chirurgie de la scoliose : l’autotransfusion, un coût élevé pour de multiples avantages

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SÉLECTION DES ANALYSES DU CENTRE DE DOCUMENTATION DE LA SOFCOT 691 RACHIS Chirurgie de la scoliose : l’autotransfusion, un coût élevé pour de multiples avantages Cet article apporte l’expérience de l’équipe de l’hôpital de Frim- ley (Angleterre) en indiquant les modalités suivies en détail. Sur 45 opérés, 27 reçurent leur sang, 18 du sang allogène. 7,4 % seulement du 1 er groupe ont eu besoin d’un complément allogène. Les deux groupes sont parfaitement assortis quant à l’âge, le type d’opération, la durée opératoire, les pertes san- guines peropératoires. Il n’y eut pas de différence dans les suites opératoires. Il est difficile de connaître l’intérêt de l’hémodilution ou de la récupération peropératoire associées vu le petit nombre de cas où elles furent utilisées dans cette série. Certes le coût de cette technique est plus élevé (51,54 livres de plus. par opéré) mais le prix des transfusions classiques est en augmentation. Surtout elle évite les risques de transmission de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, de l’hépatite C, du sida. Elle pré- vient aussi l’éventualité de l’allo-immunisation fœtomaternelle pour de futures grossesses. Aussi, les auteurs préconisent-ils cette technique d’autotransfu- sion utilisée en association avec l’hypotension contrôlée, l’hémodilution et éventuellement la récupération peropératoire, à condition d’avoir une équipe complète et motivée Pre-donated autologous blood transfusion in scoliosis surgery S. RIDGEWAY, C. TAI, P. ALTON, P. BARNARDO, D. HARRISON J Bone Joint Surg (Br), 2003, 85, 1032-1036. Quelle technique et quels résultats pour la résection des tumeurs du rachis thoraco-lombaire ? Article très intéressant, avec des images instructives sur la méth- ode de classement, la technique, les pièces opératoires et les radios des résultats. Les auteurs exposent en détail le système de Weinstein, Boriani, Biagini pour le classement des tumeurs vertébrales : la coupe transversale de la vertèbre est divisée en 12 secteurs simili-horaires avec l’épineuse à midi, et de façon concentrique en quatre cercles : A extra vertébral B avec corps, transverses, articulaires postérieures et épineuse, C cercle du trou neural et D espace extra-dural du trou neural. La technique de traitement comporte une voie antérieure ou postérieure selon la localisation de la tumeur et une double voie dès qu’un ou les 2 pédicules sont atteints. La résection doit être large avec vertébrectomie si possible, un des pédicules au moins doit être libéré de la tumeur pour pouvoir faire tourner le corps vertébral. Les voies selon la hauteur de la localisation sont décrites en détail, le tout étant impossible à résumer. Les auteurs préco- nisent pour la reconstruction l’utilisation des cages superposables de Boriani en carbone, associée à l’ostéosynthèse antérieure par plaque vissée ou postérieure par vissage pédiculaire et tiges. La série réunit les malades de l’hôpital Maggiore de Bologne et de l’hôpital Imas de Barcelone soit, en tout, 94 résections en bloc avec recul moyen de 30 (6-359) mois. 49 vertébrectomies 11 résections sagittales et 34 résections postérieures furent pra- tiquées. La localisation était dans 70 % des cas en zone lombaire et dans 30 % en zone thoracique. 11 % ont présenté des complica- tions peropératoires et 28,6 % postopératoires. Après le traitement qui dans 54 % des cas a comporté une chimi- othérapie, 71 % des patients sont indemnes de maladie à 58 mois, 4 sont décédés sans relation avec la tumeur et 14 à cause d’elle. Il y eût 11 récidives locales dont 6 % sur des malades pris en charge depuis le début et 30 % sur des malades adressés après un traite- ment incomplet. Commentaire : très bel article avec belle iconographie. Et la nature histologique ? Tratamiento de las neoplasias primitivas del raquis toracolumbar S. BORIANI, E. CACERES, S. BANDIERA Rev Ortop Traumatol, 2004, 48, 225-240. Une étiologie rare pour la sciatique : le kyste synovial d’une articulation inter-apophysaire Huit malades ont été opérés entre 1998 et 2002 par sciatiques non discales causées par kystes des facettes articulaires postérieures. Le kyste a été réséqué par hémilaminectomie. Cliniquement, c’était une sciatique unilatérale aggravée par la marche, avec déficit neurologique dans quatre cas, claudication dans trois cas. Un cas était en L3-L4, cinq en L4-L5 et deux cas en L5-S1. Quatre cas souffraient d’un spondylolysthésis de degré I de Meyerding. Dans trois cas, les auteurs ont réalisé une arthrodèse instrumentée. Le résultat clinique a été identique dans les cas arthrodésés et dans ceux traités par simple résection. Ciatica causada por quiste sinovial facetario : revision en pacientes menores de 60 años M.A. PLASENCIA, C. MAESTRE Rev Ortop Traumatol, 2005, 49, 36-42. Malformations vertébrales : typologies et conséquences Le but de ce travail était de classer les anomalies vertébrales en les groupant en fonction du trouble de développement pour facil- iter leur étude génétique. Ce regroupement vient en complément de la localisation et de l’évolutivité des courbures. Ces anomalies vertébrales peuvent témoigner soit d’une anomalie génétique soit d’un accident au cours de la gestation ou des deux. Les auteurs ont étudié les radiographies de 81 sujets suivis dans leur service en y ajoutant 3 autres qui servent de comparaison, atteints dans 2 cas de dysostose spondylocostale dont on sait qu’il s’agit d’une mutation du gène DLL3 et dans l’autre cas de dys- plasie spondylo- thoracique d’étiologie génétique inconnue qui touche toutes les vertèbres. Les anomalies ont été classées selon la méthode habituelle : vertèbres cunéiformes, en aile de papillon, barre non segmentée, fusion vertébrale, fusion costale etc. en notant la topographie selon l’axe cranio-caudal. Un intérêt particulier a été porté de manière prospective à 39 de ces sujets pour lesquels existait un examen neurologique précis et une enquête familiale. Des anoma- lies sur au moins 2 vertèbres contiguës existent chez 57 sur 81 de leurs cas, sans topographie particulière. Les anomalies touchant 9 à 13 vertèbres sont centrées sur la région thoracique. Les anoma- lies contiguës touchant 2 à 13 vertèbres sont de différents types. Les anomalies cervicales (type Klippel Feil) touchent le corps et l’arc postérieur. Les anomalies thoraciques sont associées à diverses anomalies costales. Au niveau lombaire, les fusions vertébrales sont les plus fréquentes. Les anomalies touchant 2 vertèbres contiguës ou plus ont un ratio femme/homme de 1,7 contre 1,4 dans les 81 cas regroupant tous types d’anomalies. Un seul niveau est atteint dans 24 sur 81 cas: 19 ont une anomalie à un seul niveau, hémivertèbre ou vertèbre cunéiforme, deux cas ont 2 hémivertèbres non contiguës et les 3 autres cas ont des défauts de fusion médians, 2 fois sur une vertèbre et une fois sur

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SÉLECTION DES ANALYSES DU CENTRE DE DOCUMENTATION DE LA SOFCOT 691

RACHIS

Chirurgie de la scoliose : l’autotransfusion, un coût élevé pourde multiples avantages

Cet article apporte l’expérience de l’équipe de l’hôpital de Frim-ley (Angleterre) en indiquant les modalités suivies en détail. Sur45 opérés, 27 reçurent leur sang, 18 du sang allogène. 7,4 %seulement du 1er groupe ont eu besoin d’un complémentallogène. Les deux groupes sont parfaitement assortis quant àl’âge, le type d’opération, la durée opératoire, les pertes san-guines peropératoires. Il n’y eut pas de différence dans les suitesopératoires.Il est difficile de connaître l’intérêt de l’hémodilution ou de larécupération peropératoire associées vu le petit nombre de cas oùelles furent utilisées dans cette série.Certes le coût de cette technique est plus élevé (51,54 livres deplus. par opéré) mais le prix des transfusions classiques est enaugmentation. Surtout elle évite les risques de transmission de lamaladie de Creutzfeldt-Jakob, de l’hépatite C, du sida. Elle pré-vient aussi l’éventualité de l’allo-immunisation fœtomaternellepour de futures grossesses.Aussi, les auteurs préconisent-ils cette technique d’autotransfu-sion utilisée en association avec l’hypotension contrôlée,l’hémodilution et éventuellement la récupération peropératoire, àcondition d’avoir une équipe complète et motivéePre-donated autologous blood transfusion in scoliosis surgeryS. RIDGEWAY, C. TAI, P. ALTON, P. BARNARDO, D. HARRISON

J Bone Joint Surg (Br), 2003, 85, 1032-1036.

Quelle technique et quels résultats pour la résection destumeurs du rachis thoraco-lombaire ?

Article très intéressant, avec des images instructives sur la méth-ode de classement, la technique, les pièces opératoires et lesradios des résultats. Les auteurs exposent en détail le système deWeinstein, Boriani, Biagini pour le classement des tumeursvertébrales : la coupe transversale de la vertèbre est divisée en12 secteurs simili-horaires avec l’épineuse à midi, et de façonconcentrique en quatre cercles : A extra vertébral B avec corps,transverses, articulaires postérieures et épineuse, C cercle du trouneural et D espace extra-dural du trou neural.La technique de traitement comporte une voie antérieure oupostérieure selon la localisation de la tumeur et une double voiedès qu’un ou les 2 pédicules sont atteints. La résection doit êtrelarge avec vertébrectomie si possible, un des pédicules au moinsdoit être libéré de la tumeur pour pouvoir faire tourner le corpsvertébral. Les voies selon la hauteur de la localisation sont décritesen détail, le tout étant impossible à résumer. Les auteurs préco-nisent pour la reconstruction l’utilisation des cages superposablesde Boriani en carbone, associée à l’ostéosynthèse antérieure parplaque vissée ou postérieure par vissage pédiculaire et tiges.La série réunit les malades de l’hôpital Maggiore de Bologne etde l’hôpital Imas de Barcelone soit, en tout, 94 résections en blocavec recul moyen de 30 (6-359) mois. 49 vertébrectomies11 résections sagittales et 34 résections postérieures furent pra-tiquées. La localisation était dans 70 % des cas en zone lombaireet dans 30 % en zone thoracique. 11 % ont présenté des complica-tions peropératoires et 28,6 % postopératoires.Après le traitement qui dans 54 % des cas a comporté une chimi-othérapie, 71 % des patients sont indemnes de maladie à 58 mois,4 sont décédés sans relation avec la tumeur et 14 à cause d’elle. Ily eût 11 récidives locales dont 6 % sur des malades pris en charge

depuis le début et 30 % sur des malades adressés après un traite-ment incomplet.Commentaire : très bel article avec belle iconographie. Et lanature histologique ?Tratamiento de las neoplasias primitivas del raquis toracolumbarS. BORIANI, E. CACERES, S. BANDIERA

Rev Ortop Traumatol, 2004, 48, 225-240.

Une étiologie rare pour la sciatique : le kyste synovial d’unearticulation inter-apophysaire

Huit malades ont été opérés entre 1998 et 2002 par sciatiquesnon discales causées par kystes des facettes articulairespostérieures. Le kyste a été réséqué par hémilaminectomie.Cliniquement, c’était une sciatique unilatérale aggravée par lamarche, avec déficit neurologique dans quatre cas, claudicationdans trois cas. Un cas était en L3-L4, cinq en L4-L5 et deux casen L5-S1. Quatre cas souffraient d’un spondylolysthésis dedegré I de Meyerding. Dans trois cas, les auteurs ont réalisé unearthrodèse instrumentée. Le résultat clinique a été identique dansles cas arthrodésés et dans ceux traités par simple résection.Ciatica causada por quiste sinovial facetario : revision enpacientes menores de 60 añosM.A. PLASENCIA, C. MAESTRE

Rev Ortop Traumatol, 2005, 49, 36-42.

Malformations vertébrales : typologies et conséquences

Le but de ce travail était de classer les anomalies vertébrales enles groupant en fonction du trouble de développement pour facil-iter leur étude génétique. Ce regroupement vient en complémentde la localisation et de l’évolutivité des courbures. Ces anomaliesvertébrales peuvent témoigner soit d’une anomalie génétiquesoit d’un accident au cours de la gestation ou des deux.Les auteurs ont étudié les radiographies de 81 sujets suivis dansleur service en y ajoutant 3 autres qui servent de comparaison,atteints dans 2 cas de dysostose spondylocostale dont on sait qu’ils’agit d’une mutation du gène DLL3 et dans l’autre cas de dys-plasie spondylo- thoracique d’étiologie génétique inconnue quitouche toutes les vertèbres.Les anomalies ont été classées selon la méthode habituelle :vertèbres cunéiformes, en aile de papillon, barre non segmentée,fusion vertébrale, fusion costale etc. en notant la topographieselon l’axe cranio-caudal. Un intérêt particulier a été porté demanière prospective à 39 de ces sujets pour lesquels existait unexamen neurologique précis et une enquête familiale. Des anoma-lies sur au moins 2 vertèbres contiguës existent chez 57 sur 81 deleurs cas, sans topographie particulière. Les anomalies touchant 9à 13 vertèbres sont centrées sur la région thoracique. Les anoma-lies contiguës touchant 2 à 13 vertèbres sont de différents types.Les anomalies cervicales (type Klippel Feil) touchent le corps etl’arc postérieur. Les anomalies thoraciques sont associées àdiverses anomalies costales. Au niveau lombaire, les fusionsvertébrales sont les plus fréquentes. Les anomalies touchant2 vertèbres contiguës ou plus ont un ratio femme/homme de1,7 contre 1,4 dans les 81 cas regroupant tous types d’anomalies.Un seul niveau est atteint dans 24 sur 81 cas: 19 ont une anomalieà un seul niveau, hémivertèbre ou vertèbre cunéiforme, deux casont 2 hémivertèbres non contiguës et les 3 autres cas ont desdéfauts de fusion médians, 2 fois sur une vertèbre et une fois sur