concilier santé, environnement et urbanisme un … · un nouveau défi pour nos territoires...

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4 #8 Concilier santé, environnement et urbanisme un nouveau défi pour nos territoires Introduction : positionnement de la problématique De plus en plus de monde vit en ville. Les valeurs ajou- tées de « l’anthroposystème » urbain sont nombreuses : emploi, accès aux soins, accès aux activités sportives, aux pratiques religieuses, aux activités culturelles, à une mixité sociale… La ville est donc un pôle attractif majeur. Néanmoins, l’ensemble des conditions de vie urbaines actuelles perturbe l’intégrité sanitaire et le cadre de vie des habitants. En effet, l’environnement exerce de nombreuses pressions directes sur la santé : contamination physico-chimique (air, eau, sol), bruit, contamination biologique, insécurité... Ce sont des facteurs d’aggravation des pathologies telles que les maladies cardio-vasculaires, les maladies respiratoires, les troubles métaboliques (le diabète, l’obésité...). De même, le stress, l’inconfort, la fatigue, les allergies font partie des maux récurrents pour les citadins. Les prévisions indiquent que la population des villes va continuer à augmenter dans les années futures. Face aux enjeux de l’urbanisation et de ses conséquences, il est donc essentiel de réfléchir aux caractéristiques de la ville de demain, afin d’améliorer la qualité de vie de ses habitants et leur offrir un environnement sain, confortable et durable. Les propos de cette conférence se sont articulés autour de deux questions que nous reprendrons dans notre propos : 1) Quels sont les leviers dont disposent les aménageurs pour construire au sein d’environnements urbains initialement dégradés, des espaces de vie sans mettre en danger la santé de la population ? 2) Comment s’y prendre pour que l’aménagement favorise la santé ? DOSSIER PR DAMIEN CUNY VICE-DOYEN DE LA FACULTÉ DES SCIENCES PHARMACEUTIQUES ET BIOLOGIQUES DE LILLE PLUS DE 50 % DE LA POPULATION VIT EN VILLE, ENCORE PLUS SI L’ON CONSIDÈRE LES ZONES D’ATTRACTION URBAINES. EN NORD - PAS DE CALAIS PLUS DE 88 % DE LA POPULATION VIT DANS UNE UNITÉ URBAINE, PLUS DE 99 % DANS UNE AIRE D’INFLUENCE. Le 26 juin 2014 s’est tenue à Lille la Conférence Régionale de Santé Environnement (CRSE) sur le thème « concilier santé, environne- ment et urbanisme : un nouveau défi pour nos territoires ».

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Page 1: Concilier santé, environnement et urbanisme un … · un nouveau défi pour nos territoires Introduction : positionnement de la problématique De plus en plus de monde vit en ville

4 #8

Concilier santé, environnement et urbanisme un nouveau défi pour nos territoires

Introduction : positionnement de la problématique

De plus en plus de monde vit en ville. Les valeurs ajou-

tées de « l’anthroposystème » urbain sont nombreuses :

emploi, accès aux soins, accès aux activités sportives,

aux pratiques religieuses, aux activités culturelles, à

une mixité sociale… La ville est donc un pôle attractif

majeur. Néanmoins, l’ensemble des conditions de vie

urbaines actuelles perturbe l’intégrité sanitaire et le

cadre de vie des habitants. En effet, l’environnement

exerce de nombreuses pressions directes sur la santé :

contamination physico-chimique (air, eau, sol), bruit,

contamination biologique, insécurité... Ce sont des

facteurs d’aggravation des pathologies telles que les

maladies cardio-vasculaires, les maladies respiratoires,

les troubles métaboliques (le diabète, l’obésité...). De

même, le stress, l’inconfort, la fatigue, les allergies

font partie des maux récurrents pour les citadins. Les

prévisions indiquent que la population des villes va

continuer à augmenter dans les années futures. Face

aux enjeux de l’urbanisation et de ses conséquences,

il est donc essentiel de réfléchir aux caractéristiques

de la ville de demain, afin d’améliorer la qualité de

vie de ses habitants et leur offrir un environnement

sain, confortable et durable.

Les propos de cette conférence se sont articulés

autour de deux questions que nous reprendrons dans

notre propos :

1) Quels sont les leviers dont disposent les aménageurs

pour construire au sein d’environnements urbains

initialement dégradés, des espaces de vie sans

mettre en danger la santé de la population ?

2) Comment s’y prendre pour que l’aménagement

favorise la santé ?

DOSSIER

PR DAMIEN CUNY VICE-DOYEN DE LA FACULTÉ DES SCIENCES PHARMACEUTIQUES ET BIOLOGIQUES DE LILLE

PLUS DE 50 % DE LA POPULATION VIT EN VILLE, ENCORE PLUS SI L’ON CONSIDÈRE LES ZONES D’ATTRACTION URBAINES. EN NORD - PAS DE CALAIS PLUS DE 88 % DE LA POPULATION VIT DANS UNE UNITÉ URBAINE, PLUS DE 99 % DANS UNE AIRE D’INFLUENCE.

Le 26 juin 2014 s’est tenue à Lille la Conférence Régionale de Santé Environnement (CRSE) sur le thème « concilier santé, environne-ment et urbanisme : un nouveau défi pour nos territoires ».

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Le but de cet article, orienté principalement autour de

ces deux axes, est de résumer les principaux aspects

évoqués au cours de cette journée de la CRSE et de

tracer un certain nombre de perspectives.

I) Quels sont les leviers dont disposent les aménageurs pour construire au sein d’environ-nements urbains initialement dégradés, des espaces de vie sans mettre en danger la santé de la population ?

L’un des points centraux de cette question est de

considérer la santé dans ses multiples dimensions,

telle que la définit l’OMS1. Ainsi, la santé est « un état

de complet bien-être à la fois physique, mental et

social et pas seulement l’absence de maladie ou

d’infirmité ». Elle intègre notamment la façon dont

l’individu perçoit son environnement et comment

celui-ci va influer sur le bien-être.

Les liens entre la santé humaine et l’environnement

sont observés et connus depuis longtemps : tel est

le cas par exemple pour les maladies virales ou

bactériennes ou encore l’intoxication au plomb

connue depuis l’Antiquité. De même, les romains

liaient les domaines de l’urbanisme, l’hygiène et

la santé. C’est au XIXème siècle avec l’hygiénisme

que les liens santé/urbanisme connaîtront un essor

particulier et aboutiront à des plans de rénovation

ou de gestion de la ville tels que l’ouverture de la

ville avec les travaux d’Hausmann, la réalisation des

5#7

1 Organisation Mondiale de la Santé

PRÉFET DE LA RÉGION NORD - PAS-DE-CALAIS

PRSE 2Plan RégionalSanté EnvironnementNord - Pas-de-Calais

Ensemble, agissons

pour notre santésur notre environnement

2011 - 2014

Conférence régionale en santé-environnementConcilier santé, environnement et urbanisme :

Jeudi 26 juin 2014 (de 9h à 17h) au Nouveau Siècle - Lille

Le programme détaillé vous parviendra prochainement.

RÉSERVEZ LA DATE !

Nord - Pas-de-CalaisAgence Régionale de Santé

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systèmes d’égouts...

Cette approche est à distinguer de la santé environne-

mentale2. Cette dernière a un objet plus vaste et doit

intégrer non seulement nos particularités génétiques

(notamment les notions de susceptibilité génétique),

la somme de nos expositions (notion d’exposome3)

mais aussi l’historique de nos expositions car certains

effets sont transgénérationnels (notions de mécanismes

épigénétiques4 - exemple de certains perturbateurs

endocriniens). Cette dimension d’exposome et sa

caractérisation sont centrales pour de nombreuses

raisons, dont le fait que la réduction des émissions de

polluants dans notre environnement est importante

mais n’est qu’un levier, la réduction de toutes nos

expositions étant aussi une stratégie fondamentale.

Cette mutation entre santé et environnement vers la

santé environnementale n’est pas encore mature car

de nombreux mécanismes restent à décrire et des

outils de gestion de ce problème à mettre au point.

En région Nord - Pas de Calais, l’influence des

contraintes environnementales sur la santé se traduit

par des indicateurs sanitaires défavorables. Ainsi, les

indices comparés de mortalité pour les principales

agglomérations sont supérieurs à l’indice de réfé-

rence. De même, ces indices sont corrélés à celui

de Townsend, indicateur de la défaveur sociale.

Ceci montre l’existence d’interconnexions entre les

domaines et nous renvoie à la nécessité de prendre

en compte toutes les dimensions de la définition de

la santé (présentée ci-dessus).

Actuellement, nous disposons de différents moyens

afin de définir les sites pour lesquels les risques

d’exposition sont importants. Dénommés « points

noirs environnementaux », ces sites voient la conver-

gence de plusieurs contraintes environnementales

6 #7

La santé est « un état de complet bien-être à la fois physique, mental et social et pas seu-lement l’absence de maladie ou d’infirmité »

2 Ilexistedenombreusesréflexionssurcetteterminologie.Cf.parexemple,SalinesG.,2014,EnvironRisqueSanté,13(5),p424

3Résultatdel’expositiond’unindividuàunensembledesfacteursenvironnementaux,externescommeinternes,etpouvantavoiruneffetsurlasanté(C.Wild,2005)

4Ensembledemécanismesmoléculairesayantlieuauniveaudugénomeetdelarégulationdel’expressiondesgènesquipeuventêtreinfluencésparl’environnementetl’histoireindividuelleainsiqu’êtrepotentiellementtransmissiblesd’unegénérationàl’autre,sansaltérationdel’ADN,etavecuncaractèreréversible.

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(pollution de l’air, bruit, du sols, des eaux). Cette

convergence peut de surcroît se faire sur des zones

où se rencontrent des populations défavorisées.

Les populations les plus défavorisées ne sont pas

systématiquement localisées aux endroits les plus

pollués mais lorsque cela se produit, pour diverses

raisons telles que la perception des dimensions

de santé et de prévention, ou le cumul d’expo-

sitions, ces populations sont plus vulnérables aux

effets de leur environnement dégradé. Les outils

de modélisation sont également utilisés pour des

approches très concrètes de l’aménagement

telles que l’orientation d’une nouvelle construc-

tion, le positionnement des pièces par rapport aux

émissions sonores extérieures, les murs antibruit,

l’emplacement des prises d’air, le déménagement

d’un site avec un public sensible....

L’essor à la fois des outils de modélisation mais

aussi de la cartographie permettent non seule-

ment d’avoir des observations fines mais surtout

sont des outils prospectifs d’aménagement.

Les systèmes d’informations géographiques en

associant différentes bases de données sont des

outils de connaissance, d’étude de l’ampleur

des phénomènes, de détection des situations

d’inégalités de même que celles à risques d’un

point de vue sanitaire. Comme nous l’évoquions,

ces outils permettent une démarche prospective

dans l’aménagement urbain, tel que cela s’est fait

pour l’aménagement du Faubourg de Béthune

sur la LMCU5.

L’une des solutions adoptées dans la stratégie

de renouvellement urbain est celle du dévelop-

pement des écoquartiers. Il s’agit là d’un levier

d’aménagement pour converger vers une forme

d’urbanisme ayant des effets favorables sur la santé.

Un écoquartier répond à différents critères du

développement durable6 :

• la promotion d’une gestion responsable des

ressources

• l’intégration dans la ville existante et le territoire

qui l’entoure

• la participation au dynamisme économique

• la proposition de logements pour tous et de

tous types participant au « vivre ensemble »

et à la mixité sociale

• l’offre d’outils de concertation nécessaires

pour une vision partagée dès la conception du

quartier avec les acteurs de l’aménagement

et les habitants

C’est une démarche qui s’étale sur le long terme.

Il est cependant nécessaire de prendre garde à

un phénomène de «gentrification» possible (et

déjà observé) dont les causes peuvent être mul-

tiples allant du simple effet d’engouement à une

spéculation immobilière. Ce phénomène aboutit

à ce que la mixité sociale, un des piliers des éco-

quartiers, disparaisse et plus fondamentalement

cela conduirait à accentuer les inégalités sociales.

5 LilleMétropoleCommunautéUrbaine6 Ministèredulogement,del’égalitédes

territoires et de la ruralité

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7La santé et ses déterminants | Mieux comprendre pour mieux agir

Contextepolitique

etlégislatif

Contexteéconomique

Contextedémographique

Contextesocialetculturel

Contextescientifiqueettechnologique

Environnementnatureletécosystèmes

Systèmesd’éducation

etdeservicesdegardeà

l’enfance

Systèmedesantéetdeservicessociaux

Aménagementduterritoire

Soutienàl’emploietsolidaritésociale

Autressystèmesetprogrammes

Temps

Espace

Milieufamilial

Milieudegardeetscolaire

Milieudetravail

Milieuxd’hébergement

Communautélocaleetvoisinage

Caractéristiquesbiologiqueset

génétiques

Compétencespersonnellesetsociales

Habitudesdevieetcomportements

Caractéristiquessocioéconomiques

CONTEXTE GLOBAL

SYSTÈMES

MILIEUX DE VIE

CARACTÉRISTIQUES INDIVIDUELLES

ÉTAT DE SANTÉ DE LA POPULATION

Santéglobale

Santéphysique

Santémentaleetpsychosociale

Carte de la santé et de ses déterminants

II) Comment s’y prendre pour que l’aménagement favorise la santé ?Cette question entend, au préalable, de définir

les dimensions de la santé qui seront intégrées afin

d’évaluer les effets de l’urbanisme. Elle soulève donc

la question des déterminants de santé. Comme nous

l’avons déjà évoqué, il existe une multitude de fac-

teurs qui déterminent, d’une manière complexe,

notre santé (= les déterminants de santé). Depuis le

début des années 70, la représentation de ces dé-

terminants a progressivement évolué. Actuellement,

différentes cartographies des déterminants de santé

existent, telles que celle présentée figure 1.

Nous y retrouvons certaines dimensions évoquées

précédemment (nos propres caractéristiques biolo-

giques), les grands traits de notre exposome et de

contexte de notre environnement de vie. Il est clair

que toutes les dimensions présentées sur la figure 1

n’agissent pas de la même manière sur notre santé,

de même que les actions pour infléchir leurs effets

sont de niveaux différents (actions individuelles, col-

lectives...). Les effets des déterminants de santé sont

typiquement de la santé environnement telle que

nous la décrivions brièvement au début de cet ar-

ticle. On aperçoit les multiples liens avec l’urbanisme.

Figure 1 : lacartede la santéet sesdéterminants (source : Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, La santé et ses déterminants, mieux comprendre pour mieux agir, 26p.)

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La démarche d’Evaluation d’Impacts sur la Santé (EIS) est une démarche interdisciplinaire qui permet de structurer les réflexions autour de la santé. Qu’est-ce que l’EIS :

• une combinaison de procédures, méthodes et outils par lesquels une politique, un programme ou un projet peuvent être jugés quant à leurs effets potentiels sur la santé de la population et la distribution de ces effets à l’intérieur de la population

• une démarche d’analyse prospective, structurée en cinq étapes conduite avec les parties prenantes. Ces 5 étapes sont : la sélection, le cadrage, l’évaluation des effets, le rapport et les recommandations, le suivi et l’évaluation

• un outil d’aide à la décision L’un des axes forts de cette méthodologie est

sa gouvernance et sa conduite, par essence pluridisciplinaire, mais centrée sur la santé au sens large.

Les stratégies doivent aussi se décliner d’une manière opérationnelle dans les schémas tels que le SCoT (Schéma de Cohérence Territoriale) en promouvant un schéma d’urbanisme qui assure une cohérence multisectorielle. C’est un levier important car c’est le projet d’aménagement du territoire à l’horizon 20 - 30 ans. Bien entendu, le SCoT n’est pas le seul plan concerné par les dimensions de santé. Les autres outils tels que le Plan Local d’Urbanisme, le Plan Local de l’Habitat... peuvent intégrer bien entendu des stratégies en faveur de la santé. En matière d’urbanisme favorable à la santé plusieurs axes sont envisageables (cf. supra) tels qu’un urbanisme défavorable à la voiture et donc privilégiant les mobilités douces (mise en place d’un plan piéton, vélo...) ; plan habitat, plan en faveur d’une réintroduction de la nature en ville.

LES ACTIONS EN FAVEUR D’UN URBANISME FAVORABLE À LA SANTÉ PEUVENT SE DÉCLINER EN 5 GRANDS AXES :

-> Réduire les polluants, nuisances et autres agents délétères (émissions et expositions) -> Promouvoir des comportements sains des individus (activité physique et alimentation saine) -> Contribuer à changer l’environnement social pour favoriser la cohésion sociale et le bien-être des habitants -> Corriger les inégalités de santé entre les différents groupes socio-économiques et personnes vulnérables -> Soulever et gérer (autant que possible) les antagonismes et les possibles synergies.

pour en savoir plus sur la végétation en ville : quels enjeux pour l’environnement et la santé ?, consultez le dossier d’Air Pur Environnements et Santé #03

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Concernant ce dernier point, la végétalisation des villes est devenue un sujet important dans les réflexions sur les schémas d’évolution du milieu urbain. Bien que les villes soient des espaces très artificialisés, les espaces verts peuvent y être développés et offrent de nombreux bénéfices.

De nombreuses données sont disponibles mais globalement elles peuvent se regrouper en différents thèmes : effets climatiques avec une diminution de l’îlot de chaleur urbain, des effets sur la pollution atmosphérique (adsorption/absorption de polluants particulaires et gazeux au niveau des feuilles) et effet sanitaires. Si nous nous focalisons sur ces derniers, là encore plusieurs pistes sont envisageables. Les espaces verts permettent une activité physique des citadins et par conséquent favorisent les bienfaits sanitaires associés. Ainsi, la présence d’espaces verts jouerait un rôle dans la diminution de la prévalence de certaines pathologies telles que l’obésité. L’implantation de végétation en milieu urbain aurait également une incidence psychologique positive, en permettant la détente et l’apaisement. Ces bénéfices seraient notamment visibles chez les personnes malades, en entraînant une réduction de la sensation de douleur et une accélération de la récupération lors d’une maladie. La végétation permettrait également aux enfants atteints de troubles de l’hyperactivité d’être plus attentifs et concentrés après des activités en plein air dans des espaces urbains végétalisés. Ainsi, le contact et/ou la vue du végétal atténuerait l’anxiété, le stress, l’irritabilité ou les difficultés de concentration. Enfin, l’environnement végétalisé améliorerait le bien-être sur le lieu de travail, voire augmenterait même les capacités et l’efficacité générale des individus. En outre, les espaces verts urbains favorisent les discussions, les échanges et les rencontres entre les citadins. Ils présentent un potentiel de socialisation plus important que les espaces urbains non végétalisés, de par leur fréquentation accrue. La végétation pourrait par ailleurs contribuer à améliorer la sécurité en ville en réduisant les incivilités voire la criminalité et la violence. En effet, les quartiers les

plus végétalisés correspondent généralement à des espaces entretenus et chers aux habitants. Ils seraient ainsi moins touchés par des actes malveillants et tempéreraient certains précurseurs psychologiques induisant des comportements violents. Cependant, si la végétation en ville peut avoir des effets bénéfiques directs sur notre santé, elle peut aussi avoir des effets néfastes. En effet, la concentration sur un espace réduit d’un grand nombre d’espèces végétales susceptibles d’émettre du pollen à fort pouvoir allergisant peut entraîner de nouvelles sensibilisations et gêner les personnes allergiques qui représentent 20 % de la population et dont le nombre est en augmentation. C’est un élément très important en termes de santé publique qui a amené différents acteurs dont le RNSA7 à proposer des solutions d’aménagements basées sur l’utilisation d’espèces dont le pollen possède un pouvoir moins allergisant.

Conclusion : éléments de prospective L’évolution des enjeux environnementaux (changement climatique, pollution atmosphérique...), des enjeux sanitaires, des enjeux économiques (raréfaction des énergies carbonées) fait que nous entamons un réel virage vers un nouveau paradigme amenant la Troisième Révolution Industrielle (T.R.I.).Nonobstant les enjeux précités, celle-ci se fonde sur la conjonction de deux grands phénomènes : 1) la raréfaction de l’énergie carbonée qui nous amène à revoir notre fourniture en énergie et à privilégier les énergies renouvelables ; 2) le formidable essor technologique en matière de communication et de réseaux dans lequel notre société est engagée. Selon J. Rifkin, économiste américain et bâtisseur de cette théorie, la conjonction actuelle des énergies renouvelables et des systèmes de communication sont les équivalents du charbon et du train ou du pétrole et du transport routier qui ont marqué les deux révolutions industrielles précédentes.

7 RéseauNationaldeSurveillanceAérobiologique

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Fondamentalement, la T.R.I. repose sur 5 piliers : - Le développement des énergies renouvelables- Les bâtiments producteurs d’énergie- Le stockage de l’énergie - L’internet de l’énergie- La mobilité douce => les véhicules électriques,

vélos, marche...

Deux grandes thématiques transversales viennent les compléter : l’économie circulaire (basée sur une stratégie de recyclage) et l’économie de la fonctionnalité (économie basée sur la fonction plutôt que sur la propriété). Ces 5 piliers ont de nombreuses ramifications qui impactent directement notre cadre de vie et bien entendu l’environnement urbain.

Quelques-unes de ces ramifications sont présentées dans le schéma ci-dessous :

On y retrouve, en matière d’urbanisme, certaines dimensions qui font l’ADN des écoquartiers telles que la mobilité douce, la gouvernance et les aspects économiques ; de même que les 5 grands axes d’un urbanisme favorable à la santé. La T.R.I. a fait l’objet en région Nord - Pas de Calais d’un Master Plan qui a été adopté ainsi que d’une feuille de route dont les ambitions sont nombreuses et reposent notamment sur une transition énergétique vers le « 0 carbone », une gouvernance élargie, l’équité sociale et la solidarité... Ainsi, la T.R.I. offre un cadre tout à fait opérationnel d’évolution vers un urbanisme favorable à la santé en ce qu’elle permet aussi l’approche pluridisciplinaire et la gouvernance partagée indispensables à son développement.

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LES PRÉSENTATIONS PLÉNIÈRES (DISPONIBLE EN LIGNE ICI)

A. Lévy : La prise en compte de la santé environnementale dans la construction des villes : historique, enjeux et nécessité d’évolution des pratiques G. Tredez : les Santé et milieu urbain, « santé urbaine » : quels indi-cateurs ?G. Faburel : La prise en compte des inégalités sociales d’environne-ment dans nos aménagements urbains.

CET ARTICLE EST UN COMPTE RENDU DE LA JOURNÉE CRSE. IL A ÉTÉ RÉALISÉ À PARTIR DES INTERVENTIONS ET DES ÉCHANGES DES DIFFÉRENTS PARTICIPANTS :

LES PRÉSENTATIONS DES PARTICIPANTS AUX TABLES RONDES (DISPONIBLE EN LIGNE ICI)

Table ronde N°1 : Quels leviers pour reconquérir un envi-ronnement dégradé en préservant la santé des habitants ? : Rennes Métropole, Lille Métropole Communauté Urbaine (L. Demeyer), Ville de Lille (G. Cheppe), DREAL Nord – Pas de Calais (I. Derville).Table ronde N°2 : un urbanisme favorable pour la santé : École des Hautes Études en Santé Publique (A. Roué Le Gall), Struc-ture porteuse de SCoT du Valenciennois (A. Godel), Associa-tion Droit au Vélo (S. Torro Tokodi), Association pour la Pré-vention de la Pollution Atmosphérique (M.A. Cuny).

TRI

HabitatAmélioration des conditions dans les logementss

Une nouvelle gouvernancehorizontale (intersectorielle)

Nouveaux rôles pour lesacteurs de la société : Exemple des Universités

Part des mobilités douces

Economie circulaire(transformation de déchets en matières premières réutilisables) Economie de la fonctionnalité(substitution de la vente d’un produit par la vente de l’usage de celui-ci)

Pollution des milieux Consommation d’énergie Des nuisances sonores

Environnement

Transports

Economie