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COLLECTION

Cette collection est dirigée par la communauté du Verbe deVie (19190 Aubazine – Abbaye St Etienne).

Elle aborde des thèmes de vie spirituelle fondamentaux pour la

vie et la vocation du disciple du Christ. Les différents ouvragesde cette collection, centrés sur la Parole de Dieu et lesenseignements de l’Eglise, contribuent à la construction et lacroissance dans l’amour de Dieu et l’amour de l’Eglise.

Georges Bonneval,Directeur de Collection

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d’une manière ou d’une autre par de douloureuses circonstanceshistoriques et théologiques, on ne bénéficie plus de quelquechose, on est privé de quelque chose, fût-ce d’un trésor, ondevient comme « obligé » de trouver un « palliatif ». Nos frèreset sœurs chrétiens issus de la Réforme n’adorent plus,aujourd’hui, notre Seigneur réellement présent dans la sainteEucharistie. Et pourtant, ils ont soif d’adorer. L’homme est faitpour adorer. L’homme n’est grand qu’à genoux. C’est par unelouange fervente, qui les amène à se prosterner devant le trônede Celui qui vit éternellement, que ces frères et sœurs adorent leSeigneur.

En effet, la louange nous invite à contempler Dieu pour cequ’Il est. En louant le Seigneur, on l’adore parce qu’on leregarde, on le contemple non plus dans ce qu’Il nous donne,dans ce qu’Il fait, mais dans ce qu’Il est.

« Toute louange naît de l’adoration et elle aboutit àl’adoration. La prière d’adoration est le tout premier mouvementdu croyant, quelle que soit son appartenance religieuse.… lalouange gratuite naît de la contemplation de la lumière de Dieusur le visage d’un tout petit, d’un innocent crucifié, de l’Agneautoujours offert. Alors la joie envahit notre cœur. Commentcesserions-nous de le bénir, Lui qui a voulu se faire siproche ? »9

« Choisis donc la vie »10

Le Père Molinié a donné à un de ses livres ce titre :« Adoration ou désespoir »11. J’ai mis un peu de temps pourcomprendre... Et puis cela m’est devenu évident : c’est soit l’unesoit l’autre. Si tu n’adores pas, tu sombres dans le désespoir. Iln’y a pas d’autre alternative. Ou plutôt il n’y en a qu’une autre :les faux dieux. L’homme qui n’adore pas Dieu, pour ne pasdésespérer, va alors chercher des idoles, de manière plus ou

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moins consciente. Et c’est la fuite dans les plaisirs faciles, lesexe débridé, les paradis artificiels ou les sectes... Ces idolessont des dieux très exigeants, réclamant toujours plus et qui, endéfinitive, ne peuvent pas combler le cœur de l’homme. Lechrétien, lui, ne peut pas et ne veut pas adorer des idoles. Alorsque va-t-il faire s’il ne peut pas adorer son Dieu dans la sainteEucharistie ? Il va chercher un autre moyen pour adorer Dieu :ce pourra être la louange.

Nous qui avons la grâce inouïe de croire en la présence deJésus-Eucharistie dans le Saint-Sacrement de l’autel, nousdevons avoir soin de le visiter souvent et de passer du tempsauprès de Lui, en nous exposant à Lui, lorsqu’Il est exposé, outout simplement en nous approchant du saint tabernacle dansnos cathédrales, basiliques, églises, chapelles et oratoires12.Nous n’avons certes pas en tout temps et en tout lieu lapossibilité de le faire. Par contre, nous avons toujours lapossibilité d’adorer Dieu, par la louange. C’est un mode de vie,une habitude que nous devrions prendre. N’ayant pas, en toutescirconstances, la possibilité de vivre l’adoration eucharistique,nous pouvons Lui rendre le culte qui Lui revient par un autrechemin ; et ce chemin, c’est la louange. Voilà l’enseignementque j’ai tiré de la veillée de prière dont je parlais ci-dessus. Dansnotre quotidien, dans notre bureau, dans le métro... nous avonstoujours la possibilité de tourner notre regard vers Dieu, en lecontemplant dans ses merveilles, en le contemplant dans sasplendeur, dans sa beauté... par la louange.

Ceci étant dit, prenons bien conscience que la prière delouange n’est pas un palliatif, un pis-aller à l’adoration ; elle estbelle et noble en elle-même. Il ne s’agit pas de choisir entrel’une ou l’autre mais, si possible, de pratiquer l’une et l’autre.

Ainsi, nous entrerons davantage dans l’obéissance au

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commandement du Seigneur : « C’est le Seigneur ton Dieu quetu adoreras, et à Lui seul tu rendras un culte » (Mt 4, 10). Et,au-delà des vicissitudes de la vie, nous pourrons demeurer dansl’espérance, car nous n’oublierons pas qu’au-dessus de nous etde nos difficultés, il y a Dieu qui aime chaque homme et qui estTout Puissant.

Une petite parabole...Je voudrais vous partager une petite parabole pour mieux saisir

la différence entre action de grâces, louange, et quelques autresformes de prières : imaginez un petit garçon qui désire très fortune bicyclette. Chacune de ses attitudes représente une façon deprier.

Quand on est un petit garçon et qu’on désire quelque chose,que fait-on ? En principe on va le demander à son papa :

« Papa, s’il te plaît, puis-je avoir un vélo ? » : c’est la prière dedemande. Il faut parfois être persévérant dans la prière dedemande ; les papas le savent bien, et les petits garçons aussi.Lorsqu’on demande quelque chose de bon pour nous, noussommes exaucés.

Recevant son petit vélo, après avoir plus ou moins persévéré,cela dépend des papas et des petits garçons, l’enfant va diremerci à son père : c’est la prière d’action de grâces.

Puis il monte sur son petit vélo, pédale de tout son cœur etaussi de toutes ses forces et, tout en roulant, il dit : « Mon papaest super, mon papa, c’est le meilleur » : c’est la prière delouange.

Ensuite, ne trouvant plus les mots pour dire combien son papaest génial et pour exprimer sa joie, il chante : « Tralala youpi » :c’est le chant en langues, la prière en langues.

Après avoir un peu roulé, il s’arrête avec sa petite bicyclettedans une jolie clairière et descend de son vélo. Il est tellement

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qui ne nous comble pas ; si notre monde semble, sous bien desaspects, suffoquer, manquer d’oxygène, c’est partiellement parceque nous oublions de louer notre Dieu, Créateur et Sauveur. Jele redis encore : Que tout ce qui respire loue le Seigneur !

D’autres passages de la Bible nous invitent avec insistance àentrer dans cette prière :

« Chantez au Seigneur, toute la terre ! Proclamez jour aprèsjour son salut, racontez aux nations sa gloire, à tous lespeuples ses merveilles ! Très grand Seigneur et louablehautement, redoutable, lui, par-dessus tous les dieux » (1 Ch16, 23-25). Et puis l’Apocalypse, 5, 11-12 : « J’entendis la voix d’une multitude d’Anges rassemblésautour du trône, des Vivants et des Vieillards ; ils secomptaient par myriades de myriades, par milliers de millierset criant à pleine voix : « Digne est l’Agneau égorgé derecevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force,l’honneur, la gloire et la louange. » Oui, digne est notre Dieu d’être loué.Autrement dit, quand nous louons le Seigneur nous ne faisons

pas un exploit qui nous placerait dans le peloton de tête desbons chrétiens… nous n’accomplissons que notre devoir de filset de filles de Dieu !

La louange nous rapproche de DieuDurant la célébration de l’Eucharistie, dans la préface

commune IV, le prêtre fait monter vers Dieu cette prière : « Tu

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n’as pas besoin de notre louange et pourtant c’est toi qui nousinspires de te rendre grâce : nos chants n’ajoutent rien à ce quetu es, mais ils nous rapprochent de toi ».

Dieu est Dieu. Dieu est infini. En réalité Il n’a pas besoin denotre louange. Il ne manque rien à sa gloire ni à son bonheur, Ilest plénitude. Comme le dit le Catéchisme de l’EgliseCatholique, dans son 1er article : « Dieu, infiniment Parfait etBienheureux en Lui-même, dans un dessein de pure bonté, alibrement créé l’homme pour le faire participer à sa viebienheureuse. »

Nous ne pouvons donc rien rajouter à ce qui est parfait en lui-même. Si Dieu nous demande de le louer, c’est tout simplementparce que cela est bon pour l’homme.

Quand Dieu demande quelque chose à l’homme, fut-cequelque chose d’exigeant, c’est parce que cela est bon pourl’homme. J’ai compris cette vérité d’une manière particulière enméditant le chapitre 15 de saint Jean. L’évangéliste nousrapporte ces paroles de Jésus :

« Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votrejoie soit complète » (Jn 15, 11). Le contexte de cette révélationest un appel à garder ses commandements : « Si vous gardez mescommandements, vous demeurerez en mon amour, comme moij’ai gardé les commandements de mon Père et je demeure enson amour » (Jn 15, 10).

Les commandements de Dieu rappelés, interprétés, parl’Eglise, ne nous sont pas donnés pour nous « embêter ». Dieune nous en fait pas don pour son propre plaisir, mais en vue denotre joie, d’une joie complète. Ce que Dieu nous dit et nousdemande, c’est en vue de notre bonheur. Il est curieux que nousayons tant de difficultés à comprendre et à croire cela.Demandons au Seigneur d’avoir toujours plus confiance en Lui.

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Notre louange, donc, n’ajoute rien à ce qu’est Dieu, mais s’Ilnous la demande, c’est qu’elle est un moyen de nous rapprocherde Lui ; et cette proximité est un bien très souhaitable.

Retrouver l’émerveillementLe Père Raniero Cantalamessa nous indique que « Dieu, a écrit

deux livres : l’Ecriture et la Création. Le premier est composé delettres et de paroles, le second de choses. Tous ne connaissentpas et ne peuvent pas lire le livre des Ecritures mais tous, mêmeles analphabètes peuvent lire le livre de la Création »19

La parole de Dieu nous révèle également cela dans le psaume19 qui commence par ces mots :

« Les cieux racontent la gloire de Dieu et l’œuvre de sesmains, le firmament l’annonce... mais pour toute la terre enressortent les lignes et les mots jusqu’aux limites du monde. » Saint Paul, lui aussi, fera cette expérience de Dieu au travers

des choses créées. Il nous en fait part ainsi : « Ce qu’il a d’invisible depuis la création du monde se laissevoir à l’intelligence à travers ses œuvres, son éternellepuissance et sa divinité » (Rm 1). À celui qui sait regarder, la création dit quelque chose de

Dieu. C’est ce que le Catéchisme de l’Eglise nous apprend :« Les différentes créatures, voulues en leur être propre, reflètent,chacune à sa façon, un rayon de la sagesse et de la bonté infiniesde Dieu20. Et plus loin : « La beauté de la création reflètel’infinie beauté du Créateur. »21

Celui qui entre dans ce regard émerveillé deviendra un être de

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pense, toute une vie pour arriver à cet état d’abandon de manièretotale. Mais même si nous ne le vivons que partiellement, nousgoûterons à cette paix que Jésus veut nous donner.

Il est vrai que nous avons une vision très limitée de l’amour.Tous nous avons été blessés ; tous nous avons été d’une manièreou d’une autre, déçus par l’amour humain, qui a tendance àrécompenser lorsque nous faisons le bien et à punir lorsquenous faisons le mal. La conséquence de cela est que nous avonsune image faussée de l’amour. Nous-mêmes, sommes cause deblessures d’amour pour d’autres personnes, parce que nous nonplus, nous n’avons pas toujours su aimer comme nous aurionsdû aimer. Il faut accepter et reconnaître que nous sommespécheurs, tout comme ceux qui ne nous ont pas toujours aimésselon notre attente. Demandons-en pardon au Seigneur, etsoyons prêts à pardonner à ceux qui nous ont blessés.

Toujours est-il que nous avons tendance à projeter cette imagedéfigurée de l’amour sur Dieu. Pourtant l’amour de Dieu, c’estautre chose. L’amour de Dieu est un amour infini, invariable, unamour qui ne va pas s’inquiéter de savoir dans quelle mesurel’autre (c’est-à-dire vous et moi) mérite d’être aimé. Voilàcomme Dieu nous aime. Il nous aime même lorsque nous lerejetons. Il n’aime certes pas toujours nos actes, ce que nousfaisons, mais il aime ce que nous sommes.

Ainsi Il nous aime, même lorsque nous Lui désobéissons ; Ilnous aime même lorsque nous le trahissons. Il est toujours prêt ànous accueillir, Il est toujours prêt à nous pardonner, à nousremplir de sa joie et de sa paix ; et en plus, Il veut nous faire lecadeau de sa vie éternelle. Voilà l’amour incommensurable,complètement gratuit de notre Dieu.

Lors de la Messe finale des JMJ 2000 à Rome, le pape Jean-Paul II a, par des mots bouleversants, rappelé aux deux millions

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de jeunes présents, de quel amour ils sont aimés :« L’Eucharistie est le sacrement de la présence du Christ qui sedonne à nous parce qu’Il nous aime. Il aime chacun de nous defaçon personnelle et unique dans la vie concrète de chaque jour :dans la famille, parmi les amis, dans les études et au travail,dans le repos et dans les distractions. Il nous aime quand Ilremplit de fraîcheur les journées de notre existence et aussiquand, à l’heure de la souffrance, Il permet que l’épreuves’abatte sur nous : en effet, même à travers les épreuves les plusdures, Il nous fait entendre sa voix. Oui, chers amis, le Christnous aime et Il nous aime toujours ! Il nous aime même lorsquenous le décevons, quand nous ne correspondons pas à sesattentes à notre égard. Il ne nous ferme jamais les bras de samiséricorde. Comment ne pas être reconnaissant envers ce Dieuqui nous a rachetés en allant jusqu’à la folie de la Croix ?Envers ce Dieu qui s’est mis de notre côté et qui y est demeuréjusqu’au bout ? »

C’est donc à cet amour parfait de Dieu pour chacun d’entrenous, qu’il nous faut croire.

Une fois cet acte de foi posé, il nous faut en poser un second :croire que le plan que Dieu a pour chacune de nos vies, est luiaussi parfait.

Ce plan d’Amour sur ma vie est bonAvoir foi dans le plan de Dieu pour moi, foi que ce plan de

Dieu est bon c’est croire, que dans ma vie, Dieu sait ce qu’ilfait. Et ce n’est pas facile ! Merlin Carothers dit : « Dieu a unplan parfait pour nos vies, mais il ne peut nous faire progresserdans ses desseins d’amour que si nous acceptons notre situationactuelle comme faisant partie de son plan. »30 Dans le mêmesens, saint Paul écrit dans l’épître aux Romains : « Et noussavons qu’avec ceux qui l’aiment, Dieu collabore en tout pour

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leur bien, avec ceux qu’il a appelés selon son dessein. » ou,selon une traduction que nous connaissons mieux : « Toutconcourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8, 28), tout.Certains iront jusqu’à dire : « même le péché ». Cela nousétonne ? Laissons-nous rassurer par le Catéchisme de l’EgliseCatholique qui s’interroge avec nous : « Mais pourquoi Dieun’a-t-il pas empêché le premier homme de pécher ? Saint Léon leGrand répond : « La grâce ineffable du Christ nous a donné desbiens meilleurs que ceux que l’envie du démon nous avaitôtés ». Et saint Thomas d’Aquin : « Rien ne s’oppose à ce que lanature humaine ait été destinée à une fin plus haute après lepéché. Dieu permet, en effet, que les maux se fassent pour entirer un plus grand bien. D’où le mot de saint Paul : « Là où lepéché a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5, 20) ».31

Nous le proclamons aussi à la vigile pascale dans le très beauchant de l’Exultet : « O heureuse faute qui a mérité un tel et unsi grand Rédempteur »

Nous sommes donc invités à croire que Dieu fait toutconcourir à notre bien ; concourir, c’est-à-dire collaborer,coopérer. Croire que chaque événement de ma vie peut concourirà mon bien lorsque j’entre dans la dynamique de la louange.

Cela nous dépasse, c’est certain. Pour l’accepter, nous avons àentrer dans une humilité de notre intelligence et de notreraisonnement. Il nous faut parfois dans notre vie accepter decroire sans comprendre, parce que nous, créatures humaines,même si nous avons été créées à l’image et la ressemblance deDieu, nous ne pouvons pas saisir toute la grandeur des plans deDieu pour ses enfants.

« Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8,28). Le témoignage des saints ne cesse de confirmer cette vérité :Ainsi, sainte Catherine de Sienne dit à ceux qui se scandalisent

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une lumière au Seigneur. Je n’avais aucune envie d’entendre.Cependant quelque chose ou quelqu’un en moi me disait :« Ressaisis-toi, il ne faut pas te laisser aller comme cela. » J’aialors ouvert la Bible et je suis tombé sur le verset suivant : « Tues trop juste Seigneur pour que j’entre en contestation avecToi » (Jr 12, 1).

Alors j’ai refermé ma Bible : l’affaire était réglée. La parole deDieu, plus incisive qu’un glaive à deux tranchants, avait fait sonœuvre en moi. J’ai pu accepter que le Seigneur avait un pland’amour pour ma vie, et qu’il fallait vraiment lui faire entièreconfiance. Les événements qui ont suivi me montrèrent, du reste,que le Seigneur savait ce qu’il faisait, et qu’il le faisait bien. Ilsait Lui, ce qui est bon pour nous.

L’aventure de JosephVous connaissez l’histoire de Joseph, dans l’Ancien

Testament. Nous la trouvons dans le livre de la Genèse.Joseph était le préféré de son père Jacob. Ses onze frères en

étaient très jaloux. Lorsqu’ils s’en allèrent garder le bétail, ilsprojetèrent de le tuer. Pris de remords, se rappelant qu’il étaittout de même leur frère, ils le vendirent comme esclave à unecaravane qui passait par là et se rendait en Egypte. Ce n’était pasexaltant, en apparence, comme plan d’amour de Dieu !

Arrivé en Egypte, Joseph vit que le Seigneur l’assistait. Toutlui réussissait, et il devint l’homme de confiance de Potiphar,Egyptien riche et influent, haut placé dans la maison dePharaon. Joseph s’éleva socialement.

Un jour, la femme de Potiphar voulut séduire Joseph. Celui-cirefusa. Par vengeance, elle l’accusa d’avoir tenté d’abuser d’elle.Et Joseph fut jeté dans une prison.

Si cela nous était arrivé, aurions-nous pensé à une victoire dumal sur le bien ou aurions-nous accepté cela comme faisant

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partie du plan de Dieu sur nos vies ?Joseph croupissait dans sa prison. Mais le Seigneur

l’assistait ; Il va le mettre en contact avec l’échanson dePharaon. Celui-ci fit un rêve que Joseph va interpréter.L’échanson lui promit de le faire libérer. Mais une fois dehors,il oublia Joseph et ce dernier demeura dans la prison. Quelacharnement du sort ! Cependant, Dieu avait son heure.

Pharaon fera deux rêves – les sept vaches grasses et les septvaches maigres que personne ne pourra expliquer. Il en sera trèstroublé. À ce moment, l’échanson se souvint de Joseph, cetétranger qu’il avait connu dans la prison et qui avait donnéautrefois le sens de son rêve. Cet homme-là ne pourrait-il pasinterpréter les songes de Pharaon ? Joseph va effectivementinterpréter les songes : les sept vaches grasses, ce sont septannées de récoltes abondantes qui vont précéder sept années dedisette représentées par les sept vaches maigres. Pharaon est trèssatisfait. Grâce à ce songe il a pu savoir qu’il y aura une terriblefamine et qu’il devra remplir les greniers pendant les sept annéesd’abondance. Pour conduire cette grande entreprise, il nommeraJoseph responsable des récoltes et de la gestion de tout sonroyaume.

Quelques années plus tard, pendant la deuxième année dedisette, qui se fit sentir jusqu’en Canaan, le bon vieux Jacobenvoya ses fils, frères de Joseph en Egypte pour acheter dugrain ; il avait entendu dire que là-bas, il y avait des réserves.Qui rencontrèrent-ils en arrivant ? Joseph ! Le frère qu’ilsavaient trahi. En voyant Joseph, si élevé socialement, dans unpays où ils étaient des étrangers, ils furent saisis de crainte et deremords. Ils se prosternèrent devant Joseph, eux qui l’avaientvendu comme esclave. Voici ce que Joseph leur dit : « Maismaintenant ne soyez pas chagrins et ne vous fâchez pas de

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m’avoir vendu ici, car c’est pour préserver vos vies que Dieum’a envoyé en avant de vous. Voici en effet deux ans que lafamine est installée dans le pays et il y aura encore cinq annéessans labours ni moisson. Dieu m’a envoyé en avant de vouspour assurer la permanence de votre race dans le pays etsauver vos vies pour une grande délivrance. Ainsi, ce n’est pasvous qui m’avez envoyé ici, c’est Dieu, et il m’a établi commepère pour Pharaon, comme maître sur toute sa maison, commegouverneur dans tout le pays d’Egypte » (Gn 45, 6).

Quelque temps plus tard, lorsque le vieux Jacob mourut, lesfrères eurent à nouveau peur, craignant qu’après la disparitionde leur père, Joseph aille se venger et les prendre commeesclaves, lui qui avait maintenant de grands pouvoirs. Il n’en futrien : « Ses frères eux-mêmes vinrent et, se jetant à ses pieds,dirent : Nous voici pour toi comme des esclaves ! Mais Josephleur répondit : Ne craignez point ! Vais-je me substituer àDieu ? Le mal que vous aviez dessein de me faire, le dessein deDieu l’a tourné en bien, afin d’accomplir ce qui se réaliseaujourd’hui : sauver la vie d’un peuple nombreux. »

Impressionnant !Le Catéchisme de l’Eglise Catholique nous enseigne

également que Dieu peut tirer un bien même du mal : « ainsi,avec le temps, on peut découvrir que Dieu, dans sa providencetoute-puissante, peut tirer un bien des conséquences d’un mal,même moral, causé par ses créatures »49, et il continue ensuite enévoquant le passage de l’histoire de Joseph cité ci-dessus.

Entrer dans la confianceIl faut que nous puissions appliquer ce type de raisonnement à

nos existences. Nos scepticismes, nos mouvements de révolte,naissent bien souvent de notre manque de confiance en Dieu.Nous ne sommes pas pleinement convaincus que Dieu nous

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il était question ci-dessus. « Ce sont les oraisons jaculatoires56

que le grand saint Augustin recommande instamment … notreesprit, ô Philotée en s’adonnant à l’union avec son Dieu separfumera de toutes les perfections. D’ailleurs, cet exercice n’estpas difficile puisqu’il peut être conjoint à toutes nos affairestemporelles, sans pour autant leur nuire. Que ce soit commerefuge spirituel ou comme élancements intérieurs, ce ne sont quebrèves diversions qui non seulement n’empêchent en rien ce quenous faisons, mais encore lui sont très utiles. Le pèlerin quiprend un peu de vin pour réjouir son cœur et rafraîchir sabouche, bien qu’il fasse une courte halte pour cela, n’interromptpas son voyage ; il prend des forces pour arriver plus vite et plusfrais, et s’il s’arrête, c’est pour mieux repartir. »

François de Sales donne ensuite une série d’exemples, dans lavie des saints, qui illustrent ou complètent son enseignement.Puis il termine en insistant : « La vraie dévotion réside en cetexercice de la retraite spirituelle et des oraisons jaculatoires, cars’il peut suppléer au défaut de toutes les autres oraisons, sonabsence ne peut être réparée par aucun autre moyen. Sans lui, lavie contemplative est imparfaite et la vie active s’en ressent ; lerepos n’est qu’oisiveté, et le travail, embarras. Aussi, je vous enconjure, embrassez-le de tout votre cœur et ne l’oubliezjamais. »

Voilà qui est clair ! N’oublions pas que les conseils del’« Introduction à la vie dévote » s’adressent aux laïcs autantqu’aux religieux…

Frère Laurent, le « cuisinier mystique »Au 17e siècle vécut au Couvent des Carmes de Vaugirard, à

Paris, frère Laurent de la Résurrection. La mission qui lui futconfiée était de : « chercher Dieu parmi les marmites » selonl’adage de sainte Thérèse d’Avila. En effet, il exerça le service

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de cuisinier pour sa nombreuse communauté. C’est au cœur deses activités les plus banales, au cœur de sa vie de tous les jours,qu’il va découvrir et pratiquer sa voie d’union à Dieu que nouspourrions appeler « la présence à la Présence ».

« Il n’est pas nécessaire d’être toujours à l’église pour êtreavec Dieu ; nous pouvons faire de notre cœur un oratoire danslequel nous nous retirons de temps en temps pour nous yentretenir avec lui, doucement, humblement et amoureusement.Tout le monde est capable de ces entretiens familiers avec Dieu,les uns plus, les autres moins, Il sait ce que nous pouvons.Commençons, peut-être n’attend-Il de nous qu’une généreuserésolution. Courage. »57

Le Père Conrad de Meester, auteur d’un ouvrage sur frèreLaurent, nous aide à comprendre la valeur de la méthode du frèrecuisinier : « Quelle gamme d’expérience, la cuisine lui offre !Heures de pointe, stress, demandes inopportunes, régimesd’exception, estomacs délicats, contentement médiocre desconsommateurs, manques d’attention, monotonie des gestesidentiques, fatigue, désordre qui doit devenir de l’ordre, et leséternelles vaisselles… Sa pratique de la Présence de Dieu estvraiment enracinée dans la vie... Laurent est un mystique duquotidien… Son ermitage, il a dû le construire dans son cœur. Ilrejoint le sommet de la montagne du Carmel au-dedans de lui-même. »58

En quoi consiste cette méthode si désirable ? Il nous répondlui-même par ses lettres dans lesquelles il expose sa découverte :« Puisque vous souhaitez avec tant d’empressement que je vousfasse part de la méthode que j’ai gardée pour arriver à cet état deprésence de Dieu où Notre-Seigneur par sa miséricorde a bienvoulu me mettre… Voici ce que je peux vous en dire : je l’yadorais le plus souvent que je pouvais, tenant mon esprit en sa

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sainte présence et le rappelant autant de fois que je l’en trouvaisdistrait. Je n’eus pas peu de peine à cet exercice que jecontinuais malgré toutes les difficultés que j’y rencontrais, sansme troubler ni m’inquiéter lorsque j’étais distraitinvolontairement. Je ne m’y occupais pas moins pendant lajournée que pendant mes oraisons. Car, en tout temps, à touteheure et à tout moment, dans le plus fort même de mon travail, jebannissais et éloignais de mon esprit tout ce qui était capable dem’ôter la pensée de Dieu. Voilà, ma Révérende Mère, mapratique ordinaire depuis que je suis en religion. Quoique je nel’aie pratiquée qu’avec beaucoup de lâcheté et d’imperfections,j’en ai cependant reçu de très grands avantages… Enfin, à forcede réitérer ces actes, ils nous deviennent plus familiers, et laprésence de Dieu devient comme naturelle. Remerciez-le, s’ilvous plaît, avec moi, de sa grande bonté à mon égard, que je nepeux assez admirer pour le grand nombre de grâces qu’Il a faitesà un aussi misérable pécheur que moi. Il est béni de tout. Amen.Je suis en Notre-Seigneur. »59

A une dame, dont le mari est engagé dans les armes, frèreLaurent donne le conseil suivant : « Une petite élévation decœur suffit. Un petit souvenir de Dieu, une adoration intérieure,quoiqu’en courant et l’épée à la main, sont des prières qui, pourcourtes qu’elles soient, sont cependant très agréables à Dieu etqui, bien loin de faire perdre le courage dans les occasions lesplus dangereuses à ceux qui sont engagés dans les armes, lesfortifient. Qu’il s’en souvienne donc le plus qu’il pourra. Qu’ils’accoutume peu à peu à ce petit mais saint exercice ; personnen’en voit rien, il n’est rien de plus facile que de réitérer souventpendant la journée ces petites adorations intérieures. »60

Ce « réflexe spirituel », cette attitude de revenir souvent àDieu, par ces petites élévations de cœur, ou par des acclamations

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– VII –Louange et combat spirituel

« Combats le bon combat de la foi »69

« En définitive, rendez-vous puissants dans le Seigneur etdans la vigueur de sa force. Revêtez l’armure de Dieu, pourpouvoir résister aux manœuvres du diable. Car ce n’est pascontre des adversaires de sang et de chair que nous avons àlutter, mais contre les Principautés, contre les Puissances,contre les Régisseurs de ce monde de ténèbres, contre lesesprits du mal qui habitent les espaces célestes. C’est pourcela qu’il vous faut endosser l’armure de Dieu, afin qu’aujour mauvais vous puissiez résister et, après avoir tout mis enœuvre, rester fermes. »Tenez-vous donc debout, avec la Vérité pour ceinture,... lebouclier de la foi pour éteindre tous les traits enflammés duMauvais. » (Ep 6, 10) Un combat spirituel se livre dans nos existences. Il ne faut pas

être dupe, c’est une réalité. Le Concile Vatican II nous lerappelle avec des mots d’un cuisant réalisme : « Un dur combatcontre les puissances des ténèbres passe à travers toute l’histoiredes hommes ; commencé dès les origines, il durera, le Seigneurnous l’a dit, jusqu’au dernier jour. Engagé dans cette bataille,l’homme doit sans cesse combattre pour s’attacher au bien ; etce n’est qu’au prix de grands efforts, avec la grâce de Dieu, qu’ilparvient à réaliser son unité intérieure. »70

Le catéchisme nous le rappelle également en commentant ladernière parole du « Notre Père » : « Dans cette demande, le Maln’est pas une abstraction, mais il désigne une personne, Satan,le Mauvais, l’ange qui s’oppose à Dieu. Le « diable » (« dia-

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bolos ») est celui qui « se jette en travers » du Dessein de Dieuet de son « œuvre de salut » accomplie dans le Christ. »71

Il ne s’agit pas d’avoir peur, mais de rester vigilant. NotreMère l’Eglise nous rassure : « Le Seigneur qui a enlevé votrepéché et pardonné vos fautes est à même de vous protéger et devous garder contre les ruses du Diable qui vous combat, afin quel’ennemi, qui a l’habitude d’engendrer la faute, ne voussurprenne pas. Qui se confie en Dieu ne redoute pas le Démon.« Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Rm 8, 31) ».72

Ainsi, s’il ne faut pas voir l’influence du Démon partout, il nefaut pas non plus méconnaître son existence et son action.73

Si, comme nous l’avons dit, un combat passe à travers toutel’histoire des hommes, il passe aussi à travers l’histoire de touthomme. La ligne de démarcation entre le vieil homme etl’homme nouveau passe au milieu de notre cœur. Il nous fautêtre bien lucide sur cette question. On trouve cette notion decombat plus de trois cent cinquante fois dans la Bible, sansparler des guerres, et autres batailles… Bien sûr il s’agit souventde combats militaires. Mais chacun sait que dans ces bataillesfigurent aussi celles que nous avons à mener contre un autretype d’adversaires.

Acceptons donc de nous engager dans ce combat, en nousrappelant qu’il n’est pas vain. En effet, saint Paul nous affirmeque « celui qui aura combattu selon les règles sera couronné »(cf. 2 Tm 2, 5). D’autre part, c’est le Seigneur, le vaillant descombats qui lutte avec nous. C’est lui qui nous assure lavictoire.

« La victoire sur le “prince de ce monde” (Jn 14, 30) estacquise, une fois pour toutes, à l’Heure où Jésus se livrelibrement à la mort pour nous donner sa Vie. »74

Que la louange soit une arme pour le combat, cela nous semble

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évident. Ce qui l’est moins, c’est que la louange est aussi unobjet du combat. Arrêtons-nous sur ces deux dimensions.

La louange : objet du combatIl y a un enjeu dans la louange. L’ennemi de nos âmes n’aime

pas la louange, car, par elle, nous rendons gloire à Dieu seul.C’est donc sur ce terrain également qu’il peut diriger sesattaques.

Comme l’a dit saint Nicolas de Flüe, époux et père de familledevenu ermite, dans une formule célèbre : « Dieu sait faire quel’oraison soit si douce à l’homme qu’il y aille comme à la danse.Et il sait faire qu’elle soit pour lui comme un combat. » Cela estvalable également pour la prière de louange.

Nous l’avons vu, il n’est pas toujours facile de demeurer dansla foi. Il y a des moments où notre vie spirituelle sembleprogresser toute seule, aisément. Mais il y a d’autres moments,où pour continuer à louer Dieu il faut combattre, lutter, nous« accrocher ». Il en va de même pour l’espérance et la charité. Acertains moments, croire, espérer, aimer, cela va de soi ; maisdans d’autres circonstances, ce n’est pas naturel. Il s’agit d’uncombat spirituel.

Ceux qui fréquentent les groupes de prière comprennent trèsbien de quoi je veux parler : certains soirs, la prière n’est pasfacile, il y a comme un poids, cela devient difficile de louer leSeigneur… Dans ces cas, il est bon de persévérer, avec la grâcede Dieu.

Monseigneur Albert-Marie de Monléon connaît bien la réalitédes groupes de prière. Voici ce qu’il écrit à ce sujet : « Fruit del’Esprit Saint, le goût renouvelé de la prière sous toutes sesformes, ne supprime pas la nécessité des efforts pour y êtrefidèle. L’effusion est une exigence nouvelle de fidélité à laprière, même dans l’aridité. Dans les Actes, après l’effusion de

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Si nous persévérons dans la louange et la confiance, nousserons alors toujours dans la joie. Des épreuves surviendront,nous atteignant parfois douloureusement, bien sûr, mais dans lesanctuaire du fond de notre cœur, la joie et la paix profondeseront notre partage.

« Je suis avec vous pour toujours »84

Dieu ne change, pas, c’est nous qui avons des états d’âme, deshumeurs, - causés parfois par des problèmes bien légitimes -, etalors nous cessons de louer Dieu.

Dieu n’est pas fluctuant comme la météo, en lui il n’y a pas demardi noir, comme à Wall Street, il n’y a pas de chute subitecomme dans les cours des indices boursiers… Notre Dieu nechange pas. Notre Dieu est une valeur sûre. L’auteur de l’épîtreaux Hébreux nous dit : « Jésus-Christ est le même, hier etaujourd’hui et il le sera à jamais. » Et saint Jacques : « Toutdon excellent, toute donation parfaite vient d’en haut etdescend du Père des lumières chez qui n’existe aucunchangement, ni l’ombre d’une variation » (Jc 1, 17).

Si nous inscrivions sur un graphique l’évolution de notrelouange, nous verrions qu’elle est plutôt fluctuante. En fait, elleépouse bien souvent la courbe mouvementée de nos états d’âme.Sur notre graphique, on peut imaginer une troisième ligne :celle, toute droite, de la fidélité de Dieu. Dieu ne change pas,qu’il neige, qu’il pleuve ou qu’il vente, Dieu est Dieu. Et Dieunous aime ! Le but à atteindre, c’est que la ligne qui représentel’évolution de notre louange épouse de plus en plus la ligne dela fidélité de Dieu. C’est-à-dire que notre « tonus spirituel » soitde moins en moins influencé par nos états d’âme. C’est aussisimple que cela. Mais ce qui est simple n’est pas forcémentfacile ; alors demandons cette grâce au Seigneur, Il nousl’accordera, si nous acceptons ce long et patient cheminement

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dans l’humilité, qui reconnaît que hors de Dieu nous ne pouvonsrien faire.

69 1 Timothée 6, 12.70 Gaudium et Spes 37.71 CEC 2851.72 CEC 2852.73 Jean Pliya aborde cette question du combat contre les puissances desténèbres de manière très concrète dans son livre Soyez toujours joyeux …c’est possible !, aux Editions Saint Paul.74 CEC 2853.75 Rendez témoignage, le Renouveau charismatique catholique , Mgr.Albert-Marie de Montléon op, Editions Mame, 1998, p. 39.76 CEC 2725.77 Jean-Paul II, Lettre apostolique Novo Millénio ineunte, n° 34.78 CEC 2732.79 CEC 2731.80 CEC 2726.81 Auteur inconnu cité dans Le lien de prière.82 Cf. CEC 2733.83 Chemin de la perfection, 39.84 Mt 28, 20.

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– VIII –L’appel à la fidélité

Faire du temps un amiCe chapitre pourra sembler nous éloigner quelque peu du

thème de la louange, du moins au début, mais il me sembleimportant de le traiter dans le contexte du combat spirituel. Deplus, le thème de la fidélité complète celui de la constance quenous venons d’aborder.

Selon le dictionnaire, la fidélité est continuité, permanence,régularité et stabilité. Elle exprime la constance dans le maintiende la parole donnée.

Nous avons de la difficulté à vivre dans le temps.Généralement, nous le trouvons soit trop court, soit trop long.Cela dépend des moments et des circonstances. C’est pourquoinous pouvons dire que la fidélité est un moyen et une attestationd’une certaine maturité. Dans « Le dialogue » de sainteCatherine de Sienne il est écrit (c’est le Père qui parle) que « lamoëlle de cet arbre de la charité, c’est la patience qui est le signecertain de ma présence dans une âme, et de l’union de cette âmeavec moi. »85

Il nous faut réapprendre à faire du temps un ami. Ne dit-on pasparfois qu’il est notre meilleur allié ? Sainte Thérèse d’Avilaaffirme que la patience obtient tout.

Que votre oui soit ouiLa paix est un des plus beaux fruits de la fidélité.86 En effet,

seule la durée et la sécurité d’un ordre juste peuvent assurercette paix dans les cœurs. Par exemple, si un enfant perçoitqu’un de ses parents peut à tout moment quitter le foyer familialou si un employé se sait sur un « siège éjectable » dans son

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était touché, plus je pleurais. J’étais comme le fils prodigue, jerentrais à la maison. La vie ne m’avait guère épargnée : monpropre péché, mon ignorance, les mauvais exemples, lesidoles… m’avaient éloignée de Dieu. Et voilà que je déposaisles armes devant Jésus que je retrouvais. Ce qui me touchai plusparticulièrement, c’était d’entendre toutes ces personnesremercier le Seigneur. Cela sonnait juste. Le Seigneur les avaitcomblés, cela se voyait sur eux. Depuis ce jour, j’ai retrouvél’Amour de Dieu, l’amour de mon mari et un sens à ma vie. AvecChristian, nous avons décidé de donner notre vie à Dieu. Gloireet louange à toi Seigneur ! »

Pour ma part, comme je l’ai évoqué au début de cet ouvrage, cesont les prières pleines de foi et d’amour de mes amis qui m’ontfait revenir à Dieu. C’était dans une veillée de prière toutesimple, comme il en existe beaucoup. Peut-être n’avons-nouspas assez conscience que lorsque nous nous abstenons de louerDieu, nous pouvons priver nos frères de quelque chose dont ilsauraient besoin.

Parfois une louange spontanée vient nous toucher en pleincœur, là où nous en avions besoin. N’est-ce pas le Saint-Espritqui guide la prière ? Acceptons donc d’être comme des petitsenfants.

« À cette heure même, Jésus tressaillit de joie sous l’action del’Esprit Saint et il dit : « Je te bénis, Père, Seigneur du ciel etde la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents etde l’avoir révélé aux tout-petits. Oui, Père car tel a été tonbon plaisir » (Lc 10, 21).

« De toi vient ma louange dans la grande assemblée »92

« La grâce de Pentecôte est une grâce de prière et de louangequi fait grandir le Royaume de Dieu. L’un des fruits les plus

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caractéristiques du Renouveau dans l’Esprit Saint a été etdemeure les très nombreux groupes ou assemblées de prièrequ’il a suscités à travers le monde ».93

La louange en assemblée, groupe de prière ou communauté aété pour beaucoup l’occasion d’une rencontre personnelle avecDieu, ou de profonds changements dans leur vie chrétienne.

« Il n’est pas bon que l’homme soit seul » (Gn 2, 18). Ne dit-on pas qu’un chrétien seul est un chrétien en danger ? En priantensemble, dans une assemblée fervente, on est réconforté par lafoi des frères. Ce serait une erreur de croire qu’il y a d’un côtéles forts et d’un autre les faibles. Nous passons toussuccessivement par ces états. La prière en assemblée est commeun courant d’amour et de ferveur qui nous aide à tenir fermesdans la foi.

Dans un monde de plus en plus individualiste, même si lesnouveaux moyens de communication nous donnent l’illusionque le monde est à notre portée, la dimension communautaire dela foi prendra une importance grandissante. L’intuition des JMJet des autres rencontres de ce type va dans ce sens. Les chrétiensvont trouver des forces dans des grands rassemblements, pourensuite mieux témoigner dans les lieux où ils sont parfois seulsà croire et à espérer. J’ai souvent entendu des personneséprouvées témoigner ainsi « je ne tiens que par le groupe deprière » La dimension fraternelle de la communauté réunie(paroisse, groupe de prière, communauté de vie ou d’alliance)est donc essentielle.

Mais il y a autre chose : Jésus nous a donné un enseignementfondamental sur la prière en commun : « je vous le dis en vérité,si deux d’entre vous, sur la terre, unissent leurs voix pourdemander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par monPère qui est aux cieux. Que deux ou trois, en effet, soient réunis

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en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Mt 18, 20). La leçonest claire : les chrétiens réunis au nom de Jésus ont « lepouvoir » de le rendre présent. Dans l’assemblée des frèresréunis pour prier, Jésus est là. Avons-nous suffisammentconscience de cela ? De plus, si la prière est unanime, elleobtient du Père ce qui est bon pour nous.

Nous avons vu des personnes tomber à genoux en entrant dansune assemblée de prière, confondus par la présence de Dieu. Saprésence est parfois comme « palpable », une onctionsaisissante. Pour beaucoup, l’assemblée de prière a été le lieud’une rencontre personnelle avec Dieu. Des grâces sans nombresont déversées sur le peuple de Dieu rassemblé.

« Tous d’un même cœur étaient assidus à la prière » (Ac 1,14).

Voici un court témoignage issu d’une personne émerveilléedevant l’œuvre de Dieu dans sa paroisse où venait de se vivreune mission : « Eglise nouvelle, surprenante, à accueillir, quisecoue nos habitudes et nous rappelle (ce que j’oublie un peutrop vite) que l’Essence même de Dieu est Vie, Joie et Amour.Souffle nouveau qui m’a fait redécouvrir la joie donnée par lalouange dans la prière. Expérience de plus de fraternité entrenous. » Ce temps fort, animé par une communauté duRenouveau charismatique, avait notamment été marqué par unedimension de louange fervente. Il en a découlé, nous le voyons,de nombreux fruits dont une vie fraternelle renouvelée, don siessentiel pour une communauté paroissiale.

« Le Seigneur fit pour moi des merveilles »Marie n’est que louange et action de grâces. Elle loue Dieu

dans son Magnificat et elle peut le louer parce qu’elle faitmémoire : Il arrive que nous ne sommes pas dans l’exultation dela Vierge Marie lors de son Magnificat. Que faire alors ? Nous

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– X –Les fruits de la louange

Le décentrage de nous-mêmeParmi les nombreux fruits de la louange, dont beaucoup ont

été déjà développés ou évoqués, il nous faut mentionner ledécentrage de soi-même.

Dans la louange, je me décentre de moi-même, pour me tournervers Dieu et contempler ses œuvres. Je ne me regarde plusd’abord moi, mais je regarde Dieu. Je lève les yeux vers leSeigneur. « Qui regarde vers lui, resplendira sans ombre nitrouble au visage » nous dit le psaume (Ps 34, 6).

Ainsi par la louange, nous allons, petit à petit, immoler notreorgueil, notre « nombrilisme » ; passer de l’égocentrisme au« Théocentrisme ». Cesser de regarder notre petit universrestreint et nous tourner vers notre Dieu, voilà qui nous ouvredes horizons nouveaux. Le Père Raniero Cantalamessa va encoreplus loin dans sa réflexion : « La Bible nous parle souvent d’unsacrifice de louange : Offre à Dieu, dit-elle, un sacrifice delouange !106 Quel rapport peut-il donc y avoir entre la louange etle sacrifice ? Le sacrifice est synonyme d’immolation et dedestruction de quelque chose ; mais qu’immole-t-elle et quedétruit-elle la louange ? Elle immole et détruit l’orgueil del’homme ! Celui qui loue Dieu, lui sacrifie la victime la plusagréable qui soit : sa propre gloire. C’est en cela que résidel’extraordinaire pouvoir purifiant de la louange. Dans la louangese cache l’humilité. »107

Cette démarche exigeante de se décentrer de soi est, d’autrepart, très reposante : elle permet en effet de se détourner (sans sedéresponsabiliser) des multiples pensées qui nous assaillent etparfois nous dévorent… Par elle, nous pouvons contempler la

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beauté suprême. La louange nous aide également à relativisernos difficultés ; regardées avec un certain recul, ellesapparaissent souvent moins graves que ce que nous supposions.

La guérison intérieureLe Père Raymond Halter, marianiste108, qui a beaucoup œuvré

dans le Renouveau Charismatique en Europe ainsi qu’enAfrique, nous indique à partir de sa longue expérience que lalouange est aussi un chemin de guérison : « La louange est l’undes chemins les plus efficaces de la guérison intérieure. En effet,lorsque je loue Dieu, je le regarde intérieurement. Bien sûr, je nefixe pas des images, car Dieu est invisible ; il est au-delà de nosmots, de nos métaphores, de notre imagination. Mais par cettelouange, je garde mes yeux intérieurs fixés sur ce Dieu que jeloue. Je ne me regarde donc pas moi-même. Dans le mouvementde la louange, il y a donc un élan qui me sort de moi-même, quim’impose de ne pas rester enfermé dans mes propres soucis, mespropres recherches. C’est vers Dieu que je regarde. Uneouverture se fait et parfois dans les cœurs les plus bloqués. Atravers cette prière collective de louange, des personnes quidisaient ne plus arriver à prier depuis des mois s’ouvrentbrusquement à Dieu, regardent le Seigneur et non plus elles-mêmes. Alors par cette ouverture, Dieu peut entrer. Il peut guérirdes blessures intérieures même fermées depuis très longtemps. Ilpeut faire renaître la vie intérieure à travers la paix, la joie. Lalouange poursuivie ainsi jour après jour décentre de soi-même,aide vraiment à donner dans sa vie la première place à Jésus-Christ. »109

Cela est très paradoxal, parce que, lorsque nous sommesblessés, lorsque nous recherchons une guérison intérieure,l’attitude habituelle est justement de regarder sa blessure et dese replier en soi-même. On peut ainsi traîner des blessures

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comme des boulets… Des années durant on peut participer àd’excellentes sessions de guérison intérieure, tout en ayantl’impression que rien n’évolue. La cause en est souvent unregard trop centré sur soi. À partir du moment où on acceptel’éventualité de vivre avec telle blessure, où on accepte de sedécentrer de soi-même et de se tourner vers Dieu, enfin leSeigneur peut véritablement agir.

Pourquoi ? Une petite comparaison va nous aider àcomprendre. Imaginons un enfant qui s’est écorché le genou entombant. Pour guérir, il aura besoin que sa maman ou le médecinlui applique du désinfectant. Mais si, ayant peur que ça pique, ilne laisse pas sa maman approcher, si, protégeant sa plaie de sesmains, il l’empêche de le soigner, la blessure risquera des’infecter. De même, si je m’occupe trop de ma blessureintérieure, si elle est omniprésente à mes pensées, Dieu aura dela peine à s’en approcher. Parfois, nous ralentissons leprocessus de guérison en voulant trop en faire. Ce qui me faitdire que souvent, l’attitude qui convient le mieux pour êtreguéri, pour être rejoint par la grâce de Dieu, c’est de noustourner résolument vers Lui.

Laissons monter en nos cœurs et sur nos lèvres ce chant duRenouveau qui dit :

« Lève les yeux et regarde au loin, que ton cœur tressailled’allégresse … »

La compassionSi la louange nous décentre de nous-mêmes pour nous tourner

vers Dieu, elle nous oriente aussi vers les autres. Il arrivequelques fois que l’on reproche aux groupes de prières duRenouveau ou aux communautés nouvelles de « trop »louerDieu : « Mais enfin, regardez toute la misère du monde, lesguerres, les famines, les difficultés dans les familles… Comment

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éveille-toi, harpe, cithare, que j’éveille l’aurore !Je veux te louer chez les peuples, Seigneur,

jouer pour toi dans les pays ;grand jusqu’aux cieux ton amour, jusqu’aux nues, ta vérité.

O Dieu, élève-toi sur les cieux.Sur toute la terre, ta gloire ! »

(Ps 57, 9)

Maison saint Dominique à Pensier (Suisse)en la solennité de Pâques le 15 avril 2001

116 Entrez dans l’Espérance, Editions Plon-Mame.117 Lettre 16.

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Table des matières

Couverture4ème de couvertureCOLLECTIONTitreCopyrightDédicacePRÉFACE

La louangeAVANT-PROPOS

La louange, un art de vivreI – La louange

Pour commencer, une petite histoire...La prière : un élan du cœurLouange et action de grâceLouange et adoration« Choisis donc la vie »Une petite parabole...

II – La louange est notre vocationQue tout ce qui respire loue le Seigneur !Heureux comme un chrétien...L’éternité... oubliée ?Soif d’EternitéUne clé pour le bonheurMa place est déjà réservée

III – Les raisons de louer DieuÀ Toi la louange est dueLa louange nous rapproche de DieuRetrouver l’émerveillementMerveille que je suis !« Tu m’as réjoui, Seigneur, par tes œuvres ! »

IV – La louange en toutes circonstancesMerlin CarothersPuissance de la louangeCélébrer sa grandeur et ses bienfaitsDieu est Père et a un plan d’amour pour chacunDieu nous aime vraiment

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Ce plan d’Amour sur ma vie est bonAu travers des difficultés, Dieu veut faire grandir notre foiFoi ou feeling ?Je crois ce que je veux croire !Le moment présent est un cadeau« Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu »Jésus vient briser le pouvoir du mal« Je sais, dit le Seigneur, les desseins que je forme pour vous »L’aventure de JosephEntrer dans la confianceLa réponse de Dieu à la louangePour une attitude juste

V – Vivre en sa présenceLe bon réflexeUne nouvelle méthode Coué ?À l’école des saintsLa méthode de saint François de SalesFrère Laurent, le « cuisinier mystique »« Au torrent il s’abreuve en chemin, c’est pourquoi il redresse la tête»

VI – La louange et la croixLouange et compassionMettez-vous à mon écoleÀ nous d’invoquer le nom du Seigneur !Une louange purifiée

VII – Louange et combat spirituel« Combats le bon combat de la foi »La louange : objet du combatDieu dans mon agendaPas d’abord une question de sensibilitéUne arme pour le combat : le circuit de la louangeJésus-Christ est SeigneurLe bouclier de la foiConstance et louangeL’exemple de Job« Je suis avec vous pour toujours »

VIII – L’appel à la fidélitéFaire du temps un amiQue votre oui soit oui

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Tor Vergata : l’appel de Jean-Paul IIFidélité et sincéritéUn jour ou toujours ?Louange et fidélitéVous connaîtrez alors la paix des profondeurs

IX – Louange et renouveau charismatiqueViens Esprit de sainteté !La louange spontanée« De la bouche des enfants, tu t’es ménagé une louange »Les autres ont besoin de notre louange« De toi vient ma louange dans la grande assemblée »« Le Seigneur fit pour moi des merveilles »Le chantRedécouverte des charismesLa prière en languesUne prière du cœurComment accueillir cette grâce ?

X – Les fruits de la louangeLe décentrage de nous-mêmeLa guérison intérieureLa compassionL’unanimité et la communionLa louange fait tomber les mursLa louange délivre de l’angoisse et de la peurLa joie

XI – Entrons dans la louange !Table des matières