme le football, la musique et la danse, ce film se situe tout à fait dans la ligne du néoréa-lisme italien et c’est avec un réel plaisir empreint d’une certaine tristesse que les images et la mu-sique nous ont ramené pour un temps dans une époque désormais disparue.

    Il est tentant de voir aussi dans le per-sonnage de Stella et de son caractère bien trempé une certaine une similitude avec l’actrice qui l’interprétait quand on connaît le destin de Mé-lina Mercouri qui, actrice adulée, préféra le ban-nissement de son propre pays plutôt que de re-noncer à sa liberté d’expression.

    IANNIS KAPELAS

    Conférence de Jean Sotiro-poulos – Mercredi 17 dé-

    cembre 2015

    Tout comme Cécile, notre ami Jean

    SOTIROPOULOS est toujours disponible afin de faire partager une infime partie de ses im-menses connaissances. Aussi à l’aise dans l’exposé des sciences et techniques de l’Antiquité que dans celui des variétés de coton cultivées en Egypte au début du XXème siècle.

    Ce 17 Décembre 2015, il avait choisi de nous présenter un sujet qui lui tient particulière-ment à cœur : « Le rayonnement de Byzance ».

    Comme en matière de conférence, Johnny comme nous l’appelons tous affectueu-sement, est un peu notre « rock star », l’assistance était fournie !

    Après avoir posé les bornes historiques qui font, traditionnellement, commencer l’empire byzantin en 330 de notre ère, Jean a tout de suite précisé que l’objectif de sa confé-rence n’était pas de retracer l’histoire d’un Em-pire qui avait duré plus de 1000 ans

    Tout comme dans l’Antiquité, la culture constituait, dans l’empire byzantin, le bien su-prême. Et au moyen-âge, les monastères furent non seulement des centres religieux mais égale-ment de puissants foyers intellectuels.

    Avec pour tête et capitale, Constanti-nople, située au sein d’une région hellénisée et christianisée, siège d’une des toutes premières universités continuatrice des traditions pédago-giques de l’antiquité, Byzance, selon l’heureuse formule de Johnny, a été non seulement le con-servatoire du savoir antique, mais aussi le réser-voir qui lui a permis d’exercer un rayonnement pluridirectionnel.

    En direction du Sud-Est avec l’apparition, à partir du VIIème siècle, d’une nouvelle religion, l’islam, puisée aux sources du christianisme, du judaïsme et même du zoroas-trisme perse. Certaines élites sont fascinées par la

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    culture hellénique et, par le truchement des sy-riaques, une colossale entreprise de traduction des textes antiques est réalisée.

    Byzance est également à l’origine d’une œuvre apostolique majeure en direction des peuples du Centre et de l’Est de l’Europe. La mission confiée aux moines Thessaloniciens Cy-rille et Méthode a conduit à convertir ces peuples au christianisme et à les doter d’une langue qui leur permettra de développer leur cul-ture propre et d’accéder au corpus de la culture antique. Rattachant cette aire à la culture occi-dentale.

    L’apparition dès le 11ème siècle aux frontières de l’est de l’empire, des ottomans, amorce le mouvement d’exil des intellectuels by-zantins qui vont irriguer et faire rayonner la cul-ture occidentale.

    Le rayonnement de Byzance ne s »est

    pas cantonné au domaine de la pensée et de la religion il a également investi le domaine des arts avec la peinture. Et Johnny nous a entraînés dans une ronde européenne de mosaïques. Johnny nous a également rappelés que Byzance avait été l’une des plus grande, sinon la plus grande, civilisation musicale de l’histoire de l’humanité, continuatrice des théories musicales de l’Antiquité.

    Il a conclu sa conférence en soulignant

    que Byzance a été pour le monde slave et Oriental, ce que Rome a été pour l’Europe Oc-cidentale.

    La conférence a été illustrée par la projec-tion de superbes diapositives de mosaïques et l’audition de pièces musicales dont Jean Coiffier a eu la gentillesse de nous fournir les références ainsi que les liens Αι γενεαι ̟άσαι (chanté par Glykeria) https://www.youtube.com/watch?v=9o3K9yegLVM

    et Τη υπερµάχω στρατηγέ https://www.youtube.com/watch?v=c7mMAcQgzg4

    PETROS SIDERAS

    Club lecture du 2 décembre 2015

    Les Cavaliers

    Aristophane. Né à Athènes vers 445

    a. J.C., mort vers 385, il débuta fort jeune au théâtre. On lui at-

    tribue une quarantaine de comédies dont la plu-part ne nous sont connues que par des frag-ments. Onze nous sont parvenues : Les guêpes, les Grenouilles, Lysistrata …

    Aristophane présentait ses pièces lors de fêtes rituelles populaires comme les fêtes élé-néennes ou les dionysiennes.

    Ces comédies sont liées aux événements contemporains et il est nécessaire de se référer à leur actualité pour en saisir toutes les allusions et le sens. Contrairement aux tragédies, dont le su-jet se situe hors du temps.

    Les Cavaliers, fut le premier succès d'Aristophane qui lui valut le premier prix lors

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    Bulletin d'information n°70 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique C/ Goethe Institut 4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-13-04-16 E-Mail : [email protected] Site Internet : http://cercle.toulouse.free.fr/

    du concours de l'année 424. Il y évoque le déma-gogue Cléon, qui, succédant à Périclès, avait remporté par chance la victoire de Sphactérie sur Sparte. Cette pièce se présente comme une satire féroce des mœurs politiques d'Athènes, de sa démocratie soumise.

    Le sujet est Athènes et les personnages représentent les forces en action dans la cité. Deux esclaves qui représentent les généraux athéniens Démosthène et Nicias se concertent et se plaignent de ce qu'un esclave paphlagonien – le démagogue Cléon – nouvellement engagé ma-nipule le maître de maison Démos (« Le Peuple »). Le Peuple, un vieillard rabougri, s'est laissé mener par celui qu'il s'est donné comme majordome. Les esclaves manifestent leur mé-contentement. Or des oracles consultés annon-cent que le paphlagonien doit être supplanté par un marchand de boudin. La pièce se présente comme une lutte verbale entre le paphlagonien et le marchand de boudin. La scène se passe de-vant la maison de « Le Peuple », vieux bon-homme personnifiant les citoyens d'Athènes. Le chœur est formé par les cavaliers, jeunes aristo-crates athéniens.

    La maison et les personnages sont l'image de la cité qui a livré sa destinée à des courtisans avides et des maîtres indignes.

    La démocratie est présentée par l'image d'un banquet où le démagogue endort le sens cri-tique des citoyens en les inondant de nourriture.

    Cette nourriture manque terriblement à cette époque d'Athènes à cause de la guerre. Le public apprécie !

    Une satire politique donc, mais aussi, un pamphlet contre la guerre dont Aristophane ne cesse de montrer qu'elle est le pire des maux, en-tretenue par ceux qui en profitent en gloire et bénéfices, par la corruption jusque dans la jus-tice, quand le peuple ne rêve que de vivre et prospérer en bon voisinage avec les autres cités. Le chœur des cavaliers les adversaires du chef belliciste Cléon parle pour l'aristocratie d’Athènes qui maintient les valeurs associées à la paix et à la prospérité et sont. On pense ici au combat que, plus tard, Démosthène a mené contre le roi de Macédoine, Philippe et son fils Alexandre.

    Inféodé à aucun parti, partisan de la paix, ayant en horreur la démagogie, Aristophane décoche les traits de sa verve truculente contre le va-t-en-guerre Cléon.

    En montrant ce qui ne va pas, dans le théâtre, Aristophane permet de prendre cons-cience, par le rire, de ce qu'il faut changer.

    Deux niveaux de parole

    - celui des politiques qui endort la conscience du peuple, l'enchaîne, par ses flatteries, ses mensonges ; la comédie révèle les motivations mal-honnêtes et intéressées à leur unique profit, de ceux qui dirigent la cité.

    - et celui du théâtre, ici, la comédie, qui réveille la conscience critique par, la force créatrice du rire, qui ré-veille la conscience de soi et de l'autre, par ses qui-pro-quo, doubles sens, : moqueries, grossièretés, allu-sions scatologiques, renvoyant au présent de la cité, révélant au peuple l'état dramatique dans lequel il se trouve : par exemple les allusions, dans la pièce, à la surabondance de nourriture rappelle l'état d'affame-ment des Athéniens du fait de la guerre.

    Les différents types de rire captent l'ad-hésion du peuple, réveille ses préoccupations les plus élémentaires : la nourriture, quand tout manque, l'argent qui corrompt, et sert à financer la guerre alors qu'on rêve de paix universelle....

    « Mais si jamais, le peuple retourne aux champs pour y couler des jours paisibles, s'il se revigore en mangeant de la bouillie d'orge et en disant deux mots au marc d'olives, le peuple saura quel trésor tu lui faisais perdre... », dit un des personnages.

    Pour Aristophane, « le poète qui n'éduque pas les citoyens mérite la mort ».

    La pièce peut être comprise aussi au ni-veau allégorique où le paphlagonien, homme de main, découpe la cité comme il taillait ses vieilles peaux, avant d’être engagé, alors que, élu par les oracles pour remplacer Cléon, le marchand de boudin, par son activité, met ensemble les mor-ceaux pour les réunir et construire la cité ; il ra-jeunit le peuple, redit ce qu'est le corps social, formé d'éléments divers, tous utiles dans la cité, et introduit à la fin de la pièce, l'image de la trêve comme une femme qui apporte les promesses de la vie.

    Cette pièce nous séduit par sa moderni-té. Elle met en scène, pour la première fois, des serviteurs montrés comme des êtres brimés, ca-pables de ruse pour triompher de leur maître. Les Arlequin, Scapin, Figaro et autres Guignols, ont ici leur ancêtre.

    Elle développe un plaidoyer complet pour la paix à travers la vision d'une cité idéale.

    Etat, religion, paix, civilisation, tous les problèmes sur lesquels nous ne cessons de nous interroger, sont ici abordés.

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    Bulletin d'information n°70 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique C/ Goethe Institut 4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-13-04-16 E-Mail : [email protected] Site Internet : http://cercle.toulouse.free.fr/

    Une parole libre, qui a pour objectif d'éduquer le spectateur et de lui montrer le vrai visage de la paix, avec le désir de restaurer Athènes : « Avec son diadème de voilettes, celle que tant d'hymnes ont chantée, où demeure le peuple environné de

    gloire. »

    MAX ET BERNADETTE COLLET

    Fête de Noël Samedi 16 janvier 2016

    Comme chaque année, nombreux étaient les membres du CERCLE et leurs amis à avoir fait en cette douce soirée d’hiver le déplacement jus-

    qu’au restau-

    rant des

    « Feuillan-

    tines » à Bal-

    ma pour

    passer une soirée de fête à l’occasion de la Nou-velle Année. Il faut dire que la présence désor-mais coutumière de Nicolas Syros, virtuose du bouzouki, et de sa formation, est un facteur dé-terminant pour la réussite d’une telle soirée. En outre le nouveau Président de notre CERCLE, Stamatios Kampouras n’avait pas ménagé ses ef-forts pour faire passer l’information auprès des jeunes grecs de Toulouse et des environs. Ce sont donc environ quatre-vingt personnes qui se sont retrouvées pour discuter autour d’un apéri-tif puis ont pris place autour des tables préparées pour le banquet, laissant toutefois un peu de

    place pour

    que les dan-seurs

    de la soirée aient leurs

    aises pour évoluer. Il faut reconnaître que pour la danse, nous avons été servis. Nous avons tous pu constater que les cours de danses grecques donnés par Stamatios ont n’ont pas été vains.

    Les jeunes grecs et les élèves du cours de danse nous ont donné une belle démonstration de leur savoir-faire allant des rondes bien synchronisées du hasaposerviko aux figures bien plus compli-quées du sirtaki. Rien ne manquait, pas même le très réussi zeibetiko de Stamatios encouragé par l’assistance manifestement séduite qui témoi-gnait sa satisfaction avec force assiettes brisées. Après la dégustation d’une superbe omelette norvégienne flambée devant l’assistance et la dis-tribution rituelle des petits présents du nouvel an, la soirée s’est prolongée dans la nuit jusqu’à ce que musiciens et danseurs s’accordent pour demander grâce.

    JEAN COIFFIER

    Si nous parlions cuisine Καλαµαρἁκια τηγανητἁ

    Calamars frits

    Imaginez....Vous êtes dans une ta-verne, près de la mer qui clapote doucement à vos pieds et là-bas à l'horizon, le soleil disparaît peu à peu dans un flamboiement de lumière......

    Sur la table des verres d’ouzo

    accompagnés de calamars.

    Mais vous pouvez aussi les prépa-rer chez vous, rien de plus simple !

    Il faut des calamars de taille moyenne que vous faites

    nettoyer par le poissonnier, un peu de farine, un œuf battu, un citron du sel et du poivre.

  • Bulletin d'information n°70 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-31000 Toulouse tél 05-61-13-04-16 E

    1. Couper les calamars en rondelles de 1cm environ , ne pas détailler les tentcules.

    2. Faire macérer le tout , ½ heure environ

    fariner, les passer dans l'oeuf battu, puis à nouveau dans la farine.

    4. Faire frire dans l'huile bien chaude jusqu'à ce que les calamars soient dorés les arroser du jus du ½ citron restant.Voilà, c'est prêt. Et n'oubliez pas l’ouzo !!!!Bonne soirée.

    LINE FAMILIADÈS

    Florilège Antique

    L'acantheLa mythologie grecque nous

    que plusieurs nymphes existaient dans ce monde virtuel qui occupait le cerveau des grecs. Parmi elles Acantha (άκανθα) attira le regard d'Apollon (joli garçon). Il a essayé de l'enlever mais elle ne se laissa pas faire, car elle était une fille séElle s'est défendue en griffant avec acharnment le bel Apollon. Blessé dans son amour propre le dieu du soleil réfléchit longtemps et chercha un moyen pour se venger de cette fille prude. Il l'a transformée d'un seul tour de main en une plante avec des pi-quants.

    Le nom, tiré du grec άκανθος, dérive peut-être des deux mots

    Ακανος désignant la tête épineuse de certaines plantes et άνθος signifiant fleur (mais

    16

    édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique C/ Goethe Institut 4 bis, rue Clémence Isaure 16 E-Mail : [email protected] Site Internet : http://cercle.toulouse.free.fr/

    es calamars en rondelles de 1cm environ , ne pas détailler les tenta-

    ½ heure environ avec un filet d'huile d'olive, le jus d'un ½ citron, sel,poivre. Puis bien les sécher avec du papier absorbant,

    3. Les fariner, les passer dans l'oeuf battu, puis

    Faire frire dans l'huile bien chaude

    s calamars soient dorés les arroser du jus du ½ citron restant.

    !!!!

    AMILIADÈS

    Florilège Antique

    L'acanthe mythologie grecque nous enseigne

    que plusieurs nymphes existaient dans ce monde virtuel qui occupait le cerveau des grecs. Parmi elles Acantha (άκανθα) attira le regard d'Apollon (joli garçon). Il a essayé de l'enlever mais elle ne se laissa pas faire, car elle était une fille sérieuse. Elle s'est défendue en griffant avec acharne-ment le bel Apollon. Blessé dans son amour

    désignant la tête épineuse de certaines plantes et άνθος signifiant fleur (mais

    aussi άκανθα = épine, ou άκιςde javelot et άνθος).

    Dans le langage des fleurs acanthe signfie "Amour de l'art. Rien ne pourra nous séprer."

    La feuille d'acanthe est le décor caractristique des chapiteaux de l'ordre corinthien, c'est aussi un des plus fréquents motifs des sculptures de l'art roman.

    Ce motif a été inspiAcanthus mollis L., l'acanthe à feuilles molles ou « acanthe à feuilles larges méditerranéenne (cette plante se trouve à l'état sauvage en Grèce) dont les fcoupées. On trouve ce motif par exemple sur la Colonne aux acanthes (ou Danseuses de Delphes) qui a inspiré aussi le premier prélude de Claude Débussy.

    Les Danseuses de Delp

    figures en haut-relief surmontant une colonne d'acanthes trouvées près du sanctuaire d'Apollon pythien à Delphes. Elles sont conservées au Msée national archéologique de Delphes.

    Les poètes se sont emparés de la nblesse de cette plante pour i(ex. le Cygne de Sully Prudhomme).…….. Sa grande aile l'entraîne ainsi qu'un blanc

    navire.Il dresse son beau col au-Le plonge, le promène allongé sur les eaux,

    Le courbe gracieux comme un profil

    Et cache son bec noir dans sa gorge éclatante

    CÉCILE SOTIROPOULOS

    Textes à traduireNous donnons ci-dessous la traduction que nous d

    vons encore une fois à Jean Coiffier des dans le numéro 69 ainsi que le texte soumis à la sagacité des apprentis hellénistes par Jean Sotiropoulos

    Voici la traduction d’un extrait du livre de livre de Strati Myrivili(Μυριβήλη)

    «La vie dans le tombeau»; (mémoires des guerres balkaniques) qui a eu un succès extraodinaire entre les deux guerres en Grèce.

    Le mal de l’ÉgéeJe retrouve dans ta lettre tant de fois le

    mot « thalassa ». J’en suis venu à voir ton amour de la mer et sa signification associés en un setiment secret. Des heures et des heures je me suis posé et me suis demandévivre si longtemps loin de la mer grecquemal de l’Égée est cette douce maladie qui me fait

    hellénique C/ Goethe Institut 4 bis, rue Clémence Isaure http://cercle.toulouse.free.fr/

    άκις = désignant pointe

    des fleurs acanthe signi-fie "Amour de l'art. Rien ne pourra nous sépa-

    La feuille d'acanthe est le décor caracté-ristique des chapiteaux de l'ordre corinthien, c'est aussi un des plus fréquents motifs des

    Ce motif a été inspiré par la forme de

    L., l'acanthe à feuilles molles ou » qui est une plante

    méditerranéenne (cette plante se trouve à l'état sauvage en Grèce) dont les feuilles sont très dé-coupées. On trouve ce motif par exemple sur la Colonne aux acanthes (ou Danseuses de Delphes) qui a inspiré aussi le premier prélude

    Les Danseuses de Delphes, sont trois relief surmontant une colonne

    d'acanthes trouvées près du sanctuaire d'Apollon pythien à Delphes. Elles sont conservées au Mu-sée national archéologique de Delphes.

    Les poètes se sont emparés de la no-blesse de cette plante pour illustrer leurs poésies (ex. le Cygne de Sully Prudhomme).

    Sa grande aile l'entraîne ainsi qu'un blanc navire.

    -dessus des roseaux, Le plonge, le promène allongé sur les eaux,

    Le courbe gracieux comme un profil d'acanthe,

    cache son bec noir dans sa gorge éclatante.

    OTIROPOULOS

    Textes à traduire dessous la traduction que nous de-

    vons encore une fois à Jean Coiffier des textes publiés ainsi que le texte soumis à la sagacité

    des apprentis hellénistes par Jean Sotiropoulos Voici la traduction d’un extrait du livre

    de livre de Strati Myrivili(Μυριβήλη) «La vie dans le tombeau»; (mémoires des

    guerres balkaniques) qui a eu un succès extraor-inaire entre les deux guerres en Grèce.

    de l’Égée Je retrouve dans ta lettre tant de fois le

    ». J’en suis venu à voir ton amour de la mer et sa signification associés en un sen-timent secret. Des heures et des heures je me

    me suis demandé : comment ai-je pu vivre si longtemps loin de la mer grecque ? Le mal de l’Égée est cette douce maladie qui me fait

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    Bulletin d'information n°70 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique C/ Goethe Institut 4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-13-04-16 E-Mail : [email protected] Site Internet : http://cercle.toulouse.free.fr/

    dépérir. Jamais ne s’est trouvé dans notre langue un mot qui renferme l’émotion de façon si ma-gique. La mer ... «I thalassa», un mot admirable qui a une odeur, qui crie et qui souffle. Je ferme les yeux, le dit ainsi à voix haute avec tous ses « s ».

    Je le dis à voix basse et j’écoute ma voix. Je les écoute alors, toutes ses vagues qui évo-quent l’été, comme si elles déferlaient sur nos sages plages de sable et sur les galets léchés. Il résonne et chante, ce mot. Il chante, tout comme le coquillage dont tu poses l’ouverture à ton oreille et qui te fait entendre, venant du lointain, même les douces voix des noyés.

    Ci-après la traduction du court texte sur

    la marine grecque :

    La marine, source de richesse Le développement impressionnant de la

    marine commerciale grecque après la seconde guerre mondiale n’est que la continuation d’une évolution qui a débuté depuis bien longtemps il y a environ 4000 ans.

    Les Grecs, vivant dans un pays ou la majeure partie de leur cadre de vie est entouré par la mer ont très tôt compris sa force. Jamais en repos et actifs, ils se sont tournés vers la mer et sont devenus commerçants et marins, voya-geant dans l’ensemble du monde connu.

    Τo κατσίκι και ο λύκος

    Ένα κατσίκι έµεινε ̟ίσω α̟ό το κο̟άδι, και το ̟ήρε στο κυνήγι ένας λύκος. Τότε εκείνο γύρισε και του εί̟ε: « Το ξέρω, λύκε, ότι θα µε φας, αλλά για να µην ̟εθάνω άδοξα, ̟αίξε µου τον αυλό να χορέψω». Εκεί όµως ̟ου ο λύκος έ̟αιζε τον αυλό και το κατσίκι χόρευε, τους άκουσαν τα σκυλιά και κυνηγούσαν τον λύκο. Κι εκείνος γύρισε και εί̟ε στο κατσίκι: «Καλά να ̟άθω αφού είµαι σφαγέας, τι ήθελα να κάνω τον αυλητή; »

    [ Έτσι όσοι κάνουν κάτι ̟αράκαιρα, χάνουν και

    όσα έχουν σίγουρα.]

    Στο βυζάντιο

    Ο βασιληάς έδειξε µεγάλο ενδιαφέρον για την ̟αιδεία. Στο ̟ανε̟ιστήµιο η φοίτηση ήταν δωρεάν. Σ'αυτό δίδαξαν σ̟ουδαίοι καθηγητές. Οι καλλιγράφοι µοναχοί αντέγραψαν και διέσωσαν τα έργα των αρχαίων Ελλήνων Αρχισε τότε µια ε̟οχή µεγάλης ̟ροόδου της ελληνικής ̟αιδείας στο Βυζάντιο. Η αυτοκρατορία έφτασε στη µεγαλύτερή της ακµή. Τα ̟ροιόντα του Βυςαντίου

    ήταν ̟εριζήτητα σε όλον τον κόσµο και τα βυζαντινά καράβια ταξίδευαν σε όλη τη Μεσόγειο.

    Ma mère disait …… Ρἱχνω ἁδεια για να πιἁνω γεµἁτα Je jette vide pour attraper plein

    A quoi pense-t-on en lisant ce pro-

    verbe ? Bien sûr aux pêcheurs qui lancent des fi-lets vides en souhaitant les retirer pleins de pois-

    sons. Mais

    on peut le lire autrement !

    Vous êtes curieux, vous désirez obtenir des

    renseignements précis auprès de quelqu'un, mais vous n'osez pas le demander franchement. Alors vous procédez par petites touches , vous partez de loin, en posant des question en apparence naïves ou même fausses, jusqu'à ce que vous ar-riviez à vos fins et que vous obteniez les rensei-gnements voulus. Vous avez gain de cause !

    Ne dit-on pas chez nous : Prêcher le faux pour avoir le vrai ?

    Ποὑ πας ξυπὁλητος στ᾿αγκἁθια ; Où vas-tu pieds-nus sur les épines ?

    Bien sûr c'est une image. Personne ne va se promener pieds-nus sur un sol épineux et il y a fort longtemps Théocrite déjà recommandait de ne pas marcher sans souliers.

    Théocrite né à Syracuse vers 310 av J.C. et mort à Alexandrie vers le milieu du 3ème

    siècle, créateur de la poésie bucolique grecque, est considé-ré comme le plus grand poète grec de cette période alexan-drine

    Sa recom-mandation est bien simple et banale en apparence, mais elle est sans doute beau-

    coup plus profonde qu'il ne semble à première vue, une idée qui a traversé les siècles pour arri-ver jusqu'à nous. La Bruyère ne disait-il pas :

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    Bulletin d'information n°70 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique C/ Goethe Institut 4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-13-04-16 E-Mail : [email protected] Site Internet : http://cercle.toulouse.free.fr/

    Tout est dit, et l'on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu'il y a des hommes et qui pen-sent !

    NICOLAS FAMILIADÈS

    Afin que vous puissiez mieux apprécier les efforts des élèves de nos cours de grec et l’excellence de leurs enseignants voici des textes écrits par trois élèves du cours « avancé » à l’issue de l’année scolaire 2014-2015.

    Οι λΟι λΟι λΟι λόόόόγοι τγοι τγοι τγοι τooooυ Μπεκτασυ Μπεκτασυ Μπεκτασυ Μπεκτασήήήή

    Κατά την διάρκεια του ταξιδιού του Γαλλο-Ελληνικού Συνδέσµου στην Αλβανία επισκεφτήκαµε πολλούς θρησκευτικούς τόπους· όχι µόνο καθολικές και ορθόδοξες εκκλησίες, τζαµιά, αλλά και τεκέδες όπου έρχονται οι Μπεκτασήδες για να τιµήσουν την µνήµη ενός Άγιου Ανθρώπου που τον λένε « Μπαµπά ». Οι Μπεκτασήδες αποτελούν µέρος µιας µουσουλµανικής αδελφότητας η αρχή της οποίας κραταεί από τον 13ο αιώνα. Οι Μπεκτασήδες αποτελούν το 15% του Aλβανικού πληθυσµού. Είναι πολύ ανεκτικοί· ασκούν µια προσωπική και ήσυχη θρησκεία και συχνάζουν στους « τεκέδες » όπου βρίσκονται τα κενοτάφια των «Μπαµπάδων» τους. Πίνουν κρασί, ρακί και δεν κρύβουν τις γυναίκες τους. Η φιλοσοφία και το χιούµορ τους εκφράζονται στο µικρό βίβλιο τιτλοφορούµενο « Οι λόγοι του Μπεκτασή » από το οποίο παραθέτουµε αυτά τα δύο αποσπάσµατα. Ένας Μπεκτασής βρίσκεται αναµέσα στους

    φίλους του που µιλάν για την έλλειψη της ηθικής του πληθυσµού. Ένας απ’αυτούς λέει : Aν αυτό συνεχιστεί, αν οι ανθρώποι συνεχίζουν να κάνουν απαίσια πράγµατα, αυτός ο κόσµος θα αναποδογυριστεί. Ο Μπεκτασής σηκώνει τους ώµους και δηλώνει : Ίσως από κάτω είναι καλύτερα από πάνω. Ένας Μπεκτασής έρχεται στην πόλη για να

    κάνει τα ψώνια του και ψάχνει ένα σίγουρο µέρος για να αφήσει το γαϊδούρι του. Πηγαίνει γύρω από την πόλη. Το πιο σίγουρο µέρος βρίσκεται µπροστά στο τζαµί. Θεέ µου, Σε Εσένα το εµπιστεύοµαι γιατί

    είναι πολύτιµο για µένα, λέει ο Μπεκτασής δένοντας το γαϊδούρι του.

    Ύστερα µε το µυαλό ήσυχο πάει για ψώνια. Στην επιστροφή, δεν ξαναβρίσκει το γαϊδούρι στο µέρος του.

    Θεέ µου, φωνάζει. ∆εν είσαι ικανός να φυλάξεις το γαϊδούρι που σου εµπιστεύτηκα. Πως θα ασχοληθείς µε το σύµπαν ;

    JEAN COIFFIER

    Το φαγητΤο φαγητΤο φαγητΤο φαγητόόόό στην αρχαιστην αρχαιστην αρχαιστην αρχαιάάάά ΕλλΕλλΕλλΕλλάάάάδαδαδαδα Σε αυτή την εποχή υπάρχουν κανονικά τρία

    γεύµατα κάθε µέρα. Το πρωί οι Έλληνες τρώνε πολύ λίγο (ὁ

    ἀκρατισµός) και κυρίως ψωµί ή πίτα από κριθάρί µε κρασί. Καµιά φορά παίρνουν και φρούτα και τυρί. Το δεύτερο γεύµα, το λένε « τὸ ἄριστον », είναι στις δώδεκα ή στην αρχή του απογεύµατος. Είναι ένα ελαφρύ γεύµα. Το τρίτο γεύµα είναι το βράδυ και είναι το πιο σηµαντικό της µέρας, το λένε « τὸ δεῖπνον». Κανονικά οι Έλληνες τρώνε πολλά

    δηµητριακά, φρούτα και λαχανικά, αλλά αυτά είναι ακριβά, λίγο κρέας και ψάρι γιατί είναι πολύ ακριβά. Υπάρχουν συχνά τυρί και κρασί σε κάθε γεύµα. Οι άνθρωποι τρώνε κρέας µόνο στιις θρησκευτικές γιορτές. Στην εξοχή υπάρχει περισσότερο κρέας και τα κρέατα είναι διαφορετικά από τα πουλερικά και τα θηράµατα. Κανονικά οι άντρες και οι γυναίκες δε

    παίρνουν το φαγητό µαζί. ∆εν υπάρχει ούτε πιρούνι ούτε πιάτο, τρώµε µε τα χέρια και το γεύµα αντικαθίσταται από µια πίτα.

    FRANÇOIS LARROQUE

    Ο μισΟ μισΟ μισΟ μισόόόός αις αις αις αιώώώώνας του Abreuvoirνας του Abreuvoirνας του Abreuvoirνας του Abreuvoir Οι πρώτες συνειδητές αναµνήσεις που κρατάω

    από την Αθήνα είναι το ξενοδοχείο Πλάκα και το εστατόριο Abreuvoir. Κάθε φορά που πηγαίναµε στην Αθήνα για το σαββατοκύριακο µε τους γονείς µου, καθόµασταν στην Πλάκα και τρώγαµε στο Abreuvoir. Ο ιδιοκτήτης του εστιατορίου, ο Αλέξης Κότσης, ήταν φίλος µας. Είχε και εστιατόριο στα « Άσπρα Σπίτια », εκεί όπου ζούσαµε. Είχε ζήσει για χρόνια στη νότια Γαλλία και ήξερε πολύ από γαλλική γαστρονοµία. Το 1965, σκέφτηκε να ανοίξει ένα γαλλικό

    εστατόριο στην Αθήνα· εκείνα τα χρόνια, δεν υπήρχε ούτε ένα. Βρήκε ένα χώρο στην οδό Ξενοκράτας στο Κολωνάκι, η οποία ξεκινούσε να προσελκύει την αθηναική αστική τάξη. Αλλά µόνο δέκα ή δεκαπεντε χρόνια νωρίτερα, ὴταν σύνηθες να βλέπουµε κοπάδια από πρόβατα µε τον βόσκο τους σ’αυτή τη γειτονιά. Τώρα βεβαίως η πλατεία Κολωνακίου δεν είναι πια ένας βοσκότοπος. Όλες οι γνώστες µάρκες διαθέτουν ένα µαγαζί εκεί και τα δίασηµα καφέ-µπαρ της πλατείας είναι γεµάτα, παρόλο που πολλά καταστήµατα έχουν κλείσει εξαιτίας της κρίσης.

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    Bulletin d'information n°70 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique C/ Goethe Institut 4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-13-04-16 E-Mail : [email protected] Site Internet : http://cercle.toulouse.free.fr/

    Όταν πήγαινα στήν Αθήνα για βόλτα µε τους φίλους µου, είχαµε λίγα λεφτά για µια νύχτα στο ξενοδοχείο και για φαγητό. Αλλά προτιµούσαµε να κοιµόµαστε στην παραλία και να ξοδεύουµε τα λεφτά µας στο Abreuvoir. Εκεί σύχναζαν οι Γαλλοί της πρωτεύουσας και οι σταρ της εποχής, οι πολιτικοί και οι καλλιτέχνες. Και µετά, αργότερα, πηγαίναµε όλοι µαζὶ µε τον Αλέξη στα Night Club στη Βουλιαγµένη. Όλα αυτά τα πάρτι ανήκουν στη νεότητά µου, γιατί το Αbreuvoir έκλεισε µισό αιώνα φέτος.

    JEAN-PIERRE ODILE

    L’autan des mûres sauvages Cécile SOTIROPOULOS , toujours

    jeune, toujours active vient de nous gratifier du deuxième volume de ses Mémoires.( voir le nu-méro 68 du Bulletin). Point de voyage en Egypte ou à Limnos cette fois-ci mais dans les collines du Lauragais de ses vacances d’enfant ou dans le quartier des Minimes à Toulouse. Celui de

    l’après -guerre et d’avant l’autre (guerre) ! Mais toujours autant de verve et de ta-

    lent pour conter ; les gens, les animaux et la na-ture ! Les gens ; les grands parents que l’on rejoi-gnait le temps de vacances inoubliables dans un monde si différent de celui de la ville, avec même une autre langue.

    La nature et ce fameux vent d’Autan qui souffle jusque dans le titre, maître du paysage. Maître impétueux que la petite Cécile n’hésite pas à affronter dans un combat qu’elle nous ra-conte comme la prise de Troie. Elle nous donne

    la preuve que l’aventure est à nos portes …à nos yeux…à nos sensibilités !

    Et comme toujours, tout ce travail dont profiteront tous ses petits-enfants et arrière-petits-enfants, est au profit de l’association France-Alzheimer * dont Cécile est une militante active, toujours disposée à mettre son pinceau ou sa plume au service de cette cause.

    *France-Alzheimer 31, 5 rue du Chaire-

    don Place Olivier 31300 TOULOUSE.

    PETROS SIDERAS

    GENOCIDE DES ARME-NIEN

    Difficile pour le C.E.R.C.C.L.E de tour-ner la page de 2015, sans évoquer la célébration du centenaire du génocide des arméniens.

    Plusieurs raisons à cela : dans la vague commémorative du premier conflit mondial une place à part doit être réservée à cet événement qui inaugurait « le siècle des génocides » par ail-leurs l’actualité brûlante du conflit syrien nous ramène en ces lieux qui, il y a un siècle, furent le lieu d’une immense tragédie. Les villes de Rakka et Der Zor, qui sont ou fu