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1 Le rôle des medias et des intermédiaires dans la traduction, le partage de connaissances et le plaidoyer Président de Séance: Binetou Diagne (ENDA) Komlan Mawuena Adjoyi: Messagers du changement climatique, c’est aussi et surtout les medias, l’art et les centres culturels Minielle Tall: Media et changement climatique au Sénégal : l’impossible agenda? Noé Emmanuel Mbemba: Méthodes de diffusion des informations sur les changements climatiques au Congo Brazzaville Dieudonné Kete: Rôle du cinéma dans la diffusion de l’information sur le changement climatique : cas de Cinécom Laroche-BG en République Centrafricaine

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Le rôle des medias et des intermédiaires dans la traduction, le partage de connaissances et le plaidoyer Président de Séance: Binetou Diagne (ENDA) Komlan Mawuena Adjoyi: Messagers du changement climatique, c’est aussi et surtout les medias, l’art et les centres culturels Minielle Tall: Media et changement climatique au Sénégal : l’impossible agenda? Noé Emmanuel Mbemba: Méthodes de diffusion des informations sur les changements climatiques au Congo Brazzaville Dieudonné Kete: Rôle du cinéma dans la diffusion de l’information sur le changement climatique : cas de Cinécom Laroche-BG en République Centrafricaine

Résumé du panel

Komlan Mawuena Adjoyi: Messagers du changement climatique : le sport, l’art et les centres culturels Minielle Tall: Media et changement climatique au Sénégal : L’ impossible agenda? Noé Emmanuel Mbemba: Les méthodes de partage de connaissances sur le changement climatique au Congo Brazzaville

Dieudonné Kete: Le rôle du cinéma dans le partage d’informations sur le changement climatique

Discussions :

Quelle est la contribution des médias au développement de la conscience

environnementale ?

Comment doit on repenser le mode de diffusion de l’information climatique ? Comment

faciliter la collaboration entre le chercheur et le journaliste ?

Quel est le feedback des communautés lors de la diffusion de films sur le changement

climatique ?

Pourquoi choisir le cinéma pour sensibiliser les populations ?

Comment vulgariser la diffusion des films auprès es communautés ?

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Komlan Mawuena Adjoyi

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SYMPOSIUM AFRICAADAPT 2011

SUR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

9 au 11 Mars, Addis-Abeba, Éthiopie

LE ROLE DES MEDIAS ET AUTRES INTERMEDIAIRES DANS

LA TRADUCTION,

LE PARTAGE DE CONNAISSANCES ET LE PLAIDOYER

Février 2011

MESSAGERS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE, C’EST AUSSI LES MEDIAS, L’ART, LE SPORT ET LES CENTRES CULTURELS

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Introduction

Les médias constituent des canaux de transmission efficaces et plus encore lorsqu’ils sont associés à d’autres intermédiaires qui sont des passionnés du public-cible. L’ONG AFHON-TOGO (Actions en faveur de l’homme et de la nature) l’a expérimenté à travers le projet ASCA. Le projet ASCA (Art, Sport et Culture en faveur de l’Adaptation au changement climatique) fait partie d’un ensemble de projets soutenus par le programme africaadapt destiné à encourager les petits projets innovants et les pratiques destinées à communiquer et à partager les connaissances sur l’adaptation au changement climatique. 1

ASCA est composé de trois mini-projets : - Eco mode : un défilé présentant une collection entièrement écologique ; - Eco Art : promotion des œuvres d’art plastique à partir de matériaux naturels et

recyclés et

- Une inspiration musicale : réalisation d’une œuvre musicale

1 www.africa-adapt.net.

SOMMAIRE

Introduction 2

L’objet du projet 3

Qui étaient impliqués ? 3

Que s’est-il passé ? 4

Expériences 11

Opportunités 12

MESSAGERS DU CHANGEMENT CLIMATTIQUE, C’EST AUSSI

LES MEDIAS, L’ART, LE SPORT ET LES CENTRES CULTURELS

MESSAGERS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE, C’EST AUSSI LES MEDIAS, L’ART, LE SPORT ET LES CENTRES CULTURELS

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11.. LL’’OOBBJJEETT DDUU PPRROOJJEETT

Le projet ASCA avait pour objet de susciter la

mobilisation et l’engagement des

professionnels de l’Art, du Sport et de la

Culture autour de la thématique du

changement climatique en vue d’une

vulgarisation rapide et effective de

l’information ainsi que l’accélération du

partage de la connaissance y relative.

22.. QQUUII EETTAAIITT IIMMPPLLIIQQUUÉÉ ??

Trois catégories de bénéficiaires étaient

associées au projet :

(i) les professionnels des domaines de

l’Art, du Sport, et de a culture

- Sport : Joueurs et représentants de

trois fédérations sportives du Togo: la

fédération togolaise de football (FTF), la

fédération togolaise de tennis (FTT), et la

fédération togolaise de Volley-ball (FTVB),

- Artistes : musique, art plastique,

comédie, poésie, cinéma (acteurs et réalisateurs)

- Mode : Stylistes modélistes, couturières et des représentants des syndicats auxquels ils

sont affiliés.

- Médias : Télévisions, radios, magazines.

(ii) les communautés affectées par le changement climatique

- Les communautés rurales agricoles : représentées par deux groupements

d’agriculteurs du Togo : l’Union des Agriculteurs de la région des Plateaux (UAR-P), et

le groupement GBENONDOU dans la préfecture de Zio.

- Les communautés de pêcheurs : représentées par l’Union des Coopératives de Pêche

Maritime et Artisanale (UNICOOPEMA) au Sud Togo.

(iii) les acteurs du secteur public et privé

- les directeurs de sociétés

- les représentants des organisations internationales

A propos de AFHON

L'association « Actions en Faveur de l’Homme et

de la Nature (A.F .HO.N) » créée en 2008 a pour

mission d’initier des actions ayant un impact

direct sur l’amélioration du cadre de vie des

populations vulnérables et marginalisées ainsi

que de susciter la prise de conscience collective

sur l’impératif de prendre en compte les

questions environnementales dans les processus

de développement.

Son champ d’action prend en compte quatre

programmes dont :

- Changements Climatiques

- Genre et développement durable

- Agriculture et sécurité alimentaire

- Éducation Environnementale

AFHON mène des actions aux niveaux local,

national, régional et international.

Pour plus de renseignements, visitez le site de

Afhon: www.afhon.jimdo.com ou écrivez-nous

sur [email protected].

MESSAGERS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE, C’EST AUSSI LES MEDIAS, L’ART, LE SPORT ET LES CENTRES CULTURELS

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Ces acteurs impliqués allaient permettre de toucher un plus grand public-cible : d’une part, la population de Lomé directement, en particulier les plus vulnérables, et d’autres parts, les décideurs politiques (indirectement).

33.. QQUUEE SS’’EESSTT--IILL PPAASSSSÉÉ ??

Les rôles clés que pouvaient jouer les médias et les

autres intermédiaires (les professionnels de l’art, les

sportifs et les centres culturels) ont été

particulièrement manifestes à l’atelier de formation

du 22 Avril et lors de la cérémonie de clôture

officielle du projet.

PENDANT L’ATELIER DE

FORMATION

Les artistes participant à l’atelier étaient

essentiellement composés de comédiens, de poètes,

de professionnels de la musique, du cinéma, du

sport et de l’art plastique. Tous, en compagnie des

autres acteurs ont suivi avec intérêt, et participé aux

discussions sur les changements climatiques tel que vécu tant dans le monde rural que par

les communautés résidentes. Entendre les faits vécus à quelques kilomètres de chez eux par

les membres des communautés agricoles et de pêche qui relataient les faits vécus, a

considérablement contribué à éveiller la prise de conscience sur la réalité du phénomène.

Par ailleurs, deux clips musicaux sur le changement climatique (conçus dans le cadre de la

COP 15) ont été passés pour montrer aux participants comment des artistes de la chanson se

mobilisent déjà en faveur de l’intégration du message relatif aux changements climatiques

dans leur production et pour donner une idée sur la façon de suivre ces exemples.

Les participants ont ensuite été invités à réfléchir à la manière de traduire dans leur œuvre

le message relatif aux changements climatiques. Il a été très saisissant de voir que

spontanément, les poètes ont fait des propositions de poésie, les humoristes et comédiens

ont traduit en langues locales leur conception du changement climatique et les chanteurs ont

conçu des paroles de chanson sur le phénomène comme si tout cela avait été préparé. Le

cadre et l’ambiance étaient stimulants et ont constitué une source d’inspiration.

Même les sportifs, en particulier une championne de tennis, avaient surpris tous les

participants par leur intérêt et leur participation active dans les discussions. Les discussions

entrecoupées par des œuvres musicales improvisées et inspirées par les changements

climatiques ont suscité tant d’engouement que le Directeur de publication d’un magazine

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largement diffusé au Togo (TOGOMAG) avait décidé de consacrer une page de son

magazine au déroulement de l’atelier.

AUTRES ACTIVITÉS DU PROJET

Composante 1 : Identification et documentation des

bonnes pratiques d’adaptation au changement

climatique

Les activités d’identification des bonnes pratiques

d’adaptation au changement climatique ont été mises

en œuvre avec la collaboration des communautés

rurales agricoles de deux régions du pays : la région

maritime et la région des plateaux, ainsi que les

communautés de pêcheurs de la région maritime.

Les organisations associées sont notamment : l’Union

des Agriculteurs de la région des Plateaux (UAR-P),

le groupement Gbenondou dans la préfecture de Zio

et l’Union des Coopératives de Pêche Maritime et

Artisanale (UNICOOPEMA). Les représentants de

ces groupements et coopératives ont relaté comment

ils subissent au quotidien les impacts du changement

climatique.

Composante 2 : Atelier de formation

Tenu le 22 avril 2010 à la salle de conférence du

Centre International de Recherche et d’Etudes en

Langues (CIREL) de l’Université de Lomé, cet atelier

a porté sur la formation d’une cinquantaine de

participants composés en majorité des professionnels

des domaines ASC (Art, Sport et Culture), mais

également des communautés affectées par le

changement climatique et d’autres acteurs. Tous ont

été formés sur les impacts des changements

climatiques et sur l’importance et les moyens de

d’accélérer la diffusion de l’information y relative

sous une forme accessible à tous. Voici quelques-

unes des activités qui ont meublé la rencontre :

- Une plage vidéo sur les changements climatiques

- Des présentations sur les changements

climatiques

- Interviews sur les faits vécus par les

communautés et les mesures prises en vue de

s’adapter au changement climatique (Agriculture

et Pêche)

- Panel de discussion sur le rôle des participants

dans le partage de l’information et des

connaissances sur le changement climatique.

Composante 3 : Promotion artistique

Promouvoir des œuvres artistiques inspirés du

changement climatique, tel fut un des éléments qui

ont le plus contribué au succès du projet. Les artistes

et autres professionnels des domaines ASC ont

exprimé avec beaucoup d’enthousiasme leur

satisfaction pour avoir participé au projet. Un

concours a été lancé du 04 mai au 03 juin 2010 afin de

recueillir les propositions artistiques, d’œuvres

inspirées du changement climatique. Le concours

était restreint aux professionnels des domaines ASC

qui ont participé à l’atelier de formation et les

œuvres présélectionnées ont été exposées lors de la

phase de clôture du projet le 23 Juillet 2010 au centre

culturel allemand de Lomé et les œuvres les mieux

inspirés du changement climatique ont été

sanctionnées par des prix.

Composante V : Aspects de communication

Cette composante a couvert toute la durée du projet

pour assurer une bonne communication autour des

activités relatives à la mise en œuvre du projet.

- Un accord a été passé avec la société Hermès communication pour assurer la couverture des grands évènements du projet dans son magazine Togomag diffusé mensuellement à 500 exemplaires.

- Une émission a été enregistrée et diffusée sur nos radios locales (Radio Nana FM) ayant un fort taux d’audience au début du mois de juillet.

Dans ses efforts pour diffuser l’information relative

au projet auprès des instances gouvernementales et

du secteur privé, l’équipe du projet a tenu une

réunion de concertation au siège de l’association afin

de leur présenter le projet et solliciter leur

participation et leur soutien à sa réussite. Ceux qui

ont répondu à l’invitation ont apprécié l’initiative et

ont encouragé AFHON à poursuivre ses efforts afin

de susciter l’intérêt que la thématique du

changement climatique devrait revêtir au Togo et

pour que la thématique soit davantage internalisé.

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REUSSITE DE L’ATELIER : LE RÔLE DES MEDIAS ET DES AUTRES INTERMEDIAIRES DANS…

LA TRADUCTION Les professionnels de l’art, du sport et de la culture de part la nature de leurs activités, peuvent être considérés comme des traducteurs. À travers la musique, les pièces théâtrales, les films, les documentaires et d’autres œuvres audiovisuelles, ils traduisent en langage simple et accessible, les messages qui leur semblent importants. En impliquant ces différends acteurs et en privilégiant un cadre favorable à l’inspiration, ils sont plus à même de prendre conscience du phénomène du changement climatique, ce qui peut influencer et induire un changement de comportement au sein des milieux-cibles. Il est donc important d’accorder plus de considération à ce rôle de sorte que les messages qu’ils traduiront à travers leurs œuvres soient de plus en plus orientés vers les questions essentielles et brulantes comme celles liées au climat. L’atelier leur ayant permis de mieux comprendre les informations souvent techniques et complexes liées au changement climatique, telles que l’effet de serre et le réchauffement climatique, ils ont été plus à même de contribuer à la vulgarisation de ces informations auprès des populations à la base.

LE PARTAGE DE LA CONNAISSANCE

Tous les participants à l’atelier de formation constituent des canaux de transmission de messages. La majorité de ces acteurs ne sont pas des experts des questions de changement climatique et ne vivent pas ses manifestations de la même façon. Beaucoup n’ont pas fait d’études supérieures et n’ont pas la facilité de comprendre le jargon climatique avec ses explications souvent compliquées. L’atelier a permis dans une certaine mesure de démystifier la thématique et de contourner ces obstacles. Une liste de diffusion à été crée sur Google pour assurer le partage et le suivi des activités avec les participants à l’atelier et pérenniser les acquis de la formation.

PLAIDOYER À travers le projet, AFHON a entamé un plaidoyer devant permettre de diffuser l’information relative au changement climatique auprès des instances gouvernementales et du secteur privé afin d’éveiller leur conscience et ainsi de favoriser la prise de décisions intégrant l’adaptation aux impacts du phénomène.

EN BREF :

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LA CEREMONIE DE CLOTURE DU

PROJET

Le projet ASCA a officiellement été clôturé le 23

Juillet 2010 au cours d’une cérémonie qui a eu

lieu au centre culturel allemand "Goethe Institut"

de Lomé.

Dans un centre culturel ! Mais pourquoi pas dans un hôtel ? Ou dans une salle de conférence ?

L’idée de clôturer le projet dans un centre

culturel n’a pas été fortuite. Les centres culturels

sont destinés à la promotion de la culture et des

valeurs et sont par ailleurs très fréquentés par

divers catégories d’acteurs. Les plus fidèles étant

les artistes pour la promotion de leurs clips, les

jeunes et les moins jeunes pour suivre leur

spectacle favoris, soit en guise de

divertissement ou pour se frotter avec d’autres

cultures.

Afin de toucher encore plus de personnes

surtout les jeunes, de faciliter la sensibilisation

des personnes ciblés par le projet tout en

entretenant leur intérêt, AFHON a trouvé

judicieux que la cérémonie de clôture du projet

ait lieu dans un des centres culturels de Lomé. Et

c’est le centre culturel allemand "Goethe

Institute" qui fut choisi. Quelle n’a pas été la

surprise de voir en plus des invités, toute une

foule composée en majorité de jeunes, drainée

de façon inopinée par l’événement!

Quant aux invités officiels parmi lesquels des

représentants du Ministre de l’Environnement,

de la Banque d’Investissement de la CEDEAO

(BIDC), de la Délégation togolaise de l’Union

Européenne, de la société TOTAL, le lieu choisi,

en l’occurrence l’esplanade du centre, a été un

cadre de réunion hors de l’ordinaire et cela ne

pouvait que leur permettre de mieux se

concentrer sur le message dans une ambiance

très détendue.

Interview de Mlle Mayou SADIA

AFHON : Avais-tu des connaissances sur le changement climatique avant le projet ASCA ?

Mayou : Oui, mais elles étaient très réduites. Je veux dire, qu’elles se limitaient seulement au fait que la fumée des voitures polluaient l’atmosphère. (Rires) AFHON : Le projet t’a-t-il été bénéfique ? Mayou : Sans doute ! Le projet a élargi et éclairci ma connaissance sur le sujet du changement climatique. Il ma permit de mieux identifier les causes et les conséquences du changement climatique dans le monde. AFHON : Comment penses-tu, en tant que sportive, accélérer le partage de l'information sur les changements climatiques? Mayou : Les sportifs étant de plus en plus au sommet de toute attraction, je pourrai saisir cette opportunité pour accélérer le partage de l’information sur le changement climatique. Je pense aussi que les sportifs doivent s’exprimer sur les médias chaque fois qu’ils ont l’opportunité, organiser des rencontres sportives afin de récolter des fonds au profit des associations qui luttent pour le changement climatique et être des ambassadeurs du changement climatique auprès des industries polluantes. AFHON : Que désires-tu faire pour diffuser l'information sur le changement climatique si jamais tu en avais l’opportunité ? Mayou : J’aimerais répondre présente aux grands rendez-vous du monde (jeux olympiques, coupes du monde, forums, conférences etc.…..) et plaider pour la cause du changement climatique à travers des discours d'ouverture. Organiser des grandes manifestations et créer une émission qui parle

spécialement de l'environnement. Je tiens également à vous dire que j’ai déjà des projets sur lesquels je suis en train de réfléchir dans le cadre du changement climatique.

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Mais qui a fait la présentation ? Un expert en changement climatique, j’espère !

Eh bien non. Ce fut Mlle Sadiétou Biguedenam MAYOU, championne togolaise de Tennis de l’année et représentante de la Fédération togolaise de tennis. Elle a fait une présentation sur le changement climatique, ces causes et ses manifestations. Dans le cadre du projet, Mademoiselle MAYOU a été fortement impliquée depuis sa participation à l’atelier de formation et a par la suite été formée par l’association AFHON à la présentation de sa communication sur le changement climatique. Cela fut une occasion non seulement d’expliquer aux invités et participants, la problématique du changement climatique, de les inciter à faire de la question une priorité dans leur différentes activités et aussi de leur montrer que tous pouvaient prendre goût et s’intéresser de plus près à la question, ce qui contribuerait à accélérer la diffusion de l’information.

Défilé de mode et Changement climatique, quel rapport ?

Une pléiade, eu fait ! AFHON l’a appelé Eco mode. Il a consisté en un défilé présentant une collection de vêtements entièrement écologiques.

Les matériaux sont naturels, les chutes de tissus sont récupérées avec pour objectif de réduire significativement

la quantité de chutes à bruler, le style des coupes est repensé : tout est fait pour optimiser les ressources, éviter le gaspillage et accroître la création de la richesse.

Quelques ‘œuvres Eco Mode’

Vêtement fait à partir de sac de maïs et de riz tinté et

de chutes de tissus

Qui est Akoko FOLLYBEY

Mlle FOLLYBEY Akoko est styliste de

formation. C’est aussi une femme très engagée

dans les questions sociales. Elle s’était déjà

distinguée en s’engageant dans la défense de la

cause des handicapés. Handicapée motrice

totale, elle avait déjà relevé d’impressionnants

défis. En apprenant le langage gestuel, elle

assure la formation des personnes

malentendantes. Par la suite, elle s’est mise au

braille pour pouvoir communiquer avec les non

voyants. Aujourd’hui elle s’est engagée grâce au

projet à lancer la « griffe changement

climatique » dans le monde de la mode au Togo.

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Ce projet suscité par AFHON est porté par le

salon de couture « Credaniah ; mode nouvelle »

a été et dirigé par Akoko FOLLYBEY, une

styliste togolaise, handicapée motrice.

Le défilé de mode était toute particulière, elle

a mis en valeur une collection de 20 tenues et

modèles vestimentaires, entièrement faits de

matériels recyclés (sacs de jute de maïs et de

riz teintés et des chutes de tissus) ou de

produits naturels (raffia, éponges naturelles

etc.). L’objectif était de montrer au public que

le changement climatique, loin de constituer

uniquement une menace pouvait également

être une opportunité, si les acteurs

s’évertuaient tout simplement à repenser les

politiques de développement. Pour sa totale

implication dans le projet, et particulièrement

pour la réussite de l’activité « Eco mode »,

Mlle FOLLYBEY Akoko, organisatrice du

défilé a été nommée « Ambassadrice – ASCA

du climat ».

Art plastique et changement climatique ?

Ça, c’est l’Eco Art, un autre mini-projet

ASCA.

Après le défilé de mode, a suivi l’exposition

des œuvres inspirées du phénomène du

changement climatique, œuvres qui ont été

produites dans le cadre du concours ASCA.

Parmi les œuvres qui avaient le plus marqué

les esprits figuraient un tableau illustrant un

sauvetage en barque lors d’une inondation en

milieu urbain, un autre tableau représentant

l’œil humain avec la planète terre fixée sur la

pupille et un siège tout en calebasse,

privilégiant donc l’utilisation d’un produit

forestier non ligneux, la calebasse au lieu du

bois et un couple de figurines en tissus pour

valoriser le recyclage des tissus aux fins de

Quelques ‘œuvres Eco Art’

Qui est Nicolas AGOUNKE ?

taux d’abandon scolaire est élevé, du fait de la forte attraction pour les gains faciles générés par les petites activités à la frontière. Dans le cadre du projet Eco Art, il s’est proposé pour présenter une collection de tableaux réalisés à partir des matériaux recyclés et exclusivement naturels. Il a été nominé « ambassadeur – ASCA du climat».

Jeune professionnel d’arts plastiques, Mr. Nicolas est le responsable de la galerie Nico Art. Il est très engagé dans la sensibilisation des jeunes garçons et filles vivant le long du corridor Lomé - Accra où le

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production d’œuvres artistiques et de la

décoration.

Les œuvres présélectionnées par ASCA ont été

soumises à un vote public. Deux prix ont été

décernés. Le premier à Monsieur AGOUNKE

Nicolas, artiste plasticien pour l’oeil et le

second à Monsieur ABBE pour le couple de

figurines.

Par ailleurs, l’artiste plasticien AGOUNKE

Nicolas pour son intérêt particulier au projet et

sa collaboration étroite avec l’équipe a été lui

aussi nominé « ambassadeur ASCA du

climat».

Et si on chantait le changement climatique !

Ce fut d’ailleurs l’apothéose de la cérémonie de

clôture avec la présentation au public de la

chanson ASCA « Make a better world »: une

composition d’AFHON sur les changements

climatiques ! Interprétée par l’artiste togolais de la chanson Charl’ozzo, la chanson « Make a

better world » est conçue pour sensibiliser le public togolais sur le phénomène du

changement climatique. Sans surprise, ce morceau a été très bien accueilli par le public qui

l’a chanté de vive voix en se servant des copies des paroles de chanson qui leur ont été

distribuées. À la fin, chaque participant a eu droit à une copie des CD produits aux fins de

vulgarisation.

L’artiste togolais de la chanson AGBOZO Charles Alias Charl’Ozzo qui a prêté sa voix pour

le projet musicale ASCA et aidé à la réalisation du clip et à la production des CD a lui aussi

été nominé « ambassadeur–ASCA du climat» avec pour mission de porter haut, le message

sur le changement climatique.

Les interviews des participants réalisés à la fin de la soirée par les journalistes de la

télévision togolaise, a démontré que le message a été bien compris, les participants ont

exprimé leur ravissement d’avoir été informé sur une question aussi cruciale d’une manière

agréable et touchante.

Qui est Charl’ OZZO ?

Habitué des grands spectacles, très connu au niveau national et interprétant la plus part de ses œuvres en langue locale (Éwé), ses expériences et son talent ont grandement contribué à la conception de la chanson ASCA. Il a été nominé « ambassadeur–ASCA du climat».

Jeune, dynamique et talentueux, Charl’ OZZO est un artiste chanteur qui, avec son rythme particulier, fait parler de lui et de ses chansons, non seulement au Togo mais aussi dans la sous-région.

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44.. EEXXPPEERRIIEENNCCEESS

Le projet ASCA a permis à AFHON de mieux mesurer l’importance des médias et des autres intermédiaires dont les acteurs du monde de l’art, de la musique, du sport et les centres culturels dans la diffusion de l’information sur le changement climatique. Les ressources et les opportunités de financement étant limitées, il s’avère indispensable que, lorsque des acteurs bénéficient d’un appui pour la mise en œuvre de projets, un accent particulier soit

LA PHASE DE CLOTURE : ROLE DES MEDIAS ET AUTRES INTERMEDIAIRES DANS…

LA TRADUCTION

Le projet ayant permis de collaborer avec des personnes malentendantes, il a fallu traduire les informations sur le changement climatique en langage gestuel.

Les paroles de la chanson « Make a better world » ont été écrites en langue française et en Éwé, la langue locale la plus parlée.

Les mini-projets Eco mode et Eco art ont constitué des traductions vivantes et parlantes des faits et des informations sur le changement climatique.

LE PARTAGE DE LA CONNAISSANCE

L’organisation de la cérémonie de clôture dans un centre culturel a permis d’atteindre une foule plus nombreuse, accélérant le partage des connaissances.

La formation prodiguée à la championne de tennis a permis de montrer que même les acteurs des domaines qui semblent ne rien avoir avec le changement climatique peuvent constituer des canaux de transmission des informations sur le changement climatique.

Les mini-projets Eco mode et Eco art ont permis de montrer au public que le changement climatique, loin de constituer uniquement une menace pouvait également être une opportunité, si les acteurs s’évertuaient tout simplement à repenser les politiques de développement.

La chanson ASCA « Make a better world » diffusée en ligne (Youtube) et reproduites sur 200 CD distribués a été et restera un canal puissant mais aussi durable de sensibilisation sur le changement climatique.

L’attractivité du projet a suscité la mobilisation des médias. Les émissions spéciales ont été organisées par la télévision nationale (TVT) et une internationale (la Deutch Welle en Allemagne) ainsi que deux radios nationales ont permis de toucher davantage togolais.

La mise en ligne sur le site internet youtube et Picassa des diaporamas de la cérémonie de clôture permettra de partager les expériences de ce projet avec plus d’acteurs, aussi bien nationaux qu’étrangers.

PLAIDOYER

Plaidoyer indirect, la conscientisation des populations sur le caractère important et urgent que revêtent les questions liées au changement climatique facilitera la préparation d’un plaidoyer direct futur

Pour les invités officiels, parmi lesquels des représentants du gouvernement, des banques et d’autres sociétés, il s’agissait d’un plaidoyer afin qu’il repense les politiques de développement, prennent connaissance des opportunités auxquelles ils pourront apporter leur appui.

Des lettres de présentation d’AFHON ont été envoyées aux décideurs politiques avec des CD de la chanson.

EN BREF :

MESSAGERS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE, C’EST AUSSI LES MEDIAS, L’ART, LE SPORT ET LES CENTRES CULTURELS

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mis sur une composante destinée au partage d’informations et d’expériences, ainsi que sur la reproduction des bonnes pratiques sur une large échelle. Par ailleurs, il serait efficace de penser à insérer dans toute idée de projet, une ligne ‘communication’, permettant de diffuser et de partager avec un public-cible plus vaste, allant de l’échelle locale à l’international, les connaissances et expériences acquises. Les réseaux existants et les plateformes de partage comme Africaadapt, le réseau climat et développement, devraient être utilisés au maximum afin de faciliter d’une part, la circulation des expériences et des ressources sur l'adaptation au changement climatique entre les acteurs de la société civile et les communautés vulnérables et d’autres parts l'apprentissage et le renforcement des communautés.

Les études réalisées dans le cadre de la deuxième communication nationale du Togo ont révélé que bien que des efforts aient été faits dans le domaine de la sensibilisation du public, ils doivent être renforcés et s’accompagner de programmes concrets susceptibles d’atteindre le public de manière significative et induire le changement de comportement. Dans cette optique, forte des expériences tirées de la mise en œuvre du projet ASCA, AFHON envisage de s’engager sur d’autres idées de projets pour lesquels elle recherche un financement. Ces projets s’inscrivent tous dans l’article 6 de la convention-cadre des nations-unies sur le changement climatique (CCNUCC).

Résumé du projet 1 : Création d’un centre Eco mode

Vu l’engouement suscité par l’originalité de la collection ASCA, AFHON ambitionne la création d’un label inspiré du changement climatique, à travers l’ouverture d’un centre de création de nouveaux style de vêtements fabriqués à base de matériels naturels et issus de la récupération , d’ attirer l’attention de la population sur le phénomène et la nécessité d’innover des actions d’adaptation et même d’atténuation, gage d’opportunités nouvelles. Pour ce faire, la collaboration des personnalités du monde politique, économique et culturel et surtout celle des couturiers de renommée nationale est recherchée. Les activités prévues sont : (1) Organisation d’un atelier d’information à l’intention de couturiers et stylistes autour du projet, (2) l’ouverture et l’équipement du centre de création de ces vêtements, (3) le recrutement et la formation des couturiers qui interviendront sur le projet, à la création de ces types de vêtements, et (4) la promotion des vêtements fabriqués.

Résumé du projet 2 : Organisation d’une caravane nationale sur le changement climatique

La faiblesse de la sensibilisation sur le changement climatique est l’une des lacunes identifiées, et dans la communication nationale initiale et dans la deuxième communication nationale du Togo. Les quelques initiatives dans le domaine n’associent malheureusement que peu de monde. L’objectif global de ce deuxième projet est d’organiser une caravane nationale sur les changements climatiques, qui sillonnera le pays du nord au sud. Le Projet "Caravane Changements Climatiques" a été développé sur la base d’une expérience initiée par ENDA au Sénégal sur l’énergie. L’approche caravane a un double avantage : premièrement, toucher le maximum de personnes concernées par une question spécifique et deuxièmement, faire ressortir les expériences existantes dans des zones qui jusque là, étaient en marge des questions essentielles de développement. Les activités prévues sont : (1) la divulgation de la chanson ASCA, (2) le développement de la stratégie de sensibilisation, (3) la mise en œuvre d’activités de sensibilisation sur le changement climatique, (4) la diffusion et la dissémination de la documentation sur les bonnes pratiques d’adaptation aux changements climatiques, (5) plaidoyer à l’endroit des autorités locales et des décideurs politiques.

Projet 3 : Appui aux groupements Ce projet a présente un double objectif. Il vise, d’une part, réduire la vulnérabilité de deux communautés d’agriculteurs (l’Union des Agriculteurs de la Région des Plateaux et le groupement Gbénondou) en vue de lutter contre l’insécurité alimentaire dans la région, et d’autres parts, à diffuser les expériences relatives au projet à travers le partage d’information. Les activités prévues sont : (1) la formation des agriculteurs sur l’adaptation et la vulnérabilité de l’agriculture sur aux changements climatiques, (2) la formation sur la prise en compte des données climatologiques, (3) la formations sur les options d’adaptation, (4) la formation sur l’association de l’élevage à l’agriculture, (5) la promotion de petit élevage au sein des groupements, (6) la diffusion et partage des expériences sur les médias.

PERSPECTIVES

Médias et changements climatiques au Sénégal : l’impossible agenda ? par Minielle Tall, directrice de l’agence Komunikcarré et rédactrice en chef de la publication électronique « la Question Verte ». Mots clés : Médias, Changements climatiques, Innovation, Communication et Plaidoyer, Approches systémique et socioconstructiviste. ------------------------------------------------------------------- ABSTRACT/RESUME

Malgré certaines formations prodiguées à des journalistes de la presse locale au Sénégal pour

encourager un traitement plus récurrent des questions liées aux changements climatiques dans les

Médias, la grande majorité de la population sénégalaise peine encore à saisir la dimension réelle des

changements climatiques et de leurs conséquences économiques, humaines et sociales.

Dans la presse écrite, à la radio ou à la télévision, les articles et émissions traitant des CC sont très

rares et généralement peu suivies. Elles coïncident souvent avec la tenue d’une conférence

internationale (reprise de l’actualité internationale) ou nationale (couverture superficielle d’un point

presse) et n’apportent souvent que très peu d’éléments de réponses et de compréhension aux

lecteurs ou téléspectateurs face aux changements observés.

Cet état de fait nuit inexorablement aux efforts de plaidoyer fournis par les parties prenantes à

travers différents programmes financés par les principaux partenaires.

L’objet de cette communication vise à présenter la typologie des principaux obstacles que

rencontrent les journalistes dans le traitement de l’information liée aux CC, à proposer un modèle

d’approche qui suggère que tous les acteurs concernés (journalistes, techniciens et chercheurs,

chargés de communication) doivent s’inscrire dans une démarche systémique qui au-delà du

renforcement des capacités des gens de presse promeut également la mise à disposition en continue

d’une connaissance construite (vs. connaissance subie).

--------------------------------------------------------

1. Contexte & Problématique

Selon la grande majorité des courants scientifiques, loin d’être un phénomène « normal et naturel »1,

les changements climatiques sont le fait de l’action de l’homme et notamment d’une

« surindustrialisation » menée principalement par les pays occidentaux. En effet, la recherche

effrénée du profit par une modernisation des processus de production est aujourd’hui la cause d’une

émission inconsidérée de gaz à effet de serre (GES) qui accentuent et accélèrent le réchauffement de

la planète. De fréquentes perturbations saisonnières affectent sévèrement la vie de nombreuses

populations au Nord comme au Sud.

1 comme certains courants sceptiques le suggèrent

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Minielle Tall
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Ce qui aujourd’hui préoccupe le plus les pays du Sud c’est justement le fait que malgré qu’ils n’aient

que très faiblement contribué à l’accélération du phénomène du réchauffement, ils en seront de loin

les premières victimes.

En Afrique par exemple, où les populations souffrent déjà d’innombrables maux caractérisques d’une

extrême pauvreté, il est à craindre que les situations dramatiques que subissent déjà ces populations

seront accentuées par les effets des changements climatiques.

Pour tenter de réduire leur vulnérabilité, un renforcement des capacités des acteurs africains pour le

développement et la mise en œuvre des stratégies d’adaptation et l’élaboration de communications

nationales2 est entrevu dès 2000. Ceci afin d’améliorer les capacités scientifiques et techniques au

niveau national et régional et faciliter la compréhension des impacts, et les adaptations possibles3

face aux changements climatiques.

Toutefois, 10 ans après cette prise de conscience, il semble que l’emphase mise sur cette recherche

de technicité a éludé un aspect important : l’information et la « capacitation » des populations qui,

dans la grande majorité des pays d’Afrique subsaharienne ignorent encore pour l’essentiel les

implications économiques et sociales du changement climatique.

Au Sénégal un pays d’Afrique de l’Ouest touché par différentes manifestations du changement

climatique depuis quelques années, un rapport d’études4 a récemment établi que « par manque

d’information, les sénégalais ne font pas le lien entre les changements climatiques et les

différentes catastrophes qu’ils vivent (inondations, érosions côtières et avancées de la mer, etc.) ».

Toujours selon cette étude, les raisons de cette désinformation tiennent principalement au fait

que ces sujets sont considérés comme réservés aux experts ; faiblement documentés ou consignés

dans un format accessible.

Nous pouvons de là avancer que cette ignorance de la majorité des sénégalais à l’égard des

changements climatiques implique une méconnaissance ou « mal-connaissance » des options

d’adaptations possibles face aux phénomènes climatiques.

En l’absence d’une stratégie de communication nationale pouvant régir les axes d’intervention,

messages et canaux retenus par l’ensemble des acteurs, techniciens, chercheurs et organisations de

la société civile (osc) adoptent des techniques et coordonnent des actions allant dans le sens d’une

meilleure information des populations et d’une vulgarisation des connaissances générées sur

l’adaptation aux changement climatiques. L’une des plus récurrentes demeure celle du recours aux

Médias.

Considérée vers la fin des années 80 comme un instrument de démocratie au Sénégal, la presse

locale a connu dans les années 90 « un développement fulgurant marqué par l’émergence de

2 Extrait de « Afrique : le Continent le plus vulnérable » par Goudou Dieudonné dans « Point de vue n°14 – Hors

série octobre 2001 3 ibidem

4 Projet de Recherche Africa talks Climate, apport d’étude sur le Sénégal – produit par la BBC World Trust en

partenariat avec le British Council et l’institut panafricain de marketing (IPAM)

nombreux titres privés qui ont réussi, face aux médias publics et à la presse étrangère, à diversifier

les sources d’information du public »5.

Largement reconnus comme acteurs de la vie politique et publique, les organes de presse écrite,

radiophonique et télévisée sont généralement le principal canal d’information et de communication

des acteurs qui souhaitent donner plus de visibilité aux efforts qu’ils déploient.

La thématique du changement climatique au Sénégal n’y fait pas exception.

Ainsi, dans une enquête réalisée en février 2011 auprès des acteurs des changements climatiques au

Sénégal, l’option médiatique est citée comme une des principales actions de communication6.

Nos répondants expliquent ce choix par le caractère « multiforme » du support média qui a « une

plus longue portée » et se positionne ainsi de leur avis comme le « plus accessible aux différentes

catégories sociales».

Cependant, quand la question est posée justement à ces différentes catégories sociales de qualifier

le rôle des médias sénégalais pour leur information sur les changements climatiques, les réponses

données sont loin de confirmer les conclusions de l’enquête menée auprès des chercheurs,

techniciens et des osc en général.

A la question « que savez-vous des changements climatiques » par exemple, nos répondants7

affirment « pas grand-chose ». Par ailleurs, même s’ils se disent dans la grande majorité concernés

par la question des changements climatiques qu’ils perçoivent bien comme « une menace » pour

l’avenir, les répondants affirment à 83 % que : «les médias sénégalais ne traitent pas assez de ces

phénomènes » ou alors « qu’ils n’en parlent que lors des conférences internationales ou

d’évènements majeurs ». L’attitude des médias face à ce phénomène leur parait « désintéressée »

et le traitement des médias par rapport aux CC est « frileux » et pas assez fouillé. Enfin, les personnes

interrogées jugent les gens des médias « pas assez outillés » ou « conscientisés ». Autre réponse

intéressante de cette cible qui a pourtant accès à d’autres sources d’information par le biais

d’internet notamment et qui aujourd’hui reste la plus à même à influencer les pouvoirs publics par le

fait d’une puissante mobilisation sociale : elle affirme à 46% ne pas avoir connaissance des options

d’adaptation possibles face aux changements climatiques.

Pour tenter d’expliquer l’attitude des médias locaux face au traitement de l’information sur le

changement climatique, certains iront jusqu’à affirmer que ce survol de la question tient au fait de

« considérations alimentaires » qui pousseraient alors cette profession à faire davantage dans le

sensationnel que dans l’informationnel.

5 Extrait de « Le secteur informel à la périphérie de la presse sénégalaise » par Alassane Gueye dans Entre

tradition orale et nouvelles technologies : où vont les mass média au Sénégal ? (Enda & Goethe Intitut, 2005) 6 Les autres consistent en l’organisation de rencontres, ateliers et séminaires, la production de plaquettes et

brochures de présentation. 7 Pour cette seconde enquête, nous avons délibérément choisi de nous adresser à une tranche de la population

qui, de par son niveau d’instruction et sa maitrise du web (qui est aujourd’hui l’une des premières sources d’information de cette catégorie d’acteurs) devrait être l’une des mieux informée par rapport aux changements climatiques et pourrait témoigner de l’efficacité – ou pas – des médias sénégalais dans l’acquisition de ce type d’information.

Ces réponses ne concernent que l’échantillon étudié. Mais cette tendance tout de même

inquiétante dans la mesure où elle induit que l’un des principaux objectifs à savoir celui de réduire

la vulnérabilité des africains face aux changements climatiques ne pourra pas être atteint au

Sénégal si on persiste à ne recourir qu’aux médias pour communiquer avec les populations.

Afin de ne pas nuire davantage aux efforts de plaidoyer fournis par les différents programmes liés au

changement climatique pour le Sénégal, nous avons entrepris dans le présent article d’analyser le

dysfonctionnement communicationnel qui aboutit au paradoxe suivant : les acteurs des CC au

Sénégal au recours aux médias locaux pour informer les populations qui sont non-informées (voire

désinformées) par les médias locaux.

Ainsi entre 1) la certitude avancée par les acteurs du changement climatique au Sénégal quant à

l’efficacité des médias pour « communiquer » autour de leurs actions vis-à-vis du grand public et

justement 2) le constat d’une faible information de ce grand public par ces mêmes médias doit être

résolu.

C’est ce que se propose de faire cet article qui reste notre mince contribution à la prise de conscience

par les praticiens des changements climatiques au Sénégal de réfléchir à l’élaboration d’une stratégie

de communication plus systémique à travers l’identification des différentes catégories de

prescripteurs pour traduire l’urgence de s’adapter face aux changements climatiques.

2. L’usage des médias sénégalais pour transmettre l’information sur les CC : une erreur de

casting ?

Depuis quelques années, la presse sénégalaise est accusée de se « travestir » en limitant son contenu

informatif (qui pour l’essentiel est constitué de reprise de titres internationaux ou de dépêches

locales) pour accorder plus de place aux « faits divers, rumeurs, potins ou encore aux photos de

vedettes, le tout dans un langage moins élitiste… »8.

Dans un tel contexte, il pourrait sembler hasardeux de compter sur les médias pour traiter de

questions aussi pointues et techniques que celles des changements climatiques.

Mais comme l’affirme Mike Shanahan9, les responsabilités dans le traitement partiel accordé aux

changements climatiques sont partagées.

En effet, l’analyse de la relation qu’entretiennent représentants des osc10 et les médias démontrent

que si les premières considèrent la presse comme un allié, cette dernière semble ne pas honorer la

confiance placée en elle comme l’affirme Mame Less Camara11 : « *…+ en vérité, les politiques

éditoriales dans les radios tendent à considérer de telles organisations (les Osc) comme des

8 Extrait de « les mass média sénégalais en pleine ébullition : une introduction » par Martin Taureg et Frank

Wittman dans Entre tradition orale et nouvelles technologies : où vont les mass média au Sénégal ? (Enda & Goethe Intitut, 2005) 9 dans le rapport « Changement climatique et médias : à quand la révolution ? » Décembre 2007

10 Nous considérerons ici que les techniciens, chercheurs ainsi que les organisations non gouvernementales qui

travaillent sur la thématique des changements climatiques au Sénégal font partie de la société civile 11

Qui est un journaliste bien connu du paysage médiatique sénégalais

interlocutrices de seconde zone, en tout cas de moindre importance, en termes d’audience, que les

partis politiques et leurs chefs.»12

Malgré tout, nous l’avons vu, de nombreuses OSC considèrent que leur « présence dans le champ

médiatique contribue à ériger une question au niveau du débat public, à l’inscrire sur l’agenda

politique »13.Elles accordent ainsi dans leurs activités de communication une attention toute

particulière à la couverture médiatique dont elles pourraient faire l’objet, oubliant peut-être ainsi

d’ailleurs que cela ne doit pas être leur unique finalité. « Près de 16 % des Osc se tournent vers la

radio et 24 % vers les journaux relayer leurs informations »14. « Mais le bilan qu’elles dressent sur ces

activités médiatiques est empreint de paradoxes. »15

En effet, les osc semblent admettre n’entretenir « que d’éphémères relations, tout à fait ponctuelles,

avec les médias. »16, « ces relations avec la presse, quand elles existent, sont souvent inégales et se

cultivent à sens unique. De nombreuses Osc *…+ notent que s’ils ne demandent pas des couvertures

de leurs événements, jamais les médias ne viennent vers elles. »17

Cette affirmation est confirmée par notre enquête auprès des praticiens des changements

climatiques qui à la question « comment qualifieriez-vous le traitement réservé à l'actualité sur les

changements climatiques au Sénégal par rapport à vos objectifs? » répondent à 98% qu’il est

« déplorable » mais souhaitent néanmoins poursuivre leurs collaborations avec les médias afin

d’améliorer cette collaboration.

Cette volonté se manifeste notamment à travers le financement de formations pour le renforcement

des capacités de la presse ou encore par l’organisation de visites de terrain pour leur « faire vivre »

les expériences à documenter. Certains programmes n’hésitent pas à convier la presse locale à leurs

différentes activités ou à tenir des forums d’expression pour permettre aux journalistes de mieux

approfondir les sujets à traiter.

Mais alors comment expliquer aujourd’hui que cette volonté manifeste de la part des praticiens des

changements climatiques de collaborer avec les journalistes ne parvient pas à convaincre les médias

sénégalais à véhiculer et traduire les connaissances acquises sur les changements climatiques au

grand public ?

3. Catégorisation des points d’entraves

Plusieurs points d’entraves permettent d’expliquer cette « indifférence supposée» des médias.

En organisant des modules de formations et sessions d’informations au bénéfice de journalistes, sans

chercher à maitriser les points d’entrave à la production d’un contenu de qualité sur ces

12

Dans stratégies de communication de la société civile en Afrique de l’Ouest. Etude des bonnes pratiques. IPAO 2004 (P.40) 13

(p.39) Dans stratégies de communication de la société civile en Afrique de l’Ouest. Etude des bonnes pratiques. IPAO 2004 14

(p.37) Dans stratégies de communication de la société civile en Afrique de l’Ouest. Etude des bonnes pratiques. IPAO 2004 15

ibidem 16

ibidem 17

(p.39) Dans stratégies de communication de la société civile en Afrique de l’Ouest. Etude des bonnes pratiques. IPAO 2004

phénomènes, les acteurs du secteur contribuent, malgré eux, à la désinformation de l’opinion

publique sénégalaise et accentuent l’échec de la stratégie nationale de communication autour des

changements climatiques. Nous les abordons ici :

a) le problème de la distance non consciente : malgré les efforts déployés, il semble que

sans le vouloir, les praticiens des changements climatiques se montrent très peu

accessibles dans leur discours (par rapport au choix des termes qu’ils emploient qui reste

très ésotérique) mais aussi physiquement pour répondre ne serait-ce qu’ aux

sollicitations spontanées des journalistes qui, sur certains aspects liés aux CC pourraient

avoir à les contacter même sur des éléments qui sont pas liés (exemple du journaliste O.

K)

b) le pouvoir d’information : même si elles opèrent dans un contexte économique difficile

et elles sont souvent sujettes à des coupures budgétaires conséquentes, les osc sont

réputées au Sénégal avoir des moyens financiers importants (4x4, missions fréquentes,

etc.) qui devraient, en terme d’opérationnalité, leur donner les moyens de leurs actions.

Or, assez fréquemment, ces organisations insistent sur le rôle prépondérant des médias

pour relayer leurs activités auprès de différents publics. Ainsi, parce que cette fonction

d’information et de communication pourrait être assurée autrement, certains

journalistes jouent de ce « pouvoir d’informer » et font quelque peu monter les

enchères. Il est important ici de souligner une tendance au sein de profession de

journaliste à se présenter comme « communicologue » et ainsi prétendre à occuper des

postes de salariés au sein de d’osc. Ceci ne fait bien sûr qu’accentuer la confusion des

rôles.

c) le sentiment du double emploi : il a également été noté que certains journalistes, qui

estiment être moins bien lotis que les osc, ont la désagréable impression d’être

« utilisé ». En effet, ne comprenant pas qu’il demeure déontologiquement impossible

pour certaines organisations d’avoir à « payer » pour figurer dans les médias, quelques

organes assimilent les invitations de presse des osc à des ruses et montrent alors une

« mauvaise volonté » à servir d’amplificateur de débats sociaux

d) le prétexte alimentaire : même si beaucoup d’OSC estiment ne pas avoir à s’intéresser à

la précarité des médias sénégalais, il n’en demeure pas moins qu’au niveau des

rédactions, certains sujets (notamment ceux liés à l’environnement et aux changements

climatiques) sont peu considérés et passent systématiquement après toutes actualités

plus « vendeuses ». Il est ainsi fréquent que la parution d’un article sur les CC se voit

recaler par la rédaction du journal qui estime plus « utile » (aux finances du journal) de

parler d’un fait divers plutôt que des variations climatiques. Cette « sélection naturelle »

au niveau des rédactions pourrait expliquer l’engouement des jeunes journalistes

(surtout au niveau des médias privés) à couvrir des sujets autres que ceux liés à

l’actualité environnementale pour leur avancée de carrière.

e) Le défaut d’appropriation: nous avons par ailleurs remarqué que la faible couverture

médiatique des activités réalisées par les praticiens pourrait s’expliquer par le fait que les

interactions des osc avec la presse se font de manière dirigée (on impose l’agenda et le

sujet à traiter sans tenir compte des intérêts et questionnements de la presse). Ici, les

OSC renforcent l’impression qu’ont certains journalistes de n’être qu’une courroie de

transmission et non un partenaire du processus de communication. Il est ainsi difficile

pour les médias de traiter l’information sur les changements climatiques selon un angle

d’approche qui pourrait faire écho au sein de l’opinion publique.

4. Plaidoyer pour une co-construction de sens

Dans une telle relation de « je t’aime, moi non plus », notre expérience pratique de la relation entre

praticiens des changements climatiques et les médias nous a poussé à relever quelques faits

importants qui pourront aider à améliorer qualitativement les relations entre praticiens et médias

pour l’ébauche d’une stratégie de communication pertinente :

- Réduire la précarité des médias : offrir des bourses du mérite pour favoriser l’écriture

journalistique sur les thèmes défendus (à développer)

- Encourager une transversalité des discours : en offrant des exemples tirés d’autres réalités

(économiques, sociales, environnementales…) (à développer)

- Associer des instances de l’état aux campagnes de sensibilisation : le ministère de

l’information devrait normalement servir de relais aux causes défendues selon sa mission de

« …… » (cas des acteurs de la lutte anti- tabac en Erythrée) (à développer)

- Soutenir les journalistes et les rédactions qui s’illustrent dans vos domaines d’intervention en

mettant à leur disposition des ressources matérielles à même de récompenser leurs efforts

(à développer)

- Rendre vos messages plus positifs : le fatalisme encourage le défaitisme (on ne peut rien y

faire) alors que l’optimisme donne la volonté de participer à la recherche de solutions (à

développer)

1

Noe Emmanuel Mbemba

EXPERIENCE DU CONGO SUR LE ROLE DES MEDIAS SUR LES CHANGEMENTS

CLIMATIQUES

Le rôle des médias et autres intermédiaires dans la traduction, le

partage de connaissances et le plaidoyer,

Exemple du Congo Brazzaville.

PLAN

I – INTRODUCTION

II – LE ROLE DES MEDIAS

III – LE ROLE DES BIBLIOTHEQUES

IV - LA POLITIQUE DU CONGO SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

V - METHODES DE DIFFUSION OU DE SENSIBILISATION

5.1 LA PLACE DES MEDIAS

5.2 LES BIBLIOTHEQUES

IV- CONCLUSION

Noé Emmanuel MBEMBA

Ingénieur Documentaliste

Chef de service de l’Edition, Publication et Diffusion au CNDIST

Point Focal National du Système Régional d’Information et

d’Apprentissage Agricole (RAILS)

Point Focal du Réseau de Documentation et d’Information sur les

MUSA (REDIMA)

2

INTRODUCTION

Dans le principe 10 de la déclaration de Rio sur l'environnement et le développement, il est dit : "La meilleure façon de traiter les questions d'environnement est d'assurer la participation de tous les citoyens concernés, au niveau qui convient. Au niveau national, chaque individu doit avoir dûment accès aux informations relatives à l'environnement que détiennent les autorités publiques, y compris aux informations relatives aux substances et activités dangereuses dans leurs collectivités, et avoir la possibilité de participer aux processus de prise de décision. Les Etats doivent faciliter et encourager la sensibilisation et la participation du public en mettant les informations à la disposition de celui-ci. Un accès effectif à des actions judiciaires et administratives, notamment des réparations et des recours, doit être assuré."

Le rôle des médias et des autres organes de diffusion comme les bibliothèques et les centres de documentation en tant qu’intermédiaires de l’information est indéniable. C’est un moyen efficace de sensibilisation car il peut utiliser les langues locales pour passer le message. Handicap qu’accusent les bibliothèques. Mais de même que les médias, les services documentaires, en tant qu’infomédiaires, servent de relais entre les décideurs, les chercheurs et la population en mettant à la disposition des lecteurs (chercheurs, décideurs, acteurs agricole, producteurs, etc,) des informations pertinentes sur les résultats de recherche scientifiques.

Ici sensibilisation ou information ne fait pas allusion aux panneaux publicitaires affichés dans les rues.

Le Congo, possède un Système National de Recherche Agronomique, mis en place avec l’aide de certains organismes comme la FAO, le CRDI et le FARA, et dont les membres incluent plusieurs départements (Ministères, médias (radios communautaires), gestionnaires de l’information, ONGs, etc, qui bénéficie de l’appui du CTA avec le SQR, du FARA avec le RAILS pour faciliter la circulation de l’information destinée aux acteurs agricoles, aux chercheurs et aux décideurs politiques. Le Congo s’est appuyé essentiellement sur les réseaux des bibliothèques d’informations scientifiques pour rendre accessibles les travaux / les résultats de recherche sur les changements climatiques ou les autres thèmes scientifiques.

II - LES MEDIAS

Il est connu que la sensibilisation du public aux problèmes d'environnement a commencé avec les catastrophes écologiques provoquées par des activités industrielles: accident pétrolier du Torrey

Canyon en 1967, Seveso en 1976, Tchernobyl en 1986, comme des scoops médiatiques. Cette

sensibilisation s'est renforcée et élargie avec les menaces, retransmises par les médias, de réchauffement de l'atmosphère, de pollution des eaux, des aliments OGM.

En septembre 2009, les diffuseurs nationaux des pays en voie de développement et les pays développés avec les représentants des associations de radiodiffusion internationale, unions de radiodiffusion régionales, les organisations scientifiques et organismes liés au climat se sont rassemblés pour débattre du rôle du radiodiffuseur dans le domaine du changement climatique. Environ 1000 radiodiffuseurs se sont mis d'accord sur la « Déclaration de Paris sur les médias radiotélévisés et les changements climatiques», pour renforcer la collaboration régionale et internationale, donc encourager la production et la diffusion audiovisuelles pour laisser aux populations marginalisées touchées par le changement climatique un moyen de s'exprimer.

Il est indéniable que le champ médiatique touche les instances politiques, la recherche, les entreprises et bien sûr les consommateurs et citoyens. Ils influencent le changement des comportements des individus par la sensibilisation (scoop, exclusivité, etc.). Les médias conventionnels sont beaucoup plus aptes aux faits évènementiels qu’à mettre à la disposition du

3

public des résultats de recherche. Ils ont l’avantage de pouvoir utiliser les langues locales pour annoncer ou expliquer un évènement.

III - LES BIBLIOTHEQUES

Il existe dans de nombreux pays une difficulté d’accès à l’information dans tous les domaines. Souvent aucun plan de communication ou de sensibilisation à travers les médias et les centres de documentation n’est élaboré pour atteindre un public plus large. Bien que tout le monde s’accorde pour affirmer l’importance de l’information scientifique pour toute prise de décision.

De par leurs capacités de collecter, traiter et diffuser les données scientifiques, les bibliothèques sont un outil primordial pour informer le public et aider à la prise de décisions sur les questions importantes. Les bibliothèques représentent des lieux de référence pour élucider un problème et orienter une recherche. Elles sont les mémoires qui témoignent des avancées réalisées par l’humanité dans les découvertes scientifiques. Leurs contributions aux débats d’actualité sont vitales. Tout le patrimoine des résultats de recherche est stocké dans les bibliothèques spécialisées. Ainsi pour informer un large public sur un sujet, les bibliothèques peuvent servir d’authentification de ces données.

IV – LA STRATEGIE DU CONGO SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

La République du Congo en signant en juin 1992 et ratifiant le 25 juin 1996 la Convention sur les Changements Climatiques.les Conventions de la génération de Rio, notamment celles sur les Changements Climatiques, sur la Diversité Biologique et celle sur la Lutte contre la Désertisation s’est engagé auprès de la communauté internationale à lutter pour la protection et la gestion rationnelle de l’environnement mondial aux fins de promouvoir le développement économique et social durable pour les générations présentes et futures. Le Congo a procédé ensuite à :

L’élaboration de la Communication nationale initiale (financement du FEM) basée sur les inventaires de gaz à effet de serre, les études de vulnérabilité et d’adaptation, les études d’atténuation et de l’élaboration de la stratégie nationale en matière de changement climatique ;

la mise en place d’un comité national sur les changements climatiques regroupant tous les acteurs nationaux impliqués dans le processus

Aujourd’hui, il existe deux pôles pour la gestion des questions de changements climatiques - un Point Focal sur les changements climatiques au Cabinet du Ministère du développement

durable, de l’économie forestière et de l’environnement. - Un coordonnateur du projet sur les changements climatiques

Le Comité mis en place a d’abord fait un état des lieux de ce qui a été déjà fait sur le domaine des changements climatiques au Congo. Une réunion rassemblant toutes les parties prenantes a été initiée pour examiner ensemble la stratégie et la contribution de chaque maillon du système. Les conclusions de cette étude ont mis en valeur l’implication des médias et le rôle des bibliothèques spécialisées et des centres de documentation du système national de la recherche. Les expériences réalisées par les médias ou les réseaux de documentation ont été recommandées.

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V - METHODES DE SENSIBILISATION

Les médias

En ce qui concerne les médias, au Congo des émissions sont diffusées en langues locales pour les paysans qui représentent 41% de la population. Les radios rurales sont répandues dans plusieurs départements du pays et organisent des émissions d’échange en direct avec des spécialistes ou des chercheurs. Des débats sont diffusés pour le public sur le thème de l’environnement. Les documentaires sur le réchauffement climatique sont également diffusés. Malheureusement pour la population cible la difficulté réside dans le fait que la plupart des documentaires sont en langues étrangères (français et anglais), les reportages scientifiques inaccessibles pour le public des ruraux. Il existe à peine trois titres de journaux spécialisés sur l’environnement.

Les bibliothèques

Les bibliothèques ou centres de documentation sont mis à contribution de par leurs missions traditionnelles de gestionnaires d’informations scientifiques et techniques. Au Congo, ces structures sont constituées en réseau et ont une expérience d’échange d’information obtenue grâce à l’appui de la FAO avec le (Système d’Information Forestière et Environnementale (SIFE), du CRDI avec le Réseau de Documentation et d’Information Scientifique et technique au Congo (REDICIST), le CTA avec le Service Question Réponse (SQR) et le FARA avec eRails.

Le SQR

Avec l’aide du CTA, le Congo a mis en place à la bibliothèque du CNDIST, un service Question Réponse qui garde le contact direct avec les utilisateurs sur toutes sortes de questions.

Le thème de l’environnement impliquant plusieurs secteurs de la recherche agronomique. Un accent particulier a été mis sur les données de ce secteur. Ce système s’appuyait sur le réseau national de documentation et d’Information scientifique et technique, coordonné par le CNDIST et qui regroupe toutes les structures des bibliothèques et centres de documentation à travers le territoire national.

La Bibliothèque par SMS ou ‘’BIB SMS’’

Inspirée par l’expérience du SQR qui s’adressait surtout aux utilisateurs éloignés des zones urbaines, le Congo a lancé l’expérience de la consultation ou la diffusion des informations par téléphonie mobile, module SMS. Cela permet à l’utilisateur d’avoir accès aux références bibliographiques détenues dans le réseau. Ex. sur les changements climatiques.

La Plateforme e-Rails du FARA avec des pages web gratuites. Les membres du système peuvent créer des sites décrivant leurs activités ayant une implication sur l’agriculture dont les changements climatiques.

VI - CONCLUSION

Quand on parle de sensibilisation, il faut faire une nuance avec la vulgarisation ou la diffusion qui implique une approche différente, plus élaborée de recherche et de collecte des données scientifiques auprès des chercheurs ou des structures de recherche. Spécialité des structures cde documentation qui servent d’intermédiaires entre les chercheurs et le, public cible. Les médias, bien que reconnus d’une grande influence pour influencer les comportements des populations. Par

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contre les spécialistes de gestion d’information scientifique qui sont auprès des chercheurs ou dans les structures documentaires utilisent d’autres méthodes de diffusion. Dans les plans d’action de lutte contre les changements, rarement il est fait allusion au rôle important des structures de documentation, mémoire des sociétés et dépôts des données référentielles.

Les spécialistes de gestion de l’information scientifique ou technique, qui sont des « Infomédiaires », ne sont pas pris en compte dans la stratégie de sensibilisation ou de communication. Les NTIC ne sont que peu utilisées dans les méthodes de communication.

Fait à Brazzaville, le 21 février 2011

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Dieudonné Kete

Rôle du cinéma dans la diffusion de l’information sur le

changement climatique :

Cas de Cinecom Laroche Production-BG

KETE Dieudonné

Producteur réalisateur

République Centrafricaine

Avec la collaboration de l’Université de Bangui:

Guy Florent MPOKO, Professeur de Géographie

Félix NGANA, Docteur en géographie

Bangui Benjamin, Professeur de Géographie

Plan de la présentation

1 - Présentation de la République Centrafricaine

2 - La végétation en Centrafrique

3 - Le problème de l’environnement en Centrafrique

4 - Le rôle du cinéma dans la protection de l’environnement en Centrafrique

5 - La Cinecom Laroche Production-BG

6 - Les réalisations

7 - L’impact sur la population

8 – Conclusion

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1 – Présentation de la République Centrafricaine

La République Centrafricaine est située au centre de l’Afrique. Elle a une superficie de 623000 km² et une population de 4.893.000 habitants (2006). .

Elle est entourée au nord par le Tchad, au sud par les deux Congo, à l’est par le Soudan et à l’ouest par le Cameroun.

La République Centrafricaine n’a pas d’accès à la mer.

La République Centrafricaine

2 – La végétation en Centrafrique

La forêt couvrait 36% de la RCA et était la 3ème plus grande forêt d’Afrique. En 1986, la forêt dense humide s’étend au sud du pays, dans les préfectures de la

Lobaye, de la Mamberé Kadei et de la Sanga Mbaéré, sur une superficie de 92500Km², soit 15% du territoire national.

On peut aussi y ajouter des zones de forêt humide au sud-est du pays, dans la région de Satéma, de Kembé et de Bangassou.

La savane couvre une grande partie du pays et se mêle avec des galeries forestières le long des cours d’eau

La steppe se situe au nord-est du pays. Elle est caractérisée par une longue saison sèche. C’est une zone de transition entre le domaine soudanien et le domaine sahélien. Les saisons étaient bien réparties : six mois de saison sèche et six mois de saison des

pluies.

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3 - Le problème de l’environnement en Centrafrique

La forêt qui s’étendait jusqu’à Bangui la capitale a reculé de plus de 100km sous l’action des sociétés forestières, des cultures et des vendeurs de bois de chauffe.

De 36%, elle fait moins de 10% actuellement. Les régions de savane couvrent à présent 572000 km², soit 92% du territoire (Guy

Florent MPOKO), Université de Bangui. Au nord, le désert avance, bouleversant tout le climat. A présent, la RCA compte de longues périodes de saison sèche (7mois) et de très peu de

saison des pluies (5 mois). Le pays est en proie à des vagues de chaleur périodiques.

4 – Le rôle du cinéma dans la protection de l’environnement en Centrafrique

L’analphabétisme touche 67% de la population. Comment éduquer une telle masse sur différents problèmes urgents qui la touchent directement?

Pour sensibiliser la population face à des problèmes de l’heure comme le paludisme, la rougeole, la maltraitance des enfants ou des femmes, l’environnement, on fait souvent appel à la radio, à des troupes théâtrales et autres.

Le cinéma n’est pas très développé en Centrafrique à cause du manque de financement et de formation.

Les programmes télévisés sont en grande partie constitués de films étrangers. Les films documentaires sur l’environnement qui passent à la télé parlent d’autres pays. Néanmoins, les téléspectateurs suivent avec beaucoup d’intérêt ces films étrangers. Le cinéma est donc un grand moyen de toucher toutes les couches sociales.

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5 – La Cinecom Laroche Production-BG

Des sociétés de production de films existent en Centrafrique, mais pas officiellement. Elles travaillent dans l’informel à de petites productions et à des films de commande.

Il faut noter que les sociétés de production de films ne sont pas subventionnées en Centrafrique.

C’est dans ce contexte qu’est née la Cinecom Laroche Production-BG en Janvier 2010. C’est une très petite société de production qui fonctionne avec un petit budget de

500000 FCFA et dont la plupart des associés et des acteurs travaillent bénévolement.

6 – Les réalisations

La Cinecom Laroche Production-BG a réalisé des films sur l’environnement, entre autres :

1- Les pygmées Aka de la Lobaye, victimes de la déforestation (13mn).

C’est une petite enquête sur la vie des pygmées privés de leurs forêts et obligés de chercher du travail subalterne ou de vivre dans la misère.

Le documentaire montre que la RCA a perdu ainsi 450000 ha de forêts en 2007. Beaucoup de personnes ignorent la situation déplorable des pygmées, dépossédés de

leurs forêts. Certains qui le savent sont indifférents à leur sort. Le documentaire interpelle la conscience des centrafricains sur le problème, et

beaucoup ont réagi par des coups de fil et des appels au changement de leur condition de vie.

2. L’OCDN, une ONG au service de l’environnement et du développement durable (1h).

Ce documentaire s’intéresse à une ONG de l’environnement qui fonctionne réellement, contrairement à beaucoup d’ONG qui n’existent que de nom.

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L’OCDN, Organisation Centrafricaine pour la Défense de la Nature a posé des actes concrets de sensibilisation et de reboisement, ce qui a contribué à la prise de conscience de la plupart des populations des zones concernées à protéger leur environnement.

Le documentaire montre les différentes campagnes de sensibilisation que fait cette ONG à travers le pays, ainsi que les séminaires et les interventions qu’elle fait auprès des populations autochtones.

3- Les collines du Bas Oubangui se remettent au vert (26mn), projet en phase finale.

Ces collines, qui s’étendent à Bangui du sud au nord sur plus de 10Km, ont créé un micro climat qui stabilisait la température de la capitale à 28°C en saison des pluies et de 30 à 32°C en saison sèche.

Mais depuis quelques décennies, ces collines ont subi l’assaut de la population pauvre, à la recherche de bois de chauffe pour revendre, de terre pour la culture et l’extraction des blocs de rocher pour les constructions.

Les collines dénudées ont bouleversé le climat si bien que Bangui subit des vagues de chaleur énormes, des cas d’avalanche de pierre et des inondations périodiques.

Le documentaire s’intéresse au plan de récupération des collines entrepris par le Ministère des Eaux et Forêt et de l’Environnement ainsi qu’aux textes de lois réglementant l’accès aux collines.

Le film attire aussi l’attention sur la recolonisation non autorisée des collines par certaines personnes qui se croient au dessus de la loi et qui construisent des maisons sur les collines au-delà des 12% autorisés.

La Cinecom Laroche Production-BG travaille ardemment avec son équipe de scénaristes sur des projets comme :

La gestion du milieu chez les éleveurs Peuls Les pygmées en harmonie dans leur environnement La pollution de l’air à Bangui La gestion des poubelles à Bangui

7 – L’impact sur la population

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La population centrafricaine a accueilli avec beaucoup d’enthousiasme ces documentaires passés à la télé et dans lesquels elle se retrouve, voit les personnes et les paysages qu’elle reconnaît.

Ces documentaires ont suscité des débats, des coups de fils et des réflexions. Les films ont été projetés lors de séminaires sur l’environnement et dans différents

quartiers et quelques villages. Elle a aidé les populations impliquées à prendre conscience des questions de leur

environnement proche et à réagir en conséquence.

8 – Conclusion

Jusqu’à présent, la Cinecom Laroche Production supporte seule le poids de toutes ses productions, mais cela ne saurait durer.

C’est pourquoi nous sollicitons l’appui de tous nos partenaires au développement pour: Les prochaines productions de documentaires qui sont en projet; L’allègement des conditions des financements; L’organisation de festivals de films sur l’environnement en Centrafrique; Des séminaires et des bourses de formation dans les différents métiers du cinéma; La mise en place d’une école de cinéma en Centrafrique. La facilité des subventions aux artistes.

NB : L’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) y travaille déjà, en mettant en place les bases d’un fonds de garantie pour faciliter l’obtention des financements pour les artistes auprès des banques, et nous lui en sommes très reconnaissants.

Je vous remercie.