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Sous la direction de Arnaud DIEMER Christel MARQUAT Préface de Sylvie Brunel Regards croisés Nord – Sud sur le durable développement

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Sous la direction de

Arnaud DIEMERChristel MARQUAT

Préface de Sylvie Brunel

Regards croisés Nord – Sud sur le

durabledéveloppement

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5Remerciements

Remerciements

Cet ouvrage a été publié grâce au soutien de l’IFADEM (ini-tiative francophone pour la formation à distance des maîtres).L’IFADEM est mise en œuvre conjointement par l’Agence universi-taire de la Francophonie (AUF) et l’Organisation Internationale de laFrancophonie (OIF).

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7Préface

Préface

Géographe ayant commencé sa carrière professionnelle dansl’humanitaire, j’ai choisi cette discipline – après des études dansd’autres domaines – parce qu’elle me paraissait la plus à même d’appor-ter des réponses aux questions que je me posais sur le monde. Parmices questions, celle du développement figure au premier plan. Dix-septans dans des ONG de dimension mondiale, Médecins sans Frontièresd’abord, Action contre la faim ensuite, m’ont particulièrement sensi-bilisée à la question de la pauvreté et du manque de ressources, à ladifficulté pour certains individus et certaines sociétés d’être maîtresde leur destinée, dans un environnement difficile, physique, politique,économique. Voilà pourquoi mes travaux ont d’abord été consacrés à laquestion du développement.

Le développement, je le définis comme un processus endogèneet cumulatif d’accroissement de la richesse et de diversification crois-sante des activités économiques permettant, grâce à une action redis-tributive des pouvoirs publics soutenue par une coopération interna-tionale forte, une élévation générale du niveau de vie et la satisfactiondes besoins du plus grand nombre, la maîtrise par chacun de sa des-tinée comme des aléas de la nature. Cette définition traite de deuxpoints essentiels : celle de l’économie, la création de richesses, et cellede l’équité, la redistribution de ces richesses. Mais il en manque untroisième, qui s’est imposé sur la scène internationale au lendemainde la Guerre froide, lorsque l’effondrement du rideau de fer a permisl’émergence d’un espace mondial, lorsque la disparition de l’Unionsoviétique a consacré la victoire apparente de l’idéologie libérale issuede l’Occident développé. C’est la question de la durabilité. Au début desannées 1990, le développement durable a pris la place du développe-ment comme priorité de la communauté internationale, une prioritélargement impulsée par des pays du Nord inquiets de voir émerger lespuissances démographiques et économiques des pays du Sud, qui pré-tendaient reproduire leurs modes de production et de consommation.Cette troisième dimension est la question de l’environnement. De notrecapacité à bien gérer les ressources pour pouvoir préserver notre milieude vie et anticiper ainsi l’avenir.

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8 Regards croisés Nord-Sud sur le développement durable

Le développement durable, c’est donc l’économie plus l’équité plus l’en-vironnement, ou, pour reprendre l’excellente définition donnée par l’économisteCatherine Aubertin, l’ambition normative d’établir un état de bien-être univer-sel en écologisant et en humanisant l’économie. Vous le savez, dans ces troisdomaines complémentaires, la question de l’environnement a pris une dimen-sion croissante, absorbant une grande partie des textes adoptés et des créditsmobilisés au nom du développement durable.

Depuis le début des années 1990 en effet, cette ambition normative aété déclinée à satiété, d’abord à l’échelle de la communauté internationale vial’Agenda 21 et les trois conventions phares issues du Sommet de la Terre deRio de Janeiro, premier sommet mondial de l’après-guerre froide, Changementclimatique, Biodiversité, Désertification. Ensuite à l’échelle nationale, chaquepays étant tenu d’adopter une stratégie nationale de développement durable,et désormais des plans nationaux d’adaptation au changement climatique. Àl’échelle locale enfin, via les Agendas 21 locaux.

Les moyens d’agir eux-mêmes ont été profondément renouvelés, puisquele développement durable prône la démocratie participative, la gouvernancelocale des territoires, le bottom up plutôt que le top down, la mise en œuvre duprincipe de précaution.

Cette ambition normative a donc, comme cette définition l’indique bien,donné lieu à un empilement de lois et de règlements dans chacun des domainesde projection du développement durable :

– marché du carbone et nouvelles normes visant à mettre en œuvre danstous les domaines des politiques d’atténuation du changement clima-tique via la limitation des rejets de gaz à effet de serre et l’améliorationde l’efficacité énergétique ;

– montée de la conservation au nom de la préservation de la biodiversité,via l’extension des aires protégées et la lutte contre la déforestation etla dégradation des territoires ;

– recherche active de sources d’énergie alternatives afin de limiter l’épui-sement annoncé des énergies fossiles.

Cette frénésie normative, dont on peut se demander si elle n’était pasd’abord dictée par la peur de voir émerger les pays du Sud, la désignation denouveaux ennemis mobilisateurs permettant de terrifier et de culpabiliser lesmasses, comme l’analysait déjà dans les années 1970, premiers jalons du déve-loppement durable, le grand géographe Pierre George, a surtout représenté unformidable coup de fouet pour le capitalisme industriel du Nord, en perte devitesse après la fin de l’euphorie des Trente Glorieuses. Les nouveaux enjeux deconquête des marchés à travers la croissance verte, cette guerre des technolo-gies dites « propres », ont semblé dans un premier temps permettre le maintiende la prééminence de pays développés, dont la protection d’une planète pré-sentée comme menacée légitime le protectionnisme environnemental. Mais les

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9Préface

pays du Sud, qui protestaient contre ces obstacles mis à leur développementéconomique, se sont emparés à leur tour des enjeux du verdissement industrielet du découplage entre création de richesses et consommations de ressources,prenant les pays du Nord à leur propre discours pour se muer en ardents pro-pagandistes d’un développement propre. La diplomatie climatique les présen-tant comme victimes de l’industrialisation précoce du Nord a su être habile-ment utilisée pour réclamer réparation financière et transferts technologiquesaux vieux pays industrialisés, accusés de porter la responsabilité des maux dela planète. La dette écologique et le financement des nombreux fonds d’adap-tation occupent désormais une bonne partie des rencontres de la difficile gou-vernance internationale.

À l’inverse, tout un courant, très ancien puisqu’il apparaît dès lexixe siècle aux États-Unis, dans le contexte de la conquête du territoire et dela déforestation massive qui l’accompagne, sous l’influence d’un Emerson, d’unMuir ou d’un Thoreau, s’insurge contre ces stratégies d’instrumentalisationcapitaliste du développement durable. Ce courant dit de durabilité forte prônele rejet de la croissance économique, le retour en arrière, la sanctuarisation desterritoires menacés, le coup d’arrêt à l’expansion des activités humaines, voire àl’expansion de la population humaine. Les apôtres de la décroissance, puisqu’ils’agit d’eux, s’insurgent contre l’occidentalisation du monde, et ne veulent mêmepas entendre parler de la notion de développement durable, qu’ils considèrentcomme un abominable oxymore, l’homme moderne étant perçu comme prolifé-rant, nuisible, et dangereux pour sa propre perpétuation sur une planète mena-cée de destruction. Dans certains pays, la dictature écologique est considéréeaujourd’hui comme une option pour sauver l’humanité de son irresponsabilité.

Le poids politique très important de ce que Marie-Claude Smouts appellel’oligole mondial des ONG environnementales aboutit dans certains pays à unvéritable abandon de souveraineté des États qui leur délèguent la gestion desaires protégées.

Cette reconnaissance mondiale, corroborée par des moyens de finance-ment accrus, permet aux grandes ONG environnementales de s’institutionnali-ser, de se doter de moyens d’expertise qui crédibilisent leur discours et leursprises de position, et de se voir déléguer le financement de programmes de ges-tion de la nature de plus en plus étendus, particulièrement dans les pays duSud les plus vulnérables. Se proclamant issues de la société civile, alors queleur base réelle est souvent plus ténue qu’elles ne veulent bien le reconnaître,agissant dans une certaine opacité (des mécanismes de désignation de leursdirigeants comme de cooptation de leurs membres actifs, mais aussi de finan-cements et d’évaluation de leurs programmes), elles légitiment leur action parce que le géographe Denis Chartier qualifie de « dramaturgie », c’est-à-dire uneprésentation toujours alarmiste, voire catastrophiste, des grandes questionsenvironnementales, fondée sur des critères d’évaluation le plus souvent orien-tés ou partiaux.

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10 Regards croisés Nord-Sud sur le développement durable

Comment les géographes se positionnent-ils face à ce double mouvementdu développement durable, conviction envers les solutions apportées par unecroissance verte facteur d’innovation et de progrès d’une part, apologie de l’im-mobilisme et de la conservation par un refus des réponses modernes aux enjeuxde l’environnement d’autre part ? Leur position est à mon sens intéressante, etbien que la communauté des géographes soit traversée comme toutes les autresde tendances bien différentes, il en émerge pourtant un consensus, exprimé,certes avec des nuances, mais globalement de façon similaire, par des géo-graphes aussi divers qu’Yvette Veyret, Jean-Robert Pitte, Paul Arnould, GeorgesRossi, François Mancebo, Olivier Lazarrotti, Martine Tabeaud, Alain Miossec oumoi-même, sans bien sûr que cette liste ne prétende à l’exhaustivité.

Tout d’abord, la géographie remet l’être humain au centre de ses pré-occupations. La Terre est pour elle l’espace habité et aménagé par l’homme.« Pour qui, sinon pour ceux qui l’habitent, protéger la planète ? » résume legéographe François Mancebo. Dès lors, la conservation pour la conservation luiparaît être une aberration : évincer les sociétés, et particulièrement les socié-tés agraires, des territoires qui constituent leur milieu de vie, c’est, pour lesgéographes, condamner ces territoires :

– Parce qu’aucun écosystème n’est figé et que tout territoire n’est que lepalimpseste d’interventions humaines successives : ceux que nous pre-nons pour naturel ne sont en général que des héritages, qu’il s’agisseen France de la Camargue, des Landes ou du Marais Poitevin. Ou encoredes savanes africaines, dont le géographe Paul Pélissier rappelait qu’ils’agit en réalité de savanes-parcs, avec des arbres utiles sélectionnés delongue date par les sociétés agraires.

– Parce qu’un écosystème demande en permanence des interventionsrégulatrices pour se perpétuer et qu’en chassant les hommes qui l’occu-pent et l’aménagent, on le condamne à disparaître. Un territoire livré àlui-même s’embroussaille, se ferme, se transforme en friches coloniséespar des espèces invasives. La nature qu’apprécie tant le citadin n’est pasnaturelle, c’est une nature rendue riante, car anthropisée.

Et les milieux que nous pensons totalement exempts d’occupationhumaine sont généralement des milieux de déprise : ils ont été habités parle passé, mais les sociétés qui les occupaient ont disparu. En milieu tropical,il n’existe pas de forêt primaire, comme le rappelle le grand géographe JeanDemangeot, même cette forêt amazonienne que certains voudraient voir sanc-tuarisée.

– Enfin, le géographe pose une question simple : comment définir unoptimum ? À quel moment faut-il immobiliser un territoire qui ne cessede se transformer en considérant qu’il a atteint son point de perfection,sachant qu’il est forcément différent d’hier et tout aussi différent dedemain ? La même question peut être posée à propos du climat : quelest l’optimum climatique ?

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11Préface

Cette interrogation essentielle pose la question des normes et des indi-cateurs dont le développement durable se dote pour évaluer ses objectifs et sesperformances : la notion d’empreinte écologique, qui stigmatise toute activitémoderne et méconnaît le rôle de l’innovation pour gérer durablement les ter-ritoires, n’est pas meilleure que la vision d’un Malthus il y a deux siècles, pourlequel population et croissance des ressources ne pouvaient jamais coïncider.C’est pourtant cet indicateur qui ne cesse d’être convoqué, tout comme cettestupide carrying capacity, capacité de charge.

Or le géographe sait bien que la notion de surpeuplement ne veut riendire dans l’absolu et est étroitement conditionnée aux méthodes et techniquesmobilisées pour aménager un territoire. Qu’un surpeuplement relatif lié à destechniques adaptées à de faibles peuplements, comme l’essartage, disparaît dèslors que la technique change. Que, contrairement aux systèmes extensifs forte-ment consommateurs d’espaces, les systèmes intensifs permettent d’économiserdes terres et d’accroître la charge démographique. Il observe que les 7 milliardsd’hommes d’aujourd’hui vivent une fois et demie plus longtemps (espérance devie mondiale : 70 ans), que les 3 milliards d’hommes du début des années 1960(espérance de vie de 45 ans), que malgré des inégalités croissantes intra États,il existe bien une convergence des IdH à l’échelle mondiale, ce qui montre quele défi d’une humanité viable sur une Terre vivable n’est pas insurmontable,d’autant que la généralisation de la transition démographique laisse entrevoirune communauté humaine qui se stabilisera autour de dix milliards d’hommesà l’horizon 2100.

Le géographe observe aussi que les pénuries annoncées ne se produi-sent jamais, qu’il s’agisse de la famine généralisée en Asie prédite par LesterBrown dans les années 1970, ou de l’épuisement des réserves de gaz et de pétroleannoncé par le Club de Rome pour les années 1990. Parce que la géographieest la science des possibilités et qu’elle montre comment les sociétés humaines,confrontées à d’inquiétantes menaces, se mobilisent pour trouver des solutionsdurables. Dresser des projections linéaires à partir de la situation présenteméconnaît toujours la capacité d’innovation des sociétés humaines : le mondede demain ne sera pas le monde d’aujourd’hui, pas plus que le monde d’au-jourd’hui n’est le monde d’hier.

Nous ne roulons plus aujourd’hui dans les calèches qui frappaient hierParis de congestion, les Chinois ne rouleront pas demain dans les voitures d’au-jourd’hui. L’explosion des hydrocarbures non conventionnels rend caduc le dis-cours malthusien sur ces énergies fossiles en voie d’extinction inéluctable, alorsque l’accident de Fukushima a réactivé contre le nucléaire les grandes peurs quià toutes les époques ont mis en garde l’humanité contre les vertiges de la toute-puissance… Mais si le monde de demain croule sous les énergies fossiles, quevalent les discours appelant les communautés humaines à économiser à toutprix ce bien précieux et la recherche effrénée d’énergies renouvelables coû-teuses, irrégulières et mal maîtrisées ?

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12 Regards croisés Nord-Sud sur le développement durable

La gestion économe de la ressource figure en effet au cœur des problé-matiques du développement durable, mais force est de constater que la donne necesse de changer, ce qui devrait inciter les prophètes de l’apocalypse à la modé-ration. Dès le ive siècle avant Jésus-Christ, Platon alertait déjà sur les atteintesque les hommes portaient à la nature. À toutes les époques, il a toujours existédes discours apocalyptiques, des prédictions catastrophistes remettant en ques-tion la marche de l’humanité. Ces sentinelles ont été utiles puisqu’elles ontinfluencé les décideurs et qu’elles ont conduit à l’infléchissement de certainespolitiques, mais leur dramaturgie a aussi suscité des politiques socialementinjustes qui se sont toujours exercées au détriment des faibles, des dominés :politique de création des parcs naturels contre les populations autochtones enAmérique du Nord hier, en Afrique aujourd’hui, instauration de péages écolo-giques à l’entrée des villes d’Europe depuis vingt ans, empilement de normes etde contraintes réglementaires rendant de plus en plus difficile et coûteux le tra-vail de l’agriculteur, de l’architecte ou de l’artisan en Europe.

Cet acharnement législatif et réglementaire, qui dresse au nom du prin-cipe de précaution et de l’alibi de la protection de la planète, souvent mal com-prise, des obstacles croissants aux activités productives, qui rend de plus enplus coûteuse toute opération d’aménagement des territoires, va-t-il dans lebon sens ? La dramaturgie pour la dramaturgie est-elle une façon constructived’aborder les problématiques ?

Ainsi, l’extinction annoncée de la biodiversité méconnaît les capacitésde sauvegarde et de création des sociétés humaines, dès lors qu’elles se défi-nissent des priorités en la matière : la biodiversité nourricière des paysansest infiniment plus diversifiée et surtout plus productive que par le passé etl’agroécologie lui ouvre de nouvelles et prometteuses opportunités. La biodiver-sité commensale, en milieu urbain notamment, a explosé. Là encore, commentdéfinir l’optimum ? La Terre est-elle un musée ou un écosystème en mutationconstante ?

Depuis que l’homme est apparu sur la terre, l’histoire de l’environne-ment, environnement qui n’est en réalité que le cadre de vie des sociétéshumaines, un cadre de vie qui influence leurs modes de vie et qu’elles façon-nent en retour, l’histoire de l’environnement donc n’est en réalité que celle del’adaptation technique de ces dernières à des conditions toujours difficiles,qu’il s’agisse du froid, de la sécheresse, des inondations, de la pente ou del’altitude.

Sans adaptation, les hommes meurent ou migrent. Si la population mon-diale a été multipliée par sept depuis le début du xixe siècle, c’est qu’ils ont sutrouver des solutions aux défis opposés par la nature, qui n’est ni bienveillanteni équilibrée, contrairement à l’image d’Épinal que le développement durable endresse trop souvent.

La densification croissante des populations humaines dans ces espaceshautement vulnérables que sont les littoraux et l’apparition de mégalopoles

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13Préface

géantes où l’homme crée son propre milieu de vie posent de façon plus aiguëque par le passé la question de la gestion des risques. Et le risque, alors qu’ilest inhérent à l’histoire des sociétés humaines, est désormais perçu comme lamanifestation d’une crise écologique planétaire, une mise en accusation desréponses apportées par les communautés humaines à la gestion durable desmilieux.

Face à cette montée annoncée des périls, le géographe refuse tout catas-trophisme.

Sur la question clé du développement durable, qui est celle de savoircomment une société gère ses ressources et ses territoires, il se caractériseau contraire par une foi, dictée par l’histoire, envers les capacités aména-geuses des sociétés humaines.

Face à la dramaturgie du développement durable, les géographes appel-lent donc leurs concitoyens à conserver leur sérénité et à retrousser leursmanches.

La question du changement climatique notamment n’est pas perçuesous l’angle d’une menace, mais d’une opportunité : ouverture de nouvellesroutes et de nouveaux territoires, libération de terres cultivables, accès à denouvelles ressources.

Certes, la rapidité de ce changement oppose aux aménageurs de nou-veaux défis, mais elle remet justement la question de l’aménagement des terri-toires, de la gestion des risques, de leur prévention comme de leur prévision, aucœur de nos problématiques.

Question globale, le développement durable doit être abordé à l’échellede la gouvernance internationale, mais il suppose d’être décliné minutieuse-ment à l’échelle locale, celle des territoires, mais aussi celle des différentesbranches d’activité. Et l’expertise des enjeux et des risques ne doit pas êtrelaissée aux seuls dramaturges, elle doit au contraire convoquer l’histoire et lagéographie, remettre en perspective les territoires à l’aune des différents amé-nagements qui s’y sont succédé, redonner la parole aux acteurs locaux et savoirles écouter. Et surtout, prendre en compte la dimension sociale, ne pas créer aunom de la sacro-sainte Planète de l’injustice et de l’iniquité.

Trop souvent, dans le concert brouillé des propos divergents et disso-nants, la puissance publique finit par arbitrer exactement comme elle l’avaitinitialement décidé, prétextant les contradictions pour trancher souveraine-ment. Trop souvent, il faut la mobilisation massive des acteurs locaux pour par-venir à limiter l’opacité du processus de décision et l’injustice à laquelle il abou-tit. Entre la vision écologique qui réduit l’homme à n’être qu’une espèce vivanteparmi d’autres sur la terre et le juge avec sévérité, et la bataille des différentslobbies pour ajourner certaines décisions dictées par l’intérêt général, quelle estla marge de manœuvre du politique ? Entre la culture de la performance indus-trielle et l’exaltation de la wilderness, entre les aspirations légitimes du Sud endéveloppement et les grandes peurs du Nord développé, quelle voie trouver pour

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14 Regards croisés Nord-Sud sur le développement durable

fonder des principes de gestion des territoires et des sociétés qui soient effi-caces, équitables et durables ?

Il entre dans la fonction du géographe de prendre en compte la tota-lité des aspects du développement durable, de remettre l’être humain au centrede son milieu de vie, de rappeler au décideur que la réglementation ne doit pasconduire à l’élimination des petits au profit des grands, à l’injustice sociale et àla ségrégation territoriale ?

Sylvie Brunel

Université Paris Sorbonne

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15Introduction

Introduction

« Même dans une hypothèse optimiste, je ne crois pas que lesnations, actuellement en pointe dans le commerce mondial,seront à l’avenir capables d’atteindre des taux de croissance suf-fisamment élevés pour assurer leur prospérité. Nous avons doncbesoin de nouveaux marchés et de nouveaux partenaires com-merciaux. Nous ne pourrons pas bien sûr les créer selon le vieuxmodèle colonialiste ou selon toute autre référence aussi insen-sée. Il nous faudra fonder ces marchés sur une base de récipro-cité des intérêts et d’interdépendance économique. Les pays dutiers monde représentent la majorité de la population mondiale.Nous avons besoin d’eux pour garantir au monde un avenir depaix » (Willy Brandt, 1990, pp. 155-156).

Le rapport Limits of Growth (Halte à la croissance en français) aplus de 40 ans et le rapport Brundtland en aura bientôt 30, et pourtantla situation mondiale n’a jamais été aussi alarmante qu’aujourd’hui.Tous les voyants sont au rouge, et la crise financière de 2008 a provo-qué un tel séisme que certains commentateurs (Lipietz, 2012) y voientl’ombre d’une crise plus globale, une crise à la fois sociale, environne-mentale et économique.

Nous sommes bien loin « du programme global de changement »évoqué par la présidente du rapport Our Common Future (Notre avenir àtous en français), Mme Gro Harlem Brundtland. À cette époque, l’Assem-blée générale des Nations unies lui avait demandé instamment « de pro-poser des stratégies à long terme en matière d’environnement pour assurerun développement durable d’ici à l’an 2000 et au-delà ; de recommanderdes méthodes pour faire en sorte que l’intérêt porté à l’environnement setraduise par une coopération plus étroite entre les pays en développementet entre des pays ayant atteint différents niveaux de développement éco-nomique et social et qu’il débouche sur la réalisation d’objectifs communss’appuyant mutuellement et tenant compte des relations réciproques entrela population, les ressources, l’environnement et le développement ; d’en-visager des moyens permettant à la communauté internationale de faireplus efficacement face aux problèmes de l’environnement ; de contribuer

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16 Regards croisés Nord-Sud sur le développement durable

à définir les identités de vues sur les problèmes à long terme de l’environnementque soulèvent la protection et l’amélioration de l’environnement, l’adoption d’unprogramme d’action à long terme sur les prochaines décennies et des objectifs aux-quels la communauté mondiale devrait tendre » (avant-propos, 1989). Une telledemande pouvait sembler irréaliste et ambitieuse, au vu de la complexité desproblèmes à résoudre (réchauffement de la Terre, menace de la couche d’ozone,désertification des terres agricoles, accès à l’eau potable…) et des solutions mul-tilatérales à apporter. Et pourtant, elle s’inscrivait à l’époque dans un contexteparticulier. Plusieurs rapports de commissions indépendantes, dirigées pardes leaders sociaux-démocrates de premier plan (Willy Brandt, Olof Palme, GroHarlem Brundtland) proposaient de décliner une autre façon de penser le mondeet notamment les relations Nord-Sud1. Selon Smouts et Devin (2011), ces rap-ports ont eu « un fort impact sur la production discursive onusienne ».

1. Le rapport Brandt, Our Common Crisis

La Commission Brandt composée de 21 personnalités du tiers monde et dumonde occidental2 a publié deux rapports – North and South, A program for Survival(1980) et Common Crisis: North South Cooperation for World Recovery (1983) – pré-sentés comme les premières tentatives visant à penser le développement écono-mique de manière globale. La postérité retiendra surtout la couverture du premierrapport qui fait état d’une ligne imaginaire (la ligne Brandt) séparant le Nord (lespays développés) et le Sud (les pays en développement). Une brève justificationest proposée au début du premier chapitre3 : « Il y a des objections évidentes à uneimage simplifiée montrant le monde divisé en deux camps. Le “Nord” comprend deuxpays riches et industrialisés, au sud de l’équateur, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.Dans le “Sud”, la gamme va d’une nation à demi industrialisée, en pleine expan-sion, comme le Brésil, à des pays pauvres enserrés par les terres, comme le Tchad,ou insulaires, comme les Maldives. Quelques pays du Sud, généralement exportateursde pétrole, disposent d’un revenu plus élevé par habitant que certains pays du Nord.Mais d’une manière générale et bien qu’il n’y ait pas de classification uniforme ou per-manente, “Nord” et “Sud” sont synonymes grosso modo de “riche” et de “pauvre”,de pays “développés” et de pays “en voie de développement” » (Brandt, 1980, p. 55).

1 Dans le rapport Notre avenir à tous, Gro Harlem Brundtland y fait explicitement référence : « Maréflexion et ma vision politique reposent également sur d’autres facettes importantes de mon propre passépolitique : les travaux préparatoires de la Commission Brandt sur les questions Nord Sud et la CommissionPalme sur les problèmes de sécurité et de désarmement, auxquels j’ai participé. C’est alors qu’on m’ademandé de participer à la mise au point d’un troisième projet majeur portant sur l’action politique : aprèsle Programme pour la survie de Brandt et la Sécurité pour tous de Palme, allait venir Notre avenir à tous »(1987, p. 2).2 Olof Palme figure parmi les membres de la Commission Brandt. La France est représentée par EdgarPisani, alors membre du Parlement européen.3 Dans un ouvrage paru en 1990, Nord-Sud face à l’urgence, Willy Brandt reviendra sur cette ligneimaginaire : « D’évidence, la géographie a une influence sur la séparation Nord-Sud. Un coup d’œil sur lacarte du monde nous montre une division relativement claire entre riches et pauvres » (1990, p. 149).

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17Introduction

Au-delà de la ligne Nord-Sud, l’originalité du rapport se situait à troisniveaux (Bressand, 1980) : une analyse approfondie des problèmes auxquelsse heurtait le développement du tiers monde ; des propositions pour renouerle dialogue Nord-Sud et un plaidoyer pour un effort de coopération entrel’Ouest, l’Est et le Sud. C’est sur les bases d’une analyse sans complaisancedu dialogue Nord-Sud que le rapport Brandt entendait rappeler que chaquesociété devait avoir la possibilité de se développer selon ses vœux et selonles besoins de sa population (dans le respect des autres sociétés), mais éga-lement qu’il ne s’agissait pas d’aider le Sud, mais bien de réformer l’économiemondiale de manière à permettre au tiers monde de tracer le chemin de sonpropre développement. Bien entendu, la croissance économique – menacéepar le second choc pétrolier de 1979 – était présentée comme le seul moyenpermettant de subvenir aux besoins du Nord et du Sud : « Il est peu probableque les sociétés industrialisées rejettent la croissance en elle-même, car depuis1950, elle a permis une réduction d’un tiers environ des heures de travail dansune vie et de considérables améliorations dans le niveau de bien-être » (1980,p. 59). Toutefois, son contenu devait être adapté aux droits des individus(dont le premier est de vivre dans la dignité), aux nécessités écologiques etaux valeurs recherchées (sécurité, justice, équité). Le développement 4 devaitainsi s’attaquer aux maux qui rongent les pays du Sud – pauvreté, alimenta-tion, santé, accès à l’eau – et les pays du Nord – incertitude, inflation, chô-mage. Ce défi est à la fois économique, social et environnemental, il préfiguredéjà les trois dimensions de ce que l’on appellera plus tard le développementdurable.

« Le développement doit, à coup sûr, signifier une amélioration des condi-tions de vie, pour laquelle la croissance économique et l’industrialisationsont essentielles. Mais si l’on ne prête pas attention à la qualité de lacroissance au changement sur le plan social, on ne peut parler de déve-loppement » (1980, p. 85).

« Très peu de gens dans le Nord se font une idée exacte de l’ampleur de lapauvreté dans le tiers monde ou des formes qu’elle prend » (1980, p. 87).

« Dans toutes les régions du monde, de graves dommages sont infligés àl’environnement, on épuise des richesses naturelles limitées, on ruine lesol, l’eau et l’air. La biosphère est notre commun héritage et elle doit êtresauvegardée par la coopération, faute de quoi la vie elle-même pourraitêtre menacée » (1980, p. 129).

À la compréhension des mécanismes et des problèmes du développe-ment, le Rapport Brandt associa une série de recommandations visant à assurer

4 « On admet généralement aujourd’hui que le développement implique une profonde transformation detoutes les structures économiques et sociales » (1980, p. 85).

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18 Regards croisés Nord-Sud sur le développement durable

la survie de l’humanité5. Pour les pays les plus pauvres, victimes du problème desubsistance qui se pose en termes écologiques (avancée des déserts, déforesta-tion, épidémies, problèmes de l’eau), la Commission Brandt préconisait une aidede 4 milliards de dollars par an pour la réalisation de grands projets régionaux(bassins fluviaux). Concernant l’alimentation (de nombreux pays en développe-ment sont passés de l’exportation à l’importation de denrées alimentaires), laCommission proposait une réforme agraire permettant d’augmenter la produc-tivité et le revenu des plus pauvres, l’augmentation des stocks internationauxet la libéralisation du commerce des matières agricoles. Au sujet de la démogra-phie, qui exerce une pression importante sur les grands équilibres écologiques(le chiffre de 11 millions d’hectares de forêts disparaissant chaque année estavancé), la Commission appelait de ses vœux à une meilleure coopération pourl’exploitation rationnelle de l’héritage de l’humanité. Pour l’énergie qui présenteun caractère très inégalitaire (aux dires du rapport, un Américain consommaitautant d’énergie que deux Allemands, trois Suisses ou Japonais, six Yougoslaves,neuf Mexicains, seize Chinois, cinquante-trois Indiens ou Indonésiens, quatrecentre trente-huit Maliens ou mille soixante-douze Népalais) et reste encoretrès dépendante du pétrole, la Commission envisageait l’intensification de larecherche dans les PVD, des économies d’énergie pour les pays du Nord et unestabilité de la valeur du dollar (dont les échanges en pétrole sont largement tri-butaires).

Ces mesures « de survie » devaient être immédiates. Toutefois, ellesnécessitaient la mise en place d’un nouveau type de négociation et d’organisa-tion internationale (la Commission Brandt n’hésitait pas à dénoncer les lour-deurs administratives, le manque de coordination et la rigidité du modèle onu-sien, les tendances systématiques à créer de nouvelles institutions). Trois ansplus tard, le rapport “Common Crisis North South: Cooperation for world recovery”(1983) ne pourra que constater l’omniprésence de ces obstacles dans le processusde négociation internationale : “In our overview observations on InternationalOrganisations and Negociations in Chapter 16 of our Report, we drew attention tothe need for the United Nations system to be strengthened and made more efficient.We put forward there a number of recommandations to that end, including the needfor greater coordination between UN agencies and programmes, and diminishedbureaucratisation. We reiterate those recommendations now” (1983, p. 139).

2. Le rapport PALME, Our Common Security

La Commission Palme s’est inscrite dans la continuité du rapport Brandt(dont Olof Palme a été un membre actif). Le rapport “Common Security: A program

5 Précisons que ces recommandations portent sur plusieurs sujets : la pauvreté, la faim et lesressources alimentaires, la démographie, le désarmement, les réformes dans les pays du Sud, lecommerce, l’énergie, l’industrialisation, la technologie, l’ordre monétaire international, le finance-ment du développement et les organisations internationales.

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19Introduction

for Disarmament” paraît en 1982. Il est présenté à l’Assemblée générale desNations unies et accueilli comme une « contribution importante permettant demieux lier sécurité et désarmement » (Smouts, Devin, 2011). Cet objectif est clai-rement rappelé dès les premières pages : « La commission Palme s’est fixé commebut d’être au désarmement mondial ce que la Commission Brandt était aux relationsNord-Sud ». Dans son avant-propos, Olof Palme précise qu’il s’agit de remplacer lastratégie de la dissuasion fondée sur la menace de l’annihilation réciproque parcelle qui se fonde sur la reconnaissance du fait que l’Est et l’Ouest (ainsi que lereste du monde) ne peuvent survivre que grâce à des actions visant à accroîtreleur sécurité par l’arrêt de la course aux armements et par des pas concrets versle désarmement (Schütze, 1982).

Les premiers chapitres du rapport sont consacrés à l’analyse des pro-blèmes de sécurité internationale, de la guerre, des conflits et des agressions,de la course aux armements et des rivalités militaires. De l’Afrique Centrale àl’Afghanistan, du Tchad à l’Indonésie, de l’Amérique centrale à l’Europe de l’Est,près de 250 guerres et conflits internes agitaient le monde (Leitenberg, 1983).La Commission Palme s’est également penchée sur des sujets prêtant à contro-verses telles que l’effet des dépenses militaires sur la croissance économique.Mais la partie la plus intéressante du rapport concerne les recommandations etles propositions de la Commission (pp. 138 à 184). On y trouve la demande decontinuer et de conclure les négociations en cours sur la limitation des arme-ments (SALT/START), l’interdiction complète des essais nucléaires et des armeschimiques, le mandat pour une conférence sur le désarmement en Europe dansle cadre du CSCE, les pourparlers à Vienne sur la réduction des forces conven-tionnelles en Europe centrale, l’adhésion de tous les états au Traité de non-pro-lifération nucléaire, le renforcement des pouvoirs du Conseil de Sécurité desNations unies en vue de prévenir les conflits dans le tiers monde… La plupartde ces recommandations tombèrent rapidement dans l’oubli, seule l’une d’entreelles concernant la création d’une zone (150 km) en Europe centrale exempte« d’armes nucléaires sur le champ de bataille » (1982, p. 147) provoqua un échoimportant dans l’opinion publique. Elle trouva même un dénouement heureuxavec la signature d’un accord – entre le parti social-démocrate ouest-allemand(SPD) et le parti unique est-allemand (SED) – visant « l’instauration de couloirsde dénucléarisation en Europe » (Ayache, Demant, 1991, p. 174).

C’est donc dans ce contexte « d’audience exceptionnelle » (qui dépasseles organisations internationales elles-mêmes) qu’il convient de replacer le rap-port Brundtland. Nous l’avons signalé précédemment, les trois protagonistes– Willy Brandt, Olof Palme, Gro Harlem Brundtland – se connaissent bien, ilsont suivi attentivement leurs travaux respectifs, y ont même participé. Ils ontoccupé tous les trois des postes importants dans leur pays, Willy Brandt (PrixNobel de la Paix en 1971) fut chancelier fédéral en Allemagne de l’Ouest de1969 à 1974 ; Olof Palme fut chef du gouvernement en Suède de 1969 à 1976 etde 1982 à 1986 ; Gro Harlem Brundtland fut ministre de l’Environnement enNorvège de 1974 à 1979, puis Premier ministre à trois reprises (1981, 1986-1989,

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20 Regards croisés Nord-Sud sur le développement durable

1993-1996). Enfin, certaines préoccupations présentes dans leur rapport sontlargement partagées (Gro Harlem Brundtland et Willy Brandt reviendront surla question des dépenses militaires et des méfaits de la course aux armements,mentionnés dans le rapport Palme).

3. Le rapport Brundtland, Our Common Future

Le rapport Brundtland – comme les rapports précédents – bénéficierad’un accueil favorable. Deux raisons à cela. D’une part, il réanime l’esprit de laConférence de Stockholm (1972) sur la base du multilatéralisme6. D’autre part,il entend proposer un panorama mondial des problèmes environnementaux àpartir d’une relation plus nourrie entre développement et environnement : « En1982, lors de la définition initiale du mandat de notre Commission, certaines per-sonnes souhaitèrent que cette enquête soit limitée aux problèmes de l’environne-ment. Ce qui aurait été une grave erreur. L’environnement ne peut être séparé desactions, des ambitions et des besoins de la personne humaine. Toute tentative dele faire en l’isolant des problèmes de l’humanité a donné au mot environnementune connotation de naïveté dans certains cercles politiques. Des gens ont diminuéla portée du mot “développement” en le confiant à ce que “les nations pauvresdevraient en faire pour devenir plus riches” de telle sorte que bien des personnesdans les hautes sphères internationales l’ont automatiquement écarté pour le relé-guer dans les mains des spécialistes impliqués dans ce qu’on appelle “l’aide audéveloppement” » (1988, p. XXII).

L’environnement est ainsi le cadre (milieu) de vie et le développementest ce que nous essayons de faire pour améliorer notre sort à l’intérieur de cecadre. Cette précision terminologique en dit long sur les problématiques aux-quelles sera confrontée la Commission Brundtland tout au long de ses séancesde travail (d’octobre 1984 à avril 1987), qu’il s’agisse de problèmes de survie (liésau développement inégal, au paupérisme et à la croissance démographique),de pressions écologiques sans précédent (sur les terres, les eaux, les forêts, lesressources naturelles au sens large), de tragédies contextualisées (famine enAfrique tuant un million de personnes, fuite de gaz à Bhopal en Inde tuant plusde 2000 personnes, catastrophe nucléaire de Tchernobyl en Russie généralisantle risque de cancers chez l’être humain…) ou de problèmes de population (droitde la personne, place de la femme, alimentation, scolarisation des enfants…).

Mais le rapport Brundtland est surtout connu du grand public poursa contribution à la popularisation7 de l’oxymore « développement durable »

6 C’est ici un élément clé du rapport Brundtland qui porte sur « l’action politique » (1988, p. XX) etqui contraste avec les nombreuses pratiques visant à conclure des accords bilatéraux plutôt que multi-latéraux dans les négociations internationales (ONU, OCDE, GATT…).7 Yannick Rumpala rappelle que « l’importance de ce rapport ne tient pas seulement à l’apparentenouveauté qu’ont pu représenter les idées émises, mais aussi à la pénétration qu’il leur a assurée dans lechamp politique et normatif international » (2010, p. 118).

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21Introduction

(sustainable development) et sa définition très médiatisée (Brunel, 2012). Tousles manuels scolaires et les ouvrages universitaires ne manquent pas de rappe-ler que « le développement durable est un développement qui répond aux besoinsdu présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondreaux leurs » (1988, p. 51) et de préciser les deux concepts clés (besoins, limita-tions) inhérents à cette définition8. Or, l’originalité du travail de la commissionBrundtland est ailleurs. Il se situe bien en amont de cette définition et donnede ce fait, un éclairage intéressant sur les regards Nord-Sud du développementdurable.

D’une part, la Commission Brundtland s’est attachée à assurer un équi-libre des forces en présence entre les pays développés et les pays en déve-loppement (Boidin, Diemer, Figuière, 2014). Si la présidente Mme Gro HarlemBrundtland est norvégienne, le vice-président M. Mansour Khalid est souda-nais. Sur les vingt et un membres de la Commission, douze sont originairesdes pays en développement. On peut citer Pablo Gonzales Gasanova, profes-seur de sciences politiques et sociales de l’Université nationale autonome duMexique ; Bernard Chidzero (Zimbabwe), président du Comité de développementde la Banque mondiale et du FMI ; Ma Shijun (République populaire de Chine),directeur du centre de recherche sur l’écologie ; Margarita Marino de Botero(Colombie), directrice générale de l’Institut national des ressources naturellesrenouvelables et de l’environnement ; Nagendra Singh (Inde), président de laCour internationale de justice…

D’autre part, les questions clés (perspectives en matière de population,d’environnement et de développement durable ; énergie ; industrie ; sécuritéalimentaire ; établissements humains ; relations économiques internationales ;mécanismes d’aide à la décision) du rapport ont donné lieu à un large processusconsultatif et participatif (séances publiques, visites de lieux, séances de déli-bération…) dans les différentes régions du monde : « La Commission a décidéqu’elle organiserait des séances de délibérations dans toutes les régions du monde,séances qui lui donneraient l’occasion de prendre connaissance directement desproblèmes d’environnement et de développement dans ces régions. Elle a décidéen outre de profiter de ces visites pour organiser des séances publiques durant les-quelles de hauts fonctionnaires gouvernementaux, des scientifiques et des experts,des membres d’instituts de recherche, des industriels, des représentants d’organi-sations non gouvernementales et le grand public pourraient exprimer librementleurs préoccupations à la Commission et présenter leurs vues et leurs avis sur des

8 La notion de besoins – et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis – constitueune priorité. Par besoins essentiels, il faut entendre la satisfaction des besoins physiologiques (senourrir, se loger, se vêtir…), mais également l’aspiration à une vie meilleure. Pour ce faire, le rapportpréconise un certain niveau de croissance (là où ces besoins ne sont pas satisfaits) compatible avecles limites du possible écologique. La notion de limitations (que l’état de nos techniques et de notreorganisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et àvenir) rappelle d’une part, que la croissance n’est pas illimitée et d’autre part, qu’elle peut occasionnerdes conséquences néfastes sur l’environnement et sur le bien-être des populations (notamment encreusant le verset des inégalités).

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22 Regards croisés Nord-Sud sur le développement durable

questions d’intérêt commun » (1988, p. 428). Certaines interventions des parti-cipants aux séances publiques ont été intégrées au rapport. On peut ainsi lireles propos suivants :

« Moi, je pense que cette Commission devrait se pencher sur le problèmede la participation effective des populations qui sont l’objet du développe-ment. Au nombre des besoins élémentaires de ces gens figurent le droit àl’identité culturelle, le droit de ne pas vivre en état d’aliénation par rap-port à leur propre culture. Je tiens à insister sur l’impossibilité d’exami-ner les questions d’environnement et de développement sans aborder celledu développement des systèmes politiques. On ne peut se contenter defaire disparaître la pauvreté, du moins pas uniquement, en procédant àune nouvelle répartition des richesses ou des revenus, il faut aussi redis-tribuer le pouvoir. »

Aristides Katoppo,éditeur, audience publique de la CMED,

Djakarta, le 26 mars 1985

« Il n’a pas été trop difficile de rapprocher les défenseurs de l’environne-ment du Nord et les défenseurs du développement du Sud. Les distinc-tions entre ces deux groupes sont ténues et le thème du développementdurable commence à être l’objet d’un consensus. Le point de départ esttout trouvé. Les préoccupations pour les questions liées à l’environnementexistent de part et d’autre. Le souci humanitaire aussi. Les différencessont affaires de méthodes, ou alors du degré auquel chaque camp s’efforcede faire valoir ses intérêts économiques dans le cadre de l’aide au dévelop-pement. Pour des raisons politiques tout à fait pragmatiques, le momentest venu pour effectuer un rapprochement. Tout d’abord, les habitants duNord ne tiennent pas à voir dilapider les impôts qu’ils paient. Ensuite, ilsne veulent pas d’un accroissement de la pauvreté et ils se soucient de l’en-vironnement, que ce soit seulement du Nord – là où ils vivent – ou celuidu Sud. Quant aux habitants du Sud, la majorité ne veut pas de solutionsbâtardes à court terme. En fait, il y a une communauté politique d’inté-rêts entre le Nord et le Sud autour de la notion de développement durablequi peut vous servir de point de départ. »

Richard SandbrooK,Institut international pour l’Environnement,

et le Développement, Oslo, 24-25 juin 1985

« L’impact de la crise actuelle sur l’Amérique latine a été comparé, par saprofondeur et son ampleur, à la grande dépression de 1929-32. La crise aclairement fait apparaître que si la nécessité de protéger l’environnementcontre les problèmes traditionnels de la détérioration et de la dégradation

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23Introduction

continue d’être un objectif valable, les décideurs responsables de la ges-tion de l’environnement devraient éviter d’adopter des attitudes négativesface à la nécessité d’une réactivation et d’une croissance économiques.L’expansion, la préservation, l’entretien et la protection de l’environnementpeuvent apporter une contribution essentielle à l’amélioration du niveaude vie, à l’emploi et à la productivité. »

Osvaldo SunKel,coordinateur, ECLA/UNEP Development

« Les besoins du monde industrialisé en matières premières, en producti-vité accrue et en biens matériels se sont traduits par des impacts sérieuxsur l’environnement et des coûts économiques élevés non seulement dansnos propres pays, mais également dans le monde en développement. Lesstructures internationales actuelles des politiques en matière financière,économique, commerciale et d’investissements ajoutent encore à la com-plexité des problèmes. Nous devons tous être prêts à examiner nos rap-ports dans les domaines du commerce international, de l’investissement,de l’aide au développement, de l’industrie et de l’agriculture, en tenantcompte des conséquences qu’ils peuvent avoir sur le sous-développementet la dégradation de l’environnement dans le Tiers Monde. Nous devonsmême être prêts à aller plus loin et mettre en application les moyensnécessaires pour amenuiser ces symptômes. »

Rakel Surlien,ancien ministre norvégien de l’Environnement,

Oslo, 24 juin 1985

« Les phénomènes démographiques constituent le cœur même de la pro-blématique du développement africain. Ce sont ces données qui conduisentla plupart des analystes à prévoir une crise persistante et de plus en plusgrave en Afrique. Il ne fait aucun doute qu’il est impératif et urgent queles gouvernements africains adoptent et mettent énergiquement en œuvreune politique démographique à long terme. Une question qui s’y rapporteet qui doit faire l’objet de recherches plus approfondies est le recours ausystème fiscal pour limiter la croissance démographique et découragerl’exode des campagnes vers les villes. Pour ralentir la croissance démogra-phique, les familles sans enfants devraient-elles bénéficier d’encourage-ment ou de trêve sur le plan fiscal ? Devrait-on infliger une amende pourchaque enfant dépassant un nombre donné, considérant que la fiscalitén’a pas résolu le problème des migrations de population ? »

Adebayo adedeji,directeur exécutif, Commission économique

pour l’Afrique, Harare, 18 septembre 1986

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24 Regards croisés Nord-Sud sur le développement durable

« Nous, en Asie, à mon sens, nous cherchons un équilibre entre la vie spi-rituelle et la vie matérielle. J’ai observé que vous aviez essayé de sépa-rer la religion de l’aspect technologique de la vie. N’est-ce pas là exacte-ment l’erreur des pays occidentaux qui mettent au point une technologiesans éthique, sans religion ? Si tel est le cas et si nous avons la possibi-lité de prendre une nouvelle orientation, ne devrions-nous pas conseillerau groupe chargé de la technologie de rechercher un type différent detechnologie fondé non seulement sur la rationalité, mais aussi sur l’as-pect spirituel ? Est-ce là un rêve ou est-ce quelque chose d’inéluctable ? »

Intervenant ayant pris la parole, Djakarta, 26 mars 1985

Ces quelques propos extraits du rapport Brundtland sont à eux seulssymptomatiques de la question du développement durable au Nord et au Sud.D’un côté, les pays du Nord qui insistent sur la nécessité de prendre en compteles conséquences des activités humaines sur l’environnement. Ils appellent lacommunauté internationale à agir, quitte à revoir ses modèles de croissanceet de développement économique. De l’autre, des pays en développement quireconnaissent les préjudices occasionnés à l’environnement, mais qui viventdans la crainte d’une baisse de la croissance, synonyme d’une réduction de larichesse par habitant. D’une certaine manière, on peut considérer que le déve-loppement durable renforce l’interdépendance entre les économies du Nord etdu Sud. Cette interdépendance n’est pas uniquement économique, elle est éga-lement sociale (logique de pauvreté absolue dans les pays du Sud et de pau-vreté relative dans les pays du Nord), culturelle (reconnaissances des savoirs desautochtones) ou environnementale (la déforestation occasionne l’érosion des solset le risque d’inondations).

Par le biais du développement durable, le rapport Brundtland a ainsimis en évidence la nécessité d’intégrer les dimensions écologiques, sociales etéconomiques du développement. C’était la seule voie viable et sécuritaire pourl’humanité.

Contrairement à d’autres rapports, trop souvent enfouis dans des pilesde dossiers, le rapport Brundtland bénéficia d’une certaine écoute de la partdes gouvernements (malgré le climat d’austérité qui régnait) et le 20e anniver-saire de la Conférence de Stockholm (1992) redonna une certaine vigueur à plu-sieurs de ses recommandations. Par ailleurs, le fait que la Conférence se tienneau Brésil, un pays en développement, marqua une nouvelle étape dans les rap-ports Nord-Sud.

Tout d’abord, la Conférence de Rio fut articulée autour de six points :1° des conventions devaient être négociées sur des sujets tels que la biodiver-sité et les changements climatiques ; 2° la Charte de la Terre devait établir lesprincipes de base délimitant la conduite des individus et des nations les unsenvers les autres ; 3° l’Agenda 21 devait stipuler les mesures concrètes néces-saires pour la mise en vigueur des principes de la Charte ; 4° des ressources

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367Table des matières

Table desmatières

Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

1. Le rapport Brandt, Our Common Crisis . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

2. Le rapport PALME, Our Common Security. . . . . . . . . . . . . . . 18

3. Le rapport Brundtland, Our Common Future . . . . . . . . . . . . 20

4. Le développement durable, croiser les regards. . . . . . . . . . . 26

5. L’environnement et le mythe de la nature vierge . . . . . . . . 31

6. Le plan de l’ouvrage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

7. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

PARTIE 1CERNER LES REPRÉSENTATIONSDU DÉVELOPPEMENT DURABLE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

chapitre 1de Stockholm à Rio+20 ou quand le développementsoutenable atteint des sommets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

1. Stockholm, 1972 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

2. Brundtland, 1987 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

3. Rio, 1992 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44

4. Johannesburg, 2002 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47

5. Rio, 2012 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48

5. 1. Le développement soutenable à Rio+12 :en passer d’abord par la « croissance verte » ? . . . . . . . . . 49

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368 Regards croisés Nord-Sud sur le développement durable

5. 2. Le développement soutenablegrâce à l’innovation environnementale ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

6. Le développement soutenable,un cinquième Kondratiev ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52

7. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54

8. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

chapitre 2l’écodéveloppement, le rendez-vous manqué ? . . . . . . . . . . . . 59

1. Aux origines de l’écodéveloppement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61

1. 1. De la rencontre de Founex (1971)à la Conférence de Stockholm (1972) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61

1. 2. Les premiers travaux de Sachs,l’embryon de l’écodéveloppement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64

2. L’écodéveloppement, un modèle heuristique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68

2. 1. L’écodéveloppement, un projet d’adaptation au milieu . . . . . . . . . . . 71

2. 2. L’écodéveloppement, une approche systémique . . . . . . . . . . . . . . . . 72

2. 3. L’écodéveloppement, le retour de la planification . . . . . . . . . . . . . . . 73

2. 4. L’écodéveloppement,une démarche participative et éducative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75

3. L’écodéveloppement,un ensemble de critères normatifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76

4. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78

5. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78

chapitre 3le développement durable dans les paysen développement : chance ou condamnationde l’avenir des populations pauvres en Afrique ? . . . . . . . . . . 83

1. Le développement durable, une nécessitépour la planète et les pays du monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84

1. 1. Historique et fondements de cette nécessité . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84

1. 2. Opportunité au Nord et chance pour les pays du Sud. . . . . . . . . . . . 85

1. 3. Les relations Nord-Sud et l’application des principesdu développement durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88

2. Les principes de développement durableà l’épreuve des pratiques d’acteurs au bénin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89

Page 25: Christel Regards croisés

369Table des matières

3. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92

4. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93

chapitre 4le développement durable, entre interdisciplinaritéet interculturalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95

1. Le développement durable, histoire d’un concept global. . . . . . . . . . 97

1. 1. La recherche d’une harmonie entre l’homme et la nature. . . . . . . . . 97

1. 2. Le développement durable, concept total. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99

2. Le développement durable et l’interdisciplinarité . . . . . . . . . . . . . . 100

2. 1. Pratiques académiques et « collaboration additive » . . . . . . . . . . . 100

2. 2. Interdisciplinarité ou transdisciplinarité ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102

3. Le développement durable et l’interculturalité . . . . . . . . . . . . . . . . 105

3. 1. La contingence culturelle du développement (durable) . . . . . . . . . 105

3. 2. Développement durable et pluralisme culturel . . . . . . . . . . . . . . . . 107

3. 3. Quelles pratiques de l’interculturalité ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108

4. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109

5. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110

chapitre 5développement durable, éthiqueet efficacité énergétique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113

1. Le développement durable,une éthique appliquée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115

1. 1. Différentes conceptions de la soutenabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115

1. 2. Éthique appliquée et développement durable . . . . . . . . . . . . . . . . . 118

2. Efficacité énergétique du bâtiment. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119

2. 1. Les trois dimensions d’un projet d’efficacité énergétique . . . . . . . . 120

2. 2. Soutenabilité d’un montage d’efficacité énergétique. . . . . . . . . . . . 121

2. 3. Expertise participative et valorisation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122

3. Des éco-innovations immatérielles comme cadre de valorisation . . 124

3. 1. Bail vert et contrat de performance énergétique . . . . . . . . . . . . . . 125

3. 2. Éthique et efficacité énergétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127

4. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128

5. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131

Page 26: Christel Regards croisés

370 Regards croisés Nord-Sud sur le développement durable

chapitre 6les prémisses d’un modèle alimentaire plus solidaireet plus durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135

1. Inscrire l’alimentation dans les mouvementscoopératifs solidaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137

2. Repenser le système de production via l’agroécologie . . . . . . . . . . . 146

3. Diffuser et essaimer un modèle alternatif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153

4. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156

5. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157

PARTIE 2PRÉSENTER LES ENJEUXDU DÉVELOPPEMENT DURABLE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161

chapitre 7la contribution de l’élevage au développement durabledes territoires, point de vue d’acteurs du Livradois-Forez,Auvergne, France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163

1. Élevage et développement durable des territoires . . . . . . . . . . . . . . 165

1. 1. Une diversité de liens entre développement durabledes territoires et élevage… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165

1. 2. …tissés par le jeu d’acteurs variés… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166

1. 3. …interrogeant les modèles à promouvoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167

2. Les points de vue des acteurssur l’élevage du livradois-forez . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168

2. 1. Une multiplicité de rôlesdans le champ du développement durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168

2. 2. Le rôle économique : le plus souvent cité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169

2. 3. Le rôle social et culturel :de multiples formes exprimées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169

2. 4. Le rôle environnemental :partagé par toutes les catégories d’acteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169

3. Les formes d’élevage souhaitées : des différencesselon l’échelle concernée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170

3. 1. À l’échelle de l’exploitation : divergences de pointde vue relatives aux dimensions et à la spécialisation. . . . . . . . . . 170

Page 27: Christel Regards croisés

371Table des matières

3. 2. A l’échelle du territoire : nécessité d’un élevage diversifié,avec maintien des outils de transformationet restructuration du foncier. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171

3. 3. À l’échelle de la filière : développer les circuits courtset les filières de qualité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172

4. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173

5. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175

chapitre 8l’hydro-histoire peut-elle aider à la gestion durabledes territoires ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179

1. Échelles et acteurs de la gestion de l’eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180

1. 1. La reconstitution des paysages de l’eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180

1. 2. Des techniques et des hommes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181

1. 3. Expertise et délibération techniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182

2. Eaux et conflits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183

2. 1. Dysfonctionnement ou reconfigurations des rapports à l’eau ?. . . . 183

2. 2. Les temporalités du conflit et de la négociation. . . . . . . . . . . . . . . 185

3. Des logiques différentes : privé/public, individuel/collectif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186

3. 1. Le partage de l’eau : un enjeu majeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186

3. 2. Des catégories juridiques mouvantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188

4. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190

5. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191

chapitre 9gouvernance de l’eau et développement durable,une comparaison Nord-Sud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197

1. La gouvernance de l’eau : un outil indispensablepour le développement durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198

2. Une approche empirique de la gouvernance de l’eau :la gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) . . . . . . . . . . . . . . . 201

3. Gouvernance de l’eau : comparaison nord-sud . . . . . . . . . . . . . . . . . 203

3. 1. Abondance ou rareté de l’eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205

3. 2. Bassins transfrontaliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206

3. 3. Approches adoptées en matière de gouvernance de l’eau . . . . . . . . 207

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372 Regards croisés Nord-Sud sur le développement durable

4. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211

5. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211

chapitre 10les ressources en eau dans le schéma nationald’aménagement du territoire en Algérie. Entrenécessités économiques et exigences écologiques . . . . . . . . 215

1. Le contexte hydraulique de l’algérie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216

1. 1. Distribution des ressources en eau à travers le territoire . . . . . . . . 216

1. 2. Politique nationale de gestion de l’eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 218

2. L’occupation du territoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221

2. 1. Occupation actuelle du territoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221

2. 2. Lignes directrices du SNAT 2030 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222

3. Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224

3. 1. Approche stratégique du SNAT. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224

3. 2. Choix stratégiques du SNAT 2030. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225

4. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227

5. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227

chapitre 11Les collectivités territoriales en milieu ruralet la problématique de la prise en compte des normesde durabilité dans la planification du développementlocal au Burkina Faso . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229

1. Le concept du développement durable et les mesures politiqueset institutionnelles de sa promotion au Burkina Faso. . . . . . . . . . . 231

1. 1. Le concept du développement durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231

1. 2. Aperçu des mesures politiques et institutionnellespour la promotion du développement durableau Burkina Faso . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232

2. Le processus de décentralisation, une opportunitépour le pays de concrétiser la territorialisationdes normes de durabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 234

3. Les communes rurales et la pratiquedu développement durable. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 236

3. 1. La caractérisation de la notion du développementdurable par les acteurs locaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 236

Page 29: Christel Regards croisés

373Table des matières

3. 2. L’analyse du niveau de prise en compte des normesde durabilité à travers la conception et la miseen œuvre des plans communaux de développement . . . . . . . . . . . . 240

4. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 247

5. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 248

chapitre 12Le rôle du gouvernement dans l’économie socialeet ses politiques de coopération internationalepour le développement régional durable . . . . . . . . . . . . . . . . . 251

1. La coopération internationale :une question sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 252

1. 1. Fonctions de l’université dans le développementsocial régional durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253

1. 2. La politique d’intégration territoriale et régionaleentre pays en développement et l’Union européenne . . . . . . . . . . . 254

2. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 258

3. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 258

chapitre 13Aperçus sur la politique de développement durablede la République Bolivarienne du Venezuela . . . . . . . . . . . . . 261

1. Le cadre politico-institutionnel de la transition . . . . . . . . . . . . . . . 262

2. La législation et les moteurs du changement. . . . . . . . . . . . . . . . . . 263

3. Le plan de développement énergétique du pays . . . . . . . . . . . . . . . 267

3. 1. Les principaux résultats de la planificationet de la politique de préservation de l’environnement . . . . . . . . . . 268

3. 2. Le développement de sources alternatives d’énergie. . . . . . . . . . . . 269

3. 3. L’épargne énergétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 270

3. 4. Les actions de formationet de monitorage pour le développement durable. . . . . . . . . . . . . . 270

3. 5. Les actions d’assainissementet de récupération du sol conduites en 2010 . . . . . . . . . . . . . . . . . 270

4. Le développement humain. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 271

5. Les équilibres macro-économiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272

6. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273

7. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 274

Page 30: Christel Regards croisés

374 Regards croisés Nord-Sud sur le développement durable

PARTIE 3FORMER POUR DEMAINAU DÉVELOPPEMENT DURABLE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 277

chapitre 14Des valeurs du développement durable à leur priseen compte éducative dans un contexte multiculturel . . . . . 279

1. Des valeurs pour le développement durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 280

1. 1. Un cadre de lecture sociologique pour les valeurs . . . . . . . . . . . . . 280

1. 2. Différents positionnements face au développement durable . . . . . . 282

1. 3. Représentations sociales du développement durable . . . . . . . . . . . 284

2. Prise en compte éducative des valeursdu développement durable. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 288

2. 1. Prise en compte sociologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 288

2. 2. Prise en compte anthropologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 290

3. Prise en compte éducative dans une perspective multiculturelle. . 291

4. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 295

5. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 296

chapitre 15Les radios communautaires comme relais dans l’éducationau développement durable en Afrique. Pistes de réflexion . . . 301

1. Les radios communautaires,qu’est ce que c’est ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 302

2. L’éducation au développement durableet les radios communautaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 304

2. 1. La notion du développement durable :principes et moyens de mise en œuvre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 304

2. 2. L’éducation au développement durabledans le système éducatif en RDC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 304

2. 3. Les radios communautairespour l’éducation relative à l’environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . 305

2. 4. L’appui aux programmes scolaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 305

2. 5. Les radios communautaires comme arme infaillible . . . . . . . . . . . . 308

3. Exemples de dispositifsde formation intégrant la radio . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 310

Page 31: Christel Regards croisés

375Table des matières

3. 1. Initiative francophonepour la formation à distance des maîtres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 310

3. 2. E-learning Africa : Quand la radio communautaireest un outil de diffusion des programmes éducatifs.Cas de la radio communautaire Nakaseke . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 313

3. 3. L’expérience des éco-écoles et les relais locaux . . . . . . . . . . . . . . . 314

4. Les défis lancés aux radios communautaires dans le dispositifd’éducation au développement durable. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 315

4. 1. Les défis structurels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 316

4. 2. Les défis fonctionnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 316

5. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 317

6. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 317

chapitre 16L’approche conceptuelle de l’éducation au développementdurable dans l’enseignement secondaire au Cameroun . . . . . 319

1. Implémentation de l’éducation au développement durable (EDD)dans le système éducatif camerounais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 320

2. Comprendre les enjeux du développement durablepour agir en citoyen responsable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 323

3. L’EDD : une éducation ancrée dans toutes les disciplinestout au long de la scolarité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 325

3. 1. Éducation en vue du développement durable . . . . . . . . . . . . . . . . . 325

3. 2. Éducation et enseignement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 325

4. Méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 326

4. 1. Type de recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 327

4. 2. Limites de la méthodologie et de l’environnement de la recherche . . 328

5. Résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 328

6. Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 331

7. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 331

chapitre 17Éducation aux risques : recherche et constat de terrain.Quelles représentations la population auvergnate a-t-elledes risques inhérents à sa situation géographique ? . . . . . . 333

1. Le risque : entrée par la sociologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 335

1. 1. Quelques repères de la construction sociale du risque . . . . . . . . . . 335

Page 32: Christel Regards croisés

Partir de nos différences... pour développer

un art de mieux vivre ensemble !

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www.deboecksuperieur.comISBN 978-2-8041-9160-3NOSUDEVDUR

Si le « développement durable » fait aujourd’hui partie de notre vocabulaire, c’est en partie parce qu’il nous interpelle en de nombreux endroits de la planète. Personne n’échappe au réchauffement climatique, chacun peut constater une dispa-

rition de la biodiversité et personne ne peut rester insensible aux conséquences sociales de la pauvreté et du chômage.

Cet ouvrage est le fruit de recherches et de programmes d’actions menés dans les pays du Nord et du Sud. La première partie interroge nos représentations du développement durable, profondément ancrées dans la culture et les choix technologiques occidentaux. Dans un tel contexte, imaginer une société où « le vivre ensemble » pourrait s’enrichir de nos différences et être décliné en de nom-breux modèles n’est pas une utopie, mais bien un défi à relever. La deuxième partie nous invite à réfléchir sur nos engagements et nos actions collectives afin d’internaliser les problématiques du développement durable et le rendre plus

opérationnel (agriculture durable, gouvernance territoriale…). Enfin, la troisième partie précise que les changements de comportements attendus doivent reposer

sur une éducation au développement durable. Il s’agit ici de promouvoir une écocitoyenneté reposant sur des devoirs et des obligations. L’action, la volonté, la ré-

flexivité… deviennent des compétences et c’est à cette condition que nous parviendrons à prendre en mains notre avenir.

Cet ouvrage intéressera les étudiants et enseignants en sciences de l’éducation, sciences économiques et sociales, sciences de la vie et de la terre et, plus généralement, toute personne concernée par le développement durable et l’avenir de la planète. Il donne la parole à des chercheurs des pays du Nord et du Sud, partageant une même vision de la durabilité.

Maître de conférences en Sciences économiques et sociales à l’Université Blaise Pascal de Cler-mont-Ferrand, Arnaud Diemer est responsable de l’Observatoire des représentations du dévelop-pement durable (or2d) et rédacteur en chef de la Revue Francophone du Développement Durable. Rattaché aux laboratoires Triangle (Lyon 2) et Acté (Clermont-Ferrand), il enseigne le développement durable dans le Diplôme universitaire « Éducation au développement durable ». Ses thèmes de recherche concernent le développement durable, la diversité du capitalisme européen, l’histoire de la pensée économique et les innovations sociales dans le domaine agricole.

Docteur en biologie, formatrice de formateurs en éducation au développement durable et en sciences de la vie et de la terre, Christel Marquat est membre associé au laboratoire Acté (ESPE Clermont Auvergne). Elle porte des projets de recherche en relation avec l’économie solidaire (les AMAP notamment) et l’alimentation durable. Elle est responsable, avec Arnaud Diemer, du Diplôme universitaire « Éducation au développement durable » de l’ESPE Clermont Auvergne et membre de l’Observatoire des représentations du développement durable (or2d).

Ont également contribué à la rédaction de cet ouvrage :Sane Abdou, Driss Aitcheikh, Agbachi Georges Ale, Nadjet Aroua, Guisto Barisi, Loubna Barmaki, Geneviève Castagnet, Sylvie Cournut, Roméal Éboué, Patrick Fournier, Maryvonne Girardin, Marie Houdart, Lynda Kaninda Tshitwala, Antoine Missemer, Philippe Mondet, Clément Morlat, Didier Mulnet, André Francis Ntoumba, Moussa Ouedraogo, Kléber Pinto-Silva, Hélène Rapey, Marie Taverne et Franck-Dominique Vivien.

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