chap. 5 le cameroun : l’agriculture, … · ... le manioc. les cultures ... et en chocolat. le...

21
Page 1 sur 21 Chap. 5 LE CAMEROUN : L’AGRICULTURE, L’ELEVAGE ET LA PECHE - Décrire les activités agricoles, pastorales et halieutiques. - Montrer l’influence du milieu sur ces activités. - Dégager les problèmes qui se posent dans ces secteurs. INTRODUCTION Etymologiquement, agriculture signifie « culture des champs », le mot culture devant être pris dans le sens de « mise en condition ». Dans un sens large, l’agriculture est l’ensemble des travaux sur le milieu naturel (pas seulement terrestre) permettant de cultiver et prélever des êtres vivants (végétaux, animaux, voire champignons ou microbes) utiles à l’être humain : la culture du blé, de la betterave, des fruits, l’élevage des animaux, la production laitière, celle du bois, la pêche, la chasse appartiennent alors au domaine de l’agriculture. Dans un sens restreint, le mot agriculture désigne l’ensemble des techniques de production des plantes sur des terrains qui ont été travaillés. I- APERCU GENERAL DES ACTIVITES AGRICOLES AU CAMEROUN Voir fichier « Cameroun un pays d’élevage.pdf » dans Eléments de cours de geo, classe de 3 e , Cameroun, Agriculture, pp.5-11 et p. 13 II- L’AGRICULTURE : UNE ACTIVITE PREPONDERANTE DANS L’ECONOMIE CAMEROUNAISE Le secteur agricole occupe une place prépondérante dans l'économie. Il a constitué, et devra constituer encore pour longtemps la base du développement du pays, grâce à sa contribution l'emploi (80 % de la population active) et aux recettes d'exportations (plus de 40 %). Pays de l’Afrique centrale, le Cameroun est situé entre le 2e et 13e degré de latitude nord et le 9e et 16e degré de longitude est. Il est ouvert sur l’Océan Atlantique sur une distance de 280 kilomètres. Cette situation géographique du Cameroun explique la diversité des milieux naturels, de la zone pré sahélienne aux hautes terres de l’Ouest, en passant par les basses terres côtières et les plateaux de moyennes altitudes. Cette mosaïque de milieux naturels justifie la variété des produits agricoles camerounais. L’économie camerounaise repose essentiellement sur l’agriculture. Elle fait vivre plus ou moins directement les ¾ de la population, représente environ 20% du P.I.B. et fournit 70% des exportations en valeur. Qu’elle soit vivrière ou d’exportation, l’agriculture camerounaise est essentiellement familiale. Mais il existe aussi de grandes exploitations capitalistes (C.D.C. SOCSUBA, SOCAPALM…etc.) appartenant à l’Etat ou à des investisseurs privés. Le dynamisme de l’agriculture camerounaise permet de satisfaire les besoins alimentaires des populations locales et une partie de ceux des pays de la sous-région (TCHAD, R.C.A., GABON, CONGO et GUINEE EQUATORIALE). Comme énoncé plus haut, la variété des milieux naturels du Cameroun permet de diviser le pays en trois grandes zones de concentration agricole : la zone septentrionale et l’Adamaoua, les hautes terres de l’ouest et le grand sud forestier. A- Une variété de produits agricoles due à la diversité des milieux naturels (voir cartes du I)

Upload: vucong

Post on 12-Sep-2018

227 views

Category:

Documents


1 download

TRANSCRIPT

Page 1: Chap. 5 LE CAMEROUN : L’AGRICULTURE, … · ... le manioc. Les cultures ... et en chocolat. Le Cameroun produit aussi bien du café robusta que du café ... il souffre toutefois

Page 1 sur 21

Chap. 5 LE CAMEROUN : L’AGRICULTURE, L’ELEVAGE ET LA PECHE

- Décrire les activités agricoles, pastorales et halieutiques.

- Montrer l’influence du milieu sur ces activités.

- Dégager les problèmes qui se posent dans ces secteurs.

INTRODUCTION

Etymologiquement, agriculture signifie « culture des champs », le mot culture devant être pris

dans le sens de « mise en condition ». Dans un sens large, l’agriculture est l’ensemble des

travaux sur le milieu naturel (pas seulement terrestre) permettant de cultiver et prélever des

êtres vivants (végétaux, animaux, voire champignons ou microbes) utiles à l’être humain : la

culture du blé, de la betterave, des fruits, l’élevage des animaux, la production laitière, celle

du bois, la pêche, la chasse appartiennent alors au domaine de l’agriculture. Dans un sens

restreint, le mot agriculture désigne l’ensemble des techniques de production des plantes sur

des terrains qui ont été travaillés.

I- APERCU GENERAL DES ACTIVITES AGRICOLES AU CAMEROUN

Voir fichier « Cameroun un pays d’élevage.pdf » dans Eléments de cours de geo, classe

de 3e, Cameroun, Agriculture, pp.5-11 et p. 13

II- L’AGRICULTURE : UNE ACTIVITE PREPONDERANTE DANS L’ECONOMIE

CAMEROUNAISE

Le secteur agricole occupe une place prépondérante dans l'économie. Il a constitué, et devra

constituer encore pour longtemps la base du développement du pays, grâce à sa contribution

l'emploi (80 % de la population active) et aux recettes d'exportations (plus de 40 %).

Pays de l’Afrique centrale, le Cameroun est situé entre le 2e et 13e degré de latitude nord et le

9e et 16e degré de longitude est. Il est ouvert sur l’Océan Atlantique sur une distance de 280

kilomètres. Cette situation géographique du Cameroun explique la diversité des milieux

naturels, de la zone pré sahélienne aux hautes terres de l’Ouest, en passant par les basses

terres côtières et les plateaux de moyennes altitudes. Cette mosaïque de milieux naturels

justifie la variété des produits agricoles camerounais. L’économie camerounaise repose

essentiellement sur l’agriculture. Elle fait vivre plus ou moins directement les ¾ de la

population, représente environ 20% du P.I.B. et fournit 70% des exportations en valeur.

Qu’elle soit vivrière ou d’exportation, l’agriculture camerounaise est essentiellement

familiale. Mais il existe aussi de grandes exploitations capitalistes (C.D.C. SOCSUBA,

SOCAPALM…etc.) appartenant à l’Etat ou à des investisseurs privés. Le dynamisme de

l’agriculture camerounaise permet de satisfaire les besoins alimentaires des populations

locales et une partie de ceux des pays de la sous-région (TCHAD, R.C.A., GABON, CONGO

et GUINEE EQUATORIALE). Comme énoncé plus haut, la variété des milieux naturels du

Cameroun permet de diviser le pays en trois grandes zones de concentration agricole : la zone

septentrionale et l’Adamaoua, les hautes terres de l’ouest et le grand sud forestier.

A- Une variété de produits agricoles due à la diversité des milieux naturels (voir cartes du I)

Page 2: Chap. 5 LE CAMEROUN : L’AGRICULTURE, … · ... le manioc. Les cultures ... et en chocolat. Le Cameroun produit aussi bien du café robusta que du café ... il souffre toutefois

Page 2 sur 21

Le Cameroun connait une variété de climats. Mais, la différence fondamentale de ces climats

réside sur la pluviométrie, car la température est presque partout élevée. La végétation et les

sols distinguent également ces milieux. En somme, les cultures pratiquées sont différentes

d’un milieu à l’autre.

Dans les terres de l’Ouest

Les sols volcaniques sont très fertiles, on y cultive du café (arabica, robusta) du cacao, du thé,

du quinquenima, du tabac ainsi que les cultures vivrières pour approvisionner les grandes

villes (le maïs, le haricot, l’arachide, le macabo). Plusieurs structures ont été mises sur pieds

mais la plus part sont en délabrement (Soderim, Wada, Cemadec).

Dans le plateau sud Cameroun

Ici l’économie régionale est dominé par le secteur traditionnel, on y trouve : le macabo, la

banane, la banane plantain, le manioc. Les cultures commerciales sont dominées par le cacao

(SODECAO), le café, le tabac (SITABAC), canne à sucre (SOSUCAM), palmier à huile

(SOCAPALM).

Les plateaux de l’Adamaoua

L’agriculture est secondaire et pratiqué par la minorité (Dourou, baya), on y trouve : macabo,

ignames, mais, mil, manioc, arachide.

Les plaines du nord et les monts Mandara

La région est propice à l’agriculture des arachides, du mil, du sorgho. Les cultures

commerciales sont le coton (SODECOTON) et le riz (SEMRIZ).

C’est dire qu’il existe au Cameroun deux types de produits agricoles : a cote des produits

traditionnels d'exportation (cacao, café, coton, the, banane, caoutchouc naturel, huile de

palme, tabac), se développent les produits du secteur vivrier, notamment le haricot vert,

l'ananas, le manioc, le plantain, la patate douce, la tomate, l'igname, la pomme de terre, le

soja, l'arachide, la papaye, la mangue, la goyave, l'avocat, le mil, le sorgho, l'oignon, les

pistaches ou graines de courge.

1- Les cultures vivrières portées par la demande

Elles ont permis à la paysannerie de réaliser un revenu en écoulant les vivres sur les marchés

ruraux ou urbains. Au Nord et dans la région pré-sahélienne, l'agriculture vivrière produit en

quantités appréciables des céréales telles que le mil et le sorgho, auxquels s'ajoutent le riz et

des oignons dans les zones inondables ; l'arachide et les fruits ont un potentiel de croissance

qui tarde à se concrétiser. Dans la zone forestière, sur la côte et sur les hauts-plateaux de

l'Ouest, les bananiers-plantains et les tubercules (manioc, macabo) constituent les

composantes essentielles de la production vivrière ; les fruits sont variés et abondants. Le

maïs est également cultivé et offre un grand potentiel de développement dans l'avenir car le

pays dispose de vastes terres adaptées à cette céréale.

Page 3: Chap. 5 LE CAMEROUN : L’AGRICULTURE, … · ... le manioc. Les cultures ... et en chocolat. Le Cameroun produit aussi bien du café robusta que du café ... il souffre toutefois

Page 3 sur 21

D'après la Banque mondiale, les principales productions vivrières au Cameroun sont

la banane plantain avec 2 millions de tonnes, le manioc avec 3 millions de tonnes,

le maïs avec 1 million de tonnes, le macabo/taro avec 1,3 million de tonnes, l'igname,

le mil/sorgho, la pomme de terre. La production de fruits tel l'ananas, le melon, la tomate,

la mangue, la mandarine, le pamplemousse, l'avocat et de légumes tel l'haricot sec, l'haricot

vert, l'oignon, l'ail est quant à elle stimulée par l'exportation grâce aux pays voisins qui sont

de gros demandeurs, et connaît ainsi un développement rapide2.

Le secteur souffre toutefois de sa dispersion avec des exploitations de superficies moyennes

d'environ 1,5 hectare et d'une faible productivité malgré des surfaces cultivables assez

importantes. Son taux de croissance annuel se situerait aux alentours de 4 % par an pour les

années 2008-2011, selon la Banque mondiale.

2- Les cultures de rente

Dès le début du siècle, le Cameroun s'est affirmé comme un grand exportateur d'une gamme

complète de cultures de rente permises par ses sols et son climat variés. Ainsi, thé,

caoutchouc, hévéa, palmistes et bananes se développent à proximité de la côte. De même, café

et cacao prennent de l'essor à l'intérieur du pays forestier et sur les hauts plateaux de l'Ouest.

Plus tard, après la seconde guerre mondiale, le coton et le tabac de cape sont introduits et

deviennent les moteurs du développement régional respectivement au Nord et dans l'Est.

Production du Cameroun (Source BEAC)

Production 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004

Pétrole brut

(en millions de tonnes) 5,7 6 6 5,8 5,5 5,2 4,9 4,5

Cacao

(en millions de tonnes) 126,7 138,3 133,9 124,4 130,4 170 175,3 187,8

Café

(en millions de tonnes) 88,7 84 95 82,4 67,3 54 63 65

Coton - graine

(en millions de tonnes) 208,2 194 195,9 214,1 238,5 246,1 233,8 273

Bois - grumes

(en milliers de m3) 3269 3130 2700 2950 2070 1931,3 1738,2 1998,9

Caoutchouc naturel

(en milliers de tonnes) 56,8 55,4 55,8 56,9 55,2 50 54,6 56,7

Page 4: Chap. 5 LE CAMEROUN : L’AGRICULTURE, … · ... le manioc. Les cultures ... et en chocolat. Le Cameroun produit aussi bien du café robusta que du café ... il souffre toutefois

Page 4 sur 21

Banane

(en milliers de tonnes) 98,9 212,7 221 235,9 248,7 230,8 313,7 294,9

Le Projet de Diversification des Exportations Agricoles (PDEA), implanté depuis 1992,

favorise le développement des exportations des produits non traditionnels ; ananas, haricots

verts, fleurs, arachide, gomme arabique, haricot sec, oignons, sésame, vivres africains.

2.1. Coton : de la matière première au produit fini

Le coton constitue avec le mais les seules cultures industrielles de la partie septentrionale du

Cameroun. Sa production atteint environ 125 000 tonnes de coton-graine, transforme

localement en coton-fibre, en huile et en tourteau. Une partie du coton-fibre ainsi produit est

destinée aux unités locales de filature et de tissage.

La filière coton, seule à n'être pas libéralisé, connaît des difficultés en raison d'une baisse

continue de la production ainsi que des prix sur le marché international. Les 350.000

producteurs ont vu le prix d'achat tomber de 195 à 175 Francs CFA de 2004-2005 à 2005-

2006. À ce niveau de prix, le producteur tend à économiser sur les engrais, ce qui a pour

conséquence de ne pas assurer la qualité des rendements. La production de 125.000 t de

coton-fibre en 2004-2005 (à partir de 200 000 t de coton graine transformé localement) est

retombée à 113 000 t en 2005-2006.

La Sodécoton, dont le capital est détenu à près de 60 % par l'État, achète l'ensemble de la

production de coton-graine et la commercialise. Elle accuse une perte d'exploitation de

plusieurs milliards de Francs CFA en 2005. Le Cameroun s'est engagé à la privatiser après les

échecs de la fin des années 1990. Le Cameroun dispose de nombreuses sociétés de tissage et

de filature, telles la Cicam, cotonerie industrielle du Cameroun, spécialisée dans la fabrication

de vêtements locaux en tissus pagnes3, mais qui ont une capacité très insuffisante compte tenu

de la matière première disponible ainsi que la demande de produits transformés qui est chaque

année plus croissante. La fin des contingentements et l'autorisation d'importer de la friperie

ont porté un coup dur au secteur de la confection, désormais submergé par des importations

venues d'Asie et d'Europe. Le marché du coton camerounais, qui n'est pas des plus enviables,

a récemment connu un nouveau coup dur avec la perte d'importantes quantités de coton

tchadien qui sont parties en fumée au port de Douala4.

2.2. Cacao-café : un nécessaire effort de qualité

La production de cacao est partiellement transformée localement en beurre, en poudre de

cacao, et en chocolat.

Le Cameroun produit aussi bien du café robusta que du café arabica. La production caféière

totale s'élève à environ 70.000 tonnes. Une partie de cette production est transformée

localement sous forme de café torréfie ou moulu.

Page 5: Chap. 5 LE CAMEROUN : L’AGRICULTURE, … · ... le manioc. Les cultures ... et en chocolat. Le Cameroun produit aussi bien du café robusta que du café ... il souffre toutefois

Page 5 sur 21

Libéralisée depuis bientôt 15 ans, la filière cacao se porte mal malgré les espoirs qu'a fait

naître la crise ivoirienne; elle a enregistré un sursaut de production de 120 000

à 190 000 tentre 2000 et 2005. Grande rivale du Cameroun depuis de nombreuses décennies,

la Côte d'Ivoire a vu sa place de sa production de cacao dégringoler pendant ses années de

crise. Il en ressort que le Cameroun est aujourd'hui l'un des principaux producteurs mondial

de cacao, et ce malgré la relative mauvaise performance de ce secteur. Le marché

camerounais est dominé par trois multinationales : Cargill, Barry Callebaut et Archer Daniels

Midland. Les deux premiers possèdent leur usine de traitement dans la ville de Douala. Si le

cacao camerounais a l'avantage de bien se prêter à la fabrication de poudre de cacao très

demandée au niveau mondial, il souffre toutefois d'une décote sur le marché en raison d'une

qualité jugée parfois insuffisante. La première transformation du cacao (portant ¼ de la

production) est assurée par Sic Cacaos et Chococam, disposant d'un outil très performant, qui

produisent la pâte, le beurre et la poudre. Chococam est le leader sur la fabrication en plaques

et de la confiserie.

La filière café quant à elle connaît des difficultés comparables. Dans les années 1970, le

Cameroun produisait 32.000 t d'arabica et 95.000 t de robusta; la production est retombée

entre 6 000 et 41 000 t respectivement en 2005-2006. Le gouvernement a entrepris de

revitaliser les structures d'encadrement et de commercialisation dans cette filière (Sodecao,

ONCC). Un fonds de développement a été créé en 2006 pour la promotion du secteur. Ce

dernier est d'ores et déjà fonctionnel5.

2.3. Huile de palme : forte demande intérieure

Dans le domaine des palmeraies, deux types d'exploitation coexistent: d'abord un secteur

moderne avec cinq producteurs organisés sur 600.000 ha de palmeraies (produisant 120.000

t), dont Socapalm, filiale du groupe Bolloré (28.000 ha), la compagnie locale CDC ( 16.000

ha) et la Ferme Suisse. Ensuite un secteur villageois dispersé sur un total de 43.000ha (30.000

t). Cette filière offre des perspectives très prometteuses en raison de la forte demande

intérieure pour les industries agroalimentaires, les savonneries et l'alimentation animale. À

noter que la production de boisson issue des palmiers (vin de palme) est en constante hausse,

et est portée par une forte demande notamment en région rurale.

La production annuelle d’huile de palme dépasse les 100 000 tonnes. Elle est assurée

principalement par cinq (5) unités agro-industrielles relevant aussi bien du secteur public que

du secteur privé, et qui encadrent des exploitations villageoises. Cette filière enregistre une

forte valeur ajoutée qui va s'améliorant au fur et à mesure que s'installent des unités de

transformation de l'huile de palme brute (raffineries, savonneries).

2.4. La filière caoutchouc

Page 6: Chap. 5 LE CAMEROUN : L’AGRICULTURE, … · ... le manioc. Les cultures ... et en chocolat. Le Cameroun produit aussi bien du café robusta que du café ... il souffre toutefois

Page 6 sur 21

Avec une production de caoutchouc naturel de 60.000 t, cette filière d'exportation rapporte

plus de 30 millions d'euros par an. Les recettes ont évidemment bénéficié du renchérissement

du prix du baril de pétrole qui avantage encore le caoutchouc naturel par rapport

au caoutchouc synthétique. Les trois principales sociétés productrices sont Hévécam (groupe

GMG de Singapour), CDC et Safacam (groupe Bolloré).

Caoutchouc naturel. La production annuelle dépasse les 50 000 tonnes, dont plus de 90 % des

plantations relèvent du secteur étatique.

2.5. Sucre de canne : les producteurs s'organisent

Sosucam, filiale du groupe français Vilgrain domine la filière du sucre qui produit environ

120.000 t de sucre raffiné par an (60 millions d'euros de CA), un volume cependant

insuffisant pour couvrir les besoins nationaux. Qui plus est, le Nigéria ainsi que le Brésil, qui

font des importations sauvages contribuent à la rupture des stocks disponibles sur le marché

local, et ce malgré des coûts de productions relativement faibles. Les importations

subventionnées par l'Union européenne ne contribuent pas non plus à une vraie dynamique de

ce secteur. La réforme de Bruxelles pourrait stimuler la production camerounaise. En

attendant de réelles avancées dans ce sens, les producteurs de la CEMAC s'organisent afin de

créer un marché commun du sucre et ainsi subvenir aux besoins de la sous-région, sans

toutefois recourir à des importations hors de la zone.

La canne à sucre dont est cultivée par deux unités agro-industrielles des secteurs publics et

parapublic qui la transforme en sucre raffiné (75 000 tonnes). Des potentialités existent qui,

exploitées, permettraient l’accroissement du niveau actuel de production.

2.6. Banane : prospecter de nouveaux marchés

Deux grands groupes dominent le secteur de la banane au Cameroun : la Compagnie fruitière

de Marseille (groupe Dole, 46 %) et la CDC (société d'état, en partenariat avec Del Monte

Cameroon, 41 %). Un troisième opérateur (groupe SPM, 13 %) s'est installé plus récemment

et est en pleine croissance. Les bananeraies s'étendent sur 10.000 ha (6.700 ha plantés). La

principale destination est l'Union européenne, dont les importations reposaient sur un système

de licences (aboli en janvier 2006), fondé sur des données historiques défavorables au

Cameroun : il ne disposait que de 150.000 t pour une capacité d'exportation de 250.000 t

(premier exportateur d'Afrique). Il devait donc acheter des droits aux pays des Caraïbes (dont

la production était en forte baisse), 220 € la tonne en 2005, ce qui absorbe une grande partie

de la recette d'exportation. Le Cameroun devrait consentir des efforts sérieux pour accroître

les rendements et la qualité, pour diversifier ses ventes (déjà 50 000 t partent vers le Maghreb)

et pour réduire les coûts de production (emballages et engrais sont importés) afin de rendre la

filière plus compétitive.

Page 7: Chap. 5 LE CAMEROUN : L’AGRICULTURE, … · ... le manioc. Les cultures ... et en chocolat. Le Cameroun produit aussi bien du café robusta que du café ... il souffre toutefois

Page 7 sur 21

Le succès enregistre dans la restructuration de cette filière fait aujourd'hui de la banane, le

premier produit d'exportation d'origine agricole. Sa production actuelle se situe autour de 230

000 tonnes. Elle est assurée aussi bien par les entreprises agro-industrielles du secteur public

et du secteur privé, que par les plantations villageoises.

B- Les types d’exploitation

Il existe au Cameroun deux grandes catégories d'exploitation agricoles qui diffèrent par leur

taille, par les techniques culturales utilisées et par leur finalité. Ce sont les exploitations

paysannes et les exploitations mécanisées et industrialisées.

Les exploitations paysannes pratiquent l'agriculture de façon traditionnelle, en utilisant des

techniques culturales encore réglementaires (culture sur brûlis, utilisation de machettes, houes

etc. ...), l'énergie utilisée est essentiellement humaine, la main d'ouvre est familiale. Les

produits issus de cette agriculture sont généralement des produits de subsistance destinés au

petit commerce et à la consommation familiale (macabo, banane, manioc etc.).

Les exploitations mécanisées sont des entreprises agricoles industrialisées généralement

organisées en GIC (Groupe d'Initiative Commune), et possédant un statut juridique que l'on

regroupe sous l'appellation générale PMI-PME (petite et moyenne industrie-petite et moyenne

entreprise) ou en de grandes exploitations capitalistes (C.D.C. SOCSUBA,

SOCAPALM…etc.) appartenant à l’Etat ou à des investisseurs privés.

C- Les problèmes de l’agriculture camerounaise

1- Faible pourcentage des terres cultivées

Seulement environ 15,4 % des terres soient arables1. Ce faible pourcentage est dû à une

mauvaise politique de gestion des terres cultivables et à un enclavement presque universel des

zones cultivables. En effet, très peu de routes relient les campagnes aux grandes villes, ce qui

a un impact économique important étant donné que les régions susceptibles d'être exploitées

ne sont pas reliées aux marchés. Cependant malgré ces défauts (en passe d'être peu à peu

résolues), le Cameroun jouit d'une agriculture dynamique qui réussit non seulement à

atteindre l'autosuffisance alimentaire à plus de 80 %, mais aussi à stimuler les exportations

des produits de consommation vers les pays voisins qui sont enclavés (Tchad et République

centrafricaine) ainsi que ceux qui ne produisent pas assez de vivres tel que le Gabon et la

Guinée équatoriale.

2- Les mauvais choix de l’agriculture camerounaise

Le premier, c'est d'avoir confié l'agriculture à des sociétés de développement.

Malheureusement, leur gestion par l'Etat s'est révélée catastrophique. En plus, en 1977-78, un

malheur nous est arrivé : la découverte du pétrole. Et comme dans tout pays où le pétrole

1 Terres cultivées @ Pays du Monde [archive]

Page 8: Chap. 5 LE CAMEROUN : L’AGRICULTURE, … · ... le manioc. Les cultures ... et en chocolat. Le Cameroun produit aussi bien du café robusta que du café ... il souffre toutefois

Page 8 sur 21

arrive, l'agriculture meurt. Au Cameroun, celle-ci a été abandonnée aux laissés-pour-compte.

Il y a 4 ou 5 ans, l'âge moyen du producteur de cacao était de 60 ans2.

Le problème de fond de toute agriculture, c'est le financement. La BNDA (Banque Nationale

de Développement Agricole) en Côte d'Ivoire a connu les mêmes difficultés que la Banque

Camerounaise de Développement (BCD). Mais il y a une forme de mobilisation des

ressources en Afrique de l'Ouest qui permet encore un certain niveau de financement de

l'agriculture. Ici, depuis la disparition du Fonader (Fonds national de développement rural) et

de la BCD, il n'y a rien. Même le Crédit agricole que l'Etat avait mis en place n'a jamais joué

le rôle du Fonader puisqu'il n'a pas voulu financer l'agriculture.

Des lignes de crédit inutilisées. Pire, le crédit agricole a disparu avec le peu d'argent que les

agriculteurs y avaient mis. Les fonds de contrepartie canado-camerounais (des crédits

canadiens qui finançaient l'agriculture) sont eux aussi engloutis là-bas. Les bailleurs de fonds

ont mis à la disposition du Cameroun de multiples lignes de crédit dont personne ne peut se

servir faute d'une banque agricole fiable. Avec l'aide des experts financiers, nous essayons de

trouver un établissement financier ayant des fonds de garantie, pour pouvoir enfin utiliser ces

lignes de crédit, disponibles à la Banque africaine de développement, à la Banque européenne

d'investissement, etc.

L'agriculture camerounaise est également confrontée au manque de compétitivité de ses

produits. De multiples facteurs sont à l'origine de ses prix de revient élevés. Actuellement, il

n'existe pratiquement plus nulle part de taxes de sortie... sauf au Cameroun. Dans presque tous

les pays en voie de développement, tous les intrants agricoles sont défiscalisés... sauf au

Cameroun. Au niveau du transport, la tonne kilométrique de Bafoussam (à l'ouest du pays) à

Douala, le port, coûte trois fois le prix de la tonne kilométrique de Douala à Paris. Car entre

Bafoussam et Douala, le transporteur doit donner beaucoup d'argent à tous les postes de

police. A l'aéroport camerounais, il y a ce qu'on appelle les heures extralégales : celui qui

exporte une tonne de marchandise paye l'équivalent de 30 000 F CFA. Tout cela de manière

informelle. Ce n'est écrit nulle part.

Vous découvrez aussi que des circulaires, qui avaient été prises à l'époque de la sécheresse de

1976 pour éviter la pénurie des denrées alimentaires, restent encore en vigueur. Ces textes

soumettaient le transport de certains produits à une autorisation préfectorale. Conséquence,

dès que vous avez une camionnette qui transporte des vivres, vous devez vous arrêter vingt

fois sur la route, même si ces vivres sont destinés à la consommation familiale.

L'emballage au Cameroun est un produit de luxe puisque le carton rentre pratiquement pour

plus de 35 % dans le prix de revient de la marchandise. Dans notre forme de gouvernement, le

ministre de l'Agriculture n'y peut rien. Dès que les produits sont récoltés, il ne sait pas ce

qu'ils deviennent, ni comment ils sont transportés, ni comment ils sont vendus. Tous les

2La Côte d'Ivoire a eu la chance d'avoir un Président un peu visionnaire. Bien que médecin, Houphouët-Boigny

était, dès 1939, président du syndicat agricole de la Côte d'Ivoire. On le pourchassait comme un dangereux

communiste parce qu'il revendiquait une meilleure rémunération des planteurs de cacao. Le miracle de la Côte

d'Ivoire, c'est tout simplement que ce ne sont pas seulement les paysans du village qui font l'agriculture, mais

toute l'élite nationale.

Page 9: Chap. 5 LE CAMEROUN : L’AGRICULTURE, … · ... le manioc. Les cultures ... et en chocolat. Le Cameroun produit aussi bien du café robusta que du café ... il souffre toutefois

Page 9 sur 21

problèmes auxquels les produits sont confrontés à l'extérieur ne le regardent pas. Tantôt c'est

du domaine du ministre du Développement industriel et commercial, tantôt de celui des

Finances. L'activité agricole est moins organisée au Cameroun qu'en Côte d'Ivoire où le

ministre de l'Agriculture est responsable des produits, de l'importation des intrants jusqu'à la

mise en marché.

Malgré ces difficultés, nous3 avons identifié un certain nombre de filières où nous sommes

quasiment assurés que celui qui y investit est susceptible de gagner normalement sa vie

Commençons par la gomme arabique. Au nord, il y a un problème de reboisement. On aurait

pu planter, même en bordure des rues dans les villes, l'acacia qui donne de la gomme arabique

plutôt que l'acacia ordinaire. D'autant que ses racines absorbent l'oxygène et fixent l'azote qui

rend le sol fertile. Imaginez que les milliers de ministres et hauts fonctionnaires du nord

décident que chacun va en planter 4 hectares chez lui !

Enfin, le Nigéria est demandeur de vivres faciles à produire comme les ignames et tous les

sous-produits du manioc Si nous organisions le marché avec le Nigeria qui représente au

moins 100 millions de bouches à nourrir, tous les Camerounais travailleraient jour et nuit pour

les fournir...

III- L’ELEVAGE4

Le secteur de l'élevage s'impose actuellement comme une valeur sûre et énorme de l'économie

camerounaise. Il participe ainsi à près de 165 milliards de francs CFA à la formation du

Produit Intérieur Brut (PIB) et procure des revenus à à peu près 30 % de la population rurale

(HAMADOU, 2001). Jadis, activité identitaire pour les éleveurs respectant les traditions,

l'élevage connaît désormais l'intervention d'une nouvelle génération d'opérateurs en quête de

revenus à savoir les fonctionnaires, les jeunes diplômés chômeurs et les «hommes d'affaires».

Il représente pour les populations qui n'ont accès ni à des services financiers fiables ni à la

capitalisation foncière, une façon de former une épargne sûre. Les dispositifs de productions

et les contraintes sanitaires qui déterminent le cheptel fluctuent selon les régions.

A- Types d’élevage par région ou le cheptel5

Voir cartes susmentionnées.

Le cheptel camerounais est pour la majeure partie constitué de bovins6, d'ovins

7, de caprins

8,

de porcins9 et de volailles

10.

3 Explications et solutions du Colonel Edouard Etonde Ekoto, agriculteur, président d'Agrocom (une association

de producteurs agricoles), et du COLEACP (Comité de Liaison Europe Afrique Caraïbes Pacifique). 4 Fait d’assurer le développement, l’entretien des animaux

5 Ensemble du bétail d’une exploitation agricole, d’une région, d’un pays. Le bétail : Animaux d’élevage d’une

ferme, élevés en troupeau, à l’exception des volailles des lapins. Synonyme : bestiaux, bêtes.

Gros bétail : chevaux, ânes, mulets, bovins.

Petit bétail : moutons, chèvres, porcs. 6 Relatif au bœuf. Espèce bovine : ensemble des animaux de la lignée du taureau domestique et du zébu (grand

bovidé domestique des régions tropicales, dit bœuf à bosse, caractérisé par une bosse adipeuse sur le garrot).

Bovidé : mammifère ongulé ruminant, muni généralement de cornes persistantes, tel que l’antilope, le bison et la

gazelle, et dont certaines espèces sont domestiquées (bovins, ovins, caprins). Les bovidés forment une famille.

Page 10: Chap. 5 LE CAMEROUN : L’AGRICULTURE, … · ... le manioc. Les cultures ... et en chocolat. Le Cameroun produit aussi bien du café robusta que du café ... il souffre toutefois

Page 10 sur 21

L'élevage de nouvelles espèces animales voit progressivement le jour dans les différentes

provinces du pays. Il s'agit principalement du lapin et de l'aulacode.

Malgré son importance, ce cheptel demeure insuffisant pour satisfaire à la demande de la

population camerounaise en protéines animales d'autant plus qu'il est de plus en plus sollicité

par les pays voisins. Ce cheptel est élevé dans plusieurs régions du pays11

.

Dans la région Bamiléké, on pratique uniquement l’élevage du petit bétail et dans le

Bamboutos et Bamenda c’est le contraire. On trouve le petit bétail (chèvres, porcs, volailles)

dans le plateau sud-camerounais. Dans le plateau de l’Adamaoua, l’élevage est l’activité

principale ; elle est traditionnelle et semi moderne. Il est très favorable et bénéficie du soutien

des centres vétérinaires dans les plaines du Nord et les Monts Mandara.

1- Zones d'élevage des ruminants

- Les bovins

Quatre-vingt-trois pour cent (83%) du cheptel bovin camerounais se trouvent dans les trois

provinces que sont le Nord, l'Extrême-Nord et l'Adamaoua. Les 17% restant sont répartis dans

les provinces de l'Ouest, du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l'Est (MINIPIA, 2000).

Les animaux élevés au Cameroun sont en particulier les zébus (Bos indicus). Les taurins12

(Bos taurus) sont en nombre assez restreint et ne représentent que 2% de la population bovine

totale.

Les espèces taurines retrouvées sont :

les Muturu au Sud-Ouest ;

les Namchi ou Dowayo au Nord-Ouest dans le Faro ;

les Kapsiki à l'Extrême-Nord et dans le Mayo Tsanaga ;

les Kouri au niveau du Lac Tchad.

Les races de zébus élevées au Cameroun sont au nombre de 4 :

le zébu Mbororo rouge ou Red fulani qui vit au Nord, au Nord-Ouest, à l'Extrême-Nord,

dans l'Adamaoua, à l'Ouest ainsi qu'à l'Est;

le zébu Mbororo blanc ou White fulani est élevé dans les trois provinces septentrionales

du pays, à l'Ouest ainsi qu'à l'Est;

le zébu Goudali se rencontre dans l'Adamaoua, à l'Est et au Nord-Ouest;

7 Qui concerne les brebis (moutons femelle), les moutons.

8 Relatif aux chèvres. Exemple : race caprine. Mammifère ruminant doté de cornes rabattues en arrière, tel que la

chèvre, le chamois et le bouquetin. Les caprins constituent une sous-famille des bovidés. 9 Qui évoque un porc. Mammifère ongulé non ruminant, à canines développées en défenses, tel que le porc, le

sanglier, le pécari, et l’hippopotame. 10

Oiseau élevé en basse-cour ou selon les techniques modernes de l’aviculture. Ensemble des oiseaux d’une

basse-cour (cour, bâtiment d’une ferme où l’on élève la volaille et les lapins ; ensemble des animaux de cette

cour). 11

La répartition des zones d'élevage au Cameroun est influencée par la variabilité des facteurs tels que le climat,

le relief, la végétation, le milieu humain et les contraintes sanitaires.

Le pays est divisé en deux grands ensembles climatiques.

le domaine équatorial, localisé dans la partie sud du pays, offre une grande pluviométrie avec une végétation

constituée de forêt dense. Ce domaine héberge les glossines qui forment un facteur limitant de l'élevage des

ruminants, le domaine tropical, localisé dans la partie septentrionale du pays, se définit par un climat chaud, de

faibles précipitations, un couvert végétal constitué de savanes arborées et de steppes. 12

Relatif au taureau. Relatif à la sous-espèce Bos taurus, correspondant aux bovins des zones tempérées.

Page 11: Chap. 5 LE CAMEROUN : L’AGRICULTURE, … · ... le manioc. Les cultures ... et en chocolat. Le Cameroun produit aussi bien du café robusta que du café ... il souffre toutefois

Page 11 sur 21

le zébu Peuhl du Sahel est retrouvé dans le Nord et l'Extrême-Nord. Les petits ruminants

Les petits ruminants sont élevés sur toute l'étendue du territoire avec une importance variable

selon les provinces. Les provinces du Nord et de l'Extrême-Nord totalisent à elles seules près

des 3/4 du cheptel national.

- Les ovins

Les différentes races de moutons élevées au Cameroun sont représentées par le mouton du

Sahel rencontré au Nord ainsi qu'à l'Extrême-Nord ; le mouton Oudah qu'on retrouve à

l'Extrême-Nord ; le mouton Djallonké dans le Nord, l'Extrême-Nord et l'Adamaoua ; puis le

mouton Belly au centre, au Sud ainsi qu'à l'Est.

- Les caprins

Quant aux races de chèvres, elles regroupent la chèvre du Sahel au Nord ainsi qu'à l'Extrême-

Nord ; la chèvre rousse au Nord ainsi qu'à l'Extrême-Nord ; la chèvre Djallonké au Nord, à

l'Extrême-Nord ainsi qu'à l'Adamaoua ; puis la chèvre naine dans les zones méridionales.

2- Zones de l'élevage porcin

L'élevage porcin est en particulier pratiqué dans les régions de l'Ouest, du Nord et du Sud-

Ouest, du Littoral, du Centre, du Sud, de l'Adamaoua et dans l'Extrême-Nord. Les principales

races exploitées sont représentées par les races locales et des métisses (races locales x Large

white / Land race).

3- Zones de l'élevage équin (chevalin : relatif au cheval) et asinien (relatif à l’âne)

Le cheval est présent dans les régions du Nord et de l'Ouest du pays. Il est utilisé dans la

chevalerie nationale, le transport, la traction hippomobile, l'équitation sportive, la

chorégraphie équine lors des manifestations culturelles telles que la fantasia au Nord du pays.

Il est particulièrement peu rencontré au centre et au sud du pays du fait de la trypanosomiase

qui y sévit.

Les dispositifs d'élevage pratiqués dans ces différentes zones sont multiples.

B- Dispositifs d'élevage

Les dispositifs d'élevage au Cameroun fluctuent d'une région à une autre selon les

délimitations géographiques et climatiques. Ils sont d'autre part influencés par les évolutions

de la demande des populations en produits animaux, par la culture des populations et par le

niveau d'instruction ou de formation des éleveurs.

1- Modes d'élevage des ruminants

Les dispositifs d'élevage des ruminants sont peu spécialisés. Ils restent dominés par le mode

extensif de conduite des troupeaux.

Page 12: Chap. 5 LE CAMEROUN : L’AGRICULTURE, … · ... le manioc. Les cultures ... et en chocolat. Le Cameroun produit aussi bien du café robusta que du café ... il souffre toutefois

Page 12 sur 21

En fonction de la densité animale dans chaque zone écologique et des disponibilités en

fourrage, on distingue de façon schématique trois grands dispositifs de production bovine au

Cameroun : l'agropastoralisme13

, le pastoralisme14

et le ranching15

(MINEPIA, 2000).

En particulier, les deux régions que sont l’Adamaoua et le Nord sont différentes autant sur le

plan de la pluviométrie que de celui de l’environnement physique et social, notamment la

13

Qui concerne l’agriculture et l’élevage. 14

Elevage de ruminants sur des terres faiblement productives dont la végétation est utilisée comme unique ou

principale source de nourriture. 15

Ranch : grande ferme d’élevage extensif de la prairie américaine.

Page 13: Chap. 5 LE CAMEROUN : L’AGRICULTURE, … · ... le manioc. Les cultures ... et en chocolat. Le Cameroun produit aussi bien du café robusta que du café ... il souffre toutefois

Page 13 sur 21

végétation et la densité de population : sur le plateau de l’Adamaoua la pluviométrie varie

entre 1500 et 1700 mm par an tandis que Guider est dans la zone pluviométrique variant entre

600 et 900 mm (voir carte 2).

Le plateau de l’Adamaoua est une zone d’élevage par excellence. On y trouve essentiellement

deux types dominants, à savoir, le type « ranching » (appartenant à des hommes d’affaires ou

à des particuliers épargnants) et l’élevage traditionnel extensif semi-transhumant. La région

du Nord, particulièrement celle du Mayo Louti, se caractérise par une forte densité de

population et un espace saturé où l’élevage dominant est de type agropastoral. Du fait de

cette saturation de l’espace, on y assiste parfois à des conflits sur l’exploitation des ressources

naturelles entre les éleveurs (pour la plupart des transhumants venant d’autres régions,

notamment du Nigeria voisin) et les agropasteurs.

Dans ces deux régions, la pratique de la fauche et du stockage de l’herbe est devenue une

réalité indissociable de l’activité de l’élevage. En constituant des réserves destinées à

l’affouragement des animaux en saison sèche, les éleveurs réduisent le risque de pertes

Page 14: Chap. 5 LE CAMEROUN : L’AGRICULTURE, … · ... le manioc. Les cultures ... et en chocolat. Le Cameroun produit aussi bien du café robusta que du café ... il souffre toutefois

Page 14 sur 21

d’animaux et en même temps la valorisation de ce foin16

permet de d’améliorer la production

laitière et pratiquer l’embouche des taureaux destinés à la vente. On observe ainsi que la vente

du lait est pratiquement généralisée depuis maintenant cinq à six ans dans cette région où la

mise en place des mini-laiteries a connu une grande expansion dans les grands et moyens

centres urbains de la région (voir figure 1 et liste en annexe 1).

Dans la région de l’Adamaoua, en plus de l’activité du foin, la pratique des cultures

fourragères est généralisée du fait des conditions climatiques particulièrement favorables.

L’espèce introduite, le Brachiaria ruzuziensis, est pérenne dans ces zones où la pluviométrie

annuelle est supérieure à 1000 mm.

2- Dispositifs utilisés en aviculture

L'aviculture respectant les traditions utilise les souches locales et représente 70 % de l'effectif

aviaire camerounais (ICHAKOU, 2004). Elle est principalement pratiquée en milieu rural.

Les effectifs par propriétaire sont faibles et dépassent rarement dix têtes.

L'aviculture moderne quant à elle connaît des progrès énormes. En effet, l'interdiction des

importations de poulets de chair conditionnés au cours de l'année 2005, l'augmentation de la

demande et des investissements privés ont permis l'exploitation des effectifs importants. Les

producteurs font autant l'élevage des poulets de chair que celui des pondeuses.

L'élevage du petit et gros bétail est l'une des principales activités dans le Nord du pays. Le

cheptel bovin est évalué à 4.000.000 de têtes environ et fait l'objet d'une demande non

satisfaisante émanant des pays voisins dont notamment le Nigeria. L'élevage extensif est le

mode dominant, y compris par les grands ranchers, alors que l'embouche bovine tarde à entrer

dans les mœurs et dans les pratiques. Dans les zones forestières, l'élevage concerne le petit

bétail et la volaille.

C- Elevage au Cameroun : atouts17

et potentialités18

1- Potentialités

Au Cameroun, l’élevage bovin apparaît comme un secteur stratégique pour produire des

richesses aux familles rurales et urbaines et pour sécuriser les placements pour ceux qui

veulent investir. La production laitière devient un créneau porteur du fait de ses nombreuses

implications dans l’économie nationale et familiale ainsi que dans la stratégie d’amélioration

de la sécurité alimentaire dans les régions et zones soudano-sahéliennes.

L’importance stratégique de ce secteur se justifie aussi par le fait que l’élevage offre de

nombreuses opportunités tant par la diversité des types d’élevage (bovin, camelin, ovin,

caprin, volaille, …) que par la multiplicité d’activités annexes qui se développent de plus en

plus dans ce secteur : embouche19

, production laitière, transformation des produits laitiers, etc.

L’élevage contribue par ce biais à l’amélioration du niveau de vie et à celle de l’alimentation

humaine en qualité et en quantité.

16

Herbe fauchée, séchée et stockée pour la nourriture du bétail. Herbe sur pied destinée à être fauchée. 17

Chance de réussir ; avantage. 18

Etat de ce qui existe en puissance. 1919

Engraissement du bétail, en particulier des bovins, sur prairies. Prairie sur laquelle sont engraissés des

animaux, en particulier des bovins. (On dit aussi pré d’embouche.)

Page 15: Chap. 5 LE CAMEROUN : L’AGRICULTURE, … · ... le manioc. Les cultures ... et en chocolat. Le Cameroun produit aussi bien du café robusta que du café ... il souffre toutefois

Page 15 sur 21

L’élevage constitue la principale source de revenus pour plus de 30% de la population active

et sur le plan socio-économique, l’élevage joue un rôle d’épargne et contribue fortement à

l’amélioration de la production agricole.

2- Atouts

Sur le plan général, environ 40% du territoire national, composé de savane, convient bien à

cette activité, notamment à l’exploitation par le bétail, exceptées les zones infestées par les

glossines dont une partie importante se trouve sur le plateau de l’Adamaoua. Le Cameroun

dispose d’un patrimoine zootechnique important estimé à plus de 5 600 000 têtes de bovins.

La disponibilité des ressources alimentaires, le savoir-faire des éleveurs traditionnels et

l’importance des marchés intérieurs et extérieurs, offrent des possibilités de croissance

importantes.

Les conditions climatiques sont très favorables dans cinq des dix régions du Cameroun dont

l’Adamaoua et le Nord où la pluviométrie varie entre 1500 et 1700 mm pour l’Adamaoua et

entre 800 et 1000 mm pour le Nord, notamment dans la région du Mayo Louti. Les formations

végétales de ces régions sont très productives et accueillent une partie importante des effectifs

bovins du pays.

Les éleveurs traditionnels ont acquis, avec le temps, une connaissance irremplaçable sur la

pratique de leur élevage sur la base d’expériences vécues, d’adaptation, de gestes et

d’automatismes tout à fait appropriés aux circonstances et particularités locales et aux

contraintes de leurs régions. Les types d’élevage sont très divers, mais toujours fondées sur

l’exploitation des parcours naturels. Ils se différencient selon les ethnies, la catégorie et la

densité des populations.

Les éleveurs sont aujourd’hui ouverts et réceptifs aux nouvelles innovations, notamment :

1. La fauche et le stockage du foin pour nourrir les animaux lorsque les pâturages ne suffisent

plus, le hangar à foin (là où il est possible de le réaliser) étant la clé de voute du système ;

2. La pratique des cultures fourragères dans les régions où les conditions pédoclimatiques le

permettent et où les éleveurs ont accès à la terre ;

3. La mise en place des mini-laiteries pour valoriser le surplus de la production due à

l’amélioration de l’alimentation des animaux en saison sèche et à une meilleure gestion du

troupeau familial ;

4. L’embouche et la vente des animaux grâce au foin stocké pour augmenter de manière

sensible la plus-value et améliorer le revenu familial.

D- Les problèmes liés à l’élevage

1- Les contraintes sanitaires

Aujourd'hui, les maladies animales demeurent un des facteurs limitant du développement de

l'élevage en Afrique subsaharienne car, elles entraînent de lourdes pertes directes et indirectes

dans les cheptels nationaux (SIDIBE, 2001). Ces maladies anéantissent quelquefois les efforts

des éleveurs pour la multiplication du troupeau.

Les pathologies dominantes au sein des effectifs peuvent être regroupées en deux catégories

selon le type d'agent pathogène responsable : les maladies parasitaires et les maladies

infectieuses.

2- Les autres types de contraintes

Page 16: Chap. 5 LE CAMEROUN : L’AGRICULTURE, … · ... le manioc. Les cultures ... et en chocolat. Le Cameroun produit aussi bien du café robusta que du café ... il souffre toutefois

Page 16 sur 21

Dans la région du Nord Cameroun, les activités pastorales et agricoles entretiennent des

rapports complexes de complémentarité et de concurrence, tant au niveau du système de

production qu’à l’échelle de l’espace régional.

L’une des contraintes qui freinent le développement de l’élevage est lié à la pénurie d’eau

constatée en saison sèche dans plusieurs zones : d’où le recours à la transhumance qui est

parfois une source de conflits potentiels entre les éleveurs et les agriculteurs, mais également

une source de contamination du cheptel. Ces conflits sont aussi constatés et de plus en plus

nombreux entre les éleveurs et les gardes chasse des nombreuses zones de mise en défends20

et des forêts dites classées.

Aussi, l’extension des zones protégées, parcs et zones d’intérêts cynégétiques contribue à la

réduction de l’accès aux pâturages. Ces aires protégées couvrent environ 45% des superficies

dans la région du Nord, constituant ainsi une barrière de plus en plus infranchissable (voir

carte 1) pour les éleveurs devant descendre dans les régions de savane plus adaptées à

certaines périodes de l’année.

Aujourd’hui, l’élevage traditionnel se trouve menacé par un nouveau type d’éleveurs qui sont

notamment des hommes d’affaires ou des hauts cadres de l’administration, venant avec

beaucoup de moyens et bénéficiant des complicités et des facilités sur le plan foncier,

installant de grands ranchs et de grandes exploitations sur les meilleures terres qu’ils privent

aux éleveurs traditionnels qui sont dépossédés de leurs zones traditionnelles de pâturages très

stratégiques pour la transhumance et qui se trouvent obligés d’exploiter des zones marginales

à faibles potentialités en matière de ressources naturelles. Les plus vulnérables dans ce

nouveau système d’expropriation des terres sont une fois de plus les éleveurs transhumants

qui n’ont aucun droit foncier, même de facto.

Comme si cela ne suffisait pas, on assiste aujourd’hui à deux autres phénomènes qui

menacent, non seulement les éleveurs traditionnels, mais l’ensemble du monde rural en

Afrique. Il s’agit (1) de la vente des terres à de grands « investisseurs privés » ou à des

Etats/firmes, fortement appuyés par leurs Etats, en quête d’espace pour étendre leur

hégémonie et (2) l’insécurité généralisée dans certaines régions en milieu rural qui empêche

l’éleveur de vivre de son activité. Cette insécurité est récurrente au Cameroun, au Tchad, en

Centrafrique et au Nigeria depuis ces cinq dernières années où les enfants des éleveurs sont

pris en otage par des « bandits » qui réclament des rançons énormes en échange. Ce fléau

oblige les éleveurs à vendre des troupeaux entiers pour y faire face. Une autre manifestation

de cette insécurité est le phénomène des coupeurs de routes, phénomène aujourd’hui

généralisé autant en Afrique centrale qu’en Afrique de l’ouest, et pour lequel les éleveurs sont

les plus vulnérables parce qu’ils ne peuvent pas disposer du produit de vente de leurs animaux

en sécurité.

Dans le même temps, on observe sur le terrain que : le secteur agricole poursuit la

colonisation de nouvelles terres ; les éleveurs sont confrontés à un manque de sécurisation

foncière qui ne permet pas à leur système de production de fonctionner correctement.

20

Ou défens : en défends : se dit d’un bois, d’une parcelle interdits au pâturage (Lieu où le bétail pâture ; Acton,

droit de faire pâturer le bétail). Pâture : nourriture des animaux. Pâturer : paître (manger en broutant).

Page 17: Chap. 5 LE CAMEROUN : L’AGRICULTURE, … · ... le manioc. Les cultures ... et en chocolat. Le Cameroun produit aussi bien du café robusta que du café ... il souffre toutefois

Page 17 sur 21

Ainsi donc, l’augmentation du cheptel, la réduction des parcours disponibles pour cause (entre

autres) de la croissance des zones de cultures, des zones de mise en défends et des conditions

agro climatiques défavorables ont entraîné une dégradation des pâturages accentuant la

pression sur la terre, une surexploitation des ressources naturelles et les risques de conflits.

C’est le cas notamment dans la région du Nord Cameroun, particulièrement dans le Mayo

Louti.

Ces différentes contraintes ont obligé les éleveurs à mieux gérer leurs effectifs et à adopter un

mode d’élevage qui leur permet d’améliorer leurs revenus et à subvenir à leur besoin

alimentaire. L’élevage est devenu un moyen de diversification des productions dans une zone

où la principale culture de rente qu’est le coton ne permet plus d’engranger des revenus

supplémentaires.

La viabilité et la durabilité de ce système d’exploitation repose donc sur un certain nombre de

facteurs qui sont notamment :

1. La disponibilité de l’herbe et de l’eau. Car, la fauche21

et le stockage de l’herbe nécessitent

que l’éleveur qui le fait trouve dans sa zone un espace qu’il peut réserver à cet effet. Or, si

dans l’Adamaoua, cette condition est satisfaisante, ce n’est pas le cas dans les régions où la

saturation de l’espace atteint parfois un seuil ne permettant pas de le réaliser. Ce qui risque de

limiter le système dans certaines parties du Nord Cameroun, notamment dans la région du

Mayo Louti et dans le Nord est Bénoué. En même temps, le tourteau et l’aliment de bétail

complémentaires au foin ne sont pas toujours disponibles et même restent parfois

inaccessibles compte tenu du coût pratiqué par divers spéculateurs ;

2. Ce système nécessite également que la sécurité en milieu rural soit garantie excluant ainsi

le cas des vols et d’expropriation pure et simple. Ces dernières années l’insécurité et les vols

de bétail constituent des facteurs limitant pour l’épanouissement des populations en milieu

rural et périurbain dans cette région ;

3. Ce système est viable et avantageux dans le cas où l’éleveur a la possibilité de pratiquer la

transhumance22

pour le gros de son troupeau lui permettant d’assurer le maintien de son

effectif et une meilleure gestion de son élevage. Ce mode d’élevage, basé sur la semi-

sédentarisation et l’amélioration des revenus, peut constituer un mode alternatif devant

conduire à une meilleure sécurisation du troupeau et à un accès au marché assurant ainsi aux

familles rurales une amélioration de leurs revenus et un bon épanouissement ;

4. La réalisation du hangar à foin nécessite des efforts, des moyens (environ 150 000 à 200

000 FCFA pour un hangar à matériaux non définitifs) et du bois. Ces conditions ne sont pas

toujours réunies partout surtout dans les régions sahéliennes. En plus, la fauche nécessite elle-

même des outils, tels que la faux, et des matériels qui peuvent parfois ne pas être disponibles

ou accessibles.

21

Fauchage : action de couper une herbe avec une faucille, une faux ou une faucheuse. 22

Déplacement saisonnier d’un troupeau en vue de rejoindre une zone où il pourra se nourrir ; retour de ce

troupeau au lieu d’où il était parti.

Page 18: Chap. 5 LE CAMEROUN : L’AGRICULTURE, … · ... le manioc. Les cultures ... et en chocolat. Le Cameroun produit aussi bien du café robusta que du café ... il souffre toutefois

Page 18 sur 21

E- Perspectives

Un accompagnement réduit en formation et en conseils auprès des éleveurs ils peuvent arriver

à mettre en place un système de prise en charge propre de leur activité et générer des revenus

leur permettant d’améliorer leurs conditions de vie. Le secteur de l’élevage est de loin le plus

productif et le plus viable en zone sahélienne à condition qu’il bénéficie, sur le plan de la

proportion, des mêmes moyens que reçoivent les autres secteurs, notamment le secteur

agricole. On constate à l’évidence que, malgré l’apport de l’élevage dans les économies

nationales et dans l’amélioration du PIB de nos pays, ce secteur est le parent pauvre des

ressources en investissements et en accompagnement en milieu rural.

L’élevage est certes un secteur porteur d’espoir et un secteur d’avenir pour les pays du Sahel,

mais à condition que ses différents obstacles soient levés. Cela nécessite des efforts de la part

de tous, mais surtout cela appelle à une volonté politique de la part des décideurs et des

pouvoirs publics. Il manque aujourd’hui ce qu’on peut appeler « la conscience de l’élevage »

de la part de beaucoup de ceux qui accompagnent ce secteur. Une réflexion profonde est à

entreprendre, avec une réelle participation des acteurs eux-mêmes, pour apporter des solutions

à ces différents problèmes et pour trouver une nouvelle voie et une alternative viables pour ce

l’élevage.

III- LA PECHE23

L’ouverture du Cameroun sur l’Océan Atlantique et son réseau hydrographique favorisent la

pratique de la pêche maritime et de la pêche continentale. En effet, doté de 400 km de côtes

ouvertes sur l’Atlantique, le Cameroun est toutefois desservi par une façade maritime pauvre

en ressources halieutiques, pour réaliser des prises importantes, les bateaux doivent aller au-

delà des eaux territoriales.

A- Localisation des principaux sites de débarquement et type de pêche correspondant

Douala reste le seul port de pêche industrielle. La pêche artisanale utilise plusieurs points de

débarquements dont quelques-uns des plus importants sont:

Douala, Limbé, Idenau, Kribi, Mabeta, Manoka, Cap

Cameroun, Youpwe, Bonassama, Bekumu, Ekondo-Titi pour la pêche artisanale

maritime;

Maga, Kaï-Kaï, Lagdo, La Mapé, Mbakaou pour la pêche continentale. Celle-ci

s’effectue également le long des fleuves (Sanaga, Nyong, Ntem, Manyu, Bénoué,

Logone et Chari), des lacs (Tchad, Baleng..) et barrages (Lagdo, Mbakaou,

Bamendjui, Maga, etc.).

Le principal port de débarquement est Douala doté d’équipements de froid et de conservation.

D’autres ports secondaires comme Kribi et Limbé abritent des activités de pêche. A

23

Activité qui consisté à prendre ou chercher à prendre du poisson, des animaux aquatiques.

Page 19: Chap. 5 LE CAMEROUN : L’AGRICULTURE, … · ... le manioc. Les cultures ... et en chocolat. Le Cameroun produit aussi bien du café robusta que du café ... il souffre toutefois

Page 19 sur 21

mentionner également de nombreux débarcadères24

tout le long de la côte comme à Youpwé

près de Douala ou à lobé près de Kribi sur l’Océan Atlantique.

B- Production

An 1998, la production de poissons était de 120 000 tonnes environ dont plus de la moitié

pour la pêche continentale. Douala reçoit en moyenne 10 000 tonnes de produits par an.

Environ 64 000 tonnes de produits maritimes (dont 10 000 tonnes de crevettes) sont pêchés

chaque année au large des côtes camerounaises. La pêche artisanale maritime, pratiquée sur

des pirogues est responsable de ce chiffre. La pêche artisanale continentale sur les lacs

artificiels et les cours d'eau produit à peu près aussi 10 000 tonnes d poissons. Les espèces les

plus exploitées sont les crustacés, notamment les crevettes, certains poissons comme le

capitaine, la carpe, le rouget, le tarpon, le bar, la sole.

Faute d'une production suffisante (la pisciculture n'en est qu'à ses balbutiements), le

Cameroun importe annuellement plus de 135 000 tonnes de poissons congelés, et enregistre

un déficit de plus de 150 000 tonnes3 Cependant plusieurs projets ont été lancés pour pallier

sur le long terme à ce déficit. Notamment un vaste projet démarré en 2005 à proximité

de Kribi, avec des financements japonais. Il est prévu d'y construire un complexe comprenant

une halle aux poissons, un marché, un bâtiment frigorifique, un entrepôt de stockage et un

centre de formation. Aussi commencera bientôt l'élevage des crevettes au Cameroun grâce à

l'aide d'experts français.

C- La flotte de pêche

La flotte de pêche est constituée à la fois de bâtiments modernes et d’embarcations de

fabrication artisanale (des pirogues à pagaie ou à moteur). On dénombre près de 70 bateaux et

quelques chalutiers25

. On dénombre aussi des milliers d’embarcations de petites dimensions et

surtout des pirogues le plus souvent sans moteur hors-bord.

Compte tenu de la pauvreté des eaux côtières, le pays a besoin d’une flottille adaptée et

polyvalente pour affronter sans risques la haute mer. Pour l’instant, le secteur est peu fourni

en bateaux de fort tonnage. Le coût élevé du gasoil et les difficultés techniques n’ont pas

favorisé son développement.

D- Aspects économiques

On estime à 250 000 le nombre de personnes vivant des activités liées au secteur de la pêche.

Il n’existe pratiquement pas d’unités de fabrication industrielle de conserves à base de

poissons. Par contre, il existe des installations de conservation ou de séchage. On dénombre

aussi quelques unités semi-industrielles de transformation de poisson (fumage à froid, sous

vide…) mais sans existence légale. Les principales entreprises industrielles sont : la Société

Camerounaise des Crustacés (CAMECRUS) spécialisée dans la crevette d’exportation, la

Société Camerounaise des Industries Agroalimentaires (SICIAA), la Gold Fisheries, la

24

Quai, molle ou jetée, sur la mer ou sur un fleuve, utilisés pour le débarquement ou l’embarquement des

marchandises, des voyageurs. 25

Bateau de pêche qui traine le chalut (filet de pêche en forme de vaste entonnoir, trainé sur le fond de la mer ou

entre deux eaux par un chalutier).

Page 20: Chap. 5 LE CAMEROUN : L’AGRICULTURE, … · ... le manioc. Les cultures ... et en chocolat. Le Cameroun produit aussi bien du café robusta que du café ... il souffre toutefois

Page 20 sur 21

Société de Pêche Industrielle du Cameroun (SOPIC), entre autres. Les industries sont

tributaires de la santé de la pêche industrielle qui souffre de la surexploitation des eaux

territoriales par les bateaux pirates et de la vétusté des bâtiments de pêche.

A court d’équipements adaptés, les entreprises du secteur sont confrontées au problème de

conservation du poisson à cause de l’insuffisance des chambres froides.

E- Gestion des pêcheries

Sur le plan institutionnel, la Direction des pêches du Ministère de l’élevage, des pêches et des

industries animales (MINEPIA) est l’agence gouvernementale chargée de la gestion des

pêcheries au Cameroun. Elle comprend deux sous-directions: la sous-direction de la pêche

artisanale et industrielle et celle de l’aquaculture et de la recherche appliquée (Voir

organigramme).

Les autres institutions qui participent de manière significative à la gestion des pêches sont:

La Direction des affaires maritimes et des Voies navigables du Ministère des

transports pour l’immatriculation des navires et autres embarcations de pêche, la

gestion des gens de mer et la police de la navigation;

La Station de recherche halieutique et océanographique de LIMBE de L’Institut de

recherche agronomique pour le développement (IRAD) placée sous l’autorité du

Ministère de la recherche scientifique et technique (MINREST) assure les travaux de

recherche halieutique;

La Marine nationale garantit la sécurité des personnes et des biens en mer et contribue

à la surveillance des côtes et la défense de l’intégrité territoriale;

Page 21: Chap. 5 LE CAMEROUN : L’AGRICULTURE, … · ... le manioc. Les cultures ... et en chocolat. Le Cameroun produit aussi bien du café robusta que du café ... il souffre toutefois

Page 21 sur 21

Les organismes de développement placés sous la tutelle du MINEPIA à savoir la

Caisse de développement de la pêche maritime (CDPM) et la Mission de

développement de la pêche artisanale maritime (MIDEPECAM).

Les armateurs à la pêche industrielle sont organisés au sein d’un syndicat dénommé Syndicat

des armateurs à la pêche maritime (SAPEMA).

L’organisation des acteurs de la pêche artisanale est encore incomplète, en sorte qu’il n’y a

pas encore de représentation nationale. Cependant, on note un début de structuration avec

quelques associations au niveau des campements et même de certaines unités administratives.

CONCLUSION

Le potentiel agricole, pastoral et halieutique du Cameroun est encore largement sous-exploité,

ce qui ne favorise pas le décollage industriel de ce pays.