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C’est à Lire JOURNAL DU CENTRE DE LUTTE CONTRE LE CANCER DE NICE N° SPÉCIAL 60 ANS 33 AVENUE DE VALOMBROSE| 06189 NICE CEDEX 2 TÉL. 04 92 03 10 00| FAX 04 92 03 10 10 |EMAIL : [email protected] WWW.CENTREANTOINELACASSAGNE.ORG 2021 : 60 ans du Centre Antoine Lacassagne et 30 ans de la protonthérapie

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C’est à LireJOURNAL DU CENTRE DE LUTTE CONTRE LE CANCER DE NICE

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33 AVENUE DE VALOMBROSE| 06189 NICE CEDEX 2TÉL. 04 92 03 10 00| FAX 04 92 03 10 10 |EMAIL : [email protected] WWW.CENTREANTOINELACASSAGNE.ORG

2021 : 60 ans du Centre Antoine Lacassagne et 30 ans de la protonthérapie

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• 3 • C ’EST À L IRE 6 0 ANS

LA CRÉATION DU CENTRE ANTOINE LACASSAGNE À NICE P4

LES 30 ANS DE LAPROTONTHÉRAPIE AVEC MEDICYC P11

LE CENTRE EN QUELQUES DATES P14

DE FORMIDABLES AVANCÉES EN ONCOLOGIE MÉDICALE DEPUIS 30 ANS P18

L’ÉVOLUTION DE LA CHIRURGIE DES CANCERS DU SEIN, AVEC 33 ANS DE RECUL ! P19

QUELS ENSEIGNEMENTS TIRER DES 36 ANNÉES PASSÉES AU CENTRE DANS MA SPÉCIALITÉ DE CHIRURGIE ORL ? P20

SOIXANTE ANS DE MÉDECINE NUCLÉAIRE AU CENTRE ANTOINE LACASSAGNE P22

LA RECHERCHE AU CAL, CINQ DÉCENNIES : DE L’INTERDIT ABSOLU À L’INDISPENSABLE P26

TÉMOIGNAGE D’ANCIENS PATIENTS P28

SOINS DE SUPPORT : DES PIONNIERS AUX ACTEURS D’AUJOURD’HUI P24

TÉMOIGNAGES DE SALARIÉS P33

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NAISSANCE DES CENTRES DE LUTTE CONTRE LE CANCER

La création du Centre Antoine Lacassagne à Nice par le Pr F.DEMARD, Directeur HonoraireQUAND VIENT LA CÉLÉBRATION DU SOIXANTIÈME ANNIVERSAIRE DE SON OUVERTURE EN 1961 ET ALORS QUE SA NOTORIÉTÉ ET SON RÔLE DE RÉFÉRENT DANS LE DOMAINE DES SOINS MAIS AUSSI DE L’ENSEIGNEMENT ET DE LA RECHERCHE EN CANCÉROLOGIE SONT AUJOURD’HUI RECONNUS, IL N’EST PROBABLEMENT PAS INUTILE DE S’INTERROGER SUR LES ACTEURS ET LES DIVERSES ÉTAPES DE L’ÉDIFICATION, À NICE, DU CENTRE ANTOINE-LACASSAGNE, L’UN DES ACTUELS 18 CENTRES RÉGIONAUX DE LUTTE CONTRE LE CANCER EN ACTIVITÉ EN FRANCE.

Auparavant, pour une meilleure compréhension de l’histoire de ces derniers, un regard s’impose vers un passé déjà lointain qui nous ra-mène à la période de la première guerre mondiale et plus précisé-ment, en juin 1917, près de Reims, là où Claudius REGAUD, un jeune médecin lyonnais, est à l’origine d’une « Faculté de médecine sur le front  ». Il s’agit de la célèbre infir-merie de Bouleuse dotée, en ma-tière d’urgence, d’un équipement perfectionné mais, aussi, d’une or-ganisation originale basée sur un concept nouveau, la multidiscipli-narité médicale. Cette structure de soins allait révolutionner, dans un temps pourtant bref (elle sera éva-cuée et totalement détruite lors de l’offensive allemande de mai 1918) la prise en charge des blessés de guerre.La guerre achevée et précisément sur la base de l’expérience acquise là en matière de pluridisciplinarité, Claudius REGAUD va s’attacher au développement d’un modèle inno-vant pour la prise en charge des tu-meurs malignes :« Comme l’était la chirurgie de guerre, le traitement du cancer est une affaire d’équipe thérapeutique. Il est évident que le traitement des cancers ne pourrait pas être l’œuvre de médecins isolés, pourvus seule-

ment de leurs moyens personnels. Ce doit être au contraire un travail d’équipe, une œuvre collective pourvue de moyens considérables et exigeant la coopération de nom-breux techniciens… »

Voilà pourquoi, il y a maintenant un siècle, sans réglementation ni, encore, de structuration juridique précise, la création des centres ré-gionaux anti-cancéreux fut recon-nue nécessaire dès le début des an-nées 1920, basée sur ce modèle où le traitement du cancer est per-çu comme une affaire d’équipes thérapeut iques : h is topatholo-gistes, chirurgiens, radiothérapeutes doivent ainsi collaborer pour soi-gner au mieux les patients cancé-reux. Cela tranche avec le système de soins en place et heurte, à l’évi-dence, la logique de hiérarchie des disciplines. La naissance officielle «  sur le papier  » des «  Centres de Lutte anticancéreuse  » est actée sous l’impulsion de ceux que l’on a appelé les pères fondateurs, Claudius REGAUD en premier lieu mais aussi Justin GODARD, Jean BERGONIÉ et le sénateur Paul STRAUSS, ce dernier en charge,

à cette période, du Ministère de l’Hygiène, de l’Assistance et de la Prévoyance sociales.

Mise en place par ce ministre, la première « Commission du Cancer » voit, ainsi, le jour en 1922 : elle est dirigée par Jean BERGONIÉ, un radiologiste bordelais, qui indique devant le Sénat, en juillet, que « ces Centres que nous voulons créer doivent être à la fois d’assistance, d’enseignement et de recherche scientifique  ». Cette Commission formule aussi, à l’unanimité, le vœu suivant : « …considérant qu’il est nécessaire d’obtenir des crédits suffisants pour organiser sans retard la lutte contre le cancer, demande au Parlement de voter les crédits indispensables à la création immédiate des Centres anti-cancéreux près les principales Facultés de France ».

Le programme d’élaboration d’un tel réseau voulu par Jean BERGO-NIÉ est adopté par le Parlement qui

PR FRANÇOIS DEMARD DIRECTEUR GÉNÉRAL DU

CENTRE ANTOINE LACASSAGNE DE 1985 À 1996

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NAISSANCE DES CENTRES DE LUTTE CONTRE LE CANCER

vote, le 30 juin 1923, une loi accor-dant, pour certains des investisse-ments lourds nécessaires (appareils de radiothérapie et achat de ra-dium) des subventions sur les fonds du Pari mutuel…

Les buts poursuivis sont précisés et peuvent se résumer de la façon sui-vante : • Faciliter les recherches scienti-

fiques en ce qui concerne le can-cer dans l’espoir d’en découvrir un jour la cause

• Mettre en œuvre les moyens sus-ceptibles de perfectionner les méthodes diagnostiques et de traitement

• Organiser la prophylaxie du cancer en s’adressant à la fois au public médical et au grand pu-blic.

Dans un rapport particulièrement prémonitoire, Claudius REGAUD souligne que  « la complexité, le ca-ractère spécial, le prix élevé et la difficulté d’application des moyens de traitement des cancers, la forme collective ou collaborative que re-vêt de plus en plus cette thérapeu-tique sont des motifs puissants en faveur de l’organisation en France de Centres de lutte et de thérapeu-tique anti-cancéreuse » et il ajoute aussi que «  ces Centres doivent être avant tout parfaitement pourvus en moyens matériels et en personnel ». Pour lui, «  la décision à prendre pour chaque cas particulier doit

non seulement être fondée sur les possibilités acquises dans l’état ac-tuel de la science, mais encore tenir le plus grand compte de la valeur comparée des moyens matériels et des personnes qui seraient, dans le cas envisagé, chargées d’exé-cuter tel traitement ou tel autre Les procédés de traitement des cancers devant, dans de nombreux cas, être combinés ou associés dans un cer-tain ordre, il est souhaitable que les indications thérapeutiques soient établies par collaboration entre chirurgiens et radiothérapeutes ». Les réunions de concertation mul-tidisciplinaire, obligatoire de nos jours, sont, ici, en toute première gestation !

Le Sénat, dans sa séance du 30 janvier 1925, a adopté une propo-sition de loi de Paul STRAUSS qui attribue la personnalité civile à ces Centres de lutte contre le cancer.Outre la Fondation Curie créée en 1920 par Marie CURIE et Claudius REGAUD, structure de droit privée liée à l’Institut Pasteur et à l’univer-sité de Paris, dix centres vont, ain-si, être créés entre 1923 et 1924 à Bordeaux, Lyon, Montpellier, Tou-louse, Strasbourg, Reims, Nantes, Rennes et Caen suivis par Angers et Marseille en 1925, Nancy en 1927 et Alger en 1928. Le centre an-ti-cancéreux de la région Nord, à Lille, s’ajoute, enfin, à ces créations et existe depuis le 15 janvier 1930.

Années 30Le 27 mars 1930, le Président de la République, Gaston DOU-MERGUE inaugure les nouvelles installations qui transforment, sur proposition de Gustave ROUSSY, un anatomopathologiste, le service anti-cancéreux situé dans l’hôpital Paul BROUSSE de Villejuif (devenu, en 1925, Centre Régional contre le cancer de la banlieue parisienne) en un Institut de recherche et de trai-tement, un ensemble de laboratoire de recherches et un secteur hospi-talier autour d’un objet commun  : le cancer. L’Institut Gustave-Roussy était né !Au total, à l’orée de la deuxième guerre mondiale, la France compte 15 centres anti-cancéreux dont au-cun n’a été créé dans les mêmes conditions et dont, d’ailleurs, les structures et les modes de fonc-tionnement sont nécessairement disparates.

Années 40Survient la Libération avec, en août 1944, le transfert à Paris du gou-vernement d’Alger, et, parmi de multiples conséquences, l’arrivée d’un médecin militaire, le Docteur AUJALEU qui appartient au cabinet du Ministre de la Santé, Monsieur BILLOUX. Energique et déterminé, il devient, en 1945, Directeur de l’Hygiène Sociale (future Direction Générale de la Santé) qui a compé-tence sur tout ce qu’on appelait, à cette époque, les maladies sociales

JEAN BERGONIÉ CLAUDIUS REGAUD PAUL STRAUSS

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à savoir, outre le cancer, la tuber-culose, les maladies mentales et la protection maternelle et infantile et donc les établissements de préven-tion et de soins correspondants.Caractéristique complémentaire, ces structures, qu’il s’agisse des sa-natoria ou des hôpitaux psychia-triques, sont, à l’instar des hôpitaux militaires, dirigés par un médecin. Et, donc, outre cette prérogative spécifique, au ministère de la San-té, elles ne dépendent pas, comme l’ensemble des hôpitaux publics, de la Direction des Hôpitaux, ce qui peut expliquer, pour partie du moins, certaines oppositions épi-sodiques mais toujours vives dans les années qui vont suivre…

Le Général de Gaulle, Président du gouvernement provisoire de la République française, signe le 1er octobre 1945, l’Ordonnance n°452221 qui dote les établisse-ments anti-cancéreux, faisant donc partie de cette Direction de l’Hy-giène sociale, d’une organisation précise et originale caractérisée par :- la capacité juridique des établis-

sements d’utilité publique avec une autonomie de gestion recon-nue

- un statut spécifique pour les méde-cins qui y exercent

- un Conseil d’Administration prési-dé par le Préfet

- et un Directeur médecin qui a en main la double responsabilité à la fois médico-scientifique et ad-ministrative avec, sur le plan mé-

dical, l’obligation de mettre en place d’une véritable concertation pluridisciplinaire.

Années 50 Création du centre anti-cancéreux de NiceA Nice, tristement dépourvue à cette époque d’enseignement su-périeur, c’est ce même Docteur AUJALEU, toujours Directeur de l’Hygiène Sociale, qui transmet, en août 1952, une lettre, que l’on peut qualifier de «  fondatrice », au Pré-fet des Alpes-Maritimes. En voilà les termes principaux : « L’augmen-tation progressive du taux de mor-talité par cancer montre la nécessi-té d’intensifier l’organisation de la lutte contre le fléau et mes services se proposent d’étudier les possi-bilités de création, dans le cadre de l’ordonnance du 1er octobre 1945 d’un nouveau centre anti-cancéreux dont le siège serait fixé à Nice qui serait appelé à desser-vir le département des Alpes-Ma-ritimes et éventuellement la Corse. Il va de soi que la réalisation d’un tel projet est en partie subordon-né à l’apports de concours locaux (départementaux ou communaux). La participation de l’Etat aux dé-penses afférentes à la construction et à l’installation d’un établissement de lutte contre le cancer ne peut en effet dépasser 50 %.... Je vous se-rais obligé de bien vouloir apporter un soin tout particulier à l’examen de cette affaire… ».Cette missive, comment est-ce pos-sible, n’aura, pourtant, aucune ré-ponse, ne déclenchera aucune ac-tion….

Le 6 juin 1953, nouvelle lettre com-parable du Dr AUJALEU, ici adres-sée à l’adresse privée du Docteur Vincent PASCHETTA, électroradio-logiste niçois, dont le nom lui a été recommandé par un confrère de ses amis auquel il s’était ouvert de l’échec de sa démarche. Dans ce nouveau courrier, il ne cache pas, ainsi, que : « …cette affaire ne pa-rait pas avoir progressé et le seul renseignement qui me soit parvenu

figure en annexe au rapport relatif au plan quadriennal d’équipement sanitaire établi par le directeur dé-partemental de la santé de Mar-seille au début de 1953 ».

Dans ce bref rapport on retrouve, en effet, - que la « commission administrative

du centre hospitalier de Nice  n’a pris encore aucune délibération à ce sujet »

- que la «  situation, localement, semble assez confuse  » et que « le corps médical ne semble pas avoir fait l’unanimité »

- et «  qu’il ne semble pas qu’une décision ait pu s’orienter en ce qui concerne la possibilité des concours locaux au point de vue financier »

Le Dr AUJALEU conclut ainsi son courrier au Dr PASCHETTA  : «  s’il vous était possible de reprendre ce projet sur le plan local, j’en serais très heureux ».

Cette fois, et fort heureusement pour Nice et sa région, il sera entendu.

Rappelons qu’à cette époque, s’il n’y a pas de Faculté de Médecine à Nice, il n’en existe pas moins une vie médicale de qualité avec, notamment une médecine libérale de bonne réputation. Son hôpital public, qui a encore une vocation plus ou moins d’hospice, n’est clas-sé que 2ème catégorie, 1er groupe mais s’y développe, dans ce début des années 50, une excellente for-mation pour les internes niçois (l’In-ternat de Nice existe depuis 1882, 22 ans après le rattachement à la France) en médecine, notamment dans les services de l’hôpital Pasteur que dirigent les Docteurs Paul AU-DOLY, Henri DUPLAY ou Lucien LA-PEYRE, mais aussi en chirurgie. Pour cette dernière, la qualité reconnue nationalement de l’enseignement prodigué par des Maîtres tels que les Docteurs Jean-Paul GRINDA ou Louis BARRAYA dispense leurs élèves, en fin d’études, et à l’ins-tar des internes des hôpitaux de

NAISSANCE DU CENTRE ANTOINE LACASSAGNE

DR AUJALEU

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ville de Faculté, d’un passage de-vant une commission nationale de qualification. Nice est, ainsi, avec Grenoble, la seule ville sans Faculté qui permet, après 5 ans d’Internat local, d’obtenir la qualification en chirurgie générale.

Revenons donc à ce projet de Centre anti-cancéreux qui, malgré un intérêt évident, s’était, curieu-sement, enlisé plus d’un an. Une concertation est, sans délai, organi-sée par Vincent PASCHETTA. Elle réunit le Dr GUEUTAL, alors Direc-teur Départemental de la Santé, le 28 juillet autour du Maire, M. Jean MÉDECIN, de son premier adjoint, le Doyen LÉPINE, le Dr SIMON, Adjoint à la Santé et Président du Syndicat des Médecins, le Dr COS-SA, Président du Conseil de l’Ordre des médecins ainsi que Mr VALEN-TIN qui préside le Conseil d’Admi-nistration des hôpitaux.

Un mois et demi seulement, donc, après le courrier dépité venant du ministère, tous ces principaux par-tenaires du domaine vont, à l’una-nimité, émettre le vœu directement adressé au ministre, en faveur de la création effective, à Nice, sans retard, d’un « centre régional anti-cancéreux ». On devine, ici, la singulière éner-gie et l’efficacité qui caractérisent la personnalité du Dr Vincent PASCHETTA car on retrouve, dans ce document de concertation, deux propositions constructives complé-mentaires :- la première serait, d’ores et déjà,

de transformer en centre anti-can-céreux le service de cancérolo-gie et curiethérapie qu’il dirige à l’hôpital Saint Roch avec celui, voisin, de chirurgie que dirige le Dr Pierre-Paul PRAT, et cela comme « première étape de réa-lisation de ce centre »,

- et la seconde, de se voir désigner comme futur directeur-radiothéra-peute accompagné du Dr Pierre-Paul PRAT comme chirurgien avec

la mission d’entreprendre et de mener à bien les pourparlers avec toutes les administrations intéres-sées, la sécurité sociale, les hô-pitaux… L’objectif de cette petite équipe ainsi constituée est de ré-aliser ce Centre, certes confor-mément aux règlements vigueurs, mais, également très important au plan local, « en tenant compte des intérêts de chaque organisme ».

Voilà le duo fondateur constitué et dès lors les choses vont avancer rapidement grâce à leur volonté d’aboutir.

Et, dès novembre 1953, le proces-sus de création d’un Centre An-ti-Cancéreux (CAC) à Nice est dé-cidé, après l’avis favorable de la Commission supérieure du cancer, par le Ministère de la Santé.

Dans le cadre du programme de financement envisagé, il est stipu-lé que l’Etat donne 50 % pour les Centres nouveaux mais que son ef-fort atteint 60 % lorsqu’il s’agit de la transformation de Centres exis-tants… ce qui souligne, donc, l’inté-rêt de créer un Centre « virtuel » à St Roch. Cela, bien sûr aussi, présente l’avantage de limiter le financement local puisque celui-ci passe à 15 % au lieu de 25 %.L’Etat préconise (et le demande aux hôpitaux de Nice) de procéder par deux étapes :- le Centre hospitalier accepte de

céder temporairement ses locaux consacrés aux malades cancéreux moyennant un loyer fictif

- le CAC les restituera à l’hôpital après sa construction et son instal-lation définitive.

Des plans sont, ainsi, établis pour la transformation des deux services ainsi que des locaux de consulta-tions spécifiques.

La création du Centre de lutte contre le cancer de Nice est agréée par le Ministère par arrêté du 18 octobre 1954.

NAISSANCE DU CENTRE ANTOINE LACASSAGNE

QUI SONT-ILS ?

Le Dr Vincent PASCHETTA est né le 13 avril 1904. Il est électroradiologiste des hôpitaux de Nice et chef de service central d’électroradiologie et du service du cancer de l’Hôpital St Roch. Son service comporte 43 lits avec un équipement moderne comprenant 2 appareils de radiothérapie et du radium pour la curiethérapie. C’est aussi un passionné de sa région notamment un grand montagnard. Son intérêt pour la cancérologie est grand et il sera, d’ailleurs quelques années plus tard, à l’origine de la création du Comité des Alpes-Maritimes de la Ligue contre le cancer.

Le Dr Pierre-Paul PRAT est né le 25 novembre 1906 à Nice. Il est le fils d’un éminent chirurgien niçois, formé à Paris et brillant chirurgien des hôpitaux lui-même. Il est, lui aussi, également attiré par la cancérologie et il vient sous l’égide de l’OMS de passer trois mois au Memorial Sloan Kattering à New York. Le service qu’il dirige comporte 80 lits avec un bloc opératoire de deux salles.

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C’est le 17ème Centre créé en France. Conformément à leur en-gagement, Vincent PASCHETTA et Pierre-Paul PRAT démissionnent de leur centre hospitalier public dès leur entrée en fonction comme chefs de services de ce nouveau Centre anti-cancéreux en gestation.

Le 15 décembre 1954, le premier Conseil d’Administration du CAC, complété à 9 membres, propose, à l’unanimité, que le Dr Vincent PASCHETTA en soit le Directeur ; il sera nommé par arrêté du Ministre en date du 4 février 1955.

Les premières difficultésPlusieurs difficultés vont vite appa-raître. Elles concernent surtout la validité de la création de ce CAC à Nice et la difficulté de trouver un terrain compatible pour la construc-tion nouvelle prévue.

- d’abord la validité du concept et d’inévi-tables réticences

Certes, Marseille est une ville éloi-gnée de l’agglomération niçoise et l’obligation d’y aller pour des trai-tements spécifiques représente et entraîne une perte de temps préju-diciable à la guérison ainsi que des frais élevés.Néanmoins, on apprend qu’un délégué de la CRAM (semble-t-il téléguidé par le Pr Jean-Baptiste PAOLI qui dirige le Centre anti-cancéreux de Marseille) s’est élevé contre la création d’un Centre à Nice. Heureusement cette offensive ne semble pas faire l’unanimité des marseillais  ; le projet de Nice reçoit, ainsi, un ferme soutien du Doyen Georges MORIN qui dirige la faculté de médecine de Marseille et du Pr DUBOULOZ qui déclare qu’il y a « largement la place pour deux ».

Certains médecins du syndicat des hôpitaux de Nice manifestent éga-lement et parfois vivement leur in-quiétude devant la perspective d’un nouveau centre à construire et cela dans un cadre d’indépendance

complète.Dans un courrier, daté du 5 avril 1955, Vincent PASCHETTA rap-porte ainsi certaines des craintes exprimées : - «  certains médecins avaient peur

que le CAC examine gratuitement tous les malades inquiets et que les cabinets médicaux se vident » …

- les chirurgiens appartenant au syndicat hospitalier pouvaient eux redouter qu’un CAC soit en me-sure d’effectuer toutes les opéra-tions du cancer et que leur service hospitalier (ou leur clinique) en pâtisse…

Comme il se plait à le rapporter ici, « il a fallu agir avec prudence et di-plomatie, avançant, reculant selon les circonstances, heurtant de front aucun intérêt ». Il n’empêche que l’autonomie, reconnue et accordée aux Centres de lutte contre le cancer, est aussi jugée par certains, tel le Doyen LÉPINE, susceptible de conduire soit à un gaspillage financier soit à une confusion dans l’activité des services de soins.

- ensuite concernant le terrainLa première option concerne le ter-rain dit «  Musso  », sis boulevard Pasteur, que la Mairie a décidé d’acheter et qui serait sa contribu-tion pour la construction du futur Centre. Mais il faut entreprendre les (longues) formalités d’expropriation du paysan qui cultive ce terrain…Cela est abandonné d’abord au profit d’un autre terrain dit «  Ti-ranty » mais ce sera une autre op-tion qui sera finalement retenue  : elle est située dans l’enceinte même de l’hôpital Pasteur. C’est le terrain de la Villa Colombo dont la démo-lition posera l’épineux problème du relogement des internes.

C’est là cependant que sera construit le nouveau Centre antican-céreux de Nice

Pour cette édification, Honoré AU-

BERT est désigné comme Architecte et il bénéficiera du soutien de Mr LAUGIER, architecte de l’Hôpital Pasteur qui a, d’ailleurs, entamé les études préliminaires.

Le premier devis de l’immeuble et des installations afférentes est pré-senté lors du Conseil d’Administra-tion du 23 mars1957 ; son coût total s’élève à 443.245.554 francs.Un emprunt est engagé auprès de la Caisse des Dépôts et Consi-gnations d’un montant de 80 mil-lions de francs au taux d’intérêt de 5.50 % ; cet emprunt est garanti par le Conseil Général des Alpes-Ma-ritimes.

Devant l’ampleur d’un tel projet, le duo initial devient un trio avec l’ar-rivée de Pascal OCCELLI, surveil-lant chef des services généraux du Centre Hospitalier de Nice lequel se déclare heureux de collaborer à la construction de ce futur CAC. Re-cruté en vue de  la création de son service des achats en septembre 1949, et ce après une carrière de 17 ans dans la marine nationale, M. Pascal OCCELLI sera proposé à l’agrément ministériel comme Se-crétaire Administratif lors du Conseil d’Administration du Centre le 17 no-vembre 1958.Il prend ses nouvelles fonctions le 24 juin 1959.

Le Dr Vincent PASCHETTA de-mande également au Conseil d’Ad-ministration de mars 1958 que le Dr Pierre-Paul PRAT assure mainte-nant les fonctions de Directeur Ad-joint afin qu’il soit habilité, le cas échéant, à remplacer le directeur.

Les adjudications ont lieu en mai 1958 et comporte 12 lots, dont cer-tains gérés de gré à gré, pour un montant qui s’élève à 292 millions de francs

Les travaux commencent par quelques surprises lors des fonda-tions liées à la présence inattendue de rochers et de sources qui vont

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obliger à des travaux importants de consolidation.

Ils vont se poursuivre durant l’an-née 1959 avec une première date prévue de livraison en juin 1960. Un nouvel emprunt de 120 millions soit 80 millions pour l’équipement et 40 millions pour un fond de roule-ment est lancé auprès de la CDC. Ces emprunts sont également ga-rantis par le Conseil Général des Alpes-Maritimes.

Par lettre du 6 mai 1959 le Ministre de la Santé estime que le coût de l’équipement du Centre qui s’élève à 404.363.000 Frs est trop élevé et il demande qu’il soit ramené à 200 millions. L’équipement devra donc être réduit au matériel strictement indispensable à l’ouverture de l’éta-blissement ce qui revient notam-ment à n’équiper qu’une seule salle de radiologie et qu’une seule salle d’opérations…Durant l’année 1960 le planning des travaux est globalement res-pecté même si la date d’ouverture est, finalement, reportée au 1er jan-vier 1961.

Deux hommes efficaces vont, à cette période, intégrer et renforcer l’équipe en place :- Monsieur Michel VACELET, âgé de  35 ans, adjoint à l’économe du sanatorium Armand Bernard de Menton, est nommé, le 11 juin 1960, trésorier du CLCC.- Monsieur Albert PIANCASTELLI, ingénieur au Centre Hospitalier de Nice, qui a réalisé un énorme tra-vail durant la construction et l’ins-tallation qui se termine est recruté comme ingénieur responsable des services techniques.

La situation définitive des tra-vaux s’élève à un montant total de 410.647.210 francs, auquel il faut ajouter le matériel amortis-sable  : cela situe, au final, le coût total de la construction et de l’équi-pement légèrement au-dessus de 600.000.000 francs.

Années 60Le Centre ouvre effectivement ses portes le 1er janvier 1961 avec une équipe médicale encore mo-deste à laquelle, outre le duo mé-dical fondateur, participent le Doc-teur Michel ABBES, qui d’interne va devenir assistant de chirurgie et quelques médecins spécialistes exerçant au Centre hospitalier de Nice qui apportent, à temps par-tiel, une très efficace contribution. L’équipe soignante est, elle aussi, en devenir avec quelques figures attachantes telles que Mimi SEYTRE et Gisèle LAVIGNE. Intermède per-sonnel  : sur l’entremise du Docteur PRAT, le jeune étudiant en méde-cine de 3ème année à Marseille que je suis, déjà externe des Hôpitaux (c’était alors un concours ouvert à tous les étudiants en médecine  !) viendra, cette première année, as-surer pour quelques semaines le remplacement estival de Michel ABBES…

Cette année d’ouverture se termine-ra, en matière de confiance de la population, sous des auspices plus que favorables puisque 691 ma-lades auront bénéficié d’une hospi-talisation pour leur prise en charge thérapeutique.La première appellation choisie pour dénommer ce nouvel éta-blissement hospitalier, à savoir « Centre de Diagnostic et de Traite-ment », correspond bien à la volon-té marquée par cette communauté médicale d’en faire un institut auto-nome et performant dédié au dé-pistage précoce, au diagnostic et à la prise en charge moderne des di-verses thérapeutiques des cancers.

Son inauguration officielle sera présidée par l’initiateur même de sa création, le Dr AUJALEU, alors Directeur général du Ministère de la santé publique et se déroule le 7 juin 1962 en présence de nom-breuses personnalités locales.

NAISSANCE DU CENTRE ANTOINE LACASSAGNE

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Ce jour-là, se concrétise donc la création du Centre anti-cancéreux de Nice tel qu’il a été voulu par ses fondateurs.

C’est un décret en date du 22 juillet 1965, trois ans plus tard, qui crée, à Nice, une Ecole Nationale de Médecine dont le premier Direc-teur, le Pr René BOURGEON, est chargé d’élaborer le programme pédagogique et d’entreprendre la construction de la future Faculté sur un terrain situé dans l’enceinte même de l’Hôpital Pasteur, à proxi-mité immédiate, donc, du nouveau centre anti-cancéreux. L’enseigne-ment s’ouvre, officiellement, par arrêté du 1er octobre 1968, dans des locaux temporaires pour un peu plus de 400 postulants. La tour Pasteur de 13 étages, ses niveaux

d’enseignement, ses amphithéâtres et sa bibliothèque, financés par tiers par l’Education Nationale, la ville de Nice et le département des Alpes-Maritimes, seront disponibles en 1970.

Dix années après l’inauguration du Centre anti-cancéreux, c’est au nou-veau directeur de l’établissement le Professeur Claude LALANNE (qui a succédé le premier janvier 1971 au Docteur Vincent PASCHETTA) qu’il appartiendra de mener une initia-tive qui va grandement contribuer à la renommée nationale et interna-tionale de son établissement.Au décès brutal, courant avril sui-vant, du Professeur Antoine LACAS-SAGNE qui avait pris la succession de Claudius REGAUD, en 1937, à la tête de l’Institut du radium à Pa-

ris et qui fut Professeur au Collège de France (où il succéda à Claude BERNARD en 1941), membre de l’Académie nationale de Médecine et de l’Académie des Sciences, Pré-sident de la Ligue nationale contre le cancer entre 1956 et 1971, il sut, en effet, solliciter et obtenir de la famille de cet éminent médecin et chercheur de renommée interna-tionale (il reçut en 1962 le Prix des Nations-Unis «  pour l’ensemble de son œuvre accomplie au cours d’une longue carrière dans le do-maine du cancer ») que puisse être attribué, à titre d’hommage, son nom au Centre anti-cancéreux de Nice. Celui-ci acquiert alors, ain-si, son appellation définitive presti-gieuse de « Centre Antoine-Lacas-sagne ». Son histoire au service de la popula-tion régionale perdure aujourd’hui ; elle se poursuit, jour après jour, de-puis maintenant plusieurs décen-nies, dans la même philosophie qui privilégie à la fois la recherche et l’innovation scientifique (la proton-thérapie des tumeurs en est, notam-ment, un bel exemple) mais aussi, la qualité et la disponibilité d’une équipe médicale, administrative et technique dévouée à sa tache de soins au seul bénéfice des patients.

Professeur François DEMARD Directeur Général du Centre Antoine Lacassagne

de 1985 à 1996

NAISSANCE DU CENTRE ANTOINE LACASSAGNE

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• 11 • C ’EST À L IRE 6 0 ANS

HISTOIRE DU CYCLOTRON MEDICYC

Cet événement marque la fin d’une Odyssée singulière commencée 19 ans plus tôt en février 1972 avec la rencontre entre Pierre Mandrillon, alors jeune attaché scientifique au CERN à Genève, et Claude Lalanne Directeur du Centre de Diagnostic et de Traitement des Cancers de Nice qui ne portait pas encore le nom d’Antoine Lacassagne. Claude Lalanne s’intéressait alors à la neu-tronthérapie (radiothérapie avec des neutrons) et envisageait l’ins-tallation d’un simple générateur de neutrons. J’évoquais alors l’époque pionnière de Berkeley avec les cir-constances de la naissance du cy-clotron et l’histoire unique des frères Lawrence : Ernest, l’inventeur pres-tigieux du cyclotron (Nobel de phy-sique 1939) et son frère John lui mé-decin. Ainsi alors que le cyclotron fut inventé pour la recherche fon-damentale en Physique, de ce fait ses applications en médecine furent quasi immédiates, notamment dans la radiothérapie des cancers.

Le destin de MEDICYC s’est avéré particulièrement chaotique*, mais heureusement souvent marqué par la bonne Fortune. La Direction du Centre Antoine Lacassagne d’abord sous Claude Lalanne qui avait visi-té Berkeley, puis François Demard

s’est engagée énergiquement dans ce grand projet d’un cyclotron ori-ginal entièrement dédié aux appli-cations biologiques et médicales et a maintenu une confiance sans faille envers l’équipe scientifique et technique niçoise. Je présentais en 1976 un premier projet dénommé MEDICIS, le « IS » rappelant l’objectif de la produc-tion d’isotopes : « Trop florentin me dit Claude Lalanne, nous appelle-rons ce projet MEDICYC ».

En juillet 1977 se réunit à Saclay un Conseil Scientifique présidé par Jules Horowitz qui reconnaît la vali-dité du concept et l’engagement ni-çois d’un accélérateur de type cy-clotron dédié à l’activité médicale.

De 1978 à 1980 se constitue, sous ma direction (alors détaché de l’IN2P3 du CNRS), une jeune équipe technique qui est accueillie au sein du CERN à Genève dans la division du Synchro-cyclotron où elle trouva un savoir-faire ex-

EN CE 17 JUIN 1991, IL Y A DONC 30 ANS, RÈGNENT UNE EFFERVESCENCE, UNE TENSION ET UN PROFOND SENTIMENT PARTAGÉ DE VIVRE UN ÉVÉNEMENT SI LONGTEMPS ATTENDU : LE FAISCEAU DE PROTONS DU CYCLOTRON MEDICYC EST PRÊT POUR RÉALISER LE PREMIER TRAITEMENT DE PROTONTHÉRAPIE EN FRANCE.

*Pour plus d’informations cf « Dans l’œil du Cyclotron » L’Harmattan Éditeur 2016 (www.harmattan.fr)

L’ÉQUIPE DE CONSTRUCTION DE MEDICYC DANS SES LOCAUX À CARROS (ALPES MARITIMES)

PIERRE MANDRILLON

Les 30 ans de la protonthérapie MEDICYCpar Pierre Mandrillon, physicien

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• 12 •C ’EST À L IRE 6 0 ANS

HISTOIRE DU CYCLOTRON MEDICYC

ceptionnel et des conseils précieux par des techniciens et ingénieurs de haut niveau puis, plus tard, des mentors prestigieux tels que Fran-cis Farley et les deux prix Nobel Georges Charpak et Carlo Rubbia.

Après la phase initiale de concep-tion de MEDICYC, le Centre Lacas-sagne décide en 1982 de financer la construction de la pièce maitresse du cyclotron  : l’électro-aimant de 130 tonnes permettant d’atteindre l’objectif d’une énergie voisine de 65 MeV pour un faisceau de protons. Il reçoit l’autorisation ex-ceptionnelle d’être provisoirement installé au CERN afin d’effectuer les indispensables campagnes de mesures magnétiques. Il y reste-ra jusqu’en février 1985 pour re-joindre des locaux industriels loués à Carros pour réaliser l’assemblage final de tous ses composants.

Le 1er juillet 1985 le Pr François Demard succède à Claude Lalanne à la Direction du Centre avec la dé-

termination de poursuivre ce grand projet tel que voulu par l’unanimité des 26 membres du Conseil Scien-tifique exceptionnel réuni à Nice le 17 mai 1985 et présidé par Yves Cachin, président de la Commis-sion Nationale des Cancers. L’autorisation définitive d’installa-tion est accordée au Centre Antoine Lacassagne par le Ministère de la Santé par arrêté en date du 7 Jan-

vier 1987.En mai 1987 se réunit à Nice le 24ème Congrès Européen des Cy-clotrons (ECPM) sous la présidence effective d’un nonagénaire étince-lant, le Professeur John Lawrence qui prend acte de la future instal-lation définitive de MEDICYC (cf photo ci-dessous).Après l’obtention d’un permis de construire, accordé le 5 juin 1986,

VISITE DU MAIRE DE NICE PENDANT LE MONTAGE DÉFINITIF DU CYCLOTRON MEDICYC

CLAUDE LALANNE (AVEC LE MICRO), JOHN LAWRENCE, PIERRE MANDRILLON ET FRANÇOIS DEMARD

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• 13 • C ’EST À L IRE 6 0 ANS

les travaux de terrassement du fu-tur bâtiment d’accueil débutent en Janvier 1988 sur un terrain excep-tionnel situé sur la colline de la Lan-terne. Sa construction, sous la férule rigoureuse d’Alain Faraut (OTB), respectera les délais et les coûts prévisionnels et le cyclotron rejoin-dra son site définitif le 2 mars 1989.Commencent alors le montage final du cyclotron avec l’objectif priori-taire de la protonthérapie oculaire, l’étude du transport de faisceau par Francis Farley et la réalisation des voies de faisceau jusqu’à la salle de traitement.

Les premiers essais d’injection du faisceau dans le cyclotron débutent en juin 1990 et le premier faisceau haute énergie est extrait du cyclo-tron le 3 décembre 1990. Le 26 avril 1991 le faisceau extrait est transporté, pour la première fois, dans la salle de protonthérapie.

La première séance de protonthé-rapie réalisée en France a lieu à Nice 17 juin 1991 sous la direction du Dr Pierre Chauvel, radiothéra-peute, assisté de deux physiciens médicaux Nicole Brassard et Joel Hérault. Elle concerne une patiente de 57 ans habitant la région borde-laise qui subira au total 4 séances d’irradiation successives sans aléa

et avec une tolérance parfaite.Aujourd’hui, à côté du cyclotron MEDICYC, toujours en fonctionne-ment sans défaillance, a été instal-lée un nouvel accélérateur du type synchro-cyclotron supraconducteur (S2C2™) fruit de la collaboration entre la société niçoise AIMA DE-VELOPPEMENT et la Société belge IBA. La haute énergie (226 MeV) de ce prototype permet l’irradiation des tumeurs profondes.

La particulière flexibilité de ME-

DICYC, sa possibilité d’accélé-rer différents types de particules à des énergies variables, permettent d’entrevoir des applications dans le domaine de la production des radioisotopes pour la médecine, activité déjà initiée à Nice pour la production de Fluor 18 de 2002 à 2010.Un exemple significatif fut la R&D engagée en 2015 sur la possible production d’isotopes tels que le Lu-tétium 177, aujourd’hui riche d’ave-nir pour la théranostique.

Quant à la radiothérapie vers des particules plus lourdes que les pro-tons, la société AIMA DEVELOP-PEMENT étudie la possibilité d’ac-célérer des ions Helium permettant des irradiations plus précises et plus efficaces en profondeur. Un projet dénommé IThAC reposant sur un accélérateur très compact est ainsi en cours de développement.

Pierre MANDRILLONConcepteur de MEDICYC

et du S2C2™ (accélérateur du Proteus® One)

et actuel PDG d’AIMA Développement

HISTOIRE DU CYCLOTRON MEDICYC

ARRIVÉE SUR LE SITE DE LA LANTERNE LE 2 MARS 1989

SALLE DE TRAITEMENT DE PROTONTHÉRAPIE OCULAIRE

Page 14: C’est à Lire

• 14 •C ’EST À L IRE 6 0 ANS

LE CENTRE EN QUELQUES DATES

1ER JANVIER 1961OUVERTURE DU CENTRE DE

DIAGNOSTIC ET DE TRAITEMENT (CONSTRUCTION DU BÂTIMENT A)

1989MISE EN PLACE DU CYCLOTRON

SUR LE SITE OUEST ET TEST FAISCEAU

1989INAUGURATION LABORATOIRE

ONCO-PHARMACOLOGIE

1987OUVERTURE DE L’HÔPITAL

DE JOUR ET D’UNE UNITÉ DE SOINS INTENSIFS

1987-1989CONSTRUCTION DU BÂTIMENT CSITE OUEST AV DE LA LANTERNE

17 JUIN 1991PREMIER PATIENT TRAITÉ EN

FRANCE EN PROTONTHÉRAPIE BASSE ÉNERGIE POUR UN

MÉLANOME DE LA CHOROÏDE

1961 - 1970DR VINCENT PASCHETTA

DIRECTEUR GÉNÉRAL

• 14 •C ’EST À L IRE 6 0 ANS

Page 15: C’est à Lire

• 15 • C ’EST À L IRE 6 0 ANS

LE CENTRE EN QUELQUES DATES

8 JUIN 1962INAUGURATION

DU CENTRE

1971LE CENTRE DE DIAGNOSTIC ET DE TRAITEMENT DEVIENT LE CENTRE

ANTOINE LACASSAGNE

9 FÉVRIER 1977INAUGURATION DE LA

SURÉLÉVATION DU CENTRE (BÂTIMENT A)

1980OUVERTURE DE LA

FONDATION VINCENT PASCHETTA (BÂTIMENT B)

1995PREMIER PATIENT INCLUS

DANS UNE ÉTUDE CLINIQUE VIA UNE STRUCTURE DÉDIÉE POUR

LA RECHERCHE

1994OUVERTURE DE L’UNITÉ PROTÉGÉE

AU B4 POUR L’ACCUEIL DES PATIENTS EN ONCO-HÉMATOLOGIE

1985 – 1996 PR FRANÇOIS DEMARD

DIRECTEUR GÉNÉRAL

1970 - 1985PR CLAUDE LALANNE

DIRECTEUR GÉNÉRAL

• 15 • C ’EST À L IRE 6 0 ANS

1996 – 2001PR JEAN-NOËL BRUNETON

DIRECTEUR GÉNÉRAL

Page 16: C’est à Lire

• 16 •C ’EST À L IRE 6 0 ANS

LE CENTRE EN QUELQUES DATES

2009 EXTENSION DE

LA RADIOTHÉRAPIE – BÂTIMENT B

2006 CRÉATION DU DÉPARTEMENT DES

SOINS DE SUPPORT

2013OUVERTURE

DE L’HÔPITAL DE JOUR SOINS DE SUPPORTS

2017CRÉATION DE L’UNITÉ DE PHASES PRÉCOCES

2017CRÉATION DE L’UNITÉ DE PHASES PRÉCOCES

2016INAUGURATION DE L’INSTITUT

MÉDITERRANÉEN DE PROTONTHÉRAPIE

2014ACQUISITION DE LA CONSOLATA, MAISON D’ACCUEIL HOSPITALIÈRE

2018OUVERTURE PLATEAU D’IMAGERIE

DIAGNOSTIQUE ET INTERVENTIONNEL 3D AVEC L’ACQUISITION DE DEUX

TOMOSYNTHÈSES

2014 – 2019 JOËL GUIGAY

DIRECTEUR GÉNÉRAL

2001 – 2009PR JEAN-PIERRE GÉRARD

DIRECTEUR GÉNÉRAL

• 16 •C ’EST À L IRE 6 0 ANS

Page 17: C’est à Lire

• 17 • C ’EST À L IRE 6 0 ANS

LE CENTRE EN QUELQUES DATES

2011CRÉATION DE L’INSTITUT

UNIVERSITAIRE DE LA FACE ET DU COU (IUFC)

2011LABELLISATION DE CENTRE DE RECHERCHE CLINIQUE PAR LA

DGOS, EN PARTENARIAT AVEC LE CHU DE NICE

2012 OUVERTURE DE LA CLINIQUE DU SEIN QUI

DEVIENDRA L’INSTITUT UNIVERSITAIRE DU SEIN ET DE CANCÉROLOGIE

GYNÉCOLOGIQUE EN 2017

2012INSTALLATION D’ UNE CAMÉRA TEP EN MÉDECINE NUCLÉAIRE

2012INSTALLATION D’UNE TOMOTHÉRAPIE EN

RADIOTHÉRAPIE

2009 – 2014JOSÉ SANTINI

DIRECTEUR GÉNÉRAL

DEPUIS 2019PR EMMANUEL BARRANGER

DIRECTEUR GÉNÉRAL

2020852 PATIENTS INCLUS DANS DES PROJETS DE RECHERCHE

PRÈS DE 1200 PROFESSIONNELS DE SANTÉ FORMÉS PAR LES EXPERTS DU CENTRE

2019CRÉATION DU DÉPARTEMENT

D’EPIDÉMIOLOGIE, DE BIOSTATISTIQUE ET DES DONNÉES DE SANTÉ

202065 982 CONSULTATIONS -

843 SALARIÉS - 108 MÉDECINS - 6131 PATIENTS PRIS EN CHARGE - 197 LITS

• 17 • C ’EST À L IRE 6 0 ANS

Page 18: C’est à Lire

• 18 •C ’EST À L IRE 6 0 ANS

De formidables avancées en oncologie médicale depuis 30 ans

En dix ans nous avons pu observer l’explosion des traitements en am-bulatoire (dans la journée), ce qui a nécessité l’extension constante des capacités de l’hôpital de jour et l’apparition du concept de soins de support qui englobe l’ensemble des thérapies médicamenteuses ou pas, visant à mieux prendre en charge les conséquences physiques et psycho-logiques des traitements.

Mais bien sûr, l’essentiel des pro-grès a été réalisé avec l’arrivée de thérapies innovantes des cancers. Dans les années 90 seules deux options de traitements médicamen-teux étaient proposées  : la chimio-thérapie et l’hormonothérapie dans les cancers du sein et de la prostate. Une première porte fut ouverte avec l’arrivée de l’interleukine 2 à la fin des années 90. C’était la première immunothérapie, traitement efficace dans certains cas mais très lourd et difficile à utiliser. Mais le concept d’immunothérapie était né. Cette nouvelle ère thérapeutique a vraiment vu le jour au tout début des années 2000 avec l’arrivée du premier anticorps monoclonal hu-manisé dans traitement du cancer du sein. Ce traitement était dirigé contre sa cible spécifique, le récep-teur HER2. La révolution thérapeu-tique était en marche. Jusque-là, la chimiothérapie tuait les cellules can-céreuses mais aussi beaucoup de cellules saines, grâce ce nouveau traitement nous pouvions montrer qu’un médicament pouvait n’être actif que sur des cellules malades grâce au concept de « cible théra-peutique ». A côté de la chimiothé-rapie et de l’hormonothérapie, une troisième voie était possible : la thé-rapie ciblée.A partir de là, l’essor des traitements ciblés en fonction des mutations génétiques des cellules favorisant l’apparition d’un cancer (oncogé-niques) représente l’un des princi-paux changements de paradigme en oncologie des 10 dernières an-nées. De multiples altérations onco-géniques ont été identifiées dans la plupart des tumeurs solides, y com-pris de l’enfant. Une grande partie des données, provenant notamment des programmes de caractérisation des informations génétiques des cellules comme le Cancer Genome Atlas, reste à exploiter ce qui dé-

bouchera sur l’apparition d’autres thérapies ciblées.Enfin plus récemment encore sont apparues des anticorps qui visent à démasquer les cellules tumorales vis-à-vis de leur reconnaissance par le système immunitaire de l’orga-nisme et leur destruction par les lym-phocytes tueurs. Ces médicaments ont permis de faire des progrès considérables dans certaines tu-meurs jusqu’alors très résistantes aux traitements classiques comme les cancers du poumon, de la sphère ORL ou urologiques.A côté de ces développements thé-rapeutiques, l’analyse des gènes des cellules tumorales nous a conduit également à mieux com-prendre les mécanismes intimes de la cellule cancéreuse et à mieux identifier le pronostic de chaque tu-meur aboutissant au concept de mé-decine personnalisée. Il s’agit d’éta-blir une carte d’identité de chaque tumeur afin d’adapter le traitement adjuvant c’est-à-dire celui qui vise à éviter une récidive. Pour ce faire, le concept de « signature génomique » qui tend à se généraliser permet de faire du « sur mesure » pour chaque patient par rapport à la pathologie qu’il présente.Le cancer n’est certes pas encore vaincu, mais la formidable éclo-sion de nouvelles thérapeutiques is-sues de la recherche, l’élaboration de combinaisons thérapeutiques, le développement de nouveaux outils tels que les imageries métaboliques, pourront permettre une médecine de précision encore plus efficace et moins toxique. Toutes ces raisons ex-pliquent l’enthousiasme des jeunes médecins et des chercheurs pour cette spécialité que l’on appelle l’oncologie médicale au service de nos patients.

Pr Jean-Marc FERREROChef du Département

d’Oncologie Médicale

EVOLUTION DES PRISES EN CHARGE

L’ÉVOLUTION DE L’ONCOLOGIE MÉDICALE A ÉTÉ CONSTANTE AU COURS DE CES TRENTE DERNIÈRES ANNÉES. ELLE S’EST FAITE TANT AU NIVEAU DES TRAITEMENTS PROPOSÉS QUE DE LA PRISE EN CHARGE GLOBALE DES PATIENTS. JE SUIS ARRIVÉ COMME MÉDECIN DES CENTRES DE LUTTE CONTRE LE CANCER EN 1991 AU CENTRE ANTOINE LACASSAGNE. A CETTE ÉPOQUE LA PLUPART DES TRAITEMENTS SE FAISAIT LORS DE PHASES D’HOSPITALISATION. : LE PATIENT RESTAIT PLUSIEURS JOURS À L’HÔPITAL. LES CHIMIOTHÉRAPIES ÉTAIENT COMPLEXES, SOUVENT LONGUES, LES EFFETS SECONDAIRES DIFFICILES À TRAITER, LE CONTEXTE ANGOISSANT ET LES SUCCÈS THÉRAPEUTIQUES BEAUCOUP PLUS RARES QU’AUJOURD’HUI.

PR JEAN-MARC FERRERO

Page 19: C’est à Lire

• 19 • C ’EST À L IRE 6 0 ANS

L’évolution de la chirurgie des cancers du sein, avec 33 ans de recul !

La chirurgie du sein implique 2 vo-lets : La chirurgie de la tumeur mam-maire et l’exploration des ganglions axillaires puisqu’on sait la tendance naturelle de ces tumeurs à essaimer dans ces ganglions.Jusqu’aux années 80, ce n’est pas si lointain, la règle était l’ablation du sein et le curage complet des ganglions axillaires, ce qui n’était pas sans conséquences, parfois dramatiques, pour les patientes en terme d’image de leur corps, en terme de fonctionnalité du bras, et en terme de psycho-sexualité.

Grace aux travaux de Fischer et de Veronesi notamment, il a été dé-montré que la chirurgie conserva-trice n’enlevant que la tumeur avec des marges saines, suivie de radio-thérapie, donnait des résultats iden-tiques en terme de survie globale par rapport à la mastectomie totale.

D’abord réservée aux tumeurs de petite taille (<2cm), elle a été élar-gie à des lésions plus volumineuses.La taille en elle-même n’étant pas un obstacle à la conservation.Le seul facteur décisionnel est le rapport entre la taille tumorale et le volume du sein.

Les chirurgiens sénologues, se sont appropriés les techniques de chirur-gie plastique utilisées dans la ré-duction mammaire, permettant l’ablation d’un volume important de glande, tout en gardant au sein un galbe esthétiquement satisfaisant.On parle d’oncoplastie.

Enfin, dans tous les cas où la mas-tectomie malheureusement s’impose encore (tumeur volumineuse, lésion multifocale, etc…), la reconstruction immédiate ou secondaire encore confidentielle il y a 30 ans est deve-nue une chirurgie de routine.

Venons-en au problème du curage ganglionnaire, seul recours pour avoir des informations sur l’atteinte ou non des ganglions de l’aisselle, jusque dans les années 2000. Ce geste n’est pas exempt de compli-cations, parfois invalidantes (« gros bras », douleurs, limitations des mouvements de l’épaule).

La prise en charge actuelle de tu-meurs de plus en plus petites grâce au dépistage fait que le risque d’atteinte ganglionnaire est extrê-mement faible. KRAG en 1993 et GIULIANO en 1994, s’inspirant d’études faites dans le cancer de la verge puis du mélanome, ont appli-qués au cancer du sein la technique du ganglion sentinelle (GS).

Elle consiste à identifier le ou les premier(s) ganglion(s) de la chaine axillaire, sachant que s’ils sont sains, le risque d’atteinte de ganglions

plus haut situés est extrêmement faible (<5%). Le GS est identifié par injection sous cutanée dans le sein d’un produit radioactif et/ou d’un colorant bleu, ce qui permet par une courte incision externe de le re-pérer et de le retirer pour analyse anatomopathologique. Ce n’est qu’en cas de métastase qu’un cu-rage traditionnel devra être discuté.

En conclusion, cette vue d’en-semble de 30 ans de chirurgie du sein montre bien la « désescalade » chirurgicale, avec comme corollaire une meilleure acceptation psycho-logique et fonctionnelle par les pa-tientes, une diminution importante des séquelles douloureuses et un re-tour à une vie sexuelle normale.

Et ce qui n’est pas négligeable sur le plan psychologique c’est l’hospi-talisation de courte durée voire am-bulatoire dans les chirurgies conser-vatrices.

Dr Jean-Christophe MACHIAVELLOChirurgien Sénologue

Département de Chirurgie Sénologique, Onco-Gynécologique

et Reconstructrice

EVOLUTION DES PRISES EN CHARGE

LE SEUL AVANTAGE DE VIEILLIR, C’EST DE POUVOIR APPRÉHENDER TOUS LES PROGRÈS ACCOMPLIS EN TANT D’ANNÉES PASSÉES AU CENTRE.

DR JEAN-CHRISTOPHE MACHIAVELLO

« LA PRISE EN CHARGE ACTUELLE DE TUMEURS

DE PLUS EN PLUS PETITES GRÂCE AU

DÉPISTAGE FAIT QUE LE RISQUE D’ATTEINTE GANGLIONNAIRE EST

EXTRÊMEMENT FAIBLE.»

Page 20: C’est à Lire

• 20 •C ’EST À L IRE 6 0 ANS

EVOLUTION DES PRISES EN CHARGE

Quels enseignements tirer des 36 années passées au Centre dans ma spécialité de chirurgie ORL ?

DR OLIVIER DASSONVILLE

L’histoire de la chirurgie réparatrice ORL au sein du Centre Antoine La-cassagne est maintenant ancienne avec le développement par Fran-çois DEMARD et Jacques VALLI-CIONI, précurseurs en France dans l’utilisation des lambeaux cutanés pédiculés puis musculo-cutanés (apport de tissus mous vasculari-sés prélevés à distance de la sphère ORL mais dont l’utilisation est limi-tée par la longueur de leur pédi-cule vasculaire nourricier) dès les années 70. Par la suite, nous avons développé, le Dr Yveline BOUR-GEON et moi-même les lambeaux libres micro-anastomosés depuis 1990, ces derniers permettent l’uti-lisation de n’importe quel type de tissus, notamment osseux, sans la limitation de longueur vasculaire des lambeaux pédiculés, leurs vais-seaux nourriciers étant sectionnés puis anastomosés en microchirurgie à des vaisseaux du cou pour assu-rer la vitalité du lambeau.Le développement considérable dans l’utilisation de ces lambeaux dits « libres » par l’équipe chirurgi-cale actuelle (A. BOZEC, G. POIS-SONNET, D. CULIÉ et moi-même) nous a permis d’acquérir une répu-tation internationale grâce à nos très nombreuses communications en congrès et publications encore très abondantes dans ce domaine. Cette expertise nous a également permis l’obtention du label de « centre de recours régional  pour la chirurgie des cancers ORL » où sont venus se former nombre de gé-nérations de chirurgiens pratiquant la chirurgie des cancers ORL au plus haut niveau.Au sein de cette chirurgie répa-ratrice, la reconstruction osseuse

maxillaire par transplant de péro-né est devenue, depuis une ving-taine d’années, l’un des points forts de l’équipe, notamment avec le dé-veloppement de la chirurgie assis-tée par ordinateur et modélisation 3D depuis 2014.Réduction du handicap également majeure chez le patient laryngec-tomisé où le Centre Antoine Lacas-sagne est devenu centre expert na-tional, depuis les années 90, dans la réhabilitation par prothèses pho-natoires (cours annuel national).Dans un même sens, la recherche de la préservation laryngée dans les cancers du larynx a toujours été omniprésente au sein de l’équipe médico chirurgicale ORL, soit en adoptant les stratégies non chirurgi-cales dans les cancers avancés, soit en utilisant les chirurgies partielles laryngées par voie externe ou par voie endoscopique au LASER pour les cancers plus limités.L’acquisition proche d’un robot chirurgical au bloc opératoire va nous permettre d’étendre les indi-cations de chirurgies conservatrices par voie endoscopique dans ce type de cancer.Cette politique de préservation anatomique et fonctionnelle s’est étendue également dans la chirur-gie des cancers de la cavité buc-cale et de la région amygdalienne (conservation mandibulaire).L’évolution des curages ganglion-naires cervicaux (ablation des ganglions dans la zone de drai-nage lymphatique de la tumeur pri-mitive ORL), initialement mutilants, vers les curages conservateurs et vers la technique du ganglion senti-nelle (repérage isotopique des pre-miers relais de drainage lympha-

AMÉLIORATION DU PRONOSTIC VITAL DES PATIENTS PORTEURS DE CANCERS DES VADS (VOIES AÉRO-DIGESTIVES SUPÉRIEURES), SALIVAIRES, THYROÏDIENS ET CUTANÉS ET RÉDUCTION DU HANDICAP POST THÉRAPEUTIQUE ONT ÉTÉ LES DEUX GRANDES LIGNES DIRECTRICES SUIVIES PENDANT CES PRESQUE QUATRE DÉCENNIES. LE DÉVELOPPEMENT TRÈS PRÉCOCE DE TOUTE INNOVATION CHIRURGICALE DANS LES TECHNIQUES D’EXÉRÈSE TUMORALE ET DE CHIRURGIE RÉPARATRICE TÉMOIGNE DE CE SOUCI PERMANENT.

Page 21: C’est à Lire

• 21 • C ’EST À L IRE 6 0 ANS

tique de la tumeur primitive, exérèse de ces derniers, analysés en anato-mo-pathologie extemporanée, cu-rage ganglionnaire conservateur si l’analyse retrouve une ou plu-sieurs métastases ganglionnaires)) est également l’illustration de cette incessante recherche de moindre morbidité thérapeutique. La chirurgie thyroïdienne (activité initiée par François DEMARD) est également l’un des pôles d’excel-lence de l’équipe ORL du Centre, tant en nombre d’interventions ré-alisées que de qualité de sa prise en charge multidisciplinaire au sein de sa RCP (réunion de concertation pluridisciplinaire), classant l’Institut Universitaire de la Face et du Cou (IUFC) toujours dans le TOP 5 des meilleurs services français dans les différentes enquêtes journalistiques (Le Point –Express).L’activité chirurgicale plus récente en onco-dermatologie de la face s’est considérablement dévelop-pée, d’années en années, grâce au travail de fond remarquable réalisé par Gilles POISSONNET, notam-ment grâce à sa maitrise exception-nelle des techniques chirurgicales d’exérèse (technique de Mohs) et de réparation, qui fait du service l’un des centres de référence fran-çais dans ce domaine. Ce nouveau pôle d’excellence de la spécialité a en outre été rendu possible par la qualité des relations humaines et les partenariats réalisés par lui-même et tous les acteurs hospitaliers (CHU dermatologie), libéraux (dermato-logues) et les principales structures de recherche dans ce domaine.La nomination, en 2020, d’Alexandre BOZEC en tant que Professeur Universitaire en Can-

cérologie est la juste récompense de tous ces efforts, pour lui-même mais aussi pour toute notre équipe chirurgicale.Il est difficile de parler ORL au Centre sans insister sur l’apport ma-jeur qu’a représenté la construction de l’IUFC (2011) qui, outre la mo-dernisation permise au sein des pla-teaux techniques (bloc opératoire, Unité de Surveillance Continue), a permis de réunir toutes les compé-tences chirurgicales et intellectuelles du Centre Antoine Lacassagne et du CHU pour le seul bénéfice des pa-tients.Outre les domaines d’expertise dans lesquels le Centre est incon-testablement reconnu dans notre spécialité ORL, j’insisterais, pour fi-nir cette brève revue nous concer-nant, sur un aspect qui frappe tous ceux qui, de l’extérieur, patients ou professionnels de santé, ont un jour côtoyé notre équipe ; la formidable cohésion et la solidarité qui nous unissent et nous permettent d’assu-mer une si lourde pathologie et une chirurgie si éprouvante pour le soi-gnant et le soigné.L’avenir est optimiste pour la spé-cialité ORL du Centre Antoine La-cassagne, deux de nos chirurgiens juniors les plus brillants sont déjà sur les rangs pour remplacer l’irrempla-çable binôme « Poissonville », être chimérique imaginé involontaire-ment par certains de nos patients !

Dr Olivier DASSONVILLEChirurgien ORL

Chef du Département de Chirurgie Oncologique

Cervico-Faciale

«L’AVENIR EST OPTIMISTE

POUR LA SPÉCIALITÉ ORL

DU CENTRE ANTOINE

LACASSAGNE, DEUX

DE NOS CHIRURGIENS

JUNIORS LES PLUS

BRILLANTS SONT

DÉJÀ SUR LES RANGS

POUR REMPLACER

L’IRREMPLAÇABLE

BINÔME

« POISSONVILLE »,

COMME NOUS

ONT BAPTISÉS

INVOLONTAIREMENT

CERTAINS DE NOS

PATIENTS !»

EVOLUTION DES PRISES EN CHARGE

Page 22: C’est à Lire

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Soixante ans de médecine nucléaireau Centre Antoine Lacassagne

C’est le tout début de la discipline qui regroupe les utilisations médicales de la radioactivité. Le Dr Marcel MOULINARD puis le Dr Théodore PIEROTTI en sont d’abord responsables. A cette époque, le matériel d’imagerie est limité au « scintigraphe à balayage » donnant des images en pointillés grâce à un ingénieux système mécanique de déplacement d’un compteur couplé à un système d’impression utilisant un ruban encreur de type machine à écrire (!). Les médicaments radiopharmaceutiques (on disait les «  traceurs  ») sont l’iode-131 pour les traitements et le diagnostic des maladies thyroïdiennes, mais aussi le strontium-87 pour les explorations osseuses et le thallium-201 utilisé pour le diagnostic des tumeurs cérébrales grâce à plusieurs compteurs montés sur un casque (!). Le service réalise aussi le réflexogramme achilléen indispensable à un bon bilan thyroïdien. L’hématologie isotopique est développée par Madame Françoise BAJARD grâce au chrome-51 et l’on traite déjà les polyglobulies au phosposre-32. La radioanalyse (dosages de laboratoire utilisant la radioactivité) a toujours été étroitement liée à la médecine nucléaire. Elle est d’abord mise en place par le Professeur René MASSEYEFF et Claude BONET en 1970 pour le dosage de l’alpha-foetoprotéine qui est une innovation. Les dosages radio-immunologiques des marqueurs tumoraux se développent ensuite considérablement d’abord avec Bernard KREBS puis avec Xavier FONTANA. La radio-immunologie

thyroïdienne reste en médecine nucléaire grâce à Guy BÉNITA et Joel NERY.En 1975, le Professeur BUS-SIÈRE-LAPALUS venue du Centre Jean Perrin de Clermont-Ferrand et Jacques MAGNÉ, physicien ar-rivé quelques années plus tôt de Toulouse, lancent véritablement le service universitaire de Biophy-sique et Médecine Nucléaire. La première gamma caméra à scintilla-tion « Ohio-Nuclear » est installée, le technétium-99m devient dispo-nible et les premières scintigraphies osseuses corps entier sont réali-sées sur des clichés polaroïds (!). Les préparations au « labo chaud » se rationalisent et les patients trai-tés par l’iode radioactif qui étaient jusque-là hébergés dans le service de cancérologie générale bénéfi-cient de chambres radioprotégées créées dans le nouveau bâtiment  : la «  fondation Vincent Paschetta  » (le bâtiment B). La radiothérapie s’installe d’ailleurs dans ce bâti-ment permettant au service de mé-decine nucléaire de s’étendre au niveau -1 du bâtiment A qu’il par-tageait jusque-là. La médecine nu-cléaire devient une spécialité dite mixte (fondamentale et médicale) adossée à l’enseignement facultaire de la biophysique que développent très activement Françoise BUS-SIÈRE-LAPALUS et Jacques MA-GNÉ. José BÉNOLIEL, docteur en informatique, se joint à l’équipe en 1979 car l’informatique médicale naissante dépend, à cette époque, de la Biophysique. Quelques an-nées auparavant, le Dr. Michèle HOCH vient renforcer l’équipe mé-dicale, puis le Dr. Mylène VERGER.

On peut noter que les médecins nu-cléaires de cette génération ont un profil scientifique marqué  : double cursus en faculté des sciences et en médecine. C’est une période de grand développement. La prise en charge des patients atteints de pa-thologie thyroïdienne devient mutli-disciplinaire en collaboration étroite avec l’ORL dirigée par le Profes-seur François DEMARD et l’ana-tomopathologie dirigée par Fran-cette ETTORE. Grâce aux traceurs technétiés, les autres examens se diversifient  : scintigraphie osseuse, rénale, pulmonaire etc ...Au début des années 1980 ar-rive la première caméra tournante «  GE-400T  » qui permet pour la première fois de faire de la to-moscintigraphie (des images en coupes). C’est au même moment que Jacques DARCOURT fait un stage d’internat « hors filière » dans le service et finalement choisit cette spécialité et ne quittera plus le ser-vice jusqu’à aujourd’hui. La camé-ra tournante et la tomoscintigra-phie qu’elle permet sont un progrès important dans l’imagerie de mé-decine nucléaire ouvrant vers de nouvelles applications notamment en cardiologie, en oncologie et en neurologie. De nombreux examens désuets de nos jours se pratiquent alors (mesure du débit de fistules, cholescintigraphie, recherche de saignements, test de perméabilité capillaire …) mais d’autres comme

LE SERVICE DE MÉDECINE NUCLÉAIRE OU PLUS EXACTEMENT LE « LABORATOIRE DES ISOTOPES » EST CRÉÉ DÈS L’OUVERTURE DE CE QUI S’APPELAIT À L’ÉPOQUE LE CENTRE DE DIAGNOSTIC ET DE TRAITEMENT.

PR JACQUES DARCOURT

EVOLUTION DES PRISES EN CHARGE

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le repérage radioisotopique du ganglion sentinelle dans le cancer du sein font leur apparition pour rester. Octave MIGNECO, Philippe DESVIGNES et Myriam GRAY viennent progressivement compléter l’équipe médicale. On peut noter que cette génération de médecins nucléaires a un profil plus clinique que celui de la génération précé-dente, car tous sont issus désormais de l’internat. Le changement de gé-nération touche aussi la radiophy-sique qui devient la physique mé-dicale et Malick KOULIBALY rejoint l’équipe de médecine nucléaire.A partir des années 2000, deux évolutions vont marquer la mé-decine nucléaire. C’est d’abord la préparation des médicaments ra-diopharmaceutiques qui va être prise en main par les radiophar-maciens  : le labo chaud devient la radiopharmacie  ! La première ra-diopharmacienne est Solange LAO puis Nadine SAPIN lui succède. Les préparateurs en pharmacie rem-placent les manipulateurs. La deu-xième évolution est encore plus déterminante, c’est l’arrivée de la Tomographie par Emission de Po-sitons (TEP) et du déoxyglucose marqué au fluor-18 (18FDG). La première caméra TEP est installée en 2004 en collaboration avec le CHU dans le service nouvellement créé de l’hôpital de l’Archet I. C’est en 2012 qu’une caméra TEP peut être installée dans les locaux du Centre à la faveur de la construc-tion de l’IUFC. C’est une évolution majeure de la médecine nucléaire grâce à la fois à une technologie nouvelle qui amène, avec les camé-ras TEP couplée à la tomodensito-métrie, une qualité d’image inéga-lée et avec le 18FDG un marqueur diagnostique très sensible des can-cers. Le service a la chance d’ac-cueillir pendant plusieurs années deux éminents professeurs Belges pionniers de la médecine nucléaire : successivement Pierre RIGO et Phi-lippe FRANKEN. Plus de jeunes médecins se destinent désormais à la spécialité. C’est d’abord Da-

nielle BENISVY qui vient apporter à l’équipe sa compétence d’interniste. Elle va prendre en main et dévelop-per particulièrement l’activité thy-roïdienne au départ de Françoise BUSSIÈRE en 2010. Puis ce sont Matthieu-John OUVRIER, Colette ZWARTHOED, Aurélie SCHIAZZA et Marie PAQUET. Cette nouvelle génération «  TEP  » a des compé-tences plus poussées que les précé-dentes en imagerie et en oncologie et s’intègre parfaitement aux diffé-rentes RCP. Pendant cette période la médecine nucléaire change donc considérablement. L’activité TEP et son importance grandissante en on-cologie en particulier, lui donnent une nouvelle place dans la prise en charge des patients atteints de can-cer beaucoup plus proche qu’au-paravant des autres collègues on-cologues. En 2016, c’est le docteur Olivier HUMBERT, formé initiale-ment au Centre Georges François Leclerc de Dijon qui rejoint l’équipe d’abord comme MCU, puis comme professeur à partir de 2021. Son insertion dans le Centre et à l’Uni-versité Nice Côte d’Azur est remar-quablement rapide et productive. Il apporte un nouveau souffle à l’équipe en particulier en recherche.Le tournant majeur suivant de la médecine nucléaire du Centre An-toine Lacassagne débute main-tenant, 60 ans après sa création. C’est celui du développement iné-dit de son activité thérapeutique grâce à la radiothérapie interne vectorisée. On parle désormais de «  théranostic », contraction de thé-rapeutique et de diagnostic, pour indiquer qu’il est possible, grâce aux produits radioactifs dont nous disposons actuellement, d’une part de diagnostiquer la présence des cibles tumorales et d’autre part de les traiter sélectivement. Cette ac-tivité n’est pas nouvelle. Elle a tou-jours existé avec l’iode-131 et le cancer différentié de la thyroïde, puis s’est élargie aux tumeurs neu-roendocrines depuis 2019. Mais elle va prendre une nouvelle dimen-sion en 2022 avec le traitement des

cancers métastatiques de la pros-tate résistant à l’hormonothérapie. Les bénéfices pour les patients sont démontrés et les candidats vont être nombreux nécessitant une nouvelle organisation avec un hôpital de jour dédié et une caméra TEP sup-plémentaire. La nouvelle génération de médecins nucléaire sera encore plus thérapeute qu’auparavant.L’évolution du service de méde-cine nucléaire de Centre Antoine Lacassagne depuis 60 ans illustre l’évolution générale de la spécia-lité de médecine nucléaire. Disci-pline très jeune qui apparaît à l’ou-verture du Centre, c’est d’abord un laboratoire des isotopes qui parti-cipe avec les moyens de l’époque, in vivo mais aussi in vitro avec la radio-immunologie naissante, à la prise en charge de certains patients notamment ceux atteints de patho-logies thyroïdiennes. Elle se struc-ture en véritable spécialité médi-cale avec le développement des nouveaux moyens diagnostiques. L’avènement de la TEP replace la discipline au centre de la prise en charge cancérologique. Elle entre désormais dans une nouvelle ère où les possibilités thérapeutiques ciblées qu’elle offre vont concerner un grand nombre de patients.

Pr Jacques DARCOURTChef du service de médecine

nucléaire.Professeur de Biophysique et de

Médecine Nucléaire à l’Université Côte d’Azur.

Remerciements à tous ceux qui font ou ont fait l’histoire du service de médecine nucléaire du Centre Antoine Lacassagne  : médecins, cadres, physiciens médicaux, ra-diopharmaciens, manipulateurs, se-crétaires, préparateurs, aides-soi-gnants… Avec une mention particulière pour les « anciens » qui m’ont per-mis de rassembler beaucoup d’in-formations  : Françoise BUSSIÈRE, Jacques MAGNÉ, Martine BAREL-LI, Guy BENITA et Claude BONET.

EVOLUTION DES PRISES EN CHARGE

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Soins de support : Des pionniers aux acteurs d’aujourd’hui

Dans le même temps, le Dr Marie Noëlle FALEWEE, médecin anesthé-siste réanimateur, très attachée à la prise en charge nutritionnelle, mène avec les diététiciennes, des actions centrées sur le dépistage et la prise charge de la dénutrition.Le principe de transversalité s’ap-plique à ces deux spécialités  : ces médecins apportent leur expertise aux professionnels de l’ensemble des unités de soins et instaurent un suivi médical en consultation ex-terne. Des liens se créent naturellement avec d’autres professionnels en soins de support, tels que psycho-logues, psychiatre, assistantes so-ciales, kinésithérapeutes, exerçant déjà au Centre. La nécessité de concertation s’im-pose d’elle-même et permet d’op-timiser la prise en charge globale du patient. Les équipes de nuit sai-sissent cette opportunité et solli-citent régulièrement des rencontres avec l’équipe mobile douleur et Hé-lène GUENNOC, psychologue en médecine. Sur le modèle des RCP d’organes, le «  comité d’algolo-gie  » institue un cadre de réflexion interdisciplinaire. Aujourd’hui, le Dr Anne FOGLIARINI participe à la RCP os, anime le comité de soins de support et la RCP douleurs rebelles en lien avec les équipes du CHU.En juin 2000, Christine RIVAT, prend ses fonctions en tant qu’as-sistante médicale chargée d’ac-compagner les différents projets en soins de support. Un accueil télé-phonique 5 jours / 7 est alors mis en place grâce à un numéro unique

à l’usage des patients et des profes-sionnels. Elle travaille aujourd’hui avec Isabelle CHARVAT et Sophie BERUTTO venues renforcer l’effectif du secrétariat.De nouvelles instances voient le jour dans les années 2001 – 2003 avec la création du CLUD (Comité de LUtte contre la Douleur) présidé par le Dr C. CIAIS. Il a pour finalité de susciter et d’animer une véritable « culture douleur » dans l’établisse-ment. Le CLAN (Comité de Liaison Ali-mentation – Nutrition) présidé par le Dr M.N. FALEWEE, lui emboîte le pas quelques temps plus tard avec la même finalité concernant la prise en charge nutritionnelle. Le Dr Chris-tophe HEBERT assume maintenant cette responsabilité qui s’est étendue à des Inter-CLAN.

En 2004, la Direction de l’établis-sement s’inscrit dans l’expérimenta-tion du dispositif d’annonce en tant que site pilote et confie cette mis-sion au Dr CIAIS. Le dispositif infir-mier se structure d’abord dans les spécialités ORL et sénologie, files actives patients les plus représen-tatives. Un trio féminin composé d’infirmières expérimentées (Katia ANSELME, Dominique CONSO et Frédérique MARIN) participe ac-tivement au développement de ce nouveau concept qui sera générali-sé en 2007. Le dispositif d’annonce infirmier est aujourd’hui rattaché au pôle d’oncologie médicale.Dominique et Frédérique amènent avec elles des compétences en der-mographie médicale, cette activité

se développe concomitamment. L’équipe mobile d’algologie trouve un nouveau souffle avec l’arrivée du Dr Anne FOGLIARINI et d’une se-conde infirmière, Suzanne VERNE. L’équipe est rebaptisée EMDSP  (Equipe Mobile Douleur-Soins Pal-liatifs) amenant une meilleure lisi-bilité du soin palliatif dans l’éta-blissement. Formation, soutien des équipes, réflexion éthique peuvent alors être menés plus régulièrement. Ces échanges ont permis de cibler la problématique récurrente des douleurs induites par les soins. Une étroite collaboration entre l’EMDSP et les services médico-techniques s’engagent alors de manière pé-renne afin d’en réduire les effets. Saluons également l’action des bé-névoles d’accompagnement auprès des patients hospitalisés relevant de soins palliatifs. JALMALV et ALBA-TROS sont les associations actuelle-ment habilitées à visiter les patients.

2006 est une étape charnière puisque les soins de support trouvent cette année-là une reconnaissance institutionnelle avec la création du DISSPO (Département Interdisci-plinaire de Soins de Support pour les Patients en Oncologie), dépar-tement indépendant placé sous la responsabilité du Dr CIAIS. La cel-lule de Psycho-Oncologie, l’équipe transversale de nutrition et le service social s’intègrent comme l’ensemble des autres acteurs dans cette orga-

EN JUILLET 1999, CONFORMÉMENT AUX TEXTES RÉGLEMENTAIRES EN VIGUEUR, UNE ÉQUIPE MOBILE « D’ALGOLOGIE » EST CRÉÉE AU CENTRE ANTOINE LACASSAGNE. SA DIRECTION EST CONFIÉE AU DOCTEUR CATHERINE CIAIS, SECONDÉE ALORS DE FLORENCE CLAVERIE, INFIRMIÈRE DÉJÀ EN POSTE DANS L’ÉTABLISSEMENT.

EVOLUTION DES PRISES EN CHARGE

DR ANNE FOGLIARINI

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nisation coordonnée des soins de support. Inclure Schéma de 2006D’autres soutiens sont proposés aux patients au cours des années sui-vantes : La socio-esthétique trouve sa légi-timité rapidement alors que la so-phrologie peine à se faire accepter. Mahalia DALMASSO ouvre la voie de cette discipline qu’elle exerce d’abord bénévolement auprès des patients. Benoît GRONDIN pour-suit aujourd’hui cette activité sur un poste à temps plein.

Les années 2010 inscrivent l’EMDSP dans un partenariat inattendu avec l’archiconfrérie des Pénitents blancs. Il aboutit à l’ouverture des ACT de la Maison Sainte Croix (Apparte-ment de Coordination Thérapeu-tique) en 2012. La structure accueille aujourd’hui 12 résidents relevant de soins palliatifs en situation sociale précaire. La nécessité de concertation se fait sentir également au sein des équipes de soins palliatifs des CLCC. Une première réunion organisée à l’Ins-titut Bergonié à l’initiative du Dr GUESDON, débouche sur l’idée

d’une fédération et l’instauration de rencontres annuelles.C’est au cours de ces réunions, d’après l’expérience menée par l’équipe de l’Institut Curie, que la création d’un Hôpital de Jour en soins de support est discutée. Le Dr FOGLIARINI mènera sa construc-tion jusqu’à son ouverture en no-vembre 2013. Après une phase test réalisé à moyens constants, l’HDJ soins de support bénéfice d’un per-sonnel dédié. Son fonctionnement est assuré à présent par le Dr Elise GILBERT et son équipe. Les soutiens se diversifient avec le développement d’autres activités  : Education Thérapeutique (ateliers), APA (Activité Physique Adaptée), acupuncture, tabacologie, sexolo-gie, aromathérapie et ouverture de l’ERI (Espace Rencontre Informa-tion).Le DISSPO s’est constitué au fil des années dans un esprit de concerta-tion et de partage insufflé par le Dr Catherine CIAIS. Cette philosophie où chacun apprend à se nourrir du travail de l’autre, a permis aux pro-fessionnels d’hier comme à ceux d’aujourd’hui d’éprouver ce senti-

ment solidaire pour une cause com-mune : accompagner le patient se-lon ses besoins et ses difficultés aux différentes étapes de son parcours thérapeutique. Sous la responsabilité actuelle du Dr Anne FOGLIARINI secondée par la cadre de santé Magali GENOUD, les personnels du DISSPO pour-suivent leur mission dans ce même esprit. Un travail conjoint avec le Dr DURAND-CRETEL, correspondant en SDS à l’ARS dessine des pistes futures. L’accent est mis sur la colla-boration ville-hôpital dans le cadre des situations complexes à domicile. L’expérience dans ces domaines du Dr Jacques GOINEAU, Dr Sté-phanie BAUDIN et du Dr Laurent FIGNON qui composent la future équipe médicale de l’EMDSP, laisse entrevoir de prochaines avancées.

Dr Anne FOGLIARINIChef du Département

Interdisciplinaire des Soins de Support (DISSPO) par intérim

Christine RIVATAssistante Médicale principale

EVOLUTION DES PRISES EN CHARGE

L’ÉQUIPE EN DÉCEMBRE 2017

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VALORISATION SCIENTIFIQUE

La recherche au CAL, cinq décennies : de l’interdit absolu à l’indispensable

Publication n° 4, Aubanel JM et al, Clinical Interest of CEA determi-nation in Cancer, Excepta Medica 1978. Le CAL à cette époque, diri-gé par Claude-Michel Lalanne, est droit engagé vers les soins et l’exten-sion de ses capacités d’accueil et de traitement. Le Directeur me dit à la porte de l’embauche  : « Vous, sachez bien qu’on ne fait pas de la recherche dans les Centres,  inter-dit ! On doit produire des actes pour les patients, on n’est pas payé pour la Recherche, il faut se tourner vers l’INSERM ou le CNRS pour cette activité  ». Claude-Michel Lalanne m’a cependant orienté très rapide-ment vers un séjour à l’étranger (Uni-versité de Leeds 1976-1977), bien conseillé par Maurice Schneider qui m’avait pris sous son aile, pour acquérir les fondamentaux de cette recherche dite de transfert. Cette forme de recherche dans ses balbu-tiements, se traduit à l’époque par la mise en place et validation des mar-queurs tumoraux circulants, témoins de l’évolution de la maladie. Dans ce cadre, le CAL organise dès 1978 le premier congrès international sur le chef de file de ces marqueurs tu-moraux, l’ACE, Bernard Kreps à la manœuvre, un brillant et bouillonant biologiste qui a certainement ouvert la voie à ce type de recherche dans notre établissement.

La n° 20, Thyss A et al, Polyamine as biological markers in malignant

lymphomas, EJC 1982. De retour de Leeds, affecté au laboratoire de Bio-logie dirigé par un boss très humain et bienveillant, Pierre Cambon, j’ap-plique un programme de travail dans la ligne de cette recherche de trans-fert au sein duquel vient s’insérer le thème des polyamines (marqueurs urinaires à double intérêt, une valeur prédictive d’efficacité de la chimio-thérapie et également un pouvoir pronostique) et permettra au CAL d’interagir avec le CHU pour une re-cherche partagée (JP Cassuto, ser-vice d’Hématologie, en particulier). Cette analyse passe par la collecte en masse des urines des 24 heures qui laisse certainement des souve-nirs prégnants auprès du personnel soignant et des technicien(ne)s de biologie clinique, et l’on comprend que ces conditions pratiques aient pu compromettre l’avenir de ce test qui avait pourtant apporté la preuve de son intérêt clinique au CAL.

La n° 34, n’a pas un impact factor redoutable mais symbolique car trop rare, Namer M et al Etude de l’in-fluence des traitements médicaux du cancer du sein sur les taux des ré-cepteurs d’estrogène et de proges-térone, Bull Cancer, 1984. Para-doxalement peu de collaboration avec un des maîtres de la pratique de l’oncologie médicale au CAL, si ce n’est selon moi LE Maître, tant la reconnaissance de ses patients était immense et à l’image de son talent et

sa disponibilité. Un bosseur dingue, il me disait qu’il lisait des publica-tions tout le temps, même en allant aux toilettes. Hélas, nous n’avons co-signé qu’une seule publication ensemble, allez donc savoir pour-quoi.

La n° 47, Thyss A et al, Pharmacoki-netic evidence of a life threatening interaction between methotrexate and ketoprofen, Lancet 1986. An-toine Thyss encore, une alliance ef-ficace car l’un et l’autre savions très bien ce que nous cherchions récipro-quement dans l’association de nos complémentarités. Le CAL entrait là dans un domaine très spécifique de la recherche de transfert, qui est ce-lui de la pharmacocinétique clinique (étude du devenir des médicaments dans l’organisme), et frappait ici un grand coup avec cet article entrai-nant la modification de l’AMM des AINS et le renforcement du suivi en routine de la methotrexatémie.Et l’ancrage du CAL dans la pharma-cocinétique clinique se manifestait bien plus encore à travers la N° 61 Santini J et al 5 FU therapeutic moni-toring with dose adjuvant leads to an improved therapeutic index in head and neck cancer. British J Cancer 1989. Waouh, quelle belle aventure commune d’interactions positives entre biologistes et cliniciens que ce suivi thérapeutique du 5FU, certai-nement utile pour le clinicien et les patients en particulier la localisation

BON, IL FAUT Y ALLER, APRÈS AVOIR RÉALISÉ QU’IL NE ME RESTAIT QUE PEU DE TEMPS POUR M’ACQUITTER DE MA TÂCHE, SOIT LA CONSÉQUENCE D’UNE RÉPONSE POSITIVE SPONTANÉE POUR RÉDIGER CET ARTICLE. COMMENT M’Y PRENDRE DEVANT LE RISQUE DE DÉBALLAGE INDIGESTE ? JE CHOISIS DE PARCOURIR UNE PARTIE DE L’HISTOIRE DU CAL SUR 5 DÉCENNIES ET LE CLASSEUR DE MES PUBLICATIONS INTERNATIONALES (PHOTO PAGE SUIVANTE) VA M’Y AIDER PARTANT DE 1976 N° 1 À 2018 POUR LES PLUS RÉCENTES. BALISONS D’EMBLÉE LE PARCOURS, IL S’AGIRA ICI AVANT TOUT DE RECHERCHE DE TRANSFERT ET D’UN ÉCLAIRAGE PERSONNEL QUI N’ENGAGE QUE L’AUTEUR SUR LES ÉVÈNEMENTS ET LES PERSONNES. DR GÉRARD MILANO

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VALORISATION SCIENTIFIQUE

ORL, très productive en publications de haut niveau et conférant une re-connaissance internationale au CAL. La publication n°145 par Schneider M et al Phase II trial of cisplatin, fluo-rouracil, and pure folinic acid for lo-cally advanced head and neck can-cer JCO 1995, témoigne de cette importance du suivi pharmacociné-tique au sein d’un essai de phase II incorporant une étude du devenir de médicaments associés.

Cette surveillance pharmacociné-tique du 5FU mobilisait les troupes mais restait cependant très lourde pour le personnel soignant (prélè-vements sanguins répétés) et pour les techniciens du laboratoire d’On-copharmacologie (surveillance 365j/365). Le laboratoire d’On-copharmacologie, parlons-en un peu. Il est installé en 1989, décision de François Demard, Directeur bâ-tisseur et visionnaire, à qui je dois énormément, et qui un jour me dé-clara : « Je dois réparer une injustice, je vais édifier ton laboratoire, ce sera l’Oncopharmacologie  » néo-logisme adopté ensuite par de nom-breux CLCC, « et te faire nommer. Tu passeras directement le concours de chef de service des CLCC, sur titres et travaux, notre convention prévoit d’intégrer ton profil de formation ». Et là, avec l’oncopharmacologie, le CAL innovait et montrait carrément la voie au plan national des CLCC, toujours dans le cadre de cette re-cherche de transfert. Au passage, François  Demard que je question-nais volontiers sur la réussite pro-fessionnelle aimait à me répondre  : «  C’est pas compliqué Gérard, il faut un bon thème porteur, une vo-lonté de travail et surtout ne pas se prendre la tête avec le décideur  ». Oh combien il avait raison ! Revenons au 5FU, à sa lourdeur analytique. En fait, les concentra-tions de 5FU sont sous le contrôle d’une activité enzymatique, la DPD, qui gouverne le devenir de ce mé-dicament dans l’organisme. Dès lors, il était naturel de s’intéresser à cette enzyme, et ce d’autant que les défi-

cits en cette dernière, d’origine gé-nétique pour l’essentiel, certes très rares, étaient presque systématique-ment associés à un risque toxique grave. Alors, acceptez pour une fois que dans le listing des publications, j’en choisisse une en premier auteur et représentative de l’importance de ce thème de travail, n°138 Milano G, Etienne MC. Potential importance of dihydropyrimidine dehydroge-nase (DPD) in cancer chemotherapy. Pharmacogenetics 1994.

Groupons maintenant la n°115 Das-sonville O et al, JCO 1993 et la n°213, Ferrero JM et al 2001, An-nal Oncology car elles se rapportent toutes deux à l’expression tumorale du récepteur à l’EGF (REGF) dans les cancers ORL pour la première et le cancer du sein pour la seconde. Ces deux publications sont signées par nos deux leaders CAL dans leur domaine respectif. Incontestable-ment la productivité des travaux sur le REGF a été plus marquée dans les cancers ORL où l’expression de ce récepteur est reliée à un devenir défavorable, indépendamment des autres facteurs pronostiques. Le CAL à travers ces avancées sur le REGF entrait ainsi de plain-pied dans l’ère de la médecine dite personnali-sée, qui ne cesse de s’étendre à ce jour et rapidement des inhibiteurs du REGF ont été développés et ont apporté la preuve de leur efficaci-té thérapeutique, notamment pour les cancers ORL, sur des fonde-ments pré-cliniques que nous avions contribué à établir sur des modèles cellulaires, avec le concours efficace d’Alexandre Bozec dans ses travaux de thèse de Sciences.

Bon, je ne vais quand même pas énumérer nostalgiquement jusqu’à la n°400 et au-delà (vraiment, on approche de 500 à ce jour), ce n’est pas le but, mais sentimenta-lement, je citerai quand même la n°353, François E et al, un essai de phase I sur une association gemcita-bine, capecitabine et erlotinib dans Chemotherapy 2012, trop rares je le regrette ces publications avec

Eric, fantastiquement investi dans la lourde charge de sa spécialité. Ce qui lui vaut une reconnaissance una-nime de ses patients, de ses pairs au plan local, national et international, et lui a permis d’acquérir notoriété et confiance auprès des développeurs de médicaments.

L’équilibre des établissements de soins publics, en particulier pour l’oncologie repose désormais forte-ment sur le pilier Recherche englo-bant non seulement cette recherche de transfert que nous avons évoqué ici mais aussi et surtout la recherche clinique. La recherche de transfert a été et continue d’être une marque de fabrique très forte du CAL, elle a contribué à lui conférer une visibilité nationale et internationale. Cette re-cherche a permis de mettre en place un équipement analytique perfor-mant au sein du laboratoire d’onco-pharmacologie, outil indispensable à la pratique actuelle de la méde-cine de précision où là encore le CAL occupe une place de premier plan aux niveaux régional, national et international grâce à la très forte et brillante implication d’Esma Saada.

Je suis heureux d’avoir pu vous livrer ici ce témoignage spontané en toute franchise et simplicité. Merci de votre attention et de votre indulgence. À bientôt pour fêter ensemble ces an-niversaires.

Gérard MILANO, PhD Biologiste Chef de Service des CLCC

Responsable de la Valorisation Scientifique CAL

Directeur de l’UPR 7497 UCA-CAL

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TÉMOIGNAGES PATIENTS

TÉMOIGNAGE

Michèle CLERC patiente traitée en protonthérapie oculairePouvez-vous nous raconter votre histoire en quelques lignes ? Début 1995, mon frère, Médecin généraliste, décou-vrait sur mon œil droit, qu’une partie de la cornée-gra-nuleuse- apparaissait et m’incitait à consulter d’ur-gence un « excellent Ophtalmologiste ». J’ai donc vu le Dr TISSERAND, lequel diagnostiquait un mélanome et m’adressait sur le champ au Dr CAUJOLLE qui avait été son Directeur de Thèse.Le Dr CAUJOLLE me déclarait alors que « c’était très sé-rieux » et qu’il «m’opérait dans 8 jours», m’expliquant avec beaucoup de tact, qu’il s’agissait d’un mélanome de la conjonctive, qu’il procèderait à une greffe de la cornée avec pose de 5 clips dans le globe oculaire-des repères- en vue d’une protonthérapie au Cyclotron de NICE. Il ne me cacha pas que je risquais la perte de mon œil.Après l’opération, le 8 Février 1995 rendez-vous fut pris en mars-avril au Cyclotron pour une protonthéra-pie oculaire, à savoir : 3 séances de sensibilisation et 6 séances de protonthérapie.

Pourquoi avez-vous accepté ce traitement  en protonthérapie ? Comment s’est passé ce trai-tement en protonthérapie oculaire ? Quels ont été ses avantages pour vous ?J’ai accepté cette Protonthérapie en toute connais-sance de cause, dans le but de sauver mon œil voire ma vie. Je dois dire que dès le premier jour, j’ai eu une confiance totale, en le Dr CAUJOLLE.Ce traitement s’est parfaitement déroulé : je peux affir-mer que le Cyclotron ne m’a pas traumatisée, je n’en garde aucun mauvais souvenir, sans doute grâce à une équipe outre ses compétences, certes, mais de surcroît avenante, très à l’écoute, rassurante et disponible 24 heures sur 24 en cas de besoin. De plus, le traitement est indolore. A présent, je suis guérie de ce mélanome.

Et aujourd’hui, de nombreuses années après, quel est votre retour sur votre traitement et sur votre prise en charge au Centre Antoine Lacas-sagne ?Vous me permettrez d’évoquer maintes péripéties et ef-fets secondaires qui ont jalonné ma prise en charge par le Dr CAUJOLLE :- hypersensibilité de la paupière durant plusieurs an-

nées,

- écoulement permanent de l’œil d’où érythème sous l’œil et pose d’une prothèse « Clou-trou PVP » durant 5 mois, en raison d’une sténose des voies lacrymales (pose par le Dr Jean-Antoine BERNARD, Hôpital Saint Antoine, Paris, avril 1999),

- cataracte radique, puis cataracte secondaire- glaucome (toujours traité à l’heure actuelle)- sécheresse oculaire- intervention urgente du Dr CAUJOLLE au niveau d’un

des 5 clips qui traversait soudain la cornée et ablation de deux clips en octobre 2008.

Le 10 Mars 2014, seconde greffe (Dr CAUJOLLE), de la conjonctive, cette fois, après l’apparition d’un trou ! Totale réussite ! Miraculeusement, la rétine n’ayant pas été touchée, ma vision est très satisfaisante.Malgré tout, pour moi, le bénéfice du traitement a été largement supérieur aux effets secondaires et mon res-senti est surtout la chance d’avoir bénéficié d’un tel trai-tement.Sans doute pouvez-vous imaginer la confiance indé-fectible et ma gratitude envers le Dr CAUJOLLE, ce chirurgien génial, avec lequel depuis plus de 25 ans à présent, j’ai un rapport privilégié et au quel je voue une grande admiration.Je pense que nous sommes très privilégiés de pouvoir bénéficier à Nice, de traitements de pointe dans des établissements tels que le Centre Antoine Lacassagne et le Cyclotron MEDICYC et en ce qui me concerne, le bénéfice est d’autant plus grand, que mon œil et ma vie ont été sauvés.

Michèle CLERC

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TÉMOIGNAGES PATIENTS

TÉMOIGNAGE

Martine AUBERT patiente traitée en protonthérapie oculaire Pouvez-vous nous raconter votre histoire en quelques lignes ?En juillet 2008, au cours d’une visite pour refaire des lu-nettes de soleil à ma vue, le Dr PITAULT, centre d’ophtal-mologie de Chateauneuf-les-Martigues m’a détecté un mélanome choroïdien. Deux jours après, rendez-vous à l’hôpital Nord de Marseille pour plus d’examens qui me conseille de traiter au plus tôt Mon ophtalmo me dirige directement vers le Dr CAUJOLLE. Prise en charge de suite (détection en juillet, pose des clips en Août, trai-tement en septembre 2008).

Pourquoi avez-vous accepté ce traitement en protonthérapie ? Comment s’est passé ce traite-ment en protonthérapie oculaire ? Quels ont été ses avantages pour vous ?J’ai accepté ce traitement de protonthérapie parce que j’ai, d’abord, fait entièrement confiance au Dr CAU-JOLLE. Le protocole a, tout de suite, été mis en place et tout a été vite et très bien organisé. Explications détaillées des soins, accueil, soutien, personnel compétent et rassurant (ce qui est primordial). Le traitement s’est bien déroulé, certaines phases de la préparation aux soins ne sont pas très agréables, mais tout est mis en œuvre pour vous faciliter l’épreuve.

Les avantages du traitement à Nice- Distance pas trop loin de mon domicile Martigues 250 kms.- Hébergée chez ma cousine à Nice (bon pour le moral)- Traitement de courte durée, pas douloureux et efficace.

Seul effet secondaire: brûlure du coin interne de la paupière nécessitant des soins journaliers, mais sans incidence sur ma vue.Suivi régulier pendant 13 ans par mon ophtalmo le Dr BERNARD (qui a pris la suite du Dr PI-TAULT) et par le Dr CAUJOLLE, et toute dernière visite cette année (le 23 juin 2021) chez ce dernier, puisque tout est « parfait». Juste un suivi régulier chez mon ophtalmo.

Et aujourd’hui, de nombreuses années après, quel est votre retour sur votre trai-tement et sur votre prise en charge au Centre Antoine Lacassagne ?Aujourd’hui, je suis très contente d’avoir eu une détection très tôt du mélanome et d’avoir bé-néficié de ce traitement et avec le recul très satisfaite du résultat des soins, du sérieux, de la rapidité d’intervention, de l’accueil, du suivi et de l’organisation. J’ai été contactée par des personnes ayant la même pathologie que moi et qui m’ont demandé des renseignements... J’ai recommandé le Dr Caujolle et le Centre Antoine Lacassagne à ces personnes.Je tiens tout particulièrement à remercier le Dr Caujolle et les personnels du cyclotron ainsi que toutes les personnes qui m’ont soutenue et qui ont contribué à ma guérison.

Martine AUBERT

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TÉMOIGNAGE

Danielle CANDELASpatiente du Pr NAMER

Mai 1995, j’ai 46 ans - Un rendez-vous chez la gynéco, ma dernière Mammo écho date de 2 ans…alors elle m’en prescrit une. Et là le couperet tombe j’ai une tumeur qu’il va falloir ana-lyser et enlever.Par chance l’époux de mon amie travaille à la Direction du Centre Lacassagne. Il me propose de m’organiser un ren-dez-vous avec le Dr ABBES une sommité dans son domaine – mais qui a la réputation d’être d’un abord …un peu « froid ». Après quelques minutes d’entretien la confiance s’établit et je décide de me faire opérer par lui.Tous les examens et analyses sont faits – au Centre bien sûr – il ne reste plus qu’à fixer la date de l’intervention. Le plus vite pos-sible à ma demande car l’attente est source d’inquiétude. Le 2 juin je suis opérée. Je ne suis pas « mutilée » mais sous le pan-sement je veux voir. Une infirmière décolle un coin de l’énorme pansement, je ne vois pas grand-chose mais si elle dit que tout est en ordre je la crois.La suite est angoissante…quel traitement  ? La chimiothérapie et son cortège d’effets secondaires me terrorisent. Le Pr M. NAMER essaie de me rassurer en me disant qu’il va voir avec ses collègues quel protocole va être décidé.Ce que j’ai apprécié c’est que cet important professeur prenne la peine de me téléphoner pour m’expliquer qu’après 6 séances de chimio et un mois de radiothérapie tout cela ne se-rait qu’un mauvais souvenir et que très bientôt je serais consi-dérée comme guérie.Bien sûr après il y a les contrôles tous les 3 mois, 6 mois, un an et un jour alors que j’étais sur le point de prendre un ren-dez-vous pour l’année suivante avec le Dr FOLLANA, il m’a dit que ce n’était plus nécessaire.Je conserve un lien avec le Centre en faisant mes contrôles Mammo écho au Centre. Je fais entière confiance aux équipes soignantes et je recommande cet établissement aux personnes de mon entourage qui sont malheureusement confrontées à cette terrible maladie qu’est le cancer.Il ne faut pas oublier le rôle du personnel administratif premier contact avec le Centre. L’accueil est aussi très important pour les malades.

Danielle CANDELAS

TÉMOIGNAGES PATIENTS

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TÉMOIGNAGES PATIENTS

TÉMOIGNAGE

Véronique ROYFille de François et Isidora, et mère de Louis, tous trois patients du Centre Antoine Lacassagne

Témoigner de la prise en charge par le Centre An-toine Lacassagne de mon père, de mon fils de 20 ans

et de ma mère n’est pas chose ai-sée. Pourtant, c’est bien le minimum que je puisse faire pour ces per-sonnes qui ont fait partie de notre vie au cours de ces dernières an-nées, pour ce centre que j’aimerais tant que l’on assimile à un lieu de vie et non uniquement à un lieu de souffrance et parfois de mort.

De la vie il y en a eu dès le départ. Mon père, François ROY, a été dia-gnostiqué en Octobre 2011. Après un parcours hors du centre, de consultations, échographie, IRM, puis scanner, nous étions livrés à l’impensable, une forte suspicion de cancer du pancréas. Nous savions tous ce que ce cancer-là impliquait. Une fin rapide, il s’agissait de ga-gner du temps. Quelques semaines, quelques mois… C’était sans comp-ter sur l’équipe du Dr Eric FRAN-COIS. Le « Chef » comme l’appelait mon père. Notre première rencontre avec lui, bien que sobre, nous fit vite comprendre que nous étions au bon endroit. Nous serions totalement pris en charge et en un seul lieu, sans devoir gérer les rendez-vous des spécialistes et radiologues, le tout supervisé par une personne hu-maine, et surtout non résignée. Après la biopsie de confirmation du diagnostic pratiquée au centre, nous avons eu le rendez-vous avec le Dr FRANCOIS et Frédérique, in-firmière de l’annonce.

Comment expliquer qu’à notre arri-vée, nous étions ma mère, mon père et moi effrayés, le regard figé au sol et qu’à notre sortie de ce bureau (le

3, où finalement nous avons passé des heures mes parents, mon frère et moi), nous étions droits comme des piquets prêts à combattre et pleins d’espoir  ? Sûrement parce qu’outre cette fichue maladie qui allait marquer le quotidien d’une famille de trois générations, par-ticulièrement unie et aimante, ce qui nous était annoncé avant tout c’était un programme, celui d’un véritable combat où mon père ne serait pas seul. Sa famille, son « ar-mée  » et Lacassagne. Le premier enjeu  : supporter le Folfirinox. Le Dr FRANCOIS nous a expliqué ce traitement et Frédérique, l’organi-sation de la chimiothérapie. Je me souviens qu’elle voulait nous faire visiter le service, presque comme on visite un hôtel. Tout était là, leur comportement rassurant bien sûr, mais surtout pragmatique. Plus d’er-rance, nous n’étions plus seuls. Mon père était écouté. Il souffrait  : ren-dez-vous avec l’algologue  ; si ja-mais il était moralement en baisse, il pouvait consulter un psychologue, ce dont il n’a jamais manifesté le be-soin d’ailleurs.

D’une force mentale hors norme, cette phrase dite lors de sa pre-mière visite au Dr FRANCOIS a im-primé tout son parcours au centre « Je veux tout comprendre. Si vous m’expliquez tout, je me mettrai sur vos rails. Je suivrai tout à la lettre. » Force est de constater que les deux ont fait la paire. 7 ans et demi de vie pour un cancer du pancréas non résécable. Le lien qu’ils ont tis-sé, cette confiance aveugle de mon père étaient renforcés, amplifiés par le Dr EVESQUE, lorsque le Dr FRANCOIS était absent et par tout le personnel soignant. Ce sentiment

de protection apparaissait d’ailleurs dès l’accueil, les sourires des hô-tesses, leur douceur.

Les cycles de Folfirinox, en alter-nance avec ceux de Gemcitabine, de Capecitabine, de radiothérapie et de Cyberknife n’ont pas permis 7 ans et demi de survie, mais une vie pleine et intense. Comment remer-cier cette équipe qui a permis à notre famille d’avoir tous ces Noëls, ces voyages dès qu’ils étaient possibles, cette vie consciente de l’urgence où il n’y avait de place que pour l’es-sentiel… Sans doute en expliquant aujourd’hui, que les moments vécus au sein du centre, dans les services de chimio, dans les chambres au B3 et avec les médecins, internes, infir-miers et infirmières, aides-soignants et aides-soignantes, ont été égale-ment synonymes de fous rires, de

FRANÇOIS ROY, UN AN AVANT SON DÉCÈS, À POMPÉÏ. PASSIONNÉ DES VIEILLES PIERRES ET DE LEUR HISTOIRE, IL VOULAIT REVOIR CET ENDROIT. IL ÉTAIT COMME UN GAMIN ET GALOPAIT PARTOUT CE JOUR-LÀ. AUCUNE PLACE POUR LA MALADIE...

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parties de cartes en pleine nuit, de longues et profondes conversations. En somme une vraie vie, intense, avec de belles âmes qui accep-taient de se confronter à la souf-france, à la mort et de rentrer chez elles sûrement épuisées après avoir tout donné.

Pour la petite anecdote, il nous avait été accordé de venir fêter Pâques avec mon père. Il a pu être ce jour-là avec son épouse, ses enfants, ses petits-enfants dans une toute pe-tite chambre. J’avais fait un repas comme à la maison et j’ai amené tous mes plats et casseroles. Mon frère avait fait une jolie table avec une pyramide de gobelets. Pas d’al-cool et pas de bruit évidemment et les soignants passaient de temps en temps boire un coca, un jus de fruit. Nous avons amené la maison à l’hôpital, en respectant l’endroit qu’il représentait. Grâce à cet envi-ronnement si bienveillant, des liens parfois se tissaient avec d’autres patients et leur famille. Au B3, mon père retrouvait notamment, de fa-çon régulière, une amie de longue date (son mari, également décédé d’un cancer du pancréas avait tra-vaillé avec lui). Tous les deux mar-chaient beaucoup dans les couloirs, « roulaient » avec leurs perfusions et faisaient des parties de rami à n’en plus finir. Mme MONTINI (qui m’a autorisée à la citer) est encore en traitement au B3 et ne désarme pas.

Lorsque mon père a rendu les armes le soir du 8 Avril 2019, il était en-touré comme toujours de son épouse, son fils et sa fille. Et nous, nous étions entourés de ces per-sonnes qui restent gravées dans notre souvenir. Elles se sont occu-pées de nous qui étions perdus et surpris parce que mon père était un phœnix qui renaissait à chaque mauvaise étape. Je n’ai pas eu le courage de retourner les voir, lors-qu’un peu plus d’un mois après, sur le conseil du Dr FRANCOIS, mon

fils de 20 ans était en consultation avec le Dr GASTAUD pour un lym-phome d’Hodgkin stade 4. Mal-gré ce sort qui s’acharnait, nous sa-vions dès le départ qu’il fallait faire vite mais que cette fois-ci nous se-rions gagnants. Louis a donc com-mencé le Beacopp le 27 Juin 2019, puis terminé ses cycles d’ABVD le 29 Novembre 2019. Il va bien au-jourd’hui et ses contrôles sont dé-sormais semestriels. Le fait d’avoir accompagné son grand-père dans la maladie et d’avoir côtoyé le centre Lacassagne lui a sans doute permis de ne pas être effrayé par l’endroit et de « suivre le modèle de Papi  ». Lui également a entretenu une relation essentielle avec le Dr GASTAUD, jeune, dynamique et si compétent humainement et techni-quement. Lorsque ce dernier lui a dit qu’il le trouvait assez courageux, Louis lui a répondu «  vous m’avez dit ce que j’avais, qu’il y avait un traitement, je l’ai fait et voilà ».

Le personnel soignant du B5 a été aussi remarquable et efficace que celui du B3, le même esprit qui a su s’adapter au jeune âge de Louis. Audrey, l’infirmière référente était ma meilleure amie, en période d’aplasie, toujours disponible et ré-active dans les moments de peur, lorsqu’il fallait courir pour une hos-pitalisation en urgence. Le 13 Mars 2020, le jour où l’on a enlevé le DVI de Louis, il avait préparé des gâteaux et les a naturellement ame-nés au B5. Une façon modeste et bien sincère de les remercier pour avoir partagé cette tranche de vie avec lui.

Heureusement que les fichiers in-formatiques du Centre Lacassagne peuvent attester ce que je relate ici, car je crois que dans les films les plus fous, il serait peu crédible de dire que j’ai ensuite amené mon fils et ma mère, Isidora ROY, en-semble en consultation avec le Doc-teur GASTAUD pour leurs contrôles.

TÉMOIGNAGES PATIENTS

La lymphopathie chronique de ma mère qui s’est déclarée après la maladie de Louis, se complique un peu. Aujourd’hui elle vient d’être hospitalisée pour être transfusée en urgence. Je pense donc retour-ner un peu plus souvent au Centre… Mais là encore, lorsque j’ai appe-lé l’assistante du Docteur GASTAUD pour sa première consultation, en lui indiquant que ma mère était trau-matisée et que le seul fait de passer devant le bureau 3 de consultation du Docteur FRANCOIS lui semblait difficile, une solution a été trouvée. La consultation s’est faite au B5 et dans la salle d’attente, pour ne pas lui rappeler non plus les hospitalisa-tions de son petit-fils. Je pourrai dire que j’en ai assez de me rendre à cet endroit qui est tout de même atta-ché à beaucoup de souffrance et de souvenirs violents, que c’est beau-coup pour une seule famille, etc…

Mais tous ces visages qui me re-viennent, leurs sourires, leurs mains apaisantes posées sur les épaules de mon père, de mon fils, de ma mère, font que pour moi le Centre Antoine Lacassagne est un lieu de vie, de combat certes, mais de vie et d’humanité avant tout. Je connais quelques personnes qui ont pré-féré être soignées ailleurs, tant cet endroit est assimilé aux images du cancer. Si ces quelques mots peuvent convaincre que cette ma-ladie peut être retardée, vaincue, dans ce centre qui offre les meil-leures conditions humaines pos-sibles, permettant de pleinement se consacrer à cette lutte, j’en serai sincèrement heureuse.

Quoi qu’il en soit, merci, merci à tous, à vos familles conciliantes, pour nous avoir permis de profiter un peu plus de la présence de mon père, avoir sauvé mon fils et prendre autant soin de ma mère aujourd’hui.

Véronique ROY

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TÉMOIGNAGES SALARIÉS

Marie-Agnès HUART, Cadre de Santé du Département d’Oncologie Médicale

Entrée au Centre en 1981 en tant qu’infirmière, service de médecine

Travailler 40 ans dans le même établissement m’a permis d’assister aux avancées médicales et technologiques.Quand je suis rentrée au Centre Antoine Lacassagne, 95% des patients décédaient. Aujourd’hui nous parlons de guérison (le taux de guérison progresse), rémission, survie et 40% de décès. La prévention et la lutte contre les facteurs de risque ont

permis de réduire l’incidence de certains cancers. La maladie était taboue et les patients arrivaient à un stade avancé de la maladie : pas encore de prévention, pas de prise en charge correcte par certains médecins trai-tants, en radiologie il n’y avait pas de scanner ni d’IRM (amélioration des méthodes diagnostiques). La prise en charge de la douleur était à ses balbutiements. Les patients avaient des douleurs atroces et nous n’avions que la potion st Christopher pour les calmer, les médecins utilisaient peu la morphine. Au niveau matériel, les se-ringues, les flacons de redons et les flacons de perfusion étaient en verre et les aiguilles en fer. Les compresses étaient pliées à la main, mises dans des tambours pour être stérilisées dans un poupinel. Le Centre a été le pre-mier dans la région à avoir des seringues en plastique et des aiguilles jetables, des cloches avec le vide dans les tubes pour les prises de sang ainsi que les sets à pansements jetables. Le Centre Antoine Lacassagne, depuis le début, comme tous les CLCC, prend le patient en charge dans sa globalité (médico, psycho, social).

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Isabelle TARTAMELLA, Cadre de Santé référente IMPT

Entrée au Centre en 1980 en tant que Manipulatrice en Electroradiologie Médicale, service de radiologie

Juillet 80 : date de mon entrée au Centre ; il y a déjà 41 ans… Les premières an-nées sont peut-être toujours et dans tous les domaines celles qui marquent le plus – forgent et vous laissent une empreinte pour la vie… Aussi c’est cette période d’ap-prentissage du métier de Manipulateur qui me revient en tête et avec lui un vrai « personnage » : le Pr Jean-Noël BRUNETON à l’époque chef de service de la Ra-diologie du Centre Antoine Lacassagne.  L’Imagerie est alors en pleine expansion avec l’arrivée du Scanner – le développement des angiographies – de l’échographie… Les progrès diagnostics qu’elle engendre sont à leur sommet :  l’euphorie est partout ; dans nos services – pour nos patients… elle dyna-mise notre envie d’apprendre...et le Pr BRUNETON nous en donne le goût voire le « devoir » par l’enseignement qu’il nous réserve, notre participation aux actes qu’il promeut, la confiance au métier qu’il prodigue et élève …Une belle aventure qui n’a cessé de continuer par la suite  au sein du Centre…..j’y ai fait toute ma carrière ; cela arrivera -t-il encore à d’autres aujourd’hui ??? j’y ai tant appris,  donné aussi.   A présent, en tant que Cadre depuis 21 ans en Radiothérapie -  j’essaie également « d’impulser »… mes équipes et les patients sont ma prio-rité. Merci Monsieur le Professeur J.

Florence CHEVALIER, infirmière de nuit

Entrée au Centre en 1994

C’est l’ambiance de travail qui me semble une raison majeure de ma présence au centre comme infirmière depuis toutes ces années. J’ai toujours eu l’impression que c’était un peu comme une « deuxième famille ». Bien sûr l’hématologie est une spécia-lité que j’apprécie, mais travailler au sein d’une équipe soudée et solidaire, peut être encore plus en travaillant la nuit, donne un certain sentiment de sérénité et l’impression d’être là où on doit être pour s’investir auprès des patients.

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TÉMOIGNAGES SALARIÉS

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Pascale MARTINO, Cadre Dosimétriste

Entrée au Centre en 1983 en tant que Manipulatrice en Electroradiologie Médicale, service de radiothérapie

En 1991, j’étais manipulatrice en radiothérapie au Centre quand le Dr Chauvel, alors chef de service, m’a demandé de rejoindre l’équipe de Médicyc ; seul cy-clotron en France dédié aux applications médicales. C’est avec fierté et un peu d’appréhension que j’ai accepté de faire partie de l’aventure « protonthérapie ». Toute l’équipe était bienveillante et extrêmement motivée.La machine était un prototype et les techniques de traitement étaient novatrices et révolutionnaires pour l’époque ! Quelle émotion lors des premiers traitements !!! Il n’existait aucun protocole et pas non plus de référentiels mais le travail d’équipe, la communication, et la confiance mutuelle nous ont per-mis de progresser rapidement ! Grâce à l’immense compétence et au professionnalisme de toute l’équipe, les premiers traitements se sont déroulés sans encombre. Certes nous ne dormions pas beaucoup et nous avions beaucoup de doute mais nous étions heureux de pouvoir proposer aux patients un traitement de très grande qualité toujours utilisé 30 ans après.

Yannick LAUTRETTE, Assistante de Direction

Entrée au Centre en 1989 en tant que secrétaire Mon poste actuel est Assistante de Direction

Embauchée en avril 1989 à l’âge de 25 ans au Centre en tant que secrétaire tri-lingue, j’ai eu l’occasion de travailler dans plusieurs services et d’exercer diverses fonctions toutes très enrichissantes. J’ai commencé sur le Site Ouest, au secrétariat de Mr Mandrillon avec l’équipe qui a construit le cyclotron Médicyc. En 1997, je rejoins le site Est, et exerce plusieurs fonctions à la Direction Générale : secrétariat de direction, chargée du secrétariat de la Conférence Médicale, gestion de la bi-bliothèque médicale, gestion des voyages, secrétariat de la Commission des Usagers. Aujourd’hui, je suis sur les deux sites avec un mi-temps d’agent d’accueil à la Consolata qui me permet d’avoir le contact avec les patients ; et un mi-temps au Comité de Coordination de l’Enseignement et de l’Activité Scien-tifique (CCEAS) pour l’organisation de l’enseignement des étudiants et des congrès. Tout au long de ces années, je ne me suis jamais demandée si je devais changer d’établissement. Alors bien que l’expression «Faire sa carrière au CAL» ne me concerne pas tout à fait, je peux dire que je suis fière de ma car-rière et que je remercie chacune des personnes que j’ai croisées et avec qui j’ai la chance de travailler.

Gisèle PALAMINI, Manipulatrice Coordinatrice en radiothérapie, IMPT

Entrée au Centre en 1992 en tant que Manipulatrice en Electroradiologie Médicale, service de radiothérapie

Après 9 ans passés au Centre Alexis Vautrin de Nancy, j’ai rejoint l’équipe de ra-diothérapie du Centre Antoine Lacassagne en 1992 où je travaille encore avec tou-jours le même enthousiasme.Le renouveau du plateau technique associé aux différentes missions suivies aux

Etats-Unis pour la mise en route de nouvelles machines, telles que le Cyberknife et la Prothonthérapie haute énergie m’a apporté de l’intéressement et une motivation d’autant plus forte pour réaliser mon métier de mani-pulatrice auprès des patients et au sein d’une équipe pluridisciplinaire.La volonté et les moyens mis en place au Centre pour accompagner les patients et leur famille dans leur mara-thon contre la maladie m’ont apporté l’énergie nécessaire pour les soigner et être toujours mieux à leur écoute.

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TÉMOIGNAGES SALARIÉS

Magali GENOUD, Cadre de Santé Département Soins de Supports

Arrivée en 1996 au Centre Antoine Lacassagne, infirmière en hématologie, j’y ai trouvé un établissement à taille humaine.

En travaillant dans plusieurs services, de jour comme de nuit, j’y ai appris la prise en charge globale autour d’une pathologie à traitements multiples et complémen-taires : chimiothérapie, radiothérapie, chirurgie… Au cours de ces années, j’ai vu les évolutions thérapeutiques qui ont grandement permis d’améliorer les temps et types d’hospitalisations.Ainsi, les curiethérapies, qui obligeaient les patientes à rester allongées plusieurs jours dans une chambre, re-liées à une machine de traitement, se font maintenant en hospitalisation classique.De même, la chirurgie du sein est devenue moins mutilatrice, la technique du ganglion sentinelle permet d’éviter de retirer toute une chaine ganglionnaire pouvant être responsable de lymphœdème, l’immunothérapie est ap-parue… Les prises en charges de patients de plus en plus âgés, dans un stade plus avancé de la maladie se font aujourd’hui avec une qualité de vie très acceptable. Les métiers ont également beaucoup évolué avec la mise en place par exemple des Infirmières d’Annonce et de Coordination qui accueillent et personnalisent la prise en charge. L’émergence et la pérennisation des Soins de Support redonnent sa place au patient, prenant en compte sa personnalité, son environnement personnel pour un accompagnement adapté à ses besoins.Mais surtout, je travaille dans un établissement plein d’humanité, avec ses joies et ses peines, et, un personnel toujours avenant et souriant, ce que ne manquent jamais de nous faire remarquer les patients. De ces années, riches en émotions, je retiendrai la reconnaissance et le bonheur d’une maman qui, apprenant la guérison de son fils de 18 ans, avait offert à chaque soignant du service un petit pendentif en forme de cœur.

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Marie-Claude BORG, Cadre de Santé en mission à la Direction des Soins

Entrée au Centre en 1987 en tant qu’infirmière

Je suis rentrée au Centre Antoine Lacassagne par choix, j’ai choisi la spécialité d’oncohématologie suite à un stage pendant ma formation d’infirmière, et l’équipe soignante et médicale pour les valeurs d’humanité, de respect mutuel, de confiance, de partage du savoir et surtout de prendre soin de l’autre (patient, entourage, équipe)Je suis fière de travailler au Centre car nous avons encore le souci, l’objectif et l’envie de prendre soin des patients de leur entourage et des équipes, de rechercher et permettre une qualité et une sécurité des soins et du travail

Joël HERAULT, Responsable de la Physique Médicale

Entré au Centre en 1989 en tant que Physicien Médical

Je suis arrivé au Centre Antoine Lacassagne en 1989 dans le cadre d’un postdoc européen sur le projet EULIMA et l’utilisation d’ions lourds en radiothérapie. J’ai eu la chance et l’opportunité de développer et participer aux mises en service de la protonthérapie, la neutronthérapie et d’autres modalités plus classiques de ra-diothérapie. Avec la possible combinaison d’une activité médico-technique à une activité de recherche, développement et enseignement, j’ai trouvé au Centre un environnement de travail répondant à mes aspirations personnelles et profession-

nelles pour l’exercice du métier de physicien médical. L’effervescence des projets de protonthérapie au contact d’une équipe technique et médico-technique dynamique, sympathique et compétente, comme plus tard  l’en-cadrement de l’équipe de physique médicale m’ont nourri et construit et ont motivé mon choix faire carrière au Centre Antoine Lacassagne.

C ’EST À L IRE 6 0 ANS

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CENTRE ANTOINE LACASSAGNE 33 avenue de Valombrose06189 Nice Cedex 2Tél : +33(0)4 92 03 10 00Email : [email protected]

www.centreantoinelacassagne.orgMEMBRE DE UNICANCER

LE CENTRE ANTOINE LACASSAGNE EST UN ÉTABLISSEMENT RECONNU D’UTILITÉ PUBLIQUE HABILITÉ À RECEVOIR LES DONS ET LEGS.

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