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Charlie Chaplin
Charles Spencer Chaplin est né le 16 avril 1889 à Londres. Ses parents, tous deux artistes
de music-hall se séparent avant ses trois ans; Charles et son demi-frère aîné connaissent
des conditions de vie très précaires auprès de leur mère qui finit par être internée; les
enfants sont alors placés dans un orphelinat. Cette vie difficile qui plus tard lui inspirera
« The Kid », oblige le jeune Charles à souvent se débrouiller seul pour subvenir à ses
besoins. À dix ans, il débute sa carrière professionnelle dans une troupe d’enfants danseurs
de claquettes, les “huit gars du Lancashire”. Il se produit dans plusieurs théâtres avant
d’être engagé en 1908 dans la célèbre troupe de Fred Karno. Au cours d'une tournée en
Amérique, il est remarqué par Mack Sennett et les studios Keystone lui adressent alors
une proposition de contrat qu’il accepte : l'aventure cinématographique commence.
A la demande de Mack Sennett qui exige un déguisement et un maquillage pour le héros
du film qu’il produit « Kid auto races at Venice », Chaplin crée en 1914 le personnage de
Charlot qui lui apporte très rapidement la gloire. Chaplin passe de la Keystone à la
Essanay puis à la Mutual (1916). Il signe en 1918 un contrat avec la First National qui
l’autorise à une plus grande autonomie créatrice. En 1919, il s’affranchit du diktat des
studios en fondant avec Douglas Fairbanks, Mary Pickford et D. W. Griffith, la « United
Artists » une maison de distribution indépendante. Durant cette période, il produit ses
meilleurs courts et moyens métrages, malgré des campagnes «patriotiques» et puritaines
qui dénoncent sa «lâcheté d'embusqué» ou son «enrichissement de parvenu sans moralité»,
thème alimenté par son divorce en 1921 d'avec Mildred Harris. En 1923, l'Opinion
publique inaugure la série des longs métrages; le film dans lequel il ne joue pas est
boudé par le public.
Charlot, héros populaire, réapparaît dans quatre films : la Ruée vers l'or (1925), le Cirque
(1928) puis en 1931 les Lumières de la ville. Ce film, commencé en 1928 au moment de
l'avènement du parlant mais voulu «muet» par Chaplin remporte un énorme succès,
confortant son auteur dans son hostilité à l’encontre du « parlant ». Charlot apparaîtra une
dernière fois dans les Temps modernes (1936), véritable réquisitoire contre le taylorisme
dans le contexte de la Grande Dépression. Ce film, au contraire des trois précédents est
accueilli plutôt froidement, une partie de la presse y voyant une tentative de « propagande
rouge ». Le Dictateur en 1940 (le premier de ses «parlants») ne contribue pas à apaiser les
attaques dont il est l’objet. En 1943, alors qu'il vient de se marier pour la quatrième fois, il
est victime d'un procès en reconnaissance de paternité qui défraie la chronique. L’hostilité de
ses détracteurs s’amplifie avec la sortie en 1947 de Monsieur Verdoux, interdit dans
plusieurs États : le film qui raconte l’affaire Landru est en réalité une cruelle satire de la
société américaine et des conventions bourgeoises.
En 1950, il vend la quasi-totalité de ses parts à la United Artists et se consacre à l’écriture
d’un nouveau film Les feux de la rampe (Limelight), œuvre nostalgique mettant en scène un
clown vieillissant, ancienne gloire du music-hall . Chaplin part en Europe présenter le film
qui obtient un véritable triomphe à sa sortie en 1952 à Londres. IL se voit refuser le visa de
retour en raison de ses opinions politiques. Il s’ installe alors en Suisse avec sa famille. En
1957, il réalise Un roi à New York dans lequel il prend sa revanche à l’encontre du
maccarthysme. Son dernier film, la Comtesse de Hong Kong (1967), tourné en couleurs,
reçoit un accueil désastreux. il ne retournera qu’une seule fois aux États-Unis pour y recevoir
un Oscar récompensant sa contribution à l’industrie cinématographique. Il est anobli par la
reine d’Angleterre en 1975. Il meurt le 25 décembre 1977, à Corsier-sur-Vevey, en Suisse.
Les deux films proposés dans ce programme ont été réalisés par Chaplin alors qu’il était
sous contrat avec la Mutual. Dès cette période, c’est lui-même qui écrit et tourne ses films à
un rythme très soutenu, environ un film toutes les trois semaines. Il s’occupe également du
montage.
En 28 courts-métrages tournés respectivement pour la Essanay puis pour la Mutual,
Chaplin réussit à créer le mythe de « Charlot », au travers de personnages différents dans
des situations compréhensibles par le public de l’époque : vagabond bien sûr, mais
également pompier, machiniste, boxeur, homme de ménage dans une banque, policier, évadé
de prison…
Ces deux années à la Essanay puis à la Mutual lui permettent de forger les bases de ses
futurs chefs d’œuvres : les gags du début pouvant être considérés comme des brouillons,
Chaplin les améliorant au fur et à mesure des tournages. De même, les premiers films,
prétexte à une succession de gags ne livrent pas d’histoires véritablement construites. Ce n’est
qu’à partir de 1917, avec Easy Street qu’il scénarise ses films puis la même année avec Theimmigrant qu’il développe différents paramètres au sein d’un même scénario : le drame dans
la peinture sociale, l’amour et la comédie. C’est ce mélange qui peut être considéré comme la
marque de fabrique de Chaplin et qui fera son succès en particulier dans les films à venir
Le cirque, The kid, La ruée vers l’or, Les lumières de la ville et Les temps modernes.
La partenaire de Charlot dans les deux
courts-métrages proposés :
En 1915, Chaplin rencontre Edna Purviance
et lui offre le rôle féminin dans son second
film Charlot fait la noce. Elle devient non
seulement la vedette féminine de Chaplin à
l’écran mais également sa compagne dans la
vie.
Si leur idylle fut brève, leur collaboration
professionnelle se poursuivra pendant 35
films, y compris le premier long-métrage de
Chaplin, The Kid.
En 1923, Edna Purviance tournera une
dernière fois pour Chaplin qui lui confiera
le rôle principal de L'Opinion publique.Chaplin restera très attaché à Edna
Purviance et les studios Chaplin
continueront à lui verser un salaire jusqu’à
sa mort en 1958.
Le partenaire de Charlot dans les deux courts-métrages proposés :
Eric Campbell, acteur d'origine écossaise est apparu dans presque
tous les films de Charles Chaplin réalisés pour la compagnie
Mutual entre 1916 et 1917, incarnant les colosses menaçants.
Remarqué par Fred Karno, célèbre imprésario anglais qui avait
également découvert Charlie Chaplin et Stan Laurel, Eric
Campbell connaît rapidement le succès sur les scènes anglaises
puis aux Etats-Unis. En 1915, Chaplin le voit jouer sur une scène
de Broadway . Impressionné par le gabarit de Campbell (1,96 m
pour plus de 110 kg), Chaplin comprend très vite les potentialités
cinématographiques de ce physique particulier et invite l’acteur à
rejoindre sa troupe. Il met au point un maquillage pour le
colosse : des sourcils exagérés, des yeux charbonneux et une
longue barbe maigrelette qui accentuent son aspect de brute épaisse.
Les derniers mois de la vie d’ Eric Campbell sont marqués par la
tragédie et le scandale : quelques semaines à peine après la mort
de sa femme et le très grave accident de sa fille, il épouse une
starlette qui demandera très rapidement le divorce invoquant
l’alcoolisme et la brutalité de son époux. Le décès prématuré de
Campbell dans un accident de la route en décembre 1917 affectera
beaucoup Chaplin et, avec la mort de son acolyte, ses films
perdront une part de leur dimension comique.
Le personnage de Charlot :Le personnage du vagabond, The Tramp, est
surnommé « Charlot » en France. Une de ses
constantes est de toujours se battre contre le
Fort, que sa force soit physique ou « sociale »,
l’homme grand et costaud ou le riche bourgeois
qu’incarne à merveille Eric Campbell. Toutefois,
en trente-quatre films, le personnage va évoluer
: d'abord irrévérencieux et anarchiste ( ce qui
lui vaudra d'être une référence pour les
surréalistes), il devient sentimental et idéaliste.
Mais très rapidement, le cinéma de Charles
Chaplin s’oriente vers un cinéma social, plus
féroce et plus engagé : Charlot, dans ses
combats ne vise alors plus uniquement ses
propres intérêts (L’émigrant, Le Kid…). Le
personnage devient moins candide, plus mature.
"Je n'avais pas lamoindre idée dupersonnage. Mais dèsque je fus habillé, lesvêtements et lemaquillage me firentcomprendre qui il était.J'appris à le connaître,et lorsque j'arrivai sur leplateau, il était déjà né".
Dans les années 1917 et 1918, Chaplin
reviendra parfois au burlesque «
d’antan » proche de la « slapstick
comedy ». Il abandonne alors la
véritable nature du personnage de
Charlot le temps d’un film comme dans
« Charlot fait une cure », où il incarne
un riche bourgeois alcoolique et cynique.
Le personnage de Charlot apparaitra
pour la dernière fois dans « Les temps
modernes » en 1936.
Le costume selon Charlot :• Un chapeau melon un peu trop petit, un veston qui
pourrait faire illusion s’il n’était pas aussi étriqué
• Un pantalon rapiécé , souvent retenu par une corde et de
trop grandes chaussures éculées qui évoquent la misère
• Une canne prétentieuse
Ce costume reflète la dualité du personnage qu’il incarne :
le haut constitué de pièces d'habillement qui sont
d'ordinaire celles de la classe aisée de la société, le bas qui
le désigne comme clochard. Son apparence vestimentaire
concorde bien avec les attitudes qu'il affiche : malgré la
précarité de sa situation et ses comportements parfois
mesquins, il sait faire preuve d’une grandeur d’âme
« aristocratique ». Il est partagé entre sa vraie nature et
l'image qu'il donne de lui, une nature qui évolue : le
personnage marginal et irrévérencieux de l’époque du
slapstick devient au fil du temps plus critique et plus
social. De même, il joue du registre double de la pitié et de
l’admiration : il joue de sa faiblesse pour en faire une
force qui épate, sachant gagner la sympathie du
personnage féminin et du spectateur devant à la brutalité
de ses opposants, à commencer par celle de son comparse
Eric Campbell.
Les objets selon CharlotPour Charlot, les objets sont coupés de leur
finalité; il en détourne l’usage en fonction d’un
besoin précis et immédiat. Les deux films
présentés regorgent d’exemples :
La canne qui n’est jamais utilisée comme une
aide à la marche
La causeuse qu’il utilise comme un fauteuil
simple provoquant la chute d’Eric Campbell
Le verre qui devient cendrier…
Il sera intéressant de montrer aux élèves que
Buster Keaton a un rapport tout autre avec les
objets : il n’ en ignore pas la fonction mais les
objets lui résistent. Keaton finit par les
maîtriser et les adapter à ses besoins grâce à
une obstination aidée par le hasard, et souvent
au prix de chocs, de contorsions et d’acrobaties
absolument inhumaines mais vécues toujours
stoïquement.
Charlot fait une cure(the cure)
Charlie Chaplin, USA, 1917,
noir et blanc, 20 min
L’histoire : Un alcoolique arrive dans une station thermale, sa malle pleine d'alcools de
toutes sortes. Ce curiste bien singulier, à cause de son penchant immodéré pour la boisson,
va semer la zizanie dans l’établissement thermal.
Fiche technique
Titre : Charlot fait une cureTitre original : The CureRéalisation : Charlie Chaplin
Scénario : Charlie Chaplin
Production : Mutual
Musique : Alan Roper
Photographie : Rollie Totheroh
Pays d'origine : États-Unis
Format : Noir et blanc - muet
Genre : Comédie
Durée : 30 minutes
Date de sortie : 16 avril 1917
Distribution
Charlie Chaplin : Le curiste alcoolique
Edna Purviance : La femme
Eric Campbell : Le géant au pied dans le plâtre
John Rand : Personnel de la station thermale
Albert Austin : Personnel de la station thermale
Frank J. Coleman : Directeur de la station thermale
James T. Kelley : Personnel de la station thermale
Henry Bergman : Le masseur
Revoir des extraits du film :
http://www.archive.org/details/charlie_chaplin_film_fest
Avant la projectionAnalyse de l’affiche
1. Lecture dénotative :
La composition de l’image ( nombre et position
des personnages, fond/forme…)
Le texte : des caractères de différentes polices,
tailles, sens et couleurs. Un texte qui n’est pas
en français.
2. Lecture connotative :
Faire repérer le personnage de Charlot.
Faire préciser ses accessoires caractéristiques.
( le chapeau, la canne, le pantalon trop
large…). On notera que dans ce film, Charlot
n’est pas un vagabond ; son costume n’ est
donc pas celui qu’il porte communément.
Les deux autres personnages ( inciter à des
hypothèses : le personnage à l’arrière-plan a
un bandage au pied → hôpital ? Personnage
féminin = Infirmière ? )
Le texte : les éléments d’une affiche (le titre
du film, le nom des acteurs, du réalisateur…)
Faire des hypothèses sur les groupes de mots
en couleurs ( le titre entre guillemets…)
Avant la projection
Activités possibles :La mise en réseaux d’ affiches anciennes vantant les villes thermales avec des photogrammes
du film permettra d’expliquer aux élèves en quoi consiste une cure ( les bienfaits des eaux
thermales, les soins et massages, les distractions proposées aux curistes au début du 20ème
siècle…)
http://www.insitu.culture.fr/image.xsp?numero=4&id_article=d2-827&no_image=10
Charlot s'évade (The adventurer)
Charlie Chaplin, USA, 1917,
noir et blanc, 20 min
Fiche technique
Titre : Charlot s’évadeTitre original : The Adventurer
Réalisation : Charlie Chaplin
Scénario : Charlie Chaplin
Production : Mutual
Musique : Alan Roper
Photographie : Rollie Totheroh
Pays d'origine : États-Unis
Format : Noir et blanc - muet
Genre : Comédie
Durée : 31 minutes
Date de sortie : 22 octobre 1917
Distribution
Charlie Chaplin : L’évadé
Edna Purviance : La jeune fille
Marta Golden : La mère
Eric Campbell : Le soupirant
Henry Bergman : Le père
Albert Austin : Le maître d'hôtel
Phyllis Allen : La gouvernante
Frank J. Coleman : Le gardien de prison
L’histoire : Charlot, forçat, vient de s’échapper, poursuivi par une horde de policiers. Dans sa
fuite, il sauve de la noyade une jeune fille et sa mère. Son geste héroïque lui vaut d’être
convié dans cette famille dans laquelle il lui faut respecter des convenances bourgeoises
auxquelles il n’est évidemment pas habitué… Lors d’une réception, le prétendant de la jeune
fille reconnaît sur une photo parue dans un journal le forçat recherché. Charlot est à nouveau
obligé de fuir d’autant que le père de la jeune fille est le juge qui l’a autrefois fait
condamner. Charlot parviendra à s’ échapper après une folle course-poursuite.
Un film dans la pure tradition du slapstick :
« La spécialité de Chaplin, c’est incontestablement son jeu de jambe. Mais jamais encore il
n’avait fait preuve d’une virtuosité aussi époustouflante que dans Charlot s’évade »
Chicago News, 1917
Avant la projectionAnalyse de l’affiche
Lecture dénotative :
La composition de l’image ( nombre et position
des personnages, fond/forme…)
Le texte : des caractères de différentes tailles. Un
texte qui n’est pas en français.
Lecture connotative :
Faire repérer le personnage de Charlot.
On retrouve sur cette affiche le personnage de
Charlot avec un de ses accessoires favoris, le
chapeau melon trop juste qui renseigne sur son
appartenance sociale .
Les deux autres personnages ( peu d’ hypothèses
possibles hormis sur le caractère possible du
personnage masculin et sur l’appartenance
sociale du personnage féminin qui porte un
éventail en plumes )
Le texte : les éléments d’une affiche (le titre du
film, le nom de l’ acteur, de la production…)
Une vie de chien (1918)
Après la projection - le personnage de CharlotChaplin a incarné une multitude de personnages : pompier, machiniste,
boxeur, homme de ménage… Au travers de ces différents métiers, il a
développé une véritable satire sociale. Dans « Charlot fait une cure », il joue
un bourgeois cynique et abandonne la véritable nature du personnage qu’il
retrouve dans « Charlot s’évade ». On fera lister par les élèves les
ressemblances et les différences (le physique, le comportement… ) entre le
Charlot de « Charlot fait une cure » et celui de « Charlot s’évade ». Des
photogrammes d’autres films permettront de bien faire comprendre la nature
du personnage de Charlot.
http://fr.charliechaplin.com/films/pictureshttp://cinetom.canalblog.com/archives/2009/12/26/16280210.html
Les artistes des années 1920 et 1930, s'associant à l'engouement populaire pour Charlot, se
sont intéressés au personnage. Parmi eux, Erwin Blumensfeld, artiste dadaïste avant de
devenir photographe de mode, lui voue une véritable fascination et se proclamer"President-
Dada-Chaplinist".
Fernand Léger, quant à lui, découvre lors d’une permission en 1916, les films de Charlot
grâce à Apollinaire. Lui aussi s’intéresse à ce personnage qui explore le mouvement , la
dynamique dans son jeu comme le fait le peintre dans ses recherches plastiques. En 1920, il
illustre Die Chapliniade d'Ivan Goll : il représente dans quatre gravures Charlot sous les
traits d'une mécanique éclatée. En 1920 , il rédige un scénario pour un film d’animation
intitulé « Charlot Cubiste » racontant les aventures d’un petit pantin en bois, Charlot, qui
s’éparpille en morceaux et se reconstitue au fil d’une journée agitée. Le projet restera
inachevé, deux séquences seulement ayant été tournées. Mais le petit pantin sera reconstruit
en 1924 pour être utilisé dans le générique d’un autre film « Le Ballet mécanique.» .
Activité possible :
Proposer son charlot dont auparavant , on aura fait lister les caractéristiques et attributs
En aplat : dessin - peinture
En volume: utilisation de matériaux variés : bois, carton, polystyrène…
Après la projection
Arts plastiques
Autour du personnage de Charlot